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NOTE CRITIQUE
HISTOIRE DE LA PARENTÉ OU ANTHROPOLOGIE HISTORIQUE
DE LA PARENTÉ ?
AUTOUR DE KINSHIP IN EUROPEI.
par François-Joseph RUGGIU
L’ouvrage collectif dirigé par David W. chronologique, par la diversité des théma-
Sabean, Jon Mathieu et Simon Teuscher, tiques qu’il aborde et par la force des
Kinship in Europe Approaches to Long- problématiques d’ensemble qu’il offre à la
Term Development (1300-1900), est sans discussion collective. Il part de l’idée que
conteste un des plus stimulants qui aient les divisions traditionnelles entre les diffé-
été récemment publiés dans le champ de rentes sciences humaines ont eu des effets
l’histoire de la famille et de la parenté2. Il majeurs dans le domaine de l’étude de la
paraît à un moment crucial où cette famille et l’étude de la parenté qu’il est
dernière est justement en train de s’auto- peut-être temps de dépasser. Elles remon-
nomiser par rapport aux champs qui lui tent, en effet, à la seconde moitié du XIXe
sont proches comme la démographie siècle, lorsque la sociologie, l’ethnologie
historique. Elle est également en train et l’anthropologie se sont constituées en
d’attirer à elle de plus en plus de cher- tant que sciences au prix de violents
cheurs venus d’horizons différents : les combats épistémologiques qu’elles ont
anthropologues naturellement ; les menées aussi bien les unes contre les
historiens du droit, dont l’apport est autres que contre les humanités clas-
essentiel aussi bien en ce qui concerne siques, en particulier l’histoire (Simiand,
l’étude de la norme que des pratiques 1903). Comme le note Sylvia Yanagisako
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familles et les parentés, ce qui n’est pas Fontaine, qui rappelle l’importance des
sans poser problème. relations de parenté dans les processus de
L’ouvrage est composé de quinze chapi- migration, ou Giulia Calvi qui évoque la
tres dont une introduction signée de place des femmes dans la société toscane
David Sabean et de Simon Teuscher de la période moderne.
(« Kinship in Europe : A New Approach La plupart des auteurs réunis ici pour-
to Long-Term Development ») et une suivent un dialogue fructueux depuis de
conclusion rédigée par David Sabean nombreuses années. Dans la plupart des
(« Kinship and Class Dynamics in Nine- cas, les travaux qu’ils présentent ne sont
teenth-Century Europe »). Après la pas inédits mais ils ont, au contraire,
contribution de Sylvia Yanagisako, les cherché à inscrire des recherches qu’ils
douze autres textes sont répartis en deux mènent depuis longtemps, et dont ils
parties qui correspondent aux deux pério- ont souvent été les pionniers, au sein de
des principalement évoquées : la période l’évolution générale des relations de
tardo-médiévale et moderne d’un côté et parenté esquissée par les éditeurs du
de l’autre, le XIXe siècle. Chaque partie est volume. Ils ont alors été naturellement
introduite par un commentaire qui relie amenés à réemployer, en les resserrant,
les contributions à la problématique les résultats des travaux qu’ils ont réalisés
d’ensemble. Une partie de ces textes sont précédemment comme David Sabean
directement en prise avec la probléma- sur Neckarhausen, Gérard Delille sur le
tique générale du volume, soit qu’ils lui royaume de Naples ou encore Bernard
fournissent des éléments généraux Derouet, au fil d’une belle série d’arti-
comme les contributions de Bernard cles. Kinship in Europe est donc un livre
Derouet (« Political Power, Inheritance, qui récapitule les résultats de plus trente
and Kinship Relations… ») ou d’Elisa- années de recherche et qui leur donne
beth Joris (« Kinship and Gender : une cohérence par la construction d’un
Property, Entreprise and Politics »), soit récit historique destiné à remplacer celui
qu’ils l’illustrent par des exemples comme du déclin de la parenté dans les sociétés
celles de Jon Mathieu (« Kin Marriages : occidentales. Ce n’est pas la moindre de
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de la parenté qui ont été explorées par parenté sur les relations sociales mais
les chercheurs dans les dernières années, aussi par une influence accrue par
et par lesquelles l’évolution esquissée rapport à la période précédente. Cette
dans cet ouvrage pourrait être confirmée influence prendrait cependant une forme
ou infirmée4. plus horizontale avec une insistance plus
grande sur l’alliance et sur l’affinité que
sur la filiation. Pour les éditeurs de Kins-
RÉFLEXIONS SUR LES SYSTÈMES hip in Europe, la société du XIXe siècle
DE PARENTÉ
serait une « kinship-hot society » et le
Les éditeurs de l’ouvrage distinguent serait davantage que les périodes précé-
dans l’histoire de l’Occident deux pério- dentes. C’est une position forte qui va
des durant lesquelles les relations au sein donc à l’encontre d’une grande partie de
de la parenté ont tendu à s’organiser de l’enseignement actuel de l’histoire de la
manière différente. La première période famille et de la parenté.
