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LES PROCEDURES COLLECTIVES DE REDRESSEMENT JUDICIARE ET

D’APUREMENT DU PASSIF
La vie des entreprises n’est pas un long fleuve tranquille. Parfois elles rencontrent des
difficultés parce que l’état de leur trésorerie est telle qu’elles ne peuvent faire face à
leurs échéances. Et ces difficultés peuvent être telles qu’elles vont déboucher sur une
cessation des paiements et entrainer la disparition de l’entreprise (liquidation de biens).
Pour éviter qu’une telle situation ne se produise, le législateur OHADA a institué deux
types de solutions : d’une part des mesures préventives qui ont pour but d’éviter que
l’entreprise ne soit en cessation des paiements et d’autre part des mesures curatives ou
mesures de traitement classique que sont le redressement judiciaire et la liquidation des
biens.
TITRE I : LES MESURES PREVENTIVES
Les mesures préventives sont destinées à détecter très rapidement les signes
annonciateurs des difficultés afin d’éviter l’évolution vers une situation irrémédiablement
compromise. Elles sont de deux ordres, l’une est prévue par l’Acte uniforme relatif au
droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique, il s’agit de
l’alerte et les autres par l’Acte uniforme portant organisation des procédures
collectives et là il s’agit de la conciliation et du règlement préventif.
Chapitre I : L’alerte
Il y a deux types d’alerte :
- l'alerte déclenchée par les commissaires aux comptes ;
- l’alerte déclenchée par les associés.
Contrairement en France où l’alerte peut être déclenchée, par exemple les comités
d'entreprise, les institutions représentatives du personnel et même par le Président du
Tribunal. En droit OHADA l’alerte ne peut être déclenchée que d’une part par le
Commissaire aux comptes et d’autre part par les associés.
Section I : L'alerte déclenchée par le Commissaire aux comptes
Para I : Dans les Sociétés par action.
Si le Commissaire aux comptes découvre, lors de l’examen des documents qui lui sont
communiqués ou à l’occasion de l’exercice de sa mission, l’existence d’un fait qui est de
nature à compromettre la continuation des activités de l’exploitation, il demande par
lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d’avis de
réception des explications, selon le cas, soit au Président du Conseil d’administration, soit
au Président Directeur Général, soit à l'Administrateur général ou le président. Le
dirigeant qui reçoit cette demande doit répondre dans un délai de 15 jours. Deux
situations peuvent alors être envisagées :
 Soit le dirigeant destinataire répond ; dans ce cas il donne une analyse de la situation
et indique, le cas échéant, les mesures qui sont envisagées ;

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 Soit il ne répond pas dans le délai ou s’il donne une réponse non satisfaisante, le
problème est déplacé vers un autre organe ; en effet le Commissaire aux comptes
invite, selon le cas, le Président Directeur Général ou le Président du conseil
d’administration à faire délibérer le conseil ; s’il s’agit d’une société anonyme avec
administrateur général, il invite l’administrateur à se prononcer.

Là aussi deux cas figure peuvent se présenter :


1. soit le dirigeant convoque le Conseil d’administration dans les quinze jours ; dans ce
cas, le Commissaire aux comptes est convoqué à la délibération ; s'il s'agit d'un
Administrateur Général qui décide de se prononcer, le Commissaire aux comptes est
convoqué pour assister à la séance au cours de laquelle l'Administrateur va se
prononcer sur les faits relevés ;

2. soit le dirigeant ne convoque pas le conseil ou l'Administrateur Général ne se


prononce pas ; le Commissaire aux comptes établit un rapport qui va être présenté à la
prochaine assemblée ou en cas d’urgence à une assemblée qu’il convoque ; la même
solution est retenue lorsque, malgré les décisions prises, le commissaire aux comptes
constate que la continuité de l’exploitation reste compromise.

Si, à l’issue de l’assemblée, le commissaire aux comptes constate que les décisions prises
ne permettent pas d’assurer la continuité de l’exploitation, il doit informer de ses
démarches la juridiction compétente et lui en communique les résultats.

Para II : Dans les sociétés d'un autre type (SARL, SNC, SCS)
Si, dans les sociétés d’un autre type (Société en nom collectif, Société en commandite
simple, Société à Responsabilité Limitée), le Commissaire aux comptes découvre
l’existence de ces faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation, il
demande par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande
d’avis de réception des explications au gérant qui est tenu de répondre dans un délai de
15 jours. Deux situations peuvent se présenter :
 soit le gérant décide de répondre ; dans ce cas il donne une analyse de la situation et
précise, le cas échéant, les mesures envisagées ; si la réponse est satisfaisante, la
procédure s'arrête
 soit il ne répond pas ; dans ce cas, le Commissaire aux comptes établit un rapport ; il
peut demander la présentation de ce rapport à la prochaine assemblée ou sa
communication aux associés ; il en est de même lorsque, malgré les mesures prises, le
commissaire aux comptes constate que la continuité de l’exploitation reste
compromise.

Section II : L'alerte déclenchée par les associés


Là aussi, on distingue les Sociétés anonymes et les sociétés d’un autre type.

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Para I : Dans les Sociétés anonymes :
Chaque actionnaire a la possibilité de poser des questions sur tout fait de nature à
compromettre la continuité de l'exploitation. L'actionnaire ne peut poser les questions que
deux fois par exercice. Le destinataire de la question est, selon le cas, soit le Président
Directeur Général, soit le Président du conseil d’administration, soit l’Administrateur
Général.
Le dirigeant, qui a reçu la question, a un délai de 15 jours pour répondre par écrit, et dans
le même délai il transmet une copie de la question et de la réponse au Commissaire aux
comptes. Aucune sanction spécifique n’est prévue lorsque le dirigeant ne répond pas
Para II : Dans les autres sociétés :
Dans ces sociétés aussi le législateur communautaire donne le droit, à chaque associé, de
poser au gérant des questions sur tout fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation. La périodicité est là aussi de deux fois par exercice. Le gérant est tenu,
lorsque la question lui est adressée, de répondre dans le délai de 15 jours et de
communiquer une copie de la question et de la réponse au commissaire aux comptes. Il
convient d’observer qu’il n’y a pas toujours un commissaire aux comptes dans ce type de
société ; c’est ce qui explique que ce type de mesures préventives est d’une efficacité
douteuse.
CHAPITRE II : La conciliation et le règlement préventif
L’acte uniforme organisant les procédures collectives d’apurement du passif a prévu
un certain nombre de mesures préventives destinées à détecter très rapidement les
signes annonciateurs des difficultés afin d’éviter l’évolution vers une situation
irrémédiablement compromise.
Parmi ces mesures, nous avons la conciliation et le règlement préventif.
Sous chapitre I : La conciliation
La conciliation est procédure préventive de la cessation des paiements introduite en
droit OHADA par la réforme de 2015.
La conciliation est une procédure préventive, consensuelle et confidentielle,
destinée à éviter la cessation des paiements de l'entreprise débitrice afin
d'effectuer, en tout ou partie, sa restructuration financière ou opérationnelle pour
la sauvegarder. Cette restructuration s'effectue par le biais de négociations
privées et de la conclusion d'un accord de conciliation négocié entre le débiteur et
ses créanciers ou, au moins ses principaux créanciers, grâce à l'appui d'un tiers
neutre, impartial et indépendant dit conciliateur.
Mais pour qu’une procédure de conciliation puisse être ouverte et produire les effets
escomptés (II) ; il faudrait d’abord qu’un certain nombre des conditions soient réunies
(I)

