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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR


FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

COURS DE DROIT DES AFFAIRES

4ème Année

Les instruments de paiement et le fonds de commerce

Par Ndiaw DIOUF

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TABLE DES MATIERES

AVANT PROPOS ............................................................................... 1


LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS ............................. 6

1ERE PARTIE :LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT .............. 7


Paragraphe 2 Règles de fond .................................................. 17
A. PERSONNES INTERESSEES ........................................................... 45
B. LE MOMENT DU PAIEMENT ......................................................... 46
C. LES MODALITES DE PAIEMENT ................................................... 47
D. LA PREUVE DU PAIEMENT........................................................... 47
A. LA CONSTATATION DU DEFAUT DE PAIEMENT ........................... 48
PARAGRAPHE 2 / LES REGLES DE FOND ................................. 52
SECTION II : LA CIRCULATION DU BILLET A ORDRE ..... 52
SECTION III : LES GARANTIES ................................................. 53
SECTION IV : LE PAIEMENT DU BILLET A ORDRE ........... 53
PARAGRAPHE 2 : LES REGLES DE FOND .................................. 60
B - LE TIRE ....................................................................................... 61
C – LE BENEFICIAIRE ..................................................................... 61
SECTION II : LES GARANTIES DU CHEQUE ......................... 63
PARAGRAPHE 2 : LA PROVISION ................................................ 64
B. LA PROVISION DOIT ETRE PREALABLE .............................. 66
2ème PARTIE : LE FONDS DE COMMERCE…….……………74
Chapitre I: Les éléments du fonds de commerce...........................74
Section 1ère - Les éléments obligatoires .......................................... 74
Paragraphe I - La clientèle .................................................................. 74
Paragraphe II - Le nom commercial ................................................... 74
Paragraphe III - L’enseigne................................................................. 75
Section 2 - Les éléments facultatifs .................................................. 75
Paragraphe I - Les éléments incorporels ............................................. 75

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Paragraphe-II - Les éléments corporels .............................................. 76


Chapitre II - Les opérations sur le fonds de commerce..................77
Section 1ère - La location-gérance.....................................................77
Paragraphe-1er – Conditions de formation ......................................... 77
Paragraphe II - Les mesures de publicité ............................................ 78
Paragraphe III - Les effets ................................................................... 78
Section 2 - La cession ........................................................................ 78
Paragraphe 1er - Les conditions de la cession .................................... 78
Paragraphe II - La publicité de la cession ........................................... 80
Paragraphe III - Les effets de la cession ............................................. 80
Section 3 - Le nantissement du fonds de commerce ...................... 83
Paragraphe I - Les conditions ............................................................. 83
Paragraphe II - Les règles de publicité ............................................... 83
Paragraphe III - Les effets ................................................................... 84

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Avant propos

Ce fascicule qui constitue le deuxième élément d’une série de textes con-


sacrés au droit des affaires correspond au programme de droit commer-
cial de la deuxième année de maîtrise de droit privé, option droit des
affaires. Il porte par conséquent sur trois thèmes :

- d’abord les effets de commerce ; ce thème sera abordé dans la partie


consacrée aux instruments de paiement ;
- ensuite le fonds de commerce ;
- enfin les procédures collectives d’apurement du passif, que l’on aborde
volontiers aujourd’hui sous l’angle du droit des entreprises en difficulté.

Il n’est pas aisé de trouver un dénominateur commun pour ces trois


thèmes qui concernent divers aspects de la vie des entreprises, voire de la
vie des hommes (les instruments de paiement n’intéressent pas seulement
les entreprises).
Même les textes qui les régissent proviennent de sources différentes. En
effet, si les instruments de paiement sont régis par des normes dérivées
du Traité de l’UEMOA (Règlement 15/2002/CM du 19 septembre 2002
sur les systèmes de paiement, Directive n°08/2002/CM/UEMOA du 19
septembre 2002 sur les mesures de promotion de la bancarisation et de
l’utilisation des moyens de paiement scripturaux) ou même par les lois
nationales quoique ces lois soient inspirées directement par les règles
communautaires ( la loi n° 96 – 13 du 28 août 1996 dont les dispositions
répressives n’ont pas été abrogées et loi 2004-15 du 4 juin 2004 relative
aux mesures de promotion de la bancarisation et de l’utilisation des
moyens de paiement scripturaux qui a pour objet de transposer en droit
interne la Directive de 2002), le fonds de commerce et les procédures
collectives sont régis par des normes dérivées du Traité relatif à
l’harmonisation du droit des affaires en Afrique ( acte uniforme sur le
droit commercial général pour le fonds de commerce et acte uniforme
portant organisation des procédures collectives voire même acte uni-
forme sur le droit des sociétés commerciales pour le s entreprises en diffi-
culté).

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Cette diversité explique l’absence d’une introduction commune. Les étu-


diants sont donc invités à se reporter à l’introduction du fascicule 1 et les
différentes introductions qui précèdent les trois thèmes.

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LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS

AU/DC : Acte uniforme relatif au droit commercial général


AU/PC : Acte uniforme portant organisation des procédures collec-
tives d’apurement du passif
AU/RVE : Acte uniforme portant organisation des procédures simpli-
fiées de recouvrement et des voies d’exécution.
AU/S : Acte uniforme portant organisation des Sûretés.
AU/SC : Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
du groupement d’intérêt économique.
BCEAO : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
C.A : Cour d’Appel
C.Crim : Chambre Criminelle de la Cour de Cassation ( France)
C.Civ : Chambre civile de la Cour de cassation (France)
C.com : Chambre commerciale et financière de la Cour de cassation
(France)
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du droit
des Affaires
UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine
UMOA : Union et monétaire ouest africaine
Regl. : Règlement de l’UEMOA sur les systèmes de paiement

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1ère PARTIE : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT

Les effets de commerce font partie des titres négociables. On verra la


place des effets de commerce dans la catégorie des titres négociables; en-
suite ce qui fait la particularité des effets de commerce et leur différence
avec les autres titres négociables.

I. LA PLACE DES EFFETS DE COMMERCE DANS LA CA-


TEGORIE DES TITRES NEGOCIABLES

Les titres négociables sont des écrits comportant certaines indications


constatant des droits au profit des tiers et transmissibles selon des procé-
dés simplifiés.

1. Ecrits comportant certaines indications

On pense à un écrit quand on parle de titres. La loi exige un certain


nombre de mentions sur le titre, ce qui rend obligatoire la rédaction d'un
écrit ; on ne peut pas concevoir un titre qui ne ferait pas l’objet d’un sup-
port écrit.

Les mentions qui doivent figurer sur le titre changent d'un titre à un autre.
Le formalisme est important et son non-respect entraîne la nullité. La
forme est à la limite plus importante que le fond ici.

2. Titres transmissibles selon des procédés simplifiés

Seuls sont des titres négociables les titres transmissibles selon des procé-
dés simplifiés

Il y a trois (03) modes simplifiés de transmission :


- d’abord, la tradition c’est à dire la remise de la main à la main ; ce
mode de transmission est utilisé pour les titres au porteur tels que le
chèque au porteur ;
- ensuite, l'endossement qui consiste à indiquer la mention de l’endos
(réitération de l’ordre de payer suivie de la signature de l’auteur de la

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transmission) ; procédé utilisé pour les titres à ordre, par ex. la lettre de
change ;
- enfin le transfert qui consiste en une inscription sur le registre détenu
par l'émetteur du titre ; c'est le mode normal de transmission d'une ac-
tion nominative.

3. Titres constatant un droit au profit d'une personne

Le titre négociable constate un droit qui s’incorpore dans le titre .Ce qu’il
faut retenir c’est que le titre ne sert pas seulement à prouver un droit ; il
le représente, de telle sorte que celui qui possède le titre est considéré
comme titulaire du droit.
Ce droit incorporé dans le titre peut être :
-un droit réel (de propriété ou de gage) sur une marchandise qu'on ne
détient pas : connaissement ;
-un droit sur une société : valeurs mobilières (actions et obligations) ;
-ou un droit de créance à court terme sur une personne : effets de com-
merce.

II. PARTICULARITE DES EFFETS DE COMMERCE

Les effets de commerce peuvent être définis comme des titres négo-
ciables qui constatent au profit du porteur une créance à court terme et qui
sert au paiement de cette créance.
A partir de cette définition, on peut dégager certains éléments caractéris-
tiques :

- La négociabilité : les effets de commerce sont transmissibles selon des


procédés simplifiés ;
- L'indication de la valeur : les effets de commerce comportent nécessai-
rement celle-ci ;
- L'engagement de payer qui est pris par le souscripteur ;
- Le fait que le titre représente une créance de somme d'argent : les ef-
fets de commerce ne peuvent pas avoir un objet non monétaire ; il con-
vient de rappeler ici que le titre n'a pas seulement pour objet de prou-
ver la créance ; il la représente et le porteur est considéré comme le ti-
tulaire du droit de créance ;

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- La constatation d’une créance à court terme ; les titres qui constatent


des créances à long terme sont des obligations.

A partir de cette énumération, on peut isoler avec une marge d’erreur ré-
duite les titres qui répondent à la définition d’effets de commerce.
Il y a en premier lieu, la lettre de change qui est le titre par lequel une per-
sonne qu'on appelle tireur donne l'ordre à une autre personne appelée tiré
de payer une somme d'argent déterminée, à une échéance déterminée, à
une autre personne appelée bénéficiaire ou à son ordre.

Il y a en second lieu, le billet à ordre qui est le titre par lequel une per-
sonne appelée souscripteur s'engage à payer une somme d'argent déter-
minée, à une échéance déterminée, à une autre personne appelée bénéfi-
ciaire ou à son ordre.
Il y a un titre dont l’appartenance à la catégorie des effets de commerce
est contestée ; c’est le chèque. En effet, certains auteurs n’admettent pas
que le chèque puisse être considéré comme un effet de commerce pour
trois raisons :

- le chèque est toujours tiré sur une banque ou un établissement assimi-


lé ;
- il est émis à partir d’une formule pré imprimée détachée d’un carnet à
souches qui est toujours délivré par un banquier ;
- le chèque est toujours payable à vue.

Mais même s'ils refusent de qualifier le chèque d’effet de commerce, ces


auteurs relèvent l’étroite parenté qui existe entre ce titre et les effets de
commerce. Quoiqu’il en soit ce problème de qualification perd de son in-
térêt aujourd’hui, puisque les textes applicables utilisent désormais
l’expression « instruments de paiement »pour désigner à la fois la lettre
de change, le billet à ordre et le chèque, et sur bien des points, ces titres
sont soumis au même régime.
Sous le bénéfice de cette observation, on peut retenir du chèque la défini-
tion suivante : « titre par lequel une personne appelée tireur donne l’ordre
à une autre personne appelée tirée qui est toujours une banque ou un éta-
blissement assimilé de payer à vue une somme d’argent déterminée à une
personne déterminée ou à son ordre. »

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Jusqu’au 1er mars date d’entrée en vigueur de la loi 96-13 du 28 août


1996 portant loi uniforme sur les instruments de paiement, les textes ap-
plicables en la matière .étaient ceux hérités de la colonisation : code de
commerce pour la lettre de change et le billet à ordre et décret loi du 30
octobre 1935 pour le chèque. Aujourd’hui, les instruments de paiement
sont régis par un texte d’origine communautaire .Il s’agit du Règlement
N°15/2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 relatif aux systèmes de
paiement dans les Etats membres de l’UNION Economique et Monétaire
Ouest Africaine. Ce texte abroge toutes les dispositions de la loi uniforme
sur les instruments de paiement à l’exception des articles 83 à 90 et 106 à
108 qui comportent des dispositions répressives.

CHAPITRE I LA LETTRE DE CHANGE


A l’origine, la lettre de change était un instrument de transfert de fonds
.C’est bien plus tard qu’elle est devenue un instrument de paiement .Une
personne peut, pour effectuer un paiement, tirer sur son débiteur une lettre
de change en désignant son créancier comme bénéficiaire ; celui-ci peut
lui-même effectuer un paiement en endossant le titre. A l’échéance, le
paiement par le tiré libère tous les signataires. Pour cela, il a fallu apporter
des perfectionnements en introduisant certaines mesures destinées à écar-
ter tout ce qui pourrait gêner la circulation du titre : inopposabilité des ex-
ceptions, solidarité des signataires, indépendance des signatures… etc.
Bien qu’elle reste un instrument de paiement privilégié dans les relations
internationales, la lettre de change connaît, en droit interne, un certain dé-
clin ; ce recul s’explique par la concurrence d’autres instruments de paie-
ment tels que le chèque et la carte de paiement. Cela ne veut pas dire,
pour autant, que la lettre de change n’est plus utilisée en dehors des rela-
tions internationales. Il ne faut pas perdre de vue qu’elle est aussi un ins-
trument de crédit, ce qui fait qu’elle soit encore utilisée, même si c’est de
façon marginale, à l’intérieur des Etats.
Quelle que soit sa place dans les relations, internes ou internationales, la
lettre de change reste un effet de commerce.
S’il y a émission ou transmission de la lettre de change, c’est pour que
son paiement à l’échéance éteigne les dettes des signataires envers les bé-
néficiaires successifs.
Les relations qui sous jacentes à l’émission ou à la transmission de la
lettre de change sont dénommées « rapports fondamentaux ».Une per-
sonne tire une lettre de change sur une autre une lettre de change parce

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qu’elle a ou aura sur elle une créance appelée « provision » ; elle remet le
titre au bénéficiaire parce que celui-ci est créancier de ce que l’on appelle
« valeur fournie ».
L’originalité de la lettre de change résulte de ce que son émission donne
naissance à une obligation d’une nature particulière dénommée « obliga-
tion cambiaire »qui se superpose aux rapports fondamentaux (elle ne se
substitue pas à eux).
Cette obligation est formaliste, car la validité du titre dépend du seul
respect des formes.
Elle est abstraite, car les droits du porteur de bonne foi sont souvent déta-
chés des rapports fondamentaux.
Elle est rigoureuse et plusieurs applicables en la matière illustrent cette
rigueur : tous les signataires sont solidairement tenus ; la défaillance du
débiteur est solennellement constatée par l’établissement d’un acte au-
thentique appelé protêt ; le juge ne peut pas accorder de délai de grâce
(v.art.39 al 2 AU/RVE).
Elle est autonome, l’obligation de chaque signataire étant indépendante de
celle des autres (la nullité de l’engagement d’un signataire n’entraîne pas
celle des autres).

Section 1 Création de la lettre de change

La lettre de change est, en tant qu’effet de commerce, un titre ; pour cette


raison, l’aspect formel est très important dans sa création. Il ne faut ce-
pendant pas perdre de vue que les rapports fondamentaux exercent une
certaine influence dans la vie du titre ; prendre en compte ces rapports
c’est poser le problème des conditions de fond.
Paragraphe 1 : Règles de formes
Il faut d'abord un support et des mentions sur ce support.
I Le support
Il faut un support qui est nécessairement un document écrit. Cet écrit peut
être un acte sous seing privé ou un acte authentique ; mais dans la pra-
tique on a recours à un acte sous seing privé. Cet écrit peut être manuscrit
ou dactylographié, mais le tireur a la faculté d’utiliser des formules pré
imprimées.
La lettre de change est souvent établie en un exemplaire, mais rien ne
s'oppose à ce qu'elle soit tirée en plusieurs exemplaires (art 217 al.1er
Régl). La décision est prise par le tireur. S'il prend cette décision, il est

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nécessaire de prendre certaines précautions pour ne pas être amené à


payer plusieurs fois le montant de cette lettre de change.
Les exemplaires doivent être numérotés dans le texte même du titre, faute
de quoi chaque exemplaire est considéré comme une lettre de change dis-
tincte.
La lettre de change tirée en un seul exemplaire peut faire l'objet de copie
(art.220 al.1er Régl.). La copie qui est effectuée par le porteur doit repro-
duire exactement l'original avec les endossements et toutes les autres
mentions qui y figurent et indiquer où elle s’arrête.
II Les mentions
C'est l'article 149 du Règlement qui donne les mentions qui doivent figu-
rer sur la lettre de change. Cette liste est limitative puisque seules les
mentions qui y sont visées sont obligatoires.
A. Mentions obligatoires
1. Détermination des mentions obligatoires :
- la dénomination « Lettre de Change » : Le législateur impose cette
mention pour que le tireur et le tiré prennent conscience de l'impor-
tance de leur engagement. Cette dénomination doit figurer dans le
corps du titre, dans le texte même et pas seulement dans l’intitulé ; elle
doit être exprimée dans la langue utilisée pour la rédaction du titre.
- le mandat pur et simple de payer une somme d'argent déterminée : Le
mandat dont parle le législateur doit être entendu ici au sens d’un ordre
de payer .Il doit être pur et simple et ne doit être subordonné à aucune
condition. Il porte sur une somme d'argent dans la mesure où la lettre
de change ne peut pas avoir un objet non monétaire.

La somme doit être déterminée ; c’est ce qui explique que les stipulations
d'intérêts soient interdites (art 151 al.1er Régl.) ; il y a cependant deux cas
où on admet les stipulations d'intérêts : lorsque la lettre de change est
payable à vue et lorsqu'elle est payable à un certain délai de vue (art 151
al.1er). Il peut arriver qu'il y ait discordance entre la somme indiquée en
lettres et celle qui sont indiquée en chiffres ; dans ce cas, on fait prévaloir
celle qui est indiquée en lettres. Il peut arriver aussi que les montants qui
figurent plusieurs fois sur le titre soit en chiffres, soit en lettres soient dis-
cordants ; dans une telle hypothèse, la lettre de change vaut pour la
moindre somme.
- Le nom du tiré : Cette indication est nécessaire, car c'est au tiré que le
porteur doit présenter la lettre de change à l’échéance. La signature du

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tiré qui accepte ne saurait suppléer l’absence d’indication de son nom.


