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Université de Sousse
Faculté de droit et des Sciences Politiques
MÉMOIRE
EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE MASTÈRE DE RECHERCHE EN
DROIT PRIVÉ
Membres du jury
Président :…………………………
Membre : Pr. Nablil BEN AICHA
Membre : ………………………...
.
Liste des abréviations
Civ : Civil.
JCL : Juris-classeur.
INTRODUCTION
1
Bostanji (S), « Le droit international privé de la famille à la croisée des chemins », in. Actualités du droit
international privé de la famille en Tunisie et à l’étranger, LATRACH EDITIONS, 2015, p.11.
2
Bensimon (D) et Lautman (F), Bibliographie des mariages mixtes, volume 4, Ethnies, 1974, p. 149-178.
3
Barbara(A), Le mariage interculturel: modèle type matrimonial, Thèse de doctorat, 1987, Paris V Sorbonne,
p.692 ; Streiff-Fénart (J), « Problèmes de terminologie et ambiguïté de la notion », in Cultures croisées : du
contact à l’interaction : Actes du colloque de l’ARIC, vol. 2, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 226-232; Varro (G), « Sur
la construction de l’objet “mariage mixte” », in Cultures croisées : du contact à l’interaction : Actes du colloque
de l’ARIC, vol. 2, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 213-219.
4
Streiff-Fénart (J), « Sauver la face et réparer l’offense : le traitement rituel des mariages mixtes dans les
familles maghrébines immigrées », Approche pluridisciplinaire des couples binationaux, Éditions universitaires
de Fribourg, 2000, p. 173-189.
1
INTRODUCTION
est considéré comme étant l’union entre un homme est une femme de
nationalités différentes.
Partant, les règles de droit international privé « ont pour objectif d’assurer
une harmonie internationale et une prévisibilité des solutions »6. Ainsi un
mariage mixte valablement conclu sur le territoire tunisien, devrait-il être
légitimement reconnu ailleurs.
5
Batiffol (H), Aspects philosophiques du droit international privé, Réimpression de l'édition de 1956, Dalloz,
2002, p. 16, n°5.
6
Escudey (G), Le couple en droit international privé : Contribution à l’adaptation méthodologique du droit
international privé du couple, thèse, Bordeaux, 2016, p.19.
2
INTRODUCTION
permettent de déterminer le juge compétent pour trancher le litige ainsi que les
conditions de reconnaissance de la décision rendue par celui-ci7.
Affectant l’état des personnes, le mariage a très vite été considéré comme
faisant partie du statut personnel. Et, s’agissant d’une catégorie dans laquelle la
personne est « directement mise en cause »8, le statut personnel a été rattaché à
la loi nationale en droit international privé tunisien.
7
Mayer (P), La distinction entre règles et décisions et le droit international privé, Dalloz, 1973 ; Mezghani (A),
commentaires du code de droit international privé, CPU, 1999.
8
Mayer (P) et Heuze (V), Droit international privé, Domat droit privé, Montchrestien, 11ème éd., 2014, p.367.
9
Pour le Judaïsme le mariage inter religieux est interdit pour l’homme et la femme, pour le Christianisme
l’interdiction remonte à Grégoire XVI dans sommo Lugiter studio, pour la loi Islamique il est interdit à la femme
musulmane d’épouser un non musulman (Coran 60 ; 10), mais l’homme peut épouser une femme de religion
monothéiste (Coran 2 ;221).
3
INTRODUCTION
10
Les capitulations sont des pactes ou traités internationaux conclus entre Etats souverains, la capitulation de
er
1535 entre François I et le sultan ottoman Soliman entre en vigueur en Tunisie lorsque celle-ci est devenue
une province turque en 1574 ; Nizard (M), Le droit international privé tunisien en matière de statut personnel,
thèse, Paris, 1968, n°17.
11
Selon des traités signés par la Tunisie et qui accorder compétence exclusive au consul pour les litiges civils,
comme le traité tuniso-anglais du 19 juillet 1875 ;
12
Mezghani (A), Droit international privé : Etats nouveaux et relations privées internationales, Cérès
Productions, 1991, n° 162 p.67.
13
Le décret du 12 juillet 1956, JORT du 13 juillet 1956, p.987, abrogé par la loi n° 98-97 du 27 novembre 1998,
portant promulgation du code de droit international privé.
4
INTRODUCTION
Dans un premier temps, le droit désigné par la règle de conflit n’est pas
toujours en harmonie avec l’ordre interne tunisien et l’oblige à faire appel au jeu
de l’ordre public. Ce qui n’est pas toujours évident face à l’ambiguïté du
système laïc tunisien qui ne saurait se détacher d’une certaine conception
religieuse sur certains éléments du statut personnel.
14
Décret du 13 août 1956, portant promulgation du code du statut personnel, JORT, n°104 du 28 décembre
1956.
15
Loi n° 57-3 du 1 er août 1957, réglementant l’état civil, JORT, n°2 et 3 des 30 juillet et 2 août 1957.
16
L’article 21 de la constitution de la république tunisienne, adoptée le 26 janvier 2014, singée le 27 janvier
2014 ; JORT, numéro spécial, 20 avril 2015.
17
La Tunisie ratifie la convention de ‘’Copenhague’’ du 18 décembre 1979 sur l’élimination de toutes les
formes de discrimination à l’égard des femmes de (CEDEF ou CEDAW) par la loi n°85-68 du 12 juillet 1985 mais
sous réserve selon laquelle l’Etat Tunisien ne prendrait aucune disposition contraire au premier chapitre de la
constitution de 1956 ; JORT, 12 et 16 juillet 1985, p 919. Mais Récemment, la Tunisie a levé de manière
officielle ses réserves. En effet, dans un document publié par le secrétariat de l’ONU, le 28 avril 2014,
l’organisation annonçait au gouvernement tunisien la levée de toute réserve concernant l’adhésion à la
5
INTRODUCTION
Force est de constater que dans certains cas le mariage mixte est coupé de
tout lien territorial avec la Tunisie, mais lorsque ses effets sont invoqués en
Tunisie, c’est le droit international privé tunisien compétent pour régir les
mariages mixtes entre un national et un étranger conclu à l’étranger qui a le
devoir d’appréhender les problèmes relatifs à la reconnaissance des effets du
mariage mixte conclus à l’étranger, notamment entre deux étrangers de
nationalités différentes.
Quelles sont, alors, les règles de conflit de lois consacrées par le droit
international privé tunisien pour régir le mariage mixte célébré sur le
territoire tunisien ou à l’étranger ?
convention CEDAW. Bien qu’elle ait été annoncée en octobre 2011, la levée des réserves n’est devenue
concrète qu’avec l’annonce officielle du gouvernement tunisien.
18
Par exemple une action en matière de filiation, de succession, d’une demande de versement d’aliment, de
divorce…
6
INTRODUCTION
et l’inconstante position des juges malgré l’indéniable avancée des textes qui
s’emploient actuellement de se détacher d’une manière significative du référent
religieux.19
19
Bostanji(S),op.cit, p.29.
7
PARTIE 1
8
PARTIE 1
9
PARTIE 1
20
L’opération de qualification est définie par Rigaux comme étant « toute opération de subordination d’un
élément de la situation juridique concrète par un concept abstrait » ; Rigaux (F), La théorie des qualifications en
droit international privé, Paris1956, p278, cité par Ben Aicha (N), la place du droit étranger dans la qualification,
RTD,2000, p359.
10
PARTIE 1
21 er
L’article 3 du CSP et l’article 31 de la loi n°57-3 du 1 août 1957 réglementant l’état civil ; JORT n°2 et 3 des
30 juillet et 2 août 1957.
22
Hachem (A), Leçon de droit international privé, livre 2conflits de lois, CPU, 1997, p189.
23
Car la jurisprudence tunisienne ne s’est par arrêtée sur l’exigence de la dot, malgré qu’elle n’était pas
respecter, pour affirmer la validité des mariages conclus à l’étranger ; Nizard (M), Droit international privé
tunisien en matière de statut personnel, thèse, Paris, 1968, p272.
24
Car cette condition n’est pas exigée pour le mariage des étrangers en Tunisie.
25
Hachem (A), Leçon de droit international privé, livre 2, conflits de lois, CPU, 1997, p189.
11
PARTIE 1
26
La lex auctoris fait référence à la loi de l’autorité. En effet « La lex auctoris, tout comme l'autorité qui lui est
soumise, est au service de la loi qui exige l'authenticité et laquelle, par voie de conséquence, est compétente
pour en déterminer la sanction et les effets. » ;GORE(Marie), « L’acte authentique en droit international
éme
privé », In Droit international privé : travaux du Comité français de droit international privé, 14 années, 1998-
2000, 2001. pp. 23-48
12
PARTIE 1
13
PARTIE 1
14
PARTIE 1
À vrai dire, tant en doctrine qu’en législation, depuis que la Tunisie a fait
de la forme du mariage un acte purement étatique sous une forme solennelle37,
jadis reconnue comme traditionnelle soumise à des autorités religieuses, la
résolution du problème de la loi applicable à la forme du mariage mixte semble
être envisagé selon la règle auctor regit actum. Or l’article 46 du CDIP rattache
les conditions de forme du mariage mixte à la lex loci celebrationis ; ce qui est
donc davantage justifié par l’application de la loi du lieu de conclusion de l’acte
que par la compétence exclusive de l’officier public pour le dresser.
La loi de 1957 relative à l’état civil détermine dans son article 31que :
36
ESCUDEY(G), Le couple en droit international privé, thèse précitée,2016, n°75p 61 et 62.
37
Un contrat solennel est un contrat qui requiert, à côté du consentement, l’accomplissement d'un formalisme
de solennité afin d'être valide. La forme imposée est le plus souvent la rédaction d'un écrit ; Terré (F), Simler
e
(PH), Lequette (Y), Droit Civil, Les Obligations - 10 éd., 2009, n° 137.
15
PARTIE 1
38
L’article 38 de la loi de 1957 renvoie à la compétence exclusive de l’autorité tunisienne à rédiger en Tunisie le
contrat de mariage des étrangers de différentes nationalités selon la forme locale. Il énonce que « l’acte de
mariage des étrangers en Tunisie sera rédigé conformément aux lois tunisiennes… »
39
Le conditionnement de l’accès à la célébration du mariage des étrangers devant les officiers publics de
certains pays européens tel que : la France (l’article 165 du code civil français tel que modifié par la loi du 17
mai 2013) et la Belgique (l’article 44 du code belge de DIP) fait au nom de la maîtrise de l’immigration suscite
des réactions vis-à-vis du degré de respect de ces lois du principe de la liberté du mariage.
40
Machatt (F), Disparité de culte et mariage dans les pays du Maghreb moderne, thèse pour le doctorat d’Etat,
FDSPT, 1977, p 108.
