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Le statut de la femme dans le judaïsme

Gabrielle Atlan
Dans Société, droit et religion 2014/1 (Numéro 4), pages 33 à 46
Éditions CNRS Éditions
ISSN 2110-6657
ISBN 9782271081711
DOI 10.3917/sdr.004.0033
© CNRS Éditions | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 169.159.212.97)

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Le statut de la femme
dans le judaïsme
Gabrielle Atlan

Communément associée à la tradition, au passé, aux dogmes ou à l’immo-


bilisme, la religion accorde a priori peu de place à l’évolution et au progrès.
De ce point de vue, le statut de la femme dans le judaïsme n’aurait donc pas
évolué depuis l’époque biblique et la femme juive serait victime d’un sys-
tème juridique archaïque et inadapté. Or, à travers l’ensemble de la littéra-
ture talmudique et post-talmudique, il apparaît qu’aucun sujet n’ait retenu
l’attention des docteurs de la Loi tant que le statut de la femme. La Loi juive –
appelée Halakha – évolutive par essence, est en effet l’antinomie de l’immobi-
lisme. Elle a vocation à se développer et à s’adapter aux époques et aux lieux
dans lesquels les communautés juives prennent racine. Investis du pouvoir et
du devoir de prendre les mesures qui s’imposent en fonction des besoins de
leur époque, les rabbins n’ont de cesse de scruter et d’interroger les textes de
la tradition afin de trouver des réponses appropriées aux questions sociétales.
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Ainsi, au cours des siècles, la femme a vu évoluer son statut de façon dras-
tique et bien souvent avant-gardiste.
À travers quelques exemples de mesures concrètes prises par les rabbins
à différentes époques, nous verrons que le statut juridique de la femme n’a
jamais cessé de s’améliorer et de s’adapter, conformément à l’esprit du droit
hébraïque. Avant de traiter cet aspect du sujet, portons notre attention sur
le rôle et l’image de la femme dans la Bible. Dans le judaïsme, la Bible a une
fonction essentiellement éducative1. Elle insuffle aux docteurs de la Loi leur
vision juridique et dicte la conduite qu’ils doivent adopter. Les personnages
bibliques sont en effet une source d’inspiration incontournable et inépuisable :
ils constituent des modèles ou, à défaut, un idéal à atteindre.
Dans le Pentateuque, l’image des femmes est particulièrement positive.
Elles y jouent un rôle discret certes, mais non négligeable. Elles sont décrites
comme belles, intelligentes, déterminées et surtout, capables d’infléchir le
cours de l’histoire. Lorsque Sarah demande à son époux Abraham de ren-
voyer sa servante Agar – devenue hautaine après qu’elle eut donné un fils

1. La Bible – Torah en hébreu – signifie enseignement.

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à Abraham –, Dieu lui recommande de suivre ce conseil : « Pour tout ce que


te dira Sarah, écoute sa voix2 ! » Les rabbins expliquent que Sarah était dotée
d’une intuition supérieure à celle d’Abraham, ainsi qu’en témoigne la suite
de l’histoire.
Rébecca, mère des jumeaux Jacob et Esaü, est convaincue que seul Jacob –
le cadet des jumeaux – est digne de recevoir la bénédiction d’Isaac, ce qui la
pousse à agir en fin stratège afin que ce dernier, devenu aveugle, lui donnât sa
bénédiction3. Rébecca possédait cette connaissance intime que seul Jacob était
le digne héritier spirituel de son père.
Rachel, la fiancée bien-aimée de Jacob, fait preuve d’une abnégation
absolue à l’égard de sa sœur aînée Léa en la laissant prendre sa place sous le
dais nuptial sans être reconnue de Jacob. Pour que ce dernier ne lui infligeât
point d’affront, Rachel remet à sa sœur les signes échangés avec Jacob la veille
du mariage4.
Tamar, belle-fille de Juda, fils de Jacob, soucieuse d’appliquer la loi du
Lévirat5 pour perpétuer le nom de son mari défunt, décide de prendre l’appa-
rence d’une prostituée le temps d’assurer une descendance à ce dernier. Son
beau-père, pris au piège, dira d’elle : « Elle est plus juste que moi »6.
Myriam, la sœur de Moïse est la première femme à recevoir le titre de pro-
phétesse7 notamment pour avoir conseillé à ses parents de reprendre une vie
conjugale8 après que Pharaon eut décrété que tout nouveau-né hébreu mâle
serait jeté au fleuve9. Ainsi, Moïse le libérateur, vint au monde grâce à elle et
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grâce aux sages-femmes courageuses qui bravèrent le décret du Pharaon et
firent preuve de clémence envers les enfants hébreux10.
Ruth est l’une des figures les plus emblématiques de la Bible. Icône de la
conversion et de l’adhésion sincère au judaïsme, elle est présentée comme un
modèle de vertu par ses contemporains et par le peuple juif tout entier. En

