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CHAPITRE II - L'ETAT DES PERSONNES UNIES PAR LE LIEN

MATRIMONIAL

Objectifs pédagogiques

- L’étudiant doit être capable de distinguer les rapports


personnels des rapports pécuniaires
- L’étudiant doit savoir que les rapports pécuniaires sont
exclusivement organisés par la loi
- L’étudiant doit être capable de distinguer le régime
primaire des régimes matrimoniaux

Le lien matrimonial produit une série d'effets juridiques. Il crée un rapport


d'alliance entre chaque conjoint et les parents de l'autre, légitime les enfants
issus du mariage, émancipe le conjoint qui serait mineur. Le lien matrimonial
crée également l'état d'époux, de personnes mariées, un état caractérisé par
l'organisation des rapports de droit entre les conjoints et qui se traduit par un
ensemble de droit et d'obligation respectifs. Ces rapports peuvent être d'ordre
personnel (section I) ou d'ordre pécuniaire (section II).

SECTION I – LES RAPPORTS PERSONNELS ENTRE EPOUX

Ce sont des rapports qui confèrent au mariage sa spécificité par rapport à


l'union libre. Les règles organisant les rapports personnels sont d'ordre public
(c’est-à-dire que les époux ne peuvent en dérogés ; ils ne peuvent les écartés).
L'organisation révèle un ensemble d'obligation et de droits au respect desquels
les personnes mariées s'obligent entre elles. Cet ensemble de droits et
d’obligations se reflète d’abord dans le devoir de cohabitation et dont
l’observation se mesure à l’aune de la morale conjugale.

Paragraphe I - Le devoir de cohabitation

"Les époux s'obligent à la communauté de vie" (art. 149). Cette


communauté de vie a une triple dimension (charnelle et sentimentale, matérielle
et sociale). A la première correspond la communauté de vie proprement dite, à la
deuxième la communauté de ménage et à la troisième la communauté de
résidence.

A- La communauté de vie

Par cette expression, le législateur désigne sans le nommé les relations


intimes entre époux qui constituent le devoir conjugal par excellence. Elle est
exprimée par la cohabitation au sens conjugal du terme, la conjonction des sexes
dans un cadre légitimé par le mariage.
Le législateur contrairement à ses habitudes parle même d'une obligation
d'affectation. C'est comme s'il rappelait l'évidence que les époux doivent s'aimer
au plan sentimental et au plan charnel. Cependant il ne s'est jamais aventuré à
dire comment ils doivent s'aimer. Il précise qu’en cas de polygamie, chaque
épouse peut prétendre à l'égalité de traitement par rapport aux autres sur ce plan
là.1

B - La communauté de ménage

C'est l'aspect matériel de la cohabitation. Les époux ont l'obligation de


faire ménage commun. Le mariage en créant la famille crée l'unité du ménage.
Même s'il ne va pas jusqu'à la création d'une personne morale, le ménage
affirme son unité à l'égard des tiers notamment par la publicité du mariage, par

1
Art 149 in fine.
le port par la femme du nom de son mari et par son rattachement au domicile de
son mari.
La communauté de mariage oblige les époux à se porter mutuellement
secours et assistance "pour la sauvegarde des intérêts moraux et matériels du
ménage et des enfants (art. 151). Il existe ainsi un devoir d'aide dans le travail,
de soins en cas de maladie ou d'infirmité qui s'apprécient en fonction des mœurs
et des circonstances.

C - La communauté de résidence

C'est l'aspect social de la cohabitation mais qui permet en même temps la


communauté de vie et de ménage. Les époux doivent habiter ensemble sous le
même toit et sur le même lit. Le législateur s'en arrête là en présumant que le
reste sera partagé. D'ailleurs il faut souligner ici que le législateur se réfère ici
non pas à la notion abstraite de domicile mais à celle plus concrète de résidence.
C'est à travers cet élément que le législateur affirme la puissance maritale
: « le mari est le chef de la famille. Cependant, il exerce ce pouvoir dans l'intérêt
commun du ménage et des enfants » art. 152.
Pour mieux renforcer le coup de la loi le législateur considère que le mari
est maître de maison et "le choix de la résidence lui appartient ; la femme est
tenu d'y habiter avec lui et il est tenu de l'y recevoir" art. 152 al 1. Cette
résidence sera celle de la famille c'est-à-dire du ménage et des enfants.

