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(1848-1851)
Claire Fredj
Dans Annales de démographie historique 2007/1 (n° 113), pages 127 à 154
Éditions Belin
ISSN 0066-2062
ISBN 2701147086
DOI 10.3917/adh.113.0127
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conquis et réputés pacifiés, c’est la mission les nouveaux centres agricoles. Désignés
colonisatrice qui prime (Bertaud et par l’autorité militaire, ils peuvent aussi
Serman, 1998, 289). L’encadrement des être volontaires, à l’instar de l’aide-major
colonies agricoles en est une illustration Labouysse qui « a lui-même demandé cet
exemplaire. emploi [à Ponteba] avec la résolution de
Le 11e convoi de colons prévu par le s’y consacrer en entier3 ». La mission
décret de septembre arrive à Bône le 3 présente des avantages : « C’était la pre-
décembre 1848. Quelques jours plus mière fois que j’étais chargé d’un service
tard, 1 100 d’entre eux se dirigent vers sous ma responsabilité personnelle »
Mondovi, où deux centres de popula- (Boyer, 1851, 8 ; Driard, 1852, 17), note
tion vont être formés. Un bataillon les Boyer à Barral. Quelques-uns soulignent
accompagne et avec lui, le jeune sous- également la possibilité, dans ce cadre, de
aide Boyer, muni d’une « commission suivre des populations diverses, civiles et
provisoire » et de deux cantines renfer- militaires. Boyer, par exemple, raconte
mant les médicaments « que l’autorité comment, pendant deux ans, il soigne
médicale avait jugés les plus indispensa- aussi bien les troupes que des ouvriers
bles » (Boyer, 1851, 6). L’arrêté du civils employés aux constructions et des
17 novembre 1848, qui détaille l’instal- colons (Boyer, 1851, 7).
lation des colons, précise en effet qu’un Outre les soins aux populations colo-
service de santé sera organisé dans niales, les médecins de l’armée cherchent
chaque village. Jusqu’à l’arrivée de à établir une statistique médicale pour
médecins civils, dont l’effectif limité est chacun des centres, selon les prescriptions
alors concentré dans les villes principa- définies par la circulaire du 9 février
les, il sera effectué par des officiers de 1849. Mais la tâche est difficile en raison
santé militaires détachés des hôpitaux de la rapidité avec laquelle les praticiens
militaires ou des corps. Les malades qui se succèdent dans les villages. À La Ferme
ne pourront être traités sur place seront par exemple, « le service de santé a été fait
transportés dans les hôpitaux militaires en premier lieu par MM. les chirurgiens
ou civils selon les localités. Forts d’une sous-aides de l’hôpital d’Orléansville. Ils
expérience de plusieurs années sur le le prenaient à tour de rôle, chacun
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décrit avec minutie, peut entraîner sa Nif semblent tenir à la position topogra-
mauvaise situation sanitaire. En ces phique du village qui rapproche son
temps de renaissance néo-hippocra- climat de celui de beaucoup de localités
tique, qui doit d’ailleurs beaucoup aux du midi de la France13 ».
travaux des médecins militaires, il est Quelques médecins, cependant, esti-
tenu pour certain que les maladies ment que dans plusieurs villages, « on a
varient selon la nature des terrains trop souvent sacrifié la position hygié-
(Osborne, 1998, 185-204). C’est pour- nique à la position militaire, et [ils] se
quoi, résume Quesnoy, « dans la trouvent placés sur des points aussi irra-
province d’Oran, où le sol est sec, les tionnels que malsains » (Roudet, 1852,
affections, qui tiennent essentiellement 17). Fontez met aussi en garde ceux qui,
au climat, les diarrhées, les dysenteries, s’appuyant sur des données pas toujours
les gastrohépatites sont en majorité ; exactes bâtissent des villages « sur des
dans la province de Bône au contraire, le cartes » sans écouter la science des person-
sol est humide, les marais nombreux et nes compétentes : Novi par exemple « eût
les maladies amenées par le dégagement été incontestablement mieux placé à
des miasmes comme les fièvres de tous 500 m plus loin du rivage ; c’était l’avis du
les types et leurs complications se comp- médecin qui fut consulté à l’époque […]
tent en grand nombre9 ». mais on n’en tint pas compte ». Il en a été
