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Mémoire de capacité d’acupuncture
Université Paris XIII
Docteur Jean SIXOU
Directeur de mémoire : Dr JeanMarc Eyssalet
Novembre 2010
Introduction Méthodologie
La civilisation indienne
Historique des concepts
Les échanges culturels avec la Chine
Le modèle énergétique indien
Pertinence de la confrontation des modèles
Méthodologie et limites
Les textes classiques
Les 3 Shariras et les 5 Koshas
Les 7 Chakras
Les 14 Nadis
Les 107 Marmas ou Varmas
Approches dérivées
L’acupuncture indienne moderne
La médecine tibétaine
Discussion
Divergences, convergences et équivalences
Conclusions et perspectives
Illustrations
Bibliographie
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Introduction Méthodologie
La civilisation indienne
Aucune culture n’a produit de modèle de la circulation énergétique ou du corps
énergétique aussi élaboré que celui des chinois excepté peut‐être la civilisation
indienne.
De par leur ancienneté, leur originalité et leur spécificité, on peut affirmer que ces
deux grandes civilisations ont inspiré et marqué de leur empreinte toutes les cultures du
sud‐est de l’Asie. Il m’est parut essentiel de savoir si l’Inde avait produit un système
comparable ou équivalent à l’acupuncture qui semble à première vue être une spécificité
de la médecine et de la pensée chinoise.
L’objectif du présent travail sera dans un premier temps de présenter et de
décrire les concepts essentiels du système énergétique indien dans leur originalité et
leur spécificité avec leurs variantes anatomiques et physiologiques.
Nous tenterons ensuite de les confronter au système chinois et de repérer les
convergences et divergences. Nous en tirerons ensuite les conclusions qui s’imposent.
Nous n’aborderons pas ici, ou ne ferons que citer, les applications thérapeutiques
en médecine ayur‐védique et l’usage qui en est fait dans le yoga et les tantra.
Le système indien paraît à première vue et si l’on se réfère aux textes disponibles,
beaucoup moins développé que son homologue chinois. Il a surtout été transmis au
travers de traditions familiales, initiatiques, orales et secrètes.
Les exposés théoriques que nous avons pu lire présentent certaines constantes
mais semblent varier considérablement d’une source à l’autre pour ce qui est de certains
points.
Les applications thérapeutiques du modèle indien sont différentes de celles de
son homologue chinois. Il est utilisé principalement au travers des massages ayur‐
védiques, des arts martiaux et du yoga.
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La question moderne de l’existence, de l’authenticité et de l’ancienneté, voire
l’antériorité, d’une acupuncture indienne sera aussi évoquée dans ce travail.
Historique des concepts
« Nulle chose ne peut être connue que par son histoire » (Jules Michelet)
La rédaction des quatre Vedas, textes sacrés de l’Inde remonterait à ‐2000. Les
indiens estiment qu’ils contiennent en germe toutes les bases de la médecine
Ayurvédique : Description de médicaments, étiologie des maladies et description très
détaillée du squelette humain pour l’Atharva Veda.
La légende veut que le premier texte médical indien ait été l’Agnivesha samhitâ
en ‐2500.
Les principaux textes de référence de la médecine ayur‐védique sont
le Sushruta Samhita (5e s avjc), ce traité décrit surtout l’art de la chirurgie et des
points vitaux du corps (Marmas).
le Charaka Samhita (2e s avjc), il s’agit essentiellement d’un traité de médecine
générale.
Le Vagbhata Ashtanga Samgrama est une compilation et une synthèse des deux
précédents traités. Ce texte divise la Médecine indienne en huit branches ou spécialités.
Vers le 11e siècle parurent d’importants commentaires des textes précédents
sous le titre de Chakrapani Datta.
La médecine Ayur‐Védique utilise essentiellement comme outils thérapeutiques,
la phytothérapie, la nutrition et les pratiques corporelles (massages et yoga corporel).
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Les échanges culturels avec la Chine
Du fait de l’existence de la route de la soie, il y a eu tout au long de l’histoire de
nombreux échanges culturels entre l’Inde et la Chine. Il est donc impossible de dire que
leurs deux traditions médicales ne se sont pas influencées mutuellement.
Le principal apport de l’Inde à la culture chinoise est le Bouddhisme vers la fin du
premier millénaire. La légende veut que Bodhidharma (Damo) ait enseigné le
bouddhisme du grand véhicule en Chine au temple Shaolin dans le Henan. Il semble qu’il
y ait transmis aussi un système martial ainsi que des pratiques de santé à l’origine de
certaines des pratiques du Qi Gong moderne.
Le modèle énergétique indien
Le modèle énergétique indien possède des spécificités qui lui sont propres. Il
décrit une circulation énergétique basée sur 7 centres principaux, les chakra (Roues) ou
padma (Lotus). L’énergie du vivant ou prana diffuse dans tout le corps au travers de
72000 canaux, rivières ou « vaisseaux », les nadi. Il en existe cependant 14 principaux ou
majeurs dont la description varie beaucoup selon les textes. Le système indien décrit
107 Marmas ou Varmas qui sont des zones cutanées et corporelles plus que des points
de localisation anatomique précise.
Les concepts fondamentaux de la médecine Ayur‐Védique sont les suivants,
Les 3 Gunas ou Tattvas : Raja l’activité, Tamas l’inertie, Sattva l’équilibre.
Les 3 Doshas : Pita le feu, Vata le vent, Kapha les liquides.
Les 5 Pranas : Prana, apana, udana, vyana, samana.
Les 5 élèments : Terre, eau, feu, vent, éther.
Les Srotas ou canaux : (Sru = s’écouler) Identifiés aux principaux appareils,
‐ Srotas Pranavaha : Appareil respiratoire
‐ Srotas Annavaha : Appareil digestif
‐ Srotas Udakavaha ou Ambuvaha : régulation du métabolisme de l’eau
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‐ Srotas Swedavaha : Appareil sudoripare
‐ Srotas Purishavaha : Appareil excréteur
‐ Srotas Mutravaha : Appareil urinaire
‐ Srotas Rasavaha : Plasma, système lymphatique
‐ Srotas Raktavaha : Sang, système circulatoire
‐ Srotas Mamsavaha : Muscles, système musculaire
‐ Srotas Medavaha : Graisse, tissus adipeux
‐ Srotas astihvaha : Os, tissus osseux
‐ Srotas Majjavaha : Nerfs, système nerveux
‐ Srotas Shukravaha : Appareil reproducteur
‐ Srotas Manavaha : Esprit, mental, psychisme
Dans la tradition indienne tout s’écoule (sru) dans des canaux, qu’il s’agisse du
sang, des liquides, du prana ou de la pensée (cittanadi).
La médecine védique insiste sur la force la plus importante dans l’organisme qui
est Agni : le feu ou « capacité à digérer ». Il en existe plusieurs formes. La plus
importante est le feu du ventre ou Jatharagni qui digère les aliments et les boissons qu’il
utilise comme combustible. Il est associé aux cinq Agni élémentaires ou Bhutagni qui se
trouvent dans le Foie. Chacun des sept tissus possède son propre Agni (Dhatvagni). Il
existe donc treize Agni dans le corps. Le feu digestif soutient le feu pranique et l’aide à
circuler dans l’organisme. Pranagni ou feu gazeux de l’haleine favorise aussi la
circulation de prana dans tout le corps. L’esprit à son propre Agni qui digère les idées,
émotions et expériences psychiques.
