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UNIVERSITE SULTAN MOULAY SLIMANE

FACULTE POLYDISCIPLINAIRE
BENI MELLAL

LICENCE FONDAMENTALE EN DROIT PRIVE


SECTION FRANÇAISE

Projet de fin d’études

Sous thème :

La procédure de redressement judiciare à


la lumière de la loi 73-17

Réalisé par : Encadré par :


• Younes AIT SALAH • Mr. Kamal ESSILI

Année universitaire 2022/2023


Remerciement

Je remercie dieu le tout puissant de m’avoir donné la santé et


la volonté d’entamer et de terminer ce mémoire.

Tout d’abord, ce travail ne serait riche et n’aurait pas pu avoir le


jour sans l’aide et l’encadrement de Monsieur Kamal Essili, je le
remercie pour la qualité de son encadrement exceptionnel, pour sa
pertinence, sa rigueur et sa disponibilité durant notre préparation de
ce mémoire.

Nos remerciements s’adressent de même à tous les enseignants qui


nous ont aidés pendant les trois ans passés à la Faculté
polydisciplinaire de béni Mellal.

A nos familles et amis pour leurs aides et leurs encouragements.

Et à toute personne ayant contribué de près ou de loin à


l’avancement de ce projet.
Dédicace

Je dédie ce travail à :
Ma mère, source de tendresse et d’amour pour leurs soutiens tout le long de
ma vie scolaire.
Mon père, qui m’a toujours soutenu et qui m’a fait tout possible pour m’aider.
Mes frères et mes sœurs, avec lesquels j’ai partagé mes moments de joie et de
bonheur.
Mes chers amis (e), et enseignants.

YOUNES AIT SALAH


Liste des abréviations

CNEA : Le Comité National de l'Environnement des Affaires


CNUDCI : La Commission des Nations Unies pour le droit commercial international
CNSS : La Caisse Nationale de Sécurité Sociale
LRAR : Lettre recommandée avec accusé de réception
Arl : Article
MP : Ministère public
RJ : Redressement judiciaire
c.com : Code de commerce
Art : Article
C.I.A.S.I : Comité interministériel d'aménagement des structures industrielles
Cpc : Code de procédure civile
SNC : La Société en Nom Collectif
Coface : Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur
Sommaire

Introduction générale
Chapitre 1 : Le déclenchement et les organes de la procédure de redressement judicaire
Section 1 : L’ouverture de la procédure
Sous-section 1 : Domaine d’application
Paragraphe 1 : les personnes justiciables
Paragraphe 2 : Les critères d’assujettissement
Sous-section 2 : Intervention judicaire
Paragraphe 1 : Aspects procéduraux
Paragraphe 2 : Aspects substantiels
Section 2 : Les organes de la procédure
Sous-section 1 : Le juge commissaire et Le syndic
Paragraphe 1 : Le juge commissaire
Paragraphe 2 : Le syndic
Sous-section 2 : Le ministère public et le comité des créanciers
Paragraphe 1 : Le ministère public
Paragraphe 2 : Le comité des créanciers
Chapitre 2 : Le déroulement et la clôture de la procédure de redressement judicaire
Section 1 : La préparation de la solution
Sous-section 1 : Le jugement d’ouverture et ses effets
Paragraphe 1 : Le prononcé du jugement
Paragraphe 2 : Les effets du jugement
Sous-section 2 : Préparation du plan
Paragraphe 1 : Les offres de maintien de l’entreprise débitrice et la reconstitution
et augmentation de capital
Paragraphe 2 : Le règlement des dettes et les délais d’établissement du rapport du
syndic et consultation du chef de l'entreprise et du contrôleur
Section 2 : Le choix de la solution
Sous-section 1 : La décision de continuation
Paragraphe 1 : Les mesures de redressement
Paragraphe 2 : Les mesures d’apurement
Sous-section 2 : Modification ou résolution du plan.
Paragraphe 1 : Modification du plan
Paragraphe 2 : Résolution du plan
Sous-section 3 : La cession de l’entreprise
Paragraphe 1 : La réalisation de la cession
Paragraphe 2 : Les effets de la cession
Conclusion générale
Introduction générale

L
’entreprise est une notion centrale du droit des affaires. Elle est considérée de nos
jour comme l’un des acteurs incontournables de la vie des affaires. Elle désigne
une organisation de moyens humains, matériels, et juridiques au service d’une
finalité économique.1

Il est assez habituel qu’une entreprise traverse des crises. Selon la gravité de celles-ci,
diverses mesures doivent être envisagées. La loi doit tout d’abord mettre sur pied les
mécanismes susceptibles de prévenir les difficultés, puis d’opérer le redressement des
entreprises temporairement défaillantes mais susceptibles de retrouver un fonctionnement
bénéficiaire. Si ces mesures échouent, la loi doit prévenir les règles permettant de liquider, avec
le moindre mal possible, l’entreprise défaillante en assurant le paiement équitable des créanciers
tout en écartant les chefs malhonnêtes ou incompétents de la vie des affaires.2

De ce fait, l’étude du droit des difficultés des entreprises vise en premier lieu à mettre en
relief l’importance de l’entreprise en tant qu’entité créatrice de richesse et d’emploi, mais
également à étudier la disparition des entreprises viables « in bonis »3. Celles-ci peuvent être
victimes de différentes conjonctures causant une cessation du paiement du débiteur. Celui-ci se
trouve alors dans l’incapacité d’honorer ses engagements dans les dates prédéfinies avec ses
créanciers.

Historiquement parlant, le droit des entreprises en difficultés est une variante de l’ancien
droit de la faillite.4 C’est un droit instable qui s’adapte aux exigences économiques mais qui
diffère de son précédent du fait que le premier avait un aspect répressif contrairement au second

1
DIDER.R.Martin. Droit des affaires. Tom2 Ed AL Madariss, 2019, p3
2
BACHLOUCH Saida:« la prévention et le règlement amiable des difficultés des entreprises en droit comparé
franco-marocain »
3
La terminologie « in bonis » est une expression d’allure latin qui désigne la situation normale de toute personne
physique ou morale qui dispose de l’ensemble de ses droits sur un patrimoine. On dit qu’une entreprise « in
bonis » pour signifier qu’elle est en bonne santé financière…
4
Tout commerçant qui a manqué ses engagements est appelé failli ou banqueroutier.
1
qui est destiné à punir le commerçant malhonnête et à le sanctionner en l’excluant du monde
des affaires.

De manière générale, il était évident que le droit marocain serait affecté comme les droits
des pays du Maghreb français avec son homologue français, du fait que la France étendait sa
protection au Maroc. Mais avant le protectorat c’était la charia 5qui s’appliquait au système de
faillite, qui regardait le commerçant en faillite sous l'angle de la miséricorde, de l'assistance et
du soulagement, contrairement à l'ancienne législation.6

Ainsi, après avoir étendu le système de protection, le législateur marocain a promulgué


la loi du 12 août 1913 7dont elle a été consacrée le deuxième livre à la mise en faillite et
liquidation judiciaire, et qui a longtemps vécu si bien que l'amendement ne s'appliquait à elle
qu'en l'année 1951 selon le Dahir du 10 février 1951, inspiré de la loi française du 8 août 1935.8

Ensuite ; l’autre phase est celle d'adoption du nouveau code de commerce qui était
marquée par la loi n°15-95 du 8 novembre 1995 promulguée par le dahir du 1 aout 1996, ce
nouveau code fait rentrer le droit de la difficulté d'entreprise dans une nouvelle sphère, en
passant progressivement de l'image d'une entreprise en faillite délinquante à l'image d'une
entreprise victime d'un contexte économique. C'est à dire ; c'est un droit d'affrontement entre
trois intérêts contradictoires, mais tout aussi légitimes (intérêts des salariés, des créanciers et de
l'entreprise). Il appartient à la loi de forger les solutions légales permettant d'arriver à un
compromis équilibré entre les différents protagonistes.9

Apres une longue période le législateur a intervenu par la nouvelle loi n° 73-17 10 portant
réforme du livre V du Code de Commerce, adoptée et publiée au Bulletin Officiel le 23 avril
2018.11

5 « la charia » représente dans l'islam diverses normes et règles doctrinales, sociales, culturelles et relationnelles
édictées par la révélation
6
"‫ "ترجمة شخصية‬7 ‫ ص‬،«73-17 ‫د »مساطر صعوبة المقاولة في التشريع المغربي في ضوء القانون رقم‬.‫محمد كرام‬
7
Ancien code de commerce
8
‫ محمد كرام‬.‫ د‬, ibid.
9
https://www.maroclaw.com/la-procedure-du-traitement-judiciaire-des-entreprises-en-difficulte/
10
Dahir n° 1-18-26 du 2 shaaban 1439 (19 avril 2018) portant promulgation de la loi n° 73-17 modifiant et
remplaçant le livre V de la loi n° 15.95 formant code de commerce relatif aux difficultés de l’entreprise.
11
‫ محمد كرام‬.‫ د‬,ibid.,p 9
2
Cette réforme, tant attendue par les opérateurs économiques et institutionnels, menée par
le Ministère de la Justice dans le cadre des travaux du CNEA avec le concours de l’ensemble
des parties prenantes, s’est inspirée des standards internationaux en la matière, à savoir les
principes de la Banque mondiale régissant le traitement de l’insolvabilité et les relations entre
créanciers et débiteurs et le guide législatif sur le droit de l’insolvabilité de la Commission des
Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI).12

Des expériences internationales importantes ont été également consultées, dont notamment
le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites et les codes allemand et belge relatifs au
règlement des entreprises en difficulté.

Ce nouveau dispositif juridique contribuera sans aucun doute à l’amélioration du climat des
affaires dans notre pays et à la consolidation de l’attractivité du Maroc en donnant plus de
sécurité juridique aux investisseurs. Il devrait renforcer également la bonne gouvernance dans
la gestion des procédures relatives au règlement des entreprises en difficulté. Les principaux
apports de cette réforme se résument ainsi 13:

• La place de choix réservée à l’étape de la prévention interne et externe qui a pour but
de maintenir l’activité de l’entreprise en difficulté en évitant au maximum d’aller vers
le redressement judiciaire ou la liquidation. Le législateur passe ainsi d’une logique de
sanction vers une logique d’accompagnement ;
• La création d’une nouvelle procédure dite de « sauvegarde* » pour les entreprises qui
se mettent sous la protection de la loi. Cette procédure est volontaire, mais ne peut être
appliquée que pour les entreprises qui ne sont pas en cessation de paiement ;

12
Ahlam BOUTAYBI « La nouvelle loi 73-17 sur la prévention des difficultés de l'entreprise : Un pari pour un
juste équilibre »
13
"‫ "ترجمة شخصية‬9 ‫ ص‬،«73-17 ‫ محمد كرام»مساطر صعوبة المقاولة في التشريع المغربي في ضوء القانون رقم‬.‫د‬
* La procédure de prévention et de sauvegarde des entreprises est encadrée par le livre V du Code de
commerce relatif aux « mesures de prévention et de traitement des difficultés de l'entreprise », récemment
amendé par la loi 73-17 publiée au Bulletin officiel n°6667 du 23 avril 2018 (en arabe) et n°6732 du 6 décembre
2018 (en français).L'intention primordiale du législateur étant d'aligner le Maroc sur les standards
internationaux, notamment les principes de la Banque mondiale et de la CNUDCI régissant le traitement de
l'insolvabilité et mettre ainsi en exergue de nouvelles mesures de sauvetage pour les entreprises en difficulté.

3
• L’instauration d’un nouveau mécanisme permettant la participation des créanciers à
l’élaboration et aux délibérations du plan de restructuration de l’entreprise et au
changement éventuel du syndic et ce, à travers notamment la mise en place de
l’institution de l’assemblée des créanciers ;
• La possibilité accordée au chef d’entreprise de bénéficier, durant la procédure de
redressement, des financements nécessaires le cas échéant. Le législateur a octroyé,
par ailleurs, aux actionnaires, qui financent l’entreprise lors du règlement amiable, de
recouvrer leurs créances en priorité ;
• L’incorporation des dispositions relatives au traitement des procédures d’insolvabilité
internationales conformément à la loi type de la CNUDCI.

Donc parmi les nouveautés de ladite loi, on trouve celles relatives à la procédure de
redressement judiciaire qui constitue la matrice, l'étalon, des procédures de traitement des
entreprises en difficulté. C'est en effet, en contemplation principale de cette occurrence que sont
conçues les riches dispositions de ce traitement. En vérité, le code rassemble formellement,
dans un titre VI de son livre V, « Les règles communes aux procédures de sauvegarde, de
redressement et de liquidation judiciaire ». Mais nombre des règles énoncées dans ce titre ne
valent pas, par exemple, pour la procédure de sauvegarde ; alors que d'autres règles ne valent
que pour le redressement judiciaire14. de sorte qu'il s'avère plus pédagogique de ne pas suivre,
ici, le plan du code, et d'intégrer l'étude des « règles communes » dans l'examen du seul
redressement judiciaire - sorte de droit commun - où elles développent toute leur portée, quitte
à y faire référence ou renvoi, à l'occasion, dans les autres procédures.

La problématique :

La problématique de ce travail s’articulera autour de la réglementation de la procédure de


redressement judiciaire telle qu'elle a été prévue par la loi 73-17, modifiant et complétant le
livre V du code de commerce. Autrement dit Comment se présentent les apports de la dernière
réforme du livre V en matière de redressement judiciaire ? Parviendra-t-on à établir l’équilibre

14
Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 ». p 216

4
entre les intérêts du débiteur de ceux des tiers notamment les créanciers et l’intérêt major de
maintien de l’entité économique, génératrice d’emploi et acteur de développements
économique ?

L’annonce du plan

Dans une optique d’efficacité, nous allons traiter dans le premier chapitre l’ouverture de
la procédure de redressement judiciaire et les organes de cette procédure, et dans le deuxième
chapitre nous allons mettre l’accent sur le déroulement et la clôture de ladite procédure.

5
Chapitre 1 : Le déclenchement et les organes de la procédure de
redressement judicaire

Les procédures de sauvegarde, de redressement judiciaire et de liquidation judiciaire ont


pour point commun d'être des procédures collectives. Elles conduisent, toutes trois, à un
traitement judiciaire (et non plus amiable) des difficultés de l'entreprise par l'organisation d'un
règlement collectif, et en principe égalitaire, des créanciers. Cette identité de nature ne
s'accompagne pas cependant d'une identité parfaite de leur cause d'ouverture. Alors que
l'ouverture d'une procédure de redressement (Section 1) ou de liquidation judiciaire est
obligatoirement subordonnée à la preuve d'une cessation des paiements de l'entreprise15,cette
procédure comme tous les autres nécessite des organes (section 2) dont le rôle est très bien bien
précis.

Section 1 : L’ouverture de la procédure

La mise en œuvre d'une procédure de redressement judiciaire n'est pas un fait bénin. Car
elle révèle une situation assez pathologique pour justifier, dans une mesure variable, la remise
en cause de l'activité de l'entreprise, de la situation de ses dirigeants, de l'emploi de ses salariés
et des intérêts de ses partenaires. Aussi est- elle prudemment confiée à l'autorité judiciaire. Mais,
hormis cette précaution de sagesse, les données de ce déclenchement ne sont pas neutres ; car
elles traduisent des intentions législatives précises à divers égards et notamment quant à la
portée de la procédure et à l'opportunité de son ouverture. Sous ces deux derniers rapports en
particulier, la loi recèle des innovations significatives de ses visées et cohérentes à ses objectifs.
Elles apparaissent à l'évocation successive du domaine de la procédure (Sous-section 1) et de
l'intervention judiciaire (Sous-section 2).

Sous-section 1 : domaine de la procédure

Traditionnellement, le champ d'application du redressement judiciaire est déterminé par


deux degrés de précisions. Le premier concerne les personnes que leur nature ou leur qualité

15
Marie-Laure Coquelet, Entreprises en difficulté Instruments de paiement et de crédit, p81
6
désigne comme destinataires naturels de cette mesure (paragraphe 1); avec les commerçants,
les artisans participent désormais de cette catégorie; où il faut voire sans doute l'idée que la
procédure, conçue comme un tremplin de survie, une prothèse de redressement, pour tous les
acteurs économiques défaillants, ne peut pas être mauvaise pour les artisans qui y gagnent plus
qu'ils n'y perdent. Au second degré, le champ matériel d'application est déterminé par les
critères d'assujettissement effectif à la procédure de traitement des entreprises ; il suggère l'idée
d'une situation économique et financière difficile, mais non encore compromise à quoi
correspond l'idée d'une entreprise en état de cessation des payements (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les personnes justiciables

A. Généralités

La procédure de redressement judiciaire est destinée « à toute entreprise en situation de


cessation des payements » (art. 575 du code de commerce). La formule « toute entreprise » est
donc apte à concerner toute sorte d'entreprise quelle que soit son activité : ce qui vise aussi bien,
outre le commerce et l'artisana16, une activité libérale ou agricole dès lors du moins qu'on
s'accorde à admettre que ces activités s'exercent aussi en entreprise.