Le tireur peut se désigner comme tiré ; le Règlement admet cette pos-
sibilité pour permettre, par exemple, aux entreprises ayant plusieurs
succursales d’effectuer des tirages entre ces succursales.
- L'indication de l'échéance : Elle permet au porteur de savoir à quelle
date il faudra présenter le titre. Il y a quatre manières d’indiquer
l’échéance :
 la lettre de change peut être stipulée payable à jour fixe ; dans ce

cas, la traite est payable au jour indiqué par le tireur lors de


l’émission ;
 elle peut être stipulée payable à vue: c'est le porteur qui choisit alors

la date d'échéance ; il dispose d'un délai d'un an à compter de l'émis-


sion pour présenter le titre et choisit la date qui lui convient ;
 elle peut être stipulée payable à un certain délai de date : l'échéance

correspond, dans ce cas à l'expiration d'un délai dont le point de


départ est le jour de l'émission ;
 elle peut être stipulée payable à un certain délai de vue : dans une

telle hypothèse, l'échéance correspond à l'expiration d’un délai dont


le point de départ est le jour de la présentation à l’acceptation et, à
défaut d'acceptation, le jour du protêt.
- L'indication du lieu de paiement : L’intérêt de cette mention c’est ren-
seigner le porteur sur le lieu où doit s’effectuer le paiement .C'est géné-
ralement le domicile du tiré, mais ce n'est pas une obligation ; On peut
aussi indiquer le domicile d'un tiers et celui-ci sera considéré comme
domiciliataire ; dans ce cas, on parle de clause de domiciliation.
- Le nom du bénéficiaire : La traite doit comporter le nom de celui au-
quel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait. L’exigence de
l’indication du nom exclut la possibilité de tirer la lettre de change en
blanc ou au porteur, contrairement au chèque qui peut être en blanc ou
au porteur. Ceci dit le tireur peut se désigner comme bénéficiaire.

- L'indication de la date et du lieu de création : La date présente de mul-


tiples intérêts. Elle permet de vérifier la capacité et le pouvoir du tireur.
Elle constitue le point de départ de certains délais tels que le délai de
présentation au paiement de la lettre de change payable à vue ou le dé-
lai de présentation à l’acceptation de la lettre de change payable à un
certain délai de vue. Elle détermine l'échéance de la lettre de change
payable à un certain délai de date. La lettre de change, même si elle est

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établie par acte sous seing privé, fait foi de sa date non seulement entre
les parties, mais aussi à l’égard des tiers. De ce point de vue, il y a une
différence fondamentale avec le droit commun. Il convient de rappeler
qu’en droit sénégalais, si l’acte sous seing privé fait foi de sa date
entre les parties et leurs ayants cause à titre universel, vis à vis des
tiers, il acquiert date certaine du jour où il été enregistré, du jour du dé-
cès d’une partie ou du jour où il a été mentionné dans un acte établi par
un officier public (art 24 C.O.C.C.).
Pour ce qui est du lieu de création, elle a pour unique but de régler un
conflit de lois dans l'espace.
- La signature du tireur : elle matérialise l'engagement du tireur. Le Rè-
glement admet, en plus de la signature manuscrite, la signature à la
griffe (dans un cachet). Il est prévu en effet la possibilité d’apposer la
signature par tout procédé non manuscrit.
2. Sanctions encourues en cas d'irrégularité
Les irrégularités peuvent prendre deux formes : l’omission ou
l’inexactitude d’une mention.
a) Omission d’une mention obligatoire
La sanction prévue par l’article 149du Règlement est assez singulière. Il
résulte de ce texte que le titre qui ne comporte pas une mention obliga-
toire ne vaut pas comme lettre de change. Cela veut dire que le titre est
nul en tant que lettre de change.
La nullité encourue est une nullité d'ordre public. Elle peut être opposée
par tout débiteur cambiaire à tout porteur même de bonne foi. Le juge
peut la soulever d'office.
La formule utilisée signifie que, malgré la nullité, le titre ne retombe pas
dans le néant juridique. L’application de la technique de la conversion
pour réduction peut conduire à le considérer comme un titre ayant une
autre valeur. Il peut par exemple dégénérer en billet à ordre s'il comporte
la signature du tiré. On peut, aussi dans certains cas, le considérer comme
un commencement de preuve par écrit, comme une promesse de payer ou
comme une reconnaissance de dettes.
Il convient d’observer que malgré la formule utilisée, l'absence d'une
mention obligatoire n'entraîne pas la nullité. Le législateur a créé un sys-
tème de suppléance qui conduit, dans certaines situations, à éviter la nulli-
té même en présence d’une irrégularité. Ainsi la lettre de change dont
l'échéance n'est pas indiquée est considérée comme payable à vue ; de
même, à défaut d'indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré

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est réputé être le lieu de paiement et en même temps le lieu du domicile


du tiré ; enfin, à défaut d'indication du lieu de création, la lettre de change
est considérée comme souscrite au lieu qui figure à côté du nom du tireur.

Même en dehors des cas de suppléance légale, la nullité peut ne pas être
prononcée ; il en est ainsi lorsqu’il y a régularisation ; cette technique
consiste à réparer le vice en ajoutant la mention qui fait défaut.
Il faut trois conditions pour que la régularisation puisse produire des ef-
fets :
- il faut qu'elle soit effectuée conformément à l'accord des intéressés
- elle doit intervenir avant la présentation au paiement
- il ne faut pas que le vice soit trop grave.

Lorsque les conditions sont réunies, la régularisation produit des effets


considérables. Pour les analyser, il faut distinguer deux situations :

 la régularisation est faite conformément à l'accord ; dans ce cas, on


fait comme si la lettre de change était régulière, valable "ab initio"
c’est à dire dès l’origine.
la régularisation est intervenue en violation de l'accord ; dans cette hypo-
thèse, l'auteur de cette violation ne pourra pas s’en prévaloir ; à son égard,
le titre sera considéré comme nul en tant que lettre de change. Il n’est pas
impossible que le titre régularisé en violation de l’accord soit transmis à
un tiers ; dans ce cas, tout va dépendre de la bonne ou mauvaise foi de ce-
lui-ci ; s'il est de bonne foi, il pourra se prévaloir de la régularisation, s'il
est de mauvaise foi, il ne pourra pas s’en prévaloir.

b) Inexactitude des mentions sanctions


Il y a deux types d’inexactitude: la supposition et l'altération :
- La supposition : Il arrive que toutes les mentions obligatoires figurent
sur le titre et que certaines d’entre elles soient mensongères ; on parle
dans ce cas de supposition ; c’est par exemple le cas du mineur qui in-
dique sur le titre une fausse date pour masquer sa minorité ou du diri-
geant social révoqué qui antidate le titre pour masquer l’absence de
pouvoir.

Pour régler le problème de la supposition la jurisprudence française,


s’appuyant sur les règles de droit commun, distingue deux situations :

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 la supposition n'est pas destinée à masquer l'absence d'une condition


de validité essentielle ; dans ce cas on faire prévaloir la réalité dans
les rapports entre les parties, mais celles-ci ne peuvent opposer les
mentions mensongères aux tiers de bonne foi ; ceux-ci peuvent, en ce
qui les concerne, invoquer, à leur choix, l’apparence créée ou la réalité
en démontrant l’inexactitude.
Les tribunaux sénégalais vont certainement adopter la même solution
compte tenu des similitudes des articles 111 et 112 du C.O.C.C. avec les
dispositions du code civil qui avaient servi de fondement à la jurispru-
dence française.
 la supposition est destinée à masquer l'absence d'une condition de
validité essentielle ; dans ce cas, la nullité est encourue.

- L’altération: Elle consiste à modifier de façon illicite la lettre de


change après son émission. Exemple : Lettre de change payable le 15
mai, on barre pour mettre 15 juillet.

Pour régler ce problème, le législateur invite à distinguer deux situations


:
 situation des signataires qui ont signé avant l'altération ; ceux-la sont
tenus dans les termes du texte initial ;
 situation des signataires qui ont signé après l'altération ; ces signa-
taires sont tenus dans les termes du texte altéré.
Il appartient à celui qui invoque l'altération d'en apporter la preuve qui
peut être faite par tout moyen.
B. Mentions facultatives :
Les signataires de la lettre de change insèrent souvent dans le titre des
mentions facultatives pour enrichir le mécanisme cambiaire.
Mais il y a des limites à ne pas dépasser ; elles sont de deux ordres :
 Les unes tiennent à l’ordre public général ; les mentions facultatives
ne doivent être contraires ni à l’ordre public, ni aux bonnes mœurs ;
 Les autres tiennent aux principes fondamentaux du droit cambiaire ;
il y a des règles intangibles au droit cambiaire et toute mention fa-
cultative ayant pour objet de les modifier est nulle.

Les mentions facultatives les plus courantes sont :

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- La mention de la valeur fournie : c’est l’indication de la créance du


bénéficiaire sur le tireur ; elle peut renseigner les porteurs sur le sé-
rieux de la lettre de change ;
- La clause de domiciliation : c’est l’indication du domicile d'un tiers qui
servira de lieu de paiement ; le tiers dont le domicile est indiqué est
appelé domiciliataire ;
- La clause de retour sans frais ou sans protêt : elle a pour effet de dis-
penser le porteur de faire dresser, pour exercer les recours, un protêt
faute d'acceptation ou faute de paiement (art190 Règl.). celui qui fait
dresser un protêt au mépris de cette clause en supporte les frais ;
- La clause non acceptable : elle a pour effet d’interdire au porteur de
présenter l'effet à l'acceptation ;
- La clause non à ordre : elle a pour effet d’empêcher la circulation de
l'effet par voie d'endossement ; il faut recourir, dans ce cas, au procédé
de la cession de créance ;
- La clause de recommandation : c’est l’indication du nom d'une per-
sonne appelée recommandataire ou besoin et chargée d'accepter ou de
payer en cas de refus par le tiré ;le recommandataire qui peut être dési-
gné par le tireur, un endosseur ou un donneur d’aval(art.210 Règl.)
n’est tenu cambiairement que s’il accepte l’effet ;si cette clause figure
sur le titre, le porteur ne pourra exercer les recours anticipés contre
celui qui l’a insérée et les signataires subséquents qu'après avoir de-
mandé l'acceptation du recommandataire.

Paragraphe 2 Règles de fond


Malgré la place du formalisme, la lettre de change est soumise à un cer-
tain nombre de conditions de fond ; ces conditions sont de deux ordres :
celles qui sont liées à la personne et celles qui tiennent à l'objet et à la
cause
I. Conditions liées à la personne
Quand on signe une lettre de change on prend un engagement cambiaire ;
il faut dés lors le consentement, la capacité et les pouvoirs de signer
A. Consentement
La signature d'une lettre de change constitue un acte important qui repose
sur le consentement de l'intéressé. Il est indispensable et est exigé de tous
signataires et plus particulièrement du tireur.

17
11118

Le consentement doit répondre aux conditions générales requises en droit


commun.
Il doit donc exister ; cela veut dire que la volonté doit être déclarée et
qu’elle doit émaner d'une personne saine d'esprit et voulant réellement
s'engager. Si le consentement n'existe pas, ce qui renvoie à la fausse si-
gnature, l'engagement de celui dont on a falsifié la signature est nul et
cette nullité est opposable même au porteur de bonne foi. La nullité ne
ruine pas cependant l’ensemble du mécanisme cambiaire. Certes le tireur
n’est pas tenu, mais les engagements des autres signataires restent va-
lables, en raison de la règle de l'indépendance des signatures. Si le con-
sentement est vicié (dol, erreur, violence ….), il est sanctionné par une
nullité qui n'est pas opposable aux porteurs de bonne foi seulement aux
porteurs de mauvaise foi.
Le consentement doit être exempt de vices. En cas de vices du consente-
ment (dol, erreur, violence), le tireur n’est pas valablement engagé, mais
il ne pourra pas opposer cette exception à un porteur de bonne foi.
B. Capacité
Il s’agit de la capacité d'exercice ; ne peuvent donc pas valablement
émettre une lettre de change les personnes frappées d’incapacité
d’exercice, c’est à dire les personnes auxquelles la loi enlève l’aptitude à
participer au commerce juridique pour les protéger contre leur inexpé-
rience (les mineurs) ou la défaillance de leurs facultés intellectuelles(les
majeurs incapables).
1. Les mineurs
Ce sont, d’après l’article 276 aliéna 1er nouveau du code de la famille
(cette nouvelle rédaction est due à la loi 99-82 du 3 septembre 1999) les
personnes de l’un ou l’autre sexe qui n’ont pas encore l’âge de 18 ans ac-
complis.
Il ne fait pas de doute que le mineur ordinaire ne peut pas tirer de lettre de
change. En effet, selon l'article 153 du Règlement les lettres de change
souscrites par des mineurs non - négociants sont nulles à leur égard. Si
donc un mineur tire une lettre de change, son engagement sera nul et la
nullité sera opposable même au porteur de bonne foi. Mais en application
de la règle de l'indépendance des signatures, la nullité de l'engagement du
mineur ne va pas entraîner la nullité de l'engagement des autres signa-
taires.
Quelle est maintenant la situation des mineurs émancipés ? L’on sait que
depuis l’entrée en vigueur de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commer-

18
11119

cial Général, le mineur émancipé peut devenir commerçant ; dés lors rien
ne s’oppose à ce que ce mineur puisse tirer valablement une lettre de
change.
2. Les majeurs incapables
Ce sont les majeurs dont les facultés mentales sont durablement altérées
par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge et les ma-
jeurs dont l’altération des facultés corporelles est telle qu’elle empêche
l’expression de la volonté. Ces majeurs font l’objet d’un placement sous
l’un des régimes de sauvegarde prévus par la loi ; il s’agit de :
La tutelle : ce régime s’ouvre lorsque le majeur, pour l’une des causes
prévues à l’article 342 alinéa 1er du code de la famille, a besoin d’être re-
présenté de manière continue dans les actes de la vie civile ; ces majeurs
sont représentés par un tuteur ;
La curatelle :elle s’ouvre lorsqu’en raison de la défaillance de ses facultés
le majeur, sans être hors d’état d’agir lui-même a besoin d’être conseillé
et contrôlé dans les actes de la vie civile ; elle s’ouvre aussi lorsqu’en rai-
son de son intempérance, de sa prodigalité ou de son oisiveté, le majeur
s’expose au risque de tomber dans le besoin ou compromet l’exécution de
ses obligations familiales ;pour certains actes, le majeur en curatelle peut
agir seul, mais pour les actes les plus graves, ceux qui sont visés par
l’article 329 C.F. ,il doit être assisté de son curateur ;
La protection de justice : elle est prévue pour les majeurs internés ou soi-
gnés à domicile ;le placement sous ce régime a pour seul effet de faire
présumer l’absence de consentement.
La question qui se pose est de savoir si ces majeurs peuvent valablement
tirer des lettres de change. Il n’y a pas, dans le Règlement, une disposition
comparable à l’article 153 alinéa 1er pour les mineurs. Il faut donc se
tourner vers le code de la famille pour en pénétrer l’esprit. Une analyse
des dispositions de ce code conduit à la conclusion suivante : le majeur en
tutelle qui est presque dans la même situation que le mineur ne peut tirer
lui-même une lettre de change ;le majeur en curatelle ne devrait pas pou-
voir émettre seul une lettre de change ;quant au majeur placé sous le ré-
gime de la protection de justice il devrait pouvoir valablement tirer une
traite, car le code n’a pas prévu un système de représentation ou
d’assistance pour lui.
C Pouvoirs
Il peut arriver qu'une personne tire une lettre de change pour le compte
d'autrui. Il faut qu'elle ait les pouvoirs nécessaires. On distingue deux cas

19
11120

de figure : émission d'une lettre de change en représentation d'autrui et


tirage pour compte.
Emission d'une lettre de change en représentation d'autrui
Généralement, la personne qui souscrit une lettre de change pour le
compte d’autrui révèle sa qualité de représentant ; elle montre en quelque
sorte qu’elle tire la lettre de change pour le compte d’une autre personne.
Comment révéler sa qualité de mandataire ? On fait précéder sa signature
de l’indication du nom de la personne pour le compte de laquelle on émet
le titre.
Les pouvoirs qui permettent à une personne de signer une lettre de change
pour le compte d’autrui4 peuvent avoir deux (02) sources :

- ils peuvent résulter d'une convention des parties ; on parle, dans ce cas,
d'émission par mandataire spécialement désigné ; le mandataire appose
la mention par procuration avant de signer ;
- ils peuvent résulter aussi de la loi ; tel est le cas lorsque le tirage est ef-
fectué par le dirigeant d’une personne morale pour le compte de celle-
ci ; le dirigeant ayant le pouvoir d’engager la personne morale, il ne
fait pas de doute que la lettre de change qu’il émet pour le compte de
celle-ci l’oblige ; il faut cependant qu’il utilise la signature sociale.