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Section I : Les conditions d’ouverture d’une conciliation
Para I : les conditions de fond
I : Les entreprises concernées
a) La procédure de conciliation est applicable à toute personne physique exerçant une
activité professionnelle indépendante, civile, commerciale, artisanale ou agricole.
Concernant l’activité professionnelle indépendante, elle suppose que la personne qui
l’exerce ne soit soumise à aucune relation de subordination dans le cadre de cet
exercice. Elle agit en son nom et pour son propre compte.
b) Elle est aussi applicable à toute personne morale de droit privé ainsi qu'à toute
entreprise publique ayant la forme d'une personne morale de droit privé. On peut citer
les sociétés commerciales telles que définies à l’article 6 de l’Acte Uniforme sur les
sociétés commerciales (les SNC, les SCS, les SARL, les SA, les SAS), les sociétés
civiles, les sociétés en participation et même les sociétés coopératives. De même pour
les entreprises publiques ayant la forme de personne morale de droit privé, on peut
citer les sociétés nationales, les sociétés anonymes à participation publique majoritaire.
c) Les procédures de conciliation est aussi applicable aux personnes morales de droit
privé qui exercent une activité soumise à un régime particulier lorsqu'il n'en est pas
disposé autrement dans la réglementation spécifique régissant ladite activité. Il s’agit,
notamment, des établissements de crédit au sens de la loi bancaire, des établissements
de micro finance et des acteurs des marchés financiers ainsi que celles des sociétés
d'assurance et de réassurance des États parties au Traité de l'OHADA.
En effet pour ces types de société, les règlementations spécifiques exigent que
l’ouverture d’une procédure collective se fasse respectivement sur demande d’une
autorité bancaire ou de la commission régionale de contrôle des assurances.

II : La situation financière de l’entreprise


Elle s’applique aux entreprises, qui connaissent des difficultés avérées c’est à dire
celles dont les conséquences se font déjà ressentir (retard dans les paiements,
problèmes d’approvisionnement…) ou des difficultés prévisibles celles qui ne sont
pas encore constatables mais qui cependant, sont inéluctables eu égard aux
conséquences de certaines mesures prises ou aux défaillances de certaines
activités mais qui ne sont pas encore en état de cessation des paiements (la baisse
de la rentabilité d’une unité de production). Donc l’entreprise ne doit pas être en
cessation de paiement, elle doit simplement avoir de difficultés.
L’article 1-3 de l’Acte uniforme relatif aux procédures collectives définit la cessation
des paiements comme étant l'état où le débiteur se trouve dans l'impossibilité de
faire face à son passif exigible avec son actif disponible, à l'exclusion des
situations où les réserves de crédit ou les délais de paiement dont le débiteur
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bénéficie de la part de ses créanciers lui permettent de faire face à son passif
exigible.
Ces difficultés peuvent avoir une origine soit interne (mauvaise gestion de la
comptabilité, personnel pléthorique, le refus de certification de comptes par le
commissaire aux comptes) ; soit externe (environnement économique défavorable, la
perte de gros part de marché due à l’arrivée d’un nouveau concurrent, la défaillance
d’un partenaire, le non-renouvellement de contrats importants arrivés à expiration) ou
même accidentelle (incendie affectant gravement l’outil de production alors que
l’entreprise n’était pas assurée).
Para II : les conditions de forme
L’ouverture d’une procédure de conciliation nécessite la formulation d’une demande
sous forme de requête adressée au président du tribunal de commerce ou de grande
instance selon le cas.
Cette requête peut être formulée par le débiteur agissant seul. Il peut également s’agir
d’une requête conjointe du débiteur avec un ou plusieurs de ses créanciers.
Pour être recevable, la requête doit exposer les difficultés du débiteur ainsi que les
moyens d'y faire face. La requête doit obligatoirement être accompagnée d’un certain
nombre de documents datés, signés et certifiés conformes et sincères par le requérant.
Tous ces documents doivent dater de moins de trente (30) jours.
Ces documents permettant de bien identifier le débiteur, de se faire une idée sur sa
situation financière (les états financiers de synthèse comprenant le bilan, le compte
de résultat, un tableau financier des ressources et des emplois, le montant du
chiffre d'affaires et des bénéfices ou des pertes des trois derniers exercices ; un
état de la trésorerie et un état chiffré des créances et des dettes avec indication
des dates d'échéance) et de s’assurer que le débiteur n’est pas au moment de sa
demande soumis à une procédure collective non encore clôturée ou est en cessation des
paiements.

Section II : le déroulement et les effets de la conciliation


Para I : Le déroulement de la procédure
I : Le choix du conciliateur
Lorsque le président de la juridiction compétente décide d’ordonner l’ouverture d’une
conciliation, il désigne dans la même décision un conciliateur qu’il a choisi lui-même
ou sur proposition du débiteur.
Le président du tribunal peut choisir comme conciliateur toute personne justifiant
d’une compétence professionnelle à la condition qu’elle ait le plein exercice de ses

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droits civils, et demeurer indépendant et impartial vis-à-vis des parties concernées par
la conciliation.
Cela veut dire que le juge a un large éventail de choix même si dans la pratique, il
choisit pour l’essentiel des mandataires judiciaires, des administrateurs judiciaires ou
des juges consulaires honoraires. Mais rien ne s’oppose à ce qu’il puisse choisir des
avocats, des experts comptables, des experts fiscaux, des huissiers etc.
Cependant certaines personnes ne peuvent pas être désignées comme conciliateur par
le juge. Il s’agit :
- des parents ou alliés du débiteur, jusqu'au quatrième degré inclusivement ;
-des personnes qui, à quelque titre que ce soit, ont perçu directement ou indirectement,
une rémunération ou un paiement de la part du débiteur intéressé, de tout créancier du
débiteur ou d'une personne qui en détient le contrôle ou est contrôlée par lui, au cours
des vingt-quatre (24) mois précédant la décision d'ouverture ;
- des magistrats en fonction ou ayant quitté leurs fonctions depuis moins de cinq (5)
ans.
La rémunération du conciliateur est déterminée par le président de la juridiction avec
l'accord du débiteur au jour de l'ouverture de la conciliation. Si au cours de sa mission,
le conciliateur estime que le montant initialement déterminé est insuffisant, il doit en
informer sans délai le président de la juridiction qui fixe les nouvelles conditions avec
l'accord du débiteur. A défaut d'accord, il est mis fin à la mission du conciliateur. La
rémunération du conciliateur est à la charge du débiteur.
II : la mission du conciliateur
Le conciliateur a pour mission de favoriser la conclusion, entre le débiteur et ses
principaux créanciers, d'un accord amiable destiné à mettre fin aux difficultés de
l'entreprise.
Cette mission ne peut excéder trois mois (3 mois) sauf prorogation au plus d’un mois
(1 mois) à la demande motivée du conciliateur ou du débiteur. À l’expiration de ces
délais, la conciliation prend fin plein droit et aucune nouvelle procédure de
conciliation ne peut être introduite avant l’expiration d’un délai de trois mois.
Le conciliateur peut, à cette fin, obtenir du débiteur tous renseignements utiles.
Le conciliateur rend compte régulièrement, au président de la juridiction compétente,
de l'état d'avancement de sa mission et formule toutes observations utiles. S'il a
connaissance de la survenance de la cessation des paiements, il en informe sans délai
le président de la juridiction compétente.
Une fois l’accord conclu, les parties ont le choix entre saisir un notaire pour le
constater ou saisir un juge pour l’homologuer ou l’exequaturer.
III : La fin de la mission
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La mission du conciliateur et se faisant la conciliation prend fin de plusieurs manières ;
D’abord la conciliation prend fin si, malgré la présence du conciliateur, il est
impossible pour les parties d’aboutir à un accord. En effet, pour éviter de faire perdre
du temps à tout le monde, il est préférable de mettre un terme aux négociations si l’on
sait qu’aucun accord ne sera trouvé par les différentes parties en cause.
Ensuite, à tout moment, même en l'absence de cessation des paiements, le débiteur
peut demander à ce qu'il soit mis fin à la mission du conciliateur et à la conciliation.
Dans ce cas le président de la juridiction compétente y met fin sans délai.
Et enfin, à tout moment, s'il est informé de la survenance de l'état de cessation des
paiements du débiteur, le président de la juridiction compétente met fin sans délai à la
conciliation et à la mission du conciliateur, après avoir entendu le débiteur et le
conciliateur.