Et telle est sans doute l'intention du législateur puisque la formulation ancienne était plus
restrictive qui ne visait que les commerçants, les artisans et les sociétés commerciales (art. 560
ancien code de commerce); on estimait alors que l'artisanat était encore trop éloignés du statut
d'entrepreneur, et que la défaillance des cabinets de professionnels libéraux n'avait pas le même
impact économique et social que celle des entreprises commerciales: ces conceptions sont
désormais caduques.

16
Dahir nº 194-63-1 du 28 juin 1963, modifié par le Dahir n° 86-97-1 du 2 avril 1997 : « est considéré comme
artisan, toute personne qui exerce à titre d'activité principale et régulière une occupation dont le caractère
manuel est dominant dans la production, la transformation ou l'offre de services ».

7
B. Précisions

Les assujettis au redressement sont d'abord, et traditionnellement, les commerçants, c'est-à-


dire les personnes, physiques ou morales, qui font des actes de commerce à titre d'activité
habituelle et de façon indépendante ou qui, comme certaines sociétés, sont réputées
commerciales par leur nature. À cet égard, il importe d'ailleurs peu que l'intéressé soit ou non
immatriculé au registre du commerce et des sociétés ; car le défaut d'inscription d'une personne
physique ne la soustrait pas le cas échéant aux obligations de la commercialité, tandis la non-
immatriculation d'un groupement ne le prive que de la personnalité morale sans épargner à ses
membres de fait les conséquences individuelles de la défaillance commerciale commune. Peu
importe également que le commerce soit exercé irrégulièrement, par exemple au mépris d'une
interdiction, d'une déchéance ou d'une incompatibilité17.

En revanche, la procédure ne peut être ouverte, pour cause de cessation des payements, que
dans le délai d'un an à compter de certains événements tels que décès du commerçant ou de
l'artisan, ou la cessation de son activité (art. 579 du code de commerce), ou à l'encontre de
l'associé, tenu solidairement, retiré d'une société en nom collectif, lorsque, dans tous ces cas,
l'état de cessation des payements est antérieur au décès, à la cessation d'activité ou au retrait
(art 580 du code de commerce).

Également assujetti, depuis la loi n°15-95, l'artisanat y perd sûrement un trait majeur de
spécificité de son statut(18).

Paragraphe 2 : les critères d'assujettissements

A. Evolution du critère

17
DIDER.R. Martin. Droit des affaires. Tom2 Ed AL Madariss, 2019, p218
(18)
Avec l'avantage, secondaire il est vrai, de supprimer, jusqu'à due concurrence, le débat sur la démarcation
du commercial et de l'artisanal.
8
En droit des entreprises en difficulté il existe une notion centrale appelée « la cessation des
paiements »19. Son existence justifie l’ouverture d’une procédure collective légalement, la
procédure de redressement judiciaire est prononcée à l'égard de « toute entreprise en situation
de cessation des payements » (art.575 du code de commerce). « En situation » de cessation des
payements et non pas en « état d'arrêt des payements ». L'expérience a amplement démontré
que l'arrêt matériel des payements, autrefois entendu sous la cessation des payements,
correspondait souvent pour l'entreprise défaillante à un état déjà trop délabré pour autoriser un
autre sort que la liquidation de l'entreprise. Or, une médication de survie sur prescription
judiciaire, tel qu'un plan de redressement, ne peut utilement être ordonnée que si l'autorité de
justice est saisie assez tôt dans l'évolution du processus de dégradation de la situation de
l'entreprise. Il convenait donc de modifier en conséquence le critère principal d'ouverture de la
nouvelle procédure. C'est à cette nécessité que pourvoit l'infléchissement du critère légal vers
l'idée de n'être pas en mesure de payer, c'est-à-dire, pour une entreprise, d'être « dans
l'impossibilité de régler ses dettes exigibles avec son actif disponible » (art. 575, alinéa 2 du
code de commerce).

Le critère d'ouverture ne se réduit donc pas à la pure cessation des payements ; son office est,
au contraire et si possible, de permettre d'anticiper cette défaillance pour en prévenir la
réalisation. Il ne désigne pas seulement un arrêt effectif des payements, mais aussi une cession
des payements potentielle que le redressement judiciaire permettrait d'empêcher qu'elle
advienne.20

Si rapport il y a entre les deux notions, c'est l'absorption de la classique cessation des
payements par la plastique et réaliste situation de « n’être pas en mesure de payer », la première
n'est plus qu'une exaspération paroxystique de la seconde.21

Est d'ordre public économique, la décision du tribunal de se saisir d'office et d'ouvrir la


procédure de traitement des difficultés de l'entreprise lorsque les conditions de l'ouverture sont

19
Philip pétel, procédure collective ,8éme ed,2014, p38
20
DIDER.R. Martin. Droit des affaires. Tom2 Ed AL Madariss, 2019, p219
21
DIDER.R. Martin, ibid.
9
réunies, car le rôle de la justice n'est plus uniquement de trancher les litiges à la demande de
l'une des parties, mais également la contribution à la protection des divers intérêts soit de
l'entreprise en cessation de paiement, soit de ses créanciers.22

B. Compréhension du critère

La cessation des payements - comme arrêt matériel des payements - conserve encore dans
la procédure un rôle opératoire déterminant, en vertu de l'idée qu'elle représente un seuil
d'infortune économique dont la solidarité des affaires implique le constat officiel pour éviter la
contamination du milieu par une prolongation artificielle de l'activité. De là l'obligation faite au
débiteur de demander l'ouverture de la procédure au plus tard dans les trente jours qui suivent
la date de la cessation des payements (art. 576 du code de commerce). De là encore, le maintien
de la cessation des payements, réduite au sens originel d'arrêt du service de caisse, comme fait
générateur de la période suspecte. Hormis ces utilités, la mise en œuvre de la procédure n'est
plus dépendante d'un arrêt matériel des payements. Réaliste et préventif, le législateur a voulu
imprimer au critère général d'assujettissement la teneur d'un solde de trésorerie par mesure
comparée du passif exigible et de l'actif disponible : l'ouverture de la procédure s'imposerait
dès lors que celui-ci ne permettrait plus - la balance comparative se révélant négative - le
règlement à bonne date de celui-là. L'impossibilité de payer des dettes à échoir peut n'être
encore que le résultat prévisionnel d'un tableau de trésorerie.23

Ordinairement, la situation de n'être plus en mesure de payer à l'échéance s'accompagnera


d'une cessation effective, au moins partielle, des payements. Mais, d'une part, l'ouverture de la
procédure pourrait être prononcée lors même qu'aucun créancier n'exigerait le règlement de son
dû et à défaut, par conséquent, de tout incident de payement. D'autre part, et inversement, la
cessation des payements, dans sa signification matérielle d'origine, pourrait être constituée
indépendamment de tout empêchement de payer à l'échéance.24

22
Cour suprême de (Rabat) Arrêt N° :1328 du 23/10/2002, Dossier N°304/3/2/01 et 201/3/1/02
23
DIDER.R. Martin. Droit des affaires. Tom2 Ed AL Madariss, 2019, p220
24
DIDER.R. Martin, ibid.
10
Ainsi en irait-il, par exemple, lorsque le débiteur ne payerait à l'échéance que par recours à
des procédés frauduleux ou à des moyens artificiels, voire à des crédits réguliers et normaux
mais générateurs d'une charge financière exorbitante ou ruineuse pour l'entreprise : il y aurait
cessation des payements dès lors que le débiteur n'aurait pu honorer une partie au moins du
passif que par appel à des expédients.25

Sous-section 2 : Intervention judicaire

Comme son nom l'indique, le redressement judiciaire est une procédure mise en œuvre sous
le contrôle de la justice, contrôle opéré non seulement à l'ouverture de la procédure, mais
également dans sa conduite ultérieure. C'est en effet au tribunal compétent qu'il échoit
désormais de décider du déclenchement de la procédure et de son issue, par détermination du
sort de l'entreprise au moyen notamment du rapport de viabilité établi par le syndic durant la
phase préparatoire.

Le juge étant, par fonction, l'homme des turbulences, on ne s'étonnera pas que sa mission
trouve, au purgatoire des entreprises en difficulté, un champ d'application privilégié. Certes on
discutera peut-être l'aptitude des magistrats, même consulaires, à diagnostiquer de l'extérieur
les maux de l'entreprise et à se prononcer - médecine ? chirurgie ? euthanasie ? - sur son sort.
Mais nul ne contestera la conscience et la sérénité qui font l'honneur de la magistrature.26

Dans les limites, relatives, de la perfection humaine, il n'apparaît donc pas déraisonnable ni
injustifié de confier à la sagesse du juge et à ses lumières l'auscultation de l'entreprise fébrile,
maladive ou déjà moribonde. Et les difficultés éprouvées par le juge pour former son propre
diagnostic ne diminuent pas ses mérites : elles tiennent moins à l'homme qu'à l'objet de son
analyse. Lui fera-t- on reproche de son pragmatisme - voire de ses hésitations quand la
symptomatologie des entreprises ne revendique aucune certitude scientifique ?

Paragraphe 1 : Aspects procéduraux

25
DIDER.R. Martin, ibid.
26
Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 », p 220
11
A- La compétence du tribunal27

La connaissance de la matière des difficultés des entreprises incombe désormais, ratione


materiae28, aux tribunaux de commerce et cours d'appel de commerce institués par la loi n° 53-
95 du 12 février 1997.

Sur le plan géographique, est territorialement compétent le tribunal du lieu du principal


établissement «du commerçant» ou du siège social de la société29 ; c'est donc la localisation de
l'entreprise sujette à des difficultés qui détermine la localisation judiciaire de la procédure à
intervenir et de «toutes les actions qui s'y rattachent»: ce qui désigne, notamment, l'action
relative à l'administration de la procédure ou celle qui sollicite l'application des textes sur le
redressement judiciaire titre (art. 581 du code de commerce). Du reste, le tribunal ainsi
compétent le demeure pour connaître de l'extension éventuelle de la procédure à d'autres
entreprises par suite de confusion patrimoniale ou de fictivité de la personne morale (art.585 du
code de commerce). Cette concentration de compétence est de nature à garantir une bonne
homogénéité de traitement des instances concernés.

L'extension de procédure s'entend de l'assujettissement à la procédure déjà ouverte de


l'entreprise qui entretient avec elle un mélange patrimonial ou qui parait s'en dissocier
formellement par une personnalité morale de façade, sans réelle indépendance.

B- La saisine du tribunal(30/31)

27
Un important titre X du code de commerce (articles 768 à 794) est consacré aux « procédures
transfrontalières des difficultés des entreprises » : son application est justiciable des règles de compétence
définies, ici, à l'article 581.
28
"Ratione materiae" signifie "en raison des dispositions légales ou règlementaires qui règlent la matière".
29
Article 581 du code de commerce et article 11 de la loi n°53-93 : mais il serait plus exact de viser le principal
établissement « du débiteur » ou «de l’entreprise »> puisque le redressement judiciaire ne concerne pas que
les commerçants.

30
Les jugements et ordonnances rendus en matière de procédure de sauvegarde, de redressement et de
liquidation judiciaire sont, sauf quelques exceptions, exécutoires de plein droit (art. 761
31
Les décisions susceptibles d'appel et les parties pouvant interjeter appel sont désignées à l'article 762.
L'opposition et la tierce opposition aux décisions rendues en matière de redressement et de liquidation
judiciaire et de déchéance commerciale sont visées aux articles 763 et 764.
12
Conformément à la supposition que le débiteur est le mieux informé de l'état des affaires
de son entreprise, c'est à lui qu'échoit en priorité le soin de provoquer, le cas échéant,
l'ouverture de la procédure (art. 576 du code de commerce). Si une cessation effective des
payements advient, le débiteur doit alors en faire la déclaration dans les trente jours ; en cas
de manquement à cette obligation dans le délai imparti, l'omettant est susceptible d'encourir,
de ce seul chef, la sanction de déchéance commerciale (art. 747 du code de commerce) pour le
prononcé de laquelle le tribunal peut s'autosaisir. En toute hypothèse, la déclaration, où sont
exposées les raisons qui ont conduit à la cessation des payements, est déposée, assortie des
pièces justificatives32), au greffe du tribunal compétent33.

Il convient de ne pas laisser au seul débiteur l'initiative d'en appeler à la justice. Aussi, tout
créancier a également « quelle que soit la nature de sa créance » - civile ou commerciale,
privilégiée ou chirographaire - la faculté de saisir le tribunal par assignation du débiteur (art.
578 du code de commerce).

La même qualité pour agir est reconnue au ministère public. Enfin le tribunal lui-même est
fondé à «se saisir d’office », notamment en cas d'inexécution d'engagements financiers
éventuellement conclus dans le cadre de la prévention externe. Dans tous les cas le tribunal
statue, au plus tard, dans les quinze jours de sa saisine (art. 582 du code de commerce).

Paragraphe 2 : Aspects substantiels

32 )
Sont à joindre les documents suivants, datés, signés er certifiés par le chef d'entreprise : les comptes du
dernier exercice comptable signés par le commissaire aux comptes, s'il en existe ; l'inventaire chiffré de tous les
biens, mobiliers et immobiliers, de l'entreprise ; une liste des débiteurs avec l'indication des noms et
résidences, le montant de leurs créances et des suretés octroyées à la date de cessation des paiements; une
liste des créanciers avec l'indication des noms et résidences, le montant de leurs dettes et des garanties dont ils
peuvent se prévaloir pour recouvrer leurs créances à la date de cessation des paiements; un tableau des
charges; une liste des salariés et leurs représentants, le cas échéant ; une copie du formulaire n°7 du registre
de commerce; une situation de trésorerie des trois derniers mois.
33
Le tribunal détermine, dès le dépôt de la demande, un montant financier pour couvrir les frais d'annonce, de
publication et de gestion de la procédure que le chef d'entreprise doit déposer, sans délai, à la caisse du
tribunal.
13
A. Le jugement d’ouverture

Afin d'éclairer son jugement, le tribunal peut « ordonner toute procédure » propre à l'assurer
de la cessation des payements de l’entreprise ; ce qui passe par la recherche des informations
sur la situation financière, économique et sociale de l'entreprise auprès du commissaire aux
comptes, des délégués du personnel, des administrations de l'Etat et autres personnes morales
de droit public, des établissements de crédit ou financiers, « ou tout autre organisme » (art.577
du code de commerce).

En outre, il peut aussi entendre, avec levée du secret professionnel, toute personne utile, ou
requérir l'avis de toute personne qualifiée (art.582 du code de commerce). Enfin, il ne statue
qu'après avoir entendu ou dûment appelé le chef d'entreprise, en chambre du conseil.

Au terme de ces consultations, le redressement judiciaire n'est prononcé que si la situation de


l'entreprise ne parait pas irrémédiablement compromise, car, à défaut, la liquidation judiciaire
s'impose (art.583 du code de commerce).

Le jugement entre en vigueur instantanément, et même rétroactivement à zéro heure du jour


où il est rendu. À la diligence du greffier, notification doit en être faite au chef d'entreprise et
au syndic dans les huit jours. Par nature, le jugement est constitutif d'état ; il a donc autorité de
chose jugée à l'égard de tous quant à la nouvelle situation juridique qu'il crée au débiteur. Pour
la même raison substantielle, le jugement est de plein droit exécutoire à titre provisoire34.

La décision d'ouverture de la procédure, ou de rejet d'une telle demande, est susceptible


d'appel et de pourvoi en cassation à l'initiative du débiteur, le cas échéant du créancier
poursuivant et, en toute occurrence, du ministère public (art.762 du code de commerce). Le
délai d'appel est de dix jours à compter de la notification de la décision, ou de la date de celle-
ci s'il est interjeté par le syndic : l'appel a lieu par déclaration au greffe du tribunal (art. 764 du
code de commerce) ; l'opposition et la tierce opposition sont également possibles contre toutes

34
Article 761 du code de commerce.
14
les décisions rendues en matière de redressement ou de liquidation judiciaire (art. 763 du code
de commerce)35.

