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Fiches 2020 - Droit pénal général


Arnaud Bernard

64-81 minutes

2ème édition - 10 décembre 2019


Diplômé de l’Université Paris II Panthéon-Assas et de l’Institut
de Criminologie et de Droit pénal de Paris.

«Lorsque la peine est sans mesure, on est souvent obligé de


lui préférer l'impunité.»

Montesquieu

De l'Esprit des Lois, 1748.

Le but de la loi pénale est de: 


définir les valeurs essentielles de la société ;
protéger les citoyens contre l’arbitraire et les abus de
pouvoir ;
réprimer les atteintes aux valeurs essentielles de la
société ; 
prévenir le passage à l’acte et la récidive. 

La légalité des délits et des peines

La paternité du principe de légalité des délits et des peines est


attribuée à Beccaria dans son traité Des délits et des peines de
1764 : “ les lois seules peuvent déterminer les peines des délits et
ce pouvoir ne peut résider qu’en la personne du législateur, qui
représente toute la société unie par un contrat social.”
Principe : nul crime sans loi, nulle peine sans loi.
Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et
promulguée antérieurement au délit, et légalement
appliquée (art. 8 Déclar. 1789).
Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit
dont les éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour
une contravention dont les éléments ne sont pas définis
par le règlement (art. 111-3 al.1 CP).
Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue
par la loi, si l’infraction est un crime ou un délit, ou par
le règlement, si l’infraction est une contravention (art.
111-3 al.2 CP).

Conséquence pour le législateur : obligation de fixer les


règles concernant la détermination des infractions et d’en
définir les éléments constitutifs en des termes
suffisamment clairs et précis pour exclure l’arbitraire
(cons.const. 22 sept. 2015, n°2015-484 QPC).
Conséquences pour le juge :
le juge répressif ne peut prononcer une peine sans avoir
relevé tous les éléments constitutifs de l’infraction qu’il
réprime (crim. 14 déc. 2000, n°99-87.015).
les juges ne peuvent, sans excéder leurs pouvoirs,
prononcer d’autre peine ou mesure que celle prévue par
la loi ou le règlement (crim. 8 févr. 1995, n°94-81.031).

L'interprétation stricte de la loi pénale

Principe : “la loi pénale est d’interprétation stricte” (art. 111-4


CP). 
Conséquences : les lois d’incrimination et de
pénalité doivent être interprétées et appliquées par le juge
pénal sans extension ni analogie (crim. 7 mai 1969,
n°67-93.750).
S’agissant des incriminations :
interdiction de poursuivre un comportement non
prohibé ;
interdiction de raisonner par analogie en
poursuivant un comportement qui ne présente que
des similitudes avec celui précisément visé par la
loi.
Exception : l’interprétation par analogie in
favorem est admise en ce qu’elle améliore la
situation du prévenu (extension du champ
d’application d’une cause d’irresponsabilité
pénale par ex.).

S’agissant des peines :


interdiction de prononcer une peine non prévue par
la loi ou le règlement ;
interdiction d’aggraver une peine.

Tempéraments:
Raisonnement par syllogisme, a contrario, a
fortiori admis lorsque la lettre de la loi est lacunaire ou
imprécise.
Interprétation téléologique admise en ce qu’elle
consiste à appliquer la loi conformément à sa ratio
legis, au but poursuivi par le législateur lors de
l’adoption du texte d’incrimination. Par ex., si le délit de
risque causé à autrui réprime le conducteur qui commet
une faute délibérée, le passager d’un véhicule en
mouvement qui tire soudainement le frein à main doit
être tenu responsable de ce délit en qualité de
conducteur de fait (crim. 22 juin 2005, n°04-85.340).

La plénitude de juridiction du juge pénal

Principe : “les juridictions pénales sont compétentes pour


interpréter les actes administratifs, réglementaires ou
individuels et pour en apprécier la légalité lorsque, de cet
examen, dépend la solution du procès pénal qui leur est
soumis” (art. 111-5 CP).
Conséquence : les juges répressifs ont l’obligation de
statuer sur toute question dont dépend selon eux
l’application de la loi pénale (crim. 20 févr. 1996,
n°94-85.863).

La qualification pénale des faits


Le plus souvent, un fait délictueux n’est réprimé que par une
seule qualification pénale. Toutefois, plusieurs qualifications
peuvent trouver à s’appliquer à un même fait délictueux.

Les conflits de qualifications : hypothèse où les


qualifications en concours vont s’exclure l’une l’autre par
l’effet d’une incompatibilité ou d’une redondance.
Incompatibilités :
Incompatibilité liée à la volonté de l’auteur : lorsque
l’élément moral de l’infraction reprochée rend
incompatible un concours de qualifications. Par ex.,
une même personne ne peut être poursuivie des
chefs d’homicide volontaire et d’homicide
involontaire pour les mêmes faits ; 
Incompatibilité liée au résultat infligé : lorsque le
résultat subi par la victime de l’infraction détermine
la qualification à retenir (violences ayant entrainé la
mort sans intention de la donner/violences ayant
entrainé une mutilation ou une infirmité
permanente/violences ayant entrainé une ITT
pendant plus de 8 jours etc.)
Incompatibilité liée à l’aggravation : lorsqu’une
qualification supérieure nait de la jonction de
plusieurs qualifications s’aggravant entre elles (vol +
violation de domicile = vol aggravé).  

Redondances :
Spécialisation : lorsqu’un fait est envisagé à la fois
par une qualification spéciale et une qualification
générale, la première prévaut sur la seconde (“les
règles spéciales dérogent aux règles générales”). Par
ex., le dirigeant d’une société commerciale qui
commet un détournement doit être poursuivi pour
abus de biens sociaux (doit spécial) et non pour
abus de confiance (droit commun).
Inclusion : lorsqu’un comportement est réprimé par
plusieurs qualifications, la qualification à retenir est
celle qui permet de saisir la totalité des faits en
cause. Par ex. l’infraction de violences volontaires
englobe celle de menace lorsqu’un acte positif de
violence est commis.

Les concours de qualifications :


Pluralité de valeurs sociales (concours idéal
d’infraction) : hypothèse où un action délictueuse
unique se prête à une pluralité de qualifications dont
chacune sanctionne la violation d’intérêts
distincts (crim. 3 mars 1960, bull. crim 138, affaire Ben
Haddadi : le fait de lancer une grenade dans un
immeuble habité constitue deux crimes simultanés –
destruction par explosif et assassinat – commis par le
même moyen, mais caractérisés par des intentions
coupables différentes).
Résolution du conflit (art. 132-3 CP):
En termes de culpabilité : autant de déclaration
de culpabilité que de qualifications retenues pour
le fait poursuivi.
En termes de peine encourue : cumul des peines
de nature différente et non-cumul des peines de
même nature à l’exception des peines d’amende
contraventionelles qui se cumulent entre elles et
avec celles encourues pour des crimes ou des
délits en concours (art. 132-7 CP).

Unité de valeur sociale : lorsque les qualifications en


concours sanctionnent la violation d’un intérêt de
même nature, une seule déclaration de culpabilité peut
être prononcée et seules les peines attachées à
l’infraction retenue peuvent être prononcées. Il est
impossible de cumuler ces peines avec les peines
d’amende contraventionnelles (art.132-7 CP).
Tempérament : lorsqu’un fait unique a occasionné des
blessures de gravités inégales à des victimes distinctes,
même si une seule valeur sociale a été atteinte, la
pluralité de victimes va entrainer une pluralité de
déclarations de culpabilité, les unes délictuelles et les
autres contraventionnelles, selon l’entendue du
préjudice subi par chacune des victimes. Seule la peine
la plus forte sera prononcée et le cumul des amendes
contraventionnelles est rigoureusement interdit (crim. 8
mars 2005, n°04-83.341).