commence à la fin du Moyen Âge et La seconde moitié du XIXe siècle ainsi
s’étend jusque dans la seconde moitié du que la période de la Révolution fran-
XVIIIe siècle. Elle est marquée par l’efface- çaise, et de ses extensions en Europe,
ment de l’organisation plutôt horizon- apparaissent ici cruciale. Les formes de
tale des relations de parenté qui préva- désignation des élites ont été boulever-
laient aux siècles précédents et par la sées et le mérite, ainsi que le travail, ont
mise en place progressive d’une organisa- commencé à prendre le pas sur la nais-
tion verticale qui privilégie la filiation. sance. Il a été également mis un terme à
Cette période voit également l’appari- un vaste ensemble d’appropriations
tion de systèmes de dévolution de l’héri- familiales des ressources publiques, au
tage d’inspiration patrilinéaire et qui premier rang desquelles les charges et les
cherchaient donc à faire demeurer les offices, comme les offices de justice en
biens d’une famille dans sa ligne mascu- France, par exemple, ou bien les places
line. Ils favorisent donc l’héritage par les dans les gouvernements municipaux en
hommes et, plus exactement, dans Espagne, qui pouvaient jusqu’alors être
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Le mécanisme qui est au cœur de cette Owens, 2003). Élisabeth Joris a, d’ail-
évolution est le mariage. Il a tendu à deve- leurs, centré son texte sur le rôle des
nir de plus en plus endogamique à la fois femmes dans le contrôle et la transmis-
en termes de classes, de « milieux » et de sion du capital dans la Suisse du long
consanguinité (p. 187). Les familles déjà XIXe siècle (p. 231-257).
alliées ont, en effet, tendu à multiplier les
alliances, soit sur une génération (maria-
ges de frères et de sœurs), soit sur
LES RENCHAÎNEMENTS
D'ALLIANCE, UN ÉLÉMENT
plusieurs générations (mariages répétés de
cousins à différents degrés). Elles ont STRUCTURANT DES SYSTÈMES DE
également cherché à croiser toutes les PARENTÉ EUROPÉENS ?
formes possibles de relations familiales Une difficulté que présente Kinship in
comme le parrainage, la tutelle des Europe, d’ailleurs reconnue par les
mineurs ou encore la présence à la signa- éditeurs scientifiques, est que toutes les
ture d’un acte de mariage ou d’un testa- contributions n’entrent pas à égalité dans
ment (entre autres, Alfani, 2007b, 2008, la trame narrative qu’ils ont construite.
2009 ; Perrier, 1998 ; Beauvalet et Gour- Les analyses de Gérard Delille (« Kins-
don, 1998 ; Jahan, 1999 ; Viret, 2004). hip, Marriage, and Politics »), qui
Les éditeurs de l’ouvrage avancent, enfin, portent sur la première période, de la fin
que le mouvement qu’ils dessinent, en du Moyen Âge au XVIIIe siècle, s’en
particulier la centralité du mariage entre distinguent, en effet, nettement. Il se
premiers cousins, n’est pas contradictoire situe dans le droit fil des études de
avec le fait que les relations personnelles Claude Lévi-Strauss et de Françoise
entre les époux ont pris, à la fin du XVIIIe Héritier qui considèrent que c’est l’al-
siècle, une tournure de plus en plus liance, plutôt que la filiation, qui est
« romantique », qui a posé l’harmonie des située au cœur des relations de parenté et
sentiments et la similitude des personna- qu’elle ne peut suivre qu’un nombre fini
lités comme les fondements d’une union « de figures de base » (Héritier, 1981,
réussie (p. 188). Ils s’appuient là sur une 161). Le point de départ de la réflexion
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les bouclages de l’alliance sont survenus ce système est, selon lui, la forte
dès que l’interdit de consanguinité fixé inflexion patrilinéaire des sociétés de
par le concile de Latran s’est effacé, c’est- l’époque moderne, ce qui va à l’encontre
à-dire à partir du 4e-5e degré de consan- d’autres chercheurs qui valorisent leur
guinité. Gérard Delille indique que ce dimension bilatérale ou cognatique.
