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UNIVERSITE MOHAMMED V

RABAT – AGDAL
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES
ECONOMIQUES ET SOCIALES
__________

COURS DE DROIT COMMERCIAL


FONDAMENTAL
PROFESSEUR Chakib EL OUFIR

S 3 DROIT
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

Le présent cours polycopié est dédié gratuitement aux étudiants de la Faculté de droit
et toute mise en vente commerciale sera susceptible de poursuites judiciaires.

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2013 - 2014

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Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

INTRODUCTION
Alors que l’économie est la science d’observation des phénomènes du monde
des richesses (modes de production et de circulation des richesses), le droit est la
discipline qui le réglemente. 
Le droit est directement lié aux sciences économiques, car les activités
économiques ne peuvent s’exercer dans le désordre, il faut qu’elles soient
réglementées. Le droit va établir des règles qui vont régir les activités économiques.
Il sera au service des économistes puisqu’il va réglementer tout ce qui concerne la
production et la circulation des richesses.
Ce qui nous interesse directement de ces règles, ce sont celles qui concernent
la production et la circulation des richesses, les règles qui régissent le monde
économique, celui de la spéculation, de la recherche du profit. L’ensemble de ces
règles forme le droit commercial.
Qu’est ce que le droit commercial ? Quelles sont ses particularités ? Quelles
sont ses sources ? Quelles en sont les juridictions compétentes ? Et qu'est ce qu'il
réglemente ?

I - DEFINITION ET PARTICULARITES DU DROIT COMMERCIAL 


C’est un droit qui fait partie du droit privé, qui régit les opérations de production
et de circulation des richesses effectuées par les commerçants, soit dans leurs
relations entre eux, soit dans leurs rapports avec leurs clients.
Pourquoi élaborer un droit commercial distinct du droit civil ?
On aurait pu se contenter d’appliquer les règles du droit commun qui régissent
aussi les actes juridques relatifs aux biens tels que la vente, le louage, le dépôt ; de
même pour le transport , les sociétés, etc.
C’est que le droit commercial présente un certain particularisme apte à faciliter
le développement économique et à suivre la rapidité du monde des affaires dans son
évolution.
Vu la nature du monde des affaires, le droit commercial se distingue du droit
civil tantôt par son formalisme, tantôt par sa souplesse.
A - LE FORMALISME DU DROIT COMMERCIAL
Ce formalisme est très utile pour assurer la sécurité du crédit dans les
opérations commerciales.

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Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

Le crédit constitue le noyau de toutes les relations commerciales ; un vendeur


doit accorder des délais de paiement à ses acheteurs, et ces derniers font le plus
souvent des achats qui dépassent leur trésorerie.
Le crédit nécessite donc l’établissement de relations de confiance et de
sécurité entre les commerçants. Pour cela, le crédit doit être entouré d’un formalisme
plus rigoureux que celui éxigé par le droit civil. C’est ce qui explique le formalisme
exigé par le législateur s’agissant des institutions du droit commercial. Exemples :
- le formalisme spécifique aux effets de commerce ;
- la présomption de la solidarité entre les commerçants ;
- le formalisme rigoureux pour la constitution des sociétés commerciales ;
- le formalisme de la vente et du nantissement du fonds de commerce ;
- la rigueur de la procédure de redressement et de liquidation judiciaires, qui
donne aux créanciers du commerçant des garanties de paiement plus solides que
celles qu’offre la procédure du droit civil.
B - LA SOUPLESSE DU DROIT COMMERCIAL 
Elle s’explique, quant à elle, par la rapidité que nécessite la réalisation des
opérations commerciales. Ainsi, et contrairement aux règles rigides du droit civil, en
droit commercial on admet le principe de la liberté de la preuve entre les
commerçants.
C’est ce qui permet à ces derniers de conclure leurs contrats par les moyens
les plus rapides (téléphone, fax ou même verbalement) sans avoir à se soucier, au
préalable, du formalisme des écritures qu’exige le droit civil.
Ainsi, dans la mesure où le commerce est connu par son particularisme, il doit
avoir des règles spécifiques qui régissent son domaine. C’est toute la question des
sources du droit commercial.

II - LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL 


Avec la rapidité de l’évolution du monde des affaires, on ne peut se permettre
de compter uniquement sur les sources écrites ; c’est pourquoi les sources non
écrites y jouent un rôle fondamental.
A- LES SOURCES ECRITES
Dans cette catégorie il existe des sources nationales et d’autres
internationales.

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a - LES SOURCES NATIONALES 


1/ Le code de commerce et la refonte du droit des affaires 
Depuis le protectorat, la zone française du Maroc était régie par le code de
commerce du 12 août 1913. Après l'indépendance il a été généralisé à tout le
Royaume. Ce code était largement inspiré du code de commerce français de 1807.
Apparut alors la nécessité d’élaborer un nouveau code. Il ne s’agissait pas
d’apporter une simple réforme au droit commercial, mais de procéder à un
mouvement de refonte de tout notre droit des affaires :
L’économie mondiale connaissait, vers la fin du siècle dernier, un tournant
capital avec : la globalisation du commerce international, le développement des
intégrations régionales, et une concurrence sans précédent sur le marché mondial.
Pour que l’économie marocaine puisse se forger une place dans ce nouveau
contexte international, il devenait impérieux de faire régner un climat de confiance en
mesure d’encourager les investissements nationaux, et surtout internationaux.
D'où la nécessité d’élaborer une législation moderne en mesure de créer un
climat de sécurité. Il ne s’agissait plus d’apporter de simples réformes au droit
commercial « stricto sensu », mais de procéder à un mouvement de refonte de tout
notre droit des affaires.
Le code de 1913 fut enfin remplacé par un nouveau code de commerce  en
vertu d'un dahir n° 1-96-83 du 1 er août 1996 portant promulgation de la loi 15/95
formant code de commerce1.
Le droit des affaires a connu en effet une refonte dans son ensemble durant
ces dernières années, elle a concerné notamment : la comptabilité commerciale2, le
domaine bancaire3, les sociétés anonymes4, les autres sociétés commerciales5, les

1
B.O. n° 4418, du 3 octobre 1996, pp. 568-634. V. le site du Secrétariat Général du
Gouvernement pour consulter les B.O.: www.sgg.gov.ma
2
Dahir 25/12/1992 portant promulgation de la loi 9/88 relative aux obligations comptables
des commerçants (B.O. n° 4183 du 30/12/1992, p.623).
3
Dahir du 14/2/2006 portant promulgation de la loi n° 34-03 relative aux établissements de
crédit et organismes assimilés, appelée « loi bancaire » (B.O. n°5400 du 2-3-2006).
4
Ddahir n° 1-96-124 du 30 août 1996 portant promulgation de la loi 17/95 relative aux
sociétés anonymes (B.O. n° 4422, du 17 octobre 1996, pp. 661-704).
5
Dahir n° 1-97-49 du 13 février 1997 portant promulgation de la loi 5/96 sur la société en
nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la
société à responsabilité limitée et la société en participation (B.O. n° 4478 du 1er mai 1997, p.
482).

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tribunaux de commerce6, la loi sur la liberté des prix et de la concurrence 7, la loi


relative à la protection de la propriété industrielle 8, la loi relative à la protection des
consommateurs9.
2/ Le D.O.C. :
Le D.O.C. est notre code civil (Dahir formant code des obligations et contrats
également du 12 août 1913).
En tant que code de droit privé marocain, le D.O.C. constitue ce qu'on appelle
le droit commun. Par conséquent, en cas de lacune des règles commerciales, ce
sont ses règles qui s’appliquent.
À ce propos, le nouveau code de commerce stipule dans son article 2 : « il est
statué en matière commerciale, conformément aux lois, coutumes et usages du
commerce ou au droit civil, dans la mesure où il ne contredit pas les principes
fondamentaux du droit commercial ». Même les lois relatives aux sociétés renvoient
à l'application des règles du DOC lorsqu'elles ne sont pas contradictoires avec elles.
b - LES SOURCES INTERNATIONALES  
Il s’agit des conventions internationales qui constituent une source
fondamentale du droit commercial.
Ces conventions peuvent être bilatérales se limitant à régler certaines
questions entre deux États signataires ou entre un État et un groupement
économique régional (par exemple l’accord d’association entre le Maroc et l'UE).
Il existe aussi des conventions internationales, par exemple les traités
internationaux ratifiés par le Maroc tels que ceux sur les transports maritime,
ferroviaire, routier et aérien ; les accords du GATT ; les conventions internationales
portant lois uniformes (les conventions de Genève du 7 juin 1930 sur la lettre de
change et le billet à ordre et du 19 mars 1931 sur le chèque).
Le droit commercial n’a pas que des sources écrites, il en a d’autres
importantes, même non écrites.

6
Dahir n° 1-97-65 du 12 février 1997 p
ortant promulgation de la loi 53/95 instituant des juridictions de commerce (B.O. 15 mai
1997, n° 4482, p. 520).
7
Loi n° 06-99 promulguée par Dahir n° 1-00-225 du 5 juin 2000, Bulletin Officiel n° 4810 du
Jeudi 6 Juillet 2000.
8
Loi n°17-97 promulguée par Dahir N° 1-00-19 du 15 Février 2000. (B.O. n° 4778 DU
16/3/2000, p. 135)
9
Loi n°31-08 édictant des mesures de protection des consommateurs, promulguée par dahir
n°1-11-03 du 18 février 2011, B.O. n°5932 du 7/4/2011

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B- LES SOURCES NON ECRITES


Il s’agit des usages, de la jurisprudence et de la doctrine.
a - LES USAGES COMMERCIAUX
Bien que le droit commercial soit codifié, les usages commerciaux continuent
d’en constituer une source fondamentale ; car la législation, avec sa lenteur, est
incapable de suivre l’évolution rapide du monde des affaires.
Les usages sont des règles générales non écrites issues de pratiques
professionnelles constantes et tacitement acceptées par les commerçants à
l’occasion des négociations ou de l’exécution de leurs opérations commerciales.
Ce sont les pratiques qui créent des règles par la force de l’habitude
professionnelle.
C’est à l’occasion de la conclusion des contrats et de leur
exécution que le rôle des usages intervient, par exemple, en matière de ventes
commerciales ce sont les usages de chaque profession qui fixent les délais, les
modalités et les modes de paiement, les délais de livraison, la charge de la livraison
et ses frais, la charge des frais de courtage et leur taux, les risques des défauts des
marchandises, etc.
Les usages peuvent réglementer toute une institution nouvellement créée, par
exemple le leasing était, avant le nouveau code, presque exclusivement régis par les
usages.
L’article 2 du code de commerce dispose désormais « qu’il est statué en
matière commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce,
ou au droit civil, dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du
droit commercial », ce qui donne la priorité à l'application de la coutume et usages
même sur la loi civile
b - LA JURISPRUDENCE
C’est la solution donnée par un ensemble de décisions concordantes rendues
par les juridictions sur une question de droit.
Ce sont les précédents judiciaires qui servent de guide aux décisions des
juridictions à travers la pyramide judiciaire, l’unification de la jurisprudence se réalise
d’ailleurs par le biais des voies de recours.
Il n’est pas besoin d’insister sur le rôle de la jurisprudence en matière
commerciale ; c’est aux tribunaux qu’il revient d’interpréter les lois et les contrats

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conclus entre commerçants, de fixer les usages auxquels ils se réfèrent, de


déterminer le statut des institutions nouvelles créées par la pratique.
c – LA DOCTRINE
C'est l'ensemble des écrits portant les interprétations et les opinions des juristes
(les universitaires, les avocats, les magistrats, etc.). Ces écrits sont publiés sous forme
d'ouvrages ou d'articles dans différentes revues juridiques.
La doctrine, par son analyse juridique et ses recherches scientifiques, a pour rôle
d'éclairer le législateur (à l'occasion de l'élaboration des textes) et les tribunaux (lors de
l'application de la loi).

III– LES JURIDICTIONS DE COMMERCE


Il n’existait pas au Maroc de juridictions spécialisées en matière commerciale ;
ce sont les juridictions de droit commun qui connaissaient des affaires commerciales.
Les juridictions de commerce n’ont été instituées que récemment par le dahir du 12
février 1997 portant promulgation de la loi 53/95 ; il s’agit des tribunaux de commerce
et des cours d’appel de commerce.
A – LES TRIBUNAUX DE COMMERCE 10
a – COMPOSITION
À la différence de la France, où les juges des tribunaux de commerce sont
élus parmi les commerçants, le Maroc a opté pour des magistrats de carrière.
Le tribunal de commerce tient ses audiences et rend ses jugements par trois
magistrats, un président et deux assesseurs, le parquet y est représenté.
b – COMPÉTENCE 
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des actions
relatives aux contrats commerciaux, des actions entre commerçants à l’occasion de
leurs activités commerciales, des actions relatives aux effets de commerce, des
différends entre associés d’une société commerciale et des différends à raison de
fonds de commerce.
Dans sa rédaction initiale, l'article 6 de la loi relative aux tribunaux de
commerce prévoyait que les tribunaux de commerce connaissent en premier et
dernier ressort des demandes dont le principal ne dépasse pas la valeur de 9 000
dhs et en premier ressort de toutes les demandes d’une valeur supérieure à ce
montant.

Il existe actuellement 8 tribunaux de première instance de commerce: Agadir, Marrakech,


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Meknes, Fes, Oujda, Tanger, Rabat et Casablanca.

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Cet article a été modifié par une loi n° 18-02 promulguée par dahir du
13/6/200211. Désormais, cet article est ainsi formulé : "les tribunaux de commerce
sont compétents pour connaître des demandes dont le principal excède la valeur de
20 000 dirhams…".
B – Les cours d’appel de commerce 12
a – COMPOSITION 
La cour d’appel de commerce comprend un premier président, des présidents
de chambres et des conseillers, un ministère public composé d’un procureur général
du roi et de ses substituts, un greffe et un secrétariat du ministère public.
Elle tient ses audiences et rend ses arrêts par un président de chambre et
deux conseillers, assistés d’un greffier.
b – COMPÉTENCE 
La cour d’appel de commerce connaît des appels contre les jugements rendus
par le tribunal de commerce.
L’appel doit être formé dans un délai de 15 jours à compter de la date de la
notification du jugement du tribunal de commerce.

IV – LA MATIERE DU DROIT COMMERCIAL


Quelle est la matière du droit commercial ? Est-ce le commerçant ou l’acte de
commerce ? Autrement dit, que régit le droit commercial, le commerçant ou les actes
de commerce ?
C’est que nous sommes en présence de deux conceptions du droit
commercial : l’une subjective, l’autre objective.
Le système subjectif : Dans ce système, le droit commercial est le droit des
commerçants ; l’acte de commerce se définit par l’activité commerciale de son
auteur. Autrement dit, c’est le commerçant qui donne la qualification commerciale
aux actes accomplis par lui. Par exemple, lorsqu’un acte est effectué par un
commerçant, c’est un acte de commerce ; si le même acte est exercé par un non-
commerçant, il est civil.
Les actes de commerce sont donc, dans ce système, strictement l’œuvre des
commerçants et nul ne peut accomplir un acte de commerce s’il n’exerce pas une
profession commerciale.

11
(B.O. n° 5030 du 15/8/2002)
12
Il existe actuellement trois cours d'appel de commerce: Casablanca, Fes et Agadir

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Le système objectif : Dans ce système c’est l’inverse qui se produit, c’est


l’acte de commerce qui donne la qualité commerciale à celui qui l’exerce. Le droit
commercial est le droit des actes de commerce et non celui des commerçants, on
parle du code de commerce et non du code des commerçants ; lorsque la loi qualifie
un acte de commercial, toute personne, même un non commerçant, qui accomplirait
un tel acte serait assujettie au droit commercial.
Ce système repose exclusivement sur l’acte effectué, indépendamment de la
personne de son auteur.
La position du législateur : Le code de commerce de 1913, à l’instar du
code français de 1807, se voulait adopter les deux systèmes. Le nouveau code de
commerce de 1996 annonce la même position en disposant dans son article 1 er que
«la présente loi régit les commerçants et les actes de commerce ».
Mais malgré cette apparence qui laisse entendre que notre code adopte les
deux systèmes, il ressort des diverses dispositions de ce dernier que la tendance
objective y a le maître mot; l'article 6 par exemple, définit le commerçant de la
manière suivante : la qualité de commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou
professionnel des activités commerciales qu’il énumère. Donc pour être commerçant
il faut exercer l'une des activités énumérées par l'art 6 c com., ce sont donc ces
activités qui donnent la qualité de commerçant à celui qui les exerce.
Néanmoins, quelque soit le système adopté, nous pouvons considérer que la
matière du droit commercial est double : ce sont les activités commerciales et les
actes du commerce qui en constituent l’objet et le commerçant le sujet.

