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CENTRE AFRICAIN D’ETUDES SUPERIEURES EN GESTION

Droit des Entreprises en Difficulté (OHADA)


Plan du Cours

Chapitre 1 : Les différentes étapes de prévention des difficultés des entreprises


Section1: La conciliation
§1- Définition et champ d’application
§2- Déroulement et issue de la conciliation

Section 2 : Le Règlement préventif


§1- L’objectif du Règlement préventif
§2- L’organisation de la procédure

Chapitre 2: Les différentes étapes de traitement des difficultés des entreprises :


redressement judiciaire ou liquidation des biens

Section 1: Les conditions d’ouverture du redressement judiciaire


§1- Les conditions de fond
A)-Les personnes soumises aux procédures collectives
B)- La cessation des paiements
§2: L’organisation de la procédure
1- La saisine de la juridiction compétente
2- La proposition de concordat
3- Le redressement judiciaire
4- La liquidation des biens
5- Les organes de contrôle et de suivi des procédures collectives
Section 2 : Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation de biens
§1: Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation de biens sur le
débiteur
§2: Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation de biens sur le créancier
§3: Les sanctions du redressement judiciaire et de la liquidation des biens
A)- Les sanctions civiles
1- La faillite personnelle
2- La levée de la faillite personnelle : la réhabilitation
B)- Les sanctions pénales
1- La banqueroute
2- Les infractions assimilées à la banqueroute

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CENTRE AFRICAIN D’ETUDES SUPERIEURES EN GESTION

Droit des entreprises en difficulté


Introduction
Lorsqu’ une entreprise rencontre des problèmes pour payer ses dettes on la
qualifie d’ « entreprises en difficulté ». Cette expression est récente. Auparavant,
on utilisait l’expression d’entreprise soumise à une « procédure collective » ou
de façon plus cruelle, celle d’entreprise en « faillite ». Ce changement dans le
vocabulaire n’est pas neutre. Il traduit un changement d’attitude par rapport aux
difficultés rencontrées par les entreprises. En France tout comme dans l’espace
OHADA, jusqu’aux lois du 1er Mars 1984 et du 25 janvier 1985, quand un
commerçant ne pouvait pas payer ses dettes, on le soumettait à une procédure
organisée et collective de paiement du passif. Par ailleurs, on recherchait
souvent dans quelle mesure son comportement était responsable de la situation
de son entreprise. Le droit de la « faillite » était fortement marqué par un
caractère répressif.
Les causes à l’origine des difficultés des entreprises sont multiples. Elles
peuvent être juridiques ou non juridiques, accidentelles ou non accidentelles,
internes ou externes à l’entreprise. C’est pourquoi le législateur a modifié sa
conception de l’entreprise en difficulté en allégeant l’aspect répressif au profit
du sauvetage de l’entreprise et du maintien de l’emploi des salariés.
Tirant les enseignements des dysfonctionnements des textes antérieurs, le nouvel
Acte uniforme relatif aux procédures collectives vise à rendre plus efficace les
mécanismes de prévention (chapitre 1) et de traitement des difficultés des
entreprises (chapitre 2).

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Chapitre 1 : Les différentes étapes de prévention des difficultés des
entreprises

Les difficultés des entreprises peuvent survenir à des périodes différentes et dans
des circonstances diverses et variées. Pour certaines d’entre elles, un cas de
force majeure (incendie, inondation, guerre, Covid-19 etc.) peut être à l’origine
de leurs difficultés en dépit de la compétence de leurs dirigeants ou d’un choix
judicieux de politique commerciale. Pour d’autres, c’est l’incompétence des
dirigeants sociaux liée à leur incurie (négligence) et à leur incapacité à anticiper
sur les éventuels problèmes financiers et organisationnels que la société pourrait
être amenée à rencontrer qui compromettent sérieusement le fonctionnement
normal de la société.
Afin de prévenir les difficultés des entreprises, deux moyens essentiels sont
offerts par la loi : il s’agit de la conciliation et du règlement préventif (phase
préventive).

Section1 : La conciliation
Il convient de définir d’abord le concept de conciliation et de son champ
d’application ensuite du déroulement et issue de la conciliation.
§1- Définition et champ d’application
La conciliation, selon l’article 2 de l’Acte Uniforme Relatif aux procédures
collectives et d’Apurement du passif (Nouvel Acte uniforme entré en vigueur le
24 Décembre 2015), est une procédure préventive, consensuelle et
confidentielle, destinée à éviter la cessation des paiements de l’entreprise
débitrice afin d’effectuer, en tout ou partie, sa restructuration financière ou
opérationnelle pour la sauvegarder. Cette restructuration s’effectue par le
biais de négociations privées et de la conclusion d’un accord de conciliation
négocié entre le débiteur et ses créanciers ou, au moins ses principaux
créanciers, grâce à l’appui d’un tiers neutre, impartial et indépendant dit
conciliateur.

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De cette définition large, on peut retenir de façon très simple que la conciliation
est une procédure ordonnée par le président du tribunal de grande instance
ou de commerce sur demande d’une entreprise qui éprouve des difficultés et
qui, aidée par un conciliateur, désire rechercher un accord avec ses
créanciers. Elle ne doit pas être confondue avec le règlement préventif qui est
une procédure collective préventive destinée à éviter la cessation des
paiements de l’entreprise débitrice et à permettre l’apurement de son passif
au moyen d’un concordat préventif. Cependant, il faut retenir que les deux
procédures appartiennent à la phase préventive.
La procédure de conciliation, tout comme les autres procédures telles que le
règlement préventif, redressement judiciaire et liquidation des biens, et selon
l’art 1-1 de l’AURPCAP, est applicable à toute personne physique exerçant une
activité professionnelle indépendante (exemples : un agent commercial, un
médecin), civile, commerciale, artisanale (exemples : un boulanger, un maçon)
ou agricole, à toute personne morale de droit privé (exemples : une société
civile, une association, une SARL, S.A) ainsi qu’à toute entreprise publique
ayant la forme d’une personne morale de droit privé.
Les procédures de conciliation, de règlement préventif, de redressement
judiciaire et de liquidation des biens sont applicables aux personnes morales de
droit privé qui exercent une activité soumise à un régime lorsqu’il n’en est pas
disposé autrement dans la règlementation spécifique régissant ladite activité. Les
activités soumises à un régime particulier au sens de l’acte uniforme et des
textes les régissant sont, notamment, celles des établissements de crédit au sens
de la loi bancaire, des établissements de microfinance et des acteurs des marchés
financiers ainsi que celles des sociétés d’assurance et de réassurance des Etats-
parties au Traité de l’OHADA.
Par ailleurs, les petites entreprises (effectif de salariés moins de 20 et chiffre
d’affaires moins de 50.000.000 F), telles que définies à l’article 1-3 ci-dessous,
peuvent demander à bénéficier d’une procédure simplifiée de règlement
préventif, de redressement judiciaire ou de liquidation des biens.

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Selon l’article 3-1, la juridiction territorialement compétente pour connaître de
toutes procédures visées par l’Acte uniforme est celle dans le ressort de
laquelle :
- le débiteur personne physique a son principal établissement sur le territoire
national ; ou
- le débiteur personne morale a son siège social sur le territoire national. Si le
principal établissement ou le siège social est à l’étranger, la procédure se déroule
devant la juridiction dans le ressort de laquelle se trouve le principal centre
d’exploitation du débiteur personne physique ou personne morale situé sur le
territoire national.