Para II : les effets de la conciliation


I : la suspension des poursuites
Pendant la durée de son exécution, l'accord interrompt ou interdit toute action en
justice et arrête ou interdit toute poursuite individuelle, tant sur les meubles que les
immeubles du débiteur, dans le but d'obtenir le paiement des créances qui en font
l'objet.
L'accord interrompt, pour la même durée, les délais impartis aux créanciers, parties à
l'accord à peine de déchéance ou de résolution des droits afférents aux créances
mentionnées par l'accord.
Les personnes ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien
en garantie et les coobligés peuvent se prévaloir des dispositions de l'accord.

II : L’octroi de privilège à certains créanciers


La loi accorde un super privilège aux personnes qui avaient consenti dans l'accord un
nouvel apport en trésorerie au débiteur en vue d'assurer la poursuite de l'activité de
l'entreprise débitrice et sa pérennité. Les personnes qui ont fourni un nouveau bien
ou service en vue d'assurer la poursuite de l'activité de l'entreprise débitrice et sa
pérennité bénéficient du même privilège pour le prix de ce bien ou de ce service.
Ce privilège appelé privilège de new money ou privilège de l’ « argent frais » est une
sorte de récompense au profit des créanciers qui auront apporté au débiteur leur
soutien sachant que l’entreprise connaissait déjà des difficultés.
Ainsi en en cas d'ouverture d'une procédure de liquidation des biens postérieurement à
la conclusion d'un accord de conciliation homologué ou exéquaturé par la juridiction
compétente, ces créanciers seront réglés avant tous les autres créanciers, c’est-à-dire

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avant les créanciers des procédures judiciaires et même ceux bénéficiant du super
privilège de salaire et des frais de justice. Ils se placeront au-dessus de tous les
créanciers titulaires de sûretés spéciales.

Chapitre III : Le règlement préventif


Le règlement préventif est défini par l'article 1-3AU/PC comme la " procédure
destinée à éviter la cessation de paiement ou la cessation d'activité de l'entreprise
et à permettre l'apurement de son passif au moyen d'un concordat préventif".
Section I : Les conditions
Para I : Les conditions de fond
I : Les conditions liées aux personnes qui peuvent demander le règlement
préventif.
Il s’agit de :
- toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante, civile,
commerciale, artisanale ou agricole ;

- toute personne morale de droit privé ainsi qu'à toute entreprise publique ayant la
forme d'une personne morale de droit privé ;

- toute personne morale de droit privé qui exercent une activité soumise à un régime
particulier lorsqu'il n'en est pas disposé autrement dans la réglementation spécifique
régissant ladite activité. Il s’agit, notamment, des établissements de crédit au sens de la
loi bancaire, des établissements de micro finance et des acteurs des marchés financiers
ainsi que celles des sociétés d'assurance et de réassurance des États parties au Traité de
l'OHADA.

II : La condition liée à la situation financière économique de l'entreprise


Il faut que cette situation soit difficile mais sans être irrémédiablement compromise.
Si la situation est saine, toute demande tendant à obtenir le règlement devra être
considérée comme prématurée ; le Tribunal devra dans ce cas s’il est saisi par le
Président, considérer que la situation de l’intéressé ne relève d’aucune procédure
collective et annuler l’ordonnance de suspension des poursuites individuelles ;
Si en revanche la situation est irrémédiablement compromise, la demande devra être
considérée comme tardive et le Tribunal sera tenu de prononcer le redressement
judiciaire ou la liquidation des biens en application de l’article 15-1 AU/PC.

Para II : Les conditions de forme

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Pour bénéficier du règlement préventif, le débiteur doit introduire une requête
accompagnée d’un certain nombre de documents (I) il doit aussi déposer une offre de
concordat (II)
I : La requête
Le débiteur doit introduire une requête adressée au Président de la juridiction
compétente et déposée au greffe.
Dans cette requête, le débiteur expose ses difficultés financières ou économiques ainsi
que les perspectives de redressement de l'entreprise et d'apurement de son passif.
Les documents accompagnant la requête
Il faut aussi le dépôt d'un dossier en même temps que la requête ; ce dossier doit
comporter les éléments visés par l’article 6 AU/PC. Il s’agit en fait de documents
permettant d’identifier le requérant et de se faire une idée de la situation économique.
Tous les documents qui doivent dater de moins de trente (30) jours, doivent être datés,
signés et certifiés conformes et sincères par le requérant. En cas d’impossibilité de
production totale des documents, le requérant doit indiquer les motifs de
l’empêchement.
Les documents sont les suivants:
1°) une attestation d'immatriculation, d'inscription ou de déclaration d'activité à un
registre ou à un ordre professionnel ou, à défaut, tout autre document de nature à
prouver la régularité de l'activité exercée par le débiteur ;
2°) les états financiers de synthèse comprenant le bilan, le compte de résultat, un
tableau financier des ressources et des emplois, l'état annexé et, en tout état de cause,
le montant du chiffre d'affaires et des bénéfices ou pertes des trois (03) derniers
exercices ou, à défaut, tout autre document de nature à établir la situation financière et
économique du débiteur si la requête est introduite par un débiteur répondant à la
définition de la petite entreprise conformément à l'article 1-3 ci-dessus ;
3°) un état de la trésorerie et un état chiffré des créances et des dettes avec indication
des noms, qualités et adresses des créanciers et des dates d'échéance ou, à défaut, tout
autre document de nature à établir la capacité du débiteur de faire face à son passif
exigible avec son actif disponible si la requête est introduite par un débiteur répondant
à la définition de la petite entreprise conformément à l'article 1-3 ci-dessus ;
4°) un document indiquant le nombre de travailleurs et le montant des salaires et des
charges salariales à la date de la demande ou, à défaut, tout autre document de nature à
permettre d'identifier et de dénombrer les travailleurs du débiteur et d'estimer le
montant des salaires et des charges salariales si la requête est introduite par un débiteur
répondant à la définition de la petite entreprise conformément à l'article 1-3 ci-dessus ;
5°) une attestation émanant du débiteur par laquelle il déclare sur l'honneur ne pas être
en état de cessation des paiements ;
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6°) l'état détaillé, actif et passif, des sûretés personnelles et réelles données ou reçues
par l'entreprise et ses dirigeants ;
7°) une attestation du débiteur indiquant qu'il ne bénéficie pas d'un accord de
conciliation en cours d'exécution et, en tout état de cause, qu'il n'est pas soumis à une
procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens, qui ne serait pas clôturée et qu'il remplit les conditions du dernier alinéa de
l'article 6 ci-dessus ;
8°) l'inventaire des biens du débiteur avec indication des biens mobiliers soumis à
revendication par leurs propriétaires et de ceux affectés d'une clause de réserve de
propriété conformément à l'article 1-3 ci-dessus ;
9°) un document indiquant les noms, prénoms et adresses des représentants du
personnel ;
10°) s'il s'agit d'une personne morale, la liste des membres solidairement responsables
des dettes de celle-ci, avec indication de leurs noms, prénoms et domiciles, ainsi que
des noms et adresses de ses dirigeants ;
11°) si le débiteur propose une personne à la désignation en qualité d'expert au
règlement préventif conformément au premier alinéa de l'article 8 ci-dessous, un
document indiquant les noms, prénoms, qualités et domicile de cette personne et une
attestation de cette dernière précisant qu'elle remplit les conditions prévues aux articles
et 4-1 et 4-2 ci-dessus ;
12°) le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms, qualités et domiciles
des personnes qui envisagent de consentir un nouvel apport en trésorerie ou de fournir
un nouveau bien ou service dans les conditions de l'article 11-1 ci-dessous, avec
l'indication du montant de l'apport ou de la valeur du bien ou du service ;
13°) un projet de concordat préventif ;
14°) le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms et domiciles des
créanciers qui se joignent à la demande du débiteur, et le montant de leurs créances et
des éventuelles sûretés dont elles sont assorties.
Les documents visés aux numéros 1° à 5° ainsi qu'aux numéros 7°, 8°, 10° et 13°
doivent être fournis à peine d'irrecevabilité de plein droit de la requête.

