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Plan général :
Selon l'article 53 du Code de procédure civile : “la demande initiale est celle par laquelle
un plaideur prend l'initiative d'un procès en soumettant au juge ses prétentions. Elle
introduit l'instance”. Le Code de procédure civile insiste sur une finalité, celle de soumettre
au juge des prétentions. L'effet spécifique de la demande initiale est d'introduire l'instance,
comme le précise l'alinéa 2 de la disposition précitée.
Les divers modes introductifs d'instance sont énoncés à l'article 54 du Code de procédure
civile. Cette disposition a été modifié par le décret n° 2019-1333 du 11 décembre 2019, elle
prévoit que “la demande initiale est formée par assignation ou par requête remise ou
adressée au greffe de la juridiction. La requête peut être formée conjointement par les
parties”.
Ce texte est applicable depuis le 1er janvier 2020 tant aux instances nouvelles qu’à celles en
cours à cette date.
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Elle est de droit commun dans la mesure où par ce moyen sont formées les demandes en
justice devant le tribunal judiciaire mais aussi le fréquemment devant le tribunal de
commerce.
La requête est également un mode utilisé mais d’une manière moins courante. Ainsi la
demande initiale devant le conseil des prud’hommes s’effectue par la voie de la requête
Il convient d’examiner ces deux actes au travers des mentions communes, puis des mentions
spécifiques.
L’article 54 du Code de procédure civile énonce que lorsqu'elle est formée par voie
électronique, la demande comporte, à peine de nullité, les adresse électronique et numéro de
téléphone mobile du demandeur lorsqu'il consent à la dématérialisation ou de son avocat.
Elle peut comporter l'adresse électronique et le numéro de téléphone du défendeur.
Devant le tribunal judiciaire, l’article 750-1 du Code de procédure civile décide que « à
peine d'irrecevabilité que le juge peut prononcer d'office, la demande en justice doit être
précédée, au choix des parties, d'une tentative de conciliation menée par un conciliateur de
justice, d'une tentative de médiation ou d'une tentative de procédure participative,
lorsqu'elle tend au paiement d'une somme n'excédant pas 5 000 euros ou lorsqu'elle est
relative à l'une des actions mentionnées aux articles R. 211-3-4 (action en bornage) et
R. 211-3-8 du Code de l'organisation judiciaire (actions relatives à la distance prescrite par
la loi, les règlements particuliers et l’usage des lieux pour les plantations ou l’élagage
d’arbres ou de haies … ; contentieux relevant de la catégorie des troubles anormaux de
voisinage).
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Le non-respect de l’obligation d’une tentative d’arrangement peut être lourd de
conséquences car l’irrecevabilité anéantit l’effet interruptif de la demande en justice.
Cependant l’article 750-1 du code de procédure civile énonce que :
Les parties sont dispensées de l'obligation mentionnée au premier alinéa dans les cas
suivants :
Si l'absence de recours à l'un des modes de résolution amiable mentionnés au premier alinéa
est justifiée par un motif légitime tenant soit à l'urgence manifeste soit aux circonstances de
l'espèce rendant impossible une telle tentative (notamment pour les droits indisponibles) ou
nécessitant qu'une décision soit rendue non contradictoirement (par exemple les
ordonnances sur requête ou les ordonnances d’injonction de payer), soit à l'indisponibilité
de conciliateurs de justice entraînant l'organisation de la première réunion de conciliation
dans un délai manifestement excessif au regard de la nature et des enjeux du litige ;
L'assignation constitue un acte d'huissier de justice. Elle doit donc comporter les mentions
prescrites pour tous les actes d'huissier de justice par l'article 648 du Code de procédure
civile. Il en va de même pour les modalités de signification.
Surtout l’assignation contient à peine de nullité, outre les mentions communes à la demande
en matière contentieuse, les mentions prescrites pour les actes d’huissier de justice (A) et
des mentions spécifiques (B).
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Mentions prescrites pour les actes d’huissier
S'agissant des mentions prescrites pour tout acte d'huissier de justice et donc pour
l'assignation, l'article 648 du Code de procédure civile impose la date de l'acte, laquelle fait
foi jusqu'à inscription de faux.
La date des jour, mois et an figure en toutes lettres sur les assignations. L'indication de
l'heure ne constitue pas une mention obligatoire sauf injonction du juge d’avoir à délivrer un
acte avant tel heure.
Ces mentions sont prescrites à peine de nullité (CPC, art. 648, in fine). L'article 649 du Code
de procédure civile précise que la sanction de l'omission ou de l'inexactitude de ces diverses
mentions est régie par les dispositions qui gouvernent la nullité des actes de procédure (vice
de forme ou irrégularité de fond). Le principe est que tout ce qui n’est pas une irrégularité
de fond constitue un vice de forme. Or la nullité pour vice de forme n’existe qu’autant que
celui qui s’en prévaut a subi un préjudice. Cette règle permet de limiter fortement le
prononcé de la nullité d’un acte de procédure.