Pertinence de la confrontation des modèles
Dans la mesure où il n’existe pas à ce jour de preuve scientifique directe de
l’existence des méridiens chinois (jingmai), il est intéressant de rechercher des
confirmations indirectes de l’existence de telles structures, comme par exemple, la
présence de descriptions analogues dans une culture différente.
La seule culture qui, à notre connaissance, ait produit une telle approche est la
culture indienne, mais son système demeure très différent du modèle chinois. Il existe
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cependant, entre eux, un certain nombre de points de recoupement qu’il nous paraît
utile de souligner.
Des travaux ultérieurs et plus approfondis, basés sur de tels rapprochements,
pourraient à mon sens jouer un rôle utile dans l’évolution future des modèles théoriques
de la MTC ou des Médecines dites « énergétiques » en général.
Méthodologie et limites
Nous nous limiterons dans ce travail à une approche comparative du système des
méridiens et de celui des nadi et des chakra. Nous définirons et énumérerons les marma
et leurs fonctions principales mais n’aborderons pas en détail leur description, leur
localisation ou leurs propriétés thérapeutiques. Un tel travail impliquerait une étude
beaucoup plus approfondie ainsi qu’une vision particulièrement synthétique des deux
systèmes et de leurs variations en fonction des écoles de pensée et des périodes
historiques.
Je crois au contraire que l’existence de descriptions comparables bien que
différentes, issues de plusieurs cultures originales, ne peut que confirmer la validité
fonctionnelle si ce n’est l’existence concrète de telles structures.
Les différences dans les descriptions pourraient n’être issues que des
particularités des pratiques thérapeutiques. La probable complexité de la réalité du
système énergétique humain sous‐jacent, ne pouvait à mon sens qu’aboutir à des
divergences de vue dans les diverses tentatives de modélisation théorique ou de
schématisation élaborées par ces cultures.
Nous laisserons dans un premier temps parler les textes classiques de la culture
indienne, puis nous évoquerons certaines approches modernes dérivées avant d’exposer
les éléments de la discussion et de tenter de conclure provisoirement.
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Les contradictions internes de notre travail sont au moins en partie liées à la
difficulté d’exposer un système cohérent à partir des différentes sources citées.
Les textes classiques
Les trois Shariras et les cinq koshas
Selon le Samkhya darçana l’homme est constitué de trois corps ou sharira :
Shtula Sharira ou corps physique, matériel, constitué de nourriture (anna).
Sukshma Sharira ou corps subtil (linga) qui comprends le prana ou énergie et le manas
ou mental.
Karana Sharira ou corps causal contient toutes les imprégnations inconscientes
(samskara) issues de notre passé individuel.
Selon le Védanta darçana il existe cinq enveloppes ou kosha :
Annamayakosha : Enveloppe physique « constitué de nourriture ».
Pranamayakosha : Enveloppe vitale ou pranique. Elle imprègne et soutient le corps
physique et lui transmet sa vitalité. Les structures énergétiques que nous évoquerons
dans ce travail (Chakras‐Nadis‐Marmas) en font partie.
Manomayakosha : Enveloppe mentale, qui joue le rôle de médiateur entre les corps
plus subtils et les deux premiers corps. La pensée (manas) est sa manifestation la plus
spécifique.
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Anandamayakosha : Enveloppe de « félicité » (ânanda), la plus subtile de toutes, elle
échappe à toute définition. C’est la demeure du « prana raffiné ». L’Absolu etant Sat‐Chit‐
Ananda (être‐conscience‐félicité) dans le Védanta.
Les sept Chakras
Les chakra (ou çakra) sont les sept centres énergétiques majeurs du corps
humain. Ils se situent dans la colonne vertébrale.
La référence la plus importante les concernant est le Sat‐çakra‐nirupana qui est
une partie essentielle du Sritattvacintamani de Purnananda, célèbre maître tantrique du
16e siècle. Précisons par ailleurs que ce texte ne décrivait que six centres.
Sahasrara
Situé au sommet du crâne, exerce un contrôle global sur tous les aspects du corps
et du mental. En lien avec le cerveau et la conscience (chit). Associé à l’épiphyse.
Ajna
Situé entre les sourcils. Aussi appelé « troisième œil » ou « centre de
commande ». Contrôlerait selon Motoyama les fonctions sécrétoires de l’hypophyse
ainsi que les fonctions intellectuelles et serait en rapport avec l’expérience du soi
véritable (adhyatma). Il est traditionnellement associé au mental et à l’intuition (mental
intuitif : buddhi)
Vishuda
Chakra de la gorge, il contrôle les organes de l’appareil respiratoire. Associé à la
parole (vak), à l’éther (akasha) et au son, ainsi qu’à à la thyroïde.
Anahata
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Chakra du cœur situé au niveau de l’intersection de la ligne médiane du corps et
de la ligne inter‐mamelonnaire. Appelé « chakra cardiaque », il contrôle le cœur et est
associé à l’air, aux mains, au toucher et à la peau ainsi qu’au thymus.
Manipura
Chakra du nombril (nabhi). L’énergie pranique pénétrerait dans le corps par une
zone périombilicale appelée kandhashtana. Le prana s’y convertirait en énergie
physiologique qui serait ensuite distribuée dans tout le corps par les nadi. Il est associé à
l’appareil digestif, au feu, à la vue et aux yeux. Kandashtana est considéré la racine de
tous les nadi. « Large de neuf doigts et située au dessus du muladhara chakra, son
centre en est le nombril. Les nadi quittent kandashtana horizontalement et
verticalement » (Jabala Darshana Upanishad). Ce chakra est associé au pancréas et à
l’ombilic.
Swadisthana
Chakra sexuel situé de 3 à 5 centimètres sous le nombril, contrôle le système
génital et la reproduction. Associé à l’eau, au gout, à la langue ainsi qu’aux gonades.
Muladhara
Chakra racine (mula) situé dans la zone du coccyx, contrôle les fonctions
d’élimination. Associé à la terre, aux odeurs, au nez, à l’anus et aux surrénales.
‐ cardiaque et pulmonaire liés à anahata
‐ digestif lié à manipura
‐ sexuel lié à swadisthana
‐ urinaire lié à muladhara
‐ lalana chakra, localisé dans le palais
‐ situés au niveaux des grosses articulations des membres : épaules, coudes,
poignets, hanches, genoux, chevilles.
Enfin Swami Satyananda décrit un chakra particulièrement important, bien que
rarement décrit dans les traditions tantriques, qui se situe au niveau de la tête. Il le
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nomme : Bindu visarga. Ce centre serait le fondement de notre individualité
(ahamkara), contiendrait toute notre mémoire personnelle et serait la source des cinq
éléments. Bindu signifie « point » ou « goutte », visarga signifie « chute ». Il représente la
chute d’une goutte de nectar (amrita) en direction du chakra vishuda, donc du centre lié
au verbe ou à la parole. Il est associé à la lune. Les nerfs crâniens en particulier ceux liés
au sensorium seraient particulièrement associés à ce centre.
Les quatorze nadis
La prana absorbé au niveau des chakra est distribué dans tout le corps par les
nadi. Il existerait 72000 nadi (ou 340000 selon certaines traditions). Sushumna, ida et
pingala sont pour tous les auteurs les trois plus importantes.
Le Shiva Swarodaya en cite 10 principaux connectés aux « Portes du corps » et
assurant les liaisons entre l’intérieur et l’extérieur.
