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COURS DE DROIT CIVIL

Introduction

Quelle sont les personnes auxquelles s’applique le Droit ? Qui dit personne en Droit, dit
personnalité juridique : il s’agit de l’aptitude à être titulaire de Droits subjectifs (droit de
propriété, créance, droit politique, droit d’ester en justice, être débiteur d’obligations, … tous
les droits attachés au sujet, qui s’opposent au Droit objectif, ensemble des règles générales qui
vont s’appliquer aux individus). Avoir la personnalité c’est être un sujet de droit, c’est-à-dire
être sujet à l’application du Droit objectif. La notion de personnalité juridique a des
implications, dans le sens où chaque personne va être responsable de ses actes sur l’ensemble
de ses biens, le patrimoine.
On distingue le sujet de droit de l’objet de droit. Cette distinction permet de sauvegarder la
dignité de la personne. On peut vendre une chose et en louer une, ce qui n’est absolument pas
le cas pour les personnes, distinction qui n’a pas toujours prévalue, en tout cas pas pour tous
les êtres humains (esclavage jusqu’à son abolition en 1848, condamnation reprise dans la
déclaration des droits de l’homme et dans la Convention des Droit de l’Homme du 4
novembre 1950, tous les être humains sont alors indistinctement titulaires de droits et égaux
devant la loi). Tous les hommes sont titulaires des mêmes droits, cependant cette distinction
entre personnes et choses est en train de s’estomper dans la période contemporaine ; on assiste
à un phénomène de réification (on trouve ce phénomène par exemple à travers le contrat de
travail, le droit à l’image, une valeur pécuniaire est conférée à des éléments du corps). On
peut compléter cet exemple par les progrès de la médecine : on donne ses organes, … on peut
concevoir des contrats à titre gratuit en ce qui concerne des éléments de la personne.
Entre la personne et la chose, on retrouve l’animal qui n’a pas de droits. L’animal est assimilé
à une chose, un bien meuble selon l’article 524 du code civil. Selon cet article, le propriétaire
est responsable des dommages qu’il peut causer, qu’il soit sous la garde du propriétaire ou
que l’animal se soit évadé. De nos jour, l’animal n’est plus considéré comme une simple
chose, et cela est dû à un certain nombre de mesures protectrices de cet être vivant, pour
exemple la Déclaration Universelle des Droits des Animaux. En Droit français, quelques
mesures existent comme le Code Rural qui condamne les mauvais traitements faits aux
animaux pendant l’élevage, l’abatage et les expériences scientifiques. Le Code pénal
condamne les mauvais traitements infligés aux animaux domestiques, il réprouve les actes de
cruauté pratiqués envers les animaux ; il y a une exception pour les corridas et les combats de
coqs dans la mesure où une tradition locale ininterrompu les réclame. Il s’agissait alors à
protéger en premier lieu la sensibilité humaine de la vue du spectacle de la souffrance des
animaux, mais les choses ont évolué puisque désormais c’est directement l’animal que l’on
cherche à protéger : loi du 6 janvier 1999 qui décide d’exclure l’animal de la catégorie des
choses ou objets, ainsi l’animal est une catégorie à part des choses. Certain auteurs de la
doctrine pense que l’on devrait conférer la personnalité juridique à l’animal ; l’arrêt dit du «

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chien prothèse » du tribunal de grande instance de juin 2000 annonce que le chien d’un
aveugle devait être considéré comme une prothèse vivante au service du non voyant (donc
atteinte de l’intégrité physique de l’aveugle s’il y a atteinte au chien)
En droit il existe aussi des personnes morales, des groupements qui n’ont pas de réalité
biologique mais sont partie intégrante de la vie juridique. Ils répondent à un phénomène
d’association des individus pour défendre des buts et des intérêts collectifs. Le groupement
constitue une entité distincte des membres qui le composent. Les personnes morales sont donc
des êtres fictifs titulaires de droits, à ce titre, ils disposent d’un patrimoine propre, et ils
disposent de droits tant patrimoniaux que de droits extrapatrimoniaux. Le rôle de cette
personne morale est de plus en plus important de nos jours, plus particulièrement à travers les
sociétés.

CHAPITRE I : L’EXISTENCE DES PERSONNES PHYSIQUES

L’existence de la personnalité juridique des personnes physiques est conditionnée par les
données biologiques : le corps humain et la vie humaine. C’est donc dire qu’il y’a une relation
étroite entre l’existence physique d’un individu et son existence dans l’ordre juridique.
Autrement dit, la durée de la personnalité juridique des êtres humains est déterminée par la
durée de la vie humaine (Section 1).

Cependant, il peut y avoir incertitude quant à savoir si un individu est en vie ou pas. Le code
civil s’est efforcé de résoudre les difficultés dues à ces situations de doute sur l’existence de la
personne physique, et par conséquent de la personnalité juridique, par la mise en place
d’institutions spécifiques (Section 2).

SECTION I : LA DUREE DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE DES PERSONNES


PHYSIQUES

Aux termes de l’article 78 du Code Civil gabonais (CCG), « la personne humaine est sujet de
droit à partir de sa naissance et jusqu’à sa mort ». Cela revient à dire que, la personnalité
juridique des personnes physiques étant le reflet de la vie humaine, c’est aux extrémités de
celle-ci, c’est-à-dire à la naissance et à la mort, qu’il faut situer le début (§1) et la fin de la
personnalité juridique (§2).

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§1- L’ACQUISITION DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE

La personnalité juridique s’acquiert, en principe, au moment de la naissance (A), et,


exceptionnellement, au moment de la conception (B)

A- LE PRINCIPE : LA NAISSANCE

Les dispositions de l’article 78 CCG sont sans ambigüité : « la personne humaine est sujet de
droit à partir de sa naissance ». Il en résulte que c’est par la naissance et à la naissance que
s’extériorise l’aptitude à être sujet de droit. C’est donc avec l’accouchement, dont la section
du cordon ombilical marque le terme que l’enfant, jusque-là pars viscerum matris (dans le
sein de la mère), devient une personne distincte de celle de la mère.

La naissance n’est cependant pas la condition suffisante de la personnalité juridique. En effet,


pour exister juridiquement, il ne suffit pas que l’enfant soit né, encore faut-il qu’il soit né
vivant et viable.

L’existence de la personnalité juridique reste indissolublement liée à la vie humaine. Celui qui
n’est pas né vivant ne peut pas être considéré comme une personne. C’est ainsi que le mort-
né, c’est-à-dire celui qui était mort dans le sein de sa mère ou qui est mort au cours de
l’accouchement, est sensé n’avoir jamais eu la personnalité juridique.