41
BOURDELOIS (B.), « Mariage », Répertoire droit international, Dalloz, 2011, n°73.
16
PARTIE 1
42
La règle de droit ne peut en principe se réaliser sans l’intervention d’une autorité. Il est ainsi impossible de se
marier en Tunisie sans l’intervention d’un officier public ; c’est la règle substantielle régissant l’élaboration du
mariage qui exige l’intervention publique, d’où le porté substantiel de l’intervention de l’autorité de
célébration.
43 er
L’article 38 de la loi du 1 août 1957 réglementant l’état civile.
44
C’est à dire l’officier de l’état civil ou le notaire selon l’article 31 de la loi 1957 et l’article 46 du CDIP
17
PARTIE 1
45
Cassation.civ.1ère, 22 juin 1955, RCDIP, 1955, p. 723, note Batiffol.
46
Ibid.
47 éme
Bureau (D) et Muir Watt (H), Droit international privé 2, PUF, 3 éd., 2014, p.178.
18
PARTIE 1
régir l’acte de mariage en la forme. Par conséquent, seule la forme solennelle est
admise et ceci même pour le mariage mixte entre deux étrangers conformément
à l’article 38 de la loi du 1er août 1957 qui dispose que « L’acte de mariage des
Etrangers en Tunisie sera rédigé conformément aux lois tunisiennes… ».
Pour éviter cette situation trois solutions peuvent être proposées : Soit on
admet l'intervention d'une autorité étrangère, soit on oblige l’autorité tunisienne
de célébration à appliquer la forme religieuse étrangère, ou encore à renvoyer les
étrangers se marier dans leur pays. Solutions sommes toutes inappropriées dans
la mesure où la première se heurte aux structures fondamentales du système
tunisien fondé sur le mariage séculier ; la seconde, l’autorité publique tunisienne
violerait la souveraineté dont elle est partiellement dépositaire car une autorité
publique ne peut officier que selon les règles de l’Etat dont elle tient ses
pouvoirs49, en d’autre terme elle doit obéir aux règles procédurales de son propre
ordre juridique ; et la troisième respecterait les règles étrangères sans
compromettre les fondements de l'ordre juridique tunisien, mais serait en
pratique, compte tenu de ses exigences matérielles, peu satisfaisante50. Il en
résulte que la procédure d’élaboration du contrat de mariage mixte, attribuée aux
48
Article 38 de la loi u 1 août 1957 réglementant l’état civil dispose que : « l’acte de mariage des étrangers en
Tunisie sera rédigé conformément aux lois tunisienne ».
49
Callé(P), L’acte public en droit international privé, Economica, 2004, p74 et s.
50
Certains pays ont pu y remédier par des conventions, comme la Convention franco-marocaine du 10 août 1981 entrée en
vigueur le 13mai 1983, relative au statut des personnes et de la famille et à la coopération Judiciaire ; cette difficulté
relative à un mariage célébré en la forme civile française d'un étranger soumis par son statut personnel au droit musulman,
er
a disparu. La Convention stipule dans son article 6, alinéa 1 , que « les conditions de forme du mariage sont régies par la loi
de celui des deux Etats dont l'autorité célèbre le mariage».
19
PARTIE 1
officiers publics tunisiens, est gouvernée par la loi de l’autorité qui établit cet
acte.
51
Arrêté des ministres de la justice et de l’intérieur du 7 mai 1999, modifiant l’arrêté du 27 septembre 1985
relatif à la standardisation des documents de l’état civil, JORT n°39 du 14 mai 1999.
52
Niboyet dans son traité de droit international privé, soutenait que la règle auctor régit actum se substitue,
pour les actes publics, à la règle locus regit actum ; Niboyet (J-P), Traité de droit international privé français : le
conflit des autorités, le conflit de juridiction, tome6-1, Paris, Recueil Sirey , 1949,n°1571.
20
PARTIE 1
L’article 38 de la loi du 1er août 1957 dispose dans son premier alinéa
que : « L'acte de mariage des étrangers en Tunisie sera rédigé conformément
aux lois tunisiennes, sur le vu d'un certificat de leur consul attestant qu'ils
peuvent contracter mariage ».
21
PARTIE 1
53
Voir Annexe n°1.
54
Exemple l’article 171-2 du code civil français
55
Exemple l’article 171-3 du code civil français
22
PARTIE 1
s’il remplit les conditions de fond imposées par la loi tunisienne étant donné sa
vocation subsidiaire entant que lex fori. Or cette solution semble inconvenable
puisque le mariage mixte des étrangers conclu selon les conditions du droit
tunisien risque de ne pas être reconnu par leurs pays ou autres pour
inobservation des conditions de leurs lois nationales.
56
Audinet (E), « Les conflit de lois en matière de mariage et de divorce », RCADIP, vol 105, 1962, p.62.
57
Circulaires du ministre de l’intérieur adressées aux officier d’état civil du 13 janvier 1968 et du 14 avril 1973,
in textes et circulaires relatifs à l’état civil, au nom patronymique et au livret familial, imprimerie officielle,1993.
23
PARTIE 1
24
PARTIE 1
B) l’acte authentique
64
L’article 1 de la loi n° 64-46 du 3 novembre 1964 portant institution d’un certificat médical prénuptial.
65
L’article 5 de la loi n° 64-46 du 3 novembre 1964 portant institution d’un certificat médical prénuptial.
66
L’article 5 alinéa 2 de la loi du 3 novembre 1964 portant institution d’un certificat médical prénuptial prévoit que : « Le
certificat n’est exigible d’aucun des futurs époux au cas du péril imminent de mort de l’un d’eux ».
67
Le certificat médical prénuptial a été supprimé de l’article 63 du code civil français par la loi n°2007-1787 du 20 décembre
2007
68
L’article 46 du CDIP
25
PARTIE 1
droit d’instrumenter dans le lieu où l’acte a été rédigé ». Ainsi, sans la présence
effective, lors de la lecture et de la signature, de l'officier public l'acte serait
dépourvu de toute valeur juridique.
En effet, l’article 4 du CSP dispose que la preuve d’un mariage conclu sur
69
le territoire tunisien « … ne peut être rapportée que par un acte authentique
dans des conditions fixées par une loi ultérieure ». Et c’est précisément en
raison de cette certitude résultant de la présence de l'officier public qui atteste de
la réalité d'un fait que l’acte authentique de mariage fait foi70.
Par conséquent c’est la qualité de l’officier public qui confère à l’acte son
authenticité. L’acte authentique n’est pas seulement un moyen de preuve mais
aussi une condition de validité puisque le législateur tunisien assortit cette
condition d’une double sanction71 ; civile et pénale. De ce fait « l’union qui n’est
pas conclue conformément à l’article 31 ci-dessus est nulle. En outre, les deux
époux sont passibles d’une peine de trois mois d’emprisonnement. »72
69
L’article 442 du COC définit l’acte authentique comme étant « celui qui a été reçu avec les solennités
requises par des officiers publics ayant le droit d’instrumenter dans le lieu où l’acte a été rédigé. »
70
L’article 444 du COC : « l’acte authentique fait pleine foi, même à l’égard des tiers et jusqu’à inscription de
faux… »
71
Charfi (M), « Les conditions de forme du mariage en droit tunisien », RTD, 1969-1970, p.11 et suivant.
72 er
L’article 36 de la loi du 1 août 1957.
26
PARTIE 1
Un choix qui a des racines bien profondes en Tunisie et qui suit une
tendance générale confirmée même après l’unification du statut personnel
tunisien et la promulgation du code de droit international privé.
73
C’est le cas dans les pays de Common law tel que l’Angleterre, Canada, mais aussi Mexique… ; voir Mestre (J), « mariage :
condition de forme, condition de fond et effets », J.C.DIP, Fascicule .546-A, 1992, p9.
74
Cette solution est consacrée en Amérique, Brésil, et certains pays scandinaves. Le critère de rattachement la loi du lieux
de célébration à été consacrer par la convention de La Haye du 14 mars 1978 sur la célébration et la reconnaissance de la
validité des mariages qui lui impose, conformément à son article 9, de reconnaître le mariage valablement conclu selon le
droit de l'Etat de la célébration ; cité in RCDIP, 1979, p821.
27
PARTIE 1
75
Une tendance qui avait une portée différente de celle adoptée à partir du décret de 1956 et qui dominait un
système pluraliste basé sur la religion avant l’instauration du code de statut personnel tunisien. Mais
aujourd’hui la tradition personnaliste est introduite dans le CDIP dans un sens où le droit tunisien opte
explicitement « pour la nationalité et la loi nationale » ; Mezghani (A), Commentaire du code, Op.cit., p92 et 93.
28
PARTIE 1
franco- italien du 15 janvier 1884 étendus par la suite à tous les étrangers76 et qui
disposaient d’une façon générale que les conditions de fond du mariage sont
soumises aux lois nationales des parties appliquées par les juridictions françaises
en Tunisie77.
76
Mezghani (A), Droit international privé : Etats nouveaux et relations privées internationale, Op.cit, p67 et 68.
77
Lescure (M), « L’évolution du système des conflits de lois tunisien : l’exemple du mariage », RCDIP, 1959, p3.
78
Le décret du 12 juillet 1956, JORT du 13 juillet 1956, p.987, abrogé par la loi n° 98-97 du 27 novembre 1998,
portant promulgation du code de droit international privé.
79
La loi du domicile antérieur des époux présente un critère moins important que celui de la loi du domicile
conjugal. Or dans ce cas il ne s’agit pas de régir un lien conjugal mais l’aptitude individuelle de se marier.
De plus ce rattachement est facile à rompre car le domicile change plus facilement que la nationalité et on ne
peut annuler un mariage sur la base d’une loi dont le titre à s’appliquer s’est effacé ; Audit (B), Droit
éme
international privé, Economica, 2 édition, 1997, n°627.
80
Il est vrai que le critère du lieu de célébration présente beaucoup d’avantages. Mais, ce critère donne
facilement lieu à la fraude par les candidats au mariage, qui prohibés de se marier dans leur pays, choisissent
un autre Etat où les conditions sont moins rigoureuses et où la loi permet de les marier ; In Audit (B), Droit
éme
international privé, Economica, 2 édition, 1997, n°627.
29
PARTIE 1
81 ére
Ben Mousa (M), Interprétation du code tunisien de droit international privé, La magrébine, 1 éd, 2003,
p364. (En Arabe)
82
Mezghani (A), Commentaire du code, Op.cit.,95.
83
Dans le cas des plurinationaux, l’effectivité de la nationalité doit être démontrée même si c’est la loi du for ;
c’est notamment le cas de la Suisse, de la Belarus, des Pays-Bas ; Bucher(A), « La famille en droit international
privé », RCADI, vol 283, 2000, p35.
84
Mezghani (A), commentaire du code, Op.cit., p94.