Le choix des localités est donc « la chose de même à Zurich et le village, bâti sur les
la plus importante dans la nouvelle créa- bords de l’Oued-el-hachem, connaît une
tion10 » et, en 1842 déjà, Bugeaud confiait humidité permanente : « Aussi, depuis
au médecin en chef de l’armée, Antonini, 1848, la mort a-t-elle moissonné bon
un travail d’ensemble « qui avait pour but nombre de colons » (Fontez, 1852, 15,
l’installation rationnelle de la population 16, 9). Estimant également que ce n’est
coloniale » (Cabrol, 1863, 1). pas « à distance » qu’il sera donné de
En 1848, la position des nouveaux connaître l’emplacement « le mieux
villages est fixée au ministère d’après les approprié à l’assiette d’un centre agricole »
cartes du Dépôt de la guerre. Dans l’en- au point de vue hygiénique, les médecins
semble, concluent plusieurs officiers de Martin et Foley appellent à ce que de
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n’a rien qui soit essentiellement nuisible Quesnoy prescrit notamment aux culti-
à la santé [...] si nous avons eu beaucoup vateurs de l’Algérie des ablutions journa-
de maux à déplorer, ils étaient presque lières et de fréquents bains généraux,
tous dus à des causes accidentelles que la s’appuyant sur le témoignage des
main de l’homme peut atteindre et anciens Romains « et ce qui se passe tous
éteindre23 », assure Quesnoy. Certes, si les jours sous nos yeux chez les
l’on ne s’habitue pas au miasme, il est Arabes25 ». Le médecin a donc un rôle de
néanmoins possible de transformer l’Al- conseil mais les responsabilités du colon
gérie en pays salubre, par « un combat en matière sanitaire, liées à la pérennisa-
qu’il faut livrer à la nature24 ». Le pays, tion du projet colonial, sont aussi régu-
en se transformant, devrait permettre lièrement rappelées.
finalement qu’y prospèrent des popula- Les chiffres officiels, qui indiquent la
tions coloniales. diminution du nombre de malades civils
L’acclimatement est possible, mais il traités dans les hôpitaux civils et militai-
s’agit d’un processus encadré par la res entre 1849 et 1851, sont présentés
médecine, à qui il revient, « sentinelle par les autorités comme la preuve que les
avancée des colonisations européennes travaux de desséchement ont amélioré
dans les pays chauds, d’éclairer la route les conditions sanitaires de la colonie et
et de guider les premiers efforts du légis- que l’acclimatement des populations
lateur », estiment Martin et Foley agricoles est en voie de progrès (minis-
(Martin et Foley, 1848, 4). Pour réussir, tère de la Guerre, 1853, 121), ce que
la colonisation « dépend de l’étroite et continue de récuser Boudin : « Dans les
constante combinaison des efforts de colonies agricoles, la mortalité annuelle
l’administration et des particuliers ». de la population européenne en 1850 et
L’État s’engageant à de lourds sacrifices, 1851 a dépassé 98 décès sur 1 000 hab. ;
les colons ont envers lui « des devoirs de en d’autres termes, la population a été
plus d’un genre à remplir. C’est souvent décimée » (Boudin, 1853, 29). En 1851
pour les avoir oubliés qu’ils se sont cependant, l’inspecteur Rietschel relève
perdus, qu’ils ont compromis en même que l’état sanitaire des colons de Monte-
temps leurs intérêts, leur vie et la cause notte est « meilleur qu’on ne l’espérait
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essentiellement par les médecins de l’ar- qu’il a prise de visiter tous les deux jours
mée. Des médecins civils, engagés dans le chacune des familles49 ».
cadre de la « médecine de colonisation » De même, l’officier de santé civil
lorsqu’ils exercent en zone rurale et dont Duval, à Mahelma « ne paraît pas
la position au sein du monde médical dépourvu de connaissances médicales et
colonial en voie de constitution se définit d’une certaine habitude pratique ».
peu à peu, en font aussi partie, ainsi que Piaget, en revanche, ne « paraît posséder
des médecins civils pratiquant dans les ni l’instruction suffisante, ni l’habileté
villes. Chargés de l’inspection médicale pratique ; il est âgé, usé, sourd. Il ne
de l’armée, les inspecteurs médico-mili- peut inspirer la confiance50 ».