Outre les mentions communes à l’assignation et la requête (CPC, art. 54) des mentions
spécifiques à l'assignation sont exigées par l'article 56 du Code de procédure civile. Certaines
mentions sont destinées à préciser les modalités de la convocation que constitue, somme
toute, l'assignation ; d'autres ont pour objet d'éclairer le juge et le défendeur sur les raisons
de l'initiative du demandeur.
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Le demandeur doit prendre la responsabilité de cette désignation et il ne saurait s'en
décharger sur le défendeur en l'assignant « devant le tribunal compétent » sans autre
précision.
Il a été jugé que l'erreur dans la désignation de la juridiction compétente constitue un vice
de forme de l'assignation dont la nullité suppose la preuve d'un grief.
Cette modalité de saisine, qui s’applique déjà à la procédure de référé, présente l’avantage
pour l’avocat et les parties de connaître la date de l’audience et dispense le greffier de
convoquer les parties.
Il semble que la technique ne soit pas encore au point pour permettre ce changement.
En deuxième lieu, l’assignation doit contenir un exposé des moyens (ou motifs).
Quant à l’exigence de la chambre déterminée devant laquelle le litige est portée (Tribunal
judiciaire procédure écrite), cette exigence n’existera que dès lors que la prise de date sera
possible. En prenant la date, le plaideur pourra connaître la chambre devant laquelle
l’instance est portée.
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Le dernier alinéa de l’article 56 énonce que l’assignation vaut conclusions. Cela signifie qu'il
suffit à l'adversaire d'y répondre pour que l'instance soit liée et que la cause soit jugée
contradictoirement. Il est rare cependant qu’un débat judiciaire n’impose pas plusieurs
échanges de conclusions.
Lorsqu’elle est formée par le demandeur, la requête datée et signée par le requérant ou son
représentant saisit par sa remise la juridiction sans que son adversaire en ait été
préalablement informé.
L’article 57 du Code de procédure civile énonce que la requête doit contenir, à peine de
nullité, outre les mentions communes à l’assignation énumérées à l’article 54 du Code de
procédure civile, l'indication des nom, prénoms et domicile de la personne physique contre
laquelle la demande est formée. S'il s'agit d'une personne morale, sa forme, sa dénomination,
son siège social, l’indication de l’organe qui la représente.
L’omission ou l’irrégularité d’une mention de la requête est, quelle que soit sa gravité
sanctionnée par un vice de forme : la nullité ne sera donc prononcée que si elle a causé un
préjudice à celui qui l’invoque.
s'il est une personne physique, ses nom, prénoms, profession, domicile, nationalité, date et
lieu de naissance ;
Une requête peut aussi être déposée conjointement par les partes. Elles soumettent au juge
leurs prétentions respectives, les points sur lesquels elles sont en désaccord ainsi que leurs
moyens respectifs. Le juge doit alors statuer sur ceux-ci
La demande en justice, une fois formée, produit un effet principal de nature procédurale : la
création du lien d'instance et la saisine du juge.
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Les autres relèvent du fond du droit, principalement la demande en justice interrompt la
prescription et vaut mise en demeure.
La demande en justice a pour effet de créer un rapport juridique original : le lien d'instance.
Il place le demandeur et le défendeur dans une situation juridique nouvelle tant dans les
relations des parties entre elles que dans leurs rapports vis-à-vis du juge. Le lien juridique
d'instance se superpose à la situation juridique substantielle soumise au juge sans la
remplacer. Au droit substantiel s'ajoute, sans s'y substituer, un ensemble de droits et
d'obligations procéduraux relatif à la conduite de la procédure et à la matière litigieuse. La
création du lien d'instance par la demande initiale déterminera ainsi le champ du débat,
notamment l’admission des demandes additionnelles, reconventionnelles ou en
interventions qui ne pourront modifier l’objet du litige que si elles se rattachent aux
prétentions originaires par un lien suffisant (CPC, art. 4, al. 2, art. 70 et art. 325).
L'instance est créée dès la demande en justice, indépendamment de la saisine du juge (Cass.
3e civ., 15 mai 2002, pourvoi n°00-22.175).
