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DROIT DES ENTREPRISES EN DIFFICULTES

DROIT DES ENTREPRISES EN DIFFICULTES


Toute entreprise est malheureusement susceptible de connaître,
courant sa vie, des difficultés qui peuvent avoir pour conséquence de
mettre en péril sa survie, de détruire des emplois, et rendre aléatoire le
paiement des créanciers.

Pour faire face à ces difficultés et leurs conséquences, l’entreprise


sera certes amenée à trouver des solutions sur le plan financier, comptable,
économique ,social ; bref des solutions extra –juridiques, pour remédier à
la situation.

Mais , ces mesures s’avèrent souvent insuffisantes, voire inefficaces en


l’absence de règles juridiques contraignantes : par exemple ,faute de
prévoir la suspension, par la force de la loi, ou par décision d’un organe
juridictionnel, des poursuites individuelles, l’entreprise devra d’abord,en
vertu du principe de la force obligatoire du contrat, payer ses créanciers ,
ce qui risque de se faire au détriment de la poursuite de l’activité et, par
suite, de la sauvegarde des emplois.

Nécessaires donc, les mesures d’ordre juridique applicables aux


difficultés de l’entreprise sont nombreuses. L’on peut les classer en trois
grandes catégories : celles qui visent à prévenir les difficultés ; celles qui
ont pour objet de redresser les entreprises en situation compromise ; celles
enfin qui réglementent la liquidation des entreprises dont la situation est
irrémédiablement compromise et sanctionnent les dirigeants coupables de
cette situation .Ces différentes règles constituent ce qui est désormais appelé
le droit des entreprises en difficultés

Il est vrai, cette nouvelle branche du droit, aussi riche soit - elle, ne
peut à elle seule régler un problème aussi complexe que les difficultés de
l’entreprise : « il faut être bien naïf pour croire que le droit peut transformer
un échec en réussite »

Cependant, le droit a ici, peut être plus qu’ailleurs, un rôle et une


mission incontournable ; ne serait-ce que parce qu’aucune mesure prise ne
saurait produire les effets escomptés sans un cadre juridique à la fois
incitatif et dissuasif
- Chapitre premier : La Prévention
- La Loi prévoit une double procédure de prévention dont le but est
d’attirer l’attention des dirigeants sociaux sur la situation préoccupante de
l’entreprise et , in fine, éviter la procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire : la procédure d’alerte ( Section 1) et le règlement
amiable (Section 2)

- Section 1 : Procédure d’alerte

Dans le cadre du Livre V( « Difficultés de l’entreprise ») , Titre I ( « Les


procédures de prévention des difficultés »), le Code de commerce consacre
les chapitres premier et second , successivement , à « la prévention interne »
et à « la prévention externe et règlement amiable » . Bien qu’utilisant le
mot « prévention », il s’agit ici en réalité d’une procédure d’alerte.

En effet, la prévention des difficultés consiste à prendre les mesures à


même d’éviter que ces difficultés ne se produisent ; à les anticiper en vue
d’en empêcher la réalisation. C’est là un devoir général à la charge de tout
chef d’entreprise qui doit gérer en « bon père de famille » ; devoir qui lui
incombe en application aussi bien des principes généraux du droit, que des
règles spéciales comme celles prévues par la loi sur la société anonyme ,
imposant aux actionnaires et dirigeants toute une série d’obligations dont le
but est d’éviter que l’entreprise se trouve dans une situation difficile :
obligation d’avoir un capital social relativement important et d’augmenter
ce capital lorsqu’il descend en dessous du seuil légal ; obligation d’informer
les actionnaires de façon à leur permettre d’exercer un contrôle efficace ;
obligation de nommer un commissaire aux comptes dont la mission est ,
entre autre, d’informer utilement les actionnaires et les dirigeants, etc.

Autre est la notion d’alerte. Empruntée au langage militaire,


l’expression implique «une idée de connaissance et une idée de défense » ;
une idée de réaction à une situation donnée. En somme, l’alerte,
contrairement à la prévention, implique de réagir à une difficulté ou à tout
le moins à un fait qui comprend en lui les germes d’une difficulté

Or, à se référer aux articles 546 et suivants, c’est bien dune procédure
d’alerte qu’il s’agit. Dans un cas comme dans l’autre, il convient de réagir
à une situation donnée : faits ou difficultés de nature à compromettre la
poursuite de l’exploitation.
C’est ce que nous allons voir en examinant successivement les
procédures d’alerte interne (Sous- Section 1) et externe (Sous- Section 2)
- Sous-section 1- Alerte interne
La procédure d’Alerte interne a pour objet l’information, par un
associé ou par le commissaire aux comptes, du chef d’entreprise de
certains faits et l’inviter à redresser la situation (§1).Le chef d’entreprise
devra prendre les mesures à même de garantir ce redressement, faute de
quoi le président du tribunal sera informé (§2)

- §1) Les conditions d’ouverture


L’article 546 al 1 du Code de commerce dispose : « Le commissaire
aux comptes, s'il en existe, ou tout associé dans la société informe le chef de
l'entreprise des faits de nature à compromettre la continuité de l'exploitation
et ce, dans un délai de 8 jours de la découverte des faits et par lettre
recommandée avec accusé de réception, l'invitant à redresser la situation.

A la lumière de ces dispositions, le déclenchement de la procédure


d’alerte doit intervenir en présence de tout fait de nature à compromettre la
poursuite de l’exploitation d’une société commerciale (I), suite à
l’intervention d’un associé ou du commissaire aux comptes (II) qui met en
garde le chef d’entreprise et le met devant ses responsabilités (III) selon des
modalités précises (IV)

- I) Personnes concernées et fait générateur


- A) Personnes concernées
Au regard de l’article 546 qui prévoit le déclenchement de la
procédure par le commissaire aux comptes ou un associé, seules les sociétés
commerciales ( et, cela va de soi, artisanales, le travail artisanal étant, en
droit marocain, une activité commerciale par nature conférant aux
personnes physiques et morales qui l’exercent la qualité de commerçant)
sont concernées par l’alerte interne. Le commerçant (et artisan) personne
physique, étant par hypothèse seul à gérer son commerce, en est
naturellement exclu. Cela ne l’exonère pas, cependant, de gérer son
entreprise en bon père de famille et prendre les mesures qui s’imposent
chaque fois que c’est nécessaire

- B) Fait générateur
En utilisant l’expression « faits de nature à compromettre la poursuite de
l’exploitation », le législateur pose une directive de portée générale : il s’agit,
en définitive, de prévenir le risque d’un surendettement excessif qui risque
à terme de mettre en péril la survie de l’entreprise (1). L’alerte consistera
alors concrètement à informer le chef d’entreprise des faits, soit qui
annoncent ce risque de surendettement, soit qui le révèlent (2).

- 1) Sens général de la formule « faits de nature à compromettre la


poursuite de l’exploitation » : faits annonciateurs ou révélateurs d’un
risque de surendettement de l’entreprise.

Les termes de l’article 546 al. 1, pose la question, avant même de


définir concrètement les faits dont il faut alerter le chef d’entreprise, de
savoir qu’est ce qu’il faut entendre globalement par la formule « faits de
nature à compromettre la poursuite de l’exploitation ».

En se situant dans la chronologie des différentes étapes de la prévention et


du traitement des difficultés, force serait de dire que, dans le cadre de
l’alerte interne, la formule renvoie « aux faits qui annoncent cette
situation ou l’entreprise risque à terme de se trouver surendettée »

En effet, si l’on se situe en aval de la procédure, c’est à dire au moment où


il convient de procéder à la liquidation de l’entreprise sa situation étant
irrémédiablement compromise, le fait générateur de cette solution, consiste,
nous le verrons, dans l’insolvabilité de cette dernière. Or, quand est ce que
une entreprise s’avère-elle insolvable ? Certes, de manière générale,
lorsque la totalité de son actif ne lui permet plus de faire face à son passif
exigible. Mais cette situation se rencontre précisément lorsque l’entreprise,
souffrant d’un endettement excessif, ne bénéficie plus de financement
extérieur, notamment de la part des banques (autrement, si un tel
financement existe toujours, elle ne serait pas insolvable !!) et ne peut
pas ,en conséquence,quand bien même on venait à céder tous les éléments
de l’actif, faire face à son passif.

Etape antérieure, le redressement judiciaire, nous le verrons aussi, se


justifie lorsque l’entreprise ne peut plus faire face à son passif exigible par
son actif immédiatement disponible et, donc, concerne cette entreprise qui,
déjà surendettée, ne bénéficie plus de financements extérieurs (sinon elle
pourra toujours faire face à son passif, par des facilités de caisse, par
exemple) et ne peut pas, en conséquence, payer ses dettes échues.

Dans la même logique, le règlement amiable, qui intervient plus en amont


et qui vise en principe à éviter le redressement judiciaire, se justifierait
logiquement lorsque l’entreprise ,surendettée, a quelques difficultés à
trouver des financements externes, alors même qu’elle peut toujours payer
ses dettes ( parmi ses conditions d’ouverture, nous le verrons, il y à
l’absence de l’état de cessation de paiement, c’est à dire l’absence de
l’incapacité de l’entreprise à payer ses dettes échues par son actif
disponible)

Dans ce contexte, l’alerte externe, qui devrait précéder le règlement


amiable, s’impose normalement dans cette situation où l’entrprise , certes
continue à bénéficier des financements externes ( sinon, elle a plus intérêt à
demander un règlement amiable avec les avantages qu’il renferme) est déjà
surendettée ( sinon, quel sera le sens de la nomination d’un mandataire,
dont le rôle nous le verrons, est de favoriser un accord entre le débiteur et
ses créanciers, notamment les banques, pour alléger les charges financières
de l’entreprise)

Quelle sera, dans ce cadre général, la situation justifiant l’alerte interne,


qui se veut une procédure plus « précoce » encore que l’alerte externe et
visant à éviter les différentes hypothèses plus ou moins pessimistes
ultérieures ?