Selon les différents textes classiques, leur nombre varie de 10 à 14.
Leur fonction principale est, dans tous les cas, d’être les canaux de transport de
l’énergie vitale ou prana à l’intérieur du corps pranique.
Certains auteurs modernes identifient les nadi au système nerveux. Sushumna
serait la moelle épinière, ida et pingala représenteraient les systèmes orthosympathique
et parasympathique. Sushumna présenterait une ouverture au sommet du crâne pour
l’entrée et la sortie du prana.
Alambusha
Départ : Chakra racine
Trajet : Jusqu’à l’extrémité du rectum
Fonction : Fournit le prana aux organes d’élimination
Orifice : Anus
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Relation : Chakra racine Elément terre, Apana Vayu
Marma : Guda : Anus
Kuhu
Départ : Base colonne vertébrale
Trajet : Jusqu’au chakra Swadishtana et à l’extrémité de l’urèthre
Fonction : Fournit le Prana à l’appareil urinaire et aux organes génitaux
Orifice : Pénis ou vagin
Relations : Chakra Swadishtana ou chakra de l’eau et Apana Vayu
Marma : Basti (la vessie)
Vishvodhara
Départ : Base colonne vertébrale
Trajet : Jusqu’à Manipura puis traverse l’abdomen
Fonction : Fournit Prana et feu digestif à l’appareil digestif.
Soutien tout le corps par l’intermédiaire de l’appareil digestif
Orifice : Ombilic
Relations : Chakra Manipura ou chakra du feu et Samana Vayu
Marma : Nabhi (ombilic)
Varuna
Départ : Base colonne vertébrale
Trajet : Jusqu’au chakra du cœur et de là traverse tout le corps
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Fonction : Fournit le prana à tout le corps par l’intermédiaire de la peau et des
appareils respiratoire et circulatoire. Permet la manifestation d’émotions très
profondes.
Orifice : Peau
Relations : Chakra Anahata ou chakra de l’air et vyana vayu
Marma : Hridaya (cœur)
Sarasvati
Départ : Base colonne vertébrale
Trajet : Jusqu’au chakra Vishuda (gorge). Une ramification atteint l’extrémité de
la langue.
Fonction : Fournit le Prana à la gorge, à la bouche, à la langue et aux organes de la
phonation. Permet de parler, chanter, d’éprouver des sensations gustatives.
Orifice : Bouche et gorge
Relations : Chakra vishuda ou chakra de l’éther. Udana vayu.
Marma : Bout de la langue (hors marmas traditionnels Nila et Manya)
Sushumna
Départ : Base de la colonne vertébrale. La plupart des textes la font partir du
Muladhara, d’autres du kandashtana (Shat chakra Nirupana) et du cœur pour la
Chandogya Upanishad.
Trajet : Suit la colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête, de là de nombreux
nadis desservent la région de ajna. Son point terminal est la porte de Brahman au
sommet du crâne. De là « s’ échapperaient » prana et Kundalini shakti.
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Fonction : Fournit l’énergie à la colonne vertébrale, au cerveau, au tissu nerveux.
Il consolide le tissu osseux. Orifice : Les yeux et le point entre les yeux.
Relations : Recueille et distribue l’énergie de tous les nadis en particulier des huit
nadis qui prédominent à droite et à gauche. En relation avec pranavayu, le prana, tejas et
ojas.
Marma : Sthapani (entre les sourcils) Adhipati (sommet du crâne)
Pingala
Départ : « du côté droit » de Muladhara
Trajet : s’éléve en spirale autour ou à droite de Sushumna en effectuant un
croisement à chacun des chakras, elle atteint la narine droite et y conduit le prana. Elle
régit aussi la fosse nasale droite. Elle se termina en Ajna pour certains auteurs, pour
d’autres elle s’arrête au niveau des narines. Aucune des sources traditionnelles
indiennes ne mentionne le croisement des deux nadis, même si ce dernier semble admis
aujourd’hui par la plupart des auteurs.
Fonction : Canal pranique qu’emprunte l’élément feu et les activités de pitta
(digestion et pensée critique)
Orifice : narine droite
Relations : avec Muladhara qui gouverne le sens de l’odorat. Fournit le Prâna au
côté droit du corps et stimule tous les Nâdis du côté droit.
Marma : Phana droit
Ida
Départ : Part du « côté gauche » de Muladhara
Trajet : S’élève en spirale autour ou à gauche de sushumna en effectuant un
croisement à chacun des chakras, atteint la narine gauche et y conduit le prâna. Régit
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aussi la fosse nasale gauche. Elle se termine au niveau d’ajna pour certains auteurs, pour
d’autres elle s’arrête aux narines. Aucune des sources traditionnelles ne mentionne le
croisement des deux nadis, même si ce dernier semble admis aujourd’hui par la plupart
des auteurs.
Fonction : Canal pranique de l’élément eau et des fonctions de kapha (sommeil et
croissance tissulaire). Alimentation de tout le corps en prana.
Orifice : Narine gauche
Relations : Chakra muladhara et sens de l’odorat. Fournit l’énergie au côté gauche
du corps et stimule tous les nâdis du côté gauche.
Marma : Phana gauche
Pusha
Départ : Sort d’ajna
Trajet : Se ramifie et atteint l’œil droit qu’il fournit en Prâna
Fonction : Gouverné essentiellement par le prana source d’énergie du sensorium.
D’une grande importance car « l’Atman réside dans l’œil droit pendant l’état de veille ».
Orifice : œil droit
Relations : Relié à alochaka pita qui régit les yeux et à manipura chakra qui régit
la vue.
Marma : Apanga droit.
Gandhari
Départ : sort d’ajna
Trajet : En se ramifiant atteint l’œil gauche et le fournit en prana
Fonction : Favorise rêve, imagination et créativité
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Orifice : œil gauche
Relations : Alochaka pita et manipura chakra qui gouverne la vue
Marma : Apanga gauche
Payasvini
Départ : Sort d’Ajna
Trajet : En se ramifiant atteint l’oreille droite.
Fonction : fournit l’oreille droite en prâna. Gouverne la trompe d’Eustache droite.
Orifice : Oreille droite
Relations : Reliée au vishuda chakra qui gouverne l’audition.
Marma : Vidhura droit
Shankini
Départ : Sort d’ajna
Trajet : En se ramifiant atteint l’oreille gauche.
Fonction : Fournit l’oreille gauche en prâna. Gouverne la trompe d’Eustache
gauche.
Orifice : Oreille gauche
Relations : Reliée au vishuda chakra qui gouverne l’audition
Marma : Vidhura gauche
Yashasvati
Départ : Muladhara chakra
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Trajet : Remonte au Manipura d’où il sort en se ramifiant.
Fonction : Fournit le Prâna au pied droit et à la main droite. Son énergie se
concentre au milieu de la main droite et du pied droit. De là, elle rayonne vers les cinq
doigts et les cinq orteils et aboutit principalement au pouce et au gros orteil droit.
Orifices : Extrémité du pouce et du gros orteil droit.
Relations : La paume de la main droite comme l’œil droit est reliée à l’atman et
recèle un fort pouvoir curatif. Lien avec vyana vayu.
Marma : kshipra et talahridaya à droite (mains et pieds).
Hastijihva
Départ : Muladhara chakra
Trajet : Remonte au manipura d’où il sort en se ramifiant.
