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La femme et le divorce entre consécration législative et aménagement

Partie 1 : Le divorce au Maroc : Fondements juridiques et aménagements pratiques

Chapitre 1 : Les différentes formes de divorce et les conditions légales

Chapitre 2 : Les effets du divorce et les aménagements

Partie 2 : La protection de l'enfant dans le contexte du divorce

Chapitre 1 : La garde des enfants et les aménagements

Chapitre 2 : La tutelle des enfants après le divorce

INTRODUCTION

"Le divorce au Maroc : une évolution en demi-teinte pour les femmes".

Le divorce est un phénomène social complexe qui touche tous les pays du monde, y compris le
Maroc. Au Maroc, le divorce est régi par le Code de la Famille, qui a connu une refonte
importante en 2004. Cette nouvelle version du Code a apporté des changements importants en
matière de divorce, notamment en ce qui concerne les droits des femmes. La réforme a introduit
des avancées significatives telles, que la femme marocaine majeure de contracter mariage sans le
consentement de son tuteur. De plus, elle a établi l'égalité des époux dans le choix du domicile
conjugal, octroyé à la femme divorcée le droit à une pension alimentaire même si elle travaille, et
confié la garde des enfants à la mère en cas de divorce, sauf en cas d'inaptitude. Le partage des
biens acquis pendant le mariage est également désormais instauré en cas de divorce. Malgré ces
avancées, des défis subsistent pour les femmes marocaines, notamment les pesanteurs sociales et
culturelles, les difficultés économiques, et l'accès parfois difficile à la justice. Il reste essentiel de
poursuivre les efforts pour améliorer la situation des femmes divorcées au Maroc, en sensibilisant
aux questions de genre et en renforçant l'accès à la justice. Donc Comment le divorce au
Maroc, peut-il être appréhendé et réformé pour mieux garantir l'équilibre entre les
droits des parents et la protection de l'enfant dans un contexte social en évolution
?

Partie 1 : Le divorce au Maroc : Fondements juridiques et aménagements pratiques

Chapitre 1 : Les différentes formes de divorce et les conditions légales

Le divorce est la dissolution des liens du mariage exercée par l’époux et l’épouse selon les
conditions auxquelles chacun d’entre eux est soumis, sous contrôle du juge et conformément au
code de la famille. Il existe différents types de divorce :

Le divorce révocable au sein du droit musulman entraîne une période de retraite de continence
pour la femme, au cours de laquelle le mari perd ses droits sur le corps de son épouse. Bien que le
lien matrimonial soit relâché, le mariage conserve certains effets tels que le droit à l'entretien et la
vocation héréditaire réciproque. Durant cette période, le mari a le droit de revenir sur sa décision
et de rétablir le lien matrimonial, sans nécessité de nouvelle dot ou d'intervention du wali.
Cependant, le Code de la Famille a introduit des modifications. Il exige désormais que la
révocation du divorce soit constatée par deux adouls qui en informent immédiatement le juge. De
plus, le droit de reprise de l'épouse par l'époux pendant la retraite de continence a été limité.
Avant d'homologuer l'acte de reprise, le juge doit convoquer l'épouse pour l'informer de cette
décision. Si elle refuse la reprise de la vie conjugale, elle peut recourir à la procédure de discorde
(Chiquaq). Le divorce pour discorde "Chiquaq", représente un nouveau mode de dissolution du
mariage. Son fondement réside dans la résolution de profonds différends entre les époux
susceptibles de mettre fin à la vie conjugale et familiale. Initialement conçu comme un moyen
privilégié de réconciliation, Ce type de divorce, irrévocable, peut être initié par l'époux, l'épouse,
ou les deux conjoints. Outre Il prévoit également une indemnisation pour l'époux lésé, en prenant
en compte la responsabilité de chaque conjoint. Cette compensation peut même être accordée au
demandeur du divorce s'il a subi un préjudice avéré.

Le droit d'option, également connu sous le terme "Tamlik" en droit musulman, permet à un mari
de déléguer à son épouse le pouvoir de prononcer sa propre répudiation. ce principe, est accepté
par les jurisconsultes. Selon les malékites, le mari peut révoquer cette délégation, et le Tamlik
peut être absolu ou lié à des conditions spécifiques, telles que la monogamie. Le Code de la
famille à l'article 89, prévoit que si le mari donne ce droit à son épouse, elle peut demander le
divorce au tribunal. Le mari ne peut empêcher son épouse d'exercer son droit d'option s'il lui a été
consenti.

