Vous êtes sur la page 1sur 9

UN ASPECT MÉCONNU D'AVALOKITEŚVARA.

II
Author(s): Marie-Thérèse de MALLMANN
Source: Arts Asiatiques , 1961, Vol. 8, No. 3 (1961), pp. 203-210
Published by: École française d’Extrême-Orient

Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43484196

JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms

École française d’Extrême-Orient is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend
access to Arts Asiatiques

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
UN ASPECT MÉCONNU
D AVALOKITESVARA". II
par Mûrie-Thérèse de MALLMANN
Chargée de Recherches au C.N.R.S .

La question des influences, du syncrétisme, voire de la confusion entre les iconog


phies bouddhique et hindoue a souvent, et de longue date, préoccupé les spécialistes
même, nous avons eu l'occasion d'examiner brièvement le « passage » de Vighnā
Mahākāla (3) ; et - à propos de l'art de la dynastie Bhauma en Orissā - le
Dr K. C. Panigrahi a cité le cas de plusieurs sculptures d'origine bouddhique ornant
aujourd'hui des monuments hindous, entre autres le temple de Siśireśvara à Bhuvanesvar (4).
Or nous avons eu la chance de rencontrer, parmi les illustrations d'un ouvrage
récemment paru - Le polythéisme hindou , de M. Alain Daniélou (5) - l'un des exemples
les plus saisissants de confusion iconographique, qu'il nous ait encore été donné de voir.
Nous sommes heureuse de remercier ici M. Daniélou et son éditeur, grâce auxquels il
nous est possible d'offrir aux lecteurs à' Arts asiatiques la reproduction de cette image
(fig. 1). Comme nous le démontrerons, le couple divin qui y figure - provenant du temple
de Bhāskaresvara à Bhuvanesvar, et identifié aujourd'hui à Brahma et Sarasvatî (6) - repré-
sente en réalité l'un des aspects du Grand Compatissant ( mahãkrpa ) Avalokitesvara.
Sur un siège en forme de lotus épanoui (visvapadma), est assis à l'indienne ( lalitāsana
ou līlāksepa ) - jambe gauche repliée et jambe droite pendante, au pied posé sur un tabouret

(1) Cf. Mallmann, Un aspect méconnu d' Avalokitesvara, Journ. as., 1952, p. 479-485. Sur le tableau donné p. 485,
nous avons malencontreusement interverti la disposition des accessoires : d'après les sādhana ( infra , p. 206, n. 1), le tri-
dent est à droite et la calotte crânienne à gauche.
(2) Entre autres : A. Foucher, Étude sur l'iconographie bouddhique de l'Inde, I, p. 116 et fig. 16 ; II, p. 31 et n. 3 ;
R. D. Banerji, Eastern Indian School of Mediaeval Sculpture, p. 94-96, pl. XXXVIII ; J. N. Banerjea, The Development
of Hindu Iconography , 2e éd., p. 6, 480-481, 554-561, pl. XXXIX, 1 ; XI,, 4 ; XlyVI, 4 ; XI/VIII, 3 et 4. Iy'on observe
que l'élément « bouddhique » des dieux composites paraît toujours être Iyokeśvara.
(3) Notes d'iconographie tântrique. II : de Vighnāntaka à Mahākāla, Arts as., II (1955), p. 41-46.
(4) Bhauma Art and Architecture in Orissa, Arts as., IV (1957), p. 275-292, spécialement p. 285 et 289 ; cf. également
Mallmann, Notules d'iconographie, Arts as., V (1958), p. 299-302.
(5) Paris, Corrêa (Buchet-Chastel), i960. L,e livre comprend 8 planches hors- texte. I,es œuvres reproduites provien-
nent de Khajurāho (pl. 1 et 8), de Deogarh (pl. 3 et 4) et de Bhuvaneávar (Vaitāl Deul, pl. 2 et 5 ; Mārkaņ d esvara, pl. 6;
Bhāskaresvara, pl. 7). I^a pl. 5, identifiée à Siva en posture de Yoga, est plus précisément I,akulïsa : cf. Banerjea, op. cit.t
p. 6, 480-481, et pl. XXXIX, i et XI,, 4 ; Panigrahi, op. cit., p. 286 et fig. 16.
(6) Suivant les informations recueillies sur place par M. Daniélou.