comportement peut être repéré chez Plusieurs critiques peuvent être faites
d’autres familles de Manduria. Il relie ces à l’argumentation de Gérard Delille. La
bouclages d’alliance, par lesquels les première est avancée par Jon Mathieu
descendants de deux couples d’ancêtres dans sa contribution à Kinship in
échangent des conjoints sur plusieurs Europe (p. 211-230), où il note qu’il est
générations, à une autre forme d’intensi- difficile de prouver que les acteurs
fication des liens entre deux familles. Elle étudiés avaient une mémoire aussi éten-
est, cette fois-ci, horizontale (ou entre due de la parenté, surtout en dehors des
des gens de la même génération) et non familles de l’élite et qu’ils étaient donc
plus verticale (ou au fil des générations). capables de mener les calculs généalo-
Il s’agit des mariages dits « remarqua- giques que requiert l’échange entre les
bles », c’est-à-dire des mariages de deux lignées alternées (Delille, 2007, 155).
frères avec deux sœurs, ou bien d’un Comme l’avait déjà perçu Jean-Louis
frère et d’une sœur avec un frère et une Flandrin, les écrits du for privé, comme
sœur ou encore d’un cousin avec une les livres de famille, les diaires, les
cousine. Mémoires, les journaux, les autobiogra-
Au fil de ses articles, Gérard Delille a phies, ou les correspondances, forment
donné bien d’autres exemples de ici un ensemble documentaire fonda-
l’échange entre lignées alternées, chez les mental (Flandrin, 1976). Ils montrent
tailleurs de pierre de Fiesole en Toscane, une réelle profondeur généalogique de
chez les bouchers de Limoges, où il a la plupart des scripteurs, y compris chez
repéré des mariages internes aux lignées ceux qui appartiennent aux groupes
entre le 5e-6e degré et le 6e-7e degré de moyens ou inférieurs de la société, mais
consanguinité, ou encore dans les qui, la plupart du temps, ne remonte
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remonter à l’ancêtre commun, n’échap- échanges observés. Or, les études actuelles
pent pas aux intéressés eux-mêmes » convergent pour mettre en avant le fort
(Collomp, 1977). Les autobiographies taux d’extinction biologique des familles
populaires du XIXe siècle comme les et la réelle mobilité de ces populations en
enquêtes sociologiques plus récentes particulier en milieu urbain (Bardet,
vont d’ailleurs dans le même sens 1983, 210-217). Le nombre de familles
(Gourdon, 2001 ; Le Wita, 1988). stables sur plus de trois générations dans
Jean-Marie Gouesse a récemment une même ville ou dans un même village
montré que les villageois du diocèse de apparaît donc réduit8. Quelle place le
Coutances, en Normandie, semblaient système de parenté européen, évoqué par
avoir, au XVIIe siècle, une doctrine à eux Gérard Delille, fait-il alors à ces familles
sur les empêchements au mariage, qu’ils dont la mobilité empêche le bouclage des
avaient bricolée à partir d’éléments alliances ? Une troisième remarque
disparates issus de pratiques anciennes et concerne le matériel utilisé par l’historien
de la coutume normande (Gouesse, qui s’appuie le plus souvent, sur la lecture
2008). Ils prêtaient ainsi une attention de généalogies reconstituées soit par les
moindre à la parenté féminine qu’à la intéressés, soit par les généalogistes de
parenté masculine ; ils ne reconnaissaient l’époque moderne et les érudits du XIXe
pas les empêchements d’affinité ; et siècle, soit, enfin, par lui-même. Il s’agit
surtout, ils pensaient avoir le droit de presque toujours de généalogies incomplè-
s’épouser « du tiers au quart », c’est-à-dire tes qui excluent une partie des mariages,
du troisième au quatrième degré de comme ceux conclus par les individus qui
parenté, ce qui dénote, là encore, une n’ont pas été essentiels pour la transmis-
faible profondeur du système de parenté. sion effective des biens. Gérard Delille
Les paysans normands ont ensuite été intègre, d’ailleurs, ce fait à sa réflexion
vigoureusement initiés au respect des pour estimer que ces généalogies, à
principes du concile de Trente par les l’image de celles dressées par le père
missions religieuses et les évêques réfor- Anselme pour la noblesse française à
mateurs. Guy Tassin a, également, noté partir des enquêtes des années 1660,
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sacrement (Bossy, 1985 ; Goody, 1986 ; autorisés avec une dispense accordée par
Harrington, 1995 ; Watt dans Kertzer et le conseil royal jusqu’en 1844, date à
Barbagli, 2001). Sur la question des laquelle ils sont devenus libres. Les
empêchements, les Réformateurs pen- mariages entre seconds et troisièmes
chaient pour une suppression des prohi- cousins semblent, quant à eux, n’avoir
bitions liées à la parenté spirituelle et plus été interdits à partir de la Réforme
pour un allégement de celles liées à la (Egerbladh et Bittles, 2008, 206-207).