B. La publicité du jugement

L’état de redressement ou de liquidation judiciaire constaté par la décision du tribunal va


s’imposer à tous, et il est donc nécessaire de faire reconnaît aux tiers la nouvelle situation
juridique du débiteur.

Le jugement prend effet à partir de sa date. Il doit être mentionné sans délai au registre de
commerce. (Art. 584 du code de commerce).

Dans un délai de 8 jours de la date du jugement, un avis de la décision est publié dans un
journal d’annonces légales au Bulletin Officiel. Cet avis invite les créanciers à déclarer leur
créance au syndic désigné. Cet avis est affiché par les soins du greffier au panneau réservé à cet
effet au tribunal. (art. 584 du code de commerce).

Dans le même délai de 8 jours, le jugement est notifié à l’entreprise par les soins du greffier.
(Art. 584 du code de commerce)

Section 2 : Les organes de la procédure

Les intervenants à la procédure de redressement sont divers : le juge commissaire, le syndic


(sous-section 1), Le ministère public, le comité des créanciers (sous-section 2).

Sous-section 1 : Les autorités judiciaires

Les autorités judiciaires jouent un rôle décisif dans la procédure de redressement. En effet,
c`est le tribunal de commerce qui assure la direction générale de la procédure en rendant les
décisions les plus importantes.

35
Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 », p 223,224
15
De ce fait, c`est le tribunal qui nomme et contrôle les différents organes de la procédure : juge
commissaire, syndic..., il peut changer, modifier la mission ou carrément mettre fin aux
fonctions de ces organes.

Paragraphe 1 : le juge commissaire

La loi le charge de veiller au déroulement rapide de la procédure collective et à la protection


des intérêts en présence : ceux des salariés, des créanciers de la procédure, mais aussi du
débiteur36.

A. La désignation du juge-commissaire

Avant d’analyser son rôle dans le cadre de la procédure du redressement judiciaire et


d’indiquer en quoi il contribue à son effectivité, il convient d’abord de préciser les contours
directifs de sa nomination, la nature de ses décisions et la fin de ses fonctions.

a-La nomination

La nomination du juge commissaire est, par principe, l’œuvre du tribunal, dans le jugement
d’ouverture de la procédure de redressement. Ainsi, selon l’article 670 du code de commerce :
« Dans le jugement d’ouverture, le tribunal désigne le juge-commissaire et le syndic », ce
jugement n’est susceptible d’aucun recours.

On déduit de cet article que le législateur marocain n’a pas exigé un nombre précis des juges-
commissaires pouvant exercer cette mission. En revanche, son homologue français prévoit
expressément que le tribunal peut décider, si la nécessité l’impose, de désigner plusieurs juges-
commissaires, choisis parmi les membres du tribunal.

Parmi les nouveautés apportées par la loi n° 73-17 du 19 Avril 2018, à travers l’article 670

36
‫ والمنشور‬4/2012 ‫ في الملف عدد‬9/5/2012 ‫ الصادر عن محكمة االستئناف التجارية بفاس بتاريخ‬32 ‫القرار رقم‬
http://www.jurisprudencemaroc.com‫بالموقع االلكتروني‬

16
du code de commerce, le tribunal peut également désigne un juge-commissaire suppléant qui
exerce les attributions du juge-commissaire momentanément empêché.

De surcroît, l’article 670 du code de commerce prévoyant les modalités de désignation du


juge commissaire n’a pas prévu aucune condition spécifique à sa nomination, notamment
d’ancienneté. Cette dernière est fixée par la loi française dans une ancienneté de deux ans au
sein du tribunal de commerce (c.com., art L.722-14). A cet effet, une bonne application de ce
droit harmonisé passe nécessairement par le choix de juges commissaires expérimentés, stables
et dotés des connaissances requises37. Une telle précision de la législation française est incitative
pour que les juges commissaires prennent conscience de la portée et de l’enjeu de leur rôle.

Dans la même perspective et pour la consécration des principes de transparence et de


crédibilité, l’article 670 du code de commerce, a interdit l’attribution de la mission du juge
commissaire aux parents jusqu’au quatrième degré inclusivement ou alliés du chef de
l’entreprise ou des dirigeants.

b-La forme juridique des décisions du juge commissaire

Le juge-commissaire statue par voie d’ordonnance sur les demandes, constatations et


revendications relevant de sa compétence notamment sur (les demandes en référées, les
demandes provisoires, les mesures conservatoires liées à la procédure et les plaintes formulées
contre les actes du syndic). Les ordonnances du juge-commissaire sont immédiatement
déposées au greffe38.

c-Le recours contre les décisions du juge commissaire

A l'exception des recours exercés contre les décisions rendues en matière de vérification des
créances, les ordonnances du juge-commissaire peuvent faire l’objet d’un recours devant le
tribunal39.La pratique qualifie traditionnellement ce recours d’« (opposition) » bien qu’il ne

37
Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, Manuel théorique et pratique à l’usage des juges
commissaires, p7
38
Article 672 al 1 et 2 du nouveau code de commerce.
39
Article 672 al 3 du nouveau code de commerce.
17
s’agisse nullement d’une opposition ou d’une tierce opposition de droit commun puisque ce
recours est porté devant le tribunal de la procédure40. La déclaration d’opposition doit être faite
au greffe, dans un délai de dix jours à compter de la date de son prononcé à l'égard du syndic
et de sa notification à l'égard des autres parties.

Elle prend la forme :


– Soit d’une déclaration orale contre récépissé ;
– Soit d’une déclaration écrite par lettre recommandée avec demande d’avis
de réception.
Il importe ici d’indiquer que ce recours est ouvert non seulement aux parties stricto sensu,
mais encore à toutes les personnes dont les droits risquent d’être affectés par l’ordonnance et
qui doivent, en conséquence, être destinataires, par le greffe, de la notification de l’ordonnance.

Sur le volet jurisprudentiel, selon un arrêt de la cour suprême n° 117 du 30/01/2008 du dossier
n° 976/1/3/2005, la cour d’appel de commerce est compétente pour statuer sur l’appel interjeté
à l’encontre de l’ordonnance du juge commissaire lorsque le débiteur a contesté la créance
d’une manière générale alors qu’aucune demande relative du tribunal administratif n’a été
invoquée devant ce juge lors de son enquête à propos des créances de la CNSS41.

d-Fin de fonctions du juge-commissaire42

Le juge-commissaire prend ses fonctions au jour de sa désignation, c’est-à-dire au jour du


prononcé du jugement d’ouverture. Cependant, le législateur marocain n’a prévu aucune
disposition relative à la fin des fonctions. En droit comparé, ses fonctions prennent fin :
– En liquidation judiciaire, au jour où le compter en du de fin de mission du
liquidateur a été approuvé ;
– À la reddition définitive des comptes de l’administrateur et du
mandataire judiciaire, en cas d’arrêté d’un plan de redressement ou de
sauvegarde ;

40
Philippe Pétel, « Procédures collectives », édition 8, 2014, p 71.
41
Moulay Mohamed Lahbib Rhalib, « Entreprises en difficultés, quels sont vos droits ? », p 63.
42
https://www.etudier.com/
18
– À la date de la clôture anticipée, en période d’observation de la
sauvegarde ou du redressement judiciaire.

B. Les attributions du juge-commissaire

a- C’est un auxiliaire du Tribunal43

Le juge commissaire est membre du Tribunal, il est un magistrat. C’est donc un auxiliaire
privilégié du Tribunal. Il peut demander au Tribunal de se saisir d’office pour modifier les
organes de la procédure ou les renforcer.

Il fait des rapports au Tribunal, avant qu’il ne prenne une décision. Ces rapports sont le plus
souvent une cause de validité de la procédure. Ces rapports peuvent être faits sous la forme
orale ou écrite.

b- Il a un pouvoir d’administration

Il est détenteur d’un pouvoir juridictionnel. Il statue par voie d’ordonnance. Il autorise des
opérations de la procédure telle que la poursuite des contrats conclus avant ou après le jugement
prononçant le redressement judiciaire. Il désigne directement les contrôleurs de la procédure
parmi les créanciers qui lui en font la demande. Il statue sur l’admission des créances et les
revendications des créanciers.44

Ainsi, la cour de cassation dans un arrêt rendu le 06/05/2009 a considéré que « seul le
juge commissaire peut décider la forclusion de la créance ainsi que la cour d`appel saisie
de l`appel formulée à l`encontre de la décision rendue par le juge commissaire; La
vérification de la production de la créance dans les délais à l`organe chargé de la recevoir
ou l`absence dedéclaration, le point de départ du délai à savoir la publication au bulletin
officiel ou la notification du créancier, le caractère privilégié ou chirographaire de la
créance, la qualité du créancier chirographaire ou bénéficiaire d`un privilège ou d`un

43
https://www.etudier.com/
44
Ibid.
19
contrat publié, sont des points qui relèvent de la compétence du juge commissaire dont il
doit se prononcer avant l`acceptation la créance »45.

De même, dans un autre arrêt, la cour de cassation a confirmé que le juge commissaire doit
lors de la vérification des créances publiques s`assurer de leur exigibilité et de leur
certitude mais n`a pas compétence pour fixer l`endettement ; si la créance publique établie
par les états comptables a été frapper de forclusion en raison de l`absence de réclamation,
le juge commissaire est compétent pour constater la forclusion et en tirer les effets
juridiques qui s`imposent46.

En soumettant un certain nombre d’actes à l’autorisation du juge-commissaire, le législateur


place l’ensemble du patrimoine du débiteur sous un contrôle judiciaire rigoureux. Cette
réglementation concerne le débiteur, assisté ou non de l’administrateur, ou l’administrateur
lorsqu’il est investi du pouvoir de représenter le débiteur47.

c- Il dispose d’un pouvoir général d’information

Les organes de la procédure, notamment le syndic, doivent lui faire rapport du déroulement
de la procédure. Il peut requérir sans qu’il ne lui soit opposé le secret professionnel, toutes les
informations de la part des partenaires sociaux économiques et financiers de l’entreprise48.

Paragraphe 2 : Le syndic

Le maitre d’œuvre de la procédure de redressement judiciaire, profession non encore


organisée en droit marocain, cette mission est souvent assurée par un greffier ou un expert-
comptable nommé par le tribunal, qui peut le remplacer, sur demande du ministère public ou

45
Arrêt n 701 rendu le 06/05/2000 par la Chambre commerciale de la cour de cassation dans le dossier n
1243/3/3/ 2006 publié à la Gazette des tribunaux du Maroc n 126 et 127
46
Arrêt n 181 rendu le 04/ 02/ 2010 par la Chambre commerciale de la cour de cassation dans le dossier
n1006/3/1/ 2008 publié à 72 ‫القضاء األعلى عدد‬
47
Georges Ripert, René Roblot , Traité de droit commercial Tome II Librairie générale de droit et de
jurisprudence, 1986
48
https://www.etudier.com/
20
du juge commissaire, du chef d’entreprise ou l’un des créanciers. C’est à lui qu’incombe la
mission de « dresser le bilan financier, économique et social de l’entreprise » art 595 au vu du
quel et compte tenu s’il y a lieu des offres de reprise que l’affaire a suscitées « il propose soit
un plan de redressement assurant la continuité de l’entreprise ou sa cession à un tiers soit la
liquidation judiciaire » art595 du code de commerce 49. Le syndic établit un rapport sur le vu
des données collectées, qu’il communique par LRAR50 au chef d’entreprise et aux contrôleurs
pour avis (art 605 du code de commerce) et remis au juge-commissaire, après quoi, dans les
10jours, le dossier est examiné en audience.

A. Le syndic comme le maitre d’œuvre de la procédure de redressement

Le syndicat des procédures de redressement et liquidation judiciaire ne constitue pas encore


une profession organisée. Souvent exercée par un greffier ou un expert-comptable, l'activité de
syndic a vocation à faire prochainement l'objet d'une règlementation relative tant aux
compétences nécessaires et qu'à la rémunération permise.51

Le syndic a globalement pour rôle de surveiller l'exécution du plan de sauvegarde et de


conduire les opérations de redressement et de liquidation judiciaire de l'ouverture de la
procédure jusqu'à sa clôture (art.673 du code de commerce). Comme gestionnaire, sa mission
consiste à pour voir à l'administration de l’entreprise52 - ou à sa surveillance - en redressement
judiciaire et à préparer la solution de la procédure : ce qui impliquera, le cas échéant, de
surveiller même l'exécution du plan de continuation ou de cession de l'entreprise.

Le syndic informe régulièrement le juge-commissaire du déroulement de la procédure, lequel


peut requérir, à tout moment, tous actes ou documents relatifs à la procédure (art.674 du code
de commerce).

49
Didier.R MARTIN ,Droit des affaires, 1ed, al madarris ,p 266
50
Lettre recommandée avec accusé de réception à laquelle le chef d’entreprise est tenu répondre dans un délai
08 jours
51
Didier R.MARTIN « Droit des affaires, Tome2 », p 227
52
Mission dans laquelle il est tenu au respect des obligations légales et conventionnelles incombant au chef
d’entreprise.
21
B. Le syndic comme le représentant des créanciers

Le syndic assure la représentation des intérêts des créanciers. La loi le déclare même « seul
qualifié pour agir au nom et dans l'intérêt des créanciers » (art.675 du code de commerce). En
tant qu'il est déjà chargé de mener les opérations de la procédure en cours (art. 673 du code de
commerce), où il apparait nécessairement comme représentant des intérêts du débiteur, le
syndic ne semble pas idéalement destiné à assumer, en même temps, la représentation des
intérêts des créanciers. Déjà voué à la défense et promotion des intérêts de l'entreprise, voici le
syndic également chargé de celles des intérêts des créanciers de l'entreprise. Ce doublon ne peut
que l'exposer à l'inconfort des conflits d'intérêts. Il serait sans doute judicieux, à l'avenir,
d'opérer une séparation de ces missions par l'institution autonome d'un représentant spécifique
des créanciers, au moins dans les grandes entreprises ou de taille intermédiaire et plus.

Le syndic peut être assisté d’un à trois contrôleurs, personnes physiques ou morales, nommés
par le juge-commissaire parmi les créanciers qui lui en font la demande, exclusion faite des
parents ou alliés du chef d'entreprise53. En cas de pluralité de contrôleurs, la loi recommande
d'en choisir au moins un parmi les créanciers chirographaires et un autre parmi les créanciers
titulaires de sûreté : cette dualité se justifie car les créanciers chirographaires, plus exposés au
risque de non payement, sont moins enclins aux concessions. Les contrôleurs sont révocables à
tout moment par le tribunal sur proposition du juge-commissaire ou du syndic (art. 678 du code
de commerce).

Les contrôleurs, assistent le syndic dans ses fonctions concrètes d'animation de la procédure,
et le juge-commissaire dans sa mission de surveillance de l'administration de l'entreprise. À ces
titres, ils prennent connaissance de tous les documents transmis au syndic pour exercer leur
mission générale de contrôle et de proposition. Tenus au secret professionnel, leurs fonctions
sont gratuites54. A chaque phase de la procédure, ils rendent compte aux créanciers de leur
mission.

53
Sont exclus les parents ou alliés jusqu'au quatrième degré inclus (arrière-petit fils ou arrière-petite-nièce).
54
Ce qui explique qu'ils peuvent se faire représenter par préposé ou par avocat.
22
Sous-section 2 : Le ministère public et le comité des créanciers

Paragraphe 1 : Le ministère public

Le ministère public auprès du tribunal de commerce veille à la protection de l’ordre public


économique, que les relations économiques se déroulent dans le strict respect du cadre juridique
impartit à la matière. Il est également le garant de la bonne application de la loi.
Pour assurer ses fonctions il est convoqué aux audiences du Tribunal, il peut y faire des
réquisitions, des observations qui peuvent prendre la forme orale ou écrite.

Il dispose d’un pouvoir de direction du redressement judiciaire, il peut demander au


Tribunal de se saisir aux fins de prolonger la période d’observation ou de prononcer la cessation
de l’activité du débiteur.