Plan du cours :
Chapitre I – L'objet du droit commercial
Chapitre II – Le sujet du droit commercial
Chapitre III – Le fonds de commerce

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CHAPITRE 1 - L’OBJET DU DROIT COMMERCIAL


Actuellement, l’art. 6 du code de 1996 parle d’activités commerciales, alors
que l’art. 2 du code de 1913 parlait d’actes de commerce, ceci a poussé certains
juristes à dire que le législateur marocain a adopté le système subjectif, qu'en est-il
vraiment et quelle différence y a – t – il entre ces deux notions ?
Pour comprendre la différence nous allons revenir au code de commerce de
1913 qui, dans son art. 2, énumérait un certain nombre d’actes appelés : actes de
commerce par nature. Il s’agit d’actes qui sont réputés de commerce par la loi (Art.
2) et qui sont donc commerciaux par eux-mêmes, indépendamment de la qualité des
personnes qui les utilisent. Par conséquent, ce sont ces actes qui servaient de base
pour qualifier le commerçant.
Au sein de ces actes de commerce (A.C.) par nature on distinguait dans ce
code :
- Les A.C. à titre isolé : c.à.d. qui sont commerciaux (donc soumis au droit
commercial) même s’ils sont accomplis par occasion (une ou quelques fois), exp.
l’achat d’un objet pour le revendre, le courtage …
- Les A.C. par entreprise : ces actes ne sont commerciaux que s’ils sont
effectués en entreprise, c.à.d. par répétition de ces actes dans le cadre d’une
profession (une organisation préétablie), d’une manière constante et régulière, donc
de façon professionnelle et habituelle. Exp. l’entreprise de manufacture, l’entreprise
de transport, l’entreprise de commission, l’entreprise de fournitures, etc.
Mais cette distinction s’est révélée inopérante et sans intérêt pratique dans la
mesure où tous les actes, même à titre isolé, n’étaient considérés commerciaux que
s’ils étaient exercés professionnellement.
Le code de 1996 en a tiré les conséquences et a fait disparaître les A.C. à titre
isolé. Par conséquent, il n’était plus question de continuer de parler de leurs
corollaires : les A.C. par entreprise. L’art. 6 a été alors contraint de changer de
terminologie et d’employer le concept d’ « activités » qui suppose par définition une
répétition  ou un exercice professionnel ou habituel. Ceci ne veut guère dire que le
législateur de 1996 a adopté le système subjectif (v. supra)
Le législateur de 1996 parle donc actuellement d’activités commerciales
(section 1), mais qui se distinguent de ce que le code de commerce appelle les actes
de commerce (section 2).

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Section I - LES ACTIVITES COMMERCIALES


Le code de 1996, comme son prédécesseur, a employé le même procédé de
l’énumération des activités commerciales (Art. 6). C’est qu’en réalité, il est impossible
d’élaborer une définition exacte et rationnelle de l’acte de commerce qui engloberait
toutes les activités commerciales.
Ce procédé d’énumération présente l’avantage pour le législateur de délimiter
les activités qu’il veut considérer commerciales et de faire écarter, partant, celles qu’il
n’entend pas intégrer dans le domaine commercial.
En revanche, l’inconvénient de ce procédé est qu’il présente une liste
limitative. Or, le domaine commercial est un domaine très dynamique et la pratique
voit de jour en jour se créer des activités nouvelles qu’il est impossible au législateur
de prévoir à l’avance ; il devient alors difficile pour la jurisprudence de les intégrer
dans le champ commercial.
C’est pourquoi le nouveau code, tout en dressant la liste des activités
commerciales, a laissé la voie ouverte par son art. 8 qui prévoit que « la qualité de 
commerçant s’acquiert également par l’exercice habituel ou professionnel de toutes
activités pouvant être assimilées aux activités énumérées aux art. 6 et 7 ».
Mais la question est de savoir comment faire pour commercialiser telle ou telle
activité ? Comment savoir qu’une activité donnée peut être « assimilée » à celles
énumérées par le code et sur la base de quels critères ? C’est tout le problème des
critères de la commercialité.
Traditionnellement, la doctrine et la jurisprudence dégagent ces critères de la
liste même des actes énumérés par le code. Ces critères sont de deux sortes: les
uns d’ordre économique, les autres de nature juridique.
* Les critères économiques : Il s’agit de la spéculation et de l’entremise
dans la circulation des richesses.
- Le critère de la spéculation : C’est la recherche du profit, du bénéfice.
C’est un critère qui s’applique effectivement à toutes les activités énumérées par le
code.
Ce critère permettrait certainement de mettre hors des frontières du droit
commercial tous les secteurs économiques qui s’exercent en dehors de la recherche
du profit. Il en est ainsi du secteur social (les coopératives, les mutuelles, les
associations)

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Mais ce même critère risque d’impliquer dans le domaine commercial toutes


les activités que le législateur a délibérément écartées de la commercialité et qui
sont pourtant animées par le profit. C’est le cas de l’agriculture, de la pêche, des
professions libérales …
Ce critère, à lui seul, est insuffisant pour caractériser la commercialité.

- Le critère de l’entremise dans la circulation des richesses :


Suivant ce critère, tout acte qui s’interpose dans la circulation des richesses
entre la production et la consommation est un acte de commerce.
C’est en vertu de ce critère que sont exclues les activités de production telles
que celles de l’extraction des richesses comme l’agriculture et la pêche. Mais
l’entremise reste aussi insuffisante pour qualifier l’activité commerciale car :
+ D’une part, actuellement le droit commercial ne se limite plus à l’entremise, il
s’est étendu même à certaines activités de production comme l’exploitation des
mines depuis 1951 et l’exploitation des carrières avec le code de 1996.
+ D’autre part, un acte d’entremise effectué sans intention de spéculation
reste en dehors des frontières du droit commercial, exemple : les coopératives des
affaires sociales des différents secteurs administratifs et économiques (des
ministères, des banques, des offices …).
L’entremise est donc bien un critère de la commercialité, mais il est, comme le
critère de la spéculation, insuffisant à lui seul ; d’où le recours à d’autres critères, qui
sont juridiques cette fois.
* Les critères juridiques : Ils sont au nombre de 2, le critère de l’entreprise et
celui du fonds de commerce.
- Le critère de l’entreprise : Pour qu’un acte soit commercial, il faut qu’il soit
réalisé en entreprise, c.à.d. une répétition professionnelle d’actes qui repose sur une
organisation préétablie.
Ce critère se base sur un argument textuel très solide surtout que les art. 6 et
7 ont fait disparaître les actes de commerce à titre isolé. Pour être commerciales,
toutes les activités énumérées par ces articles doivent être exercées de manière
professionnelle ou habituelle, donc par entreprise.
Cependant, il ne faut pas oublier qu’il existe un certain nombre d’activités qui
sont exercées en entreprise et qui ne sont pas commerciales pour autant, telles que
les activités agricoles et les professions libérales qui sont des entreprises, mais

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civiles. (Sauf si elles sont exploitées dans le cadre d’une société commerciale par la
forme).
- Le critère du fonds de commerce : De ce critère on a surtout pris en
considération l’élément fondamental du fonds de commerce, la clientèle.
L’acte de commerce serait celui qui est accompli par un professionnel qui
réunit autour de son activité une clientèle maintenue et développée grâce aux autres
éléments de son commerce et à son art professionnel.
Cependant il faut noter qu’il n’y a pas que le commerce qui a pour base la
clientèle, même les activités civiles reposent sur la clientèle comme les professions
libérales (les avocats, les médecins …).
En définitive, aucun de ces critères, qu’il soit économique ou juridique, ne
permet à lui seul de qualifier les activités à commercialiser et le législateur s’est,
encore une fois, contenté de donner une énumération des activités commerciales.
Cependant, tout en laissant la possibilité à la jurisprudence d’ « assimiler » des
activités à celles qu’il a énumérées, il s’est abstenu de mettre à sa disposition le
moindre critère pour s’y faire. Nous en déduisons que la jurisprudence continuera,
comme par le passé, de procéder par la combinaison de ces différents critères
suivant les cas d’espèce qui se présenteront à elle.
Mais ces critères, même s’ils s’avèrent être tous réunis, ne doivent en aucun
cas permettre la commercialité des domaines exclus délibérément par le législateur.
La détermination de l’objet du droit commercial reste une question
d’opportunité pour le législateur et qui est fonction de l’impact des données et des
circonstances économiques environnantes du moment.

L’article 6 du nouveau code a donc énuméré un grand nombre d'activités


commerciales que nous pouvons ranger dans trois secteurs :
- les activités de production ;
- les activités de distribution ;
- et les activités de services.

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§ 1 - LES ACTIVITES DE PRODUCTION


Ce sont des activités dont l’exploitation n’est pas précédées d’une circulation
antérieure, autrement dit les exploitants ne vendent que leur propre production et ne
spéculent pas sur des produits qu’ils achètent. Le critère d'exclusion de ces activités
n'est autre que celui de l'absence d'entremise dans la circulation des richesses.
Actuellement, les seules activités de production de caractère commercial, sont
la recherche et l’exploitation des mines et des carrières 13 (art. 6-4°), c’est à dire les
industries extractives14.
On remarquera que l’agriculture et la pêche, qui sont aussi des activités de
production, sont restées dans le domaine civil.
Concernant l'agriculture, il ne peut s’agir bien entendu que des exploitations
agricoles traditionnelles ; les cultivateurs et les éleveurs traditionnels ne sont pas des
commerçants même s’ils achètent leurs produits comme les semences, les engrais
ou les animaux qu’ils revendent ; par contre, les exploitations agricoles modernes
(d’agroalimentaire ou d’élevage industriel) ne peuvent être exclues du domaine
commercial.
Il en est de même en ce qui concerne la pêche traditionnelle qui ne peut être
inclue dans le commerce.
Fait partie également du domaine civil la production intellectuelle (les
créations de l’esprit). Restent donc toujours régis par le droit civil les auteurs
d’ouvrages, les créateurs de nouvelles inventions (les inventeurs de logiciels par
exemple), le compositeur d’une œuvre musicale, l’artiste peintre… qui vendent les
produits de leur création. Il en est de même pour les professions libérales (les
médecins, les avocats, les architectes, etc.)
§ 2 – LES ACTIVITES DE DISTRIBUTION
La distribution est l’ensemble des opérations par lesquelles les produits sont
répartis entre les consommateurs.
Cependant, la distribution peut avoir lieu, soit de manière instantanée : c’est
tout simplement l’activité d’achat pour revente, soit de façon périodique ou continue :
c’est ce qu’on appelle la fourniture.
13
- Exemples des mines : fer, cuivre et tous les métaux, phosphate, charbon, etc. Les
carrières sont de sable, de marbre, de pierres, d’ardoise, d’argile, etc.
14
- La recherche et l’exploitation des mines est commerciale depuis le dahir 16 avril 1951,
alors que la recherche et l’exploitation des carrières ne l’est que par le nouveau code de
1996.

15
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Deux activités de distributions se dégagent donc de l'art. 6 : l’achat pour


revente et la fourniture.
A - L’ACHAT POUR REVENDRE
L’article 6 code de commerce consacre cette activité dans deux alinéas
différents, suivant l’objet de l’activité : le 1°/ concerne les meubles, le 2°/ concerne
les immeubles.
Qu’il s’agisse de meubles ou d’immeubles, le code exige trois conditions pour
que l’activité soit commerciale. Il faut :
- un achat initial ;
- que l’achat porte sur des biens meubles ou immeubles (l’objet) ;
- et avoir l’intention de les revendre soit en nature, soit après transformation.
1 - L’achat :
C’est toute acquisition à titre onéreux. Elle doit avoir lieu en contrepartie d’un
équivalent monnayable (au moyen d’un prix ou d’un échange).
2 - L’objet
Désormais, il s’agit non seulement de l’achat de meubles pour les revendre,
mais aussi des immeubles.
2-1 - Les meubles 
Le code de 1996, dans son article 6-1°, vise « les meubles corporels ou
incorporels ».
- Les meubles corporels sont ceux qui ont une consistance physique, un
corps matérialisé : le cuir, le bois, le tissu, les montres, les vêtements…
- Les meubles incorporels sont des biens dépourvus de la matérialité
physique : les fonds de commerce, les brevets d’invention, les marques de fabrique,
les actions, les obligations des sociétés, etc.
2-2 - Les immeubles
L’article 6-3° considère désormais comme activité commerciale « l’achat
d’immeubles en vue de les revendre ».
La spéculation immobilière ne pouvait plus rester en dehors du droit
commercial, d’autant plus que les enjeux dans le domaine immobilier sont
considérables, il suffit de penser aux risques encourus, surtout par les fournisseurs
dépourvus de garanties, en cas de cessation de payement.

16
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3 - L’intention de revendre en l’état ou après transformation


Cette condition comprend 2 éléments :
3-1 - L’intention de revendre
Les opérations d’achat des biens meubles ou immeubles ne peuvent
constituer une activité commerciale que lorsqu’elles sont effectuées avec l’intention
de les revendre ; le code dit « en vue de les revendre »15. Ceci implique 2
conséquences :
* L’intention de revendre doit être le motif de l’achat, ce qui exclue les achats
pour usage personnel.
* L’intention de revendre doit exister au moment de l’achat : c’est-à-dire
- d’abord, peu importe que la revente ait lieu ou non (exemple  les produits
périssables) ;
- ensuite, peu importe que la revente soit faite sans bénéfices (les ventes à
perte) ;
- enfin, peu importe que la vente précède l’achat (ventes sur commande).
3-2 - La revente en l’état ou après transformation
- En ce qui concerne les meubles 
L’article 6-1° considère comme activité commerciale l’achat de meubles « en
vue de les revendre, soit en nature, soit après les avoir travaillés et mis en
œuvre ». Il s’agit dans ce dernier cas tout simplement des industries de
transformation, exemples : la filature, le tissage, la confection, etc. Ainsi, nous
pouvons intégrer dans ce secteur, ²² *
Aussi, certaines petites entreprises comme la menuiserie, la boulangerie ou la
pâtisserie.
- En ce qui concerne les immeubles
L’article 6-3° stipule que les immeubles peuvent être  revendus « soit en
l’état, soit après transformation ».
Ce qui signifie qu’est commerçant, soit celui qui a pour profession l’achat des
terrains nus ou des bâtiments en vue de les revendre tels qu’ils sont, soit celui qui
achète des terrains nus et y édifie des bâtiments en vue de les revendre.
La distribution comprend donc l’activité d’achats pour reventes, mais aussi
l’activité de fourniture.

15
- Quant à la location elle sera étudiée dans le cadre des services.

17
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Mais si le contrat de vente est un contrat à exécution instantanée, le contrat


de fourniture est un contrat à exécution successive.
B - LA FOURNITURE
C’est le contrat par lequel le fournisseur s’engage, moyennant un prix, à
délivrer des produits qu’il se procure (achète) préalablement aux livraisons ou à
effectuer des services à ses clients, de manière périodique ou continue. C’est
pourquoi le contrat de fourniture est un contrat à exécution successive.
La fourniture peut concerner les biens (les produits alimentaires ou
industriels, l’eau, l’électricité et le gaz) et les services, fournis de manière périodique
et régulière (les services d’entretien et de réparations des appareils, machines,
véhicules, les services rendus en matière de postes et télécommunications, le
service de gardiennage…)
§ 3 - LES ACTIVITES DE SERVICES
Il s’agit d’activités qui consistent à exécuter un travail au profit des clients ou
de mettre à leur disposition l’usage temporaire de certains biens.
Trois catégories d’activités de services se dégagent de l’art. 6.
A - LES SERVICES DE L’INTERMEDIATION
L’objet de ces activités réside seulement dans l’information, le conseil et
l’assistance aux tiers cocontractants.
Ce sont en l’occurrence, suivant l’article 6-9°, le courtage, la commission et
toutes autres opérations d’entremise. Il s’agit aussi des bureaux et agences
d’affaires auxquels on assimile les agences de voyages, d’information et de
publicité (article 6-13°).
Précisons au préalable que les activités d’intermédiation sont commerciales
quelle que soit la nature du contrat qui sera conclu entre les parties. Même si l’objet
du contrat est civil, l’activité d’intermédiation est commerciale (par exemple :
l’intermédiation dans le domaine agricole).
a - Le courtage 
C’est l’activité par laquelle une personne (le courtier) met deux personnes en
relation en vue de la conclusion d’un contrat.
Par conséquent, le courtier n’intervient d’aucune manière dans le contrat
conclu entre les personnes qu’il rapproche.

18
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Certains courtiers sont régis par des textes spéciaux, ils sont appelés
« courtiers privilégiés », par exemple le courtage de marchandises et le courtage
maritime.
Les autres secteurs du courtage sont soumis à la réglementation générale du
courtage prévue par les articles 405 à 421 du nouveau code de commerce.
b - La commission
Le contrat de commission est une variété de mandat en vertu duquel le
commissionnaire s’engage à réaliser des opérations tels que des achats ou des
ventes pour le compte du commettant, mais en son nom personnel.
À la différence du simple mandataire qui traite au nom de son mandant, le
commissionnaire contracte avec les tiers en son nom personnel. Les tiers (les
cocontractants) ne connaissent que le commissionnaire.
Dans la pratique, les commissionnaires sont désignés par des dénominations
techniques suivant leurs domaines de spécialisation :
- les intermédiaires de la bourse (ou agents de change en France),
- les commissionnaires de transport,
- les transitaires de douane,
- les mandataires des halles, etc.
c - Les bureaux et agences d’affaires :
Ce sont des activités qui consistent à administrer les affaires des autres et de
gérer leurs biens, moyennant rémunération.
Ces activités sont très variées, il peut s’agir du courtage, du recouvrement des
créances, de la direction de procès en justice, de la rédaction des contrats, de la
vente de fonds de commerce, des transactions immobilières …(les agents
immobiliers qui sont des courtiers, se chargent souvent aussi de la gestion des
immeubles de leurs clients).
Les agences d’affaires peuvent même être spécialisées dans certains
domaines ; ces spécialités ont même été prises en considération par le nouveau
code qui cite expressément dans son art. 6-13° les agences de voyages, les
agences de publicité et les agences d’information 16.