§2- L’ouverture de la conciliation (procédure)


La conciliation est ouverte aux personnes visées à l’article 1-1 précité, qui
connaissent des difficultés avérées (réalisées) ou prévisibles mais qui ne sont pas
encore en état de cessation des paiements.
Cette difficulté peut être juridique. Exemples : litiges entre associés, conflit avec
un tiers. La difficulté peut être économique. Exemples : la perte d’un client
important, rupture d’approvisionnement suite à un conflit affectant les moyens
de transport. Enfin la difficulté peut être financière. Exemples : la défaillance
d’un débiteur, rupture d’une ligne de crédit.
La conciliation a pour objectif de trouver un accord amiable avec les principaux
créanciers et cocontractants du débiteur, en vue de mettre fin à ses difficultés.
Toute personne qui a connaissance de la conciliation est tenue à la
confidentialité. La conciliation s’adresse à des entreprises qui sont viables du
point de vue économique. Elle présente trois caractéristiques majeures qui en
soulignent l’originalité.
D’abord la conciliation repose sur la mécanique contractuelle. Le débiteur et
ses principaux créanciers cherchent à résoudre leurs problèmes en s’appuyant
sur l’outil contractuel. Ensuite, la conciliation n’est pas une procédure
collective. En effet, tous les créanciers ne sont pas appelés à la conciliation.

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Seuls les principaux créanciers sont concernés. Enfin, la conciliation est un
mécanisme de prévention. En l’utilisant, l’entreprise en difficulté cherche à
éviter le redressement ou la liquidation judiciaire.
La procédure proprement dite est décrite à l’article 5-2 de l’Acte uniforme
relatif aux procédures collectives.
Le président de la juridiction compétente est saisi par une requête du débiteur ou
par une requête conjointe de ce dernier avec un ou plusieurs de ses créanciers.
La demande est adressée au président du tribunal de commerce si le demandeur
est une entreprise commerciale. En revanche, la demande est adressée au
président du tribunal de grande instance si le demandeur est une personne
morale de droit privé ou un professionnel indépendant. Cette demande expose
les difficultés du débiteur ainsi que les moyens d’y faire face.
La requête ou demande est accompagnée des documents suivants, datant de
moins de trente (30) jours :
1- une attestation d’immatriculation, d’inscription ou de déclaration d’activité à
un registre ou à un ordre professionnel ou, à défaut, tout autre document de
nature à prouver la réalité de l’activité exercée par le débiteur ;
2- le cas échéant, les états financiers de synthèse comprenant le bilan, le compte
de résultat, un tableau des flux de trésorerie (TFT), les notes annexes, et en tout
état de cause, le montant du chiffre d’affaires et des bénéfices ou des pertes des
trois derniers exercices ;
3- un état de la trésorerie et un état chiffré des créances et des dettes avec
indication des dates d’échéance ;
4- un document indiquant le nombre de travailleurs déclarés et immatriculés à la
date de la demande ;
5- une attestation émanant du débiteur par laquelle il déclare sur l’honneur ne
pas être en état de cessation de paiements et précise, en outre, qu’il n’est pas
soumis à une procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire et de
liquidation des biens qui ne serait pas clôturée ;

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6- si le débiteur propose un conciliateur, un document indiquant les noms,
prénoms, qualités et domicile de la personne proposée et une attestation de cette
dernière indiquant ses compétences professionnelles ;
7- le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms et domicile des
créanciers qui se joignent à la demande du débiteur et le montant de leurs
créances et des éventuelles sûretés dont elles sont assorties.
Ces documents (au nombre de 7 ) sont datés, signés et certifiés conformes et
sincères par le requérant. Dans le cas où l’un des documents visés ci-dessus
ne peut être fourni ou ne peut l’être qu’incomplètement, la requête doit
contenir l’indication des motifs de cet empêchement.
La procédure de conciliation est ouverte par le président de la juridiction
compétente, statuant à huis clos pour une durée n’excédant pas 3 mois mais
qu’il peut, par une décision spécialement motivée, proroger d’un (1) mois au
plus à la demande du débiteur, après avis écrit du conciliateur. A l’expiration de
ces délais, la conciliation prend fin de plein droit et il ne peut être ouvert une
nouvelle procédure de conciliation avant expiration d’un délai de 3 mois.
La décision d’ouverture est prise par le président du tribunal. Celui-ci peut
rejeter la demande ou ouvrir la conciliation. Dans ce second cas, il nomme un
conciliateur.
La décision ouvrant la conciliation ou rejetant la demande d’ouverture ne fait
l’objet d’aucune publicité.
Le conciliateur doit avoir le plein exercice de ses droits civils, justifier de sa
compétence professionnelle et demeure indépendant et impartial vis-à-vis des
parties concernées par la conciliation. Il ne peut pas être une personne qui a reçu
récemment (au cours des 24 mois précédents) une rémunération ou un
paiement de la part de l’entreprise en difficulté ou de l’un de ses créanciers. La
loi cherche à éviter les conflits d’intérêts.
Le conciliateur rend compte régulièrement, au président de la juridiction
compétente, de l’état d’avancement de sa mission et formule toutes observations
utiles (art 5-6 AURPC). S’il a connaissance de la cessation de paiement du

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débiteur, il en informe sans délai le président de la juridiction compétente et ce
dernier peut mettre fin sans délai à la conciliation en cas de survenance de la
cessation des paiements. Le président de la juridiction compétente met fin à la
mission du conciliateur après avoir entendu le débiteur et le conciliateur.
En cas d’impossibilité de parvenir à un accord, le conciliateur présente sans
délai un rapport écrit au président de la juridiction. Ce dernier met fin à la
mission de conciliation et une procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire est ouverte.
Récapitulatif
Requête du dirigeant au président du tribunal

Ouverture de la procédure de conciliation :


 Nomination d’un conciliateur
 Recherche d’un accord avec les principaux partenaires

Requête conjointe des parties


Le président du tribunal
constate l’accord et lui donne
force exécutoire

Demande du débiteur
Le tribunal homologue l’accord :
 L’homologation est prévue à titre facultatif
 Elle est soumise à des conditions
 Avantage : sécuriser l’accord
 Inconvénient : pas de publicité car la publicité du
jugement attire l’attention sur les difficultés de
l’entreprise.

Section 2 : Le règlement préventif


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Il sera question de l’objectif du règlement (§1), suivi de l’organisation de la
procédure (§2).
§1-l’objectif du règlement préventif
Le règlement préventif concerne les entreprises qui connaissent des difficultés
financières mais dont la situation économique n’est pas irrémédiablement
compromise. Le débiteur use de cette procédure en vue de bénéficier de la
suspension des poursuites individuelles c’est-à-dire, si sa demande est acceptée,
du droit de différer momentanément le paiement de ses dettes.
Le règlement préventif va ainsi permettre d’éviter la cessation des paiements au
moyen d’un concordat préventif.
Le règlement préventif est une procédure collective destinée à éviter la
cessation des paiements ou la cessation d’activité de l’entreprise et à
permettre l’apurement du passif au moyen d’un concordat préventif.
§2- L’Organisation de la procédure
Schématiquement le règlement préventif est déclenché par le débiteur qui est
tenu de produire les pièces exigées par l’AUPCAP. Il devra, au plus tard, dans
les 30 jours, produire un projet de concordat préventif. Un expert est désigné
pour établir un rapport dans les deux mois au cours desquels toute poursuite
est suspendue. Après quoi, la juridiction compétente se prononce sur
l’homologation du concordat proposé.
L’importance d’une telle procédure mérite qu’une attention particulière lui soit
accordée dans le détail. A cet égard, deux phases essentielles doivent être
distinguées : celle antérieure au règlement préventif et celle qui consacre
l’homologation du concordat.

