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Alexandrescu-Vianu Maria. Remarques sur l'héroïsation thrace. In: Dialogues d'histoire ancienne, vol. 6, 1980. pp. 101-111;
doi : https://doi.org/10.3406/dha.1980.1402
https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_1980_num_6_1_1402
différents de héros (12). Les catégories qui retiendront notre attention seront
les deux dernières : (6) héros géographiques, généalogiques ou éponymes et
(7) personnages historiques.
Dans cette perspective il est aisé de classer le "нршс архауетпс (la
forme dorienne pour ápxnv^xnc ) du sanctuaire de Selymbria (13) comme
l'ancêtre d'une famille ou le fondateur de la ville, donc un héros généalogique
ou éponyme. Cette fois, l'épithète étant grecque, l'indication est claire. Si
l'hommage s'adresse à un héros désigné par une appellation d'origine thrace,
dont la signification semble être, souvent, celle d'un toponyme, on est ramené
aux héros géographiques enregistrés dans la classification de L.R. Farnell.
L'épithète emixowQ , qui n'est pas rare non plus, indique le Héros protecteur
de l'endroit. Certains historiens des religions, tout en acceptant
l'interprétation héroïque du « cavalier thrace », ne l'en considèrent pas moins comme
une divinité informe, changeante, sans autre structure propre que celle qu'il a
gagnée au rapprochement avec les divinités grecques. C'est l'avis de J. Bayet:
« Ainsi se trouvait-il, chez les Thraces, certaines tendances, et des plus
anciennes, propres à aider Г immortalisation de certains hommes sous forme
divine. Mais restait l'indétermination même de leurs types divins, que seule
pouvait corriger une influence grecque» (14). Point de vue partagé, en partie,
par I. Venedikov, qui pense que la religion thrace était fondée sur des assises
héroïques (15) (Rhésos, Orphée). Cependant, le savant bulgare persiste à voir
dans le «cavalier thrace» une divinité à fonctions multiples, notamment
funéraire (16). Quant à nous, il nous semble que s'arrêter là serait une
inconséquence du raisonnement, entraînant cette insatisfaction ressentie tour à tour
par tous ceux qui ont essayé de définir le caractère du dieu-cavalier. A cette
idée qu'il s'agit d'une scène d'héroïsation de type grec et dont la pénétration
a été assurée par les Grecs, à travers leurs monuments funéraires, à cette
hypothèse selon laquelle le Héros aurait le caractère plus ou moins local, ou
bien d'une divinité protéiforme répandue partout en Thrace, certains auront
de la peine à se rallier. Cette valeur protéiforme attribuée à une divinité dont
les fonctions supposées ne sont éclairées que par son contact avec l'une ou
l'autre des figures du panthéon gréco-romain dépend de l'explication qu'on a
donnée jusqu'à présent des sanctuaires découverts entre le Danube et les
Rhodopes. En effet, rien de plus déroutant que ces sanctuaires, présents en
grand nombre sur tout le territoire de la Bulgarie, où les reliefs au cavalier,
selon le même schéma visible sur les monuments funéraires, portent des
inscriptions dédicatoires adressées à des divinités gréco-romaines. Celles-ci y
sont même représentées, suivant les règles de l'iconographie classique, en
compagnie du cavalier.
A plus ample analyse, l'on constate qu'il existe des sanctuaires dédiés
exclusivement aux héros. L'un des plus importants est celui de Galata, au sud
d'Odessos, où furent célébrés "Hpuc Kapa&aauÓQ (IGB, l2, 284, 285, 286,
287,288,289,290), "нршс nepKoveCc(i&K/., 283 bis), "Hpos Тааауейс
(ibid., 291), "Hpcoç npoTtuÀaioQ (ibid, 291 bis). De la même provenance, la
stèle d'Agathénon, fils de Kléanor, qui a été élevé, après sa mort, à la dignité
de véos r\pcùç (ibid., 292). Si l'endroit de sa découverte était effectivement le
sanctuaire, il serait évident que le phénomène est le même qu'on a déjà vu
dans les sources grecques, le monument funéraire d'un mort héroïsé étant
placé dans un sanctuaire. Aucune divinité grecque ou romaine n'est connue
dans ce sanctuaire, dont les origines remontent au Ier siècle av.n.è. et qui
continue d'exister à l'époque romaine.
Trois autres sanctuaires, proches de celui de Galata, se trouvent à
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NOTES