taires jugent également du fonctionne- Michel Lévy, lors de son inspection de
ment du service de santé civil. Leurs 1851, tend d’ailleurs à dévaloriser de
rapports précisent la diversité du person- manière systématique les médecins
nel médical civil exerçant en Algérie au civils, peut-être pour mieux imposer son
milieu du XIXe siècle, composé de méde- idée d’un nécessaire contrôle par les
cins et d’officiers de santé français et médecins militaires de l’organisation des
étrangers (ministère de la Guerre, 1853, soins en Algérie. Ainsi, le médecin de
120)46 et apprécient diversement les apti- l’hôpital de Philippeville lui semble
tudes professionnelles et les manières « peu apte à comprendre les obligations
d’exercer leur service de ces confrères d’ordre, de régularité, des hiérarchies51 »
civils. À La Chiffa et à la Mouzaïa par et à Guelma, il estime que le docteur
exemple, Vergé, un médecin civil qui a Durant n’inspirant pas confiance, « les
exercé plusieurs années à Paris et en vrais malades ne s’adressent qu’aux
province, s’occupe du service médical médecins militaires et surtout au judi-
rural. Il visite tous les deux jours les cieux docteur Puel ». À Sétif encore, il
malades, voire plus souvent « pour des cas propose de supprimer le poste de l’offi-
urgents47 ». Le docteur Martin, « com- cier de santé civil Decœur, qui n’offrirait
missionné par l’administration, réunit pas assez de garantie médicale et de faire
pour remplir ces fonctions les conditions faire son service par des officiers de l’hô-
suffisantes de capacité, d’instruction et de pital militaire de la ville52. Vaillant va
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suffit d’un médecin civil à Médéah pour Le service médical d’El-Afroun est
la ville, le dispensaire et les deux villages ainsi fait par un chirugien aide-major et
de Damiette et Lodi64 ». De même, une sœur de Charité ; à Lodi, une des
« quand les colonies auront entièrement trois sœurs de Saint-Vincent qui s’occu-
cessé d’être sous la direction et la tutelle pent de l’école, donne aussi des soins
de l’autorité militaire, le service de santé aux malades, et à Boutlébi, Louis Caza-
de Montenotte devra être confié au las estime nécessaire « de placer à
médecin civil de Tenez, avec obligation demeure un chirurgien sous aide-major
de visites périodiques au moins trois fois chargé de tout le service de la colonie, en
par semaine65 », pour consultation à lui donnant comme auxiliaire une sœur
heure fixe. Enfin, si la colonie de de charité et un infirmier69 ». Plusieurs
Ponteba entre dans le régime civil et médecins demandent que des sœurs
qu’un médecin civil d’Orléansville se hospitalières soient adjointes au person-
charge du service médical du village, nel des colonies agricoles, avec pour
« dans ce cas seulement où le village mission de préparer les tisanes et agents
serait sans médecin résident, il y aurait médicamenteux ordinaires, de veiller les
utilité à adjoindre aux religieuses qui malades, leur administrer les remèdes,
doivent être chargées de l’école et de faire des pansements simples... Riboulet
l’asile [ainsi qu’] une troisième sœur note en effet à propos de la sœur de
pour l’assistance des malades66 ». Charité, qu’à force d’observer et de
Plusieurs personnels soignants suivre le cours des maladies, « son intel-
complètent en effet le dispositif médical ligence devient médicale, discerne le
dominé par les médecins de l’armée. développement et la marche des phéno-
D’après Paÿn, aucun pharmacien ne mènes morbides et sait rendre à l’officier
tentera de s’établir dans les villages « tant de santé traitant le compte le plus exact
que tous les médicaments seront délivrés des symptômes qui se sont déroulés
gratuitement67 ». Dans son rapport sur pendant son absence70 ». Michel Lévy
le service médical de Castiglione, regrette d’ailleurs que dans les trois hôpi-
l’inspecteur Loyer suggère la nécessité taux civils de la province de Constantine,
« d’attacher à la pharmacie un homme les religieuses « administrent, dépensent,
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soit attachée à chaque colonie72 mais propose aussi de les affecter aux
l’exercice de cette profession connaît « crèches coloniales » qu’il suggère d’ins-
néanmoins des contraintes nombreuses. tituer78. Le médecin Duprat mentionne
Mialhes relève que dans une des colonies également une femme « infirmière à
du cercle de Mostaganem, il y a « deux l’hôpital colonial de Cherchell »
accoucheuses très capables mais elles ne (Duprat, 1850, 12), sans que l’on en
possèdent point [les] instruments [néces- sache plus sur son statut et Rietschel qui
saires] qu’elles n’ont d’ailleurs pas le droit se propose d’assigner un infirmier à
d’appliquer sans la présence d’un chaque infirmerie estime qu’il serait
docteur73 ». Parfois, comme à Ponteba, « avantageux que ce fût une femme car
« une sage femme sans diplôme a fait elle pourrait donner ses soins aux deux
quelques accouchements pour lesquels sexes79 ».