A- La phase préparatoire au règlement préventif


Cette phase est marquée par :
- L’introduction de la demande de règlement préventif, la proposition du
concordat amiable
- La décision de suspension des poursuites et la désignation de l’expert.

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1- La requête introductive du règlement préventif
L’initiative du règlement préventif appartient au débiteur. Il introduit auprès du
Président de la juridiction compétente une requête aux fins de solliciter un
règlement préventif. Il lui expose la situation économique et financière de la
société, présente le plan de redressement de l’entreprise et indique les créances
pour lesquelles il demande la suspension des poursuites individuelles. Afin
d’éviter les abus, l’Acte Uniforme prévoit qu’aucune requête en règlement
préventif ne peut être présentée par le débiteur avant l’expiration d’un délai de 3
ans suivant une précédente requête ayant abouti à une décision de règlement
préventif. Au cas où le règlement préventif n’aboutit pas, il faut un délai de 18
mois pour pouvoir formuler une autre demande de règlement préventif (art 6).
Simultanément à sa requête, le débiteur devra produire un ensemble de pièces
énumérées à l’article 6 de l’AUPAP. Il s’agit des pièces suivantes :
 un extrait d’immatriculation au RCCM qui permettra de vérifier la
régularité de la situation juridique et administrative du requérant ;
 les états financiers de synthèse comprenant notamment le bilan, le compte
de résultat, un tableau des flux de trésorerie (TFT) ;
 un état de la trésorerie ;
 l’état chiffré des créances et des dettes avec indication du nom et du
domicile des créanciers et des débiteurs ;
 l’état détaillé, actif et passif, des sûretés personnelles et réelles données ou
reçues par l’entreprise et ses dirigeants ;
 l’inventaire des biens du débiteur avec indication des biens mobiliers
soumis à revendication par leurs propriétaires et de ceux affectés d’une
clause de réserve de propriété ;
 le nombre de travailleurs et le montant des salaires et des charges
salariales ;
 le montant du chiffre d’affaires et des bénéfices imposés des trois
dernières années ;

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 le nom et l’adresse des représentants du personnel ;
 la liste des membres solidairement responsables de la société avec
indication de leurs nom et domicile ainsi que les noms et adresse de ses
dirigeants.
Tous ces documents doivent être datés, signés et certifiés conformes et
sincères par le requérant. De plus, ils doivent être accompagnés d’une
proposition concordataire.

2-La proposition de concordat préventif


L’article 7 de l’AUPAP prescrit l’obligation pour le requérant d’accompagner la
demande de règlement préventif d’une proposition de concordat préventif. Pour
le dépôt de cette offre de concordat, un délai maximum de trente (30) jours lui
est accordé sous peine d’irrecevabilité de sa requête. Cette proposition devra
préciser les mesures et conditions envisagées pour le redressement de la société
en difficulté en l’occurrence :
les modalités de continuation de l’entreprise telles que la demande de délais et
de remises, la cession partielle d’actifs avec indication précise des biens à
céder ; la cession ou la location-gérance d’une branche d’activités formant un
fonds de commerce, la cession ou la location-gérance de la totalité de
l’entreprise sans que ces mesures soient limitatives et exclusives les unes des
autres ;
les personnes tenues d’exécuter le concordat et l’ensemble des engagements
souscrits par elles et nécessaires au redressement de l’entreprise ; les modalités
du maintien et du financement de l’entreprise, du règlement du passif, ainsi que,
s’il y a lieu les garanties fournies pour en assurer l’exécution ; les licenciements
pour motif économique qui doivent intervenir dans les conditions prévues par
les dispositions du droit du travail ; le remplacement des dirigeants.
Les mesures énumérées ci-dessus sont des préalables à une décision importante
que le juge sera amené à prendre : la suspension des poursuites individuelles
3- La décision de suspension des poursuites individuelles

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La suspension provisoire des poursuites résulte d’une décision judiciaire qui
suspend les poursuites individuelles tendant à obtenir le paiement des
créances désignées par le débiteur dans sa requête et qui doivent
nécessairement trouver leur origine dans la période antérieure à ladite
décision. Le contenu de l’article 8 de l’AURPCAP situe, avec précision, la
période dans laquelle intervient la suspension provisoire des poursuites : « dès
le dépôt de la proposition de concordat préventif, celle-ci est transmise, sans
délai, au Président de la juridiction compétente qui rend une décision de
suspension des poursuites individuelles et désigne un expert pour lui faire un
rapport sur la situation économique et financière de l’entreprise, les
perspectives de redressement compte tenu des délais et remises consentis ou
susceptibles de l’être par les créanciers et toutes autres mesures contenues
dans les propositions de concordat préventif (…) ».
La suspension ainsi obtenue s’applique à tous les créanciers chirographaires
et munis de privilèges généraux ou de sûretés réelles telles que notamment
un privilège mobilier spécial, un gage, un nantissement ou une hypothèque.
Elle ne concerne pas les actions tendant à la reconnaissance des droits ou des
créances contestées ni aux actions cambiaires dirigées contre les signataires
d’effets de commerce autres que le bénéficiaire de la suspension. Pendant la
suspension des poursuites, le débiteur ne doit faire aucun acte de disposition
étranger à l’exploitation normale de l’entreprise, ni payer en tout ou partie,
les créances nées antérieurement à la décision de suspension. De même, les
délais impartis aux créanciers, sous peine de forclusion, de déchéance, de
prescription ou de résolution de leurs droits sont suspendus. En revanche,
l’article 10 de l’AURPCAP précise que sauf remise par les créanciers, les
intérêts légaux ou conventionnels ainsi que les intérêts moratoires et les
majorations continuent à courir mais ne sont pas exigibles.
4- La désignation de l’expert

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Afin d’apprécier la situation économique et financière de l’entreprise, le
Président du Tribunal désigne un expert dont la mission est perçue sur trois
points essentiels:
il apprécie la situation du débiteur : à cet égard, il faudra retenir que le secret
professionnel ne saurait lui être opposable ; en effet, il peut obtenir
communication par le CAC, les comptables, les représentants du personnel, les
administrateurs de sécurité et de prévoyance sociales, les établissements
bancaires ou financiers ainsi que les services chargés de centraliser les risques
bancaires et les incidents de paiement, des renseignements de nature à lui donner
une idée exacte de la situation économique et financière du débiteur ;
il doit, conformément à l’article 11 de l’AURPCAP, signaler à la juridiction
compétente les manquements aux interdictions qui frappent le débiteur ;
il entend le débiteur et les créanciers afin de prêter utilement son concours à la
conclusion d’un accord sur les modalités de redressement de l’entreprise et
l’apurement de son passif.
L’expert ainsi désigné devra remplir les conditions prévues aux articles 4-1
et suivants de l’AURPCAP relatifs à la nomination et à la révocation des
mandataires judiciaires c’est-à-dire qu’il ne doit pas être un parent ni un
allié du débiteur jusqu’au quatrième degré.
Dans les trois mois de sa saisine au plus tard sauf autorisation judiciaire
motivée de proroger ce délai d’un mois, l’expert rédige un rapport sur la
situation économique et financière de l’entreprise contenant le concordat
préventif proposé par le débiteur ou conclu entre lui et ses créanciers. Ce rapport
est déposé au greffe de la juridiction compétente en double exemplaire. Un
exemplaire est transmis au ministère public par le greffier en chef. Avec
l’accomplissement de cette diligence s’achève la phase de préparation du
règlement préventif. La procédure de règlement préventif se poursuit par
l’homologation des propositions contenues dans le concordat préventif.