L'application de la loi pénale dans le temps

L'application dans le temps des lois pénales de fond

Les lois pénales de fond sont les lois d’incrimination (faits


constitutifs des infractions), les lois de pénalité (répression
des infractions) et les lois relatives à la responsabilité
pénale (les régimes de responsabilité ou d’irresponsabilité).

Principe : non rétroactivité des lois pénales de fond et


interdiction de prononcer une peine qui n’était pas
légalement prévue au moment de la commission des faits
reprochés (art. 112-1 CP).
Schéma chronologique du conflit : lorsqu’un fait
constitutif d’une infraction, commis avant l’entrée en
vigueur d’une nouvelle loi pénale de fond, est
définitivement jugé après cette loi.
Résolution du conflit : la nouvelle loi pénale de fond ne
peut saisir que les faits commis après son entrée en
vigueur. Pour les faits commis antérieurement, il y a
survie de la loi ancienne.
Cas particulier : pour les infractions caractérisées
par plusieurs actes, un seul acte constitutif commis
après l’entrée en vigueur de la loi nouvelle suffit à
faire application de cette dernière. Par ex. “il suffit,
pour entraîner l’application immédiate de la loi nouvelle
instituant un nouveau régime de la récidive, que
l’infraction constitutive du second terme (…) soit
postérieure à son entrée en vigueur” (crim. 29 févr.
2000, n°98-80.518).

Exception: rétroactivité in mitius (art. 112-1 in fine CP).


Lorsqu’une nouvelle loi pénale de fond est plus douce que
l’ancienne, elle va s’appliquer immédiatement en
saisissant les faits commis avant son entrée en vigueur et
toutes les situations qui sont pendantes devant les
juridictions répressives. Si la rétroactivité in mitius est
un principe à valeur constitutionnelle (cons. const. 19/20
janv. 1981, n° 80-127), elle peut être écartée lorsque
l’abandon de l’ancien système répressif s’avère injuste
(cons. const.3 déc. 2010,n°2010-74 QPC à propos de la
dépénalisation des chèques sans provision).

L'application dans le temps des lois pénales de forme

Art.112-2 al.1 CP : application immédiate des lois pénales


de forme. La procédure en cours est stoppée à l’état
d’avancement auquel elle est parvenue et la loi nouvelle va
immédiatement s’appliquer aux différentes étapes de la
procédure en cours. 

Loi pénale de forme Application dans le temps


Nouvelle loi relative aux application immédiate
modalités des poursuites et
aux formes de la procédure

Nouvelle loi de compétence application immédiate (sous


et d’organisation réserve qu'un jugement au
fond n'a pas été rendu en 1ère
instance)

Nouvelle loi relative à la application immédiate (sous


prescription de l’action réserve que la prescription ne
publique ou de la peine soit pas acquise)

Nouvelle loi relative aux application immédiate


voies de recours interdite (sauf pour les lois
relatives aux formes des
recours)

Nouvelle loi relative au application immédiate


régime d'exécution et interdite
d'application des peines

L'application de la loi pénale dans l'espace


FICHES SUPPLÉMENTAIRES
1. L’application de la loi pénale sur le territoire de la
République
1. Le principe de territorialité
2. Les extensions au principe de territorialité

2. L’application de la loi pénale hors du territoire de la


République
1. La personnalité
2. La subsidiarité 
3. L’intérêt supérieur français
4. La territorialité amplifiée
5. La lutte contre le terrorisme
6. L’universalité

LA classification tripartite des infractions


Art. 111-1 CP : “les infractions pénales sont classées, suivant
leur gravité, en crimes, délits et contraventions.” La répartition
des infractions au sein de catégories hiérarchisées se
justifie par la nécessité de fixer une répression
correspondante à la gravité des faits reprochés. Si la
catégorie criminelle regroupe les comportements les plus
antisociaux, la catégorie contraventionnelle rassemble les
actes de faible gravité.

Les conséquences à l'égard des règles de fond

Crimes Délits Contraventions


Domaine de la loi (art. de la loi (art. du règlement (art.
(art. 111-2 34C) 34C) 37C)
CP)

Nature de nécessairement intentionnelle ou dite matérielle


la faute intentionnelle non-
reprochée intentionnelle

Nom du accusé prévenu prévenu


suspect
Crimes Délits Contraventions
Tentative toujours seulement si jamais
punissable prévue par la loi

Complicité toujours toujours exceptionnellement


punissable

Cumul des impossible impossible possible


peines de
même
nature

Nom de la réclusion ou emprisonnement privation de liberté


peine détention impossible
privative de criminelle
liberté

Délais de 20 ans 6 ans 3 ans


prescription
de la peine
(art. 133-2
et s. CP)

Les conséquences à l'égard des règles de forme

Crimes Délits Contraventions


Juridiction cour tribunal tribunal de
de jugement d’assises correctionnel police
compétente

Instruction obligatoire facultative exceptionnelle


préparatoire

Procédures impossible possible impossible


accélérées

Nom de la acquittement relaxe relaxe


décision
Crimes Délits Contraventions
favorable

Crimes Délits Contraventions


Délais de 10 ans 3 ans 1 an (anc. art. 9
prescription de (anc. art. (anc. CPP
l’action publique 7 CPP) art. 8
(avant le 01/04/17) CPP)

Délais de 20 ans 6 ans 1 an (art. 9


prescription de (art. 7 al. (art. 8 CPP)
l’action publique 1 CPP) CPP)
(depuis le 01/04/17)

Le délai de prescription court à compter du jour de la


commission des faits.

Le délai se calcule de quantième à quantième et expire le


dernier jour à minuit (crim. 7 juin 2006, n°05-84.148).

Les délais de prescription de l’action publique sont


allongés pour : les actes de terrorisme, le trafic de
stupéfiant, la prolifération d’armes de destruction massive,
l’eugénisme, le clonage reproductif ou les disparitions
forcées (art. 7 al. 2 CPP)
Le point de départ du délai de prescription de l’action
publique varie en fonction de la durée du comportement :
infractions instantanées ou permanentes : le point de
départ est fixé au jour de la commission des faits (ou de
la tentative de commission) ;
infractions d’habitude : le point de départ est fixé au
jour de la commission du dernier
comportement répréhensible répété ;
infractions continues : le point de départ est fixé au jour
où le comportement répréhensible a pris fin dans ses
éléments constitutifs et dans ses effets.

Le point de départ du délai de prescription de l’action


publique est :
suspendu en cas de minorité de la victime aux
moments des faits (art. 7 al.3 ; 8 al. 2 et 3 et 9-1 al.1
CPP).
reporté en cas d’infraction occulte ou dissimulée (abus
de confiance, abus de biens sociaux ou banqueroute
par ex.) dans la limite d’un délai butoir de 12 ans pour
les délits et de 30 ans pour les crimes (art. 9-1 al.3
CPP) ;
suspendu en cas d’obstacle de droit, prévu par la loi, ou
tout obstacle de fait insurmontable et assimilable à la
force majeure (art. 9-3 CPP).
Ex. d’obstacle de droit : la prescription de l’action
publique du chef de dénonciation calomnieuse est
suspendue tant que les poursuites pénales du chef
du délit dénoncé sont en cours (art. 226-11 CP).
Ex. d’obstacle de fait : lorsque nul n’a été en mesure
de s’inquiéter de la disparition d’enfants nés
clandestinement, morts dans l’anonymat et dont
aucun indice apparent n’avait révélé l’existence,
caractérisant ainsi un obstacle insurmontable à
l’exercice des poursuites, ce dont il résultait que le
délai de prescription avait été suspendu jusqu’à la
découverte des cadavres (Cass. Ass.plén. 7 nov.
2014, n°14-83.739).

raccourci à 3 mois en matière de délits de presse (art.


