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Constantinople, en Albanie et
dans plusieurs autres parties
de l'Empire ottoman pendant
les années [...]
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TOME TROISIÈME.
DE L'IMPRIMERIE DE MARCHAND
VOYAGE
EN MORÉE,
A CONSTANTINOPLE,
ENALBANIE.
ET DANS PLUSIEURS AUTRES PARTIES
DE L'EMPIRE OTHOMAN~
FONDANT LES ANNEES 1~98, ï*:99j iSooET jtSoï.
ComptenaMla desenptton de ces pays, leurs productions,les mceur!,
les usages, les maladieset le commerce <[e leu.s habitans, avec des
rapproehemens entre l'état aetneide'aGfèce., etce~n'~Ucfat<[ans
l'antiquité.
PAR F. C H. L. POUQUEVILLE,
1
Oo~KtCït enrichi ~*an Prccit historique et gco~rapÏuqte icr l'ano~tne Ep!fe, ft de Cartes
dt<* Met par M. 8x~1~ BB Boctc.K~ GeogMphe dft Tt<~aU<m~ E~~enenrM aeeoiBpaga~ de
Pit:eM JutttScadvM et arme de TTgcrM et <Ïe Y"e mc~weSM.
DÉDIÉ A S. M. L'EMPEREUR.
A PARIS,
<:mz UAMX ET CONP'\UBM!RES. PLACE DE I.'ËCM.E DE MËDECtKt:
M.DCCC.T.
DESCMPTÎON
ET HISTOIRE ABRÉGÉE
DF TP'FPTRF
JL~JLj iUjL~I.J~A<ULj~
.~E~M~
1'
un peuple Epirote que l'on appelait
et qui habitait vers les
sources du Pénée. Au midi des Atha"
mânes était contrée cou"
verte de bois et, a l'ouest decelle-~
le pays des Amphilochiens, dans le-
quel étaient plusieurs villes grecques t
et entr'autres Argos, ~y~o~~ocAMMM
qui devait sa fondation à Amphilochus,
fils d'Amphioraûs. A l'ouest d'Argos,
était Ambracie grande ville qui avait
été augmentée par les Corinthiens, et
qui fut une des principales du royau-
me de Pyrrhus.
Après avoir donné la description
succincte de ce pays, nous allons en-
trer dans quelques détails sur les prin-
ces qui Font gouverné, jusqu'aux Ro-
mains.
La première partie de FEpire qui
fut connue des Grecs fut la partie
orientale, parce que ce fut par là qu'ils
arrivèrent dans cette contrée. Les plus
anciens habitans de ce pays,: suivant
eux, étaient Deucalion et J~?'
s'y étaient réfugiés en fuyant le dé-
qui
DE L'ALBANIE.
CHAPITRE PREMIER.
CHAPITRE II.
CHAPITRE III.
TOPOGRAPHIE DE BUTMJfTO. PORTRAIT D'AU
PACHA ET DE SES FILS. SITUATION DES FRAN-
ÇAIS DANS SON CAMP. IDEE DE SON ARMEE
ET DE LA DISCIPLINE. MCECRS DES SOLDATS
ALBANAIS. DÉPART DE M. CHARBONNEL POUR
AGIO-SARANTA. DEPART DE MM. POITEVIN
s
BESSIERES etc., POUR ÏANINA.
J3UTMNTO
est, à n'en pas douter, la ville qui a
succédé à l'ancienne Bathrotam, dont parle Vir-
gile Ce fut en ce lien qn'Enée, le héros des
.PortM~e ~M&Mtct
C&ao.'tM ) et ce~MM FatAfo~t a~ee~tdïaMMMf~eM
·
tS'o~ctnnf! M?tc forte <&)pc~ et <tv)<«! A'M<t
Troyens, vint aborder au moment où Andro-
maque, les cheveux épars, sacrifiait sur le tombeau
d'Hector, eu évoquant les manes de son époux,
aux rives du faux Simoïs. Le fils de Priam, Hé-
leuus, qui régnait sur cette partie de la Chaonie,
avait donné les noms chéris de Xanthe et de
Shnoïs aux ruisseaux qui baignaient Buthrotum;
et Virgile, qui nous transmet la topographie de
d'eHe.
A ce lugubre asile elle invitait ses manes
L'appelait auprès
J'avance j'apperçoisdans séjour
et ce nouveau
De la fière Pergame un modeste tableau
Voilà ses ports ses murs renaMsantdeleur cendre
Ce coteau, c'est I'Ida ce ruisseau, le Scamandre.
Je vois ta porte Scée et tes tours d'Uion
Et de Troie en pleurant j'adore encore le nom.
ËN~tos, tfa~arJOeM~.
cette ~IMc et de ses environs en si peu de mots y =
peut encore servir de guide au voyageur. S'il ne
voit plus la porte Scœa, ni les vastes galeries sous =
lesquelles Hélénus reçut les compagnons d'Enée, Õ
il retrouvera le lac d'Anchise, et, dans les ruis- =
CETTE
partie de la Grèce, connue ancienne-
ment sous le nom de Chaonie et de Thesprotie 9
ne renferme aueune de ces ruines que le voyageur
rechercheet vient interroger.Le temps a tout dé-
truit. A leur place, des villes nouvelles des ha-
meaux inconnus se sont élevés, et par-tout une
nature sublime et terrible commande Fattention,
et excite Pétonnement. Là, on voit des lacs pro-
fonds ici on trouve des forêts séculaires par-
tout de hautes mont agnes et de quelque côte
que se portent les regards, ils s~arrétent tour à
tour sur des sites pittoresques ou surprenant, et
parfois épouvantables.
La saison du triste hiver étendait au loin la
monotonie d'une nature ensevelie sous les neiges,
lorsque les officiers français quittèrent Butrinto
pour se rendre à Ianina. Depuis long-temps les
monts Acrocérauniens, séjour ordinaire des ton-
nerres les plus bruyans~ étaientchargésde glaces
et de frimas. L'hiver de 1798, qui fut extrême-
ment rigoureux dans toute la Grèce, suspendait
ie cours des rivières et des torrens et les len-
teurs du siège de Corfou ne permettaient pas de
prévoir le terme de sa reddition. Ces considéra-
tions et la certitude de ne pas être inquiété, dé-
terminèrent Ali pacha à lever son camp, et à
licencier une partie de ses soldats.
U ne faisait donc qu'envoyer en avant les Fran-
çais sur lesquelsil avait des vues ultérieures, et
il retint près de lui M. CharbonneL Après être
sortis de Butrinto, les Français avec leur es-
corte, firent route à l'orient au milieu des mon-
tagnes et des bois; et, à sept lieues de là, ils arri-
vérent à Delvino.
Cette partie de la Thesprotie, qu'ils parcouru-
rent dans leur première journée de marche
comptait autrefois plusieurs villes, telles qu'Eka-
tompédon, Méandria et Omphalon, dont les
restes se sont transformés en quelques villages
épars sur ce territoire sauvage et hérissé d'af-
freuses inégalités.
Delvino, chef lieu d'un pachalik à deux
queues, commandé par Moustapha, et alors
soumis a AU est situé sur une hauteur et envi-
ronné de positions militaires avantageuses. On y
Tt it un château sans canon, dont les fortifica-
tions remontent à plusieurs siècles, et qui ne
peut être d'un grand secours pour une ville assez
forte par sa propre assiette. A peu de dis-
tance, sont, les sources du Xanthe ou PavJa
qui, coulant à l'ouest, va se jeter dans le faux
Simoïs. La position de Delvino, sa population
qui est de plus de huit mille habitans les limites
de son territoire, enfin, plus que tout cela, le
caractère belliqueux de Moustapha l'amour
que lui portent les Delviniotes ont, plus d'une
fois, élevé des nuages et des divisions entre lui et
AU pacha. Cette ville est d'autant plus essentielle
au pacha de lanina qui, depuis long-temps, est
~aché de voir Delvino enclavéedans ses domaines,
qu'il la voit à regret gouvernée par un homme
étrangerà sa famille, et qui a le courage de lui ré-
sister. Ilauraitàcraindre,en outreque ce caractère
entreprenant ne s'alliât aux Chimariotesindepen-
dans, qui sont ses voisins et alors il pourrait en
recevoir des dommages considérables. Si on re-
garde pourtant Je peu d'étendue du territoire de
Delvino, et qu'on fasse attention aux forces
d'Ali, on verra qu'il peut facilement réduire son
voisin, dès qu'il en aura formé la résolution,
que des raisons politiques lui ont, sans doute,
empêché de prendre.
Les Français furent loges dans le khan de Del-
vino, pêle-mêle avec les animaux et les marchan*
dises qu'ils transportaient,comme cela a presque
toujours lieu lorsqu'on voyage en Turquie.
Oa trouvait alors, sur la route, quelques villages
désoles, et, aux environs de Delvino, plusieurs
hameaux habités par des Albanais qui ne quit-
tent jamais les armes et dont les moeurs annon-
cent un état de guerre et de violence qui per-
mettrait difficilement à un étranger de voyager
parmi eux, s'il n'avait à ses ordres une escorte
nombreuse sur laquelle il pût compter. Sans
cela il serait exposé à être assassiné, ou à se
voir enlevé pour être vendu dans les montagnes~
s
sans espoir de délivrance, par le soin que ces
hommes prendraient de le dérober à tous les
regards, en le tenant dans des lieux inconnus.
Il ne faut, au reste, chercher la cause de cette
barbarie que dans la pauvreté d'un peuple, dont
chaque individu est porté à commettre, sans re-
mords, une action qui lui permet d'espérer quel"
argent.
De Delvino à Delvinachi,où les Français vin-
rent coucher le lendemain, on compte une forte
journée de dix lieues dans une direction nord-
est. On voit encore sur la route quelques villages
désolés par la guerre, et à trois lieues du point
de départ, un endroit appelé Nivitza. On tra-
verse aussi quelques vallées dont la fertilité con-
traste avec les montagnes de la Chimère, ou
monts Acrocérauniens, dont les chaînes entas-
sées déploient de vastes rideaux de forêts, ou
laissent voir des sommets Dus, que le temps et
les feux de la foudre ont noircis.
Le bourg de Delvinachi est commandé par un
aga, qui relève d'AIi pacha. Il est situé dans un
wallon fertile, arrosé par un ruisseau qui va se
jeter dans la Thyamis et qui est souvent à sec
pendant l'été. Au nord et à l'occident, des pro.
longemens du mont Tomarus ou Dzoumerka bor<
nent l'horizon. Ces contre-forts sont la demeure
de peuples Indépendans, qui du haut de leurs
retranchemens naturels bravent les attentats
souvent médités contre leur indépendance.
Les productions les plus importantes du can-
ton de Delvinachi consistent en bois de cons-
truction, en sumach 1 et en goudron. Le bourg
dont il a pris le nom, d'après sa position et les
documens de l'antiquité, pourrait bien être Om-
pbalon. C'est l'opinion la plus vraisembjab'e,
9
quoique je n'osasse pas l'affirmer positivement,
comme Mélétius l'a fait dans sa géographie. Il a
cru aussi devoir placer dans ces cantons les an-
ciennes villes de Méandre, d'Etée et de Dochna,9
et, en suivant l'ordre des positions qu'il donne,
il faudrait voir Méandre dans Delvino, Ompha-
Ion au milieu des cabanes de Delvinachi, et, des
lieux célèbres autrefois, remplacés par de mi-
sérables chaumières. Toute cette érudition est
Sttmacb.T~My corMrtaLtBn.PentajMbrMtngy~ie.
cependant purementconjecturale; car on n'est
pas guidé, comme dans le Peïoponèse, par
des ruines et on ne trouve plus les restes des
voies antiques. Le temps a détruit ce qui por-
tait l'empreintedes arts et de la civilisation, dan?
un pays qui conserva toujours des moeurs demi-
sauvages, et qui ne fut habité que par des hôth"
mes qui disaient leur principale occupation de
la guerre. C'est donc par la nature seule et par
la projection invariable des hautes montagnes qui
couvrentl'Epire;et enfin par la direction de leurs
chaînes, qu'on peut se reconnaitre, et attacheraj.
à ce qu'on voit, les souvenirs de l'antiquité qut
Bout parvenus jusqu'à nous.
En sortant du vallon de DelvinacM, pour se
rendre à Dzidza, les prisonniers voyageurs àpper~
curent les forêts de la montagne de la Chimère~
qui se déploient au nord; et ils marchèrent~ pen~
dant cette journée, au sud-est, à travers un pays
bien cultivé, jusqu'à Dzidza, éloigné de sept
lieues de Delvinachi. Ils virent, à trois lieues et
demie du point de leur départ, le bourg deMar-
gar i où ils n'entrèrent pas. Ennn après~avoif
traversé quelques belles forêts; et en avoir ap"
perçu d'immenses qui s'étendent au nord, ils
arrivèrent à D~itl~a.
CebourgouvIUage(eomïneohvOudraI'appeIer)
est situé en partie sur le sommet d'unemohtagne
aride et en partie à mi'côte, ayant son aspect&
l'ouest-sud-ouest. Le nom de Dzidza, qui signifie
gourde,luiapent-étreétédonnéà cause de la con-
figuration de la montagnesur laquelle il est bâti,
etquiressemMeàceiruit.IIesthabitépardesAlba'
Nais chrétiens, qui y ont un monastère et plu-
sieurséglises.Lepeudeterre végétale qu'on trouve
vignes; et le 8'
aux environs, est employée à la culture des
qui frappe sur cette sur-
face inégale et poreuse, donne au raisin une
qualité précieuse. On y fait trois sortes de vins,
dont le meilleur est consommé par le pacha, que
le prieur du couvent dont j'ai parlé, est en pos-
session d'approvisionner. Pour reconnaître ce
service,qu'un Albanais sait aussi bien apprécier
qu'un Grec, AH protège spécialement Dzidza,
et le saint lieu dont son pourvoyeur est le chef
et le directeur.
L*eau de Dzidza est celle d'une mare qui se
trouve aupiedde lamontagne,et de quelquesfon.
ïaines qui servent aux besoins des habitans. Heu-
reusement que le vin, nectar également cbëri et
recherché des Albanais chrétiens et musnimans,
ïes dédommage amplementde cette privation.
Après avoir passé la nuit du troisième jour de
marche à Dzidza, les Français en partirent avec
leur escorte, pour se rendre à lanina. Au bout
d'une heure et demie de ehemin ils virent
Karkalopoulo, ou lepacha a un sérail ou pa-
M§. Le pays augmentait en beauté à mesure
avançaient vers le lieu de leur destination.
<sro*ils
Une nature plus riante, des sites moins sévères~
offrent alors des tableaux différens de ceux qui
ont frappé les regards du voyageur, qui pénètre
dans l'Epire par Butrinto Mais l'Illusion de la
Fable vint déployertoutes les grâces de ses allégo-
ries, quandils approchèrentdescampagnesdela-
nina, que les habitans appellent, de nos jours, les
Champs-Elysées.Un terrain cultivé, des villages
éparsaumilieud'uneplainefertile,IavueduPinde
et du mont Tomarusou Dzoumerka, celle du lac
Achémsien,etdu~nont Cassiopée, les nrent errer
dans le pays des merveilles, à mesure qu'ils avan-
çaient L'impression est telle, en effet, à l'aspect
de tant de sites qui rappellent les siècles passés 9
qu'on fait à peine attention à la capitaledel'Alba-
nie, dont l'ensemble, la grandeur et la popula~
tion suffiraient pour 6xer et captiver l'attention
du voyageur.
Les officiers français ne tardèrent pas, en en.
trant à tanina, à payer ce moment de jouissance.
Conspués par la populace, ils furent d'abord en-
fermés dans une prison, où ils trouvèrent quel-
ques Français pris sur !e champ de bataille de
Préseva, qu'AIi s'étaitdispenséd'envoyer à Cons-
tantinople.
Pendant que MM. Poitevin et Bessières se ren-
daient à lanina, Ali pacha avait envoyé M. Char-
bonnel à Agio-Saranta, avec son grammaticos,
e 0
afin d'en visiter la position. Cette bourgade, qui
se trouve deux lieues à l'orient de Delvino, est
un petit port ou scaloma, (comme on le dit vul-
gairement pour désigner un mouillage) relevant
immédiatement d'Ail pacha, qui n'est fréquenté
que par de petits bâtimens. Sa situation sur ]e ver~
soir méridional des montagnes, était autrefois dé-
fendue par deux vieilles tours ruinées, qu'on
voit sur la montagne au nord. Ali ne parait y atta
cher quelqueimportance,que comme à un point
propre à surveiller ce qui se passe sur la côte e
ainsi que dans le voisinage des PhIIatès.Les envi-
rons, ornés de quelques bouquets d'arbres, sont
pauvres et mal cultivés, comme presque toute
cette partie de l'Albaniequi avoisine la mer.
Peu de temps après, M. Charbonnel partit d'A-
gIo-Saranta pour se rendre à lanina et il vint à
Delvino,prendre la même route qu'avaientsuivie
MM. Poitevin et Bessières. Arrivé dans la ville où
ils étaient, il n'y séjourna que très'peu de temps, et
il fut conduit à Bonila, où se trouvait le parc d'ar-
tillerie du pacha.
On verra dans la suite comment il y forma
une école d'artillerie, la considérationqu'il ac-
quit on suivra aussi avec intérêt, les aventures
particulières de chacun des prisonnierspendant
leur séjour dans l'Epire, soit à la cour du pacha,
soit dans les expéditions où ils l'accompagnèrent.
CHAPITRE V.
JUES Champs-Elysées,
nom sous lequel les mo-
*B*
CHAPITRE VII.
RETOUR DES FRANÇAIS A !A?fîNA. M. BESSÏERES
ACCOMPAGNE LE PACHA DANS UN VOYAGE AU
NORD DE ~ALBANtE. DESCMPTtON DE RODOS-
TOPOS JET DE PROTOPAPAS. ITINÉRAIRE DE
tANtNA A TEBELENI.
JLjES
craintes de la peste étant dissipées, et le
pacha n'ayant plus de raisons pour veiller à la
conservation de ses prisonniers, les rappela du
monastère, où ils avaient passé leur temps agréa-
blement. M. Poitevin, dont la santé chancelante
avait peine à se rétablir à cause des Sèvres aux-
quelles il était en proie s'était assez bien trouvé
de l'air pur des montagnes de Sagori et son état
dissipait les craintes d'un avenir iacbeux.