2. Genèse 21, 12.


3. Ibid. 27, 5-19.
4. Rachi à partir de Meguila 13b du Talmud de Babylone (dorénavant T.B) sur Genèse 29, 23.
5. Le Lévirat (en hébreu Ybbum) est énoncé en Deutéronome sous forme de loi mais cette pratique
existait avant la Révélation sinaïtique. « Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne
à mourir sans postérité, la veuve ne pourra se marier au dehors à un étranger ; c’est son beau-frère
qui doit s’unir à elle. Il la prendra donc pour femme, exerçant le lévirat à son égard. Et le premier fils
qu’elle enfantera sera désigné par le nom du frère mort afin que ce nom ne périsse pas en Israël »
(Deutéronome 25, 5-6).
6. Genèse 38, 26.
7. Exode 15, 20.
8. D’après Sotah 12b (T.B).
9. Exode 1, 22.
10. Ibid. 1, 17.

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choisissant de quitter sa famille, son pays et ses mœurs idolâtres pour suivre
sa belle-mère11 âgée et sans ressource, elle mérita de devenir la grand-mère du
roi David12, l’ancêtre du messie à venir.
Esther13, autre héroïne célèbre de la Perse antique, se vit confier la mission
historique de sauver son peuple des mains d’un ministre despote et oppor-
tuniste. Favorite du roi Assuérus, Esther choisit, au péril de sa vie, de porter
secours à son peuple plutôt que de demeurer au palais du roi.
Hannah, femme aimée mais stérile, adressa à Dieu une prière si poignante
qu’elle fut exaucée en donnant naissance au prophète Samuel14. La sincérité de
cette prière féminine, à laquelle Dieu lui-même ne put résister, est mise à l’hon-
neur le jour du nouvel an juif15, car elle est le symbole par excellence d’une prière
sincère et authentique qui sied particulièrement à la solennité de cette fête.
Le livre des Proverbes est, de tous les textes bibliques, le plus apologétique
à l’égard de la femme. Célébrant la femme vaillante et vertueuse, cet hymne à
la gloire de la femme est entonné à l’office d’ouverture du Shabbat, à la syna-
gogue ou dans les foyers, pour honorer celle qui est l’âme même du foyer. La
fiancée Shabbat telle que la tradition qualifie amoureusement ce jour, fait écho
à l’épouse bien-aimée et respectée.
Inspiré par ces figures féminines qui prirent part à la destinée d’Israël, le
philosophe Emmanuel Lévinas écrit : « Tous les aiguillages de cette voie diffi-
cile, où le train de l’histoire messianique risquait mille fois de dérailler, ont été
gardés et commandés par des femmes. Les événements bibliques n’auraient
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pas marché comme ils ont marché sans leur vigilante lucidité, sans la fermeté
de leur détermination, sans leur malice et sans leur esprit de sacrifice16. »
Le Midrash17 ne tarit pas d’éloges à l’endroit de la femme. Il affirme que
« les Hébreux furent sauvés d’Égypte grâce aux femmes justes »18. Un autre
texte souligne que les femmes participèrent activement à la sortie d’Égypte,
et pour le rappeler, elles ont le devoir, comme les hommes, de boire les quatre
coupes de vin19, au cours du Séder, la cérémonie de la Pâque juive.

11. Ruth 1, 16.


12. Ibid. 4, 17.
13. Livre d’Esther.
14. Samuel I, 1, 20.
15. Le nouvel an juif, Rosh Hachana a lieu le 1er Tichri du calendrier hébraïque qui correspond aux mois
de septembre/octobre.
16. Emmanuel Levinas, « Le Judaïsme et le féminin » in Difficile liberté, Albin Michel, 1963, p. 53.
17. Le Midrash – dont l’écriture remonte à l’époque du Talmud – est un ensemble de textes exégé-
tiques de la Torah qui usent d’allégories et de paraboles.
18. Sotah 11b (T.B).
19. Arukh Ha-Shulhan, Orah Hayim 472, 15.