65 et 65-1 L.29 juill. 1881).

Pour engager la responsabilité pénale, il faut déterminer la


personne pénalement responsable et vérifier si les éléments
constitutifs de l’infraction reprochée sont caractérisés
(réunion de l’élément légal, de l’élément matériel et de
l’élément moral).

Est auteur de l’infraction la personne qui :


Commet les faits incriminés ;
Tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus
par la loi, un délit (art. 121-4 CP).

Victime : personne qui a personnellement souffert du


dommage directement causé par l’infraction (art. 2 CPP).
Si plusieurs individus ont pris part aux faits, il faut
distinguer les complices des coauteurs (crim. 17 déc. 1859,
Bull. n° 281) :

Complices : ceux qui, extrinsèques à l’acte, tendent à en


préparer, faciliter et réaliser la consommation.
Coauteurs : ceux qui, par la simultanéité d’action et
l’assistance réciproque, constituent la perpétration même.
Tandis que le complice ne fait qu’aider l’auteur des faits,
le coauteur accomplit matériellement et
intellectuellement l’infraction avec un autre.

A défaut d’une infraction consommée, la tentative permet de


réprimer l’auteur d’une “action coupable, destinée à la réalisation
d’une infraction, mais qui n’accomplit pas l’intégralité de ses
éléments constitutifs” (Professeur Claude Lombois).

La personne pénalement responsable

FICHES SUPPLÉMENTAIRES
1. L’auteur personne physique
1. Le principe de personnalité
2. La responsabilité pénale du chef d’entreprise
3. Les causes d’exonération du chef d’entreprise

2. L’auteur personne morale

L’élément légal est le fondement juridique textuel qui prévoit et


réprime un comportement. Dans tous les cas, la connaissance
de l’élément légal par l’auteur est présumée sur le fondement
de l’adage “nul n’est censé ignorer la loi”. En effet, l’auteur ne
saurait invoquer son ignorance de la loi pénale pour prétendre
y échapper. 

Un comportement prohibé

Une infraction : action (un acte positif) ou omission (une


inertie) définie par le législateur comme un comportement
antisocial entrainant la responsabilité pénale de son
auteur.
Classification des infractions selon le type de
comportement :
Les infractions simples : celles qui se réalisent par
un seul acte matériel (meurtre ou vol par ex.).
Les infractions composites : celles qui se réalisent
par une pluralité d’actes matériels concourant à une
fin unique.
Les infractions complexes : actes matériels de
nature différente qui deviennent répréhensibles
lorsqu’ils sont combinés (escroquerie ou
extorsion par ex.).
Les infractions d’habitude : actes matériels de
nature identique qui deviennent répréhensibles
lorsqu’ils sont répétés (harcèlement
téléphonique ou agression sonore par ex.).

Classification des infractions selon la spécificité du


comportement :
Les infractions occultes : celles qui ne peuvent
être connues ni de la victime ni de l’autorité
judiciaire en raison de leurs éléments
constitutifs (abus de confiance, tromperie,
atteinte à vie privée par ex.).
Les infractions dissimulées : celles dont les
conséquences sont délibérément effacées par
l’auteur (corruption, favoritisme, prise illégale
d’intérêt, abus de biens sociaux par ex.).

Classification des infractions selon la durée du


comportement : 
Les infractions instantanées : celles qui se
réalisent en un trait de temps (meurtre, vol,
violences par ex.).
Les infractions permanentes : celles dont les
effets instantanés se prolongent dans le temps
sans aucune intervention de l’auteur (bigamie ou
discrimination par ex.).  
Les infractions continues : celles dont les effets
se prolongent par une volonté réitérée de l’auteur
(recel ou séquestration par ex.).  

Un résultat redouté
Le résultat redouté est l’atteinte à la valeur sociale que le
législateur a voulu protéger en promulguant le texte
d’incrimination.

Les infractions matérielles requièrent la survenance du


résultat redouté pour être caractérisées (meurtre par ex.).
Les infractions formelles sont indifférentes quant à la
survenance du résultat redouté (empoisonnement par ex.).
Les infractions de mise en danger répriment l’exposition à
un risque de résultat (délit de risque causé à autrui par ex.).
Les infractions obstacles répriment un comportement qui,
bien que n’ayant causé aucun résultat dommageable dans
l’immédiat, est susceptible d’aboutir in fine à la commission
d’une infraction matérielle (menaces contre les personnes
ou les biens, embuscade, association de malfaiteurs,
conduite d’un véhicule en état d’ivresse). 

Un lien de causalité

Les infractions formelles et les infractions de mise en


danger reposent sur une indifférence quant au résultat. Il n’est
donc pas nécessaire d’établir l’existence d’un lien de causalité.

Les infractions obstacles sont destinées à prévenir la


survenance effective du résultat redouté. Aucun lien de
causalité ne peut donc être établi.

Pour les infractions matérielles, il est nécessaire d’établir la


preuve d’un lien de causalité certain entre le
comportement reproché à l’auteur et le dommage subi par la
victime (une simple probabilité est insuffisante). Il faut ensuite
suivre un raisonnement différent selon que l’infraction est
intentionnelle ou non intentionnelle.

1. Une causalité certaine : le dommage doit se rattacher de


façon certaine aux faits reprochés à l’auteur par une
relation de cause à effet (crim. 11 déc. 1957, Bull. crim. n°
829) comme par ex. en cas de contact physique entre
l’auteur et la victime. Au contraire, dans l’incertitude sur
l’existence d’un lien de causalité, les manquements de
l’auteur ne peuvent être incriminés (crim. 18 juin 2003,
n°02-85.199).
2. Une causalité directe ou indirecte:
Pour les infractions intentionnelles : l’élément matériel
est établi dès lors qu’un lien de causalité certain est
prouvé. 
Pour les infractions non intentionnelles (atteintes
involontaires) : il faut distinguer selon le type de
causalité, directe ou indirecte. En effet, le type de
causalité a des incidences sur la nature de la faute
d’imprudence nécessaire pour retenir la culpabilité de
l’auteur (l’élément moral).
Causalité directe (art. 121-3 al. 3 CP) : lorsque le
comportement reproché est la cause déterminante
du dommage (théorie de la causalité adéquate), son
auteur est qualifié de direct et sa responsabilité est
engagée pour tout type de faute d’imprudence.
Crim. 23 févr. 1972, n°71-90.856 : est coupable
d’homicide involontaire le prévenu qui a causé
un accident dont la victime est décédée alors
même qu’en raison de l’état de santé déficient de
celle-ci cet accident n’a pas été la cause
exclusive du décès auquel il a contribué (parmi
toutes les causes, l’accident fut la cause directe
et immédiate du dommage).
Crim. 25 sept. 2001, n°01-80.100 : la vitesse
excessive du conducteur d’un véhicule qui est
entré en collision, après avoir heurté un sanglier,
avec un véhicule arrivant en sens inverse est
constitutive d’une faute en relation de causalité
directe avec le décès de l’autre
automobiliste puisque cette imprudence fut
déterminante des causes et des conséquences
de l’accident.