16
Ces dernières sont appelées en pratique les agences de renseignements commerciaux ;
elles sont spécialisées dans l’ingénierie financière, le marketing et tous les services destinés
à faciliter la création et le développement des entreprises.

19
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Commercialité : Les agents d’affaires, comme d’ailleurs les


commissionnaires, agissent en qualité de mandataires ; or il est de principe en droit
commercial que celui qui agit pour le compte d’autrui n’est pas commerçant. Mais le
code de commerce a considéré quand même commerciales ces activités afin
d’accorder aux créanciers (leurs mandants, qui sont généralement leurs clients) la
sécurité et les garanties qu’offre le droit commercial aux créanciers des
commerçants et principalement des procédures de redressement et de liquidation
judiciaire à côté de la publicité au registre de commerce et de la solidarité.
Mais les services en matière commerciale ne consistent pas seulement dans
l’intermédiation.
B - LES SERVICES FINANCIERS
C’est l’ensemble des activités qui ont pour objet la spéculation sur l’argent.
L’alinéa 7 de l’article 6 mentionne la banque, le crédit et les transactions
financières, mais il faut aussi ajouter les assurances (al. 8) qui visent d’ailleurs la
spéculation sur l’argent (les primes d’assurance).
Il est vrai qu’on assiste actuellement à une imbrication de ces activités entre
les différents établissements financiers : les banques, les sociétés de financement,
les établissements financiers publics et semi-publics… Or, ce que vise le code de
commerce, ce sont les activités commerciales et non pas les institutions. C’est
l’exercice de ces activités financières qui est pris en considération pour la
commercialité de tel ou tel organisme financier, qu’il soit privé ou public. Ces activités
sont commerciales quel que soit l’organisme qui les exerce :
Ainsi, le caractère public de certaines institutions et organismes financiers ne
les met pas hors des frontières du domaine commercial : l’émission des billets de
banque par DAR AS-SIKKA ou, de manière générale, l’exercice des opérations
bancaires par BANK AL-MAGHRIB sont bien des activités commerciales. Il en est de
même de la Trésorerie Générale du Royaume, d'Al Barid Bank (qui est une filiale du
groupe Poste Maroc depuis le 8 juin 2010) bien qu’ils soient soumis au contrôle
directe de l’Etat.
Ajoutons à ceux-là les organismes financiers spécialisés qui sont des banques
à statuts spéciaux soumises actuellement au contrôle de Bank Al-Maghrib : le Crédit
Populaire du Maroc (ex Banque Populaire), le Crédit Agricole, le Crédit Immobilier et
hôtelier (le C.I.H.) dont les activités bancaires et financières sont également
commerciales.

20
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Quant aux établissements de crédit qui sont régis par la loi bancaire de 2006,
ce sont les banques et les sociétés de financement.
a - La banque
D’après la loi bancaire17, les activités bancaires principales sont : 
- la réception de fonds du public ;
- les opérations de crédits ;
- et la mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur
gestion.
Quant aux activités bancaires connexes, ce sont par exemple :
- les opérations de change; 
- les opérations sur or, métaux précieux et pièces de monnaie ;
- le placement, la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente des
valeurs mobilières ou de tout produit financier ;
- le leasing ou crédit –bail ;
- le conseil et l’assistance en matière de gestion financière, l’ingénierie
financière (ou engineering en anglais) 18 et, d’une manière générale, tous les services
destinés à faciliter la création et le développement des entreprises.
b - Le crédit 
Le crédit consiste, d’après la loi bancaire, en trois opérations, qui doivent
toutes être effectuées à titre onéreux19 en vertu desquelles une personne :
- met ou s'oblige de mettre des fonds à la disposition d'une autre
personne, à charge pour celle-ci de les rembourser : ce sont là deux opérations
différentes visées par la loi, il faut entendre par "mettre" les fonds à la disposition des
clients le crédit classique, et par "s'obliger de mettre" des fonds à la disposition des
clients les opérations telles que les ouvertures de crédit, les facilités de caisse, etc.
- ou prend dans l'intérêt d'une autre personne, un engagement par
signature sous forme d'aval, de cautionnement ou de toute autre garantie, c’est

17
Dahir n° 1-05-178 du 14 février 2006 portant promulgation de loi n° 34-03 relative aux
établissements de crédit et organismes assimilés, B.O. n° 5400 du 2 mars 2006, p.298.
18
- L’ingénierie est l’ensemble des études qui permettent de déterminer, pour la réalisation
d’un programme d’investissement, les meilleures tendances et modalités de conception, les
conditions de rentabilité optimales, les matériels et les procédés les mieux adaptés.
19
- C’est une condition essentielle, car les prêts concédés à titre gratuit ne sont pas
considérés du crédit.

21
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le cas de la CAISSE MAROCAINE DES MARCHES (C.M.M) 20


et de DAR AD-
DAMANE 21.

c - Les transactions financières


Il s’agit en fait de l’activité des sociétés de financements telles que définies
par l’article 10, al.3 de la loi bancaire, comme les sociétés de crédit à la
consommation : ASSALAF CHAABI, BMCI CREDIT CONSO, CETELEM MAROC,
DAR SALAF, FINACRED, SALAFIN, TASLIF, EQDOM, ACRED, WAFASALAF,
etc. Ces sociétés ne peuvent exercer des activités bancaires que celles qui sont
précisées dans les textes les concernant, à savoir certains crédits bien déterminés.
C’est donc pour ce genre d’établissements que l’article 6 du code de
commerce a réservé ce concept de transactions financières qu’il a délibérément
séparées des autres concepts de la banque et du crédit.
d - L’assurance
Enfin, le code de 1996 a dûment rendu commerciales  les opérations
d’assurances «à primes fixes », c'est-à-dire les assurances du secteur commercial,
pour les distinguer des assurances mutuelles.
En pratique, les sociétés d’assurances commerciales adoptent la forme de la
S.A., ce qui implique leur commercialité, aussi, par la forme 22.
La mutuelle est une assurance à but non lucratif, qui regroupe un certain
nombre d’adhérents, appartenant généralement à une même catégorie
socioprofessionnelle, qui versent une prime variable en fonction des résultats de
l’exercice annuel. C’est-à-dire que, suivant la quantité et la gravité des sinistres
survenus au cours de l’exercice, les adhérents seront amenés soit à ajouter un
complément à la prime initiale, soit à recevoir une ristourne du reliquat des primes
après l’arrêt des comptes (il ne s’agit pas de bénéfices). En pratique les mutuelles
établissent aussi des montants fixes calculés en fonction de la loi de la statistique,
mais sans avoir à rechercher de profits comme le secteur commercial.
Exemples de mutuelles : la M.A.E.M. (Mutuelle d’Assurances des Enseignants
du Maroc), M.A.M.D.A. (Mutuelle Agricole Marocaine d’Assurance).
Ajoutons à ce secteur les différents organismes de prévoyance sociale ou à
caractère social.
20
Arrêté n° 1300-96 du 14 safar 1417 (1er juillet 1996)
21
Arrêté n° 2958-94 du 18 joumada I 1415 (24 octobre 1994)
22
- L’article 44 al. 2 de la loi 5/96 leur interdit de se constituer sous forme de SARL.

22
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Les organismes de prévoyance sociale 23, qui sont des sociétés mutualistes,
sont également à but non lucratif qui mènent, au moyen de cotisations de leurs
membres, des actions de prévoyance, de solidarité et d’entraide au profit de ces
derniers ou de leurs familles afin de couvrir les risques pouvant atteindre leur
personne. Par exemple, la M.G.P.A.P.M. (Mutuelle Générale du Personnel des
Administrations Publiques du Maroc), la M.G.E.N. (la mutuelle générale de
l’éducation nationale).
S’ajoute à cette catégorie d’autres organismes à caractère social telles que la
CNSS (caisse nationale de la sécurité sociale) et la CIMR (caisse
interprofessionnelle marocaine de retraite).
Puisque les assurances mutuelles et ces organismes de prévoyance sociale
ne cherchent pas à réaliser de bénéfices, elles ne sont pas commerciales ; ce qui
n’est pas le cas du secteur commercial des assurances à primes fixes.
C - LES AUTRES SERVICES
Quatre activités prévues par l'article 6 peuvent être rangées dans ce cadre.
1 – L'activité industrielle
L’art. 6-5° parle d’activité industrielle. Il s’agit de toute activité qui consiste à
effectuer des travaux sur des biens meubles24 ou immeubles.
Mais à la différence de l'achat pour revente après transformation où il y a
achat de la matière première qui sera transformée pour être revendue (qui est une
activité de distribution), l'article 6 désigne par activités industrielles celles où les
produits ou matières premières sont fournis à l'industriel par ses clients à charges
pour lui de les leur restituer après transformation (l'industriel offre seulement son
service).
Mentionnons enfin dans le cadre des autres services, l'extension de la
commercialité pour la première fois à l’artisanat25, l’imprimerie et l’édition, le bâtiment
et les travaux publics.
L’activité industrielle peut également avoir pour objet les immeubles (les
entreprises ayant pour objet d’effectuer des travaux sur des immeubles tels que le
nivellement et le terrassement et qu’on appelait les manufactures immobilières).

23
Qui sont régis par le dahir du 12/11/1963 portant statuts de la mutualité.
24
- Certaines activités telles que la blanchisserie peuvent entrer dans cette catégorie.
25
- Ce qui inclue aujourd’hui tous les petits artisans comme le coiffeur, le tailleur, le plombier,
l’électricien, le maçon ; actuellement même les chauffeurs de taxis indépendants, qui étaient
jadis assimilés aux artisans, sont soumis au droit commercial.

23
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2 - La location de meubles
En vertu de l’art 6 - 1° et 2° toute location des biens meubles (voitures,
machines, bijoux, équipements pour l’organisation des fêtes …) est une activité
commerciale.
Le législateur de 1996 n'a pas commercialisé les opérations de location des
immeubles. L’achat d’immeubles en vue de leur location demeure donc une activité
civile.
3 - L’exploitation de locaux à usage public
Au sein de l’article 6 on dénombre trois sortes de ces établissements. Il s’agit
de :
 l’exploitation des salles de ventes aux enchères publiques des marchandises ;
Le nouveau code a employé cette expression moderne de vente aux enchères
publiques pour remplacer celle d’« établissements de vente à l’encan », qui date du
XIXème siècle, utilisée par l’ancien code.
Il s’agit de l’exploitation de salles de ventes aux enchères publiques des
marchandises négociées en gros. La vente au détail de produits neufs est interdite
en principe.
Bien entendu, les ventes qui se déroulent sous l’égide des tribunaux, dans le
cadre d’une liquidation successive à une déclaration de liquidation judiciaire, sont
exclues du champ de la commercialité.
 l’exploitation des magasins généraux et entrepôts publics :
- Les magasins généraux sont des entrepôts dans lesquels les marchandises
sont déposées contre remise de titres négociables, appelés récépissés - warrants,
qui permettent la vente ou le nantissement de ces marchandises sans leur
déplacement.
Le code de 1996 a désormais prévu expressément la commercialité des
magasins généraux qui restent toutefois organisés par le dahir du 6 juillet 1915. Le
nouveau code a seulement abrogé les articles 13 à 26 de ce dahir, qui régissent le
récépissé - warrant, qu’il a réglementé lui-même par ses articles 341 à 354.
- Les entrepôts sont également des locaux de dépôt de marchandises mais, avec
remise de simples reçus qui ne bénéficient pas des vertus des récépissés - warrants.
Exemple : les entrepôts des ports ou des aéroports, les entrepôts frigorifiques, les
garde-meubles, les garages de voitures…

24
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 Il s'agit enfin de l’organisation de spectacles publics à caractère


commercial, c'est à dire dans un but lucratif (théâtre, cinéma, salles de conférences
et lieux des manifestations sportives professionnelles). Par contre, lorsque
l’organisation du spectacle est faite dans un but intellectuel, ou de bienfaisance, ou
lorsqu’il s’agit d’un spectacle sportif amateur, elle est exclue du domaine du droit
commercial.
Quant à l’industrie hôtelière (l’hôtellerie et la restauration), on ne peut soutenir
qu’il s’agit d’une activité civile du moment qu'il s'agit d'exploitation de locaux à usage
public.
4 - Le transport
La commercialité du transport se base sur le fait qu’il participe à la circulation
des richesses, l’art. 6-6° s’est contenté de prévoir le « transport » pour englober tous
les modes de transport et éviter ainsi toute énumération, qu’il s’agisse du transport
des personnes ou des marchandises et quel que soit le mode de transport (aérien,
terrestre ou maritime).

Section II - LES ACTES DE COMMERCE


Les actes de commerce ne confèrent pas la qualité de commerçant à celui qui
en fait usage, néanmoins ils donnent lieu à l’application des règles du droit
commercial.
Rentrent dans cette catégorie les actes de commerce par la forme (art.9), les
actes de commerce par accessoire (art.10) et les actes mixtes (art.4).
§ I - LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME
Les actes de commerce par la forme sont des actes qui sont toujours
commerciaux quelle que soit la qualité des parties (commerçants ou non
commerçants) et quel que soit l’objet de l’opération qui leur donne naissance
(commerciale ou civile).
Ces actes sont la lettre de change et les sociétés commerciales (la S.A., la
SARL, la société en nom collectif, la société en commandite simple et la société en
commandite par actions).
A - LA LETTRE DE CHANGE :
Du fait que le L.C. soit un acte de commerce par la forme, il résulte les
conséquences suivantes :

25
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1°/ Les personnes qui s’obligent par L.C. sont soumises aux règles du droit
commercial : Mais ceci ne veut pas dire que celui qui signe habituellement des L.C.
acquiert la qualité de commerçant. Il est tout au plus assujetti aux règles
commerciales de la capacité et de la compétence judiciaire.
2°/ La L.C. est commerciale quelle que soit la cause pour laquelle elle a été
signée : Exemple : l’achat par un non commerçant d’un téléviseur à crédit au moyen
de lettres de change : bien que la cause de la L.C. pour ce consommateur est civile,
la L.C. reste commerciale.
B - LES SOCIETES COMMERCIALES
En principe, les sociétés devraient, comme les personnes physiques, obéir
aux mêmes critères de la commercialité, c’est-à-dire qu’une société serait civile ou
commerciale suivant l’objet de son activité.
Cependant, la SA, la société en commandite par actions et la SARL, même
ayant un objet civil, sont devenues des sociétés commerciales par la forme depuis la
législation du protectorat. De son côté, la loi 5/96 a rendu commerciales par la forme
même la société en nom collectif et la société en commandite simple.
Il faut dire que, dans les annales de l’histoire juridique, le scandale en France
de la Companie du Canal de Panamà a été déterminant dans la commercialité
objective des sociétés. Cette société était civile puisque son objet était civil :
l’exécution de travaux publics immobiliers (construction du canal de Panamà). Par
conséquent, elle n’obéissait pas aux règles du droit commercial et notamment la
faillite, ce qui a causé d’énormes préjudices à ses créanciers qui devaient désormais
agir individuellement suivant la loi civile pour récuperer leur dû.
§ II - LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE
L’article 10 du nouveau code stipule : «sont également réputés actes de
commerce, les faits et actes accomplis par le commerçant à l’occasion de son
commerce» ; ce sont donc les actes de commerce par accessoire.
Ces actes sont en réalité de nature civile et, lorsqu’ils sont effectués par un
commerçant pour les besoins de son commerce, ils acquièrent la qualité d’actes de
commerce. Exemple, le commerçant qui achète un camion pour livrer ses
marchandises, ou du mobilier pour son agence d’affaires ou des machines pour son
usine, etc.26
26
- On peut encore citer les crédits que le commerçant contracte pour le développement de
son entreprise, les contrats d’assurance relatifs aux opérations commerciales (les
assurances contractées en vue de l’obtention de crédits bancaires, les assurances relatives

26
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Signalons enfin que l’article 9 de la loi 53/95 a attribué au tribunal de


commerce la compétence pour connaître de l’ensemble du litige commercial qui
comporte un objet civil et, donc, des actes de commerce par accessoire.
§ III - LES ACTES MIXTES
Ce sont des actes qui sont commerciaux pour une partie et civils pour l’autre.
Exemple : un consommateur qui achète des produits ou de la marchandise chez un
commerçant ; cet acte a une double qualité : il est civil pour le consommateur et
commercial pour le commerçant.
C’est le cas pour toutes les ventes au détail ou ventes à la consommation :
l’acte est commercial pour le vendeur et civil pour le consommateur.
Mais il arrive que l’acte soit commercial pour l’acheteur et civil pour le
vendeur, c’est le cas notamment du commerçant qui achète les produits agricoles
d’un agriculteur.
L'article 4 du code de 1996 dispose que «lorsque l’acte est commercial pour
un contractant et civil pour l’autre, les règles du droit commercial s’appliquent à la
partie pour qui l’acte est commercial ; elles ne peuvent être opposées à la partie pour
qui l’acte est civil sauf disposition spéciale contraire ».
Par conséquent, les solutions qui s'appliquent en la matière sont les suivantes :
1 - La compétence judiciaire
Actuellement, avec la création des tribunaux de commerce, la loi a confié
au commerçant de convenir avec le non commerçant d’attribuer la compétence
au tribunal de commerce pour connaître des litiges pouvant les opposer à
l’occasion de l’exercice de l’activité du commerçant.
Ce qui laisse, en principe, le choix au non commerçant d'assigner le
commerçant devant le tribunal civil ou commercial ; alors que le commerçant n'a
pas d'autre choix que de poursuivre le non commerçant devant le tribunal civil.
Or, actuellement, avec la prolifération des contrats d'adhésion attribuant
compétence aux tribunaux de commerce, c'est le consommateur qui n'a
désormais plus de choix.
2 - La preuve

aux transports des marchandises ou du personnel), les contrats d’assurance relatifs aux
biens de l’entreprise (assurance incendie des magasins, entrepôts), les contrats de travail
conclus entre le commerçant et ses employés, l’achat ou la location d’immeubles pour
l’exercice du commerce, etc.

