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Il est vrai, cette nouvelle branche du droit, aussi riche soit - elle, ne
peut à elle seule régler un problème aussi complexe que les difficultés de
l’entreprise : « il faut être bien naïf pour croire que le droit peut transformer
un échec en réussite »
Or, à se référer aux articles 546 et suivants, c’est bien dune procédure
d’alerte qu’il s’agit. Dans un cas comme dans l’autre, il convient de réagir
à une situation donnée : faits ou difficultés de nature à compromettre la
poursuite de l’exploitation.
C’est ce que nous allons voir en examinant successivement les
procédures d’alerte interne (Sous- Section 1) et externe (Sous- Section 2)
- Sous-section 1- Alerte interne
La procédure d’Alerte interne a pour objet l’information, par un
associé ou par le commissaire aux comptes, du chef d’entreprise de
certains faits et l’inviter à redresser la situation (§1).Le chef d’entreprise
devra prendre les mesures à même de garantir ce redressement, faute de
quoi le président du tribunal sera informé (§2)
- B) Fait générateur
En utilisant l’expression « faits de nature à compromettre la poursuite de
l’exploitation », le législateur pose une directive de portée générale : il s’agit,
en définitive, de prévenir le risque d’un surendettement excessif qui risque
à terme de mettre en péril la survie de l’entreprise (1). L’alerte consistera
alors concrètement à informer le chef d’entreprise des faits, soit qui
annoncent ce risque de surendettement, soit qui le révèlent (2).
Mais quels seront concrètement ces faits qui peuvent laisser à penser que
l’entreprise peut à plus ou moins long terme se trouver surendettée à des
degrés divers ? Ils sont nombreux et variés. L’on pense, notamment, sans
prétendre à être exhaustifs, aux faits suivants :
- 2) Etendue
Il s’agit là d’une obligation importante à la charge des commissaires aux
comptes, dont il convient de déterminer la portée
Le commissaire aux comptes est tenu d’informer le chef d’entreprise des
faits qu’il aura relevés lors de l’exercice normal de ses fonctions ( résultats
déficitaires, baisse importante du chiffre d’affaire, accroissement excessif
des charges,par exemple). Il n’est pas tenu de l’informer des faits qu’il
n’aurait pas pu constater dans le cadre de l’exercice normal de ses
fonctions (perte d’un procès ou d’un client important, par exemple ) même
s’il en a pris connaissance de manière fortuite. Il n’est pas non plus tenu de
rechercher les faits compromettants.
- 3) Conséquences
D’autre part, l’alerte est en même temps un droit pour l’associé et une
obligation à sa charge, celui-ci devant informer les dirigeants chaque fois
qu’il constate un des faits précédemment évoqués. Il va de soi qu’il s’agit
d’une obligation de moyens. Deux conséquences en découlent : l’associé ne
doit informer que des faits dont il aurait du avoir raisonnablement
connaissance et qu’il aurait du raisonnablement considérer comme
compromettants pour l’avenir de l’entreprise ; d’un autre coté, si l’associé
défaillant peut engager sa responsabilité envers un tiers ( à la suite du
redressement- liquidation de l’entreprise, par exemple) , il appartient à ce
dernier d’apporter la preuve- difficile en pratique- que la défaillance de
l’associé lui a directement causé un dommage ( qu’elle fut à l’origine de la
liquidation, par exemple)
- A) Délai
L’alerte doit intervenir dans les 8 jours de la découverte des faits. Ce
délai, au demeurant très court, inspire deux remarques : d’un coté ,l’on
peut considérer qu’ il répond aux impératifs de la procédure dans son
ensemble qui se veut une riposte rapide à une situation préoccupante ;
mais, au regard notamment de la nature de certains faits dont on ne peut
déterminer le moment de survenance avec précision ( on pense par
exemple au durcissement progressif de la concurrence ou à l’accroissement
des charges) l’on peut regretter la fixation arbitraire d’un délai précis;
l’obligation d’alerter dans un délai raisonnable aurait, à notre avis, été plus
opportune
- B) Forme
A la fois pour donner à l’alerte un aspect solennel nécessaire à son
efficacité , et permettre à l’associé et au commissaire aux compte de se
constituer la preuve en cas de besoin , le législateur impose que l’alerte
intervienne par lettre recommandée avec accusé de réception. Mais, comme
tout formalisme, cette exigence peut dissuader les intéressés d’intervenir.
- b) Les mesures prises par le chef d’entreprise n’ont pas donné de résultats
Si les décisions prises par le chef d’entreprise n’ont pas donné de
résultats probants, l’assemblée intervient pour lui suppléer. L’hypothèse se
rencontre lorsque les mesures préalablement prises ont, par la faiblesse de
leurs résultats, montré la nécessité de mesures plus radicales impliquant
une modification des statuts ou, à tout le moins, la délibération de
l’assemblée générale ( une vente d’actif qui s’est révélée insuffisante
impliquant la nécessité d’une augmentation du capital et donc une
assemblée générale extraordinaire, par exemple)
- B) Personnes concernées
Sont concernées, aussi bien les sociétés commerciales, que les
commerçants personnes physiques (entreprises individuelles).
