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Nadav Na’Aman
Dans Annales. Histoire, Sciences Sociales 2003/6 (58e année), pages 1321 à 1346
Éditions Éditions de l'EHESS
ISSN 0395-2649
ISBN 9782200909642
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royaumes. Par exemple, seuls quelques dirigeants israélites et judéens sont men-
tionnés dans les inscriptions royales et sur les sceaux. Les informations tirées de
ces sources sont peu détaillées et de portée réduite. Confrontées au récit biblique,
elles autorisent à combler certaines lacunes et contribuent à évaluer l’authenticité
des descriptions bibliques. Mais, prises séparément, elles n’offrent qu’un apport
limité. Sans l’histoire biblique, les données non bibliques et archéologiques ne
nous permettraient pas de dessiner une histoire même schématique des royaumes
d’Israël et de Juda. De plus, le développement unique de la religion et de la culture
israélite demeurerait un mystère puisque les sources épigraphiques et archéo-
logiques n’y font aucune allusion.
1 - Ceci fut déjà établi au milieu des années 1970 : voir THOMAS L. THOMPSON, The
Historicity of the Patriarchal Narratives: The Quest for the Historical Abraham, Berlin, Walter
de Gruyter, 1974 ; JOHN VAN SETERS, Abraham in History and Tradition, New Haven-
Londres, Yale University Press, 1975.
2 - Pour la domestication des camélidés, voir RICHARD W. BULLIET, The Camel and the
Wheel, Cambridge, Harvard University Press, 1975, pp. 28-86 ; ERNST AXEL KNAUF,
« Midianites and Ishmaelites », in J. F. A. SAWYER et D. J. A. CLINES (éds), Midian, Moab
and Edom History. The History and Archaeology of Late Bronze and Iron Age Jordan and North-
West Arabia, Sheffield, Academic Press, « Journal for the Study of the Old Testament
Supplement-Series 24 », 1983, pp. 147-162 ; de même, pour les écrits récents, Midian:
Untersuchungen zur Geschichte Palästinas und Nordarabiens am Ende des 2. Jahrtausends v.
Chr., Wiesbaden, O. Harrassowitz, 1988, pp. 9-15. 1323
NADAV NA’AMAN
cités-États cananéennes, a pour origine les migrations vers l’est des populations
d’Anatolie occidentale et de la mer Égée, les « Peuples de la mer », parmi lesquels
les Philistins. Ces populations atteignirent les côtes de Canaan après avoir détruit
une grande partie de l’empire hittite, y compris les royaumes d’Alalakh et d’Ougarit.
Des pasteurs et d’autres populations ouest-asiatiques ayant quitté leurs villes parti-
rent pour Canaan au XIIe siècle et rejoignirent les populations sédentaires déraci-
nées et les nomades locaux. L’arrivée de ces groupes de migrants, de diverses
origines, la destruction des villes cananéennes ainsi que le retrait des Égyptiens de
Canaan, dans la seconde moitié du XIIe siècle, précipitèrent la chute de la civilisation
du Bronze tardif. C’est à peu près à la même époque que des populations pasto-
rales et déracinées commencèrent à s’installer massivement, partout en Palestine, y
compris dans la région des collines et dans les marges occidentales et orientales qui
n’étaient pas habitées à la fin de l’âge du Bronze 3. La population palestinienne de
l’âge du Fer I (XIIe-XIe siècles) était constituée de groupes de Cananéens autochtones,
de pasteurs nomades vivant en Canaan et sa périphérie, ainsi que d’émigrés arrivés de
pays lointains 4.
La Bible décrit une nation unie, qui possédait une identité ethnique, religieuse
et culturelle distincte, n’ayant rien à voir avec celle de ses voisins, une nation qui,
arrivée de l’est, a conquis Canaan avant de s’y installer et a préservé son identité
d’origine pendant des générations. Cependant, cela ne correspond ni aux décou-
vertes archéologiques, anthropologiques et ethnographiques ni aux documents his-
toriques. Étant donnée l’ampleur des décalages entre la description biblique des
débuts d’Israël et la réalité historique, les chercheurs en sont venus à mettre en
doute toute l’histoire biblique de la période pré-monarchique. Puisque son historicité
était réfutée, il était nécessaire de suggérer un autre modèle pour comprendre l’émer-
gence d’Israël sur la scène historique. Ce nouveau modèle diffère, dans ses postulats
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3 - ISRAEL FINKELSTEIN, The Archaeology of the Israelite Settlement, Jérusalem, Israel Explo-
ration Society, 1988 ; ID. et NADAV NA’AMAN (éds), From Nomadism to Monarchy. Archaeo-
logical and Historical Aspects of Early Israel, Jérusalem, Yad Izhak Ben-Zvi & Israel
Exploration Society, 1994.