consanguinité et à l’affinité même s’ils En Angleterre, les cours ecclésiastiques
n’ont pas été d’accord entre eux sur ce ont continué, dans bien des domaines, à
point. Alors que Luther était partisan de appliquer les règles de l’Église médiévale
s’en tenir aux seules relations mention- même après l’adoption en 1559-1563
nées dans le Lévitique (18, 7-18), Calvin d’une confession de foi protestante. Mais,
fut un peu plus restrictif et incluait tous en ce qui concerne le mariage, l’arche-
les parents du même degré que ceux vêque de Canterbury a promulgué, en
explicitement mentionnés dans le Lévi- 1560 puis en 1563, une « table of kindred
tique (Ottenheimer, 1996, 68-69). Les and affinity » qui précisait quels étaient
autorités civiles, qui décidaient en ces les trente parents qu’un homme ou une
matières, n’ont, de toute façon, pas femme ne pouvait épouser (c’est-à-dire,
toujours suivi leurs avis. Jon Mathieu a pour nous en tenir à un seul exemple,
ainsi étudié la politique matrimoniale pour un homme, sa grand-mère, sa tante,
des cantons suisses passés à la Réforme sa mère, sa sœur, sa fille, sa petite-fille, sa
zwinglienne. Les autorités ont décidé, en nièce ainsi que les parents de ces mêmes
1533, de prohiber seulement les maria- degrés de sa femme décédée). Dans les
ges au troisième degré et en deçà, puis, années 1660, les juges de la common law
malgré les vœux de leurs pasteurs, elles ont alors confirmé la légalité du mariage
sont devenues de plus en plus laxistes. entre premiers cousins mais ont main-
Au tournant des XVIe et XVIIe siècles, elles tenu l’interdiction du mariage entre un
ont donc introduit l’usage de dispenses homme et la sœur de sa femme décédée
pour les mariages entre parents du troi- (Trumbach, 1978, 18-33)10.
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fin du XIXe siècle. Il note une nette 1200 et 1300 couples bénéficièrent de
augmentation du nombre de dispenses ces dispenses dans les années 1880, ce
au cours de la période accompagné d’une qui signifie que sur cent remariages, il y
augmentation du nombre de mariages avait alors environ 3 remariages entre un
entre parents proches, y compris les beau-frère et une belle-sœur.
premiers cousins. Pour ne donner qu’un Bien d’autres travaux attestent une
exemple, à Simplon-Dorf, dans le Valais, augmentation du nombre de mariages
le nombre de dispenses demandées est de entre parents proches à la fin de la
zéro dans la première moitié du XVIIe période moderne et au XIXe siècle.
siècle ; il est de 36 pour la seconde moitié L’étude de cinq villages de la Valserine
du XVIIIe siècle dont 4 entre parents montre que le nombre des unions qui
proches et de 45 dans la seconde moitié ont réclamé une dispense de consangui-
du XIXe siècle dont 14 entre parents nité est de 7,3 % entre 1750 et 1799,
proches12. qu’il atteint un maximum de 9,5 %
Dans son étude pionnière sur la ques- entre 1800 et 1850 et qu’il redescend à
tion, Jean-Marie Gouesse avait pris une 7,7 % entre 1850 et 1899 (Bideau et al.,
autre perspective en travaillant non à 1994). Les auteurs notent, d’une part,
l’échelle d’un village ou d’une paroisse que les valeurs sont plus élevées dans les
mais à celle des États à partir des dispen- villages de la haute vallée et que dans les
ses accordées par la Curie romaine au villages plus faciles d’accès et, d’autre
XVIIIe siècle (Gouesse, 1986). Il a montré part, qu’il s’agit là d’un niveau relative-
que l’endogamie familiale proche était ment modéré par rapport à d’autres
marginale au XVIIIe siècle en France (prise villages des hautes vallées savoyardes, ce
dans ses limites de 1861) : 1,5 ‰ des qu’ils expliquent par un enregistrement
mariages en 1753 ; de l’ordre de 2 ‰ minimal des dispenses. Si l’ordre de
vers 1766-1768 ; 3,1 ‰ en 1787, soit un grandeur n’est donc pas tout à fait exact,
doublement qui est, en lui-même, le mouvement d’augmentation dans la
remarquable. Au XIXe siècle, les mariages première moitié du XIXe siècle peut être,
entre proches parents semblent s’être en revanche, considéré comme valide.
