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Le régime matrimonial au Maroc

Redigé par: Encadré par:

KTAMI BOUCHRA Mr El ouazzani Ahmed


L'introduction
Au Maroc à l'instar des autres pays arabo-musulmans, la famille est l'institution
centrale de la société .Ainsi le droit de la famille est la discipline la plus
sensible, créant exclusivement dans ce pays, un débat national chaque fois
qu'elle fait l'objet de réforme de la famille à l'espace culturel qui traduit par
excellence l'identité de chacun .c'est en ce sens que S.M. le Roi Mohammed VI
à affirmé, lors du discours de trône des 30 juillet 2005:”... Nous confirmons
notre ferme volonté notre notre de conforter et consolider les avancées
majeures, couronnées par le code de la famille qui a consacré des droits et des
obligations fondées non seulement sur le principe d'égalité entre l'homme et la
femme, mais également et essentiellement de préserver la cohésion de la
famille et de protéger son identité nationale authentique”.

Réformer en respectant la sensibilité de la famille marocaine et son


attachement à son identité religieuse rend la promulgation de la loi 70 .03
portant code de la famille, un événement historique de grande envergure pas
seulement qu'au niveau social mais aussi au niveau législatif. Sur ce plan, la
nouveauté concerne la procédure suivie, puisque c'est la première fois qu'une
loi de cette nature est soumise au parlement. Reste que le plus intéressant est
l'effet qu’a cette réforme sur la société puisque c'est aussi la première fois au
Maroc, qu'un droit familial opte pour une formulation moderne afin de
préciser les droits et les devoirs de chaque composante de la famille en
mettant l'accent sur l'équilibre dans les rapports entre l'homme et la
femme.Ainsi, le texte insiste sur une volonté de mettre en place “ la
consolidation de la famille qui est la base de la société marocaine moderne
ouverte sur son époque mais qui reste fidèle à son identité islamique et ses
traditions de solidarité familiale et de cohésion sociale” .

Dès le mariage, les époux sont soumis à un régime matrimonial, c'est à dire un
ensemble de disposition légales ou conventionnelle qui règle les rapports
matrimoniaux entre époux.

Donc quel est le cadre juridique du régime matrimonial? Et quel le rôle du juge
en cas de litige et en cas d'absence d'une preuve écrite?
Pour répondre à ces questions on va aborder le plan suivant:

I-Le cadre juridique du régime matrimonial

II-Le rôle du juge en cas de divorce et en cas d'absence d'un preuve écrite
I- Le cadre juridique du régime matrimonial
Parmi les nouvelles visions du législateur figure la protection du patrimoine de
la famille en consacrant l'article 49 qui confirme fortement le principe de
l'indépendance du patrimoine de chacun des deux époux, et qui donne aux
époux le droit de gérer et d'investir leur patrimoine après conclusion de l'acte
de mariage par la conclusion d'un acte séparé.

L'article 49de la moudawana stipule:” Chacun des deux époux dispose d'un
patrimoine distinct du patrimoine de l'autre.Toutefois, ils peuvent dans le
cadre de la gestion des biens à acquérir pendant la relation conjugale, se
mettre d'accord sur le mode de leur fructification et réparation.Cet accord est
consigné dans un document séparé de l'acte de mariage, des dispositions
précédentes. A défaut d'accord, il est fait recours aux règles générales de
preuve, tout en prenant en considération le travail de chacun des conjoints, les
efforts qu'il a fournis et les charges qu'il a assumées pour le développement
des biens de la famille”.

Cet article a pour finalité de consacrer la situation antérieure selon laquelle les
patrimoines respectifs sont distincts l'un de l'autre et que chaque conjoint sont
distincts l'un de l'autre et que chaque conjoint conservera la propriété, la
jouissance et la libre disposition de ses biens meubles et immeubles qui lui
appartient actuellement et de ceux qui pourront lui advenir par la suite, à
quelque titre, que ce soit .