Causalité indirecte (art.121-3 al.4 CP) :


lorsqu’une PP a créé ou contribué à créer
la situation qui a permis la réalisation du
dommage ou qui n’a pas pris les mesures
permettant de l’éviter, elle est considérée comme
un auteur indirect et sa responsabilité ne peut être
engagée que pour les fautes qualifiées (faute
délibérée ou faute caractérisée).

FICHES SUPPLÉMENTAIRES
1. L’élément moral
1. La faute intentionnelle
2. La faute non-intentionnelle

2. La tentative
3. La complicité

L'IRresponsabilité pénale
Hypothèses où la répression est exclue (ou atténuée) alors
que les éléments constitutifs d’une infraction sont réunis.

Les causes objectives d’irresponsabilité pénale s’attachent


à l’acte commis par l’auteur et neutralisent l’élément
légal de l’infraction reprochée.  
Les causes subjectives d’irresponsabilité pénale renvoient
à la psychologie de l’auteur et rendent les faits reprochés
non-imputables à son encontre.

Les causes objectives d'irresponsabilité pénale

L'ordre de la loi ou du règlement

Art. 122-4 al. 1 CP : “n’est pas pénalement responsable la


personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par
des dispositions législatives ou réglementaires.” Une
autorisation administrative n’étant ni une disposition
législative, ni une disposition réglementaire, elle ne peut ni
prescrire ni autoriser un acte (crim. 26 avr. 1983 : Gaz. Pal.
1984. 1. Somm. 2).
L’ordre de la loi ou du règlement : obligation de
dénoncer un délit ou un crime qu’il est encore possible
de prévenir (art. 434-1 CP).
La permission de la loi ou du règlement : 
Droit de correction : les parents et les enseignants
possèdent, dans un but éducatif, un pouvoir
disciplinaire pouvant éventuellement s’exercer sur
de jeunes enfants sous forme de gifles ou tapes
inoffensives (Trib.pol. Bordeaux, 18 mars 1981 : D.
1982. 182). Toutefois, la correction doit rester
proportionnée au manquement commis et ne pas
avoir de caractère humiliant (crim. 29 oct. 2014,
n°13-86.371). La forte gifle, ainsi que le fait de
plonger la tête d’un enfant de six ans dans la cuvette
des W.C. et de tirer la chasse d’eau, dépassent les
limites du droit de correction (crim. 21 févr. 1990 :
Dr. 1990. 216).
Usage de leurs armes par les forces de l’ordre (art.
L435-1 c. sécu. intérieure) :
un usage strictement proportionné ;
dans l’exercice de leurs fonctions ;
en qualité d’agents de la police nationale ou de
militaires de la gendarmerie nationale (uniforme
ou insignes extérieures et apparents) ;
en cas d’absolue nécessité :
lorsque des atteintes à la vie ou à l’intégrité
physique sont portées contre eux ou contre
autrui ou lorsque des personnes
armées menacent leur vie ou leur intégrité
physique ou celles d’autrui ;
lorsque, après 2 sommations faites à haute
voix, ils ne peuvent défendre autrement les
lieux qu’ils occupent ou les personnes qui
leur sont confiées ;
Lorsque, immédiatement après
2 sommations adressées à haute voix, ils ne
peuvent contraindre à s’arrêter, autrement
que par l’usage des armes, des personnes qui
cherchent à échapper à leur garde ou à leurs
investigations et qui sont susceptibles de
perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur
vie ou à leur intégrité physique ou à celles
d’autrui ;
Lorsqu’ils ne peuvent immobiliser, autrement
que par l’usage des armes, des véhicules,
embarcations ou autres moyens de transport,
dont les conducteurs n’obtempèrent pas à
l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont
susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des
atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique
ou à celles d’autrui ;
Dans le but exclusif d’empêcher la réitération,
dans un temps rapproché, d’un ou de
plusieurs meurtres ou tentatives de meurtre
venant d’être commis, lorsqu’ils ont des
raisons réelles et objectives d’estimer que
cette réitération est probable au regard des
informations dont ils disposent au moment
où ils font usage de leurs armes.

Flagrance : usage de la force par toute personne


autorisée pour appréhender l’auteur d’une infraction
flagrante (art. 73 al.1 CPP) à condition que cet
usage soit “nécessaire et proportionné aux conditions
de l’arrestation” (crim. 13 avril 2005, n°04-83.939).
Droits de la défense : violation du secret de
l’instruction (crim.11 juin 2002, n°01-85.237) ou le
vol, par un salarié, de documents strictement
nécessaires à l’exercice des droits de la
défense dans un litige prud’homale qui l’oppose à
son employeur (crim. 11 mai 2004, n°03-80.254).
Bonne foi : celui qui a reçu une chose tout en
ignorant son origine frauduleuse ne peut être
poursuivi du chef de recel (art. 2276 al.1 CP :  “en
fait de meuble, la possession vaut titre”).
Immunités familiales : impunité de l’auteur d’un vol,
d’un chantage, d’une extorsion, d’une escroquerie ou
d’un abus de confiance commis au préjudice d’un
ascendant, d’un descendant ou d’un conjoint.

Le commandement de l’autorité légitime

Art. 122-4 al. 2 CP : “n’est pas pénalement responsable la


personne qui accomplit un acte commandé par l’autorité
légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal.”
un acte commandé par l’autorité légitime : seule
une autorité publique française agissant dans
son cadre de compétences est légitime pour ordonner
une violation de la loi.
Crim. 30 sept. 2008, n°07-82.249, Affaire des écoutes
de l’Elysée : le Président de la République ne
disposant pas du pouvoir d’ordonner une mise sur
écoute massive d’opposants et de personnalités
publiques, le commandement de l’autorité légitime
ne peut être retenu en faveur d’un officier supérieur
de la gendarmerie et de hauts fonctionnaires, dès
lors que ne leur était imposée aucune obéissance
inconditionnelle à des ordres manifestement
illégaux.

qui n’est pas manifestement illégal : le degré d’illégalité


de l’acte est apprécié au regard de la gravité de
l’infraction réalisée et des fonctions de l’auteur (crim. 23
janv. 1997, n°96-84.822 : l’illégalité d’un ordre portant
sur la commission de crimes contre l’humanité est
toujours manifeste ; un officier est plus à même de
contester un ordre qu’un simple soldat).  