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relativement rares et, souvent, elles n’ont pouvoir s’y arrêter longuement,
pas été construites pour permettre une telle quelques-unes des voies possibles. Un des
analyse. Nous disposons cependant de indicateurs qui intéressent le plus actuel-
chiffres pour une région située autour de la lement la communauté scientifique est le
ville de Skelleftea, dans le Västerbotten, au choix d’un parrain ou d’une marraine
nord de la Suède entre 1720 et 1899 (Alfani, 2007b). La parenté spirituelle
(Egerbladh et Bittles, 2008). La progres- n’est pas réellement un lien social faible
sion des mariages au sein de la parenté y dans les sociétés occidentales même si elle
est réelle puisque les mariages entre les n’est clairement pas un lien aussi fort que
premiers, deuxièmes et troisièmes la parenté proche consanguine ou affine.
cousins passent de 2,34 % des 979 Le fait d’être parrain ou marraine
mariages recensés entre 1780 et 1799 à suppose, d’abord, une présence très
7,19 % des 1655 mariages contractés symbolique de la ou des personnes choi-
entre 1820 et 1839 et à 8,75 % des sies à un moment décisif de la vie d’un
unions conclues entre 1880 et 1899. Les chrétien, celui de son entrée dans la
chiffres pour les seuls mariages entre communauté des croyants et du don de la
premiers cousins, dont le régime a promesse de salut portée par la religion
changé au cours de la période, comme chrétienne. Le rite est spirituellement
nous l’avons vu, sont respectivement de puissant et l’engagement pris par le
0,5 %, 1,45 % et 2,9 %. Nous retrou- parrain et la marraine ne peut être réduit
vons donc ici la nette augmentation des à sa dimension conjoncturelle car il
mariages entre cousins repérée à partir entraîne, au moins en principe, leur
des dispenses et, peut-être, aussi le palier implication dans la vie de leur filleul.
représenté par le premier XIXe siècle, qui Selon Guido Alfani, la principale rupture
a été déjà observé et qui semble un point est survenue dans ce domaine au cours
à explorer davantage (Segalen, 1985, du XVIe siècle, lorsque les Réformateurs,
127). Mais la recherche doit être appro- même s’ils ont maintenu cette institu-
fondie avant de conclure d’une manière tion, l’ont privée de toute dimension
définitive d’autant plus qu’il ne faut pas spirituelle, et surtout lorsque le concile de
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ne représentaient que 16,64 % (175 sur tous les éléments qui évoquent bien au
871) des témoins mentionnés dans les XIXe une « familialisation » des relations
actes de mariage passés entre 1727 et sociales mais il convient néanmoins
1768 (Trévisi, 2008, 183-184). Si on d’être prudent. Par ailleurs, Vincent
leur ajoute les indéterminés, qui ne Gourdon a attiré, dans ses articles, l’at-
devaient pas être, pour la plupart d’entre tention sur l’existence au XIXe siècle
eux, des parents, la proportion ne monte d’un « entre-deux » parisien et, de
qu’à 25,25 % (220 sur 871) ce qui signi- manière générale, d’un « entre-deux »
fie qu’à peu près 75 % des témoins du urbain, qui est valable aussi bien pour le
mariage à l’église étaient des parents. À choix des parrains et des marraines que
Amiens, en Picardie, entre 1776 et pour celui des témoins au mariage reli-
1783, les parents formaient également gieux ou civil. C’est vrai également au
92,1 % des témoins à la signature des XVIIIe siècle car Marion Trévisi a montré
contrats de mariage passés chez le que les témoins familiaux au contrat de
notaire et qui constituaient un acte civil mariage étaient beaucoup moins nom-
réglant les relations économiques entre breux à Paris qu’ailleurs : 63,5 % en
les époux (Trévisi, 2008, 195). 1725, 48,6 % en 1749-1750 et 54,8 %
Le problème ici est que les cérémonies en 1775 (Trévisi, 2008, 188). Dans les
et les actions liées au mariage ou au grandes villes, les tendances sont donc
baptême pouvaient avoir des sens cultu- plus difficiles à identifier et surtout à
rels différents selon les circonstances et
expliquer d’une manière univoque, ce
selon les individus qui étaient, en effet,
qui ramène à un des problèmes que
pris dans des déterminations sociales et
posent la plupart des analyses évoquées.