Il dispose d’un pouvoir général d’information. Il est destinataire de l’ensemble des


décisions. Il peut requérir la communication de tout acte ou document liés à la procédure. Il
bénéficie comme le juge commissaire d’une information régulière du déroulement de la
procédure.

La loi lui ouvre de nombreuses voies de recours sur les décisions du Tribunal ou celles du
juge commissaire55.

La cour de cassation dans un arrêt rendu le 12/07/2006 a cassé un arrêt qui déclare
l`appel interjeté par le ministère public irrecevable au motif qu`il n`est pas partie
principale à l`instance et que ce n`est pas le ministère public qui a introduit la procédure.
La cour de cassation a justifié sa position par le fait que le ministre public tire sa qualité
du jugement entrepris qui fait référence au ministère public en tant que partie à l`instance

55
« ‫ » ال يمارس الطعن باالستئناف اال من كان طرفا أصليا في دعوى مساطر المعالجة و هم المدين والدائن والنيابة العامة‬39 ‫قرار محكمة‬
‫ منشور بكتاب قضاء محكمة النقض في مساطر التسوية و‬1206/3/1/2004 ‫ ملف تجاري عدد‬/6/6/2007 ‫ المؤرخ في‬632 ‫النقض عدد‬
593 ‫ ص‬.‫التصفية القضائية للدكتور عمر أزوكار المحامي بهيأة الدار البيضاء‬
23
d`une part et du rôle qui lui a été assigné par le législateur dans les procédures de
traitement des difficultés de l`entreprise d`autre part56.

Le ministère public dispose d’un certain nombre de droit d’une part le droit au savoir et
d’autre part le droit à agir.

Le droit au savoir « la communication au ministère public »

Les magistrats du parquet ne peuvent intervenir convenablement en matière de prévention et


traitement des difficultés des entreprises que s’ils disposent d’informations exactes sur la
situation juridique économique et financière de l’entreprise.

En l’absence de textes juridiques édictant clairement les mécanismes de communication mis


à la disposition du parquet près le tribunal de commerce, il est indispensable de recourir aux
règles générales prévues par le code de procédure civile d’autant plus l’art 19 de la loi instituant
les juridictions de commerce.

La communication d’informations au parquet est importante car elle évite que la procédure
de redressement se déroule en vase clos.57
A - La communication obligatoire

L’art 9 du code de procédure civile dispose que les causes qui concernent l’ordre public
doivent obligatoirement être communiqué au ministère public. Par conséquent, pour déterminer
les causes qui sont communicables au ministère public, dans le cadre des procédures de
redressement et de liquidation judiciaire.

• L’ordre public économique et les entreprises en difficultés

La crise économique en France, pressentie dans les années 1970 et prégnante à compter de
1950, a conduit naturellement le magistrat à intégrer la vie économique au nom d’un intérêt

56
Arrêt n 784 rendu le 12/07/2006 par la Chambre commerciale de la cour de cassation dans le dossier n
487/3/2/2003 publié à la Gazette des tribunaux du Maroc n 111.
57
J. F RENUCCI, « le parquet et les faillites », rev. science crim ; avr-juin 1990 p 239
24
général supérieur voué à permettre la survie des entités économiques.58

La notion de l’ordre public économique s’est conçue, en France dans un contexte e crise
économique caractérisée par le bouleversement des structures commerciales et industrielles, et
par un dépôt massif des bilans. Ce qui a essentiellement justifié l’intervention de l Etat dans le
secteur privé. L’idée de l’ordre public économique s’est imposée alors pour faire face à cette
situation désastreuse qi se traduisait par un cortège de fermeture d’usine, de licenciement et de
prolifération de repreneurs d’entreprises.

Cet interventionnisme de l’état dans les affaires privées des commerçants a été jugé
inopportun par les juges consulaires, qui se plaignaient des appels téléphoniques des préfets et
des cabinets ministériels, alors que les représentants de la puissance publique critiquaient avec
véhémence l’indépendance de la justice commerciale dans certaines affaires. Comme en 1980,
l’affaire du Papier Leroy dans laquelle les juges consulaires ont rendu un jugement
antiéconomique59. L Etat était contraint alors de chercher un représentant, en robe judiciaire,
pour faire entendre sa voix, une première circulaire a été prise en 1975 par le premier ministre
et contresigné par le ministre de l’économie allait poser le principe de collaboration entre le
C.I.A.S.I et les magistrats de parquet.

Ce prologue était nécessaire pour établir une relation entre la notion d’ordre public et le droit
des entreprises en difficultés. Nul ne peut contester le fait que la disparition d’’une entreprise
affecte de près l’ordre économique national. En réalité, le sort de l’entreprise touche de près
aux intérêts essentiels de l’Etat ; celui-ci, en fait est tenu de garantir l’emploi à tous les citoyens,
de lutter contre le phénomène du chômage, d’assurer la sécurité des opérations commerciales
et d’encourager l’évolution économique. Nous considérons, par conséquent, que le sort de
l’entreprise échappe à la volonté des parties pour se positionner dans le cadre de l’intérêt
général. Un intérêt qui justifie une intervention de la puissance publique dans le domaine
économique, on comprend alors pourquoi les entreprises en difficultés constituent un domaine

58
J. Beaume et M. Fayen, « le nouveau rôle du MP » rapport de l’association Française du droit pénal de
l’entreprise, LYON, 26-28 ; economica, p .225 et s.
59
Ibid.
25
privilégié de l’intervention de l’Etat au nom de la défense de l’ordre public économique60.

• Les causes communicables au ministère public

L’action tendant à l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire

Le ministère public doit se faire communiquer la cause avant l’audience aux termes de l’art 9
du cpc la communication dans un délai raisonnable, du dossier relatif à l’ouverture de la
procédure de RJ au ministère public permet à ce dernier d’étudier parfaitement la situation de
l’entreprise en difficulté et de préparer ses conclusions.

Ex : La société Ismaïlia de briques de Meknès avait demandé l’ouverture d’une procédure de


RJ suite aux difficultés financières et sociales qu’elle avait rencontrées. Le tribunal de
commerce, après la convocation du représentant de la société et son audition, avait décidé la
transmission du dossier au ministère public pour qu’il fournisse ses conclusions61.Dans un autre
cas , la propriétaire d’une pharmacie a demandé l’ouverture d’une procédure de RJ en arguant
qu’elle a passé par des circonstances difficiles suites à la crise du secteur pharmaceutique au
Maroc ; là ,aussi , le tribunal a décidé la transmission du dossier au ministère public pour
présenter ses conclusions en la matière62.

Le renouvellement de la période d’observation


Avait justifié Le tribunal de commerce dès qu’il est saisi d’une demande de prolongation de
la période d’observation, doit la communiquer au ministère public aux termes de l’art 9 du code
de procédure civile. Le ministère public doit exprimer dans ses conclusions écrites, son avis sur
l’opportunité et l’efficacité d’une telle prorogation.

En pratique les tribunaux de commerce veillent à communiquer au ministère public la


demande du syndic tendant à la prolongation de la période d’observation en application de l’art
9 du code de procédure civile. Dans un cas d’espèce, le tribunal de commerce de Meknès à
communiquer au procureur du Roi la demande de prolongation de la période d’observation
relative au redressement d’une fiduciaire. Dans cette demande, le syndic avait justifié la

60
Squali Abdelaziz « la faillite et le redressement judiciaire des entreprises en difficultés en droit Marocain »
Université Paris, p 7
61
Dossier n°6/01/06 du 8/01/2002, tribunal de commerce de Meknès, non édité
62
Dossier n° 29/06/2002 du 31/12/2002, tribunal de commerce de Meknès, non édité
26
prolongation par son incapacité à pouvoir élaborer un plan définitif de redressement dans le
délai imparti par le tribunal. Le ministère public avait estimé dans ses conclusions que la période
d’observation est susceptible de renouvellement par le syndic en vertu de l’art 579 du code de
commerce et que le tribunal devrait ainsi acquiescer à la demande du syndic, afin de permettre
à ce dernier de présenter ses propositions conformément à la loi. Dans d’autres cas d’espèce, le
ministère public avait formulé les mêmes conclusions à propos des demandes de prolongations
de la période d’observation, celles –ci tendaient toutes à donner une suite favorable à la requête
du syndic63.

L’action au cours de laquelle le tribunal arrête le plan de continuation

La cause relative à l’arrêt du plan de continuation doit être communiquée au ministère public
dans la mesure où elle concerne l’ordre public en vertu de l’art 9 du code de procédure civile,
l’intervention du ministère public à cet égard se traduit par la volonté de protection de l’intérêt
général, un intérêt qui dépasse celui des seuls participants à la procédure, pour atteindre celui
de l’intérêt général. Ainsi , le procureur du roi près le tribunal de commerce de Meknès a conclu
dans l’une de ses réquisitions que : « Attendu que le projet du plan de continuation tend à apurer
le passif de la société selon un calendrier des différents créanciers et l’acceptation du chef de
l’entreprise; attendu que le projet du plan présente une stratégie claire concernant la situation
future de la société sur les plans, économique, financier et social; attendu qu’il existe des
possibilités sérieuses de redressement de l’entreprise, il en ressort que le tribunal peut approuver
ce projet et décider la continuation de l’activité de l’entreprise »64.

L’action tendant à la modification ou à la résolution du plan de continuation


La modification du plan, comme sa résolution, donne lieu à une nouvelle action devant le
tribunal de commerce dont seul le chef de l’entreprise et le syndic peuvent y recourir. Dans la
première hypothèse, le tribunal statuera sur la modification du plan de continuation après avoir
entendu ou dument appelé les parties et toute personne intéressée. Vu l’importance de cette
action qui aura souvent pour objet la modification des objectifs et des moyens du plan de
continuation, sa communication au ministère public est obligatoire en vertu de l’art 9 du code

63
Dossier n° 44/4/06 du 21/10/2004, tribunal de commerce de Meknès, non édité
64
Dossier n° 13/06/6 du 16/03/03 , le tribunal de commerce de Meknès , non édité
27
de procédure civile. Le parquet est le mieux placé pour éclairer le tribunal sur l’efficacité ou
l’inutilité d’une telle modification65.

L’action tendant à la résolution du plan de cession


Le rôle du ministère public à cet égard peut être remarquable. En fait, le tribunal est tenu de
communiquer cette action au ministère public aux termes de l’art 9 du code de procédure civile
afin de lui permettre de présenter ses conclusions sur la résolution du la de cession. Le ministère
public dans le cadre de sa mission de protection de l’intérêt général doit s’assurer que le
cessionnaire ait respecté ses engagements et vérifier si la demande du créancier ou du syndic
est fondée sur des arguments solides66.

B - la communication judiciaire

En dehors de la communication obligatoire, le juge peut décider d’office la communication


d’une affaire au ministère public, cette forme de communication est qualifiée comme judiciaire,
car relevant de la décision du juge.

Paragraphe 2 : Le comité des créanciers

L'un des apports majeurs de la réforme est de favoriser une discussion ordonnée et dans un
cadre collectif entre les débiteurs et ses créanciers et qui peut permettre sous contrôle judiciaire,
l'adoption d'un projet de plan de redressement par la majorité de ces créanciers.

En effet, l'attitude conciliante des créanciers, éventuellement prêts à accorder des facilités de
paiement, est la plupart du temps déterminante pour concrétiser le redressement durable de
l'entreprise débitrice : de là l'obligation faite par le législateur marocain de les consulter, avec
un rôle renforcé pour eux depuis la loi 73- 17 au moins dans les entreprises importantes.

Certes, la réforme s'efforce de donner une dimension nouvelle à cette consultation en


instaurant un système à mi-chemin entre l'ancien concordat du règlement judiciaire et l'ancien

65
Article 9 du dahir portant loi n° 1-74-447 (11 ramadan 1394) approuvant le texte du Code de procédure civile
66
Ibid.
28
régime de préparation des plans de redressement67. Elle prévoit, en s'inspirant partiellement des
dispositions de la loi française du 26 juillet 200568, la création de l'assemblée des créanciers qui
auront un rôle moteur dans la préparation du plan de redressement, mais en réservant cette
intervention lourde à mettre en place aux seules entreprises importantes69.

A. Organisation

Le comité a pour fonction principale de donner un avis sur le plan de redressement et certaines
cessions d'actifs. Obligatoire dans les entreprises soumises à l'obligation d'un commissariat aux
comptes ou remplissant certains critères70, le comité a une constitution variable selon l'objet de
la délibération à intervenir71, mais comporte toujours le chef d'entreprise et le syndic qui le
préside. Il se réunit à l'initiative du syndic, ou du juge-commissaire agissant d'office ou sur
demande du chef d'entreprise ou de créanciers, en suite d'une convocation strictement
formalisée72, publiée et adressée dans un délai rigoureux73.

67
Dans l'ancien livre V du code de commerce, les créanciers n'avaient plus de pouvoir décisionnel pour le
redressement de leur débiteur. Les créanciers n'étaient donc plus que consultés, cette consultation étant
souvent purement formelle.
68
Le législateur français a institué les comités des créanciers dans la loi du 26 juillet 2005. Ces comités à la
française sont au nombre de deux, l'un regroupant les établissements de crédit, l'autre les principaux
fournisseurs de biens ou de services. Ces comités ont été introduits aussi bien pour la procédure de sauvegarde
que pour celle de redressement judiciaire.
69
Selon les dispositions de l'article 606 de la loi 73-17, l'assemblée doit être constituée à l'égard de toute
entreprise soumise à l'obligation de désigner un commissaire aux comptes conformément à la législation en
vigueur ou dont le chiffre d'affaires annuel est supérieur à 25 millions de dirhams ou le nombre de salariés
dépasse 25 salariés pendant l'année qui précède celle de l'ouverture de la procédure. Cependant, le législateur
donne la faculté au tribunal de constituer cette assemblée même si lesdits critères ne sont pas réunis. A cet
effet, l'article 606 al 2 précise qu'à la demande du syndic, le tribunal peut ordonner, par jugement motivé et
pour des motifs pertinents, la constitution d'une assemblée des créanciers même si les conditions prévues font
défaut.
70
Chiffre d'affaires annuel supérieur à 25.000.000 de dirhams et nombre de salariés supérieur à 25 au cours de
l'année précédant l'ouverture de la procédure (art. 606 du code de commerce). A défaut de ces conditions et
pour des raisons valables, le tribunal peut, sur demande du syndic ou par jugement motivé, créer un comité.
71
En sont membres, avec faculté d'être représentés, pour l'essentiel, soit les créanciers inscrits sur la liste des
créances déclarées, soit les créances dont les créances ont été acceptées (art. 609 du code de commerce).
72
V. article 609 du code de commerce.
73
V. article 610 du code de commerce.
29
La réunion du comité est régie par un quorum constitué des créanciers détenant le tiers74 des
créances déclarées ; à son défaut un procès-verbal de carence est dressé qui fixe la prochaine
réunion, libre de tout quorum, dans les 10 jours de la précédente.

Dans tous les cas, pour être valables, les décisions doivent être approuvées par les créanciers
présents ou représentés « dont la masse représente la moitié des créances des créanciers présents
ou représentés qui ont participé au vote ». Etant entendu que les décisions régulièrement prises
s'imposent aux créanciers absents (art. 611 du code de commerce).

B. Délibération

Cette assemblée doit se prononcer sur le projet de plan de redressement assurant la


continuation de l’entreprise ; sur la modification dans les objectifs et les moyens du plan de
redressement assurant la continuité de l'entreprise75 ; la demande de remplacement du syndic
désigné et la cession d'un ou plusieurs actifs indispensables à l'exécution du plan de
redressement.

Les décisions de l'assemblée des créanciers sont valablement prises lorsqu'elles sont
approuvées par les créanciers, présents ou représentés, détenant des créances dont le montant
constitue la moitié du montant global des créances détenues par les créanciers présents ou
représentés ayant participé au vote. Les décisions prises par une assemblée valablement tenue
sont opposables aux créanciers absents76.

Ce droit de vote accordé aux assemblées des créanciers est une source de coopération dans
l'intérêt de ceux-ci, mais aussi dans l'intérêt de l'entreprise en difficulté. Du point de vue des
créanciers, le mécanisme de vote implique une participation active dans la préparation du sort
de l'entreprise et garantit, par conséquent, la protection de toutes les parties77.

