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Objectifs pédagogiques
A- Le consentement au mariage
Pour qu'il soit considéré comme un consentement existant, il doit être personnel,
conscient et sérieux.
a. - Un consentement personnel
Aux termes de l’art. 108 : "Chacun des futurs époux, même mineur, doit
consentir personnellement au mariage".
Cette exigence était sous-tendue par deux considérations : d'une part
l'émancipation de la femme et partant la renonciation à certaines pratiques
coutumières qui ne reconnaissaient pas sa personnalité pleine et entière; d'autre
part, l'abolition du mariage forcé d'une manière générale des femmes et des
enfants. Le consentement du mineur au mariage est exigé même si celui du
titulaire de la puissance paternelle est indispensable.
Cependant, il est permis de se marier par procuration (art. 108 al 2) sous
réserve du respect de certaines formalités afin d’éviter le détournement de la
règle (art.108 al 2).
b) - Un consentement conscient
Sans consentement, point de mariage. Ainsi les mariages conclus par des
déments ou un dément sont nuls du fait de l'absence de consentement (art. 341).
Seulement, la démence habituelle n'empêche pas la validité des actes accomplis
dans un intervalle de lucidité.
Le majeur interne n'a pas de consentement ; s'il est en tutelle ou en curatelle. Ici
l'exigence du consentement familial s'ajoute à l'exigence de la volonté
personnelle.
c) - Un consentement sérieux
Le consentement ne doit pas être vicié. C’est l’adaptation de la vie des vices
du consentement à l'acte de mariage. En droit des obligations on connait trois
violations du consentement : l’erreur qui est une fausse représentation de la
réalité, quant à la violence, il s’agit de la contrainte physique ou morale exercée
sur une personne pour l’amener à donner son consentement à un acte. Quant au
dol, il s’agit de tromperie par l’usage de manœuvres et artifices divers. Lorsque
le consentement a été donner suite à une erreur, une violence ou un dol, la loi
considère l’acte ainsi formé n’est pas valable. Il sera frappé de nullité. C’est
cette théorie de vice du consentement que reprend le droit de la famille. Par
contre vue les spécifiques de la matière, le droit de la famille ne retient que deux
vice du consentement : l’erreur et la violence. Le dol a été écarté du fait de la
difficulté de distinguer les manœuvres et artifices des mariages qui ne sont
qu'art de plaire. "En matière de mariage, trompe qui peut".
a. - La violence
La violence en mariage existe même si elle se présente rarement. La
violence morale, physique sont des hypothèses que l’on peut retrouver dans le
mariage forcé. C'est-à-dire le mariage conclu sans le consentement de la
personne. La contrainte est donc plus fréquente mais plus difficile à retenir par
le juge. Exemple : Menaces de malédiction.
b. - L'erreur
L'art. 138 CF parle de l'erreur sans autre précision et la jurisprudence n'est
pas notamment riche pour permettre une réflexion au-delà de ce qui est connu en
droit des obligations.
B - La dot
La dot est une libéralité en faveur du mariage consacrée par des coutumes
très anciennes. Il s'agit d'une donation faite par le futur mari à sa future épouse.
Elle procure un avantage purement gratuit puisqu'en principe "elle est propriété
exclusive de la femme qui en a la libre disposition" (art. 132 al 2). Son montant
est fixé à un maximum de 3 000 F. Elle peut être payée intégralement lors de la
conclusion du mariage ou partiellement, le reliquat sera versé ultérieurement.
Le fondement de la dot est toujours l'objet de controverses renforcées de
nos jours par son utilisation et ses avatars quelles procures à la femme et sa
famille. Malheureusement, elle constitue un supplice pour les hommes en raison
de son coût élevé, fait l'objet de surenchères entre les familles, n'est jamais la
propriété exclusive de la mariée mais celle de sa famille. Certains y ont vu tout
simplement "le prix d'achat de la femme".
D'autres n'y ont vu que "la clef qui ouvre l'utérus" réduisant par là le
mariage à une banale conjonction des sexes en vue de la reproduction de surcroît
monnayée.