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
204 MARIE-THÉRÈSE DE MALLMANN

de lotus - un dieu à trois faces visibles, au front marqué du troisième œil, et


dans le sens dit pradaksinam (i), les mains montrent successivement :
Io Le geste de don (varada) ;
2° Le rosaire (aksamãlã) ;
3° Un objet mince et allongé (2) ;
40 La fleur de lotus épanoui (padma) ;
50 Le sein gauche d'une déesse.

Cette dernière, de forme humaine, est assise sur le genou gauche du dieu ; sa jambe
droite est repliée sous sa jambe gauche pendante, le pied gauche étant soutenu par un coussin
de lotus ; sa main gauche est cassée, mais tenait une fleur de lotus discernable sur notre
figure 2 ; de son bras droit, elle enlace le cou du dieu. L'un et l'autre sont richement parés.
Il est coiffé d'un triple « chignon-en-tiare » (jaļāmukula) qui paraît être encerclé par un
diadème ; elle porte un chignon orné non seulement d'un diadème, mais aussi d'une guir-
lande de fleurs. A la droite du dieu se trouve un trident dressé, autour duquel s'enroule
un serpent ; à la gauche de la déesse, l'on distingue malaisément (fig. 1) une sorte de fleur
de lotus, qui apparaît plus nettement sur la figure 2, et qui offre l'aspect d'une coupe au
rebord emperlé.
L'observation attentive de cette sculpture - identifiée, nous l'avons dit, à Brahmā
et SarasvatI - fait immédiatement ressortir plusieurs anomalies :

a) L'œil frontal semble n'être dévolu à Brahmā ni par les textes, ni par les monuments
figurés (3) ;
b) Le nombre impair des bras n'est pas concevable pour une image de Brahmā (4) qui
devrait « invariablement » (5) en posséder quatre ; en conséquence, il faut admettre qu'il
existait originellement un troisième bras gauche, disparu aujourd'hui, et que le dieu
n'est pas Brahmā ;
c) Le trident enveloppé par un serpent n'est pas un attribut brâhmique, et évoque aussitôt
soit l'iconographie çivaïte (6), soit certaines descriptions d'Avalokitesvara (7).

Pour ces diverses raisons, il ne s'agit certainement pas d'une image de Brahmā et Saras-
vatI. En revanche nous trouvons, dans un livre déjà ancien de N. K. Bhattasali (8), la repro-

(1) C'est-à-dire en commençant par la main droite inférieure, en remontant, et en continuant à gauche de haut en
bas. Cf. A. Foucher, op. cit., II, p. 30.
(2) I/on pourrait, à la rigueur, y voir le manche d'une des louches sacrificielles, sruc ou sruva.
(3) Pour l'iconographie de Brahmā, cf. Mallmann, Étude sur les enseignements iconographiques de V A gni-purāņa ,
chap. VI (sous presse).
(4) Seuls paraissent avoir des bras en nombre impair : Agni, le Feu (Banerjea, op. cit., p. 525), et Siva sous la forme
d'Ardhanarïsvara (ibid, pl. XXXVIII, 4).
(5) Banerjea, op. cit., p. 516-519. lorsqu'il compte plus de quatre bras, le dieu est alors « syncrétique » : Brahmā-
Sûrya, Brahmâ-Siva-Sûrya, etc.
(6) Foucher, op. cit., I, p. 172-173.
(7) Id., ibid., et II, p. 29-34. Mallmann, Un aspect méconnu, op. cit .
(8) Iconography of Buddhist and Brahmanical Sculptures in the Dacca Museum , p. 123-130 et pl. 1,1 b. P. 130, l'A. le
décrit avec cinq faces, mais trois seulement apparaissent sur la gravure. I*a position des jambes du dieu, inversée, illustre
l'attitude dite vãmãrdhaparyaiika.

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
UN ASPECT MÉCONNU D'A VALOKITEŠ VARA . U 205

Fig. i. - « Brahma et Saras-


vatī » (Hālāhala IyOkeévara).
viiie-ixe siècle. Bhãskareévara,
Bhuvanesvara

(Cliché Raymond Burnier.)

duction d'un groupe en bronze, nettement plus tardif, mais d'une iconographie très s
A l'époque, l'auteur l'avait identifié à un Siva Ālinganamūrti, bien qu'il ne coïncide p
les descriptions : celles-ci attribuent généralement à cet aspect de Siva une seu
quatre bras (i). Sur l'illustration donnée par Bhattasali, le dieu - qui possède tro
visibles et six bras - porte dans sa troisième main gauche un arc, tandis que la
(inférieure) tiendrait la calotte crânienne (kapãla).
Or si - au lieu de chercher dans les iconographies brâhmique ou çivaïte une
pondance qui ne semble pas exister - nous nous tournons vers la Sãdhanamãlã

(1) Bhattasali, op. cit., p. 124-125. Cf. Matsya-purãna, 260, 12-19.