La Cour de cassation a rendu un avis précisant que lorsqu'une demande est présentée par
assignation, la date d'introduction de l'instance doit s'entendre de la date de cette assignation,
à condition qu'elle soit portée au rôle de la juridiction, c’est-à-dire remise matériellement au
greffe de la juridiction (Cass., 4 mai 2010, avis n°1000002). La Cour de cassation a confirmé
cet avis (Cass. 1re civ., 28 mai 2015, pourvoi n°14-13.544). La demande en justice crée donc
le lien d'instance sous condition suspensive de la saisine du juge. L'enrôlement de
l'assignation ne peut dès lors être considéré comme une simple formalité administrative.
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Chapitre 2 : Les demandes incidentes
Les demandes incidentes sont de véritables demandes en justice exprimant des prétentions
et venant élargir ou modifier les données de l'instance engagée par la demande initiale. Les
articles 64 à 66 du Code de procédure civile définissent les trois catégories de demandes
incidentes énumérées par l'article 63 du Code de procédure civile.
Tout d’abord, la demande additionnelle est celle par laquelle “une partie modifie ses
prétentions antérieures”(CPC, art. 65) ;
Enfin, par l'intervention, un tiers devient “partie au procès engagé par les parties
originaires”(CPC, art. 66) soit qu'il l'ait voulu (intervention volontaire), soit qu'il y ait été
contraint (intervention forcée).
Les questions de compétence ont déjà été étudiées dans une leçon précédente. Quant aux
formes procédurales, elles dépendent de la juridiction devant laquelle l’instance est portée
(procédure écrite ou orale, suivant la nouvelle distinction).
Dès lors la question qui se pose véritablement est celle de déterminer la recevabilité de la
demande additionnelle, reconventionnelle ou en intervention.
La demande additionnelle peut modifier soit la qualité, soit le fondement, soit l'objet, soit,
allant plus loin, la question litigieuse elle-même par changement de cause et d'objet. Ces
divers cas méritent d’être examinés sous l’angle de la recevabilité.
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§ 1 La modification de la qualité par la demande additionnelle
En première instance, il n’en va de même. Il existe une possibilité offerte aux parties de
pouvoir régulariser une situation du moment que cette régularisation ne se heurte à aucune
fin de non-recevoir. En appel, la même solution devrait prévaloir. La seule limite est celle
d’une possibilité de régularisation sans se heurter à une impossibilité fixée par un texte.
De plus, une modification de la qualité pourra de même être prise en considération lorsqu'elle
résulte d'un fait nouveau en cours d'instance. Ainsi, lorsque parmi les demanderesses, deux
agissent en qualité d'héritières de leur père, la mère agissant en son nom personnel, le décès
de la mère pendant l'instance donne la possibilité aux deux filles d'ajouter à leur première
qualité celle d'héritière de leur mère et de continuer le procès en leur double qualité.
La seule limite est bien celle du lien suffisant avec la prétention originaire.
Il n'y a pas de difficulté lorsque la demande additionnelle se borne à faire état de nouveaux
faits qui tendent, en s'additionnant aux autres, à renforcer le fondement de la demande. Une
faute nouvelle s’ajoute à celle figurant dans l’acte introductif d’instance. L'identité des fins
poursuivies rend recevable des faits matériels nouveaux (Cass. 3e civ., 25 sept. 2002, pourvoi
n 01-11.339).
Parfois, le changement dans les faits invoqués introduit un autre litige entièrement différent.
Les deux litiges sont alors distincts et indépendants, il n'y a pas un lien suffisant.
L'invocation d'un fondement juridique différent est devenue une obligation depuis la
consécration jurisprudentielle du principe de la concentration des moyens, le demandeur
devant, à peine d'irrecevabilité tirée de la chose juge, susceptible d'être relevée d'office par
le juge, invoquer dans le cadre d'une même instance au fond (premier degré et appel) tous
les fondements susceptibles de justifier sa demande (Cass. ass. plén., 7 juill. 2006, pourvoi
n°04-10.672).
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Enfin l'objet du litige est susceptible, en vertu des articles 4 et 65 du Code de procédure
civile, d'être modifié par une demande additionnelle formée par voie de conclusions.
L’existence d’un lien suffisant entre la demande reconventionnelle est appréciée librement
par les juges du fond. Il faut démontrer un rattachement suffisant avec la prétention
originaire. En somme, la partie qui forme la demande reconventionnelle doit démontrer qu’il
est cohérent que l’instance reconventionnelle soit jugée avec l’instance originaire.
L'exigence d'un lien suffisant est expressément écartée par l'article 70, alinéa 2, du CPC
s'agissant de la demande en compensation judiciaire.
En conséquence, le juge est tenu de statuer sur une reconvention aux fins de compenser la
dette alléguée par le défendeur contre celle de son adversaire.
Le tribunal est ainsi invité à bien identifier les parties à l'origine des différentes prétentions
qui lui sont présentées.