Ce sont, à l’évidence, ces faits qui peuvent laisser à penser que


l’entreprise peut : à court terme, se trouver surendettée (situation qui doit
déclencher l’alerte externe) ; à moyen terme, surendettée ne bénéficiant
plus de concours extérieurs ( hypothèse du règlement amiable) : à long
terme, surendettée ne pouvant plus faire face à son passif exigible par son
actif disponible (état de cessation de paiement qui justifie le redressement
judiciaire) ; à plus long terme, surendettée et ne pouvant plus faire face à
son passif par tout son actif ( insolvabilité qui entraîne la liquidation) et
donc dans une situation irrémédiablement compromise

- 2) Sens concret des « faits de nature à compromettre la poursuite de


l’exploitation »

Mais quels seront concrètement ces faits qui peuvent laisser à penser que
l’entreprise peut à plus ou moins long terme se trouver surendettée à des
degrés divers ? Ils sont nombreux et variés. L’on pense, notamment, sans
prétendre à être exhaustifs, aux faits suivants :

- Faits de nature juridique ,tels que : la forme sociale inadaptée de la


société, les parties ayant, par exemple, adopté la forme SNC au moment où
la réalisation de l’objet social peut à tout moment nécessiter des fonds
importants et donc une forme sociale ( telle la SA) qui permet
l’augmentation du capital par appel public à l’épargne ; perte d’un procès
important, dont il peut résulter des difficultés financières…
- Faits de nature comptable et financière : un capital social minime, perte
importante du capital ou de manière générale des capitaux propres peu
importants impliquant le recours permanent au crédit ; résultats
déficitaires ; masse salariale excessive ; frais généraux exorbitants ;
accroissement des charges ; investissements insuffisants ; chiffre d’affaires
en baisse constante, stock trop important , etc.

- Faits de nature économique : renchérissement des prix des matières


premières ; dévaluation ou réévaluation de la monnaie…
- faits d’ordre social : mésentente entre associés, âge avancé des dirigeants,
sous –encadrement ou sur- encadrement du personnel, conflits sociaux, par
exemple, qui tous peuvent , peu ou prou directement,avoir une incidence
négatives sur les finances de l’entreprise et donc conduire àn plus
d’endettement extérieurs

- Faits à caractère commercial : implantation d’un nouveau concurrent à


proximité ; défaillance d’un client important avec les suites financières y
attachées

Dans ces différentes hypothèses, au regard de son environnement


interne ou externe, l’entreprise, certes encore saine, n’est pas moins
vulnérable : à défaut de réaction adaptée, la solution sera le recours au
financement extérieur (solution de facilité !!) et donc à un surendettement.

- II) Personnes habilitées à alerter le chef d’entreprise


L’alerte interne est l’œuvre du commissaire aux comptes ou d’un
associé.

- A) L’alerte par le commissaire aux comptes


- 1) Domaine
L’alerte par le commissaire aux comptes se conçoit dans deux formes de
sociétés : dans toutes les sociétés anonymes, celles –ci étant légalement
tenues d’en désigner au moins un (deux commissaires aux compte sont
nécessaires lorsque la société fait appel public à l’épargne) , d’une part ;
dans les autres sociétés lorsqu’elles réalisent un chiffre d’affaires supérieur
à 50 millions de dh ou lorsqu’elles ont volontairement choisi de nommer un
commissaire aux comptes

- 2) Etendue
Il s’agit là d’une obligation importante à la charge des commissaires aux
comptes, dont il convient de déterminer la portée
Le commissaire aux comptes est tenu d’informer le chef d’entreprise des
faits qu’il aura relevés lors de l’exercice normal de ses fonctions ( résultats
déficitaires, baisse importante du chiffre d’affaire, accroissement excessif
des charges,par exemple). Il n’est pas tenu de l’informer des faits qu’il
n’aurait pas pu constater dans le cadre de l’exercice normal de ses
fonctions (perte d’un procès ou d’un client important, par exemple ) même
s’il en a pris connaissance de manière fortuite. Il n’est pas non plus tenu de
rechercher les faits compromettants.

Alors même que l’article 546 parle de « faits » au pluriel, il ne nous


semble pas excessif de penser que l’obligation du commissaire aux comptes
s’impose même en présence d’un seul fait du moment que celui-ci peut , au
regard de son importance, compromettre la poursuite de l’exploitation

Le devoir d’alerte du commissaire aux comptes ne doit pas donner lieu à


son immixtion dans la gestion de l’entreprise, ce qui est notamment le cas
lorsqu’il tient à alerter les dirigeants sur l’opportunité de certaines
décisions qu’ils auraient prises et qui lui semblent commercialement ou
stratégiquement inopportunes, ce qui n’est pas son rôle (comme par
exemple, l’alerter sur un projet de fusion, d’implantation à l’étranger, de
partenariat, etc.)

- 3) Conséquences

Enfin, le commissaire aux comptes qui ne respecte pas cette obligation


peut engager sa responsabilité vis - vis des associés et à l’égard des tiers,
notamment lorsque l’entreprise est, à défaut de mesures appropriées
préalables, mise en redressement- liquidation judiciaire ; même s’il faut
préciser qu’il sera en pratique toujours difficile d’établir le lien de causalité
entre la carence du commissaire aux comptes et la déconfiture de
l’entreprise. Inversement, le commissaire aux comptes qui a déclenché
l’alerte, ne peut pas être poursuivi par les dirigeants ou par les tiers pour
divulgation de secret.

- B) L’alerte par un associé


L’alerte par un associé, prévue par l’article 546, vient s’ajouter aux
dépositions consacrées par le droit des sociétés commerciales qui
reconnaissent aux associés le droit d’adresser, deux fois par an, des
interrogations écrites aux dirigeants sur le fonctionnement de l’entreprise.
Cependant, l’alerte du chef d’entreprise par un associé a une portée plus
précise.
D’une part, elle concerne le cas particulier où l’associé constate ou
découvre un fait (ou des faits) de nature à compromettre la poursuite de
l’exploitation. La découverte de ce ou ces faits peut intervenir : suite aux
questions écrites posées aux dirigeants , à l’occasion des assemblées
générales, ou sur la base de l’examen des documents sociaux et des états de
synthèses mis à la disposition de l’associé ( lors des assemblées ou au siège
de la société)

D’autre part, l’alerte est en même temps un droit pour l’associé et une
obligation à sa charge, celui-ci devant informer les dirigeants chaque fois
qu’il constate un des faits précédemment évoqués. Il va de soi qu’il s’agit
d’une obligation de moyens. Deux conséquences en découlent : l’associé ne
doit informer que des faits dont il aurait du avoir raisonnablement
connaissance et qu’il aurait du raisonnablement considérer comme
compromettants pour l’avenir de l’entreprise ; d’un autre coté, si l’associé
défaillant peut engager sa responsabilité envers un tiers ( à la suite du
redressement- liquidation de l’entreprise, par exemple) , il appartient à ce
dernier d’apporter la preuve- difficile en pratique- que la défaillance de
l’associé lui a directement causé un dommage ( qu’elle fut à l’origine de la
liquidation, par exemple)

- III) L’objet de l’alerte


L’alerte du chef d’entreprise des faits de nature à compromettre la
poursuite de l’exploitation n’est pas une simple information. C’est une mise
garde du dirigeant afin qu’il prenne les mesures appropriées

Il en découle que l’associé ou le commissaire aux comptes doit indiquer de


la manière la plus précise les faits qu’il considère comme justifiant une
intervention du dirigeant. Quand bien même il n’est pas tenu d’indiquer ou
de préconiser des solutions, l’associé ou le commissaire aux comptes doit
expressément inviter le chef d’entreprise à remédier à la situation.

- IV) Modalités : délai et forme

- A) Délai
L’alerte doit intervenir dans les 8 jours de la découverte des faits. Ce
délai, au demeurant très court, inspire deux remarques : d’un coté ,l’on
peut considérer qu’ il répond aux impératifs de la procédure dans son
ensemble qui se veut une riposte rapide à une situation préoccupante ;
mais, au regard notamment de la nature de certains faits dont on ne peut
déterminer le moment de survenance avec précision ( on pense par
exemple au durcissement progressif de la concurrence ou à l’accroissement
des charges) l’on peut regretter la fixation arbitraire d’un délai précis;
l’obligation d’alerter dans un délai raisonnable aurait, à notre avis, été plus
opportune

- B) Forme
A la fois pour donner à l’alerte un aspect solennel nécessaire à son
efficacité , et permettre à l’associé et au commissaire aux compte de se
constituer la preuve en cas de besoin , le législateur impose que l’alerte
intervienne par lettre recommandée avec accusé de réception. Mais, comme
tout formalisme, cette exigence peut dissuader les intéressés d’intervenir.

- §2) Conséquences de l’alerte

Le déclenchement de la procédure d’alerte interne aura pour


conséquences l’intervention du chef d’entreprise et, le cas échéant, la
convocation de l’assemblée générale en vue de remédier à la situation (I). Si
la situation persiste, le président du tribunal de commerce en sera informé
(II)

- I) Conséquences directes : Intervention du chef d’entreprise et de


l’assemblée générale :
En application de l’article 546 al 2, « Faute d'exécution par le chef
d'entreprise dans un délai de 15 jours de la réception ou s'il n'arrive pas
personnellement ou après délibération du conseil d'administration ou du
conseil de surveillance, selon le cas, à un résultat positif, il est tenu de faire
délibérer la prochaine assemblée générale pour statuer, sur rapport du
commissaire aux comptes, à ce sujet. »

Deux types d’intervention sont ainsi prévues : celle du chef d’entreprise


avec ou sans délibération des organes de gestion, et celle de l’assemblée
générale

- A) Intervention du chef d’entreprise

Dans les 15 Jours de la réception, donc, le chef d’entreprise doit,


personnellement, ou (s’il s’agit d’une société anonyme) après délibération
du conseil d’administration ou du conseil de surveillance, définir et mettre
en œuvre les mesures appropriées

Il va de soi que les meures à mettre en œuvre par le chef d’entreprise


sont celles que les dirigeants peuvent prendre seuls sans recours à
l’assemblée des associés, c’est à dire qui relèvent de leur pouvoir de
gestion : rationalisation des ressources humaines ( tel le recrutement de
personnel qualifié , licenciement pour motif économique, ,..) rationalisation
de la gestion ( meilleur gestion des stocks ; prospection de nouveaux
marchés ou de nouveaux clients ),notamment

- B) Intervention de l’assemblée générale

L’absence de mesures à même de redresser la situation, comme


l’insuffisance de celles-ci, donnent lieu à l’intervention de l’assemblée
générale. Telle que prévue par l’article 546 al.2, cette intervention mérite
d’être précisée quant aux circonstances la justifiant, sa nature et sa date ,
ainsi que les personnes habilitées à la convoquer

- 1) Les circonstances de l’intervention de l’assemblée générale


Dans trois hypothèses, implicitement prévues par l’article 546 al.2,
l'assemblée générale des associés se substitue au chef d’entreprise pour
décider des mesures à prendre.