4 - GEORGE E. MENDENHALL, « The Hebrew Conquest of Palestine », Biblical Archaeolo-
gist, 25, 1962, pp. 66-87 ; NORMAN K. GOTTWALD, The Tribes of Yahweh: A Sociology of the
Religion of Liberated Israel, 1250-1050 BCE, Maryknoll, Orbis Books, 1979 ; NIELS PETER
LEMCHE, Early Israel. Anthropological and Historical Studies on the Israelite Society Before
the Monarchy, Leyde, E. J. Brill, 1985, pp. 416-437 ; ID., The Israelites in History and Tradi-
tion, Londres-Louisville, Westminster John Knox Press, 1998, pp. 65-85 ; GÖSTA W.
AHLSTRÖM, Who Were the Israelites?, Winona Lake, Eisenbrauns, 1986, pp. 11-36 ;
1324 I. FINKELSTEIN, The Archaeology of the Israelite..., op. cit., pp. 336-351.
HISTOIRE BIBLIQUE
5 - Pour les premiers travaux qui ont mis en question la validité de la description biblique
de la monarchie unifiée, voir HEIKE FRIIS, Die Bedeutung für die Erichtung des Davidischen
Reichs in Israel und seiner Umwelt, Heidelberg, GmbH & Co.KG, 1986 ; GIOVANNI
GARBINI, History and Ideology in Ancient Israel, Londres, SCM Press, 1988 ; DAVID
W. JAMIESON-DRAKE, Scribes and Schools in Monarchic Judah. A Socio-Archaeological
Approach, Sheffield, Almond Press, 1991 ; ERNST AXEL KNAUF, « King Solomon’s Copper
Supply », in E. LIPINSKI (éd.), Phoenicia and the Bible, Louvain, Uitgeverij Peeters, 1991,
pp. 167-186.
6 - Pour des travaux récents sur l’historicité de la monarchie unifiée, voir HERMANN
MICHAEL NIEMANN, Herrschaft, Königtum und Staat. Skizzen zur soziokulturellen Entwick-
lung im monarchischen Israel, Tübingen, J. C. B. Mohr, 1993 ; VOLKMAR FRITZ et PHILIP
R. DAVIES (éds), The Origins of the Ancient Israelite States History, Sheffield, Academic
Press, « Journal for the Study of the Old Testament Supplement Series-228 », 1996 ;
LOWELL K. HANDY (éd.), The Age of Solomon. Scholarship at the Turn of the Millennium,
Leyde, E. J. Brill, 1997 ; THOMAS L. THOMPSON, The Mythic Past: Biblical Archaeology and
the Myth of Israel, Londres, Basic Books, 1999 ; ISRAEL FINKELSTEIN et NEIL SILBERMAN,
The Bible Unearthed. Archaeology’s New Vision of Ancient Israel and the Origin of Its Sacred
Texts, New York, The Free Press, 2001, pp. 123-168 et 340-344. 1325
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histoires puisaient dans la tradition orale, les auteurs comblaient les manques en
ajoutant des détails fictifs et en créant des intrigues de toutes pièces, à tel point
qu’il est pratiquement impossible d’isoler un événement authentique de son cadre
littéraire. Ces récits font partie intégrante de l’historiographie biblique, mais leur
incorporation dans la reconstruction historique nécessite une analyse systématique
de leur aspect littéraire, ainsi que de leurs objectifs. Ce n’est qu’une fois cette
analyse effectuée que l’on peut se demander si ces récits contiennent des traces
de la réalité antique et s’ils peuvent être intégrés à la reconstruction historique. Si
les récits bibliques apportent beaucoup à l’étude des systèmes politiques, de la
société, de la religion, de la culture et des modes de vie de la période à laquelle
ils ont été composés, leur contribution à la reconstitution historique de la période
qu’ils décrivent reste en revanche limitée et souvent très controversée.
2. La destruction de la culture urbaine qui eut lieu, aux XIIIe et XIIe siècles,
dans une grande partie de la Syrie et du pays de Canaan, entraîna avec elle la
migration et la nomadisation temporaire d’importants groupes de population. De
nouveaux royaumes portant de nouveaux noms sont apparus entre les XIe et
e
IX siècles dans cette région et se sont constitués une identité spécifique, avec des
institutions, une économie, une religion et une culture matérielle propres. Le
développement de l’urbanisme et des cadres politiques fut lent et graduel car le
passage d’un système rural-pastoral à une véritable société urbaine impliquait des
changements internes profonds. Des fouilles pratiquées dans quelques centres
urbains majeurs et secondaires de ces nouveaux royaumes ont montré que la crois-
sance fut lente et progressive et qu’elle n’atteignit son apogée qu’au IXe ou au
e
VIII siècle avant J.-C. Un système hiérarchisé de bourgs et de villages se mit en
place autour de ces établissements, et des relations administratives, économiques
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le calendrier de Gezer du IXe siècle découvert dans un ancien centre cananéen 11).