Fonction : Fournit le prâna au pied gauche et à la main gauche. Son énergie se
concentre au milieu de la main gauche et du pied gauche. De là elle rayonne vers les cinq
doigts et les cinq orteils et aboutit principalement au pouce et au gros orteil gauche.
Orifices : Extrémité du pouce et du gros orteil gauche.
Relations : La paume de la main gauche est apaisante, rafraîchissante et
nourrissante, elle est en relation avec l’élément eau. Lien avec vyana vayu.
Marma : kshipra et talahridaya à gauche (mains et pieds).
Shura
N’est mentionné que dans la Yoga Shika Upanishad, il monterait de manipura à
ajna. Pas d’autres précisions.
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Vajra et Chitrini Nadis
Selon la Sat Chakra Nirupana sont des canaux plus fins contenus à l’intérieur de la
sushumna nadi. Les trois strates de sushumna seraient en rapport avec ses différentes
fonctions.
D’autres sources mentionnent Medha Nadi, située entre le bas‐ventre et l’ombilic
qui jouerai un rôle dans la transformation de l’énergie sexuelle (reta) en ojas.
Swami Satyananada évoque deux canaux supplémentaires : arohan et awarohan
utilisés dans certaines pratiques tantriques proches techniquement de la petite
circulation du nei dan chinois.
Les correspondances suivantes résument selon le système décrit par David
Frawley les principaux rapports entre les chakra, les nadi et les marma associés :
1) SAHASRARA – Sushumna – Sthapani (entre les sourcils) et adipati (sommet crâne)
2) AJNA – Ida, Pingala ‐ Phana (narine gauche et droite)
Pusha, Gandari ‐ Apanga droit et gauche (oeil droit et gauche)
Payasvini, Shankini ) ‐ Vidhura droit et gauche (oreilles dr et ga)
3) VISHUDA ‐ Sarasvati ‐ Bout de la langue
4) ANAHATA ‐ Varuna – Hridaya (cœur)
5) MANIPURA – Vishvodara – Nabhi (ombilic)
6) SWADISHTANA – Kuhu – Basti (vessie)
7) MULADHARA – Alambusha – Guda (anus)
Yashasvati – Kshipra et talahridaya (main et pied droits)
Hastijihva ‐ Kshipra et talahridaya (main et pied gauche)
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Les cent sept marmas ou varmas
Le seul ouvrage paru en anglais et en français qui livre une étude précise des
marmas traditionnels est celui de D. FRAWLEY, S. RANADE et A. LELE (« Ayur‐Veda and
Marma Therapy »).
Nous ne reprendrons pas dans ce travail les descriptions précises fournies par
ces auteurs. Nous nous limiterons à ne citer qu’un certain nombre des particularités des
marma ou varma dans le système médical indien traditionnel. Leur description classique
provenant des trois grands textes de la Médecine Ayur‐Védique : Charaka, Sushruta et
Vagbhatta.
Il existe plusieurs définitions des marma dans les textes classiques.
‐ Globalement les marma sont des structures énergétiques en rapport avec le
corps, l'esprit, le prana et les dosha. Ce sont des points clés reliés à tous nos aspects
énergétiques depuis la conscience la plus profonde jusqu'aux organes dont les fonctions
sont essentiellement physiques.
‐ Charaka définit les marma comme des emplacements où se trouvent à la fois des
muscles, des veines, des ligaments, des os et des articulations mais ces différentes
structures ne sont pas nécessairement présentes dans chaque marma. Les marma sont
donc des centres de liaison ou des carrefours de structures différentes.
‐ Selon Vagbattha ce sont des emplacements où se retrouvent des nerfs importants
ainsi que des structures organiques connexes telles que les muscles et les tendons.
‐ Vagbattha explique que les zones qui sont douloureuses ou très sensibles où qui
se manifestent par des pulsations anormales doivent aussi être considérées comme des
marma ou des points vitaux, quelles que soient leur structure anatomique. Ce sont les
sièges d'une activité pranique intense. En d'autres termes, tout point sensible du corps
est un marma potentiel. Toute zone qui a été blessée devient une sorte de marma
jusqu'à ce qu'elle soit guérie.
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‐ Pour Sushrupta, les marma sont des zones ou les trois dosha sont présents ainsi
que leurs formes subtiles: prana, tejas et ojas.
‐ Pour Dalhana "Un marma peut causer la mort si on le blesse". Dans le meilleur
des cas il entraîne des « pathologies difficiles à traiter ».
‐ Enfin les marma sont les lieux de rencontre du corps et de l'esprit. Leur
stimulation est donc susceptible de provoquer des réactions de libération émotionnelle
(vasana) en rapport avec des imprégnations inconscientes (samskara).
Pour Sushruta le corps comporte 107 marma dont il souligne l’importance en
chirurgie. On compte habituellement 107 marma primaires et 51 zones de marma
primaires.
Sushruta ainsi que de nombreux auteurs signalent des marma autres que les 107
principaux. La peau serait par exemple le 108e marma qui relie tous les autres.
Charaka mentionne six zones majeures de marma dans le corps : la tête, le cou, le
cœur, la vessie, le système endocrinien (ojas) et le système reproducteur (chukra).
Parfois ne sont citées que trois zones majeures : tête (shira), cœur (hridaya) et vessie
(basti).
Le corps est structuré par un champ d’énergie complexe dont les marma sont les
points relais qui nous permettent de contrôler des processus psychologiques ou
physiologiques.
Leur palpation fait partie de l’examen traditionnel en Médecine Védique. Leur
traitement repose sur la pression, la chaleur, les plantes ou les huiles essentielles. On
peut agir sur l’énergie profonde de l’organisme par l’intermédiaire des marma.
Les marma sont liés aux nadi et aux Chakra du corps pranique (prana sharira). Ils
régissent l’interface, les échanges énergétiques et informationnels entre corps physique
(shtula) et subtil (sukshma sharira) dont le prana sharira fait partie. Ce sont des centres
énergétiques ou la force (prana) s’accumule et circule.
Ils jouent un rôle clé dans le yoga en particulier dans les postures (asana)
pratiques respiratoires (pranayama) et méditation (samyama).
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Ils correspondent à de nombreuses structures anatomiques tant superficielles
que profondes (viscères). On agit facilement sur les marma externes, on agit sur les
marma internes par leurs « points réflexes » situés en surface.
Le Marma vidya est la science des marma.
Le Marma chikitsa est la thérapie des marma qui traite selon l’Ayur‐Veda « Un
grand nombre de maladies ».
Ce sont avant tout des centres par lesquels passe le prana, force vitale (lifeforce)
sous‐tendant tous les processus physiologiques et indirectement psychologiques.
Classification des marmas : Ils sont classés en marma thérapeutiques et marma
« susceptibles de donner la mort ». La deuxième catégorie concerne des points
susceptibles de « nuire à la force vitale », de provoquer « une perte de connaissance ou
la mort », ils jouent un rôle important dans les arts martiaux indiens.
Les marma thérapeutiques sont souvent situées sur les bras et les jambes.
Les marma ont une localisation anatomique mais leur définition est énergétique,
elle s’effectue en termes de prana et de dosha.
Leur localisation n’est pas nécessairement fixe mais dépend de l’état pranique du
sujet.
Les marmas régulent le mouvement de l’énergie dans les nadi, ils sont en rapport
étroit avec les structures anatomiques, les organes et les orifices du corps physique.
Mesure des marma : On utilise l’anguli parimana (largeur moyenne d’un doigt à
sa base). Leurs dimensions peuvent varier considérablement.