- a) Le chef d’entreprise n’a pas pu prendre les mesures appropriées


- Deux situations sont ici envisageables
- a.1) La mesure à adopter est du ressort exclusif de l’assemblée générale
La mesure à prendre sera définie par l’assemblée générale lorsque, ne
constituant pas un simple acte de gestion, cette mesure relève des
prérogatives de ladite assemblée : mesure exigeant la modification des
statuts et donc une assemblée générale extraordinaire (augmentation du
capital ; fusion ; changement du siège social ; modification de l’objet social,
etc.) ou lorsqu’il s’agit d’une mesure dont la mise en oeuvre est réservée à
l’assemblée générale par les statuts (l’obligation pour le chef d’entreprise
de demander l’autorisation de l’assemblée pour certains actes , ou pour les
actes qui dépassent un montant déterminé, par exemple).

- a.2) La mesure à prendre n’a pas reçu l’aval nécessaire du conseil


d’administration ou du conseil de surveillance.
La mesure à mettre en oeuvre sera également définie par l’assemblée
générale lorsque, bien qu’elle constitue un acte de gestion, le chef
d’entreprise /président directeur général d’une société anonyme n’a pas pu
faire approuver ses décisions par le conseil d’administration (par exemple,
lorsque les statuts exigent l’accord du conseil pour tel acte de gestion) ou
n’a pu obtenir l’autorisation préalable, exigée par la loi, du conseil
d’administration ou du conseil de surveillance concernant certains actes
( avals , cautionnement et garanties, notamment).

- b) Les mesures prises par le chef d’entreprise n’ont pas donné de résultats
Si les décisions prises par le chef d’entreprise n’ont pas donné de
résultats probants, l’assemblée intervient pour lui suppléer. L’hypothèse se
rencontre lorsque les mesures préalablement prises ont, par la faiblesse de
leurs résultats, montré la nécessité de mesures plus radicales impliquant
une modification des statuts ou, à tout le moins, la délibération de
l’assemblée générale ( une vente d’actif qui s’est révélée insuffisante
impliquant la nécessité d’une augmentation du capital et donc une
assemblée générale extraordinaire, par exemple)

- c) Le chef d’entreprise n’a pris aucune mesure


Enfin, l’assemblée générale intervient lorsque le chef d’entreprise est
resté inactif après l’alerte. L’inaction du chef d’entreprise peut avoir des
raisons diverses : indifférence, l’idée étant que la situation n’est pas
réellement préoccupante, par exemple. C’est alors le commissaire aux
comptes ou les associés qui convoqueront l’assemblée générale

- 2) La nature et le moment de l’assemblée


Si l’on se réfère à la lettre de l’article 546, l’assemblée habilitée à statuer
sur les mesures à prendre est « la prochaine assemblée générale ». En
d’autres termes, la convocation d’une assemblée anticipée n’est pas
nécessaire. Pareille interprétation nous semble contraire à l’esprit du texte
et, surtout, lui fait perdre toute utilité.

En effet, devant l’urgence du redressement, les mesures doivent être


prises le plus rapidement, ce que le même article 546 indique en imposant
au chef d’entreprise de prendre les mesures adéquates dans les quinze jours
de la réception, faute de quoi - précise le texte- « il est tenu de faire délibérer
l’assemblée… »

A la vérité, une assemblée générale doit être convoquée à titre


exceptionnel. Le moment de cette convocation diffère selon la nature des
faits qui ont justifié l’alerte et pour la résolution desquels l’assemblée est
appelée à suppléer le chef d’entreprise :
- Lorsque l’assemblée vise à suppléer le chef d’entreprise qui, soit n’a pas
reçu l’accord du conseil d’administration ou du conseil de surveillance, soit
est demeuré inactif, cette assemblée doit être convoquée une fois passé le
délai de quinze jours ; délai qui est considéré comme le délai pendant lequel
le chef d’entreprise doit, sous peine de l’intervention de l’assemblée
générale, agir efficacement en faisant délibérer l’organe de gestion
compétent ou en adoptant personnellement les mesures qui s’imposent.
- Lorsque l’assemblée aura pour objet de suppléer le chef d’entreprise qui
n’a pu prendre les mesures appropriées celles-ci excédant ses pouvoirs,
cette assemblée doit intervenir sans délai, le délai de quinze jours prévu par
la loi n’étant alors d’aucune utilité
- Enfin, lorsque l’assemblée se tient suite à l’échec des mesures adoptées,
cette assemblée intervient après un délai raisonnable à partir de la mise en
œuvre des mesures en question ; délai qui permettra de juger de l’efficacité
ou non des mesures prises et qui variera selon la nature de celles-ci.

- 3) Personnes habilitées à convoquer l’assemblée


La lettre de l’article 546 al. 2, qui précise que « il (le chef d’entreprise)
est tenu de faire délibérer... », laisse, ici aussi, à penser que seul le chef
d’entreprise est habilité à convoquer l’assemblée. En vérité, la personne
habilitée à convoquer l’assemblée diffère selon les situations ; Dans
certains cas, l’assemblée sera convoquée par le commissaire aux comptes
seul, dans d’autres cas elle le sera par le chef d’entreprise et à défaut par le
commissaire aux comptes

- a) Dans le cas où le chef d’entreprise est resté inactif


L’hypothèse visée est celle où l’assemblée intervient suite à la carence
du chef d’entreprise qui est demeuré inactif. Dans ce cas, même si l’art.546
al.2 semble dire le contraire, la convocation de l’assemblée sera
naturellement l’œuvre du commissaire aux comptes et non du chef
d’entreprise qui a par hypothèse faillit à son devoir.

Mais, le commissaire aux comptes ne peut convoquer l’assemblée que


quand c’est lui qui a préalablement alerté le chef d’entreprise de faits dont
il a eu la connaissance dans le cadre de l’exercice normal de ses fonctions.
Une convocation pour remédier à un autre fait correspondrait en effet à
une immixtion dans la gestion.

Une alerte par un associé demeuré infructueuse , le chef d’entreprise


étant resté inactif, donnerait, selon nous, la possibilité pour les associés ou
actionnaires, soit de convoquer l’assemblée si les conditions de la
convocation par les associés sont réunis ( un associé détenant plus de 50%
du capital social ou 25% des associés détenant 25% du capital dans la
SARL ; un ou plusieurs actionnaires détenant plus de 10% du capital dans
la SA), soit de saisir le juge pour demander la désignation d’un
mandataire qui va convoquer l’assemblée

- b) Dans les autres cas


Dans tous les autres cas, l’assemblée sera en principe convoquée par le
chef d’entreprise
A défaut de convocation par le chef d’entreprise, l’assemblée sera
convoquée :
- Par le commissaire aux comptes lorsque l’alerte a été donnée par ses soins
– Par les associés ( dans les conditions de la convocation de l’assemblée par
les associés rappelées ci-dessus) lorsque l’alerte fut l’œuvre d’un associé ou
lorsque le commissaire aux comptes a failli à son obligation, évoquée plus
haut, de convoquer l’assemblée.

-II) Conséquences indirectes : Information du président du tribunal


En vertu de l’article 547, « Faute d'une délibération de l'assemblée
générale à ce sujet, ou s'il a été constaté que malgré les décisions prises par
cette assemblée, la continuité de l'exploitation demeure compromise, le
président du tribunal en est informé par le commissaire aux comptes ou par le
chef d'entreprise. »
Faute d’une délibération de l’assemblée générale, donc, comme en cas
d’inefficacité des mesures prises par cette assemblée, les faits de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation n’ayant pas disparus, il y a
obligation d’informer le président du tribunal de commerce.

L’obligation est mise à la charge du chef d’entreprise et du commissaire


aux comptes dans tous les cas où l’assemblée, quelqu’en soient les raisons,
n’a pas délibéré ou que les mesures prises par cette dernière n’ont pas
suffit.

Elle incombe exclusivement au commissaire aux comptes lorsque le chef


d’entreprise a failli à son obligation d’informer le président du tribunal.
Mais, pour les raisons précédemment évoquées tenant à l’interdiction pour
le commissaire aux comptes de s’immiscer dans la gestion, l’obligation ne
s’impose à ce dernier que dans les cas où l’alerte a été ou aurait du être
donnée par lui (alerte pour des faits qu’il a ou qu’il aurait du constater
dans le cadre de l’exercice normal de ses fonctions) et que le chef
d’entreprise na pas déjà pris l’initiative de saisir le président. Il n’en est pas
tenu lorsque l’alerte a été donnée par un associé pour des faits autres que
ceux qui ne relève pas de sa sphère d’activité. L’on peut, en conséquence,
regretter que le législateur n’a pas prévu la saisine du président du
tribunal par d’autres organes, tels les associés ou les représentants des
salariés. Pareille disposition aurait un intérêt certain dans l’hypothèse de
l’alerte par un associé, hypothèse où justement il est impossible pour le
commissaire aux comptes de suppléer la carence du chef d’entreprise qui a
failli à son obligation d’informer le président
En tout état de cause , la saisine du président du tribunal ouvre la voie à
la procédure d’alerte externe

- Sous-section 2 : Alerte externe


-
Pour les mêmes raisons évoquées par rapport à la procédure
précédente, l’expression « alerte externe » nous parait plus appropriée que
celle, utilisée par le code (chapitre II du livre V), de « prévention externe ».
Cette procédure constitue une mesure importante, révélatrice du nouveau
rôle reconnu au juge dans le sauvetage des entreprises en difficultés.
L’examen du domaine (§1) et, surtout, de la mise en œuvre (§2) de la
procédure de l’alerte externe, va nous le montrer

- §1) Le domaine de l’alerte externe


L’article 548 al.1, précise que, « Le président du tribunal convoque le
chef d'entreprise dans le cas prévu à l'article 547 ou lorsqu'il résulte de tout
acte, document ou procédure, qu'une société commerciale, ou une entreprise
individuelle commerciale ou artisanale, connaît des difficultés de nature à
compromettre la continuité de l'exploitation, pour que soit envisagées les
mesures propres à redresser la situation. .. ». Ce faisant il défini l’objet de la
procédure et les personnes concernées (I), ainsi que le fait générateur de la
procédure (II).

