Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms
Institut Francais du Proche-Orient is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend
access to Bulletin d'études orientales
HENRI LAOUST.
(1) Cf. notre Essai sur les doctrines sociales et kilãb al-istigãta , plus connu sous le titre
Talhîs
politiques d'Ibn Taimlya (sous presse), LedCaire,
"ar-Radd c alã-l-Bakrl , Le Caire , impr. Saiafïya ,
LF.A.O. i346, p. 9.
(2) Kilãb ar-radd c alã-l-lhntfl , en marge du
38.
(3) Voir à ce sujet la remarque ďlbu Kaiyim b. Abï-n-Nagâ par Takï-d-Dïn fAbd al-Ali b. Abï-1-
al-Gauzïya in al-Kiyâs fï-s-sar al-islamï , LeKâsim al-Gaïarï^ Badr ad-Dïn Hilãl b. 'Ali b.
Caire, i346, p. 175, et, pour Enumeration Hiïâl al-Gafarï; 'Abd as-Samad b. 'Abd al-Azïz
des principaux traités ďlbn Taimïya , Muhammad b. Ibrâhïm as-Sanhâgï, at-Tufï Sams ad-Dïn
b. Ahmad b. cAbd al-Hâdl, al-Uküd ad-durrïya Sawãb b. 'Abd Allah al-'Izzï; Muhammad b. fAbd
min manãkib saih al-Islãm Ahmad b. Taimïya , Allah b. Ahmad sibt lbn Rasïk al-Mâlikï. Cette
Le Caire, 1 356/i 9З8 , p. 34 et suiv. séance d'enseignement eut lieu le 27 rabf I de
(4) Cette risala a été publiée au Caire, en l'année 7 1 8. lbn Taimïya donna au cadi Kamãl
i34-i à l'imprimerie du Manar, par Muhammad ad-Dïn cUmar b. al-Ansarï la licence ( igãza ) de
ťAbd ar-Razzäk Hamza. On pourrait en traduire reproduire cette dissertation. Une signature d'Ibn
le titre : Bu serment de répudiation; rapports des Taimïya lui-même certifie l'authenticité du texte
deux notions (plus exactement de la réunion et de celte risala et de Yigãza.
(5) Ibn Kaiyim al-Gauzïya, at-Turtik al-hik -
de la distinction des deux notions). Cetle disser-
tation est un falwti. Elle fut lue et commentée mlxja fï-s-siyâsa as-sariya, Le Caire , 1 3 1 7, p. 17.
par l'auteur lui-même au cadi Kamãl ad-Din On reprochera d'ailleurs à lbn Taimïya de vou-
'Umar b. Saraf ad-Dïn Abï-l-Hair Muhammad loir s'insurger sans succès contre un état de fait.
Kamãl ad-Dín 'limar b. al-Ansãrl. Elle fut en- Cf. al-Kiyâs, op. cit., p. 176.
suite transmise à 'Ala5 ad-Dïn 'Alï b. Zain ad-Dïn
traduite par l'obligation, pour les quatre rites, de sanctionner plus ou moins
tacitement la pratique du tahlil, ou conclusion d'un mariage intermédiaire
de complaisance, qui avait pour but de rendre l'épouse de nouveau licite à
son ancien époux.
C'est en moraliste et en juriste qu'Ibn Taimïya s'est dressé contre de telles
pratiques. D'une part, l'abus de la répudiation a pour conséquence d'ébranler
la solidité de l'institution familiale, et, au surplus, de méconnaître les droits
de la femme à être traitée en pleine justice. Cette dernière considération
laisse déjà se dessiner, dans la doctrine d'Ibn Taimïya, un féminisme discret
dont on trouvei'ait aisément d'autres exemples, et qui devait aboutir, chez
lbn Kaiyim al-Gauzïya, à une franche justification de la monogamie pour des
raisons de justice sociale. C'est en juriste ensuite qu'Ibn Taimïya s'attache à
l'étude du problème, car la pratique du tahlïl lui a toujours paru jeter le
discrédit le plus évident sur le système législatif de l'Islam , qui se révélait
ainsi impuissant à soumettre à une norme la réalité sociale. Rendre donc la
Loi à la fois plus rationnelle, plus juste et, en même temps, plus proche du
réel, tel fut le but qu'Ibn Taimïya s'est assigné dans celte courte risãh.