Paragraphe. II - La morale conjugale

La morale conjugale est nécessairement déterminée en fonction de critères


à la fois objectifs et subjectifs mais qui se caractérisent par leur relativité dans le
temps et dans l'espace et la mentalité des époux. A défaut de pouvoir les définir,
le législateur en retient deux principes et les érige en obligations : la fidélité et le
respect.
A- La fidélité

Aux termes de l’art 150 : "Les époux se doivent mutuellement fidélité".


L’obligation de fidélité est une obligation réciproque, synallagmatique.
En d'autres termes, les époux doivent prendre conscience de la
communauté de vie dans laquelle ils se trouvent et se montrer exigeants vis-à-vis
d'eux-mêmes. Le législateur ne définit pas la notion de fidélité mais pour le
doyen Carbonnier « la fidélité impose à l’époux de s’interdire de faire avec
d'autres, de partager avec d'autres ce qu'il fait ou partage avec son conjoint. » Si
socialement, la communauté de ménage et de résidence accepte certaines
tolérances ; par exemple invitation, hébergement etc., la communauté de vie au
plan charnel et sentimental constitue l'aspect le plus sensible.
En effet, l'infidélité sur ce plan correspond à l'adultère sanctionné
pénalement et constitutif d'une cause de divorce. En se mariant, l'on s'engage à
n'aimer que son conjoint et toute violation de cet engagement entraîne la
responsabilité de son auteur. Il a été dit pour droit que le devoir de fidélité
subsiste même après le divorce tant que le jugement n'est pas définitif. (TPI
21.12.78. RDS Credila 1982 vol. III, p. 149).
Au Sénégal, il a été dit pour droit que les déclarations d'amour et les
aveux de concubinage ne constituent pas des preuves suffisantes de l'adultère.
Cette décision est critiquable parce que méconnaissant le régime de la preuve
applicable ici ; à savoir la liberté de la preuve.

B - Le respect

"Les époux se doivent respect" (art. 149 al. 1).


C'est le respect qui rend la vie conjugale supportable et digne. Il s'agit
d'une vertu qui implique le devoir de sincérité, d'honnêteté, de patience, de
respect de l'autre dans son honneur, sa dignité, sa personnalité.
C'est également le respect qui détermine le savoir-vivre conjugal. Ainsi,
par respect à l'autre on s'interdit l'adultère, les excès, sévices ou injures,
l'abandon de domicile conjugal et le défaut d'entretien de la femme. Ce qui
explique d'ailleurs que tous ces évènements sont des causes de divorce. Le droit
de correction de l'épouse n'est pas consacré par le code de la famille.
Egalement, le mari doit veiller à ce que la résidence ne présente pas pour
la famille un danger physique ou moral. Le cas échéant, la femme peut se faire
autoriser à avoir pour elle et pour ses enfants une autre résidence. Il ne s'agit pas
d'une séparation de résidence comme dans la séparation de corps mais d'une
dispense provisoire de cohabitation.

SECTION II – LES RAPPORTS PECUNIAIRES

Concernant ces rapports, deux aspects peuvent être distingués : les


rapports pécuniaires nés directement du mariage que la doctrine qualifie de
régime matrimonial primaire, d'une part ; les régimes matrimoniaux proprement
dits, d'autre part. Avant cela quelques considérations générales sur les régimes
matrimoniaux au Sénégal sont importantes.

Paragraphe préliminaire : Considérations générales sur les régimes matrimoniaux au