La validité suppose, quant à elle, que l’enfant né est physiologiquement capable de survivre ;
ce qui permet de refuser la personnalité juridique à celui qui ne nait que pour mourir. Un
pouvoir d’appréciation à la fois important et redoutable est ainsi conféré à la médecine.
Actuellement, les médecins estiment certaine la non validité dans un certain nombre de cas :
l’enfant exagérément prématuré (poids de naissance inférieur à 850 grammes), anomalie du
système nerveux central, anomalies grave du cloisonnement du cœur.

B- EXCEPTION : LA CONCEPTION

Selon l’article 79 CCG, « toutes les fois que son intérêt l’exige, l’enfant simplement conçu est
sujet de droit, pourvu qu’il naisse vivant et viable ».

Cette disposition est la consécration en droit gabonais d’une veille règle qui remonte à Rome
et qui a été adoptée par le droit français « infan ; conceptus pro nato habetur quoties de
commodis ejus agitur » (l’enfant conçu est tenu pour né chaque fois qu’il y va de son

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avantage). C’est ainsi qu’en précisant à l’article 649 CCG que l’enfant qui n’est pas conçu est
incapable de succéder, le législateur admet, a contrario, que l’enfant posthume1, c’est-à-dire
conçu avant la mort de l’auteur, peut quand même lui succéder. Le même raisonnement peut
être tenu au sujet de l’article 827 CCG dont il résulte que, pour être capable de recevoir à titre
gratuit entre vif ou par testament, il suffit d’être conçu au moment de la donation ou au jour
du décès du testateur.

Comme le prévoit bien l’article 79 alinéa 1 in fine, l’application des règles de l’infan
conceptus suppose que l’enfant soit né vivant et viable. Ce qui signifie que le fœtus ou
l’embryons humains ne peuvent pas être considéré comme des personnes humaines dotées de
la personnalité juridique. Par ailleurs, cette règle ne peut être invoquée que si l’enfant trouve
intérêt à son application. En effet, elle est prévue pour qu’il acquière des droits, et non pour
être soumis à des obligations ou subir les défaveurs de la loi. Parfois, la loi va même au-delà
de l’adage en traitant, dans certains cas, de personnes des êtres qui ne le sont pas encore ; on
peut par exemple contracter des assurances vie au profit de ses enfants à naître.

L’alinéa 2 du même article précise que « l’enfant est réputé conçu dans la période comprise
entre le 180ème et le 300ème jour précédant sa naissance ». Ce qui correspond concrètement à la
période comprise entre le sixième et le dixième mois qui précède la date de naissance. La
rédaction de ce texte incline à penser que la conception de l’enfant est présumée avoir eu lieu
à un moment quelconque de cette période suivant ce qui est demandé dans l’intérêt de
l’enfant.

§2- LA FIN DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE

La personnalité juridique, aux termes de l’article 78 CCG, s’achève avec la mort. Le passage
de la vie à trépas a en effet pour conséquence l’anéantissement de la personnalité juridique, la
transformation du corps humain en une chose. Les morts, disait PLANIOL, ne sont plus des
personnes, ils ne sont plus rien. La mort éteint donc les droits et dettes viagères du défunt et
transmet les autres à ses successeurs. Il faut cependant signaler qu’en France, notamment
jusqu’à une loi du 31 mai 1834, on a connu la mort civile ; celle-ci faisait perdre à un homme
sa personnalité de son vivant. Il s’agissait en particulier des personnes condamnées à mort ou
à peines afflictive2 perpétuelles. Le droit moderne utilise par contre certaines peines
accessoires telles que les incapacités.
1
Né après la mort des pères et/ou mères
2
Peine afflictive et infamante, ancienne qualification des peines criminelles portant atteinte à la dignité de
l'homme et qui a disparu avec le nouveau Code pénal.

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La mort est un fait matériel caractérisé par un arrêt complet et irréversible des fonctions
vitales, notamment de la circulation et de la respiration. Il s’agit donc, en principe, d’un
phénomène facile à constater par la médecine. Mais parfois, la situation peut être compliquée
par les besoins de greffe d’organes et les situations de coma prolongé ou dépasser. Il y a donc
certains cas dans lesquels la détermination du moment de la mort est difficile et les critères
anciens (arrêt du cœur, de la circulation, de la respiration…) dépassés.

Même si le décès marque incontestablement la fin de la personne, le droit admet toutefois un


certain prolongement de la personnalité au-delà de la mort. C’est ainsi qu’il y a une sorte de
protection posthume de la personne, notamment contre les diffamations et injures dirigées
contre la mémoire du mort (qui sont punissable pénalement et peuvent, sur le terrain civil,
donner lieu à des dommages et intérêt). Plus généralement, une maxime du droit successoral
est que les héritiers continuent la personne du défunt. Ce qui est encore plus saisissant, c’est le
pouvoir qui est reconnu à la volonté humaine au de la de la mort ; la manifestation la plus
courante est le testament, par lequel l’individu dispose de ses biens pour le temps où il ne sera
plus.

SECTION II : LE DOUTE RAISONNABLE SUR L’EXISTANCE DE LA PERSONNE

La mort est, comme nous venons de le démontrer, le terme normal de la personnalité


juridique. Cependant, il y a des hypothèses dans lesquels on ne sait pas avec certitude si un
individu est mort ou vivant. La conséquence en est que les prérogatives dont dispose cet
individu, vertu de sa personnalité juridique, ne peuvent plus être exercées du fait qu’il ne se
trouve pas à l’endroit où se situe le centre de sa vie juridique.

Cette situation doit toutefois être distinguée de celle qui caractérise la non présence. Le non
présent : est une personne dont l’existence est certaine, mais qui se trouve momentanément
éloigné du piège de ses affaires et qui, du fait des circonstances, est dans l’impossibilité
matérielle de pouvoir elle-même ou par l’intermédiaire d’un représentant qualifié aux actes
indispensables pour l’administration de ses biens ou pour la protection de ses intérêts. Cette
situation est expressément visée par l’article 151 du code civil gabonais.

Pour ce qui est précisément de la résolution des problèmes posés par les personnes sur
l’existence desquelles plane l’incertitude, le législateur a créé deux institutions : l’absence
d’un côté, prévue par les articles 121 à 150 du code civil (§1), et la disparition d’un autre côté,
prévue par l’article 152 (§2).

