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RHANI Asmae
MAAROUFI Wafae
SOMMAIRE ..............................................................................................................................................3
INTRODUCTION .......................................................................................................................................4
Chapitre I – Prévention et sauvegarde avant la cessation de paiement..................................................6
1.1 Section 1 - La procédure de prévention...................................................................................6
1.2 Section 2 - La procédure de sauvegarde................................................................................10
Chapitre II : Les procédures engagées après la cessation de paiement ................................................13
1.3 Section 1 - L’ouverture des procédures de traitement des difficultés ...................................13
1.4 Section 2 : Les procédures judiciaires de traitement de la défaillance de l’entreprise..........22
CONCLUSION .......................................................................................................................................30
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE .......................................................................................................31
INTRODUCTION
Les défis auxquels une entreprise peut faire face, en tant que concept, sont une notion
relativement récente introduite dans la législation marocaine au cours de la décennie 90. Cette
notion établit un nouveau système juridique pour les entreprises en difficulté, dans le but de
les sauvegarder. Ce nouveau droit remplace l'ancien système de la faillite et s'applique
désormais à toute entreprise, qu'elle soit commerciale ou civile, indépendamment de la nature
de son activité et de l'ampleur de ses difficultés. Il concerne toute entreprise incapable de faire
face à ses obligations financières avec les ressources dont elle dispose, autrement dit, en
situation de cessation de paiement. Cette condition menace la continuité de l'activité de
l'entreprise.
Comparé à l'approche répressive du système de la faillite, qui privilégiait les créanciers pour
récupérer leurs créances sans se soucier du sort du débiteur, le nouveau droit sur les difficultés
des entreprises (loi n° 15-95 du 1er août 1996) adopte une perspective différente. Il
abandonne le concept de la faillite pour introduire de nouvelles dispositions axées sur la
prévention interne et externe, visant à sauvegarder l'actif, à maintenir l'activité et l'emploi, et à
apurer le passif de l'entreprise en difficulté.
Après plus de deux décennies d'application, le système de traitement des difficultés a subi une
réforme supplémentaire (loi n°73-17 du 19 avril 2018) visant à moderniser l'arsenal juridique
pour une meilleure adaptation aux normes internationales en vigueur dans le monde des
affaires. Cette nouvelle loi instaure une politique de gouvernance actualisée, mettant l'accent
sur la gestion et la détection précoce des difficultés avant l'intervention judiciaire, qui souvent
aboutit à la liquidation. Elle introduit également une nouvelle procédure de sauvegarde
permettant aux entreprises non encore en difficulté de bénéficier des dispositions légales en
cas d'initiative de leur chef, accompagnée d'un plan de sauvegarde.
Dans ce contexte, le droit des entreprises en difficulté peut être considéré comme un droit à la
fois préventif et curatif, avec une fonction de sauvegarde. Les différentes facettes de ce droit
seront examinées dans la structure suivante : tout d'abord, la prévention des difficultés des
entreprises avant la cessation de paiement (chapitre 1), suivi de la procédure de traitement des
difficultés (chapitre 2)
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Chapitre I – Prévention et sauvegarde avant
la cessation de paiement
Ce premier chapitre se concentre principalement sur les procédures précédant la cessation de
paiement, en mettant en lumière celles liées à la prévention, qu'elle soit interne ou externe à
l'entreprise (section 1), ainsi que celles relatives à la sauvegarde (section 2). La loi 73-17
apporte une nouveauté notable en restructurant les procédures de prévention des difficultés
des entreprises. Dans le but de renforcer le mécanisme de prévention, d'accroître son efficacité
et d'optimiser son rendement, cette loi introduit pour la première fois la procédure de
sauvegarde.
La législation (loi n°15-95, modifiée et complétée par la loi n°73-17), établit un système de
prévention des difficultés de l'entreprise lorsque celle-ci est confrontée à des incidents de
fonctionnement susceptibles d'impacter de manière irrémédiable son exploitation. Les
dispositions cherchent à répondre aux besoins d'adaptation de l'entreprise en difficulté sans
attendre la manifestation financière de ses problèmes. Les objectifs visent à concilier la
continuité de l'activité de l'entreprise et le maintien de l'emploi. Pour atteindre ces objectifs, le
législateur marocain a adopté des solutions prenant en compte les difficultés insurmontables.
Il s'agit de réagir face à des faits ne nécessitant pas une intervention radicale, correspondant à
une situation irrémédiablement compromise, et impliquant un véritable redressement, une
cession ou une élimination de l'entreprise par liquidation, lorsque tous les facteurs de sa survie
sont perdus.
On distingue deux types de prévention : la prévention interne et externe (articles 545 à 559).