En plus des inscriptions écrites ou gravées dans la pierre ainsi que des ostraca, des
sceaux et des poids du VIIIe siècle ont été découverts, qui montrent les progrès de
l’alphabétisation dans les deux royaumes. Au VIIe siècle, l’alphabétisation se diffu-
sait à travers tout le royaume de Juda comme en témoignent par leur nombre et
leur variété les objets écrits exhumés dans les fouilles. On a même retrouvé
quelques archives comprenant un groupe de bullae ou d’ostraca. Les fouilles
menées dans les territoires voisins d’Israël attestent aussi l’essor de l’alphabétisa-
tion aux VIIIe et VIIe siècles avant J.-C.
L’absence d’inscriptions datant des Xe et IXe siècles ne prouve pas que l’écri-
ture alphabétique n’ait été introduite qu’au VIIIe siècle. Il existe des preuves indi-
rectes de l’introduction de la lecture et de l’écriture dans les cours de Juda et
d’Israël dès la fin du Xe ou au IXe siècle avant J.-C., mais l’écriture se limitait
probablement aux capitales des deux royaumes et restait l’apanage d’un petit
nombre de scribes professionnels 12. Par ailleurs, des textes écrits sur papyrus pour
l’administration et les échanges diplomatiques n’auraient de toute façon guère pu
laisser de traces dans les fouilles 13. Des inscriptions sur différents types de maté-
riaux commencent à apparaître, dans les sites, à une période postérieure à la diffu-
sion de l’écriture vers d’autres centres, dans les deux royaumes.
L’apparition présumée de l’écriture dans les cours d’Israël et de Juda à la
fin du Xe ou au IXe siècle avant J.-C. ne témoigne pas de l’émergence de textes
historiographiques. Au contraire, il existe un décalage important entre l’introduc-
tion de l’écriture et le développement de l’historiographie dans tous les royaumes
antiques du Proche-Orient ainsi qu’en Grèce. Le royaume de Juda ne parvint à
maturité qu’au VIIIe siècle avant J.-C., et c’est seulement à cette époque que
Jérusalem devint un centre urbain important. L’émergence d’une élite constituée
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11 - Pour le calendrier de Gezer, voir l’article récent de JOHANNES RENZ, Die althe-
bräischen Inschriften, I : Text und Kommentar, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchge-
sellschaft, 1995, pp. 30-37 ; DANIEL SIVAN, « The Gezer Calendar and Northwest Semitic
Linguistics », Israel Exploration Journal, 48, 1998, pp. 101-105 ; JOHN A. EMERTON,
« How Many Months are Mentioned in the Gezer Calendar », Palestine Exploration Quar-
terly, 131, 1999, pp. 20-23.
12 - NADAV NA’AMAN, « The Contribution of the Amarna Letters to the Debate on Jeru-
salem’s Political Position in the Tenth Century BCE », Bulletin of the American Schools
of Oriental Research, 304, 1996, pp. 21-23 ; ID. « Sources and Composition in the His-
tory of Solomon », in L. K. HANDY (éd.), The Age of Solomon..., op. cit., pp. 57-61.
13 - Il y a de nombreux exemples de l’introduction de l’écriture dans les cours royales,
attestés bien avant que les fouilles archéologiques ne le fassent apparaître. Voir ALAN
R. MILLARD, « The Ugaritic and Canaanite Alphabets – Some Notes », Ugarit-Forschun-
gen, 11, 1979, pp. 613-616 ; JOSEPH NAVEH, « Semitic Epigraphy and the Antiquity of
1328 the Greek Alphabet », Kadmos, 30, 1991, pp. 143-152.
HISTOIRE BIBLIQUE
14 - Pour une traduction de ce texte, voir GERHARD FECHT, « Die Israelstele, Gestalt
und Aussage », MANFRED GÖRG (éd.), Fontes atque Pontes : Eine Festgabe für Hellmut
Brunner, Wiesbaden, O. Harrassowitz, « Ägypten und Altes Testament-5 », 1983,
pp. 113, 120 ; ERIK HORNUNG, « Die Israelstele des Merneptah », ibid., pp. 232-233. Pour
des débats récents, voir MICHAEL G. HASEL, « Israel in the Merneptah Stela », Bulletin
of the American Schools of Oriental Research, 296, 1994, pp. 454-461 ; KENNETH A. KITCHEN,
« The Physical Text of Merneptah’s Victory Hymn (The “Israel Stela”) », Journal of the
Society for the Study of Egyptian Antiquities, 1994, pp. 71-76 ; ANSON F. RAINEY, « Israel in
Merneptah’s Inscriptions and Reliefs », Israel Exploration Journal, 51, 2001, pp. 57-75. 1329
NADAV NA’AMAN
pour la période d’après l’Exil, et considèrent que cette histoire n’a pas pu avoir
été écrite avant la période perse 15. Selon eux, l’histoire de la période monarchique
devrait se fonder essentiellement sur des preuves archéologiques et des sources
non bibliques 16. La plupart des chercheurs pensent que l’histoire complète d’Israël
fut écrite, soit à la fin du VIIe siècle, soit au début de l’Exil (voir infra). Certains
chercheurs acceptent encore les idées selon lesquelles l’histoire d’Israël aurait été
écrite au début de la période monarchique et le concept d’un Israël uni serait
apparu pendant la période pré-monarchique.