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Un maître du Talmud affirme qu’un homme doit veiller à ne jamais blesser


les sentiments de sa femme car, sensible et vulnérable, elle fond en larmes faci-
lement20. Malheur à l’homme qui heurterait la sensibilité de sa femme et qui
a fortiori se montrerait violent ! Dans un tel cas de figure, la femme serait en
droit de réclamer le divorce avec l’appui du Tribunal rabbinique et l’homme
serait menacé de bannissement de la communauté21.
L’enseignement dispensé dans le Talmud (la Loi orale) est évidemment
dans le droit fil de l’enseignement de la Torah (la Loi écrite), car la première
n’est que le prolongement de la seconde. Dans la littérature talmudique, la
femme est essentiellement perçue à travers le prisme de l’épouse et de la mère,
qui mérite amour, respect et protection, mais comment eut-il pu en être autre-
ment dans cette antique société patriarcale ? Au xviiie siècle avant l’ère com-
mune, le Code d’Hammourabi22 prévoyait également de nombreuses mesures
visant à protéger la femme. Il y a à peine deux cents ans, l’ancien Code civil
de 1804, prévoyait à l’article 213 depuis abrogé : « Le mari doit protection à la
femme, la femme doit obéissance à son mari »23.
Toutefois, il faut souligner que la littérature rabbinique ne réduit pas la
femme au foyer, à l’amour et à la protection des siens. Les textes font état
de femmes de pouvoir, d’intellectuelles, actives dans la société ou dans le
domaine des affaires. Si ces femmes ne sont pas légion, le fait qu’elles purent
exercer leurs activités dans des milieux majoritairement masculins, tend au
moins à prouver que les hommes de pouvoir ne les empêchèrent pas de jouir
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d’un certain statut24.
Contrairement à une idée communément admise, les femmes occupent
une place centrale et déterminante dans la direction spirituelle du couple
et par voie de conséquence de la société. Le véritable berceau de la vie
juive n’est pas la synagogue, mais la cellule familiale. Le Talmud affirme :
« La maison d’un homme, c’est sa femme »25. En tant que telles, la femme,
l’épouse, la femme divorcée ou la veuve ont toujours été au cœur des pré-

20. Baba Metsia 58b (T.B)


21. Responsum de R. Meir de Rothenburg, Crimée, 1557. Cf. Louis Finkelstein, Jewish Self-Government
in the Middle Ages, New York, 1924, pp. 69-71.
22. Le Code d’Hammourabi du nom du roi babylonien Hammourabi (1761 avant l’ère commune) est
écrit en accadien sur une stèle en basalte noir. Il énumère les « décisions de justice » royales dans un
langage simple et avait vocation à servir de modèle aux autres peuples.
23. Cet article, modifié en 1938, supprime l’incapacité des femmes qui ne doivent plus obéissance à
leur mari.
24. Shulamit Valler, Nachim ba-hevrah ha-yehudit bi-tequfat ha-mishnah ve-ha-talmud [Women in
Jewish Society in the Talmudic Period], Hotsaat Hakibbuts Hameuhad, 2002, p. 11.
25. Yoma 2a (T.B)

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Le statut de la femme dans le judaïsme