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Très longtemps une lecture stricte de l'article 64 du CPC a empêché le demandeur initial,
défendeur reconventionnel, de pouvoir à son tour former une demande reconventionnelle à
l'encontre du défendeur au principal. En somme, reconvention sur reconvention ne vaut.
§ 1 L’Intervention volontaire
Conformément à l'article 328 du Code de procédure civile, l'intervention volontaire peut être
principale ou accessoire.
Aux termes de l'article 329 du Code de procédure civile, « l'intervention est principale
lorsqu'elle élève une prétention au profit de celui qui la forme » ; elle ajoute donc aux
demandes existantes une nouvelle demande, émanant d'une nouvelle partie. L'intervenant
invoque ici un droit propre et émet une prétention distincte de celles dont la juridiction est
déjà saisie. Celle-ci doit se rattacher aux prétentions des parties originaires par un « lien
suffisant ». De plus, une telle intervention est autonome. En ce sens, le désistement du
demandeur, l'acquiescement du défendeur et la transaction n'entraînent pas l'extinction de
l'intervention, si l'intervenant y est resté étranger. L'intervenant conserve le droit de faire
juger le mérite de sa prétention. Un lien d'instance existe avec les parties originaires
L'intervention est au contraire accessoire « lorsqu'elle appuie les prétentions d'une partie »
(CPC, art.330). L'intervenant n'élève aucune prétention à son profit. L'intervention
accessoire est recevable si son auteur a intérêt pour la conservation de ses droits à soutenir
l'une des parties. La question est parfois discutée pour l’intervention des ordre professionnels
et des syndicats dans une instance où ces derniers reprennent les arguments de la partie qui
est ainsi soutenue. L’intérêt est moins clair. Cependant la jurisprudence se montre de plus
en plus libérale en admettant la recevabilité de tels interventions.
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§2 Intervention forcée
L'une des parties à l'instance introduite peut éprouver la nécessité de mettre en cause un tiers
pour qu'il intervienne aux débats, fasse valoir les éléments de défense en sa possession, se
voie répercuter le poids de la condamnation ou ne puisse prétendre ignorer la décision
rendue. Il s’agira d’une intervention forcée.
Le Code de procédure civile envisage trois sortes de mises en cause : la mise en cause aux
fins de condamnation, la mise en cause aux fins de garantie, la mise en cause aux fins de
déclaration de jugement commun.
En premier lieu, l'article 331 alinéa 1er du Code de procédure civile dispose que : « un tiers
peut être mis en cause aux fins de condamnation par toute partie qui est en droit d'agir
contre lui à titre principal ».
L'originalité de cette voie procédurale réside dans la circonstance que l'action est formée par
demande incidente : cette demande qui aurait pu être principale, se trouve jointe à une
demande principale antérieure.
La mise en cause aux fins de garantie tend à transférer sur l'appelé en cause les
condamnations qui pourraient être prononcées contre lui. Cette mise en cause peut être
formée devant toutes les juridictions.
Enfin, l'article 331 alinéa 2 du Code de procédure civile dispose qu'un tiers peut « être mis
en cause par la partie qui y a intérêt afin de lui rendre commun le jugement ».
L'appel en déclaration de jugement commun prépare le plus souvent une action en garantie
qui sera exercée ultérieurement et éventuellement par voie principale.
Les effets de l'intervention forcée sont sensiblement différents selon qu'il s'agit de la mise
en cause aux fins de condamnation et aux fins de déclaration de jugement commun ou de la
mise en cause aux fins de garantie.
Le tiers appelé en cause doit comparaître, même s'il estime qu'il ne devait pas être mis en
cause et que cette demande qui le vise est irrecevable. S'il ne le fait pas, un jugement réputé
contradictoire sera rendu contre lui.
Les effets de l'appel en garantie sont différents selon qu'il s'agit d'une garantie simple ou
d'une garantie formelle. Le critère de la distinction tient à la nature de l'action introduite par
le demandeur principal selon qu'il poursuit le défendeur comme personnellement obligé ou
comme détenteur d'un bien.
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La garantie simple découle d'une action fondée sur une obligation personnelle, autrement dit
sur un droit de créance.
Selon l'article 335 du Code de procédure civile «le demandeur en garantie simple demeure
partie principale ». Cela veut dire que le garant ne peut prendre la place du garanti dans le
rôle procédural de défendeur. La garantie simple ne crée pas de lien juridique entre le
demandeur principal et le garant.
La garantie formelle découle d'une action fondée sur un droit réel. Le garant peut prendre la
place du garanti dans l'instance. L'article 336 du Code de procédure civile : « Le demandeur
en garantie formelle peut toujours requérir, avec sa mise hors de cause, que le garant lui
soit substitué comme partie principale ».
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