Devant le caractère insoutenable de ces appréciations, certains ont vu dans
la dot une compensation pour la famille du départ de la jeune fille et pour la
mère qui l’a douloureusement engendrée (K. Mbaye). Cependant, cette idée de
compensation ne correspond pas à l'esprit du législateur qui fait de la dot la
propriété de la femme et non celle de la famille.
Le législateur, non convaincu de tous ses arguments a adopté une position
de juste milieu : il n'est pas allé jusqu'à abroger la dot mais il en a fait une affaire
personnelle relevant strictement de la volonté des futurs époux, libre à eux d'en
faire ou non une condition de fond de leur mariage. Et suivant la volonté des
futurs époux, la dot pourra être écartée et le mariage s'accomplir valablement
sans elle. Si tel est le cas, la violation de cette obligation peut être une cause de
nullité relative du mariage (138 CF) ou une cause de divorce (art. 166-5).
A- La différence de sexes
B - La puberté
Elle concerne le minimum nécessaire pour établir l'aptitude physiologique
au mariage. Mais cette aptitude est seulement présumée. Pour établir cette
présomption, le législateur se réfère à l'âge. Aux termes de l’article 111 du code
de la famille "le mariage ne peut être contracté qu'entre un homme âgé de plus
de 18 ans et une femme de plus de 16 ans". A ces âges respectifs, l'homme et la
femme sont présumés aptes au plan physiologique à se marier. La différence de
régime s'explique par la différence de sexe et non par une discrimination
purement arbitraire.
Il peut arriver cependant que l'âge légal soit contredit par l'âge réel : c'est
lorsque par exemple les futurs époux n'ont pas atteint l'âge légal mais prouvent
par leurs œuvres leur aptitude physiologique au mariage. Dans cette situation, la
loi a prévu une solution réaliste. Le mariage pourra être conclu avec une
dispense d'âge accordée pour motif grave par le Président du tribunal régional
après enquête.
La question qui se pose est celle de savoir si le seul critère de l'âge est
suffisant pour juger de l'aptitude physiologique ? La puberté est-elle le seul
élément à prendre en considération ? Quels sont les autres critères susceptibles
d'être retenus ? Peut-on se marier si on ne dispose pas de l’intégrité de son corps
ou de ses membres ?
La deuxième question est de savoir si la santé des futurs conjoints est
prise en compte pour éviter ou prévenir le mariage de personnes atteinte de
maladie contagieuse. Avec le virus du VIH SIDA la question se pose de savoir
si une personne infectée par le VIH SIDA peut librement se marier. Le code de
la famille reste muet sur la question. Cependant en se référant à la constitution
du Sénégal qui dans son préambule pose un principe général de non-
discrimination et la loi n°2008-11 sur le VIH SIDA ; on ne peut discriminer une
personne sur le fondement de son infection au VIH SIDA. En outre, on peut
relever également que le code de la famille faisant du mariage une affaire
purement individuel où seuls les futurs époux peuvent décider sous réserve des
conditions édictées par la loi du choix de leur futur époux.
Les futurs époux peuvent exiger un certificat médical prénuptial. Même si le
certificat est exigé, il ne fait pas obstacle à la volonté des futurs époux de se
marier et leur laisse la liberté de se marier toute en connaissance de cause.
Enfin, le critère de l'expérience et de la lucidité n’est pas seulement
physiologique. On le sait avec le mariage du mineur. Il se pose un problème de
lucidité concernant les majeurs incapables. Par exemple la loi admet qu’il faut
moins de ressources intellectuelles pour se marier que pour vendre. La loi exige
du majeur incapable qu’il conclu le mariage durant ses moment de lucidité. Son
consentement est indispensable ainsi que celui de son tuteur ou de son curateur.
