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DROIT
classique, le tiers est véritablement étranger au contrat. Sans que celui-ci soit tourné contre lui, il ne lui
nuit ni ne lui profite. Le tiers est en position de neutralité. Tel n'est pas le cas dans le contrat d'assurance
où la présence d'un tiers est fréquente, qui plus est, prévue. C'est même souvent lui qui en sera le
bénéficiaire comme dans l'assurance de responsabilité ou dans l'assurance-vie. La cohérence de ce
DES ASSURANCES
droit se trouve donc dans le contrat d'assurance plus que dans les assurances. Or, ce droit spécial risque
d'éclater par la multiplication infinie des assurances spéciales qui surgissent constamment au fil des
textes voulus par le législateur d'une société redoutant le risque.
Le parti pris dans cet ouvrage est inverse : tout ramener au droit ordinaire de l'assurance. Le spécial doit
enrichir le général et non en altérer la dominante. C'est la raison pour laquelle le plan de cet ouvrage
est celui du déroulement ordinaire du contrat d'assurance sous toutes ses variantes : fondements
de l'assurance, distribution de l'assurance, risque, contrat, prime, sinistre, garantie d'assurance,
indemnisation, prescription biennale et litige, et en s'achevant par une présentation du dualisme des
4e édition
assurances spéciales ainsi que du particularisme de diverses assurances spéciales attachées aux
assurances des particuliers et aux assurances des professionnels.
Bernard BEIGNIER est professeur des universités, doyen honoraire de la faculté de droit et science
politique de l'Université Toulouse-Capitole et membre de l'Institut de droit privé de cette université.
Il est actuellement recteur de la région académique de Provence-Alpes-Côte d'Azur, recteur de l'académie
d'Aix-Marseille.
Sonia BEN HADJ YAHIA est maître de conférences, HDR, à la faculté de droit de l'Université de Corse
Pasquale Paoli. Membre de l’Équipe méditerranéenne de recherche juridique (UR 7311), elle est directrice
de l’IEJ de Corse.
Prix : 45 €
ISBN 978-2-275-09033-7
www.lgdj-editions.fr
Le Petit Atelier
BERNARD BEIGNIER
Professeur des universités
Doyen honoraire de la faculté de droit et science politique
de l’Université Toulouse-Capitole
Major pars ad se trahit minorem. Dès la 2e édition de ce manuel, Sonia Ben Hadj
Yahia, maître de conférences à l’Université Pasquale Paoli de Corté, y contribua ample-
ment. Ce fut, principalement, une mise à jour, laquelle, par principe, ne touche pas l’ar-
chitecture générale d’un ouvrage mais ne fait que le maintenir en lien avec l’actualité
législative et jurisprudentielle ; toutefois un vrai travail de complément fut déjà réalisé.
Ainsi, un nouveau chapitre fut de sa seule main. Mais, enfin, le livre demeurait large-
ment celui qui avait été conçu à l’origine. L’adage voulant que la part mineure se ratta-
che à la majeure pouvait s’appliquer.
Sonia Ben Hadj Yahia m’avait apporté une « collaboration » indispensable, en
considération de la rareté de mon temps libre, mais qui restait à cette mesure.
La troisième édition m’a permis de souligner tout ce que je lui dois et la valeur
ajoutée de sa part. Le livre a été revu dans sa structure pour tenir compte de ce à quoi
le droit positif oblige en n’imposant pas simplement de refaire les peintures mais
d’abattre les cloisons. Certains chapitres ont une nouvelle répartition et deux autres,
consacrés exclusivement aux assurances spéciales, sont de la plume de Sonia.
Enseigner le droit est une belle chose, l’appliquer est mieux. La vérité et la justice
commutative commandaient l’une et l’autre de donner, désormais, son entière place à
un « co-auteur » et non plus à une « collaboratrice ».
Il en est un peu de ce livre comme de certaines cathédrales de notre pays. D’abord
édifiées en style roman, elles ont souvent été achevées en style gothique. Je laisse le
lecteur contempler les flèches et les tours qui sont de la façon de Sonia. En principe,
c’est ce que le visiteur contemple d’emblée.