27
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La jurisprudence a appliqué le principe suivant lequel le régime des preuves


s’apprécie en fonction de la personne contre laquelle la preuve doit être faite.
Par conséquent, dans un acte mixte :
- le commerçant ne peut invoquer la liberté de la preuve contre le non
commerçant, il ne peut établir la preuve à l’égard de ce dernier qu’en se conformant
aux règles du droit civil (nécessité d'un écrit lorsque l’opération excède 10 000 dhs 27).
- inversement, lorsque le non commerçant doit fournir la preuve contre le
commerçant, la preuve sera libre pour lui (c’est-à-dire même par témoins).
3 - La prescription
Avant le code de 1996 il était fait application des règles du D.O.C. qui
prévoyait deux prescriptions :
- une prescription de 5 ans, s’agissant d’obligations contractées entre
commerçants pour les besoins de leur commerce, et une prescription de 2 ans et
parfois de 1 an s’agissant de certaines obligations particulières entre commerçants et
non commerçants ;
- la prescription en matière civile de 15 ans.
Actuellement, avec le nouveau code, lorsqu’il s’agit des actes mixtes, cette
prescription est unifiée ; l’article 5 a prévu désormais une seule prescription de 5 ans,
qu’il s’agisse de relations entre commerçants à l’occasion de leur commerce ou de
relations entre commerçants et non commerçants.
Maintenant que nous avons étudié l’objet du droit commercial, nous devons
analyser le sujet de ce droit à savoir, le commerçant.

CHAPITRE II - LE SUJET DU DROIT COMMERCIAL


Si les activités commerciales et les actes de commerce constituent l’objet du
droit commercial, le commerçant reste le sujet de ce droit.
Nous devons donc procéder à la définition du commerçant (section 1) pour
aborder sa condition juridique (section 2) et déterminer ses obligations légales
(section 3).

Section I - DEFINITION DU COMMERÇANT


27
Dahir du 30 novembre 2007 portant promulgation de la loi 53/05 relative à l'échange
électronique de données juridiques. B.O. 5584 du 6/12/2007, p. 1357. V. l'exception à cette
règle au chapitre suivant.

28
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

La définition du commerçant résulte expressément de l’article 6 du nouveau


code qui stipule que la qualité de commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou
professionnel des activités commerciales.
Toutefois cette condition est insuffisante pour définir le commerçant, une autre
condition s’impose, à savoir l’exercice des activités commerciales pour son propre
compte.
§ I - L’EXERCICE HABITUEL OU PROFESSIONNEL DES ACTIVITÉS COMMERCIALES
Nous avons déjà eu l’occasion de voir que le commerçant est celui qui exerce
les activités commerciales, mais de manière habituelle ou professionnelle.
Qu’est-ce que l’habitude et qu'est-ce que la profession ?
- L’habitude : veut dire une répétition régulière de l’activité commerciale,
autrement dit, l’exercice par entreprise des activités de l’article 6 ; en conséquence,
l’exercice occasionnel de ces activités ne peut plus qualifier un commerçant.
D’ailleurs, il ne faut pas oublier la condition supplémentaire de l’article 6 concernant
la publicité au registre du commerce.
- La profession : doit consister dans l’exercice d’une activité qui procure le
moyen de satisfaire aux besoins de l’existence de celui qui l’exerce.
Encore faut-il qu’il le fasse pour son propre compte.
§ II - L’EXERCICE POUR SON PROPRE COMPTE
Il s’agit là d’une règle qui connaît néanmoins des exceptions.
A – LA RÈGLE
La qualité de commerçant s’acquiert en définitif par l’exercice habituel ou
professionnel des activités commerciales, mais pour son propre compte. Autrement
dit, la règle en la matière est la suivante : celui qui exerce des activités
commerciales, même s’il en fait sa profession habituelle, n’est pas un commerçant
tant qu’il le fait pour le compte d’autrui.
Le commerce suppose une indépendance totale dans l’exercice de la
profession. Il suppose aussi un certain risque : le commerçant peut faire des
bénéfices mais il peut aussi subir des pertes ; d’où la règle : tous ceux qui exercent
le commerce pour le compte d’une autre personne et ne subissent pas de risque ne
sont pas des commerçants.
Rentrent dans cette catégorie les employés, dans la mesure où ils sont
subordonnés à leurs employeurs par un contrat de travail et restent indifférents aux
risques du commerce, et les mandataires qui ne font que représenter leurs mandants

29
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dans le commerce (exemples les représentants de commerce et les dirigeants des


sociétés commerciales).
B - LES EXCEPTIONS
Certaines personnes, bien qu’elles agissent pour le compte d’autrui, sont
considérées des commerçants alors qu’elles ne remplissent pas la condition
d’indépendance corrélative au risque.
a - Les commissionnaires
Nous avons déjà eu l’occasion de voir que le contrat de commission est une
sorte de mandat ; à ce titre, le commissionnaire ne devrait pas, en principe, être
considéré commerçant puisqu’il est un simple mandataire qui traite pour le compte
d’autrui, son commettant.
Nous avons vu aussi que le commissionnaire, à la différence du mandataire,
traite en son propre nom. Cependant, ce n’est pas pour cette raison que le
commissionnaire est un commerçant, mais parce qu’il exerce une activité
commerciale à part entière prévue par l’article 6-9° : la commission.
b - Les prête-noms
Le prête-nom est celui qui prête son nom dans des actes où le véritable
cocontractant ne peut ou ne veut pas voir figurer le sien.
C’est donc en apparence seulement que le prête-nom exerce le commerce,
c’est en apparence qu’il contracte avec les tiers en son nom et pour son compte
alors qu’en réalité, il le fait pour le compte d’autrui ; à ce titre, il ne devrait pas être
considéré commerçant.
Pourtant, vu l’importance accordée en droit commercial à la théorie de
l’apparence, le prête-nom est, sans hésitation, qualifié commerçant.
Il est ainsi clair que la définition du commerçant subit une grande influence de
l’activité commerciale de ce dernier et donc du système subjectif, un autre aspect de
cette influence se retrouve au niveau de la condition juridique du commerçant.

Section II - LA CONDITION JURIDIQUE DU COMMERCANT


Un commerçant doit satisfaire à des conditions relatives à la capacité
commerciale et à des conditions ayant trait aux restrictions à l’exercice du
commerce.
§ I - LA CAPACITE COMMERCIALE
1* Le mineur est celui qui n’a pas atteint l’âge de la majorité.

30
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La majorité légale est désormais fixée dans notre pays à 18 années


grégoriennes révolues depuis la modification de l’ancien code de statut personnel
par le dahir du 24 mars 200328, prévu actuellement par l’article 209 du nouveau Code
de la famille.
Le mineur est considéré incapable jusqu'à sa majorité ; dès sa naissance, il
est frappé d'une incapacité d'exercice générale, néanmoins, le Code de la famille
prévoit deux atténuations à cette règle, qui permettent au mineur d’accéder à la
capacité.
 L’autorisation d’expérience de la maturité  ‫االختبار‬
L’article 226 CF dispose que le mineur doué de discernement "peut (être
autorisé à) prendre possession d’une partie de ses biens pour en assurer la gestion
à titre d’essai".
Le mineur habilité ainsi à gérer une partie de ses biens, reste en principe
incapable ; mais pendant la période d’expérience, qui est généralement d'une année
renouvelable, il est considéré, à l'égard des biens qui lui sont remis et qui sont
mentionnés dans son autorisation, comme ayant pleine capacité. Il peut même ester
en justice à propos des actes de sa gestion (art. 226 in fine).
 L’émancipation par déclaration de majorité ‫الترشيد‬
Cette émancipation est réglementée par l’article 218 alinéas 3 et suivants du
CF qui prévoit que  le mineur qui a atteint l’âge de 16 ans, est admis à requérir son
émancipation du tribunal.
De même son représentant légal, s’il le juge apte à être émancipé, il peut en
faire la demande au tribunal29.
Il résulte de l’émancipation que le mineur :
- prend possession de tous ses biens ;
- qu’il est entièrement affranchi de la tutelle,
- qu'il est relevé de son incapacité, ce qui revient à dire qu’il acquière la
pleine capacité pour la gestion et la disposition de son patrimoine ;
- quant aux droits extra patrimoniaux, notamment le droit au mariage, ils
restent soumis aux textes qui les régissent.

28
B.O. n° 5096 du Jeudi 3 Avril 2003.
29
Art 218 "Le représentant légal peut demander au tribunal d’émanciper le mineur qui a
atteint l’âge précité, lorsqu’il constate qu’il est doué de bon sens… Dans tous les cas, les
personnes précitées ne peuvent être émancipées que lorsqu’il est établi devant le tribunal, à
l’issue des démarches légales nécessaires, qu’elles sont douées de bon sens".

31
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

La question qui se pose maintenant est de savoir dans quelle mesure ces
deux exceptions permettent – elles au mineur d'exercer le commerce ?
Sous l'ancienne législation, il n'était guère question de capacité commerciale
pour le mineur autorisé à titre d'expérience ; quant au mineur émancipé, il ne pouvait
gérer ses biens que dans le domaine civil. Pour pouvoir exercer le commerce, une
autorisation spéciale de son tuteur était nécessaire afin de procéder à son inscription
au registre du commerce.

Selon M. Ahmad CHOUKRI SOUBAI le nouveau code de commerce a


marqué le divorce avec cette législation, il a eu pour objectif d'unifier les règles de la
capacité commerciale et civile30. Il n'est donc plus question aujourd'hui de capacité
commerciale ni pour le mineur de 12 ans autorisé, ni pour celui de 16 ans émancipé  ;
ce qui veut dire qu’ils n’ont plus besoin d’autorisation d’exercer le commerce.

Quant à M. DRISSI MACHICHI ALAMI Mohamed 31, tout en confirmant


l'opinion de M. SOUBAI, il nous apprend, qu'il s'agisse de l'autorisation d’expérience
de la maturité (à 12 ans) ou de la déclaration judiciaire anticipée de majorité (à 16
ans) elles doivent être inscrites au registre de commerce. Ce qui laisse entendre que
dans les deux cas les mineurs ont le droit d'exercer le commerce à condition
d'inscrire leurs documents respectifs au registre de commerce.

Que prévoit donc le code de commerce de 1996 ?

On constatera si que l'article 12 de la version française du code de commerce


stipule que : "sous réserve des dispositions ci-après, la capacité pour exercer le
commerce obéit aux règles du statut personnel", sa traduction en arabe ne fait
guère allusion à l'exercice du commerce et parle seulement de la capacité :

"‫"تخضع األهلية لقواعد األحوال الشخصية مع مراعاة األحكام التالية‬

Néanmoins, l'article 13 du code de commerce stipule clairement dans les deux


langues que "l'autorisation d'exercer le commerce par le mineur et la
déclaration anticipée de majorité prévues par le code du statut personnel, doivent

242‫ ص‬،2001 ،‫ المعارف الجديدة‬،‫ الرباط‬،‫ الجزء الثاني‬،‫ ?الوسيط في النظرية العامة في قانون التجارة‬30
31
DRISSI MACHICHI ALAMI Mohamed, Droit commercial fondamental au Maroc, Rabat,
Imprimerie Fédala, 2006, pp. 188 et suiv.

32
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être inscrites au registre du commerce". Et, en arabe également les termes utilisés
ne laissent pas de doute quant à l'exigence des deux documents :

‫"يجب أن يقيد اإلذن باإلتجار الممنوح للقاصر و كذا الترشيد المنصوص عليهما في قانون األحوال الشخصية في السجل‬
."‫التجاري‬

Désormais, cette formulation de l’article 13 ne réconforte aucunement la


position de nos éminents professeurs.
L’article 13 ne s’est donc nullement écarté de l’ancien code, il exige toujours
les mêmes conditions pour que le mineur puisse exercer le commerce, à savoir :
- l’émancipation, or celle-ci ne peut être accordée au mineur qu’à l’âge de
16 ans ; ce qui écarte de facto le mineur de 12 ans autorisé à titre
d’expérience ;
- l’autorisation d’exercer le commerce qui est accordée par le tuteur et qui
est strictement liée, selon le texte, à l’émancipation.
Par conséquent, et légalement parlant, sans ces deux documents prévus par
le texte de l’article 13, le mineur ne peut être inscrit au registre de commerce.
2* Concernant les mineurs étrangers, le code de 1996 dans ses articles 15
et 16 les a soumis à l’âge de la majorité requis par la loi marocaine. Ces articles
prévoient deux hypothèses :
- A l’âge de 20 ans, tout étranger est réputé majeur et peut exercer le
commerce même si sa loi nationale prévoit un âge supérieur à 20 ans.
- A moins de 20 ans, même s’il est réputé majeur par sa loi nationale, un
étranger ne peut exercer le commerce qu’après autorisation du président du tribunal
du lieu où il entend exercer le commerce. Bien entendu, cette dernière doit être
inscrite au registre du commerce.
3* La femme mariée, quant à elle, depuis le nouveau code de commerce,
n'est désormais plus soumise à l'autorisation maritale pour exercer le commerce 32.

§ II - LES RESTRICTIONS A LA LIBERTE DU COMMERCE


La liberté du commerce est un principe fondamental de notre droit, consacré
désormais par la constitution33.

32
- V. à ce sujet notre article paru au journal L’opinion du 21 mars 1996, pp. 1 et 4 intitulé :
« La restauration du droit de la femme mariée à la liberté d’exercer le commerce ».
33
- L’article 35 de la constitution de 2011 dispose que l'Etat garantit la liberté d’entreprendre
et la libre concurrence.

33
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

Toutefois, cette liberté du commerce est limitée par certaines restrictions.


Le non-respect de ces restrictions est puni, suivant les cas, par des sanctions
disciplinaires administratives et même, le cas échéant, pénales.
En outre, les opérations commerciales effectuées par le contrevenant sont
considérés valables et peuvent le soumettre aux règles du droit commercial,
notamment celles relatives aux procédures de redressement et de liquidation
judiciaires.
Cette règle est maintenant consacrée expressément par l’article 11 du code
de commerce qui dispose que «toute personne qui, en dépit d’une interdiction, d’une
déchéance ou d’une incompatibilité, exerce habituellement une activité commerciale,
est réputé commerçant ».
Dans notre droit il existe des restrictions qui concernent les personnes et
d'autres qui concernent les activités
A - Les restrictions concernant les personnes

a – Les incompatibilités
Il arrive que certaines personnes exercent certaines professions, et cela ne
les empêche pas d’exercer le commerce en parallèle. Mais cette faculté n’est pas
toujours possible, car le législateur estime, pour différentes raisons, que certaines
professions sont incompatibles avec l’exercice du commerce :
- soit parce qu’il considère que l’exercice du commerce est contraire à la
dignité de la profession qu’ils exercent : exp. les médecins, les avocats, les
notaires, les adouls…
- soit parce qu’il estime que ceux qui occupent certaines fonctions doivent
rester indépendants : c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas se compromettre par les
risques du commerce et ne pas se laisser distraire par la recherche du profit ; exp.
les fonctionnaires (Art. 15 dahir 24/2/1958 portant statut général de la fonction
publique).
b – Les déchéances
Il s’agit d’une autre restriction à l’exercice du commerce qui vise les
commerçants ou les postulants au commerce, c’est-à-dire les personnes qui ont fait
l’objet de certaines condamnations pénales (pour vol, escroquerie, abus de
confiance, émission de chèque sans provision, infractions fiscales ou douanières,
banqueroute, etc.) ou d’une liquidation judiciaire.