La légitime défense

La légitime défense des personnes (art. 122-5 al.1


CP) : “n’est pas pénalement responsable la personne qui,
devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui,
accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la
nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui,
sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense
employés et la gravité de l’atteinte.”
une agression initiale : une atteinte physique, sexuelle
ou même morale comme par ex. des insultes grossières
et blessantes (crim. 18 juin 2002, n°01-88.062 ).
réelle : l’agression doit être certaine (crim. 8 juill.
2015, n°15-81.986) et non pas imaginaire ou
putative.
actuelle : l’agression doit être un “mal
présent” (crim. 21 déc. 1954, Bull. crim. n° 423) et
non pas éventuelle, passée ou future (crim. 7 juill.
1992, n°91-86.347).
injuste : l’agression ne doit pas être un acte
conforme au droit (crim.9 févr. 1972, 71-91.349 : le
fait justificatif de légitime défense ne peut être
invoqué par des individus qui ont porté des coups
ou exercé des violences sur des gardiens de la paix
en uniforme, agissant dans l’exercice de leurs
fonctions).

un acte de défense :
strictement nécessaire : l’acte de défense doit être
l’unique moyen (crim. 6 déc. 2016, n°15-80.816) de
repousser l’agression (crim. 28 févr. 2006, n°
05-87.400 : le fait justificatif de légitime défense ne
peut être invoqué lorsque la victime de l’agression
“pouvait fuir”).
proportionné : les moyens de défense employés
doivent être proportionnés aux circonstances et à la
gravité de l’agression.
Crim. 17 janv. 2017, n°15-86.481 : l’existence ou
non d’une disproportion est laissée à
l’appréciation souveraine des juges du fond. En
l’espèce, deux automobilistes en viennent aux
mains à la suite d’un banal accident de la
circulation. Pour se défendre, l’un a précipité
l’autre dans une chute qui l’a rendu paraplégique.
Selon la Cass., la proportionnalité des moyens de
défense employés ne s’apprécie pas au regard
du résultat de l’acte de défense.

concomitant : la défense doit être une réaction à une


agression en train de se commettre ou imminente
(sinon il s’agit d’une vengeance). 

La légitime défense des biens (art. 122-5 al.2 CP) :“n’est


pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre
l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien, accomplit
un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque
cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors
que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de
l’infraction.“
un crime ou un délit contre un bien : une atteinte légère
constitutive d’une contravention ne peut justifier un
acte de défense (Toulouse, 24 jan. 2002 : Dr. pénal
2002. 52)
une défense :
strictement nécessaire :  la défense d’un bien doit
être précédée d’une sommation ou d’un
avertissement (Montpellier, 19 nov. 1979 : D. 1981).
proportionnée : les moyens de défense employés
doivent être proportionnés à la gravité de l’atteinte et
non à la valeur du bien atteint.
concomitante : la défense doit être une réaction à
une atteinte en train de se commettre ou imminente.

La charge de la preuve de la légitime défense :


Principe : c’est à l’auteur de l’acte de défense qu’il
revient de prouver que les conditions de justification
sont caractérisées en l’espèce. 
Exceptions (art.122-6 CP) : “est présumé avoir agi en état
de légitime défense celui qui accomplit l’acte :
1° Pour repousser, de nuit, l’entrée par effraction,
violence ou ruse dans un lieu habité ;
2° Pour se défendre contre les auteurs de vols ou de
pillages exécutés avec violence.”
Conséquences : l’auteur de l’acte de défense est
dispensé de prouver le caractère injuste et
actuel de l’agression ainsi que la nécessité de la
riposte. Par contre, il doit justifier le caractère
proportionnel des moyens de défense employés.

L’état de nécessité

Situation dans laquelle se trouve une personne qui, pour


sauvegarder un intérêt supérieur, n’a d’autre ressource que
d’accomplir un acte défendu par la loi pénale. Cet “intérêt
supérieur” s’apprécie de façon objective ; il doit être perçu
comme tel par tous (Trib. corr. Le Puy-en-Velay, 14 mars 1995 :
Gaz. Pal. 1995. 2. Somm. 326).
A la grande différence de la légitime défense où la victime de
l’infraction est l’agresseur initial, la victime d’un état de
nécessité est un tiers innocent qui voit son propre intérêt
sacrifié au profit d’un autre intérêt jugé, sur le moment,
supérieur.

Art. 122-7 CP : “n’est pas pénalement responsable la


personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui
menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte
nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s’il
y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la
menace.”
Un danger injuste actuel ou imminent :
injuste : la faute préalable de l’auteur qui a créé ou
contribué à créer le danger l’empêche de se prévaloir
de l’état de nécessité (crim.10 juin 2010,
n°09-87.159).
actuel ou imminent : le danger doit être soit réel soit
inéluctable. Des difficultés financières sont
insuffisantes pour caractériser un état de nécessité
(Poitiers, 11 avr. 1997 : D1997. 512).

Un acte nécessaire et proportionné :


nécessaire : l’infraction commise devait être l’unique
moyen envisageable pour sauvegarder l’intégrité
physique ou morale d’une personne, préserver un
bien, voir un animal (crim. 11 janv. 2017,
n°16-80.610 et crim. 8 mars 2011 : D. 2011. Pan.
2826).
proportionné : l’intérêt sacrifié doit avoir une valeur
inférieure à celui sauvegardé (selon l’appréciation
souveraine des juges du fond). 

La protection des lanceurs d’alerte

Art. 122-9 CP (L. n°2016-1691 du 9 déc. 2016) : “n’est pas


pénalement responsable la personne qui porte atteinte à un
secret protégé par la loi, dès lors que cette divulgation est
nécessaire et proportionnée à la sauvegarde des intérêts en
cause“.
Une alerte concernant :
un crime ou un délit ;
une violation grave et manifeste :
d’un engagement international régulièrement
ratifié ou approuvé par la France ;
d’un acte unilatéral d’une organisation
internationale pris sur le fondement d’un tel
engagement ;
de la loi ou du règlement ;

une menace ou un préjudice graves pour l’intérêt


général.

par un lanceur d’alerte : une PP qui révèle ou signale, de


manière désintéressée et de bonne foi, des faits dont
elle a eu personnellement connaissance.
dans le respect des procédures de signalement définies
par la loi :
Principe : le signalement doit d’abord être donné à
un supérieur, puis, à défaut de réponse, aux autorités
publiques. En dernier recours après l’écoulement
d’un délai de 3 mois, le public peut être alerté.
Exception : en cas de danger grave et imminent ou
en cas de risques de dommage irréversibles, l’alerte
peut directement être portée à la connaissance des
autorités publiques. Si l’alerte porte sur des faits
d’une particulière gravité, ils peuvent être
immédiatement rendus publics.

Limites :
Les PM sont exclues du régime de protection accordé
aux lanceurs d’alerte.
Les secrets classés défense nationale, le secret
médical, le secret des relations entre un avocat et son
client ne sont pas couverts par ce régime de protection.
Le lanceur d’alerte pourra être condamné pour
dénonciation calomnieuse (art. 226-10 CP) si les faits
dénoncés s’avèrent inexacts. 

Les causes subjectives d'irresponsabilité pénale


FICHES SUPPLÉMENTAIRES
1. Le trouble psychique ou neurologique
2. La contrainte
3. L’erreur
4. La minorité

Si l’auteur est considéré comme pénalement responsable, la


juridiction de jugement va prononcer “l’une des peines
encourues pour l’infraction dont elle est saisie” (art. 132-17 al.2
CP).

Peine : sanction punitive infligée à l’auteur d’une infraction


par une juridiction de jugement au nom de la société.
Fonctions :
rétribution de la faute commise par l’auteur ;
favoriser l’amendement et la réinsertion de l’auteur ;
assurer la protection de la société ;
prévenir la commission d’autres infractions ;
restaurer l’équilibre social.

Condition d’application : “aucune peine ne peut être


appliquée si la juridiction ne l’a expressément
prononcée” (art. 132-17 al.1 CP).

La répression des personnes physiques

La peine principale

La peine principale est la sanction obligatoirement attachée à


un comportement prohibé par le législateur et qui caractérise
l’incrimination pénale dans sa nature criminelle,
correctionnelle ou contraventionnelle.