La première constitue une auto-prévention réalisée par les organes internes de l'entreprise,
n'ayant pas besoin de solliciter une autorité extérieure. Elle englobe la prévention interne
initiée par le chef de l'entreprise, le cas échéant le commissaire aux comptes, et les associés.
La deuxième catégorie correspond à une prévention externe placée sous le contrôle du
président du tribunal de commerce.
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1.1.1 La prévention interne
Le commissaire aux comptes, s'il en existe, ou tout associé, est chargé d'informer le chef
d'entreprise des faits susceptibles de compromettre la continuité de l'exploitation, dans un
délai de 8 jours à compter de la découverte de ces faits. Cette information doit être transmise
par lettre recommandée avec accusé de réception, invitant le chef d'entreprise à redresser la
situation.
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1.1.2 La prévention externe
Le législateur a introduit la prévention externe dans le but de surmonter les crises en éliminant
les difficultés ou en parvenant à un accord de conciliation entre l'entreprise et ses partenaires.
Cette procédure se caractérise par son caractère non contentieux, dépourvu des pouvoirs
judiciaires traditionnels tels que le droit de juger et de prononcer des sanctions. Elle est
également marquée par son caractère confidentiel et secret, préservant ainsi la réputation de
l'entreprise.
La prévention externe propose deux modalités : d'une part, un arrangement réalisé par un
mandataire spécial, et d'autre part, une conciliation qui, bien que légèrement complexe, vise à
parvenir à un accord amiable.
Ce dernier peut se saisir d'office dès lors qu'un acte, un document ou une procédure d'une
société commerciale ou d'une entreprise individuelle révèle des difficultés ou des besoins non
couverts par un financement adapté aux moyens de l'entreprise.
Une fois informé, le président du tribunal convoque le chef d'entreprise pour discuter des
causes, des éléments et du sort préalable des difficultés. Il peut recueillir des informations de
différentes sources pour avoir une vision claire et complète de la situation de l'entreprise, en
vue de déterminer le processus nécessaire au redressement. Dans ce cadre, il peut désigner un
mandataire spécial ou enclencher la conciliation.
Mandataire spécial
Désigné par le président du tribunal sur proposition du chef d'entreprise, le mandataire spécial
a pour mission de réduire les oppositions potentielles des partenaires habituels de l'entreprise.
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S'il échoue, un rapport peut être déposé, et avec l'accord du chef d'entreprise, le juge peut
prolonger la durée ou changer le mandataire.
Procédure de conciliation
Ouverture de la procédure
Le chef d'entreprise saisit le président du tribunal par une requête exposant sa situation, ses
besoins de financement, et les moyens qu'il envisage pour y faire face.
Le président collecte des informations utiles, peut consulter divers organismes, et peut, si
nécessaire, désigner un expert pour établir un rapport sur la situation de l'entreprise. S'il
estime que la sauvegarde de l'entreprise est possible, il ouvre la procédure de conciliation en
désignant un conciliateur.
Mission du conciliateur
Effets de l'ordonnance
L'ordonnance rendue par le président du tribunal interdit toute action en justice ou exécution
de la part des créanciers, aussi bien sur les meubles que sur les immeubles. Les délais impartis
sont suspendus, et le débiteur ne peut payer une créance antérieure à la suspension sans
l'autorisation du tribunal.
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Homologation de l'accord
L'accord conclu entre le conciliateur et les parties est déposé au greffe et a une portée
significative. Il produit plein effet sur les créanciers signataires et sur le débiteur. De plus, il
confère au débiteur une protection contre d'éventuelles actions inconsidérées des créanciers
qui ont refusé de signer l'accord.
Cependant, le législateur accorde un privilège aux personnes qui ont répondu aux besoins
financiers de l'entreprise débitrice, leur assurant un remboursement privilégié de leurs
créances en fonction de leurs rangs et avec priorité sur toutes les autres créances. Ce privilège
s'étend également à toutes les personnes ayant fourni des biens ou services à l'entreprise pour
assurer la poursuite et la continuité de son activité.
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1.2.1 Les conditions de fond
Qualité du débiteur : tous les commerçants, personnes physiques ou morales, peuvent bénéficier de
la procédure de sauvegarde.
Cessation de paiement : caractérisée par le non-respect des échéances et le refus de payer des
dettes exigibles.
Nécessite une situation désespérée où le débiteur est incapable de faire face à ses dettes.
Difficultés insurmontables :Des problèmes financiers graves pouvant rapidement conduire à la
cessation de paiement.
Justifient l'intervention législative pour sauvegarder les intérêts des parties prenantes.