34
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En outre, la déchéance commerciale emporte interdiction de diriger, toute


entreprise ayant une activité économique (art 711 code de commerce).
B – Les restrictions concernant les activités

a – Les interdictions
Au titre de cette restriction, le commerçant n’a pas le droit de postuler à
l’exercice de certaines activités commerciales :
- lorsque ces activités sont interdites par le législateur : par exemple
l’interdiction du commerce de la fausse monnaie (art. 335 C.P.), l’interdiction du
commerce lié aux jeux de hasard (art. 282 C.P.), l’interdiction du commerce des
objets et images contraires aux mœurs (art. 59 dahir 15/11/1958 formant code de la
presse)34, le commerce des stupéfiants ;
- ou lorsque ces activités constituent un monopole de l’Etat : par exemple la
recherche du pétrole et du gaz, l’exploitation et le commerce des phosphates, le
transport ferroviaire, etc.
b – Les autorisations
Dans certains cas, une autorisation administrative, sous forme d’agrément ou
de licence, est nécessaire avant l’ouverture du commerce ou l’exercice de certaines
activités commerciales, par exemple :
- la vente des boissons alcooliques (qui est soumise, suivant le cas, à une
licence ou à une autorisation),
- les activités cinématographiques sont soumises à une autorisation du
C.C.M.,
- les agences de voyages (qui doivent être autorisées par le ministère du
tourisme),
- le transport public des personnes (soumis à des agréments du ministère du
transport), etc. 35
Dans d’autres cas l’existence de ces autorisations s’explique par des
exigences de la profession, par exemple l’ouverture d’une pharmacie nécessite

34
Article 59 : Sera puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 1.200 à
6.000 dirhams quiconque aura fabriqué ou détenu en vue d'en faire commerce, distribution,
location, affichage ou exposition tous imprimés, écrits, dessins, gravures, films
pornographiques, photographies contraires à la moralité et aux mœurs publiques. DAHIR N°
1-02-207 du 3 octobre 2002 portant promulgation de la loi n°77-00 modifiant et complétant le
Dahir n°1-58-378 du 15 novembre 1958 formant code de la Presse et de l'Édition -2003-
35
Le transport des marchandises n'étant désormais plus soumis à agrément

35
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d’être titulaire d’un diplôme de pharmacien, les banques et les sociétés d’assurances
doivent être inscrites sur les listes de ces professions, etc.
Il faut ajouter que certaines activités ne peuvent être exercées que par des
personnes morales, par exemple les activités bancaires.

Section III - LES OBLIGATIONS DU COMMERCANT


En plus des obligations communes à toutes les entreprises économiques (les
obligations sociales, les obligations fiscales…), le commerçant est soumis à des
obligations spéciales, les unes nouvelles, les autres traditionnelles.
§1 – LES OBLIGATIONS NOUVELLES
En effet, dans le but d’assurer un meilleur contrôle fiscal, le code de 1996 a
institué de nouvelles obligations à la charge des commerçants, il s’agit de :
- l’obligation pour le commerçant, pour les besoins de son commerce, d’ouvrir
un compte dans un établissement bancaire ou dans Al Barid Bank qui est une filiale
du groupe Poste Maroc depuis le 8 juin 2010. (art.18) ;
- et l’obligation de payer par chèque barré ou par virement bancaire, toute
opération entre commerçants pour faits de commerce d’une valeur supérieure à
10000 dhs. L’inobservation de cette règle est passible d’une amende qui ne peut être
inférieure à 6% de la valeur payée autrement que par chèque ou virement bancaire  ;
les deux commerçants, c’est-à-dire le créancier et le débiteur, sont responsables
solidairement du paiement de cette amende.
C'est en se basant sur l'article 311 al. 2 36 du code de commerce que, depuis le
1er février 2011 un règlement interbancaire (du GPBM) a instauré l'obligation des
chèques pré-barrés et non endossables pour les clients patentés des banques (les
personnes morales, les entreprises individuelles et les professions libérales).
§2 – LA PUBLICITE AU REGISTRE DE COMMERCE
Le R.C. a pour rôle de faire connaître les commerçants, son objectif est
d’organiser une publicité juridique (non commerciale) sur le commerçant ; il fournit

36
L'article 311 dispose que : "Tout établissement bancaire peut, par décision
motivée, refuser de délivrer au titulaire d'un compte les formules de chèques autres que
celles qui sont remises pour un retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou pour une
certification. Il peut à tout moment, demander la restitution des formules antérieurement
délivrées. Il peut être délivré des formules de chèques barrés d'avance et rendues, par une
mention expresse de l'établissement bancaire, non transmissibles par voie d'endossement,
sauf au profit d'un établissement bancaire ou d'un établissement assimilé."

36
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aux tiers, qui sont en relation avec le commerçant, des informations relatives à sa
situation juridique et à ses activités commerciales.
C’est pour cette raison que le code de commerce a fait du R.C. un document
public ; toute personne peut se faire délivrer une copie ou un extrait certifié des
inscriptions qui y sont portées ou un certificat attestant l’inexistence d’une inscription
ou qu’une inscription a été rayée.
A - LE FONCTIONNEMENT DU R.C. 
Comment est-il organisé ? Quelles sont les personnes assujetties à
l'immatriculation ? Et quelles sont les différentes inscriptions ?
a - L’organisation du R.C.
Le R.C. est constitué par des registres locaux et un registre central :
Les registres locaux sont actuellement institués auprès de chaque tribunal de
commerce ou de première instance le cas échéant ; ils sont tenus par le secrétariat-
greffe et leur fonctionnement est surveillé par le président du tribunal ou par un juge
désigné par lui.
Le registre central du commerce est tenu à l’office de la propriété industrielle à
Casablanca. Il a pour but :
- de centraliser toutes les déclarations contenues dans les registres locaux
que lui transmettent les secrétaires greffiers des tribunaux ;
- et de délivrer les certificats relatifs aux inscriptions portées sur le registre.
b - Les personnes assujetties
Toutes les personnes physiques et morales (sociétés commerciales, GIE), de
droit privé ou de droit public, marocaines ou étrangères exerçant une activité
commerciale sur le territoire marocain sont tenues de se faire immatriculer au R.C.
du tribunal où est situé leur siège.
L’immatriculation est également obligatoire lors de l’ouverture d’une
succursale ou d’une agence d’entreprise marocaine ou étrangère.
c - Les inscriptions au R.C.
Ces inscriptions sont au nombre de trois :
1 - Les immatriculations
Il existe trois sortes d’immatriculations.

37
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1°/ L’immatriculation principale


Tout commerçant, personne physique ou morale, doit se faire immatriculer au
R.C.; la demande d’immatriculation doit avoir lieu dans les 3 mois de l’ouverture de
l’établissement commercial ou de l’acquisition du fonds de commerce pour les
personnes physiques, et dans les trois mois de leur constitution pour les personnes
morales.
Mais il ne peut y avoir qu’une seule immatriculation. Il s’agit de la première
immatriculation au R.C. qu’on appelle immatriculation principale.
Ainsi, un commerçant (personne physique ou personne morale) ne peut avoir
qu’un seul numéro d’immatriculation à titre principal car, l’immatriculation a un
caractère personnel, c’est-à-dire qu’elle est rattachée au commerçant, non à son
activité commerciale ou à ses établissements de commerce. S’il est établi qu’un
commerçant possède des immatriculations principales dans plusieurs registres
locaux ou dans un même registre local sous plusieurs numéros, il peut être
sanctionné et le juge peut procéder d’office aux radiations nécessaires.
2°/ Les inscriptions complémentaires
Si le nouvel établissement se trouve dans le ressort du tribunal où la personne
assujettie a son immatriculation principale, il y a lieu seulement à inscription
complémentaire, il ne s’agit pas d’une immatriculation mais uniquement d’une
inscription modificative.
3°/ Les immatriculations secondaires
Si le nouvel établissement se situe dans le ressort d’un autre tribunal que celui
de l’immatriculation principale, il y a lieu à demander une immatriculation secondaire
au tribunal du lieu de la succursale ou de l’agence ou de la création de la nouvelle
activité, avec indication de l’immatriculation principale. Dans ce cas, une inscription
modificative doit également être portée au R.C. de l’immatriculation principale.
Ces inscriptions sont nécessaires à l’occasion, et dans les 3 mois, de
l’ouverture des succursales ou agences ou de la création d’une nouvelle activité par
le commerçant déjà immatriculé au R.C., c’est-à-dire ayant au préalable une
immatriculation principale.
Quant à la succursale, agence de sociétés commerciales ou de commerçants
dont le siège social ou l’établissement principal se trouve à l’étranger, et la
représentation commerciale ou agence commerciale de collectivités ou
établissements publics étrangers, elles doivent requérir une immatriculation

38
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

principale au R.C. du tribunal du lieu où le fonds de commerce est exploité (Art. 41)
dans les 3 mois de leur ouverture (Art. 75). En cas de pluralité de fonds exploités, il
est procédé suivant le cas, à inscription complémentaire ou à immatriculation
secondaire (Art. 41).
2 - Les inscriptions modificatives
Tout changement ou modification concernant les mentions qui figurent sur le
R.C. doit faire l’objet d’une demande d’inscription modificative (art. 50) dans le mois
suivant le changement.
Par exemple, pour les personnes morales les décisions modifiant les statuts
de la société (l’augmentation ou la diminution du capital social, la forme juridique de
la société, la dénomination sociale), la nomination de nouveaux gérants, des
membres des organes d’administration, etc.
3 - Les radiations
La radiation est le fait de rayer l’immatriculation du commerçant du R.C. par
exemple en cas de cessation totale de l’activité commerciale, en cas de décès du
commerçant, en cas de dissolution d’une société, etc. 37
Les radiations peuvent être requises par les intéressés eux-mêmes, soit
opérées d'office par ordonnance du président du tribunal.
B - LES EFFETS DE L’IMMATRICULATION
a - Les effets à l'égard des personnes physiques
L’absence d’effets de l’immatriculation en vertu du dahir du 1 er septembre
1926 avait poussé la jurisprudence à juger que «la seule inscription au R.C. ne suffit
pas pour donner à la personne inscrite la qualité de commerçant »38.
L’immatriculation au R.C. ne constituait nullement une présomption d’être
commerçant.
1 - La présomption de commercialité
Désormais, avec le nouveau code de commerce, toute personne immatriculée
au R.C. est présumée avoir la qualité de commerçant.
Néanmoins, il faut souligner que le nouveau code ne s’est pas «aventuré »
jusqu’à donner à l’immatriculation l’effet d’une présomption irréfragable (ou absolue),
il s’est contenté de lui accorder une présomption simple, c’est-à-dire susceptible de
preuve contraire.
37
- V. art. 51 à 57 code de commerce.
38
- TPI d’Oujda, 24 mai 1961, Revue Marocaine de Droit du 1/11/1961, pp. 415 - 417.

39
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

Ce qui veut dire que, sous l'ancien code, il appartenait au commerçant de


prouver qu'il est commerçant ; actuellement, c'est à l'adversaire de démontrer qu'il
n'est pas commerçant.
2 - Les effets du défaut d’immatriculation
En vertu de la politique du nouveau code de commerce, lorsque le
commerçant n'est pas immatriculé au registre de commerce :
- d’une part, il se voit privé de tous les droits dont bénéficient les
commerçants, par exemples : il ne peut produire ses documents comptables en
justice pour faire preuve, ni invoquer la prescription quinquennale à l’égard des non
commerçants, ni revendiquer le droit à la propriété commerciale, etc.
- d’autre part, il se trouve soumis à toutes les obligations des commerçants,
par exemple, quand c’est dans son intérêt, il ne peut invoquer le défaut
d’immatriculation pour se soustraire aux procédures de redressement ou de
liquidation judiciaires qui sont spéciales aux commerçants.
Enfin, le code de commerce sanctionne d’une amende de 1 000 à 5 000 dhs :
1°/ Tout commerçant, gérant ou membre des organes d’administration, de
direction ou de gestion d’une société commerciale, tout directeur d’une succursale ou
d’une agence d’un établissement ou d’une société commerciale, tenu de se faire
immatriculer au R.C. qui ne requiert pas dans les délais prescrits les inscriptions
obligatoires.
Cette amende concerne toutes les mesures d’inscription : le défaut
d’immatriculations, d’inscriptions complémentaires ou modificatives et le défaut de
radiation.
2°/ La même amende est encourue lorsque l’assujetti prend plusieurs
immatriculations principales.
3°/ Elle frappe aussi tout manquement à l’obligation de mentionner le numéro
et le lieu de l’immatriculation au R.C. dans les documents de commerce (factures,
lettres, bons de commandes…).
b - Les effets à l’égard des personnes morales 
Dans notre ancienne législation, l’immatriculation au R.C. n’était pas une
condition pour l’acquisition de la personnalité morale, une société commerciale
jouissait de la personnalité morale dès sa constitution, indépendamment de
l’immatriculation au R.C.

40
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

Actuellement, avec les nouvelles lois relatives aux sociétés, celles-ci ne


jouissent de la personnalité morale qu’à partir de leur immatriculation au R.C.
39
§ 3 - LA TENUE D’UNE COMPTABILITE

L’utilité de la comptabilité n’est plus aujourd’hui à démontrer, tant dans l’intérêt


du commerçant (bonne gestion et moyen de preuve) que de celui des tiers
(informations sur la situation du commerçant) ou de l’Etat (contrôle des déclarations
fiscales).
La tenue des livres de commerce était réglementée par le code de commerce
de 1913, cette réglementation s’est révélée dépassée par l’évolution des pratiques
commerciales et comptables.
Pour se mettre à jour par rapport à cette évolution, le législateur a du
intervenir par la loi 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants,
promulguée par dahir du 25 décembre 1992 40.
A - LES LIVRES ET DOCUMENTS COMPTABLES
Désormais, notre législation actuelle ne dispense plus aucun commerçant,
aussi modeste que soit son commerce, de la tenue de la comptabilité commerciale.
L’article 1er de la loi 9-88 impose en effet à toute personne, physique ou morale,
ayant la qualité de commerçant de tenir une comptabilité dans les formes qu’elle
prescrit.
Dans ce but trois livres comptables sont obligatoires pour tous les
commerçants, à savoir :
- le livre journal : C’est un registre où sont enregistrées chronologiquement
opération par opération et jour par jour les mouvements affectant les actifs et les
passifs de l’entreprise. On y enregistre par exemple toutes les ventes et tous les
achats de la journée, les factures payées, les salaires versés…
- le grand livre : C’est un livre où sont reportées les écritures du livre -
journal ; il a pour objet de récapituler et d’enregistrer ces écritures suivant le plan de
comptes du commerçant. Il s’agit en quelque sorte d’un recueil de tous les comptes
ouverts par l’entreprise commerciale.

39
- V. BRITEL (Fawzi), Les nouvelles obligations comptables du commerçant, CMEJ, Le
nouveau code de commerce, Actes de la journée d'études du 5 juillet 1996, p 19.
40
- B.O. 30/12/1992, n° 4183 bis, p. 623.

41
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- et le livre d'inventaire : L’art. 5 de la loi impose aux commerçants de


dresser un inventaire des éléments actifs et passifs de l’entreprise au moins une fois
par exercice ; à cette fin, le commerçant doit tenir un livre d’inventaire sur lequel il
doit transcrire le bilan et le C.P.C. (compte des produits et charges) de chaque
exercice.
En outre, elle oblige les entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est
supérieur à 7.500.000 dhs d’établir un certain nombre de documents comptables
supplémentaires tels que le manuel, l’état des soldes de gestion (l’E.S.G.), le tableau
de financement, l’état des informations complémentaires (ETIC) et les états de
synthèse annuels (ES).
B - LES REGLES RELATIVES À LA TENUE DE LA COMPTABILITE ET LEURS
SANCTIONS
Analysons d’abord ces règles, ensuite leurs sanctions.
a - Les règles
Afin de veiller sur l’authenticité des écritures comptables et la sincérité des
opérations effectuées par les commerçants, l’article 22 de la loi exige que les
documents comptables soient établis «sans blanc ni altération d’aucune sorte »,
c’est-à-dire qu’il est interdit de laisser des blancs susceptibles d’être remplis en cas
de besoin ou de biffer des écritures, celles-ci doivent, le cas échéant, tout
simplement être rectifiées par d’autres écritures en sens inverse, autrement dit
procéder à la contre-passation.
C’est d’ailleurs pour les mêmes raisons que l’article 8 dispose que le livre
journal et le livre d’inventaire sont cotés et paraphés sans frais par le greffier du
tribunal du siège de l’entreprise. Chaque livre reçoit un numéro répertorié par le
greffier sur un registre spécial.
Par ailleurs, l’article 22 exige des commerçants de conserver leurs documents
comptables et leurs pièces justificatives pendant 10 ans. L’article 26 du code de
commerce les oblige, de son côté, de classer et conserver pendant 10 ans, à partir
de leur date, les originaux des correspondances reçues et les copies de celles
envoyées.
b - Les sanctions
Les sanctions de ces formalités sont d’ordre fiscal et pénal.