De retour à lamaa, les officiers français repri-
reut leurs habitudes ) M. Charbonnei retourna a
Benila, 'où était l'école d'artillerie, et M. Bes-
eièfes accompagna le pacha à Tebeleni, sa patrie.
Ali différent en tout des vexirs de la Tur-
quie, et accontumeà une vie laborieuse, parcourtt
souvent tes différentes parties de son territoire,
afin de tenir les peuples dans l'obéissance on
pour se faire des amis. Il descend ordinairement
dans les monastères que sa tolérance et peut-
être, comme je I*aidit,son intérêt, i u) multiplier
dans rétendue de son pachalik. Cette fois il re-
tournait vers les lieux qui l'ont vu naître, et il
parcourait les champs témoins de ses premières
armes que je décrirai rapidement pour indi-
quer la topographie de ceUë partie de l'Albanie.
En sortant de lanina pour se rendre dans la
Haute-Atbanie,qui est le pays des anciens Atin-
tanes ou Atimanes, et des Chaoniens, on voit,peu
aprèsavoir quitté !anina,Ie bourg de Protopapas,
qui forme une élégante variété dans le tableau
des Champs-Elysées. Quoiqu'on n'y passe pas, je
crois devoir en parler ici, pour terminer la
topographie de la partie nord de la plaine de
Ianina, ainsi que celle du villagede Rodostopos,
qui se trouve presque sur la même ligne.
Protopapas est un hameau situé à trois lieues au
nord-nord-ouestde lanina,suruQrocberéievé,qui
permetdele découvrir de très-toin. 1 ont annonce
que cet endroit est moderne, ou plutôt j'ignore à
que! Hen de l'antiquité on pourrait le rattacher;
car les Champs-Elyséesdurent autrefois être ex-
trêmementpeuplés. Quand les temps de barbarie
succédèrent aux beaux jours de la Grèce, ce
qui resta de ses habitans se réfugièrent dans des
lieux fort d'assiette, pour se mettre à l'abri de
la fureur des hordes ambulantes qui portaient
la désolationde tous côtés. Ainsi, les habitans de
Protopapas, qui sont en général fort pauvres,
soit raison ou hasard, choisirent peut-être ce site
ingrat à cause de sa stérilité, mais beau comme
site, et comme détaildans l'ensemblede la plaine
de lanina.
Une lieue au nord-est de Protopapas c'est-à-
dire à quatre lieues de lanina, se trouve un autre
hameau appelé Rodostopos, ou pays des Rosés.
En voyant l'aridité du terrain, on croirait que
ce nom est une dérision;mais la variété des sites,
leurs aspects poétiques, ornés de quelques bou-
quets de verdure, font rechercher les environs
de Rodostopos, qui, comme tous les hameaux un
peu élotgnésdu lac Achérnsie, jouit d'un air sain.
Le revenu direct des impositions que paient les
habitans de, Protopapas~ de Rodostoposet Delvi-
nachi, dont j'ai précédemment parlé, fait partie
des domaines de la Validé sultane.
Je reviens maintenant à Ali pacha dont je
suis la marche. Après avoir longé le rivage mé-
ridional du lac Achérusie, et s'être reposé dans
un monastère qui est dans le moût TomàrM
tu Dzoumerka,à peu de distancedes sources de la
petite rivière qui se jette au nord du lac il vint à
Argyro-Castron,éloignée de dix lieues de lanina.
Le vallon d'Argyro-Castron, qui s'étend, en se
contournantà l'ouest, depuisle revers septentrion
mal du mont Tomarus ou Dzoumerka jusqu'au
port de laVaUona, qui est l'antique Aulone, peut
avoirenvironquinze lieues. !1 es t divisé dans toute
sa longueur par une rivière qui prend sa source
sur le versoir du Dzoumerka, dont je viens de
parler, et qui est vraisemblablementle Celydnus
de la Chaonie. Sa rive gauche sert de limite aux
Chimariotes indépendans, dont le pays s'étend
jusqu'à une ruine appelée Fortresse de Canina
qui se voit à l'extrémité nord-ouest des monts
Acrocérauniens. On trouve sur la rive droite du
Celydnus, plusieurs villages soumis, et un bourg
qui pourrait bien être ~MMc/wï
Argyro-Castron, chef-lieu d'un pachalik à deux
queues, et qui n'est quelquefois gouvernée que
par un aga, est une ville moderne, que Mélétius
indique comme l'ancienne Antigonie. Après
avoir résisté long-temps au pacha de lanina, elle
TaMeMtderEmp!feOtho!Mat
auraient du livrer la Morée aux Turcs, dans le
temps où elle était occupée par les Vénitiens
M. de Lasalle fut assassiné, dans la ville de Ianina,
par un officier de l'escadre de /n~ro. L'au-
leur anglais, pour terminer son épisode, donne-
rait à entendre que ce fut en expiation de cette
faute supposée, et de son attachement à son
pays que le sang du négociant français fut ré-
pandu mais l'histoire succincte de cet événe-
ment vengera notre compatriote.
Je restitue d'abord les noms, en rétablissant le
&It. Un des forbans qui avait compté dans l'état-
major de FAmbro, après la destruction de ce
chef, qui fut foudroyé par une frégate fran-
çaise, é'ait venu s'établir à lanina, où il vivait,
eu apparence, tranquille. Chaque année, cepen-
dant, on le voyaitdisparaître dans la beue saison;
et l'or qu'il rapportait, et dont il était prodi-
gue, éveilla le soupçon. On parvint à connaître
qu'il traversait les montagnes de la Macédoine,
et qu'il allait se réunir à d'autres scélérats, pour
courir les mers, et faire le métier de pirate. En-
6n ,1e bruit de ses crimes ayant éclaté de manière
à ne laisser aucun doute, Ali pacha ordonna de
!e saisir; et, profitant du premier endroit qui
s'offrit, il lui fit trancher la tête dans un jardin
appartenantàM. deLasaIle.qui était alors absent.
Les partisans du forban, qui partageaient sans
doute le fruit de ses courtes, accusèrentle ncgo-
ciant français d'avoir coopéré à la pnnttton
<fM~<7~6?/r~e~Grecs, et le malheureux La-
saile fut assassiné par un autre officier de l'es-
cadre de FAmbr~, dans une rue de lanina.
Le pacha regretta sincèrement Lasalle, dont
il aimait les qualités; et l'assassin, couvert de
sang, qui échappa à la punition, ne s'attendait
pas à se voir préconisé par la plume d'un écri-
vain philosophe, qui doit sacriSer ses ressenti-
mens, et immoler une haine aveugle,pour rendre
hommage à l'honneur et à la vérité!
CHAPITRE IX.
DETAILS SUR LA SITUATION DES FRANÇAIS A IANINA.
a
ECOLE D~ARTILLEMEA BONILA. –EVENEME~S 5
ARRIVÉS DANS L'ALBANIE. FIN TRAGIQUE DU
CORSAIRE OROUSCHS. GUERRE AVEC LE PACHA
DE DELVINO. BOMBARDEMENT DE SA VILLE.
IL CONCLUT LA PAIX AVEC ALI PACHA. –L'INQUI-
SITEUR GUERINI SE FAIT MUSULMAN. LE PACHA
RENVOIE M. BOUVIER EN FRANCE.
AvANT de continuer
ma relation topographique
de l'Albanie, je crois suspendre agréablement
l'attention du lecteur, en Je ramenant vers les
Français prisonniers à lanina.
Les commencemens pénibles d'une captivité
t
dont en ne pouvaitprévoir le terme, ainsi que ses
suites, étaient l'entretiendetons les jours, que l'es-
pérance du changement faisait coulerrapidement
Ces jours pourtant n'étaient pas vides d'occupa-
tions, et le pacha savait honorablementmettre à
profit les talens de ses prisonniers.Ainsi, M. Poi.
tevin lui traça les plans de fortifications dont il
couvrit sa ville et quelques points du lac, sous
l'inspection de M. Bessières qui les mit à exécu-
tion, pendant que M.Chàrbonnel lui formait des
artilleurs, et montait son artillerie.
Séparé de ses compagnons d'infortune, presque
dès le commencement de la captivité commune
M. Charbonnel résidait à Bonila. Sa santé, dé-
labrée de plus en plus, commençait à s'y rétablir,
et il avait déjà tracé le grand jardin du pacha,
qu'on exécutait d'après ses dessins lorsque le
vezir, qui méditait lâ guerre contre Moustapha,
pacha de Delvino et les Souliotes dont il avait à
se plaindre vint à cette maison de campagne.
Ïl connaissait le grade militaire de M. Char-
bonnel, et il voulait savoir s'il était hon artil-
leur. H l'appela et, après s'être entretenu avec
lui sans intermédiaire, au moyen de la langue
grecque, que le colonel Charbonnel savait à cette
époque, il l'engagea à lui montrer ses connais.
sances, et lui donna l'entrée du harem, dans
l'enceinte duquelsetrouvaitsonartillerie, enFin-
vUant à choisir un mortier pour lui faire voir. le tir
des bombes, auquel ses topdgis étalentpeuexercés.
Pour exécuter les ordres du pacha, le colonel
se rendit au harem, où il fut introduit et il dé-
signa un mortier de moyen calibre, qu'on fut
obligé de descendre par l'escalier même des
femmes. Pendant cette opération, le colonel
qui avait encore une partie de ses habits euro-
péens, fut reconnu d'une Française qui était
esclave de la princesse mère; et cette infortu-
née, se précipitant tout à coup hors de l'appar-
tement où elle se trouvait, eut la hardiesse de
s'approcherde lui.
Amour du pays, on ne sait peut-être t'appré"
cier justement, que dans l'exil ou dans les gran-
des calamités qui nous en éloignent A l'accent
de cette femme, à ses larmes, le colonel interdit,
hésitait et avait peine à croire ce qu'il voyait. Il
s'arrête l'infortunée lui adresse la parole pour
s'Informer de son époux qui avait péri à la
malheureuse rencontre de Prévesa, et dont elle
ignorait le sort. Elle s'épanchait, elle exhalait ses
peines. lorsque Mouctar, fils aîné du vezir,
qui se rendait chez sa mère, vint rompre cet en-
tretien. Surprisde voir dans leharem, une femme
s'entretenant avec un étranger, il s'approcha du
colonel, et lui dit avec beaucoup de tranquillité
et sans émotion J?<ïK~ ~~MM?M, r~ dou-
/M~OM. ~e.s mon ame, allez bien à votre
~M</e. paroles bien diSëreutcs de celles qu'on
trouverait dans la bouche d'un Oriental, dont le
Itarem est un lieu redoutable et qui prouve que
les Albanais sont loin d'être aussi ridicules que
les Osmanlis lorsqu'il s'agit de leurs femmes.
Le mortier ayant été transporté à Bonila
M. Cbarbonnel construisit une plate-forme, qui
consistait en trois lits de rondins, placés borizon-
talement et contenus par des piquets, et il atten-
dit le jour que le pacha avait indiqué pour le tir
des bombes. Les bombardiers turcs, dont l'adresse
devait être mise à l'épreuve, et comparée à celle
du colonel, se contentèrent, pour établir le mor-
tier, de poser des planches sur le terrain, sans
s'embarrasser du niveau.
Le jour du concours, qui devait donner un
chef au corps des artilleurs coiffés de grands bon-
nets noirs, ( car, le vainqueur devait obtenir ce
grade) le jour étant arrivé, le vezir, et les deux
pachas ses fils, suivis de toute la cour; les be-
louks bachis les agas et les capitaines albanais
enfin, la garnison entièrede la capitale, se ren-
dirent à Bonila. Ali fit dresser une petite tente à
six cents toises environ, et il la donna pour but.
Les deux premières bombes furent lancées par
M. Charbonnel. La première tomba au delà du
but, et la seconde en deçà, mais toutes deux
dans la direction. Il allait rectifier son troisième
coup, lorsqu'Ali ordonna à des bombardiers de
tirer. Ils traînèrent alors le mortier sur leur plate-
forme, et commencèrentle feu, qui fut mal exé'
enté, aucune bombe ne touchant le but, et
toutes tombaut hors de direction; de manière qu'à
la sixième, le vezirles fit cesser, en les traitant de
maladroits et d'ignorans. Il fit signealors au colo-
nel de recommencer.Comme il avait eu le temps
de charger une bombe, et de l'armer d'une fus
qu'il avait préparée d'avance, il calcula alors la
charge du mortier, d'après le résultat des deux
premières portées de manière que cette bombe
vint tomber sur un des piquets de la tente qui ser-
-vait de but, et, par son explosion, la fit sauter en
l'air, chose qu'on n'avait point encore vue dans
le pays. Ce ne fut en même temps qu'un cri d'al-
légresse. La galerie du sérail de Bonila, qui domi-
nait la batterie, et sur laquelle se trouvaient les
pachas et la cour, retentit d'acclamations. Tous
ceux qui y étaient se levèrent spontanément,
( Ali pacha excepté, qui resta assis avec son mc-
decin ) et vinrent à la batterie. Veli pacha,
d'après l'ordre de son père, prit le colonel par
ia main et le présenta au vezir duquel il reçut
les félicitations, et une pelisse. Il l'investit en
même temps de toute sa confiance, comme topdsjt
et comparadgibachi, c'est-à-dire comme chef dcs
canonniers et des bombardiers.
Le lendema!n, M. Charhonnel reçut, au nom
du vezir, un habit complet à la turque, Il fut en
même temps charge dci'insh'nctton df p!ns!('urti
jeunes gens Grecs et Turcs, qui devaient former
le personnel de l'artillerie d'AIi, qui lui donna
pareillement la haute-main sur toutes ses cons-
tructions.
Ces fbnctionsétablirentdes relations tréquentes
entre le colonelet Ali pacha; ilallaitfréquemment
au palais, où plusieurs fois il rencontra le corsaire
Orouscbs, cause de notre captivité. Ce pirate,
venait rendre compte de ses croisières,qui étaient
loin de répondre aux grandes espérances de son
talent, qu'il avait annoncé avec emphase. Il s'hu-
miliait devant le colonel, dont la faveur avait lieu
de !e confondre, lorsqu'un jour M. Charbonnel,
qui le trouvait toujours sous ses pas, lui dit, d'un
ton prophétique « Va, malheureux, tu vois ton
ouvrage, ce que je suis devenu; et toi, tu seras
pendu Jamais oracle n'eut un accomplisse-
ment plus réei. Oronschs ayant remis en mer,
perdit le kirlanguitchdu pacha qui futcofdébas,
et comme il eut l'imprudence de reparaître la
cour, pour rendre compte de son infortune,
Ali, afin de s'en défaire, et de n'en plus entendre
parler, donna ordre de l'étrangler.
Peu de temps après ces heureux événemens,
qui mettaient d'une part les officiers français en
crédit, et qui, de l'autre, nous vengeaient d'un
traître, la guerre fut déclarée, de la part d'Ali, à
Moustapha, pacha de Delvino. M. Charbonnel
reçut l'ordre en même temps de préparer un petit
équipage de campagne et de siège. II fit donc en
diligence construire des affûts et préparer ce nul
était nécessaire pour l'artillerie. Les paysans
grecs furent en même temps mis en réquisition,
pour trainer les canons et les mortiers jusque sur
les &ontières de Moustapha pacha, et ils prirent
part à l'expédition sous le commandement de
leurs papas, qui étaient les capitaines de cette
singulière milice.
Les guerres entre les satrapes n'entraînent
point avec elles les grandes calamités et les lon-
gueurs de ce Ccau lorsqu'il éclate entre souve-
rains. Image de ces querelles qui, dans tous les
temps déchirèrent la Grèce un pacha ou un
aga vident leurs différends par les armes, et une
nuit, une semaine, ou l'espace d'un mois, voient
se relever les oliviers de la paix, ou consommer
la destruction et la fuite d'un des adversaires.
On fait alors main-bassesur ses troupeaux, dout
on se régale; on arrache parfois quelques pieds
d'oliviers, et par la force naturelle des choses
les haines s'assoupissent et s'oublient.
Lorsqu'on se fut avancé sur les possessions du
pacha de Delvino, et que les Albanais eurent
fait retentir l'écho des monts Acrocérauniens,
des chants barbares de leur broko-valas, ou
chanson de guerre, on commenca à vivre aux
dépens de l'ennemi. II ne se présenta pas pour dé-
~fndre les positions militaires qui couvraient sa
vIHe.de laquelle on approcha, presque sans coup-
fërir, pour former le siège.
J'ai parlé plus haut de Delvino et de sa posi-
tion. On ne jugea pas à propos de. l'emporter de
vive force et peut-étrele pacha voulut-il, en cette
occasion, se donner le plaisir de voir l'effetdeson
artillerie. Onlançaen conséquenceplusieurs bom-
bes sur la ville, et Moustàpha pacha ne. tarda
pas à obtempéreraux volontés du vezirdelanina.
Après cette campagne.M.Charbonnelretourna
à lanina,'où il fut témoin ainsi que les prison-
niers qui s'y trouvaient,d'un événement étrange,
auquel on'était loin de s'attendre.
M. Guerini, carme déchaussé, et membre de
l'inquisition de Malte, avait été fait prisonnier
avec nous, sur la tartane livournaise qui nous
portait en Italie. Agé de quarante-deux aus il
avait précédemment annoncé l'Evangileà Bornas,
dans la Syrie, et dans la Palestine où il s'était
formé à la connaissanoedësIanguesorientales.De
retour de ses missions; lé pape Pie VI l'avait en-
voyé à Malte en qualité de membre du saint of-A
fice. Il se trouvait dans cette ile, lorsqu'elle se
soumit aux armes de Bonaparte, et il sollicita du
général Desaix l'honneur d'être son interprète.
Mais, arrivé en Egypte, la vie des camps, le tu-
multe dés armes, ne purent convenu' à ses
goûts, et il obtint la permission de retourner
en Italie.