A- La prohibition de l'inceste
La prohibition de l'inceste est l'un des tabous les plus puissants et les plus
profonds de l'humanité. Elle exprime positivement le besoin d'échanger les
femmes c'est-à-dire l'exogamie. Elle se justifie pour plusieurs considérations :
l'instinct naturel, le sentiment du sacré, une considération rationnelle
d'eugénique (belle naissance). La prohibition de l'inceste se traduit par la
prohibition de l'endogamie mais cette prohibition n'est pas absolue c’est
pourquoi il est nécessaire de connaître ses limites. La loi interdit pour cause
d'alliance et de parenté le mariage de toute personne avec :
- ses ascendants ou ceux de son conjoint ;
-ses descendants ou ceux de son conjoint ;
- jusqu'au 3è degré, les descendants de ses ascendants ou de ceux de son
conjoint. Toutefois, il n'y a plus prohibition pour cause d'alliance entre beau-
frère et belle-sœur lorsque l'union qui provoquait l'alliance a été dissoute par le
décès".
En outre, les prohibitions au mariage subsistent entre l'adopté et sa famille
d'origine. De même le mariage est prohibé entre :
Cet impératif ne concerne que la femme et est dicté par le souci d'éviter les
risques d'incertitudes sur la paternité.1 C'est ainsi qu'un délai dit de viduité est
imposé à la femme dont l'union est dissoute, délai avant l'expiration duquel il
n'est pas permis à la femme de se remarier.
Ce délai est de 300 jours au maximum après le décès du premier conjoint
ou le divorce. Le but est d'éviter qu'un même enfant né à la suite du remariage
de la mère, ne soit susceptible d'être attribué aux deux maris successifs. Cette
règle est inspirée du droit français qui prévoit d'ailleurs la possibilité d'abréger
les délais lorsque la confusion de paternités n'est pas à craindre suite à
l’accouchement de la femme ou la production d'un certificat médical attestant
qu'elle n'est pas enceinte. Au Sénégal, l'abréviation du délai est prévue en
application des règles du droit musulman : 3 mois en cas de dissolution du
mariage par divorce ou par annulation ou à 4 mois 10 jours après dissolution du
mariage par décès. Cependant lorsque la femme est enceinte, le délai de viduité
prend fin par sa délivrance.
1
V. art. 112 CF.
Si le mariage constaté par l'officier de l'état civil vaut au même titre que le
mariage célébré par l'officier de l'état civil, force est de constater la primauté de
celui-ci sur celui-là. En effet, le mariage célébré par l'officier de l'état civil se
suffit à lui-même tandis que le mariage célébré selon la coutume doit
nécessairement être constaté par l'officier de l'état civil. Cela s'explique par la
primauté de la loi sur la coutume. Le mariage célébré a une prééminence sur le
mariage coutumier.
Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de mariage. Ces formes apparaissent
d'abord dans la phase préparatoire à la formation du mariage (paragraphe I) et se
prolongent lors de la célébration (paragraphe II). La similitude entre les deux
formes de mariage existe également pour le mariage constaté par l’officier d’état
civil (paragraphe III).
Ces formalités sont dictées par le souci de prévenir l'Etat et le milieu social
intéressé dans la formation d'une nouvelle famille et, le cas échéant, à provoquer
leurs réactions.
Trois formalités seront envisagées :
Les futurs époux sont tenus d'informer l'officier de l'état civil de leur
projet un mois à l'avance dans le cas où le mariage doit être conclu dans une
commune ou dans une localité où se trouve un centre d'état civil. Cependant,
l'avis de projet de mariage est donné au chef de village ou à une personne
désignée dans le village par l'officier de l'état civil, si le mariage doit être célébré
en tout autre lieu.
Cette condition est posée par l’article 115 du CF. Cette disposition enjoint
aux futurs époux de remettre personnellement à l'officier de l'état civil de leur
domicile ou à l'autorité qui le représente les pièces suivantes : une copie du
certificat de naissance datant de moins de trois mois, une copie des actes
accordant des dispenses dans les cas prévus par la loi. Chacun doit remettre
personnellement une copie de son acte de naissance datant de moins de 3 mois et
la copie des actes accordant des dispenses dans les cas prévus par la loi. Lorsque
l’un des époux l'impossibilité de se procurer un acte de naissance, le futur
époux concerné se fera délivrer par le juge du tribunal départemental un acte de
notoriété. Cependant, si la naissance n'a pas été déclarée à l'origine, un
jugement d'autorisation d'inscription sera nécessaire (art. 115 - 87 CF).