elle reçoit de l’administration une somme Un personnel relativement diversifié
fixe de 10 fr.74 ». Dans l’ensemble, dans les au sein duquel les figures principales
villages, ce métier encadré et d’une utilité restent, au milieu du XIXe siècle, le
reconnue, est peu rémunérateur. Jean- médecin militaire et la religieuse, s’em-
Louis Rouis relate ainsi « la clientèle de ploie donc à apporter ses soins aux civils
M. Marquès, naguère complète sous tous qui les reçoivent dans plusieurs lieux :
les rapports, a fini par se dégarnir du jour chez eux, mais aussi dans des hôpitaux
où une dame de la colonie, Mme Bourgeois, civils, installés dans les villes principales
a rapporté de Montpellier un brevet de sage- et qui reçoivent les malades pauvres ou
femme. Mme Bourgeois est aujourd’hui encore dans les hôpitaux et ambulances
devenue la providence de ses compagnes militaires qui accueillent les malades
qui, au moment de leurs couches, comme indigents des villes secondaires, des
toutes les femmes possibles, ne se rési- centres de colonisation et des campagnes
gnent qu’à grand’peine à se confier à un (ministère de la Guerre, 1853, 120 ;
médecin. Il est regrettable que l’extrême Hassendorfer, 1958, 78). Une infirmerie
pauvreté des colons rende son assistance est enfin censée être établie dans
extrêmement gratuite75 ». chacune des colonies agricoles de 1848.
C’est pourquoi, à Mahelma, l’inspec- Selon Mialhes, les locaux consacrés aux
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maisons de secours à installer dans Cazalas écrit qu’« en raison de son éloi-
chaque point de colonisation sont soit gnement d’Oran, de l’importance qu’il
encore à l’état de projet, soit bâties mais nous semble susceptible d’acquérir et
pas encore meublées82. À Barral, l’infir- du nombre exceptionnel de malades
merie contient six lits et se compose de qu’il faut s’attendre à y voir la première
quatre pièces : « Une pour la pharmacie année, nous croyons très utile de créer
avec une cheminée pour les préparations une infirmerie à Boutlébi au moment
pharmaceutiques, deux pour les malades de l’arrivée de colons88 ». Pour des ques-
et une pour l’infirmier ou garde tions démographiques également,
malade » (Boyer, 1851, 42). Bien aérées, Michel Lévy propose quant à lui d’éle-
les salles sont cependant mal pavées et ver l’infirmerie de Jemmapes au rang de
comme le toit n’est pas encore plafonné, petit hôpital89. Il arrive enfin qu’un
l’eau goutte à l’intérieur. D’autres infir- même village dispose de plus d’un lieu
meries peuvent être plus importantes : de soins, comme à Marengo où le poste
Goze estime nécessaire d’en établir une à médical est tenu par le médecin Guéret
Marengo de 12 à 15 lits83. Dans les trois et la petite infirmerie par des sœurs90.
villages que visite Rietschel en 1849, Dans l’ensemble toutefois, c’est la
une maison entière est affectée à l’infir- suppression de plusieurs infirmeries qui
merie, dans laquelle d’ailleurs, « la sépa- est conseillée et Vaillant estime inutile
ration entre hommes et femmes n’est pas l’agrandissement de l’infirmerie de
assez marquée84 ». Zurich « qui ne sert déjà pas à grand-
Certaines de ces structures ont été établies chose91 ». On viendrait mieux au secours
dans l’urgence. Ainsi, à Montenotte, une des colons en organisant des secours à
infirmerie provisoire a été installée en domicile et, souligne Mialhes, on gagne-
1850 en période d’épidémie, « pour rait un local utilisable pour installer
porter des secours prompts à des l’école92. À Montenotte, la maison de
maladies à marche rapide85 ». Face au l’infirmerie est finalement donnée à un
choléra de 1849, pour édifier plus rapi- colon et une petite pharmacie est orga-
dement un hôpital à Marengo, le Génie nisée dans l’ancienne infirmerie du
aurait utilisé les pierres déjà taillées des Fondouck, « convertie en partie en
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spécial aux gens qui ont appris de bonne que sanitaire : en recommandant aux
heure à se soigner chez eux [qui] contri- médecins de traiter à domicile le plus
bue à éloigner ces habitants des maisons grand nombre de malades, « pour leur
hospitalières ». Il rappelle que c’est éviter les ennuis de l’hôpital et ne pas les
uniquement le défaut d’installation priver de la vue de leurs familles, ils
convenable qui a amené les colons à ignoraient qu’ils [les officiers de santé en
accepter une place à l’hôpital, « et chef ] nous privaient du seul [moyen]
encore, pour les y déterminer, fallait-il qui restait à notre disposition, la peur de
vaincre une foule de répugnances, l’hôpital98 ». Cependant, lorsqu’il est
surtout de la part des femmes et des question de supprimer l’hôpital militaire
enfants95 ». Les réticences à se faire de Koléah, Sierzputowski appelle à la
soigner à l’extérieur sont à mettre sur le création d’un établissement civil car le
compte de la pudeur : dans l’infirmerie district, « devant être augmenté de deux
de Barral, les femmes sont obligées de villages de la commune de Castiglione et
passer par la pièce des hommes. Aussi des deux en voie de création à Chaïba,
une seule est-elle venue s’y faire traiter donnera, outre une nombreuse popula-
« alors qu’il n’y avait personne d’autre » tion flottante, un effectif tel qu’il sera
(Boyer, 1851, 42). Mais les lieux collec- impossible de laisser ce district sans
tifs de soins, particulièrement l’hôpital, hôpital99 ».