74
Ce tiers s'entend sans doute en nombre de créances plutôt qu'en montant global.
75
-Et ce lors de la mise en application de l'article 629 de la loi 73-17.
76
Selon les dispositions de l'article 611, L'assemblée se réunit valablement en présence des créanciers titulaires
des deux tiers au moins des créances déclarées.
77
102‫ص‬،3‫ العدد‬2019 ‫المجلة اإللكترونية لألبحاث القانونية‬
30
Par ailleurs, La loi 73-17 a prévu également une possibilité pour les créanciers de présenter
un plan alternatif, soumis également au vote de l'assemblée. En effet, lorsque cette dernière
rejette le plan de redressement proposé par le syndic, les créanciers n'ayant pas voté pour ce
plan sont tenus de présenter au syndic un plan alternatif dans un délai de quinze jours à compter
de la date de la réunion de l'assemblée (article 615 al 3 du code de commerce)78.

78
Pour la procédure de vote du plan alternatif, voir les dispositions de l'article 615 de la loi 73-17.
31
Chapitre 2 : Le déroulement et la clôture de la procédure de
redressement judicaire

Une innovation majeure de la procédure de redressement, depuis 1996, empruntée d'ailleurs


à l'étranger, est qu'après le jugement d'ouverture « l’activité de l'entreprise est poursuivie »
(art.586 du code de commerce). C'est dire que l'entreprise n'est pas mise en arrêt d'activité mais
prolongée, au moins pour un temps, à titre d'observation préparatoire au sort qui lui sied.

Vouée à l'établissement du diagnostic de l'affaire, cette période de continuation est


normalement limitée à quatre mois (art.595 du code de commerce)79. Elle n'est pas conçue
comme une phase de léthargie ou d'inhibition de l'entreprise, mais comme un sas, une période
d'examen. Intermède préparatoire du dispositif de sauvetage éventuel de l'entreprise, elle doit
être mise à profit pour ressaisir les intérêts épars de l'affaire, en favoriser la continuation
conservatoire justifiée et dresser un état complet de la situation en vue d'éclairer la décision à
intervenir sur le traitement le mieux adapté. Concrètement, la loi fait un devoir au syndic de
dresser, dans un rapport terminal, « le bilan financier, économique et social de l’entreprise »
assorti d'une proposition de solution (art.595 du code de commerce).

C'est donc à un véritable examen radioscopique de son patrimoine qu'est soumise l'entreprise
en redressement judiciaire, pendant que son maintien en activité en préserve la survie possible.
Donc la première section sera focalisée sur la préparation de la solution (section 1) et la
deuxième sera consacrer au choix de la solution (section 2).

79
En réalité, pour les entreprises caractérisées par une diversification de leur activité, un éclatement
géographique de leurs unités de production, l'existence d'un réseau commercial intégré ou le haut degré de
leur technologie, il est probable que cette durée se révélera insuffisante ; aussi est-elle renouvelable « une
seule fois », à la demande du syndic (art.579).
32
Section 1 : préparation de la solution

La section II du chapitre I du titre III du livre V du code de commerce a pour intitulé : «


Préparation de la solution ». Où il est dit qu'au vu d'un rapport détaillé du syndic, portant bilan
financier, économique et social de l'entreprise, celui-ci propose au tribunal l'une ou l'autre de
trois solutions possibles : deux de survie et, l'une, d'élimination (art. 595)80.

Ce raccourci législatif laisse deviner le délicat cheminement qui va du jujement d’ouverture


et ses effets (sous-section 1) à la préparation de la solution de la solution (sous-section 2).

Sous-section 1 : le jugement d’ouverture et ses effets

Le jugement d’ouverture commence par un prononcé du jugement (paragraphe 1) ce


dernier a des effets (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Prononcé du jugement

A. Auditions préalables au jugement :

Au terme de consultations et auditions que le tribunal effectue en examinant la situation socio-


économique et financier de l’entreprise, et en s’assurant de l’exactitude de la date de cessation
de paiement et aussi que la situation de l’entreprise n’est pas irrémédiablement compromise.

B. Le jugement :

Le jugement entre en vigueur instantanément (article 569 du code de commerce) et en même


rétroactivement à zéro heure du jour où il est rendu. A la diligence du greffier, notification doit
être faite au chef d’entreprise et au syndic dans les 8 jours81.

Il prononce, soit l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire, lorsque la situation


de l’entreprise débitrice n’est pas irrémédiablement compromise, soit la liquidation Judiciaire,
dans le cas contraire (article 583 du code de commerce).

C. L’exercice des voies de recours contre le jugement :

80
Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 », p 265
81
ELHAMMOUMI. A, 2008, droit des difficultés de l’entreprise, rabat, librairie dar assalam, 3ème édition,
p272
33
Cette décision est susceptible d’appel (article 730 du code de commerce) et de recours en
cassation à l’initiative du débiteur ou d’un créancier s’il a demandé l’ouverture de la procédure
et le ministère public (art762 al 1 du code de commerce), dans un délai de 10 jours de la
notification.

a. Décision de la cour d’appel :

Elle peut prononcer directement le redressement ou la liquidation judiciaire. Elle peut


renvoyer l’affaire devant le tribunal, lorsqu’il ne lui est pas possible de se prononcer sur le sort
de l’entreprise.82

b. Pourvoi en cassation :

Il est formé dans les 10jours à compter de la notification de l’arrêt de la cour d’appel.

D. Publicité et notification du jugement : art 584 du code de commerce

a. La publicité de ce jugement se fait selon deux méthodes :

• Si le débiteur est inscrit sur le registre de commerce, le jugement y sera mentionné avec
indication du pouvoir conféré au syndic ; selon les modalités citées en art584 du code
de commerce.

• Un avis de la décision comportant les renseignements essentiels de l’entreprise, est


publié au bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales du lieu du siège social
de l’entreprise.

b. Le jugement d’ouverture indique :

• La désignation du juge-commissaire : le magistrat qui orchestre le déroulement du


redressement judiciaire désigné par le tribunal de commerce dans le jugement
d’ouverture, les articles 670, 671, 672 du code de commerce décrivent les modalités de
sa désignation et ordonnances pour statuer.

• La désignation du syndic et les prérogatives qui lui sont attribué.

82
Article 730 du code de commerce.
34
Paragraphe 2 : Les effets du jugement d’ouverture

A. La période d’observation :

« Le cœur de l’animal continue de battre, l’activité économique de l’entreprise se poursuit.


Mais ils tournent malgré tout au ralentit et risquent, à tout moment, de s’arrêter,
essoufflés, haletants, à cours de rythme. »83.

La période d’observation est la période qui s’étend du jugement d’ouverture au jugement


statuant sur l’issue à donner à la procédure. C’est cette période qui détermine si l’entreprise en
difficultés est apte à être redressée ou si elle doit être liquidée.

Ce moment de la procédure qui peut durer jusqu’à quatre mois pour les procédures normales
et huit mois maximum sur demande du syndic, est extrêmement important et sollicite, d’une
part, une intervention particulière des acteurs habituels de l’entreprise et d’autre part,
l’intervention de nouvelles personnes (syndic, juge-commissaire) afin d’aider et d’évaluer
l’entreprise. Il s’agit d’un moment pendant lequel un diagnostic général est établi : On examine
la situation, l’état de l’entreprise, on cherche à reconstituer les causes de la défaillance. Il faut
être à la fois rapide et complet dans cette analyse car celle-ci sera déterminante pour la suite du
sauvetage.

Si la période d’observation est possible, c’est parce qu’il reste un espoir et donc, il serait
préjudiciable d’arrêter ou ralentir l’activité de l’entreprise, alors qu’elle est déjà au bord du
gouffre. L’activité doit continuer et l’analyse n’en est que plus délicate. La continuation de
l’activité est accompagnée de mesures visant aussi à préserver celle-ci de la panique qui pourrait
s’emparer des créanciers. Le législateur a décidé de mettre l’entreprise dans une sorte de cocon
juridique84, à l’abri des créanciers qui voudraient tenter de lui arracher ses dernières ressources
au mépris de toute cohérence. C’est pour cette raison que la période d’observation est appelée
à déroger au droit commun.

83
Sébastien THIEBAUT, Qui dirige l’entreprise en période d’observation ? Mémoire réalisé en vue de
l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies en droit des affaires de l’Université Robert Schuman de
Strasbourg- Année universitaire 2003/2004
84
Ibid.
35
B. L’arrêt des poursuites

En vertu de l’article 686 du code de commerce, « Le jugement d’ouverture suspend ou


interdit, toute action en justice de la part de tous les créanciers dont la créance a son origine
antérieurement audit jugement et tendant :

➢ à la condamnation du débiteur au paiement d’une somme d’argent ;


➢ À la résolution d’un contrat pour défaut de paiement d’une somme d’argent.

Il arrête ou interdit également toute mesure d’exécution de la part de ces créanciers tant sur
les meubles que sur les immeubles. « Un arrêt dans ce sens de la cour de cassation num 746
du 22/05/2002 confirme que La procédure de traitement des difficultés de l'entreprise,
qu'il s'agisse de redressement ou de liquidation judiciaire, entraîne de plein droit
l'interdiction au créancier d'actionner ou de persister dans une instance en cours relative
à des meubles ou immeubles, par saisie conservatoire ou saisie exécution. »

C. Le maintien des contrats en cours

Le placement de l’entreprise sous la protection du tribunal emporte des avantages indéniables


pour le débiteur. En effet, le code de commerce en son art 588 al 6 interdit toute résiliation ou
résolution d’un contrat en cours du seul fait de l’ouverture d’une procédure de redressement
judiciaire. Une telle clause stipulée dans un contrat quelconque serait nulle. Le cocontractant
doit remplir ses obligations malgré le défaut d’exécution par le débiteur d’engagements
antérieurs au jugement d’ouverture, ce défaut d’exécution de ces engagements n’ouvre droit au
profit des créanciers qu’à déclaration au passif.(art 588 du code de commerce) Un arrêt de la
cour d’appel de commerce de Fès num 59 en date du 26-10-2005, les contrats en cours
objets de l’art 573 qui ont pour objet prestation de service ou de fournitures nécessaires à
la continuité de l’activité de l’entreprise, continuent leurs effets après le jugement
d’ouverture de la procédure de redressement85 .

Néanmoins, le cocontractant ne perd pas toute option. Il peut en effet mettre en demeure le
syndic de prendre position sur la poursuite ou non du contrat. Celui-ci dispose d’un délai d’un

85
"‫ "ترجمة شخصية‬82 ‫ص‬،«‫ سنة من القضاء التجاري‬20 ‫عالل ف»التعليق على قانون مساطر صعوبات المقاولة على ضوء‬.‫د‬

36
mois pour répondre, à défaut de quoi le contrat peut se trouver résilié de plein droit. Art 588 al
1. Un arrêt de la cour suprême num 187/1 du 16/04/2008 indique qu’après la mise en
demeure adressée au syndic qui est restée plus d’un mois sans réponse la résiliation du
contrat de service et la restitution des biens objet du contrat après approbation du juge
commissaire et du syndic86 .

A la demande du syndic, à qui seul d’ailleurs revient cette qualité, le juge-commissaire peut
prononcer la résiliation d’un contrat si celle-ci est nécessaire à la sauvegarde du débiteur et ne
porte pas une atteinte excessive aux intérêts du cocontractant.

Lorsque le syndic exige l’exécution d’un contrat en cours, il doit, au vu des documents
prévisionnels en sa possession, s’assurer qu’il disposera des fonds nécessaires pour en assurer
le paiement. Dans le cadre d’un contrat à exécution ou paiement échelonnés dans le temps, le
syndic doit y mettre fin s’il apparaît qu’il ne disposera pas des fonds suffisants pour remplir les
obligations du terme suivant.

Ce régime n’est pas applicable aux contrats de travail. Art588 al 3 du code de commerce.

- Le contrat de bail

Le contrat de bail, élément indispensable à la poursuite de l’activité, est soumis à un régime


spécial. Seules deux possibilités de résiliations sont en principe prévues :

▪ En cas d’information du bailleur par le syndic de sa décision de ne pas continuer le


bail

▪ En cas de défaut de paiement des loyers et charges afférents à une occupation


postérieure au jugement d’ouverture. Le bailleur ne peut agir qu’au terme d’un délai
de trois mois à compter du jugement d’ouverture. Si le paiement des sommes
intervient avant l’expiration de ce délai, le bail ne peut plus être résilié.

Un arrêt de la cour de cassation ch.com num 1303 en date du 03/11/2011 affirme que Si
le défaut d'exécution par l'entreprise d'engagements antérieurs au jugement d'ouverture
n'ouvre droit au profit du cocontractant qu'à déclaration au passif, il n'en demeure pas

86
‫للدكتور عالل فالي‬,ibid.,p92
37
moins que si l'exécution du contrat du bail d'un local à usage de commerce se poursuit,
l'entreprise débitrice est tenue au paiement des créance nées pendant la période
d'observation, et ce paiement a lieu par priorité à toutes autres créances assorties ou non
de privilèges ou de sûretés. A défaut de paiement par l'entreprise de ses dettes pendant la
période d'observation, le locateur est en droit de demander la résolution du contrat de
bail87.

1. Le gel du passif né antérieurement à l’ouverture de la procédure

C’est l’un des intérêts majeurs de la procédure. En vertu de l’art 686 du code de commerce,
interdiction est faite de payer toute créance née antérieurement au jugement d’ouverture. Cela
signifie que toutes les dettes passées sont gelées.

Le fait générateur d’une créance correspond uniquement à la date à laquelle la prestation ou


la livraison a été effectivement fournie, et non à celle de la facturation du cocontractant ou au
délai d’échéance un arrêt de la cour suprême num 1588/2 en date du 03/12/2008 insiste sur
la nécessité de la vérification de la date de créance qui peut être différente aux dates de
facturation et au délai de paiement.

Cependant, des exceptions à l’interdiction de payer les créances antérieures existent. Le juge-
commissaire peut rendre une ordonnance autorisant un tel paiement dans certains cas comme :

▪ Pour retirer le gage ou une chose légitimement retenue constituant une nécessité pour
la continuation de l’activité en priorité ;

▪ Pour lever l’option d’achat d’un contrat de crédit-bail, lorsque cette levée d’option est
justifiée par la poursuite de l’activité ;

▪ Pour obtenir le retour de biens et droits transférés à titre de garantie dans un patrimoine
fiduciaire, lorsque ce retrait ou ce retour est justifié par la poursuite de l’activité ;

Ce gel du passif ne concerne que le passif antérieur au jugement d’ouverture. L’article 590 du
code de commerce impose le paiement à l’échéance et stipule que « Les créances nées
régulièrement après le jugement d’ouverture de redressement et qui sont indispensables à la

87
https://artemis.ma
38
poursuite de cette procédure ou à l’activité de l’entreprise pendant la période de préparation de
la solution, sont payées à leurs dates échues. A défaut, elles sont payées par priorité à toutes
autres créances assorties ou non de privilèges ou de sûretés, »88

2. Inopposabilité au syndic du secret professionnel :

Pour les besoins d’établissement de son rapport, le syndic, nonobstant toute disposition
législative contraire, peut obtenir communication par les commissaires aux comptes, par les
administrations et organismes publics ou par toute autre personne des renseignements de nature
à lui donner une exacte Information sur la situation économique et financière de l'entreprise, il
en rend compte au Juge-commissaire.

Sous-section 2 : préparation du plan

Le syndic, avec le concours du chef de l'entreprise et l'assistance éventuelle d’un ou plusieurs


experts, doit dresser dans un rapport le bilan financier, économique et social de l'entreprise.

Au vu de ce bilan, le syndic propose :

▪ Soit un plan de redressement assurant la continuité de l'entreprise

▪ Ou sa cession à un tiers

▪ Soit la liquidation Judiciaire.

Il convient de préciser, à ce niveau, que seul le passif certain et non sérieusement contesté par
l'entreprise soumise aux procédures de traitement des difficultés peut être pris en considération
par le syndic pour l’évaluation de la situation financière et comptable de ladite entreprise et
l’appréciation de ses chances de redressement89.

Dans ce cadre, le syndic est appelé à agir comme une force d’analyse et de proposition et non
pas uniquement comme un expert judiciaire chargé de donner un éclairage technique sur une
situation particulière. Le syndic doit formuler la proposition qui lui semble la plus adéquate

88
Article 590 du code de commerce.
89
Arrêt de la Cour d’appel de commerce de Fès n٥28TC du 21/05/2003, dossier 22/O3C, inédite. Dans le cas
d'espèce, le caractère sérieux de la contestation de l'entreprise débitrice est déduit du fait que le titulaire de la
créance contestée n’a pu en produire la preuve.
39
pour la situation de l'entreprise et la plus juste à l'égard de ses créanciers et non pas se limiter à
exposer les différents scenarii envisageables.