A l'occasion de la remise des pièces, la loi permet à l'officier de l'état civil
de poser des questions aux futurs époux. Il doit en effet demander aux futures
époux s’ils ont déjà été mariés et leur enjoint dans l’affirmative d’indiquer à
quelle date et sous quelle forme l’union précédente a été contractée ainsi que la
date et les cause de sa dissolution. Le futur époux devra justifier le cas échéant
de ce que les liens matrimoniaux déjà contractés ne constituent pas à son égard
un empêchement au mariage projeté.
Lorsque l’un des futurs époux ou les deux sont mineur, il lui rappelle la
nécessité de fournir la preuve du consentement de la personne habilitée à le
donner ou de l'autorisation judiciaire en tenant lieu (Art. 116, 115 du CF).
L'ensemble de ces questions et réponses est consigné sur un formulaire-
type, établi en trois exemplaires dont l'un est envoyé sans délai à l'officier de
l'état civil du lieu de conclusion du mariage accompagné des pièces déposées par
les époux (art. 127.3).
C - La publication du mariage
Le mariage civil est célébré avec solennité (A) dans un lieu déterminé par la loi
(B).
Ces causes concernent les irrégularités les plus graves qui portent atteintes
à l'ordre public. Quelle que soit la forme du mariage, sa nullité doit être
prononcée (art. 141) en cas de non-respect des impératifs physiologiques (sexe,
âge), psychologiques (absence de consentement de l'un des époux) ou
sociologiques (inceste, lien matrimonial antérieur non dissout) ou bien encore en
cas d'incompétence de l'officier de l'état civil qui a célébré le mariage. (art. 137
in fine CF).
La nullité relative est une nullité de protection qui sanctionne les atteintes
à des intérêts privés. Par exemple la forme du mariage. Ainsi la nullité sera
prononcée en cas de non-respect des mêmes impératifs mais à un degré moindre.
Pour les impératifs psychologiques, le mariage peut être annulé pour vice du
consentement (erreur, violence), ou pour non-paiement de la dot lorsqu'elle est
une condition de fond ou pour défaut d'autorisation familiale ; et pour les
impératifs physiologiques pour impuissance du mari ou pour maladie grave et
incurable à condition qu'elle rende la cohabitation préjudiciable lorsque le
conjoint l'a sciemment dissimulée au moment du mariage (art. 138).
Elle s'ouvre lorsqu'elle est exercée par son titulaire. Celui-ci varie selon
qu'il s'agit de nullité absolue ou de nullité relative. L'action en nullité absolue
peut être exercée par les époux eux-mêmes, par le ministère public et par toute
personne qui y a intérêt. Elle est imprescriptible (142). S’agissant de la nullité
relative, elle appartient (art. 139) :
- à celui des époux dont le consentement a été vicié ;
- à celui dont le consentement était requis ou à l'époux qui avait besoin de
ce consentement en cas de défaut d'autorisation familiale ;
- à la femme en cas de non paiement de la portion exigible de la dot ou en
cas d'impuissance du mari ;
- au conjoint de l'époux atteint de maladie grave et incurable.
Le code de la famille impose qu'il soit statué en toute hypothèse sur la bonne
foi de l'un ou l'autre des époux hors du jugement prononçant la nullité. La bonne
foi, comme le veut le principe, est toujours présumée. Deux situations sont à
distinguer :
• la première situation c’est lorsque les deux époux sont déclarés de mauvaise
foi, le mariage est réputé n'avoir jamais existé tant dans les rapports des
époux que dans les rapports avec les tiers.
La deuxième situation c’est lorsque l'un des époux est seulement réputé de
mauvaise foi, le mariage est réputé n'avoir jamais existé à son égard.
Cependant l'autre conjoint pourra se prévaloir des dispositions de l'art. 144
c'est-à-dire la nullité ne rétroagit pas et le régime des biens est déterminé à
partir de la date d'introduction de la demande. Concernant les enfants
légitimes et ceux issus du mariage, ils conservent leur qualité à l'égard de
leurs auteurs et des tiers mais l'époux de mauvaise foi ne pourra pas se
prévaloir de la nullité à leur égard (art. 145 in fine).