85
Selon M. Béchir Bejaoui, on ne peut nier le fait que dans certains cas c’est « un privilège de religion qui se
cache souvent derrière un privilège de nationalité » ; Bejaoui (B), « L’abolition des privilèges : Mythe ou
Réalité? », in actualités du droit international privé de la famille en Tunisie et à l’étranger, LATRACH EDITIONS,
2015, p77 et 78. Cette idée unanime est développée par Jean Déprez qui pense que « sous la forme
religieusement neutre de la préférence due au statut national (…) s’exprime la règle millénaire de la tradition
islamique qui a toujours soumis au droit musulman les relations entre musulmans et non musulmans.» ;
Déprez(J), « Droit international et conflits de civilisations » RCADI, 1988,vol 211 ,p121.
30
PARTIE 1
86 éme
Se dit d’« une personne dépourvue de nationalité légale », Cornu(G), Vocabulaire juridique, puf ,12 éd,
2018.
87
Convention de New York du 28 septembre 1954 sur le statut des apatrides, entrée en vigueur de 6 juin 1960,
ratifié par la Tunisie par la loi n° 698-27 du 9 mai 1969, JORT, 1969, p520.
88
En effet la loi du domicile est la loi compétente pour régir le statut personnel des réfugiés apatrides mais
aussi des réfugiés qui ont gardé leur nationalité d’origine. C’est une solution qui à été consacré par la
convention de Genève 28 juillet 1951 sur les réfugiés, redue applicable en Tunisie par le décret du 2 juin 1955,
JORT, 1955, p892.
89
L’article 38 de la loi de 1957 relative à l’état civil.
31
PARTIE 1
90
Benattar(R), « Problème relatifs au droit international privé e la famille dans les pays de droit personnel »,
RCADI, vol 97, 1959, p431.
91
Nizard(M), Le droit international privé tunisien en matière de statut personnel, thèse pour le doctorat d’Etat
en droit, Université de Paris, faculté de droit et des sciences économiques, 1968, p278.
92
Considérée trop rigoureuse par la doctrine malgré la stabilité matrimoniale qu’elle peut conférer cette
méthode consiste à ce que chacun des deux futurs époux doit remplir non seulement les conditions de sa
propre loi nationale, mais également celles de la loi de son futur conjoint ; Mestre(J), article précité, p14.
93 3ème
VIGNAL (T.), Droit international privé, éd, Sirey, 2014, p. 137.
32
PARTIE 1
94
BARTIN (E.), Principes de droit international privé selon la loi et la jurisprudence française, Domat
Montchrestien, tome II, 1932, p228.
33
PARTIE 1
par deux lois différentes et dont l’application est imposée par la solution
bilatérale adoptée par le code de DIPT95.
-La différence de sexe est une obligation essentielle du mariage, elle est
classée dans les conditions naturelles du mariage et ce malgré sa non-exigence
explicite dans les textes97. Cette condition puise ses racines dans la
religion98d’un côté et dans le consensus social de l’autre. Quant aux conditions
d’hétérosexualité sont déduites ipso facto du CSP et du modèle traditionnel de la
famille tunisienne.
95
L’article 45 du CDIPT et qui soumet les conditions de fond du mariage à la loi nationale de chacun des futurs
époux.
96 9éme
Bénabent (A), Droit de la famille, Litec, édition, 1999, p59 ; Ben Halima(S), Cours de statut personnel,
centre d’édition universitaire, Tunis 2011, p43. (En arabe).
97
Dans l’article 3 du CSP le législateur tunisien parle de façon générale du consentement des deux époux. Dans
l’article 9 du CSP il est déclaré que l’homme et la femme peuvent conclure un mariage par eux même ou par un
mandataire. Mais aucun article ne dispose cette condition explicitement.
98
Les trois religions monothéistes interdisent le mariage entre personnes de même sexe ; la religion judaïque voir ancien
testament, Lévitique, 20, 13 ; le texte biblique pour la religion chrétienne ; la religion musulmane voir texte coranique
sourate 26, versets, 165-167 et sourate 29, versets, 28-30.
34
PARTIE 1
99
L’article 230 du code pénal prévoit que : « -la sodomie, si elle ne rentre dans aucun des cas prévus aux articles
précédents, est punie de l’emprisonnement pendant trois ans ».
100
Exemples de pays qui régissent le mariage homosexuel :Pays-Bas (selon la loi entrée en vigueur le 1 avril 2001),
Portugal (depuis mai 2010), Suède (depuis avril 2009), Uruguay (depuis août 2013),France (depuis le vote de la loi n°2013-
404 du 17 mai 2013) Irlande (novembre 2015), Islande ( juin 2010) Luxembourg ( juin 2015), Malte ( septembre
2017), États-Unis ( au niveau fédéral par la loi du 26 juin 2015), Allemagne (1octobre 2017).
101
L’article 5 du CSP a été modifié deux fois depuis sa promulgation. La première selon le décret-loi n° 64-1 du 20 février
1964 qui a permis à la femme de se marier à 17 ans révolus et 20 ans révolus pour l’homme. Puis le législateur est intervenu
une seconde fois par la loi n° 2007-32 du 14 mai 2007, pour unifier l’âge légal du mariage à 18 ans révolus pour l’homme et
la femme.
102
Selon l’article 5 du CSP : « ... chacun des deux futurs époux n'ayant pas atteint dix-huit ans révolus, ne peut contracter
mariage. Au-dessous de cet âge, le mariage ne peut être contracté qu'en vertu d'une autorisation spéciale du juge qui ne
l'accordera que pour des motifs graves et dans l'intérêt bien compris des deux futurs époux. »
103
L’article 153 du CSP, modifié par loi 93-74 du 12 juillet 1993 puis par l’article 2 de la loi n°2010-39 du 26 juillet. 2010,
portant l’unification de l’âge de la majorité civile, prévoit que : « Est considéré comme interdit pour minorité, celui ou celle
qui n'a pas atteint la majorité de dix-huit ans révolus. Le mineur devient majeur par le mariage s'il dépasse l'âge de 17 ans
et ce, quant à son statut personnel et à la gestion de ses affaires civiles et commerciales ».
104
Selon l’article 6 du CSP : « le mariage du mineur est subordonné au consentement de son tuteur et de sa mère. En cas
de refus du tuteur ou de la mère et de persistance du mineur, le juge est saisi. L’ordonnance autorisant le mariage n’est
susceptible d’aucun recours ».
105
En effet, est requis pour la conclusion du mariage, le consentement du père et de la mère ou la mère toute seule en cas
de décès du père pour les mineurs qui ont atteint l'âge légal du mariage, ou autorisation du tribunal en cas de l'opposition
du tuteur. Ainsi le législateur tunisien accorde de l’importance à la décision de la mère du mineur qui constitue souvent la
voix de la raison pour empêcher le mariage des enfants trop jeunes, répandu dans la société tunisienne des années
cinquante.
35
PARTIE 1
Cette condition d’âge relève de la loi nationale du futur époux. Sur le plan
international cette limite d’âge diffère d’un pays à l’autre. Et c’est aux futurs
époux qu’incombe la preuve d’invoquer une loi plus permissive et de démontrer
qu’ils remplissent les conditions édictées par sa loi nationale. Cette condition
d’âge légal du mariage peut entraîner des situations discriminatoires. En effet
dans le cas d’un mariage mixte entre un tunisien et une iranienne de neuf ans108,
dont la loi nationale permet à son tuteur de la marier à l’âge pré-pubère109, la
solution préconisée par de CDIPT permet l’officier de l’état civil tunisien de
procéder à la célébration de leur mariage110. Donc le code DIPT ne fournit pas
de solution quant à la détermination d’une loi étrangère discriminatoire par la
mise en œuvre du rattachement à la loi nationale relative à l’âge légal pour le
mariage. Considérant la lutte internationale contre le mariage d’enfants111 et
106
L’article 158 du code civil français : « L’enfant naturel légalement reconnu qui n'a pas atteint l'âge de dix-huit ans
accomplis ne peut contracter mariage sans avoir obtenu le consentement de celui de ses père et mère qui l'a reconnu, ou
de l'un et de l'autre s'il a été reconnu par tous deux. En cas de dissentiment entre le père et la mère, ce partage emporte
consentement… »
107
L’article 2 de la convention sur le consentement au mariage, l’âge minimum du mariage et l’enregistrement des
mariages. Ouverte à la signature et à la ratification de l’assemblée générale dans sa résolution du 7 novembre 1962 à New
York ratifiée par la Tunisie en 24 janvier 1968 : « les Etat parties à la présente convention prendront les mesures législatives
nécessaires pour spécifier un âge minimum pour le mariage. Ne pourront contracter légalement mariage les personnes qui
n’auront pas atteint cet âge, à moins d’une dispense d’âge accordée par l’autorité compétente pour des motifs graves et
dans l’intérêt des futurs époux ».
108
L’âge de 9ans représente l’âge de majorité pour les filles iraniennes selon l’article 1210 (du code civil de la république
islamique de l’Iran) : « - No one, when reaching the age of majority, can betreated as underdisability in respect of insanity
or immaturity unless his immaturity or insanity is proved. Note 1 - the age of majority for boys is fifteen lunar years and for
girls nine lunar years».
109
Article 1041(du code civil de la république islamique de l’Iran) « - Marriage before the age, of majority is prohibited. »
110
L’officier de l’état civil tunisien procède à la conclusion du mariage si toutes les autres conditions au mariage mixte sont
réunies.
111
Voir la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes adoptée
par l’assemblée générale dans sa résolution 34/180 du 18 décembre 1979 , Article 16 -2 : « Les fiançailles et les mariages
d'enfants n'ont pas d'effets juridiques et toutes les mesures nécessaires, y compris des dispositions législatives, sont prises
afin de fixer un âge minimal pour le mariage et de rendre obligatoire l'inscription du mariage sur un registre officiel. » ;
l’article 1 de la convention internationale sur le consentement au mariage, l'âge minimum du mariage et l'enregistrement
des mariages adoptée par l’ONU en 1962.
36
PARTIE 1
dont la Tunisie112 fait partie, il est impératif que l’officier de l’état civil tunisien
invoque l’ordre public international tunisien pour refuser la conclusion.
Par contre, le droit substantiel tunisien interdit, dans un texte général, les
majeurs atteints d’aliénation115 mentale de contracter, si ce n’est par les
personnes qui les représentent116. Mais cette solution ne s’applique pas aux
contrats de mariage régis par un texte spécial qui est la loi n° 1964-0046 du 3
novembre 1964 portant institution d’un certificat médical prénuptial.
112
La convention CEDAW a été ratifiée par la Tunisie le 11 Novembre 1985 mais des réserves spécifiques ont toutefois été
posées à cette période. Depuis le 17 avril 2014, la levée des réserves a été faite officiellement par la notification du
Secrétaire Général des Nations Unies.