II : l’offre de concordat


Le débiteur doit, en même temps que le dépôt de la requête, faire une offre de
concordat préventif.
Dans l'offre de concordat, le débiteur doit préciser les mesures envisagées pour le
redressement de l'entreprise, notamment:

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- les modalités de continuation de l'entreprise (par exemple : la demande de
délais et de remises, la cession partielle d'actif avec indication précise des biens à
céder ; la cession ou la location-gérance d'une branche d'activité formant un fonds
de commerce ; la cession ou la location-gérance de la totalité ou d'une partie de
l'entreprise) ;

- les noms, prénoms, qualités et adresses des personnes tenues d'exécuter le


concordat préventif et l'ensemble des engagements souscrits par elles et
nécessaires au redressement de l'entreprise ;

- les garanties d'exécution du concordat (la souscription d'une augmentation du


capital social par les anciens associés ou par de nouveaux, une conversion de
créances en capital, l'ouverture de crédits par des établissements bancaires ou
financiers ou par toute autre personne, y compris tout nouvel apport en trésorerie
ou sous forme de nouveau bien ou service ainsi que le montant de l'apport ou la
valeur du bien ou du service ; la poursuite de l'exécution de contrats conclus
antérieurement à la requête, la fourniture de cautions ;

- les perspectives d’emplois ou les licenciements pour motif économique des


salariés qui doivent intervenir conformément aux dispositions du droit du travail ;

- les remplacements des dirigeants si cela est envisagés.

Section II : Le déroulement de la procédure


C'est une procédure qui comporte deux phases : la première phase se déroule devant le
Président du Tribunal, et la deuxième devant le Tribunal lui-même.
Para I : L'intervention du Président du Tribunal
Contrairement à ce qui se passait sous l’ancien acte uniforme où le président du
tribunal devait, dès que la requête lui est présentée, ordonner la suspension des
poursuites individuelles. Aujourd’hui, il doit apprécier et analyser le caractère sérieux
de la requête. S’il trouve que le concordat préventif proposé par le débiteur n’est pas
sérieux, il rejette la demande. Si au contraire le concordat préventif proposé par le
débiteur lui parait sérieux, il ordonne l’ouverture d’un règlement préventif. Cette
ordonnance du juge aura deux conséquences : d’une part, elle entraine la suspension
immédiate de toutes les poursuites contre le débiteur, et d’autre part la désignation
d’un expert.
I. - La désignation d'un expert
Le Président du tribunal, lorsque le concordat préventif proposé par le débiteur lui
parait sérieux, désigne un expert au règlement préventif. Celui-ci a pour mission :

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- d'éclairer le Président du Tribunal en lui faisant un rapport sur la situation
économique et financière de l'entreprise, les perspectives de redressement et les
mesures proposées dans l’offre de concordat ;
- de favoriser un accord entre le débiteur et ses créanciers ;
- de signaler à la juridiction compétente les manquements à l’article 11 AU/PC ;
- d’apprécier la situation du débiteur.

L'expert peut, nonobstant toute disposition législative ou réglementaire, obtenir


communication des renseignements de nature à lui donner une exacte information sur
la situation du débiteur ; ces renseignements peuvent être demandés aux commissaires
aux comptes, aux comptables, administrateurs, aux organismes de sécurité sociale, aux
établissements bancaires et aux services chargés de centraliser les risques bancaires et
les incidents de paiements. Il peut aussi, s’il le souhaite, entendre le débiteur et ses
créanciers.
L'expert doit rendre compte régulièrement, au président de la juridiction compétente,
de l'état d'avancement de sa mission et formuler toutes observations utiles. Ainsi s'il lui
apparaît que l'adoption d'un concordat préventif est impossible, il en informe le
président de la juridiction compétente. Après l'avoir entendu ainsi que le débiteur et,
s'il le juge utile, les créanciers ou certains d'entre eux, le président de la juridiction
compétente décide de poursuivre la procédure ou d'y mettre fin.
De même s'il a connaissance de la survenance de la cessation des paiements, il en
informe sans délai le président de la juridiction compétente.
L'expert doit, dans les deux (2) mois de sa désignation, déposer son rapport en double
exemplaire au greffe du Tribunal, sauf autorisation motivée du Président du tribunal; à
défaut sa responsabilité civile pourra être engagée à l’égard du débiteur ou des
créanciers.

II. - La suspension des poursuites individuelles :


La décision du Président du tribunal ordonnant l’ouverture d’une procédure de
règlement préventif entraine la suspension de toutes les poursuites individuelles contre
le débiteur. Il faut noter qu’avant la réforme, l’ordonnance de suspension des
poursuites individuelles ne concernait que les créanciers qui étaient désignés dans le
concordat préventif et pour les seules créances qui y étaient visées.
Une telle mesure produit des effets considérables sur la situation des créanciers et celle
du débiteur.
A. - Effets à l'égard des créanciers
C'est l'interdiction ou la suspension des actions individuelles contre le débiteur. Sont
concernées :

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-les poursuites qui tendent à obtenir le paiement des créances nées avant
l'ordonnance ;
-les voies d'exécution (les saisies) et les mesures conservatoires.
Certaines actions échappent cependant à l'interdiction ou à la suspension. Ce sont
d'abord les actions tendant à faire reconnaître un droit contesté. Ce sont ensuite les
actions cambiaires dirigées contre les signataires d'effets de commerce autres que le
bénéficiaire de la suspension.
Pratiquement tous les créanciers subissent les effets de la suspension : créanciers
chirographaires, créanciers munis d’un privilège et créanciers titulaires d’une sûreté
réelle spéciale. Une seule catégorie de créanciers échappe à la règle ; ce sont les
créanciers de salaires
B. - Effets à l'égard du débiteur :
Le débiteur ne peut accomplir certains actes qu’avec l’autorisation du président de la
juridiction.
En effet le débiteur ne peut sans autorisation :
-payer, en tout ou en partie, les créances nées avant l'ordonnance et visées par celle-
ci ;
- accomplir des actes de dispositions étrangers à l'exploitation normale de l'entreprise ;
- consentir des sûretés ;
- désintéresser les cautions qui ont acquitté des dettes nées avant la décision.
Paragraphe II : La procédure devant le Tribunal
Dès le dépôt du rapport de l'expert, le président de la juridiction compétente saisie
convoque sans délai le débiteur et l’expert à comparaître à une audience pour y être
entendus.
Les créanciers ne seront convoqués que si le Président l'estime nécessaire.
L'audience n'est pas publique ; il s’agit de préserver le secret des affaires.
Le Tribunal rend une décision qui comporte deux dispositions : l’une sur l’option et
l’autre sur la nomination des organes de la procédure.
I : L’option du tribunal
Le Tribunal peut opter pour l’une des trois solutions prévues par l’article 15 AU/PC:
a) ouverture d'une procédure collective de redressement judiciaire ou de liquidation
des biens.
Il adopte cette solution lorsqu’il estime que le débiteur est déjà en état de cessation de
paiement ; cela résulte clairement de l’article 15-1 aux termes duquel « si elle (c’est à

13
dire la juridiction compétente) constate la cessation des paiements, elle prononce
d’office et à tout moment le redressement judiciaire ou la liquidation des bien.

b) annulation de l'ordonnance de suspension des poursuites individuelles.