Pleins d'égards pour l'austérité de ses prince
pes, nous avions évite,. pendant la traversée, jus-
qu'aux inconséquences qui auraient pu causer
quelques déplaisirs à ce religieux, et on devait
compter sur sa résignationdans le malheur.Mais,
hélas! le cœur de l'homme est un aMme
Guerini, missionnaire, inquisiteur, était un
moderne Escobar Depuis qu'il se trouvait à Ia-
nina, il avait fait la connaissance d'un santon,
autre fanatique dans une religion ridicule, et qui
n'avait, comme le membre du saint ofSce, que
l'habit de son état. Chaque jour ils allaient en-
semble dans la montagne, méditer, faire des re-
traites, psalmodier le Kouran, et ils revenaient
constamment plus charmés que jamais l'un de
l'autre. On était cependantloin de soupçonner
leurs desseins, lorsque le carme déchaussé, pour
couvrir sa honte, voulut s'excuser d'avance aux
yeux de ceux dont il n'avait que le mépris à
attendre. Il vint trouver M. Bessières, et il lui dit
en somme « que toutes les religions étaient bon-
nes et qu'il était bien éloigné de condamner
personne pour sa croyance; que jusqu'alors il
avait erré mais que Mahomet lui avait ap-
paru, pour lui ouvrir les yeux. Voyant que
ce moyen n'était pas efficace il employait des
armes différentes, pour entraîner dans son
parti des hommes qui l'avaient respecté sans
l'estimer. Il représentait à M. Poitevin l'état de
fugueur et de maladie dans lequel il existait, et
les ressources nouvelles qui s'offriraient à lui,$
s'il embrassait l'Islamisme il tâchait d'exciter
l'ambition chex M. Charbonnel, qu'il allait voir
à Bonila. Il lui parlait de l'attachementqu'AIi loi
portait et lui disait confidentiellement que s'il
voulaitse faireTurc, il serait pacha avantdeuxans.
Rejeté de toutes parts, M. Guerini n'en per-
sista pas moins dans ses résolutions, et, à la face
de tout ïanina, il fit sa profession de foi, fut
circoncis, ~t prit le nom de Mehemet.
Poussant plus loin la ferveur et conservant
toujours le penchantqu'il avait eu pour le sacer~
doce il fut fait imam, titre qui lui valutla place
d'aumônier du pacha, qui en fit en outre son se-
crétaire. Il s'adonnaensuite à enseigner l'arabe -e
et M. Guerini est aujourd'hui connu à ïanina,
sous le nom de Mehemet-ïmam-Efïendi.
Peu de temps après cette aventure le pacha
jngea à propos de rendre la liberté à M. Bouvier,
officier de marine dont j'ai parlé précédem-
ment. N'en pouvant tirer aucun service, et le
voyant livré aux plus cruelles inquiétudes et en
proie à une af~Uction quelquefois comique, il lui
permit de rentrer en France sans exiger de lui
aucune paroled'honneur.
Il manda en même temps les of~eiprs français,
auxquels il promit formellement une prompte
délivrance, qu'il leur accorderait, d!sait-i!, suc-
cessivement, afin de ne pas mécontenterla Porte,
qui connaissait leur existence à lanina. Il leur
nt également des protestations d'amitié, entra
dans des détails intéressans sur la discipline eu-
ropéenne, et se répandit en éloges sur la bra-
voure et la gloire de nos armées, et sur-tout ne
leur parla jamais d'embrasser l'Islamisme.
CHAPITRE X.
JLjA
partie orientaledu pachalik d'Ali comprend
le pays de Sagori, dont j'ai parlé, les montagnes
du Pinde ou Mezzovo, et la ligne de démarcation
que j'ai tracée, en traitant de l'étendue en gé-
néral de cette satrapie.
Le petit Pinde, ou petit Mezzovo commence,
ai-je dit, à la base du mont Cassiopée, sous lequel
yAchéron se précipite, et il va s'appuyer sur la
chaîne du grand Pinde. On trouve, dans leur
étendue et dans les vallons qu'ils forment, plu-
sieurs villages soumis, une culture variée, des
coteaux verdoy ans sur lesquels paissent de nom-
breux troupeaux, quelques forêts'profondes, et
de hautes futaies.
Le voyageur qui, de Ianina, veut pénétrerdans
la Thessalie traverse cette contrée, qui est à
peine connue, mème par les itinéraires romains,
seuls restes de l'antiquité qui sont parvenus. jus-
qu'à nous. En sortant de lanina pour se rendre à
Larisse, on passe près de Bonila et on longe le
lac Achérusiedans plusieurs directions, pendant
près de trois heures. A cette distance, on monte
le petit Pinde pendant une heure et, après ra-
voir descendu,on traverse sur un pont la rivière
d'Arta, qui est l'ancien Aréthon.
On ne cesse de cotoyer, pendant cinq heures
cette rivière, dont le vallon faisait partie du pays
des Perrhebes, et qui renferme quelques villages
dont les noms ne me sont pas connus. On gravit
ensuiteune autremontagne,Fespaced'nneheure,
et on arrive à Mezzovo.
Cette petite ville, dont le nom, a ce qu'on as-
sure, veut dire entre deux montagnes,se trouve
effectivemententre la chaîne qu'on vientde fran-
chir et le Pinde, dont les pentes brusques for-
nMT't comme un vaste rempart granitique, qui
répare la Thessalie.de l'Epire. La petite ville de
Mezzovo egt composée d'environ quinze cents
~iLaMons t ses habitans parlent le valaque. Ils
~dment la distance de leur ville & lanina de
neuf à dix lieues.
En quittant Mexzovo on suit des chemins af-
&eux, par lesquels on gravit une tressaute mon~
~tagne couverte de neiges neuf mois de, l'année,
que les modernes désignent sous le nom de Mez-
?ovo et que les anciens appelaient le Pinde. Vue
dans le lointain, elle forme tour à tour les points
de perspective les plus rians et les plus agréa-
Hes mais lorsque le voyageur est parvenu à la
Mgionde ses sommets, il n'y trouve que le deuil,
eu la mort de la nature. Si quelques forêts de
pins noirs, emblèmes de la tristesse, couvrent ses
cols et ses contre-torts inférieurs il ne voit au-
tour de lui que des pics nus, chargés de neiges,
et des glaciers primitus.
On descend le Pinde pendant deux heures, et
on vient faire halte a un khan, qui est bâti à peu
de distance d'un village appelé Malacassi.
En sortant de ce hameau, on monte de nou-
veau pendant une heure de chemin.; et, après
avoir descendude cette hauteur, on passe sur un
pont la rivière de Malacassi, qui va se jeter dans
ia Salemhria. Sans cesser de la suivre pendant
trois heures de marche, on s'arrête pour finir
la journée au khan de Koltouliotil~o éloigné
de huit lieues de chemin de Mezzovo.
Le troisième jour de marche, on passe plu-
sieurs petites montagnes et on suit de mauvais
TT
partie occidentale de l'Albanie, qui s'étend
JLjA
actuel deCorfou.
guerres; enun, qu'elle jette les yeux sur l'état
ÏANINA.
DE CE PAYS.
JL.ES
montagnes de Souli situées au midi des
Champs-Elysées ont servi de boulevard à une
peuplade de Grecs connus sous le nom de Sou-
liotes, qui ont fait trop de bruit, même en Eu-
Mpe, pour ne pas trouver une place dans cet Ou-
vrage. Leurs actions, les desseins qu'on leur at-
tribuait, les grandes choses dont ils se croyaient
capables, ont été publiés dans un ouvrage de
M. Williams Eton, sur la foi d'un drogman fran-
dais attaché à M. Cousineri et à M. Beaujour, qui
avait vu l'Albanie en 1792. Comme il s'est passé
beaucoup de choses depuis ce temps, relative-
ment aux Souliotes, et sur-tout, comme la vérité
se trouve altérée dans cette relation, qui n'est ba-
sée sur aucun fait. positif, je crois rendre un ser-
vice de refaire cet article du voyageur anglais,
qui ne pourra que me savoir gré de mon zèle.
Je commencerai d'abord par déterminer la
position géographique de Souli chose dans la-
quelle M. Eton a fait des contre-sens; jfassignerai
ensuite la position des Parahuthiotes,au sujet des-
quels il nous a débité de jolis contes, et je fixer ai
eann les idées qu'on doit avoir sur les Souliotes.
Les malheurs des derniers temps, qui les ont
anéantis et expulsés de leur pays, m~ont fait
oublier la conduite qu'ils tinrent â Prévesa, et
de Ibrcentà déplorer leur sort, en faisant des
vœux pour leur bonheur*
On compte quinze lieues de îanina aux mon-
tagnes de Souli. Pours~y rendre, où longe le bord
occidentalde l'Achérusie, pendant une heure
f
en s'en éloignant insensiblement, pour couper,
en obliquant les Champs-Elysées.On laisse Bonila
à plus d~une lieue sur la gauche vers l'orient, et,
pendant deux heures de chemin, on marche à
travers un terrain inégal, mais fertile et couvertt
de vignobles. On voit quelques petits hameaux.
épars, des fermes, de la culture, et des bouquets
d'oliviers, qui reposent agréablement la vue et
forment une diversité piquante. Le tableau est
animé également par des platanes et des arbres
robustes qui s'élèvent avec majesté; et des pas-
teurs, des laboureurs, qui errent de tous côtés
vivifient ces lieux, qu'une sage législation ren~-
dmit et plus peuplés, et plus heureux.
Le terrain décline ensuite vers l'orient, et pn
passe plusieurs torrens qui portent leurs eaux
dans la Thyamis, ou rivière de Philati, dont les
sources se trouvent à peu de distance. Quelques
vallons partent aussi des environs, et vont en s'é-
largissant vers la mer, dans la directionde laquelle
le terrain continue de s'abaisser. Peu de culture,
quelques champs de tabac, des arbres et des pâ-
turages où les troupeaux paissent des herbes qui
donnent une qualité exquise à leur chair, distin-
guent spécialement cette lisière de terrain. Enfin,
pendant les trois dernières lieues qu'on parcourt
jusqu'à Dervigniana, le géologlote et le natura-
liste auraient une récolte à faire, et des obser-
vations aussi nombreuses que piquantes à recueil-
lir. Tout y est neuf en histoire naturelle, en
morale, et en produits.
Dervigniana,distant de six heures de chemin
de lanina, est un bourg qui était autrefois la li-
mite des possessions du pacha d'Albanie, qui en
a expulsé les Souliotes et les Paramithiotes, tour
à tour les maîtres de cet endroit, qu'il a depuis
annexé à ses domaines. Cependant les habitans,
ainsi que les paysans de quelques hameaux igno-
rés qui se trouvent aux environs, sont d'une hu-
meur tellement inquiète, qu'il n'en retire que
peu de tributs. On trouve près de là des sour-
ces, et on voit le lit de plusieurs torrens qui ont
leur direction au sud-est.
De Dervigniana~ on compte cinq heures à
,.amithia, qui existe sur la route qu'on doit
tenir pour se rendre à rentrée du défilé principal
des montagnes de Souli.Le terrain, dans ces cinq
heures de chemin, est inégal et monttteux, mais
cependant fertile, ou couvert de landes ornées
de myrthe de romarin de sauge, et des plan-
tes aromatiques, qui embellissent lès sites les
plus sauvages de la Grèce. Le haut laurier, l'hum
Me serpolet, le thym recherché des troupeaux,
la mélisse chérie des abeitles, le narcisse odorant
qui sert aux guirlandes, l'origan employé dans
les repas, se trouvent mêlés, et se présentent à
chaque pas qu'on fait! L'air suivant les saisons,
y est parfuméde mille odeurs différentes et sua-
ves. Onyentendaussiles concerts des oiseaux, que
forêts de sapins le
l'écho amteàrépéter. Et, dans l'hivermême,les
soleil débarrasse du poids
des neiges, annoncent sur les versants'3ès mon-
tagnes, que la nature n'a pas péri touteeutière.
La ville de Paràmitaia, a laquelle on arrive
après avoir traversé lès site:} variés que je viens
d'indiquer, est le chéMIeU d'un canton habité
par un peuple libre, qui se contente de payer
quelques redevances à Ali pacha. Elle était alors
commandée par Progno capitan homme brave
et intrépide qui était révéré et chéri des Pa-
ramitbiotes, qu'il avait souvent étonnés par sa
'valeur leur ville, qu'il commandait est sans mu-
railles, mais elle a polir défense natureUe la valeur
de ses babitans. ÏIs sont au nombre de quinze
miHe, dont la presque totalité professent la reli.
gion mahométane, et ne connaissent de lois que
h) bravoure et l'obéissance à leurs che& mili-
taires~
~es. Paramitbiotes qui habitent les campagnes,
et dont le, territoire s'étend jusqu au voisinage
des Philatès où Fon trouve des sources salées
qui sortent d'un rocher et forïnent deux petits
ruisseaux, ne sont point divisés par clans, mais
par hameaux ou chorions, et gouvernés par des
beloujk~- hachis, qui relèvent de l'aga Progno.
On voit parmi eux des hommes forts, robustes et
intrépides, qui réunissent le courage à une struc-
ture athlétique et qui regardent a leur tour les
Albanais comme une espèce qui leur est Infë*
rieure~lls ont cependant dît perdre cette idée,
depuis, itjM~Is ont succombé sous les efforts d'AIi
pacha y qui, après avo~r expulsé Progno de Pa-
ramithiaj, a réuni ses possessions a ses domaines,
comme il finira par ne Jfaire qu'un tout des pe-
tites nations qui sont encore rebelles a son au-
torité. Mais peut-être cette soumission elle-même,
qui n'a été que postérieure à la ruine de Souli,
est-elle un hommage rendu a la valeur d'AU, as-
suré de réunir tous les braves sous ses drapeaux.
On trouve à Paramithia un chemin qui con-
duit à Margariti, un autre qui mène à Parga,
A
et un troisième qu'on suit pour arriver aux mon
iagnes de Souli, éloignées de quatre lieues.
Ces montagnes, connues autrefois sous le notd
de Cassopiennes ou Cassiopé~nnes, commencent
à quinze lieues de lanina. Elles confinent à l'orient
aveclepachalik d'Arta et le canton de Loroux, et
leur base se termine aumidi, surle revers deNico-
polis enfin, à l'occident et au midi, elles bornent
MargaritI, le pays des Paramithiotes et des Phi-
latès. L'étendue du pays de Souli est de dix
lieues du nord au midi, et il n'a gaères plus de
deux lieues et demie dans son plus grand dia.
mètre transversal.Quelques villages disséminés à
l'orient, et des rivières qui avoisinent les Para<
mithiotes,font partie du territoire de Souli.
On peut donc l'établir, dans ses rapports avec
Loroux et Arta, situés à l'est, sur une ligne âpre
et boisée de pins, qui aurait dix lieues. Le versoir
de la plaine de lanina, depuisles sources salées de
Philati, auraitcinq lieues. Le parallèlede Loroux
s'étendrait jusqu'aux bords d'une petite rivière
qui vient se jeter au port Faneri après avoir pris
~a source dans les rochers de SouIL La ligne de
Nicopolis terminerait enfin cet énorme massif,
qui forme de ce côté deux sommets distincts,
9
qui ont quelque ressemblance avec ceux du Par-
nasse, au dessus de Castri ou Delphes
CHAPITRE XV.
PARTIE MÉRIDIONALE DE L'ALBANIE. ––ARTA.
SALAGORA, LOUTRAKI, TRtCALA~ TERRA-NOYA.
GOLFE B'ARTA; SON COMMERCE. VONÏTZA
AMBRACIE. RAPPORTS AVEC SAÏNTE-MACRE ET
ITHAQUE. TREMBLEME~S DE TERRE. PHE-
c
.NOMENES OBSERVES DANS CES PARAGES.
MEROS.
CHAPITRE XVII.
jLtEs AlbanaIs,qu'onpoutTaitnommerlesScythes
de l'empire d'Orient,ne connoissent que peu de
besoins.
Us habitent, en général, des maisons quin'ont
qu'un rez-de-chaussée,et couchent sur des nattes
ou sur les épaisses capotes, qui les mettent à cou-
vert des injures de l'air. Peu sensibles aux varia-
tions de l'atmosphère, ils mènent une vie égale-
ment laborieuse dans les différentes saisons de
l'année contens de peu, ils se nourrissent de
lait, de fromage, d'oUves,de végétaux,deviande,
mais en petite quantité, de poissons et d'oeufs
enfin de poissons salés tantôt ils font usage de
pain, tantôtils se contentent de blé bouilli ou de
mais. Leur boisson varie, mais, pour la plupart,
ils f~nt usage du vin.
Les hahitans des villes, mieux logés que 1<*
peuple des campagnes, ajoutent quelques mets
au régime grossier dout je viens de parler. Les
agneaux, les cochons rôtis la volatile, le gibier,
paraissent fréquemment sur leurs tables, leur
pain est bon, bien cuit, et ils ont d'excellcns vins.
L'huile vraimeut délicieuse, qu'ils emploient
< omme condiment, dans tous leurs ragoûts ne
le cède en rien pour la quatite, aux meiUcures
huiles connues. Ils font enfin usage de café, et
les rossogiios d'Itane~ les liqueurs de Çorfou et de
Cépnaiome, ont pecétré jusque dana les riches
ïnonastères des caioyers.
LesA!bauais, pasteurs,guerners ou bien agri-
cuneurs, sont vêtus d'une étoffe grossière, Ht;
portant point de linge, ou n'eu changeant que
lorsqu'il tombe par lambeaux.; Une chemise
noire est le signe de la bravoure; un soldat se gto-
riue de Fuser sur son corps, comme de savoir
supporter les privations et la douleur sans mur-
murer. Sobres et actifs, ils se contentent daus
leurs voyages ou dans leurs travaux, d'un peu
de farine délayée, de riz qu'ils font cuire avec
du beurre et les chants, la danse, la gatte
semblent les délasser et réparer leurs fatigues.
Aussi voit-on rarement une poignée de sol-
das sans sa mandoline ou sou chanteur et
p. fois avec un orateur chargé de raconter du
histoires.
Les bergers albanais qui conduisent les trou-
peaux du pacha ou dé ses Ëls, ainsi que ceux des
agas qu'ils servent, suivent les saisons, et changent
de cantons en marchantdans 1 es pâturages,à me-
sure que la nature leur fait naître les herbes. Pen-
dant l'été, ils errent ordmairemantdans les chaî-
nes du Pinde et du Tomarus ou Dzoumerka,
et les pasteurs du pacha amènent, au mois de
juin dans la plaine de lanina, les troupeaux de
montons qui leur sont confiés.