113
L’article 15 du code de la famille qatarien promulgué par la loi n°22 de 2006 dispose que : « …ne peut être
conclu le mariage du dément ou de l’aliéné que selon les conditions suivantes : 1-consentement du tuteur 2- la
vérification du consentement de l’autre partie après être informée de son état 3-confirmer par un conseil de
médecins compétents que sa maladie n’est pas transmissible à sa progéniture. »
114
L’article 7 de la Modawana promulgué en 1958 et réformé par la loi du 10 octobre 2004, prévoit que : «le juge peut
autoriser le mariage du dément ou du simple d'esprit sur rapport d'un conseil de médecins psychiatres établissant que le
mariage peut être salutaire à ce malade, à condition que l'autre partie soit informée de la maladie et donne son
consentement au mariage».
115
L’aliéné est défini selon l’article 160 du CSP comme étant le dément : « qui a perdu la raison, sa démence
peut être continue ou coupée d’intervalles lucides ».
116
L’article 5 du C.O.C prévoit que : « Sont absolument incapables de contracter, si ce n'est par les personnes qui les
représentent : 1) les mineurs jusqu'à l'âge de treize ans révolus ; 2) les majeurs atteints d'aliénation mentale qui les prive
complètement de leurs facultés »
37
PARTIE 1
L’article 2117 de cette loi exige en effet, que les deux futurs époux ne
soient pas atteints de maladies mentales ou autres maladies graves. Dans le cas
où la maladie mentale est caractérisée, le médecin doit refuser la délivrance du
dit certificat, ce qui obligera l’officier de l’état civil ou les notaires de refuser la
conclusion du mariage de l’aliéné118. Le législateur tunisien a traité la question
avec prudence, il a préféré privilégier la stabilité des actes juridiques aux dépens
de la liberté matrimoniale.
117
L’article 2 de la loi n° 64-46 du 3 novembre 1964 portant institution d’un certificat médical prénuptial dispose qu’« au
cours de l’examen prévu à l’article précédent, l’attention du médecin doit se porter particulièrement sur les affections
contagieuses, les troubles mentaux, l’alcoolisme ou toutes autres maladies dangereuses pour le conjoint ou la descendance
et notamment la tuberculose et la syphilis».
118
Le législateur tunisien distingue l’aliéné dépourvu de capacité de contracter du faible d’esprit qui a une
capacité limitée selon l’article 160 du CSP et l’article 6 du COC.
119 ére
Bureau(D) et Muir Watt (H), Droit international privé, puf ,1 éd, 2007.
38
PARTIE 1
39
PARTIE 1
loi française qui fait du consentement au mariage une loi de police dans son
article 202-1 CCF tel que modifié par la loi n°2014-873 du 4 août 2014 : «
quelle que soit la loi personnelle applicable, le mariage requiert le
consentement des époux… ». Quant au législateur tunisien, en exigeant le
consentement des deux époux pour que le contrat de mariage soit valable, le
l’article 2 du CSP, rompt avec cette pratique du droit musulman et instaure
l’égalité entre l’homme et la femme d’accéder à la liberté nuptiale. Mais dans le
code DIPT le législateur n’a pas instauré une clause spéciale d’ordre public
comme l’a fait son confrère français123 dans un objectif affiché de lutter contre le
mariage forcé. Ce silence ne peut être interprété en faveur de l’application d’une
loi étrangère relative au droit de ‘’Djebr’’ sur le territoire tunisien, lieu de
célébration du mariage mixte. Dans ce cas, rien n’empêche l’officier de l’état
civil de refuser la célébration un mariage mixte basé sur une contrainte visible
en ayant recours à l’exception d’ordre public.
123
L’article 202-1 du code civil français tel que modifié par la loi n°2014-873 du 4 août 2014 dispose : « quelle
que soit la loi personnelle applicable, le mariage requiert le consentement des époux, au sens de l’article 146 et
du premier alinéa de l’article 180 ».
40
PARTIE 1
A) L’empêchement bilatéral
124 éme
Bureau(d) et Muir Watt(H), Droit international privé/2, 3 édition, Puf, 2014, P182.
125 éme
Mayer(P) et Heuzé(V), Droit international privé, LGDJ, 11 éd,2014, p 400.
126 éme
Bureau(d) et Muir Watt(H), Droit international privé/2, 3 édition, PUF, 2014, P182.
127
Kegel (G) en Siehr (K), Internationales privatrecht, 9 th edn, MÜNCHEN, 2004, 611.
128 éme
Bureau(d) et Muir Watt(H), Droit international privé/2, 3 édition, PUF, 2014, P182.
42
PARTIE 1
Quand bien même que l’application cumulative des lois nationales mises
en cause par un mariage mixte lors d’un empêchement bilatéral semble
revendiquer la primauté de la rège la plus sévère, sa consécration par la plupart
des systèmes juridiques s’explique par deux arguments. Le premier, est que cette
solution répond à l’impératif exigé par la politique de l’Etat de maintenir ses
ressortissants sous son contrôle pour les matières qui relèvent du statut
personnel, de telle sorte qu’il serait difficile à un futur époux de se soustraire au
respect des conditions imposées par sa loi nationale. Tandis que la deuxième
« réside dans la difficulté de trouver une solution qui n’avantage pas l’une des
deux lois »131.
43
PARTIE 1
Or, cette question ne se pose pas quand l’un des deux futurs époux est de
nationalité tunisienne ; car dans ce cas-là, s’ajoute à l’empêchent bilatéral édicté
par la loi tunisienne, une qualification d’ordre public ; c'est-à-dire que tous les
empêchements édictés par la loi tunisienne sont d’ordre public dans une union
matrimoniale mixte qui réunit un national et un étranger. Mais, elle semble
pertinente lorsque les deux futurs époux sont tous les deux de nationalité
132
TPI Sousse, chambre correctionnelle, n°9672, 24 novembre 2001, note Ben Achour(S), RTD, 2002, p.195 ;
voir aussi Cour d’appel de Tunis, civil, n°120, 6 janvier 2004, note Ben Achour(S), JDI, 2005 n°4, p.1193 et
suivants.
133 éme
Loussouarn (Y), Bourel(P) et de Vareilles-Sommières(P), Droit international privé, Précis Dalloz, Dalloz, 8
éd., 2004, p 520.
44
PARTIE 1
134
L’article 36 du CDIP dispose que : « l’exception d’ordre public ne dépend pas de l’intensité du rapport entre
l’ordre juridique tunisien et le litige ».
135
L’article 14 du CSP.
136
Ibidem.
45
PARTIE 1
137
Bouguerra (M), Le juge tunisien et le droit de statut personnel, AJT, n°14, 2000, p29.
46
PARTIE 1
138
Sourate IV, verset 22 et 23 : « N’épousez pas des femmes qu’auraient épousées vos pères- exception faite
des situations acquises- : ce serait une turpitude, un inceste, un détestable chemin ! Vous sont interdites vos
mères, filles, sœurs, tantes de père ou de mère, nièces de frère ou de sœur, mères et sœurs de lait, mères de
vos épouses, pupilles encore dans votre giron et issues de vos femmes, si vous avez consommé l’union avec ces
dernières (au cas inverse, nulle faute à vous), et encore les épouses des fils issus de vos reins, et de conjoindre
deux sœurs, exception faite des situations acquises...Dieu est tout pardon, Miséricordieux. » Traduit d’après
Berque (J), le Coran, Essai de Traduction, éditions Albin Michel, 2002, p. 98-99.
139
Moins rigide, le législateur français permet dans l’article 164 du code civil français au Président de la
République de lever les prohibitions par l’accord d’une dispense qui rend légal le mariage entre l’oncle et la
nièce, la tante et le neveu et entre alliés en ligne directe, sous réserve du décès de la personne qui a créé le lien
d’alliance, ce qui veut dire que le lien du mariage doit être rompu par la mort de l’une des parties et non par le
divorce ou la séparation. Cette dispense est accordée dans le cas de l’existence d’un motif grave, tel que la
survenance d’un enfant. La décision du Président de la République est octroyée par décret et elle n’est
éme
susceptible d’aucun recours ; Bérnabent (A), Droit civil de la famille, Litec, 9 éd., 1999, p88.
140
Article 21 L.M, J-CL, droit comparé, fascicule1, 1997, n°103, p14.
47
PARTIE 1
tunisien. En effet, dans tous les cas l’officier de l’état civil tunisien doit soulever
l’exception d’ordre public pour évincer les disposions étrangères qui régissent
l’empêchement de parenté et d’alliance d’une manière plus permissive ou
ouvrant droit à des dispenses. 141
141
Nizard (M), Thèse précitée, p291.
142
Même si le législateur tunisien suit le rite mālikite, cela ne l’empêche pas de puiser dans les autres écoles les
règles qu’il juge intéressant d’introduire dans le droit positif car les Mālikites constituent l’empêchement au
mariage si la prise du lait eut lieu pendant les 26 mois suivant la naissance du bébé, alors que, les Ĥanafites
quant à eux observent l’empêchement si l’allaitement eut lieu dans les 24 mois suivant la naissance.
143
Sourate II, verset 233 : « les mères allaitent leurs nourrissons deux ans entiers, pour quiconque veut que
l’allaitement se parachève, à charge pour celui à qui l’enfant est né de pourvoir à l’entretien de la femme et à son
habillement, selon les convenances » ; Berque (J), Le Coran, Essai de Traduction, op.cit., p. 59.
Et conformément au ĥadiŧ du messager de Dieu : « N’est considéré comme allaitement que celui qui survient
lors des deux premières années de la vie » ; Abrégé de Bukharî, traduit par Harakat Ahmed, AL Namouzajieh,
Beyrouth-Saida, n°1762, p. 472.
144
La Cour de cassation tunisienne impose en plus du témoignage des personnes et spécialement des femmes,
que l’allaitement ait été connu avant la conclusion du mariage .Ben Halima (S), Cours de droit du statut
personnel, Tunis, centre d’édition universitaire, 2011, p.65.
48
PARTIE 1
Pour ce qui est des différents empêchements provisoires édictés par la loi
tunisienne ils sont au nombre de deux : le délai de viduité et l’existence d’un
mariage non dissous qui soulève la question de la polygamie dans le mariage
mixte.
145
Ben Halima (S), op.cit, p 45 et 46.
146
Hachem (M-L), op.cit, p190.
147
Nizard (M), Thèse précitée, p293.