occupations des docteurs de la Loi. C’est ce qui constitue le second point de


notre étude.
Rappelons au préalable que la loi orale, transmise pendant des siècles de
maître à élève, fut transcrite pour des raisons historiques entre le ier  et le
vie  siècle de l’ère commune et prit le nom de Talmud. Ce texte constitue le
principal corpus juridique du droit hébraïque. Rédigé par des rabbins, il est le
reflet des sociétés patriarcales à cette époque. Il serait donc vain de tenter d’y
trouver une quelconque volonté d’égalitarisme entre les sexes car cette ques-
tion ne se posait évidemment pas dans les sociétés babylonienne, grecque et
romaine que le peuple juif côtoya tour à tour dans son histoire. Rappelons
également qu’après la clôture du Talmud, les grands maîtres de la Loi juive
évoluèrent pour la plupart dans des sociétés musulmanes, tant en Babylonie
qu’en Espagne ou en Afrique du Nord. Aussi, les quelques remarques déso-
bligeantes rencontrées à l’endroit des femmes, ne sauraient retenir notre
attention. Dans la plupart des cas, ces remarques, détachées de leur contexte,
sont mises en exergue par des détracteurs dans le but de dénoncer la miso-
gynie des rabbins. Or, qualifier les rabbins de l’antiquité ou du Moyen Âge de
sexistes ou de misogynes serait un anachronisme grotesque. Ces remarques
dépourvues d’intérêt ne feront pas l’objet de notre analyse, eu égard à l’aspect
indéniablement positif des progrès réalisés dans l’amélioration du statut de
la femme.
Parmi les nombreux décrets édictés par les docteurs de la Loi à travers
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la littérature juridique talmudique et post-talmudique, nous avons choisi
d’aborder les sujets suivants : l’acte de mariage, l’interdiction de la polygamie,
le consentement de la femme dans un divorce, l’assouplissement des règles
relatives au témoignage et enfin l’interdiction des relations sexuelles entre
époux contre la volonté de la femme.
Dans le texte biblique, les concepts de cérémonie de mariage et d’acte de
mariage n’apparaissent nulle part dans le texte biblique. En revanche, on
compte de très nombreuses occurrences de l’expression « prendre femme »
pour désigner l’union matrimoniale sans autre cérémonie. La polygamie et le
divorce sont par ailleurs autorisés dans la Bible mais le Deutéronome ne fait
mention que d’un divorce unilatéral ou plus exactement d’une répudiation.
Les docteurs de la loi, forts de leurs prérogatives, se sont attelés à améliorer le
système matrimonial tel qu’il est sommairement décrit dans la Bible, par l’ins-
titution d’un acte de mariage, l’interdiction de la polygamie et l’introduction
d’un divorce par consentement mutuel.

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La Ketoubba, l’acte de mariage

Appelé Ketoubba en araméen, l’acte de mariage est un acte juridique d’ori-


gine rabbinique attribué – vraisemblablement – à Simon ben Shetah, frère de
la reine Salomé Alexandra, un siècle avant l’ère commune. Remis à la femme
lors de la cérémonie du mariage – également instituée par les rabbins pour
donner une forme officielle à l’union matrimoniale – cet acte juridique réper-
torie les devoirs auxquels l’homme s’engage à l’égard de sa femme dans le
mariage et stipule en outre les devoirs qui lui incombent ou incombent à
ses héritiers, dans le cas où le mariage serait dissous par un divorce ou par
son propre décès. Dans l’un ou l’autre cas, l’homme s’engage à verser à son
épouse une somme d’argent (également appelée Ketoubba), dont le montant
figure dans le contrat de mariage.
À l’origine, ce montant avait deux fonctions. La première était de permettre
à la femme devenue veuve ou divorcée, de demeurer à l’abri du besoin au
moins pendant une année, le temps de s’assurer des moyens de subsistance
ou éventuellement de se remarier. La seconde fonction de cette Ketoubba était
de dissuader l’homme d’une répudiation trop rapide. Le Talmud dit en effet
clairement que la Ketoubba a été fixée « afin qu’il ne soit pas aisé à l’homme de
répudier sa femme »26. Étant donné que cette somme ne pouvait être immé-
diatement disponible, l’homme qui avait décidé de répudier sa femme de
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manière intempestive, pouvait ainsi retrouver ses esprits et se raviser. De toute
évidence, la Ketoubba fut édictée de façon à protéger la femme d’une rupture
hâtive et inconsidérée et la mettre à l’abri du besoin. Elle devint un document
juridique si précieux qu’on conseillait aux femmes de la placer en lieu sûr, de
crainte qu’elle ne fût détruite par leur mari dans un moment de colère.