Il adopte une telle solution lorsqu’il estime que la situation du débiteur ne relève
d'aucune procédure collective ou s’il rejette le concordat (art.15-3 AU/PC)

c) adoption d’un jugement de règlement préventif et homologation du concordat.


Il opte pour cette solution lorsqu’il estime que la situation du débiteur est difficile mais
qu’un redressement est possible ; le concordat ne peut cependant être homologué que
si :
-il y a des possibilités sérieuses de redressement, de règlement préventif et des
garanties suffisantes d’exécution ;
-les délais consentis n’excèdent pas trois ans pour l’ensemble des créanciers et un an
pour les créanciers de salaires.
La procédure de règlement préventif suit son cours normal s’il y a cette homologation.
A partir de ce moment des effets considérables se produisent :
-le concordat devient obligatoire pour tous les créanciers antérieurs qui ont donné leur
accord à la décision de règlement préventif.
S’il y a des créanciers qui ont refusé de consentir des délais ou remises au débiteur, le
président de la juridiction compétente fait ses bons offices entre ces créanciers et le
débiteur. Il entend ces derniers sur les motifs de leur refus et provoque une négociation
entre les parties en vue de leur permettre de parvenir à un accord. Si malgré les bons
offices du président, les parties ne parviennent pas à trouver un accord et dans le cas
où le concordat préventif comporte seulement une demande de délai n'excédant pas
deux (02) ans, la juridiction compétente peut rendre ce délai opposable aux créanciers
qui ont refusé tout délai et toute remise sauf si ce délai met en péril l'entreprise de ces
créanciers.
Cependant cette décision n’est opposable ni aux créanciers de salaires, ni aux
créanciers d'aliments. En effet ces derniers ne peuvent consentir aucune remise, ni se
voir imposer un délai qu'ils n'ont pas consenti eux-mêmes.
-les créanciers munis de sûretés réelles spéciales conservent leurs garanties mais ils ne
pourront les réaliser ;
-la prescription est suspendue pour les créanciers qui, par l’effet du concordat, ne
peuvent exercer leurs actions ;
-les cautions et coobligés ne peuvent se prévaloir des délais et remises consentis au
débiteur.

14
A partir du moment où le jugement d’homologation ne pourra plus faire l’objet de
recours suspensif, le débiteur retrouve la libre administration et la libre disposition de
ses biens.
II : La désignation des organes de la procédure
En principe la décision du Tribunal homologuant le concordat met fin aux fonctions de
l’expert. D’autres organes vont alors prendre le relais.
En effet, le tribunal désigne obligatoirement un juge-commissaire. Sa mission est de
contrôler les activités du syndic ou des contrôleurs chargés de surveiller l'exécution du
concordat préventif homologué. Il rédige un rapport à l'intention de la juridiction
compétente tous les trois (03) mois et à tout moment à la demande de cette dernière.
Le tribunal peut aussi désigner un syndic et des contrôleurs. Leur mission est de
contrôler l'exécution du concordat préventif. Ils signalent sans délai tout manquement
au juge- commissaire.
Ils rendent compte par écrit, tous les trois (03) mois, au juge-commissaire du
déroulement des opérations et en informent le débiteur.

Règlement préventif simplifié


La procédure de règlement préventif simplifié est réservée aux petites entreprises. Et
par petite entreprise on entend toute entreprise individuelle, société ou autre personne
morale de droit privé dont le nombre de travailleurs est inférieur ou égal à vingt (20),
et dont le chiffre d'affaires n'excède pas cinquante millions (50.000.000) de francs
CFA, hors taxes, au cours des douze (12) mois précédant la saisine de la juridiction
compétente.
Le débiteur souhaitant bénéficier du règlement préventif simplifié doit soumettre une
requête dans les conditions fixées par l'article 6 de l’acte uniforme, en tenant compte
notamment des dérogations accordées aux petites entreprises.
Notons que contrairement au règlement préventif la procédure peut être ouverte même
si aucun projet de concordat préventif n'a été fourni.
La décision de la juridiction compétente de faire application du règlement préventif
simplifié n'est susceptible d'aucun recours.
Les délais de trois (03) mois et d'un (01) mois, fixés par les articles 9 alinéa 1er et 13
alinéa 2 ci-dessus, sont respectivement réduits à deux (02) mois et à quinze (15) jours.
Si le projet de concordat préventif prévu n'a pas été déposé par le débiteur au moment
de la demande d'ouverture, il est établi par ce dernier avec le concours de l'expert au
règlement préventif.

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Ce projet précise les mesures et conditions envisagées pour le redressement de
l'entreprise débitrice, notamment les modalités d'apurement du passif et, en particulier,
la demande de délais et de remises, les personnes tenues d'exécuter le concordat
préventif, ainsi que, s'il y a lieu, les garanties fournies pour en assurer l'exécution.
En tout état de cause, ce projet précise les éléments permettant d'établir la viabilité
financière et économique du débiteur.

TITRE II : LE TRAITEMENT DES DIFFICULTES : REDRESSEMENT


JUDICIAIRE ET LIQUIDATION DES BIENS

Il peut arriver que les mesures préventives ne donnent pas les résultats escomptés. Il peut
aussi arriver que le débiteur néglige de mettre en œuvre les mesures préventives jusqu’au
jour où il se trouve en état de cessation des paiements.
Dans tous ces cas, il faut passer au traitement des difficultés de l’entreprise.
Il s’agit du redressement judiciaire et de la liquidation des biens.
La première de ces mesures, réservée aux entreprises viables est destinée sauvegarder
l’entreprise et à remettre le débiteur à la tête de son entreprise.
La seconde est prévue pour les entreprises économiquement condamnées ; elle débouche
sur l’élimination des entreprises économiquement condamnées par la réalisation de l’actif
pour le paiement du passif.
Quelles sont les conditions d’ouverture de ces deux procédures ?
Chapitre 1 : Les conditions d’ouverture
Il y a des conditions de fonds et des conditions de forme.
Section 1 : Les conditions de fond
Il y a deux types de conditions de fond : les unes sont liées à la qualité du débiteur et les
autres sont liées à sa situation économique et financière de l’entreprise.
Paragraphe 1. – Règles liées à la qualité du débiteur :
a) Les procédures sont applicables à toute personne physique exerçant une activité
professionnelle indépendante, civile, commerciale, artisanale ou agricole.
Les procédures peuvent être ouvertes aussi contre le professionnel en activité que
contre le professionnel qui a cessé son activité, soit parce qu’il s’est retiré, soit parce
qu’il est décédé (la procédure doit intervenir au plus tard un an à compter de la
cessation).
b) Elles sont aussi applicables à toute personne morale de droit privé ainsi qu'à toute
entreprise publique ayant la forme d'une personne morale de droit privé. On peut citer
les sociétés commerciales telles que définies à l’article 6 de l’Acte Uniforme sur les