En matière criminelle : la peine principale est la réclusion


criminelle (pour les crimes de droit commun) ou
la détention criminelle (pour les crimes politiques) dont la
durée à temps est de 10 ans au moins.
Echelle des peines criminelles (art. 131-1 CP) :
perpétuité ;
30 ans au plus ; 
20 ans au plus ;
15 ans au plus ;
Les peines de réclusion ou la détention criminelle
ne sont pas exclusives d’une peine d’amende et
d’une ou de plusieurs des peines
complémentaires prévues à l’art. 131-10 (art.
131-2 CP).

En matière délictuelle : les peines principales sont la peine


d’emprisonnement et l’amende correctionnelle.
Echelle des peines d’emprisonnement (art. 131-4 CP) :
10 ans au plus ;
7 ans au plus ;
5 ans au plus ;
3 ans au plus ;
2 ans au plus ;
1 an au plus ;
6 mois au plus.

Le système des peines alternatives en


matière délictuelle (art.131-3 CP) : toutes les peines
correctionnelles étant équivalentes, la juridiction de
jugement peut librement choisir l’une d’entre elles pour
sanctionner le comportement délictueux. Toutefois,
le cumul entre une peine d’emprisonnement et une
peine alternative est par définition formellement
interdit puisque la première est remplacée par la
seconde. Le système des peines alternatives n’est
pas applicable en matière criminelle.
la détention à domicile sous surveillance
électronique (art. 131-4-1 CP modifié par la loi de
réforme pour la justice n°2019-222 du 23 mars
2019) : obligation pour le condamné de demeurer
dans son domicile ou tout autre lieu désigné par la
juridiction ou le JAP et port d’un dispositif intégrant
un émetteur permettant de vérifier le respect de
cette première obligation.
le jour-amende (art.131-5 CP) : obligation pour le
condamné de verser au Trésor une somme dont le
montant global résulte de la fixation par le juge
d’une contribution quotidienne pendant un certain
nombre de jours.
le stage de citoyenneté (art. 131-5-1 CP) : obligation
pour le condamné d’accomplir un stage de
citoyenneté, tendant à l’apprentissage des valeurs
de la République et des devoirs du citoyen.
le travail d’intérêt général (TIG) (art. 131-8 CP) :
obligation pour le condamné d’accomplir un travail
non rémunéré au profit soit d’une PM de droit public,
soit d’une PM de droit privé chargée d’une mission
de service public, soit d’une association habilité.
les peines privatives ou restrictives des droits (art.
131-6 CP) : par ex., l’annulation du permis de
conduire avec interdiction de solliciter la délivrance
d’un nouveau permis pendant 5 ans au plus.
la sanction-réparation (art. 131-8-1 CP) : obligation
pour le condamné de procéder, dans le délai et selon
les modalités fixées par la juridiction, à
l’indemnisation du préjudice de la victime.

Le plancher fixé pour les amendes correctionnelles (art.


381 CPP) : sont des délits les infractions que la loi punit
d’une peine d’amende supérieure ou égale à 3 750 €.

En matière contraventionnelle : la peine principale est


l’amende contraventionnelle. Constituent des
contraventions les infractions que la loi punit d’une
amende n’excédant pas 3 000 € (art. 131-13 al. 1 CP) ;
Le montant de l’amende contraventionnelle dépend de
la classe de la contravention, c’est-à-dire de sa
gravité (art. 131-13 CP) :
38 € pour les contraventions de 1ère classe ;
150 € pour celles de 2e classe ;
450 € pour celles de 3e classe ;
750 € pour celles de 4e classe ;
1500 € pour celles de 5e classe (montant qui peut
être doublé en cas de récidive qui ne constitue pas
un délit).

Le système des peines alternatives en matière


contraventionnelle : sur décision de la juridiction de
jugement, les contraventions de 5e classe peuvent être
remplacées par les peines privatives ou restrictives de
droits prévues à l’art. 131-14 CP ou par la peine de
sanction-réparation prévue par l’art. 131-15-1 CP.

Les peines complémentaires

Les peines complémentaires sont des sanctions obligatoires


ou facultatives qui s’ajoutent à la peine principale prononcée
par la juridiction de jugement. Une ou plusieurs peines
complémentaires peuvent être prononcées pour la même
peine principale. 

Conditions d’application :
prévue(s) par l’élément légal de l’infraction dont la PP a
été reconnue coupable ;
expressément prononcée(s) par la juridiction de
jugement.

En matière criminelle ou délictuelle (art. 131-10 CP) :


interdiction, déchéance, incapacité ou retrait d’un droit ;
injonction de soins ou obligation de faire ;
immobilisation ou confiscation d’un objet ;
confiscation d’un animal ;
fermeture d’un établissement ;
affichage de la décision prononcée ou diffusion de
celle-ci soit par la presse écrite, soit par tout moyen de
communication au public par voie électronique.

En matière contraventionnelle (art. 131-16 CP) : par ex.,


suspension du permis de conduire (pendant 3 ans
max.) ;
retrait du permis de chasser avec interdiction de
solliciter la délivrance d’un nouveau permis (pendant 3
ans max.) ;
confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à
commettre l’infraction ou de la chose qui en est le
produit ;
obligation d’accomplir, à ses frais, un stage de
sensibilisation à la sécurité routière ;
interdiction de détenir un animal (pendant 3 ans max.) ;
interdiction d’émettre des chèques (pendant 3 ans max.
: art. 131-17 CP).

Système des peines complémentaires alternatives :


lorsque la juridiction de jugement ne prononce que la peine
complémentaire ou l’une ou plusieurs des peines
complémentaires encourues à titre de peine principale (art.
131-11 al. 1 et 131-18 CP).
Contenu et modalité d’application de certaines peines
complémentaires : par ex., la peine complémentaire de
confiscationest encourue de plein droitpour les crimes ou
délits punis d’une peine d’emprisonnement d’une durée
supérieure à un an, à l’exception des délits de presse. La
confiscationporte sur tous les biens meubles ou
immeubles, quelle qu’en soit la nature, divis ou indivis,
ayant servi à commettre l’infractionou qui étaient destinés
à la commettre, et dont le condamné est propriétaireou,
sous réserve des droits du propriétaire de bonne foi, dont il
a la libre disposition. Elle porte également sur tous les
biens qui sont l’objet ou le produit direct ou indirect de
l’infraction, à l’exception des biens susceptibles de
restitution à la victime (art. 131-21 CP). La saisie des
immeubles dont la confiscation est prévue n’est pas limitée
aux biens dont les personnes visées par l’enquête sont
propriétaires mais s’étend à tous les biens qui sont l’objet
ou le produit direct ou indirect de l’infraction (crim. 4 sept.
2012, n°11-87.143).

Loi n° 2019-1480 du 28 décembre 2019 visant à agir contre les


violences au sein de la famille :

Elargissement du port du bracelet anti-rapprochement  : en


cas d’infraction punie d’au moins trois ans
d’emprisonnement commise contre son conjoint, son
concubin ou son partenaire lié par un pacte civil de
solidarité, y compris lorsqu’ils ne cohabitent pas, ou
commise par l’ancien conjoint ou concubin de la victime ou
par la personne ayant été liée à elle par un pacte civil de
solidarité, la juridiction peut, à la demande ou avec le
consentement exprès de la victime, qui peut être recueilli
par tout moyen :
Interdire au condamné de se rapprocher de la victime à
moins d’une certaine distance fixée par la décision ;
Et, afin d’assurer le respect de cette interdiction,
astreindre le condamné au port, pendant toute la durée
de la mesure, d’un bracelet intégrant un émetteur
permettant à tout moment de déterminer à distance sa
localisation sur l’ensemble du territoire national et
permettant de déterminer s’il s’approche de la victime à
qui a été attribué un dispositif électronique permettant
également de déterminer sa localisation. 

