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CRAONNE 

: LA CHANSON

Origines :
L’origine de cette chanson remonte à 1911, chanson d’amour intitulée Bonsoir m’amour.
La musique est composée par Charles Ademar SABLON et les paroles sont écrites par Raoul LE PELTIER.
Cette chanson fut créée (= publiée et distribuée) par Karl DITAN, interprétée par Emma LIEBEL.

Les paroles originales étaient les suivantes :

Un joli teint frais de rose en bouton


Des cheveux du plus beau blond,
Ouvrière humble et jolie,
Ell' suivait tout droit sa vie,
Lorsqu'un jeune homm' vint, comm' dans un roman,
Qui l'avait vue en passant,
Et qui, s'efforçant de la rencontrer,
S'était mis à l'adorer.
Et, timide, un soir que la nuit tombait
Avec un sourire il lui murmurait : Refrain

Ça fit un mariage et ce fut charmant ;


Du blond, du rose et du blanc !
Le mariag' c'est bon tout d'même
Quand c'est pour la vie qu'on s'aime !
Ils n'eurent pas besoin quand ils furent unis
D'faire un voyag' dans l' midi :
Le midi, l'ciel bleu, l'soleil et les fleurs,
Ils en avaient plein leur coeur.
L’homme, en travaillant, assurait l'av'nir
Et chantait le soir avant de s'endormir : Refrain

Au jardin d'amour les heureux époux


Virent éclore sous les choux,
Sous les roses ou sous autr'chose
De jolis p'tits bambins roses…
Le temps a passé, les enfants sont grands, Refrain Dernier refrain
Les vieux ont les ch'veux tout blancs
Et quand l'un murmure : "y a quarante ans d'ça !" "Bonsoir m'amour, bonsoir ma fleur, "Adieu, m'amour! Adieu, ma fleur !
L'autre ému répond : "Déjà !" Bonsoir toute mon âme ! Adieu toute mon âme !
Et le vieux redoute le fatal instant O toi qui tiens tout mon bonheur O toi qui fis tout mon bonheur
Où sa voix devrait dire en sanglotant : Dans ton regard de femme ! Par ta bonté de femme !
De ta beauté, de ton amour, Du souvenir de ses amours
Si ma route est fleurie, L'âme est toute fleurie,
Je veux te jurer, ma jolie, Quand on a su toute la vie
De t'aimer toujours !" S'adorer toujours !"

Histoire :
Les Poilus s’approprient progressivement la chanson d’origine mais les paroles évoluent selon les champs de
bataille. Si les modifications successives des paroles sont dues aux soldats dont les noms restent
inconnus, la mélodie en revanche est restée.

Au printemps 1915, une première version appelée chanson de Lorette parle des violents combats menés
dans la région d’Arras dans le Nord de la France et particulièrement autour de « Notre-Dame-de-
Lorette », d’où le titre. Une autre version datant de 1916 parle de l’enfer de Verdun.

C’est finalement la version de 1917 qui parle de l’offensive du Chemin des Dames et qui est connue sous
le nom de Chanson de Craonne qui aura la plus grande postérité.
Paul VAILLANT-COUTURIER (écrivain et politicien français) publiera les paroles après la première guerre
mondiale en 1920.
Postérité de la chanson :
Cette chanson a été interdite en France jusqu’en 1974 en raison de ses paroles qui appellent à la mutinerie
des soldats alors que la France participera à plusieurs guerres durant la suite du XXème siècle.

La chanson de Craonne s'est progressivement imposée aux yeux de nos contemporains comme la chanson
emblématique de la Grande Guerre. La chanson est souvent citée par les artistes, comme dans :

- le film Un long dimanche de fiançailles (2004) de Jean-Pierre Jeunet : le refrain est chanté par
un condamné à mort

- le roman Pain de soldat (1937) écrit par Henry Poulaille : l’universalité et l’immortalité du chant
est évoqué : « Quand bien même on crèverait tous, elle résisterait, elle, puisqu'elle avait tour à tour
chanté les plateaux de Lorette, ceux de Verdun, ceux de Craonne. C'est la chanson née du peuple
de la guerre. Elle est sans chiqué, sans art, elle est un cri. »

- les bandes dessinées de Jacques Tardi : Les Aventures d'Adèle Blanc-Sec et Putain de guerre ! :
Tardi y décrit l’horreur des tranchées de la première guerre mondiale et évoque la chanson

Verdun, Félix Vallotton, 1917 affiche du film

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