On célèbre alors une sorte de fête, et on pro-
cède à la tonte, après quoi on compte les mou-
ions~ que les pasteurs conduisentsur les coteaux
de la Cassiopie dans le vallon d'Arta, du côté
de Paramithia, de Margariti et de Nicopolis. Ils
se cantonnent enfin dans la partievoisine du golle
d'Arta, ou dans la Carlélie pendant l'hiver
parce que ces cantons sont mieux couverts et que
latempératureyest plusdouce, que vers la Bolina
et Tebeleni.
L'habitant de la Haut' Albanie cultive ses
vignes, ses champs, et récolte ses olives. Il s'oc-
cupe aussi à couper, dans les forêts les chênes
propres à la construction, qu'on transporte vers
le point le plus proche de la côte, où les forêts se
trouvent. Les SagoDfttes,Itbt'es dans leurs mon
tagnes, mènent une vie patria"chale; heureux de
leurs mœurs simples, des productions de leur~
champs, satisfails des tul<s m''(!(;ncs sous les-
quels ils ont reçu la vie, chaque jour leurs main&
f.'clèvcnt vers le ciel, pour lui demander de rester
toujours cequ'iissont,etla -voix de leurs ministt'es
ne répète que des hymnes de paix et d'amour.
Quand l'hivervient ensevelir la Haute-Albanie
'ious les neiges, ses habitans retirés sous leurs
chaumières enfumées, ont peu d~occupations
et se livrent u équemmentauxplaisirsde la.chasse'
Dans la plaine de lanina, ils ont des travaux sé.
dentaires qui les fixent dans leurs foyers; mais
tous paraissentpeu sensibles à la vivacité du froiJ.
Les habitans des villes sont loin de jouir d'une
semblable vigueur. Le Grec se couvre alors de
vétemens, allume un brasier dans l'intérieur de
sa maison, tandis que l'immuableAlbanais, ac-
croupi et tranquille, souffre, parce qu'il faut
souffrir.
La constitution physique diffère en consc
quence dans les deux peuples, autantquel'homnM
moral diffère de l'homme physique. Tout honnue
même né en Epire, a un caractère et un tempéra-
ment, enfin une physionomie, qui le distinguent
des autres Grecs.
t Hippocrate semble avoir peint
les Albanais,
y
lorsqu'il établit la différence entre l'Asiatique et
~'habitant de rEurope °. « Les Européens, dit-il
phénomène.
Je dois terminer sur les Albanais en disant
que par-tout on les trouvese réunissant et formant
un corps à part qui est fier de son nom qu'ils 1
conservent avec obstination la langue esclavone,y
etqu'ilsrestent, maigréréloignementetrexpatria-
tion, toujoursAlbanais et orgueilleux de cenom.
CHAPITRE XVIII.
cmRURGlENS.
CHAPITRE XX.
COMMERCE DE L'ÀLBANIE.
IL
est temps de reporter l'attention du lec-
teur sur les officiers français, et de raconter les
derniers événemens de leur séjour en Albanie
leur variété, autant que les dangers auxquels ils
furent exposés, répandra de rmtérêt sur cette
partie de leurs aventures.
On a vu à quel point ils s'étaient avancés dans
la faveur du pacha mais deux années révolues
leur avaient trop appris qu'ils ne pouvaient pas
çompter sur sa parole. Sans cesse il leur pro-
mettait de les a~rancbir et tout prouvait qu'il
n'eu avait pas la moindre intention. La captivité
se prolongeait, et rien n'en démontraitle terme.
Les graces du vezir pouvaient changer, et de
Nouvelles infortunes en être la suite. Plusieurs
fois les officiers lui avaient parlé de l'espoirdont
il les avait flattés, et ils s'étaient aussi souvent
concertés pour se délivrer de ses fers. Ils n'é-
taient tenus par nul engagement, et aucune pa-
role d'honnenr ne leur imposait la loi de rester
prisonniers. Réduits en captivité par un forban
auquel Ali pacha avait tant de fois reproché de
nous avoir pris, leur sort semblait réglé par ses
propres paroles. Us avaient le droit de réclamer
leur liberté mais ce qui est bon en principe, ne
s~exécute pas toujours à la rigueur. Ils résolurent
donc, à la première occasionfavorable, de rendre
le pacha conséquent, et de briser des fers qui,
suivant toutes les lois, ne leur étaient pas ré-
servés.
Au moment, où ils méditaient leur projet
d'affranchissement, les habitans se croyaientà
la veille d'événemens nouveaux. Différens bruits
circulaient en Albanie; on croyait cette province
menacée par les Français, et on les voyait par-
tout ils préparaient des armemens formidables,
à ce qu'on prétendait, et des gens chez qui la
peur fait voir des iantumes .assurèrent plus d'une
fois les avoir vus débarquer. Telle était la crainte
qu'inspiraient nos légions, et cette crainte est
ordinaire dans tous les pays qui se croient me-
nacés d'une Invasion. Le pacha ne partageait pas
ces ridicules terreurs, et s'il découvrait des en-
nemis, c'était dans l'avenir 1
Pour se prémunir contre les chances qu'il en
redoutait, il pensa dès lors aux moyens de suh-
juguer les peuples Indépendans, qui l'inquié-
taient et le harcelaient fréquemment. II fut en-
core sur le point de rompre avec le pacha de
Dcivino, dont la soumission suivit de près les
c,
mécontentemens qu'il avait occasionnés./Mais il
pensa sérieusement à réprimer, et même à dé- =
truire les Souliotes desquels il avait reçu de
nouveaux affronts, et qui devenaient chaque
jour plus à craindre./Il n'était plus à regretter !e
voisinage amical des Français, auxquels on avait 0
et.
fut seulement dans la suite que cette puissance
en fit son arsenal,
CHAPITRE XXII.
~LjE
que les officiers &anca!s avaient appréhende
arriva, mais heureusement trop tard pour faire
échouer leurs projets. Ils furent reconnus en
route et comme on ne les vit ni au camp ni à
lanina, quelques uns de ceux qui les avaient ob-
servés, Instrmsirent le pacha de leurs démarches.
Il n'était plus à &ON pouvoir de leur nuire, d'à-
ptèa ce qu'on vient de voir, mais il pouvait exer-
cer son ressentiment sur le malheureux surgi qui
les avait sauvés.
A cette nouvelle Ali pacha blessé dans son
amour-propre, et se voyant privé des lumières
d'hommes sur lesquels il comptait entra dans
une fureur extrême, et jura de les reprendre. Ne
pouvant croire qu'Us étaient sortis de son terri-
toire, et se persuadant qu'ils étaient peut-être
cachés dans quelques villages, il expédia des
courriers sur tous les points, et spécialement vers
la n'ontière maritime de son pachalik. Il fit en
même temps publier qu'il récompenseraitgéné-
reusement ceux de ses sujets qui ramèneraient
les prisonniers morts ou vifs, et il mit leur tête a
un prix capable d'exciter le zèle de l'Albanais le
moins avide.
La nouvelle decetévénementse répanditen un
instant sur tous les points, de manière que les dé-
filés se trouvèrent gardés enfin le pacha étant
convaincu que sa vigilanceétait en dé&ut, fit ar-
rêter et pendre le malheureux surgi qui avait
contribué à l'évasion des officiers. Reversant mo-
mentanément sa colère sur les prisonniersfran-
çais qui se trouvaient encore a lanina, il les il!
renfermer et sa colère s'étant calmée il leur
rendit la liberté dont ils jouissaient auparavant.
Cependant les Souliotes gagnèrent à cet évé-
nement~ et l'expédition qui devait ruiner leur
pays,s'étant terminéecomme celles qui l'avaler
précédée, le pacha ajourna I~accomplissement
de ses-desseinsà d'autres temps. Mais il ne se dé-
sista pas aussi facilement de ridée de reprendre
ses prisonniers il était trop vivement offensé
pour l'oublier, et son caractère ne devait s'ap.
paiser que par leur retour ou par le temps, qui
manque rarement de le rendre aux sentimens de
l'équité.
Ils'adressad'abordauxchefsquicommandaient
dans la place de Corfbu, en leur faisant part de
ce qui s'était passé. N'en ayant pas obtenu une ré-
ponse cathégorique, il eut recours au comman-
dant des forces othomanes. Celui-ci, 9 l'insu des
Russes, donna ordre à un capidgi-bachide pren-
dre trois cents hommes, de mettre secrètement
pied à terre d'entrer à Corfou, et d'enlever de
vive &rce tes trois officiers, qui avaient pris leur
logement dans. une auberge.
Les Français, qui se croyaient dans la plus
parfaite sécurité, et auxquels on n'avait pas fait
connaitre-la demande d'Ali pacha, étaient bien
éloignés de songer a ce qui se tramait contre eux.
Le commandant russe ne. se doutait pas non plus
dé l'existence d'un pareil projet. Il n'avait pas re-
pondu & la réclamation du vezir deïanina,ou bien
il s'imaginait que les choses étaient terminées et
on vit entrer les Musulmans dans la place sans se
douter de ce qu'ils méditaient. Comme ~a ne coa-
Misaient pas bien les alentours de l'auberge, et
que quelques Corfiotes entendirent ce qu'ils de-
mandaient, les Français furent instruits que les Mu.
sulmansétaientàleurpoursuite. MM.Charbonnel
et Bessières purent aller chercher un asile, chez
l'agent commercial de Russie;etM.Poitevin,que
la lièvre retenait dans son lit tomba au pouvoir
des Turcs. Soit hasard, soit enfin humanité, ils
le respectèrent, et se contentèrentde le garderà
vue sans le troubler.
Un événement de cette nature, une violence
ouverte contre des hommes qui étaient sous la
sauve-garde des commandans russes, excitèrent
de lafermentationdans Corfou.Les personnes les
plus sages s'indignaient de voir les Turcs violer
ainsi le respect dû aux malheureux et le consul
de Russie, afin de sauver sa responsabilité, prit
le parti de faire conduire ses deux hôtes à bord
d'une frégate de sa nation, qui était mouillée
dans le port.
Prisonniers sous l'apparence d'une protection
spéciale, les deux Français que le consul avait
placés sur la &égate, y restèrent, flottant entre
l'espérance d'êtrerendus à la liberté, et de faire
voile pour l'Italie, ou d'être réunis & leur ami,
aSnd'attendrel'issuedesévénemens, qui devaient
avoir un terme prochain. S'ils adressaient des ré-
clamations, s'ils se plaignaient de la nouvelle
captivité dans laquelle on les retenait, ils ne re-
ce valent que des réponses vagues ambiguës, o«
évasives. Il semblait qu'on désirât de trouver un .=
prétexte pour retenir des hommes, qui n'étaient
plus les prisonniers d'aucune nation dès le mo-
ment où ils s'étaient sauvés de l'Albanie. Enfin,
au bout de quinze jours, on les fit passer à la cita-=
delle où M, Poitevin, arraché à la surveillance =
des Turcs, fut également conduit, et on leur
promit une délivrance, qu'on était moins que =
jamais dans l'intention de leur accorder.
Errer de catastrophes en catastrophes, passer 1
d'une prison dans une autre, être le jouet des ca-
prices et des volontés d'hommesstupides ou mal-
intentionnés, tel était le sort des trois officiers
français, depuis qu'ils s'étaient mis sous la pro-
tection d'une nation civilisée. Quelques uns de
ces chefs auraient désire les servir; mais la crainte
d'être signalés comme les partisans d'hommes0
proscrits, les retenait et nullisait les bonnes in-
c
tentions qui les animaient. Au milieu de ces os- =
cillations, rien n'annonçait une fin et les pri-
sonniers n'avaient aucune donnée satisfaisante.
Sur qui compter, à qui pouvaient-ils se fier,i,
après avoir été trompés de la manière la plus
cruelle ? Les Turcs venaient de les assaillir dans
t'auberge qu'on leur avait assignée pour retraite;
le consul de Russie, pour mettre leur vie en sû-
reté, les avaïtcondamnésauxarrétssuruneirégate;
on les incarcéraitdans la citadelle.Quelétait le but
je tant de rigueurs, voilées des apparences d'un
tr ;tdre intérêt?. On n'osait les livrer, ni les ren-
dre à la liberté.
Etait-ce pusillanimité était-ce quelque puis-
sante considération ? craignait-on, par exemple 9
d'offenser la Turquie ou d'agir contre les in-
tentions du cabinet de Saint-Pétersbourg; car les
pluspetits objetsfixaient son attention de ce côté?
Mais on ne tenait aucun compte des Turcs, et la
Russie était au termed'nne pacincation prochaine
avec la France. Les débris de ses armées étaient
rentrés au sein de ses Etats solitaires; sa flotte
avait abandonné la Méditerranée,et ses vaisseaux
désarmés reposaient dans les ports de Cherson et
duNiester.Lesprisonniers moscovites étalenttrai-
tés en France avec les plus grands égards, tandis
que les soldats français qu'ils avaient faits prison-
niers,vivaientplongésdans le bagne. Hy avait une
sorte de devoir a faire oublier le passé. La con-
daite généreuse du héros de la France retentissait
dans l'Europe, et les chefs russes n'avaient rien à
redouter ils pouvaient pratiquer le bien sans
crainte. Ce qu'ils faisaient envers trois individus
d'un grade distingué, et qui mérite par-tout des
égards, était une chose inouïe. On n'avait jamais
traité ainsi les officiers français même dans les
époques les plus désastreuses de la guerre qui
avait ensanglanté l'Europe depuis dix ans; et
ceux qu'on incarcérait aussi sévèrement, et don!
en aggravait l'infortune, méritaientpersonnelle''
ment une considération distinguée.
Les prisonniers étant donc bien convaincus
que toute négociation nouvelle serait infruc.
tueuse, résolurent encore une fois de tenter la
fortune qui n'avait pas comblé leurs désirs. Ils
convinrent de faire un coup d'éclat, et de com-
mander la justice qu'on leur refusait. Ils conçu-
rent en conséquence un second plan d'évasion.
jLa santé de M. Poitevin était alors assez bonne
pour leur permettre d'en risquer les chances.
Mais avant d'en venir à cette extrémité, ils cru.
yent devoir faire les plus fortes représentations.
ïis exposèrent leurs droits, ils s'appuyèrentdes
usages existansentre les nations civilisées,de l'in-
térêt que le malheur inspire lorsqu'il est accom-
pagné du mérite et du courage, et enfin ils
annoncèrent positivement la résolution qu'ik
avaient formée, de briser leurs fers dès que l'oc-
casion s'en présenterait.
Tantde franchise et déloyauté auraientstimulé
favorablement les hommes les plus apathiques
De semblables sentimens., un dessein aussi for-
mellementavoué, méritaient seuls l'affranchisse-
ment, s'il n'eut été dû par le fait; mais, loin de
provoquer une action généreuse, il attira plus de
stirveillance qu'auparavant. On redoubla d'at-
tention, et on mit en œuvre des mesures de
rigueur contre tes prisonniers. Us étaient rele*
gués dans un bastion isolé, qui avait vue sur la
ma*, et on voulait savoir à toute heure ce qui se
passait au milieu. On posta pour cela une senti-
nelle à la porte de leur prison, qui restait ou-
verte, avec la consigne de ne pas les perdre de
vue. On rechercha en même temps tous ceux
avec lesquels ils avaient eu des rapports pen-
dant qu'ils étaient en liberté dans la ville, afin de
recueillir jusqu'à leurs paroles, et, ce qui est le
caractère certain, l'Indice de la terreur, on leur
interdit toute espèce de rapports avec l'intérieur.
Cette conduite suffit encore pour redoubler
l'impatienoedes officiers français, qui ne s'occu-
pèrent que des moyens de s'aSranchird'unesem-
blable tyrannie. Se soumettre plus long-temps à
la captivité, si l'occasion de s'évader se présen-
tait, c'était un tort réel, et les ennemis qui les
opprimaient avec tant de dureté, devaient pren-
dre un parti dénnidf car on ne pouvait le9
garder long-temps.
CHAPITRE XX.IIL
3ÉVASMN DES OFFICIERS ILS SE RÉFUGIENT DANS
L*iLE DE CORFOU. LEUR TÊTE EST MISE A PM%
UNE SECONDE FOIS. CRAINTES DU SENAT.
ARRESTATION DES NOTABLES DU VILLAGE DE ST-
Pa<M. Meosern.
? nias, avant la guerre de Troie, sous la déno*
? mination de Pédose, et elle prit son nom de
M Mothene de celui d'une &Me d'~nens ou
plutôt d'un rocher que les gens du pays appel-
lent Mothon et qui forme une espèce de
)) rade fort étroite car cette roche. avançant
dans la mer, rompt la furie des vagues et sert
? comme d'abri aux vaisseaux. »
Mothone, dans la suite des temps, a changé
son nom en celui de Modon; et elle a, comme le
Peloponèse dont elle fait partie éprouvé la fu-
reur des Barbares et des conqnérans. Ravagée et
tyrannisée par les Lacédémoniens, elle passa
sous la domination desNaupliens, qui y établi-
rent une colonie. Elle fut ensuite envahie par les
Illyriens qui la saccagèrent mais elle fut con-
solée par Trajan l'amour du genre humain, et
on la voit heureuse jusqu'en 1124.
A cette époque, elle fut prise par le doge Do-
menico,et, peu de temps après, réunie aux pos-
sessions de la république vénitienne. En 1~08,
Bajazet H la soumit à son empire; et, peu après,
elle revint aux Vénitiens, qui la perdirent, ainsi
que la province.
Modon depuis ce temps, n'est plus regardée
<comme la ville la, plus importante de la Morée,
mais elle'a cependant des avantages réels. Sa si-
tuation sur le rivage méridional de la Messéme,
en face de~ Stropbades, et son port, y devraient
attirer un plus grand commerce, si les vaisseaux
n'y étaient exposés aux coups de vent d'ouest.
La ville, telle qu'elle existe, est le chef-lieu d'un
évéché grec et la résidence d'un bey. Elle est
fortifiée d'un cordon de murs, et, du côté de la
mer, elle est défendue par quelques batteries, Sa
situation est agréable, et il y a quelques jolis vil"
lages aux environs. Elle se ressentit des malheurs
qui suivirent la guerre du comte Orlow mais
ces malheurs sont oubliés. Son commerce princi"
pal consiste en olives salées, qu'on exporte à
Constantinople, et en huiles qui se vendent pour
Marseille et pour l'Italie. Enfin sa proximité de
Coron et du golfe de Messénie, ajoute encore
aux avantages dont elle jouit.