L’interdiction de la polygamie
et le consentement de la femme au divorce

L’interdiction de la polygamie fut formulée en deux temps : à l’époque du


Talmud puis au Moyen Âge. Bien que la polygamie fût prévue dans le texte
biblique, le Talmud en restreignit très tôt l’usage, prévoyant que si l’homme
décidait de convoler en secondes noces pendant le mariage, il était en droit de
le faire, à condition de remettre l’acte de divorce à sa première femme si elle

26. Ketubbot, 39b (T.B).

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Le statut de la femme dans le judaïsme

le réclamait27. Remettre l’acte de divorce à une femme signifiait évidemment


lui rendre sa liberté mais aussi, implicitement, sa Ketoubba, la somme d’argent
évoquée précédemment. Cette condition devait déjà constituer un obstacle
majeur à une répudiation arbitraire.
Au début du xie  siècle, deux décrets rabbiniques furent édictés lors du
Synode de Worms en Allemagne par le rabbin Guershom28 et ses pairs. Le pre-
mier décret proscrivait la polygamie. Pour empêcher le mari de contourner
cet interdit en épousant successivement plusieurs femmes et en outrepas-
sant son droit à la répudiation, un deuxième décret fut édicté dans la foulée,
qui contraignait l’homme à obtenir le consentement de sa femme en cas de
divorce. Ce deuxième décret mit un terme au divorce unilatéral biblique et
introduisit, avant la lettre, le divorce par consentement mutuel.
Ces deux décrets fondamentaux dans l’histoire du droit matrimonial
s’étendirent progressivement au monde séfarade et acquirent force de loi, à
l’instar de l’acte de mariage. Rappelons que le droit français n’introduisit le
divorce par consentement mutuel en France qu’en 1975.
Dans le domaine des droits de la femme au divorce, les avancées furent
nombreuses. Parmi elles, nous ne retiendrons que les suivantes.
Au xvie  siècle, le codificateur Joseph Qaro29, répertoria dans le Shulhan
’Arukh, code en vigueur à ce jour, les cas où la femme serait en droit de
réclamer le divorce avec paiement de sa Ketoubba. Pour ne citer que quelques
exemples, un mari stérile ou impotent ou dont le métier provoque des mala-
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dies cutanées ou déclenche des odeurs répugnantes, constituent des cas de
divorce dans lesquels le mari est tenu de remettre le get ou acte de divorce.
Les violences physiques ou verbales, l’abandon du domicile conjugal par le
mari ou encore la décision unilatérale de ce dernier de s’installer à l’étranger
contre la volonté de sa femme constituent de nouveaux motifs de divorce30.
Rappelons que l’ancien Code civil français prévoyait quant à lui à l’article 214
aujourd’hui abrogé  : « La femme est obligée d’habiter avec le mari et de le
suivre partout où il juge à propos de résider ».

27. Yevamot 65a (T.B).


28. R. Guershom ben Yehoudah (950 ?- 1028), surnommé « la Lumière de l’Exil », fut la figure de proue
du monde ashkénaze. Il fit adopter différents décrets en Europe du Nord, dont les plus connus ont trait
à la famille.
29. Joseph Qaro (1488-1575) décisionnaire rabbinique et codificateur originaire d’Espagne. Son œuvre
principale, le Shulhan ’Arukh, est le dernier des Codes normatifs encore en vigueur à ce jour.
30. Shulhan ’Arukh, Even he-’ezer 154.

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Société, droit et religion 4 | 2014

Assouplissement des règles


relatives au témoignage

Rappelons qu’en droit hébraïque, une femme mariée ne reprend sa liberté


que par le get ou le décès de son mari,31 formellement attesté. Sans get ou
sans certitude du décès de son mari, la femme ne peut entretenir de relations
intimes avec un autre homme au risque d’être considérée comme adultère.
Dans de telles conditions, quelles sont les conséquences sur le statut de la
femme si le mari venait à disparaître lors d’une catastrophe naturelle, une
guerre, un naufrage ou autre circonstance exceptionnelle, si son corps restait
introuvable et qu’il n’existât aucune preuve de sa mort en dehors d’une simple
présomption ? Car, pour qu’une femme soit considérée comme veuve, il faut
que le décès soit établi ou que des témoins attestent la mort du mari. Les règles
relatives au témoignage étant extrêmement rigoureuses en droit hébraïque,
les docteurs de la loi ont réduit, dans ce cas précis, les règles du témoignage à
leur plus simple expression « de façon que la femme ne demeurât enchaînée
à vie à un mari absent »32. Ainsi, le témoignage d’un enfant, juridiquement
inapte à déposer, est pour l’occasion recevable, tout comme un témoignage
indirect obtenu par des témoins inaptes au témoignage33.
Une autre question se pose : que faire dans la situation où le mari refuserait
de remettre le get à sa femme en dépit des injonctions du tribunal rabbinique ?
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Instauration de mesures coercitives
à l’égard du mari récalcitrant au get