(2) Vol. I, éd. B. Bhattacharyya, Baroda, 1925.

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
206 MARIE-THÉRÈSE DE MALLMANN

précieux répertoire du Tântrisme bouddhique, celle-ci nous appor


descriptions auxquelles la sculpture de Bhāskaresvara et le bronze
en tous points (i) ; et ces trois descriptions se réfèrent à Hālāhala
Nous donnons ici l'extrait d'un des trois sãdhana - le n° 27 de l'édition de
M. B. Bhattacharyya - dans la belle traduction d'Alfred Foucher (2) ;
« Hommage à Hālāhala ! Qu'on procède comme ci-dessus jusques et y compris la médi-
tation sur le vide : de la syllabe « Hrīh ! » comme germe naît Hālāhala, le grand compatis-
sant... (3) ; il a trois yeux et trois faces ; il est paré ďun chignon en forme de tiare ; son premier
visage est blanc, celui de droite bleu, celui de gauche rouge ; il porte sur la tête une moitié
de lune, un crâne lui sert d'aigrette, et dans l'intérieur de son chignon se tient le glorieux
(Amitābha) (4) ; il est orné de toutes les parures , il est blanc comme un lotus blanc ; une
amoureuse émotion V embellit encore ; il a six bras ; son visage est souriant ; il se complaît
dans son vêtement de peau de tigre ; de ses mains droites (en commençant par en bas),
Io il épand ses faveurs ; 2° il porte le rosaire ; 3° il fait danser une flèche ; de ses mains
gauches (en continuant de haut en bas)..., il tient : Io Vare ; 2° un lotus blanc ; 3° le sein
(de sa Çakti).
« Il porte sur son genou gauche la déesse ; celle-ci , blanche, a un lotus dans la main gauche
et de la droite tient embrassé le Bienheureux ; des fleurs parent la masse de son chignon . Du
côté droit , il y a un trident enveloppé ďun serpent ; du côté gauche , sur un lotus , un crâne rempli
de diverses fleurs parfumées. Le Bienheureux se tient sur une lune au-dessus d*un lotus
rouge..., assis à V indienne , la jambe droite allongée ... : c'est ainsi qu'il faut le réaliser. Qu'on
prononce ensuite la formule : « Om ! Vajradharma ! Hrīh ! »
Les sãdhana 9 et 29 proposent quelques variantes de détail. Selon le n° 9, la disposition
des attributs de gauche est : lotus, sein, arc ; de plus, le couple est « à l'intérieur d'une
grotte » (5). Cette indication figure également dans le n° 29, suivant lequel la face de gauche

(1) Cf. sādham n° 9 (p. 31-32), 27 (p. 65-66), 29 (p. 72-75).


(2) Namo Hãlãhaliya !
Pùrvavac chûnyatâparyantam bhâvayitvâ :
Hrīh- kārabījanispannam Hālāhala(m) mahākrpam,
Trinetram trimukham cai va jatāmukutamaņ ditam ;
Prathamãsyam sitam nīlam daksiņam vāmalohitam ;
Çaçânkârdhadharam mūrdhni kapãlakrtaçekharam,
Jatāntahsthajinam samyak sarvābharaņabhūsitam,
Sitāravindanirbhāsam ęrńgararasasundaram ,
Sadbhujam smeravaktram ca vyāghracarmāmbarapriyam,
Varadam daksiņe pāņau dvitîye cāksamālinam,
Trtïye çaranartanam vāme ksepadharam tathā,
Dvitïye sitapadmam ca trtïye stanam eva ca :
Vāmajānunā sitām devīm dadhānam, vāmena kamaladharāni ,
daksiņena bhujena Bhagavadālmganaparām , kusumaçobhita-
jatākalāpām ; daksinapârçve sarpavestitam triçùlam ;
vàmapârçve padmasthakapālam nānāsugandhikusumaih sampūrņam ;
raktapadmacandre līlāksepasthitam vibhâvayed Bhagavantam.
Tato man tram japet : Om Vajradharma hrīh.
(D'après Foucher, op. cit., II, p. 29-30.)
(3) Nous soulignons tous les éléments communs au texte et aux images.
(4) I,e sãdhana , n° 29, précise : amitâbhamanisaccûdah.
(5) ... vāme padtnavibhūsitam // dvitïye kucadharam cai va trtïye dhanur eva ca / ... ratnācalaguhāntahstham...