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§1- L’ABSENCE

Dans le langage courant, l’absence, est le fait de ne pas être présent en un lieu dans lequel on
devait normalement se trouver à un moment déterminé. Ainsi, on dit qu’une personne est
absente quand elle est sortie de chez elle ou qu’elle est en voyage. En matière juridique, ce qui
caractérise l’absence d’un individu, ce n’est plus seulement la non présence à son domicile ou
sa résidence, mais c’est le fait d’avoir disparu sans donner des nouvelles. Le code civil
distingue dans l’absence deux phases successives : l’absence présumée (A) et l’absence
déclarée (B)

A- LA PRESOMPTION D’ABSENCE

Il faut examiner successivement les conditions (1) et les effets (2) de la présomption
d’absence.
1- Les conditions de la présomption d’absence
Aux termes de l’article 121 alinéa 1 du code civil, « s’il y a nécessité de pourvoir à
l’administration de tout ou partie des biens d’une personne qui, sans avoir laissé de
procuration à cet effet, a cessé de paraître à son domicile ou à sa résidence et dont on a plus
de nouvelles, il y sera statué par le tribunal civil, en chambre du conseil, à la requête des
parties intéressées ». Il résulte de cette disposition que la présomption d’absence suppose des
conditions de fond (a) et des conditions de forme (b).

a)- les conditions de fond

L’article 121 al.1 énonce deux conditions d’application de la présomption d’absence : d’une
part, l’individu doit avoir cessé de paraître à son domicile ou à sa résidence et, d’autre part, il
ne doit plus avoir donné de nouvelles. Cette situation doit, cela va de soi, durer un certain
temps ; cependant, la loi n’impose aucune condition de délai. Le tribunal apprécie librement
les faits et il ne rendra un jugement de présomption d’absence que s’il est convaincu de
n’avoir pas simplement affaire à une non présence quelconque prolongée.

Il faut cependant préciser que, selon l’article 121 al.1, la saisine du tribunal aux fins de
constatation de l’absence ne se justifie pas lorsque le présumé absent avait constitué un
mandataire avec des pouvoirs suffisants en vue de le représenter et administrer ses biens.

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b)- les conditions de forme

La juridiction compétente pour constater la présomption d’absence est le tribunal civil.


Autrement dit, la chambre civile du tribunal de première instance dans le ressort duquel « le
présumé absent avait son domicile ou, à défaut, sa résidence, ou encore celui du lieu où sont
situés ses biens » (art. 121 al.2 du CCG). Le tribunal compétent peut être saisi par toute
personne qui y a intérêt et même d’office par le ministère public qui est spécialement chargé
de veiller aux intérêts des absents et présumés absents 3. On peut supposer que, fréquemment,
la procédure sera déclenchée par des proches, parents, alliés, amis ou même par les créanciers
de la personne absente.

2- Les effets de la présomption d’absence

La présomption d’absence se caractérise par le fait que, d’une part, le présumé absent est,
malgré les doutes qu’on peut avoir quant à son existence, encore présumé vivant (a), et
d’autre part, ses intérêts patrimoniaux4 doivent être protégés (b)

a)- La présomption de la vie

La présomption d’absence est une période pendant laquelle, bien que l’on puisse douter en fait
de l’existence de la personne, la probabilité selon le droit est que l’absent est vivant.
L’intéressé sera seulement traité comme un incapable dont il convient, comme nous le verrons
plus loin de protéger le patrimoine, non point comme un défunt. C’est ainsi que, l’absent étant
présumé vivant, il doit continuer à remplir ses obligations à l’égard de son conjoint ou de ses
enfants5. De même, il est apte à succéder6 et son mariage n’est pas remis en cause.

L’existence de l’absent étant présumée pendant la présomption d’absence, son retour est
également probable. L’article 129 CCG, qui se réfère à cette situation, dispose que, si le
présumé absent reparaît ou donne ses nouvelles, il est en principe mis fin aux mesures prises
pour sa représentation et l’administration de ses biens. Le décès de l’absent, qu’il vienne
3
Article 122 du CCG « Le Ministère public est spécialement chargé de veiller aux intérêts des absents et
présumés absents. Il est entendu dans toutes les demandes qui les concernent et peut requérir d’office
l’application ou la modification des mesures prévues au présent chapitre. ».
4
Qui fait partie du patrimoine, qui a une valeur économique.
5
Article 126 CCG « A la requête du Ministère public, de l’administrateur provisoire ou des parties intéressées,
le tribunal détermine comment, par prélèvement sur les revenus et éventuellement sur les biens confiés à
l’administrateur provisoire, il sera pourvu aux charges dont le présumé absent était tenu du fait de son mariage
ou de ses liens de famille, ainsi qu’à l’établissement de ses enfants. ».
6
Article 649 du CCG.

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d’être établi ou qu’il soit judiciairement déclaré, met également fin à la présomption
d’absence.

b)- La protection du patrimoine du présumé absent

La constatation judiciaire de la présomption d’absence produit deux conséquences


patrimoniales : d’une part, elle permet d’organiser une administration judiciaire du patrimoine
de l’absent et, d’autre, elle permet à la personne absente d’être représentée.

Le tribunal qui constate la présomption d’absence doit donc autoriser les mesures
d’administration qui sont nécessaires et désigner librement la personne qui est chargée d’y
pourvoir ou encore des administrateurs spéciaux pour une ou plusieurs affaires 7. Toutefois,
lorsqu’il l’estime justifié, le tribunal peut confier à ses héritiers présomptifs ou à l’un d’entre
eux8.

L’administrateur provisoire a en principe pour mission de représenter le présumé absent et


d’administrer ses biens. Cependant, à la requête d’une des parties intéressées, le tribunal peut
commettre un mandataire spécial pour représenter le présumé absent dans des inventaires,
comptes, liquidations et partages. Dans tous les cas, l’administrateur provisoire, qui peut se
faire rémunérer, a les obligations d’un mandataire. Mais pour les actes les plus graves, les
actes de dispositions notamment (aliéner et constituer des hypothèques sur des immeubles,
aliéner ou donner en gage des objets précieux, des valeurs mobilières, des fonds de commerce
ou de tout meubles dont la vente ne constitue pas un acte d’administration), il doit recueillir
l’autorisation du tribunal (article 127 CCG).

Le tribunal peut, à la requête du ministère public ou d’une partie intéressée, révoquer à tout
moment la mission de l’administrateur provisoire et le remplacer par un autre. Les pouvoirs
de l’administrateur provisoire cessent également avec la prise de possession effective des
biens par les ayants droit ou avec le retour de l’absent. Ce dernier peut aussi, en donnant
procuration à un autre mandataire 9. Mais la fin normale de la présomption d’absence
intervient avec la déclaration d’absence.

B- LA DECLARAION D’ABSENCE

7
Article 121 al.3 et 4 du CCG « Le tribunal autorise les mesures d’administration qui sont nécessaires et
désigne la personne qui est chargée d’y pourvoir, dans les conditions qu’il fixe. Il peut nommer pour une ou
plusieurs affaires un administrateur spécial. ».
8
Article 121 al.5 du CCG « S’il l’estime justifié, il peut également confier l’administration provisoire de
l’ensemble des biens du présumé absent, soit à son conjoint, soit à ses héritiers présomptifs, ou à l’un d’eux. ».
9
Article 129 du CCG.

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La prolongation de l’absence de nouvelle permet de passer de la présomption d’absence à une


autre phase : la déclaration d’absence.