- I) objet de l’alerte externe et personnes concernées


- A) Objet
L’alerte externe consiste donc en la convocation du chef d’entreprise
par le président du tribunal pour que soient envisagées toutes les mesures
visant à redresser la situation, par hypothèse préoccupante, de l’entreprise.
Ces mesures consisteront notamment en la recherche d’un accord avec les
créanciers moyennant des engagements de la part du chef d’entreprise de
mettre en œuvre les recommandations faites par le président du tribunal.

Certes, on le verra, la saisine du président ne donne point à la procédure


un caractère juridictionnel, dans la mesure où le président se contente
« d’aider »le chef d’entreprise à redresser la situation et, surtout, à trouver
un accord avec ses créanciers. Il n’impose rien. Il n’en demeure pas moins
que c’est là une première intervention d’un organe juridictionnel (d’autres,
de plus en plus énergiques, suivront) et, au-delà, de la règle de droit dans le
traitement des difficultés des entreprises.

- B) Personnes concernées
Sont concernées, aussi bien les sociétés commerciales, que les
commerçants personnes physiques (entreprises individuelles).
L’élargissement est heureux, un commerçant personne- physique pouvant
tout autant qu’une personne morale avoir intérêt à solliciter l’aide du
président du tribunal lorsque tout dialogue avec les créanciers devient
impossible

- II) Le fait générateur


En application de l’article 548, l’alerte externe a lieu dans deux cas de
figure.

Elle intervient – cas le plus courant- en cas d’échec de la prévention


interne (prévue par l’article 547 du Code de commerce) précédemment
examinée, le président du tribunal étant informé par le chef d’entreprise ou
le commissaire aux comptes

Mais elle peut intervenir- en dehors de l’hypothèse de l’échec de la


prévention interne- suite à la saisine d’office du président du tribunal. Il est
intéressant de constater que, contrairement à l’article 546 relatif à la
procédure d’alerte interne qui parle de « faits de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation » , l’article 548 vise « les difficultés de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation ». La précision n’est pas, nous
semble-t-il, fortuite.

Ne sont pas ici concernés les faits annonciateurs d’un risque de


surendettement qui sont l’objet de l’alerte interne. En parlant de
« difficultés », le législateur, nous semble-t-il, vise cette situation où
entreprise est désormais surendettée tout en continuant à avoir l’appui
financier de ses partenaires notamment les banques et, en conséquence à
payer ses dettes. Seule cette hypothèse en effet justifie l’ouverture de
l’alerte externe de manière autonome (en dehors de l’échec de l’alerte
interne)

La saisine d’office du juge intervient donc dans le cas où ce dernier


constate, à partir d’un document ( article de presse c'est-à-dire la rumeur
publique, états de synthèse remis au tribunal à l’occasion d’une action
quelconque, par exemple), d’un acte( tels l’inscription de sûretés/
nantissement du fonds de commerce ou hypothèque, révélateurs d’un
recours abusif au crédit) ou d’une procédure quelconque ( protêt, action en
justice,…), que l’entreprise connaît des difficultés de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation , c’est à dire que, tout en
continuant à être financée et à honorer ses créances cette entreprise est
surendetté

- §2) La mise en œuvre de l’alerte externe


Quand les faits la justifiant se présentent, l’alerte sera déclenchée par
la convocation du chef d’entreprise (I).En fonction des résultats de cette
première réunion, d’autres mesures peuvent être décidées (II)

- I) Le déclenchement de la procédure
-A) La convocation à l’entretien
Le président du tribunal convoquera le chef d’entreprise à un
entretien personnel. Pour garantir la confidentialité de l’alerte,
confidentialité au demeurant nécessaire pour éviter que les tiers
(créanciers, associés et aussi les salariés), mis au courant des difficultés de
l’entreprise, ne réagissent négativement, et donc pour garantir la réussite
de la procédure, il n’est pas exigé une forme particulière pour la
convocation. Elle peut être orale ou écrite.

Mais qu’en sera-t-il si le chef d’entreprise ne donne pas suite à la


convocation ? Devant le silence du texte, une interprétation suivant son effet
utile nous conduira à considérer que , dans ce cas,le président du tribunal,
pour jouer son rôle d’instigateur du redressement de l’entreprise, peut
déclencher l’enquête prévue par le même texte ( que nous verrons plus bas)

- B) L’objet de l’entretien
L’entretien aura lieu « pour que soient envisagées les mesures propres à
redresser la situation ».
Certes , une fois la situation de l’entreprise examinée et les difficultés
mises en exergue, seront discutées les solutions à même d’y faire face :
négociation de nouveaux délais avec les créanciers , recours à des
organismes spécialisés en accompagnement des dirigeants , voire suggestion
du règlement amiable, etc.

Mais, en aucun cas, le président ne peut imposer des solutions au chef


d’entreprise, même s’il peut le mettre en garde contre les conséquences de
sa défaillance, notamment en attirant son attention sur le risque, prévisible,
de l’ouverture d’une procédure de redressement- liquidation judicaire si la
situation venait à s’aggraver davantage

- II) Les conséquences de l’alerte externe


Il est certes possible que l’alerte externe soit clôturée à l’issue du
premier entretien, le président du tribunal considérant que les suggestions
et recommandations faites sont suffisantes, le chef d’entreprise promettant
de les appliquer. L’hypothèse se conçoit en présence de difficultés
passagères ou minimes. Une situation plus complexe et réellement difficile
peut exiger une analyse plus approfondie de sa situation, c'est-à-dire une
enquête et une ou plusieurs autres convocations du chef d’entreprise, ainsi
qu’une dynamisation des négociations avec ses partenaires par
l’intermédiaire d’un tiers. C’est ce qui est prévu par les articles 548 al. 2 et
549

- A) L’enquête et la convocation à un second entretien


- 1) L’enquête
En vertu de l’article 548 al.2, en effet, « A l'issue de cet entretien, le
président du tribunal peut, nonobstant toute disposition législative contraire,
obtenir communication, par le commissaire aux comptes, les administrations,
les organismes publics ou les représentants du personnel ou par toute autre
personne, des renseignements de nature à lui donner une exacte information
sur la situation économique et financière du débiteur.

Le président du tribunal peut toujours avoir besoin de se faire une idée


plus précise de la situation : soit que le chef d’entreprise ne s’est pas
présenté à la première convocation ; soit que les informations fournies par
le chef d’entreprise ne lui semblent pas suffisantes ; soit que la complexité
de la situation et, en conséquence, le choix de mesures adaptées, exige des
informations plus précises. Il peut alors ( ce qui n’est pas une obligation )
diligenter une enquête consistant à obtenir des informations sur la
situation financière ( capitaux propres, dettes et créances, notamment) ,
sociale ( masse salariale, état du dialogue social,…) ou
commerciale ( compétitivité de l’entreprise, état de la concurrence, etc.) , de
la société de la part de ses partenaires : le commissaire aux comptes, les
administrations (administration fiscale,notamment) organismes publics
(caisse de la sécurité sociale, entre autres), les représentants du personnel
( comité d’entreprise, ou délégués du personnel) ou toute autre partie
(associé, organismes spécialisé, concurrent, fournisseurs , clients, etc.)

Parmi les partenaires désignés par le législateur comme étant


susceptibles de fournir des informations utiles, force est de constater
l’absence d’un partenaire essentiel de l’entreprise, les établissements
financiers (Banque ou autres) en l’occurrence. Faut- t- il l’y inclure en
tant que partenaire important de l’entreprise et source précieuse de
renseignements pour le président. Nous ne le pensons pas. Par un
raisonnement a contrario, nous voulons pour preuve que le législateur,
quand telle est sa volonté, comme c’est le cas- nous le verrons- dans le cadre
du règlement amiable ( art. 552), il prévoit expressément l’obligation pour
les établissements financiers, nonobstant toute disposition législative
imposant le secret bancaire, de fournir les informations en leur possession.
A la vérité, soucieux ici ( dans le cadre de la procédure d’alerte externe) de
ne pas remettre en cause le secret bancaire auxquels sont légalement tenus
les établissements financiers, le législateur semble avoir sciemment omis de
permettre au président du tribunal de recourir à ces établissements pour
s’informer sur la situation de l’entreprise.

- 2) Convocation à un second entretien


Même si l’article 548 al.2 ne le prévoit pas expressément, cela va de
soit qu’une fois les informations complémentaires en sa possession, le
président convoquera le chef d’entreprise à un nouvel entretien (voire à
plusieurs autres entretiens) pour décider enfin des mesures à prendre.
Parmi ces mesures, peut figurer la désignation d’un mandataire spécial

- B) Désignation d’un mandataire spécial


Aux termes de l’article 549 « S'il apparaît que les difficultés de
l'entreprise sont susceptibles d'être aplanies grâce à l'intervention d'un tiers à
même de réduire les oppositions éventuelles des partenaires habituels de
l'entreprise, le président du tribunal le désigne en qualité de mandataire
spécial ; il lui assigne une mission et un délai pour l'accomplir »

Aussi, après analyse de la situation, s’il apparaît que les difficultés de


l’entreprise, tenant à un dialogue difficile entre le chef d’entreprise et ses
créanciers, ne peuvent être résolues que grâce à l’intervention d’une
personne neutre , le président du tribunal peut procéder à la désignation
d’un tiers, en qualité de mandataire spécial. Dans ce cas, le président du
tribunal défini précisément la mission du mandataire spécial, et lui fixe un
délai pour l’accomplir

Ce mandataire spécial n’est ni un expert judiciaire (dont le rôle est de


dresser un rapport d’expertise pour éclairer le tribunal) ni un conciliateur
(qui tend à résoudre un litige par la voie de la conciliation) , ni un arbitre
(qui tranche le litige en rendant une décision juridictionnelle). C’est un
simple représentant du président du tribunal qui aura pour rôle (pour seul
rôle, en vérité , il n’impose rien) de réduire les oppositions éventuelles entre
le chef d’entreprise et les partenaires (créanciers) de l’entreprise .