religieuses variées et parfois contradic-
Elles concernent, en effet, pour l’essen-
toires. Vincent Gourdon l’a clairement
démontré pour le témoignage au tiel les campagnes, ce qui est parfaite-
mariage civil au XIXe siècle (Gourdon, ment recevable puisqu’elles abritent la
2008a) ainsi que pour le parrainage à grande majorité de la population de
Paris à la même époque (Gourdon, l’Europe à l’époque moderne et encore
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pour point commun d’être sans enfant considéré longtemps comme caractéris-
et donc disponibles pour ces saisissan- tique des XIXe et XXe siècles. L’amour entre
tes anamorphoses de la parenté. Nous cousins est censé, par ailleurs, naître entre
pourrions également rapprocher l’ana- des êtres qui se fréquentent depuis long-
lyse que fait Simon Teuscher des formes temps de la même manière que l’affection
de coopérations quotidiennes au sein au sein des couples de la première moder-
de l’élite bernoise de la fin du Moyen nité devait surgir de la relation instaurée
Âge, où les individus « tended to coope- par le mariage et n’en était donc pas un
rate with individuals that they picked préalable à la différence des mariages
selectively and for rather short period « romantiques ». L’union avec le cousin ou
of time from a wide range of remote la cousine, était, dans ce sens, le fruit d’un
kin as well as from among other certain conservatisme relationnel propre
acquaintances » (p. 79), avec les obser- aux élites.
vations que nous avons nous-mêmes pu
faire sur les élites carolopolitaines et
amiénoises dans la seconde moitié du
GROUPES SOCIAUX
ET CULTURES FAMILIALES
XVIIIe siècle, au sein desquelles les indivi-
dus tendaient à élire au sein de leur Justement, les éléments réunis sur le
parenté des parents préférés avec lesquels mariage dans Kinship in Europe concer-
ils entretenaient des liens plus intenses nent essentiellement les élites voire les
qu’avec les autres (Ruggiu, 2007). familles royales et princières pour
Dans cette perspective, où la parenté est lesquelles les règles de parenté ont
importante mais où l’élection en son sein toujours été différentes de celles des autres
l’est tout autant, le mariage entre cousins groupes de la société (Bély, 1999). Pour
ne serait-il donc pas désirable, surtout au les familles situées depuis un certain
XIXe siècle, avant tout parce qu’il est un temps au sommet de leur échelle sociale,
mariage avec un « semblable » ? Le terme les égaux épousables ou que l’on peut
de « semblable », dans lequel nous englo- choisir comme parrains ou marraines
bons les gens qui sont extérieurs à la pour ses enfants, sont souvent aussi des
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pas prouvé qu’il concerne également les intériorisée par ses acteurs, dessine « natu-
groupes moyens de la société ou encore les rellement » pour eux des chemins qu’ils
masses rurales et, de plus en plus, urbaines doivent emprunter dans le cadre, bien
de la population? La question de l’urbani- sûr, à l’échelle de la communauté
sation, d’ailleurs, et des transformations auxquelles ses familles appartiennent, de
qu’elle induit, apparaît d’ailleurs peu prise systèmes plus larges de contraintes
en compte dans le volume alors que d’au- normatives ou pratiques.
tres évolutions fondamentales de la La transmission des vocations religieuses
société des XVIIIe et XIXe siècles, comme la au sein de certaines familles est ainsi un
progression de l’économie capitaliste, le phénomène très intrigant. Les historiens
sont bien davantage. avancent souvent que les familles nobles
Mais nous aimerions avancer ici une ou bourgeoises faisaient entrer un cadet
autre direction de recherche que les diffé- dans les ordres pour recueillir un béné-
rentiations de comportement selon les fice familial ou bien envoyaient les cadets
classes sociales. Il nous semble, en effet, et les cadettes en surnombre au couvent
qu’une partie des comportements obser- pour éviter de morceler le patrimoine.