provoquent surtout la crainte : un jeune De fait, de nombreux médecins consi-
soldat explique par exemple en 1852 à dèrent que le passage au régime civil
ses parents combien « ces maisons [lui] risque de désorganiser les soins hospita-
font peur : il y a trop de malades et il liers. Selon Michel Lévy, si les colonies
[lui] semble sans cesse au-dessus de ces agricoles sont « dépossédées de la bien-
rangs de lits dans ces longues salles faisante tutelle du ministre de la Guerre,
sombres voir l’oiseau de la mort qui les hôpitaux civils de Bône et de Philip-
plane en silence et attend le moment de peville ne suffiront pas au traitement des
vous enlever » (Michel, 1994, 161). À femmes et des enfants malades ». Pour
Coléah, en 1851, « l’immense majorité l’inspecteur, « les hôpitaux civils en
des malades se refus[e] péremptoirement Algérie ne sont en réalité et ne seront
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civils et « d’y faire concourir deux ordres enfants, adultes dans une pièce unique où
de médecins », les uns militaires, les affluent chaque matin les malades107 »,
autres civils102. Aussi propose-t-il d’ap- proteste Barudel.
pliquer aux hôpitaux civils le mode de Après cette séance de consultations, le
gestion et de contrôle des établissements médecin effectue, normalement entre 9
militaires. heures et 10 heures, des visites à domicile
chez ceux dont les parents ont laissé le
nom à la visite du matin, et chez les
LE DÉROULEMENT DES SOINS malades déjà en traitement. En début
Outre la mise en place d’un cadre d’après-midi, de 13 heures à 14 heures, il
matériel et humain, les rapports des offi- se livre à la distribution des médicaments.
ciers de santé précisent la manière dont La fin de la journée est consacrée aux
les médecins organisent leur service contre-visites chez les colons atteints de
médical, la fréquence des visites et la maladies graves. Le service de santé fonc-
manière dont elles se déroulent, éclairant tionne sur ces bases tant qu’il y a peu de
un pan de l’histoire complexe de la médi- malades mais en période de fièvres, souli-
calisation des populations au XIXe siècle gne Lagrave, « ces pérégrinations se
(Faure, 1998, 53-68 ; Rieder, 2003, 260- renouvelant vingt fois par jour, chaque
271). Dans les colonies de la province fois que l’officier de santé était demandé
d’Alger par exemple, « chaque jour avant par un nouveau malade, il en résultait
la distribution des aliments, le tambour pour le malheureux chirurgien un service
bat la visite des malades à 7 h. », visite qui forcé qui dépassait de beaucoup les forces
dure jusqu’à 9 h. Sont invités à s’y rendre humaines108 ».
les colons « dès qu’ils sont atteints de la De façon générale, les rapports médi-
plus légère indisposition103 ». L’affluence caux pointent la pauvreté de l’équipe-
est parfois telle que deux heures ne suffi- ment médical des colonies. Loyer
sent pas toujours pour interroger les demande une boîte pour l’extraction des
malades. Dans l’ensemble, les consulta- dents et Mialhes réclame des instruments
tions ont lieu à l’infirmerie ou dans la de chirurgie, surtout un forceps et un
« maison de secours », parfois dans un spéculum109. Rouis, qui se félicite de les
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d’un intérêt moindre pour des patients aussi entrevoir la manière dont se cons-
civils constituant une clientèle non solva- truit la relation entre le médecin et son
ble, ainsi que l’expression d’une méde- patient. Le médecin de colonisation
cine de masse limitée par la faiblesse des Paÿn se plaint notamment des « débats
moyens et des personnels. Face aux incessants entre le colon et le médecin ».
épidémies, ces derniers font de toute Sachant qu’un médecin salarié par le
façon défaut et lors du choléra de 1849, gouvernement doit visiter les malades
« à bout de science et de remèdes, certains du village, « le colon, persuadé qu’il doit
médecins-majors […] ne trouvèrent rien être traité, médicamenté gratuitement,
de mieux que d’ordonner aux habitants pousse l’exagération jusqu’à faire du
[de Barral] de danser » afin que le sang médecin son garde malade, son infir-
circule mieux (Rasteil, 1930, 60). Lors- mier […] ; il abusera tant qu’il pourra
qu’un médicament manque, il est obtenu parce qu’il croit n’avoir rien à payer.