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
UN ASPECT MÉCONNU D'A VALOKITEŠ VARA. II 207

Fig. 2. - « Brahma et Saras-


vati » (Hālāhala I/)keśvara).
viiie-ixe siècle. Bhāska-
reévara, Bhuvaneévara
( Cliché Rambach et Golish.)

du dieu est jaune (au lieu d'être rouge), et les attributs de gauche sont disposés ainsi : s
de la « Bien-aimée », lotus blanc, arc (1).
Les seules différences notables entre la sculpture de Bhāskarešvara (fig. i et 2) et les
textes, concernent donc d'une part la disparition du troisième attribut de gauche, l'ar
d'autre part l'absence de détails proprement çivaïtes tels que les ornements de coiffure (2)
et la peau de tigre.

(1) ... ratnacalaguhaśrayah / ... sitapītamahānflamūlavāmetarānanah / ... vāme satkāminīkucam / sitapadmam


kodaņdam bibhraņam ksrapallavaih //
Iya divergence illustrée par le port de la calotte crânienne dans l'une des mains gauches du bronze bengali, est attest
parles miniatures : Foucher, op. cit., II, p. 31 ; Mallmann, Notes d'iconographie tântrique. I : Une image inédite d'Av
kitesvara, Arts as., II (1955), p. 35-41, fig. 3 et tableau I.
(2) Iy'absence du Jina ou d'Amitābha est moins surprenante puisque - d'après deux versions sur trois - il
doit être « dans l'intérieur du chignon » (n° 9 : jinabimbajatāntahstham ; n° 27 : jatāntahsthajinam) . Il peut d
être « caché ».

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
208 MARIE-THÉRÈSE DE MALLMANN

Étant donné que, seuls, les trois premiers souverains de


bouddhistes (i), le groupe que nous étudions appartient man
ancienne de l'art de Bhuvanesvar, ce que confirment en out
l'équilibre de la composition. Il est, en conséquence, vra
- viie-vine siècle environ - les caractéristiques çivaïtes d'A
encore aussi affirmées qu'elles le deviendront ultérieureme
entre certaines images du Bodhisattva, et celles de Brahm
reprises (3). C'est pourquoi nous sommes fondée à croire qu
du temple de Bhāskaresvara (4) - la sculpture qui nous inté
n'est pas tant à cause de sa valeur esthétique qu'en raison de plu
les trois visages de Hālāhala Lokesvara évoquaient facilemen
Brahmā dont la technique du relief ne permettait pas d
(cp. fig. i et 3) (5). Les gestes, le rosaire, le lotus convenaient e
était aisément transformable en louche sacrificielle ( sruc J, e
une certaine ressemblance avec le bol à beurre clarifié ( ãjyapãt
être placé à côté de Brahmā (7). L'arc seul était inhabituel dans
aussi fut-il purement et simplement détruit, sans que l'on
monie créée par la suppression d'un bras... Quant au tride
insolite, il semble bien qu'on l'ait maquillé car, sur notre f
blanchi.

Quoi qu'il en soit, malgré son changement de nom et sa destination actuelle,


il n'en reste pas moins que le couple divin de Bhāskaresvara constitue peut-être la plus
ancienne, et sans aucun doute la plus belle représentation indienne de Hālāhala Lokesvara.
Dans le geste à la fois pudique et tendre par lequel se tiennent enlacés le Bodhisattva
et sa « Bien-aimée » ( sātkaminī ) , s'exprime d'une manière émouvante cette Grande
Compassion que personnifie la déesse, l'une comme l'autre étant la « Réflexion » même
d'Avalokitesvara (9).