Le kirlanguitch qui portait les officiers fran-
çais, ayant quitté le port de Modon, eut a peine
doublé le cap Matapan, et laissé derrière lui les
rochers des Cacovouliotes que les vents le for-
cèrentd'aller chercher un abri à. Cérigo, suivant
en cela l'usage des marins de l'Archipel qui
consiste à se réfugier dans un port au moindre
coup de vent dont ils sont menacés.
Cérigo, ou il fallut attendre le retour du temps
favorable est comme on sait, l'ancienne 41e de
Cythère, où par un caprice bisarre les peu-
ples de la Grèce élevèrent des autels à Vénus, au
milieu de sites âpres et sauvages. La vue dé ce
rocher,oùl'on trouve quelques champs cultivés,
est propre à désabuser les poëtes et les amans,qui
viendraient y voyager avec les souvenirs de l'an-
tiquité. Au lieu de Céladons, ils ne trouveraient
que des paysans grossiers et pour Ténus, que
des Grecqqes sauvages; enfin, au lieu de gazons
émaillés de fleurs que des pointes de rochers et
un terrain hérissé d'arbustes.
Le kirlanguitch, qui semblait diriger et régler
sa navigation par journées de marche, partit de
Cérigo; et, après avoir doublé le cap Saint-Ange,
traversé l'extrémité du golfe d'Argus, vu Me
de la Spezzia, et rangé les bords de l'Hermionide,
il vint donner fond au port d*Hydra.
Cette îïe, dont j'ai parlé succinctement dans la
première partie de mon 'Voyage, n'est que très-
rarement fréquentéepardes vaisseauxeuropéens,
qui plus d'une fois ont eu à se plaindre de ses
habitans, avec lesquels on communique rare-
ment sans être insulté. Les enfans des Hydriotes
ont même une haine envers les étrangers, qui les
porte à leur lancer des pierres, et à les pour'
enivre en criant an Franc, ~MMgc. On prétend
cependant que cette tribu de marins a établi des
collèges dans la ville dTïydrà, et qu'on y cultive
les sciences; mais l'institutionest sans doute trop
récente, pour qu'on ait encore en le temps de
s'appercevoir de ses bienfaits.
En sortant du port d'Hydra, les Turcs, qui
EN
voyant arriver des hommes qui s'étalent
échappés des mains d'Ail pacha, et de la cita-
delle de Cor&n, les négoclans français de Pera.
s'Imaginèrent que la maison d'arrêt serait un
bien faible obstacle pour les retenir, s'il leur
prenait une nouvelleenvie de s'affranchir. Sans
rénëcbir que les circonstances où se trouvaient
ces officiers étaient bien différentes de celles où
ils étaient en Albanie, et sans faireattention qne
ceux qui s'étalent dévoués pour sauver les pri?
mats d'un village de Corfou, devaient être in-
capables d'occasionner le moindre désagrément
a des compatriotes ils provoquèrent une me-
sure de sûreté qui tendait à faire consigner en
masse tous ceux qui étalent détenus. L'égoisme
avait sa part dans cette mesure mais il en fut
châtié.
Les oSIders étalent, à la vérité, mal vêtus,
ils portaient l'empreinte d'une longue captivité,
et le mélange d'hablt$ et de costumes, enfin le
caractère que donne un long séjour chez un
peuple tout à fait étranger à nos moeurs; toutes
ces choses suffisaient pour offusquer des yeux
peu exercés en physionomie. Us ne tardèrent
pendant pas à se dessiller, gracé aux apponte-
ce-
r
mens que M. le baron d'Hubschsleur compta; et c
cet argent, qui fut la source de plus de considé-
ration, attendrit jusqu'au cœur des Turcs, qui
donnèrent aussitôt la préférence aux nouveaux
venus, sur leurs anciens hôtes. Les portes de lamai-
son d'arrêt leur furent ouvertes, ils purent aller
où bon leur semblait, monter à cheval, errer
dans la campagne, fréquenter les bals enfin, vl- 0'
vre:à leur guise tandis que les calculateurs gar-=
daient la prison, ou étaient forcés de payer afin
d'obtenir la faculté de sortir le soir. Un état si
nouveau n'offrait que des jouissances car
après deux ans et demi de privations, on est fa-
cile en plaisirs; aussi Pera fut-Il un lien charmant
pour les prisonniers. Toujours pleins de bienveil- ::0
lance, ils s'occupèrent d'éteindre les petites que-Cc
relies de prison qui subsistaient entre tant
d'hommesde caractères différens;et pour se ven-
ger de ce qu'ils avaient été défavorablement ju-
gés, ils leur donnèrent la paix et l'union. Enfin
l'ennui d'une longue captivité s'évanouit dès ce
moment, et on peut due qu'il ne subsista plus
dans la suite, daus un lieu où il semblait relégué.
Après avoir pris quelques instans de repos, lei
ofnciers français portèrent leurs regards vers
Ie~ ambassadeurs d'Angleterre et de Russie Us
leur détaillèrent les longues persécutions dont
ils avaient été victimes, les dangers auxquels ils
avaient été exposés, par la faute de leurs agens,
et, pour prix de tant de peines, ils demandèrent
leur liberté.
Le moment était arrivé ils furent écoutés.
Qu'il me soit permis d'en féliciter ceux qui forent
sensibles à l'humanité, et de proclamerleur con-
duite. Avec quel plaisir j'aime à leur rendre
hommage de ce qu'ils firent! Une bonne action,
un acte de justice, étaient si rares dans ces temps
malheureux, que l'âme se sent soulagée lors-
qu'elle peut s'en rappeler une seule.
0 vous, qui pouvez faire le bien, saisissez
toujours l'occasion de le pratiquer! Souvent celui
duquel vous espériez le moins, sera le plus re-
connaissant et quelquefaible, quelqu'obscur
jnéme qu'il fût, le plaisir d'un service rendu est
une satisfaction, et un bienfait porte son prix
avec lui.
Lord Elgin, qui jouissaitd'un grand crédit au-
près de la Porte Othomane, fut celui qui s'emd
pressa de réparer les injustices et les torts qu'on
avait eus envers les officiers français. Il accueillit
leurs réclamations, et il les réclama auprès de la
Porte Othomane, comme s'ils eussent été pri-
eonniers anglais. Lorsqu'il eut obtenu cette dis-
uMtion en leur faveur, il sollicita des passe-
ports afin qu'ils pussent retourner en France.
M. de Tamara, rivalisant de générosité avec le
ministre anglais et pénétré des bonnes inten-
tions de sa cour, vit plusieurs fois les officiers,
et leur témoigna l'estime qu'il avait conçue pour
eux; ils ne tardèrent pas ensuite à songer à leur
départ, ét ils prirent toutes les précautionsnéces-
Mires afin de traverser la Turquie, et de se ren-
dre par le golfe Adriatique, en Italie.
La victoire de Marengo, et la paix avec l'Alle.
magne, qui en fut la suite, leur ouvrait cette voie.
Ils conclurent donc un marché avec un tatar
ou courrier turc, qui devait leur servird'escorte
josqu'à Raguse.Hsse pourvurentd'habits etd'une
coiffure à la tatare, afin de voyager avec plus de
s&reté. Us se munirent en même temps d'armes
et d'un harnois complet pour leurs chevaux. En-
Sn,ils organisèrent leur caravane, qui se trouva
composée de MM. Poitevin,Charbonnel, Bessiè-
M&, du général la Salcette, qui était sorti des
Sept-Tours dès le janvier 1801 et de
M. Hotte,qui obtint une pareille faveur quelques
mois après, ainsi que le brave Richemont, et
M. Beauvais. Ces deux officiers ne se trouvant
pas prêts à cette époque, prirent un chemin dif-
ïerent.
Le ferman qui ouvrait le chemin de l'Intérieur
de la Turquie, ayant été remis aux voyageurs
le 6 mars, M. Bessières, que je ne pus voirpen~
dant son séjour à Constantinople,m'écrivitpour
Tfne faire part de cette heureuse nouvelle. Il m'an.
nonçait en même temps qu'il avait obtenu ma
liberté, et que je devais sortir sous deux jours;
mais sa promesse n'eut pas FeNet que j'en atten-
dais. Il partit, brûlant du désir de toucher le ri-
vage, qui fuyaitdepuis si long-temps devantlui,
et de terminer une existence orageuse.
Pour moi, j'appris à mes dépens combien peu
H fallait compter sur la parole d'hommes qui
ne faisaient pas le bien pour le plaisir de le faire.
Bessières m'écrivit de Raguse, et il me donna des
nouvellesde son voyage, tandis que j'étais encore
aux Sept-Tours, d'ou je sortis un des derniers,
grace à certaines manoeuvres qui firent tomber
la préférence sur d'autres personnes. Mais je
fus trop bien dédommagé de ces contrariétés,
dans la suite, pour ne pas en rendre grace àceux
qui en furent les auteurs.
CHAPITRE XXVI.
Itinéraires romaiDS.
Ce jour ils parcoururent de belles campagnes, ë
dont la culture variée, l'élégance et la jEraicheur,
présentent un spectacle plus beau que celui des
champs qui avoisinent Constantinople. A deux C
jLjE
i~ mars, les Français quittèrent la chan.
mière protectrice dans laquelle ils avaient re-
posé et ils entrèrent dans la Bulgarie.
Cette province, dès le temps du Bas-Empire,
était habitée par une nation guerrière, qui tint
souvent en échec les forces des empereurs. Les
Bulgares dans les époquesqui ont suivi ce temps,
et depuis qu'ils sont passés sous le gouvernement
des Turcs, ont toujours conservé un reste d'in-
dépendance. Retranchés dans leurs montagnes,
ils ne les quittentordinairement que pour s'unir
~ax rebelles, qui font parfois trembler CtMistan-
t inople, ou pour se rendre dans cette ville, et dans
ies principales cités de la Turquie ,dès que le prin-
temps commence. Comme ils sont pasteurs, ils
se mettent alors momentanément au service des
pachas et des grands, pour avoir soin de leurs
chevaux pendant tout le temps qu'on les tient
au vert. Après cette époque, ils reprennent le
chemin de leurs montagnes, où ils se livrent à
leurs occupations et aux habitudes qu'ils ont
contractées.
Leurs vêtemens, indices de la médiocrité dans
laquelle ils rivent, consistent en une veste de
peau de mouton dont la laine est en dedans, et
en de larges culottes de toile. Ils sont coiffés d'un
bonnet de peaud'agneau, et leurs chaussures sont
de cuir brut de sangliers. Aucuns ne sont dans
l'usage de conserver la barbe, et ils se contentent
de porter la mcustache qui est peu fournie.Le
ton de leur peau est olivâtre, le tissu en est ûas-
que, et le système abdominal est fortement dé-
veloppé chez la plupart. Leur taille est avanta-
geuse, sans avoir rien de noble, et leur figure ou-
verte leurs yeux petits, leur front proéminent,
forment une nuance qui les distingue mieux que
le caractère de grossièreté qui leur est propre.
Grands amateurs de musique et de danse ils
ne marchent jamais sans une musette, de laquelle
ils tirent des sons criards, au bruit desquels tout
le monde, jusqu'au musicien même, se met en
cadence. Ils connaissent la pyrrhique et une in-
itiuté de danses obscènes, qu'ils exécutent ordt-
nairement dans les rues de Constantinople, avant
d'entrer en condition, et lorsqu'ils se disposent
à retourner dans leur pays. Ils sont, au reste,
Braves, sobres, infatigables, mais ignorans au
delà de tout ce qu'on pourrait croire.
Leurs femmes sont douées de la plus grande
beauté et réunissent à la régularité et à la per-
fection, l'avantage d'une taille haute et d'un pas
noble. C'est parmi elles, plutôt qu'entre lesCir-
cassienues, que les voluptueux monarques de
l'Orient devraient venir chercher les roses d'a-
mour destinéesà embellir leur sérail. Commetant
de perfections ne peuvent être isolées de l'esprit,
ils y trouveraient sans doute aussi des charmes
suffisans, pour leur faire oublier l'ennui de leur
existence solitaire.
Mais je crains de m'éloigner de mon sujet;
j'ai déjà dit un mot des Bulgares, en parlant de
Bonila, je poursuis l'itinéraire des voyageurs
français qui s'avancèrent dans la Bulgarie. Au
bout de huit lieues de chemin, ils arrivèrent à
PhiHppopolis.
Cette ville, connue dans l'antiquité: fut fondée
par Philippe père d'Alexandre-Ie-Crrand qui
lui donna le nom de Poneropolis on ville des
Mëchans,parce qu'il l'avait peuplée de Phocéens
sacrilèges, qui avaient pillé le temple de Del-
phes. Mais le temps qui détruit les plus fortes
impressions et sans doute les moeurs de ses ha-
bitans qui ne pouvaient souffrir de la faute de
leurs pères, la délivrerontde ce nom. Celui de
son fondateur Philippe en prit la place, et il lui
est resté même dans la suite des temps, quoique
tout ait changéautour d'elle, et que les montagnes
mêmes aient reçu de nouvelles dénominations.
La nouvelle ville de Philippopolis ou Philippo-
poli, estbâtiedansun site riant, et elle s'étend en
partie sur un plateau qui se prolonge au midi. Sa
régularité, ses bâtisses et son ensemble, peuvent
lafaireregarder,à bon droit,commeunedesplus
jolies cités de la Bulgarie. On commence à y re-
connaîtrela nuance du sang bulgare. Ses habitans
ont la réputation d'être industrieux, francs et
hospitaliers il y a parmi eux beaucoup de Chré-
tiens du rite grec.
Les Français, après avoir fait halte à Philippe?
polis en partirent pour se rendre à Bazardgik
Il
située à dix lieues de là ils y arrivèrent au dé-
clin du jour. Cette ville, qui est l'ancienneBessa-
para dont le nom s'est altéré est gouvernée
par un bey puissant dont la domination s'étend
sur une partie du vallon, a l'extrémité duquel se
trouvent les sources de l'Ebre. Ses habitans sont
remplis de bravoure; les femmes de Bazardgik
sont charmantes,et la ville qu'elles habitent peut
passer pour la plus jolie de ces contrées.
Forez Itinérairesromains. `
On appercoit de Bazardgik, les sommets du
Balkan ou mont Hémus, dont les points cul-
minans sont couverts de neige, pendant presque
toute l'année et, en suivant sa chaîne, qui n'est
qu'un des contre-forts du Scomius, on conçoit le
système régulier de ces masses, qui n'offrentpoint
la confusion des sommets entassés du Pétopc-
nèse. L'œll se repose agréablement sur les co-
teaux voisins et suit avec délices le cours de
l'Ebre, de ce fleuve dont les vagues répétèrent le
nom d'Eurydice, et roulèrent avec elles la tc'e
ensanglantée d'Orphée, qui le premier civilisa
les peuples de ses bords.
Le 10 mars, les voyageurs dirigèrent sur Bana,
bourgqui est désigné sous le nom de Bagni, dans
les itinéraires romains. 11 se trouve à huit lieues
de Bazardgik, et il n'est remarquableque par des
fontaines d'eaux thermales, qu'on y voit. L'Ebre
prend sa source à peu de distance, dans le mont
Scomius,qui ferme l'horizoù du côté de l'occi-
dent, et il commence à couler au nord-est jus-
qu'à Philippopolis, où, grossi du tribut d'une
seconde branche qui tombe d'un contre-fort du
Scomius, il se dirige vers l'aurore, en fertilisant
une immense vallée, et les plaines où s'élève Aa-
drinople. Devenu impétueux et riche de mille
rivières et de nombreux torrens qn! Ini appor-
tent les eaux de la Thrace, il se jette, par deux
embouchures dans le golfe dTEnos.
Jusqu'à Bana, les chemins avaient été aussi
bons qu'on peut le désirer dans un pays où il ne
se trouve pas de grandes routes pratiquées mais
depuis ce bourg jusqu'à Scutari d'Albanie, ou ne
trouve plus que des montagnes âpres et arides.
La nature prend un caractère dur et sauvage;
elle annonce l'anarchie des habitans, et leurs
mœurs féroces. Plus de sites agréables, plus de
prairies les vallées riantes qu'on trouve ne pa-
raisseut point à leur place.
Les voyageurs avaient fait douze lieues le ma-
tin, et ils continuèrentleur route pour se rendre
à Sarmako; ils commencèrent, en quittant Bana,
à s'enfoncer dans le mont Rhodope, qui est un
contre-fort de l'Orbelus, et ils marchèrent dans
les rochers ou sur le bord des précipices, ne
trouvant que des groupes de sapins et des mélé-
xiers, pendant six lieues de chemin qu'il firent
pour arriver à Sarmako ou ils passèrent la nuit.
Sarmako ne paraît pas avoir fait partie d'au-
cun Heu connu sous le Bas-Empire, ou dansde~
temps plus anciens. C'est un village entièrement
habité par des Bulgares, qui la plupart sont pas-
teurs. Leur pays hérissé de montagnes offre
peu de ressources et de débouchés pour l'expor-
tation des laines et*de quelques denrées,qu'ils ne
peuvent pas consommer.
Le lendemain (16 mars ) les voyageurs ar-
rivèrent à midi à Dubnitza petite ville bâtie dans
le mont Rhodope, qui est éloigné de dix lietiea
de Sarmako où ils avaient couche la nuit pré-
cédente. Ils avaient constamment marché sur !e
revers septentrional du mont Scomius, depuis
plus de vingt-cinq lieues lorqu'IIs arrivèrent à
Dubnitza, au dessus duquel le Scomius pyramide
avec la majesté d'un souverain.
Cette montagne, citée par les auteurs anciens,
dépend évidemment du mont Orbelus. Des en-
virons de Dubnitza elle envoie deux rameaux,
dont le plus septentrional forme le mont He<
mus ou Balkan et se bifurque pour dessiner la
crète orientale du bassin de l'Ebre tandis que la
branche méridionale accompagne le Strymon,
et se termine par des pentes douées, à l'extré-
mitéBeptentrionalede la plaine d'AmphipoIIs. H
se rattache ensuite par plusieurs contre-forts au
mont Orbelus qui lui donna naissance.
Les voyageurs~qoi passèrentlerestede lajournée
à Dubnitza,quittèrent cette petite ville le i mars
au matin, ~n se dirigeantsur Kiustendil,éloignée
de sept lieues, où ils arrivèrent à midi. Musten-
dil est connue dès le temps du Bas-Empire, sous
le nomdeJustiniana. Elle fut ainsi appelée, parce
que l'empereur Justinien y prit naissance.C'étatt
avant cette époque unepetite Sourgarde qui étatL
désignée sous la dénoTnIn~ica de Tauresium:
elle est de nos jours retombée dans l'état de tne-
diocritéoù elle se trouvait avant son illustration
On trouve aux environs les ruines d'Ulpia-Pau-
talia', ville iavorisée par Trajan.