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De très nombreux marma ne mesurent qu'un demi anguli, par contre des marma
tels que hridaya (cœur) mesurent plus de quatre anguli (correspondant à la largeur de la
paume de la main).
« Lorsqu'on traite les marma par massage, leur localisation précise n'est pas d’une
très grande importance » (Frawley).
La tradition décrit pour chaque marma : Sa localisation (sthana), son type
(prakara), son extension (promana) et ses effets (parinama).
Les principaux marma sont, selon Swami Joytimayananda :
Au niveau du membre supérieur : 22
Hirdayam : Centre de la paume des mains (2)
Kakshadara : (ce qui soutient le flanc) Racine du majeur (2)
Kashipra : (résultats rapides) Entre le pouce et l’index (2)
Manibandam : (bracelet) Intérieur du poignet (2)
Kurchashira : (tête de Kurcha) Centre du poignet (2)
Indravasti : (flêche d’Indra) Centre de l’avant‐bras (2)
Ani : (pointe d’une aiguille) Sur les coudes (2)
Karpura : (articulation du coude) Extérieur des coudes (2)
Urvi : (ce qui est large) Centre des biceps (2)
Lohita : (articulation rouge) Aisselles (2)
Bahvi : (en rapport avec le bras) Partie antérieure ou interne des épaules (2)
Au niveau du membre inférieur : 22
Hirdhayam : Centre des pieds (2)
Kurcha : (nœud ou faisceau) Coup de pied, racine gros orteil (2)
Kshipra : (résultats rapides) Racine du gros et du second orteil (2)
Gulpha : (articulation de la cheville) Sous la cheville ou articulation de la cheville (2)
Kurchashira : (tête de Kurcha) Cheville, base de l’articulation du gros orteil (2)
Indravasti : (flèche d’Indra) Mollets, milieu partie inférieure de la jambe (2)
Janu : (articulation du genou) Derrière le genou (2)
Ani : (pointe d’une aiguille) Sur le genou (2)
22
Urvi : (ce qui est large) Centre du muscle, milieu de la cuisse (2)
Vitapa : (ce qui est chaud et douloureux) Aine, périnée (2)
Lohita : (articulation rouge) Insertion du muscle fessier (2)
Au niveau antérieur thoracoabdominal : 12
Apashtam : Sous la clavicule (2)
Apalapa : (sans défense) Côtés du sternum, aisselles (2)
Stanarohitam : (partie supérieure de la poitrine) Sur le sein (2)
Stanamula : (base de la poitrine) Racine du sein (2)
Hridayam : (cœur) Cœur ou plexus solaire (1)
Nabhi : (ombilic) Ombilic (1)
Vasti : Sur le pubis (1)
Gudam : (anus) Anus ou périnée (1)
Au niveau dorsal : 14
Amasa : (épaule) Muscles des épaules (2)
Kakshadar : (ce qui soutient le flanc) Haut de l’articulations des épaules (2)
Amsaphalaka : (omoplate) Omoplate (2)
Vrat : Toute la colonne vertébrale (1)
Parshvasandi : (côté de la taille) partie supérieure des hanches ou côtes flottantes (2)
Nitamba : (fesses) Crête iliaque ou partie supérieure des fesses (2)
Kukundara : (signale les reins) Sacrum ou de chaque côté de l’EIPS (1)
Katika : (articulation de la hanche) Sur le muscle fessier (2)
Au niveau de la tête et du cou : 38
Adhiti ou Adhipati : (suzerain) Sommet de la tête (1)
Simanta : (sommet) Articulations ou sutures crâniennes (5)
Ajna ou Sthapani : (ce qui soutient ou fixe) Entre les sourcils (1)
Avarta : (calamité) Extrémité latérale ou point médian du sourcil (2)
Shanka : (conque) Tempes (2)
Utshepa : (situé vers le haut) Derrière ou au‐dessus les oreilles (2)
Vidhura : (angoisse) Derrière et sous les oreilles (2)
Phana : (capuchon du cobra) Aile du nez (2)
23
Shiringa : (carrefour de quatre routes) Sous l’arc zygomatique (4)
Mantha : Côtés du cou (2)
Manya : (honneur) Sur la gorge ou côtés du haut du cou (2)
Matruka : Sur la gorge (5)
Nila : (bleu‐foncé) Sur la clavicule ou base de la gorge (2)
Karikatika : Derrière la nuque (2)
Dhamani : Sur le cou (4)
Nous avons complété cette énumération par le nombre de chaque point donné
par Swami Joytimayananda ainsi que par la signification des termes sanskrits donnée
par David Frawley.
Les noms ainsi que les localisations des points varient considérablement entre
ces deux auteurs. Il est de ce fait difficile d’établir des correspondances précises entre
les marma et les points d’acupuncture.
24
Approches modernes
L’acupuncture indienne moderne
Il établit par ailleurs les correspondances suivantes :
Sahasrara : Esprit, intellect, chakra du prana
Ajna : Siège de l’esprit et centre du prana ( ?)
Vishuda : Chakra de l’éther, en relation avec vata (vent), foie et vésicule biliaire
Anahata : Chakra du vent, en relation avec poumon et gros intestin
Manipura : Chakra du feu, rattaché à cœur et IG, en relation avec pitta et le foie.
Swadisthana : Chakra de l’eau, en rapport avec les reins et la sexualité, en relation
avec kapha, l’eau ainsi que vata le vent.
25
Muladhara : Chakra de la terre, en relation avec vata et kapha, exerce une
influence sur la rate et l’estomac.
Il évoque de plus l’existence de « chakras secondaires au niveau des poignets,
coudes, genoux et chevilles » que l’on retrouve ailleurs dans la tradition indienne.
Même si l’idée de rapprocher la médecine védique et l’acupuncture est
intéressante, son ouvrage demeure dans l’ensemble assez peu convaincant.
La médecine tibétaine
Existe depuis un millénaire environ et bien que partiellement dérivée des
médecines chinoise et indienne elle constitue un système original possèdant un certain
nombre de spécificités. Son système énergétique est des plus intéressants. L’homme
possède 72000 rtsas (nadi) transportant tsog‐lung (prana) à travers chaque partie du
corps selon un trajet déterminé par le cycle de la lune. Les canaux forment le phra‐bailus
(prana‐sharira) qui contient tous les points utilisés en acupuncture et moxibustion. Il
existe trois rtsas principaux :
Uma, le canal central transportant l’énergie lung (« vents »), relié à l’air et à la
force vitale subtile. Roma, le canal solaire transportant l’énergie tripa (« chaleur »), qui
correspond au sang et aux veines. Rkyan ma, le canal lunaire transportant l’énergie
bekan (« lubrification »), qui concerne l’eau et les veines.
Le Roma et le Rkyan ma s’enroulent autour de l’axe central Uma. Leurs points de
croisement constituent les Khorlo (chakras). Pour le Gyushi (Les quatre traités du tantra
médical tibétain), chaque chakra contient quatre canaux principaux qui se divisent en
vingt quatre secondaires, eux mêmes divisés en 500 canaux mineurs. Chacun des trois
canaux énergétiques principaux étant donc relié à 24000 canaux mineurs.
Au cours des trois premières semaines qui suivent la conception le tsog‐lung
(prana) se développe dans le srog rtsa (« canal de vie ») situé entre le cœur et l’ombilic.
Vers la neuvième semaine tous les chakra sont formés et les 72000 nadi se déploient
dans le corps.