49
PARTIE 1
Aboli, depuis plus d’un demi- siècle, la polygamie est sanctionnée sur le
plan civil et pénal149. Élevé législativement au rang d’acquis national, ce choix
législatif affirmé dans les relations nationales, est également respecté au niveau
international. Ainsi, il est interdit de conclure des mariages polygames sur le
territoire tunisien quelque soit la nationalité du prétendant. L’interdiction suit
également les ressortissants tunisiens souhaitant conclure leur mariage à
l’étranger. Ce principe de monogamie résulte d’une volonté politique législative
réformiste150qui répond aux impératifs d’un Etat de droit démocratique dont
l’évolution ne peut se confirmer si la moitié de la société est opprimée. En effet,
à côté des inconvénients ravageurs de la polygamie sur la stabilité de la famille
qui est le fondement même de la société, cette institution va à l’encontre du
principe de l’égalité entre homme et femme consacré par la constitution et les
conventions internationales ratifiées.
148
Ibidem, p294.
149
L’article 18 et 21 du CSP.
150
Une volonté politique qui a su tirer bénéfice de se fonder « sur une règle solide “l’ijtihad” et sur les objectifs
de la Chariâ en constituant une preuve de la vitalité de l’islam et de son ouverture aux exigences de l’époque et
de l’évolution » pour atténuer le discours marqué des antagonistes à cette époque ; Ben Achour (S), Aux
sources du droit tunisien moderne : la législation tunisienne en période coloniale, thèse, Tunis, 1996.
151
TPI Tunis, 19 avril 1977, RTD, 1977, p. 91, note Ali Mezghani.
50
PARTIE 1
152
« Pareille intervention de l’ordre public se justifie en raison de la nature pénale de l’article 18 du code de
statut personnel ... . Le principe de la territorialité de la pénale s’opposera ainsi à la célébration d’un second
mariage en Tunisie, avant la dissolution du précédent. » ; Ben Jemia (M), « L’ordre public international tunisien
peut-il s’atténuer en matière de polygamie ? », in Polygamie et répudiation dans les relations internationales,
Actes de la table ronde organisée à Tunis le 16 avril 2004, ABC, 2006, p29.
153
Ben Jemia (M), « L’ordre public international tunisien peut-il s’atténuer en matière de polygamie ? », in
Polygamie et répudiation dans les relations internationales, Actes de la table ronde organisée à Tunis le 16 avril
2004, ABC, 2006, p.28 et 29.
154
Mezghani(A), Commentaire du code de droit international privé, CPU, 1999, p.81.
155
Circulaires du ministre de l’intérieur adressées aux officiers d’état civil du 13 janvier 1968 et du 14 avril
1973, in textes et circulaires relatifs à l’état civil, au nom patronymique et au livret familial, Imprimerie
Officielle 1993, p. 93 et 96.
51
PARTIE 1
52
PARTIE 1
du législateur tunisien, qui semble traduire une mise à contribution des juges, a
suscité des controverses jurisprudentielles et doctrinales. Erigées en deux
positions antagonistes, certains se sont placés « dans le sillage de la politique
législative réformatrice pour parfaire l’œuvre d’innovation »158, alors que
d’autres s’acharnent à la mobiliser « par un retour aux sources sacrées »159.
Ainsi il est opportun d’exposer ces deux positions pour pouvoir constater les
dernières solutions relatives à ce débat.
158
Cour d’appel, civ., Tunis, 6 janvier 2004, n°120 et Cour de Cassation, civ., 20 décembre 2004, n°3843, note
Ben Achour(S), JDI, 2005, n°4, p 1201.
159
Ibidem.
160
Elle a abordé la question dans des litiges relatifs à la succession ou au divorce ; voir : Cour de Cassation, 20
décembre 2004, n°3843, note Ben Achour(S), JDI, 2005, n°4, p 1201
161
Cassation Civil. 31 janvier 1966, n°3384,RJL, n°6, 1967, p37.
162
Cour de Cassation, 27 juin 1973, bulletins civil, 1973, p 21.
53
PARTIE 1
163
Article 184 du code ’’Djaït’’ dans sa version malikite : « la musulmane ne peut épouser qu’un musulman » ;
Le cheikh Mohamed Abdel Aziz Djaït, alors ministre de la Justice tunisienne, est président de la commission de
rédaction du Code charaïque. Celle-ci est chargée selon son décret constitutif « d’examiner un projet de Code
charaïque en vue du choix des textes qu’il convient d’appliquer devant les juridictions charaïques dans la
Régence ; textes extraits des ouvrages de jurisprudence islamique des deux rites hanéfite et malékite », du 16
juin 1949 instituant une commission en vue de l’examen d’un projet de Code charaïque, JOT, 5 juillet 1949,
p. 1156.
164
Ben Jémia (M), « Non-discrimination religieuse et code du statut personnel tunisien », in Mélange en
l’honneur du Doyen Yadh Ben Achour, CPU, 2008, p 264.
165
Kari (M), « Note à propos d’un texte ambigu : l’article 535 du Code des Obligations et des contrats », RTD,
1992, p 229.
166
Circulaire n°33 du 15 novembre 1973, portant interdiction de célébrer le mariage d’une tunisienne avec un
non musulman, revue de jurisprudence et de la législation, Novembre 1973, n°9, p.83.
167
Circulaire du 17 mars 1962, au Recueil de textes et circulaires relatifs à l’état civil, au nom et au livret de
famille, ministère de l’intérieur, imprimerie officielle de la république tunisienne, 1976, p82.
54
PARTIE 1
168
Ben Jémia (M), « Non-discrimination religieuse et code du statut personnel tunisien », Mélange en l’honneur
du Doyen Yadh Ben Achour, CPU, 2008, p 274.
169
Meziou (K), « Mariage- filiation », JCl, Droit comparé, V°, Tunisie 1997, n°36.
170
Cour d’appel, civ., Tunis, 6 janvier 2004, n°120 et Cour de Cassation, civ., 20 décembre 2004, n°3843.2004 ;
note Ben Achour (S), JDI, 2005, n°4, 1193 et suivant. Et TPI de Tunis, 29 juin 1999, n°26855, RTD 2000, p. 403 ;
note Ben Achour(S).
171
Les articles 532 et 540 du COC.
172
Loi n° 67-41 portant adhésion de la Tunisie à la convention de New-York sur le consentement au mariage,
l’âge minimum du mariage et l’enregistrement des mariages, JORT, 21 novembre 1967, p. 1444 ; Décret de
publication n° 68-114, JORT, 1968, p.476. Et la Loi n°85-68 du 12 juillet 1985, JORT, 12 et 16 juillet 1985, p 919 ;
55
PARTIE 1
Décret de publication n° 91-1821 du 25 novembre 1991, portant publication de la convention sur l’élimination
de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, JORT, 13 novembre 1991, p 1956.
173
La circulaire n°39 du 14 mai 1988 émanant du premier ministre ; voir aussi, Ben Jemia (M), « Non
discrimination religieuse et code du statut personnel tunisien », in Mélanges en l’honneur du Doyen Yadh Ben
Achour, CPU, 2008,p.274
56
PARTIE 1
Ainsi donc, la cour choisit de se fonder sur le référent religieux alors que
seul le critère de nationalité est autorisé par le code de statut personnel et le code
de droit international privé175. Cet arrêt viole des droits désignés comme
fondamentaux telle la liberté de conscience et l’égalité entre les sexes dans la
liberté de choisir son conjoint.
174
Cour d’appel de Tunis, 6 janvier 2004, n° 120, journal du droit international, 2005,n°4, p 1193 et suivant,
note Ben Achour(S).
175
Ben Jemia (M), « non discrimination religieuse et code de statut personnel tunisien », Mélange en l’honneur
du Doyen Yadh Ben Achour, CPU, 2008, p 273.
57
PARTIE 1
58
PARTIE 1
177
La Tunisie ratifie la convention (CEDAW) par la loi n°85-68 du 12 juillet 1985 mais sous réserve selon laquelle
l’Etat Tunisien ne prendrait aucune disposition contraire au premier chapitre de la constitution de 1956 ; JORT,
12 et 16 juillet 1985, p 919. Mais Récemment, la Tunisie a levé de manière officielle ses réserves. En effet, dans
un document publié par le secrétariat de l’ONU, le 28 avril 2014, l’organisation annonçait au gouvernement
tunisien la levée de toute réserve concernant l’adhésion à la convention CEDAW. Bien qu’elle ait été annoncée
en octobre 2011, la levée des réserves n’est devenue concrète qu’avec l’annonce officielle du gouvernement
tunisien.
59
PARTIE 1
60
PARTIE 1
sur le territoire tunisien. Cette circulaire reprend les mêmes documents déjà
établis à l’exception du certificat de conversion à l’islam délivré par le mufti de
la république. Le retrait du certificat de conversion pour le mari non musulman
de la liste des documents demandés est une preuve explicite179 de l’exclusion de
la disparité de culte comme empêchement au mariage mixte.
179
Voir Annexe n°3.
61
PARTIE 1
180
Article 16 de la loi du 12/11/1965 relative au droit international privé Polonais, RCDIP, 1996, p323.
181
Article 17-1 de la loi fédérale du 15/6/1978 relative au droit international privé, RCDIP, 1979, p174.
182
Article 707 alinéa 1 du code de la famille, ordonnance du 31/1/1980, RCDIP, 1982, p 602.
183
De La Pradelle (G), Droit international privé : les conflits de lois en matière de nullités, volume VIII, Dalloz,
1967, p.214.
62
PARTIE 1
fois la nullité prononcée, force est d’établir les conséquences de cette nullité à
travers la détermination de la loi applicable aux effets de la nullité du mariage
mixte (Section II), chose qui n’est pas facile vu les controverses doctrinales qui
entourent cette question.
184
Nizard (M), Thèse précitée, p302.
63
PARTIE 1
185
De La Pradelle (G), droit international privé : les conflits de lois en matière de nullités, volume VIII, Dalloz,
1967, p.141.
186
Cour de Cassation française, chambre civil 1, 1 juin 2011, 09-67.805, Bulletin civil 2011,1, n°120.
64
PARTIE 1
nullité du mariage des époux en ce que le mari aurait contracté le mariage sans
vouloir assumer les obligations énoncées par l’article 23, la cour d’appel a
dénaturé les articles 21 et 23 du code du statut personnel tunisien et a violé
l’article 3 du code civil. »
187
https://www.courdecassation.fr/publications_26/bulletin_arrets_chambres_civiles_2711 ; dans le même
sens, Cour de Cassation française, chambre civil 1, 9 juillet 2008, 07-19079, Bulletin 2008,1, n°193.
188
Cour de Cassation civile, 6 mars 1956, note Franscescakis (Ph), JCP, 1956.II.9549, p 305.
65
PARTIE 1
189
TPI de Sousse, chambre correctionnelle, 24 novembre 2001, n°9672, note Ben Achour(S), RTD, 2002, p195.
66
PARTIE 1
Les sanctions peuvent être justifiées par l’ordre public qui imprègne les
règles procédurales relatives à l’élaboration du contrat de mariage. La violation
de ces règles constitue par conséquent une atteinte à la souveraineté tunisienne.
190
Article 46 du CDIPT.