Après avoir fait halte à Kiustendil, les Fran.
çais se mirent en route pour Palanka, ou ils vin<
rent passer la nuit. Palanka est un mot turc qui
signifie fortification et j'ignore a quel lieu de
1 antiquité on peut rapporter le bourg qui porte
ce nom. Il est encore situé dans le mont Scomius;
le chemin qui le sépare de KiustendU dont la
distance est de sept lieues, est à travers de hautes
montagnes, ,qui n'offrent par-tout que d'aHreu&
précipices, des pointesde rochers ou des plateaux
de granit, sur lesquels les chevauixont la plus
grande peine à marcher. Quoiqu'on se familiarise
avec les dangers, quand on a voyagépendant quel-
ques jours au milieu des montagnes,il est<Hfn-
c!le de résistera l'impression toujours terrible
qu'offrentdes flancs à pic, des roches qui sem-
blent prêtes à s'écrouler et écraser le oyage.ur
enfin au coup d'oeil des gorges dont l'teil ne peut
mesurer le fond, qui semble se dérober dans les
entrailles de la terre. Qu'on ajoute à ces horreurs
sublimes le désagrément des gites, Fêtât presque
sauvage des Bulgares, qui poursuivent un étran-
ger comme un objet curieux, dont ils dévorent
le vêtement pour peu qu'il soit apparent et on
verra les dangers et les embarras auxquels on
est exposé dans un semblable voyage.
Le ï8, les voyageurs eurent les plus grandes
peines à &'anchir l'espace qui sépare Palanta
de Koumanova~ quoiqu'il ne soit que de dix =
lieues. lis s'étaient élevés insensiblement en sui- ï
CHAPITRE XX~IIl.
SCtTEDEL'ÏT'NERAtREnECOKSTAKTtKOPLE,
A SCP-
TARI D'ALBAKtE.–MONTSCAM~OSOPPRÏSREKDt.
–VtLLE DE PMSRENOt. KHAN RETJtANCHE.
MONTAGNES,DESERTS.–ARRIVEE A SCUTAM.
si.
envisager les rapports du Pinde avec l'Achérusie,
et faire une &)ule d'expériences, dont le succès
Ne serait pas contrarie
CHAPITRE XXX.
DÉPART DES FRANÇAIS DE SCUTARI. ANTIVARt
DULCIGNO. –IDEE DE CETTE CÔTE. MONTENE-
GRINS. BOUCHES DE CATARRO. ARRIVEE A.
RA&CSE.
JUAGUSE
est située sur les côtes de la Dalmatie
dans le golfe Adriatique, par le 36°. degré de
longitude et Ie~\ z5 minutes de latitude. Elle
doit, comme on sait, son origine à ïa destruction
de la vHled'Epidaure~quetes Gothsrenversèreat
sousterègne de rempereurValérien.Elle s'agran-
dit, au bout de trois siècles, des ruines de Salone,
qui fut saccagéepar les Esclavons, trois cents aa~
après les ravages des Goths, c'est a-dire en 6o3.
La ville telle qu'elle existe aujourd'hui, est
assise au pied de la montagne de Bargat, qui la
protège contre les vents d'ouest et de nord-ouest,
dont elle rompt la violence. Son étendue est pe-
tite, et présente la forme d'un carré, dont les
deux cotés, du nord et du sud, s'étasent sur des
hauteurs. Son enceinte est fermée par un mur sec
et continu, Hanqué de tours la plupart rondes,.
et toutes percées de meurtrières et d'embrasures.
La porte du levant est seule fortifiée, et la
moderne est dé&udue par un ouvrage à cornes.
Ses rues sont étroites, mais propres. La princi.
pale fait exception pour les dimensions, étant
large et bien décorée eUe traverse la ville dans
toute son étendue, du nord au midi. Les maisons
qui la bordent, ainsi que celles de Raguse en
généra!, fbtTnent la nuancé entre l'architecture
orientale et l'italienne.-Il y a quelques places et
des édifices publics parmi lesquels on remar-
que le palais du gouvernement, ( t~M~szo ) qui
est vaste et d'une architecture gothique; les égH<
ses de Saint-Blaise, qui esttacathédrate, deStc-
Marie, de Saint-Pierre, de Saint-Laurent, et de
Saint-André, ainsi que celle des Jésuites, oc*
cupée par des dominicains.
Raguse a une population de quinze mille ames.
Son gouvernementressemble en quelque sorte à
celui de Fancienne Venise, avec cette différence
qu*I] oHreia caricaturedes nobili, qui régnaient
dans les Lagunes.
Il est composé d'un grand conseil formé par
tous les nobles Ragusais qui ont plus de vingt
ans, et dont les noms sont inscrits sur un registre
que l'on nomme lemiroir.(Il ~ecc~/o. ) Ce sénat
se rassembletous les ans, le t~. décembre, pour
procéder à l'étection des magistrats de la républi-
que, sous la présidence du recteur, qui est le
chef du pouvoir exécutif, (chacun prend alors
séance par rang d'âge, et sans distinction celui
qui tire d'une urne disposéeà cet effet, nnehonte
~orée, est admis a voter pour l'élection si h
boule est noire, il perd sa qualité d'électeur.
Toutes les élections se font au scrutin et a la ma-
jorité absolue des suffrages. Le grand conseil
sanctionnealors les lois rendues par le gouverna
ment, il peut rappeler les bannis et les meur-
triers il connaît des créances et des dettes de
Fêtât et décide enfin de la paix et de la guenm,
si Raguse peut avoir une volonté dans ce cas,
mais enfin ce pouvoir est mentionné dans ses di-
plômes, comme symbole de souveraineté.
JI y a ensuite une administration désignée sons
le nom de conseil des prégati. ( Il cwM~o de
~s~M<ï. ) II se composedurecteur, des onze ment-
Lies du petit conseil, des cinq provéditeurs de
la ville, des douze juges civils et criminels, des
trois membres du conseil des fabriques de laine,
t
et de vingt-neuf conseillers ou prégati. II établit
les impositions, juge les affaires civiles et crimi-
nelles en dernier ressort, nomme les ambassa-
deurs, les chefs militaires, les gardesde l'arsenal,
les caissiers et receveurs des deniers publics il
s'assemble quatre fois la semaine.
Le petit conseil, dont je viens de parler, se
forme du recteur, et de onze conseillers, la plu-
part avancés en âge, et des meilleures familles
de la noblesse. li reçoit les ambassadeurs étran-
gers, et ceux qui ont quelques réclamations à
iaire, ou quelques aSaires à traiter avec la répu-
Mique. Ils jugent les procès relatifs aux revenus
publics mais ils sont obligés d'en référer
au grand conseil dans les affaires majeures.
Le chef du gouvernementde la république se
nomme recteur, ou comte; ( il rettore 0 il conte)
mais depuis i358, le premier titre a toujours
prévalu. Ce magistrat jouissait autrefois d'une
grande autorité mais quelques uns en ayant
abusé au point de tyranniser leur patrie, le peu-
ple et le sénat restreignirent beaucoup le pouvoir
qui leur était accordé. Aujourd'hui ses attribu-
tions se bornent à présider le sénat, le grand et
le petit conseil, à àpposer le sceau sur les décrets
publics, à être le gardien et le dépositaire des
clefs de la ville, des places fortes et ch&teaux de
la république lui seul peut convoquer le sénat
et le grand conseil; mais, dans l'un et dans l'au-
tre, il n'a que sa voix. Son costume de cérémo-
nie est semblable à celui des sénateurs vénitiens;
et quand il parait en public, il est précédé de
vingt-quatre huissiers et d'une douzaine de mu-
siciens il est suivi de tous les secrétaires et ofS-
ciers du palais. En cas de maladie, d'absence, ou
de tout autre empêchement légitime, le recteur
est remplacé par le doyen du petit conseil A sa
mort, on ferme les portes de la ville, et ce sont
les premières familles qui le portent sur leurs
épaules au lieu de la sépulture.
Cinqprovédtteurs sont chargésdu maintien des
Ip!s,d€sédits,etdelaconservationdeschartesdela
république. Us sont égalementchargésde rexécu-
tion des tes~tamens. Cette charge dure une année,
et ceux qui la possèdent jouissent du privilège
de parvenir immédiatement
a
au rectorat, tandis
que les autres magistrats ne le peuvent avant
l'intervalle de deux ans. Dans les cérémonies
publiques et dans les conseils, les pro~éditeurs
marchent immédiatement après les recteurs et
les membres du petit conseil.
Tellessontles premièresmagistratures delà repu
Mique de RaguseJl en existe plusieurs autressecon
daires, dont je me contenteraid'indiquer les noms,
qui expliquent assez leurs attributions. Ce sont:
Le conseil des six juges criminels et celui des
six juges civils;
Les cinq officiers des raisons (~c~~rH~ ~j~'
ZM~t delle /'agïo~i. ) Ils forment une espèce de
chambre des comptes
Les cinq oinciers de la santé. Ils sont charges
des lazarets et de la salubrité de la villex
Les cinq ofnciers de la contrebande;
Les trois avocats <~e commune;
Les trois préposés à l'achat des grains;
Les trois préposés aux salines;
Quatre appréciateurs de marchandises1
Six préposés aux travaux publics
Quatre préposés à Farmement et a h défense
pub~que,
Les trois officiers des eaux, qui ont la direction
et l'inspection des fontaines publiques;
L~s six officiers de nuit, ehargésde la gardede
la ville pendant la nuit;
Les officiers chargésde la garde des châteaux
ils changent chaque jour;
Les cinq trésoriers, et les trois procurateurs
de Sainte-Marie
Le collège des vingt-neuf, qui forment un tri~
bunal d'appel, en matière civile
Les quatre douaniers
Les cinq justiciers. Ce sont des espèces d'édiles
on d'officiers municipaux. Us sont charges des
contestations entre marchands, des poids et me.
sures, de la police des marchés, etc.
Les six avocats del proprio
Les quatre camerlingues
Les notaires.
La répuHiqne entretient une compagnie de
cent soldats chargés de là garde des portes de la
ville, et du palais du gouvernement.
Le territoire de la république de Ragase, en
terre ferme peut être environ de cinquante
lieues carrées. Il est divisé en sept comtés, dont
les chefs sont tirés du grand conseil. Ils restent
en place deux ans, un an, six mois, suivant l'im-
portance de leurs gouvememens, et ne peuvent
être réélus qu'aprèsdeux ans d'intervalle. Ils ad<
tainistrent avec une sagesse et une économie
qu'on ne peut comparer qu'à l'ancienne admi.
nistration de la Hollande. Les deux villes princi-
pales de la république, sont Gravosa et Stagno.
Outre cela elle possède cinq petites Mes dans le
golfe, dont les principales sont celles de Lagosta
et de Maleda.
Je ne suis entré dans un aussi long détail sur
le gouvernement de Raguse, que pour donner
un ensemble de son état, qui se trouve ëpars
dans une longue histoire très-peu répandue, et
pour faire connaître la politique de cette républi.
que, qui a créé à peu près autant de charges
qu'elle a de nobles dans son sein. En effet, dans
l'état actuel, il n'y a pas un noble ragusais qui
ne soit pourvu d'une charge quelconque.
La noblesse ragusaise se compose d'une qua-
rantaine de familles environ, dont quelques unes
sont très-anciennes.
Le pavillon de larépublique est blanc, avec un
saint Blaise au milieu, et la grande bannière
porte le mot libertas entouré d'une couronne
de chêne.
Rien n'est plus singulier que le coup d'oeH
de Raguse, le matin jusqu'à midi, excepté les
jours de fête. Magistrats, secrétaires, scribes,
commis, tous sont vêtus d'une longue robe noire
attachée avec une ceinture un grand rabat te-
nant à une espèce de colerette leur couvre ta
poitrine, et ils sont coiffés d'une perruque à la
Despréaux, dans laquelle ils ne manquent pas
de ficher quelques plumes à écrire, afin de se
donner un air de gens de loi. Ils tiennent en
-outre à la main une espècede bonnet ou barette,
dans lequel ils déposent leur mouchoir et la
tabatière. Ce costume est de rigueur, et pér-
sonne ne peut se dispenser de le porter. On
voit de jeunes nobles de quinze à seize ans,
ainsi caparaçonnés et dont la figure disparait
sous rénorme crinière de leur perruque. En6n,t
rien ne parait plus plaisant aux yeux d'un étran-
ger, que cette mascarade. Le nombre des per-
sonnes ainsi décorées, peut être de deux ou trois
cents dans une petite ville comme Raguse, et
on juge si cela se fait remarquer.
Les Turcs de la Bosnie et du pachalik de
Scutari, fréquentent beaucoup Raguse, avec la-
quelle ils font un commerce de peaux de bœufs,
de bestiaux et de suif. Ces Turcs, qui ne sont
soumis à la quarantaine que pour la forme,
mais qui néanmoins ne peuvent entrer dans la
ville sans avoir rempli cette observance sont
justiciables, en cas de contestation ou de dispute,
d'un consul ou commissaire des relations com-
merciales, envoyé,chaque année, par le pacha de
Scutari. Il loge hors la ville, dans une partie da
lazaret, et il donne ses audiences assis sur une
estrade placée à la porte de son logement. II a
sous ses ordres trois ou quatre sbires a moitié
nus et mourant de faim qui lui servent de
domestiques, et qui sont en même temps les exé-
cuteurs de ses sentences. Rien n'est plus expé<
ditif que sa manière de procéder en cas de dif-
férends. Il entend les deux parties; si elles sont
de sa nation, il leur fait partager une distribu-
tion de quelques coups de bâton si c'est un
Turc contre un Chrétien, il renvoie ce dernier
devant ses magistrats naturels, et fait bastonner
le premier:tortou raison, telle est l'issue des pro-
cès, et on s'étonnerait à bon droit qu'il se trouvât
encore des plaideurs, si on ne connaissait l'es-
prit contentieuxde tous les peuples qui habitent
la Turquie européenne.
Le port de Raguse est très-petit, et ne peut rece-
voir que des bateaux mais il y a, àunedemi-lieae
au nord-ouest de la ville, la belle rade de'Sainte-
Croix, où peuvent mouiller tous les vaisseaux de
la république c'est un vaste bassin qui forme
le plus beau port de la Dalmatie. La plaine qui
J'environne est bien arrosée et elle est couverte
de maisons de campagne, où les principaux ha-
bitans de Raguse viennent passer l'été.
Raguse, ai-je dit, a une population de quinze
mille habitans, dont la langue commune est l'e!'
clavonne, et malgré cela on y parle très-boa
italien. La plupart des Ragusais sont marins,
et l'on sait que les vaisseaux de cette petite vu!e
couvrent la Méditerranée. Son gouvernement
analogue à celui de Venise et l'industrie de ses
citoyens, ont fait dire de cette république, que
c'étaient une ~e~Me et une Hollande en MMïM-
ture. Les Ragusais sont très-modestes, et lors-
qu'on les accuse d'être fripons comme les Juifs
st rapaces comme les Turcs, ils répondent hum.
blement qu'ils ne sont ni Turcs ni Juifs mais
de pauvres Ragusais Mo/z <9~MO ne yMrc~~
ne jEfr6<~ ma ~MMO ~<~er< jR~Hjfe!. Lear com-
merce s'était singulièremeiit accru pendant la
dernière guerre entre la Turquie et le* France
et des renseignemens positifs portaient à plus de
deux cents le nombre de leurs vaisseau~ de com-
merce mais les Barbaresques les ont inquiétés
et molestés depuis cette époque.
Raguse paie tribut au grand seigneur, & l'em-
pereur et au pape; auxdeux premierspar crainte,
et à l'autre par amour. Ces tributs, au reste, sont
peu de chose et ils n'ont que cela de honteux,9
qu'ils sont le signe de l'ancien vasselage.
CHAPITRE XXXIL
A
A PRES avoir satisfait aux lois de la quaran-
taine et subi les complimens d'usage, les Fran-
çais s'embarquèrent pour passer en Italie; et
la navigation ayant été bonne, ils arrivèrent
à Ancône peu de temps après leur départ.
Ils y trouvèrent nos drapeaux arborés ils y
apprirent la gloire nouvelle de nos armes, et
en traversant les champs de l'Italie ils virent
les lieux témoins des exploits qui préparaientla
paix générale, objet des vœux du héros qui la
~)\
voulait, et des nations fatiguées qui attendaient
ce bienfait
DE L'ALBANIE.
CHAPITRE
1~. Exposition. -Aventures de,
MM. Poitevin, Charbonnel et Bessières de-
vant Corfou. Siège dé cette ville. Idée de
l'armée des alliés. Départ du corsaire har-
baresque pour Butrinto. t
CnAP. IL Arrivée des officiers français au port
de Bntrinto.–Alipacha vient en rade sur son
kirlanguitch. -M. Guerinilui est présenté.–
Le corsaire lui fait hommage des prisonniers. 8
CnAp. III. Topographie de Bntrinto. Portrait
d Ali pacha et de ses fils. Situationdes Fran-
çais dans son camp. –Idée de son armée et de
la discipline.–Mœursdes soldats albanais.
–Départ de M. Charbonnel pour Agio-Saranta.
Départ de MM. Poitevin Bessières etc.
pour Ianina. ï~
CnAp.IV.Départ des o~&ciers français pour la-
nina leur itinéraire jusque cette ville par
Delvino Delvitiachi et Qzidza–Coup d'oeN
descriptif. –Itinéraire de M. Charhonnel )us"
qu'aAgio-Saranta.–Description de ce pays. a8
CuAP. V. Champs-Elysées. Topographie de
lanina. Lac Achérusie. Fleuve souterrain
ou Cocyte. Rivière de Protopapas. Aché-
ron. Mont Cassiopée. Vélistri. Bonila.
Jardins du pacha. 3?
CHAP. VI. Route de lanina au monastère du pro-
phète Elic. Séjour des ofnciers français
avec les caloyers ou religieux de ce couvent.
Province de Sagori. –Mœurs de ses habi-
tsns. 5a
CHAr. Vil. Retour des Français a lanina.