La date tardive à laquelle l’historiographie biblique fut écrite (pas avant la
fin du VIIIe siècle avant J.-C.) explique l’énorme décalage, souligné plus haut, entre
l’histoire biblique de la monarchie unifiée et la réalité du Xe siècle telle que l’on
peut la déduire de toutes les autres sources disponibles. L’histoire biblique devient
ainsi une description de l’apparition et du développement des royaumes d’Israël
et de Juda au IXe siècle. Or l’histoire de ces deux royaumes, telle qu’elle est présen-
tée dans le Livre des Rois, est quelquefois loin d’être fiable.
15 - Les « minimalistes » vont encore plus loin et affirment que le concept d’exil a peu
à voir avec la réalité historique de la Palestine entre les VIIe et Ve siècles avant J.-C. Pour
eux les récits d’Ezra et de Nahamia sont des constructions idéologiques, les mythes
fondateurs de la société palestinienne de la période perse, hellénistique. La société
juive de la période perse était une société totalement neuve qui s’est construit son
propre passé en écrivant une histoire en grande partie fictive. Voir PHILIP R. DAVIES,
In Search of « Ancient Israel » History, Sheffield, Academic Press, « Journal for the Study
of the Old Testament Supplement Series-148 », 1992, pp. 67-70 ; THOMAS L. THOMPSON,
Early History of the Israelite People. From the Written and the Archaeological Sources, Leyde,
E. J. Brill, 1992, pp. 383-399 ; ID., The Mythic Past..., op. cit., pp. 179-225 ; NIELS PETER
LEMCHE, « The Old Testament – A Hellenistic Book? », Scandinavian Journal of the Old
Testament, 7, 1993, pp. 163-193 ; ID., « Is it Still Possible to Write a History of Israel? »,
Scandinavian Journal of the Old Testament, 8, 1994, pp. 183-189 ; ID., Early Israel. Anthropo-
logical..., op. cit., pp. 86-132.
16 - T. L. THOMPSON, Early History of the Israelite People..., op. cit., pp. 171-351 et 401-
1330 423 ; ID., The Mythic Past..., op. cit., pp. 155-178.
HISTOIRE BIBLIQUE
La campagne de Shishaq
Shishaq, qui régna sur l’Égypte de 945 à 924, laissa derrière lui une longue énumé-
ration de provinces conquises lors de sa campagne d’Asie 18. Une analyse topo-
graphique de la liste révèle que cette campagne était dirigée contre Israël et contre
les parties non judéennes du Néguev, alors que le royaume de Juda était presque
entièrement contourné. La ville de Jérusalem n’apparaît pas dans les parties de ce
document qui sont parvenues jusqu’à nous. Gibeon (Gabaon) est l’endroit le plus
proche de Jérusalem à être mentionné dans cette liste de toponymes.
Le Livre des Rois (I, 14, 25-28) comporte des références à cette campagne.
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20 - Voir le récent article de SHIGEO YAMADA, The Construction of the Assyrian Empire. A
Historical Study of the Inscriptions of Shalmaneser III (859-824 BC) Relating to his Campaigns
to the West, Leyde, E. J. Brill, 2000, pp. 143-183.
1332 21 - Ibid., pp. 185-195.
HISTOIRE BIBLIQUE
Mésa, roi de Moab, était un vassal d’Israël à l’époque d’Achab et lui versait un
lourd tribut, selon ce qu’en dit le Livre des Rois (II Rois 3). À la mort d’Achab, il
cessa de payer le tribut et se rebella. Joram, le fils d’Achab, forma une coalition
avec les rois de Juda et d’Édom, qui attaqua Moab par le sud, marcha sur Quir-
Haréseth, la capitale de Moab, détruisit la campagne moabite mais ne parvint pas
à conquérir la ville fortifiée et se retira.