B- Le déroulement du règlement préventif

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Dès le dépôt du rapport sur la situation économique et financière de l’entreprise,
le Président saisit la juridiction compétente et convoque le débiteur pour y être
entendu en audience non publique. L’expert ayant rédigé le rapport et les
créanciers concernés devront également participer à l’audience. A compter de sa
saisine, la juridiction compétente dispose d’un délai maximal de trente jours
pour se prononcer.
Lors du prononcé de la décision de la juridiction compétente, deux situations
peuvent se présenter : la cessation des paiements ou l’acceptation des mesures
proposées pour le redressement de l’entreprise.
En cas de cessation des paiements, le Président prononce d’office et à tout
moment le redressement judiciaire ou la liquidation des biens.
Par contre, lorsque la situation du débiteur le permet, il rend une décision de
règlement préventif et homologue le concordat en constatant les délais et
remises consentis par les créanciers et en donnant acte au débiteur du plan de
redressement qu’il a proposé. L’homologation du concordat préventif suppose
la réunion d’un certain nombre de conditions :
- Les conditions de validité du concordat sont remplies ;
- Aucun motif tiré de l’intérêt collectif ou de l’ordre public ne paraît de
nature à empêcher le concordat ;
- Le concordat offre des possibilités sérieuses de redressement de
l’entreprise, de règlement du passif et des garanties suffisantes
d’exécution ;
- Les délais consentis n’excèdent pas trois ans pour l’ensemble des
créanciers et un an pour les créanciers de salaires.
Enfin, lorsque la juridiction compétente estime que la situation du débiteur
ne relève d’aucune procédure collective ou si elle rejette le concordat
préventif proposé par le débiteur, elle annule la suspension des poursuites,
ce qui remet les parties dans la situation antérieure. La décision de justice
homologuant le concordat est publiée sous le contrôle de l’expert dans les

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journaux d’annonces légales, au RCCM et au journal officiel (conformément
aux dispositions des articles 36 et 37 de l’AURPCAP) et met fin à sa mission.
Mais il est loisible à la juridiction compétente de désigner un syndic et des
contrôleurs pour surveiller l’exécution du concordat préventif dans les mêmes
conditions que celles prévues pour le concordat de redressement judiciaire. Elle
pourra également commettre un juge commissaire à qui le syndic devra rendre
compte de l’évolution de l’entreprise tous les trois mois.

C- Les effets du règlement préventif

Une fois homologué, le concordat préventif est obligatoire et s’impose à tous les
créanciers antérieurs dans les mêmes conditions de délais et remises qu’ils ont
consenties au débiteur. Il en est de même à l’égard des cautions qui ont acquitté
des dettes du débiteur nées antérieurement à la décision d’homologation. Les
cautions et coobligés (le fait d’être tenu avec d’autres : une dette conjointe ou
solidaire) du débiteur peuvent se prévaloir des délais et remises du concordat
préventif. La prescription demeure suspendue à l’égard des créanciers et le
débiteur recouvre la pleine liberté d’administration et de disposition de ses
biens. Sur demande du débiteur ou sur rapport du syndic, la juridiction
compétente peut décider toute modification de nature à abréger ou à favoriser
l’exécution du concordat. L’article 22 de l’AURPCAP prévoit que la décision
de suspension des poursuites individuelles n’est susceptible d’aucune voie de
recours.

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Chapitre 2 : Les différentes étapes de traitement des difficultés des
entreprises : le redressement judiciaire ou la liquidation des biens

Le redressement judiciaire et la liquidation des biens constituent la phase


définitive des difficultés de l’entreprise et son entame suppose l’échec du
processus de prévention.
Le redressement judiciaire est une procédure destinée à la sauvegarde de
l’entreprise si sa situation le permet et à l’apurement de son passif au
moyen d’un concordat de redressement. La liquidation des biens a pour objet
la réalisation de l’actif du débiteur dont la situation ne permet plus d’espérer un
redressement pour apurer son passif.
L’OHADA a qualifié le redressement judiciaire et la liquidation des biens de
procédures collectives d’apurement du passif en instituant les procédures
collectives d’apurement du passif, l’OHADA a visé deux objectifs essentiels:
 organiser la prévention des difficultés des entreprises et permettre un
règlement amiable de ces difficultés ;
 privilégier la sauvegarde des entreprises dont la viabilité n’est pas
contestée et maintenir l’emploi.
Le caractère subtil des procédures collectives d’apurement du passif a imposé
leur soumission à des conditions bien déterminées afin que les conséquences
qu’elles sont amenées à produire puissent converger vers la réalisation des
objectifs visés.
Par ailleurs, lorsqu’une seule procédure est ouverte dans l’espace OHADA, il
ressort des articles 248 à 256 que l’autorité de la chose jugée est reconnue de
plein droit sur le territoire des Etats-parties aux décisions rendues dans le cadre
des procédures collectives dans l’un quelconque des Etats. En cas de pluralité de
procédures, deux situations sont envisageables : d’abord une seule procédure
principale est ouverte dans l’Etat-partie où l’entreprise a son principal

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établissement ; ensuite une procédure secondaire peut être ouverte dans chaque
Etat-partie.
Section 1- Les conditions d’ouverture du redressement judiciaire
Les conditions d’ouverture du redressement judiciaire peuvent être classées en
deux catégories selon qu’elles portent sur des considérations de fond ou qu’elles
concernent des questions de forme ou de procédure.

§1- Le déclenchement des procédures

Parmi les conditions de fond de l’ancien droit français de la faillite, applicable


dans les Etats-parties de l’OHADA avant l’émergence de l’AUPCAP figuraient
deux éléments fondamentaux : la qualité de commerçant et la cessation des
paiements. Si la première condition est en train d’être abandonnée, la deuxième
demeure nécessaire à l’ouverture de la procédure de règlement judiciaire et de
liquidation des biens.
Il y a les conditions de fond et les conditions de forme
A- Les conditions de fond
1- Les personnes susceptibles d’être soumises au redressement ou à la
liquidation judiciaire.
Le droit OHADA soumet aux procédures collectives :
- D’une part les personnes physiques commerçantes c’est-à-dire celles qui
accomplissent des actes de commerce et en font leur profession habituelle
(achats pour revendre, opérations de courtage, de banque etc…). L’acte
Uniforme prévoit aussi la possibilité d’ouvrir une procédure contre un
commerçant décédé en état de cessation de paiements. La juridiction compétente
peut se saisir d’office ou être saisie sur déclaration d’un héritier ou par
assignation d’un créancier dans le délai d’un an à compter du décès (art 3o
AURPC).
- D’autre part les personnes morales de droit privé, commerçantes ou non ; les
sociétés commerciales par la forme ou par leur objet (SNC, S.A, SARL….), les