42
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1 - Les sanctions fiscales


Comme les documents comptables servent de base à l’établissement des
déclarations fiscales, ils peuvent faire l’objet de vérification de la part des inspecteurs
des impôts. Aussi, lorsque ces documents ne respectent pas les normes prescrites
par la loi 9-88, l’article 23 de cette dernière laisse la faculté à l’administration des
impôts de les rejeter et d’établir une imposition forfaitaire. Elle peut même appliquer,
le cas échéant, des sanctions pécuniaires (majorations, indemnités de retard, etc.)
2 - Les sanctions pénales
S’il s’avère que le commerçant a falsifié les livres et documents comptables, il
peut être poursuivi pour banqueroute ou pour fraude fiscale ou pour faux en écriture
du commerce.
D’un autre côté, en cas d’ouverture d’une procédure de traitement, les
dirigeants d’une entreprise individuelle ou à forme collective risquent d’être
poursuivis pour banqueroute41 lorsqu’il se révèle qu’ils ont tenu une comptabilité
fictive ou fait disparaître des documents comptables de l’entreprise ou de la société
ou s’ils se sont abstenus de tenir toute comptabilité prescrite par la loi.
Par ailleurs, la loi de finances 1996-1997 a, pour la première fois, incriminé la
fraude fiscale ; cette loi prévoit cinq faits qui peuvent constituer la fraude fiscale,
parmi lesquels la production d’une comptabilité fausse ou fictive et la soustraction ou
la destruction des documents comptables42.
C - LA PREUVE PAR LES DOCUMENTS COMPTABLES
L’un des intérêts de la tenue de la comptabilité pour le commerçant, et non
des moins importants, est qu’elle peut lui servir de preuve à l’égard des autres
commerçants.
Si les principes techniques de la comptabilité ont été réglementés par la loi 9-
88, les règles relatives à la preuve sont demeurées prévues par le code de
commerce dans ses articles 19 à 26.

41
- La sanction encourue est l’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 10 000 à
100000 dhs ou l’une de ces deux peines seulement. Ces peines sont portées au double
lorsque le banqueroutier est dirigeant d’une société dont les actions sont cotées en bourse.
42
- La sanction prévue est l’amende de 5 000 à 50 000 dhs qu’il s’agisse de l’IS, de l’IGR ou
de la TVA (Art. 12, 13 et14 LF) ; en cas de récidive, le contrevenant est passible, en plus de
cette amende, d’un emprisonnement de 1 à 3 mois. (Il faut rappeler que l’emprisonnement
ne peut être prononcé que contre les personnes physiques, s’il s’agit d’une personne morale,
il s’appliquera à ses dirigeants). Ajoutons que ces infractions doivent être constatées par
deux inspecteurs des finances par procès-verbal.

43
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Deux sortes de questions se posent à ce sujet : l’une relative à la force


probante des documents comptables, l’autre concerne les modes de production de
ces documents en justice.
a - La force probante des documents comptables
En ce qui concerne la preuve, il y a lieu de distinguer deux hypothèses,
suivant que les documents comptables sont invoqués contre le commerçant qui les
tient ou qu’ils sont invoqués par lui contre les tiers.
1 - Les documents comptables sont invoqués comme preuve contre le
commerçant qui les tient
Cette hypothèse se présente de la manière suivante : un détaillant achète de
la marchandise de chez son fournisseur mais il prétend ne pas l’avoir reçue,
pourtant, dans les livres de ce détaillant, il est fait mention de sa réception. Dans ce
cas, le fournisseur peut-il invoquer les livres du détaillant comme preuve contre ce
dernier d’avoir reçu la marchandise ?
En réalité, ces écritures constituent un aveu du commerçant. C’est pourquoi
l’article 20 du nouveau code de commerce a prévu expressément que les tiers
peuvent opposer au commerçant le contenu de sa comptabilité ; mieux encore, cette
comptabilité peut servir de preuve contre lui alors même qu’elle soit « irrégulièrement
tenue ».
2 - Les documents comptables invoqués comme preuve par le
commerçant qui les tient
L’un des intérêts de la tenue de la comptabilité pour le commerçant, et non
des moins importants, est qu’elle peut lui servir de preuve à l’égard des tiers.
Néanmoins, il convient de distinguer, suivant que le tiers est un commerçant ou un
non-commerçant.
2-1/ La preuve est dirigée contre un commerçant
Des dispositions de l’article 438 DOC43 on a déduit une règle générale suivant
laquelle nul ne peut se constituer une preuve à soi-même.
L’article 19 du code de commerce déroge cependant à cette règle en
admettant qu’une comptabilité régulièrement tenue est admise par le juge pour faire
preuve entre les commerçants à raison des faits de commerce.

43
- V. art. 433 et suiv. D.O.C.

44
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Par conséquent, en cas de litige entre commerçants à propos de leurs affaires


commerciales, chacun peut invoquer ses propres documents comptables pour faire
preuve contre l’autre, à condition qu’ils soient régulièrement tenus.
2-2/ La preuve est dirigée contre un non commerçant
Contrairement à l’hypothèse précédente où les commerçants se trouvent à
égalité des preuves, les documents comptables d’un commerçant ne peuvent, en
principe, revêtir une force probante à l’égard d’un non-commerçant. En plus du fait
que ce dernier n’a pas de moyens de défense pour faire face aux documents du
commerçant, il faut rappeler qu’en matière d’actes mixtes les règles du droit
commercial, notamment celle de la liberté de la preuve, ne peuvent être opposées au
non-commerçant (art. 4) ; ceci sans oublier que les documents du commerçant sont
des preuves de sa propre création.
Néanmoins, on peut trouver une atténuation à ce principe dans la disposition
de l’article 433 DOC qui a été reprise par l’article 21 du code 1996 suivant laquelle
« lorsque les documents comptables correspondent à un double qui se trouve entre
les mains de la partie adverse, ils constituent pleine preuve contre elle et en sa
faveur ».
Il faut déduire de cet article qu’il suffit que le non-commerçant détienne une
copie de ces documents, pour que celle-ci constitue une preuve contre lui ou en sa
faveur44.
La question se pose en pratique à propos des relevés de comptes établis par
les banques à l’intention de leurs clients non commerçants. La jurisprudence tantôt
leur refuse la force probante, tantôt y puise un commencement de preuve, tantôt
enfin elle leur reconnaît une force probante 45.
Mais le législateur, par principe, n’a pas fait d’exception à la règle de l’art. 4
relative aux actes mixtes ; bien au contraire, il a adopté une position explicite à ce
sujet en décidant que les relevés de comptes établis par les établissements de crédit
ne sont admis comme moyens de preuve qu’entre eux et leurs clients commerçants.

44
- Rappelons cependant que les tiers, commerçants ou non, peuvent invoquer en leur faveur
la comptabilité d’un commerçant sans avoir à en détenir un double (art. 20 code de
commerce).
45
- V. dans ce dernier sens, à titre d’exemple, TPI Casablanca, section commerciale, du
15/10/1987, aff. BCM c/ Barich Omar, n° 2547, RMD, 1987, n° 15, p. 306 qui a jugé que
dans la mesure où le relevé de compte établi par la banque est extrait de ses livres et
registres régulièrement tenus, sa contestation non appuyée par des moyens de preuve est
insuffisante à lui retirer sa valeur probante.

45
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b - Les modes de production en justice


Les documents comptables peuvent donc être invoqués en justice comme
preuve de leurs allégations soit par le commerçant qui les tient, dans ce cas il les
mettra de sa propre volonté entre les mains de la justice, soit par les tiers, et la loi
met à leur disposition deux procédés : la communication et la représentation. Mais le
juge peut ordonner d’office l’un ou l’autre de ces procédés, c’est-à-dire sans que ce
soit requis par les parties.
1 - La communication
« La communication est la production intégrale des documents comptables ».
Elle consiste donc pour le commerçant de mettre toute sa comptabilité à la
disposition de la partie adverse. L’article 24 laisse toutefois aux parties de décider de
la manière dont la communication doit être établie - notamment la remise des
documents à un expert - et à défaut d’accord, de les déposer au secrétariat-greffe du
tribunal.
C’est dire le danger que présente la communication pour le commerçant qui
verra tous les secrets de son commerce dévoilés à son adversaire.
C’est pourquoi l’article 24 du code de 1996 a prévu des cas exceptionnels où
la communication peut être ordonnée en justice, à savoir « les affaires de
succession, de partage, de redressement ou de liquidation judiciaire et dans les
autres cas où ces documents sont communs aux parties ».
On remarquera donc que la communication se justifie dans ces affaires par
deux raisons : soit que les adversaires ont le même droit sur ces documents
(succession, partage de société, etc.), soit par la cessation de l’activité du
commerçant (redressement ou liquidation judiciaire, le commerçant ne courant plus
aucun danger à dévoiler sa comptabilité).
2 - La représentation
« La représentation consiste à extraire de la comptabilité les seules écritures
qui intéressent les litiges soumis au tribunal » (art. 23 code commerce).
Aussi, la représentation se distingue-t-elle de la communication en ce que :
- seules les parties de la comptabilité qui concernent le litige en question sont
produites en justice ;
- les documents sont examinés par le juge lui-même ou par un expert nommé
par lui afin d’y extraire les écritures concernant le procès, ils ne peuvent donc être
confiés à l’adversaire ;

46
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- enfin, et par conséquent, la représentation n’est pas limitée aux situations


énumérées par l’article 24.
Il reste à signaler que si le commerçant refuse, sur injonction du juge, de
produire sa comptabilité, ou s’il déclare ne pas avoir de comptabilité, le juge peut
déférer le serment à l’autre partie pour appuyer ses prétentions (art. 25).
Si cette dernière prête ce serment dit supplétoire 46, elle sera alors crue sur sa
parole et gagnera son procès au détriment du commerçant qui a refusé de produire
sa comptabilité ou qui a déclaré ne pas en avoir.
Une fois tous les actes de commerce et les activités commerciales étudiés en
tant qu’objet du croit commercial et la question relative au sujet du droit commercial
élucidée, une interrogation se pose automatiquement dans notre esprit : pourquoi
distinguer le domaine commercial du domaine civil ? C’est toute la question de leur
régime juridique.

Section IV – LE REGIME JURIDIQUE DU DOMAINE COMMERCIAL


Les particularités des règles de droit commercial sont diverses. A ce niveau
de notre étude, on dégagera seulement à titre d'exemples quelques règles générales
du droit commercial qui se distinguent foncièrement de celles du droit civil. On
distinguera ces particularités suivant qu’il s’agit des règles de fond ou des règles de
forme.
§ I - LES PARTICULARITES DES REGLES DE FOND
1°/ La solidarité
Il y a solidarité entre les débiteurs lorsque chacun d’eux est personnellement
tenu de la totalité de la dette. Face à plusieurs débiteurs d’une même dette, le
créancier a le choix de réclamer à chacun d’eux, individuellement ou collectivement,
le paiement de la totalité de la dette.
En droit commun, c’est-à-dire dans les contrats civils «la solidarité entre les
débiteurs ne se présume pas » (art. 164 D.O.C.), elle doit être expressément stipulée
dans le contrat.
Mais en matière commerciale la solidarité est de droit : l’article 335 du code
1996 dispose : « en matière commerciale la solidarité se présume » (V. aussi art.
165 D.O.C.). Par conséquent, et contrairement au droit civil, pour écarter l’application

46
- Ce serment est appelé ainsi dans la mesure où il supplée à la production de preuve en
faveur de celui auquel il est déféré ; autrement dit, en cas d’absence de preuve, le serment
lui est déféré.

47
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de la solidarité entre les commerçants une clause spéciale doit être stipulée dans le
contrat.
2°/ Le mandat 
En matière civile le mandat est présumé gratuit, « à moins de convention
contraire » dit l’article 888 DOC.
Par contre, en matière commerciale la gratuité n’est pas présumée lorsque le
mandat est donné entre commerçants pour affaires de commerce (article 888, 2°
DOC). Par conséquent et inversement, pour que le mandat soit gratuit en matière
commerciale, une clause expresse doit être stipulée dans le contrat.
En outre, en matière de mandat, le pouvoir d’action des mandataires est
fondamentalement distinct en droit commercial par rapport au droit civil.
Dans le domaine civil, l’article 898 D.O.C. prévoit que lorsque plusieurs
mandataires sont nommés par le même acte et pour la même affaire, ils ne peuvent
agir séparément, s’ils n’y sont expressément autorisés.
Le même article prévoit que dans le mandat donné entre commerçants pour
affaires de commerce, l’un des mandataires peut agir valablement sans l’autre, si le
contraire n’est exprimé. Cette particularité du droit commercial se justifie
parfaitement par le souci de rapidité qu’exigent les transactions commerciales.
3°/ La stipulation d’intérêts 
Il convient tout d’abord de préciser que selon l’art. 870 D.O.C. la stipulation
d’intérêts entre musulmans est formellement interdite !
« Dans les autres cas » précise l’art. 871, c’est-à-dire dans les cas où les
musulmans ne sont pas parties au contrat, les règles relatives à la stipulation
d’intérêts sont les suivantes :
- En matière civile, les prêts sont censés être accordés sans intérêts ; ils ne
sont donc pas présumés. L’art. 871 dispose dans ce sens que « les intérêts ne sont
dus que s’ils ont été stipulés par écrit ». Par conséquent, n’étant pas de droit, la
stipulation d’intérêts en matière civile doit être expressément mentionnée dans le
contrat.
- Par contre, en matière commerciale, le même article dans son alinéa 2
prévoit que « cette stipulation est présumée lorsque l’une des parties est un
commerçant ». Cette règle a pour fondement le fait que les opérations commerciales
ont toujours pour objectif de réaliser des bénéfices ; donc le commerçant qui a profité
d’un prêt doit payer des intérêts même si le contrat ne stipule pas d’intérêts.

48
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4°/ La capitalisation des intérêts  (ou l’anatocisme)


- En matière civile : l’art. 874 D.O.C. interdit aux parties de stipuler que les
intérêts non payés seront, à la fin de chaque année, capitalisés avec la somme
principale et seront productifs eux-mêmes d’intérêts. Ce qui indique une interdiction
formelle de l’anatocisme dans le domaine civil.
- En revanche, dans le domaine commercial : si la capitalisation des intérêts
est permise par l’art. 873 D.O.C., elle ne peut se faire, même en matière de compte
courant, qu’à la fin de chaque semestre. Mais la coutume bancaire fait échec à cette
disposition de l’art. 873 du D.O.C. puisque, dans la pratique, la capitalisation des
intérêts est opérée à la fin de chaque trimestre.
§ II - LES PARTICULARITES DES REGLES DE FORME
Les règles de forme sont celles qui gouvernent l’organisation judiciaire, le
fonctionnement de la justice, les actes de procédure, le déroulement du procès, la
preuve, les décisions judiciaires, les recours, etc. Les règles du droit commercial se
distinguent aussi dans ce domaine par rapport à celles du droit civil à bien des
égards.
1°/ Le redressement et la liquidation judiciaires
Ces procédures sont particulières au droit commercial. Elles ont remplacé la
procédure de la faillite prévue par l'ancien code de commerce. Elles constituent une
garantie qui a pour but de protéger les créanciers contre leurs débiteurs
commerçants défaillants.
Lorsque la cessation de paiement du commerçant est dûment constatée, ses
créanciers doivent engager à son égard une procédure collective ; ils ne peuvent
poursuivre le débiteur de manière individuelle. Ils doivent se grouper dans leur action
et se faire représenter par un syndic. Tout d’abord, une procédure de redressement
est tentée et, en cas d’échec, il est procédé soit à la cession (vente de l’entreprise),
soit à la liquidation des biens du commerçant.
Par contre, un non commerçant qui refuse de payer ses dettes, ne peut être
assujetti à ces procédures collectives, il est déclaré en état de déconfiture. Chaque
créancier exerce son action de manière individuelle. Celui qui l’assignera en
paiement le premier, sera payé en priorité, après avoir exercé ses droits sur le
patrimoine du débiteur (c’est pourquoi on parle dans ce domaine du prix de la
course).

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2°/ La compétence judiciaire :


Avant 1997 il n’existait pas de tribunaux de commerce au Maroc ; les
tribunaux de droit commun connaissaient de toutes les affaires, qu’elles soient civiles
ou commerciales…
Depuis, la loi 53/95 a créé des tribunaux de commerce et des cours d’appel
en matière commerciale (V. supra en introduction) mais qui ne connaissent
désormais que des affaires commerciales dont le montant dépasse 20 000 dh.
3°/ La preuve :
- En droit civil, la règle en matière de preuve est clairement exprimée par
l’art. 443 D.O.C. qui exige la preuve par écrit pour toute demande en justice qui
dépasse la somme de 10 000 dh47.
- En droit commercial, le principe est la liberté de la preuve. C’est-à-dire
que dans les affaires qui opposent les commerçants, il n’est pas nécessaire d’établir
la preuve par écrit, la preuve testimoniale suffit. Ce qui s’explique par le fait que les
commerçants s’occupent plus de la rapidité de la réalisation de leurs transactions
que du formalisme.
L’art. 334 du code 1996 stipule en effet qu’en matière commerciale la
preuve est libre. Cependant, si une disposition législative ou une clause
conventionnelle l’exigent, la preuve doit être rapportée par écrit (par exp. la loi exige
un écrit en matières de vente et de nantissement du fonds de commerce, des
contrats de sociétés, des effets de commerce…).
4°/ La prescription :
Il s’agit de la prescription dite extinctive ou libératoire. 48 Cette prescription est
un mode de libération ou d’extinction d’une obligation. Elle éteint toute action née
d’une obligation après l’écoulement du délai fixé par la loi.
Cette prescription est, en fait, une sanction du créancier qui, par sa
négligence et son inaction, laisse passer le délai prévu par la loi sans réclamer sa
créance.
- Dans le domaine civil, le délai de cette prescription est de 15 ans (Art. 387
et 375 D.O.C.).
47
Dahir du 30 novembre 2007 portant promulgation de la loi 53/05 relative à l'échange
électronique de données juridiques. B.O. 5584 du 6/12/2007, p. 1357
48
- Par opposition à la prescription acquisitive qui a pour effet de faire acquérir un droit réel
(exp. le droit de propriété) à celui qui en bénéficie après l’écoulement du délai de
prescription.