1-Le régime de la séparation des biens:


Il s'agit d'un principe d'ordre public qui s'applique à tous les époux marocains à
l'exception des marocains de confession juive qui “sont soumis aux règles du
statut personnel hébraïque marocain”.En vertu de ce principe ( la séparation
des biens) les patrimoines respectifs des conjoints sont distincts l'un de l'autre
et chaque époux conserve la faculté de disposer librement de ses biens, qu'ils
soient acquis avant ou pendant le mariage ou des biens provenant d'un
héritage, d'un legs ou d'une donation.
On constate d'après cette présentation générale du régime de la séparation
des biens qu'il t'a :

✓Une absence de masse commune: la séparation des biens apporte sans


contredit une préservation et une protection du patrimoine de tout un chacun
contre les dettes de l'autre, bien qu'on lui reproche de créer des inégalités
entre les époux, dans la mesure où les bénéfices, les gains et les revenus ne
profitent qu'à l'un d'eux.

✓Une indépendance patrimonial: les époux ne sont soumis à aucune règle


obligatoire ou contraignante de partager leur fortune, mais rien n'empêche
que l'un fasse volontairement bénéficier l'autre d'une partie de son
patrimoine.

Mais derrière cette lumineuse simplicité du régime, des ombres peuvent


apparaître.Et donné que chaque mariage est basé sur un engagement mutuel,
il impliquera forcément un entremelement des intérêts pécuniaires des
époux.Ainsi lors de la dissolution du mariage des difficultés pour déterminer le
propriétaire d'un bien peuvent surgir. De là découle toute l'utilité de
l'établissement d'un inventaire de leurs apports.

Traditionnellement la future mariée prépare son trousseau de mariage et de


dote d'ameublements nécessaires qu'elle apporte au foyer conjugal au titre de
Jihaz ou Chouar. Néanmoins ce dernier qui reste sa propriété, risque de
tomber dans la masse biens composant le mobilier conjugal.Autrefois, le
problème de preuve de posait peu, vu que la tradition voulait que les parents
de la mariée apportent le Jihaz en fanfare, ce qui donnait lieu à une publicité
auprès des familles et des voisins.On pouvait procéder même à la rédaction
d'un acte adoulaire propre au contenu du trousseau, notamment en cas
d'existence d'objets de valeur.Il serait favorable à l'épouse de dresser un
inventaire afin d'éviter toute confusion de patrimoine.

Pour le mariage polygamique, le régime de la séparation des biens est bel et


bien idéal.Devant une situation pareille, on ne peut imaginer une communauté
des biens, car si on peut concevoir une solidarité au sein du couple sur la
question des biens on retrouvera du mal à imaginer une telle solidarité entre
les coepouses.
Depuis l'entrée en vigueur de la Moudawana, les époux ont la possibilité
d'adjoindre à la séparation des biens un contrat annexe à l'acte de mariage,
gérant les aspects matrimoniaux de leur relation.

2- Le contrat de gestion et de répartition des biens


Il s'agit d'un nouveau cadre contractuel introduit par l'article 49du code de la
famille, un contrat distinct de l'acte de mariage par le biais duquel les époux
“peuvent se mettre d'accord sur les conditions de fructification et de
répartition des biens qu'ils auront acquis pendant leur mariage”. Seront par
conséquent exclus tous les biens dont les époux étaient déjà propriétés avant
le mariage, ainsi que toute ce qu'ils pourront recueillir au cours de leur union
par voie de donation, succession ou legs.S'il arrive qu'un conjoint achète des
biens avec le produit de la vente d'un bien acquis avant le mariage, les
nouvelles acquisitions ne resteront sa propriété personnelle, qu'à condition
qu'il précise l'origine des fonds.

Le législateur a laissé place à la volonté des parties, elle seule permettra de


créer le contrat et de définir son contenu.Le choix des parties n'est pas limité à
un modèle d'acte précis où déjà aménagé.En effet, les époux ont toute latitude
de procéder à toute les aménagements et à toutes les stipulations qu'ils
estiment nécessaires sur les conditions de fructification et de répartition des
biens qu'ils auront acquis pendant leur mariage.Une fois conclu les époux
seront tenus de respecter leurs engagements respectifs aussi fortement que
peut le faire une loi comme l'énonce l'article 230 du Dahir des Obligations et
des Contrats : “Les obligations contractuelles valablement formées tiennent
lieu de loi à ceux qui les ont faites,et ne peuvent être révoquées que de leur
consentement mutuel ou dans les cas prévu per la loi”.