Le divorce moyennant compensation (Khol’) : Le divorce par rachat est un mode de dissolution
du mariage par accord des conjoints, en vertu duquel, le mari accepte de divorcer de sa femme en
contrepartie d’une compensation qu’elle lui verse. En effet, si la femme est mineure quant à ses
biens, le divorce est acquis et la mineure n’est tenue de se libérer de la contrepartie qu’avec
l’accord du tuteur chargé de l’administration de ses biens. Si la femme est pauvre, toute
contrepartie sur laquelle les enfants ont un droit est interdite. Toutefois, si la mère qui en
contrepartie a accepté de prendre en charge la pension alimentaire de ses enfant devient
insolvable, la pension redevient à la charge du père, sous réserve de demander à la mère la
restitution de ce qu’il a versé.

Le divorce par consentement mutuel Il s’agit d’un mode de dissolution du mariage Les époux
peuvent consentir d’un commun accord de mettre fin à leur relation conjugale avec ou sans
conditions l’analyse des dispositions de l’article 84 montrent que la femme y a droit, même s’il
s’agit d’un divorce par consentement mutuel.

Le divorce judiciaire : Tatliq L'épouse peut demander un divorce judiciaire pour divers motifs,
comme le non-respect des conditions du mariage, le préjudice, le défaut d'entretien, etct (art 98 du
code de la famille). La demande est déposée à la section de la justice de la famille du lieu de
résidence Le tribunal statue, le cas échéant, sur les mesures provisoires et conservatoires relatives
à l’entretien de la femme, le domicile, le droit des enfants, la garde de ces derniers. Cette
ordonnance est exécutoire sur minute, nonobstant toutes voies de recours. En cas d’instance de
divorce et si la cohabitation s’avère impossible, le tribunal prend des mesures provisoires qu’il
estime convenir à la femme et aux enfants, et ce de sa propre initiative ou sur requête, en
attendant le jugement rendu dans l’affaire. Ces dispositions sont exécutoires sur minute par voie
du ministère public.

Chapitre 2 : Les effets du divorce et les aménagements

Les droits de l'épouse lors du mariage et du divorce sont multiples. Tout d'abord, elle a droit au
reliquat de la dot si le mariage est consommé ou si l'époux décède avant cela. En cas de divorce
judiciaire avant la consommation, elle reçoit la moitié de la dot fixée. Cependant, si le mariage
n'est pas consommé et qu'il est résilié, dissous pour un vice rédhibitoire, ou s'il y a un divorce
sous contrôle judiciaire, l'épouse ne peut prétendre au reliquat de la dot.

Ensuite, durant la période de retraite de viduité (Idda), l'épouse réside dans le domicile conjugal
ou dans un logement approprié, en fonction de la situation financière de l'époux. Si nécessaire, le
tribunal fixe les frais de logement, qui doivent être déposés au tribunal. La durée de cette retraite
varie selon la situation de la femme, prolongée jusqu'à l'accouchement si elle est enceinte, ou
pendant trois périodes menstruelles si elle n'est pas enceinte.

Enfin, l'épouse a droit à un don de consolation, dont le montant est déterminé en fonction de
divers critères tels que la durée du mariage, les motifs du divorce et la situation financière de
l'époux. Cependant, il est important de souligner que, conformément à l'article 400, en l'absence
d'une mention explicite dans le présent Code, il est recommandé de se référer aux enseignements
du Rite Malékite et/ou aux conclusions de l'effort jurisprudentiel (Ijtihad). En accord avec cette
approche, l'arrêt de Ba Hamadi de 2010 établit que dans le cas d'une demande de divorce pour
discorde, l’épouse ne bénéficie pas de don de consolation, suivant ainsi les principes de l'Ijtihad.

Partie 2 : La protection de l'enfant dans le contexte du divorce

Chapitre 1 : La garde des enfants et les aménagements

La personne qui exerce la garde doit veiller à la protection physique, psychologique et morale de
l'enfant. Cela signifie que la personne à qui incombe le droit de garde doit prendre toutes les
mesures pour assurer une bonne éducation de l'enfant, pourvoir à ses besoins, veiller à son
éducation scolaire, à son orientation religieuse. Ces attributs de la hadana, même s'ils sont exercés
par la personne qui exerce la garde, le père non gardien en tant que représentant légal a un droit et
une obligation de regard sur l'éducation de l'enfant.