Sénégal

Les régimes matrimoniaux sont organisés par les articles 368 à 395 de
Code de la famille. La loi organise d’abord un régime primaire auquel sont
soumis tous les époux indépendamment de leur option matrimoniale au mariage.
Le régime matrimonial règle les effets patrimoniaux du mariage dans les
rapports des époux entre eux et à l’égard des tiers. La loi organise trois régimes
différents : la séparation des biens, le régime dotal et enfin le régime de
communauté des meubles et acquêts.
Le droit sénégalais des régimes matrimoniaux présente plusieurs
spécificités. Il s’agit d’un régime qui a un fort penchant séparatiste, qui ne
consacre pas le contrat de mariage et qui ne permet pas un changement de
régime, c’est le principe de l’immutabilité des régimes matrimoniaux.
Concernant d’abord le séparatisme dans l’organisation des régimes
matrimoniaux au Sénégal, il faut comprendre par-là que, quel que soit le régime
auquel les époux ont souscrit, il fonctionne durant le mariage, dans leurs
rapports patrimoniaux, comme s’ils étaient séparés en bien. D’ailleurs, le
législateur fait du régime de la séparation des biens le régime légal.
Quant au contrat de mariage, il n’est pas consacré par le législateur
sénégalais. Ce contrat sert à organiser les rapports patrimoniaux entre les époux.
Il existe dans des pays occidentaux mais aussi dans des pays africains tels que le
Mali. Le contrat de mariage laisse une grande marge de manœuvre aux époux
mais sa consécration traduit un recul de la conception institutionnelle du
mariage.
S’agissant enfin de l’immutabilité des régimes matrimoniaux, c’est une
marque du droit sénégalais des régimes matrimoniaux. Une fois que les époux
ont opté pour un régime, ils ne peuvent pas en changer. Cette position du
législateur sénégalais est contestable parce que des époux peuvent opter pour un
régime et souhaiter, parce que leur situation a changé en bien ou en mal, changer
de régime.
Hormis ces traits caractéristiques, le droit sénégalais prévoit, quel que soit
le régime matrimonial auquel les époux ont souscrit, deux catégories de biens
qui obéissent à des régimes particuliers. Il s’agit des biens réservés et des biens
personnels. On entend par biens réservés les biens propres appartenant à la
femme. Pour qu’il puisse en être ainsi, la loi prévoit deux conditions : la femme
doit exercer une activité professionnelle, séparée de celle de son mari.
Par activité professionnelle, on entend une activité lui procurant des
revenus réguliers peu importe la nature de cette activité. Pour le professeur
Guinchard, la catégorie des biens réservés pourrait même englober les biens
acquis par la femme suite à une activité immorale.
S’agissant de la deuxième condition (activité séparée de celle de son
mari) il faut noter le choix du législateur qui n’utilise pas le terme « distinct »
mais plutôt le terme « séparé ». Cela implique que l’épouse peut mener la même
activité que son mari mais cette activité doit lui procurer des revenus séparés.
S’agissant maintenant des biens personnels, ici également, quel que soit le
régime matrimonial auquel les époux ont souscrit, ils ont droit, chacun en ce qui
le concerne, à des biens personnels. Aux termes de l’article 380 du CF « Chacun
des époux conserve………, la puissance et la libre disposition de ses biens
personnels ». Aussi bien à l’égard de son conjoint que des tiers un époux peut «
prouver qu’il a la propriété d’un bien par tout moyen sous réserve des
dispositions spéciales applicables aux immeubles immatriculés » (Art. 38l CF).

Paragraphe I - Les rapports patrimoniaux nés directement du mariage

Il s'agit d'effets généraux du mariage indépendants de tout régime


matrimonial. Ces règles sont d'ordre public. Ils concernent essentiellement la
contribution des époux aux charges du ménage (A) dont la violation est
sanctionnée (B).