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- Mais en matière commerciale ce délai n’est que de 5 ans, s’agissant


d’obligations nées entre commerçants à l’occasion de leur commerce. (Art. 5 code
1996 et 388 D.O.C.). Ce court délai s’explique :
* d’une part, par l’application du principe de la liberté de la preuve entre les
commerçants ;
* d’autre part, par le fait que, par la tenue de leur comptabilité, les
commerçants sont en mesure de se rendre compte de l’état de leurs créances. Par
conséquent, le délai de 5 ans est largement suffisant pour pouvoir les réclamer.
Telles sont les données sur les activités commerciales et les actes de
commerce qui constituent dans le nouveau code de commerce l’objet du droit
commercial. Partant de ces données, il nous est possible de porter l’analyse sur le
fonds de commerce.

CHAPITRE 3 - LE FONDS DE COMMERCE


Nous examinerons, d’abord, les éléments du F.C., ensuite les contrats qui
portent sur le F.C. et les règles destinées à le protéger et enfin la nature juridique du
F.C.

Section 1 - LES ELEMENTS DU F.C.


Ces éléments sont traditionnellement divisés en deux catégories, suivant leur
nature, en éléments corporels et d’autres incorporels.
§ I - LES ELEMENTS CORPORELS
Il s’agit du mobilier commercial (les bureaux, les fauteuils, les chaises, les
comptoirs…), des marchandises (objets destinés à la vente) et du matériel et
l’outillage (les appareils et machines, les moyens de transport…)
Il faut noter cependant que ces éléments corporels n’ont pas toujours une
importance dans un F.C., par conséquent, bien que ces éléments corporels fassent
partie du F.C., l’acquéreur du F.C. peut parfaitement se passer du matériel, outillage
et mobiliers anciens.
Par ailleurs, il existe bien des F.C. qui n’ont pas de marchandises tels que les
fonds des courtiers et agents d’affaires…
Il reste que, ce sont les éléments incorporels qui confèrent son importance au
F.C.
§ II - LES ELEMENTS INCORPORELS 
Ce sont les éléments les plus divers du F.C. et les plus importants.

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1 - La clientèle : La clientèle est la faculté de grouper les clients habituels au


commerce. C’est l’élément le plus important du F.C. ; d’ailleurs, en vertu de l’art. 80
du code de commerce, la clientèle est devenue un élément obligatoire du F.C. Ce
dernier ne peut exister sans la clientèle.
Il ne s’agit donc pas de l’ensemble des clients d’un commerce, car le
commerçant ne possède pas la clientèle, il n’en a pas le monopole et il suffit d’une
mauvaise gestion pour la perdre.
2 - Le nom commercial : C’est l’appellation empruntée par le commerçant
pour l’exercice de son commerce, exp. Établissement Ben Chekroun49, Garage El
Bahja…
3 - L’enseigne : C’est un signe distinctif qui sert à individualiser un
établissement commercial : exp. la coquille de Shell, le petit homme de neige de
Michelin, Hôtel au Lion d’Or, 1000 chemises, Au Rabais, CTM…
4 - Les licences : L’art. 80 parle des licences, mais il s’agit aussi des
autorisations et des agréments. Elles sont accordées par les autorités
administratives concernées pour l’exploitation de certains F.C., suivant le domaine
d’activité : tourisme, transport, hôtellerie, restauration, cinéma, vidéo, boissons
alcooliques…
5 - Le droit au bail : Ce droit n’a d’intérêt que dans le cas où le commerçant
n’est pas propriétaire du local dans lequel il exerce son commerce. Il est désigné
dans la pratique par l’expression de « propriété commerciale », ce qui exprime la
protection accordée par le législateur aux locataires de locaux à usage commercial
contre les éventuels abus des propriétaires des murs qui pourraient avoir des
conséquences néfastes sur le commerçant. De plus, il est difficile de concevoir une
vente d’un F.C. sans local.
Le droit au bail est demeuré réglementé par le dahir du 24 mai 1955, ses
règles assurent au commerçant le droit au renouvellement du bail et, à défaut, le
droit à une indemnité.
6 - Les droits de propriété industrielle :
L’art. 80 dresse toute une énumération de ces droits ; il s’agit des brevets
d’invention, des marques de fabrique, de commerce et de service, des dessins et
modèles industriels…

49
- Le nom patronymique est hors du commerce, c’est-à-dire ne peut être cédé.

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Section 2 - LES CONTRATS PORTANT SUR LE FONDS DE


COMMERCE
Le F.C. peut être vendu (§1) ou apporté à une société (§2), affecté en
nantissement (§3), des règles communes ont cependant pour but la protection des
droits du vendeur et du créancier nanti (§4), enfin le FC peut être mis en location
(§5).
§ I - LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE
Vu ses particularités commerciales, la vente du F.C. a fait l’objet d’une
réglementation spéciale par le code de 1996.
Elle prévoit en effet des conditions particulières au contrat de vente du F.C. et
partant, des effets spéciaux.
A - LES CONDITIONS DE LA VENTE
Comme tout contrat, la vente du F.C. doit obéir aux conditions de fond
générales en la matière : le consentement, la capacité commerciale, l’objet de la
vente et le prix.
Quant aux conditions de forme, et afin de protéger l’acquéreur, l’article 81 du
code de commerce impose la rédaction d’un écrit.
Mais l’écrit ne doit pas prendre obligatoirement la forme authentique, il peut
être seulement sous seing privé50.
B - LES EFFETS DE LA VENTE
Si la vente du F.C. fait l’objet d’une réglementation spéciale, c’est justement
pour protéger tous les intérêts en présence.
a - Les règles protectrices des droits de l’acquéreur
Il s’agit d'abord des règles de droit commun de la vente qui posent certaines
obligations à la charge du vendeur : qui doit transférer la propriété du F.C. à
l’acheteur, garantir l’acheteur contre les vices cachés du F.C. en plus de l’obligation
de non concurrence.
En outre le code de 1996 a imposé au vendeur d'inscrire un certain nombre de
mentions obligatoires destinées à la protection de l’acquéreur (v. art. 81)
b - Les règles protectrices des droits du vendeur 
L’acheteur du FC a pour obligation principale le paiement du prix convenu.

50
L'article 57 de la loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie (B.O 5080 du
07/12/2006) impose l'intervention d'un notaire en cas de cession d'une officine de pharmacie.

53
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Devant l’importance de l’investissement, un crédit est souvent consenti par le


vendeur à l’acquéreur du FC ; aussi, le législateur offre des garanties légales au
vendeur du FC.
1 - Le privilège du vendeur
Pour pouvoir bénéficier de ce privilège, le vendeur doit l’inscrire au RC. Le
vendeur doit, à peine de nullité, procéder à cette inscription dans les 15 jours de la
date de l’acte de vente.
L’inscription de ce privilège fera alors bénéficier le vendeur d’un droit de suite
et d’un droit de préférence (V. infra §4).
2 - L’action résolutoire
Au moment de l’inscription de son privilège 51, le vendeur peut, en plus et en
même temps, opter pour l’action résolutoire dans la perspective de récupérer son FC
dans le cas où il y verrait un intérêt. A défaut de paiement, elle lui permettra d’obtenir
l’effacement rétroactif du contrat de vente du FC pour inexécution par l’acquéreur de
son obligation de payer le prix.
c - Les règles protectrices des droits des créanciers du vendeur
Un commerçant doit normalement, préalablement à la vente de son FC,
procéder à l’apurement de sa situation vis- à- vis de ses créanciers ; ce qui n’est pas
toujours le cas. C’est en prévision de certaines pratiques malhonnêtes que le
législateur a instauré des règles pour protéger ces créanciers.
Dans ce but, trois mécanismes complémentaires sont mis au point par le
législateur :
1 - La publicité
- Dépôt : Pour que les créanciers soient mis au courant de l’opération de
vente du FC, l’art. 83 du nouveau code impose tout d’abord, une fois l’acte de vente
enregistré, de déposer une expédition de l’acte notarié ou un exemplaire de l’acte
sous seing privé dans les 15 jours de sa date au secrétariat-greffe du tribunal.
- Publication au RC : Ensuite, un extrait de cet acte doit être publié au RC.
- Publications au BO et journaux d’annonces légales. : Enfin, une double
publication doit être entreprise :

51
- C'est-à-dire dans les 15 jours de l'acte.

54
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

* Une première publication de tout l’extrait inscrit au RC est effectuée sans


délai par le secrétaire-greffier au BO et dans un journal d’annonces légales aux frais
des parties.
* Cette publication doit être renouvelée par l’acquéreur entre le 8 ème et le 15ème
jour après la première insertion.
- La sanction : Etant destinés aux créanciers, le défaut de dépôt et de
publicité a pour conséquence que la vente du FC leur est inopposable et l’acheteur
reste tenu des dettes du vendeur (Art. 89). La jurisprudence est claire à ce sujet, elle
considère que l’acquéreur du fonds « n’est pas libéré vis-à-vis des tiers créanciers. Il
demeure susceptible d’être actionné par les créanciers du vendeur »52. En outre, il
reste redevable même à l’égard de l’administration fiscale.
2 - L’opposition 
Une fois la seconde publicité accomplie, les créanciers du vendeur, même si
leur dette n’est pas encore exigible, ont un délai de 15 jours pour former opposition
au tribunal.
Il ne s’agit pas d’une opposition à la vente du FC, mais au paiement de son
prix au vendeur. Par conséquent, le prix de vente doit rester consigné entre les
mains de l’acheteur pendant le délai de l’opposition et même après ce délai au cas
où des oppositions seraient formées; s’il passe outre cette consignation et paie
quand même le vendeur, il ne sera guère libéré vis-à-vis des tiers (Art . 89).
Afin de remédier à cette situation de blocage du prix de vente, l’art. 85 permet
au vendeur, après l’écoulement d’un délai de 10 jours de l’expiration du délai des
oppositions, de saisir en référé le président du tribunal afin de l’autoriser à percevoir
son prix à condition de verser à la caisse du tribunal une somme suffisante, fixée par
le président, pour désintéresser les créanciers opposants.
3 - La surenchère
Tout créancier, qui se rend compte que le prix de vente déclaré est insuffisant
pour désintéresser les créanciers opposants ou inscrits, a la possibilité de formuler
son désir d’acheter lui-même le FC en se déclarant surenchérisseur 53 et proposer de
payer le prix déclaré majoré d’un sixième du prix des éléments incorporels.
Lors de la surenchère, à défaut d’un plus fort enchérisseur, le fonds est
adjugé au créancier surenchérisseur du sixième.
52
- Trib. Casablanca, 27 février 1937, G.T.M. 10/4/1937, p. 111.
53
- En réalité, cette procédure a pour objectif de lutter contre les pratiques de dissimulation du prix réel de
la vente.

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Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

§ II - L’APPORT DU FC EN SOCIETE :
Le propriétaire d’un FC, au lieu de le vendre, peut décider, pour différentes
raisons, d’en faire un apport en société.
Les règles relatives à cette opération qui étaient contenues dans l'art. 7 du
dahir du 31/12/1914 sont reprises, avec quelques modifications et certaines
précisions par les art. 104 et 105 du code de 1996.
La publicité de l’apport du FC en société est semblable à celle de la vente :
dépôt de l’acte au tribunal, inscription d’un extrait au RC et sa première publication
au BO et dans un journal d’annonces légales par les soins du greffier, ensuite une
deuxième publication par la société, comme pour l’acquéreur en cas de vente.
Elle en diffère par contre quant à la procédure spéciale accordée aux
créanciers de l’apporteur et quant aux mesures de protection de leurs droits.
A - LA PROCEDURE DE DECLARATION DE CREANCES :
En contrepartie de son apport en société, le propriétaire du fonds perçoit une
part du capital, sous forme de parts sociales ou d’actions par exemple, qui ne peut
en principe faire l’objet ni d’une opposition de la part de ses créanciers comme s’il
s’agissait du prix payé en espèce, ni d’une procédure de surenchère du sixième.
En prenant en considération cette situation, le législateur a institué une
procédure spéciale en vue d’assurer la protection des intérêts des créanciers de
l’apporteur appelée « procédure de déclaration de créances ».
En effet, dans les 15 jours après la deuxième publication, ces créanciers
doivent faire une déclaration au secrétariat-greffe du tribunal qui a reçu l’acte pour
faire connaître les sommes qui leur sont dues et un récépissé de la déclaration leur
sera délivré par le greffier.
Cette déclaration a pour objectif de porter à la connaissance des coassociés
de l’apporteur le passif qui grève le fonds objet de l’apport.

B - LA PROTECTION DES DROITS DES CREANCIERS :


Dans les 30 jours qui suivent la seconde insertion (ce qui laisse un délai
effectif de 15 jours après le délai de 15 jours fixé pour les déclarations des
créanciers), l’art. 105 prévoit deux hypothèses :
* ou bien les coassociés ou l’un d’entre eux forme une demande au tribunal :

56
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

- soit en annulation de la société : dans ce cas, il faut entendre que la


société est dans le stade de sa constitution, auquel cas elle ne peut être valablement
constituée faute d’apport et le juge doit en prononcer l’annulation ;
- soit en annulation de l’apport : dans ce cas, la société est supposée déjà
constituée et continuera d’exister en dépit de l’annulation de l’apport par le juge.
* ou bien, à défaut de cette demande en annulation, ou alors tout en étant
faite, l’annulation n’a pas été prononcée par le juge, « la société est tenue
solidairement avec le débiteur principal au paiement du passif déclaré et
dûment justifié ».
Autrement dit :
- soit que le tribunal, pour une raison ou pour une autre, ne prononce pas
l’annulation de la société ou de l’apport demandée par les associés ;
- soit que ces derniers n’aient pas formé cette demande, auquel cas ils sont
censés avoir accepté l’apport du fonds avec son passif ;
Dans les deux cas le FC est intégré dans le capital social avec ses dettes, à
condition qu’elles soient déclarées et dûment justifées, mais l’apporteur du fonds
reste le débiteur principal et la société ne sera considérée que comme une caution
solidaire au paiement de ces dettes.
§ III - LE NANTISSEMENT DU FC
Le code de commerce réglemente le nantissement du FC sans déposséder le
commerçant qui continue de l’exploiter.
A - LES CONDITIONS
Tous les éléments du FC énumérés à l’art. 80 sont susceptibles d’être compris
dans le nantissement à l’exclusion des marchandises, le législateur entend garder
cet élément du fonds aux créanciers ordinaires.
B – LES FORMALITES
Exactement comme pour l’acte de vente, le nantissement du FC doit être
dressé par un acte authentique ou sous seing privé et déposé au tribunal dans lequel
le fonds est inscrit dans les 15 jours de sa date.
Ce dépôt sera suivi de l’inscription d’un extrait de l’acte au RC.
Cette inscription du nantissement au RC doit, à peine de nullité, être prise à la
diligence du créancier gagiste dans les 15 jours de l’acte constitutif, autrement dit, à
défaut de cette inscription, le nantissement sera purement et simplement
inopposable aux autres créanciers du propriétaire du FC. Cette inscription conserve

57
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le privilège pendant 5 ans et doit être renouvelée à l’expiration de ce délai, sinon son
effet prend fin et il est procédé à sa radiation d’office par le greffier (Art. 137).
§ IV - LES REGLES COMMUNES A LA VENTE ET AU NANTISSEMENT DU FC
En dehors de l’action résolutoire qui est propre au vendeur du FC, le
législateur a institué des règles communes à la vente et au nantissement qui ont
pour effet de protéger les droits du vendeur et du créancier nanti ; il s’agit en
l’occurrence du droit de suite et du droit de préférence.
A - LE DROIT DE SUITE
En vertu du premier alinéa de l’art. 122 c.com. « les privilèges du vendeur et
du créancier gagiste suivent le fonds en quelques mains qu’il passe ».
Il s’agit donc de ce droit qui permet aux créanciers privilégiés inscrits et non
payés de saisir le FC entre les mains de n’importe quelle personne et à quelque titre
que ce soit, qu’il s’agisse du propriétaire ou d’un nouvel acquéreur en vue de le faire
vendre aux enchères publiques.
B - LE DROIT DE PRÉFÉRENCE
Ce droit permet aux créanciers privilégiés, suite à la vente du FC aux
enchères publiques, de se faire payer sur le prix de la vente par priorité sur les
autres créanciers.
§ V - LA GERANCE LIBRE
La gérance libre (ou gérance location) permet au propriétaire de donner la
gérance du fonds à une personne en vertu d’un contrat de location moyennant un
loyer. Dans ce cas, le gérant locataire bénéficie de la qualité de commerçant et
assume seul les risques de l’exploitation.
Ayant la qualité de commerçant, le gérant libre doit se faire immatriculer au
RC. Mais la publicité dont il est question ici a pour objectif de faire connaître aux tiers
que la propriété du fonds n’appartient pas au gérant.
Pour ce faire, un extrait du contrat de gérance libre doit être publié dans les 15
jours de sa date au BO et dans un journal d’annonces légales, ensuite procéder aux
formalités relatives au RC. Il reste qu’il est dans l’intérêt du bailleur du fonds
d’effectuer ces publicités dans la mesure où il demeure responsable solidairement
avec le gérant des dettes contractées par ce dernier à l’occasion de l’exploitation du
fonds (art. 155).