191
L’article 31 de la loi n°57-3 du 1 août 1957, réglementant l’état civil, JORT, n°2 et 3 du 30 juillet et 2 août
1957.
192
Cour de Cassation pénal, le 27 juin 1973, 7795, BCC, partie pénale, 1973, p21.
67
PARTIE 1
68
PARTIE 1
195
Bartin (E-A), Principes de droit international privé selon la loi et la jurisprudence Françaises, tome 1, Paris,
Editions Domat-Montchrestien, 1930, p 169. ; Selon Bartin « la règle qui donne compétence au tribunal
français n’est pas une règle de conflit, elle s’applique immédiatement… » .
196
L’article 46 du CDIPT.
197
De La Pradelle (G), Op.cit., p169.
198
De La Pradelle (G), Op.cit., p170 et suivant.
69
PARTIE 1
199
Ben Halima(S), Op.cit. ,p84.
200
Nizard (M), Thèse précitée, p305.
201
Meziou (K), « Mariage, Filiation », JCL droit comparé, 1997, volume4, fascicule .20, p15.
70
PARTIE 1
intenter une action dans les affaires relevant du droit de la famille parce
qu’elles intéressent l’ordre public »202. Il peut agir comme partie principale, et
au même titre que les parties concernées pour relever les délits203 commis sur le
territoire tunisien et qui induisent à la nullité du mariage. Ainsi « si on conçoit
que le fond du droit puisse se détacher des formes de procédure »204 l’exercice
de ce droit par le ministère public est, sous réserve de certaines hypothèses205,
normalement régi par la loi de fond si la loi désignée est la loi tunisienne du for.
202
Cassation civil, 319, 17 janvier 1961, RTD ,1963-1965, p.44.
203
Les délits consacrés par l’article 21 du CSP et l’article 36 de la loi 1957. Les poursuites pénales enclenchées,
le juge statue par un seul et même jugement sur l’infraction et la nullité du mariage.
204
Bartin (E-A), Principes de droit international privé selon la loi et la jurisprudence Françaises, tome 1, Paris,
Editions Domat-Montchrestien, 1930, p 445.
205
Des difficultés pratiques sont évoquées par Géraud de La Pradelle concernant l’intervention du ministère
public comme titulaire de l’action en nullité. En effet malgré que cette question n’a pas attiré l’attention des
tribunaux, il considère que le principe selon lequel le droit d’agir est régi par la loi du fond pose certains
problèmes lorsque la loi du fond s’avère être une loi étrangère. Cela revient du fait que le ministère public « est
une partie intégrante du tribunal qui est l’émanation de la souveraineté nationale. Il ne saurait donc exercer
ses fonctions qu’en vertu de la loi française. » ; De La Pradelle (G), Op.cit., p181.
71
PARTIE 1
206
équivalente au « néant » ; c’est à dire aucun effet ne subsiste. Par contre,
d’autres systèmes ont recours au mariage putatif basé sur la condition de bonne
foi des époux. D’autres établissent des conditions, telle la consommation du
mariage, pour permettre à quelques effets de persister. Dans les mariages mixtes,
les tribunaux se sont trouvés face à plusieurs lois étrangères qui réglementent
différemment cette situation ; « ils ont ainsi affronté le problème du
rattachement des conséquences de nullité », en d’autre terme la détermination de
la loi applicable aux effets de la nullité du mariage mixte (Paragraphe I). Bien
que le code de droit international privé tunisien ait gardé le silence sur le
rattachement compétent pour régir les effets de la nullité du mariage, le droit
positif tunisien consacre quant à lui certains effets à la nullité du mariage
(Paragraphe II).
206
Mr. Pradelle écrit : « Si l’on peut affirmer de façon aussi définitive qu’un acte nul est privé de tout effet, c’est
que l’on admet que la nullité se confond par définition avec le néant » ; De La Pradelle (G), Op.cit., p.210.
72
PARTIE 1
Certains courants doctrinaux considèrent que la loi qui régit les effets de
la nullité doit être celle qui réglemente les effets du contrat car la réaction de la
nullité n’est pas la constatation passive de la suppression des effets du mariage ;
mais « une réorganisation positive d’une situation »207 ; en conséquence il a été
affirmé « que la loi qui a façonné ces effets doit se mêler de les réformer » 208,
en d’autres termes, concernant un mariage mixte, ce courant préconise le
rattachement à la loi du domicile commun ou à défaut à celle du tribunal saisi209.
La thèse de ce courant consiste à dire que la loi compétente pour régir les effets
du mariage valide en régit les conséquences du mariage invalide.210
73
PARTIE 1
212
De La Pradelle (G), Op.cit., p. 209.
213
Ben Halima (S), Op.cit., p.83 et suivants.
214
De La Pradelle (G), Op.cit. p. 211.
215
Tribunal de grande instance de la Seine, 21 juin 1967, RCDIP, 1968, p.294 ; note Battifol. ; Tribunal de grande
instance de Paris, 30 juin 1977, JDI, 1978, p.609 ; note Mayer.
216
Cassation civile, 6 mars 1956, RCDIP, 1956, p305 ; note Francescakis.
217
Maurice(N), thèse précitée, p. 307 et suivant.
74
PARTIE 1
218
Le Maroc « le statut personnel : droit commun, capacité, mariage, filiation », J-CL droit comparé, fascicule 2,
1999, p16.
219
L’exemple de la France : article 201 du code civil français, la Belgique : article 102 du code civil, la Suisse :
article 133 alinéa 2 et 134 alinéas 2 et 3 du code civil, le Canada : article 381 et suivant du code civil, L’Espagne :
l’article 79 du code civil.
75
PARTIE 1
Le droit tunisien fait partie des législations nationales qui adoptent une
reconnaissance conditionnée (B) des effets d’un mariage nul. Ces effets sont
édictés par deux textes de lois différents. Cette dualité du fondement renvoie à la
dichotomie entre les conditions de fond et les conditions de forme du mariage.
A) Dualité du fondement
76
PARTIE 1
Par contre si le juge saisi annule le mariage mixte pour vice de forme sur
la base de l’article 36 de la loi du 1er août 1957, c’est la même loi qui édicte les
effets reconnus au mariage mixte annulé. En effet l’article 36 bis220 limite les
effets reconnus à l'union déclarée nulle par application des dispositions de
l'article 36 du code, aux effets suivants : «
B) Reconnaissance conditionnée
220
Ajouté par le décret-loi n° 64-2 du 20 février 1964, ratifié par la loi n° 64-2 du 21 avril 1964.
221
L’Article 22 du CSP et l’article 36 bis de la loi de 1957 réglementant l’état civil.
77
PARTIE 1
Un autre effet concerne la filiation des enfants issus de cette union. Ils
sont reconnus légitimes. Il faut remarquer que le législateur tunisien établit la
filiation de l’enfant issu d’un mariage entre des personnes apparentées à un
degré prohibé au même titre qu’un mariage valide. Il se distingue de certaines
législations comparées qui distinguent dans ce cas entre les mariages conclus de
bonne foi et les mariages conclus de mauvaise foi pour établir la filiation d’un
enfant incestueux222. La solution du législateur tunisien semble pour certains
222
Mazouz (A), La réception du code marocain de la famille de 2004 par le droit international privé français : Le
mariage et ses effets, thèse de doctorat, Strasbourg, 2014, n° 395, p.180.
78
PARTIE 1
Dans tous les cas, l’épouse qui réclame l’application des effets de la
nullité doit au préalable se munir d’un jugement déclarant son mariage nul.
223
Ben Halima (S), op. cit., p.87.
79
PARTIE 2
Par ailleurs, si le juge tunisien est saisi d’une action qui nécessite
l’appréciation de la validité d’un mariage mixte conclu à l’étranger (chapitre II),
le principe de la compétence de la loi du lieu de célébration implique à fortiori
que le mariage mixte entre deux ressortissants étrangers sera tenu pour
formellement valable s’il a été célébré selon les formes locales, mais, l’intensité
de l’intervention de l’ordre public diffère selon qu’il s’agit d’un mariage mixte
entre un national et un étranger ou entre des ressortissants de pays différents.
80
PARTIE 2
Pour qu’il soit valide dans l’ordre juridique tunisien, le mariage mixte
d’un national à l’étranger doit répondre aux conditions de validité exigées par la
loi étrangère désignée comme lex loci celebrationis. A défaut, c’est la nullité de
l’union qui pourra être prononcée par les juridictions étrangères. Alors, dans un
souci de sauvegarder la continuité de l’état de ses ressortissants tunisiens, c’est
au droit international privé tunisien de déterminer la procédure à suivre pour
transcrire les jugements étrangers relatifs à la nullité des mariages mixtes
(Section II).
81
PARTIE 2
A) Fondement
L’article 37 de la loi du 1eraôut 1957 sur l’état civil dispose : « Tout acte
de mariage des tunisiens, conclu à l’étranger selon les formes locales, devra
être transcrit, dans les trois mois de sa rédaction et à la diligence des époux,
dans le registre des mariages du consulat de Tunisie le plus proche. »
Cet article oblige les tunisiens qui choisissent de célébrer leur mariage à
l’étranger selon les formes locales édictées, de demander la transcription du
mariage dans les registres de mariage tenus par le consulat de Tunisie dans ce
pays.
82
PARTIE 2
226
Chérif (MH), « Le mariage mixte », RJL, 1990, N°1, p. 19 (en arabe) ; Chourabi (A), « Mariage mixte », RJL,
1998, p119 (en arabe).
227
Cour d’appel de Tunis, chambre civile, 6 janvier 2004, n°120, JDI, 2005, N°4, p. 1193.
83
PARTIE 2
228
Ibidem, p.1194.
229
Ibidem.
230
Cité par le site officiel du : Consulat de Tunisie à Paris,
http://www.cgtparis.diplomatie.gov.tn/index.php?id=165; de l’Ambassade de Tunisie à Berne/
switzerland,http://www.atunisie-ch.org/N633/documents-de-l-etat-civil/.
84
PARTIE 2
85
PARTIE 2
Bien que la transcription revêt une importance quant à sa finalité, car elle
permet l’opposabilité du mariage conclu à l’étranger aux tiers et aussi à
l’administration232, le législateur tunisien ne précise pas les prérogatives de
l’autorité consulaire tunisienne face un mariage mixte, d’un national avec un
étranger, considéré invalide selon l’ordre public tunisien.
232
Mayer (P) et Heuzé (V), op.cit., p. 409.
86
PARTIE 2
87
PARTIE 2
le cas échéant, d’amputer le mariage mixte d’une grande partie de ses effets en
Tunisie.
236
Sur la notion d’effet, Mr Mezghani considère que la décision étrangère peut produire trois effets principaux ;
elle est susceptible de recevoir l’exequatur, d’être reconnue de plein droit et opposable aux tiers ; Mezghani
(A), op.cit., p 185. Voir aussi,
237
Ibidem, p.186.