Les conditions de la déclaration d’absence

Ici également, nous sommes conduits à examiner les conditions de fond (a) qui s’opposent
aux conditions tenant à la procédure (b).

a)- Les conditions de fond

Le temps est le facteur décisif en matière de déclaration d’absence. La loi impose en effet
l’écoulement d’un délai de deux ans, depuis les dernières nouvelles, pour que les parties
intéressées puissent demander au tribunal compétent la déclaration d’absence 10. Il faut
cependant observer que la loi gabonaise apparaît plus souple que le code civil français qui
exige des délais plus longs. Elle ne semble d’ailleurs pas faire la distinction selon que la
présomption d’absence a été ou pas constatée judiciairement (en France, c’est dix ans dans le
premier cas et vingt dans le second, Voir l’article 122 CCF)

Selon l’article 132 CCG, le tribunal doit, pour statuer, avoir égard aux motifs de l’absence, au
fait que le présumé absent avait laissé un mandataire pour gérer ses biens et aux causes qui
ont pu empêcher d’avoir de ses nouvelles. La juridiction compétente a du reste la possibilité
d’ordonner qu’une enquête soit faite contradictoirement avec le ministère public partout où
besoin sera, notamment dans l’arrondissement du dernier domicile et au lieu où sa présence a
été pour la dernière fois signalée11.

b)- Les conditions de forme

La demande de déclaration d’absence est adressée, par requête, au tribunal du lieu du


domicile du présumé absent ou du lieu de sa dernière résidence. La requête peut être présentée
par toute personne intéressée, y compris par le ministère public qui est spécialement chargé de
veiller aux intérêts des absents et présumés absent (article 122 CCG). Elle doit, en outre, être
rendue publiquement par les soins de la partie intéressée, qui en fait insérer un extrait dans
deux journaux d’annonces légales diffusées au lieu où présence du présumé absent a été pour
la dernière fois signalée (article 130 al.2 du CCG). De même, les jugements déclaratifs

10
Article 130 du CCG « Lorsque deux ans se sont écoulés depuis les dernières nouvelles du présumé absent, les
parties intéressées peuvent demander que son absence soit déclarée par le tribunal du lieu de son domicile ou du
lieu de sa dernière résidence. ».
11
Article 131 du CCG.

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d’absence, dès qu’ils sont rendus, doivent être transmis par le ministère public au garde des
sceaux qui en a fait publier un extrait au journal officiel (article 136 du CCG).

Le tribunal n’est pas tenu de statuer immédiatement. Il a en effet la possibilité de surseoir à sa


décision pour un délai qui ne peut pas excéder deux ans ou de décider que le jugement
déclaratif d’absence en produira effet qu’un an après avoir été rendu 12. Par ailleurs, lorsque la
disparition est survenue en temps de guerre, le jugement de déclaration d’absence ne peut être
rendu que six mois après la date légale de cessation des hostilités (article 133 al.2 du CCG) 13.
En d’autres termes, le tribunal a la possibilité de prolonger, si nécessaire, la période de
présomption d’absence au-delà du délai de deux ans. De la même manière, le tribunal peut
également, lorsque les preuves recueillies établissent d’une façon certaine le décès de
l’absent, rendre un jugement déclaratif de décès bien qu’il ait été saisi d’une demande de
déclaration d’absence (article 134 du CCG).

Dans tous les cas, le jugement déclaratif d’absence a effet au jour où ont eu lieu les dernières
nouvelles de l’absent (article 132 al.2 du CCG).

1- Les effets de la déclaration d’absence

La déclaration d’absence rend probable le décès et ses effets sont autrement plus étendu ; elle
établit donc une présomption de décès (a). Pour autant, la situation consécutive au jugement
déclaratif d’absence n’est pas définitive ; il faut par conséquent en envisager la fin (b).

a)- La présomption de décès

Une fois le jugement déclaratif d’absence devenu définitif, c’est désormais le décès de
l’absent qui est présumé. C’est d’ailleurs pourquoi il emporte tous les effets que le décès
établi de l’absent aurait eus. La succession de l’absent va s’ouvrir au jour des dernières
nouvelles, et ses biens sont attribués aux personnes ayant qualité pour recueillir sa succession,
soit ab intestat, soit par voie testamentaire (article 139 CCG). Les personnes qui ont des droits
subordonnés au décès de l’absent peuvent le faire valoir, de même que celles qui ont des
obligations subordonnées à la condition de vie de l’absent cessent de les exécuter (article 137
et 138 du CCG). Mais dans tous ces cas, ces personnes peuvent être astreintes par les juges à

12
Article 133 al.1 du CCG « Le tribunal peut surseoir un délai qui ne peut excéder deux ans à son jugement ou
décider que le jugement déclaratif d’absence ne produise effet qu’un an après avoir été rendu. »
13
Article 133 al.2 du CCG « Si la disparition est survenue en temps de guerre, le jugement de déclaration
d’absence ne peut être rendu que six mois après la date légale de la cessation des hostilités. »

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fournir préalablement une caution ou une autre sûreté au cas où l’absent serai encore en vie
(article 137 al.2, 138 al.2 et 139al.3 du CCG).

Sur le plan extrapatrimonial14, le jugement déclaratif d’absence n’a pas pour effet, comme en
droit français, d’anéantir le mariage de l’absent (article 128 al.3 du CCF). Toutefois, la
dissolution du mariage peut être prononcée à la demande de l’autre conjoint (article 142 du
CCG).

b)- La fin de la période de déclaration d’absence

La situation qui résulte de la déclaration d’absence est, par nature, provisoire. En effet, il y a
deux éventualités : soit l’existence de l’absent est établie, soit au contraire son décès est
confirmé.

Si l’absent reparaît ou si son existence est prouvée pendant la durée de l’envoi en possession,
la déclaration d’absence cesse d’avoir effet, sans apparemment l’intervention de la justice.
L’absent recouvre ses biens dans l’état où ils se trouvent ainsi que le prix de ceux qui ont été
aliénés et des biens acquis en emploi de ses capitaux. Toutefois, les revenus des biens
demeurent acquis aux héritiers ou légataires qui les ont perçus. L’absent conserve néanmoins
un recours contre les héritiers ou légataires et leurs cautions dans le cas où il y aurait eu
fraude ou contravention aux obligations souscrites (article 146 du CCG).