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1.2.4 Les objectifs principaux de la procédure de sauvegarde
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Chapitre II : Les procédures engagées
après la cessation de paiement
Lorsque les mesures de prévention se révèlent inefficaces ou échouent, des procédures plus
complexes deviennent indispensables. Ces démarches visent soit à redresser l'entreprise si sa
situation n'est pas irrémédiablement compromise, soit à la liquider si sa survie est
définitivement compromise. Avant de détailler les modalités de traitement, nous débuterons
par définir les conditions d'ouverture des procédures d'une part, et exposer les règles de
préparation des solutions afin de prendre la décision de traitement la mieux adaptée aux
difficultés rencontrées.
L'ouverture des procédures de traitement des difficultés des entreprises se déroule dans un
contexte juridique précis, nécessitant une décision émanant de la juridiction compétente. Ces
démarches sont soumises à des critères substantiels et formels pour garantir leur légitimité et
leur efficacité.
Les organes chargés de mettre en œuvre ces procédures, ainsi que les droits des créanciers et
de l'entreprise en difficulté, ont été soigneusement établis par le législateur. Ces dispositions
visent à assurer un processus transparent et équitable, tout en préservant les intérêts légitimes
de toutes les parties impliquées.
Plus spécifiquement, cela implique que la juridiction compétente doit être saisie de manière
appropriée, en suivant les procédures établies par la loi. Les critères pour déterminer si une
entreprise est en difficulté doivent être clairs et objectifs, afin d'éviter toute ambiguïté ou
arbitraire.
En outre, les droits des créanciers doivent être protégés, garantissant leur accès à une
procédure équitable pour récupérer leurs créances impayées. De même, l'entreprise en
difficulté doit bénéficier d'un processus juste et équilibré, lui permettant de présenter sa
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situation et de trouver des solutions adaptées à ses besoins spécifiques.
L'ouverture des procédures de traitement des difficultés des entreprises repose sur un cadre
juridique solide, conçu pour assurer la justice, l'équité et l'efficacité dans la gestion des
situations de crise économique.
Les procédures de traitement s'appliquent à toute entité, qu'il s'agisse d'une personne
physique, de son représentant légal ou d'une société commercialeselon l'article 575 du
D.O.C « La procédure de redressement judiciaire s’applique à toute entreprise commerciale
en cessation de paiement ».
.Elles peuvent être initiées même si le commerçant a mis fin à son activité ou est décédé dans
l'année de sa retraite ou les six mois suivant son décès, à condition que la cessation de
paiement ait eu lieu avant ces événements. Selon l'article 579 du D.O.C«La procédure peut
être ouverte à l’encontre d’un commerçant qui a mis fin à son activité ou qui est décédé, dans
l’année de sa retraite ou dans les six mois suivant la date de son décès si la cessation de
paiement est antérieure à ces événements».
La condition essentielle pour déclencher ces procédures est l'incapacité du débiteur à payer
ses dettes exigibles à la date d'échéance,
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retenue et indispensable à la poursuite de l'activité de l'entreprise.
La première définition qui a été rendue par la jurisprudence qualifie la cessation de paiements
comme étant l’arrêt matériel des paiements, c'est-à-dire le non paiement des dettes échues,
donc il s’agit d’un critère purement matériel : est ce que le commerçant paie ou ne paie pas ?
quidéclenche l’ouverture des procédures collectives.
La cessation de paiement survient lorsque l'entreprise se trouve dans l'incapacité de faire face
à ses dettes exigibles avec ses actifs disponibles, y compris les créances découlant d'accords
amiables. Selon l’article 575 du code de commerce « La cessation de paiement est établie dès
lors que l’entreprise est dans l’impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif
disponible, y compris les créances résultant des engagements pris dans le cadre de l’accord
amiable »
Le passif exigible englobe toutes les dettes non payées à leur échéance, qu'elles soient
d'origine commerciale ou civile. Ces dettes doivent être certaines, non déclarées par le
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débiteur, et exigibles.
L'actif disponible représente les fonds dont dispose l'entreprise, comprenant les liquidités en
caisse et en banque, les valeurs immédiatement convertibles, ainsi que les réserves de crédits
dont elle bénéficie, comme les apports en compte courant.
Le déclenchement des procédures de traitement des difficultés des entreprises peut être initié par
différentes parties : le chef d'entreprise lui-même, les créanciers, le président du tribunal de commerce
ou le ministère public.
Le chef d'entreprise doit déposer sa demande au greffe du tribunal de commerce dans un délai
de trente jours à partir de la date de la cessation de paiement, sous peine de sanctions. Cette
demande doit être accompagnée d'une série de documents essentiels, tels que
Les états de synthèse du dernier exercice comptable visés par le commissaire aux
comptes s’il en existe.