16
sociétés commerciales (les SNC, les SCS, les SARL, les SA, les SAS), les sociétés
civiles, les sociétés en participation et même les sociétés coopératives. De même pour
les entreprises publiques ayant la forme de personne morale de droit privé, on peut
citer les sociétés nationales, les sociétés anonymes à participation publique majoritaire.
c) Les procédures sont aussi applicables aux personnes morales de droit privé qui
exercent une activité soumise à un régime particulier lorsqu'il n'en est pas disposé
autrement dans la réglementation spécifique régissant ladite activité. Il s’agit,
notamment, des établissements de crédit au sens de la loi bancaire, des établissements
de micro finance et des acteurs des marchés financiers ainsi que celles des sociétés
d'assurance et de réassurance des États parties au Traité de l'OHADA.
En effet pour ces types de société, les règlementations spécifiques exigent que
l’ouverture d’une procédure collective se fasse respectivement sur demande d’une
autorité bancaire ou de la commission régionale de contrôle des assurances.
Paragraphe 2. - Règles liées à la situation économique et financière : la cessation des
paiements
La procédure ne peut être ouverte que lorsque le débiteur est état de cessation des
paiements.
Les articles 1-3 et 25 AUPC révisé disposent désormais que « la cessation des
paiements est l’état où le débiteur se trouve dans l’impossibilité de faire face à son
passif exigible avec son actif disponible, à l’exclusion des situations où les réserves
de crédit ou les délais de paiement dont le débiteur bénéficie de la part de ses
créanciers lui permettent de faire face à son passif exigible ».

S’agissant de la notion d’actif disponible, il s’agit, de l’actif immédiatement


mobilisable : les montants en caisse, le solde créditeur des comptes bancaires, les
effets de commerce à vue, à l’exclusion des immobilisations.

S’agissant du passif exigible, la nouvelle définition de la cessation des paiements


valide la jurisprudence selon laquelle le passif pris en compte est le passif réellement
exigé.

La notion de cessation des paiements ne doit pas être confondue avec l’insolvabilité qui
est la situation d’une personne dont le passif est supérieur à l’actif. Une personne
insolvable, parce qu’ayant un actif inférieur au passif, peut ne pas être en cessation de
paiements si elle bénéficie encore de la confiance de ses créanciers ; inversement une
personne solvable peut être en état de cessation des paiements parce que son actif est
constitué de biens difficilement réalisables alors que son passif est immédiatement
exigible. Il convient de signaler que les tribunaux interprètent de manière large cette

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notion de cessation des paiements puisqu’ils considèrent comme se trouvant dans cet état
la personne qui a recours à des moyens ruineux pour se procurer des fonds. C’est ce que
l’on appelle la cessation des paiements déguisé qui est qui est une institution utilisée pour
la mise en œuvre des inopposabilités de la période suspecte.
On ne distingue plus entre dettes civiles et dettes commerciales, car aujourd’hui,
quelle que soit la nature des dettes impayées, on peut être déclaré en cessation de
paiement.
Section 2 : Règles de forme
L’ouverture d’une procédure collective ne peut résulter que d’une décision de la
juridiction compétente. Il convient de déterminer la juridiction compétente pour rendre ce
jugement avant d’examiner les modes de saisine et le sens de la décision.
Paragraphe premier : La détermination de la juridiction compétente
Le tribunal compétent c’est en principe le tribunal de commerce, mais dans les localités
où il n’existe pas de tribunal de commerce, c’est le tribunal de grande instance qui est
compétent.
Territorialement, il s’agit du tribunal dans le ressort duquel le débiteur personne
physique a son principal établissement et, pour la personne morale, là où elle a son
siège social ou, à défaut, son principal établissement ou, à défaut, son principal
centre d’exploitation
Paragraphe 2. - La saisine du Tribunal :
IL y a trois modes de saisine :
- Le Tribunal peut être saisi par le débiteur ; c'est ce qu'on appelle le dépôt de bilan. Il
saisit le tribunal dans le délai de 30 jours à compter de la cessation de paiement. La
saisine se fait au moyen d’une déclaration déposée au greffe du tribunal et
accompagnée des pièces énumérées à l’article 26 AU/PC.
En même temps que la déclaration ou au plus tard dans les 60 jours qui suivent qui
suivent la décision d’ouverture du redressement judiciaire, le débiteur doit déposer une
offre de concordat.
- Le Tribunal peut être saisi sur la demande des créanciers. La demande qui prend la
forme d’une assignation doit préciser la nature et le montant de la créance ainsi que le
titre sur lequel elle est fondée. Il doit cependant justifier d’une créance certaine,
liquide et exigible.
- Le tribunal peut être saisi par le ministère public.
- Le Tribunal peut enfin se saisir d’office. Dans ce cas, le Président fait convoquer le
débiteur par acte extrajudiciaire par les soins du greffier.

- Paragraphe 3. – La décision du tribunal :

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Le tribunal statue à la première audience utile pour rendre, s’il constate la cessation
des paiements, un jugement soit de redressement judiciaire, soit de liquidation des biens
Il fixe, dans la décision, la date de la cessation des paiements ; mais, en cas de silence,
la cessation de paiements est réputée avoir lieu à la date du jugement qui la constate. La
fixation de cette date est très importante puisque la période comprise entre cette date et le
jugement d’ouverture est considérée comme la période suspecte et les actes accomplis
pendant cette période peuvent ou doivent être déclarés inopposables à la masse des
créanciers.
La date de la cessation des paiements ne peut être antérieure de plus de 18 mois au
prononcé de la décision d’ouverture.
Le tribunal nomme aussi les organes de la procédure.
 Il y a d’abord le juge-commissaire choisi parmi les juges du tribunal, à l’exception du
président sauf s’il n’y a qu’un juge. Le juge-commissaire a plusieurs types
d’attribution ; il a notamment pour mission :
- de veiller au déroulement rapide de la procédure et aux intérêts en présence ;
- de statuer sur les demandes et contestations de sa compétence
-d’accorder certaines autorisations ;
-de statuer sur les propositions d’admission et de rejet des créances faites par le
syndic ;
-de nommer les contrôleurs (qu’il ne peut au demeurant révoquer) chargés de l’assister
et de formuler des avis sur les décisions relatives à la continuation de l’exploitation, à la
vérification des créances ou la cession de l’actif du débiteur.
 Il y a ensuite le ou les syndics. Le Tribunal nomme en effet un à trois syndics. La
mission du syndic se rattache à trois idées :
- d’abord la gestion de la procédure ; à ce titre, il fait le travail préparatoire dans le
cadre de la vérification des créances ; il avertit les créanciers en vue de la
production des créances ; il veille à la situation de l’entreprise en cas de
continuation de l'exploitation ; il procède à la réalisation des biens du débiteurs
etc. ;
- ensuite la représentation de la masse des créanciers ;
- enfin la représentation (en cas de liquidation des biens) ou l’assistance (en cas de
redressement judiciaire) du débiteur.