Si en revanche, il est prouvé que l’absent est mort à une date différente de celle fixée par le
jugement, sa succession est ouverte du jour de son décès effectif et ceux qui ont joui de ses
biens doivent les restituer, à l’exception des revenus qui leur restent acquis (article 147 du
CCG). Si, par contre, dix ans se sont écoulés depuis la déclaration d’absence sans qu’il y ait
eu un élément nouveau, le tribunal peut prononcer, à la demande des parties intéressées, la
déclaration judiciaire du décès (article 148 du CCG) 15. Les juges ont cependant la faculté
d’ajourner leur décision pendant un délai qui ne peut excéder deux ans à compter de la

14
Les droits extra patrimoniaux restent hors du patrimoine du titulaire car ils ne sont pas susceptibles d'une
évaluation pécuniaire: les droits politiques, de vote, d'élection par exemple, ou encore le droit de décider si une
œuvre sera ou non publiée! Le droit pour les parents de surveiller et éduquer leurs enfants, de même que tous les
droits de la personnalité: le droit à l'intimité de la vie privée, le droit au respect de l’intégrité physique, le droit à
l'honneur. Tous ces droits extrapatrimoniaux sont incessibles, intransmissibles aux héritiers, insaisissables par
les créanciers.
15
Article 148 du CCG « Lorsque dix années se sont écoulées depuis la déclaration de l’absence, le tribunal
peut, à la requête des parties intéressées, prononcer la déclaration judiciaire de décès en ayant égard aux
circonstances et à la durée de l’absence. »

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requête en raison des circonstances et des indices dont ils pourraient disposer (article 149 du
CCG)16. La déclaration judiciaire du décès a pour effet de transférer définitivement les biens
de l’absent à ceux qui ont été envoyés en possession (article 150 du CCG)17.

§2- LA DISPARITION

L’application des règles relatives à la disparition suppose la réunion d’un certain nombre de
conditions (A) tenant à la déclaration du décès (B).

A- LES CONDITIONS DE LA DISPARITION

Selon l’article 152 du CCG, « La disparition est le fait, pour une personne, de ne pas
reparaître par suite de circonstances de nature à mettre sa vie en danger lorsque son corps
n’a pu être retrouvé, et qui rendent le décès certain ou, du moins, infiniment probable. ». Il
s’agit donc d’une situation beaucoup plus grave que l’absence, dans ce sens qu’il y a une très
forte probabilité du décès. Il en est ainsi d’une catastrophe minière ou aérienne, d’un
naufrage, d’un grand incendie, et surtout de la guerre. C’est la raison pour laquelle on peut
demander immédiatement au tribunal de déclarer le décès avec les conséquences que cela
entraîne.

Le tribunal compétent pour rendre un jugement déclaratif de décès est celui du lieu où la
personne dont on veut établir le décès avait son domicile ou sa résidence ou celui du lieu où
s’est produit l’évènement qui est supposé avoir entraîné le décès (article 184 du CCG) 18. Mais
lorsque plusieurs personnes ont disparu au cours d’un même évènement, leurs décès peuvent
être déclarés par un jugement collectif rendu par le tribunal du lieu de la disparition ou du port
d’attache du bâtiment ou de l’aéronef ou, à défaut, par le tribunal de la capital (article 185 du
CCG)19. Dans tous les cas, la requête peut être présentée par toute personne intéressée.
16
Article 149 du CCG « Si, dans le cas prévu à l’article précédent, le tribunal estime qu’il est encore prématuré
de déclarer le décès de l’absent, soit en raison des circonstances de sa disparition, soit en raison d’indices très
graves permettant de présumer son existence, il a la faculté d’ajourner sa décision pendant un délai qui ne peut
excéder deux ans à compter de la requête présentée à cette fin par les intéressés. »
17
Article 150 du CCG « En cas de déclaration judiciaire de décès, ceux qui ont été envoyés en possession des
biens de l’absent peuvent désormais se comporter en titulaires du droit qui a justifié leur envoi en possession.
Les cautions ou sûretés fournies sont dans ce cas libérées. »
18
Article 184 du CCG « Lorsqu’une personne a disparu dans des conditions telles que sa mort est certaine, bien
que son cadavre n’ait pas été retrouvé, tout intéressé peut demander au tribunal de rendre un jugement déclaratif
du décès de cette personne. Le tribunal compétent est celui où la personne de qui le demandeur veut établir le
décès avait son domicile ou sa résidence lors de son décès, ou celui du lieu où s’est produit l’événement ayant
entraîné le décès. »
19
Article 185 du CCG « Lorsque plusieurs personnes ont disparu au cours d’un même événement, leurs décès
peuvent être déclarés par un jugement collectif qui est rendu par le tribunal du lieu de la disparition ou du port

Evrard mounguengui nyoga 12

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B- LES EFFETS DU JUGEMENT DECLARATIF DE DECES

Le jugement déclaratif de décès est l’aboutissement normal de la procédure relative à la


disparition. Sa date, qui ne peut être indéterminée, est fixée en tenant compte des
présomptions tirées des circonstances de la cause et, à défaut, au jour de la disparition. Si le
tribunal estime que le décès n’est pas suffisamment établi, il peut ordonner une enquête
complémentaire sur les circonstances de la disparition (article 186 du CCG)20.

Les jugements déclaratifs de décès doivent être transcrits sur les registres de l’état civil et
produisent les effets des actes de décès dressé en la forme ordinaire. Tout se passe donc
comme si l’évènement avait été constaté dès l’origine par un acte de l’état civil.

Cependant, si probable que soit le décès, l’hypothèse d’un retour n’est pas totalement exclue.
Ce retour-résurrection, selon le mot du Doyen CARBONNIER, ne fait pas tomber
automatiquement le jugement déclaratif. Selon l’article 188 du code civil gabonais, il
appartient au disparu ou au ministère public d’en poursuivre l’annulation devant le tribunal
qui l’a rendu. Mention de cette annulation est faite en marge de sa transcription et en marge
de l’acte de naissance (article 188 al.2 CCG). Même si la loi ne le précise pas, on peut
considérer que l’intéressé, comme en matière d’absence déclarée, va recouvrer ses biens dans
l’état où ils se trouvent, ainsi que le prix des biens aliénés et ceux acquis en remploi.

SECTION III : LES DROITS DE LA PERSONNALITE

Ces droits visent la protection, les caractères et les attributs de la personnalité juridique
de la personne physique.

Paragraphe 1 : La protection des droits de la personnalité

La personnalité des personnes physiques fait l’objet d’une protection générale prévue
dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789, le préambule des Constitutions de 1946 et
1958
d’attache du bâtiment ou de l’aéronef ou, à défaut, par le tribunal de grande instance de la capitale. »
20
Article 186 du CCG « Lorsque le tribunal déclare le décès, il doit en fixer la date, eu égard aux présomptions
tirées des circonstances de la cause et, à défaut, au jour de la disparition. Il peut également ordonner une enquête
complémentaire sur les circonstances de la disparition ou du décès présumé. ».

Evrard mounguengui nyoga 13

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Dans le cadre de notre cours, seuls les cas du droit à l’intégrité physique et celui à
l’intégrité morale seront traités.

A / Le droit à l’intégrité physique

L’homme a droit au respect et à l’intégrité de son corps pendant sa vie ; ce qui fait que
même dans le domaine de la médecine, il faut l’autorisation du patient ou de sa famille pour
une intervention, sauf en cas d’urgence. Aussi, il est interdit de séquestrer quelqu’un parce
qu’il est l’auteur d’un crime ou délit avec coups et blessures.