S'il propose le redressement de l’entreprise, le projet de plan contenu dans le rapport du syndic
définit les modalités de règlement du passif et les garanties éventuelles souscrites par toute
personne pour en assurer l’exécution.

Paragraphe 1 : Les offres de maintien de l’entreprise débitrice et la reconstitution et


augmentation de capital

A. Les offres de maintien de l’entreprise débitrice

Pour préserver les chances de continuation de l'entreprise débitrice, la loi, en art 589 du code
de commerce, permet aux tiers à cette dernière de soumettre au syndic des offres tendant à son
maintien, notamment par son acquisition. Les offres faites ne peuvent être modifiées ou retirées
après la date de dépôt du rapport du syndic. Elles lient leurs auteurs jusqu’à la décision du
tribunal arrêtant le plan, à condition que cette dernière Intervienne dans le mois du dépôt du
rapport.

A ce sujet, il a été décidé que la modification (d'une offre) Interdite après le dépôt du rapport
du syndic doit être entendue dans le sens de toute modification ayant pour objet ou effet de
réduire la portée et l'intérêt de l’offre. La modification d'une offre de maintien de l'entreprise
débitrice peut être acceptée, même après le dépôt par le syndic de son rapport, si ladite
modification consiste en une amélioration de l'offre tendant à une meilleure protection des
intérêts de l'entreprise et de ses créanciers. Les modifications portant amélioration des offres
peuvent être faites jusqu'à la date de leur examen par le tribunal en chambre de conseil. Il
s'ensuit que le tribunal n'est pas en droit de refuser l’amélioration d’une offre faite après le dépôt
par le syndic de son rapport, comme il n'est pas dans l'obligation d'en informer les autres
offrants90. Il faut noter, qu’en vertu de l’art 589 du code de commerce dernier al, toute personne
ayant exercé les prérogatives de dirigeant, quel que soit le mode de sa nomination, ne peut

90
Tribunal de Commerce de Marrakech, décision du 18 octobre 2000, n٥12000, dossier n٥1/98, inédite.
40
formuler une offre de reprise de l’entreprise débitrice91. Cette même restriction semble être
applicable à toute personne dont la qualité de dirigeant de fait venait à être confirmée.

Les offres sont annexées au rapport du syndic qui en fait l'analyse.

B. La reconstitution et augmentation de capital

Le syndic peut proposer une augmentation ou reconstitution du capital de l'entreprise.

A cet effet, il peut demander à l’organe de gestion de la société de convoquer l’assemblée des
actionnaires ou associés. En cas de besoin, le syndic peut convoquer lui-même l'assemblée,
dans les formes prévues par les statuts.

Si du fait des pertes constatées dans les documents comptables, les capitaux propres sont
Inférieurs au quart du capital social, l’assemblée est d’abord appelée à reconstituer ces capitaux
à concurrence du montant proposé par le syndic et qui ne peut être inférieur au quart du capital
social. Elle peut, également, être appelée à décider la réduction et l’augmentation du capital en
faveur d’une ou plusieurs personnes qui s’engagent à exécuter le plan. A cet effet, les clauses
d’agrément92 sont réputées non écrites.

En cas d'augmentation de capital, celle-ci devrait se faire par apports en espèce, pour assurer
la liquidité nécessaire au fonctionnement et aux activités de la société. Toutefois, une décision
du Tribunal de commerce d’Agadir a pris position pour la possibilité d’une augmentation
de capital par compensation de créances certaines liquides et exigibles93. Cette solution
porte, atteinte à la règle d’égalité de traitement des créanciers en privilégiant indûment les
actionnaires détenant une créance sur la société, en procédant à la compensation induisant le
règlement de leurs créances. De plus, cette position semble s’écarter de l’interdiction légale de
payer les dettes antérieures au jugement d’ouverture94.

Paragraphe 2 : Le règlement des dettes et délai d’établissement du rapport du syndic :

91
Cass. Com. 13 nov. 2002, BICC n٥165, in www.courdecassation.fr.
92
Pour la définition des clauses d’agrément, voir notamment les articles 254 et 255 de loi 17-95.
93
Décision n045 , du 27/12/2001, dossier n036/21 ; in gazette des tribunaux du Maroc n°95, juillet-aout
2002,p.246 S.
94
Art. 690 du c. Com.
41
A. Le règlement des dettes (Art. 601 du code de commerce)

Le plan contient généralement des prescriptions concernant le règlement des dettes de


l’entreprise. Pour ce, les propositions de règlement des dettes sont, au fur et à mesure de leur
élaboration et sous la surveillance du juge-commissaire, communiquées aux contrôleurs par le
syndic. Ce dernier recueille individuellement ou collectivement l’accord de chaque créancier
qui a déclaré sa créance sur les délais et remises qu’il lui demande pour assurer la bonne
exécution du plan de continuation.

Les délais et remises consistent généralement dans :

▪ L’abandon d’une partie du capital des créances ;

▪ L’abandon des intérêts ;

▪ L’octroi d'un diffère de règlement ;

▪ Rééchelonnement des dettes avec réduction du taux d'intérêts y afférent.

La marge de manœuvre des créanciers dans la négociation des délais et remises à accorder à
l'entreprise débitrice dépend en grande partie de la nature de la créance (chirographaire,
hypothécaire de 1er ou second rang...) ainsi que, le cas échéant, de la portée de la garantie qui
y est affectée (le taux de couverture de la créance par la garantie personnelle du dirigeant ou
d'une tierce personne, en qualité de caution). Mieux la créance est couverte, plus la marge de
négociation est grande.

Toutefois, les limites de négociation ne peuvent dépasser l’échelonnement et les délais,

Un arrêt de la Cour de cassation (N°58 en date du 18.01.2006, dossier190/3/1/2004) dans


ce sens indique que: La négociation entre le syndic et les créanciers n'a pas pour objet la
fixation de leurs créances, mais seulement l'obtention des délais et remises de dettes. Le
jugement de validation du plan de continuation peut être frappé d'appel si la procédure
de validation du plan n'a pas été respectée. Le rôle des créanciers lors de la réponse à la
consultation du syndic se limite à donner leur avis sur la durée du plan et les remises à
consentir à l'entreprise susceptible de garantir l'exécution du plan uniquement, ils n'ont

42
aucune qualité pour relever appel de la décision de validation du plan.95

Qu'il s'agisse d'une consultation individuelle ou collective, la lettre du syndic comporte en


annexe :

▪ Un état de la situation active et passive, avec indication détaillée du passif privilégié et


chirographaire ;

▪ Les propositions du syndic et du chef de l'entreprise et l'indication des garanties offertes ;

▪ L’avis des contrôleurs.

a. En cas de consultation Individuelle

Les créanciers sont tenus de faire part, au syndic de leur réponse dans le délai de trente (30)
jours à compter de la date de réception de la lettre dudit syndic. A défaut, leur acceptation est
réputée définitivement acquise)96.

b. Lorsque le syndic décide de consulter collectivement les


créanciers

Ceux-ci se réunissent sous sa-présidence et à sa convocation. Un avis de la convocation peut,


en outre, être inséré dans un journal d'annonces légales et affiché au panneau réservé à cet effet
au tribunal.

La réunion doit avoir lieu entre le 15ème et le 21ème Jour de l’envoi de la convocation.

Le syndic fait aux créanciers un rapport sur l'état du redressement judiciaire ainsi que sur la
poursuite de l'activité depuis l'ouverture de la procédure.

L'accord de chaque créancier sur les propositions de règlement du passif est recueilli par
écrit.Le défaut de participation à la consultation collective vaut acceptation des propositions
présentées par le syndic.

Au terme de la consultation, individuelle ou collective, le syndic dresse un état des réponses


faites par les créanciers97.

95
Un arrêt de la Cour de cassation N°58 en date du 18.01.2006, dossier190/3/1/2004, en www.jurisprudence.ma
96
Article 602 du code de commerce.
97
Ibid.
43
• Délai d’établissement du rapport du syndic

Les propositions du syndic doivent être remises au Juge-commissaire à l'expiration d'un délai
maximum de quatre (4) mois suivant la date du jugement d’ouverture de la procédure. Ce délai
peut être renouvelé une seule fois par le tribunal, à la requête du syndic, notamment s’il est fait
état de l’obtention de résultats positifs au cours de la période initiale98. Cette période est
désignée par la période d'observation (du jugement d'ouverture jusqu'au dépôt du rapport).

Le délai Imparti par la loi au syndic pour réaliser sa mission est d'ordre public. Le tribunal ne
peut permettre son dépassement)99.

• Consultation du chef de l'entreprise et du contrôleur

Le chef de l'entreprise et les contrôleurs sont consultés sur le rapport du syndic qui doit leur
être envoyé par LRAR. Le chef de l'entreprise fait connaître ses observations au syndic dans
les huit (8) Jours.

La consultation du chef d'entreprise et du contrôleur par le syndic pour l’élaboration de son


rapport est déterminante pour la validité juridique de ce dernier. Ainsi a été invalidé le rapport
élaboré par le syndic sans avoir fait participer le chef de l’entreprise dans l’établissement du
bilan économique, social et financier de cette dernière et sans même le consulter, ni informer
les contrôleurs des propositions (du syndic) pour le règlement des dettes l’arrêt de la Cour
d'appel de commerce de Casablanca n٥1407/2002 du 24/05/2002, inédite. Dans cette
affaire, le rapport du syndic n'a même pas décliné la position des créanciers au sujet des
délais et remises, ni s'ils ont été consultés et, le cas échéant, individuellement ou
collectivement.

Au vu du rapport du syndic et après avoir entendu le chef de l'entreprise, les contrôleurs et les
délégués du personnel, le tribunal décide (article 622 du code de commerce) :

▪ Soit la continuation de l’entreprise,

98
Tribunal de Commerce d'Agadir du 15 septembre 2000, décision n٥24/2000, dossier n٥09000, inédite.
99
Tribunal de Commerce d’Agadir, décision du 4 février 000, n٥ 4/2000, dossier n٥ 02/99, inédite.
44
▪ Soit sa cession,

▪ Soit sa liquidation Judiciaire.

Section 2 : Le choix de la solution

Le temps du redressement judiciaire est un temps d'urgence et de bilan. D'urgence, pour la


reprise en mains des affaires boiteuses, délaissées ou désorganisées de l'entreprise, et de bilan,
pour établir une radioscopie précise de sa situation économique, technique et sociale. Ce bilan
participe de l'issue du redressement judiciaire : il constitue la base de la solution en préparation
qui, dans les meilleurs cas, ouvrira sur une continuation de l'entreprise (Sous-Section I) ou bien
une modification ou résolution du plan (sous-section II) ou sur sa cessation (Sous-Section III).

Sous Section1 : la décision de continuation

Le tribunal décide la continuation de l’entreprise lorsqu’il existe des possibilités sérieuses de


redressement et de règlement du passif. Cette disposition « impose au tribunal une analyse
approfondie des potentialités de l’entreprise...un choix positif et jamais une solution prise en
désespoir de cause. Les possibilités de redressement doivent être appréciées de manière
prioritaire : la référence au règlement du passif, certes essentielles si on veut éviter
l’acharnement thérapeutique, reste subordonnée à l’impératif de redressement »100.

En France, cette position est arrêtée par la Cour de cassation qui a cassé un arrêt ayant retenu
le plan de continuation sur la base du seul fait qu’il prévoit le remboursement des créances,
celui-ci n’étant pas suffisant pour assurer le redressement de l’entreprise101. Sous ces
conditions, l’appréciation des possibilités du redressement ainsi que des chances de règlement
de passif reste du pouvoir discrétionnaire du tribunal.

Le tribunal décide de la continuation sur rapport du syndic et après avoir entendu le chef

100
M.JEANTIN et P.LECANNU, droit commercial, instruments de paiement et de crédit, entreprises en
difficultés, p464n 712
101
A. SLIMANI, revue marocaine du droit des affaires et de l’entreprise, nur7, janvier 2005, p28.
45
de l’entreprise, les contrôleurs et les délégués du personnel. Un arrêt de la cour de cassation
num 360/1 en date du 20/07/2017 indique que le tribunal ne peut statuer sur la solution adéquate
à la situation de l’entreprise qu’après avoir entendu le chef d’entreprise des contrôleurs et des
délégués du personnel ou en accomplissant les formalités de leur convocation conformément
aux art 37,38 et 39 du code de la procédure civile102.

En pratique, le tribunal ne disposant pas de compétence financière lui permettant d’analyser


profondément le rapport du syndic, donne, généralement, suite favorable au plan proposé par
ce dernier, à moins qu’il ne soit rejeté par l’ensemble des créanciers ou les plus Importants
parmi eux.

Paragraphe 1 : Les mesures de redressement

A. Les mesures de gestion

L'expérience révèle que les difficultés d'une entreprise sont souvent imputables, dans une
mesure significative, à la mauvaise structure de son activité, dont l'atomisation, le monolithisme
ou l'irrationalité constituent des facteurs aggravants des turbulences de toutes natures. Aussi le
plan peut-il prescrire que la continuation a lieu moyennant l'arrêt, l'adjonction ou la cession de
certaines branches d'activité (art. 624 du code de commerce)103; cette redéfinition de l'activité
est un précieux adjuvant de survie quand elle permet de tarir une source de pertes, de s'adjoindre
un segment de rentabilité ou de se donner, par un élagage fructueux, les moyens financiers d'un
recentrage maîtrisé.

Inversement, et par souci cette fois de préserver le potentiel d'exploitation contre des
réalisations douteuses et déstabilisantes d'éléments d'actif, le tribunal peut prescrire son contrôle
préalable d'opportunité des aliénations envisagées ; le plan indique alors les biens jugés
indispensables à la continuation de l'entreprise dont la disposition est subordonnée, pour une
durée qu'il fixe, à autorisation du tribunal (art. 626 du code de commerce). Inscrite au registre

102
"‫"ترجمة شخصية‬134 ‫ص‬،«‫ سنة من القضاء التجاري‬20 ‫عالل ف»التعليق على قانون مساطر صعوبات المقاولة على ضوء‬.‫د‬
103
Si ces mesures emportent résiliation de contrats de travail, celle-ci est réputée advenir pour raisons
économiques. Elle ne prend effet qu'après notification au délégué régional du travail, et au gouverneur de la
préfecture ou de la province concernée, et ne prive pas les salariés licenciés de l'intégralité de leurs droit
légaux (art.624 du code de commerce).
46
du commerce de l'entreprise et soumise à publicité quand elle concerne des immeubles ou
certains biens mobiliers d'équipements104, cette inaliénabilité temporaire est sanctionnée par la
nullité105 des actes passés sans l'habilitation requise, que tout intéressé peut requérir dans les
trois ans (art. 626 du code de commerce) de l'acte ou de sa publication.

B. Les mesures statutaires

Dans le plan, le tribunal mentionne les modifications des statuts qui lui paraissent
nécessaires à la continuation de l'entreprise (art.627 du code de commerce).

Notamment, quand l'entreprise défaillante est érigée en personne morale de type sociétaire,
une pertinente contribution à son redressement peut être recherchée dans l'appel à l'épargne des
associés ou des tiers, pour reconstituer ses capitaux propres éprouvés par les pertes, voire pour
augmenter son capital. De telles mesures ont pu être envisagées dès la période préparatoire et
donner lieu, à l'initiative du syndic, à tous les actes de mise en œuvre106.

Il importe alors que le plan de continuation prononce ces mesures de sorte à rendre
exécutoires les engagements préparatoires pris antérieurement par les associés ou les nouveaux
souscripteurs. Mais le tribunal est habile aussi à ordonner toutes autres modifications statutaires
qui lui paraissent nécessaires à la continuation de l'entreprise, et le jugement qui les énonce
donne corrélativement mandat au syndic de convoquer l'assemblée compétente pour les adopter
(art.627 du code de commerce).

104
Elle donne lieu à inscription, le cas échéant, dans les registres fonciers de la préfecture, les registres réservés
à l'immatriculation des navires et des aéronefs et autres registres établis à cet effet.
105
À défaut des publicités requises, la nullité ne peut être opposée à l'acquéreur de bonne foi.
106
Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 », p 275

47
De telles mesures ne peuvent imposer, aux personnes qui exécuteront le plan, même à titre
d'associé, des charges non acceptées par elles dans la période préparatoire (art.623 du code de
commerce), mais leur prescription dans le plan constitue autant de conditions résolutoires,
éventuellement renforcées d'un délai d'épreuve.