Quelle que soit la situation (tirage par mandataire spécialement désigné


ou tirage par le représentant de la personne morale), la signature du man-
dataire engage le représenté sur le plan cambiaire.
Des difficultés peuvent toutefois surgir lorsque celui qui a signé la lettre
de change en qualité de mandataire a agi sans pouvoir ou a excédé ses
pouvoirs. C’est l'article 153 alinéas 3 du Règlement qui est consacré à la
situation découlant de l’absence de pouvoir ou du dépassement des pou-
voirs. Selon ce texte « Quiconque appose sa signature sur une lettre de
change pour le compte d’une personne pour laquelle il n’avait pas le pou-
voir d’agir, est obligé lui-même en vertu de la lettre, et s’il a payé, a les
mêmes droits qu’aurait le prétendu représenté. Il en est de même du re-
présenté qui a dépassé ses pouvoirs ». Ce texte écarte clairement
l’engagement cambiaire du prétendu représenté. Celui-ci peut, cependant,
être engagé sur le terrain du droit commun par application de la théorie de
l'apparence.
Si le prétendu représenté ne peut être actionné sur le plan cambiaire, le
soi-disant mandataire est, quant à lui, obligé en vertu de la lettre. Après

20
11121

avoir payé, il devient porteur de la lettre de change et peut exercer les re-
cours cambiaires qui auraient été ouverts à celui qu’il prétend représenter.
On admet aussi, entre le soi-disant mandataire et le prétendu représenté,
un recours de droit commun fondé sur la gestion d'affaires.
Cette règle est également applicable en cas de dépassement de pouvoir.
Tirage pour compte
Contrairement à la situation étudiée ci-dessus, le tirage pour compte se
caractérise par le fait que le mandataire signe la lettre de change en tant
que tireur comme s'il agissait pour son propre compte alors qu'en réalité il
représente autrui.
Il y a une convention extra cambiaire qui est à la base du tirage pour
compte. Celui qui tire la lettre de change est appelé tireur pour compte.
Celui pour le compte de qui la lettre de change est tirée est appelé don-
neur d'ordre.
Le régime de ce tirage pour compte est déterminé par les règles du man-
dat et celles du droit cambiaire. Cela apparaît à travers les effets:
- à l’égard du bénéficiaire et des porteurs successifs, seul le tireur pour
compte est engagé cambiairement ;
- dans les rapports entre le donneur d'ordre et le tireur pour compte, on
applique les règles du mandat ; le tireur pour compte est obligé de ré-
diger la lettre de change conformément aux instructions du donneur
d’ordre, lequel est tenu de rembourser les frais engagés ;
- dans les rapports avec le tiré, on fait prévaloir les règles du mandat ;
c’est le donneur d'ordre qui doit fournir la provision ; cela résulte clai-
rement de l’article 155 du Règlement.
II. Conditions liées à l'objet et à la cause
Si l’étude de l’objet ne suscite pas de grandes difficultés, il n’en est
pas de même en ce qui concerne la cause.
L'objet
Il ne s’agit pas de l’objet de la lettre de change mais de l’objet de
l’obligation de chaque signataire. Cet objet c’est une somme d’argent dé-
terminée ; un signataire ne peut pas être tenu d’une obligation ayant un
objet non monétaire. Il convient de rappeler que le montant de la traite
doit être déterminé et que les stipulations d'intérêts sont interdites sauf
pour la lettre de change payable à vue et à un certain délai de vue.
A. La cause
Deux problèmes retiendront notre attention : le rôle de la cause et le
problème des effets de complaisance.

21
11122

a) Rôle de la cause
Il y a une controverse sur le rôle de la cause. Certains soutiennent que la
cause n'a aucun rôle à jouer en matière de lettre de change ; pour eux la
lettre de change est un acte abstrait ; il s’y ajoute que l’obligation de
chaque signataire résulte de ce que son engagement s’est coulé dans le
moule formel prévu par la loi. D'autres estiment que la cause joue un rôle
important. Pour eux certaines règles ne peuvent s’expliquer que par un
recours à la notion de cause ; par exemple la possibilité, pour le tiré,
d’opposer au porteur l'exception fondée sur le défaut de provision.
A notre avis la question de la cause ne saurait être occultée .Mais il
ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agit pas de la cause de la lettre de
change .Il s’agit plutôt de la cause de l'obligation de chaque signataire.
Cette cause se trouve dans un rapport juridique déterminé. Ainsi si le ti-
reur émet la lettre de change, c’est parce qu’il est débiteur de la valeur
fournie ; si le tiré accepte la lettre de change, c'est parce qu'il est débiteur
de la provision, c'est la cause de son engagement.
L’inexistence de ce rapport juridique est synonyme d’absence ; l'illi-
céité ou l'immoralité de ce rapport juridique est synonyme d'illicéité ou
d'immoralité de la cause.
L’absence de cause, l’immoralité ou l’illicéité de la cause entraînent la
nullité, mais c'est une nullité qui est doublement limitée ; d’abord parce
que l'on ne peut s'en prévaloir vis à vis du porteur de bonne foi ; ensuite
parce qu’en raison de la règle de l'indépendance des signatures, malgré
cette nullité les engagements des autres signataires demeurent valables.
b) Effets de complaisance :
 Notion d'effets de complaisance
Ce sont des effets destinés à tromper des tiers sur les relations qui existent
entre les signataires et qui dans l'esprit de ceux-ci ne doivent pas con-
traindre le complaisant à décaisser effectivement la somme indiquée. Il y
a toujours deux (02) principaux personnages : le tiré complaisant et le ti-
reur complu. Le mécanisme est très simple : un commerçant confronté à
des difficultés demande à un ami de l’autoriser à tirer sur lui une lettre de
change alors qu’il n’a sur lui aucune créance ni actuelle, ni en formation ;
il lui promet de lui procurer, avant l’échéance, les sommes nécessaires
pour en régler le montant ou de la retirer de la circula-
tion .Postérieurement à l’émission, le tireur fait escompter la traite par un
banquier maintenu dans l’ignorance des conditions de l’émission.
Le montage prend souvent ces deux (02) formes :

22
11123

- le tirage renouvelé ; plusieurs traites sont successivement émises et le


produit de l’escompte de chaque nouvelle traite sert à payer la traite
précédente (traites de cavalerie) ;
- le tirage croisé ; deux personnes tirent chacune sur l'autre une traite qui
sera acceptée par l’autre.
 Sanctions
Il y a des sanctions qui frappent l'acte et celles qui frappent les personnes
- La sanction qui frappe l'acte
C'est la nullité pour illicéité de la cause.
Pour analyser les effets de cette nullité, il faut distinguer deux (02)
types de rapports :
Les rapports entre tiré complaisant et tireur complu ; Dans ce type de rap-
ports, le tiré complaisant n'est pas obligé d'accepter le titre et s'il accepte,
il n'est pas obligé de payer ; la question qui se pose est si le tiré complai-
sant qui a payé peut, après l'annulation exercer l'action en répétition con-
sécutive à cette annulation ; la jurisprudence a toujours, malgré les cri-
tiques de la doctrine, répondu par la négative en se fondant sur la règle
némo auditur… (Nul ne peut prévaloir de sa propre turpitude) ; la seule
action admise est celle qui est fondée sur l’enrichissement sans cause.
Les rapports avec les tiers ; ici la nullité subit l’influence des mécanismes
cambiaires ; le tiers porteur de bonne foi peut exercer le recours contre
tous les signataires de bonne ou de mauvaise foi ; quant au tiers de mau-
vaise foi, il ne peut exercer de recours contre personne ; le tiers de mau-
vaise foi est celui qui savait que c'est une traite de complaisance.
- Les sanctions qui frappent les personnes impliquées :
Il y a d'abord les sanctions civiles qui sont de deux (02) ordres :
 sanctions tirées du droit des procédures collectives qui sont elles

mêmes de deux ordres :


Le recours à l’escompte d’effets de complaisance pour se procurer du
crédit est le signe d’une cessation de paiements ; ce qui justifie le report
de la date de cessation des paiements et la mise en œuvre des inopposabi-
lités de la période suspecte ;
la mise en circulation de traite de complaisance est considérée comme sy-
nonyme d’emploi de moyens ruineux pour se procurer des fonds ; ce qui
est un cas de faillite personnelle obligatoire (v.art.196 et 197 AU/PC) ;
 sanctions tirées du droit commun : on peut engager la responsabilité

civile, sur le terrain du droit commun, de celui qui émet un effet de com-
plaisance.

23
11124

Il y a ensuite des sanctions pénales :


Lorsque celui qui met en circulation un effet de complaisance est déclaré
en redressement judiciaire ou en liquidation des biens on prononce contre
lui les peines de la banqueroute simple (art. 228 AU/PC) ;
Celui qui met en circulation des traites de complaisance s’expose aussi
aux peines de l'escroquerie.
Section 2 : Acceptation
C'est l'engagement que prend le tiré de payer la lettre de change à
l’échéance .L’acceptation présente des intérêts considérables. Tant que le
tiré n'accepte pas l'effet, il n'est pas débiteur cambiaire ; certes il est tenu
envers le porteur puisque celui-ci recueille la créance de provision ; mais
c’est seulement sur le terrain du droit commun. Si, en revanche, le tiré
accepte il prend un engagement cambiaire ;il est tenu à l’égard de tous les
porteurs présents et futurs de l’effet et il devra payer même s’il n’a pas
reçu la provision, car il ne pourra pas opposer l’ exception fondée sur le
défaut de provision au porteur tout au moins si celui-ci est de bonne foi.
L’acceptation suppose une initiative du porteur : la présentation à
l’acceptation.
Paragraphe 1 : Présentation à l'acceptation
Elle est facultative ; lorsque le porteur entend présenter l'effet à l'accepta-
tion, il doit procéder selon les modalités prévues par le Règlement.
I. Caractère facultatif de la présentation à l'acceptation
Il y a le principe et les exceptions
A. Le principe
Ce principe selon lequel la présentation à l’acceptation a un caractère fa-
cultatif est déduit de la rédaction de l'article 163 du Règlement ;ce texte
est ainsi conçu : « la lettre de change peut être… présentée à l'accepta-
tion… » Ce caractère facultatif renvoie à deux (02) choses :
- d'une part, le porteur a la possibilité de présenter le titre à l'accepta-
tion ; rien ne s' y oppose, ni ne l'interdit ;
- d’autre part, le porteur peut ne pas présenter le titre ; rien ne l’y oblige.
B. Limites
Elles vont jouer en sens contraire parce qu'il y a des cas où la présentation
à l'acceptation est obligatoire et des cas où la présentation à l'acceptation
est interdite.
1. Présentation obligatoire

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11125

Parfois c'est la loi elle-même qui oblige le porteur à présenter l'effet à


l'acceptation, parfois c'est un signataire qui rend obligatoire la présenta-
tion à l'acceptation en insérant une clause, une mention dans le titre.
a) Présentation imposée par un législateur à l'acceptation :
Lorsque la lettre de change est stipulée payable à un certain délai de
vue, le porteur est obligé de la présenter à l'acceptation dans le délai
d'un an à compter de l’émission (art.163, al.6 Règl.).
b) Présentation imposée par un signataire :
La présentation à l’acceptation peut être imposée par une clause ex-
presse insérée dans le titre.
Une telle clause peut être insérée par le tireur. Dans toute lettre de
change, dit l’article 163 al.2, le tireur peut stipuler qu'elle devra être pré-
sentée à l'acceptation avec ou sans fixation de délai. Si le porteur, en vio-
lation de cette stipulation ne présente pas la lettre de change, il perd ses
recours tant pour défaut d'acceptation que pour défaut de paiement, à
moins qu’il ne résulte des termes de la stipulation que le tireur n’a enten-
du s’exonérer que de la garantie de l’acceptation (art.196 al.3).
Cette clause rendant obligatoire la présentation à l'acceptation peut
aussi être insérée par un endosseur. Dans ce cas seul cet endosseur peut
s'en prévaloir.
2. Présentation interdite
La présentation à l’acceptation peut être interdite par une mention figu-
rant sur la lettre de change à l'acceptation et dite « clause non accep-
table ». La lettre de change comportant cette clause est appelée traite pro
forma.
Si le porteur, au mépris de cette stipulation, présente l'effet à l'acceptation,
le tiré pourra refuser l’acceptation sans s’exposer à des recours; si le por-
teur fait dresser protêt faute d’acceptation il en supporte les frais de protêt
et sa responsabilité civile pourrait être engagée.
La clause non acceptable est interdite dans trois cas :
- lettre de change payable à un certain délai de vue ;
- lettre de change payable chez un tiers ;
- lettre de change payable dans une localité autre que celle du domicile
du tiré.

Il convient de souligner que le tireur peut, sans interdire totalement la pré-


sentation à l’acceptation, se borner à stipuler que cette présentation ne
pourra avoir lieu avant le terme indiqué.

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11126

II. Modalités
Il résulte de l’article 163 du Règlement que la lettre de change peut
être présentée par le porteur ou même par un simple détenteur.
C’est au tiré qu’il faut présenter le titre et celui-ci n’est pas te de vérifier
que l’auteur de la présentation a la qualité de porteur légitime.
C’est au domicile du tiré que se fait la présentation ; il en est ainsi
même si la traite comporte une clause de domiciliation ; cela s’explique
par le fait que le domiciliataire ne prend pas d’engagement cambiaire ; il
est seulement chargé d’exécuter les ordres du tiré pour le paiement.
En principe l’acceptation peut être demandée dés l'émission et à
n’importe quel moment jusqu'au jour qui précède l'échéance. Cette liberté
du porteur dans le choix du moment de présentation connaît cependant
deux (02) limites :
D’une part la lettre de change payable à un certain délai de vue doit
être présentée à l’acceptation dans le délai d’un an à compter de
l’émission;
D’autre part, le tireur peut imposer la présentation à l’acceptation dans
un délai déterminé ou l’interdire l avant une certaine date.
Selon l’article 164 du Règlement le porteur n'est pas tenu de se des-
saisir, entre les mains du tiré, de la lettre de change présentée à
l’acceptation. Il faut entendre par cette formule que le porteur n’est pas
tenu de quitter le domicile du tiré en y abandonnant la traite. Ceci dit,
dans la pratique, les porteurs se déplacent rarement eux-mêmes pour la
présentation ; ils utilisent plutôt la voie postale.
Paragraphe 2 : Situation du tiré auquel le titre est présenté
Lorsque la traite lui est présentée, le tiré n’est pas tenu, sauf dans
les cas prévus par la loi, de l’accepter. C’est le caractère facultatif de
l’acception qui fait que le tiré a une véritable alternative : accepter ou ne
pas accepter.
I. Caractère facultatif de l'acceptation
Il y a une espèce de symétrie entre la situation du porteur et celle du ti-
ré ; la présentation à l’acceptation a un caractère facultatif, l’acceptation
aussi .Le principe comporte cependant des exceptions
A. Principe
Même si le tiré est débiteur du tireur, il n'est pas tenu d'accepter la
lettre de change ; cela s’explique par le fait qu’en acceptant le tiré aggrave
sa situation, l'engagement cambiaire étant plus rigoureux que l'engage-
ment du droit commun.

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11127

B. Limites
Le caractère facultatif est doublement limité ; il existe en effet deux cas
où l'acceptation est obligatoire : lorsqu’il y a une promesse d’acceptation
et lorsque la traite est émise en exécution d’un contrat de fourniture de
marchandises.
1. Promesse d'acceptation
S'il y a une promesse d'acceptation, le tiré sera obligé d'accepter. Cette
promesse résulte d'une convention extra cambiaire (qui se situe en dehors
de la lettre de change). Cette convention est appelée convention de bon
accueil.
Si en violation de cette convention le tiré refuse de prendre l’engagement
d’acceptation, il ne sera pas possible de le contraindre à signer la lettre de
change, car il est tenu d’une obligation de faire non susceptible
d’exécution forcée, mais il sera toujours possible d’engager sa responsa-
bilité civile.
2. Lettre de change émise en exécution d'un contrat de fourniture de mar-
chandises
L’article 163, dernier alinéa donne au tireur le droit d’exiger du tiré
l’acceptation de la lettre de change lorsque celle-ci est crée en exécution
d’un contrat de fourniture de marchandises. Il faut cependant quatre (04)
conditions:
- le montant de la lettre de change doit représenter le prix de vente des
marchandises;
- le tireur doit avoir exécuté les obligations qui résultent, pour lui, du
contrat (livrer les marchandises);
- les parties doivent avoir l'une et l'autre la qualité de commerçant;
- la présentation doit avoir lieu à l'expiration d'un délai conforme aux
usages normaux du commerce en matière de reconnaissance des mar-
chandises.
Lorsque ces conditions sont réunies, le tiré qui refuse s’expose à la dé-
chéance du terme qui était fixé pour le paiement du prix de vente des
marchandises. Cette déchéance n’affecte pas la lettre de change dont
l’échéance reste inchangée, mais c’est l’obligation de payer le prix de
vente qui devient immédiatement exigible.
II. Termes de l'alternative
En dehors des cas où l’acceptation est obligatoire, le tiré dispose d’une
véritable alternative : soit accepter, soit refuser.
A. Engagement d'acceptation

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11128

1. Conditions de l’engagement d’acceptation :


a. Conditions de forme
L’acceptation doit être matérialisée par une mention portée sur la lettre
de change ; Le tiré ne peut pas accepter dans un document autre que la
lettre de change.
Elle est exprimée par l’inscription du mot "accepté" ou un mot équiva-
lent suivie de la signature manuscrite du tiré ; mais une signature isolée au
recto peut suffire.
L’acceptation n’a pas à être datée sauf dans deux cas : lorsque la lettre
de change est payable à certain délai de vue et lorsqu’il y a une clause
rendant obligatoire la présentation à l'acceptation dans un délai déterminé.
En cas de pluralité d'exemplaires, l'acceptation ne peut figurer que sur un
seul exemplaire. S'il y a un original et des copies, l'acceptation figure sur
l'original.
b. Conditions de fond
Lorsque le tiré accepte, il prend un engagement cambiaire ; il doit donc
remplir les conditions nécessaires pour prendre cet engagement : il faut
que le consentement soit régulièrement exprimé et que le tiré ait la capa-
cité; si l’acceptation est donnée pour le compte du tiré par un mandataire,
celui-ci doit avoir les pouvoirs nécessaires; la cause doit être licite.
2. Modalités
L'acceptation doit être pure et simple .Elle ne doit pas être assortie de ré-
serves ou de modifications ; l’acceptation accompagnée de modifications
des énonciations de la lettre de change équivaut à un défaut d'acceptation.
Ce principe comporte cependant deux (02) tempéraments :
- Le premier tempérament résulte de l'article 165, alinéa 2 du Règlement
qui donne au tiré la possibilité de restreindre l'acceptation à une partie
de la somme ;
- l'article 165 dernier alinéa in fine qui prévoit que, si au moment de
l'acceptation le tiré apporte des modifications sur les énonciations de la
lettre de change, il est tenu dans les termes de son acceptation.
3. Effets de l'acceptation
Lorsque le tiré accepte la lettre de change il devient un débiteur cambiaire
de celui qui en est le porteur. Ce lien est direct et irrévocable.
a. L'acceptation crée un lien irrévocable
Dés que le tiré restitue le titre revêtu de son acceptation, il se crée un
lien irrévocable. Il ne peut plus se rétracter. Il suffit qu'il se dessai-