Chapitre 2 - Les effets de l’ouverture d’une procédure collective


Lorsque le jugement est rendu, il va produire des effets la situation du débiteur, celle des
créanciers.
Section 1 : Effets sur la situation du débiteur :

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A partir du jugement, il va y avoir automatiquement dessaisissement ou assistance du
débiteur.
Le jugement qui prononce la liquidation des biens emporte, de plein droit, à partir
de sa date et jusqu’à la clôture de la procédure, dessaisissement pour le débiteur de
l’administration de ses biens. A partir de cette date c'est le syndic qui va représenter le
débiteur pour l’accomplissement de tous les actes d’administration et de disposition.
L’article 52 AU/PC consacré au débiteur en redressement judiciaire prévoit une
mesure moins contraignante, l’assistance. Il résulte de l’alinéa 1er de ce texte que le
jugement qui prononce le redressement judiciaire emporte, de plein droit, à compter de
sa date, jusqu’à l’homologation du concordat, assistance du débiteur pour les actes
concernant l’administration ou la disposition de ses biens. Le débiteur ne peut donc plus,
compter de cette date accomplir seul les actes d’administration et de disposition ; il doit
désormais être assisté par le syndic. Il faut une collaboration entre le débiteur et le syndic,
aucun d'eux ne pouvant agir seul. Cette nécessaire collaboration peut être source de
paralysie ; il suffit de songer à l’hypothèse où l’un veut accomplir un acte auquel l’autre
refuse de s’associer. Ainsi, l'Acte Uniforme a prévu en cas de blocage des solutions de
sortie de crise :
-si c'est le débiteur qui refuse de s'associer à certains actes envisagés par le syndic, celui-
ci peut obtenir, du juge-commissaire, l'autorisation d'agir seul, 
-si c'est le syndic qui refuse son assistance, le débiteur ou les dirigeants sociaux ont la
possibilité de demander au juge commissaire de contraindre le syndic à apporter cette
assistance.
Il faut noter que le dessaisissement ou l’assistance concerne non seulement les biens
présents mais aussi les biens à venir, c’est à dire ceux que le débiteur pourrait acquérir.
Section 2 : Effets à l'égard des créanciers
Dès que le jugement est rendu, les créanciers sont constitués en masse e ; il va y avoir
une modification leurs droits individuels.
Paragraphe 1. - Constitution de la masse
Le jugement d'ouverture constitue automatiquement les créanciers en une masse
dotée de la personnalité morale et représentée par le syndic qui seul agit en son nom et
peut l’engager.
Tous les créanciers ne sont pas dans la masse. Seuls sont dans la masse les
créanciers dont le droit est né avant le jugement déclaratif à la condition de ne pas être
déclaré inopposables.
En effet, tous les créanciers (sauf les créanciers d’aliments) doivent produire leur
créance auprès du syndic.

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Cette production se fait par la remise au syndic, par lettre recommandée ou lettre
au porteur ou tout autre moyen laissant trace écrite, d’une déclaration indiquant le
montant de la créance due au jour de la décision d’ouverture, les sommes à échoir et les
dates leur d’échéance. De même si la créance est assortie d’une sûreté, préciser la nature
de la sûreté.
Les créanciers ont un délai de 60 jours à compter de la deuxième insertion dans un
journal d’annonce légale pour produire leur créance, ce délai est de 90 jours si le
créancier est domicilié hors du territoire national. S’il s’agit créanciers munis de suretés
faisant l’objet d’une publicité ou d’un créancier lié au débiteur par un contrat publié, le
point de départ de ce délai c’est la notification de l’avertissement qui leur est fait par
syndic d’avoir à produire leurs créances.
Ne sont donc pas des créanciers dans la masse les créanciers dont le droit est né avant le
jugement mais d'une activité irrégulière ; ne sont pas non plus créanciers dans la masse
ceux dont le droit est né après le jugement d’une activité irrégulière. Ces créanciers
appelés créanciers hors de la masse sont les sacrifiés de la procédure.
Il y a, à côté des créanciers dans la masse et des créanciers hors de la masse, les
créanciers de la masse que l’Acte uniforme appelle parfois « créanciers contre la
masse » ; ce sont les créanciers dont le droit est né après mais d'une activité régulière du
débiteur ou du syndic.
La masse de créanciers a une hypothèque légale ; c’est ce que prévoit l’article 74,
al.2 selon lequel le jugement d’ouverture emporte de plein droit une hypothèque des
biens immeubles du débiteur et sur ceux qu’il va acquérir au fur et à mesure de leur
acquisition au profit de la masse des créanciers. Le greffier est tenu de la faire inscrire
immédiatement au registre foncier.

Paragraphe 2. - Modification des droits individuels des créanciers :


C’est la suspension des poursuites individuelles, la déchéance du terme et l’arrêt du
cours des intérêts.
A/-La suspension des poursuites individuelles :
A partir du jugement qui prononce le redressement judiciaire ou liquidation des
biens, aucun créancier ne peut exercer une action pour réclamer paiement de sa créance
ou pour conduire une voie d'exécution.
Echappent à la suspension deux catégories d’actions :
- d’une part les actions en nullité et les actions en résolution ;
- d’autre part les actions tendant à faire reconnaître les droits définitivement rejetés,
ou admis provisoirement ou partiellement par le juge commissaire lorsqu'elles sont
intentées après la production des créances.

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B/- La déchéance du terme :
Le jugement qui prononce la liquidation des biens rend exigibles, à l’égard du débiteur,
les dettes non échues. La déchéance du terme ne se produit pas en cas de redressement
judiciaire.
C /-L’arrêt du cours des intérêts :
Le jugement d’ouverture arrête, à l’égard de la masse, le cours des intérêts, de toutes les
créances, qu’elles soient ou non garanties par une sûreté. Les créances cessent de
produire des intérêts.
Cependant s’il s’agit de contrats de prêt conclu pour une durée égale ou supérieure
à un an ou de contrats assortis d’un paiement différé d’un an ou plus, le cours des intérêts
se poursuit si la décision a prononcé le redressement judiciaire.
Chapitre 3 - Le dénouement des procédures collectives
C’est soit le redressement de l’entreprise, soit sa disparition.
Section 1 : Le redressement de l'entreprise
Il y a redressement de l'entreprise dans deux cas : s'il y a le vote du concordat
(redressement judiciaire) et s'il y a clôture pour extinction du passif (redressement
judiciaire et liquidation des biens).
Paragraphe 1. - Le Redressement par le vote du concordat
I/. - Formation du concordat
A. - Procédure
Il y a trois (03) phases :
1°) Le dépôt des offres concordataires par le débiteur. A ce niveau, deux autorités
interviennent. C’est d’abord le greffier qui prend deux mesures :
 Il avise les créanciers des propositions faites par le débiteur ;
 il informe les créanciers munis de sûreté réelle spéciale qu'ils doivent faire savoir
s’ils acceptent les offres du débiteur ou s'ils accordent des délais ou des remises
différents et lesquels.
C’est ensuite le syndic qui met en profit le délai de production et de vérification des
créances pour essayer de rapprocher les positions du débiteur et des créanciers.
2°) La tenue de l'assemblée concordataire :
L’assemblée est convoquée par le Président du Tribunal.
Il y a les créanciers chirographaires, le débiteur, les organes (ministère public, syndic,
juge commissaire).