Le roi de Moab érigea à la fin de sa vie une stèle sur laquelle étaient consi-
gnées toutes ses victoires et toutes ses constructions. Si l’on en croit cette inscrip-
tion, Moab se soumit à Omri à l’époque du père de Mésa et resta sous la domination
d’Israël pendant quarante ans. Puis Mésa se rebella contre le fils d’Omri, conquit
l’ancien domaine moabite et étendit même son emprise sur les anciens territoires
israélites. Il reconstruisit ensuite les villes qu’il avait reprises et consolida son
assise dans son royaume 25. Il existe quelques correspondances ainsi que certaines
divergences entre l’inscription moabite et le Livre des Rois (II Rois 3). La soumis-
sion de Moab à Israël, puis sa révolte sont mentionnées dans les deux sources.
L’affirmation de Mésa selon laquelle il se serait rebellé à l’époque du fils d’Omri
renvoie probablement au descendant de celui-ci (Joram) plutôt qu’à son héritier
(Achab). Les deux sources s’accordent aussi sur le fait qu’Israël ne parvint pas à
réprimer la révolte et que, sous Mésa, Moab devint un royaume indépendant.
La campagne militaire des trois rois contre Moab n’est pas mentionnée dans
l’inscription moabite, de même que la conquête par Mésa de vastes territoires dont
il est question dans le Livre des Rois. De plus, certains détails de la campagne
des trois rois contre Moab sont erronés – ce n’est qu’à la fin de sa vie que Mésa
conquit et annexa les régions du sud du fleuve Arnon. Son royaume et sa capitale
étaient situés au nord de l’Arnon. La description d’un royaume moabite bien
organisé au sud de l’Arnon, au début du règne de Mésa, est un anachronisme – ce
n’est pas à Quir-Haréseth (probablement el-Kerak) mais à Dibôn que se trouvait
la résidence de Mésa. La monarchie fut instaurée à Édom après sa révolte contre
Juda à l’époque de Joram, fils de Josaphat (II Rois 8, 20-22a). Ainsi la référence
à Édom (II Rois 3) comme une monarchie avec un roi autonome est-elle ana-
chronique (voir I Rois 22, 48). Comme d’autres récits prophétiques, l’histoire de
la campagne des trois rois contre Moab mélange des éléments tardifs à d’autres
qui eurent lieu au IXe siècle avant J.-C.
25 - Pour l’inscription de Mésa, voir J. ANDREW DEARMAN (éd.), Studies in the Mesha
Inscription and Moab, Atlanta, Scholars Press, 1989 ; ANDRÉ LEMAIRE, « Notes d’épigra-
phie Nord-Ouest Semitique », Syria, 64, 1987, pp. 205-216 ; ID., « La stèle de Mésha et
l’histoire de l’ancien Israël », in D. GARRONE et F. ISRAEL (éds), Storia e tradizioni di
Israele. Scritti in onore di J. Alberto Soggin, Brescia, Paideia, 1991, pp. 143-169 ; KLAAS
A. D. SMELIK, « King Mesha’s Inscription: Between History and Fiction », Converting the
Past. Studies in Ancient Israelite and Moabite Historiography, Leyde, E. J. Brill, « Oudtesta-
mentische Studien-XXVIII », 1992, pp. 59-92 ; NADAV NA’AMAN, « King Mesha and the
Foundation of the Moabite Monarchy », Israel Exploration Journal, 47, 1997, pp. 83-92 ;
BRUCE ROUTLEDGE, « The Politics of Mesha: Segmented Identities and State Formation
in Iron Age Moab », Journal of Economic and Social History of the Orient, 43, 2000,
1334 pp. 221-256.
HISTOIRE BIBLIQUE
26 - La stèle fragmentaire fut publiée par AVRAHAM BIRAN et JOSEPH NAVEH, « An Ara-
maic Stele Fragment from Tel Dan », Israel Exploration Journal, 43, 1993, pp. 81-98 ;
ID., « The Tel Dan Inscription: A New Fragment », Israel Exploration Journal, 45, 1995,
pp. 1-18. Pour plus de précisions, voir HANS-PETER MÜLLER, « Die Aramäische Inschrift
von Tel Dan », Zeitschrift für Althebraistik, 8, 1995, pp. 121-139 ; ANDRÉ LEMAIRE, « The
Tel Dan Stela as a Piece of Royal Historiography », Journal for the Study of the Old
Testament, 81, 1998, pp. 3-14 ; NADAV NA’AMAN, « Three Notes on the Aramaic Inscrip-
tion from Tel Dan », Israel Exploration Journal, 52, 2000, pp. 92-104 ; GUY COUTUYER,
« Quelques observations sur le bytdwd de la stèle araméenne de Tel Dan », in
P. M. M. DAVIAU, J. W. WEVERS et M. WEIGL (éds), The World of the Arameans II. Studies
in History and Archaeology in Honor of Paul-Eugene Dion History, Sheffield, Academic
Press, « Journal for the Study of the Old Testament Supplement Series-325 », 2001,
pp. 72-98. 1335
NADAV NA’AMAN
Comparer la teneur du Livre des Rois à celle des inscriptions royales du Proche-
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27 - Pour les campagnes militaires vers l’ouest de Adad-Nérari III, voir MANFRED
WEIPPERT, « Die Feldzüge Adadniraris III. nach Syrien: Voraussetzungen, Verlauf,
Folgen », Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, 108, 1992, pp. 42-67 ; ANDRÉ LEMAIRE,
« Hazaël de Damas, roi d’Aram », in D. CHARPIN et F. JOANNÈS (éds), Marchands, diplo-
mates et empereurs. Études sur la civilisation mésopotamienne offertes à Paul Garelli, Paris,
Éditions Recherche sur les civilisations, 1991, pp. 106-108 ; ID., « Joas de Samarie, Barha-
dad de Damas, Zakkur de Hamat. La Syrie-Palestine vers 800 avant J.-C. », Eretz Israel,
24, 1993, pp. 148*-157*.