Bernard BEIGNIER
La quatrième édition (2021) de cet ouvrage fut l’occasion, outre d’une mise à jour
touchant en particulier les modes de distribution de l’assurance dont l’évolution est
considérable depuis deux décennies, d’une révision complète et systématique de toutes
les références de jurisprudence. Il ne sert à rien de les amonceler pour le plaisir de faire
masse. Certaines n’avaient plus de pertinence, d’autres pouvaient être remplacées par
des arrêts plus récents attestant le maintien d’une jurisprudence stable. Entre l’arrêt ini-
tial et le dernier arrêt, il est superflu d’empiler les références. Fréquemment et par sim-
plification, pour de plus amples références, il est renvoyé au Code des assurances des
éditions LexisNexis dont je dirige l’édition annuelle avec Jean-Michel Do Carmo Silva.
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SOMMAIRE
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LISTE DES ABRÉVIATIONS
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
I. Ouvrages
J. BIGOT (DIR.), Traité de droit des assurances. Les assurances de dommages, t. 5, par J. BIGOT, J. KULL-
MANN et L. MAYAUX, préf. G. DURRY, LGDJ, 2017.
R. BIGOT et A. CAYOL (DIR), Le droit des assurances en tableaux, préf. D. NOGUÉRO, éd. Ellipses, 2020.
J. BONNARD, Droit des assurances, Litec, 2016.
R. BOUT, Le droit des assurances, PUF, coll. Que sais-je ? no 1905, 1981.
G. BRIÈRE DE l’ISLE, Droit des assurances, PUF, Thémis, 1986.
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II. Mélanges
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
III. Revues
CHRONIQUES :
Dalloz : Droit des assurances terrestres, par H. GROUTEL ; depuis 2015 par M. BACACHE, D. NOGUÉRO,
L. GRYNBAUM et P. PIERRE.
Gazette du Palais : Droit des assurances : B. CERVEAU ET X. LEDUCQ (dir.) ; depuis 2020 par D. NOGUÉRO
ET X. LEDUCQ.
IV. Encyclopédies
V. Codes
B. BEIGNIER et J.-M. DO CARMO SILVA (dir.), Code des assurances commenté, LexisNexis.
J. BIGOT (dir.), Code des assurances commenté, L’Argus de l’assurance.
L. PERDRIX, Code des assurances et Code de la mutualité, Dalloz.
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PRÉSENTATION
1 Un droit à découvrir. Le droit des assurances est un droit omniprésent dans l’acti-
vité juridique et judiciaire mais il l’est moins dans l’enseignement du droit. Si l’on
excepte quelques facultés qui disposent et des moyens financiers et du personnel ensei-
gnant suffisant pour offrir une riche variété d’options durant l’année de master I, force
est de constater que l’étudiant risque fort de passer de longues heures à méditer sur les
méandres infinis du droit de la responsabilité sans connaître, en quelque sorte, le terme
de l’histoire qui est la garantie de l’assureur.
Ces contraintes des « maquettes » d’études aboutissent à des effets regrettables. Le
principal est de fausser les perspectives. Le droit commun des obligations est, nul ne le
lui contestera, le droit fondamental mais son application quotidienne ne se résume pas à
ses impératifs. Le droit des contrats est essentiellement celui des contrats spéciaux et le
droit de la responsabilité1 devenant de plus en plus un droit de la réparation et de la
garantie ne prend son sens qu’au regard de la technique de l’assurance. Or, l’assurance
présente ici une extraordinaire mine de réflexion2.
Parce qu’il est un contrat spécial parmi les contrats nommés, le contrat d’assurance
apporte à la théorie générale du contrat un terreau fécond.
Parce qu’elle est étroitement liée à la responsabilité civile, l’assurance fournit l’ex-
plication de son développement et en canalise les effets.
En cela, le cours de droit de l’assurance peut venir à point nommé à l’issue de la
licence comme un bassin de convergence de divers canaux3.
2 Un droit de découvertes. Son étude ne doit pas être celle d’un droit spécial qui
revendiquerait son autonomie, pire, son indépendance, à l’égard du droit général. Cer-
tes, le droit de l’assurance a des traits qui lui sont propres et un caractère marqué. Mais
il ne peut se comprendre qu’en contemplation du droit commun dont il dérive. À l’in-
verse, ce droit est le reflet de toute l’évolution contemporaine du droit des obligations.