En cas d’accord, celui-ci aura une nature purement contractuelle, et


s’impose aux parties au même titre qu’un contrat. Il n’a pas force
exécutoire en lui même. .En l’absence d’un accord , la mission du
mandataire et, au-delà, la procédure d’alerte prennent fin.

Mais, en cas de désaccord, comme dans le cas d’un accord qui n’a pas
été respecté, le chef d’entreprise peut toujours demander l’ouverture de la
procédure de règlement amiable

- Section 2 : La procédure de Règlement amiable


La procédure de règlement amiable présente une double
caractéristique : elle a pour objectif de permettre au débiteur de renégocier
ses dettes et, à terme, de sauver l’entreprise en crise du redressement ou de
la liquidation judiciaire ; pour ce faire ,le législateur reconnaît au juge un
pouvoir plus important que dans les procédures précédentes, dans la
mesure où il peut tout à la fois nommer un conciliateur chargé de faciliter la
réalisation d’un accord entre le débiteur et ses créanciers , ordonner la
suspension des poursuites individuelles et imposer des délais de paiement
aux créanciers récalcitrants. C’est ce que nous allons voir en examinant
les conditions d’ouverture du règlement amiable ( Sous-section 1) puis le
règlement amiable proprement dit (Sous-section 2)

- Sous-section 1 : Conditions d’ouverture du règlement amiable


L’ouverture de la procédure est subordonnée à des conditions précises,
tant de fond (§1) que de forme et de procédure (§2)

- §1) Conditions de fond


Ces conditions sont posées par l’article 550 al.1 , qui dispose : « La
procédure de règlement amiable est ouverte à toute entreprise commerciale ou
artisanale qui, sans être en cessation de paiements, éprouve une difficulté
juridique, économique ou financière ou des besoins ne pouvant être couverts
par un financement adapté aux possibilités de l'entreprise… »

Les conditions de fond ainsi requises concernent tant la qualité du


débiteur, c'est-à-dire les entreprises concernées par la procédure (I) que le
fait générateur, autrement dit l’hypothèse d’ouverture (II)

- I) La qualité du débiteur (entreprises concernées)


La procédure de règlement amiable concerne toutes les entreprises
commerciales, aussi bien les entreprises commerciales à caractère
individuel, c'est-à-dire les commerçants personnes physiques, que les
entreprises commerciales à caractère social, à savoir les commerçants
personnes morales (sociétés commerciales par la forme ou par l’objet,GIE à
objet commercial, établissements publics à caractère industriel et
commercial ou EPIC). Il est à cet égard intéressant de relever que ,
contrairement à la procédure de traitement de difficultés ( redressement
liquidation - judiciaire) qui – nous le verrons- ne semble pas s’appliquer
aux établissements publics à caractère industriel et commercial, ces
derniers seraient ici concernés ; ce qui est en soi louable,ces
établissement ,comme tout commerçant, étant susceptibles – et le sont
parfois- de connaître de réelles difficultés .

En sont, a contrario, exclus les entreprises non commerciales,


notamment les société civiles, les association, les GIE à objet non
commercial et les entreprises individuelles ayant pour objet l’exercice
d’une profession libérale (médecins, avocats, experts comptables,
architectes,…) ou une activité agricole. La limitation est regrettable,
notamment à l’égard des petits agriculteurs et certaines associations (on
peut penser aux clubs sportifs) qui, surendettés pour certains, peuvent avoir
intérêt à bénéficier des avantages du règlement amiable pour, en
particulier, renégocier leurs créances à l’égard des établissements
financiers.

- II) L’hypothèse d’ouverture (fait générateur)


Le règlement amiable peut intervenir suite à l’échec de la procédure
d’alerte externe précédemment examinée, comme il peut avoir lieu
indépendamment de cette procédure, encore faut-il que l’hypothèse
envisagée par la loi se présente.

En indiquant que la procédure est ouverte à toute entreprise qui « sans


être en cessation de paiements, éprouve une difficulté … » l’article 550 al.1
pose deux conditions, l’une négative, l’autre positive, pour que l’ouverture
de la procédure de règlement amiable soit possible.

- A) Condition négative : absence de l’état de cessation de paiement


Notion controversée nous le verrons plus loin, l’état de cessation de
paiement constitue le fait justificatif de l’ouverture de la procédure de
traitement des difficultés (redressement – liquidation judiciaire). Elle
renvoie à cette situation où l’entreprise, sans être en état d’insolvabilité, est
dans l’incapacité de faire face à son passif exigible par son actif (en réalité,
nous l’expliqueront plus tard, par son actif immédiatement disponible)

Aussi, lorsque l’entreprise se trouve dans une situation d’état de


cessation de paiement, il convient d’ouvrir non point un règlement amiable,
mais une procédure de redressement- liquidation judiciaire. Plusieurs
conséquences importantes en découlent :
- Le débiteur en état de cessation de paiement doit demander l’ouverture
de la procédure de redressement , et non le règlement amiable ,faute de
quoi il risque , si l’entreprise se trouve par la suite en situation de
redressement – liquidation judiciaire: une action en comblement du passif
pour faute de gestion, et donc l’obligation de payer les dettes de l’entreprise
sur son propre patrimoine (art.704); la déchéance commerciale
( interdiction de gérer directement ou indirectement une entreprise
commerciale) pour ne pas avoir déclaré l’état de cessation de paiement
dans les 15 jours qui suivent sa survenance ( art 714)
- Le président du tribunal saisi pour une demande en règlement amiable,
peut et doit, lorsqu’il constate l’état de cessation de paiement, prononcer
d’office l’ouverture de la procédure de redressement
- Mais, l’ouverture d’une procédure de règlement amiable, ne dispense pas
le dirigeant de procéder, ultérieurement, à la déclaration de la cessation de
paiement lorsque ces conditions sont réunies
- Enfin, l’ouverture d’une procédure de règlement amiable par le président
du tribunal, n’implique pas une présomption irréfragable de l’absence de
l’état de cessation de paiement, et donc ne dispense pas le dirigeant d’être
sanctionné lorsqu’il a été découvert plus tard que l’état de cessation de
paiement existait déjà au moment de la décision du tribunal d’ouvrir ledit
règlement.

- B) Condition positive : difficultés


Le règlement amiable se justifie lorsque, sans être en état de cessation
de paiement,l’entreprise « éprouve une difficulté juridique, économique ou
financière ou des besoins ne pouvant être couverts par un financement adapté
aux possibilités de l'entreprise »( art.550 al.1). Deux types de difficultés, les
unes d’ordre général, les autres spécifiques, sont ainsi visées.

- 1) Difficultés d’ordre général :inutilité de la notion


Il s’agit des « difficultés d’ordre juridique, économique ou financière ».
La formule est tellement large qu’elle semble viser toute difficulté, quelque
soit sa nature et son incidence sur la marche de l’entreprise. Il n’en est rien
en vérité. Le but du règlement amiable étant essentiellement de parvenir à
un accord entre le débiteur (chef d’entreprise) et ses créanciers, ce sont
précisément les difficultés financières, caractérisées par des difficultés de
paiement, qui doivent être prises en compte. Les autres difficultés ne le
seront que si elles concourent avec ces difficultés financières, soit parce
qu’elles en constituent la cause ( des difficultés économiques, tels qu’une
appréciation de la monnaie ou le renchérissement des prix des matières
premières, qui ont alourdi les charges de l’entreprise et, partant, conduit à
des difficultés de paiement ) , soit parce qu’elle en sont le fait révélateur
(des difficultés juridiques ou judiciaires, comme la multiplication des
actions en paiement à l’encontre de l’entreprise, qui attestent de ces
difficultés de paiement) . Mais, ainsi conçues, les difficultés d’ordre général
se confondent avec les difficultés spécifiques qui renvoient aussi aux
difficultés de paiement.

- 2) Difficultés spécifiques :La pertinence de la notion de « rupture de


l’équilibre financier »
L’article 550 al.1 parle de « besoins ne pouvant être couverts par un
financement adapté aux possibilités de l’entreprise ». Que faut-il déduire de
cette formule foncièrement comptable?

L’expression est formulée de telle manière à ne pas être confondue


avec la notion d’état de cessation de paiement : d’un coté, ce n’est point le
passif exigible qui est concerné mais les « besoins de l’entreprise », c'est-à-
dire le passif exigible ou non en plus des besoins prévisibles de toute nature
et, en définitive, les charges actuelles et les charges prévisibles de
l’entreprise; d’un autre coté, la notion de « financement adapté aux
possibilités de l’entreprise » vient se substituer à celle de « l’actif de
l’entreprise » , impliquant ainsi de tenir compte des moyens financiers
raisonnables de l’entreprise, c'est-à-dire ses capitaux propres ajouté à un
financement extérieur qui ne serait pas excessif par rapport à ses moyens de
remboursement.
En définitive, une entreprise qui éprouve des « besoins ne pouvant être
couverts par un financement adapté à ses possibilités » est celle qui, certes
peut toujours face à ses charges actuelles et prévisibles dans un futur
proche. Mais cette entreprise est surendettée à un point tel que tout nouvel
endettement n’est possible qu’à des conditions telles qu’il peut entraîner
l’état de cessation de paiement.

- §2) Conditions de forme et de procédure


- I) Conditions de forme
En énonçant que « …Le président du tribunal est saisi par une requête du
chef de l'entreprise, qui expose sa situation financière, économique et sociale,
les besoins de financement ainsi que les moyens d'y faire face. », l’article
550al.2 définit les conditions de forme de l’ouverture de la procédure qui
concernent, ainsi, le mode de la saisine du président du tribunal et la
personne habilitée à procéder à cette saisine

- A) Personne habilitée à saisir le président du tribunal


Le président du tribunal est saisi exclusivement par le chef de
l'entreprise (commerçant personne physique ou, concernant les sociétés
commerciales, son dirigeant/ gérant, président du conseil d’administration
ou du directoire). En conséquence, ni le commissaire en compte, ni les
créancier, ni les salariés, pas plus le tribunal d’office, ne peuvent se
substituer au chef d’entreprise. La limitation est justifiée dans la mesure
où, le règlement amiable visant à permettre au chef d’entreprise de
demander l’aide du président du tribunal pour redresser la situation de son
entreprise, seul ce dernier est concerné par la demande d’ouverture de la
procédure.