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personnes morales de droit privé non commerçantes telles que les coopératives,
les associations etc…. (Article 2 alinéa 4 AURPCAP).
2-La situation financière : la cessation des paiements
a- Définition
La cessation des paiements est définie par l’article 25 de l’AURPCAP comme
la situation d’un débiteur qui se trouve dans l’impossibilité de « faire face à son
passif exigible avec son actif disponible ». L’actif disponible correspond aux
sommes dont l’entreprise peut immédiatement disposer. Il comprend :
- Les liquidités existant en caisse et en banque ;
- Les valeurs réalisables susceptibles d’une conversion immédiate
(valeurs mobilières par exemple).
- Les réserves de crédit dont bénéficie l’entreprise (exemple : apport en
compte courant d’un associé).
Le passif ou la dette doit être certaine, liquide, exigible. Dette certaine signifie
qu’elle n’est pas contestée, indubitable, qui n’a aucun doute.
Dette liquide signifie déterminée dans son montant, qui n’est grevée
d’aucune charge.
Dette exigible qui peut être exigée, payable ou arrivée à échéance.
En règle générale, la cessation des paiements se manifeste par un arrêt matériel
des paiements c’est-à-dire une crise de trésorerie. Mais le non-paiement d’une
seule dette ne suffit pas pour constituer l’état de cessation des paiements du
débiteur. Il faut qu’il se trouve dans une situation irrémédiablement
compromise. Ainsi, la seule lecture du passif du bilan ne peut suffire à
caractériser l’état de cessation de paiement. Exemple : un débiteur qui ne peut
honorer sa dette d’un montant de 10.000.000 FCFA, mais qui possède par
ailleurs une créance de 20.000.000 FCFA sur un client à une échéance très
proche ne sera en principe pas considéré comme étant dans une situation
irrémédiablement compromise. Il peut toutefois être déclaré en état de cessation
de paiement si durant cette période, d’autres dettes, dont le montant total est
nettement supérieur à sa créance de 20.000.000 FCFA, arrivent à terme.

18
Il ne faut donc pas se limiter à la constatation matérielle de l’arrêt des
paiements, mais rechercher si le débiteur se trouve dans un moment de gêne
accidentelle et momentanée, ou au contraire, s’il ne peut réellement pas faire
face à ses difficultés.
En définitive, l’appréciation de la cessation des paiements procède d’un examen
comptable consistant à comparer les dettes exigibles à court terme et les
valeurs disponibles et réalisables à court terme. En matière de procédures
collectives d’apurement du passif, la date de la cessation des paiements revêt
une importance particulière puisqu’elle permet de déterminer le point de départ
et la durée de ce qu’on appelle « la période suspecte »
b- Détermination de la période suspecte
La période suspecte s’étend de la date de cessation des paiements jusqu’au
jugement qui ouvre la procédure collective. Pendant cette période, pèse sur
les actes accomplis par le débiteur un soupçon de fraude. La loi présume que les
actes accomplis par le débiteur (constitution de sûreté, dons etc..) pendant ce
temps, constituent une fraude aux droits des créanciers. La remise en cause des
actes de la période suspecte est motivée par la volonté de combattre les actes par
lesquels le débiteur, face à ses difficultés financières, organise ou accroît
frauduleusement son insolvabilité, et de rétablir l’égalité entre les créanciers ou
de privilégier les créanciers au détriment des bénéficiaires de libéralités.
Dans certains cas, la juridiction compétente est tenue de prononcer
l’inopposabilité des actes dès lors qu’ils ont été accomplis pendant la période
suspecte ; ce sont des hypothèses d’inopposabilité de droit (art 68 de l’AU).
Par exemple : les actes à titre gratuit translatifs de propriété mobilière ou
immobilière, le paiement des dettes non échues sauf s’il s’agit du paiement
d’un effet de commerce etc…En règle générale, les actes frappés
d’inopposabilité de plein droit ne présentent aucune utilité pour le débiteur
(telles les donations) ou confèrent à certains créanciers un avantage excessif (par
exemple le paiement de dettes non échues…).

19
Dans d’autres cas, la juridiction compétente dispose d’un pouvoir
d’appréciation ; il s’agit des cas d’inopposabilités facultatives (art 69 de
l’AU). Pour ces cas d’inopposabilités, la connaissance de la cessation des
paiements du débiteur de la part de ceux qui ont traité avec lui depuis la date de
cette cessation est une condition d’inopposabilité. De plus, l’acte doit avoir
causé un préjudice à la masse des créanciers. Les actes entrant dans cette
catégorie sont : les actes à titre gratuit translatifs de propriété mobilière ou
immobilière dans les 6 mois précédant la période suspecte, les actes à titre
onéreux si au moment de leur conclusion ceux qui ont traité avec le débiteur ont
eu connaissance de la cessation des paiements, les inscriptions de sûretés réelles
consenties pour des dettes concomitantes lorsque le bénéficiaire a eu
connaissance de la cessation des paiements du débiteur.
B- Les conditions de forme : une décision judiciaire
1-La condition sine qua non du déclenchement des procédures collectives est
le prononcé du jugement d’ouverture de la procédure par la juridiction
compétente. La compétence de cette juridiction doit s’apprécier :
- Au regard de l’attribution des matières dont connaît une juridiction :
l’article 3 retient à cet égard la compétence de la juridiction en matière
commerciale ;
- D’autre part au plan de la territorialité : il s’agit de déterminer sur un
territoire donné, quel tribunal compétent en matière commerciale va
connaître de l’affaire. En réponse à cette question l’article 4 de l’AU
prévoit la compétence de la juridiction dans le ressort de laquelle le
débiteur a son principal établissement ou s’il s’agit d’une personne
morale, son siège, ou à défaut de siège sur le territoire National, son
principal établissement.
La juridiction compétente peut se saisir d’office si elle a connaissance des
difficultés du débiteur, mais le plus souvent elle est saisie :
- soit par déclaration du débiteur qui dépose son bilan dans les trente (30)
jours.

20
- soit par les créanciers impayés.
Quel que soit le mode de saisine de la juridiction compétente, si elle constate la
cessation de paiement du débiteur, elle prononce selon les cas le redressement
judiciaire ou la liquidation des biens (article 33 AU).
§2- Les effets de l’ouverture de la procédure
A- Les effets généraux
1-Sur les créanciers
A l’ouverture de la procédure, tous les créanciers chirographaires, et titulaires de
garanties) sont paralysés par la suspension provisoire des poursuites
individuelles. Aucun créancier ne peut réclamer individuellement le règlement
de sa créance. La procédure est justement qualifiée de collective dans la mesure
où les créanciers ne peuvent plus réclamer séparément le règlement de leurs
créances ; ils sont réunis en « masse » pour exercer une poursuite collective.
Tous les créanciers antérieurs, qu’ils soient chirographaires ou titulaires de
privilèges généraux ou de sûretés réelles spéciales doivent produire leurs
créances auprès du syndic. Après cette production intervient la vérification des
créances. La vérification porte sur l’existence de la créance, mais aussi sur la
validité des éventuelles sûretés qui la garantissent.
Par ailleurs, selon l’Acte Uniforme, la décision d’ouverture de la procédure ne
rend pas exigibles les dettes non encore échues. Mais cet abandon de la règle de
déchéance du terme ou de l’exigibilité immédiate des dettes ne vaut qu’en cas de
redressement judiciaire.
2-l’organisation des procédures
Qu’il s’agisse du redressement judiciaire ou de la liquidation des biens, le
jugement rendu par la juridiction compétente désigne les organes du contrôle et
du suivi de la procédure.
a- Le syndic
Le jugement d’ouverture désigne un ou plusieurs syndics (le nombre maximum
étant fixé à trois) sur une liste de spécialistes (avocats, avoués, experts
comptables….) arrêtée généralement par la cour d’appel.