Ainsi, la minoration de la faute et le rôle capital de la réparation dans la loi du 5 juillet
■ 1. Sur cette profonde évolution : M. POUMARÈDE, Droit des obligations, Cours LMD, LGDJ-Lextenso,
2014. Luc MAYAUX, Les grandes questions du droit des assurances, LGDJ, 2011, ch. 16 sur ce point,
p. 257.
■ 2. Comme le dit justement Luc Mayaux, « un contrat très spécial », in Les grandes questions du droit
des assurances, LGDJ, 2011, 1re partie.
■ 3. Sur ce point : L. MAYAUX, op. cit., 5e partie « Au carrefour des droits », p. 241 et s.
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1985 relative aux accidents de la circulation n’ont de fondement qu’au regard du droit
des assurances. De même, le contrat d’assurance souligne combien le principe du
consensualisme ne peut plus être conçu aujourd’hui comme il l’était il y a un siècle à
peine. Non seulement dans le contrat d’assurance le consentement de l’assuré est pro-
tégé, mais encore le contrat est élaboré pour ne pas dépendre du seul consentement,
même « libre et éclairé » de l’assuré. L’équilibre de ce contrat, fortement soumis aux
exigences de l’ordre public, et sous la vigilance des organes de contrôle, échappe aux
règles strictes du droit privé.
Au-delà, l’étude du contrat d’assurance autorise une autre vision de la relativité des
conventions. En droit classique, le tiers4 est véritablement étranger au contrat. Sans que
celui-ci soit tourné contre lui, il ne lui nuit ni ne lui profite. Le tiers est en position de
neutralité. Tel n’est pas le cas dans le contrat d’assurance où la présence d’un tiers est
fréquente, qui plus est prévue5. C’est même souvent lui qui en sera le bénéficiaire
comme dans l’assurance de responsabilité ou dans l’assurance-vie. À partir de ce cons-
tat, on se rend aisément compte que les techniques traditionnelles du régime des obli-
gations (dont la connaissance est par ailleurs si souvent négligée) ne rendent pas compte
de l’altruisme du contrat d’assurance qui ne trouve pas sa source dans l’individualisme
du droit général.
3 Un droit au risque de l’éclatement. La cohérence de ce droit se trouve, donc, dans
le contrat d’assurance plus que dans les assurances. Or ce droit spécial risque d’éclater
par la multiplication infinie des assurances spéciales qui surgissent constamment au fil
des textes voulus par le législateur d’une société redoutant le risque. N’adressons pas à
ce législateur des critiques sans objet à son égard. Il a bien pour mission politique de
fournir, rapidement souvent, des solutions pratiques. L’éparpillement des textes est un
fait que la doctrine doit prendre en compte pour, car telle est sa mission : orchestrer,
systématiser, ordonner. La tentation est, dès lors, de chercher des spécialités au sein
d’une spécialité. Tourbillon sans fin ; cacophonie inesthétique.
Le parti pris dans cet ouvrage est inverse : tout ramener au droit ordinaire de l’assu-
rance. Le spécial doit enrichir le général et non en altérer la dominante.
C’est la raison pour laquelle le plan de cet ouvrage est celui du déroulement ordi-
naire du contrat d’assurance sous toutes ses variantes.
C’est aussi volontairement que le plan est réparti de manière à étudier les éléments
du contrat en partant des fondements de l’assurance jusqu’aux contestations qui peu-
vent naître.
Mais le droit général de l’assurance n’a de sens qu’à partir des assurances spéciales.
Le droit général ne peut exister sans droit spécial.
Attentif, le lecteur percevra ainsi la richesse de ce contrat résistant à tous les assauts,
muant au gré des circonstances, étendant son bénéfice à d’innombrables personnes.
Le contrat d’assurance est un peu comme Paris, fluctuat nec mergitur, capitale du
pays et ville aux cent villages. Il n’est que rarement annulé, il est l’assise fondamentale
du développement de la responsabilité civile et il présente des visages si variés que la
tentation est de n’en voir que les parties en oubliant le tout.
■ 4. Ph. D ELMAS-SAINT-HILAIRE,Le tiers à l’acte juridique, LGDJ, Bibl. dr. privé, t. 330, 2000.
■ 5. A. A STEGIANO-LA RIZZA, L’assurance et les tiers : variations sur le thème de la complexité des rela-
tions contractuelles, Thèse Lyon III, préf. L. Mayaux, Defrénois, coll. Doctorat et notariat, 2004.
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