28
11129

sisse pour que toute rétraction devienne impossible et il en est ainsi


même si le titre n’est pas parvenu entre les mains du porteur.
Toutefois le tiré peut se rétracter en biffant son acceptation avant de
se dessaisir.
Il pourra alors se poser une question de preuve ; sur qui faut-il
mettre la charge de la preuve ? Est-ce au tiré de prouver que
l’acceptation est biffée avant la restitution ou faut-il considérer que
c’est au porteur d’établir que le tiré a biffé l’acceptation après s’être
dessaisi ?
Le législateur est intervenu pour régler ce problème de preuve en
édictant une règle favorable au porteur ; selon l’article 168 du Rè-
glement, la radiation est censée avoir été faite avant la restitution du
titre ; cette présomption est simple.
b. L'acceptation crée un lien direct :
Par l’acceptation, le tiré prend l’engagement de payer la lettre de change à
l’échéance et en devient le débiteur principal quel que soit le porteur.
Pour analyser la situation du tiré, il faut distinguer selon que le porteur est
un tiers ou le tireur lui-même.
 Rapports entre tiré accepteur et tiers porteur :

Si le porteur est un tiers, le tiré est tenu de payer même s'il n'est pas débi-
teur. Il ne peut donc pas invoquer le défaut de provision ; règle de l'inop-
posabilité des exceptions qui ne s'applique que si le tiers est de bonne foi.
Il ne peut pas non plus invoquer les conventions passées entre le tireur et
lui pour ne pas payer.
Cette acceptation fait aussi présumer la provision et elle la rend indispo-
nible.
 Rapports entre tiré accepteur et tireur porteur :

Il est possible que le tireur émette une lettre de change en son nom et ne
l'endosse pas. Il est possible aussi que la lettre de change émise au profit
d’un tiers circule et revienne entre les mains du tireur. Dans ces cas, le ti-
reur est en même temps le porteur. La Loi semble assimiler ce tireur por-
teur au tiers porteur. Selon l’article 167, alinéa 2 du Règlement, à défaut
de paiement le porteur même s'il est le tireur a une action directe résul-
tant de la lettre de change. Il y a cependant une différence entre la situa-
tion du tiers porteur et celle du tireur porteur. Elle réside dans le fait que
le tiré peut opposer au tireur porteur l'exception fondée sur le défaut de
provision alors qu’il ne peut pas l'opposer au tiers porteur.
B : Le défaut d’acceptation

29
11130

Le tiré peut refuser d'accepter même s'il est débiteur du tireur et si tel
est le cas le porteur pourra faire constater cela solennellement en faisant
dresser un protêt sauf s'il y a une clause non acceptable ou une clause de
retour sans frais ni protêt. Ce refus produit des effets qu'on peut analyser
en distinguant deux types de rapports :
- rapports entre porteur et les autres signataires ; dans ce type rapport, le
porteur pourra exercer des recours anticipés, avant l'échéance.
- rapports entre tiré et porteurs successifs ; il y a déchéance du terme, la
créance du tireur sur le tiré devient immédiatement exigible.
Le refus d'acceptation crée des inconvénients pour tout le monde. Pour
éviter cela on a inventé un remède appelé l'acceptation par intervention.
C'est l'acceptation donnée par une personne autre que le tiré. Mais qui
peut accepter par intervention? En principe, toute personne capable de
prendre un engagement cambiaire : un tiers, un signataire et même le tiré
qui a refusé une acceptation pure et simple (art.210 al.3 Règl.).Elle peut
être donnée au profit de l’un quelconque des signataires exposés à un re-
cours anticipé ; à défaut d’indication de celui pour le compte de qui elle
est intervenue, elle est réputée donnée pour le tireur. Lorsqu'il y a accep-
tation par intervention, le porteur est privé des recours anticipés contre le
bénéficiaire de cette acceptation par intervention et contre les signataires
postérieurs ; c’est la raison pour laquelle il peut la refuser, sauf si la lettre
de change comporte une clause de recommandation. Celui qui a donné
l'acceptation par intervention s'expose aux mêmes recours que la personne
pour le compte de laquelle il est intervenu. Si l'intervenant a été amené à
payer, il pourra se retourner contre le bénéficiaire et contre les signataires
antérieurs.

Section 3 : Circulation de la lettre de change


La lettre de change circule par la voie de l’endossement ; il y a trois
formes d’endossement : l’endossement translatif, l’endossement de procu-
ration et l’endossement pignoratif.
Paragraphe 1 : L'endossement translatif
On transmet tous les droits résultant de la lettre de change et l'endosseur
est engagé dans les liens cambiaires, car si le tiré ne paie pas on pourra lui
demander le paiement ; c’est la raison pour laquelle des conditions rigou-
reuses sont exigées.

I. Conditions

30
11131

A. Conditions de forme
1. Modalités de l'endossement
Il faut la mention de l’endos c’est à dire la réitération de l'ordre de
payer qui est suivie de la signature de l'endosseur ; d'ailleurs on peut se
contenter simplement d'apposer sa signature, dans ce cas elle doit figurer
sur une allonge ou au verso ; un tel endossement est considéré comme un
endossement en blanc qui est réputé translatif.
L’endosseur doit remettre le titre à l'endossataire.
2. Mentions :
a. Nom du bénéficiaire :
 S'il figure dans l'endossement, on parle d'endossement nominatif.
Cette mention est cependant facultative puisque l'endossement peut
être en blanc ou au porteur.
 L'endossement est en blanc lorsque l’endosseur réitère l’ordre de
payer sans mettre le nom du bénéficiaire ou lorsqu’il appose sa signa-
ture isolée au dos du titre ; dans un tel cas de figure, l’endossataire a
trois (3) possibilités :
- Soit il remplit le blanc en y mettant son nom ou le nom d'une autre
personne;
- Soit il endosse à nouveau, en blanc ou au profit d'une autre per-
sonne ;
- Soit il transmet le titre sans remplir le blanc, sans l'endosser à nou-
veau
 L'endossement est au porteur lorsque l’endosseur inscrit la mention
"Veuillez payer à l'ordre du porteur" ou 'transmis à l'ordre du por-
teur" ; une telle lettre de change circule par la voie de la tradition.
b. Autres mentions :
- Il y a la date. Elle n'est pas obligatoire, mais elle présente certains
intérêts ; elle permet de vérifier la capacité et les pouvoirs de
l’endosseur ; elle permet aussi de savoir si l’endossement a été fait
avant ou après l’expiration des délais pour dresser protêt.
- Il y a aussi la clause non à ordre ; elle interdit la transmission de la
lettre de change par voie d’endossement.
- On peut citer en troisième lieu la clause par laquelle on interdit un
nouvel endossement ; une telle clause n'interdit pas un nouvel en-
dossement, car si elle figure sur la lettre de change on peut l'endos-
ser, mais elle supprime la garantie de l'endosseur vis à vis de l'en-
dossataire.

31
11132

B. Conditions de fond
1. Conditions liées au moment de l'endossement :
L’endossement peut être fait dés l'émission. Il peut être effectué jusqu'à
l'échéance et même au delà, car l’endossement fait après l'échéance pro-
duit les mêmes effets que l’endossement fait avant l'échéance ; mais il y a
une limite, car lorsque l'endossement est fait après un protêt ou après
l'expiration des délais pour dresser protêt, il ne produit que les effets d'une
cession de créance.
On peut rencontrer à ce sujet des difficultés ; c'est lorsque l'endossement
n'a pas été daté et qu’il n’a pas été dressé de protêt ; dans ce cas, il ne sera
pas possible de savoir s'il a été daté avant ou après l'expiration des délais.
Si un protêt est dressé le problème ne se pose pas parce qu'il y a une
transcription de la lettre de change et des endossements qui figurent de
telle sorte que si l’endossement est fait avant, il apparaît nécessairement
dans ce protêt.
Pour résoudre le problème posé par l’endossement non daté, le Règlement
édicte une présomption ; il prévoit à cet égard que l'endossement non daté
est présumé avoir été fait avant l'expiration des délais pour dresser protêt.
La présomption qui est simple peut être renversée par le débiteur cam-
biaire qui a la possibilité d’apporter la preuve que l’endossement a été fait
après l’expiration des délais.
2. Personnes impliquées dans l’opération d’endossement :
a. L'endosseur :
L’endossement produit des effets considérables car non seulement
l’endosseur perd ses droits sur le titre, mais en plus il prend un engage-
ment cambiaire, car si le tiré ne paie pas, il pourra être poursuivi. C’est la
raison pour laquelle le Règlement pose des conditions rigoureuses pour
l’endossement.
Pour pouvoir réaliser un endossement, il faut tout d’abord avoir la qualité
de porteur légitime. Est considéré comme tel le porteur dont le droit ré-
sulte d'une suite ininterrompue d'endossement. Il y a une suite ininter-
rompue des endossements lorsque le premier endossement est fait par le
premier bénéficiaire et lorsque chaque endossement suivant est fait par la
personne désignée comme endossataire par l'endossement qui précède
immédiatement.
Le Règlement a apporté deux précisions pour résoudre certains problèmes
pouvant se poser :
- l'endossement biffé est réputé non écrit ;

32
11133

- si un endossement en blanc est suivi d'un autre endossement, le si-


gnataire de ce second endossement est réputé avoir acquis la lettre
de change à la suite de l'endossement en blanc.
Pour endosser la lettre de change il faut en outre remplir les conditions
liées au consentement, à la capacité et aux pouvoirs.
b. L'endossataire
Il ne prend pas d'engagement cambiaire ; c'est pourquoi on n’exige pas la
capacité pour prendre un engagement cambiaire. Pour ce qui est du con-
sentement, il résulte de la seule réception du titre ; s'il prend le titre on
considère qu'il a donné son consentement.
Qui peut être endossataire? Selon les textes il peut s’agir non seulement
des personnes qui sont tout à fait étrangères à la lettre de change, mais
aussi des personnes qui sont engagées déjà sur le plan cambiaire. Cela ré-
sulte clairement de l’article 156, al 3 aux termes duquel « L’endossement
peut être fait même au profit du tiré, accepteur ou non, du tireur ou de tout
autre obligé. Ces personnes peuvent endosser la lettre à nouveau »
Que le tireur puisse être endossataire, il n’y a rien d’étonnant à cela
puisque la lettre de change peut être tirée à son ordre ; mais que
l’endossement puisse être fait au profit du tiré pose problème, parce qu'il
va avoir confusion sur sa tête des qualités de débiteur et de créancier.
C'est cependant l'existence du titre qui empêche l’extinction par la confu-
sion.

II. Effet de l'endossement translatif


Il s’agit de la transmission des droits, de l’inopposabilité des exceptions et
de la garantie de l'endosseur
A. Transmission des droits
Selon l'article 157 du Règlement « l'endossement transmet tous les
droits résultant de la lettre de change. »
Rentrent dans les prévisions du texte, les droits cambiaires tels que le
droit de demander le paiement ou l'acceptation, d’endosser le titre et de
faire dresser protêt. Tous les droits cambiaires vont être transmis à l'en-
dossataire.
Rentrent également dans les prévisions du texte les accessoires de ces
droits. Il faut entendre par là, les sûretés constituées pour garantir la
créance de provision. Il faut entendre aussi par accessoires les sûretés
spécialement constituées pour garantir le paiement de la lettre de change.
B. Garantie de l'endosseur

33
11134

Dans l'article 158 du Règlement il est prévu que « l'endosseur est sauf
clause contraire garant de l'acceptation et du paiement ». Il est garant de
l'acceptation car, en cas de défaut d'acceptation, il peut être l’objet re-
cours anticipé de la part du porteur qui a fait dresser protêt. Il est garant
du paiement car il est tenu solidairement avec les autres signataires du
paiement de la lettre de change.
L'endosseur est, on le constate, plus sévèrement tenu que le cédant
dans la cession de créance, car il garantit non seulement l'existence de la
créance, mais aussi la solvabilité du débiteur.
Lorsque l'endossataire était déjà tenu cambiairement, il est dépourvu
d'action cambiaire contre les autres signataires ; par exemple si le tiré est
endossataire et endosse à nouveau la lettre de change.
C. Inopposabilité des exceptions
L'article 160 du Règlement dispose : « Les personnes actionnées en
vertu de la lettre de change ne peuvent pas opposer au porteur les excep-
tions fondées sur les rapports personnels avec le tireur ou avec les por-
teurs antérieurs à moins que le porteur en acquérant la lettre de change
n'ait agit sciemment au détriment du débiteur ». Cette règle est exprimée
sous la formule raccourcie de « principe de l’inopposabilité des excep-
tions ». Il convient d’en examiner les conditions d’application et le do-
maine.
1. Conditions d'application de la règle
L'article 160 ne formule pas de manière positive la condition qu'il
faut remplir. Il prévoit seulement que si le porteur agi sciemment au dé-
triment du débiteur, c’est à dire s’il est de mauvaise foi, il ne bénéficie
pas de la règle de l'inopposabilité des exceptions. Il faut donc être de
bonne foi pour pouvoir en bénéficier. Le porteur de mauvaise foi est celui
qui a eu conscience, en consentant à l’endossement à son profit, de causer
un dommage au débiteur cambiaire par l'impossibilité où il le mettait de
se prévaloir, vis à vis du tireur ou d’un précédent endosseur d'un moyen
de défense issu ses relations personnelles avec ces derniers.
A quel moment il faut se placer pour apprécier la bonne ou mauvaise
foi du porteur ?
D’après les tribunaux, elle s'apprécie au moment de l'acquisition de la
lettre de change.
Il se peut qu'il ait une contestation sur cette question. Dans ce cas, c’est au
débiteur cambiaire qui allègue la mauvaise foi pour opposer les excep-
tions qui doit en apporter la preuve.

34
11135

2. Domaine d'application de la règle


On va le situer par rapport aux exceptions et par rapport aux personnes.
a. Domaine quant aux exceptions
La question qui se pose est de savoir si cette règle a une portée abso-
lue. Une réponse négative s’impose : seules certaines exceptions sont
inopposables au porteur de bonne foi ; la règle ne concerne pas en effet
toutes les exceptions.
Les exceptions qui sont inopposables au porteur sont :
 les exceptions tirées de la nullité du rapport fondamental (pour illicéi-
té de la cause, absence de cause) ;
 les exceptions tirées de l'extinction du rapport fondamental (on ne
peut pas opposer au porteur de bonne foi l’exception fondée sur ce que
le tiré a cessé d’être débiteur parce qu’il y a résolution du contrat, re-
mise de dette ou compensation) ;
 les exceptions tirées de l'existence d'un vice non apparent (vice du
consentement par exemple).
Il y a des exceptions qui sont opposables à tout porteur ; il s’agit :
- de l’exception tirée de l’absence de consentement ;
- de l’exception tirée de l'incapacité d’un signataire (on a fait prévaloir
l’impératif de protection de l’incapable) ;
- de l’exception tirée d’un vice apparent.
b. Domaine quant aux personnes
Il y a deux questions qu'on doit se poser.
Qui peut se prévaloir de la règle?
Contre qui peut-on se prévaloir de la règle?
) Qui peut se prévaloir de la règle?
Toute personne qui a régulièrement reçu une lettre de change à la suite
d'un procédé cambiaire profite de la règle.
Sont concernés :
D’abord le porteur légitime ;
Ensuite le premier bénéficiaire qui n'a pas transmis la lettre de change ;
Enfin celui qui après avoir payé est devenu ou redevenu porteur.
A ces personnes on assimile les ayants cause universels ou à titre univer-
sel.
Les personnes qui ne peuvent pas bénéficier de la règle de l'inopposabilité
des exceptions sont celles qui ont reçu le titre à la suite d’une cession or-
dinaire et qui acquis le titre à la suite d’un endossement fait après protêt
ou après l’expiration des délais pour dresser protêt.

35
11136

) Contre qui peut-on se prévaloir de la règle?


La règle peut être invoquée contre tout signataire pris en sa qualité de dé-
biteur cambiaire : tiré accepteur, tireur, endosseur, donneur d’aval.
Paragraphe 2. : Endossement de procuration
Par cette forme d’endossement, l'endosseur donne mandat à l'endossataire
pour procéder au recouvrement de la lettre de change.
I. Conditions
A. Conditions de forme
Cette forme d’endossement se réalise par l'inscription de la mention "pour
encaissement», "par procuration», "valeur en recouvrement" ou toute
autre formule impliquant l’idée de mandat. Il faut ensuite la signature de
l'endosseur.
On rencontre parfois des problèmes. Il est possible en effet qu'une per-
sonne fasse un endossement en blanc donc réputé translatif alors que dans
son esprit et celui de l’endossataire, il s’agissait seulement de réaliser un
endossement de procuration. Quand un tel problème se présente on dis-
tingue deux types de rapports :
Dans les rapports avec les tiers, il ne sera pas possible de soutenir
qu’il s’agit seulement d’un endossement de procuration ;
Dans les rapports entre les parties, la preuve du mandat pourra être rap-
portée ; tous les moyens sont alors admis.
B Conditions de fond
L'endosseur ne prend pas d'engagement cambiaire parce qu'il se
borne à donner mandat à l’endossataire pour procéder au recouvrement,
on applique les règles du mandat.
II. Effets
L'endossataire est dans la situation d'un mandataire, l'endosseur est
dans la situation d'un mandant ; donc on applique les règles du mandat,
mais celles-ci subissent l’influence du droit cambiaire.
L'endossataire qui est mandataire doit respecter les instructions de
l’endosseur. Il doit également, indépendamment de toute stipulation ex-
presse, effectuer les diligences nécessaires pour parvenir au recouvrement
de la lettre de change : présenter la traite, recevoir le paiement, dresser
éventuellement un protêt etc.
Il y a des limites à ses pouvoirs ; ainsi, il ne peut pas réaliser un endos-
sement translatif ; s'il le faisait, celui-ci serait considéré comme un en-
dossement de procuration.