Le code de la famille a accordé une réelle attention à l'éducation et la scolarisation de l'enfant en


introduisant les dispositions permettant de saisir la justice en cas de conflit entre le gardien et le
représentant légal quand il s'agit de la scolarisation de l'enfant. L'orientation religieuse revient à
différentes reprises en tant que droit de l'enfant et attribut de la hadana. Cela signifie que si le
gardien ne veille pas à l'orientation religieuse de l'enfant, en l'occurrence, l'islam, en essayant de
détourner l'enfant de sa religion musulmane, le représentant légal, le ministère public ou toute
personne intéressée peut saisir la justice qui va statuer.

Le droit de regard du père ou du représentant légal interdit le déplacement de l'enfant en dehors


du Maroc sauf dans l'accord de ce dernier. En cas de refus, la mère gardienne peut saisir le juge
des référés pour autoriser le déplacement de l'enfant à l'étranger. Ce dernier, ne l'autorise que s'il
s'agit d'un déplacement provisoire et s'il est sûr du retour de l'enfant au Maroc. Par contre, le
déplacement à l'intérieur du Maroc n'entraîne pas la déchéance du droit de garde.

Le titulaire du droit de garde peut se voir déchu s'il ne remplit pas les conditions et ne respecte
pas ses obligations vis à vis de l'enfant. Toutefois, certaines raisons de déchéance du droit de
garde ont été assouplies. En effet, le remariage ou le mariage de la gardienne n'entraîne plus
automatiquement la déchéance du droit de garde. Le code de la famille distingue entre le
remariage de la gardienne mère et le mariage de la gardienne qui n'est pas mère. Si la gardienne
n'est pas la mère, son mariage lui fait perdre son droit de garde sauf si le mari de la gardienne est
un parent de l'enfant à un degré prohibé ou si le mari est représentant légal ou si la gardienne est
la représentante légale de l'enfant. Si la gardienne est la mère, son remariage n'entraîne pas la
perte du droit de garde si l'enfant est âgé de moins de 7 ans, si la séparation avec la mère lui porte
préjudice, si l'enfant souffre d'une maladie ou d'un handicap rendant sa garde difficile pour une
autre personne autre que la mère et si le mari est le représentant légal de l'enfant ou parent de
l'enfant à un degré prohibé ou si la mère est représentante légale de l'enfant.

Néanmoins, si la mère gardienne se remarie, le père n'est plus tenu de payer les frais du logement
ni le salaire de la garde. Par contre, il reste chargé de la pension alimentaire de son enfant. La fin
de la garde se prolonge pour la fille jusqu’à son mariage et pour le garçon à 25 ans en cas des
études.

Chapitre 2 : La tutelle des enfants après le divorce

Suite à un divorce au Maroc, la question de la tutelle des enfants est régie par le Code de la
Famille, qui énonce initialement le principe de la tutelle paternelle. Selon ce principe, le père est
désigné comme le tuteur légal de ses enfants mineurs, à moins qu'il ne soit déchu de cette
responsabilité par décision judiciaire. Toutefois, des exceptions à ce principe sont prévues,
notamment en cas de décès du père, d'incapacité ou de déchéance de sa tutelle, où la tutelle
maternelle peut être établie.

La tutelle maternelle, dans ces circonstances, est soumise à des conditions strictes. La mère doit
démontrer une conduite exemplaire et être capable d'assumer la tutelle. De plus, des restrictions
telles que l'interdiction de se marier avec un étranger non musulman sont énoncées par le Code de
la Famille. Outre la tutelle maternelle, le Code reconnaît également la tutelle testamentaire, qui
permet au père de désigner un tuteur dans son testament, et la tutelle dative, où le juge intervient
en l'absence de tuteur légal ou testamentaire.

Le tuteur, qu'il soit le père, la mère ou désigné par le juge, a des rôles et responsabilités clairs. Il
doit assurer la protection, l'éducation et la représentation légale de l'enfant. De plus, le tuteur doit
gérer les biens de l'enfant et rendre compte de sa gestion au juge. Par exemple Dans un arrêt, le
juge attribue la tutelle à un oncle, mais l'enfant sous sa tutelle souhaite vendre un terrain,
que l'oncle décide d'acheter. Dans cette situation, le juge décide de confier la tutelle à une
autre personne afin de protéger les biens de l’enfant.

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