28 - JACQUES BRIEND, « Jéroboam II, sauveur d’Israël », in A. CAQUOT et M. DELCOR
(éds), Mélanges bibliques et orientaux en l’honneur de M. Henri Cazelles, Kevelaer-Neukirchen-
1336 Vluyn, Neukirchener Verlag, 1981, pp. 41-49.
HISTOIRE BIBLIQUE
29 - HAYIM TADMOR, The Inscriptions of Tiglath-pileser III King of Assyria, Jérusalem, The
Israel Academy of Sciences and Humanities, 1994, p. 170, lignes 11, 277.
30 - Voir NADAV NA’AMAN, « Prophetic Stories as Sources for the Histories of Jehoshaphat
and the Omrides », Biblica, 78, 1997, pp. 153-173. 1337
NADAV NA’AMAN
dans l’écriture d’une histoire fiable et, pour démontrer l’authenticité de ses descrip-
tions, il les citait parfois. Dans d’autres cas, il se référait à la réalité de son époque
(par l’expression « jusqu’à ce jour »), comme preuve de l’authenticité de ses récits.
À de nombreuses reprises, il inséra des données qui n’étaient pas nécessaires au
message qu’il voulait faire passer à ses lecteurs. Leur présence indique que le
Deutéronomiste s’efforçait d’intégrer à son œuvre tous les détails qu’il trouvait
dans ses sources.
De quel type de documents disposait-il ? Les retrouver, ainsi que la façon dont
l’auteur les a utilisées, est une étape essentielle si l’on veut découvrir les fonde-
ments sur lesquels l’histoire fut reconstruite. Seule la version finale de ce travail
nous est parvenue. Il est donc d’autant plus difficile de distinguer les sources des
éléments plus tardifs dans lesquels elles furent intégrées. Afin d’identifier celles du
Deutéronome, nous devons avant tout établir quels types de textes étaient produits
par les royaumes du Proche-Orient antique, le lieu dans lequel ils étaient entre-
posés et le laps de temps pendant lequel ils étaient conservés. Les archives que
l’on a retrouvées jusqu’à présent dans les très vieilles villes du Proche-Orient ne
contiennent que des tablettes remontant à quelques générations 33. C’est le cas
pour les archives découvertes à Babylone, en Assyrie, à Arraphka, Élam, Alalakh
et Ougarit 34. Les Hittites, qui gardaient les tablettes pendant de nombreuses géné-
rations, font figure d’exception 35. Que ce soit à Hatti ou dans l’ensemble du Proche-
Orient, rien n’indique que les scribes consultaient des archives afin de retrouver
des documents anciens leur permettant d’expliciter des événements d’un passé
lointain. Les historiens de la période pré-hellénistique n’utilisaient pas d’avantage
les archives pour trouver des informations à partir de documents originaux 36. Il est
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évident que les textes non littéraires, tels les documents légaux, administratifs,
économiques ou la correspondance, étaient conservés dans le Proche-Orient
ancien au plus pendant quelques générations pour être ensuite jetés ou utilisés à
d’autres fins.
Compte tenu de ce fait, il semble fort improbable qu’Israël et Juda, à l’inverse
de tous les autres royaumes du Proche-Orient, aient copié des archives pour la
postérité. Il n’y a d’ailleurs aucune citation claire provenant d’archives dans le
Pentateuque et chez les premiers prophètes 37. Il est tout à fait faux de penser,
comme on le fait couramment, que les auteurs de la Bible consultaient des archives
et retrouvaient des informations sur la haute Antiquité dans des documents qu’on
aurait conservés pendant des siècles. De même, l’idée que le Deutéronomiste a
consulté les archives du palais et du Temple afin d’y trouver des documents origi-
naux doit être abandonnée.