21
Le syndic assiste le débiteur en cas de redressement (c’est-à-dire que le
débiteur doit obtenir son accord et sa participation aux actes qu’il accomplit) et
le représente dans l’hypothèse de la liquidation des biens. Dans ce dernier
cas, le syndic assure sans collaboration du débiteur la marche quotidienne de la
procédure. Le syndic apparaît aussi comme le représentant de la masse des
créanciers. En cette qualité, il exerce des actions en justice notamment les
actions en responsabilité contre les tiers mais aussi, les actions en inopposabilité
fondées sur les règles de la période suspecte. L’objectif visé est de conserver et
au mieux d’accroître la consistance du patrimoine du débiteur. Dans l’hypothèse
d’une procédure de redressement, le syndic informe l’assemblée concordataire
de l’état du redressement, des résultats obtenus pendant la durée de la
continuation de l’activité.
b- Le juge commissaire
Il représente l’autorité judiciaire et ses décisions sont appelées des
ordonnances. Choisi parmi les membres du tribunal qui prononce l’ouverture
de la procédure collective, le juge commissaire, a des attributions importantes :
il veille au bon déroulement de la procédure et arbitre les différents intérêts en
présence ; il arrête l’état des créances, il autorise l’accomplissement de certains
actes graves par le syndic, il ordonne la répartition des deniers. A la fin des
opérations de liquidation, le juge commissaire établit un procès -verbal de la fin
des opérations. Ce procès -verbal est communiqué au tribunal qui prononce la
clôture de la liquidation.
c- L’assemblée des créanciers
L’assemblée des créanciers chargée de voter le concordat est composée des
créanciers dont les créances sont définitivement ou provisoirement admises (art.
122).
d- Les contrôleurs
Leur nombre varie de 1à 3 au maximum et sont choisis parmi les créanciers pour
assister le juge commissaire dans sa mission de surveillance du déroulement de
la procédure collective. Les contrôleurs sont chargés d’une mission de

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surveillance et de contrôle. Ils peuvent ainsi saisir le juge de toutes
contestations ; ils peuvent demander à être informés de l’état d’avancement de la
procédure, des actes accomplis par le syndic, des versements effectués sur le
compte spécialement ouvert pour la procédure collective.
B- Les effets propres à chaque procédure
1- Le redressement judiciaire
Le redressement judiciaire tend à la préservation de l’entreprise. Il permet au
débiteur de bénéficier d’un concordat de redressement qui a pour objectif non
seulement l’obtention des délais ou remises, mais également la mise en place
des mesures juridiques, techniques et financières susceptibles de permettre le
rétablissement des conditions de fonctionnement normal de l’entreprise. Pour
ces diverses raisons, l’activité du débiteur se poursuit. Mais le débiteur est
assisté par le syndic. Le débiteur continue d’accomplir les actes de gestion
courante et rend compte au syndic. En cas d’inaction des dirigeants de
l’entreprise, le syndic peut, avec l’autorisation du juge commissaire, accomplir
les actes nécessaires à la sauvegarde du patrimoine de l’entreprise : intenter une
action en justice, vendre les biens qui seraient soumis à une dépréciation
imminente.
a- La conclusion du concordat
Il a pour ambition de sauver l’entreprise, le concordat est un accord destiné à
faciliter le paiement des créances et le sauvetage de l’entreprise en
envisageant soit un règlement intégral et échelonné des créances, soit un
paiement immédiat mais partiel, ou même la combinaison de ces deux
procédés.
L’appréciation du caractère sérieux de la proposition de concordat intervient dès
le jugement d’ouverture. Le vote du concordat est précédé d’une publicité
auprès des créanciers (par des insertions dans un journal d’annonces légales) :
ceux qui sont titulaires d’une sûreté spéciale sont informés personnellement et
consultés. Les créanciers munis d’une sûreté réelle spéciale peuvent soit donner
leur accord aux propositions contenues dans le concordat, soit accorder des

23
remises et/ ou des délais différents. Mais le concordat qui comporte des délais
n’excédant pas deux ans peut leur être opposés s’ils ont consenti des délais
inférieurs (art. 134 al2 de l’AU).
Le concordat est voté s’il est accepté par la majorité en nombre des créanciers
(admis définitivement ou provisoirement) représentant la moitié au moins du
total des créances et la majorité en somme des créances (art 125 AU). Si ces
conditions sont réunies, la juridiction compétente qui a ouvert la procédure
prononce l’homologation.
Le concordat homologué s’impose à tous les créanciers antérieurs. Il met fin à la
procédure : le débiteur peut désormais administrer librement ses biens. Le
syndic après un compte rendu au juge commissaire arrête sa mission
d’assistance ; les créanciers recouvrent dans le respect des délais et remises
consentis, leur droit de poursuite individuelle.
b- La fin du concordat
Le concordat prend fin bien entendu du fait de sa complète exécution. Mais il
peut être remis en cause : soit annulé pour dol, soit résolu pour inexécution par
le débiteur de ses engagements concordataires. Le tribunal apprécie néanmoins
la gravité de l’inexécution alléguée et peut le cas échéant, accorder de nouveaux
délais de paiement qui ne peuvent toutefois excéder 6 mois ceux qui ont été
initialement consentis par les créanciers.
En cas d’annulation ou de résolution du concordat de redressement, la
juridiction convertit la procédure de redressement en liquidation des biens.

Chapitre 3 : La liquidation des biens


L’article 2 AUPCAP définit la liquidation des biens comme une procédure ayant
pour objet la réalisation de l’actif du débiteur pour apurer son passif. La
liquidation des biens consacre l’aboutissement des difficultés de l’entreprise par
l’apurement du passif à l’issue des opérations de réalisation de l’actif mobilier et
immobilier. Elle est prononcée dans trois cas suivants :
- lorsque le débiteur n’a pas proposé de concordat de redressement ;

24
- lorsqu’il a prévu un concordat de redressement non suivi d’homologation ;
- lorsque le concordat proposé est annulé ou résolu ;
- lorsque l’entreprise a cessé toute activité ou son redressement est
manifestement impossible ;
- après la mise en place du plan de redressement lorsque le débiteur n’exécute
pas ses engagements.
Section 1 : Champ d’application et procédure
La liquidation des biens, comme le redressement judiciaire, est applicable à
toute personne physique commerçante et à toute personne morale commerçante
ou non, y compris toute entreprise publique commerçante ou non ayant pris
l’une des formes consacrées par le législateur OHADA en état de cessation
des paiements (article 2 AUPC).
La procédure de liquidation des biens relève de la juridiction compétente
en matière commerciale dans le ressort de laquelle le débiteur a son
principal établissement ou siège social (articles 1 et 6 AUPC). La procédure de
liquidation des biens débute de la même manière que la procédure de
redressement judiciaire. La juridiction qui constate la cessation des
paiements doit, selon le cas, prononcer le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens. Elle prononcera la liquidation des biens s’il lui apparaît
que le débiteur n’a pas proposé de concordat sérieux permettant son
redressement et l’apurement de son passif (article 33 AUPC). La juridiction
compétente peut également prononcer la liquidation des biens à tout
moment au cours de la procédure de redressement judiciaire s’il s’avère
que le débiteur n’est pas ou n’est plus à même de proposer un concordat
sérieux (article 33 AUPC). Comme en cas de redressement judiciaire, le
jugement de liquidation détermine la date de cessation des paiements, qui
permet de définir la durée de la période suspecte (article 34 AUPC).
Les premières étapes de la procédure de liquidation sont semblables à celles
de la procédure de redressement judicaire. Ainsi, un juge-commissaire ainsi