L’élargissement est heureux, un commerçant personne- physique pouvant
tout autant qu’une personne morale avoir intérêt à solliciter l’aide du
président du tribunal lorsque tout dialogue avec les créanciers devient
impossible
- I) Le déclenchement de la procédure
-A) La convocation à l’entretien
Le président du tribunal convoquera le chef d’entreprise à un
entretien personnel. Pour garantir la confidentialité de l’alerte,
confidentialité au demeurant nécessaire pour éviter que les tiers
(créanciers, associés et aussi les salariés), mis au courant des difficultés de
l’entreprise, ne réagissent négativement, et donc pour garantir la réussite
de la procédure, il n’est pas exigé une forme particulière pour la
convocation. Elle peut être orale ou écrite.
- B) L’objet de l’entretien
L’entretien aura lieu « pour que soient envisagées les mesures propres à
redresser la situation ».
Certes , une fois la situation de l’entreprise examinée et les difficultés
mises en exergue, seront discutées les solutions à même d’y faire face :
négociation de nouveaux délais avec les créanciers , recours à des
organismes spécialisés en accompagnement des dirigeants , voire suggestion
du règlement amiable, etc.
Mais, en cas de désaccord, comme dans le cas d’un accord qui n’a pas
été respecté, le chef d’entreprise peut toujours demander l’ouverture de la
procédure de règlement amiable
- B) Le prononcé de la décision
En fonction de tous les éléments recueillis, le président appréciera tant
la réalisation de l’hypothèse d’ouverture que le caractère sérieux des
propositions de redressement faites par le chef d’entreprise et rendra, en
fonction, sa décision .Un double chois s’ouvre alors à lui.
- A) Statut du conciliateur
En ouvrant la procédure de règlement amiable, le président du tribunal
désigne donc « un conciliateur pour une période n'excédant pas trois mois
mais qui peut être prorogée d'un mois au plus à la demande de ce dernier. »
( article 553)
- b.1.b) Limites
Les autres actions sont, a contrario, exclues de la suspension et peuvent
être déclenchées ou, si elles le sont déjà, poursuivies. Il s’agit d’abord de
toutes les actions relatives à des créances nées après la décision de
suspension, celles -ci pouvant être déclenchées. Il s’agit ensuite des actions
autres que celles relatives au paiement d’une somme d’argent : actions en
exécution d’une obligation en nature ( de faire/ de fournir une marchandise
ou d’exécuter une prestation ; de ne pas faire/ de cesser un trouble comme
la concurrence déloyale, etc.) ; actions en revendication d’un bien ; actions
en nullité ; action en résolution pour une cause autre que le non- paiement.
Ne sont pas non plus concernées les actions contre les personnes qui
ont cautionné le débiteur (les cautions) quelque soit l’objet et le moment de
la naissance de la créance en cause
Les voies d’exécution qui ne peuvent pas être engagées et qui seront
suspendues lorsqu’elle le sont déjà, sont celles qui ont pour objet la saisie-
vente d’un meuble ou immeuble en vue d’obtenir le paiement. En sont par
conséquent exclus, dés lors qu’elles ne visent pas à obtenir le paiement :
l’exécution forcée directe portant sur la livraison d’un bien, la saisie
conservatoire et la contrainte par corps. Concernant la saisie -arrêt, quand
bien même elle n’est pas expressément visée par le texte, elle ne nous semble
pas moins devoir être arrêtée ou suspendue dés lors que, bien que
consistant à saisir à titre conservatoire une somme d’argent entre les mains
d’un tiers, elle permet d’obtenir le paiement sur cette somme. (La saisie-
arrêt, en effet, est à la fois une saisie- conservatoire et une saisie -exécution)
- 1) Etendue
A peine de nullité du paiement et donc l’obligation pour le créancier
de restituer les sommes perçues, il est interdit au débiteur de payer,
totalement ou partiellement, une créance quelconque née antérieurement à
(avant) l’ordonnance du président
- 2) Limites
Echappent à l’interdiction : tous les actes précédemment cités qui ont
bénéficié d’une autorisation préalable du président du tribunal , lequel ,par
une appréciation souveraine, aurait considéré que l’acte ne porte pas
préjudice aux autres créanciers ;le paiement des salariés pour les salaires et
indemnités dus avant et après l’ordonnance ainsi que le paiement des
créanciers et des cautions pour les créances nées après l’ordonnance ;les
actes de disposition relevant de la gestion normale (vente d’un produit dans
le cadre de l’objet social, par exemple) ; l’octroi de sûretés autres que
l’hypothèque et le nantissement (caution et gage, notamment)
- §2) L’accord amiable
Certes, les créanciers étant libres d’accorder ou non des délais ou des
remises, les négociations entre le débiteur et ses créanciers sous l’instigation
du conciliateur, peuvent ne pas aboutir. Dans ce cas, le débiteur, sauf à
demander , immédiatement ou ultérieurement, l’ouverture d’une procédure
de redressement – liquidation judiciaire lorsque ses conditions sont réunies,
devra faire face à la situation, et surtout honorer les créances exigibles qui
peuvent à nouveau être poursuivies. Il devra le faire par les moyens
classiques en tentant d’obtenir des accords individuels ou trouver de
nouveaux moyens de financement, notamment.