Date d’entrée en vigueur : immédiatement.

L. n°2019-290 du 10 avril 2019 dite “loi anticasseurs” :

Mesure  : possibilité pour la juridiction de jugement


d’assortir la condamnation d’une peine complémentaire
d’interdiction de participer à des manifestations dont
l’irrespect est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000
€ d’amende (nouveaux art. 131-32-1 et 434-38-1 CP). 
Date d’entrée en vigueur : immédiatement.

La répression des personnes morales

La peine principale

Comme les peines privatives ou restrictives de liberté sont


inapplicables aux PM, le législateur a prévu un éventail de
sanctions en fonction de la gravité de l’infraction commise.

En toute matière (art. 131-37 et 131-40  CP) : amende dont


le taux maximum est égal au quintuple (x5) de celui prévu
pour les PP par le texte d’incrimination (art. 131-38 al.1 et
131-41 CP). Lorsqu’il s’agit d’un crime pour lequel aucune
peine d’amende n’est prévue à l’encontre des PP, l’amende
encourue par les PM est de 1 000 000 € (art. 131-38 al.2
CP).
Le système des peines alternatives :
En matière délictuelle : la juridiction peut prononcer
la peine de sanction-réparation à la place ou en
même temps que l’amende encourue par la PM  (art.
131-39-1 CP). 
En matière contraventionnelle : pour toute les
contraventions de la 5e classe, la peine d’amende
peut être remplacée par une ou plusieurs des peines
privatives ou restrictives de droits prévues à l’art.
131-42 CP. La juridiction peut en outre prononcer la
peine de sanction-réparation à la place ou en même
temps que l’amende encourue par la PM (art.
131-44-1 CP).

Les peines complémentaires

Les peines complémentaires sont des sanctions obligatoires


ou facultatives qui s’ajoutent à la peine principale prononcée
par la juridiction de jugement. Une ou plusieurs de ces peines
peuvent être prononcées pour la même peine principale. 

Conditions d’application :
prévue(s) par l’élément légal de l’infraction dont la PM a
été reconnue coupable ;
expressément prononcée(s) par le juge.

En matière criminelle ou délictuelle (art. 131-39 CP) :


dissolution : lorsque la PM a été créée ou, lorsqu’il s’agit
d’un crime ou d’un délit puni en ce qui concerne
les PP d’une peine d’emprisonnement supérieure ou
égale à 3 ans, détournée de son objet pour commettre
les faits incriminés ; 
placement sous surveillance judiciaire (pendant 5 ans
max.) ; 
fermeture définitive ou pendant 5 ans max. des
établissements ou de l’un ou de plusieurs des
établissements de l’entreprise ayant servi à commettre
les faits incriminés ;
peine de confiscation dans les conditions et selon les
modalités prévues à l’art. 131-21 CP ;
affichage de la décision prononcée ou diffusion de
celle-ci au public ;
programme de mise en conformité sous le contrôle de
l’Agence française anticorruption (art. 131-39-2 CP).

En matière contraventionnelle (art. 131-43 CP) : les peines


complémentaires mentionnées aux 5°, 10° et 11° de l’art.
131-16 CP et celle prévue au premier al. de l’art. 131-17 al.1
CP.

En principe, la juridiction de jugement doit prononcer la peine


prévue par le texte d’incrimination et ce dans la limite du seuil
max. fixé par le législateur. 

Des variations du quantum (montant) de la peine peuvent


rehausser ou abaisser le seuil maximum encouru par la
personne condamnée.

FICHES SUPPLÉMENTAIRES
1. Le seuil maximum rehaussé
1. La récidive
2. Les circonstances aggravantes

2. Le seuil maximum rabaissé


1. Le concours réel
2. La minorité de l’auteur

Principe d’individualisation de la peine (art. 132-1 al. 2 CP)


: le juge doit choisir la peine la plus adaptée au regard
des faits de l’espèce et de la personnalité de leur auteur
ainsi que de sa situation matérielle, familiale et sociale.
Conséquence : en matière délictuelle et
contraventionnelle, toute peine prononcée par la
juridiction doit être individualisée grâce à des
instruments tels que la dispense de peine,
l’ajournement de la peine ou le sursis.

La dispense de peine

Mesure par laquelle le ne prononce aucune sanction contre le


coupable lorsqu’il apparaît que son reclassement est acquis,
que le dommage est réparé et que le trouble social occasionné
par l’infraction a cessé (art. 132-59 CP). 
L'ajournement de la peine

Mesure par laquelle le trib. décide de remettre à plus tard le


prononcé de la peine. 

Ajournement simple : lorsqu’il apparaît que le reclassement


du coupable est en voie d’être acquis, que le dommage
causé est en voie d’être réparé et que le trouble résultant de
l’infraction va cesser (art. 132-60 CP) ;
Ajournement avec mise à l’épreuve : la peine est ajournée
dans les conditions de l’ajournement simple mais en
appliquant le régime de la mise à l’épreuve (art. 132-63 CP)
;
Ajournement avec injonction : la peine est ajournée mais le
coupable à l’obligation se conformer à une ou plusieurs
prescriptions déterminées par le juge (art. 132-66 CP) ;
Ajournement aux fins d’investigations : la peine est
ajournée lorsqu’il apparaît que investigations
complémentaires sur la personnalité ou la situation
matérielle, familiale ou sociale du prévenu sont
nécessaires (art. 132-70-1 CP) ;
Ajournement aux fins de consignation d’une somme
d’argent : la peine est ajournée mais le coupable
doit consigner une somme d’argent en vue de garantir le
paiement d’une éventuelle peine d’amende (art. 132-70-3
CP). 

Le sursis

Mesure par laquelle le trib. prononce la peine mais décide de


ne pas la faire exécuter. 

Le sursis est la règle, l’emprisonnement l’exception (art.


132-19 al. 3 CP).

Toute peine d’emprisonnement prononcée sans sursis doit


être spécialement motivée par le juge (crim. 21 juin 1995,
n°94-83.442).

Le sursis simple :
Conditions d’octroi :
pas de condamnation à l’une des peines prévues
dans les 5 ans précédant les faits (art. 132-30 CP) ;
applicable aux condamnations à une peine
d’emprisonnement prononcées pour une durée de 5
ans au plus, à une peine d’amende correctionnelle
ou contraventionnelle ou à l’une ou plusieurs autres
peines prévues aux art. 132-31
; 132-32 et 132-34 CP.  

Effet : le sursitaire est dispensé d’exécuter la peine


prononcée durant un délai d’épreuve.
Rechute : si le sursitaire est condamné pour une
nouvelle infraction, le sursis peut être révoqué et
la “première peine est exécutée sans qu’elle puisse se
confondre avec la seconde” (art. 132-38 CP). 
Absence de rechute : le risque d’exécuter la peine
disparaît définitivement car la condamnation assortie
du sursis simple est réputée non avenue (art.
132-35 et 132-37 CP). 

Le sursis probatoire : lorsque le probationnaire doit prouver


son aptitude à la réinsertion sociale durant un délai
d’épreuve.
Conditions d’octroi :
applicable quel que soit le passé pénal du
condamné (primo-délinquant, récidiviste ou
multirécidiviste).
applicable aux seules condamnations à une peine
d’emprisonnement prononcées pour une durée de 5
ans au plus.