« sur bon » à l’hôpital voisin. Celui de S’armant de la menace d’une plainte, il
Ténès par exemple distribue des sang- exigera deux ou trois visites par jour ;
sues, « toutes les fois qu’il n’a pas été dans chaque village chacun croit avoir
possible de se les procurer sur les lieux, droit au médecin, comme aux médica-
soit au marché arabe, soit directement ments, aux distributions de grains, de
dans quelque ruisseau voisin113 ». bœufs, d’arbres118 ».
Outre les visites et contre-visites, le Cette attitude face au médecin fonc-
médecin tente de vacciner les popula- tionnaire se retrouverait en ville où
tions qui ne le sont pas encore. Avec un même les quelques habitants suffisam-
succès limité : en 1849, Imbert doit ment aisés pour payer des honoraires au
ainsi se procurer du nouveau vaccin médecin s’y résigneraient difficilement
après les premières tentatives d’inocula- « parce qu’ils regardent comme un droit
tion114. Les vaccinations, « pratiquées le traitement gratuit par un médecin
avec des vaccins recueillis sur des stipendié119 ». En même temps, Vaillant
plaques ou dans des tubes » n’ayant remarque qu’à Cherchell, comme à
réussi nulle part, Mialhes recommande Tenes, « un grand nombre d’habitants,
« à tous les médecins des colonies de les pour éviter l’achat de médicaments,
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NOTES
1. Sur cet épisode existent quelques témoignages, Emerit (dir.), La révolution de 1848 en Algérie,
voir Maxime Rasteil, À l’aube de l’Algérie fran- Paris, Larose, 1949 ; Charles-André Julien,
çaise. Le calvaire des colons de 1848, Paris, E. Histoire de l’Algérie contemporaine, t. I, Paris,
Figuière, 1930 ; Louis Reybaud, Rapport présenté PUF, 1964, p. 364-375, Yvette Katan, « Les
au ministre de la Guerre par la commission colons de 1848 en Algérie : mythes et réalités »,
d’inspection des colonies agricoles de l’Algérie, le 16 RHMC, n° XXXI, avril-juin 1984, p. 177-202.
novembre 1849, Paris, Imprimerie nationale, 2. Les colonies créées par la loi du 19 septembre
1849. Plusieurs monographies de villages de 1848 sont : 1) dans le département d’Alger : El
colonisation ont également été publiées, par
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5. AVdG 70/12, J.-F. Mialhes, Inspection des colo- 21. AVdG 70/11 bis, Les officiers de santé en
nies agricoles de la circonscription de Mostaganem, chef de l’armée, Résumé…, op. cit., p. 9.
1849, p. 7. 22. Loi relative à l’emploi du crédit de 5 M.
6. AVdG 70/38, Michel Levy, Inspection médicale, ouvert par la loi du 19 mai 1849 pour les colonies
service civil, Province de Constantine, Marseille, 14 agricoles de l’Algérie, Bulletin des lois de la
novembre 1851, p. 3. République française, Xe série, tome VI, 2e semes-
7. AVdG 70/35, Antoine-Paul Vaillant, Inspection tre 1850, p. 174.
de la colonie agricole de Ponteba, 20 octobre 1851. 23. AVdG 70/2, Quesnoy, , op. cit., p. 19.
8. AVdG 70/26, Jean-Louis Rouis, Rapport sur 24. AVdG 70/4, Vezien, op. cit.
l’inspection médicale faite dans la colonie de Casti- 25. AVdG 70/2, Quesnoy, op. cit., p. 51.
glione et annexe pour l’année 1851, au Conseil de
26. AVdG 70/34, N.-F.-G. Rietschel, Rapport sur
santé, 13 août 1851, p. 6 ; AVdG 70/30, Louis
l’inspection médicale de la colonie de Montenotte,
Laveran, Rapport sur l’inspection médicale des colo- août 1851, 26 août 1851. À partir de 1880, les
nies et des dépendances agricoles de l’Afroun et de taux de croissance de la population européenne
Marengo, 11 août 1851 ; ce n’est qu’après 1856 que en Algérie supérieurs à ceux de la métropole
la mortalité commence à baisser rapidement dans la amènent René Ricoux à y voir « les preuves non
population européenne, voir Kateb, 2001, 33. équivoques de sa vitalité, de son adaptation sur le
9. AVdG 70/2, Ferdinand Quesnoy, Conseils hygié- sol algérien », René Ricoux, La démographie figu-
niques aux cultivateurs en Algérie, 1849, p. 55. rée de l’Algérie. Étude statistique des populations
10. Ibid., p. 2. européennes qui habitent l’Algérie, Paris, G.
Masson, 1880, p. 219.