25
qu’un maximum de trois syndics sont nommés (art 9 AUPC). Des contrôleurs
peuvent également être nommés (articles 25 et 48 AUPC).
Section 2 : Les effets
Pour le débiteur : une décision qui prononce la liquidation des biens d’une
personne morale emporte, de plein droit, dissolution de celle-ci et
dessaisissements pour le débiteur de l’administration et de la disposition de
ses biens (article 53 AUPC). Pour de tels actes, le débiteur est représenté par
le syndic (liquidateur).
En ce qui concerne les créanciers, comme en cas de redressement judiciaire, les
créanciers antérieurs au jugement d’ouverture sont regroupés dans une
masse ou une union représentée par le syndic, qui agit dans l’intérêt
collectif des créanciers (article 72 AUPC). Ils doivent produire leurs
créances auprès du syndic pour vérification (article 78 AUPC).
Toutefois, et contrairement à ce qui se passe en cas de redressement judiciaire,
les dettes non échues du débiteur deviennent immédiatement exigibles dès le
prononcé de la décision d’ouverture de la liquidation (article 76 AUPC), par
application d’un mécanisme de déchéance du terme lié à l’insolvabilité avérée
du débiteur.

§1 : La continuation de l’activité de la société


Le liquidateur conserve la faculté d’exiger l’exécution des contrats en
cours, dans l’intérêt du débiteur (article 108 AUPC). Tandis que la continuation
de l’activité du débiteur est un élément essentiel de la procédure de
redressement, en cas de liquidation des biens, la continuation de l’activité par
la juridiction compétente est seulement pour les besoins de la liquidation, à
condition que cette continuation ne mette pas en péril l’intérêt public ou
celui des créanciers (article 113 AUPC). L’activité pourra alors continuer
pendant une période transitoire de deux mois, qui peut être renouvelée, sans
pouvoir excéder une durée d’un an calculée à compter de la date du jugement

26
de liquidation des biens, sauf si des circonstances graves et exceptionnelles
justifient une durée plus longue (article 113 AUPC).

§ 2 : Liquidation des biens (la vente proprement dite)

Le syndic doit, dans le mois de son entrée en fonction, remettre au juge-


commissaire un état mentionnant l’actif disponible ou réalisable, le passif
chirographaire et le passif garanti par des sûretés, ainsi que l’éventuelle
responsabilité pécuniaire de ou des dirigeants du débiteur pour ce passif
(article 146 AUPC).
Le syndic se charge de la vente des marchandises et des meubles du
débiteur, du recouvrement des créances et du règlement des dettes de celui-
ci (Réalisation de l’actif). Les sommes perçues au titre des ventes et du
recouvrement des créances sont déposées sur un compte spécialement
ouvert à cet effet (article 147 AUPC).
Les immeubles du débiteur sont vendus aux enchères, suivant les formes
prescrites en matière de saisie immobilière, la mise à prix étant fixée par le
juge-commissaire (article 150 AUPC). Le juge-commissaire peut également,
s’il l’estime appropriée, autoriser la vente des biens de gré à gré (article 150
AUPC).
Si dans le délai de trois mois suivant la décision de liquidation des biens, le
syndic n’a pas initié la procédure de liquidation des immeubles, tout créancier
hypothécaire peut exercer ou reprendre son droit de poursuite individuelle, à
charge pour lui d’en rendre compte au syndic (article 150 AUPC). Le syndic
peut également décider de céder l’intégralité de l’actif du débiteur sous la forme
de la cession d’une activité ou d’éléments d’actifs formant une branche
d’activité comme en droit français (article 1. 622-18 du Code de commerce).
Dans ce cas, le syndic suscitera des offres d’acquisition, qui pourront être
formulées par toutes personnes autres que les dirigeants de la personne morale
en liquidation ou leurs parents et alliés proches (article 160 AUPC). Le syndic

27
choisit ensuite l’offre qui lui paraît la plus sérieuse et la soumet, avec les avis du
débiteur et des contrôleurs, au contrôle du juge-commissaire (article 161
AUPC). Une fois l’actif réalisé, le juge-commissaire peut ordonner la répartition
du produit de la réalisation entre les créanciers dont les créances ont été
acceptées (articles 164 et 165 AUPC).
Le paiement intervient une fois les frais et dépens de la procédure de liquidation
déduits de la somme collectée (article 165 AUPC). La part correspondant aux
créances sur l’admission desquelles il n’aurait pas encore été statué est mise en
réserve (article 165 AUPC). Un ordre de priorité est défini entre les créanciers
pour la distribution du produit de la réalisation des actifs. Il n’est pas passé au
rang inférieur tant que tous les créanciers d’un rang identique ne sont pas
désintéressés, et jusqu’à ce que le produit des ventes soit insuffisant pour
désintéresser tous les créanciers d’un même rang. Dans ce cas, et lorsque les
créanciers concernés ne sont pas garantis par l’affectation au paiement de leur
créance d’un bien particulier, le produit de la vente est réparti entre les
créanciers de la catégorie en question dans la proportion de leurs créances
totales, et les créanciers des catégories inférieures ne percevront rien (articles
166 et 167).
§3 : Clôture de la liquidation
Lorsque les opérations de liquidation des biens sont terminées, le syndic rend
ses comptes au juge-commissaire qui, par procès-verbal, constate la fin des
opérations de liquidation. Le procès-verbal est alors communiqué à la juridiction
compétente, qui prononce la clôture de la liquidation et tranche les contestations
éventuelles soulevées par le débiteur ou les créanciers sur les comptes du syndic.
L’union des créanciers est dissoute et ceux-ci retrouvent l’exercice individuel de
leurs actions (article 170 AUPC). La procédure peut également prendre fin en
cas d’insuffisance de fonds pour initier ou clôturer les opérations de liquidation
de biens (article 173). La clôture des opérations pourra intervenir à la demande
de tout intéressé ou même être décidée d’office par la juridiction compétente. Si
la juridiction décide d’office de prononcer la clôture, cette décision pourra être

28
annulée à la demande du débiteur ou de tout autre intéressé qui justifie que les
fonds nécessaires aux frais de la liquidation ont été consignés entre les mains du
syndic (article 175).

Section 3 : Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation


des biens
Les procédures collectives d’apurement du passif entraînent des conséquences
tant à l’égard du débiteur que des créanciers.

§1- Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation des


biens sur le débiteur
Dans l’ancien droit français de la faillite applicable dans les Etats parties à
l’OHADA, les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation
judiciaire sur le débiteur revêtaient une importance particulière. A cette époque,
le principe de l’incarcération du débiteur était admis et on ordonnait le dépôt de
la personne du failli dans la maison d’arrêt pour des dettes ou la garde de sa
personne par un officier de justice ou par un gendarme. Avec la suppression de
l'incarcération, les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation
judiciaire sur le débiteur sont réduites aux effets produits sur le patrimoine du
débiteur. A cet égard, il est intéressant d’indiquer que le débiteur fait l’objet de
dessaisissement. Bien que dans le règlement judiciaire il demeure à la tête de
son patrimoine, il l’administre avec l’autorisation du syndic, représentant des
créanciers. En revanche, lorsqu’il s’agit de la liquidation des biens, le
dessaisissement est total. Le dessaisissement concerne les biens présents et à
venir du débiteur. Mais, en dépit de son étendue, le dessaisissement connaît des
limites qui tiennent notamment à la nature des biens à saisir (biens alimentaires
par exemple), et à l’incidence des régimes matrimoniaux (le régime de la
communauté des meubles et acquêts ne permet pas de saisir l’ensemble des
biens du débiteur).