36
11137

Pour accomplir tous ces actes, le bénéficiaire de cet endossement de pro-


curation n'a pas à justifier d’un mandat spécial ; ses pouvoirs résultent
suffisamment de l’endossement. Lorsqu'il demande le paiement, le béné-
ficiaire de cet endossement de procuration est protégé par la règle de
l'inopposabilité des exceptions. Mais on peut lui opposer les exceptions
qui auraient pu être opposées au mandant.
Paragraphe 3 : Endossement pignoratif
Il est destiné à mettre en gage la lettre de change.

I. Conditions
A. Conditions de forme
L’endossement pignoratif résulte de l’inscription de la mention "valeur en
gage" ou "valeur en garantie" ou toute autre formule impliquant l'idée de
nantissement suivie de la signature de l’endosseur.
il peut arriver ici aussi, comme pour l'endossement de procuration, que
l’endossement soit fait en blanc donc réputé translatif alors que dans
l’esprit des intéressés il s’agissait seulement de réaliser un endossement
pignoratif, la mise en gage étant faite par acte séparé. Il faudra, dans ce
cas aussi, faire une distinction :
- dans les relations avec l’endosseur, l’endossataire n’a que les droits
d’un créancier gagiste ;
- à l’égard des tiers de bonne foi, il est considéré comme un porteur légi-
time ; donc l’endosseur ne sera pas fondé à soutenir que l'endossataire
n’a que les pouvoirs d’un créancier gagiste.
B. Conditions de fond
L'endosseur prend un engagement cambiaire parce qu'il garantit le paie-
ment de la lettre de change. Il doit donc remplir toutes les conditions re-
quises pour prendre un engagement cambiaire : capacité, pouvoirs néces-
saires, qualité de porteur légitime, consentement.
II. Effets
L'endossataire cumule les qualités de porteur et de créancier gagiste.
En tant que porteur il peut présenter le titre à l'acceptation et faire dres-
ser protêt à défaut d’acceptation. Il peut présenter le titre au paiement et
encaisser et encaisser le montant ; ce qui va entraîner la compensation, le
surplus étant reversé à l’endosseur. Cela suppose cependant que la
créance garantie et la lettre de change arrivent à échéance en même

37
11138

temps. Si la créance n’est pas encore échue, l’endossataire doit les intérêts
au taux légal jusqu’à l’échéance. Si la créance garantie est échue avant la
traite, il attend l’échéance de la traite (v. art 56 AUS).
En tant que porteur, l'endossataire peut faire dresser un protêt, résister à
une action en revendication et invoquer la règle de l’inopposabilité des
exceptions. Toutefois, il ne peut pas faire un endossement translatif ; un
endossement translatif fait par lui équivaudrait à un endossement de pro-
curation.
L’endossataire est aussi créancier gagiste. A ce titre, il répond de la perte
ou de la détérioration du gage survenu par sa négligence. La présentation
à l’acceptation ou au paiement, le protêt et les recours apparaît donc à la
fois comme des droits et des obligations.
Section 4 : Garanties de la lettre de change.
Plusieurs garanties existent au profit du porteur de la lettre de change.
Mais malgré leur diversité on peut les ranger en deux catégories : d’une
part les sûretés de droit commun ; d’autre part les garanties résultant du
mécanisme cambiaire.
Les sûretés de droit commun sont elles-mêmes de deux ordres : les
sûretés constituées pour garantir la créance de provision et les sûretés
spécialement constituées pour garantir le paiement de la lettre de change.
Les garanties qui résultent du mécanisme cambiaire sur lesquelles
nous allons insister sont de trois types : la provision, la solidarité des si-
gnataires et l'aval.

Paragraphe 1. : La provision
C’est la créance du tireur sur le tiré qui doit exister à l’échéance. L’article
155 du Règlement qui est consacré à la provision traite deux questions :la
constitution de la provision et les droits du porteur sur la provision.
I. La constitution de la provision
A. Sources de la créance de provision
Les sources peuvent être :
- une vente de marchandises ; dans ce cas, la provision correspond au
prix de vente des marchandises ;
- la remise d'effets de commerce ; dans ce cas elle correspond à la
somme d'argent qui résulte de l'encaissement ou de l’escompte du
titre ;
- l’octroi d’un prêt ; celui qui a consenti un prêt tire une lettre de change
pour se faire rembourser ;

38
11139

- un cautionnement ; celui qui veut garantir la dette de quelqu'un accepte


que le créancier tire sur lui une lettre de change,
- une ouverture de crédit ; un banquier qui consent une ouverture de cré-
dit s’engage à accepter ou à payer jusqu’à un certain montant les lettres
de change tirées par le bénéficiaire.
B. Conditions de constitution de la provision
1. Qui doit constituer la provision?
C'est le tireur qui constitue la provision. Il peut arriver qu'on soit dans le
cadre d’un tirage pour compte ; dans ce cas, c'est le donneur d'ordre qui
constitue la provision. Un mandataire du tireur peut aussi la constituer.
La provision doit être constituée entre les mains du tiré même dans le cas
d'une traite comportant une clause de domiciliation.
Cette provision doit être constituée au plus tard à l'échéance. Il suffit
qu'elle existe au jour de l'échéance.

2. Quels doivent être les caractères de la créance?


Elle doit être certaine, liquide et exigible.
Elle doit également être disponible ; si la créance du tireur sur le tiré
est immobilisée par une saisie attribution ou une saisie conservatoire,
elle ne peut constituer la provision.
Elle doit être suffisante, si elle est inférieure, on dit que c'est insuffi-
sant.
C. Preuve de la constitution de la provision
1. Charge de la preuve
C'est celui qui se prévaut de la provision qui doit apporter la preuve
qu’elle a été constituée. Ainsi lorsque le tireur qui est poursuivi par le
porteur négligeant entend écarter le recours de celui-ci au motif qu’il a
constitué la provision il doit en apporter la preuve. De même, le porteur
qui poursuit un tiré qui n’a pas accepté doit prouver l’existence de la pro-
vision s’il prétend l’avoir recueillie.
Cette solution qui consiste à faire peser la charge de la preuve sur ce-
lui qui invoque la constitution de la provision ne s’applique cependant
que si le tiré n’a pas accepté la lettre de change. Si en effet le tiré accepte
la traite, il va y avoir une dispense de preuve au profit de celui qui se
prévaut de la provision. C’est ce qui résulte de l’article 155 du Règlement
aux termes duquel « L’acceptation suppose la provision. Elle en établit la
preuve à l’égard des endosseurs ».

39
11140

Compte tenu des termes utilisés par le texte, on pourrait penser que la
présomption ne concerne que les rapports avec les endosseurs qui sont
seuls visés. En réalité, la présomption peut également profiter au tireur.
S’il y a un problème, c’est au niveau du caractère de la présomption : est-
elle simple ou irréfragable ?
Dans les rapports entre le tiré et le tireur, il ne fait pas de doute qu’il
s’agit d’une présomption simple.
Dans les rapports entre le tiré et le tiers porteur, la jurisprudence
française qui interprétait un texte comparable à l’article 155 du Règle-
ment (art.116 ancien code de commerce) avait affirmé que la présomp-
tion était irréfragable. Cette solution n’était pas satisfaisante car elle mé-
connaissait les effets de l’acceptation. L’effet de l’acceptation est de faire
naître un engagement direct qui est indépendant de la provision.
2. Les modes de preuve
Ils dépendent de la nature civile ou commerciale de la créance. Si la
créance est civile la preuve est faite selon les règles du droit commun ;si
elle est commerciale, la preuve est libre.
II Les droits du porteur sur la provision
Selon l’article 155, alinéa 3 du Règlement, "La propriété de la provision
est transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre de change". Cette
formule est inappropriée car il n’est pas possible de parler de propriété à
propos de la provision qui, en tant que créance, échappe au domaine des
droits réels.
Le législateur a voulu simplement dire à travers cette formule que le por-
teur a un droit exclusif sur la créance constitutive de la provision.
A. Conditions de la transmission
Il y a trois conditions :
- Il faut que le titre soit valable en tant que lettre de change pour que la
créance soit transmise au porteur.
- La provision doit avoir été régulièrement constituée ; il faut que le ti-
reur puisse disposer des sommes qui constituent la provision.
Il ne faut pas qu’il y ait une convention contraire : la règle posée par l'ar-
ticle 155 alinéa 3 n'est pas d'ordre public ; on peut écarter son application
par une convention d'ordre contraire.
B. Portée des droits du porteur
Il faut distinguer selon que la lettre de change est acceptée ou ne l’est
pas. Si elle n'est pas acceptée les droits du porteur sont fragiles ; si elle est
acceptée les droits sont très étendus.

40
11141

1. Droits du porteur d’une lettre de change acceptée


Par son acceptation le tiré s’engage dans les liens du change. Même s’il a
payé par avance la créance de provision, il reste tenu envers le porteur en
vertu du titre. Les droits du porteur sont également renforcés par
l’acceptation et à compter de sa date la provision devient indisponible ;
plusieurs conséquences en découlent:
 le tireur ne peut plus demander le paiement de sa créance au tiré ;

 le tireur ne peut plus céder cette créance à un tiers dans les formes de la

cession ordinaire ;
 les créanciers du tireur ne peuvent procéder à une saisie-attribution

entre les mains du tiré ;


 en cas de liquidation des biens, le syndic ne pourra pas accomplir une

action pour récupérer la provision.


2. Les droits du porteur d'une lettre de change non acceptée
Les droits du porteur sont fragiles lorsque la lettre de change n’est
pas acceptée, car ils portent sur une créance éventuelle jusqu’à
l’échéance. En l’absence d'indisponibilité de la provision, le tiré peut va-
lablement verser au tireur le montant de sa créance ; de la même manière,
la créance de provision peut s’éteindre par compensation si le tiré devient
créancier du tireur.
Cette fragilité ne marque cependant la situation du porteur que pen-
dant la période qui précède l’échéance. En effet à l’échéance, les droits du
porteur sont consolidés. Si le tiré sait qu'une lettre de change a été émise,
il doit bloquer la provision à partir de l'échéance ; il ne pourrait valable-
ment s’acquitter de la créance de provision entre les mains du tireur ; le
paiement qu’il ferait dans ces conditions n’est pas libératoire à l’égard du
porteur.
Le porteur peut cependant, même avant l’échéance, consolider ses
droits ; il dispose à cet égard de possibilités:
 pratiquer une saisie conservatoire entre les mains du tiré après avoir

demandé l’autorisation du juge ;


 faire une défense de payer ; aucune forme n’est exigée, mais elle doit
être explicite et ne saurait résulter de la seule présentation de l’effet ;
 demander une affectation spéciale ; il se peut que, par une convention
extra cambiaire, on décide d'affecter une créance du tireur sur le tiré
au paiement d'une lettre de change déterminée ; c’est ce que l’on ap-
pelle une affectation spéciale.
Paragraphe 2 : L'aval

41
11142

On peut le définir comme l'engagement pris par un signataire ou par un


tiers sur la lettre de change ou par acte séparé pour garantir la dette con-
tractée par un débiteur de la lettre de change.
I. Conditions de l'aval
A. Conditions de forme
Il faut distinguer selon que l'aval est donné sur la lettre de change ou par
acte séparé.
1. Aval donné sur la lettre de change.
L’engagement du donneur d’aval peut figurer soit au recto soit au verso.
Il est d’après l’article 169 alinéa 4 du Règlement considéré comme résul-
tant de la seule signature du donneur d'aval apposée au recto sauf s'il
s'agit de la signature du tireur ou de celle du tiré.
S'il figure au verso, il faut nécessairement la mention « bon pour aval »
ou une formule équivalente avant la signature du donneur d’aval ; une si-
gnature isolée équivaut à un endossement en blanc.
La signature du donneur d'aval doit être manuscrite.
La désignation du débiteur dont l’engagement est garanti n’est pas obliga-
toire, mais elle peut être utile. En effet, selon l’article 169, alinéa 5 à dé-
faut d’indication de la personne pour le compte de laquelle il est donné,
l’aval est réputé être donné pour le tireur. La jurisprudence française qui
interprétait l’article 130 alinéa 6 de l’ancien code de commerce rédigé de
la même manière avait estimé que ce texte « ne formule pas une règle de
preuve mais oblige à préciser dans la mention d’aval le nom du débiteur
garanti et supplée à l’absence de précision pour écarter toute incertitude
sur la portée des engagements cambiaires ».
2. L'aval peut être donné par acte séparé
En donnant un caractère cambiaire à l’aval par acte séparé, le Règle-
ment admet exceptionnellement qu’un engagement cambiaire puisse être
souscrit en dehors du titre. Ceci dit l’article 169 alinéa 2 ne formule
qu’une seule exigence relativement au libellé de l’aval donné par acte sé-
paré : c'est l'indication du lieu où il est donné.
B Conditions de fond
1. Le donneur d’aval
Toute personne qui a la capacité pour prendre un engagement cam-
biaire peut être donneur d'aval ; c’est le plus souvent un tiers qui n’est pas
encore engagé cambiairement, mais rien ne s ‘oppose à ce qu’un signa-
taire de la lettre de change soit donneur d'aval à la condition cependant
d’apporter un avantage au porteur.

42
11143

2. Le débiteur garanti
Tous ceux qui sont obligés en vertu de la lettre de change, c’est à
dire tous ceux qui ont un engagement cambiaire peuvent être avalisés
(endosseur, donneur d'aval antérieur, tireur) ; il semble que même le tiré
qui n’a pas encore accepté puisse être avalisé, mais dans ce cas les effets
de l’aval sont suspendus jusqu’à l’acceptation.
3. Moment de l'aval :
On peut le donner à un moment quelconque depuis l’émission jus-
qu'à l'échéance et même après ; s’il s’agit d’aval par acte séparé, il peut
être donné avant l'émission.
Effets de l'aval
Pour analyser les effets de l’aval, il faut distinguer deux types de
rapports : les rapports entre le donneur d’aval et le porteur et les rapports
entre le donneur d’aval avec les autres signataires.
A Rapports donneur d’aval / porteur
Le donneur d'aval prend un engagement cambiaire et il est soumis à
la règle de la solidarité, ce qui veut dire qu’il ne peut opposer ni le béné-
fice de discussion, ni le bénéfice division s'il est poursuivi.
Il est soumis à la règle de l'indépendance des signatures. En effet
l’engagement du donneur d’aval est valable alors même que l'engagement
du débiteur garanti serait nul pour toute autre cause qu’un vice de forme.
Il est soumis à la règle de l'inopposabilité des exceptions. Mais mal-
gré la rigueur de la règle, il n’est pas dépourvu de tout moyen de dé-
fense ;il peut en effet :
 opposer au porteur les exceptions inhérentes à la dette du débiteur ga-

ranti ;
 être déchargé si par la faute du porteur, il ne peut être subrogé dans les

droits de celui-ci.
B Rapports donneur d’aval
Le donneur d’aval est exposé aux mêmes recours que le débiteur ga-
ranti. Après avoir payé, à la suite d’une poursuite, il pourra exercer un re-
cours intégral contre le débiteur garanti et les signataires antérieurs ; il
dispose à cet égard d’un droit propre et personnel que l’article 169, der-
nier alinéa définit dans les mêmes termes que celui d’un porteur de bonne
foi; il peut notamment se prévaloir de la règle de l’inopposabilité des ex-
ceptions.
Il est possible que deux donneurs d’aval garantissent l’engagement du
même débiteur ; dans ce cas celui qui a payé ne pourra pas exercer de re-

43
11144

cours intégral ; en effet les cofidéjusseurs étant tenus de la même manière,


il n y a de recours cambiaire entre eux de telle sorte que celui qui a payé
est obligé de diviser ses recours.
Paragraphe 3 : Garantie solidaire des signataires
Elle est prévue par l’article 191 du Règlement. Tous les signataires de la
lettre de change, selon ce texte, sont solidairement tenus à l'égard du por-
teur. Celui-ci peut les poursuivre collectivement ou individuellement et
dans l'ordre qui lui convient. Il y a une seule obligation qui pèse sur lui : il
doit d’abord demander le paiement au tiré, même si celui-ci n’a pas ac-
cepté la lettre de change, avant de pouvoir poursuivre les garants. Le si-
gnataire qui paie exerce un recours intégral contre les autres ; mais il ne
peut poursuivre que les signataires antérieurs.
Section 5 : Dénouement du mécanisme cambiaire
En principe le porteur se présente, à l’échéance, chez le tiré pour
demander le paiement. Mais dans la pratique ,ce schéma très simple
s’applique rarement ; le paiement est plutôt effectué par une
banque(domiciliataire) au profit d’une banque (endossataire), en chambre
de compensation. Quel que soit cependant le procédé, il faut toujours que
le porteur effectue certaines diligences, notamment la présentation au
paiement.
Paragraphe 1. La présentation au paiement
La dette cambiaire n'est pas portable ; elle est quérable. C’est ce qui
résulte de l’article 174 du Règlement qui fait obligation au porteur de la
lettre de change de la présenter au paiement.
I. L'auteur de la présentation
C'est normalement le porteur légitime (et non un simple détenteur) ou
à défaut un mandataire. On considère que la présentation en chambre de
compensation équivaut à une présentation au paiement.
II. Le lieu de présentation
C'est normalement au domicile du tiré, mais il est possible que la
lettre de change comporte une clause de domiciliation ; dans ce cas c'est
chez le domiciliataire que se fait la présentation.
III. Le moment de la présentation
S’il s'agit d'une lettre de change payable à jour fixe, à un certain délai de
date ou de vue, la présentation doit être faite le jour où le titre est payable
ou l'un des 02 jours ouvrables suivants. Pour la lettre de change payable à
vue le problème de la date ne se pose pas parce que c'est le porteur qui
choisit cette date dans un délai d'un (01) an à partir de l'émission.