M. Bessières accompagne le pacha dans un
voyage au nord de l'Albanie. Description
de Rodostopos et de Protopapas. Itinéraire
de lanina à Tebeleni. 6<t
CHAt. VIU. Etendue du pachalik d'AH. Ses
revenus. Ses troupes. Influence qu'il a
dans la Roumilie.-Etrangers.-Fin tragique
de M. de la Salle. 66
CaAP. IX. Détails sur la situation des Français
à lamina.– Ecole d'artillerie & Bonila. Evé-
nemena arrivés dans l'Albanie. Fin tragique
du corsaire Orousch&. Guerre avec le pacha
de Delvino. Bombardement de sa ville.
ÏI conclut la paix avec Ali pacha. L'inquisi-
teur Guerini se, fait Musulman. Le pacha
renvoie M. Bouvier en France. ~4
CnAf. X. Partie orientale du pachaIH d'AIi.
Itinéraire de lanina a Larisse. 84
CHAf. XI. Littoral de la Haute-Albanie. Chi-
mariotes leur religion moeurs. Produc-
tions. 8~
CaA?. XII. Description de la partie occidentale
de l'Albanie, et de son rivage, depuis Butrinto
jusqu'à Prévesa. Ruines de Nicopolis, Phi-
latès, Pargotes. t)3
CeAP. XIII. Affaire de Prévesa, en l'an VM.
Massacre des Français. Action héroïque du
capitaine de génie Richement. -Trahison des
Souliotes, et des Grecs de Prévesa. Cruauté
d'Ali envers les Prévesotes. Route des Fran-
çais prisonniers, jusqu'à lanina. ÏOtc
CcAP. XIV. Route de lanina aux montagnes de
de Souli. Dervigniana. Paramithia ses
habitans. Canton de Souli noms des viUages
qui le composent. Souliotes leurs guerres
avec Ali pacha leur nm. Etat actuel de ce
pays. ïi~
CaAP. XV. Partie méridionale de l'Albanie.
Arta. Salagora, Loutraki, Tricala, Terra-
Nova. Golfe d'Arta son commerce.–Vo-
nitza, Ambracie. Rapports avec Sainte-
Maure et Ithaque. Tremblemens de terre.
Phénomènes observés dans ces parages. t a8
CHAt-.XVI. Acamanie ou Carlélie. Forets de
Manina. Dragomestré. Xéroméros.
Port Pétala.–Anatolico.Achéloùs,villages
qui le bordent. Iles ~Eschitmdes. Mes-
salonghi. <– Mœurs des habitans du Xéro-
méros. 141
CaAP. XVII. Diététique et moeurs des Albanais. ï~g
CHAR. XVIII. Etat du ciel, et saisons de l'Alba-
nie. Température. Eaux potables.
Sources. t5o
CHAR. XIX Maladies propres à l'Abanie. –Mé-
decins et chirurgiens. ïio
CaAP. XX. Commerce de l'Albanie. t~8
CaAP. XXI. Troubles en Albanie. Guerre avec
les Souliotes.–Moyens proposés par le pacha
pour réduire cette tribu. M. Charbotinel
est chargé du commandement de l'artillerie.
Poitevin, Charbonnel et Bessières
MM.
concertent et mettent à exécution un plan
=
d'évasion. Leur arrivée à Corfou. ï8S
CaAP. XXII. Coh're d'AIi pacha à la nouvelle de
l'évasion des officiers français il met leur
tête à prix. Supplicede leur conducteur.
Trois cents Albanais descendentà Cortbu.
M. Poitevin est pris. MM. Cimrbonnel et =
fou..106
les fait transporter sur une frégate de sa na-
tion. Leur réclusion à la citadelle de Cor-
aïo
pour être transjfërés à Constantinople. His-
torique de leur navigation; ils sont livrés au
capoudan pacha,
CaAt.XXV. Séjour des trois officiers français
à Pera ils obtiennentleur liberté dénnitive.
Préparatifs de leur départpour la France. aao
CnAP. XXVI. Départ des Français. Itiné-
raire depuis Constantinople jusqu'à Raguse.
Exposé de leurs dix premiers jours de mar-
che. Indication des lieux par où ils passè-
rent avant d'arriver au mont Prisrendi, ou
mont Scardus en Servie. Distance respec-
tive de Ponte-Piccolo Ponte-Grande, Silivri,
Tchiorlou, Bourgas, EsUbaba, Andrinople,
Hebidgé, Haskivi. aaS5
CaAP. XXVII. Suite de l'itinéraire des Français;
ils entrent en Bulgarie. Philippopolis.
Bazardgik. Bana.- Sources de l'Ebre, ou
Maritza. Mont Rhodope, ou Despotodag.
<–D'Ubnitza.–Mont Scomins. -Kiustendil.
Ruinesd'UlpiaPautalia. Palanka. Kou-
manova. –UsMub. Mont Orbelus. Kal-
kandeluk, la base du mont Prisrendi, ou
Scardus. a3~j..
CaAP. XXVIII. Suite de l'itinéraire de Constan-
tinople, à Scutari d'Albanie. Mont Scardus
ou Prisrendi. Ville de Prisrendi. Khan
retranché. Montagnes, déserts. Arrivée a
Scutari.
CaAP. XXIX. Description de Scutari et de ses
environs. Lac Labéatis Botana. Coup
d'oeil général sur la nature des montagnes de
la Grèce et sur leurs ramifications. Lacs
dessèches. Antres, et leur état actuel. a6o
CaAt. XXX. Départ des Françaisde Scutari.
Antivari. Dulcigno. Idée de cette cote
Monténégrins. Bouches de Catarro.
Arrivée Raguse. a&5
CHAP. XXXI. Topographiede Raguse. Coup
d'ceil de cette ville. Notice sur son gouver-
nement, et sur son commerce, aoa
CaAP. XXXII. Départ de Raguse. Arrivée à
Ancone. Conclusionde cet Ouvrage. 3ea
DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CET OUVRAGE,
retour, 336.
AcRocoMNTHE,montagne de l'isthme sur laquelle
est bâtie la citadelle de Corinthe. Fontaine Pirene
ruine, souvenir, étendue de pays qu'on découvre de
ce lien 1, 5o et suiv. c:
AsLACAMBOs, bourg de l'Argolide, I, ~8~ sa po-
sition, ~85, est bâtie sur l'emplacement de l'an-
cienne forteresse de Cenchrée,1, 486 ruines, t~
Costume de ses habitans, 487.
AlASMA ce que c'est, 1, 36.
Cér!go,III, ai 3.
D
DARDASEt-I-ES, 1, 5~
DAViA village près d'Andritzéna en Morée, est
l'ancienne Phygalis I, ï~s peu distantdes sourcés
de larNeda,t&tJ.
DÉfït.É DES PonTE~ 1, 29.
DEFTE&-MAYA, lieutenant. Mort du beau-frère du
pacha de Tripolitza qui occupait cette place, 1, /~i.
DEt-MES, ville de la Phocide, appelée aujourd'hui
Castri, Il, 34.
-DF,LVINÀGIRI, bourg de l'Albanie, est peut-être
l'ancienne Omphalon, III, 3a
DB~V!NO ville d'Albanie sa situation, Hï, a~
gouvernée par un pacha à trois queues sa popula-
tion, 30.
DEMALA, on DEMATTA anciennement Trezene
ï,
35~ et 5ï~ son port n'est ni s&r ni fréquenté, 5ao.
DE&vïNDGïPACHA, ou prev&t des grands chemins'
1, 353;'son itinéraire dans la Morée 35~ et suiv.;
pourrait être dangereuxpar son ambition, 3oa.
DGEM.AH, ou bourreau ses privilèges 1, Sa.
DimTZANA, ville regardée comme l'ancienne Pso-
phis, I, 119 idée de cette ville, iao; productions
de son vallon, ses eaux thermales, ibid.
.DIMITZANA,( mont ) appelé anciennement Pholoë,
I,9et i3t.
DoDONE(rivière de ) conjectures sur ce qui la re-
présente aujourd'hui ,111, 53. Monts et forêts de ce
nom, 55. Plus de traces de la ville, ibid.
DoMtAZ ce que c'est, 1, 388.
DoMps, village du Magne, 1, aie.
DnEPANUM, ou cap de la Faulx, aujourd'hui Dre-
pano, 1,10~.
DML, ou Drin, fleuve d'Illyrie ses sources et son
cours, III 257 et suiv.
DuBNtTZA, ville de la Bulgarie, III, ~4°
DcMïCNo, anciennement appelée Olchinium 1,
5 III, 28~ sa situation 1 5 mœurs de ses habi-
tans, ibid.
DoRAzzo, ville d'Albanie,autrefois Dyrracchium,
ÏU,89.
Dtx~ACCHMM,~o~. Durazzo.
DztBZA, bourg d'Albanie; sa situation, tll, 33;
ses habitans ses vins, 3~.
E
ËBHB, fleuve de Thrace, anjonrd'hni Maritza
!II,a36et238.
EcAi~E, f mont ) ïj tg.
EfH~M, aMJonrd'hn! Vostitza, I, 101 ne possède
rien de sa grandeur primitive, ï o5 commerce qui se
fait dans son port, 106.
Et.EPHANTtAsta, lieux de la Morée où il est fré-
quent, 1 396.
EMBE, province du Péloponèse, appelée aujour-
d'hui Kaloskopi, ou Belvédère, 6~; pendant l'état
sujette aux fièvres adynanu~ues ou putride~ et ataxi-
ques ou malignes, 1, 3g6.
EnE, (monas~redu prophète ) est en Albanie sa
situation, III, 56.
ENGHiA ( golfe d' ) autrefois golfe d'Athènes,
1,68.
EtïDAC&~s, Hmera, aujourd'hui Napolt de Mal-
I,
voisie, 186.
EMttANTHE, neuve de l'Arcadie, appelé aujour-
d'hui Atzicoloa,sa source, ses chutes son cours, etc.
t,ti9. <
<
EïOME appelée cujoard'hui Xéromeros S~~Mj!
ou région âpre son état actuel, HI, t~3.
EcBEE, aujourd'hui appelée île de Négfepont, et
par les Turcs, Egribo, II, 38.
EuROTAS, appelé aujourd'hui Vasilipotmos et Va-
ailipûtatni, ou Fteuve Royal, Ï, 4~origine de cette
dénomination moderne, I, ï6ï; appelé Néris par
Mélétius; 160; ses sources, 46 ce qu'il est aujour-
d'hui, y 61 et i6a<
ExAtHM, amcieNCenMUT isthme de Cotinthe, I,
t5o.
P
É
FANA~AtHd'Europe, ( ch&teaude)II, a~S 5 et suiv..
f
jplage de Fanarald, 220~; FanaraM d'Asie ~36.
FETrA ce que c'est, 11,
F&Axm, est peut-être l'anciennePhryxia ~ï, 1 z3.
G
GAi.AXtBï ~ille du Xeromeros, appelée ancien-
nemeut Cirrha; sa distance de Salone, Il, a5 est
une échelle essentielle, t6<~
GAi.MNDCï, soldat de marine, 1, Szi ses cham-
Maasur Pasaewend-Ogl~u !~tJ.
GAU.MOM sar l'HeUespoat IH ~t est I&
viUe
yesidence du capondan pacha, !&M~.
GA<B!Bt<HM, Bourg de la haute Accadie~ ancienne-
K
KA&DAMO~i.A, ou Kardarmya, ville du Magne
I,&t2.
KlRLAN&TTITCH Ce que C'est, 111, H.
&ICSTENDH., ancienneJustiniana ni,
a~.o.
Hot.oxTTMA, ( golfe de ) ancien golfe de Laconie
ï,68.
Kt-EGNA ancienne Cléones I, i~.
L
LABEATïs, ( lac ) ou lac discoudar, m, a6a.
LACONICON, oubain d'etuves, 1, t~.
3L.ACOHIE,1, 15~ différens noms qu'elle a portés
ibid. aujourd'hui désignée sous le nom de Sangiak de
Mistra; t&t<?. son état au temps du Bas-Empire, ï 58 i
sa description, 15g et suiv.
LACONïE, ( golfe de ) aujourd'hui de Kolo~ythia,
1,68 et r ga dangereux, t~o.
l.AcoNtENs, sujets à des maladies moins graves que
les autres peuples de la Morée, 1, 3g6.
t.Aï.A, ville' du mont Pholoë 1, 8~~
LALIOTTES, ou brigands du mont Pholoë, 89 et io<~
LAMiA, ville de Thessalie, aujourd'hui Zeitoun'
n, 43.
LANGAMA petite ville d'Arcadie remplace Zétée
et Parorée de l'antiquité, 1, 115 chef-lieu d'un évé-
ché, tM~.
LAMSSE, ville de Thessalie/11, 5a son gouverne-
ment civil et militaire, 5a.
LECTUM promontorium aujourd'hui cap Baba
I,5a8.
LEONiDAS sa mémoire défendue contre les asser-
tions de Panw, 1, ï5~.
LAPANTE, combat naval sous les ordres de dom
Jean d'Autriche,1, 102.
LEP ANTE, ( goMe de) autrefois mer de Corinthe
~t des Alegons,1, 68.
'LEVANTE anciennement Naupacte arrivée de
MM. Beauvais et Gérard en cette ville, II a3 sa po-
rtion ses fbrtincations a~. son port, sa population,
a5 résidence d'un pacha a trois queues, 26; mal-
saine, 27.
LàpRE, examen d'une jeune Moraite lépreuse,
3o() cette maladie ne se communique pas par le seul
attouchement, 1, ~oo
I-.EnNE, appelée Milos,et Lcrne encore aujourd'hui,
ï, 4.6t sa position sa distance d'Argos son étang,
~oaet~63; santé et maladies de ses habitans,~94;
échelle principale de la plaine de Tripolitza, tM~.
]-.EttKE, route de 1-eme & Naupli, ~gg.
LEaBos, !le; son état actuel, HI, 2tS.
LEccAnE, (promontoire de) III 90.
LEircACE, aujourd'hui Sainte-Maure, 111, ï~o.
LEUCTREs dePétoponese, appelée Londari; son
vallon est aujourd'hui appelé vallon de Londari sa
description, I,
LoNDAM n'est point Mégalopolis 1,11 a descrip-
tion de I~ondari caractère de ses habitans,55.
Lo~ocx, ville d'Avanie, III, lit.
M
MACRONist, ancienne île d'Hélène, 1, 5a3.
MAGNE, pays des Maniâtes ,1, tg3 et sniv. situa-
tion de ce pays, caractèrede ses habitans,196; ses
beys sont nommes par le peuple, et con&rmés par
le gouvernement turc, 198 ils résident Citriés, ao8;¡
division politique du Magne, 308 et saiv. sa popula-
tion de quarante mille habitans, a~S ses prpdactions,
son commerce, ai~ et suiv. couvert de ruines anti-
qaes, ai8.
MAHOMET, (Jfete de la naissance de ) ï8p.
MA~DiNïEs, ville du Magne, 1, apg ses riches-
ses, t&t<
MANtATES, M<t~<tïtf, peuple de la LacoaM, 68;
leur caractère, ï 99 et 19~ femmes Maniâtes, ao5i
religion de ce peuple, ao6, leurs chants patriotiques,
<&jr leors papas, aoy; leurs combats contre les
turcs, ao3 etsuiv.; leurs irruptions jusqu'au~ ent-
rons deTripplitza, t, 464<
MANiNA, (forêts de) III, ï4%.
MANTtNEE lieu o~ fut cette ville, 1, ï8a examett
de ses ruines, /& et 83 route do Mantin~e à Cala-
~-itta,86.
MANTiNEE, (plaine de) 1, 85'; lieu ou périt Epa-
tn!nondas, t'&M~.
MARATHONisi, ancienne Cranaé, ï, igo.
MAMTZA anciennement Ebre, neuve, 111, a6oj
MAPRE, ( SfE-) anciennement Leucade, III, t~o.
MAVROMATHi, bourg; origine de ce nom ,1, 3o i
on prétend qu'il est Mti sur les raines de l'ancienne
Messène, 35 selon M. Fauvel, c'est a~ quelque dis-
tance de l'emplacementde cette ancienne ville, 89.
ME&AI.OFOUS, n'est point Londari, c'est Sinano,
1, i ïx ce qui reste de ses ruines, 11~
MEï.ETïus critique de sa géographie, 1, 68.
MENAï-E, mont, aujourd'hui appeléRoino, I, ~g.
MEssiNE, ville du Péloponèse, n'est point aujour-
d'hui Andréossa, 1, 3~. on prétend qu'elle est rem-
placée par Mavromathi, 35.
MEssENïE, (goMetde) aujourd'ho: d';Ca!amatte,
1, a8 ou de Coron, 68.
METHYDRtTM aujourd'hui Mettaga, I, 8g.
METTAGA, bourg, ~o~.Metnydriam.
MEZAi-ONCHt, petite ville de l'Elide, 1, ï3~ son
commerce, ibid.
MEZAY.ON6HI, petite ville du Xéroméros,II, ia3.
MEZzovo de l'Albanie III 85 Mezzovo, monta-
gne anciennement appelée Pinde,' III, 86.
Mi&AcA, anciennement Olympie, I, ïa3; com-
posé de Grecs gouvernés par un aga turc t 30.
MKTRA, anciennement Sparte, bâtie des ruines de
cette ville, éloignée d'une demi-lieue de l'emplace-
ment de cette ville ancienne, I, 168; sa situation,
sa description, son château, ibid.; ses habitans savent
travailler le fer ~36.
MisT&A rivière de Mistra *eT<t~< rwt M~rvj'fn, an"
eiennement Tiase, I, 1~5.
MonoN,port et ville deMorée, I!I, an noms
que cette ville a portés dans les différens temps, ap-
pelée Methône par Pausanias a t a son état ac-
tuel, ai 3.
MoNEMBAsiE ou Nanpii de Malvoisie 1 ï8~
MoNTENERtNs, III, 289 paysages qu'ils habi-
tent, 290.