vés ne ressortissent pas à la volonté de Christophe Duhamelle a ainsi magistra-
groupes sociaux de se conformer à des lement montré la manière dont les ligna-
normes légales, civiles ou religieuses, ni à ges des chevaliers d’Empire se sont cris-
l’incorporation, et à la restitution, de tallisés autour de la transmission au sein
modèles mais bien plutôt à l’élaboration des familles des plus prestigieux canoni-
au sein des familles d’une culture spéci- cats allemands (Duhamelle, 1998). Mais
fique, nourrie des expériences partagées il est aussi démontré que cette explica-
par un ensemble restreint d’individus et tion traditionnelle ne valait pas pour
qui est reproduite, voire radicalisée, au fil certaines familles de la noblesse ou de la
des générations19. La culture familiale, bourgeoisie urbaine française. Elles
transmise par l’observation des compor- formaient dans les villes un milieu
tements de la génération précédente ou « dévot », dont les familles étaient généra-
des collatéraux ainsi que par l’éducation lement liées les unes aux autres, et qui
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qui finissent par produire un spectaculaire l’avait déjà noté, à propos des lignées de
effet d’entraînement mais limité à un petit paysans bas-bretons qu’elle a reconsti-
nombre d’individus. Le cas exemplaire de tuées : « Renchaînements et mariages
la famille Le Pas de Sécheval et de la consanguins se cumulent dans les bran-
famille Pirson, qui résidaient à Verviers ches où patrimoine et prestige sont à
au début du XVIIe siècle, et dont prati- conserver, mais ils ne sont ni aussi systé-
quement tous les membres d’une famille matiques, ni de même densité dès lors
ont épousé un membre de l’autre, dans le que des différentiations sociales et écono-
cadre de mariages pour la plupart oncle- miques s’instaurent au sein des lignées. »
tante/nièce-neveu, relève de ce phéno- (Segalen, 1985, 156). Ce phénomène a,
mène (Delille, 2000, 227). Claire Chate- également, été récemment mis en valeur
lain a également montré la manière dont par Mathieu Marraud dans sa puissante
la famille Miron est (trop) longtemps étude de la grande bourgeoisie mar-
demeurée fidèle à un mode particulier chande parisienne de la fin du XVIIe siècle
d’alliances passant par l’hypogamie des et du XVIIIe siècle (Marraud, 2009). Il y a
filles, alors même qu’il n’était plus prati- repéré une vaste constellation familiale
qué dans le milieu auquel elle apparte- porteuse d’une culture inclusive qui a pu
nait et dans lequel elle était de plus en imposer, sur la longue durée, à ses
plus en difficulté (Chatelain, 2008)20. La membres un mariage endogame pour
notion de « cultures familiales » semble éviter le morcellement du patrimoine et,
relativement souple pour rendre compte surtout, le déclin des sociétés marchan-
d’un dernier problème que pose l’identi- des qui en constituaient le cœur. Mais les
fication du mariage entre proches familles qui la composaient ont su orien-
parents comme un élément fondamental ter à nouveau leurs unions vers l’exté-
du comportement des élites bourgeoises rieur de la constellation afin, d’une part,
du XIXe siècle. Il est, en effet, contradic- d’écarter les rameaux en déclin, même si
toire avec une autre tendance majeure de elles continuaient à exercer envers elles
ces élites, qui est justement la visée des formes de solidarité et, d’autre part,
hypergamique, en particulier pour les de permettre à certains de leurs mem-
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moment là les sociétés occidentales, en aux élites mais elles avaient surtout un
particulier la société française. David D. point commun qui est d’avoir réussi à se
Bien a ainsi montré que les projets de stabiliser pour un temps donné et dans un
réforme de l’armée française dans les lieu donné. L’étude de ces mécanismes de
années 1760 et 1770 accordaient un rôle stabilisation des individus et des familles
de plus en plus fondamental à la famille, dans l’espace social, en particulier urbain,
conçue comme le creuset où les vertus sera un des grands champs pionniers de
militaires devaient se transmettre de père l’histoire sociale des prochaines années et
en fils. La nécessité d’une « préférence les historiens de la famille et de la parenté
familiale » devint sous-jacente dans la en seront parmi les acteurs essentiels (de
plupart des réformes qui furent adoptées Putte, Neven et Oris, 2007). L’organisa-
alors. Le rapport rédigé en 1787 par le tion de la circulation des biens, récem-
comte de Guibert pour le conseil de la ment explorée pour la noblesse française
Guerre évoque ainsi sans détours « cette (Haddad, 2009) ainsi que pour les élites
classe précieuse des fils ou frères des parisiennes (Chatelain, 2008 ; Marraud,
anciens officiers des régiments, espèce à 2009), est ici un instrument fondamental.
laquelle il est si essentiel d’assurer des La notion de « cultures familiales », qui
emplois parce qu’elle fournit de bons offi- désigne les mécanismes par lesquels les
ciers, que c’est elle qui met dans les corps familles stabilisées constituent et se trans-
l’esprit de famille et qui attache au service mettent leurs propres règles de fonction-
du Roi les pères par les enfants et les nement et leur propre mé-moire, nous
enfants par les pères » (Bien, 1974, 523). semble être un autre outil par lequel les
La redéfinition des rôles parentaux et individus médiatisent les valeurs générales
l’émergence d’une nouvelle figure grand- des groupes sociaux.