44
11145

Paragraphe 2. : Les possibilités offertes au tiré auquel le titre est pré-


senté pour le Paiement
Il y a deux possibilités ; soit le paiement et l’extinction des recours,
soit le défaut de paiement et l’exercice des recours.
I. Le paiement et l'extinction des recours
Si le tiré paie toutes les dettes sont éteintes.
A. Personnes intéressées
Il y a l’auteur du paiement et le bénéficiaire.
1. La personne qui effectue le paiement :
Le paiement est normalement le tiré, accepteur ou non. Lorsqu'il paie, il
doit s’assurer que celui qui se présente est le porteur légitime en vérifiant
la chaîne des endossements. Il n’est pas tenu de vérifier l'authenticité des
signatures.
Il y a des cas où le paiement est fait par une autre personne autre que le
tiré.
-Il en est ainsi lorsqu’il y a une clause de domiciliation ; dans ce cas, le
paiement est fait par le domiciliataire qui doit attendre un ordre émanant
du tiré. En effet même si la clause correspond à des instructions du tiré,
son insertion n’équivaut pas à un consentement à payer, le tiré pouvant
avoir des exceptions opposables au porteur et ignorées du domiciliataire.
- Il en est de même en cas de paiement par intervention (art 212 et S.
Règl.). Ce paiement peut être fait par un tiers tout comme par une per-
sonne déjà engagée sur le plan cambiaire ; son but est de protéger le
bénéficiaire et les signataires postérieurs contre les recours du porteur.
Lorsque ce paiement est fait, on doit le constater par un acquit donné sur
la lettre de change avec indication de celui pour le compte de qui il est
fait ; à défaut de cette indication il est considéré comme fait pour le
compte du tireur. Ce paiement libère le bénéficiaire et les signataires pos-
térieurs.
Le porteur ne peut pas refuser un paiement par intervention, sauf s'il
s'agit d'un paiement partiel. Si le porteur refuse le paiement par interven-
tion non partiel, il perd ses recours contre tous ceux qui auraient été libé-
rés par ce paiement. L'intervenant acquiert les droits résultant de la lettre
de change contre celui pour le compte de qui il est intervenu et ceux qui
sont tenus envers ce dernier en vertu du titre, mais il ne peut endosser la
lettre de change à nouveau ; il pourra donc exercer les recours contre le
bénéficiaire et les signataires antérieurs.

45
11146

Il peut arriver qu'il y ait concours de paiement par intervention ; dans ce


cas, on doit préférer le paiement par intervention qui opère le plus de libé-
ration. L'intervenant qui paie en violation de cette règle perd ses recours
contre toutes les personnes qui auraient été libérées par la meilleure inter-
vention.
2. La personne qui reçoit le paiement
Le paiement est fait au porteur légitime au sens de l’article 159 du Rè-
glement ; un tel paiement libère le tiré sauf s'il y a fraude ou faute lourde.
Cette règle conduit en pratique à sacrifier le porteur dépossédé. Celui-ci
peut certes faire opposition si la dépossession est involontaire (perte ou
vol du titre). Mais même en cas d'opposition il faut que le porteur légitime
soit de mauvaise foi ou qu'il ait commis une faute lourde ou fraude pour
que le porteur dépossédé soit préféré.
Il peut arriver cependant que le porteur dépossédé ne soit en concours
avec aucun autre porteur ; dans ce cas ses intérêts sont pris en compte.
Pour comprendre la situation de ce porteur, il faut envisager trois (03) cas
de figure (art. 181 et 183 Règl.):
il existe un autre exemplaire de la lettre de change ;dans ce cas, il faut
distinguer selon que l'exemplaire perdu était ou non revêtu de l'accepta-
tion ;si l'exemplaire perdu n'était pas accepté, on peut obtenir le paiement
sur présentation des autres exemplaires ;
si l'exemplaire perdu était revêtu de l'acceptation, on peut obtenir le paie-
ment sur présentation des autres exemplaires mais seulement sur autorisa-
tion du juge et en fournissant une caution ;
il n'existe aucun autre exemplaire de la lettre de change ;dans ce cas
le porteur pourra demander et obtenir le paiement par ordonnance du juge
en justifiant de sa propriété par ses livres et en donnant caution ;
il n’existe aucun autre exemplaire et on veut s’en procurer un
autre ;dans ce cas, celui qui a perdu le lettre de change s'adresse à son en-
dosseur immédiat qui est tenu de lui prêter son nom et ses soins pour agir
envers son propre endosseur et on remonte jusqu'au tireur.
B. Le moment du paiement
Le tiré doit payer dés qu'on lui présente la lettre de change ; il ne peut
donc demander que le titre lui soit présenté une seconde fois. Compte te-
nu de la rigueur du droit cambiaire, le juge ne peut accorder de délais.
L’article 185, dernier alinéa prévoit cependant, par dérogation à cette
règle, que le garant contre lequel un recours anticipé est exercé pour dé-
faut d'acceptation ou pour ouverture des procédures collectives contre le

46
11147

tiré ou le tireur d’une lettre de change non acceptable peut demander par
requête au juge des délais de paiement.
Il convient de signaler que, selon l’article 197 du Règlement, lorsque la
présentation de la lettre de change et la confection d’un protêt dans les dé-
lais prescrits sont rendues impossibles par un obstacle insurmontable, ces
délais sont prolongés.
Le porteur n'a pas le droit de demander un paiement anticipé. Il ne peut
réciproquement être contraint d’accepter un paiement anticipé ; le tiré qui
paye avant l’échéance le fait à ses risques et périls (art. 176 Règl.).
C. Les modalités de paiement
1. Les modes de paiement
Le paiement se fait en espèces, mais rien ne s'oppose à ce que le tiré
effectue le paiement par la remise d'effets de commerce ou de chèque ou
par virement. Si le paiement est effectué par chèque ou par effet de com-
merce, l'obligation cambiaire subsiste jusqu'au jour de l'encaissement.
Il est possible que la lettre de change soit stipulée payable en une
monnaie n'ayant pas cours légal au lieu de paiement ; dans une telle hypo-
thèse, le paiement pourra être fait en monnaie du lieu de paiement d’après
sa valeur au jour de l’échéance(art. 177, al 1er).
Cette clause de paiement en monnaie étrangère ne doit pas être con-
fondue avec la clause de paiement effectif en monnaie étrangère. Si cette
dernière clause figure dans le titre, le paiement devra être fait dans cette
monnaie, sauf si la réglementation des changes s’y oppose. Il convient de
signaler que l’article 185 C.O.C.C. prévoit que les clauses monétaires
telles que les clauses or, payables en or ou en monnaie étrangère ne sont
valables que dans les paiements internationaux.
2. Le montant du paiement
Le porteur peut accepter le paiement partiel, il pourra ensuite dresser
protêt pour la différence.
D. La preuve du paiement
Lorsqu'il effectue le paiement à l'échéance, le tiré peut exiger la resti-
tution du titre acquitté par le porteur. Cette règle est étendue au garant ex-
posé à un recours et qui paie, ;en effet, l’article 194 du Règlement prévoit
que ce signataire peut exiger, contre remboursement, la remise de la lettre
de change avec le protêt qui avait été dressé par le porteur et un compte
acquitté.
En cas de paiement partiel, le tiré ne peut demander la remise du titre,
car la remise volontaire du titre fait présumer la remise de dette ou le

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11148

paiement ; dans ces conditions, il peut seulement exiger que le paiement


soit mentionné sur le titre et qu’il lui en soit donné quittance.
II. Le défaut de paiement
Si le tiré refuse de payer, le porteur constate sa défaillance en faisant éta-
blir un protêt avant d'exercer des recours contre les garants.
A. La constatation du défaut de paiement
Ce défaut est constaté par un protêt faute de paiement dressé par un
notaire, un huissier de justice ou par toute autre personne ou autorité dû-
ment établie par la loi (art 199, al. 1er Règl.). Le protêt doit être fait au
domicile du tiré ou à son dernier domicile connu, au domicile du recom-
mandataire et au domicile du tiers qui a accepté par intervention.
C’est l’article 186 alinéa 4 qui indique le délai dans lequel le protêt
doit être dressé : « Le protêt faute de paiement d'une lettre de change
payable à jour fixe ou à un certain délai de date ou de vue doit être fait
l'un des deux (02) jours ouvrables qui suivent le jour où la lettre de
change est payable. S’il s’agit d’une lettre de change payable à vue, le
protêt doit être dressé dans les conditions prévues à l’alinéa précédent
pour dresser le protêt faute d'acceptation ».
Le protêt doit comporter, en plus des mentions obligatoires qui figurent
dans les actes notariés ou les exploits, des mentions propres telles que :
- la transcription littérale de la lettre de change, de l'acceptation, des en-
dossements et éventuellement des recommandations qui y sont indi-
quées ;
- la sommation de payer.
Il énonce la présence ou l'absence de celui qui doit payer, les motifs du
refus de payer l’impossibilité ou le refus de signer.
Si le protêt est établi en violation de ces règles, il est nul et tout se passe
comme s’il n’a pas été établi.
B. L'exercice des recours
1. Les conditions d'exercice des recours
Il faut bien entendu avoir présenté la lettre de change dans les délais ; il
faut également avoir dressé protêt.
Il y a cependant des cas où le porteur non payé n'est pas obligé selon la loi
de dresser un protêt ; il en est ainsi :
- lorsqu'il y a ouverture de procédures collectives contre le tiré ou le ti-
reur d'une traite non acceptable ;

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11149

- lorsque la présentation au paiement et l'établissement d'un protêt sont


rendus impossible pendant plus de trente (30) jours par un obstacle in-
surmontable ;
- lorsqu’un protêt faute d’acceptation a été établi.
Il existe des cas où c'est une mention figurant sur le titre qui dispense le
porteur de l'établissement d'un protêt, exemple: clause de retour sans frais.
Le porteur doit effectuer une autre diligence ; il doit en effet donner avis
du défaut de paiement à son endosseur dans les 4 jours ouvrables qui sui-
vent la date du protêt ou celle de la présentation en cas de clause de retour
sans frais ; chaque endosseur doit, à son tour donner avis à son propre en-
dosseur dans les 2 jours ouvrables suivants.
2. Les destinataires des recours
Du fait de la solidarité des signataires, le porteur peut exercer contre
n’importe lequel d’entre eux sans être obligé de respecter l’ordre des en-
gagements ; celui qui paye peut se retourner contre ses garants pour un
recours intégral après s’être fait remettre la lettre de change accompagnée
du protêt et d’un compte acquitté.
Le recours peut être amiable ; mais à défaut de paiement amiable on
exerce un recours judiciaire.
Ce recours peut prendre la forme de l'introduction d'une procédure
d’injonction de payer. D’après l’article 2 de l’Acte Uniforme portant or-
ganisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution, cette procédure peut être introduite lorsque :
- la créance a une cause contractuelle ;
- lorsque l’engagement résulte de l’émission ou de l’acceptation d’un ef-
fet de commerce ou d’un chèque dont la provision s’est révélée inexis-
tante ou insuffisante.
On peut aussi assigner le débiteur en vue de l'ouverture de procédures
collectives de redressement judiciaire ou de liquidation des biens.
3. Les délais d'exercice des recours
L'action cambiaire est soumise à la courte prescription. Cette prescription
abrégée ne concerne pas les actions nées des rapports fondamentaux. Les
délais de prescription sont variables ; ainsi :
- Les actions cambiaires dirigées contre le tiré accepteur se prescrivent
par trois (03) ans à compter de l'échéance ;
Les actions cambiaires dirigées contre le tireur et les endosseurs par le
porteur se prescrit par un an à compter du protêt ou de l’échéance s'il y
avait clause de retour sans frais ni protêt ;

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11150

- les actions des endosseurs les uns contre les autres et contre le tireur se
prescrivent par six (06) mois à compter du jour du remboursement ou
du paiement forcé.

CHAPITRE II : LE BILLET A ORDRE

Le billet à ordre est l’écrit par lequel une personne dite souscripteur
s’engage à payer, à une échéance déterminée une somme d’argent déter-
minée, à une autre personne appelée bénéficiaire ou à son ordre.
Ainsi défini le billet à ordre est, comme la lettre de change, un effet de
commerce. C’est ce qui explique une certaine parenté avec la lettre de
change.
Cette parenté est d’autant plus étroite que l’article 230 du Règlement sur
les systèmes de paiement qui est un des textes régissant le billet à ordre
renvoie expressément, pour certaines questions, aux dispositions appli-
cables à la lettre de change.
Cette parenté s’explique dans une certaine mesure, puisque les deux titres
sont soumis presque au même régime juridique.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ont la même nature. Il y a une dif-
férence entre les deux titres sur bien des points.
Ainsi la lettre de change est un rapport à trois personnes : tireur – tiré –
bénéficiaire, alors que le billet à ordre met en présence un souscripteur et
un bénéficiaire. De ce fait, il ne peut pas faire l’objet d’une acceptation.
Cela explique parfois pourquoi, en étendant les dispositions sur la lettre
de change au billet à ordre, le législateur prend soin de préciser que c’est
seulement dans la mesure où elles ne sont pas incompatibles avec la na-
ture de ce titre.
Certaines règles applicables à l’émission, à la transmission, aux garanties
et au paiement de la lettre de change ne sont pas compatibles avec la na-
ture du billet à ordre. On insistera donc sur les dispositions spécifiques
applicables à ces questions.

Section I : La création du billet à ordre


Il faut distinguer les règles de forme et les règles de fond.
Paragraphe 1er : Les règles de forme
Il y a un support qui comporte un certain nombre de mentions.
I / Le support

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11151

Il faut, comme pour la lettre de change, un support écrit : cela peut être
soit un acte sous seing privé, soit un acte authentique (même si cette der-
nière forme est rare).
Sous l’empire de la loi de 1996, il y avait une différence avec la traite qui
se trouvait au niveau des modalités d’établissement du titre. Certes les ar-
ticles 181 et 182 de la loi de 1996 sur les copies en matière de lettre de
change étaient applicables au billet à ordre mais les articles 178 à 180 de
la loi de 1996 sur la pluralité d’exemplaires ne l’étaient pas.
Ce qui fait qu’il n’était pas possible d’établir un billet à ordre en plu-
sieurs exemplaires et le souscripteur qui le faisait était tenu de payer le
montant autant de fois qu’il y avait d’exemplaires.
Aujourd’hui, l’article 230 du Règlement renvoie expressément aux dispo-
sitions de la lettre de change en matière de pluralité d’exemplaires ; ce qui
est de nature à remettre en cause la solution traditionnelle.
II / LES MENTIONS
Il y a deux types de mentions : les mentions obligatoires et les mentions
facultatives
A - Mentions Obligatoires
1) Détermination :
-La clause à ordre ou dénomination du titre figurant dans le texte même
et exprimée dans la langue employée pour la rédaction du titre. La clause
à ordre est de l’essence même du billet ordre. Il y a à ce niveau une diffé-
rence avec la lettre de change où elle est sous-entendue. D’ailleurs la
lettre de change peut être stipulée non à ordre. Lorsque la clause non à
ordre figure sur la lettre de change, celle-ci ne peut circuler parla voie de
l’endossement.
- La promesse pure et simple de payer une somme déterminée (Dans la
lettre il s’agit d’un mandat).
- L’indication de l’échéance : comme la traite, le billet à ordre peut être
stipulé payable à jour fixe, à un certain délai de date, à vue ou à un certain
délai de vue (dans ce dernier cas, le point de départ du délai c’est le jour
de la présentation au visa du souscripteur).
- L’indication du lieu où le paiement doit s’effectuer.
- Le nom de celui auquel où à l’ordre duquel le paiement doit être fait. Le
souscripteur ne peut se désigner lui-même. En l’absence d’une indication
du nom du bénéficiaire, il s’agirait d’un billet au porteur.
- L’indication de la date et du lieu de souscription.
- La signature du souscripteur ; celle-ci doit toujours être manuscrite.

51
11152

2) – Sanction de l’absence d’une mention obligatoire


Le titre ne vaut pas comme billet à ordre. Mais il y a un système de sup-
pléance légale comme pour la lettre de change. Par exemple, en l’absence
d’indication du nom du bénéficiaire, il dégénère en titre au porteur.
Le titre irrégulier peut constituer, si les conditions requises sont réunies,
une promesse de payer ou un commencement de preuve par écrit
B – Mentions facultatives
A côté des mentions obligatoires, il y a des mentions facultatives compa-
rables à celles qui peuvent figurer sur la lettre de change.
Ainsi il est possible de faire figurer sur le titre la mention de la valeur
fournie (indication de l’opération fondamentale justifiant l’émission du
billet), la clause de domiciliation, la clause de dispense de protêt faute de
paiement, la clause sans garantie (qui peut être insérée par un endosseur et
non par le souscripteur) la clause interdisant un nouvel endossement.
La clause de recommandation est intitule. Quant à la clause non à ordre,
elle est interdite.
Paragraphe 2 / Les règles de fond
On retrouve les mêmes règles que pour la lettre de change, en ce qui con-
cerne le consentement, l’objet et la cause.
L’article 231 du Règlement renvoie également aux règles de la lettre de
change sur les pouvoirs. Celui qui souscrit un billet à ordre au nom d’une
autre personne sans en avoir reçu le pouvoir ou en dépassant les pouvoirs
est personnellement tenu.
Il existait une différence entre les deux titres avant l’entrée en vigueur de
l’AU/DC ; elle concernait la capacité exigée du souscripteur. Cela
s’expliquait par la différence de nature entre la lettre de change et le billet
à ordre ; la lettre de change a toujours été un acte de commerce par ; la
signature d’une lettre de change implique donc nécessairement la capacité
commerciale. Cette exigence ne s’imposait pas en matière de billet à
ordre. Celui-ci pouvait être souscrit pour constater un engagement civil :
dans ce cas, la capacité commerciale n’était pas exigée.
Aujourd’hui, le régime est unifié, le billet à ordre étant considéré par
l’Acte Uniforme, sur le Droit commercial comme un acte commerce par
la forme.
Section II : La circulation du billet à ordre
Le billet à ordre peut circuler. Cette circulation est d’autant plus facile
que le titre comporte d’emblée l’engagement du débiteur alors que la

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11153

lettre de change est soumise après émission à l’acceptation. Il convient de


rappeler qu’il n’y a pas d’acceptation en matière de billet à ordre.
Comme la lettre de change, le billet à ordre peut faire l’objet de trois
formes d’endossement : endossement pignoratif, endossement de procura-
tion et endossement translatif.
L’endossement translatif présente cependant en matière de billet à ordre
certaines particularités. En effet, s’il s’agit de lettre de change,
l’endossement transfère au porteur la provision ; en matière de billet à
ordre, cette solution doit être écartée ; elle l’est d’ailleurs implicitement
par l’article 23O du Règlement qui ne renvoie pas aux textes régissant la
provision. Cela s’explique par le fait que le souscripteur du billet à ordre
joue à la foi le rôle du tireur et du tiré.
Une conséquence fondamentale s’attache à l’absence de transfert de la
provision : en cas d’ouverture des procédures collectives contre le sous-
cripteur, le porteur n’aura pas un droit exclusif sur la provision ; il vien-
dra en concours avec les autres créanciers dans la masse.
Il y a cependant transmission des sûretés constituées pour garantir le
paiement de la créance du bénéficiaire.
L’endossement produit les effets classiques de l’apposition d’une nou-
velle signature sur le titre ; l’endosseur devient garant du paiement et
souscrit à cet égard un engagement cambiaire.
Section III : Les garanties
Rappelons qu’il n’y a pas de provision.
La principale garantie c’est donc l’aval. L’article 234 du Règlement dé-
clare applicable l’article 169 qui définit la forme et les effets de l’aval en
matière de lettre de change.
Il y a cependant particularité ; en l’absence d’indication de la personne
pour le compte de laquelle il est donné, l’aval est réputé donné pour le
souscripteur.
Une autre garantie que l’on retrouve en matière de lettre de change c’est
la garantie solidaire des signataires.
Enfin quand le bénéficiaire dispose d’une sûreté pour le paiement du bil-
let à ordre, le bénéfice en est transmis aux porteurs successifs sans forma-
lité particulière (Civ.19 fév. 1946, JCP 1946, II, 3113, Note Toujas).
Section IV : Le paiement du billet à ordre
La présentation au paiement se fait selon les mêmes modalités que pour la
lettre de change.