26
Les chakra sont assimilés par certains amchi (médecins tibétains) à des
« Ganglions nerveux se situant à proximité des glandes endocrines. Ils agissent comme
des pompes ou des valves qui régulent le flux d’énergie circulant dans le corps » (Ralph
Quinlan Forde).
27
Discussion
Divergences, Convergences et équivalences
Les deux grands systèmes énergétiques paraissent au premier abord très
différents voire contradictoires.
Le système indien décrit surtout des liens entre chakra et périphérie.
Principalement entre ajna et les organes sensoriels et entre les 5 chakra situés sur l’axe
central (sushumna) et la périphérie aux différents étages du corps.
Il aborde aussi, en insistant beaucoup, les relations entre les côtés droit et gauche
du corps matérialisées par ida et pingala. Il est de plus à noter que les nadi des côtés
droit et gauche du corps ne portent pas les mêmes noms.
Les marma ne sont pas spécialement décrits ou représentés comme situés sur des
canaux énergétiques particuliers à la manière des points d’acupuncture sur les
méridiens.
Le système indien décrit avant tout sept chakra disposés le long de la colonne
vertébrale. Ils sont associés à diverses fonctions sensorielles et organiques.
Cinq nadi correspondent aux cinq premiers chakra et les relient aux organes ou
zones associés.
Quatre nadi sont reliés au sixième chakra (ajna) et le connectent aux deux yeux et
aux deux oreilles.
Sushumna nadi relie le premier et le dernier chakra et constitue ainsi l’axe
principal de la circulation énergétique.
Ida et pingala s’inscrivent dans une dialectique droite‐gauche et alimentent en
prana l’ensemble de l’organisme. Il paraît admis que ces canaux se croisent à chaque
étage alors que de nombreuses illustrations anciennes les ont toujours représentés
décrivant une trajectoire directe le long de la colonne vertébrale.
28
Au kandashtana lié au centre ombilical nabhi (correspondant à manipura)
convergent les 72000 nadi qui desservent l’ensemble du corps pranique (prana‐sharira)
et par ce biais alimentent le corps physique (shtula‐sharira).
Il existe des chakra secondaires situés sur les grandes articulations des membres.
Certaines représentations anciennes les relient aux chakra principaux par des liens
directs, évoquant le sens de la circulation des chinois. Ces liens peuvent consister en un
simple trait ou en trois traits ce qui évoque d’autant plus les méridiens chinois.
On peut aussi établir un parallèle entre les points shu antiques et certains de ces
chakra mineurs. Les points He se situeraient au niveau des chakra des coudes et des
genoux par exemple.
Les chakra des mains et des pieds correspondraient aux points laogong et
yongquan entre autres. A noter que ces deux chakra portent le nom sanskrit de
Hridayam, soit « le cœur », ce qui n’est pas sans évoquer les cinq coeurs de la MTC.
Il existe répartis sur l’ensemble du corps 107 marma ou varma qui sont les points
relais de la distribution énergétique. Ces points dotés de propriétés thérapeutiques ne
semblent pas, dans les représentations habituelles, reliés par des lignes longitudinales
comparables aux méridiens.
Les marmas semblent, par contre, communiquer directement entre eux et dans
toutes les directions de l’espace. Certaines figures anciennes montrent des lignes de
circulation énergétique extérieures aux contours du corps physique.
Il semble donc que le prana ait la possibilité de « sauter » directement d’un
marma à l’autre sans passer nécessairement par un trajet spécifique situé à l’intérieur
du corps. A moins que de par sa nature, il ne « circule » pas comme un liquide, mais « se
propage » comme un champs magnétique ?
Sa circulation ne semble contenue que par les limites du corps pranique, qui
selon les descriptions traditionnelles, serait de forme sphérique ou ovoïde (kanda ou
hiranyagarbha).
Selon d’autres sources, il déborderait à peine la peau. Dans tous les cas il n’est
pas strictement contenu dans les limites spatiales du corps physique.
29
La métaphore d’une circulation énergétique intense dans l’axe central
(Sushumna) qui, à la manière d’un courant électrique induirait un champs magnétique
de forme globalement ovoïde et qui alimenterait l’ensemble du système énergétique est
très répandue dans le monde indien.
La métaphore du courant électrique induisant un champ magnétique est
couramment retrouvée dans les ouvrages modernes d’auteurs indiens tentant de décrire
la structure de prana‐sharira.
On retrouve par ailleurs des gravures indiennes anciennes décrivant des
microsystèmes au niveau des mains et des pieds, ces correspondances semblent avoir eu
une utilisation essentiellement diagnostique mais pas thérapeutique.
Il existe certaines représentations liant les cinq doigts de la main à cinq organes
par une sorte de « méridien » sans autre explication ni commentaire sur la nature de ce
lien.
« La racine de toutes les nadis est kandashtana, large de neuf doigts est située au
dessus du muladhara et son centre en est le nombril. Les nadi quittent kandashtana
horizontalement et verticalement » (Jabala darshana upanishad)
« Selon les textes sur le Yoga, le nombril est un kandashtana (kanda : œuf ou
bulbe ; sthana : région). La racine de tous les nadi se trouve dans la région ombilicale
d’ou partent 72000 nadi. Chaque nadi est relié à 72000 autres nadi. Ces 72000 nadi
multipliés par 72000, se ramifient en différentes directions, fournissant de l’énergie au
corps tout entier » (BKS Iyengar, Patanjala yoga pradipika)
Nous noterons la notion commune d’un axe central sushumna pouvant être
apparenté à dumai, renmai ou chongmai. Les points du dumai pouvant pour partie être
assimilés aux points « racine » des chakra.
30
Leur kshetra s’ouvre sur la face antérieure du corps au niveau du méridien
renmai, mais aussi des autres méridiens thoraco‐abdominaux qui peuvent avoir des
liens avec les points mu de l’acupuncture.
Il existe de nombreuses similitudes entre les descriptions classiques de
sushumna et de chongmai. Cette analogie concerne essentiellement la branche intra‐
vertébrale de chongmai.
On ne retrouve pas vraiment d’équivalents chinoise d’ida et de pingala qui
semblent constituer l’un des aspects les plus originaux du système indien.
On ne retrouve pas en Inde de représentation de la circulation énergétique
comparable dans sa précision et sa complexité aux trajets des méridiens principaux
chinois sur lesquels les points sont alignés longitudinalement et reliés ainsi à leur
viscère de référence.
On observe dans le système indien, au niveau des chakra un découpage
métamérique de l’axe central. On retrouve peu de découpages horizontaux comparables
dans le système chinois.
Le lien le plus évident entre les deux traditions est celui que constituent les
points beishu du méridien zutaeyang. Nous mentionnerons l’approche de certains
auteurs tels Gilles ANDRES ou Robert HAWAWINI qui évoquent l’importance et les
similitudes de propriétés des alignements horizontaux de points d’acupuncture sans que
ce type de liens ne soit clairement formalisé dans la tradition chinoise.
Il existe donc des divergences importantes entre les descriptions des canaux
indiens et des méridiens principaux chinois.