C. Les mesures diverses

Si le chef d'entreprise a fait l'objet d'une interdiction, bancaire ou judiciaire, d'émettre des
chèques, pour des faits antérieurs au jugement d'ouverture, le tribunal peut, pour faciliter les
choses, prononcer la suspension des effets de cette mesure pendant la durée d'exécution du plan
et du règlement du passif. La résolution dudit plan met fin à ce bénéfice et vaut rétablissement
automatique de l’interdiction : inversement, le respect des échéances prévues par le plan vaut
régularisation des incidents (art.625 du code de commerce).

Une modification dans les objectifs et les moyens du plan, décidée par le tribunal, peut avoir
lieu à la demande du chef d'entreprise et sur le rapport du syndic (art. 629 du code de
commerce). Si elle emporte des conséquences négatives sur les remises ou les délais acceptés
par les créanciers, le syndic107 convoque l'assemblée des associés selon les modalités de
convocation de leur comité. Le tribunal statue, qui peut aussi prononcer la résolution du plan,
après avoir entendu ou dûment appelé « les parties et toute personne intéressée » : très libérale,
la formule autorise un vaste éventail de consultations.108

Paragraphe 2 : Les mesures d’apurement

Le tribunal décide la continuation de l’entreprise lorsqu’il existe des possibilités sérieuses


de redressement et de règlement du passif. Cette disposition « impose au tribunal une analyse
approfondie des potentialités de l’entreprise...un choix positif et jamais une solution prise en
désespoir de cause. Les possibilités de redressement doivent être appréciées de manière
prioritaire : la référence au règlement du passif, certes essentielles si on veut éviter

107
Lequel retrouve son service en l’occurrence.
108
My Mohamed Lahbib RHALIB -Zakaria Bouaabidi « L'essentiel du droit des entreprises en difficulté. Droit et
pratique a jour de la loi 73-17 », p113
48
l’acharnement thérapeutique, reste subordonnée à l’impératif de redressement »109. En France,
cette position est arrêtée par la Cour de cassation qui a cassé un arrêt ayant retenu le plan
de continuation sur la base du seul fait qu’il prévoit le remboursement des créances, celui-
ci n’étant pas suffisant pour assurer le redressement de l’entreprise110. Sous ces conditions,
l’appréciation des possibilités du redressement ainsi que des chances de règlement de passif
reste du pouvoir discrétionnaire du tribunal. Le tribunal décide de la continuation sur rapport
du syndic et après avoir entendu le chef de l’entreprise, les contrôleurs et les délégués du
personnel. Un arrêt de la cour de cassation num 360/1 en date du 20/07/2017 indique que
le tribunal ne peut statuer sur la solution adéquate à la situation de l’entreprise qu’après
avoir entendu le chef d’entreprise des contrôleurs et des délégués du personnel ou en
accomplissant les formalités de leur convocation conformément aux art 37,38 et 39 du
code de la procédure civile111. En pratique, le tribunal ne disposant pas de compétence
financière lui permettant d’analyser profondément le rapport du syndic, donne, généralement,
suite favorable au plan proposé par ce dernier, à moins qu’il ne soit rejeté par l’ensemble des
créanciers ou les plus Importants parmi eux.

A. L’apurement du passif :

Le tribunal peut arrêter le plan de continuation même si la vérification des créances n’est
pas terminée. La durée du plan est fixée par le tribunal, sans qu’elle puisse excéder dix (10) ans
art 628 du code de commerce. Le tribunal donne acte des délais et remises accordés par les
créanciers au cours de la consultation. Ces délais et remises peuvent, le cas échéant, être réduits
par le tribunal (art 630 du code de commerce) Pour les autres créanciers, le tribunal impose des
délais uniformes de paiement sous réserve, en ce qui concerne les créances à terme, des délais
supérieurs stipulés par les parties avant l’ouverture de la procédure. Ces délais peuvent excéder
la durée du plan. Le premier paiement doit intervenir dans le délai d’un an. Ceci implique que
si un créancier refuse les délais et remises proposés par le syndic et le chef de l’entreprise, le

109
M.JEANTIN et P. LECANNU, droit commercial, instruments de paiement et de crédit, entreprises en
difficultés, p464n 712
110
A. SLIMANI, revue marocaine du droit des affaires et de l’entreprise, nur7, janvier 2005, p28.
111
"‫ "ترجمة شخصية‬34‫ص‬1998 ‫ سنة من القضاء التجاري‬20 ‫ التعليق على قانون مساطر صعوبات المقاولة على ضوء‬-2018 ‫للدكتور عالل فالي‬
49
tribunal ne peut contraindre ledit créancier à consentir que des délais. Il ne peut, par exemple,
lui imposer un abandon de créance, même partiel. Le tribunal ne peut agir que sur les délais
(rééchelonnement de la dette ; octroi d’un différé de paiement)112.

Le montant des échéances peut être progressif. Dans ce cas, leur montant annuel ne peut
être inférieur à 5% de leur montant total retenu par le plan. L’inscription d’une créance au plan
et l’octroi de délais ou remises par le créancier ne préjugent pas de l’admission définitive de la
créance au passif (art 631 du code de commerce).

B. L’éviction des dirigeants art 600 du code de commerce :

Le tribunal peut, d’office ou sur demande du syndic, subordonner l’adoption du plan de


redressement de l’entreprise au remplacement d’un ou plusieurs dirigeants. La mise en œuvre
de cette mesure est, toutefois, conditionnée par son caractère nécessaire pour la survie de
l’entreprise. A cette fin, le tribunal peut prononcer l’incessibilité des titres de capital ou de droits
de vote détenus par les dirigeants, de droit ou de fait, et décider que le droit de vote y attache
sera exercé pour une durée qu’il fixe par un mandataire de justice désigné à cet effet, il peut,
encore, ordonner la cession de ces titres, le prix de cession étant fixé à dire d’expert. Pour ce
faire, les dirigeants sont entendus ou dûment appelés.

Un arrêt de la cour de cassation française num 09-10800 du 09 février 2010 indique


l’application de l’art 631-19-1, appelé loi Macron, qui a pour objet l’éviction d’associé et
l’imposition d’une cession forcée des titres de l’associé récalcitrant, le texte s’appliquera
aux dirigeants de droit comme de fait possédant des actions à la date du jugement qui
ordonne cette cession. La finalité de cette disposition est claire : éviter que certains
dirigeants récalcitrants ne fassent obstacle par un vote hostile à l’assemblée générale à la
mise en œuvre du plan de redressement.113

C. La suspension de l’interdiction d’émettre des chèques

112
Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 », p 277
113
Https:// le petijuriste/A.NOORALIAN, la cession forcée des droits sociaux du dirigeant en cas de
redressement judiciaire.
50
Lorsque l’entreprise a fait l’objet d’une interdiction d’émettre des chèques en raison de faits
antérieurs au Jugement d’ouverture, le tribunal peut prononcer la suspension des effets de cette
mesure pendant la durée d’exécution du plan et du règlement du passif (art 626 du code de
commerce).

D. L’inaliénabilité de certains biens

Dans le jugement arrêtant le plan ou le modifiant, le tribunal peut décider que les biens
qu’il estime indispensables à la continuation de l’entreprise ne pourront être aliénés, pour une
durée qu’il fixe, sans son autorisation114. L’inaliénabilité des biens est inscrite au registre de
commerce de l’entreprise (art 626 du code de commerce). L’inscription de l’inaliénabilité des
biens immeubles à la conservation foncière a, toutefois, été omise. Cette omission pourrait
soulever des difficultés, dans la mesure où seules les inscriptions portées sur le titre foncier de
l’immeuble sont opposables aux tiers. Néanmoins, malgré cette omission, le tribunal peut
ordonner qu’une inscription de l’interdiction, le cas échéant, soit portée sur les registres de la
conservation foncière. Dans tous les cas, tout acte passé en violation de cette inaliénabilité est
annulé à la demande, de tout intéresse, présentée dans le délai de trois (3) ans à compter de la
conclusion de l’acte ou de sa publication.

Sous-section 2 : La modification ou la résolution du plan

Par le tribunal, à la demande du chef de l’entreprise et sur le rapport du syndic il peut y avoir
une modification du plan (Paragraphe 1) et dans d’autres cas la résolution du plan (Paragraphe
2).

Paragraphe 1 : La modification du plan art 629 du code de commerce.

Une modification dans les objectifs et les moyens du plan ne peut être décidée que par le

114
ELHAMMOUMI. A, 2008, droit des difficultés de l’entreprise, rabat, librairie dar assalam,
51
tribunal, à la demande du chef de l’entreprise et sur le rapport du syndic. Il en résulte que la
demande de modification du plan ne peut émaner que du chef de l’entreprise, à l’exclusion de
toute autre personne ; un arrêt de la cour d’appel de commerce de Fès num 52 en date du
21/09/2005 qui a rejetée l’appel d’une société créancière afin d’approuver sa créance chose
qui constitue une modification du plan de redressement, rejet d’appel pour incompétence
réservée à l’unique personne du débiteur115.La possibilité de modifier les objectifs et les
moyens du plan est instituée à titre limitatif, et ne doit pas amener le tribunal à procéder à une
réévaluation différente des mêmes éléments sans justes motifs, ou à évoquer des justifications
relevant, généralement, de l’évolution normale du marché et qui sont censées avoir été prises
en considération ors de la préparation du plan.

Le tribunal statue après avoir entendu, ou dûment appelé les parties ou toute personne
Intéressée (notamment un créancier). Aucune limite au pouvoir du tribunal de modifier le plan
n’est prévue par la loi. Il s’ensuit que seules les limites applicables au plan initial restent en
vigueur, comme le délai du plan qui ne peut dépasser dix ans (art 628 du code de commerce),
et l’impossibilité d’imposer aux créanciers des remises de dettes (art 630 du code de
commerce).

Paragraphe 2 : La résolution du plan art 634 du code de commerce.

Si l’entreprise exécute le plan, le tribunal prononce la clôture de la procédure. Par contre, si


l’entreprise n’exécute pas ses engagements fixés par le plan, le tribunal peut, d’office ou à la
demande d’un créancier et après avoir entendu le syndic, prononcer a résolution du plan et
décider la liquidation judiciaire. Dans ce sens, la Cour de cassation française a considéré que
le licenciement d’un groupe de personne pour des motifs économiques non prévu dans le
plan de continuation justifie la résolution de ce dernier116.

Par un autre arrêt num 1052 du 18 septembre 2007 la cour de cassation indique que la
constatation de la cessation de paiement au cours de l’exécution du plan le tribunal décide

115
"‫ "ترجمة شخصية‬146 ‫ص‬1998 ‫ سنة من القضاء التجاري‬20 ‫التعليق على قانون مساطر صعوبات المقاولة على ضوء‬-2018 ‫للدكتور عالل فالي‬
116
Cass.soc.12 dés 2001, cité in Abderrahim SLIMANI, op, cit, p34
52
sa résolution et prononce la liquidation judiciaire et annule l’arrêt de poursuite
judiciaire117.

Les créanciers soumis au plan déclarent, alors, l’intégralité de leurs créances et sûretés,
déduction faite des sommes perçues, et les créanciers, dont le droit a pris naissance après le
jugement d’ouverture du plan de continuation, déclarent leurs créances.

Sous-section 3 : La cession de l’entreprise

Alternative à la continuation de l'entreprise, sa cession est par nature une solution de repli,
de refuge, voire de facilité quand, au doute sur les réelles capacités de redressement, fait
néanmoins écho l'offre d'une reprise de ses activités118. Aussi est-elle conçue, dans la loi, avec
l'ambition modérée « d’assurer le maintien d'activités susceptibles d'exploitation autonome, de
tout ou partie des emplois qui y sont attachés et d'apurer le passif » (art. 635 du code de
commerce). Au demeurant, la loi n'impose pas qu'elle intervienne globalement : « elle peut être
totale119 ou partielle ». Ainsi le tribunal qui la prononce la combinera-t-il parfois, dans le plan
de redressement, à une décision principale de continuation de l'entreprise mais resserrée sur ses
meilleures bases et allégée de certaines branches d'activités. A défaut d'une telle dualité, les
biens non compris dans le plan de cession sont vendus comme en matière de liquidation
judiciaire120 et par les soins du syndic (art. 603 du code de commerce).

Paragraphe 1 : La réalisation de la cession

A. Ensembles cohérents

La cession n'est pas une liquidation de l'entreprise mais, au plus, un démembrement


organisé de sorte à en permettre une survie éclatée. Ainsi ne peut-elle être ordonnée que si elle
porte soit sur la globalité de l'entreprise, soit sur un ou plusieurs « ensembles cohérents », par

117
http://courdecassation.f/jurisprudence
118
Dominic Vidal « Droit des procédures collectives, Gualino éditeur 2006 », p 253
119
La cession totale des biens d'une société commerciale emporte sa dissolution (art.641).
120
C’est une procédure de traitement des difficulté des entreprises selon le livre V du code de commerce et qui
prononcée par le tribunal. Lorsque la situation de l’entreprise est irrémédiablement compromise, ce jugement
met fin à la vie de l’entreprise et entraine la vente de tous ses actifs et le paiement de dettes.

53
quoi il faut entendre des agrégats d'éléments d'exploitation « formant une ou plusieurs branches
complètes et autonomes d’activités » (art.635 du code de commerce). C'est au tribunal qu'il
appartient de statuer sur la composition de ces ensembles dont la configuration lui sera suggérée
dans le rapport du syndic. Ce rapport lui fournit également les termes et une analyse des offres
formulées, ayant acquis valeur obligatoire pour leurs auteurs depuis le dépôt du rapport, et entre
lesquelles il retient celle ou celles qui lui paraît permettre, aux meilleures conditions, d'assurer
le plus durablement l'emploi attaché à l'ensemble cédé et le règlement des créanciers (art. 637
du code de commerce).

La qualité des offres s'apprécie par référence à leur teneur121, aux documents relatifs aux
trois derniers exercices de leur auteur, aux explications que peut solliciter le juge-commissaire,
à l'information donné aux contrôleurs et représentants du personnel et aux éléments fournis par
le syndic permettant de vérifier « le caractère sérieux des offres » (art.636 du code de
commerce).

B. Actes et contrats

Le souci que la cession constitue une modalité effective de survie de l'entreprise et poussé
assez loin par la loi. En effet, elle habilite le tribunal à déterminer les contrats de crédit-bail, de
location ou de fournitures de biens ou de services - en cours au jour du jugement d'ouverture,
maintenus sur demande du syndic et qu'il juge nécessaires au maintien de l'activité, de sorte que
leur continuation ait lieu au bénéfice de l'entreprise ou de l'ensemble cédé122. La cession de ces
contrats est opérée de droit par le jugement qui prononce la cession totale ou partielle (art. 638
du code de commerce). Ainsi s'accuse le dérèglement de l'économie contractuelle engendré,
sous couvert de l'ordre public, par la procédure de redressement judiciaire.

Il est vrai certes que les cocontractants du débiteur auront préalablement été entendus en
leurs observations : le greffe les convoque à l'audience (art. 639 du code de commerce).

121
Toute offre comporte l'indication : des prévisions d'activité et de financement ; du prix de cession et de ses
modalités de règlement ; de la date de réalisation de la cession ; du niveau et des perspectives d'emploi
justifiés par l'activité considérée ; des garanties souscrites en vue d'assurer l'exécution de l'offre ; des
prévisions de vente d'actifs au cours des deux années suivant la cession.
122
Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 », p 281
54
Nonobstant toute clause contraire, les contrats transmis doivent être exécutés « aux conditions
en vigueur au jour de l'ouverture de la procédure ». Au surplus, et pour faire bonne mesure, les
cocontractants devront le cas échéant supporter des délais de paiement imposés par le tribunal
« pour assurer la bonne exécution du plan » (art.638 du code de commerce).

Le syndic, dont la mission dure jusqu'à la clôture de la procédure, « passe tous les actes
nécessaires à la réalisation de la cession » et, dans l'attente de leur réalisation, il peut, sous sa
responsabilité, confier au cessionnaire la gestion de l'entreprise cédée (art. 640 du code de
commerce). Après le payement du prix de cession et sa répartition entre les créanciers, le
tribunal prononce la clôture de la procédure (art. 641 du code de commerce).