Le Talmud s’exprime sur le sujet et prévoit que dans ce cas précis, « on est
en droit de contraindre un homme à remettre le get à sa femme jusqu’à ce qu’il
obtempère »34. Évoquant une contradiction flagrante avec le texte biblique qui
prévoit uniquement le divorce initié par l’homme, Rabbenou Tam35, autorité
rabbinique française du xiie  siècle, décréta qu’il était interdit d’exercer une

31. Mishnah Qidushin 1, 1.


32. Maïmonide, Hilkhot Gerushin 13, 29.
33. Yevamot 88a (T.B), Maïmonide, ibid. 13, 29.
34. Gittin 88b (T.B), Maïmonide, ibid. 2, 20.
35. R. Yaakov Tam de Ramerupt ou Rabbenou Tam (1100-1171) petit-fils de Rashi, est le principal rédac-
teur des Tossafot (gloses sur le Talmud selon la méthode de l’École française du Moyen Âge).

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Le statut de la femme dans le judaïsme

contrainte physique sur un homme récalcitrant, au risque d’invalider le get. Il


préconisa d’exercer sur lui des « mesures d’éloignement » ou, pour employer
une terminologie plus moderne, une pression qui consisterait à lui refuser
toute relation sociale telles que l’interdiction de commercer avec lui ou de
le compter dans le quorum à la synagogue, dans le but de l’isoler et de le
pousser à obtempérer.
En Israël – où le nombre des divorces progresse au même rythme que
dans les pays occidentaux et où le problème du déni de get se pose avec
d’autant plus d’acuité –, les législateurs ont réactualisé et intégré dans le
droit israélien les « mesures d’éloignement » préconisées par Rabbenou
Tam, avec l’introduction d’un amendement de la loi sur le divorce de 1995. Six
mesures ont été prises à ce jour parmi lesquelles figurent : l’interdiction de
posséder une carte bancaire, le retrait du permis de conduire, l’interdiction
de sortie du territoire ou l’interdiction d’exercer dans la fonction publique.
La menace de telles mesures coercitives permet d’infléchir les maris les plus
récalcitrants36.
Avant de conclure cette étude, il nous faut aborder la mesure la plus
moderne et sans doute la plus avant-gardiste du droit hébraïque : l’interdic-
tion des relations sexuelles entre époux contre la volonté de la femme.
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Interdiction de relations sexuelles
contre la volonté de la femme

Si l’obligation pour l’homme d’avoir des relations intimes avec son épouse,
est un commandement d’origine biblique37 – indépendamment du devoir de
procréer38, également imputé à l’homme – le consentement de la femme n’en
est pas moins indispensable. Le devoir conjugal ne confère pas tous les droits
au mari. Il ne peut en aucun cas contraindre son épouse à avoir des relations
intimes avec lui. La femme doit être pleinement consentante et son consente-
ment ne doit pas être obtenu sous la contrainte. Dans le cas contraire, il s’agi-
rait selon la Loi juive, d’une agression sexuelle ou d’un viol caractérisé. Cette

36. Menahem Elon, Ma’amad ha-ishah, Mishpat ve-shiput, Massoret u-temurah, ’arkehah shel
medinah yehudit u-demoqratit [The Status of Women, Law and Judgment, Tradition and Transition, The
Values of a Jewish and Democratic State], Hakibbutz Hameuchad, Tel-Aviv, 2005, p. 348-351.
37. « … Il ne la privera pas de sa nourriture, de son habillement ni du droit conjugal », Exode, 21, 10.
38. Les commandements de la procréation (Genèse 1, 28) et du devoir conjugal (Exode 21, 10) sont
totalement distincts l’un de l’autre.