parentale forment une autre de ces trans- Au-delà, l’ouvrage nous fait réfléchir
formations des années 1750 et 1760 sur l’impact de l’anthropologisation des
(Gourdon, 2001). Nous pourrions aussi études sur la parenté à l’époque moderne
évoquer ici la virilisation des rapports et au XIXe siècle qui nous semble plus
sociaux, qui est sensible dans la dégrada- poussée en France que, par exemple, dans
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NOTES
1. Les premières versions de cet article ont été 3. Dans le cours de l’article, les numéros entre
présentées en 2008 au Séminaire d’histoire de la parenthèses renvoient aux pages du volume.
démographie et de la famille de l’université de 4. Nous appelons « mariages entre parents
Paris-Sorbonne (Centre Roland Mousnier) et, en proches » les mariages impliquant des parents
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déroule alors à toutes les étapes de la vie des a étudiés, ce qui empêche d’apprécier l’ampleur
parents et une fille dotée reçoit bien une part de du mouvement.
l’héritage parental même si elle est plus faible que 13. http://historicaldemography.net/
celle qu’elle aurait été, en cas de partage égalitaire documents/program_patrinus_fr.pdf
à la mort des parents, des biens de la génération
14. L’étude porte sur 17 000 certificats de
précédente. Elle n’en est donc pas exclue.
mariage pour les trois communes de Leuwen,
6. Gérard Delille et David Sabean s’accordent Aalst et Bierbeck de 1800 à 1913.
cependant pour faire de la seconde moitié du
15. Cyril Grange a ainsi travaillé sur 114 généalogies
XVIIIe siècle la période de transition. Le premier y
descendantes de familles de la haute bourgeoisie
repère l’effacement du système d’échange entre
juive française. Il a observé l’importance de l’inter-
lignées alternées et l’essor des mariages conclus
connexion entre ces familles : 85 d’entre elles
entre individus apparentés ou non. Comme nous
entretiennent des liens d’alliance dans la période
le verrons plus bas, le second date de cette
1850-1899. Il a également relevé 42 mariages
période l’explosion des mariages consanguins.
renchaînés sur 355 pour la période 1800-1959
7. Voir également la contribution de Simon (11,8 %) avec une décroissance régulière à partir
Teuscher qui utilise la chronique de Ludwig von des années 1880 (Grange, 2005, 145).
Diesbach (p. 83-85).
16. En France, où les charges municipales sont, à
8. Voir, là encore, Alain Collomp, 1977 : « Cette l’époque moderne, électives ou cooptatives, les
dernière reconstitution, génération après généra- chercheurs ont tous souligné, sans pour autant le
tion, bute assez souvent au bord d’un vide ou quantifier systématiquement, le haut degré d’in-
d’une cassure : la famille-souche s’arrête par termariage dans les lignages d’édiles municipaux
défaut de descendants, ou bien est partie faire (Guignet, 1990 ; Saupin, 1996 ; Mouysset, 2000 ;
souche ailleurs. » Coste, 2006, 2007 ; Junot, 2009). Ne travaillant
9. La bibliographie sur le mariage en Europe aux généralement pas sur les généalogies ascendantes
époques médiévale, moderne et contemporaine ou descendantes des édiles, ils ont cependant
est imposante mais la question des interdits au rarement étudié les renchaînements d’alliances ou
mariage est rarement abordée pour elle-même les mariages remarquables. Les analyses sont à
(Trévisi, 2008, 486-491). peu près identiques pour l’Angleterre (Ruggiu,
10. En Angleterre, la forme d’un mariage valide 2002) mais la situation est très différente en
Espagne ou en Italie où les charges municipales
n’a pas été définie avant le Clandestine Marriage
étaient souvent héréditaires (Delille, 2003).
Act (ou Hardwicke’s Marriage Act) de 1753. Une
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au XIXe siècle. Mais il reste en grande partie fidèle di discendenza unilineare, o quello dell’identità tra
à la tradition historiographique d’où elle lignaggio e cognome, né tanto meno ad una cate-
provient, qui est celle de l’étude des sociabilités goria normativa fondata sui criteri della consangui-
telle que l’a initiée Maurice Agulhon, en France. nità » (Raggio, 1997, 39). Voir également Sandro
21. Nous rejoignons également ici les analyses Lombardini : “In our case, I think we have been
d’Osvaldo Raggio : « Da questi processi la parentela able to perceive how kin group in and around
emerge come una costruzione sociale fondata sulle Mondovì may more fruitfully be conceived of as
interconnessioni (e manipolazioni) tra fatti biolo- socially constructed networks of exchange than as
gici, fatti culturali et fatti politici. [...] Per questo la the outcome of a norm of consanguinity.”
categoria di parentela non può essere ridotta ad un (Lombardini, 1996, 244).
unico concetto, come ad esempio quello di gruppo
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