238
Ben Achour(S), La réception des décisions étrangères dans l’ordre juridique Tunisien, CPU, 2017, p. 59.
88
PARTIE 2
sont transcrits sur les registres qu’après avoir reçus une décision d’exequatur239.
Cette difficulté pratique est issue de l’indétermination précise du droit
international privé tunisien du domaine de l’exequatur.
Cette solution est admise par le droit international privé et les conventions
internationales en matière d’état civil, et plus précisément dans cette étude en
matière de nullité des mariages mixtes. Cependant, l’ambiguïté de la législation
tunisienne en la matière conjuguée à la contradiction de certaines conventions
bilatérales à provoqué des controverses jurisprudentielles (Paragraphe II) avant
de confirmer la tendance actuelle qui reconnaît la consécration de la
reconnaissance de plano en matière de nullité du mariage mixte dans les textes
(Paragraphe I).
239
Mezghani (A), op.cit., p 191.
240
Ibidem, p.61 ; Mezghani (A), op.cit., p 188.
241
Cassation civile, 9 mai 1900, DE Wrède, JDI, 1900, p.613, note B. Ancel et Y. Lequette, GA, n°10
242
Ben Achour(S), op.cit, p61.
243
Il convient de signaler que la reconnaissance se confond avec l’autorité de la chose jugée dans l’un de ses
deux éléments caractéristiques qui est l’efficacité substantielle, dite, l’autorité positive de la chose jugée et qui
consiste dans « toutes les modifications que la décision étrangère fait subir au rapport de droit concerné
(comme) l’annulation d’un mariage», alors que le deuxième distinctif de l’autorité de la chose jugée est
l’autorité négative qui « empêche de refaire devant les juridictions du for un procès sur une question déjà
jugée à l’étranger » ; Ben Achour(S), La réception des décisions étrangères dans l’ordre juridique Tunisien, CPU,
2017, p. 64 ;Voir aussi Péroz (H), La réception des jugements étranger dans l’ordre juridique français, thèse,
Caen, 1997, p.8.
89
PARTIE 2
A) En droit conventionnel
Le droit conventionnel est l’un des principaux corps de règles qui régit la
question de la réception des décisions étrangères dans l’ordre juridique tunisien.
La Tunisie a signé plusieurs conventions bilatérales247 relatives à l’entraide
judicaire dont quelques-unes s’appliquent à des questions spécifiques,
notamment, en matière de statut personnel et d’état des personnes. A l’intérieur
de cette catégorie, certaines conventions bilatérales excluent clairement du
domaine de l’exequatur les décisions relatives à l’état des personnes et adoptent
comme règle de principe la reconnaissance immédiate des jugements rendus
dans l’un des deux pays contractants.
244
Ben Achour(S), op. cit., p63.
245
Cassation civile, 9 mai 1900, DE WREDE, JDI, 1900, p. 613 ; Ancel(B) et Lequette (Y), Les Grands arrêts de la
jurisprudence française de droit international privé, 5e éd., Dalloz, 2006, n°10.
246
Audit(B) et D’Avout(L), droit international privé, Economica, 2013, n°540.
247
Voir le site du Ministère de la justice http://www.e-justice.tn
90
PARTIE 2
B) En droit commun :
91
PARTIE 2
à l’étranger vu que l’article 42 de cette loi est inclus dans le chapitre IV intitulé
« de la transcription des jugements prononçant le divorce ou constatant la
nullité du mariage ». Sans équivoque, ce texte de loi permet aux décisions
étrangères relatives au divorce mais aussi à la nullité du mariage « d’accéder à
l’efficacité immédiate sans passer par la procédure de l’exequatur » pour les
transcrire sur les registres de l’état civil tunisien251.
251
Ben Achour(S), La réception des décisions étrangères dans l’ordre juridique Tunisien, précitée, p. 68.
252
Circulaire du secrétaire d’Etat à la justice, adressée aux officiers de l’état civil, n° 418, 29 novembre 1965,
rapportée par Chadly (L) et Ghazouani(M), op.cit, p.291.
92
PARTIE 2
critiquée par la doctrine253. En effet cette distinction entre état civil et statut
personnel est inconnue du droit interne ; impraticable, ce texte est considéré
incohérent. Il aurait été plus adéquat selon certains « d’exclure les décisions ou
254
actes constitutifs de l’état …des personnes (tel le jugement de nullité du
mariage mixte) dès lors qu’ils ne sont pas contestés et qu’ils ne nécessitent
aucune mesure de coercition sur les personnes ou sur les biens »255.
253
Ben Achour(S), La réception des décisions étrangères dans l’ordre juridique Tunisien, op.cit, p. 69 ; voir aussi
Mezghani (A), op.cit, p191 ; Ben Jemia(M), « L’exequatur des décisions étrangères en matière de statut
personnel » RTD, 2000, p146.
254
Gérard Cornu définit l’acte ou jugement déclaratif comme étant l’acte « qui constate un fait préexistant ( le
lien de filiation) ou qui reconnait un droit préexistant ( la reconnaissance volontaire d’un enfant naturel). Et
l’oppose à l’acte constitutif qui est définit comme étant « l’acte qui crée un nouvel état de droit, établit une
situation juridique nouvelle (l’adoption, jugement de divorce, nullité du mariage) ; Cornu (G), vocabulaire
ére
juridique, 1 édition, Presses universitaires de France, 1998, p.223.
255
Ben Jemia(M), « L’exequatur des décisions étrangères en matière de statut personnel » RTD, 2000, p146.
256
Ben Achour(S), op. cit, p. 69.
93
PARTIE 2
257
Mezghani (A), op.cit., p191.
258
Ibidem.
94
PARTIE 2
259
Cassation, civil, 6 mai 1997, n°49-602, RJL, 2000, n°1, p.223.
260
Dans un jugement rendu par la Cour d’appel de Tunis en 27 mai 1988, un jugement français prononçant le
divorce entre un tunisien et une française a été admis de plein droit sans exiger la procédure d’exequatur pour
accéder à l’efficacité internationale de ce jugement ; Cour d’appel de Tunis, 27 mai 1988, n°50326, inédit, cité
par Ben Achour(S), La réception des décisions étrangères dans l’ordre juridique Tunisien, op.cit, p. 71
95
PARTIE 2
261
Cassation, civil, 6 mai 1997, n°49-602, RJL, 2000, n°1, p.223.
262
TPI. Tunis, 28 juin 1999, n°30070 ; TPI. Tunis, 5 novembre 1999, n°9985 ; TPI. Tunis, 5 juillet 1999, n°29824 ;
TPI. Tunis, 12 juillet 1999, n°30328 ; TPI. Tunis, 11 juillet 2000, n°34481 ; cité par Ben Achour(S), op.cit, p 71.
263
TPI, Tunis, 27 juin 2000, n° 34179, RTD, 2000, p. 425, note M. Ben Jemia.
264
TPI. Jendouba,21 janvier 2004, n°50, cité par Ben Achour(S), op.cit, p 72.
96
PARTIE 2
265
Tribunal cantonal de Tunis, 22 janvier 2004, n°83117 cité par Chedly (L) et Ghazouani, Code de droit
international privé annoté, CEJJ, 2008, p.302.
266
Ben Achour(S),op.cit, p 72.
267
Cassation, civil, 6 juillet 2000, n°703-2000, inédit, voir Annexe n°4.
97
PARTIE 2
268
Cour d’appel de Tunis, 13 avril 2005, n°15886, inédit, voir annexe n °5
269
Cour d’appel de Tunis, 13 avril 2005, n°15886, inédit, voir annexe n °5.
98
PARTIE 2
270
Ces conditions de régularité internationale exigées par l’ordre juridique tunisien sont consacrées d’une
façon limitative par l’article 11 du code de droit international privé tunisien, mais, aussi par plusieurs
conventions bilatérales singées par la Tunisie et d’autres pays. Tel est par exemple le cas de l’article 19 de la
convention tuniso-algérienne du 26 juillet 1963 ou l’article 15 de la convention tunisio-française du 28 juin
1972.
99
PARTIE 2
101
PARTIE 2
274
Des différences essentielles les séparent ; en effet le conflit de deux lois qui se succèdent dans un conflit de
lois dans le temps du droit interne émanent de la même source législative et relèvent d’une même et seule
souveraineté étatique ; alors que la concrétisation successive de plusieurs lois par le changement du critère de
rattachement postulé par un conflit mobile est basée sur deux lois appartenant à deux ordres juridiques
différents et qui ne relèvent pas de la même souveraineté ; Mezghani (A), Droit international privé : Etats
nouveaux et relations privées internationale, CERP, 1991, n°597, p.225.
275
Batiffol (H) et Lagarde (P), op.cit., n°318.
276
Mezghani (A),Ibidem, n°598, p.224
102
PARTIE 2
Dès lors, Il est admis dans la doctrine contemporaine, que dans la plupart
des cas c’est la loi « nouvelle » qui est appliquée sans rétroagir sur les effets
survenus depuis le changement du statut ; cependant, l’appréciation de la
validité de la situation juridique est soumise à la loi désignée par le facteur de
rattachement initial avant sa modification.
277
; Mezghani (A), Droit international privé : Etats nouveaux et relations privées internationale, CERP, 1991,
n°599, p.225.
278
Bartin(E-A), Principes de droit international privé selon la loi et la jurisprudence française, tome 1, Paris,
Domat-Montchrestien, 1930, p195.
279
Batiffol (H) et Lagarde(p), op.cit., n°318.
280
Batiffol (H) et Lagarde(p), op.cit., n°318;Mezghani (A), Droit international privé : Etats nouveaux et relations
privées internationale, CERP, 1991, n°597, p.225
103
PARTIE 2
281 éme
Voir Bureau(D) et Muir Watt (H), droit international privé, tome 1, PUF, 3 édition, 2014, p.490 et 491.
282
Décret du 12 juillet 1956, fixant le statut personnel des tunisiens non musulmans et non israélites, abrogé
par la loi 98-97 du 27 novembre 1998 portant promulgation du code de droit international privé.
283 ére
Tribunal de 1 instance, Tunis, 8 janvier 1975, RTD, 1979, I, p.122.
104
PARTIE 2
Ainsi il a été conclu que le conflit mobile n’affecte que le déroulement des
effets de la situation juridique qui seront départagés en fonction de la
concrétisation du facteur de rattachement au moment où ils sont invoqués, car
l’acquisition régulière d’un état, tel le mariage, sera dans tous les cas à l’abri
d’un changement ultérieur de la loi régissant les effets. 286
105
PARTIE 2
287 re
Cassation civile, 1 , 6 juillet 1988, RCDIP, 1989.70, note Y. Lequette.
106
PARTIE 2
288
Verwilchen (M), « droit international privé », JCL, droit international privé comparé, fascicule 4, 1998, n°32,
p.9.
289
Ibidem.