A- La contribution des époux aux charges du ménage

En principe, cette contribution pèse sur les deux époux qui "s'engagent
entre eux et à l'égard des tiers à pourvoir à l'entretien du ménage et à l'éducation
des enfants communs". (Art. 375 al. 1). Cependant, le législateur s'empresse de
préciser que les charges "pèsent à titre principal sur le mari" (al. 2).
Sur cette base, les époux sont présumés avoir fourni leur part contributive
jour par jour sans être tenus à aucun compte entre eux, ni à retirer aucune
quittance l'un de l'autre. L’article 375 est l’expression de la puissance maritale.
Dans sa formulation et ses effets, il engendre quelques incompréhensions. En
effet, si le mari est le chef de la famille, il est normal que pèse sur lui les charges
du ménage. Dans pareil cas, il ne peut exiger de son épouse une quelconque
participation. Cela se justifie par la prééminence du mari sur sa femme en droit
sénégalais de la famille.
L’article 375 est calqué sur les dispositions du Code civil français mais
ces dispositions ont été modifiées en 1965. Le législateur sénégalais n’a pas tiré
toutes les conséquences de la nouvelle loi française qui mettait les époux sur un
pied d’égalité quant à la contribution aux charges du ménage. L'obligation de
contribution aux charges du ménage qui pèse principalement sur le mari ne peut
ni disparaître ni être atténuée en raison du travail de la femme ; mais on peut
également affirmer que la femme qui effectue un travail domestique est réputé
avoir contribué aux charges du ménage.
S’agissant de l’organisation des pouvoirs entre époux, chacun des époux a
pouvoir pour passer seul les contrats relatifs aux charges du ménage. C'est une
règle de gestion ménagère qui dicte d'ailleurs la solidarité des époux pour les
dettes du ménage. Cependant, cette solidarité n'a pas lieu pour des dépenses dont
l'exagération est manifeste par rapport au train de vie du ménage ou qui seraient
contractés avec un tiers de mauvaise foi. (Art. 375 in fine).

B - Sanctions de l'obligation de contribution aux charges du ménage

Le code de la famille attache beaucoup de prix à l'observation de


l'obligation de contribution aux charges du ménage. C'est la raison pour laquelle
sa violation est sanctionnée en raison de ses conséquences sur l'équilibre du
ménage.
En effet, lorsque l'un des époux manque gravement à son obligation de
contribuer aux charges du ménage et met ainsi en péril les intérêts de la famille,
le juge décide de toutes les mesures urgentes que requiert la préservation de ces
intérêts. Quelques précisions s'imposent : les sanctions s'appliquent au mari et à
la femme même si l'appréciation de la violation diffère en raison du fait que les
charges pèsent à titre principal sur le mari ; le manquement doit être grave et
mettre en péril les intérêts de la famille, ce qui nécessite une appréciation
souveraine des juges du fond ; les sanctions prennent la forme de mesures
urgentes de nature à restaurer l'équilibre du ménage.
Le juge pourra par exemple interdire à l’époux fautif de faire des actes de
disposition sur ses biens meubles ou immeubles sans le consentement de l'autre.
Il peut également autoriser la saisie-arrêt du salaire de l’époux fautif dans la
proportion nécessaire à la contribution aux charges du ménage. Les actes
accomplis en violation des jugements d'interdiction sont annulables
conformément aux dispositions de l'art. 376 al. 4 et s.). « Il s’agit d’une nullité
relative se prescrivant pour deux ans à partir du jour où l’époux a eu
connaissance de l’acte ».

Paragraphe II - Les régimes matrimoniaux (arrêt 04.08.2014 8h-12h amphi)

On entend par régime matrimoniaux l'ensemble des dispositions qui


règlent les effets patrimoniaux du mariage dans les rapports des époux et à
l'égard des tiers.
En droit sénégalais, la loi organise trois régimes matrimoniaux différents
et laisse aux époux le libre choix du régime de leur convenance. Le choix se fait
lors du mariage sous la forme d'une déclaration commune recueillie par l'officier
de l'état civil, à défaut les époux sont placés sous le régime du droit commun de
la séparation des biens. Cette disposition de la loi permet de rappeler qu’au
Sénégal, il n’y a pas de contrat de mariage qui a pour objet de permettre aux
époux d’organiser leurs rapports pécuniaires.
Les régimes sont, outre la séparation des biens (A) le régime dotal (B) et
le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts (C).

A- Le régime de droit commun de la séparation des biens


Ce régime est prévu de l'article 380 CF en ces termes : "chacun des époux
conserve …..l'administration, la jouissance et la libre disposition de ses biens
personnels".
Ce régime patrimonial comporte deux tempéraments : d'abord chacun des
conjoints doit participer aux charges du ménage ; ensuite, il y a solidarité des
époux pour les dettes contractées à l'occasion de la gestion du ménage (art. 375).
En dehors de cette situation, chaque époux reste seul tenu des dettes nées en sa
personne avant ou pendant le mariage. Poser cette question dans le cas
pratique de l’examen
Dans ce régime, la principale question est relative à la mesure de la
propriété des biens. Cette preuve peut se faire par tous moyens. Cependant, il est
nécessaire de distinguer la preuve des biens meubles de celle des biens
immeubles. En matière mobilière, possession vaut titre. En matière immobilière,
la preuve de la propriété se fait en respectant les conditions posées par la loi
notamment la production d’un extrait du livre foncier. Précisons également que
les biens meubles qui ont un caractère personnel et les droits exclusivement
attachés à la personne sont présumés appartenir à l’un ou l’autre des époux (Art.
381 CF).