Dans ses recherches Hiroshi Motoyama à développé une argumentation en faveur
d’une identité des deux systèmes et à tenté d’établir quelques équivalences. Il a souligné
les possibles correspondances suivantes :
31
Alambusha – Ren Mai
Kuhu – Méridien du Foie
Shankini ‐ Méridien du Rein
Sarasvati – Méridien Rate‐Pancréas
Varuni et chitra – Pas de liens avec les méridiens chinois
Payashvini ‐ Méridien de la vésicule biliaire
Shura – Quelques liens avec DuMai
Visvodari – Méridien de l’estomac
Les seuls tableaux disponibles dans des ouvrages anglais, américains ou français
sur les correspondances entre les chakra, les nadi, les méridiens et les loges organiques
chinoises émanent le plus souvent d’auteurs modernes de tendance syncrétiste voire
même « new‐age », manquant de rigueur scientifique et qui n’ont que très rarement
entretenu des liens avec les sources traditionnelles.
Les seules correspondances que nous pourrions établir entre les chakra et les
cinq organes chinois pourraient être les suivantes :
Vishuda – Poumon
Anahata – Cœur
Manipura – Rate
Swadhistana – Foie
Muladhara – Rein
Mais dans ce cas les équivalences symboliques relatives aux cinq mouvements ne
correspondent plus.
32
L’impossibilité d’établir une correspondance entre les cinq éléments indiens et
les cinq mouvements chinois est liée à la position du feu associé au cœur en MTC et au
système digestif en médecine védique.
Une tentative de rapprocher les deux systèmes ne pourrait se faire que par des
choix plus ou moins arbitraires entre les représentations contradictoires de ces deux
traditions.
Une autre option serait de compliquer les choses en tentant d’intégrer les deux
approches dans un système plus complexe…
33
Conclusions et perspectives
Le système énergétique chinois a été développé par des acupuncteurs qui
utilisaient des aiguilles à des fins thérapeutiques sur des points nécessairement précis
du corps et par des pratiquants de qigong qui l’utilisaient à des fins thérapeutiques, de
longévité ou spirituelles.
Le système indien est issu de la pratique des yogin qui tentaient de contrôler leur
corps dans un but spirituel ou magique et qui, pour cela, recherchaient des états
modifiés de la conscience (samadhi), des pratiquants d’arts martiaux qui visaient à la
neutralisation d’un adversaire ou des praticiens de la médecine védique recherchant des
effets thérapeutiques principalement par des techniques de massage et de
phytothérapie.
Les descriptions traditionnelles des circuits énergétiques sont le plus souvent
schématiques, pragmatiques et d’expression lapidaire. Elles varient en fonction des
priorités, des finalités et surtout des techniques employées.
Dans tous les cas elles n’aspirent pas à décrire la réalité de manière fidèle et
précise, cette dernière étant supposée échapper à toute tentative de conceptualisation
ou description. Dans certains cas, un langage, qu’Eliade qualifie d’ « intentionnel » est
employé afin de dissimuler certaines données, ce qui ne facilite pas la compréhension
des textes.
Il semble que le système indien définisse de façon prioritaire des relations
énergétiques internes entre les chakra et les différentes parties du corps sans que cela
ne débouche sur un modèle aussi élaboré que celui des chinois, qui ont décrit des
méridiens principaux et secondaires aux trajets complexes et des points cutanés précis
dans la mesure ou ils sont traités par des aiguilles ou des moxas.
Le point d’acupuncture tel que définit par les chinois pourrait être l’intersection
entre la « zone énergétique » (marma) et les emplacements anatomiques pouvant être
traités sans risque de lésion par des aiguilles.
34
L’importance du canal central (Sushumna) dans le yoga, intervient dans les
modalités de l’expérience « enstatique » du samadhi (Eliade). L’ouverture ou l’activation
du canal central permet la montée de l’énergie kundalini qui « perce » (Abhinavagupta)
les chakra et « brûle » les résidus expérienciels (samskaras) à l’origine de nos
mouvements émotionnels (vasanas) et de notre mémoire émotionnelle (smriti)
génératrice de souffrance (dukkha). La destruction complète de ces germes (nirodah)
conduisant à la liberté ultime (moksha ou kaivalya).
L’utilisation médicale et thérapeutique du yoga existe, mais semble s’être
développée plutôt à l’époque contemporaine. Il semble que la médecine Ayur‐Védique
ait connu de longues périodes d’obscurcissement liées à l’histoire de l’Inde et à ses
invasions et colonisations successives : Indo‐européens, moghols, britanniques… Ainsi
qu’à l’évolution de sa culture, période dravidienne, période védique, développement du
Bouddhisme…
La diffusion du Bouddhisme vers la Chine et les autres pays de l’extrême orient a
peut‐être été à l’origine d’une influence de la médecine indienne sur la médecine
chinoise (exercices de Bodhidharma).
Il apparaît par contre clairement que l’acupuncture indienne moderne n’est
qu’une tentative de reconstitution d’un hypothétique passé, voire une pure création
contemporaine, empruntant la plupart de ses éléments à la médecine chinoise.
Une piste intéressante et peut‐être prometteuse de recherche serait la
confrontation des textes abordant les propriétés thérapeutiques des points
d’acupuncture chinois et celles des marma indiens.
Il n’existe pas à l’heure actuelle de textes classiques indiens comparables à ceux
de l’acupuncture chinoise en langue française ou anglaise.
Rien ne permet d’affirmer que de tels textes existent ou aient existé en Inde et
que, le cas échéant, ils soient le reflet d’une tradition authentique, ancienne et
consensuelle comme c’est le cas pour la tradition chinoise.
On retrouve dans toutes les cultures de l’Asie l’idée d’une circulation énergétique
avec des centres, des canaux et des points de convergence, de contrôle ou d’accès.
35
Il est possible d’affirmer que les systèmes coréen, vietnamien, tibétain et japonais
proviennent du système chinois même si, ils ont, au fil de leur histoire, acquis leur
propre identité.
Le système indien possède son originalité propre et semble avoir influencé
surtout les systèmes Tibétain et Thaïlandais. Ces deux médecines se fondaient
initialement sur le système indien mais en ont divergé considérablement au cours de
leur histoire en intégrant, entre autres, un certain nombre d’éléments de la MTC.
Il existe en Afrique et en Amérique du sud des traditions anciennes relatives à des
« points » thérapeutiques, mais aucun modèle théorique ne semble avoir été élaboré par
ces cultures qui soit à même d’expliquer ces propriétés.
On ne sait rien de l’origine réelle des diverses théories. Y a t’il eu des
« conférences de consensus » tirées de l’expérience de nombreux praticiens, des
synthèses personnelles de théoriciens de génie, ou comme l’affirment certaines
traditions, des Rishi (ou Daoren) dotés de la « perception directe » (drishta) de la
circulation énergétique liée à la pratique intensive du yoga ou du qigong ?
Il est difficile de bien connaître le système énergétique indien car contrairement
au système chinois il semble s’être développé dans le secret des traditions familiales et
ne semble pas avoir été éprouvé et validé lors de débats contradictoires entre
professionnels. Il n’a pas été consigné tout au moins de manière détaillée dans des
ouvrages classiques accessibles. Enfin l’histoire chaotique de la civilisation indienne ne
lui a pas permis d’atteindre l’expansion et le développement qu’il aurait mérité de
connaître et qu’il a peut‐être connu à des époques plus reculées, notamment au cours de
la période dravidienne (Civilisation de l’Indus) ou la transmission se faisait de manière
exclusivement orale.
Il semble qu’à l’heure actuelle l’acupuncture chinoise soit le seul système
énergétique complet qui ait fait l’objet de débats et de consensus depuis plusieurs
siècles ou millénaires et qui ait été consigné sous forme de traités devenus classiques et
dont le contenu n’a pas fondamentalement varié depuis plusieurs millénaires.
