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Le mariage prend fin de différentes manières dont la fin normale étant le décès de l’un des
époux. Des fins exceptionnelles du mariage existent : annulation par voie judiciaire pour causes
prévues par la loi et le divorce.
Le divorce peut être défini comme la dissolution du mariage du vivant des époux à la suite
d’une décision judiciaire rendue à la requête de l’un d’eux, ou de l’un et de l’autre pour les
causes établies par la loi.
Une question se pose celle de savoir s’il faut ou non admettre le divorce.
Les adversaires du divorce soutiennent l’Eglise catholique dont la doctrine est l’indissolubilité du
mariage, celui-ci étant un sacrement. Et à Madagascar, il existe un proverbe ‘ Ny fanambadiana
dia toy ny lamban’akoho, ka faty no hisarahana’ 1, sans oublier le dicton ‘ Ny tokantrano
fiafiana’2.
Pour les tenants du divorce, ils soutiennent que celui-ci permet de corriger les désavantages
d’un mariage perpétuel alors que la vie commune est devenue impossible. La séparation de fait
est insuffisante car elle ne permet pas au conjoint/ à la conjointe de refaire sa vie, sinon, ce
sera le développement du concubinage. De plus, il s’agit d’un lien contractuel qui peut à tout
moment être rompu par le seul fait de la volonté de l’un ou de l’autre ou des deux époux ; dans
ce dernier cas, ce serait le divorce par consentement mutuel.
Le Droit malgache admet le divorce. Cependant, il a tenté de concilier deux impératifs sociaux :
d’une part, permettre aux époux de mettre fin à une union définitivement compromise, et d’autre
part, désencourager le divorce en donnant une chance de conciliation aux époux en leur
donnant un délai de réflexion et d’apaisement.
1. le divorce sanction dans lequel le divorce ne peut être admis que si l’un des époux a commis
une faute laquelle sera sanctionnée par le divorce à l’encontre de l’époux coupable ;
2. le divorce remède dans lequel le divorce est admis dans tous les cas où la vie commune est
impossible entre les époux. Tel est le cas d’un divorce en cas d’aliénation mentale de l’un des
époux.
Dans le Droit positif malgache, les causes du divorce sont prévues par les articles 66 et 67 de la
Loi 2007-022 du 20 aout 2007 sur le mariage et les régimes matrimoniaux.
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Traduction littérale; le mariage est comme les plumes de la poule, celles-ci ne s’en détachent qu’à sa mort
2
Traduction littérale: dans le mariage, les époux doivent tout supporter pour le faire perdurer
Le divorce en Droit malgache
Lydia Randrianja, UNIVERSITE CATHOLIQUE DE MADAGASCAR, mai 2021 [Tapez ici]
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I-LES CAUSES DU DIVORCE PREVUES PAR L’ARTICLE 66
Aux termes de l’article 66, ‘ Lorsqu’un des époux a gravement manqué aux obligations et
devoirs réciproques des époux résultant du mariage, et que ce manquement a rendu intolérable
le maintien de la vie commune, l’autre époux peut demander le divorce au Tribunal de
Première Instance compétent’. Il est donc exigé ici un manquement, soit une faute conjugale, ce
qui signifie que la loi opte pour le divorce sanction. Toutefois, il y a une condition sur ce
manquement.
Le manquement à ces diverses obligations peut donc être retenu comme cause de
divorce ; seulement, ce manquement doit revêtir un certain nombre de caractères.
Le manquement doit :
- être d’une certaine gravité
- rendre intolérable le maintien de la vie commune.
L’article 67 prévoit deux cas : l’adultère du conjoint ou sa condamnation à une peine afflictive et
infamante.
Une question se pose sur l’adultère en tant que violation de l’obligation de fidélité prévue
par l’article 66. Il faut comprendre le terme adultère sous deux aspects :
- au sens large, il s’agit de toute conduite d’un conjoint en contradiction avec la dignité ou
la réserve que doit avoir une personne mariée constitue l’adultère ; c’est le cas des familiarités
de nature à éveiller des soupçons. C’est ce sens large de l’adultère que vise l’article 66 ;
- au sens plus étroit, l’adultère suppose des relations sexuelles avec une personne autre
que le conjoint ; ces actes constituent le délit d’adultère sanctionné par le Droit pénal. C’est
dans ce sens qu’a été prévu l’article 67.
En matière pénale, rentrent dans le cadre des peines afflictives et infamantes, les peines
criminelles ; le législateur estime que l’époux condamné à une peine afflictive et infamante a
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manqué à l’obligation de respect, c'est-à-dire, ne s’est pas conduit honorablement et
dignement ; de ce fait, son conjoint ne doit pas être contraint de partager son déshonneur, ce
qui va lui permettre de demander le divorce.
La condamnation judiciaire doit être définitive et doit être prononcée au cours du mariage.
Il y a lieu de remarquer qu’en principe, le divorce est prononcé lorsque l’une de ces causes a
été établie. Toutefois, l’époux défendeur pourra démontrer que celle-ci n’a pas rendu intolérable
le maintien de la vie commune (alinéa 2 de l’article 67), et il appartient au juge d’apprécier.
D’ailleurs, en Droit malgache, il n’y a pas de causes péremptoires de divorce.
Avant que le juge examine le bien-fondé de la demande en divorce, il vérifie l’existence ou non
d’une fin de non-recevoir, c'est-à-dire des obstacles à la recevabilité de la demande. La fin de
non-recevoir est d’ordre public, et peut être invoquée à n’importe quel moment de la procédure,
et le juge peut la relever d’office en cas de silence des parties.