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règle est explicitement énoncée dans le Talmud39, ce qui lui confère toute son
autorité. Il faut souligner qu’il ne s’agit en aucun cas d’un conseil, mais bien
d’une loi. Les décisionnaires rabbiniques de tous les temps sont unanimes et
ont maintes fois réitéré ce principe avec force, faisant usage de diverses méta-
phores pour illustrer la gravité de l’infraction à cette loi.
Maïmonide40, codificateur majeur du xiie siècle, affirme par exemple dans
son Code : « Si une femme déclare : Mon mari me répugne et je ne peux avoir de
relations avec lui », on contraint le mari à divorcer sur le champ car la femme
n’est pas une captive, obligée de cohabiter avec un homme qu’elle abhorre41.
Plus récemment, en 1978, le rabbin Yaakov Kaniewski42, autorité rabbi-
nique incontestée en Israël écrit43 : « … Selon la Torah, il est interdit d’avoir
des relations intimes avec sa femme si elle n’en a pas envie… car elle serait
comme une proie devant un lion vautré, en train de se repaître »44.
Si cette règle de bonne conduite entre époux est exemplaire et digne d’être
soulignée, elle pourrait – indépendamment de toute considération religieuse
– sembler évidente et acquise à toute personne civilisée, pourvue du sens
du respect de la personne humaine et a fortiori de l’épouse. Or, force est de
constater qu’il n’en est rien. Dans la plupart des pays du globe, y compris en
Occident, le concept de viol conjugal n’existe pas ou commence tout juste à
être reconnu45. C’est la définition du concept de devoir conjugal qui, à chaque
fois, est mise en cause. En effet, il est admis que par le mariage, la femme
consent tacitement à avoir des relations sexuelles avec son mari. Or, ce prin-
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cipe est diversement et subjectivement apprécié, tant par les individus que par
les systèmes juridiques ou les religions qui interprètent cet accord tacite de la
femme, comme une licence totale accordée à l’homme. Dans cette optique, le
mari ne saurait être coupable de viol envers sa femme et pourrait, selon son
bon vouloir, avoir des relations intimes avec elle.
En France, la poursuite pénale d’un époux qui avait violenté et violé son
épouse fut possible pour la première fois, grâce à un arrêt de la Chambre cri-

39. « Rabbi bar Hama a dit au nom de Rav Assi : il est interdit à l’homme de contraindre sa femme à
avoir des relations intimes », Eruvin 100b (T.B).
40. Moïse ben Maïmon plus connu sous le nom de Maïmonide (1135-1204), décisionnaire, codificateur
et philosophe originaire d’Espagne.
41. Maïmonide, Mishneh Torah, Hilkhot Ichout 14, 8.
42. Yaakov Israel Kaniewski (1899-1985), autorité rabbinique israélienne incontestée d’origine litua-
nienne, également connu aussi sous le nom de Steipler.
43. Iggeret kodesh meet gedoley ha-dor, Jérusalem, 1978, page 7.
44. Référence au traité Pessahim 49a (T.B).
45. Seuls une cinquantaine de pays dans le monde reconnaissent le viol comme une infraction à part
entière.

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minelle de la Cour de cassation46 de 1992 : « La présomption de consentement


des époux aux actes sexuels accomplis dans l’intimité de la vie conjugale ne
vaut que jusqu’à preuve du contraire ». Il fallut attendre la loi47 du 4  avril
2006 pour que soient renforcées la prévention et la répression des violences
au sein du couple ou commises contre mineurs. Depuis 2010, le viol conjugal
est inscrit au Code pénal qui prévoit48 : « … Le viol et les autres agressions
sexuelles sont constitués lorsqu’ils ont été imposés à la victime…, quelle que
soit la nature des relations existant entre l’agresseur et sa victime, y compris
s’ils sont unis par les liens du mariage ».
Il ne saurait être question de passer en revue tous les systèmes juridiques
appliqués dans les différents pays du globe. En revanche, il semble tout à fait
opportun de connaître le système appliqué dans l’État d’Israël, où le droit
hébraïque cohabite avec certains pans de la Common Law, vestige de l’époque
où la Palestine était sous Mandat britannique49. La première Knesset (1949) a
clairement établi qu’en cas de contradiction entre les deux systèmes juridiques,
la Loi juive l’emporterait50. En l’occurrence, le concept de droit conjugal en
droit anglais étant radicalement opposé à la Loi juive, c’est la Loi juive qui est
appliquée en Israël depuis le début de sa création. Le droit anglais reconnaît
en effet au mari le droit de violer sa femme au nom du consentement tacite
de la femme aux relations sexuelles dans le mariage. L’antique Loi juive quant
à elle, affirmant que « La femme n’est pas une captive entre les mains de son
mari » a prévalu sur la Common Law pour défendre les droits de la femme,
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veiller à son respect et à sa dignité d’être humain.