(1) Panigrahi, op. cit., p. 275. I^es Bhauma auraient régné sur l'Orissā soit du début du vu® au début du ixe siècle,
soit de 750 à 950 A.D. environ.
(2) Cf. Mallmann, Un aspect méconnu, op. cit., p. 482-483.
(3) Iy. A. Waddell, The Indian Buddhist Cult of Avalokita..., J.R.A.S., 1894, particulièrement p. 57. Cf. Foucher,
op. cit., I, p. 173 et n. i ; et Mallmann, Introduction à l'étude d'Avalokiteçvara, p. 146, 149.
(4) D'après O. C. Gangooly et A. Goswami, Orissan Sculpture and Architecture, p. vi, Bhāskaresvara daterait au
plus tôt du deuxième quart du xie siècle.
(5) I,a composition de ce groupe offre des analogies avec celui de Bhāskaresvara ; mais - outre que Brahmā et Saras-
vatî sont accompagnés du hamsa et entourés d'assistants - le dieu ne possède que quatre bras : dans ses mains supérieures,
l'on reconnaît à droite la louche sacrificielle (sruc) et à gauche le livre (pustaka). Enfin, la face principale est barbue, ce
qui, selon M. Banerjea (op. cit., p. 517), dénote une date plus tardive que les images à face imberbe.
(6) Cf. supra, p. 204, n. 3.
(7) D'après le Šilparatna, 34 (T. A. Gopinātha Rao, Elements of Hindu Iconography , II, 2, Appendice B, p. 244),
et le Matsya-purãna, 260, 42.
(8) Brahmā peut cependant tenir un arc appelé Parivlta (A. Danielou, op. cit., p. 367). I/on s'explique d'autant
moins la destruction de celui du Iyokesvara de Bhāskaresvara, dont l'identité est, au demeurant, incontestable grâce à la
présence du trident placé à sa droite.
(9) Alors que les textes utilisés par A. Foucher lisent : vāmajānunā sitām devīm dadhānam (supra, p. 206, n. 2), le
sãdhana 27, publié par le Dr Bhattacharyya, lit : vāmajānunā sitām svābhadevīm dadhānam...

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
UN ASPECT MÉCONNU D'A VALOKITEŠ VARA. II 209

Fig. 3. - Brahma et Sarasvatî. Xe siècle (?). Provenant de Mahaban (U.P.), Curzon Museum , Muttra
(Cliché Larkin Bros. Courtesy Royal Academy of Art., London).

ARTS ASIATIQUES 27

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
210 MARIE-THÉRÈSE DE MALLMANN

N. B. - Le présent article était achevé lorsque la possibili


soumettre à M. Daniélou. Celui-ci a bien voulu nous faire de
ment intéressantes. Nous les résumons ci-dessous, en espéra
de leur auteur, et en le priant de nous excuser, au cas où no
a ) L'objet mince et allongé que tient le dieu dans sa main d
attribut de Brahma ; il s'agirait de l'élément originel, et n
b) Le groupe sculpté, qui fait corps étroitement avec l'arch
où doit canoniquement se trouver l'image de Brahmâ, ne s
il ne s'agirait donc pas primitivement d'une image de Hāl
image de Brahmâ, à laquelle le sculpteur aurait, inconsciem
du Bodhisattva.

Sur le premier point, nous nous permettons de rappeler que le livre compte parmi les
attributs d'Avalokitesvara (i). Quant à la seconde observation, si - comme le pense
M. Daniélou - il s'agit bien de l'imitation inconsciente d'une formule d'iconographie
lokeçvarienne, un tel « plagiat » révèle une imprégnation du brahmanisme par le bouddhisme
eicore plus profonde et plus grave que nous n'aurions osé le penser. Nous nous trouvons
donc ici en présence d'un fait qui - du double point de vue iconographique et religieux -
dépasse largement les simples influences signalées par le Dr Panigrahi à propos de plusieurs
temples de Bhuvanesvar (2) et par M. J. N. Banerjea (3) au sujet des images de Lakuliśa
en Orissā (4).

(1) Cf. Mallmann, Introduction..., p. 271.


(2) Panigrahi, op. cit., p. 286-290, fig. 13, 19, 20.
(3) J- Banerjea, The Development..., p. 6. I,a même observation vaut d'ailleurs également pour les I,akuliśa
bengali : cf. R. D. Banerji, Eastern Indian School..., pl. I a.
(4) Rappelons, à titre comparatif, que des Bodhisattva d'une identité incontestable (MañjusrT, par exemple) figurent
sur le temple çivaïte de Prambanan à Java Central...

This content downloaded from


5.171.103.144 on Tue, 08 Feb 2022 08:55:07 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms

Vous aimerez peut-être aussi