107
PARTIE 2
Une difficulté de preuve est liée à cet élément intentionnel ; face à cette
difficulté certaines circonstances peuvent aider le juge du for à établir l’intention
frauduleuse : comme « concomitance des différentes étapes de manœuvre
frauduleuse, particularité du montage exclusivement destiné à évincer le jeu
normal des dispositions applicables. »291
290 éme
Bureau(D) et Muir Watt (H), Droit international privé, tome 1, PUF, 3 édition, 2014, p497.
291
Ibidem.
108
PARTIE 2
Quant au mariage mixte constitué grâce à la fraude, il est déclaré nul selon
la loi tunisienne du for normalement applicable et qui retrouve alors son
emprise.
109
PARTIE 2
110
PARTIE 2
294
L’article 46 du code de droit international privé.
295
L’article 45 du code de droit international privé.
111
PARTIE 2
Mais si elle impose l’intervention d’une autorité étatique dans une forme
bien précise, tel un acte authentique, le juge tunisien doit vérifier la compétence
interne de l’organe étatique et les formes employées pour la célébration des
mariages mixtes.
Autre, le juge tunisien est tenu de vérifier à juste titre la fraude à la loi
tunisienne, mais aussi la fraude à la loi étrangère désignée par la règle de conflit
du for.
B) L’absence de fraude
Pour être reconnu valide le mariage entre deux étrangers doit être célébré
sans la modification frauduleuse du facteur de rattachement dans l’intention
d’échapper à la loi normalement applicable. La situation matrimoniale
constituée grâce à la fraude, comme le déplacement de l’étranger dans un pays
autre que le sien pour conclure un mariage bigamique prohibé par les lois de son
pays, ne peut être opposable au juge tunisien qui est conduit à prononcer sa
nullité.
296
L’article 13 de la loi n° 10 de 1984 relative au mariage et au divorce ainsi qu’à leurs effets tel que modifié par
la loi n° 22 de 1991 ; qui exige soit l’autorisation de la (ou les)première(s) épouse(s) donnée devant le tribunal
compétents.
297
L’article 40 et suivant du code marocain de la famille.
298
L’article 13 de la loi n° 10 de 1984 relative au mariage et au divorce ainsi qu’à leurs effets tel que modifié
par la loi n° 22 de 1991 ; pour la conclusion de mariage mixte entre un libyen et une étrangère une enquête
effectuée auprès du mari par la caisse de sécurité sociale, qui doit donner son accord, à défaut de nullité.
299
Ben Jemia (M), « l’ordre public international tunisien peut-il s’atténuer en matière de polygamie? »,
inPolygamie et répudiation dans les relations internationales, ABC, 2004, P.40 et 41.
300
TPI Sousse, chambre correctionnelle, 24 novembre 2001, n° 9672, RTD, note Ben Achour (S).
112
PARTIE 2
301
Ben Jemia (M), « L’ordre public international tunisien peut-il s’atténuer en matière de polygamie ? », in
Polygamie et répudiation dans les relations internationales, ABC, 2004, P.38
302
Ibidem.
303
Ibidem, p 39.
113
PARTIE 2
114
PARTIE 2
306
Cette disposition paraît consacrer une solution diamétralement opposée au principe admis en droit
comparé selon le quel « l’ordre public d’éviction doit s’opposer à la réalisation d’une situation juridique
odieuse sur le territoire du for alors qu’il ne devrait pas s’opposer à l’effet déjà produit d’une situation
juridique créée à l’étranger » ; Batiffol (H) et Lagarde (P), op.cit, n°367 ; Ben Aicha (N), « Ordre public d’éviction
et lois de police du for : quel type de rapports » ?, RTD , 1999, p120.
307
L’article 36 du CDIP alinéa 3 dispose : « l’exception de l’ordre public ne dépend pas de l’intensité du rapport
entre l’ordre juridique tunisien et le litige. »
308
Ben Aicha (N), « Ordre public d’éviction et lois de police du for : quel type de rapports » ?, RTD, 1999,
p121,n°32.
309
Nizard (M), Thèse précitée, p.35.
115
PARTIE 2
En effet, c’est cet effet-là qui a été reconnu par la Cour d’appel de Tunis
le 13 décembre 2002310. En l’espèce, un libyen résidant en Tunisie célèbre son
mariage avec une tunisienne sur le territoire tunisien en 1993. Après quelques
années le mari décède en Suisse. La femme tunisienne en sa qualité de veuve
obtient des officiers publics suisses un acte de décès qu’elle le fait transcrire sur
les registres d’état civil tunisien. Or une femme de nationalité libyenne intente
une action contre la veuve tunisienne pour annuler l’acte de décès établi en
Tunisie ; elle prétend être la première épouse légitime du défunt en vertu d’un
acte de mariage conclu en Libye en 1952. La veuve tunisienne fait paraître un
arrêt de la Cour de Cassation rendu le 27 mai 2002 qui refuse d’annuler le
mariage de la veuve tunisienne avec son défunt mari libyen pour bigamie, sur la
base d’un jugement civil d’un tribunal libyen annulant pour faux le certificat de
célibat que l’époux a présenté lors de la conclusion de son mariage avec la
tunisienne. La Cour exige le passage du jugement libyen par une action
310
Cour d’appel de Tunis, n°91565 du 13 décembre 2002, inédit ; cité par Ben Jemia (M), « L’ordre public
international tunisien peut-il s’atténuer en matière de polygamie? », in Polygamie et répudiation dans les
relations internationales, ABC, 2004, P.30 et suivant ; Ben Mahmoud (F-Z) et Salmi (H), Système de droit
international privé tunisien, édition Atrach, 2016, p.355 (en arabe).
116
PARTIE 2
Cette solution peut s’étendre à des effets qui ne heurtent par l’ordre public
tunisien comme par exemple le droit de la seconde épouse de réclamer des
aliments à son époux, ou le droit à la sécurité sociale et tout autre droit
pécuniaire ; mais les limites de reconnaissance semblent bien établies
concernant les autres effets que l’union polygamique pourrait produire.
311
La position de la Cour de cassation semble excessive ; s’agissant d’un jugement relatif à l’état civil des
personnes elle aurait dû reconnaître de plein droit le jugement libyen après le contrôle de sa régularité
internationale.
312
Ben Jemia (M), « L’ordre public international tunisien peut-il s’atténuer en matière de polygamie ? », in
Polygamie et répudiation dans les relations internationales, ABC, 2004, P33.
313
Depuis la célèbre affaire Chemouni de la Cour de cassation du 28 janvier 1958, certains effets d’un mariage
polygame célébré au pays d’origine régulièrement peuvent être reconnus en France par le biais de l’effet
atténué de l’ordre public (dans ce cas, il s’agit du droit au versement d’une créance alimentaire) : Cassassions,
re
civile, 1 , 28 janvier 1958,RCDIP, 1958, p.110, note Jambu-Merlin ; voir aussi ; TGI Paris, 21 juin 1967, RCDIP,
re
1968, p.294, note H. Battifol ; Cassation, civile, 1 , 3 janvier 1980, l’ affaire Bendeddouche, RCDIP, 1980, p.331,
note H. Batiffol.
117
PARTIE 2
Mis à part les effets pécuniaires, chaque union peut produire des effets
d’ordre personnels ; trop risqués pour être reconnus à une union polygamique
dans un pays qui prohibe la bigamie, ces effets sont exclus de l’ordre juridique
tunisien.
314
Tribunal de grande instance, Versailles, 31 mars 1965, RCDIP, 1966, p.697.
315 er
Cassation, chambre sociale, 1 mars 1973, RCDIP, 1975, p.57, note P. Graulich.
118
PARTIE 2
316
ANCEL (B), « Le statut de la femme du polygame », in Le droit de la famille à l’épreuve des migrations
transnationales, LGDJ, 1993, p. 105.
119
Conclusion
CONCLUSION
Force est de constater que l’étude du mariage mixte en droit international
privé tunisien dans les limites de sa formation ne relève pas exclusivement de la
méthode conflictuelle. Néanmoins, La mise en œuvre des règles de conflit qui
régissent les conditions de fond et de forme ou la sanction de leur non-respect,
dévoile certains problèmes qui relèvent des carences de la méthode conflictuelle
classique et des incertitudes qui entourent l’application de la méthode de
reconnaissance.
120
Conclusion
D’un autre côté, malgré, que le législateur tunisien n’a pas consacré
une règle de conflit relative à la nullité du mariage mixte, la doctrine et la
jurisprudence presque unanimes affirment la compétence de la loi de la
condition violée pour régir la nullité du mariage mixte. Ce principe a pour
conséquence dans notre système mixte de rattachement l’application de la loi
nationale violée pour régir la nullité sanctionnant l’inobservation des conditions
121
Conclusion
de fond du mariage mixte alors que pour régir les nullités de forme, c’est le
rattachement à la lex loci celebrationis qui sera appliqué.
122
Annexes
Annexes
Bibliographie
Bibliographie
Ouvrages généraux :
Ancel (B) et Lequette (Y), Les Grands arrêts de la jurisprudence française de
droit international privé, Dalloz, 5e éd., 2006.
Batiffol (H) et Lagarde (P), Traité de droit international privé, LGDJ, 8ème
éd., 1993.
Bureau(D) et Muir Watt (H), Droit international privé, puf ,1ére éd, 2007.
Hachem (A), Leçon de droit international privé, livre 2 conflits de lois, CPU,
1997.
Mayer (P) et Heuze (V), Droit international privé, Domat droit privé,
Montchrestien, 11ème éd., 2014.
Terré (F), Simler (PH), Lequette (Y), Droit Civil, Les Obligations - 10e éd.,
2009.
Ouvrages spécialisés :
Ben Achour(S), La réception des décisions étrangères dans l’ordre juridique
Tunisien, CPU, 2017.
Thèses :
Barbara(A), Le mariage interculturel: modèle type matrimonial, Thèse de
doctorat, 1987, Paris V Sorbonne.
Machatt (F), Disparité de culte et mariage dans les pays du Maghreb moderne,
thèse pour le doctorat d’Etat, faculté de droit et des sciences politiques de Tunis,
1977.
Articles :
Audinet(E), « Les conflits de lois en matière de mariage et divorce », RCADI ,
volume 105,1962.
Dictionnaires et répertoires
Bourdelois(B.), « Mariage », Répertoire droit international, Dalloz, 2011.
Fichier Web
https://www.courdecassation.fr/publications_26/bulletin_arrets_chambres_civile
s_2711.
http://www.cgtparis.diplomatie.gov.tn/index.php?id=165
http://www.atunisie-ch.org/N633/documents-de-l-etat-civil/.
http://www.e-justice.tn
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Bibliographie
A) Le rattachement à la loi nationale violée pour régir les nullités de fond ...... 64
A) Fondement ..................................................................................................... 82
Table des matières