Mais, il ne s’agit pas d’une simple faculté, le chef d’entreprise étant


- même si le texte ne le dit pas expressément- obligé de saisir l’organe
compétent quand les circonstances requises se présentent.

En effet, à défaut de demander un règlement amiable à temps , le chef


d’entreprise, au cas où l’entreprise sera ultérieurement mise en
redressement- liquidation judiciaire, peut, si la poursuite de l’activité était
justifié par un intérêt personnel , être poursuivi pour « poursuite abusive
d’une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire qu’à la cessation des
paiements de la société ». Il risque, en conséquence, l’ouverture à son
encontre d’une procédure de redressement - liquidation judiciaire
personnelle ( art 706 du code de commerce) , voire la déchéance
commerciale ( art712)

- B) Le mode de saisine du président du tribunal : la requête et son contenu


S’agissant d’une procédure gracieuse (et non contentieuse)
l’ouverture de la procédure de règlement amiable implique la saisine du
tribunal de commerce du lieu du domicile du débiteur par voie de requête
adressée par le chef d’entreprise.

Dans sa requête, le chef d’entreprise expose sa situation financière


(chiffres d’affaires, actif et passif, notamment), économique (perspectives
commerciale, projet d’investissement,…) et sociale (masse salariale, projet
de recrutement ou de licenciement), les besoins de financement (charges
actuelles et futures, etc.) ainsi que les moyens disponibles (trésorerie,
situation des comptes bancaire, état des crédits,…) pour y faire face.

Ces éléments permettront au président du tribunal de vérifier la


réalisation ou non de l’hypothèse justifiant le règlement amiable et le
sérieux des mesures proposés par le chef d’entreprise pour y faire face. Il va
de soi que le président vérifiera également si, de manière négative,
l’entreprise n’est pas en état de cessation de paiement, auquel cas il ouvrira
la procédure de redressement- liquidation judiciaire.

- II) Conditions de procédure


Ces conditions concernent la décision d’ouverture du règlement
amiable dont le prononcé (B) implique de mesures préalables (A)

- A) Les mesures préalables à la décision d’ouverture


Préalablement au prononcé de sa décision, le président convoque le chef
d’entreprise (1), comme il peut, pour plus d’informations, diligenter une
enquête et la désignation d’un expert ( 2)

- 1) La convocation du chef d’entreprise


L’article 551 prévoit que « Dés réception de la requête, le président du
tribunal fait convoquer dans son cabinet, par le greffier, le chef de l'entreprise
pour recueillir ses explications. »

Aussi, avant de se prononcer sur la suite à donner à la demande de


règlement amiable, le président du tribunal convoque dans son cabinet ( et
non dans la chambre de conseil ,réservée aux séances non- publique du
tribunal dans son ensemble) le chef d’entreprise dans le but de recueillir ses
explications quant à la situation de l’entreprise et aux mesures qu’il compte
prendre.

- 2) Enquête et désignation d’un expert


En précisant qu’ « outre les pouvoirs qui lui sont attribués par l'article
548, le président du tribunal peut charger un expert d'établir un rapport sur la
situation économique, sociale et financière de l'entreprise et, nonobstant toute
disposition législative contraire, obtenir des établissements bancaires ou
financiers tout renseignement de nature à donner une exacte information sur
la situation économique et financière de l'entreprise » ,l’article 552 permet au
président du tribunal de déclencher une enquête élargie aux établissements
financiers et de désigner un expert en vue de l’éclairer sur la situation de
l’entreprise

- a) Enquête élargie aux établissements financiers


Les « pouvoirs qui sont attribués par l'article 548 au président du
tribunal » sont ceux lui permettant ( dans le cadre de l’alerte externe) de
demander information sur la situation de l’entreprise à tous ses
partenaires :le commissaire aux comptes, les administrations
(administration fiscale,notamment) organismes publics (caisse de la sécurité
sociale), les représentants du personnel ( comité d’entreprise, ou délégués
du personnel) ou toute autre partie ( associé, administrateurs, concurrent,
clients, etc.)

Mais, et la précision est de taille, le président peut , en outre,


« nonobstant toute disposition législative contraire, obtenir des établissements
bancaires ou financiers tout renseignement de nature à donner une exacte
information sur la situation économique et financière de l'entreprise » .
Aussi – mesure a priori impossible dans le cadre de l’alerte externe- les
établissements financiers peuvent ici être sollicités pour fournir des
informations sur la situation de l’entreprise (situation bancaire, encours de
la dette,..) nonobstant toute disposition législative contraire, autrement dit
sans pouvoir opposer au président le secret bancaire. La résolution est
heureuse, l’examen de la situation ne pouvant être exhaustif sans le
concours des banques.

- b) Désignation d’un expert


Le président du tribunal peut également charger un expert d'établir
un rapport sur la situation économique, sociale et financière de l'entreprise

Ajouté aux informations recueillies, le rapport de l’expert permettra


au président de se prononcer, en connaissance de cause, sur l’opportunité
d’ouvrir ou non officiellement le règlement amiable, c’est à dire de désigner
le conciliateur qui va diriger les négociations entre le débiteur et ses
créanciers.

Le recours à l’expertise prévu par la loi est salutaire, la matière étant


à caractère autant technique ( économique ,voire comptable) que
juridique . L’on regrettera seulement qu’il n’a pas été prévu la possibilité
pour le président du tribunal– comme dans le cadre de l’alerte externe, et
comme cela est prévu ailleurs, notamment en droit français- de désigner un
mandataire spécial chargé, avant même l’ouverture du règlement amiable
et la désignation du conciliateur, de sonder les intentions des uns et des
autres (débiteur et créanciers) et de préparer un projet d’accord. Ceci
d’autant que la durée prévue pour la mission du conciliateur ( fixée , nous
le verrons sous -peu, à quatre mois au plus) peut s’avérer trop courte pour
parvenir à un accord entre le débiteur et ses créanciers

- B) Le prononcé de la décision
En fonction de tous les éléments recueillis, le président appréciera tant
la réalisation de l’hypothèse d’ouverture que le caractère sérieux des
propositions de redressement faites par le chef d’entreprise et rendra, en
fonction, sa décision .Un double chois s’ouvre alors à lui.

Au cas où les conditions requises ne sont pas réunis, soit il sera


prononcé ( par ordonnance, mais pas obligatoirement)le rejet de la
demande, auquel cas le chef d’entreprise, qui pourra toujours rechercher
des accords individuels avec ses créanciers, devra faire face seul à une
situation par hypothèse non préoccupante, à tout le moins surmontable ;
soit il sera décidé l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire si
ses conditions d’ouverture ont été constatées par le président du tribunal

En revanche, si le président du tribunal constate la réunion des


conditions exigées et conclue au caractère sérieux des propositions faites, il
rendra une ordonnance par laquelle il désignera un conciliateur et le
règlement amiable sera ouvert. C’est ce que prévoit l’article 553 en
disposant que « s'il apparaît que les propositions du chef de l'entreprise sont
de nature à favoriser le redressement de l'entreprise, le président du tribunal
ouvre le règlement amiable. Il désigne un conciliateur……. »

- Sous-section 2 : Le règlement amiable


Il conviendra de distinguer les effets de l’ouverture de la procédure
de règlement amiable, qui consistent en la préparation du plan de l’accord
entre le débiteur et ses créanciers (§1), de l’accord amiable proprement dit,
une fois celui -ci réalisé (§2)

- §1) La préparation de l’accord amiable


La réussite de la réalisation de l’accord amiable suppose tout à la fois
un rôle actif de la part du conciliateur désigné à cet effet (I), que l’arrêt/
suspension des poursuites individuelles et la suspension des paiements sans
lesquels un accord serait difficile à atteindre (II). De bon sens, ces
dispositions sont peu ou prou explicitement prévues par la loi.

- I) Statut et rôle du conciliateur


Avant de s’interroger sur le rôle du conciliateur, il convient d’en
déterminer le statut

- A) Statut du conciliateur
En ouvrant la procédure de règlement amiable, le président du tribunal
désigne donc « un conciliateur pour une période n'excédant pas trois mois
mais qui peut être prorogée d'un mois au plus à la demande de ce dernier. »
( article 553)

Le conciliateur désigné n’est ni un expert, ni un arbitre chargée de


rendre une décision juridictionnel .C’est est un auxiliaire de justice
occasionnel, dont la mission est de d’aplanir les difficultés , consistant ou
non en un litige, entre le débiteur et ses créanciers Il est rémunéré par
l’entreprise selon les directives du président qui
tiendra compte notamment de la situation de l’entreprise, des efforts
fournis et notamment des remises de dettes qu’il aura pu obtenir de la part
des créanciers.

La durée fixée pour sa mission, limitée à quatre mois au plus, peu


s’avérer trop courte pour lui permettre d’accomplir sa mission dans de
bonnes conditions. D’autant plus, nous l’avons vu, que le président ne peut
pas désigner préalablement un mandataire spécial afin de préparer un
premier projet d’accord.