Quelles étaient alors les sources dont les anciens historiens disposaient au
moment où ils rédigèrent leurs ouvrages ? Pour savoir celles dont disposait Manétho,
Donald B. Redford a par exemple étudié le contenu des bibliothèques des temples
égyptiens de la seconde moitié du Ier millénaire avant J.-C. Ces bibliothèques
abritaient une grande variété de matériaux avec lesquels le scribe qualifié était
censé être tout à fait familier (par exemple les listes des rois, les « annales », les
inventaires, les lettres, les récits, la littérature rituelle, les résumés de références,
etc.). Il en conclut que la richesse des sources d’une ou plusieurs bibliothèques
de temples permit à Manétho d’écrire son histoire de l’Égypte antique, Aegyptiaca 38.
Une ou plusieurs bibliothèques de temples babyloniens qui possédaient une
grande variété de textes (par exemple les épopées et mythes sumériens et akka-
diens, les listes de rois, les chroniques, la littérature rituelle, etc.) permirent de la
même manière à Berossus d’écrire, dans son Babyloniaca, l’histoire du pays 39. Flavius
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ROSALIND THOMAS, « Literacy and the City-State in Archaic and Classical Greece », in
A. K. BOWMAN et G. WOOLF (éds), Literacy and Power in the Ancient World, Cambridge,
Cambridge University Press, 1994, pp. 35-37.
37 - Des documents sont cités dans le Livre d’Ezra et celui de Nahamia pour établir
des lois, et certains chercheurs suggèrent que leurs auteurs utilisèrent des archives. Voir
ELIAS J. BICKERMAN, « The Edict of Cyrus in Ezra 1 », Journal of Biblical Literature, 65,
1946, pp. 249-275 ; ARNALDO MOMIGLIANO, « Eastern Elements in Post-Exilic Jewish,
and Greek, Historiography », Essays in Ancient and Modern Historiography, Oxford, Basil
Blackwell, 1977, pp. 31-33.
38 - DONALD B. REDFORD, Pharaonic King-Lists, Annals and Day-Books: A Contribution to
the Study of the Egyptian Sense of History, Mississauga, Benben Publications, 1986, pp. 206-
228 ; GERALD P. VERBRUGGHE et JOHN M. WICKERSHAM, Berossos and Manetho, Introduced
and Translated. Native Traditions in Ancient Mesopotamia and Egypt, Ann Arbor, University
of Michigan Press, 1996, pp. 95-212.
39 - STANLEY M. BURSTEIN, The Babyloniaca of Berossus, Malibu, Udenda Publications,
« Sources du Proche-Orient antique-1/5 », 1978 ; AMÉLIE KUHRT, « Berossus’ Babylo-
niaka and Seleucid Rule in Babylonia », in A. KUHRT et S. SHERWIN-WHITE (éds), Helle-
nism in the East, Londres, Gerald Duckworth, 1987, pp. 32-56 ; G. P. VERBRUGGHE et
J. M. WICKERSHAM, Berossos and Manetho..., op. cit., pp. 13-91. 1341
NADAV NA’AMAN
jeunes apprentis 41. Les textes anciens étaient apparemment utilisés à des fins
éducatives et recopiés plusieurs fois, ce qui explique qu’ils aient été conservés
jusqu’à la destruction de la ville en 587/586 avant J.-C.
Le Deutéronomiste eut vraisemblablement accès à la bibliothèque du
Temple de Jérusalem 42. Ce vaste corpus accumulé pendant de nombreuses généra-
tions était sa source principale, voire exclusive pour l’histoire d’Israël, tout comme
les auteurs hellènes mentionnés ci-dessus avaient accès aux bibliothèques des
temples quand ils écrivirent l’histoire de leur pays. Il occupait probablement de
hautes fonctions religieuses, ce qui expliquerait sa connaissance très précise de l’in-
térieur du Temple, du culte et de la « littérature sacrée » des prêtres et des scribes.
Si l’hypothèse est juste, les matériaux utilisés par le Deutéronomiste dans son
travail sont issus des documents conservés dans la bibliothèque du Temple.
Établir l’origine des sources utilisées par un auteur n’est que la première
étape de l’évaluation critique de son œuvre. Des textes pourraient avoir été rédigés
peu après les événements mentionnés, tandis que d’autres pourraient avoir été
écrits longtemps après et s’appuyer sur la tradition orale. Certaines sources (comme
les listes de rois et les chroniques) sont facilement exploitables, alors que d’autres
appartiennent à des genres qui s’appliquent mal à la reconstruction historique.