Paragraphe 2 : Les effets de la cession

A. La situation du cessionnaire

À l'égard du cessionnaire d'abord, et dès l'accomplissement des actes de cession, l'opération


emporte transfert de la propriété des biens correspondants et des droits et charges inclus dans
les contrats transmis. Cette situation devrait laisser au cessionnaire toute latitude pour gérer à
sa convenance l'entreprise cédée ou l'ensemble acquis. Mais une telle souveraineté suppose que
le prix de cession, éventuellement assorti de délais de paiement, soit intégralement versé123.

À défaut, le cessionnaire ne peut, sous peine d'annulation de l'acte dans les trois ans de sa
date ou de sa publicité et à la demande de tout intéressé (art. 612 du code de commerce), aliéner
ou donner en garantie ou en location-gérance les biens corporels ou incorporels qu'il a acquis ;
exception étant faite, naturellement, pour les stocks (art. 610 du code de commerce).

Néanmoins cette proclamation de principe est aussitôt tempérée par la possibilité donnée
au tribunal d'autoriser de tels actes sur rapport du syndic et en considération des garanties
offertes par le cessionnaire (art.642 du code de commerce). Indépendamment, le tribunal aura

123
My Mohamed Lahbib RHALIB -Zakaria Bouaabidi « L'essentiel du droit des entreprises en difficulté. Droit et
pratique a jour de la loi 73-17 », p120
55
pu insérer dans le plan une clause d'inaliénabilité, pour une durée déterminée, de tout ou partie
des biens cédés (art.643 du code de commerce)124.

À la fin de chaque exercice, le cessionnaire rend compte annuellement au syndic de


l'exécution du plan de cession. S'il manque à ses engagements, le tribunal peut, d'office ou sur
demande du syndic ou d'un créancier, prononcer la résolution du plan (art. 645 du code de
commerce). Auquel cas les biens sont réalisés dans les formes de la liquidation et le prix affecté
au payement des créanciers admis. Si le manquement consiste en un défaut de payement du prix
de cession, le tribunal, d'office ou à la demande du syndic ou de tout intéressé, peut125 nommer
un administrateur spécial dont il détermine la mission et en fixe la durée (art. 646 du code de
commerce).

B. La situation des créanciers

À l'égard des créanciers, le jugement d'arrêté du plan de cession a la vertu de rendre


exigibles les dettes non encore échues. Tous sont ainsi mis en mesure de participer, suivant leur
rang et le montant admis de leurs droits, à la répartition du prix de cession opérée par le syndic
(art. 647 du code de commerce). En vue de cette distribution et lorsque la cession porte sur des
biens grevés d'un privilège spécial, d'un nantissement ou d'une hypothèque, c'est le tribunal qui
affecte à chacun de ces biens une quote-part du prix pour permettre l'exercice du droit de
préférence (art. 648 du code de commerce)126.

Toutefois la charge de la dette d'acquisition d'un bien, garantie par une sûreté immobilière
ou mobilière spéciale constituée sur le bien acquis et cédé, est transmise au cessionnaire qui
doit s'acquitter auprès du vendeur ou du prêteur, et aux échéances initiales ou corrigées par le
tribunal, des sommes restant dues à compter du transfert de propriété du bien. En toute
hypothèse, et jusqu'au paiement complet du prix de cession qui emporte purge des inscriptions
grevant les biens cédés, les créanciers titulaires d'un droit de suite ne peuvent l'exercer qu'en

124
"‫ "ترجمة شخصية‬158 ‫ ص‬،«73-17 ‫د »المختصر في مساطر صعوبة المقاولة على ضوء القانون رقم‬.‫محمد اطويف‬
125
Convoqué par le greffier, le cessionnaire est entendu en chambre du conseil.
126
"‫ "ترجمة شخصية‬159 ‫ ص‬، «73-17 ‫ محمد اطويف»المختصر في مساطر صعوبة المقاولة على ضوء القانون رقم‬.‫د‬
56
cas d'aliénation, par le cessionnaire, du bien cédé (art. 649 du commerce) : ils en sont informés
par le syndic, lui-même prévenu par le cessionnaire (art. 650 du commerce)127.

127
،‫ محمد اطويف‬.‫ د‬ibid,. p160

57
Conclusion générale

Le livre V du code de commerce n°15-95 relatif au traitement des difficultés entreprises


en constitue une avancée certaine dans le traitement des cas des entreprises qui éprouvent des
difficultés dans la continuation de leurs activités par l’abolition de la procédure de la faillite et
son remplacement par une procédure qui privilégie la sauvegarde et la continuation de l’activité.

Les résultats de la procédure de redressement judiciaire ne sont pas non plus satisfaisants
du fait du nombre important de l’ouverture des procédures de liquidation judiciaire et de la
faiblesse du taux de réussite des plans de redressement.

En fait, Il faut signaler que 80 % des ouvertures de procédures collectives en France


conduisent à des liquidations immédiates, sur les 20% de redressements judiciaires
prononcés 70% des affaires sont converties en liquidation judiciaire, les 30% restant se
décomposent en 24% de plans de continuation et 6% de plans de cession. L’homologation
des plans de redressement se termine défavorablement pour 70% des entreprises128. De même
le taux d`échec des plans de redressement reste très élevé au Maroc de presque 70%129 d`où
la nécessité d`apporter des réformes.

Alors la réforme est venue avec la nouvelle loi 73-17 modifiant et remplaçant le livre V
du code de commerce, cette réforme touche les différentes procédures et dont celle de
redressement judiciaire que nous avons bien détaillé dans ce rapport.

Quoi de plus concret de l’avènement de la crise sanitaire de l’année 2020, inopinée et


ravageuse, avec toutes ses séquelles qui s’avèrent difficiles à remédier, a agonisé d’avantage le
corps malade des entreprises en difficultés.

La crise sanitaire a brutalement frappé l’homme dans sa santé, l’entreprise dans son

128
« Taux de survie des entreprises après homologation de leurs plans de redressement ». Etude publiée par
« Coface Services-Observatoire des Entreprises » n°7 en Août 2013.
129
Rapport en 2015 de l’USAID sur le traitement des difficultés de l’entreprise sur le site www.lavieeco.com
58
activité et les salariés dans leurs emplois130.

La conjoncture de la crise a mis en épreuve l’efficacité des mesures apportées par la


dernière réforme du livre V, une appréciation prématurée de cette réforme, puisqu’elle ne date
que de près de 2 ans, a révélé certaines imperfections auxquelles une intervention des pouvoirs
public s’avère nécessaire afin de sauver le tissu économique, de ce fait toujours la réforme est
est nécessaire.

130
A. EL HAJJAMI, le droit des entreprises en difficulté à l’épreuve du covid-19
59
Références bibliographiques

Ouvrages et manuels spécialisés.


 Didier R. MARTIN « Droit des affaires, Tome2 »1e édition ,2019
 Philippe Pétel « Procédures collectives »8e édition ,2014
 Marie-Laure Coquelet, entreprise en difficulté/ instruments de paiements et de
crédit, Dalloz, 6éme édition
 Abdeljalil EL HAMMOUMI « Droit des difficultés de l’entreprise »3e édition,2008
 My Mohamed Lahbib RHALIB -Zakaria Bouaabid« L'essentiel du droit des
entreprises en difficulté. Droit et pratique a jour de la loi 73-17 »
 Moulay Mohamed Lahbib Rhalib, « Entreprises en difficultés, quels sont vos droits ?
 Georges Ripert, René Roblot , Traité de droit commercial Tome II Librairie générale
de droit et de jurisprudence, 1986
 M.JEANTIN et P.LECANNU, droit commercial, instruments de paiement et de crédit,
entreprises en difficultés.
 Dominique VIDAL « Droit des Procédures collectives »

Ouvrages en arabe.
‫للدكتور عالل‬-2018 1998 ‫ سنة من القضاء التجاري‬20 ‫ التعليق على قانون مساطر صعوبات المقاولة على ضوء‬
‫فالي‬
2019،‫ «الجزء األول‬73-17 ‫محمد كرام »مساطر صعوبة المقاولة في التشريع المغربي في ضوء القانون رقم‬. ‫ د‬
« 73-17 ‫ محمد اطويف » المختصر في مساطر صعوبة المقاولة على ضوء القانون رقم‬.‫ د‬
Thèses et mémoires.
 Saida bachlouch « La prévention et le règlement amiable des difficultés
des entreprises en droit comparé franco-marocain » Thèse doctorale,
Université Pari Est, Faculté de droit. Le 01 octobre 2012
 Squali Abdelaziz « la faillite et le redressement judiciaire des
entreprises en difficultés en droit Marocain » Université Paris,
 Sébastien THIEBAUT, Qui dirige l’entreprise en période d’observation ? Mémoire
réalisé en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies en droit des
affaires de l’Université Robert Schuman de Strasbourg- Année universitaire.

Articles.
 Professeur Ahmed EL HAJJAMI, le droit des entreprises en difficulté à l’épreuve du
COVID 19- Mémento Covid19 UM5.
 Ahlam BOUTAYBI « La nouvelle loi 73-17 sur la prévention des difficultés de
l'entreprise : Un pari pour un juste équilibre »

60
 Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, Manuel théorique et
pratique à l’usage des juges commissaires.
 J. F RENUCCI, « le parquet et les faillites », rev. Science crim ; avr-juin 1990
 A. SLIMANI, revue marocaine du droit des affaires et de l’entreprise, nur7, janvier 2005
 J. Beaume et M. Fayen, « le nouveau rôle du MP » rapport de l’association
Française du droit pénal de l’entreprise, LYON, 26-28 ; economica
 3‫ العدد‬2019 ‫المجلة اإللكترونية لألبحاث القانونية‬

Textes de lois.
 Dahir n° 1-18-26 du 2 shaaban 1439 (19 avril 2018) portant promulgation de la loi
n° 73-17 modifiant et remplaçant le livre V de la loi n° 15.95 formant code de
commerce relatif aux difficultés de l’entreprise.
 Dahir portant loi n° 1-74-447 (11 ramadan 1394) approuvant le texte du Code de
procédure civile
 Dahir nº 194-63-1 du 28 juin 1963, modifié par le Dahir n° 86-97-1 du 2 avril 1997
relative à l'instauration des chambres consulaires de l'artisanat.

Jurisprudence.
 Cour suprême de (Rabat) Arrêt n° :1328 du 23/10/2002, Dossier n°304/3/2/01 et
201/3/1/02.
 Arrêt n°784 rendu le 12/07/2006 par la Chambre commerciale de la cour de
cassation dans le dossier n° 487/3/2/2003.
 Arrêt n°701 rendu le 06/05/2000 par la Chambre commerciale de la cour de
cassation dans le dossier n° 1243/3/3/ 2006.
 Arrêt n°181 rendu le 04/ 02/ 2010 par la Chambre commerciale de la cour de
cassation dans le dossier n°1006/3/1/ 2008.
 Un arrêt de la cour suprême n°187/1 du 16/04/2008.
 Un arrêt de la cour de cassation n°58 en date du 18.01.2006, dossier190/3/1/2004.
 Un arrêt de la cour de cassation n°360/1 en date du 20/07/2017.
 Un arrêt de la cour de cassation n°746 du 22/05/2002.
 Un arrêt la cour de cassation n°1052 du 18 septembre 2007.

Sites web.
 https://jurisprudence.ma
 https://artemis.ma
 www.maroclaw.com
 www.lavieeco.com
 www.courdecassation.fr
 http://www.jurisprudencemaroc.com
 https://www.etudier.com/
61
Table des matières
Introduction générale ............................................................................................................................ 1
Chapitre 1 : Le déclenchement et les organes de la procédure de redressement judicaire ............ 6
Section 1 : L’ouverture de la procédure .......................................................................................... 6
Sous-section 1 : domaine de la procédure.................................................................................... 6
Paragraphe 1 : les personnes justiciables ............................................................................... 7
A. Généralités ..................................................................................................................... 7
B. Précisions ........................................................................................................................ 8
Paragraphe 2 : les critères d'assujettissements ...................................................................... 8
A. Evolution du critère ....................................................................................................... 8
B. Compréhension du critère .......................................................................................... 10
Sous-section 2 : Intervention judicaire ...................................................................................... 11
Paragraphe 1 : Aspects procéduraux ..................................................................................... 11
A- La compétence du tribunal ..................................................................................... 12
B- La saisine du tribunal .............................................................................................. 12
Paragraphe 2 : Aspects substantiels ....................................................................................... 13
A. Le jugement d’ouverture ............................................................................................ 14
B. La publicité du jugement ............................................................................................ 15
Section 2 : Les organes de la procédure ........................................................................................ 15
Sous-section 1 : Les autorités judiciaires ................................................................................... 15
Paragraphe 1 : le juge commissaire ....................................................................................... 16
A. La désignation du juge-commissaire.......................................................................... 16
B. Les attributions du juge-commissaire........................................................................ 19
Paragraphe 2 : Le syndic ........................................................................................................... 20
A. Le syndic comme le maitre d’œuvre de la procédure de redressement .................. 21
B. Le syndic comme le représentant des créanciers ...................................................... 22
Sous-section 2 : Le ministère public et le comité des créanciers ............................................. 23
Paragraphe 1 : Le ministère public........................................................................................ 23
A - La communication obligatoire...................................................................................... 24
B - la communication judiciaire ......................................................................................... 28
Paragraphe 2 : Le comité des créanciers ............................................................................... 28
A. Organisation................................................................................................................. 29
B. Délibération .................................................................................................................. 30
62
Chapitre 2 : Le déroulement et la clôture de la procédure de redressement judicaire ................. 32
Section 1 : préparation de la solution ............................................................................................ 33
Sous-section 1 : le jugement d’ouverture et ses effets .............................................................. 33
Paragraphe 1 : Prononcé du jugement .................................................................................. 33
A. Auditions préalables au jugement : ........................................................................... 33
B. Le jugement : ............................................................................................................... 33
C. L’exercice des voies de recours contre le jugement : ................................................ 33
D. Publicité et notification du jugement ........................................................................ 34
Paragraphe 2 : Les effets du jugement d’ouverture ............................................................. 35
A. La période d’observation : .......................................................................................... 35
B. L’arrêt des poursuites ................................................................................................. 36
C. Le maintien des contrats en cours .............................................................................. 36
Sous-section 2 : préparation du plan ......................................................................................... 39
Paragraphe 1 : Les offres de maintien de l’entreprise débitrice et la reconstitution et
augmentation de capital .......................................................................................................... 40
A. Les offres de maintien de l’entreprise débitrice........................................................ 40
B. la reconstitution et augmentation de capital ............................................................. 41
Paragraphe 2 : Le règlement des dettes et délai d’établissement du rapport du syndic : 41
A. Le règlement des dettes (Art. 601/C. Com) ............................................................... 42
B. Délai d’établissement du rapport du syndic.............................................................. 44
C. Consultation du chef de l'entreprise et du contrôleur ............................................. 44
Section 2 : Le choix de la solution .................................................................................................. 45
Sous Section1 : la décision de continuation ............................................................................... 45
Paragraphe 1 : Les mesures de redressement ....................................................................... 46
A. Les mesures de gestion ................................................................................................ 46
B. Les mesures statutaires ............................................................................................... 47
C. Les mesures diverses ................................................................................................... 48
Paragraphe 2 : Les mesures d’apurement............................................................................. 48
A. L’apurement du passif :............................................................................................... 49
B. L’éviction des dirigeants : ........................................................................................... 50
C. La suspension de l’interdiction d’émettre des chèques ............................................ 50
D. L’inaliénabilité de certains biens ................................................................................ 51
Sous-section 2 : La modification ou la résolution du plan ....................................................... 51

63
Paragraphe 1 : La modification du plan. .............................................................................. 51
Paragraphe 2 : La résolution du plan. ................................................................................... 52
Sous-section 3 : La cession de l’entreprise ................................................................................ 53
Paragraphe 1 : La réalisation de la cession ........................................................................... 53
A. Ensembles cohérents ................................................................................................... 53
B. Actes et contrats........................................................................................................... 54
Paragraphe 2 : Les effets de la cession .................................................................................. 55
A. La situation du cessionnaire ....................................................................................... 55
B. La situation des créanciers ......................................................................................... 56
Conclusion générale ............................................................................................................................ 58

64

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