La liste des débiteurs avec l’indication de leur adresse le montant des droit de
l’entreprise et garanties à la date de cessation de paiement.
La liste des créanciers avec l’indication de leurs adresses, le montant de leurs créances
et garantie à la date de cessation de paiement.
Les documents présentés doivent être datés et visés par le chef d’entreprise.
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Tout créancier peut demander l'ouverture des procédures, mais il doit prouver l'existence de sa
créance, son caractère certain et exigible, ainsi que l'incapacité du débiteur à l'honorer. Sinon,
la demande sera rejetée par le tribunal.
Le tribunal peut également être saisi d'office par le ministère public ou le président du
tribunal, qui peuvent agir lorsqu'ils constatent des difficultés de l'entreprise ou sont informés
de la cessation de paiement.
Le tribunal compétent pour ouvrir ces procédures est celui où se trouve le principal
établissement du commerçant ou le siège social de la société. Il doit rendre sa décision dans
les 15 jours suivant la saisine.
Le juge commissaire
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Éclairer le tribunal : Le juge-commissaire informe régulièrement le tribunal de
l'évolution de la procédure et lui soumet des rapports sur les contestations portées
devant lui. Il peut également proposer des mesures importantes, comme le
remplacement du syndic.
Le syndic
Les contrôleurs
Les contrôleurs assistent le syndic dans ses fonctions et le juge commissaire dans sa mission
de surveillance et de gestion de l’entreprise. Ils peuvent prendre connaissance de touts les
documents transmis au syndic, ils doivent observer la confidentialité sur les documents et la
procédure. ils rendent compte aux autres créanciers de l’accomplissement de leur mission à
chaque étape de la procédure. Les fonctions des contrôleurs sont gratuites, le contrôleur peut
se faire représenter par procuration spéciale par un de ses préposés ou par un avocat.
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Le juge-commissaire désigne un à trois contrôleurs parmi les créanciers qui lui en
font la demande. Les contrôleurs peuvent être des personnes physiques ou des
personnes morales.
Lorsque le juge-commissaire désigne plusieurs contrôleurs, il veille à ce qu'au
moins l'un d'entre eux soit choisi parmi les créanciers titulaires de sûretés et qu'un
autre choisi parmi les créanciers chirographaires.
Les contrôleurs assistent le syndic dans ses fonctions et le juge-commissaire dans
sa mission de surveillance de l'administration de l'entreprise. Ils peuvent prendre
connaissance de tous les documents transmis au syndic.
Ils rendent compte aux autres créanciers de l'accomplissement de leur mission à
chaque étape de la procédure.
Aucun parent ou allié jusqu'au quatrième degré inclusivement du chef d'entreprise
ne peut être nommé contrôleur ou représentant d'une personne morale désignée
comme contrôleur.
Elle constitue une nouveauté de la loi 17-73 qui lui a consacré les articles 606 à 621, elle est
constituée à l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire dans les trois cas suivants :
Toute entreprise soumise à une obligation de nomination d’un commissaire aux
comptes conformément aux dispositions législatives en vigueur.
Toute entreprise dont le chiffre d’affaires annuel est supérieure à 25 millions de
DH, et qui emploie un nombre de salariés qui ne peut être inférieur à 25 au cours
de l’année précédant l’ouverture de la procédure.
Sur décision motivée du tribunal, à la demande du syndic et ce en l’absence des
conditions précédentes dés lors qu’il existe des raisons valables. Le jugement est
insusceptible de recours.
La commission des créanciers est dirigée par le syndic, sauf lors de la réunion visant à
discuter de son remplacement, présidée par le juge commissaire. Quant à sa composition, elle
inclut :
Le chef d'entreprise,
Les créanciers énumérés dans la liste des créances déclarées transmise par le
syndic au juge commissaire, lorsque la réunion est convoquée avant que cette liste
ne soit déposée au greffe du tribunal. Ces créanciers doivent ne pas être sujets à
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une proposition de rejet ou de report devant le tribunal, à moins qu'une autorisation
du juge commissaire ne leur soit accordée pour participer à la réunion.
Les créanciers dont les créances ont été acceptées par le juge commissaire. Si la
réunion est programmée après le dépôt de cette liste au greffe du tribunal, les
créanciers peuvent assister personnellement à la réunion ou se faire représenter par
un mandataire.
L'avis de convocation de l'assemblée doit être publié dans un journal habilité à recevoir les
annonces légales, judiciaires et administratives, et affiché sur un panneau dédié au tribunal.
La convocation peut également être envoyée aux créanciers à leur adresse électorale ou par
voie électronique.