Dans son livre « Nuad Boran », Charles Breger après avoir longuement décrit
l’histoire du système Thaïlandais précise qu’il existe en Thaïlande trois catégories de
36
masseurs traditionnels :
‐ Ceux qui utilisent le système traditionnel chinois
‐ Ceux qui utilisent le système indien
‐ Et ceux qu’il qualifie de « chamaniques » et qui travaillent « intuitivement »
La confrontation des deux grands systèmes orientaux et l’idée de l’existence
d’une troisième approche que l’on pourrait qualifier d’intuitive ou « intuitionniste » de la
complexité du phénomène énergétique, nous a conduit aux considérations suivantes qui
pourraient constituer autant de pistes de recherche :
‐ La connaissance intuitive, prajna en sanskrit, panna en pâli, ban‐ruo ou hui en chinois
et hannya en japonais est « la connaissance directe de la vérité qui mène à la libération »
(Philippe Cornu). Dans le bouddhisme « elle constitue un niveau ordinaire de
discernement, l’un des facteurs déterminants de l’esprit qui permet d’investiguer les
qualités de l’objet examiné » (Philippe Cornu). Elle peut‐être le fruit d’un entrainement
(upaya), mais ne constitue pas une pratique par elle‐même.
A noter que dans la physiologie tantrique prajna est assimilée au canal gauche (ida ou
lalana) et upaya au canal droit (pingala ou rasana).
‐ Du point de vue de la théorie générale des systèmes du biologiste Von Bertalanffy, les
points énergétiques pourraient être considérés en tant que régulateurs homéostatiques
d’un système global ouvert sur son environnement capable de recevoir et de fournir de
l’information sur son propre état par le biais d’un système de rétroaction biologique
(biofeedback) dont ils seraient tout au moins en partie le support.
‐ La MTC utilise, entre autres, une combinaison de plusieurs systèmes binaires : Yin‐
Yang, plein‐vide, chaud‐froid, « empilés » ou superposés à la manière des trigrammes et
hexagrammes du YiJing. Les phénomènes énergétiques pourraient dans leur réalité
complexe ne pas seulement répondre à une logique binaire mais plutôt à une logique
« floue ». Cette « fuzzy logic », définie dans ses principes par le mathématicien Zadeh, à
permis d’opérer « sur des éléments dont les états ne sont pas binaires ». Ce système
37
s’affranchit notamment des principes de tiers exclu et de non‐contradiction et suscite
une autre manière, beaucoup plus proche de la pensée de l’Orient, d’appréhender dans
leur signification profonde et dans leur richesse les dualités apparentes.
‐ L’appréhension du comportement de tels systèmes complexes ne pourrait se faire que
de façon intuitive (« chamanique » ?) c’est à dire immédiate, directe et non inférentielle
à la manière d’un « sentiment d’évidence difficilement explicable » et ne pouvant dans le
cas présent, qui est celui de la médecine, être validé que par les résultats obtenus. Cette
approche nous paraît rejoindre le point de vue des sources orientales traditionnelles
ainsi que de certaines plus modernes comme Henri Bergson (« Il n’est d’autre
connaissance qu’intuitive » Jean‐Paul Sartre).
‐ Les points énergétiques pourraient échanger des informations à la manière des
neurones du système nerveux ou d’un réseau de neurones artificiels. Ce système est la
base moderne de la modélisation des circuits biologiques, il intègre plusieurs sources de
données à chaque étape de leur traitement ainsi qu’un possible système de rétroaction
par boucle. Les systèmes de calcul à base de réseaux de neurones formels s’appuyant
plus sur la perception et la capacité d’apprentissage que sur le raisonnement logique
linéaire.
‐ La théorie bioholographique (« embryo containing the information of the whole
organism ») de Yin‐Qing Zhang utilisant le modèle de la théorie holographique de Dennis
Gabor (1948) permet une autre approche, celle d’un ensemble de points contenant
chacun la totalité de l’information de notre système énergétique, mais y jouant chacun
un rôle particulier. D’un point de vue biologique, il est possible de risquer la métaphore
des cellules d’un organisme vivant qui contiennent chacune la totalité de son ADN mais
qui restent différenciées dans leurs fonctions. Cette image est plus particulièrement
pertinente en ce qui concerne les neurones. A l’instar des cellules biologiques chaque
point énergétique possèderait un rôle systémique et un ou plusieurs rôles spécifiques
différenciés.
‐ L’idée tantrique et essentiellement tibétaine, des bindu parentaux fusionnant avec
l’atmabindu du futur nouveau‐né pour former sa « goutte indestructible ». Ce « bindu de
38
l’individu » (bindu visarga) se « démultipliant » pour former les chakra puis les marma
principaux, générant entre eux les grands courants énergétiques puis la circulation
complexe des 72000 nadi. On obtient ainsi, à nouveau, l’idée d’un réseau décentralisé
dont chaque point contiendrait la totalité de l’information tout en conservant un rôle
spécifique et local. La spécificité de chaque point pouvant être en lien avec sa position
spatiale. Les lignes de tension énergétiques générées entre chaque point pourraient
avoir pour fonction d’organiser le vivant. Leur détérioration progressive, conséquence
de l’épuisement du « mandat céleste », auraient pour conséquence le vieillissement puis
la mort de l’organisme.
‐ Ce qui frappe le plus dans le système indien, c’est la proximité voire la similarité des
trajets des nadi avec ceux des voies et centres du système nerveux. Le prana, selon
certains auteurs contemporains, circulerait sur des trajets superposables ou identiques
à ceux des structures nerveuses. Les nadi représentent essentiellement, dans le schéma
de Frawley, des liens entre cakra et organes sensoriels ou niveaux métamériques. Les
marma réguleraient les échanges entre les principaux nadi ainsi que entre l’organisme
et le monde extérieur. Ils possèderaient une action régulatrice spécifique tout en
mémorisant le schéma d’ensemble.
Nous terminerons en précisant que la tentation de comparer les deux grands
systèmes énergétiques orientaux tout en les confrontant aux approches scientifiques
modernes, nous à semblé opérer à la manière d’un mandala ou d’un kong‐an (koan), qui
abîmerait notre esprit dans des considérations de plus en plus profondes sans pour
autant en faire surgir l’éclair du satori.
Craignant de trop « plonger la corde de notre pensée dans l’insondable »
(Gautama), nous nous limiterons dans le présent travail à ces quelques réflexions.
39
Seule représentation traditionnelle indienne connue des chakra et nadi.
40
Les quatorze nadi d’après Davis Frawley est une reprise moderne du schéma précédent.
41
Elément Terre Eau Feu Air Ether
Os Appétit soif
Tissus vaisseaux Fluides sommeil Muscles Emotions
Le système des correspondances symboliques en Médecine Ayur‐Védique. Tableau de
synthèse réalisé à partir de plusieurs sources traditionnelles. Il ne prends en compte que
les cinq premiers chakras. Les deux chakras céphaliques ayant essentiellement des
fonctions psychiques et spirituelles, ils sont en rapport avec Purusha (ou Atma), l’esprit
immuable par essence. Les cinq éléments ainsi que les cinq Koshas appartiennent au
monde de Prakriti, la Nature vivante et donc impermanente (Anitya).
42
Représentation indienne symbolique et anatomique du corps.
43
Il semble que les trois champs de cinabre soient le seul équivalent chinois des
chakra indiens.
44
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