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11154

Il y a une seule différence : elle se situe au niveau de la date de présenta-


tion d’un billet à ordre payable à un certain délai de vue ; le point de dé-
part du délai c’est le visa du souscripteur.
Le respect de l’échéance s’impose au souscripteur qui doit payer dès que
le titre lui est présenté. Il ne peut obtenir aucun délai de grâce. (Pour une
application en France V Com. 27 janvier 1959. B. III n° 47).
L’interdiction de l’octroi de délai résulte expressément de l’article 39 de
l’AU/RVE.
L’exclusion du délai de grâce ne concerne cependant que l’action cam-
biaire. En France, la Cour de Cassation a admis la possibilité de
l’obtention d’un délai dans l’hypothèse où le créancier réclamait le paie-
ment de la totalité d’une somme prêtée et fractionnée en plusieurs men-
sualités représentées par des billets à ordre alors que l’acte de prêt pré-
voyait la déchéance du terme pour non paiement d’un seul des billets.
(Com. 24 juin 1969. B. IV, n° 240 DS 1970.124, note Cabrillac )
L’article 230 prévoit le paiement par intervention. Le souscripteur ne peut
être intervenant ; il est dans la même situation que le tiré accepteur.
Pour le reste, il doit être fait application des règles prévues pour la lettre
de change.
Ainsi il est interdit de faire opposition sauf en cas de dépossession invo-
lontaire.
L’exercice des recours est subordonné à l’accomplissement de certaines
diligences (protêt). Les recours doivent être exercés dans les délais, sinon
il y a la prescription abrégée.

L’action du porteur contre le souscripteur se prescrit par 3 ans à compter


de l’échéance.
L’action du porteur contre les endosseurs y compris le bénéficiaire se
prescrit par un an à partir de la date du protêt ou de l’échéance s’il y avait
une clause de retour sans frais ou sans protêt.
L’action des garants, les uns contre les autres, se prescrit par 6 mois à par-
tir du jour où l’intéressé a remboursé ou a fait l’objet d’une action.

Chapitre III : le Chèque

Le texte applicable au chèque dans l’espace UEMOA c’est le Règlement


du 19 septembre 2002 sur les systèmes de paiement. Avant l’entrée en vi-
gueur de ce texte, il y avait la loi n° 96-13 du 28 août 1996 qui a abrogé le

54
11155

décret-loi du 30 octobre 1935 qui est resté applicable jusqu’au 1 er mars


1997 (la loi de 1996 devait entrer en vigueur six mois après sa promulga-
tion).
Le Règlement ne donne pas de définition du chèque ; il faut donc se réfé-
rer à celle qui est donnée par la doctrine ; selon certains auteurs, le chèque
est l’écrit par lequel une personne appelée tireur donne à une autre per-
sonne appelée tiré qui doit nécessairement être une banque ou un établis-
sement assimilé, l’ordre de payer à vue une somme déterminée au bénéfi-
ciaire ou à son ordre (Cabrillac jurisclasseur, Bque et crédit, fasc. 310).
Le chèque ainsi défini est normalement un instrument de paiement et non
un instrument de crédit. En effet la provision doit être concomitante à
l’émission. Contrairement à la lettre de change, dont la provision peut
n’exister qu’à l’échéance, le chèque doit avoir une provision dès
l’émission.
On peut cependant noter une évolution du chèque : il joue quelquefois le
rôle d’instrument de crédit. Il suffit pour s’en convaincre de considérer la
pratique de l’avance sur encaissement. Elle consiste à permettre au béné-
ficiaire d’un chèque tiré sur une place éloignée de le faire escompter
avant l’encaissement (bien entendu si le banquier n’encaisse pas ; il peut
faire une contre passation et débiter le compte du bénéficiaire).
Cette pratique permet au bénéficiaire d ‘avoir de l’argent avant
l’encaissement du chèque.
Cette évolution du rôle du chèque est plus perceptible encore depuis la loi
de 1996 (aujourd’hui abrogée par le Règlement de 2002), car la régulari-
sation est désormais possible.
Il faut dire cependant que malgré cette évolution, le chèque reste un ins-
trument de paiement.
En tant que tel, il présente certains avantages. Il évite la manipulation et la
détention d’espèces. Il permet ainsi d’effectuer les règlements à distance
sans risque grave pour le solvens : en effet en cas de perte ou de vol, il est
possible de faire opposition ; et même à défaut d’opposition l’inventeur
ou voleur ne peut encaisser le chèque s’il est barré.
Les pouvoirs publics eux-mêmes y voient des avantages, car le paiement
par chèque laisse des traces, ce qui facilite les contrôles fiscaux.
En dépit de ces avantages, il y a au Sénégal un net recul du recours au
chèque tout au moins pour la réalisation des paiements. Cela s’explique
par le défaut de sécurité qui ruine sa crédibilité.

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11156

Les paiements se font, pour l’essentiel, en espèces ; d’où la création de


monnaie fiduciaire qui, selon certains spécialistes, a des effets inflation-
nistes. C’est pour mettre un terme à cette situation que la loi sur les ins-
truments de paiements a été adoptée. Cette loi est abrogée par le Règle-
ment sur les systèmes de paiement dont l’adoption procède des mêmes
préoccupations. Ce Règlement n’est qu’un élément du dispositif mis en
place pour assurer la promotion de la bancarisation et de l’utilisation du
chèque et des autres procédés modernes de paiement (cartes, virement
etc.). On peut noter à cet égard la Directive n° 08/2002/CM/UEMOA du
19 septembre 2002 portant sur les mesures de promotion de la bancarisa-
tion et de l’utilisation des moyens de paiement scripturaux dont les dispo-
sitions ont été intégrées dans la loi 2004-15 du 4juin 2004. Cette loi des-
tinée à transposer dans le droit interne la Directive de 2002 a prévu, entre
autres mesures :
-l’obligation de payer par chèque ou virement les salaires, indemnités et
autres prestations en argent (dont le montant atteint un seuil fixé par ins-
truction de la BCEAO) dus par l’Etat, les administrations publiques, en-
treprises ou autres personnes publiques aux fonctionnaires, agents, autres
personnels en activité ou non, à leurs familles ou aux prestataires ;
-l’obligation de payer par chèque ou virement les impôts, taxes et presta-
tions dus à l’Etat, aux administrations publiques, entreprises ou autres
personnes publiques ou parapubliques ;
-l’exonération des droits de timbre pour les paiements des factures d’eau,
d’électricité ou de téléphone et l’exécution de toutes obligations de
sommes d’argent lorsqu’ils sont effectués au moyen d’un instrument ou
procédé scriptural de paiement.
Le chèque se distingue de la lettre de change par son rôle. Il s’en dis-
tingue aussi par sa nature. Rappelons que certains auteurs contestent au
chèque son appartenance à la catégorie des effets de commerce.
D’autre part et surtout, le chèque n’est pas un acte de commerce par la
forme. Tout dépend donc de l’opération sous-jacente. Le caractère civil
ou commercial du chèque est attaché à la qualité de l’émetteur. S’il est
émis par un commerçant pour les besoins de son commerce, il est un acte
de commerce.
Section I : La création du chèque
Il convient de faire d’abord une précision terminologique. La création du
chèque consiste à rédiger les mentions obligatoires donnant au titre la va-
leur de chèque. Cette notion doit être soigneusement distinguée de celle

56
11157

d’émission. L’émission consiste à mettre le chèque dans le circuit en


s’en dessaisissant de manière irrévocable. Il faut donc que le chèque soit
mis en circulation (Com.12 février 1975 – B.n° 42 ; DS 1975 – IR- 62).
Le dessaisissement doit être irrévocable ; si le titre est remis à un manda-
taire révocable, il n’y a pas d’émission. Il y a en revanche émission s’il
est remis à un intermédiaire sur lequel on n’a aucun contrôle (par ex
mandataire commun –V. Com 3 déc. 1991 RTD com 1992, 423 obs. Ca-
brillac et Teyssié – Bque 1992 645 observations Rives – Lange – Com 18
déc 1990 B IV - n° 326, D 1991, som. 216 obs. Cabrillac ).
La distinction est très importante car c’est à la date de l’émission (et à
cette date seulement) que la somme qui figure sur le chèque devient exi-
gible et que par conséquent la provision doit exister.
Sous le bénéfice de cette observation, il faut étudier les règles de forme
et les règles de fond.
Paragraphe 1er : les règles de forme.
Il faut un support contenant certaines indications.
I / Le support
Il faut nécessairement un écrit.
Dans la pratique les chèques sont établis sur des formules pré imprimées
et détachées d’un carnet à souche remis au préalable par le banquier. On a
aussi recours parfois à des formules pré imprimées détenues par le ban-
quier et sur lesquelles ne figure pas le nom du tiré (chèque omnibus)
Mais du fait que la loi n’imposait pas le recours à ces formules pré im-
primées on déduisait que rien ne devait s’opposer à l’établissement du
chèque sur une feuille de papier quelconque à condition qu’il y ait les
mentions obligatoires. La banque ne pourrait pas refuser le paiement.
Il arrivait certes que, dans les conditions générales de banque, il soit in-
terdit au client de rédiger le chèque sur papier libre. Dans ce cas, le client
qui établissait un chèque sans la formule délivrée par la banque engageait
sa responsabilité, mais le tiers pouvait valablement demander le paie-
ment, cette convention ne lui étant pas opposable (Aix 14 novembre 1958,
GP 1959-1-154). La même solution pourrait être retenue pour les chèques
établis sur des formules pré imprimées n’émanant pas du tiré. (Voir pour
le problème des chèques de casino : Civ. 1ère, 20 juillet 1988, D. 1989,
Som. 88 obs. Cabrillac,).
Aujourd’hui le Règlement de 2002 semble exiger le recours à des for-
mules pré imprimées. En effet l’article 44 prévoit que les formules de
chèque sont soumises à une normalisation définie par la Banque Centrale

57
11158

des Etats de l’Afrique de l’Ouest ou le cas échéant par arrêté ministériel.


On peut cependant se demander si cette règle nouvelle est de nature à re-
mettre en cause les solutions traditionnelles. En effet le texte ne prévoit
pas la nullité du chèque en cas de non respect de la prescription légale.
Pour ce qui est de la pluralité d’exemplaires, il faut se référer à l’article
106 du règlement qui dispose : « Sauf les chèques au porteur, tout chèque
émis dans un pays et payable dans un autre peut être tiré en plusieurs
exemplaires. Lorsqu’un chèque est établi en plusieurs exemplaires, ces
exemplaires doivent être numérotés dans le texte même du titre faute de
quoi chacun d’eux est considéré comme un chèque distinct ».
II - Mentions
Il existe des mentions obligatoires et des mentions facultatives
A- Mentions obligatoires
Il faut passer en revue les mentions avant d’examiner les sanctions
1) Enumération
C’est l’article 50 du règlement qui prévoit les mentions obligatoires :
- La dénomination de chèque insérée dans le texte même du titre et
exprimée dans la langue employée pour la rédaction du titre ;
- Le mandat pur est simple de payer : il s’agit d’un ordre de paiement
irrévocable et définitif sauf dans les cas où l’opposition est ad-
mise ; cet ordre ne peut être assorti ni d’un terme, ni d’une condi-
tion : l’objet du mandat c’est le paiement d’une somme déterminée,
généralement la somme est indiquée en chiffres et en lettres. Si les
deux sommes ne sont pas identiques on doit faire prévaloir la
somme indiquée en lettres ; si la somme est indiquée soit plusieurs
fois en chiffres, soit plusieurs fois en lettres, le chèque vaut pour la
moindre somme (art 56 Regl. ).
- Le nom de celui qui doit payer : celui – ci doit nécessairement être
une banque ou un établissement assimilé. La définition de la
banque est donnée par l’art 3 de la loi n°90-06 du 26 juin 1990 por-
tant réglementation bancaire.
- L’indication du lieu où le paiement doit s’effectuer. Cette indication
est en général imprimée par les soins du banquier.
- L’indication de la date et du lieu où le chèque créé. L’indication de
la date d’émission est importante car la date de paiement en dé-
coule : le chèque est payable vue. Il ne sert à rien de postader un
chèque : celui – ci est de toute façon exigible sur simple présenta-
tion. L’irrégularité résultant de ce que le chèque n’est pas daté ne

58
11159

fait pas perdre au titre son caractère de chèque (Crim. 26 nov.


1974, DS 1975, IR, 3).
- La signature de celui qui émet le chèque. Celle – ci doit être ma-
nuscrite.
2) Sanctions des irrégularités
L’absence de l’une des mentions énumérées par la loi est sanctionnée par
la nullité du titre qui ne vaut pas comme chèque.
Il existe toute fois une possibilité de régularisation : le tiré peut, par
exemple, demander au tireur de compléter les mentions omises (Paris
juil. 1952, JCP 1952, II, 7139, obs. Cabrillac).
Si le titre est nul en tant que chèque, il n’est pas cependant dépourvu de
toute valeur : il peut être considéré comme un billet à ordre : tel est le
cas, par exemple, lorsque le nom du banquier tiré n’est pas indiqué ;

Il peut aussi être considéré comme commencement de preuve par écrit (


V . par ex en France, Civ. 8 Juil. 1987,RTD com. 1987 , 84 ; Civ. 26 janv.
1988 , B I .n°13).
Il faut souligner que la nullité du titre en tant que chèque n’est pas tou-
jours encourue car il existe un système de suppléance légale. Ainsi à dé-
faut d’indications spéciale, le lieu du paiement est réputé être le lieu dési-
gné à coté du nom du tiré.
Si plusieurs lieux sont indiqués, le chèque est payable au premier lieu in-
diqué.
Le chèque sans indication du lieu de création est considéré comme sous-
crit au lieu désigné à côté du nom du tireur.
Enfin, et c’est là une manifestation de l’autonomie du Droit du pénal, la
nullité du chèque consécutive à l’omission d’une mention obligatoire
n’exclut pas l’incrimination d’émission de chèque sans provision (Crim. 2
août 1940. JCP 1941.II. 1647, Note Bastian; S.1942-1-149, Note Hugue-
ney; Crim 26 nov. 1974, B. n° 347).
Pour l’altération, il faut distinguer 2 situations :
celle des signataires antérieurs qui sont tenus dans les termes du texte ini-
tial ;
celle des signataires postérieurs tenus dans les termes du texte altéré.
B – Mentions facultatives
Le chèque peut comporter un certain nombre de mentions facultatives. Il
peut s’agir de l’indication du nom du bénéficiaire ou de la clause non à
ordre.