L'avis de convocation doit préciser le lieu, la date et l'heure de la réunion ainsi que l'ordre du
jour. Il doit également informer les créanciers de leur droit à consulter les documents
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mentionnés à l'article 612 du code de commerce au siège social ou à tout autre endroit de
l'entreprise indiqué dans l'avis de convocation. De plus, il doit stipuler que l'absence d'un
créancier ou de son représentant à la réunion vaut acceptation de toutes les décisions prises
par l'assemblée.
Lorsque l'assemblée se réunit, elle décide des modifications à apporter aux objectifs et aux
moyens du plan de continuité. L'avis doit indiquer que les créanciers qui ne sont pas d'accord
avec les modifications proposées dans le plan de continuité doivent présenter leur proposition
lors de la réunion.
Si l'assemblée rejette le plan de redressement proposé par le syndic, les créanciers opposés
doivent présenter un plan de remplacement dans les 15 jours suivant la réunion. Ce plan n'est
pris en compte que s'il est signé par la majorité des créanciers. Une nouvelle réunion est alors
programmée pour en délibérer.
Le plan de redressement approuvé par l'assemblée des créanciers est soumis au tribunal pour
homologation. Le tribunal homologue le plan dans les dix jours suivant son dépôt s'il n'y a pas
de plan de remplacement présenté par les créanciers. En cas de refus d'homologation par le
tribunal, le syndic convoque une nouvelle réunion de l'assemblée pour discuter d'une nouvelle
proposition de plan tenant compte de la décision du tribunal.
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1.4 Section 2 : Les procédures judiciaires de traitement de la défaillance
de l’entreprise
Le traitement des difficultés de l’entreprise peut nécessiter le recours à la justice dans le cadre
d’une procédure collective. L’entreprise est placée sous le contrôle du juge et le règlement des
créanciers s’effectue collectivement. Selon la situation financière de l’entreprise, plusieurs
procédures peuvent être mises en œuvre. Ces procédures, dont le but principal est de prévenir
les difficultés d’entreprises, sont nommées les procédures collectives. Ce sont toutes les
procédures décidées par un juge. Elles visent à redresser ou à liquider une entreprise qui
rencontre des difficultés d’ordre économique. Les mesures de prévention de difficultés
d’entreprises sont des mesures judiciaires qui ont pour objectif de garantir la poursuite de
l’activité. En outre, elles ont pour objectif de maintenir l’emploi, tout en respectant les droits
des créanciers.
En gros, il existe deux formes de procédures en fonction du degré des difficultés d’entreprises
rencontrées à savoir :
Par ailleurs, avant de rendre son jugement qui fixera le sort de l’entreprise, le tribunal entend
le chef de l’entreprise, les représentants des créanciers et les délégués du personnel (Article
590), pour une ultime consultation contradictoire en chambre du conseil (audience non
publique). Ayant acquis, avec ces différentes étapes informatives et consultatives, un point de
vue global de la situation de l’entreprise, dans la plénitude de ses implications et de ses
problématiques, le tribunal rend son jugement en audience publique, sur l’issue de la
procédure collective. La nouvelle législation sur les difficultés de l’entreprise, permet de sortir
du schéma unitaire de la liquidation comme seule issue possible des procédures collectives,
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telles qu’organisées par l’ancienne loi sur la faillite. Le nouveau Code de Commerce apporte
une gamme de solutions en fonction des spécificités du contexte de l’entreprise.
La procédure de redressement judiciaire est réservée au débiteur qui est déjà en cessation des
paiements c’est-à-dire, toute entreprise commerciale qui est face à de grandes difficultés
financières et qui se trouve en cas de cessation des paiements.
Pour l’ouverture de cette procédure, certaines personnes peuvent faire la demande à savoir : le
chef d’entreprise qui dépose sa demande au greffe dans les 30 jours après la cessation des
paiements, ainsi, la procédure peut être ouverte d’office par le tribunal, sur requête du
ministère public ou du président du tribunal ou sur assignation du créancier, (quel que soit la
nature de sa créance).
Afin que l’intéressé demande l’ouverture d’une procédure de redressement, il doit compléter
une déclaration de cessation des paiements. Ensuite, la déposer auprès du tribunal. Après
ouverture de la procédure de redressement prononcée par le tribunal, l’activité de l’entreprise
se poursuit dans un cadre protecteur.
● D’une part, implémenter un plan de redressement qui a pour finalité que la société
puisse poursuivre son activité. Une poursuite permet de sauvegarder les intérêts des
créanciers et idéalement maintenir les emplois. Cependant, il est possible qu’il soit
nécessaire de supprimer des postes, ou d’exiger le départ du chef de l’entreprise.