Nous avons choisi d’évoquer quelques points sensibles toujours d’actua-


lité au détriment d’autres thèmes tels que l’accès des femmes à l’étude des
textes juridiques de la tradition au sein de la sphère juive orthodoxe. C’est
l’un des phénomènes marquants du xxe  siècle car loin d’ouvrir une brèche
dans la tradition, celle-ci s’en trouve renforcée par les femmes qui enrichissent
le débat.
Si le statut juridique de la femme à toutes les étapes de sa vie d’enfant,
d’adolescente, de fiancée, d’épouse, de veuve ou de divorcée a autant sus-
cité l’intérêt des législateurs, c’est incontestablement pour la défendre contre
toutes les formes d’abus et non pour la maintenir dans un état de sujétion et

46. Chambre Criminelle de la Cour de Cassation du 11 juin 1992, Bulletin Criminel 1992 n° 232.
47. Loi n° 2006-399 du 4 avril 2006.
48. Article 222-22 du Code Pénal, modifié par Loi n° 2010-769 du 9 juillet 2010-art. 36.
49. La Palestine était sous mandat britannique de 1917 à 1948.
50. Menahem Elon, opus cité, p. 223 à 228.

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de soumission comme on l’entend souvent. La défense des droits et des inté-


rêts de la femme ne vise pas le maintien de l’ordre social mais s’inscrit plutôt
dans une vision globale de la société, dans laquelle l’être humain, masculin et
féminin51, créé à l’image de Dieu, est le point culminant de la création. En tant
que tel, l’être humain a pour mission de veiller sans discontinuer à rechercher
la paix et la justice, à faire preuve d’amour, de respect et de considération
à l’égard de ses semblables, au premier rang desquels figurent les femmes.
C’est pourquoi le Talmud enjoint l’homme « d’aimer sa femme comme lui-
même et de la respecter plus que lui-même »52 .
La Loi juive ayant vocation à être extrêmement pragmatique, les rabbins
sont chargés d’en rappeler clairement les règles à leurs contemporains. Amé-
liorer le statut de la femme en particulier en veillant à son bien-être et à sa
dignité, en la protégeant de l’omnipotence paternelle et de l’omnipotence
maritale, fait partie intégrante de sa mission. En faisant œuvre de législateurs
conformément aux prérogatives que la Torah elle-même leur octroie53, les
docteurs de la loi ont pour vocation, aujourd’hui encore, de faire usage des
méthodes d’interprétation prévues par la Loi afin de répondre aux questions
les plus pointues de notre société.
Malheureusement, un point de droit reste toujours en suspens au sein du
monde juif. Il s’agit de la question du get. Cette question n’a pas encore trouvé
la solution qui fasse l’unanimité et constitue la principale pierre d’achop-
pement entre les mouvances religieuse et libérale. Ainsi que nous l’avons
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expliqué dans cette étude, seul l’homme peut délivrer le get à son épouse
d’après la Torah et nul ne saurait l’y contraindre selon les uns, tandis que des
solutions existent, selon les autres. La question du get constitue aujourd’hui
encore, un véritable défi juridique auquel les rabbins sont confrontés depuis
des siècles. Pourtant, force est de constater qu’ils n’ont jamais ménagé leurs
efforts pour améliorer le statut de la femme, dans le divorce en particulier. En
Israël, où le droit hébraïque est appliqué notamment pour ce qui relève du
statut personnel (mariage et divorce), des progrès considérables ont été réa-
lisés. En diaspora, le problème reste posé et suscite de nombreux débats qui,
à terme, participeront à la prompte résolution de ce douloureux problème.54

51. Genèse 5, 2.
52. Berakhot 24a (T.B).
53. Deutéronome 17, 8, 11.
54. Pour une étude exhaustive du divorce juif, voir Gabrielle Atlan, Les Juifs et le divorce, Droit, histoire
et sociologie du divorce religieux. Préface du Professeur Jean Carbonnier, Peter Lang, Bern, 2002.

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Le statut de la femme dans le judaïsme

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