On peut aussi remarquer que le Deutéronomiste, ainsi que tous les scribes qui
travaillaient dans le Proche-Orient antique, ne connaissait pas l’approche historico-
critique mise au point en Grèce pendant la période classique. La critique des
sources demeura inconnue en Orient jusqu’à la période hellénistique. Le Deutéro-
nomiste accorda donc probablement la même crédibilité à tous ses documents.
C’est pour cette raison que nous trouvons des détails concrets et des comptes
rendus factuels, mis sur le même plan que des légendes et des récits romancés.
L’histoire de la période pré-monarchique fut rédigée à partir de sources orales
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43 - Ibid., pp. 173-179 ; ID., « The Contribution of the Amarna Letters... », art. cit., pp. 61-64.
44 - MAURICE BIROT, « Les chroniques “assyriennes” de Mari », MARI, Annales de
recherches interdisciplinaires, 4, Paris, Éditions Recherche sur les civilisations, 1985,
pp. 219-242 ; IGNACE J. GELB, « Two Assyrian King-Lists », Journal of Near Eastern Stu-
dies, 13, 1954, pp. 209-230 ; A. LEO OPPENHEIM, « Babylonian and Assyrian Historical
Texts », in J. B. PRITCHARD (éd.), Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament,
Princeton, Princeton University Press, 1969, pp. 564-566 ; SHIGEO YAMADA, « The Edito-
rial History of the Assyrian King List », Zeitschrift für Assyriologie, 84, 1994, pp. 11-37.
45 - NADAV NA’AMAN, « Royal Inscriptions and the Histories of Joash and Ahaz, Kings
of Judah », Vetus Testamentum, 48, 1998, pp. 333-349. Pour une critique, voir SIMON
B. PARKER, « Did the Author of the Books of Kings Make Use of Royal Inscriptions? »,
1344 Vetus Testamentum, 50, 2000, pp. 357-378.
HISTOIRE BIBLIQUE
Le Deutéronomiste vécut peu de temps avant les rois de Juda du VIIe siècle.
Il est donc vain de chercher des sources écrites pour l’histoire de Manassé, d’Amon
et de Josias. L’histoire deutéronomiste s’achève avec la restauration du Temple et
la réforme religieuse de Josias, dont le point d’orgue fut la célébration de la Pâque
(II Rois 23, 21-23). L’épisode de la mort de Josias et l’histoire de Juda jusqu’à ce
que Joïakîn fût relâché de prison ont été écrits par un auteur plus tardif de la même
école de pensée (Dtr 2). Cet auteur vécut en Babylonie et continua le travail
jusqu’à son époque en s’appuyant sur des sources orales. Il corrigea aussi l’œuvre
de son prédécesseur afin d’adapter son message aux nouvelles circonstances, à
savoir la destruction de Jérusalem et l’exil de la maison royale et de l’élite en
Babylonie.
Le Deutéronomiste n’utilisa pas ses sources de façon uniforme. Il les retra-
vaillait parfois de telle sorte qu’il est impossible de retrouver l’original. Il allait
quelquefois jusqu’à écrire des passages qu’il ajoutait à sa matière, la conservant
intacte. Dans d’autres cas encore, il les recopiait mot à mot en y greffant seulement
des éléments mineurs. Néanmoins, on peut reconnaître son style dans l’ensemble
du texte qui, à partir d’un assemblage de sources éparses, s’est mué sous sa plume
en une œuvre littéraire, religieuse et idéologique homogène. L’histoire deutérono-
miste écrite à la fin du VIIe siècle avant J.-C. est un travail historiographique abouti,
le premier qui puisse être qualifié de texte d’« histoire ».
Ainsi, seule une partie relativement restreinte de la matière présente dans l’historio-
graphie biblique peut être utilisée pour écrire une histoire d’Israël suivant des
critères modernes. La période pré-monarchique ainsi que la période de la monar-
chie unifiée devraient être principalement reconstituées à partir de sources non
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Au début de cette contribution, j’ai insisté sur le fait que seule la Bible décrit
de manière systématique et continue l’histoire d’Israël au cours des périodes pré-
monarchiques et monarchiques et qu’il est impossible sans elle d’écrire une histoire
linéaire de ces périodes. Dans le cours de la discussion, j’ai montré combien il était
délicat d’utiliser les Écritures comme source historique et combien il était difficile
de séparer les éléments fictifs et idéologiques de la matière « historique ». Notre
connaissance de l’histoire d’Israël à l’époque biblique est bien moindre que ne le
croyaient autrefois les chercheurs. En réalité, nous ne sommes en mesure d’authen-
tifier que certains des nombreux événements qui se déroulèrent en Palestine au
cours de la période qui s’étend de la destruction du système des villes cananéennes,
au XIIe siècle, à la période hellénistique.
Nadav Na’aman
Université de Tel-Aviv
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