(7) De là la classification
Rida : Leassez originale
Califat des
dans la doctr
questions juridiquesBeyrouth
dans l'œuvreig38,p. i54.
d'Ibn Taimïya.
Cf. noire Essai. L'idée du
(8) reste
Ibn devait être
Taimïya, re- III
Fatãwã,
prise de nos jours (9) Ibn
par Kaiyim al-Gauziya,
les modernistes musul-
mans. Cf. notre traduction
p. 120. du Hilãfa de Rasïd
droit sur elle dès qu'elle a conclu une nouvelle alliance. Et Ibn al-Kaiyim
d'ajouter qu'il y a, dans de telles stipulations, une évidente sagesse : l'homme
qui sait qu'il n'aura plus le droit de reprendre sa femme, s'il la re'pudie et
si elle vient à contracter un nouveau mariage , est par là même enclin à ne
faire du talãk qu'un usage des plus prudents. Ces stipulations fort rigoureuses
s'adressent certes à une Communauté bien connue pour sa violence ( šidda ) et
son obstination ( isrãr ). Elles sont quelque peu atténuées dans l'Islam qui a
permis aux hommes beaucoup plus de bonnes choses ( taiyibãt ) que les autres
confessions, mais, même subsistant avec cette atténuation, elles n'en indiquent
pas moins avec quel sérieux et quelle gravité il convient d'user du talãk :
c'est précisément cette dernière considération qui, jointe à la première, va
nous expliquer les rapports établis par Ibn Taimlya entre la répudiation et
le serment.
la f
ten
de r
la r
peut
une
tem
d'un
deux
dans
cons
(10) A
Louange à Dieu! C'est Lui à qui nous demandons aide et pardon. Nous
Lui demandons de nous protéger contre les maux que nous portons en nous
et contre les mauvaises actions que nous pouvons commettre. Ceux que Dieu
guide, nul ne saurait les e'garer; ceux que Dieu égare, nul ne saurait les
diriger. Nous témoignons qu'il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah, que Dieu est
Un, sans associé. Nous témoignons que Muhammad est l'esclave de Dieu et
son Envoyé. Que les bénédictions de Dieu soient sur lui et sa famille, ainsi
que le salut!
Voici une étude succincte et synthétique des questions que posent les ser-
ments et la répudiation, des cas où ils sont liés l'un à l'autre et de ceux où
on doit les dissocier. Cette question peut, en effet, relever des serments et
nullement de la répudiation. Elle peut parfois aussi relever de la répudiation,
sans avoir le moindre rapport avec le serment. Elle peut enfin participer
de l'une et de l'autre.
Dans le deuxième cas, on veut que la répudiation soit effective dès que la
condition est donnée. Ces formules entraînent la répudiation dès que la con-
dition se trouve réalisée, comme dans le cas de la répudiation exécutoire.
Sur ce point, tous les juristes sont d'accord, les Anciens comme les Modernes
(Halaf). II en est de même lorsque l'on subordonne la répudiation à un
moment, lorsque l'on dit, par exemple : et Tu seras répudiée au début du
mois» [9]. De nombreux savants disent que, selon Yigma, une telle répu-
diation conditionnelle a effectivement lieu, que, à leur connaissance, elle ne
fit pas à l'origine l'objet d'un désaccord, mais qu'Ibn Hazm, toutefois, prétend
que semblable formule n'entraîne pas la répudiation - doctrine qui est aussi
celle des Imãmiya. Ibn Hazm cependant, dans son Kitãb al-igma, affirme que
les docteurs, à l'unanimité, enseignent que de telles formules entraînent la
répudiation. Selon cet auteur, il y a discussion uniquement lorsque ces formules
se présentent sous l'aspect extérieur ( mahrag} d'un serment: entraînent-elles,
ou non, la répudiation et, dans la négative, est-on tenu ou non à une kaffãra?