22
La décision est prise à la majorité des créanciers représentant au moins la moitié des
créances. Ce sont les créanciers chirographaires qui vont voter. Si ces deux conditions ne
sont pas remplies, l'Assemblée est renvoyée à huitaine. Les votes qui avaient été émis
sont définitivement acquis. Si le concordat est refusé, le redressement judiciaire est
converti en liquidation des biens.
3°) L'homologation du concordat qui n'intervient que s'il y a vote du concordat. C'est le
Tribunal qui vérifie que le contrat est régulièrement passé en l'homologuant.
Mais l’assemblée concordataire n'a pas à être convoquée si les offres du débiteur ne
comportent ni de demande de remise, ni de demande de délai excédant deux ans.
B. - Contenu du concordat
Le concordat peut consister pour le débiteur à payer ses dettes moyennant l'octroi de délai
: c'est le concordat d'atermoiement.
Il peut consister aussi pour le débiteur à payer des dividendes contre remise par les
créanciers de leurs dettes : C’est le concordat de remise.
Il peut consister pour le débiteur à abandonner tout ou partie de l'actif contre remise par
les créanciers de la partie de la créance non acquittée : c'est le concordat par abandon
d'actif.
Quel que soit le type de concordat, il peut comporter toujours une clause de retour à
meilleure fortune : c'est l'engagement pris par le débiteur de payer toutes ses dettes s'il
retrouve une situation financière meilleure.
II/. - Effets du concordat
L'homologation du concordat le rend obligatoire à l'égard des créanciers antérieurs.
Le concordat n'est donc pas opposable malgré l'homologation aux créanciers
postérieurs.
Tous les créanciers chirographaires sont concernés. Quant aux créanciers munis d'une
sûreté réelle spéciale, ils ne sont pas concernés à la condition d'avoir fait la déclaration
ou d'avoir assisté à l'assemblée concordataire. Lorsque le jugement qui homologue le
concordat est passé en force de chose jugée, le débiteur retrouve la libre administration et
la libre disposition de ses biens. Il va y avoir dissolution de la masse des créanciers,
Paragraphe 2. - Clôture pour extinction du passif
Il peut arriver que le débiteur, qui fait l’objet des procédures paie toutes ses dettes ; il y a
dans ce cas clôture pour extinction du passif. Il faut que le paiement intervienne avant la
fin des opérations.
Le tribunal ne peut prononcer la clôture pour extinction du passif que s’il n’existe plus de
passif exigible ou lorsque le syndic dispose des deniers suffisants ou lorsque les sommes
dues en capital, intérêts et frais sont consignées.

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Le jugement de clôture ne peut intervenir qu'après l'arrêté de l'état des créances.
Le tribunal est saisi par le débiteur ou le syndic ; il peut aussi se saisir d’office.
Il va y avoir aussi dissolution de la masse, fin du dessaisissement ou de l’assistance et fin
des opérations de redressement judiciaire ou de liquidation des biens.
Section 2 : Disparition de l'Entreprise
Il y a deux solutions qui peuvent conduire à la disparition : l'union et la clôture pour
insuffisance d'actif.
Paragraphe 1 : L'union
Selon l’article 146 AU/PC, dès que la liquidation des biens est prononcée, les créanciers
sont constitués en état d'union ; il s’agit-là d’une solution propre à la liquidation des
biens.
I/. - Déroulement de la procédure :
Il y a deux types d'opérations : la réalisation de l'actif et le paiement du passif.
A.- Réalisation de l'actif :
Elle prend la forme d’un recouvrement des créances et la vente des biens du débiteur.
Le syndic poursuit seul la vente des marchandises et des meubles du débiteur, ainsi que
le recouvrement des créances. Les deniers provenant des ventes et recouvrements sont
déposés dans un compte ouvert dans un établissement bancaire, postal ou au Trésor,
mais après déduction d’une somme arbitrée par le juge-commissaire pour les dépenses et
frais.
Pour la vente des immeubles, le syndic va suivre les formes prescrites en matière de
saisie immobilière ; il s’agira donc de vente à la barre du Tribunal en la forme des criées.
Le juge-commissaire peut cependant autoriser la vente par adjudication amiable sur la
mise à prix qu’il fixe ou la vente de gré à gré.

B- Le règlement du passif
Après réalisation de l’actif, il faut procéder au règlement du passif. C’est le juge-
commissaire qui ordonne la répartition et fixe la part venant à chacun en veillant à ce que
tous soient informés.
Il faut commencer par distraire de l’actif les frais et dépens de la liquidation des biens
ainsi les secours alloués au débiteur. Ces frais et dépens sont prélevés en proportion de la
valeur de chaque élément d’actif par rapport à l’ensemble.
Le reliquat va être réparti entre les créanciers dont la créance est vérifiée et admise.

24
La part correspondant aux créances sur l'admission desquelles il n'a pas encore été
définitivement statué, est mise en réserve.
La répartition se fait selon l’ordre fixé par l'article 166 AU/PC pour les immeubles et
l’article 167 AU/PC pour les meubles.

II/. - Clôture de l'union


A la fin des opérations, le syndic rend ses comptes au juge commissaire qui dresse un
procès-verbal constatant la fin des opérations.
Le procès-verbal est transmis au Tribunal qui prononce la clôture de la liquidation des
biens. Avec cette décision, les créanciers vont retrouver leur droit de poursuite
individuelle. Ils vont pouvoir demander au débiteur le paiement des sommes qui leur sont
dues et qui n'ont pas pu être payées pendant la procédure.
Paragraphe 2 : Clôture pour insuffisance d'actif
Lorsque les fonds manquent à tel point qu'il n'est pas possible de commencer ou de
continuer la procédure, il y a clôture pour insuffisance.
Pour que ce jugement puisse être rendu, il faut que les fonds manquent à un point tel qu’il
soit impossible d’entreprendre ou de terminer les opérations.
Avec ce jugement les créanciers retrouvent leur droit de poursuites individuelles.
Le jugement qui prononce la clôture pour insuffisance d’actif peut toujours être rapporté
à la demande du débiteur ou de tout intéressé. Le demandeur doit justifier que les fonds
nécessaires pour les opérations sont consignés entre les mains du syndic.
L’Acte uniforme n’a pas prévu les effets de la décision qui rapporte le jugement, mais on
peut penser que la procédure va reprendre son cours au point où elle s’était arrêtée et les
créanciers vont être à nouveau privés de leurs poursuites individuelles.
Les effets d’une procédure collective peuvent s’étendre d’une part aux associés et d’autre
part aux dirigeants de la personne morale (société)

Lorsqu’une procédure collective est ouverte contre une société dans laquelle les associés
sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales (SNC et SCS), la
procédure est étendue aux associés même s’ils ne sont pas en cessation de paiements eux-
mêmes.
Pour ce qui est des dirigeants, ils peuvent encourir plusieurs types de sanctions
D’abord, ils peuvent être déclarés en faillite lorsqu’ils ont eu un comportement
anormal ou immoral pendant une durée de trois à dix ans. Il en est ainsi par exemple

25
lorsque les dirigeants ont soustrait de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie
de son actif, ou reconnu frauduleusement des dettes qui n’existaient pas ; lorsqu’ils ont
abusé des biens sociaux; lorsqu’ils ont obtenu par dol pour leur entreprise ou pour
eux–mêmes un concordat par la suite annulé; lorsqu’ils ont manqué de déclarer dans
les quinze jours l’état de cessation des paiements, mis l’entreprise en état de
liquidation des biens;

La faillite personnelle peut consister en une interdiction générale de faire du


commerce, de diriger, administrer ou contrôler une entreprise commerciale ainsi que
des interdictions politiques électives, administratives etc. La durée de ces interdictions,
est déterminée par le juge et ne peut être inférieure à trois ans ni supérieure à dix ans.

Enfin, les dirigeants peuvent être rendus personnellement débiteurs des dettes de
l’entreprise dans certains cas. Il s’agit de l’action en comblement de passif, contre les
dirigeants fautifs d’avoir provoqué une insuffisance d’actif.

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