● D’autre part, la clôture de la procédure de redressement judiciaire en cas de disparition
des difficultés de l’entreprise. En effet, lorsque l’entreprise dispose des sommes suffisantes
pour désintéresser les créanciers et s’acquitter des frais de procédure.
● Ensuite, la cession partielle ou totale de l’entreprise
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● Enfin, la prononciation de la liquidation judiciaire si, durant la phase d’observation, les
conditions de la liquidation sont réunies. Le tribunal peut prononcer la conversation de la
procédure de redressement judiciaire en liquidation judiciaire, à signaler que dans la
pratique, la liquidation est très loin, la solution est la plus pratiquée. Ceci est expliqué par
le fait que les petites entreprises sont les plus nombreuses, mais aussi les plus fragiles, une
petite entreprise en difficulté à beaucoup moins de potentielètés de redressement qu’une
entreprise d’une certaine taille.
Généralement, le redressement judiciaire suit un régime similaire à la procédure de
sauvegarde mais avec un contrôle plus important de la part du Tribunal et de l’administrateur
judiciaire. Dans une telle conjoncture l’entreprise peut se faire, soit à travers d’un plan de
continuation, soit par la cession des actifs de l’entreprise dans le cadre d’un plan de cession ou
la liquidation judiciaire.
L’établissement du plan de continuation est pour une durée maximale de 10 ans. Son contenu
(objectifs, moyens) ne peut être modifié que par une décision du tribunal. En cas de
modifications ayant des conséquences négatives sur les remises et les délais acceptés par les
créanciers une assemblée de ces derniers est provoquée par le syndic. Le tribunal statue avoir
entendu les parties. Enfin, Il peut prononcer la résolution du plan.
Au cours de cette phase les poursuites des créanciers sont arrêtées. Mais aucune décision
irréversible n’est prise. Toutes les éventualités demeurent possibles : continuation, cession ou
liquidation.
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Pendant cette période, si la situation l’exige et sur la demande du syndic, le tribunal peut
subordonner l’adoption du plan de redressement au remplacement d’un ou plusieurs
dirigeants.
Aux termes de l’article 622, à partir du rapport du syndic et après avoir entendu le chef
d’entreprise, les contrôleurs et délégués du personnel, le tribunal se prononce sur l’une des
trois issues possibles.
Conformément à l'article 598 de la loi 15-95, en ce qui concerne les remises et les délais de
paiement, le tribunal donne acte des délais et remises acceptés par les créanciers, après
proposition du représentant des créanciers. Cependant ces délais et remises peuvent, le cas
échéant, être réduits par le tribunal. La réduction de la créance n'est définitivement acquise
qu'après le versement, au terme fixé, de la dernière échéance prévue par le plan.
Toutefois, certaines créances ne peuvent faire l'objet de remises et de délais : c'est le cas des
créances garanties par le superprivilège des salaires ; Dans le même ordre d’idée, l’article 693
stipule que : «La vérification des créances est faite par le syndic en présence du chef
d'entreprise ou lui dûment appelé, avec l'assistance des contrôleurs, sous le contrôle du juge
commissaire. Si une créance est contestée, le syndic en avise le créancier par lettre
recommandée avec accusé de réception. Cette lettre précise l'objet de la contestation, indique
éventuellement le montant de la créance dont l'inscription est proposée, et invite le créancier à
faire connaître ses explications Le défaut de réponse dans un délai de trente jours interdit
toute contestation ultérieure de la proposition du syndic. La décision optant pour un plan de
redressement met fin à la période d'observation. L'entreprise est gérée par dirigeant, ancien ou
remplacé, qui retrouve ses pouvoirs et sa liberté d'action, à l'exception de ceux limités ou
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interdits par le plan Possibilité de résolution du plan et décision de la liquidation judiciaire au
cas du non-respect des engagements qu’il a fixé. Au cas contraire, si le plan est exécuté, le
tribunal prononce la clôture de la procédure.
Le législateur assigne trois objectifs au plan de cession ; tout d’abord préserver l’économie à
travers le maintien de l’outil de travail. Ainsi, la préservation de l’emploi et en fin la justice
économique et financière afin d’atteindre ses objectifs. Ce plan constitue une alternative au
redressement par continuation, c’est une autre voie possible pour la restructuration de
l’entreprise. Elle s’impose lorsque l’entreprise est redressable mais que le débiteur ne dispose
pas des moyens pour assurer lui-même le redressement. C’est un dessaisissement du débiteur
qui permet de sauver l’entreprise de maintenir l’emploi en lui donnant un nouveau
propriétaire en principe plus solvables que l’ancien.