Formes :
sursis avec mise à l’épreuve (art. 132-44 et 132-45
CP) : lorsque le probationnaire doit se soumettre à
des mesures de contrôle et doit respecter des
obligations spécialement imposées pour pourvoir
bénéficier de mesures d’aide (art. 132-46 CP).
sursis avec TIG : lorsque le probationnaire doit se
soumettre à des TIG au profit d’unePM de droit
public, d’une PM de droit privé chargée d’une
mission de service public ou d’une association
habilitée. 

Effet : le probationnaire est dispensé d’exécuter la peine


prononcée durant un délai d’épreuve. 
Rechute : lorsque le probationnaire n’exécute pas l’un
de ses devoirs ou commet un crime ou un délit de droit
commun suivi d’une condamnation à une peine
privative de liberté ferme au cours du délai d’épreuve, le
juge peut ordonner la révocation du sursis et l’exécution
de la condamnation initiale (art. 132-48 et suivants
CP). 
Absence de rechute : le risque d’exécuter la peine
disparaît définitivement car la condamnation assortie
du sursis probatoire est réputée non avenue (art.
132-52 CP). 

Loi de Réforme pour la Justice (art. 71 L. n°2019-222 du 23


mars 2019)

Création du sursis probatoire : le sursis avec mise à


l’épreuve et le sursis avec TIG sont fusionnés et remplacés
par le “sursis probatoire” (nouvel art. 132-41-1 CP). Date
d’entrée en vigueur : 24 mars 2020.
Extension du TIG : entrée en vigueur immédiate. Durée
max. du TIG portée à 400h au lieu de 280h. Outre son
prononcé comme peine alternative à l’emprisonnement, le
TIG pourra être désormais exécuté dans le cadre de tout
aménagement de peine ou comme obligation du sursis
probatoire.

Au moment du prononcé de la peine, le juge peut décider


d’aménager son exécution pour éviter l’effet désocialisant de
l’incarcération. 

La semi-liberté (art. 132-25 et suivants CP)  : lorsque le


condamné est autorisé à quitter l’établissement
pénitentiaire pour accomplir des activités extérieures dans
le cadre d’un projet caractérisé d’insertion ou de réinsertion
de nature à prévenir les risques de récidive.
Le placement à l’extérieur  (art. 132-26 CP) : lorsque le
condamné est astreint, sous le contrôle de l’administration,
à effectuer des activités en dehors de l’établissement
pénitentiaire.
La “prison à domicile” (art. 132-26-2 CP) : lorsque le
condamné est placé sous surveillance électronique
statique dans un lieu déterminé par le JLD, généralement le
domicile, au moyen d’un bracelet fixé à la cheville.  
Le fractionnement de la peine (art. 132-27 CP) : lorsque
l’exécution de la peine est étalée dans le temps pour motif
d’ordre médical, familial, professionnel ou social.

FICHES SUPPLÉMENTAIRES
1. Les juridictions d’application des peines
1. Le juge d’application des peines
2. Le tribunal d’application des peines
3. Le président de la chambre de l’application des
peines de la cour d’appel
4. La chambre de l’application des peines de la cour
d’appel

2. L’aménagement au temps de l’incarcération


1. Libération sous contrainte
2. Suspension ou fractionnement de la peine,
placement à l’extérieur et semi-liberté
3. Permission de sortir

3. L’abrègement du temps de l’incarcération


1. Les réductions de peine
2. La libération conditionnelle
3. La suspension de peine pour pathologie

4. La période de sûreté
5. Les mesures de sûreté

Principe : seule l’exécution de la peine conduit à son


extinction.
Tempérament : la disparition du condamné – décès de
la PP ou dissolution de la PM – emporte extinction de la
peine (art. 133-1 CP).
Exceptions : prescription, relèvement, grâce et amnistie.
La prescription de la peine
Définition : lorsque l’inexécution de la peine pendant un
certain temps entraine son extinction.
Conditions substantielles :
une véritable peine telle qu’une peine
d’emprisonnement prononcée par une juridiction de
jugement ;
une peine susceptible d’exécution forcée sur la
personne du condamné ou sur ses biens, à l’instar
d’une peine principale privative de liberté.

Condition temporelle :
Le point de départ : la prescription de la peine ne
commence à courir qu’à compter de la date à laquelle la
décision de condamnation est devenue définitive (art.
708 CPP).
La durée (depuis le 1er mars 2017) : elle varie en
fonction de la nature de l’infraction commise sans que
la nature de la peine prononcée n’ait d’influence (L.
n°2017-242 du 27 févr. 2017).
20 ans pour les crimes (art. 133-2 CP) ;
6 ans pour les délits (art. 133-3 CP) (5 ans
auparavant) ;
3 ans pour les contraventions (art. 133-4 CP).

Effet : dispense d’exécution de la peine mais maintien de la


condamnation (toujours inscrite au casier judiciaire,
compte comme 1er terme de la récidive, obstacle potentiel
pour le sursis et maintien des obligations civiles). 
L’interruption ou la suspension du délai de prescription de
la peine :
Causes d’interruption (compteurs remis à zéro) : tous
les actes d’exécution forcée démontrant la velléité des
autorités compétentes à faire exécuter la peine.
Par ex. – art. 707-1 al.5 CPP  : la prescription de la
peine est interrompue par les actes ou décisions
du MP, des juridictions de l’application des peines et,
pour les peines d’amende ou de confiscation
relevant de leur compétence, du Trésor ou de
l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs
saisis et confisqués, qui tendent à son exécution.

Causes de suspension (le cours du délai est arrêté) :


 tous les obstacles de fait (guerre ou catastrophe
naturelle) ou de droit (octroi d’un sursis ou exécution
d’une autre peine) empêchant l’exécution de la peine.

La grâce

Définition (art. 17 C.) : prérogative présidentielle accordée


de façon discrétionnaire à un condamné, sur requête
individuelle.
Condition : le requérant doit faire l’objet d’une décision
insusceptible de recours et exécutoire.
Effets (art. 133-7 CP) : dispense d’exécuter la peine mais
maintien de la condamnation (toujours inscrite au casier
judiciaire, compte comme 1er terme de la récidive, obstacle
potentiel pour le sursis et maintien des obligations civiles
envers la victime).

L’amnistie

Définition (art. 34C) : prérogative du pouvoir législatif de


neutraliser les incriminations et d’effacer les
condamnations.
Effet (art. 133-9 CP) : effacement de toutes
condamnations prononcées et remise de toutes les peines
(sauf les mesures de sûreté). L’auteur de l’infraction est
remis dans le bénéfice du sursis qui avait pu lui être
accordé lors d’une condamnation antérieure. Les
obligations civiles envers la victime sont maintenues.

La réhabilitation

Définition : mesure d’effacement d’une condamnation pour


bonne conduite.  
Formes : 
légale (art. 133-13 CP) : acquise de plein droit à
la PP ou PM condamnée qui n’a, dans les délais
déterminés, subi aucune condamnation nouvelle à une
peine criminelle ou correctionnelle.
judiciaire (art. 782 CPP) : accordée par une juridiction
de jugement sur requête adressée au proc.Rép..

Effets (art. 133-16 CP) : incapacités et déchéances sont


effacées mais la condamnation demeure (toujours inscrite
au casier judiciaire, compte comme 1erterme de la récidive,
obstacle potentiel pour le sursis et maintien des
obligations civiles envers la victime).

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