Cependant, nous observons une certaine atténuation lorsqu’il s’agit des vaccinations
obligatoires, des prélèvements sanguins dus aux accidents. Tout comme, il existe des
prélèvements d’organes d’une personne décédée n’ayant pas manifestée de son vivant une
intention contraire.

Précision par ailleurs que le droit d’une personne sur son corps s’exerce après sa mort.
En effet, chacun a la latitude de régler ses funérailles, de s’opposer à une autopsie ou
d’autoriser un prélèvement d’organes.

B / Le droit à l’intégrité morale

Une personne a des droits relatifs à la morale et bénéficie d’une protection. Une personne
dispose ainsi de certains droits liés à la morale. Il s’agit notamment :

 du droit à l’image ;

 de la protection de l’honneur, de la réputation y compris à titre posthume ;

 de la protection des droits intellectuels par son auteur ;

 de la protection des sentiments d’affection ;

 du droit au respect et au secret de la vie privée.

Paragraphe 2 : Les attributs de la personnalité juridique

L’attribut de la personnalité se définit comme l’aptitude de l’individu à être titulaire de droit


dès sa naissance. Cette personnalité permet d’acquérir un état, qui est la situation juridique de

Evrard mounguengui nyoga 14

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l’individu, par exemple être un enfant adoptif, naturel ou légitime. Cet état est constaté
officiellement par des actes d’état civil.

Paragraphe 3 : Les droits de la personnalité

Les droits de la personnalité sont au nombre de quatre. Ils sont dits :

 imprescriptibles : c’est-à-dire, on n’acquiert ni ne les perd par l’écoulement du temps ;

 incessibles : c’est-à-dire, ils ne peuvent faire l’objet de conventions ;

 insaisissables : c’est-à-dire qu’on ne peut les saisir ;

 intransmissibles : c’est-à-dire que chaque personne les possède en propre à sa


naissance.

CHAPITRE 2 : L’INDIVIDUALISATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE

Il est nécessaire d’individualiser les personnes physiques. Pour les identifier dans leur
famille et dans la société, on a recours à des signes distinctifs : le nom et ses accessoires
permettent d’identifier une personne et de la distinguer des autres ; le domicile permet de la
localiser géographiquement ; les actes de l’état civil contiennent des informations relatives à
son état (état de vivant, de marié ou de célibataire, ou état de mort).

Section 1 : Le nom

Il convient d’abord de définir le nom et d’en énumérer les modes d’attribution.


Ensuite, nous analyserons ses caractères juridiques avant de comprendre pourquoi il est un
droit.

A côté des éléments obligatoires du nom, il existe ceux dits accessoires qui sont le
prénom, le pseudonyme, le surnom et les titres de noblesse.

Paragraphe 1 : Définition du nom

Evrard mounguengui nyoga 15

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Le nom est une appellation obligatoire, une institution de police civile qui sert à
désigner une personne dans la vie sociale et juridique, pour la distinguer des autres en vue de
l’exercice de ses droits et de l’exécution de ses obligations. Il se compose du nom
patronymique ou de famille et du prénom.

Paragraphe 2 : Modes d’attribution du nom

Le nom patronymique d’une personne est le nom de la famille à laquelle elle


appartient. Il est donc attribué lors de la naissance en considération de la filiation ; celle-ci
étant le lien juridique qui unit une personne à ses père et mère.

Toutefois il y a des cas où l’attribution du nom relève de l’autorité administrative

A / L’attribution par la filiation

1 ) La filiation légitime

Selon une disposition coutumière renforcée par le code civil en son article 93, l’enfant
né d’une union légale porte son nom suivi de celui de son père. Celui-ci peut demander que
soit ajouté le nom de sa mère. Cette disposition est une conséquence de la présomption de
paternité. En effet, l’enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari de sa mère, ce qui
est traduit par la maxime ‘’ Pater is est quem nuptiae demonstrant’’ qui signifie que le
mariage (la nuptialité) démontre la paternité.

2) La filiation naturelle

L’enfant naturel est celui qui naît de parents non mariés ; il peut s’agir d’un enfant
naturel simple ou d’un enfant naturel adultérin. Il existe plusieurs hypothèses, notamment :

 Si la filiation est établie simultanément à l’égard des deux parents, l’enfant prend le
nom du père ;

 Si la filiation a été établie d’abord à l’égard du père, l’enfant portera le nom du père,
car reconnu, comme le prévoit l’article 94 du Code civil gabonais ou celui de la mère
si le géniteur ne l’a pas reconnu, article 95 Code civil gabonais ;

 Si la filiation a été établie à l’égard de la mère et ensuite à l’égard du père, l’enfant


conserve le nom de la mère, sauf déclaration conjointe des deux parents devant le juge
des tutelles pendant la minorité de l’enfant, demandant à ce que l’enfant porte le nom

Evrard mounguengui nyoga 16

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du père par substitution à celui de la mère. Si l’enfant a plus de 15 ans son


consentement personnel est requis ;

Mais il peut arriver que le père qui le reconnaît en second lieu, donc tardivement,
souhaite que son enfant porte le seul nom de son père, ou le nom du père auquel on
ajoute le nom de la mère, le nom de la mère étant, dans cette hypothèse, placé après
celui du père. Dans ces deux dernières hypothèses, c’est seulement avec le
consentement de la mère que le père peut obtenir satisfaction. Le consentement de la
mère peut être donné soit oralement lors de la déclaration de reconnaissance faite par
le père, ou reçu séparément par un officier de l’état civil ou un notaire qui en dressent
acte.

 Si la filiation n’est établie qu’à l’égard d’un seul de ses parents, père ou mère, l’enfant
prend le nom de ce parent ;

 Lorsque la filiation de l’enfant n’est établie à l’égard d’aucun de ses auteurs mais si le
déclarant a indiqué le nom de la mère, la jurisprudence admet que l’enfant prenne ce
nom quoique la filiation ne soit établie ;

L’enfant naturel adultérin par le père porte en principe le nom du père à condition que
celui-ci ait préalablement informé son épouse du projet de reconnaissance de l’enfant. L’acte
de reconnaissance doit, à peine de nullité, contenir la mention de l’information donnée à
l’épouse par acte d’huissier. Est nulle toute reconnaissance d’un enfant adultérin faite par le
père sans l’information donnée à son épouse.

L’enfant naturel adultérin par la mère ne peut être reconnu par l’amant de celle-ci, et
porter son nom, que lorsqu’il a été préalablement désavoué par son père présumé (le mari de
sa mère). Si le mari n’opte pas pour le désaveu, l’enfant, en sa qualité d’enfant légitime,
portera son nom en application des dispositions relatives à la loi sur la filiation légitime.