Le contenu concret de la mission du conciliateur relève du président


(article 554), même si les grandes lignes de cette mission sont précisées par
la loi

- B) Rôle actif du conciliateur


Le conciliateur joue un rôle important (1), facilité en pratique par
l’obligation faite au président du tribunal de lui communiquer toute
informations utiles (2)
- 1) Le rôle proprement dit du conciliateur
En vertu de l’article 554 al.1, qui nous enseigne que sa mission a pour
objet « de favoriser le fonctionnement de l'entreprise et de rechercher la
conclusion d'un accord avec les créanciers. » ,le conciliateur joue un double
rôle , l’un à titre principale , l’autre accessoirement au premier

- a) Rôle principal : rechercher la conclusion d'un accord avec les


créanciers.
Il s’agit peut être là de l’aspect le plus important de la procédure : un
débiteur en difficultés est celui qui, accusant des charges trop importantes,
n’arrive pas à obtenir des délais ou remises de dettes de la part de ses
créanciers; dés lors, l’intervention d’un tiers neutre et compétent, de
surcroît désigné de manière officielle par le président du tribunal, et ayant
pour mission de convaincre les uns et les autres des mérites d’un accord
amiable, s’avère utile et souhaitable. C’est là le rôle principal du
conciliateur

Pour y parvenir, le conciliateur usera des moyens et techniques


adaptés à la situation : il organisera des rencontres entre le débiteur et ses
créanciers , expliquera les avantages d’un accord ( en mettant en exergue
les risques d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire qui pourrait
se produire à défaut d’accord) , formulera des propositions de délais et/ou
de remise en fonction du montant de la dette concernée et de son échéance
et incitera le débiteur à prendre des engagements à la hauteur des
concessions faites par les créanciers, notamment.

- b) Rôle accessoire : favoriser le fonctionnement de l’entreprise


En indiquant que le conciliateur a pour mission de « favoriser le
fonctionnement de l'entreprise » , le législateur n’a pas -et c’est le moins que
l’on puisse dire- été inspiré par un souci de précision . Que faut –il
comprendre ? Il est évident que le conciliateur, qui n’est pas le syndic de la
procédure de redressement – liquidation judiciaire et qui a été désigné pour
faciliter la réalisation d’un accord, ne saurait s’immiscer dans la gestion de
l’entreprise, ni s’intéresser aux aspects autres que ceux concernant le
règlement amiable, à savoir la recherche de l’accord. Partant, tout ce que
peut faire le conciliateur c’est d’assister et conseiller le chef d’entreprise
quand il s’agit de formuler des propositions aux créanciers. Mais, s’agissant
là du rôle principal du conciliateur , l’on aurait pu faire l’économie d’une
disposition ambiguë qui risque de poser des problèmes inutiles dans la
relation entre le chef d’entreprise et la personne censée l’aider à surmonter
ses difficultés

- 2) Moyens mis à la disposition du conciliateur


Pour permettre au conciliateur de mener à bien sa mission, « Le
président du tribunal ( lui) communique les renseignements dont il dispose et,
le cas échéant, les résultats de l'expertise visée à l'article 552. »

Il lui communiquera ainsi les informations obtenues dans le cadre de


l’enquête élargie et le rapport d’expertise s’il en été réalisé. L’on regrettera,
cependant, que la loi ne permette pas au conciliateur, pourtant auxiliaire de
justice, de recueillir directement les informations complémentaires dont il a
besoin, d’autant que le président du tribunal peut ne pas disposer du temps
et des moyens humains suffisants pour obtenir toutes les informations.

- II) Positions respectives des parties : arrêt et suspension provisoires des


poursuites individuelles et interdiction des paiements et de certains actes
En recherchant un accord entre les intéressés, le conciliateur aura
besoin du concours et de la participation de tous les créanciers mis sur un
même pied d’égalité. Or, si certains créanciers continuent à poursuivre le
débiteur, les autres, à supposer qu’ils négocient, se sentiront lésés et seront
tentés de faire de même et abandonner les négociations. Il en va de même si
le débiteur procède au paiement de certains créanciers au moment où il
demande aux autres de faire de concessions. C’est logiquement, donc, que le
loi prévoit aussi bien la possibilité pour le conciliateur de demander au
président l’interdiction et la suspension provisoire des poursuites
individuelles (A) que l’interdiction pour le débiteur de payer ou
d’accomplir certains actes sauf autorisation du président (B).

- A) Position des créanciers : interdiction et suspension provisoire des


poursuites, ainsi que la suspension des délais impartis à peine de
déchéance et de résolution.
Aux termes de l’article 555, en effet, « s'il estime qu'une suspension
provisoire des poursuites serait de nature à faciliter la conclusion de l'accord,
le conciliateur peut saisir le président du tribunal. Après avoir recueilli l'avis
des principaux créanciers, ce dernier peut rendre une ordonnance fixant la
suspension pour une durée n'excédant pas le terme de la mission du
conciliateur.
Cette ordonnance suspend et interdit toute action en justice de la part de tous
les créanciers dont la créance a son origine antérieurement à ladite décision et
tendant:
1) à la condamnation du débiteur au paiement d'une somme d'argent;
2) à la résolution d'un contrat pour défaut de paiement d'une somme
d'argent.
Elle arrête et interdit toute voie d'exécution de la part de ces créanciers tant
sur les meubles que sur les immeubles.
Les délais impartis à peine de déchéance ou de résolution des droits sont, en
conséquence, suspendus.

A la lecture des dispositions de l’article 555, l’interdiction et la


suspension des poursuites individuelles intervient sous conditions et a un
domaine précis (1) . Elle donne, par ailleurs, lieu à la suspension des délais
impartis (2)
- 1) L’interdiction et la suspension des poursuites individuelles
- a) Les conditions de la suspension
L’interdiction et la suspension provisoire des poursuites fait l’objet
d’une ordonnance rendue par le président du tribunal, sur demande du
conciliateur. Elle n’est donc pas automatique (comme c’est le cas, nous le
verrons, dans le cadre de la procédure de traitement des difficultés). Ce
caractère facultatif peut se comprendre : le conciliateur fera la demande
lorsqu’il existe plusieurs créanciers qui ne souhaitent pas tous négocier.
Inversement, en présence d’un nombre restreint de créanciers, comme dans
le cas où, bien que nombreux, ils acquiescent tous à la négociation, la
demande – au demeurant contraignante- d’une ordonnance serait inutile

Le président du tribunal rendra sa décision « après avoir recueilli l’avis


des principaux créanciers». L’interdiction et la suspension des poursuites
n’étant pas toujours favorablement accueillies par les créanciers, il est
normal qu’ils en soient préalablement informés, pour les principaux d’entre
eux du moins (les « petits » créanciers sont, nous le verrons tout au long, les
grands « oubliés » de toute la procédure de prévention et de traitement de
difficultés). Il s’agit seulement de recueillir leurs avis et non point d’obtenir
leur accord. Mais, à défaut pour le président d’y procéder, l’interdiction ou
la suspension ne sera pas opposable au créancier (principal) qui soulève
cette exception.

Enfin, l’arrêt et la suspension des poursuites, ayant pour but de


permettre au conciliateur de rapprocher les points de vues et d’aider les
parties à parvenir à un accord, leur durée ne peut en conséquence excéder
celle prévue pour la mission dudit conciliateur, c'est-à-dire trois ou, en cas
de prorogation, quatre mois.

-b) Le domaine de la suspension des poursuites


La suspension ou l’interdiction des poursuites concerne tant certaines
actions que les voies d’exécution sur meubles et immeubles

- b.1) Interdiction et suspension des actions


L’interdiction ou la suspension des actions a un domaine précis
- b.1.a) Etendue
L’ordonnance rendue par le président « suspend et interdit toute action
en justice de la part de tous les créanciers dont la créance a son origine
antérieurement à ladite décision et tendant:
- à la condamnation du débiteur au paiement d'une somme d'argent;
- à la résolution d'un contrat pour défaut de paiement d'une somme d'argent.

L’objet du règlement amiable étant de faire concéder des délais de


paiement et/ou des remises de dettes aux créanciers, seuls les créances en
numéraire (paiement du prix contractuel, paiement de dommages et
intérêts incluant l’exécution par compensation, les intérêts moratoires et
compensatoires..) sont concernées. Seules, par voie de conséquence, les
actions relatives à ces créances sont interdites et, si elles sont déjà engagées,
suspendues : celles qui tendent au paiement, comme celles qui visent la
résolution (ou la résiliation) d’un contrat pour non - paiement

D’un autre coté, l’ordonnance ayant un effet immédiat, seules les


créances nées antérieurement à cette décision et les actions s’y rapportant
sont concernées

- b.1.b) Limites
Les autres actions sont, a contrario, exclues de la suspension et peuvent
être déclenchées ou, si elles le sont déjà, poursuivies. Il s’agit d’abord de
toutes les actions relatives à des créances nées après la décision de
suspension, celles -ci pouvant être déclenchées. Il s’agit ensuite des actions
autres que celles relatives au paiement d’une somme d’argent : actions en
exécution d’une obligation en nature ( de faire/ de fournir une marchandise
ou d’exécuter une prestation ; de ne pas faire/ de cesser un trouble comme
la concurrence déloyale, etc.) ; actions en revendication d’un bien ; actions
en nullité ; action en résolution pour une cause autre que le non- paiement.

Ne sont pas non plus concernées les actions contre les personnes qui
ont cautionné le débiteur (les cautions) quelque soit l’objet et le moment de
la naissance de la créance en cause

- b.2) Interdiction et arrêt des voies d’exécution sur meubles et immeubles


Par ailleurs, l’ordonnance rendue « arrête et interdit toute voie
d'exécution de la part de ces créanciers tant sur les meubles que sur les
immeubles. »

Les voies d’exécution qui ne peuvent pas être engagées et qui seront
suspendues lorsqu’elle le sont déjà, sont celles qui ont pour objet la saisie-
vente d’un meuble ou immeuble en vue d’obtenir le paiement. En sont par
conséquent exclus, dés lors qu’elles ne visent pas à obtenir le paiement :
l’exécution forcée directe portant sur la livraison d’un bien, la saisie
conservatoire et la contrainte par corps. Concernant la saisie -arrêt, quand
bien même elle n’est pas expressément visée par le texte, elle ne nous semble
pas moins devoir être arrêtée ou suspendue dés lors que, bien que
consistant à saisir à titre conservatoire une somme d’argent entre les mains
d’un tiers, elle permet d’obtenir le paiement sur cette somme. (La saisie-
arrêt, en effet, est à la fois une saisie- conservatoire et une saisie -exécution)

- 2) Suspension des délais d’exécution


« Les délais impartis à peine de déchéance ou de résolution des droits,
nous enseigne l’article 555 al. 4, sont, en conséquence, suspendus. »

La prescription concerne les créances qui ne sont pas arrivées à


échéance au moment de l’ordonnance, et dont les titulaires, ne pouvant pas
par hypothèse engager des actions ni a fortiori des voies d’exécution, ne
sont pas concernés par l’arrêt des poursuites individuelles prononcé. C’est
la raison pour laquelle il était opportun de prévoir de manière autonome la
suspension des délais les concernant. Partant, si ces créances arrivent à
échéance pendant la suspension des poursuites, leurs titulaires, au même
titre que les créanciers antérieurs, ne pourront pas engager des actions
contre le débiteur.