son pacte , ou la confiance quii mérite , sauf dans que Dieu«; à la seconde forme de lauhïd , 011
le cas du vœu que Ton utilise comme serment; rattachera les serments faits »pour Dieu«, et,
la kaffara est alors analogue à celle du serment par antithèse, ceux qui sont faits crpour d'autres
proprement dit. r> - Une telle doctrine du ser- que Dieu«. Dans la hiérarchie des valeurs mo-
ment et de la kaffara oblige en outre 'es fukahã' rales , le lauhïd al-uliihïya vient avant le lauhïd ar-
à d'autres inconséquences flagrantes : on admet- rubûbïya. Donc le vœu sera de slricte obligation ,
tra, par exemple, comme valable le serment fait mais, en cas de force majeure, pas de kaffara ;
au nom du Prophète et , par voie de conséquence , on sera même récompensé pour avoir eu l'inten-
surtout si Ton admet le culte des saints, tout tion de l'accomplir. Le serment pour Dieu et le
serment fait par un saih ou même un chef de serment par Dieu comportent une kaffara; les
confrérie. La doctrine d'Ibn Taimïya est plus autres serments, étant associationnisme, exigent
rationnelle; elle se fonde toujours sur sa fameuse une lauba proportionnée à la gravité de la faute.
distinction des deux lauhïd, le tauhld ar-rubûbïya - Bon exposé de la doctrine dans Ibn al-Kaiyïm ,
et le lauhïd al-ulûhïya. (Pour l'analyse de ces Kiyàs, 179.
deux notions, cf. notre Essai.) A la première (l6) Al-Buhârï, Saltili y Б2, 2 6; 83, Ů, 5, 7.
forme de tauhld , on rattachera la catégorie des On trouve la même prescription dans le Musnad
serments faits *au nom de Dieu« , et la catégorie d'Ahmad b. Hanbal, cf. Wensinck, Hundbook ,
antithétique des serments faits «au nom d'autre p. 178 (sub. Oaths).
Bulletin d'études orientales , t. VII-V1II. 29
(19) Ou assimilation injurieuse; il a lieu lorsque vante : ff Je jure que ton dos m'est comme le dos
le mari déclare que sa femme (ou une partie de ma mère." Dans la doctrine d'ibn Taimïya,
du corps de sa femme) lui est prohibée au le zihãr peut être l'équivalent d'une répudiation
même litre qu'une autre femme parente au degré ou d'un simple serment selon l'intention du
prohibé, ou qu'une partie du corps de cette mari.
dernière. La formule type de zihãr est la sui- (20) Wensinck, op. cit., p. 178.
29 •
(25) Ce sont tous les serments faits par une puisqu'ils sont une manifestation caractérisée
créature , comme les serments où Ton invoque la du kufr. Falãwã, 111, p. 35o. Il est intéressant
Kacba , la tombe ďun saih, la prospérité du sul- de noter qu'il s'appuie ici sur des liadïts qui se
tan, le prestige de quelque personnage; tous trouvent dans Abu Däwüd, 21, 3 et at-Tirmidï,
les f ulama 5 sont d'accord pour réprouver énergi- 18, 8, 9, 18.
quement de semblables serments, mais tous (2(5) Sur ce serment particulier de la haica,
cependant ne comprennent pas cette réprobation cf. Falãwã , III, p. 35 1.
de la même façon; pour les uns, ils sont repré- (27) La kaffâra a été en effet édictée par le Co-
liensibles, pour d autres, interdits, lbn Taimïya, ran , v, 91.
pour sa part, les considère comme interdits (28) Coran, и, 2 2 4.