Lorsque la filiation de l’enfant n’est établie à l’égard d’aucun de ses auteurs, il y a


attribution du nom par voie administrative. En effet, il arrive que l’enfant n’ait aucun
attachement familial connu ; c’est l’enfant né de père et de mère inconnus. Dans ce cas, le
nom patronymique de l’enfant est attribué par l’officier de l’état civil à qui la naissance ou la
découverte de l’enfant a été déclarée, article 96 du Code Civil gabonais. Cependant, cette
attribution n’est que provisoire, elle devra s’effacer si, un jour, la filiation venait à être établie.

Evrard mounguengui nyoga 17

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L’enfant incestueux, c’est-à-dire l’enfant né d’une union interdite, portera son nom suivi
de celui de sa mère ou celui tiré de la famille de sa mère, article 438 Code civil gabonais.

3) La filiation adoptive

En cas d’adoption simple, l’enfant prend le nom de l’adoptant mais en l’ajoutant à son
propre nom.

En cas d’adoption plénière, l’enfant prend le nom de l’adoptant et perd son nom d’origine.

4) Le changement de nom

Le changement du nom est prévu par la législation gabonaise.

Le changement de nom peut être autorisé s’il y’a juste motif, par décret du Chef d’État
après avis de la Cour de Cassationn, article 101 Code civil gabonais.

Le bénéfice du changement du nom que l’on accorde à un individu s’entend de plein


droit, ce qui implique la rectification des actes de l’état civil (acte de naissance, acte de
mariage, acte de décès), article 102 Code civil gabonais.

S’agissant du changement d’un prénom ou de l’adjonction d’un nom, la procédure est


simplifiée, il suffit de les solliciter auprès du Président du Tribunal du domicile du demandeur
(celui qui voudrait changer de prénom ou adjoindre un nom).

L’adjonction ou le changement du prénom doit être faite en marge de l’acte de naissance


de l’intéressé.

Le nom et le prénom ne s’acquiert, ni ne se perd par prescription ;

Le nom est incessible, il ne peut faire l’objet d’une convention sous réserve des règles
relatives au droit commercial (noms commerciaux, enseignes, marques de fabriques).

B / L’attribution par le mariage

Par une coutume séculaire (hérité d’un passé ancien) et aussi par les dispositions de
l’article 98 du Code civil gabonais, la femme mariée peut porter le nom de son mari. Cela
signifie clairement que la femme mariée portera son nom de famille ou nom de jeune fille,
suivi ou précédé, c’est selon, de celui de son mari. Elle a l’usage du nom de son mari pour
marquer l’unité du ménage.

Evrard mounguengui nyoga 18

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Toutefois, mais de manière exceptionnelle, il arrive que ce soit le mari qui ajoute à son
nom celui de sa femme.

En cas de divorce, la femme ne peut plus porter le nom du mari en principe, ni le mari
ajouter le nom de sa femme au sien. Cependant, en cas de divorce pour rupture de vie
commune, la femme a la possibilité de conserver l’usage du nom du mari lorsque le divorce a
été demandé par ce dernier, ou avec l’accord de ce dernier ou avec l’autorisation du juge si
elle justifie qu’un intérêt particulier s’y attache pour elle-même ou pour les enfants.

Paragraphe 3 : Caractères juridiques du nom

En premier lieu, on dit que le nom est immuable. Une personne ne saurait a priori
acquérir un nom différent de celui que désigne son acte de naissance. Il existe une exception à
ce principe celle de l’utilisation prolongée d’un nom d’emprunt. Ce mode particulier
d’acquisition d’un nom suppose que l’usage invoqué a été loyal (sans fraude), public (un nom
couramment employé), incontesté (nul ne s’est élevé contre l’emprunt de ce nom) et
anciennement établi, ce qui suppose en pratique une possession d’état prolongé de l’ordre de
plusieurs décennies.

De même, il est incessible, donc ne peut faire l’objet d’aucune convention, sauf en cas
du nom commercial, du nom patronymique sous lequel un commerçant exerce sa profession.
Ainsi, un nom commercial, par l’attrait qu’il a sur la clientèle, représente une valeur
patrimoniale, du coup il devient cessible au même titre que le fonds de commerce.

Ensuite, le nom est indisponible. En tant que droit extrapatrimonial, le nom est
indisponible, il ne saurait ainsi être cédé à un tiers. Toutefois, son titulaire peut renoncer à le
défendre contre une éventuelle usurpation moyennant une contrepartie financière. Le tiers
cherchant par exemple à utiliser ce nom dans un contexte commercial.

En outre, le nom est imprescriptible. Il ne s’acquiert pas par un usage prolongé et ne se


perd pas par un non-usage. Sur ce point, il est un droit absolu et est opposable à tous.

Enfin, le nom est sanctionné lorsqu’il s’agit de l’état des personnes ou lorsqu’il n’est
interdit à toute personne d’utiliser le nom auquel elle n’a pas droit elle-même. Il est toujours
possible d’agir en justice pour en assurer la défense en cas d’usurpation.

Paragraphe 4 : Les éléments accessoires du nom

Evrard mounguengui nyoga 19

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Il s’agit principalement du prénom, du surnom et du pseudonyme librement choisis


mais qui n’ont pas de valeur comme institution de police civile. Le cas particulier des titres de
noblesse retiendra notre attention.

a- Le prénom

Le prénom est une appellation qui permet de distinguer l’individu des autres membres
de la famille portant le même nom patronymique. En principe les parents sont libres
d’attribuer à leurs enfants le ou les prénoms qu’ils désirent. Mais la loi pose des limites à cette
liberté de choix. En effet, si le choix des parents semble contraire à l’intérêt supérieur de
l’enfant et de nature à attirer les moqueries des autres enfants et aurait constitué un réel
handicap pour l’enfant, notamment à l’âge adulte, la loi requiert que le prénom ne soit pas
offensant

En principe, les prénoms sont immuables.

b- Le surnom

Le surnom est une appellation donnée à une personne par son entourage ou le public et
sous laquelle elle est bien connue. Dans les actes officiels une personne ne peut se faire
désigner uniquement par son surnom. Toutefois, selon la loi, le titulaire d’un surnom peut
demander qu’il soit ajouté à ses noms et prénoms sur les actes d’état civil

Le surnom met généralement en relief une particularité physique, une qualité morale
ou une action d’éclat.

c- Le pseudonyme

Le pseudonyme est un nom de fantaisie ou d’emprunt choisi et généralement utilisé


par l’intéressé uniquement pour l’exercice d’une activité. La pratique en est courante chez les
écrivains et les artistes.

Le pseudonyme a un statut. D’une part, dans les rapports et les actes d’intérêt privé,
sauf en cas de fraude, il est libre.

D’autre part, en tant que création de l’esprit, il est protégé. Ainsi, quiconque peut le
défendre contre des tiers qui prétendraient se servir d’un pseudonyme semblable ou même
l’appliquer comme marque à un produit.