Pour un éventuel choix, le contrat de gestion et de répartition des biens peut


être rédigé à tout moment même au cours du mariage. Mais c'est lors de la
conclusion du contrat de mariage où “les adouls abusent les deux parties” de la
possibilité de la conclure le dit contrat sur les biens.Sauf qu'en pratique peu
sont ceux qui avisent les futurs mariés, et le code de la famille n'a prévu
aucune sanction à l'égard de ses agents pour rendre ce devoir contraignant.
Par conséquent, la connaissance de cette possibilité échappé à plusieurs époux
et ils leur seraient difficile de prouver qu'ils n'ont pas été informés, d'autant
plus que les adouls joignent à l'acte de mariage l'expression” les deux parties
ont été avertis dès dispositions de l'article 49”.Ce manquement qu'en font les
adouls peut être expliqué par le fait que lors de la conclusion de l'acte du
mariage qui se déroule généralement au moment des festivités, ils préfèrent
ne pas aborder ce coté encore sensible dans notre société. D'autant plus que le
cadre joyeux et l'importe présence des familles et des proches ne constituent
ni le moment ni le lieu propice pour les époux de discuter sérieusement,
librement et de se mettre d'accord sur un mode de gestion donné.

II- Le rôle du juge en cas de divorce et en cas d'absence


d'une preuve écrite
Les tribunaux marocains tiennent une position de rigueur quant au régime de
preuve applicable. En principe, c’est à l’épouse de prouver son droit envers son
mari qui a dans la plupart des cas des titres de propriété en son nom seul sur le
ou les biens en litige. Tous les moyens de preuve sont admis, à condition qu’ils
soient suffisants et clairs pour le juge (écrit,12 témoins mâles ou lafif,
inscription du droit allégué dans les livres fonciers etc…). Toutefois les juges
marocains refusent d’user de leur pouvoir pour suppléer la carence des
moyens de preuve. Ils n’acceptent pas d’ordonner une expertise ou de
procéder à une enquête pour déterminer la part de chaque époux dans le
patrimoine familial. C’est à la femme demanderesse de prouver l’existence de
son droit et le tribunal n’est pas obligé d’utiliser son pouvoir pour connaître la
vérité sur la situation patrimoniale du ménage (Cour suprême, affaire n°2276,
arrêt du 5mars 1997, non publié). C’est ce qui explique l’échec de la plupart
des actions intentées parles femmes marocaines dans ce genre d’affaires pour
obtenir la reconnaissance du droit d’avoir une part dans le patrimoine du mari.
Le régime successoral entre époux ne diffère guerre, en droit marocain, de ce
qui existe déjà dans les autres pays musulmans; c'est à dire la moitié de
l'héritage pour le mari si la femme ne laisse pas d'enfants et le quart dans le
cas contraire. L'épouse hérite le quart si son mari ne laisse pas d'enfants et le
huitième dans le cas contraire. Le testament fait par l'un des époux à l'autre
est valable dans la limite d'un tiers de l'héritage si les autres héritiers ont
donné leur accord.
Conclusion
Si en principe le législateur et le juge prennent en compte l'effort fourni par la
femme dans la construction du patrimoine familial et son droit à obtenir à ce
titre une part qui corresponde à sa contribution, la manière dont les tribunaux
marocains reçoivent et apprécient les preuves dans ce domaine, constitue un
grave handicap pour la sauvegarde des droits pécuniaires de l'épouse lésée. Il
est aussi regrettable que ces mêmes tribunaux ne prennent pas considération
les efforts fournis par la femme à l'intérieur du foyer familial, dans le calcul des
indemnités compensant sa participation aux travaux de ménage.

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