Section 3 - LA NATURE JURIDIQUE DU F.C.

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Le mérite de doter le F.C. d’un statut juridique revient au nouveau code de


commerce qui a mis fin aux discussions doctrinales.
§1 - LES THESES DOCTRINALES
En effet, la doctrine est partagée à propos de la nature juridique du F.C. entre
deux principales thèses, celle de l’universalité juridique et celle de l’universalité de
fait.
A - LA THÈSE DE L’UNIVERSALITÉ JURIDIQUE
Les partisans de cette thèse, qui sont pour la plupart des commercialistes
allemands, ont pour fondement l’union de l’ensemble des éléments du F.C, celui-ci
est une universalité juridique.
Ces éléments forment un patrimoine à part, avec un actif et un passif dit
patrimoine d’affectation : le F.C. Celui-ci constitue une universalité juridique (un
groupement), une unité juridique indépendante (par rapport au patrimoine personnel
du commerçant), avec ses propres créances et dettes.
Cette théorie, qui est en harmonie avec le système allemand, reste
incompatible avec notre droit positif qui consacre plutôt le principe de l’unité du
patrimoine (ou indivisibilité du patrimoine). Suivant notre principe la responsabilité du
commerçant n’est pas limitée au seul F.C., elle s'étend à la totalité de ses biens.
B - LA THÈSE DE L’UNIVERSALITÉ DE FAIT
Les partisans de cette thèse avancent que le F.C. ne constitue pas une
universalité juridique, mais seulement une universalité de fait (un groupement de
fait), c’est-à-dire que cette union des éléments du F.C. n’est qu’une union de fait
ayant pour but commun l’exploitation d’un commerce. Ce qui a pour conséquence
que chaque élément conserve sa propre caractéristique et peut être cédé
indépendamment des autres.
§2 - LA POSITION DU NOUVEAU CODE DE COMMERCE
L’art. 79 du code de 1996 a finalement adopté une position conforme à nos
principes juridiques : le F.C. est désormais légalement défini comme étant « un bien
meuble incorporel constitué par un ensemble de biens mobiliers affectés à l’exercice
d’une ou de plusieurs activités commerciales ».
A - LE F.C. EST UN BIEN MEUBLE
En effet, le F.C. ne peut être considéré comme un bien immeuble ; constitué
de biens de nature mobilière, le F.C. ne peut être qu’un bien meuble. L’intérêt en est
que, du point de vue juridique, le F.C. se distingue des règles qui régissent les

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immeubles ; par exemple, en tant que meuble, le F.C. ne peut faire l’objet d’une
hypothèque mais d’un nantissement.
B - LE F.C. EST UN BIEN MEUBLE INCORPOREL
C’est ce qui se dégage de la composition même du F.C. ; ce dernier est en
effet principalement composé d’éléments incorporels, qui sont les plus importants
dans un F.C. et notamment la clientèle54.
Du fait que le F.C. soit considéré un meuble incorporel, il résulte que la règle
« en fait de meuble la possession vaut titre » ne lui est pas applicable, car cette règle
ne s’applique qu’aux meubles de nature corporelle. Par conséquent, en cas de litige
entre deux acquéreurs successifs d’un F.C., la préférence est donnée à celui dont le
contrat d’acquisition est le premier en date et non à celui qui a été mis en possession
du F.C. le premier.
Ajoutons que le F.C. est de nature commerciale. L’intérêt de cette précision
réside dans la distinction avec les activités non commerciales qui ont aussi une
clientèle55. Car, effectivement, on ne peut parler d’un F.C. que si la profession
exercée est commerciale.

54
- Nous avons pu constater qu’un FC peut se passer de ses éléments corporels.
55
- CHANIOT WALINE (M.), La transmission des clientèles civiles, Paris, LGDJ, 1994.

60
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

BIBLIOGRAPHIE
I – THEORIE GENERALE DE DROIT COMMERCIAL
A – DROIT MAROCAIN
- CHOUKRI SOUBAI (A), Traité de droit commercial marocain et comparé, Rabat,
Imprimerie Al Maarif Al Jadida, (en arabe) :
* T I, Théorie générale de l'évolution du commerce et du droit commercial et
les actes de commerce par nature, 4ème éd., 1994,
* T III, Les entreprises commerciales, les actes de commerce maritimes, les
actes de commerce par accessoire, les actes mixtes, le commerçant individuel ses
obligations et ses droits, 1993,
- DECROUX (P), Les sociétés en droit marocain, Rabat, Éditions LA PORTE, 3ème
éd., 1987.
- DRISSI ALAMI MACHICHI (M), Droit commercial fondamental au Maroc, Imprimerie
de fedala, Rabat, 2006.
- MARTIN (D), Droit civil et commercial marocain, Casablanca, Al Madariss, 3 ème éd.
1985.
- MOTIK (M), Droit commercial marocain, Rabat, Imp. AL MAARIF AL JADIDA, 2001.
- ZEROUAL (A.), Droit commercial, Cour policop. 3 ème année de licence droit public,
Faculté de droit, Rabat, sans date.
B – DROIT FRANCAIS
- GUYON (Y), Droit des affaires, T 1, Droit commercial général et sociétés, 6 ème éd.,
Economica, 1990.
- HAMEL (J), LAGARDE (G), et JAUFFRET (A), Droit commercial, 2 ème éd., T I,
Volume I, Paris, Dalloz, 1980.
- de JUGLART (M) et IPPOLITO (B), Cours de droit commercial, Volume I, 9 ème éd.,
Montchrestien, 1988.
- LUCAS (F.X), Droit commercial : actes de commerce, commerçant, fonds de
commerce, Paris, Montchrestien, 1998, Coll. Focus droit.
- MERCADAL (B) et MACQUERON (P), Le droit des affaires en France – Principes
et approche pratique du droit des affaires et des activités économiques, à jour au 1 er
août 1995, Paris, Ed. Francis LEFEBRE, 1995.
- PEDAMON (M), Droit commercial. Commerçants et fonds de commerce.
Concurrence et contrats du commerce, Paris, Dalloz, 1994.

61
Droit commercial – S3 – Droit – 2013-2014 Professeur Chakib EL OUFIR

- PIEDELIEVRE (A), PIEDELIEVRE (S), Actes de commerce, commerçants, fonds


de commerce, 2ème éd. Paris Dalloz, 1999.
- RIPERT (G) et ROBLOT (R), Traité élémentaire de droit commercial, TI, 12 ème éd.,
Paris, LGDJ, 1986.
- RIPERT (G) et ROBLOT (R), Traité élémentaire de droit commercial, TII, 14 ème éd.,
Paris, LGDJ, 1994.
II - LE FONDS DE COMMERCE
A – DROIT MAROCAIN
- TIJANI (A), La gérance libre du fonds de commerce, in travaux de la journée
d'études du 24 mai 1997 : Les innovations du code de commerce et leur impact sur
l'entreprise marocaine, Publications de la Faculté des Sciences Juridiques
Économiques et Sociales de Rabat - Souissi, Série Colloques n° 2, p. 15.
- BENSETTI (A), La publicité dans le code de commerce (fonds de commerce
et autres), in travaux de la journée d'études du 24 mai 1997 : Les innovations du
code de commerce et leur impact sur l'entreprise marocaine, Publications de la
Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales de Rabat - Souissi, Série
Colloques n° 2, p.15, (en arabe).
- DOUMOU (Omar), Le nantissement du fonds de commerce, mémoire de
DES, Faculté de droit, Rabat, 1980.
- MCHKAKA (R), Lecture à travers le code de commerce (3/ observations sur
le fonds de commerce), in travaux de la journée d'études du 24 mai 1997: Les
innovations du code de commerce et leur impact sur l'entreprise marocaine,
Publications de la Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales de
Rabat - Souissi, Série Colloques n° 2, p. 104, (en arabe).
ERRHAIMINI (MA), Le fonds de commerce : textes, jurisprudence et doctrine
(France et Maroc), Mémoire de licence, Fac droit Rabat, 1999.
B – DROIT FRANCAIS
- BARRET (O.), Les contrats portant sur le fonds de commerce, Paris, LGDJ,
2001.
- DELLATOLAS (J), Pratique des actes de vente de fonds de commerce,
Paris, Sirey, 1990.
- DERRUPPE (J), Le fonds de commerce, Paris, Dalloz, 1994, Coll.
Connaissance du droit.

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION 2
I - DEFINITION ET PARTICULARITES DU DROIT COMMERCIAL...........................................2
A - LE FORMALISME DU DROIT COMMERCIAL............................................................................2
B - LA SOUPLESSE DU DROIT COMMERCIAL................................................................................3
II - LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL..............................................................................3
A- LES SOURCES ECRITES 3
a - Les sources nationales........................................................................................................................4
1/ Le code de commerce et la refonte du droit des affaires................................................................4
2/ Le D.O.C. :....................................................................................................................................5
b- Les sources internationales..................................................................................................................5
B- LES SOURCES NON ECRITES 6
a - Les usages commerciaux....................................................................................................................6
b - La jurisprudence.................................................................................................................................6
c – La doctrine.........................................................................................................................................7
III– LES JURIDICTIONS DE COMMERCE......................................................................................7
A – LES TRIBUNAUX DE COMMERCE 7
a – Composition.......................................................................................................................................7
b – Compétence.......................................................................................................................................7
B – Les cours d’appel de commerce 8
a – Composition.......................................................................................................................................8
b – Compétence.......................................................................................................................................8
IV – LA MATIERE DU DROIT COMMERCIAL..............................................................................8

CHAPITRE 1 - L’OBJET DU DROIT COMMERCIAL...................................................................10

SECTION I - LES ACTIVITES COMMERCIALES............................................................................11


§ 1 - LES ACTIVITES DE PRODUCTION 14
§ 2 – LES ACTIVITES DE DISTRIBUTION 14
A - L’ACHAT POUR REVENDRE......................................................................................................15
B - LA FOURNITURE..........................................................................................................................17
§ 3 - LES ACTIVITES DE SERVICES 17
A - LES SERVICES DE L’INTERMEDIATION..................................................................................17
a - Le courtage.................................................................................................................................17
b - La commission...........................................................................................................................18
c - Les bureaux et agences d’affaires :.............................................................................................18
B - LES SERVICES FINANCIERS......................................................................................................19
a - La banque...................................................................................................................................20
b - Le crédit.....................................................................................................................................20
c - Les transactions financières........................................................................................................21
d - L’assurance................................................................................................................................21
C - LES AUTRES SERVICES..............................................................................................................22
SECTION II - LES ACTES DE COMMERCE.....................................................................................24

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§ I - LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME 24


A - LA LETTRE DE CHANGE :..........................................................................................................25
B - LES SOCIETES COMMERCIALES..............................................................................................25
§ II - LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE 25
§ III - LES ACTES MIXTES 26

CHAPITRE II - LE SUJET DU DROIT COMMERCIAL................................................................28

SECTION I - DEFINITION DU COMMERÇANT..............................................................................28


§ I - L’EXERCICE HABITUEL OU PROFESSIONNEL DES ACTIVITÉS COMMERCIALES 28
§ II - L’EXERCICE POUR SON PROPRE COMPTE 28
A – LA RÈGLE.....................................................................................................................................28
B - LES EXCEPTIONS.........................................................................................................................29
a - Les commissionnaires.................................................................................................................29
b - Les prête-noms...........................................................................................................................29
SECTION II - LA CONDITION JURIDIQUE DU COMMERCANT.................................................30
§ I - LA CAPACITE COMMERCIALE 30
§ II - LES RESTRICTIONS A LA LIBERTE DU COMMERCE 33
A - Les restrictions concernant les personnes 33
a – Les incompatibilités...................................................................................................................33
b – Les déchéances..........................................................................................................................34
B – Les restrictions concernant les activités 34
a – Les interdictions.........................................................................................................................34
b – Les autorisations........................................................................................................................35
SECTION III - LES OBLIGATIONS DU COMMERCANT...............................................................35
§1 – LES OBLIGATIONS NOUVELLES 35
§2 – LA PUBLICITE AU REGISTRE DE COMMERCE 36
A - LE FONCTIONNEMENT DU R.C.................................................................................................36
a - L’organisation du R.C................................................................................................................36
b - Les personnes assujetties............................................................................................................37
c - Les inscriptions au R.C...............................................................................................................37
1 - Les immatriculations 37
2 - Les inscriptions modificatives 38
3 - Les radiations 39
B - LES EFFETS DE L’IMMATRICULATION...................................................................................39
a - Les effets à l'égard des personnes physiques...............................................................................39
1 - La présomption de commercialité 39
2 - Les effets du défaut d’immatriculation 39
b - Les effets à l’égard des personnes morales.................................................................................40
§ 3 - LA TENUE D’UNE COMPTABILITE 40
A - LES LIVRES ET DOCUMENTS COMPTABLES.........................................................................41
B - LES REGLES RELATIVES À LA TENUE DE LA COMPTABILITE ET LEURS SANCTIONS 42
a - Les règles....................................................................................................................................42
b - Les sanctions..............................................................................................................................42
1 - Les sanctions fiscales 42

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2 - Les sanctions pénales 42


C - LA PREUVE PAR LES DOCUMENTS COMPTABLES...............................................................43
a - La force probante des documents comptables.............................................................................43
1 - Les documents comptables sont invoqués comme preuve contre le commerçant qui les tient 43
2 - Les documents comptables invoqués comme preuve par le commerçant qui les tient 44
b - Les modes de production en justice............................................................................................45
1 - La communication45
2 - La représentation 46
SECTION IV – LE REGIME JURIDIQUE DU DOMAINE COMMERCIAL....................................47
§ I - LES PARTICULARITES DES REGLES DE FOND 47
1°/ La solidarité 47
2°/ Le mandat 47
3°/ La stipulation d’intérêts 48
4°/ La capitalisation des intérêts  (ou l’anatocisme) 48
§ II - LES PARTICULARITES DES REGLES DE FORME 49
1°/ Le redressement et la liquidation judiciaires 49
2°/ La compétence judiciaire : 49
3°/ La preuve : 50
4°/ La prescription : 50

CHAPITRE 3 - LE FONDS DE COMMERCE...................................................................................51

SECTION 1 - LES ELEMENTS DU F.C..............................................................................................51


§ I - LES ELEMENTS CORPORELS 51
§ II - LES ELEMENTS INCORPORELS 51
SECTION 2 - LES CONTRATS PORTANT SUR LE FONDS DE COMMERCE.............................52
§ I - LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE 53
A - LES CONDITIONS DE LA VENTE...............................................................................................53
B - LES EFFETS DE LA VENTE.........................................................................................................53
a - Les règles protectrices des droits de l’acquéreur.........................................................................53
b - Les règles protectrices des droits du vendeur..............................................................................53
1 - Le privilège du vendeur 54
2 - L’action résolutoire 54
c - Les règles protectrices des droits des créanciers du vendeur.......................................................54
1 - La publicité 54
2 - L’opposition 55
3 - La surenchère 55
§ II - L’APPORT DU FC EN SOCIETE : 56
A - LA PROCEDURE DE DECLARATION DE CREANCES :..........................................................56
B - LA PROTECTION DES DROITS DES CREANCIERS :...............................................................56
§ III - LE NANTISSEMENT DU FC 57
A - LES CONDITIONS.........................................................................................................................57
B – LES FORMALITES........................................................................................................................57
§ IV - LES REGLES COMMUNES A LA VENTE ET AU NANTISSEMENT DU FC 58
A - Le droit de suite...............................................................................................................................58
B - Le droit de préférence......................................................................................................................58
§ V - LA GERANCE LIBRE 58

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SECTION 3 - LA NATURE JURIDIQUE DU F.C.............................................................................58


§1 - LES THESES DOCTRINALES59
a - La thèse de l’universalité juridique...................................................................................................59
b - La thèse de l’universalité de fait.......................................................................................................59
§2 - LA POSITION DU NOUVEAU CODE DE COMMERCE59
a - Le F.C. est un bien meuble...............................................................................................................59
b - Le F.C. est un bien meuble incorporel..............................................................................................60
BIBLIOGRAPHIE 61

‫بالتوفيق إن شاء هللا‬

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