Evrard mounguengui nyoga 20

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d- Les titres de noblesse et la particule

Le titre de noblesse est un titre que l’on accorde à une personne qui est issue d’une
famille de haut rang ou qui est donné par le souverain d’un royaume. Il est héréditaire et
s’exerce géographiquement sur un territoire et une population donnée du royaume.

La particule est un mot qui précède certains noms ; il détermine le lien de filiation
d’une personne. Il est important de souligner que le législateur gabonais ne s’est pas
préoccupé de la particule.

Section 2 : Le domicile

Le domicile est le siège légal de la personne, le lieu où la loi la localise. Le domicile


sert à individualiser la personne, en déterminant le lieu, où au regard de la loi, elle est censée
être toujours présente, le lieu où tous ses actes officiels sont adressés.

Le domicile doit être distingué des notions voisines telles que celles de résidence ou
d’habitation. La résidence et l’habitation correspondent à l’endroit où une personne se trouve
effectivement pendant un certain temps. Ce lieu est qualifié de résidence lorsque la personne y
vit de façon normale. L’habitation désignant le lieu d’un séjour bref et occasionnel.

A la lecture de l’article 112 du Code civil gabonais, « le domicile de toute personne

physique est au lieu où elle a, en fait, sa résidence principale ». Toutefois, le Gabonais qui

fixe en pays étranger sa résidence principale ne perd pas son domicile au Gabon s’il exerce
hors du territoire une fonction officielle qui lui a été conférée par l’Etat dans un organisme
international, privé ou public.

Paragraphe 1 : La détermination du domicile

Le principe est le libre choix du lieu où tout individu décide de fixer son principal
établissement. Par principe, tout individu a un domicile et ne doit en avoir qu’un. Or, cet individu
peut avoir plusieurs centres d’intérêts et nouer dans chacun d’eux des relations avec les tiers.

Le domicile est obligatoire, unique et inviolable.

Le domicile sert à rattacher, juridiquement une personne à un lieu ; il en résulte que toute
personne a en principe un seul domicile qui est son siège légal. Le caractère obligatoire du domicile

Evrard mounguengui nyoga 21

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s’explique donc par la nécessité d’un rattachement géographique de l’individu. En cas de difficulté
pour trouver un domicile à une personne, on peut admettre qu’elle a conservé son domicile d’origine,
c’est-à-dire celui qu’elle avait à sa naissance.

Le principe de l’unicité du domicile est conforme à sa fonction de localisation.

La loi consacre l’inviolabilité du domicile, et la violation du domicile est réprimée


pénalement. Quiconque s’introduit dans le domicile d’une personne ou s’y maintient contre sa
volonté expressément manifestée est passible d’emprisonnement.

Le domicile est par principe volontaire et exceptionnellement légal.

A / Le domicile volontaire

Deux éléments sont constitutifs du domicile volontaire. Il s’agit de l’élément matériel


et de l’élément intentionnel.

L’élément intentionnel se manifeste par la volonté de fixer son domicile en cet endroit.
Une difficulté se présente lorsque la personne a plusieurs établissements, ayant plusieurs
centres d’intérêts localisés à des endroits divers. Dans ce cas, il faut avoir recours à l’élément
intentionnel qui va permettre de reconnaître l’un des centres d’activité de l’intéressé comme
son principal établissement. Dans certains cas, les tribunaux font prévaloir le lieu d’exercice
de la profession ; dans d’autres, les intérêts économiques et familiaux déterminent le lieu du
principal établissement.

La loi permet à tout individu de changer de domicile quand il veut, à condition de


respecter les dispositions légales. Le changement de domicile s’opère par le fait de partir
d’une habitation réelle dans un autre lieu joint à l’intention d’y fixer son principal
établissement. Le changement de domicile suppose donc la modification de l’élément matériel
et de l’élément moral.

L’article 117 du Code civil gabonais dispose que : « Le changement de domicile ne


s’opère que par le transfert en un autre lieu, de la résidence principale ou, le cas
échéant, de l’activité professionnelle principale ».

B / Le domicile légal

Le domicile légal est celui que la loi assigne d’office à certaines personnes, soit en
raison de leur dépendance vis-à-vis d’une autre personne, soit en raison de leur profession.

Evrard mounguengui nyoga 22

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Le mineur non émancipé est domicilié chez ses père et mère ; il s’agit d’un domicile
de rattachement de l’enfant au domicile de ses parents. En cas de divorce ou de séparation de
corps, le mineur est domicilié chez le parent auquel le tribunal a confié sa garde. En cas de
décès de ses parents, le mineur est domicilié chez son tuteur.

Ainsi, le mineur, selon l’article 115, qui possède au Gabon un domicile le conserve s’il
continue à y résider de façon principale, bien que la personne qui exerce sur lui le droit de
garde n’y soit plus domicilié. Il en est de même de l’interdit dont le tuteur cesse de résider au
Gabon.

Aussi, la femme mariée et non séparée de corps est domiciliée au domicile de son
mari, tel que prévu par l’article 114 du CCG. En effet, la femme mariée a le domicile de son
mari, tant que dure le mariage. Elle peut, avec l’autorisation du Président du tribunal,
avoir un domicile qui lui soit propre s’il y a juste motif. Toutefois, même sans autorisation
du tribunal, la femme mariée de nationalité gabonaise acquiert ou conserve son domicile au
Gabon si elle y remplit personnellement les conditions prévues aux articles 112, 113, et 116,
encore que son mari soit domicilié dans un autre État.

Il convient de souligner que le domicile de la famille est choisi d’un commun accord
par les époux. En cas de désaccord, le domicile de la famille est fixé par le juge en tenant
compte de l’intérêt de la famille.

Les domestiques et les gens de maison sont des personnes qui travaillent
habituellement chez autrui ; les majeurs qui servent ou travaillent habituellement chez autrui
auront le même domicile que la personne qu’ils servent ou chez laquelle ils travaillent,
lorsqu’ils demeureront avec elle dans la même maison selon l’alinéa 2 de l’article 115 du
Code civil gabonais.

C/ Le domicile élu

L’élection d’un domicile est la clause par laquelle les parties à un acte juridique
décident que, pour l’exécution de cet acte, l’une d’elles sera considérée comme domiciliée
dans un lieu désigné qui peut n’être pas celui de son principal établissement.

Evrard mounguengui nyoga 23

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L’article 120 du Code civil gabonais l’énonce de la façon suivante : « Il peut être fait
élection de domicile en vue de l’exécution d’un acte juridique ou de l’exercice d’un droit
en justice ». Cette élection ne comporte parfois que l’indication d’un lieu comme une ville ou
d’une adresse comme d’un notaire ou de l’homme d’affaire qui a rédigé le contrat.

L’élection de domicile est ainsi un acte par lequel une personne désigne dans un
contrat un lieu autre que son domicile réel.

Evrard mounguengui nyoga 24

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