La cession est une opération spécial qui a un objet spécial, c’est une vente qui consiste au
transfert du patrimoine de l’entreprise pour son redressement judiciaire ; Dans la cession de
l’entreprise, l’acheteur s’engage non seulement à payer le prix mais aussi à d’autres
obligations qu’on ne trouve pas dans le contrat de vente. L’acheteur est soumis à des
contraintes qui délimitent le droit des obligations et des contrats qui normalement lui donnent
la possibilité d’agir dans le bien acheté. Le prix dans la cession de l’entreprise dans le cadre
de redressement judiciaire diffère du prix dans le contrat de cession normal. Car, dans le
premier cas, l'acheteur s’oblige à sauvegarder l’activité et l’emploi qui sont la contrepartie du
transfert de la propriété, ce qui n’est pas le cas dans un contrat de vente normal. On ne
constate donc que la cession porte sur deux éléments :
D’une part, élément judiciaire : concerne la compétence du tribunal qui a le droit d’arrêter le
plan de cession avec des conditions procédurales spéciales.
D’autres part, élément contractuel : l’article 608 dispose que : « en exécution du plan arrêté
par le tribunal, le syndic passe tous les actes nécessaires de la réalisation de la cession».
La cession est une opération originale, elle s’apparente à un contrat, puisqu’elle suppose une
offre d’achat émanant d’un repreneur, mais elle n’est pas un véritable contrat puisque cette
offre n’est pas acceptée par le débiteur ou par l’administrateur mais par le tribunal.
En outre, la cession d’une entreprise en difficulté ne se réalise que si les conditions suivantes
sont remplies :
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1- Il faut que la continuation de l’exploitation de l’entreprise par le débiteur ne soit pas
possible;
2- L’entreprise doit être susceptible de cession ;
3- Il faut que le redressement de l’entreprise paraisse possible ;
4- La cession doit avoir un caractère global : elle doit porter sur l’ensemble des éléments de
production qui forment une ou plusieurs branches complètes et autonomes d’activités;
5- La cession doit être faite dans des conditions raisonnables : elle doit permettre le
redressement définitif (si possible sauvegarder les emplois et offrir aux créanciers des
modalités de remboursement qui ne soient pas spoliatrices) et le prix doit être suffisant
pour permettre d’apurer le passif. Pour conclure on peut dire que la cession de
l’entreprise peut, selon les cas, être la meilleure des solutions, si elle intervient
rapidement car elle permet de redresser l’entreprise grâce au dynamisme, aux relations et
aux moyens financiers de ses nouveaux dirigeants. La pire car elle peut aboutir à une
spoliation des anciens propriétaires et à un sacrifice des créanciers, notamment si le prix
proposé par le repreneur n’est pas suffisant.
L’ouverture d’une liquidation judiciaire est le constat d’un échec puisque la sauvegarde est
impossible. L’activité de l’entreprise alors est arrêtée, ses actifs cédés aux créanciers grâce au
prix de la cession. La décision de liquider les actifs du débiteur est normalement prise au
cours de la période d’observation soit d’office soit à la demande du syndic du représentant des
créanciers du débiteur ou du procureur général du roi. Elle peut aussi être prononcée
immédiatement sans aucune période d’observation lorsque l’entreprise a déjà cessé son
activité ou lorsque son redressement est manifestement impossible au jour du jugement
d’ouverture de procédure. La vente des immeubles peut être effectuée selon deux procédés.
Le premier est la saisie immobilière où le juge commissaire, après consultation des
contrôleurs, du chef d’entreprise et du syndic, fixe le prix de l’ouverture des enchères.
Lorsqu’une procédure de saisie immobilière a été engagée avant le redressement ou la
liquidation et qu’elle a été suspendue, le syndic peut être subrogé dans les droits du créancier
saisissant pour les procédures que celui a effectué. La procédure peut alors reprendre son
cours au stade où le jugement d’ouverture l’avait suspendue. Le deuxième procédé de vente
permet, à titre exceptionnel, au juge commissaire d’effectuer la cession amiable. Celle-ci peut
prendre la forme d’une adjudication amiable sur la mise à prix qu’il fixe ou de gré à gré au
prix et conditions qu’il détermine. Quant aux unités de production qu’elles soient composées
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de tout ou partie de l’actif mobilier ou mobilier, elles peuvent faire l’objet d’une cession
globale. Dans ce cas, toute personne intéressée peut soumettre une offre. Toutefois, ni le
débiteur, ni les dirigeants de droit ou de fait, ni aucun parent, ni allié de ceux-ci jusqu’au
4ème degré inclusivement ne peuvent se porter acquéreur. Le juge choisira l’offre qui lui
paraît plus sérieuse et qui permet d’assurer dans les meilleures conditions l’emploi et le
paiement des créanciers. Pour les autres biens, la vente s’accomplit au choix du juge
commissaire soit aux enchères publiques, soit de gré à gré. Les mêmes règles inhérentes à
chaque procédé s’appliquent comme précédemment mentionnées. Une transaction ou un
compromis sur toutes les contestations qui intéressent collectivement les créanciers peut être
conclu par le syndic s'il est autorisé par le juge commissaire. De même pour le sort des biens
gagés ou retenus, le syndic, en payant la dette, peut les retirer. Le jugement d’ouverture de la
liquidation rend exigible les créances non échues au jour du prononcé du jugement. Quant au
règlement du passif, il se réalise par la répartition des produits sur les créanciers.