11. AVdG 70/11 bis, Les officiers de santé en
chef de l’armée, Résumé des observations des méde- 27. AVdG 70/27, Marcel Sierzputowski, Docu-
cins inspecteurs des colonies agricoles, Alger, le 31 ments statistiques médicaux pour le district de
octobre 1849, p. 2. Koléah depuis l’an 1844 jusqu’au 31 octobre 1851,
complets pour les villages civils, y compris les colonies
12. Ibid, p. 4.
suisses, 10 décembre 1851.
13. AVdG 70/14, Louis Cazalas, Rapport sur
28. AVdG 70/1, A. Payn, Nécessité d’un règlement
l’inspection médicale des colonies agricoles de la
pour le service de santé dans les villages, 1849.
division d’Oran en 1851, 1851, p. 15.
29. AVdG 70/4, Vezien, op. cit.
14. AVdG 70/4, Ernest Vezien, De l’influence des
maladies de l’Algérie sur la colonisation et des 30. AVdG 70/1, Payn, op. cit.
moyens de les combattre, 1856. 31. Les statistiques officielles indiquent ainsi pour
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35. AVdG 70/25, Barudel, op. cit. 53. AVdG 70/37, Vaillant, Inspection [2 octobre
36. AVdG 70/26, Rouis, op. cit., p. 9. 1851], op. cit.
37. AVdG 70/12, Mialhes, op. cit., p. 19. 54. AVdG 70/38, Levy, op. cit., p. 8.
38. Cadre des médecins de l’Armée (1836-1852). 55. AVdG 70/37, Vaillant, Inspection médicale du
L’année 1852 voit la réorganisation du service de département d’Alger, service médical civil rural, 2e
santé par la fusion des professions de médecins et circonscription du Sahel d’Alger, 30 septembre
de chirurgiens. (voir tableau) 1851.
39. AVdG 70/32, Eugène Goze, Rapport d’inspec- 56. Ibid.
tion médicale des colonies agricoles de Marengo, 57. AVdG 70/37, Vaillant, Inspection médicale du
Zurich et Novi, 30 juillet 1849, p. 7. département d’Alger, service médical civil de
40. AVdG 70/43, Lagrave, , op. cit., p. 50. Coléah, 1er octobre 1851.
41. AVdG 70/32, Goze, Rapport [1849], p. 8. 58. Revue du progrès de l’Algérie, Bulletin officiel
des travaux de la Société de Médecine d’Alger, de la
42. AVdG 70/35, Vaillant, Inspection [20 octobre
Société pour l’extinction du paupérisme par la colo-
1851], op. cit.
nisation de l’Algérie, des Comices agricoles et autres
43. AVdG 70/1, Payn, op. cit. Sur les débuts de la Sociétés scientifiques, théoriques et pratiques de la
médecine de colonisation en Algérie, définitive- Colonie, n° 1-2, janvier-février 1850, 2, rue des
ment instituée par l’arrêté municipal du 21 Sauterelles, 1850, n° 1-2, janvier-février 1850,
janvier 1853, voir Benjamin Milliot, La médecine p. 13.
de colonisation en Algérie, Bône, imp. du Courrier
59. AVdG 70/38, Levy, op. cit., p. 9.
de Bône, 1893.
60. AVdG 70/33, Vaiullant, Inspection médicale
44. AVdG 70/8, s. n., s. d.
de la colonie de Zurich, 26 octobre 1851.
45. AVdG 70/37, Vaillant, Inspection médicale du
61. AVdG 70/32, GOZE, Rapport [1849], p. 17.
département d’Alger, service médical civil de Milia-
nah, 24 octobre 1851. 62. Après le coup d’État, Saint-Arnaud fait accor-
der des crédits aux colonies jusqu’en janvier 1853
46. Le décret du 12 juillet 1851 rend exécutoires
(voir Julien, 1964, 374).
en Algérie les lois sur l’exercice de la médecine et
de la chirurgie. Ainsi, « les médecins et chirur- 63. Ibid., p. 17.
giens gradués par les universités étrangères, les 64. AVdG 70/26, Vaillant, Inspection des colonies
officiers de santé et les sages-femmes reçus par les de Lodi et Damiette, 9 octobre 1851.
jurys médicaux de France ne peuvent exercer en 65. AVdG 70/34, Vaillant, Inspection sur la colo-
Algérie qu’en vertu d’une autorisation spéciale du
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74. AVdG 70/35, Vaillant, Inspection [20 octobre 103. AVdG 70/25, Barudel, op. cit.