La loi de 2007 prévoit deux cas de fin de non-recevoir en ses articles 68 et 69 qu’il convient de
voir avant de décrire la procédure de divorce proprement dite
Elle est prévue par l’article 68. Il s’agit d’un acte bilatéral en ce sens qu’il faut un pardon
de l’époux innocent, et l’acceptation de ce pardon par l’époux coupable. La preuve de cette
réconciliation se fait par tous moyens ; le plus souvent, elle résulte de la reprise de la vie
commune.
Il faut noter que la réciprocité des torts n’est pas une fin de non-recevoir ; ainsi, le divorce
sera prononcé aux torts réciproques des époux.
Aux termes de l’article 69, ‘ L’action s’éteint par le décès de l’un des époux survenu avant
que soit prononcé définitivement le divorce’. En d’autres termes, l’action en divorce ne saurait
donc être intentée :
-après le décès de l’un des époux, ni par le conjoint survivant, ni par les héritiers du
prédécédé puisqu’il s’agit d’une action personnelle
-si le décès se produit en cours d’instance, c'est-à-dire, pendant la procédure, ou avant
que le jugement ou l’arrêt ne soit prononcé définitivement.
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Avant de saisir le juge du divorce, la loi a offert aux époux la faculté de soumettre leur différend
à certaines autorités pour les tenter de concilier ; il s’agit, aux termes de l’article 79 du Chef du
Fokontany, du Maire ou d’un Conseiller par lui désigné. Un procès-verbal va être établi et liera
les parties.
A- La phase de réconciliation
Les époux sont convoqués par le Président du tribunal ou le juge désigné à cet effet par
lui ; ils doivent comparaitre personnellement, et ne peuvent ainsi se faire représenter ni être
assistés de leur conseil. De plus, la phase de réconciliation se déroule à huis clos (le greffier ne
peut pas être présent). Deux situations peuvent se poser : le demandeur en divorce ne
comparait pas, de même pour le défendeur.
B- La phase de jugement
L’affaire est inscrite au rôle d’audience. La phase de jugement est très particulière en ce
qui concerne notamment la preuve, la procédure et le jugement lui-même.
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Il s’agit d’une délégation faite par un tribunal ou par un juge à un autre tribunal ou à un autre juge d’une autre
juridiction pour accomplir un acte de procédure ou d’instruction.
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1. La preuve
Les causes du divorce peuvent être prouvées par tous moyens, mais :
-l’aveu du défendeur n’est pas à lui seul pertinent
-en cas d’enquête, les parents et alliés sont admis comme témoins car font partie du
cercle familial. Cependant, le témoignage des descendants n’est pas admis.
2. La procédure de jugement
Les débats ne sont pas publics, en ce sens que le juge statue en chambre de
conseil, mais la décision rendue (jugement ou arrêt) est rendue en audience publique.
En cas d’enquête ou d’audition des témoins, ils sont entendus à la barre du tribunal
en présence des époux dument convoqués.
L’effet essentiel du divorce est la rupture du lien conjugal qui affecte la personne des époux,
leurs biens. La rupture intéresse également les tiers.
Les effets remontent à la date de la décision devenue définitive, c'est-à-dire que les voies
de recours sont expirées ou épuisées (article 71, alinéa 1er). Quant à leurs biens, les effets de
la décision remontent à la date de la demande en divorce (article 71, alinéa 2).
Aux termes de l’article 71 alinéa in fine, la décision prononçant le divorce n’est opposable
aux tiers que du jour de la transcription de ladite décision sur les registres d’état civil.
Toutefois, cette règle ne saurait se retourner contre eux, c'est-à-dire que si les tiers, ayant
appris que le divorce n’a pas encore été publié, ont tenu compte de la dissolution du mariage,
les époux ne peuvent se prévaloir contre eux du défaut de publicité. La transcription est faite à
la diligence des époux ou du Ministère public sur le registre de l’état civil du lieu où le mariage a
été célébré. Elle doit avoir lieu dans le mois qui suit le jour où la décision est devenue définitive.
Contrairement à la nullité du mariage, le divorce dissout le lien matrimonial pour l’avenir. Ses
conséquences se répercutent au niveau de la personne des époux, et au niveau de leurs biens.
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Aux termes de l’article 72,’ L’époux divorcé cesse d’utiliser le nom du conjoint’. Toutefois,
il peut requérir du tribunal l’autorisation de continuer à porter ce nom en prouvant son intérêt
capital dans l’exercice de sa profession.
L’époux fautif, c'est-à-dire que la décision a été prononcée à ses torts, perd de plein droit,
tous les avantages qui lui ont été conférés par l’autre époux, soit par convention matrimoniale,
soit pendant le mariage.
Si le divorce est prononcé aux torts et griefs réciproques, les deux époux perdent les
avantages ainsi consentis.
Aux termes de l’article 126 de la Loi du 04 juillet 1968, la donation faite par l’un des époux
à l’autre peut être annulée si les liens du mariage ont été rompus par un divorce prononcé sur
demande du donateur ou de ses héritiers par le tribunal civil.
L’époux qui a gagné le procès peut obtenir réparation (dommages et intérêts) pour le
préjudice matériel et moral subi par le divorce (article 74).
Ils sont prévus par les articles 75 à 78 de la Loi de 2007. D’une manière générale, le divorce ne
modifie pas la situation des enfants :
-les avantages qu’ils tiennent de leur père et mère par la loi ou par le contrat de mariage ne
sont pas modifiés
-ils continuent d’avoir le droit d’être entretenus ; c’est ainsi qu’il y a une obligation de verser une
pension alimentaire à l’ancien conjoint pour l’aider à nourrir et à éduquer les enfants communs
-ils ont le droit d’être gardés par l’un ou l’autre des parents, soit à une tierce personne selon la
décision du tribunal qui a statué conformément à l’intérêt supérieur des enfants. Il en est de
même de leur droit d’être visités par celui des parents qui n’a pas eu leur garde.