MoREE subdivision ancienne 66 anciennement
Péloponcse, livrée à la fureur des Albanaisen t ~o, 63
administrationde. cette province, impôts, I, 23o et
a3i population a3a division en vingt-quatre can-
tons on villaïëtis; leurs noms, a33 et a3~; division
ecclésiastique a35 et a36 golfe 68 difficile à en-
vahir, 153 produit des impositions, a38 police, a~g
et a~,o revue des troupes du pacha, a~o état mi-
litaire, a~i et suiv. physionomie des habitans; a~5
leur caractère, !'&t'J. et suiv. femmes MoraYtes 2~8
etsuiv.; superstition des Moraïtes, a5~, a6o; leur
vanité, a6o et 261 naissances, 261 et 262 baptême
par immersion 263 nourriture de l'enCrnt, 26~. l'
femmes turques en Morée, 265 et a66, éducation
d~s enfans, 267 et 2~0; occupation de l'adolescen-
ce, 2~0; lutte, 2'yo jeux du disque, 2~ t ;.danse,
2~2; rondes grecques, 2~3; musique, a~<) et suiv. i
romances, 282 cotzaMas, 28'y proverbes, 290
religion, 292 et 3oi fêtes, 3ïi mariages, 3n
~t2 et 3~; cérémonies funèbres 318, cama-
val, 3 ï 6; état actuel des connaissances ohez ïe~M<w :00
N
NA&ARA, ancienne Sestos, 11, z~i.
NAVAins, ville appelée par les Grecs modernes
Néo-Castron, et par les Turcs, Avarin, ï~; &?-
tincatîons, t&M.
NAVARtN, ( port de ) sa description 1, i8.
NACPACTE, aujourd'hui Lépante, 11, a~.
NAUPu de Remanie, anciennementNauplium, I,
Su; description de cette ville, ibid. aujourd'hui
nue des principales résidences des négocians de la
Morée 411 air très-malsain, 3o~. fièvres quartes
endémiques, 5o~.
NAUM.f, (golfe de ) anciennement golfe d'Argos y
1,68.
NsDA, rivière, aujourd'hui appelé Samarï, Ï, ~a.
NieMPONT île, a~cienceime~ Ënbée, n, 38.
NEMJSE, près d'Argos .aujourd'hui villagede Saint-
Ceorges, 1, ~98 ce qui reste de l'ancienne ville, ibid.
NEO-CAST&oN)~<y. Navarin.
NzzE&o, bourg moderne 1, g6.
NicofoMs, ville d'Epire; ses ruines, III, 93 et 100.
Ntsi, bourgade 1, a6.
NïscA Mes, anciennement appelées Eschinades
In, 146.
0
OcQCE;ce que c'est, I, Saa.
OnABACHi, officier turc I, i~<
Ot-cHuri~M ville de ITllyrie, aajourdTtoi DnÏci-
gno ,1,5, III, 28~ idée de ses habitans, a88.
Oï-YMME, ville de l'Elide, aujourd'hui village de
Miraca, I, i23 opinion de M. Fauvel sur les rui-
nes de cette ville, ïa~ et suiv. opinion de l'auteur
ace sujet, ta8.
OpHis, rivière du vallon de Mantinee, 1, 83.
OpiuM ses effets sur les theriatds, H, ia3 et
suivantes.
ORBEi-ps, montagne, nl, &
OnouscHs, nom du corsaire barbaresque I, 3,
t~ et suiv présente à AU pacha les prisonniersfran-
çais, III, est étranglé par ordre du pacha, 79.
OsxAN H fut assassinéau châteaudes Sept-Tours,
ÏI, 63 notice sur ce prince, &M?. et sniv.
OsT&AeîNB, montagne près de Mantluée appelée
aujourd'hui Aloni Steno, ï, 86.
p
PADiscBA,on grand roi, titre de l'empereur Turc,
II,?.
PAH.ANTtUM,ancienne ville de l'Arcadie, 1, aaS*
PAMtasus, fleuve de la Measénie, aujourd'hui Pir-
nazza, 1, a6.
PA&AMïTHiA, ville d'Albanie, III, tï*~ ses habi-
tans, n 8.
PARAsa valeur, 61.
PA&&A, ville d'Albanie, ni, g6.
PA&6A( cap ) anciennement promontoire CluaMB-
Mum,II,ï6.
PA~TaENïps mont de l'Arcadie,
PAT&AS ville de l'Achaïe, anciennement Aroé, I,
g8 ce qu'en dit Pausanias, ibid. révolutions qu'elle
a éprouvées sa situation actuelle, go son port, t&<<
gouvernée par un bey, !& pourrait recevoir avec
avantage des maisons de commerce, 100; ses environs,
toi route de Patras à Vostitza, <&K~.
PAXOTrs,( île de ) anciennement appelée Paxé, 16
refuge des malheureux qui échappèrent à l'incendié
de Prévesa, <S/< sa situation, son étendue, ibid. ses
productions, ï~.
PAx~, ~<y. Paxous.
PéDMEES sur ses ruines on a bâti un village, !I, 3y.
PEt.oDï ancien lac d'Anchise, en Epire, III, i~.
PELOTONESE, aujourd'hui Morée sa division an-
cienne et moderne, 1,66 et suiv.
PENEE, ( neuve aujourd'hui Igliako 1, 9.
PENTE-DACTTi-ON, chaine de montagnes de la Mo'
rée, anciennement le Taygète ï, ï 5p.
PESTE préjugés relatifs à son origine, I, ~01
et suiv. sa nature est inconnue ~.o5 prise dans
l'insalubrité des lieux et l'impureté de l'air, tM.,
se manifeste en Egypte, lorsque soudent les vents
chauds et humides du sud, 406; paraît recelée dans
les environs de Damiette d'ou elle se propage en-
suite par communication, 4~7 symptômes qui ca-
ractérisent ses duïêrentes périodes, ~.09 et suiv. on
ne reconnaît point de spécinque contre cette mala-
die, ~.18 traitement prophylactique, 4~; son dé-
veloppement est favorisé en été par l'usage que les
Turcs font de courges pour leur nourriture, H, 118;
est étrangère à l'Albanie, ni, ï? 1 n'y exerce jamais
de grands ravages, ainsi que l'avait observé Lucain
i~3; c'est principalementpendant l'automne qu'elle
se manifeste d'une manière plus funeste, ï~5.
PnA&sAt.E aujourd'hui Farsa, ville de la Thes-.
salie, éloignée de six lieues de Zeitonn, II, ~.6 sa
plaine fameuse par la victoire de César, 4'y et suiv.
fut anciennement un lac, III, a~ a et suiv.; opi-
nion et belle description que fait Lucain de ce val-
lon, ni, a~a et suiv., note i idée de la ville mo-
derne de Farsa, H, 48
PHÉ&ÉE, 1, aog appelée aujourd'hui Palœochora,
près ~de l'église de Stavros, ibid.
Pat~ATEs peuples indépendans de l'Albanie,
m, 94.
PmHPMPOMs, aujourd'hui PhiHppopoli autrefois
appelée Poneropolis, III, a36 sa situation, ses ha-
Htans, 28~.
PHiLOPEMEjf, ses titres à l'immortalité,1,9$.
PnoLOE, ( mont ) aujourd'hui Dimizana, ,1,9.
PamYNA, est probablement Fraxio, ïa3.
PaTioNTE, port ou golfe d'Argos, aujourd'hui
Boumous ou Fournous 1, 482.
PaiCALM, an)~nrd'hniDaYia,I, 1~2.
PIASTRE sa valeur en monnoie de France, I, i~.
PILAW, mets préparé avec le riz, 1, 33.
PtNDE, aujourd'hui Mezzovo, 111 86 et
Pm&o et Pirgos, ville sur la rive droite de la Rou-
fia idée de cette ville, I, t38 et 13g.
Pi&NAZzA rivière anciennement le Pamissus
1, a6 on la passe sur un pont, <& abonde en
poissons, !'&!<
Pt~AtEs de tête elles guérissentrapidement à Con-
stantinople, II, 128
Pi.ANM'zA, anciennement Inacchns,ûenve, I, 49~~
est presqne a sec pendant l'été, ~9~.
Pï-ATANtsTE, Me formée par l'Eurotas, 1, ï~S.
-Pi-ATON idée des Turcs sur cet auteur, Il, ao3.
Pi.ATZA, ville du Magne idée de cette ville, 1, 213.
PoooN, ( port) ancien port de Trézéne, II, 266.
PONTE-GRANDE IH 226.
PoNTE-PïCCOÏ.O III ,225.
PoNTïeo ,ile de, anciennement Ichtys, ï, ïo.
PoRto-CoNTE, en Sardaigne, H, 2~8; sa descrip-
tion, 280 et suiv.
PRBTESA, ville bâtie à l'entrée du golfe d*Arta, 98.
3
~Saire de Prévesa ep l'an ï0ï et sniv.
PMSMNM, (mont) anciennement Scardua, M, 9~6
et suiv. ville de ce nom, a5t.
P&OTOPAPAS, bourg d'Albanie 111, 6ï.
PsA&A, ( ile de ) anciennement Psira marine, H,
a66 son port, chef-lieu de cette Me, résidence d'un
sous-bacbi, 5a6; idée de seshabitans, 5z'y.
Prios, ( ville de ) ï, 19 son état actuel, 16 et ao.
PïR&o ,1 92 séjour des névres intermittentes
les plus rébelles Sgô.
R
RAGTSE sa topographie, IH 293 sa population,J
son gouvernement, agS et suiv. son commerce) 3oo.
RAMA z AN; ce que c'est, II, 69.
ces, I, ï~a.
SEt.YMB&iA, ville aujourd'hui Silivri, III, aa'j.
SEcu, ville, aujourd'hui Uskiub Ml, a~.
ScTTARi, ville d'Albanie; son origine, les différens
noms qu'elle a portes, lii, 266 sa situation 26~;i
son château chef-Heu d'un pachalik a63.
SEUM III, empereur turc; commença à régner en.
!~8o son physique, ï 60 sa famille !6t..
SEUM III sa cour, Il aoo et su iv. descriptionde
ses jardins, a38 et suiv. de son harem d'été, a5i
et suiv.
SÊMM aga notice sur ce Turc, II ao8.
SFA<HA, ( ile de ) anciennement §phacterle sa
description, ig; massacre des Lacéd<5moniens
dans cette île, t&
StuvRï ville anciennement appelée Selymbria
y
Bl, aa~.
SiNANo, anciennement Mégalopolis, 1, na preu-
ves de cette assertion, ibid et 11 a son état actuel, n
S&i.AvocHOM, ancienne Amyclée, I, i~; siège
d'un éveché ,187.
So~M, (montagnes de ) autrefois montagnes Cassio-
piennesonCassopéennes,III,ai9;leur topographie, ï a i.
SoTjHOTEs habitans de Souli leurs guerres avec
Aupacha;leursprojets, 122 caractère de cette tribu,
ia3 haine d'Ali pacha contr'elle, /&t~ sentitnens de
la Porte othomane son égard ,12~; moyens de ré-
duction adoptes par Ali fin des Souliotes, 196 état
actuel de ce pays, 12~ et suiv.
SPARTE, son état ancien, I, ï 55 et su!v. sous le BM"
Empire, ï 58; appelée aujourd'hui Mistra, ï 58 entrée
du conquérant de Bysance dans cette ville, ï 58 ruinée
trois ans après par Malatestade Rimiui, t6t~ ses ruines,
168 origine de sou nom, t 69 ancien château, ]~i.
SpENCE& SMïTa sa conduite et celle de son beau-
père envers les prisonniers français, II 6 s'empare
du palais de France, II 8, Q, etc.
SpEzziA, (Me de la) anciennement Tiparenus,
t, ~67 sa description, 5i6 et saiv. son port, 5o~
saville principale, sa population t&<J~ son commerce,
caractère de ses habitans S î 8 départ de cette île, 519.
SpEzzïoTEs leur marine 11, &66.
SpHACTÉRtE, anjonrd'huiSfagia, i5.
STAeOTtS petite ville de l'Albanie, III, 8y.
ST&ATA-HAMMET,1, ~8î, ~.89, ~.83 c'est la voie
antiqne désignée par Pausanias sous le nom de Tro-
c~os,482.
STMo, village de l'Arcadie 1, 5~0, 8o.
STïx, fontaine du Péloponése 1, 8g fontaine
froide se trouveaux environs de l'ancienne Nonacris
ï, 334.
STROPHADES Mes I, t~.
SfTMPHAi.E,lac d'Arcadie, aujourd'hui appelé lac
de Voulsi, I, !45.
S~tZE, ville delà cote d'Afrique,sa situation, II, 3~ S.
T
TATc~TE, montagne de la Lacon!e, aujourd'hui
Pcnté-Dactyloti, 1, 15~ dioerens noms qu'il porte,
t6o, ses dentés, i6t et suiv.
TcausH ce que c'est U "6.
TcHiOM.T ville appelée anciennement Thnrulus
m,228.
TEBELENï ville natale d'Ali pacha sa situation
gouvernée par un aga, III, 63.
TE&EE appelée par les Grecs Paleopolis, et par
Mélétius Paleoepiscopi, 1,t63; idée de la campagne
qui l'environne,ibid; ses ruines, aa~ son vallon, sa
description, ~o etsuiv.
TEMATHiA, montagne, 1, a3; aujourd'hui Saint-
Nicolas, IU,2tï.
TEMPE ( vallon de ), aujourd'hui appelé Lycosto-
mos, II, 55.
TENEDOs, vue et idée de cette ville, 5a8 et Sag
renommée pour ses vins, 111, 2t6.
TE&TZENA, bourg d'Arcadie, I,
ï ïo ses envi-
rons, <&
TaEBEs en Béotie, aujourd'hui Thiva; ce qu'elle
est, !&M~.
TaMMOtYt.Es, sont actuellement un lieu dange-
reux, II, 3<) ce qui reste des tombeauxdes Spar-
tiates, ~o.
TnEssAME, ses eaux, ni, 168; caractère de ses
habitans, 160.
TBiYA.~o~. Thèbes, I, i5ï.
Tau&iA, n'est pas Calamatte, I, 28 sa situation
ibid.
TauR~i.cs ville, aujourd'hui Tchiorlu, Ht, aa8.
TaYRtNTE,lieux ou l'on peut penserque cette ville
exista 1, 5oo.
TïASE., rivière, aujourd'hui appelée rivière de
Mistra, I, ï~5.
TïNA,(Mede)vue de cette île; propreté d'une
sultane, I, 5a3.
TjpA&ENCs, ( Ue de ) aujourd'hut Ue de la Spezzia,
I,i96.
TpRNEsB-CASTEi., surnommé Cleïnoutzi par les
Turcs; idée de cette place, 1~ t~a; ses environs
t~3 ses habitans t&Mf.
TonNESE ( golfe de ) anciennement ~oUe de Che-
Ionites, 1,10.
ToMEus, ( mont) I, a3.
TnEZENE,(portde)aB}OttEd'hoipoKPogon,ÏI, 2~6.
T&E2ENE, (ville de) aujourd'hui Dématta, 1, 35~
Si4.
est peut-être l'ancienneTricça, ÏH, 8~.
TmicAt-A
TMCALA,ville d'AHanie, Itt, ï3i sa situation,
ibid idée de ses habitans, ï 3a.
TniCA&A montagne de Mar~e, I, 5ï.
TmiccA, voy. Tricala, 111, 87 siège d'un pacha-
lik, occupé par un beau-~reEe d'Ali pacha, ibid.
TniPOLiTZA, capitale de la Morée arrivée de
l'auteur dans cette vH!e,I, ~g; présentationau pacha
Belyerbey ibid; enfermé dans le palais, 5o harem
du pacha, 5o son intérieur, Sa sorti pour habiter
en ville, 5g situation de Tripotitza, 1, 6~ sa
description ses fortifications,6g et suiv.
TmpoMTZA, ( environs de ) aaz son vallon
t~. Tégée son canton, 180 s~ description, t&td! ,81.
TntpoMTZA ( ronte de ) Mistra, 1, t6a.
TRÏPOHTZ A, départ de l'auteurroute deTripolitza
àLeme)~
TMMTEMi;( ville de ) sa situation,1,913 ses habi-
tans, ~t< c
T~ïTÉ, ancienne Tritéa, 1, 9~.
T&iTEA, peut-être anjoûrd'hni le village de Trité
79.
Tcnc manière dont il passe le jour, II, 115 et
suiv. mariage, igy.
Toncs, ( récréations des )II, t3~ leurs principaux
dogmes religieux, 98.
To&QUE, marine turque, II, 209 école de des-
sin, aïo; imprimerie, an; musique, ao5.
TDRQTiE ( état de la ) en 1800, II, 176 et suiv..
u
UsKiup, ville, anciennement Scnpi ,111, 3~.
UjtouE, aujourd'hui Porto-Farino, II, 2~6.
v
VAstMPOTAMÔs, suite de son cours 18~ et suiv.
VAmouM, village du Magne, résidence de révêque
de Zarnate, l, an.
ViM,viUage,I, 86.
ViTiLON, on Porto-ViMio, bourgade du Magne,
anciennementOEtylos, I,2i~.
Vont, montagne la plus élevée de l'Arcadie
1,57.
VoNtTZA, ville d'Albanie, anclennem"~ Anacto-
rinm, III, i3~.
VoRBONiA, ville de la Lacome.estunlieamoderae;
Ï~Sg.
VoeTïtZA anciennement Egmm~ 1,101.
Vopt-si, ( étang de ) anciennement Stymphate t
ï,t45
VocMANO, anciennementmont Ithome, 1, 3o.
Y
YANAKt ienne Grec; notice, 11, ï5s et suiv.
sacrMé par Kutchuk Hussein pacha, t5~.
YAKtTZA, peat-étre Atagonie, 1, tSg.
YM, ou Ira, peut-étre Herée, 1, i ï 9.
z
ZACKAMAS,fameux chef de voleurs, 1, a35; son
supplice, 336.
ZANTE, ( garnison française de ) son itinéraire
depuis Castft-Tomèse jusqu'à Tripolitza 1 i3at, 1
ï 33,13~ 135 et suiv. son arrivée au Lagne de Cons-
tantinople, II,
T~3 traitemeus affreux, i~5 le
Lagne sert à renferma les prisonniers de gnerro,
ï~6;Tchiaonx-Bachis, bourreau ~47; description
des maladies 154.
ZARKO, petite ville de l'Albanie, 111, 88.
ZEA, Me, an iennement Cëos, 1, 523.
ZBtTcuN ville sa situation, ~3 ancienne Lamia
foires,
ZoMtE et Parorée, remplacée par Langadia,
2?n de la T~Me ~eKe~/c des ~a~~ir
Ï,
on n'y observe point de ruines; renommée par ses
H, 44-