29
Conclusion
Les procédures de traitement des difficultés des entreprises, déclenchées en cas de cessation
de paiement, sont encadrées par un cadre juridique rigoureux visant à garantir la légitimité,
l'efficacité et l'équité du processus. L'ouverture de ces procédures est décidée par la juridiction
compétente, suivant des critères substantiels et formels clairs. Les organes désignés, tels que
le juge-commissaire, le syndic et les contrôleurs, ont des rôles spécifiques dans la supervision
et la gestion de la procédure, assurant ainsi la protection des intérêts des parties impliquées,
notamment les créanciers et l'entreprise en difficulté. L'association des créanciers constitue
également une étape essentielle dans le processus, permettant aux créanciers de participer
activement à l'examen des solutions proposées pour le redressement ou la liquidation de
l'entreprise. En somme, ce cadre juridique offre une approche systématique et transparente
pour traiter les situations de crise économique et préserver les intérêts des parties prenantes.
Pour traiter la défaillance de l’entreprise, le tribunal peut juger l’ouverture soit d’une
procédure judiciaire de sauvegarde, de redressement judiciaire et de liquidation judiciaire, ces
procédures visent à protéger et à prévenir la faillite et à mieux gérer les difficultés
d’entreprises. Après avoir défini le champ d'application commun à ces procédures est exposé
la situation de l'entreprise, des salariés et des créanciers au cours de la période d'observation,
et dans le plan de sauvegarde. Sont enfin abordées les règles particulières au redressement et à
la liquidation.
30
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
Moulay mohamedlahbibRhalib « ENTREPRISES E N DIFFICULTES », Edition
2014, pp.35/71
ﯿﺔ
ﻟﻟﺪو
ﺎلا
اﻻﻋﻤ
ﻧﻮنو
ﺎﻘ
ﻟﻠﺔا
ﻣﺠ: «Les procédures des difficultés de l’entreprise au Maroc»
2021
https://juristconseil.blogspot.com/2018/01/la-loi-n-73-17-les-difficultes-de.html
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Table des matières
SOMMAIRE ..............................................................................................................................................3
INTRODUCTION .......................................................................................................................................4
2 Chapitre 1 – Prévention et sauvegarde avant la cessation de paiement.........................................6
2.1 Section 1 - La procédure de prévention...................................................................................6
2.1.1 La prévention interne ......................................................................................................7
2.1.2 La prévention externe......................................................................................................8
2.2 Section 2 - La procédure de sauvegarde................................................................................10
2.2.1 Les conditions de fond...................................................................................................11
2.2.2 Les conditions de forme.................................................................................................11
2.2.3 La juridiction compétente..............................................................................................11
2.2.4 Les objectifs principaux de la procédure de sauvegarde ...............................................12
3 Chapitre 2 : Les procédures engagées après la cessation de paiement.........................................13
3.1 Section 1 - L’ouverture des procédures de traitement des difficultés ...................................13
3.1.1 Le jugement de l’ouverture............................................................................................14
3.1.2 La cessation de paiement ..............................................................................................15
3.1.3 Déclenchement des procédures ....................................................................................16
3.1.4 Le contenu de jugement ................................................................................................17
Le juge commissaire..............................................................................................................18
Le syndic ...............................................................................................................................19
Les contrôleurs ......................................................................................................................19
3.1.5 L’association des créanciers...........................................................................................20
3.1.6 Compétence et fonctionnement de l’association des créanciers ....................................21
3.2 Section 2 : Les procédures judiciaires de traitement de la défaillance de l’entreprise..........23
3.2.1 La procédure de redressement judiciaire ......................................................................24
3.2.2 Plan de continuation......................................................................................................25
3.2.3 Plan de cession ..............................................................................................................27
3.2.4 La procédure de liquidation judiciaire ...........................................................................28
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE .......................................................................................................31
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