(29) Coran, n, 2 36. tradition d4bn cAbbãs qui suit, Ibn Taimîy
(30) On entend par ilãy le serment de le
range donc conti-
zihãr dans le genre juridique d
lla',
nence : le mari jure de ne plus mais
avoir deil y voit un serment de continen
rapports
ďune
avec sa femme. Mais en vertu des particulière
droits qu'ellegravité, car il consiste, e
a sur le corps de son mari, même
la femme peut,
temps que au
dans un serment de contine
terme d'un délai de h mois, mettre son mari
proprement dit, en
dans une assimilation injurieu
demeure de la répudier ou D'où
de reprendre
aggravation
les de la kaffãra : elle consis
à affranchir un esclave croyant, à observer
rapports conjugaux; en cas de refus de la part
jeûne
du mari, elle peut demander de la
au cadi deux mois on à nourrir soixante pa
dissolu-
tion du mariage. La kaffãra du
vres.
serment de con-
(31)
tinence est la même que celle des Allusion
autres au verset coranique (ir, 229) sur
serments.
Coran, LViii , 4-5. Vor aussi Pedersen
lequel in les
sont fondés El,rapports conjugaux.
(32) Coran, 11, 2ü6.
II, p. 8З2 (sub kasam). En s'autorisant de la
dispensent pas de la kaffãra, ainsi que Dieu l'a dit : <rÓ Prophète, pourquoi
interdis-tu ce que Dieu t'a permis? Tu cherches la satisfaction de tes femmes.
Or Dieu est indulgent et miséricordieux. 11 vous a permis de vous délier de
vos serments 11 Dieu donc a montré qu'il était indulgent et miséricordieux
en permettant aux croyants de se libérer de leurs serments : il a été misé-
ricordieux à l'égard de ses serviteurs en leur imposant la kaffãra et il s'est
montré indulgent ( gafur ) en pardonnant ainsi la violation d'un serment. Tout
engagement, en effet, doit être tenu, sauf dans le cas où une kaffãra a été
instaurée, comme celle qui permet de se libérer d'un serment. Lorsque le
midi refuse d'avoir des rapports avec sa femme et se décide à la répudier,
Dieu alors rrsait entendre et connaître«. La condition juridique du müh dans
le Coran consiste ou bien à avoir des rapports avec sa femme, ou bien à se
résoudre au divorce. S'il exécute, Dieu montre son pardon et sa clémence;
aucune répudiation ne s'ensuit. Là-dessus on est d'accord lorsque le serment
est fait к par Dieu и.
Quant au serment de répudiation , les juristes qui soutiennent qu'il entraîne
nécessairement la répudiation et ne saurait comporter de kaffãra disent que,
lorsque le muli qui a juré de répudier sa femme s'il vient à avoir des rap-
ports avec elle, a effectivement des rapports avec elle, il en résulte que la
femme est répudiée; de même, s'il a décidé de répudier sa femme et s'il le
fait, sa femme est répudiée. La répudiation donc, dans une semblable doc-
trine, est toujours obligatoire, que (le muli) conserve sa femme selon le bon
usage (ma ruf), ou qu'il s'en sépare avec bonté ( ihsãn ). Mais le Coran stipule
cependant expressément que le muli a le choix (entre deux solutions) : il
doit remplir ses devoirs conjugaux ou répudier sa femme. S'il remplit ses
devoirs conjugaux, il n'est pas obligé de répudier sa femme, mais il est tenu
à la kaffãra du parjure, si l'on admet que le serment de répudiation comporte
une kaffãra. Le müli, en effet, qui a contracté (au nom de Dieu) son serment -
de continence, puis qui a des rapports avec sa femme, est tenu à la kaffãra '
du parjure pour la plupart des docteurs. On cite une opinion aberrante
(sãdd) selon laquelle il n'est tenu à aucune kaffãra. Mais l'opinion de la majorité
est la plus exacte. Dieu a exposé la kaffãra [46] du serment dans la sourate
Henri Laoust.
(37) L'éditeur de ce manuscrit d'Ibn Taimîya, plus intéressante est empruntée au Kilâb al -
Muhammad b. cAbd ar-Razzãk b. lïamza , repro- igmFi ďlbn Ilazm. Il est également intéressant
duit, après celte risala , une courte notice qui de relever qu'lbn Taimîya donne comme justifi-
se trouve dans l'original et qui énumère un cer- cation de sa propre thèse l'opinion de mugtahids
tain nombre d'opinions divergentes sur la ques- maghrébins (p. s /»).
tion du serment de répudiation. La citation la