- B) Position du débiteur : interdiction de payer certaines créances et


d’accomplir certains actes
L’article 555 al.5 énonce clairement : « Sauf autorisation du président
du tribunal, l'ordonnance qui prononce la suspension provisoire des
poursuites interdit au débiteur, à peine de nullité, de payer, en tout ou partie,
une créance quelconque née antérieurement à cette décision, ou de
désintéresser les cautions qui acquitteraient des créances nées antérieurement,
ainsi que de faire un acte de disposition étranger à la gestion normale de
l'entreprise ou de consentir une hypothèque ou nantissement. Cette
interdiction de payer ne s'applique pas aux créances résultant du contrat de
travail. »
L’interdiction ainsi imposée au débiteur, bien que très étendue, n’est
pas sans limites

- 1) Etendue
A peine de nullité du paiement et donc l’obligation pour le créancier
de restituer les sommes perçues, il est interdit au débiteur de payer,
totalement ou partiellement, une créance quelconque née antérieurement à
(avant) l’ordonnance du président

Sous la menace de la même sanction, il est interdit au débiteur de


désintéresser les cautions qui se seraient substituées à lui pour acquitter
des créances nées antérieurement. Force est alors de constater la situation
désavantageuse des cautions : ne bénéficiant pas- nous l’avons vu - de
l’arrêt et la suspension des poursuites, elles sont soumises à l’interdiction
faite au débiteur de payer lorsque, ayant payé le créancier bénéficiaire de
la garantie , elles tentent ,sur la base de l’action directe qui leur est
reconnue par la loi, de se retourner contre le débiteur garanti

Par ailleurs, le débiteur doit s’interdire tout « acte de disposition


étranger à la gestion normale de l'entreprise » : l’on peut penser à la vente
(ou la location de longue durée) d’un immeuble, du fonds de commerce ou
de tout autre bien de valeur ,dont la sortie appauvrira le patrimoine du
débiteur et portera préjudice aux créanciers .

De même, l’inscription d’une hypothèque ou d’un nantissement au


profit d’un créancier nouveau ou ancien, dés lors qu’elle porte préjudice
aux autres créanciers en rompant l’équilibre existant au moment de
l’ordonnance, est logiquement interdite.

- 2) Limites
Echappent à l’interdiction : tous les actes précédemment cités qui ont
bénéficié d’une autorisation préalable du président du tribunal , lequel ,par
une appréciation souveraine, aurait considéré que l’acte ne porte pas
préjudice aux autres créanciers ;le paiement des salariés pour les salaires et
indemnités dus avant et après l’ordonnance ainsi que le paiement des
créanciers et des cautions pour les créances nées après l’ordonnance ;les
actes de disposition relevant de la gestion normale (vente d’un produit dans
le cadre de l’objet social, par exemple) ; l’octroi de sûretés autres que
l’hypothèque et le nantissement (caution et gage, notamment)
- §2) L’accord amiable
Certes, les créanciers étant libres d’accorder ou non des délais ou des
remises, les négociations entre le débiteur et ses créanciers sous l’instigation
du conciliateur, peuvent ne pas aboutir. Dans ce cas, le débiteur, sauf à
demander , immédiatement ou ultérieurement, l’ouverture d’une procédure
de redressement – liquidation judiciaire lorsque ses conditions sont réunies,
devra faire face à la situation, et surtout honorer les créances exigibles qui
peuvent à nouveau être poursuivies. Il devra le faire par les moyens
classiques en tentant d’obtenir des accords individuels ou trouver de
nouveaux moyens de financement, notamment.

Mais, pour deux raisons au moins, cette hypothèse, sans être


inconcevable, ne devrait pas en principe se produire .D’une part, tout
l’arsenal juridique prévu devrait faciliter la réalisation d’un accord
amiable. D’autre part et surtout,en vertu de l’article 556 qui précise que
« lorsqu'un accord est conclu avec tous les créanciers, il est homologué par le
président du tribunal et déposé au greffe (et) si un accord est conclu avec les
principaux créanciers, le président du tribunal peut également l'homologuer
et accorder au débiteur les délais de paiement prévus par les textes en vigueur
pour les créances non incluses dans l'accord » , la réalisation du règlement
amiable n’exige pas l’accord de tous les créanciers , celui des principaux
créanciers ( banque et principaux fournisseur, notamment) étant suffisant.

En tout état de cause, nous nous situons ici dans l’hypothèse où un


accord,avec tous les créanciers ou avec les principaux d’entre eux, a été
conclu, en abordant la portée de cet accord, puis les conséquences de son
inexécution

- I ) La portée de l’accord amiable


L’on distinguera les conséquences de l’accord tant à l’égard des
créanciers qui l’on signé qu’à l’encontre des créanciers récalcitrants

- A) La portée de l’accord à l’égard des signataires


L’article 556 fait une distinction entre le cas où il y a eu accord avec
tous les créanciers et celui où l’accord a concerné uniquement les
principaux d’entre eux, l’homologation étant automatique dans la première
hypothèse, et facultative dans la seconde. En examinant les deux hypothèse
l’on se rendra compte que l’intérêt de la distinctions est pour le moins
dérisoire, l’homologation n’ayant qu’un caractère symbolique
- 1) En cas d’accord avec tous les créanciers
Dans l’hypothèse -rare en pratique, au demeurant- où tous les
créanciers ont accordé au débiteur des délais et/ou des remises, l’accord
sera signé par tous les créanciers et le conciliateur.

En application de l’article 558 al.1, cet accord « suspend, pendant la


durée de son exécution, toute action en justice, toute poursuite individuelle
tant sur les meubles que sur les immeubles du débiteur dans le but d'obtenir le
paiement des créances qui en font l'objet. Il suspend les délais impartis aux
créanciers à peine de déchéance ou de résolution des droits afférents à ces
créanciers ». Les précisions apportées par rapport à l’arrêt et la suspension
provisoires des poursuites individuelles et des délais impartis valent ici,
étant précisé que les présentes mesures concernent exclusivement la créance
pour laquelle il a été accordé des délais et/ou des remises.

En contrepartie des délais et/ou remises accordées, le débiteur peut, dans


le cadre de l’accord, s’engager à son tour en offrant des garanties :
engagements spécifiques concernant les créances aménagées ( en proposant
des sûretés) ou généraux ( adaptation de l’activité, par exemple)

L’accord sera homologué par le président et déposé au greffe (art.


556). Néanmoins, l’homologation ne donne pas force exécutoire (reconnue
aux décisions juridictionnelles, notamment) à l’accord qui garde une
nature contractuelle. Elle ne couvre pas non plus d’éventuelles
irrégularités qui auraient pu se produire lors de l’élaboration de l’accord,
comme par exemple des vices du consentement ( erreur, notamment) des
créanciers qui n’ont pas été suffisamment informés sur la situation de
l’entreprise.

En définitive, l’homologation n’a qu’une portée symbolique ou


psychologique, un accord homologué pouvant, es- qualité, être pour inciter
les signataires à le respecter

- 2) En cas d’accord avec les principaux créanciers


Au même titre que l’accord avec tous les créanciers, l’accord avec les
principaux créanciers sera signé par les parties (créanciers intéressés,
débiteur et conciliateur), et déposé au greffe (art.557). Il aura pour
conséquences la suspension et arrêt des poursuites individuelles et délais
impartis concernant les créances qui en ont fait l’objet ( art.558) et le
respect par le débiteur des engagements éventuellement pris

Certes, en application de l’article 56 qui précise que « si un accord est


conclu avec les principaux créanciers, le président du tribunal peut également
l'homologuer… », l’homologation de l’accord est ici facultative. Cette
précision n’a pas une grande incidence, toutefois : l’homologation, nous
venons de le voir, n’ayant qu’une portée symbolique , l’accord ,qu’il soit ou
non homologué , aura valeur contractuelle et s’imposera en tan que telle
aux parties signataires.

- B) La portée de l’accord à l’égard des non- signataires


En principe, les non- signataires de l’accord, conservent leurs droits
de poursuivre le débiteur car le règlement amiable, qui a une nature
contractuelle, ne leur est pas opposable ; ceci d’autant qu’il s’agit par
hypothèse de créance de valeur minime

Toutefois, dans le but d’alléger les charges du débiteur et aussi


pour inciter les « petits » créanciers à accorder des délais et/ou remise lors
des négociations, le législateur a prévu la possibilité pour le président
« ….. d’accorder au débiteur les délais de paiement prévus par les textes en
vigueur pour les créances non incluses dans l'accord. » ( art 556)

Aussi, dans le cas où certains créanciers seulement (les principaux) ont


signé l’accord, le président, en homologuant l’accord, peut imposer des
délais aux non – signataires ( et non des remises de dettes). Devant
l’incertitude du texte, de la disposition qui parle des « délais de paiement
prévus par les textes », on peut penser que les délais que le président peut
imposer sont des délais raisonnables.

- II ) Les conséquences du non- respect de l’accord


Le non respect de l’accord par le débiteur, comme par exemple le
non paiement d’une dette malgré le délai accordé, aura deux effets
d’importances inégales

D’une part, en application de l’article 558 al.2 , « En cas d'inexécution


des engagements résultant de l'accord, le tribunal prononce la résolution de
celui-ci ainsi que la déchéance de tout délai de paiement accordé » . Aussi,
l’accord sera-il , non pas résolu comme indiqué par le texte, mais résilié, les
créanciers pouvant recouvrer l’intégralité de leurs créances, déduction faite
des sommes éventuellement perçues
D’autre part, et c’est là une conséquence grave, le non -respect des
engagements du règlement amiable entraîne, selon l’article 563, l’ouverture
d’office de la procédure de redressement judiciaire ; procédure que l’on va
à présent examiner

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