1851], op. cit. 104. AVdG 70/34, Rietschel Rietschel, Rapport
75. AVdG 70/26, Rouis, op. cit., p. 6. [1849], op cit., p. 56.
76. AVdG 70/37, Vaillant, Inspection [2 octobre 105. Ibid., p. 24.
1851], op. cit. 106. AVdG 70/34, Rietschel, Rapport [1851], op.
77. AVdG 70/11, Circonscriptions du territoire cit.
civil. Indication des villages ayant un médecin civil 107. AVdG 70/25, Barudel, op. cit.
stipendié.
108. AVdG 70/43, Lagrave, op. cit., p. 21.
78. AVdG 70/26, Rouis, op. cit., p. 20.
109. AVdG 70/26, Loyer, op. cit., p. 10.
79. AVdG 70/34, Rietschel, Rapport [1851], op.
cit., p. 8. 110. AVdG 70/26, Rouis, op. cit., p. 8.
80. AVdG 70/12, Mialhes, op. cit., p. 22. 111. AVdG 70/34, Rietschel, Rapport [1851], op.
cit.
81. AVdG 70/29, Vaillant, Inspection [30 septem-
bre 1851], op. cit. 112. AVdG 70/40, Riboulet, op. cit.
82. AVdG 70/13, Joseph Goedorp, Rapport d’in- 113. AVdG 70/34, Rietschel, Rapport [1851], op.
spection, 1849, p. 7. cit. Dans les villes, les médicaments sont donnés
gratuitement aux indigents inscrits et délivrés sur
83. AVdG 70/32, Goze, Rapport [1849], op. cit.,
bons signés du commissaire civil, par un pharma-
p. 17.
cien adjudicataire qui exécute les prescriptions.
84. AVdG 70/34, Rietschel, Rapport [1849], op.
114. AVdG 70/12, Imbert, Colonie agricole de
cit., p. 7.
Kharouba, Registre d’inspection des malades, 7 juillet
85. AVdG 70/34, Vaillant, Inspection [22 octobre 1849.
1851], op. cit.
115. AVdG 70/12, Mialhes, op. cit., p. 23.
86. AVdG 70/13, Goedorp, op. cit., p. 7.
116. AVdG 70/47, Note pour le Conseil de santé des
87. AVdG 70/26, Vaillant, Inspection [9 octobre armées, Instruction hygiénique pour les colons récem-
1851], op. cit. ment arrivés en Algérie, Paris, le 9 janvier 1847.
88. AVdG 70/14, Cazalas, op. cit., p. 5. 117. AVdG 70/34, Rietschel, Rapport [1849],
89. AVdG 70/38, Levy, op. cit., p. 18. op. cit., p. 57.
90. AVdG 70/30, Laveran, op. cit. 118. AVdG 70/1, Payn, op. cit.
91. AVdG 70/33, Vaillant, Inspection [26 octobre 119. AVdG 70/37, Vaillant, Inspection [21 octobre
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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RÉSUMÉ
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SUMMARY
During the first decades of the conquest of who were ill-prepared for their new environ-
Algeria in 1830 there was great speculation ment. The change of climate adjustment to the
over the possibility of European populations the new environment seems to be a major
settling there permanently.The fatal diseases factor which was not always addressed by
which decimated marching troops and settlers doctors. The army surgeons' reports give a clear
alike rendered any permanent settling highly overview of hygiene conditions shaping up in
problematic especially when in the middle of Algeria at the time. In rural areas especially the
the XIXth century the new Republic in 1848 army surgeon has a key-role working alongside
decided to send over 12 000 settlers to join civilian surgeons, benevolent nuns and midwi-
the existing French rural colonial population ves. Beyond the human and material interest
the surgeons' reports provide a very detailed
estimated at 20 000.
insight into the ways the doctors organised
Healthcare in those new villages is mainly their medical service, they tell us how
administered by army surgeons. They provide frequently they visited patients and what
invaluable first-hand accounts of their early happened during those visits. They unfold for
struggles as well as evidence of high mortality us new aspects of the history of medicalisation
amongst the originally mostly urban populations in the nineteenth century.
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Médecin et
Médecin Médecin Chirurgien
chirurgien Chirurgien Total
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Principal de re Total (y
Médecin re Principal Major de 1 Major de Aide-major major
1 e e re e compris les
inspecteur de 2 classe classe 2 classe de 1 classe de 2
classe pharmaciens)
classe
1852 7 40 40 100 200 340 340 1226
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Les points les plus gros : villes principales citées dans le texte
Les points plus petits avec les noms soulignés : colonies agricoles fondées en 1848 ; les noms non souli-
gnés : autres points de colonisation.
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