B - Le régime dotal

Le régime dotal est une curiosité historique puisque le législateur français


l’a aboli en 1965.
Au Sénégal, le régime dotal concerne les biens donnés à la femme à
l'occasion de son mariage par d'autres personnes que son conjoint (art. 384).
Seulement et contrairement à ce que sa dénomination laisse croire, la dot n'est
pas soumise au régime dotal.
Il en résulte que ce régime a un objet limité. Il ne concerne que les
immeubles immatriculés, les valeurs mobilières déposées dans une banque à un
compte spécial dit "compte dotal" et les animaux constituant un cheptel et leur
croît (384).
Les biens soumis au régime dotal sont remis au mari qui les administre
durant le mariage en bon père de famille. En cas de mauvaise administration
mettant les biens en péril, la femme peut poursuivre la séparation judiciaire des
biens (387). En outre, les biens dotaux immobiliers sont inaliénables sauf si
l'intérêt de la famille ou la bonne administration l'exigent ou lorsque les époux
consentent à les donner à leurs enfants communs pour leur établissement.

C - Le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts

Ce régime est une curiosité juridique en ce qu’il conjugue dans le même


titre deux régimes : celui de la participation réduite aux acquêts et celui de la
communauté de meubles et acquêts. Cette distinction est celle qui était faite par
le législateur français. Malheureusement le droit sénégalais a confondu dans le
même titre deux expressions sans en tirer les conséquences juridiques logiques.
En effet, le même régime ne peut être à la fois communautaire et de
participation. C’est la raison pour laquelle, ce régime est communément appelé
au Sénégal le régime communautaire ou la communauté de biens. Il est aisé
de comprendre dès lors que lorsque les époux sont communs en bien, leur
participation s’impose comme une évidence.
Sous le bénéfice de toutes ces observations, l’étude du régime
communautaire ne peut se faire sans distinguer deux périodes selon que l’on soit
pendant le mariage ou à la dissolution du mariage.
Quand les époux ont déclarés se marier sous un régime communautaire,
leurs biens sont gérés pendant le mariage comme sous le régime de séparation
des biens et liquidés à la dissolution du mariage en marquant la spécificité du
régime. Par conséquent, on peut dire que le régime communautaire déploie toute
sa spécificité lors de la dissolution du régime matrimonial, notamment lors de la
liquidation des biens.
Ainsi sous ce régime, chacun des époux peut acquérir seul et sans le
consentement du conjoint toute espèce de biens (meuble ou immeuble).
Cependant, leur consentement commun est exigé pour les actes de disposition
comportant aliénation totale ou partielle, à titre gratuit ou onéreux, d'immeubles,
de fonds de commerce ou de droits sociaux non négociables.
Concernant les actes d'administration, les époux se donnent le pouvoir
réciproque et irrévocable de les accomplir sur leurs biens. Et chacun gère seul
ces biens sans considération de leur nature, origine ou condition d'acquisition et
les dettes antérieures au mariage s'exécutent dans les mêmes conditions et avec
la même solidarité. La mauvaise administration ou gestion donne droit à la
liquidation anticipée par séparation judiciaire des biens. (Art. 395). A la
dissolution du régime par décès, divorce ou séparation de corps, il est procédé à
la liquidation des biens. Seulement certains biens en sont exclus. Il s'agit des :

• immeubles immatriculés acquis avant le mariage ou advenus


personnellement pendant le mariage ;
• biens à caractère personnel du fait de leur nature ou de leur destination ;
• droits exclusifs attachés à la personne. (art. 393)

Les biens des époux non exclus de la liquidation répondent des dettes nées
pendant le mariage. Après le règlement du passif, le surplus est partagé par
moitié entre les époux. Si le passif est supérieur à l’actif, les époux répondent
des dettes sur leurs biens personnels.

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