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§2- Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation des
biens sur les créanciers
Les procédures collectives produisent également des conséquences à l’égard des
créanciers.
En effet, ils se regroupent en masse pour la défense de leurs intérêts
conformément à l’art 72 de l’AUPCAP qui dispose en substance : « la décision
d’ouverture constitue les créanciers en une masse représentée par le syndic
qui seul agit en son nom et dans l’intérêt collectif et peut l’engager. La
masse est constituée par tous les créanciers dont la créance est antérieure à
la décision d’ouverture, même si l'exigibilité de cette créance était fixée à
une date postérieure à cette décision à condition que cette créance ne soit
inopposable en vertu des articles 68 et 69 (…) ». De plus, à plusieurs reprises,
l’AUPRCAP fait mention de la notion de masse : Il en est ainsi des articles 67 à
71 qui visent les inopposabilités à la masse. La masse a une personnalité morale
lui donnant droit d’avoir un patrimoine propre et un intérêt distinct de ceux qui
la composent, de poursuivre quiconque (créancier faisant partie de la masse ou
un tiers) qui, de par ses agissements, a contribué à retarder la cessation des
paiements, à accroître le passif ou à diminuer l’actif.
Les créanciers sont classés en trois catégories :
Les créanciers dans la masse : ceux qui participent à la procédure et dont les
créances sont nées régulièrement avant le jugement d'ouverture,
Les créanciers hors de la masse : ceux qui ne participent pas à la procédure
parce que leur créance est née d’une activité irrégulière du débiteur, soit
antérieurement soit postérieurement au jugement d’ouverture,
Les créanciers contre la masse : ceux dont les créances sont nées
postérieurement au jugement, d’une activité régulière du débiteur ou sur
l’initiative du syndic.

§3- Les sanctions du redressement judiciaire et de la liquidation des biens

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Les sanctions encourues lors des procédures collectives d’apurement du passif
peuvent être distinguées selon leurs caractères. D’un côté, il y a les sanctions
civiles et de l’autre les sanctions pénales.

A- Les sanctions civiles


1-La faillite personnelle et les sanctions patrimoniales
Sous la rubrique de la faillite personnelle, l’AUPCAP range l’ensemble des
déchéances et interdictions infligées aux dirigeants lorsqu’ils ont eu un
comportement anormal ou immoral pendant une durée de six (6) mois
minimum à dix ans (maximum). Il en est ainsi par exemple lorsque les
dirigeants ont :
- soustrait de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie de son actif
ou reconnu frauduleusement des dettes qui n’existaient pas ;
- exercé une activité commerciale personnelle, soit par personne interposée,
soit sous le couvert d’une personne morale masquant leurs agissements ;
- usé des biens sociaux;
- obtenu par dol pour leur entreprise ou pour eux–mêmes un concordat par
la suite annulé;
- manqué de déclarer dans les quinze (droit français) à 30 jours (OHADA)
l’état de cessation des paiements (article 198 AURPCAP),
- mis l’entreprise en état de liquidation des biens;
- manqué d’obtenir un concordat ou le concordat obtenu est résolu.
La faillite personnelle peut consister en une interdiction générale de faire du
commerce, de diriger, administrer ou contrôler une entreprise commerciale
ainsi que des interdictions politiques électives, administratives etc. La durée
de ces interdictions, est déterminée par le juge et ne peut être inférieure à six
mois ni supérieure à dix ans.
Au titre des sanctions patrimoniales, le dirigeant peut être rendu
personnellement débiteur des dettes de l’entreprise dans certains cas. Il s’agit
des sanctions suivantes :

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- l’action en comblement du passif, contre les dirigeants fautifs d’avoir
provoqué une insuffisance d’actif, sachant que l’exigence d’une faute
établie a remplacé l’ancienne présomption de faute ;
- l’extension des procédures collectives ouvertes contre la personne morale
à ses dirigeants lorsqu’ils se sont comportés en véritables maîtres de
l’affaire ;
- l’ouverture d’une procédure collective contre ceux qui n’auraient pas
acquitté le passif de la personne morale mis à leur charge ;
- l’interdiction de céder leurs droits sociaux, d’exercer leur droit de vote en
assemblée et, éventuellement, l’obligation de céder ces droits.
Enfin les dirigeants sociaux peuvent voir leur responsabilité engager suite
au préjudice causé à l’entreprise par leur mauvaise gestion.

2- La levée de la faillite personnelle : la réhabilitation

La réhabilitation consiste à demander à mettre fin à la faillite personnelle. La


demande de réhabilitation est adressée au Procureur de la République qui le
transmet au Président de la juridiction compétente. Le greffier en avertit les
créanciers dont les créances sont admises. En l’absence d’opposition de leur
part, la réhabilitation est prononcée par la juridiction compétente.

§4-. Les sanctions pénales


L’AUPAP opère une distinction entre la banqueroute et les infractions
assimilées aux banqueroutes. L’article 226 de l’AUPCAP prévoit que les
personnes coupables de banqueroute et de délits assimilés à la banqueroute sont
passibles des peines prévues pour ces infractions par les dispositions du droit
pénal en vigueur dans chaque Etat-partie.

A- La banqueroute

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La banqueroute est une infraction (délit pénal), consistant pour un
commerçant, artisan, agriculteur, dirigeant de société commerciale, en des faits
de gestion frauduleuse alors qu'il est en état de cessation des paiements. Cette
notion est donc distincte de celle de cessation des paiements et de faillite . La
banqueroute s’applique aussi aux commerçants personnes physiques, aux
associés des sociétés commerciales ayant la qualité de commerçants et
répondant solidairement et indéfiniment aux dettes sociales.
On distingue la banqueroute simple (moins grave et entrant dans le champ
d’application de l’article 228 (avoir manqué la déclaration de la cessation
des paiements) de la banqueroute frauduleuse (plus grave et supposant une
intention malicieuse à l’origine des faits répréhensibles : art 229).

B- Les infractions assimilées à la banqueroute


Les infractions assimilées sont déterminées en fonction de leurs auteurs qui sont
constituées des personnes ayant directement ou par personne interposée,
administré, géré, liquidé la société sous le couvert ou en lieu et place de ses
représentants légaux. Ces infractions de banqueroute simple sont et selon
l’article 231 relatives :
- à la consommation des sommes appartenant à la personne morale en faisant
des opérations de pur hasard ou des opérations fictives ;
- pour avoir retardé la constatation de la cessation de payement de la société ;
- après cessation des paiements de la société avoir payé ou fait payer un
créancier au préjudice de la masse etc….
Sont punis des peines de la banqueroute frauduleuse les dirigeants qui ont
soustrait les livres de la société, détourné ou dissimulé une partie de son actif
etc. (art 233 AURPCAP). couvert ou aux li et place de ses représentants légaux
le couvert ou aux let place de ses représentants légaux.

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