59
11160

Il peut s’agir aussi du visa. Le visa a pour effet de constater l’existence de


la provision mais seulement à la date à laquelle il est apposé (art 60). Il
n’implique pas cependant l’obligation pour le banquier de bloquer la pro-
vision. En quelque sorte le visa atteste simplement l’existence de la provi-
sion au moment où il est apposé.
Pour que la provision soit bloquée, il faut une certification qui est aussi
une mention facultative. La certification a pour effet de bloquer la provi-
sion au profit du porteur sous la responsabilité du banquier tiré, ceci pen-
dant le délai de présentation.
La liberté des intéressés n’est cependant pas totale ; il existe en effet des
clauses interdites .Ainsi selon le règlement, sont réputées non écrites :
- l’acceptation du tiré (article 51 du règlement) ;
- la stipulation d’intérêts (article 54 du règlement) ;
- la stipulation d’une date d’échéance (qui transforme le chèque en
titre de crédit article 80 Règl.) ;
- la clause par la quelle le tireur s’exonérait de sa garantie..
Paragraphe 2 : Les règles de fond
Il faut les envisager à 2 points de vue : les personnes intéressées et la
cause

I – Les Personnes intéressées :


Il s’agit du tireur, du tiré et du bénéficiaire
A – Tireur
Le consentement du tireur doit exister. L’absence de consentement qui
renvoie au problème de la fausse signature entraîne la nullité de
l’engagement ; celle-ci est opposable même au porteur de bonne foi.
Le consentement ne doit pas être vicié. Il faut relever cependant que le
vice du consentement n’est pas un obstacle au paiement du chèque. En
effet cette irrégularité ne justifie pas une opposition de la part du tireur ;
par ailleurs l’exception tirée d’un vice du consentement n’est pas oppo-
sable au porteur de bonne foi. (Com. 17 janv. 1970, Bque 197, 1137)
Le chèque peut être tiré par un mandataire du tireur dûment accrédité par
des pouvoirs normaux au près du banquier.
Pour l’absence de pouvoir ou le dépassement des pouvoirs, il faut se réfé-
rer à l’article 58 Règl. Cet article précise, à cet égard, que le signataire a
agi comme représentant d’une personne morale pour laquelle il n’a pas le
pourvoir d’agir ou s’il dépasse ses pouvoirs, il est lui même obligé en
vertu du cheque. S’il a dû payer il a les mêmes droits qu’aurait eus le pré-

60
11161

tendu représenté. Lorsque le tireur est marié les règles prévues par
l’article 374 du Code de la Famille sont applicables. Ce texte prévoit la
liberté pour chacun des époux d’ouvrir un compte. Cette liberté
s’accompagne d’une présomption de pouvoir exprimée en ces termes
« l’époux déposant est réputé à l’égard du dépositaire, avoir la libre dis-
position des fonds et des titres en dépôt. (V. sur cette question Ndiaw
Diouf et I.Y. Ndiaye,, Jurisclasseur de Droit comparé formulaire notarial.
Sénégal, fasc. II, n° 42 ).
La femme mariée n’a pas de justification à fournir ; par ailleurs les
sommes portées sur son compte sont réputées lui appartenir de telle sorte
que le bénéficiaire n’aura pas à s’enquérir de sa capacité ou des ses pou-
voirs.
Pour ce qui est de la capacité, il y a lieu d’appliquer le droit commun des
incapacités (pour le problème des incapacités en droit sénégalais V.Ndiaw
Diouf et I.Y.Ndiaye Jurisclasseur droit comparé formulaire national Fasc.
I).La capacité commerciale n’est donc pas exigée. On n’exige de lui seu-
lement qu’il ait la capacité nécessaire pour effectuer le transfert de fonds
en vue duquel le chèque est créé. Il convient cependant de d’observer que,
depuis l’entrée en vigueur de l’Acte Uniforme sur le droit commercial gé-
néral qui autorise le mineur émancipé à devenir commerçant, la distinc-
tion entre capacité commerciale et capacité civile a perdu tout intérêt.
Contrairement à la nullité résultant d’un vice du consentement, la nullité
résultant d’une incapacité est opposable même au porteur de bonne foi.
Cette règle commune à tout les effets de commerce s’explique par la né-
cessité de faire prévaloir la protection due aux incapables sur l’impératif
de sécurité dominant le régime de ces titres. Le porteur est cependant pro-
tégé par la règle de l’indépendance des signatures (article 57 du règle-
ment).
B - le Tiré
Il faut seulement rappeler que le tiré doit nécessairement être un banquier
ou un établissement assimilé. (art. 50 Règl.). Il faut rappeler aussi que le
chèque ne peut être tiré sur le tireur lui – même sauf s’il s’agit d’un
chèque émis entre divers établissements d’un même tireur et à condition
de ne pas être au porteur (art 53 Règl.).Le fondement juridique de cette
règle se trouve dans l’idée qu’il faut éviter la création de monnaie par les
banques.
C – le bénéficiaire
Le chèque peut être stipulé payable :

61
11162

- à une personne dénommée (avec ou sans clause expresse à ordre) ;


ce chèque circule par endossement ;
- à une personne dénommée avec la clause « non à ordre » ou une
autre formule équivalent ; ce chèque ne circule pas par endosse-
ment, mais par le procédé de la cession civile de créance ;
- au porteur (c’est aussi le cas du chèque sans indication du nom du
bénéficiaire) : ce chèque circule par la tradition ;
Le tireur peut aussi émettre le chèque à son profit ; c’est ce que l’on ap-
pelle chèque de caisse ou chèque de guichet.
Le bénéficiaire du chèque doit avoir la capacité de recevoir les fonds ou
capitaux. Le chèque émis au profit d’un incapable n’est pas nul, mais il
est payable par exemple à son représentant légal.
Il peut arriver que le bénéficiaire soit en cessation de paiements. Dans ce
cas, il faut distinguer : s’il est en liquidation des biens, l’encaissement est
effectué par le syndic, s’il est en redressement judiciaire l’encaissement
est effectué par le bénéficiaire assisté du syndic.
Il se peut aussi que le chèque ait été émis par un tireur déclaré postérieu-
rement en redressement judiciaire ou en liquidation des biens ; dans une
telle hypothèse, le bénéficiaire ne peut encaisser directement le chèque,
mais il doit produire dans la masse du tireur.
II – LA CAUSE
L’engagement du tireur doit avoir une cause licite. Cette cause doit être
recherchée dans l’opération fondamentale en vue de laquelle le chèque a
été créé.
Le problème se pose à propos des chèques émis au profit des casinos qui
sont souvent des chèques émis sur des formulaires fournis par le casino.
Le plus souvent le tireur invoque l’exception de jeu pour contester la va-
lidité du chèque, un tel tireur pourrait tirer argument de l’article 744
COCC aux termes duquel la loi n’accorde aucune action pour une dette
de jeu ou pour le paiement d’un pari.
En France où le problème avait été posé à propos de l’article 1965, la
chambre mixte de la Cour de Cassation avait sur cette question un point
de vue qui équivalait, selon certains auteurs, à une abrogation de cette
disposition. Dans un arrêt rendu le 14 mars 1980 (D. 1980- 1.290 concl.
Robin), elle avait estimé que les joueurs ne pouvaient pas se prévaloir de
l’exception de jeu au motif que les casinos avaient une activité autorisée
par la loi et réglementée par les pouvoirs publics et qu’ils sont aptes à re-
cevoir des chèques.

62
11163

Mais la 1ère chambre civile de la Cour de Cassation est revenue sur cette
position dans un arrêt rendu le 31 janvier 1984 (B. I. n° 41 – D 1985 – 40
note Diener ; elle admettait la possibilité pour le joueur de se prévaloir de
l’exception de jeu. Désormais il semble qu’une distinction s’impose :
- si le chèque est émis pour régler au comptant le prix des plaques ou je-
tons vendus, il est valable ;
- si le chèque est établi pour garantir une avance faite par le casino au
joueur pour lui permettre de continuer de jouer, il est nul (V. Civ. 1ère
Ch. 31 janvier 1984 précit ; Civ. 20 juillet 1988 B. I. n° 257) (le fonde-
ment doit être recherché dans l’idée qu’i il représente une dette de jeu) ;
toutefois la nullité n’est pas opposable au tiers de bonne foi.
Section II : Les garanties du chèque
On retrouve à propos du chèque les garanties légales comparables à
celles prévues pour la traite : solidarité des signataires ; indépendance des
signatures. Il ne sera pas question de revenir sur ces points. L’étude ne
portera que sur les garanties conventionnelles et la provision qui présen-
tent une certaine spécificité ici.
Paragraphe 1er : Les garanties conventionnelles
Il s’agit de l’aval, du visa, de la certification et de la nouvelle garantie
prévue par la l’article 79 : cartes dites de garantie de paiement.
I- L’aval
L’aval est régi par les articles 74 à 76 du Règlement. Il est fourni par un
tiers ou même par un signataire. Mais le tiré ne peut donner l’aval.( art.
33, al. 2). Il est donné sur le chèque ou sur une allonge. Il peut être aussi
donné par acte séparé ; dans ce cas on indique la date et le lieu où il est
intervenu.
Il doit indiquer pour le compte de qui il est donné ; à défaut, il est supposé
donné pour le tireur. L’engagement du donneur d’aval est valable même
si l’obligation garantie est nulle, sauf pour vice de forme.
L’avaliste peut couvrir en tout ou en partie chaque signataire du titre. En
réglant le chèque, il est subrogé dans les droits et actions du garanti ; il
peut les exercer contre ceux qui seraient tenus envers ce garanti.
II- Le visa et la certification
Le visa a pour effet de constater l’existence de la provision à la date à la-
quelle il est donné. En somme par le visa le banquier atteste simplement
l’existence de la provision au moment où il l’appose (article 77 du Rè-
glement).

63
11164

La certification prévue par l’article 78 du Règlement est une formule de


garantie plus élaborée. En effet lorsqu’il y a certification, la provision
reste bloquée sous la responsabilité du tiré, au profit du porteur jusqu’à
l’expiration du délai légal de présentation prévu par l’article 81 ; le por-
teur pourrait exiger du banquier un règlement sur cette somme ainsi blo-
quée, même si un porteur plus ancien lui faisait défense de payer.
A l’expiration du délai de présentation, la provision est débloquée et elle
devient disponible.
Paragraphe 2 : La provision
La provision n’est pas une condition de validité du chèque, mais elle est
une des conditions de son efficacité. S’il n’y a pas de provision, le chèque
n’est pas nul mais le porteur ne pourra pas en obtenir le paiement. Par ail-
leurs le tireur s’expose à un certain nombre de sanctions. C’est l’article 50
qui précise les caractères de la provision.
I – Caractères de la provision
Il résulte de l’article 50 du Règlement que le tiré doit avoir « au moment
de la création du titre, des fonds à la disposition du tireur et conformé-
ment à une convention expresse ou tacite autorisant le tireur à en disposer
par chèque. La combinaison de cette disposition avec les dispositions ré-
pressives applicables en matière de chèque permet de dégager les carac-
tères que doit présenter la provision ; celle-ci doit être disponible, préa-
lable et suffisante.
A- la provision doit être disponible
Cela implique deux impératifs : l’existence d’une créance certaine, li-
quide et exigible et la possibilité de disposer de la créance par chèque.
1 – L’existence d’une créance certaine, liquide et exigible
Il en est ainsi dans deux cas.
Le premier cas correspond à celui où le solde du compte bancaire du ti-
reur est créditeur.
Lorsque le tireur a plusieurs comptes, doit-on dans ce cas prendre en
considération la position globale des comptes ou la position de chaque
compte ? En principe on ne prend en considération que la position du
compte sur lequel le chèque est tiré sans se préoccuper des autres (Com.
14 avr. 1975. B. IV, n°98). Il n’en serait autrement que s’il y avait une
convention d’unité de compte. Si une telle convention existe, il faut dis-
tinguer :

64
11165

- le cas où l’ensemble des comptes fait apparaître une position débi-


trice ; le tiré peut ne pas payer même si le compte sur lequel le
chèque est tiré est créditeur ;
- le cas où l’ensemble fait apparaître un solde créditeur ; le tiré est te-
nu de payer même si le compte sur lequel le chèque est tiré est débi-
teur.

Le second cas correspond à celui où le banquier consent d’une ouverture


de crédit. Il n’y a aucun problème lorsque l’ouverture de crédit résulte
d’une convention écrite passée entre le banquier et le tireur. Mais ce n’est
pas toujours le cas. En effet très souvent elle est verbale ou simplement
tacite. La Chambre criminelle, qui a eu à statuer sur cette question à pro-
pos de poursuites pour émission de chèques sans provision s’était mon-
trée sévère, car elle estimait qu’il n’y avait ouverture de crédit valant pro-
vision que s’il y avait un engagement formel et une inscription du crédit
au compte du tireur (Crim. 19 déc. 1957, D 1958, 174 Note MRMP; JCP
1958, II, 10556, Note Bouzat ; Crim. 18 juil.1968, Banque 1968, 891,
Obs. Marin).
Pour la Cour de Cassation, les tolérances verbales (Com. 18 juil. 1968
précité.) et les facilités de caisse étaient insuffisantes. Pendant le même
temps, la Chambre commerciale se montrait plus souple (com. 12 nov.
1974 B. 1975 – 434, cet arrêt écartait implicitement la preuve écrite et
l’inscription en compte).
Il y a eu cependant une évolution de la position de la Chambre criminelle
de la Cour de Cassation dans un arrêt de 1978 (crim. 19 juil. 1978 D. 705
rapport Rober) ; on l’a expliqué par le fait que le problème s’était déplacé
au niveau de l’élément moral compte tenu de la nouvelle définition qu’en
donnait la loi de 1975 (intention de porter atteinte aux droits d’autrui).
2 – La possibilité de disposer des fonds au moyen d’un chèque
Le tireur doit avoir une autorisation de disposer de la créance par chèque.
L’autorisation peut être expresse ; mais elle peut aussi être tacite et résul-
ter de la délivrance de carnets de chèque.
NB. Il ne suffit pas que la provision soit disponible à l ‘émission ; elle
doit le rester jusqu’à l’encaissement, ce qui fait qu’un tireur qui retire la
provision ou fait défense de manière indue au tiré de payer encourt les
peines prévus par la loi.

65
11166

B. la provision doit être préalable


L’art 50 du Règlement exige que les fonds soient à la disposition du tireur
chez le banquier « au moment de la création du chèque ».
Cette exigence est cependant théorique. En effet l’absence de provision au
moment de la création du chèque n’est pas sanctionnée dès lors que la
provision existe à l’émission (éventuellement différée lors de la création)
ou même lors de la présentation.
C. La provision doit être suffisante
Cette exigence découle directement des dispositions répressives qui sanc-
tionnent la personne qui émet un chèque avec une provision inférieure au
montant de ce chèque.
L’émetteur doit donc laisser une provision suffisante à la disposition du
bénéficiaire non seulement pendant la durée du délai de présentation légal
mais jusqu’à l’extinction du plus long délai de prescription du chèque.
II - LES EFFETS DU DEFAUT DE PROVISION
Il faut étudier les sanctions encourues avant de mettre l’accent sur les
règles de procédure qui présentent une certaine particularité.
A. Les sanctions prévues :
Le tiré n’est pas tenu de payer le chèque. Pour ce qui est des autres sanc-
tions, il faut signaler qu’avant la loi de 1996 c’est l e code pénal qui
s’appliquait. C’est le lieu de noter qu’une profonde réforme a été intro-
duite par la loi de 1996 dont les solutions ont été, pour l’essentiel, reprises
par le Règlement. Il est nécessaire de décrire la situation antérieure pour
mesurer la portée de la réforme.
1) Avant la réforme de 1996
La sanction la plus redoutable était celle qui est contenue dans l’article
380 du Code pénal.
Ce texte prévoyait l’application des peines prévues à l’article 379, al. 1er
(peines de l’escroquerie : un emprisonnement d’un an au moins et de cinq
ans au plus et une amende de 100 000 à 1 000 000 Frs), pour les agisse-
ments suivants :
- l’émission d’un chèque sans provision préalable et disponible ou
avec une provision inférieure au montant du chèque ; la loi ne visant
que l’émission, l’endossement ne rentrait pas semble t-il dans les
prévisions légales : Voir en France (Rennes 2 mai 1950., GP 1950
2.14 avant la réforme de 1975) ;
- le retrait, après l’émission, de tout ou partie de la provision. (Rappe-
lons que la provision qui doit être disponible doit le rester) ;

66
11167

- la défense de payer adressée au tiré après l’émission du chèque.


Normalement le délit ne devait être constitué que si l’opposition
était indue, irrégulière. Ceci dit, même si l’opposition était interve-
nue après l’expiration du délai de paiement, le délit était constitué ;
V. sous l’empire de la législation ancienne en France (Crim. 10
janv. 1968 D.S. 1968, 47) ; de la même manière, le délit constitué
même si le tireur invoquait l’absence de cause pour faire opposition
(V. par exemple dans le cas où le tireur invoquait l’inexécution du
contrat de vente dont le prix était payé par chèque Nancy, 28 juin
1950, D 1950. 728).
Dans tous les cas il fallait la mauvaise foi du tireur. C’était l’élément mo-
ral du délit. Mais la loi ne donnait pas de définition de cette notion. La
jurisprudence française retenait sous l’empire de la législation ancienne,
« la connaissance qu’avait ou devait avoir le tireur de l’absence ou de
l’insuffisance de provision» (Crim 22 janvier 1974. B. n° 30).
Celui qui acceptait en connaissance de cause de recevoir des chèques
émis dans les conditions qui viennent d’être indiquées n’était pas considé-
ré comme complice ; il était l’auteur d’une infraction distincte punie ce-
pendant des mêmes peines.

L’article 380 était aussi le siége des règles applicables à d’autres agisse-
ments susceptibles d’être commis en matière de chèque : La contrefaçon
ou la falsification de chèques et l’acceptation en connaissance de cause de
chèques falsifiés ou contrefaits (les peines pouvaient être portés au
double).
2 – Depuis la réforme :
La réforme est due à la loi de 1996qui a été abrogée par le Règlement,
mais les dispositions répressives de ce texte sont maintenues. Ceci dit il y
a deux types de mesures.
Il y a d’une part l’interdiction bancaire. Pour comprendre cette sanction, il
faut examiner les art 113 et suivants du Règlement. Il est prévu que lors-
que le banquier tiré a refusé le paiement d’un chèque pour défaut ou in-
suffisance de provision, il doit prendre 3 dispositions (art 114 règl) :
- délivrer, une attestation de rejet au bénéficiaire ;
- enregistrer l’incident sur ses livres au plus tard le 2ème jour ouvré
- adresser au titulaire du compte une lettre d’avertissement précisant
le motif du refus de paiement, l’interdiction d’émettre des chèques
jusqu’à la régularisation et les sanctions encourues en cas

67
11168

d’émission de chèque durant cet intervalle ou à défaut de régularisa-


tion.
Cette régularisation implique une double initiative :
-règlement du montant du chèque impayé ou constitution d’ une provi-
sion suffisante et disponible destinée au règlement ;
- paiement d’une pénalité libératoire.
S’il n’y a pas régularisation dans le délai d’un mois à partir de la date
d’envoi de la lettre, le banquier tiré avise la banque centrale et signifie au
titulaire du compte qu’il lui est interdit, pendant 5 ans, d’émettre des
chèques autres que ceux qui permettent exclusivement le retrait de fonds
par le tiré ou ceux qui sont certifiés (art 115 Règl.). Dans le même
temps, le banquier tiré doit enjoindre au titulaire du compte de restituer à
tous les banquiers dont il est le client les formules de chèques en sa pos-
session.
A côté de cette mesure il y a les sanctions prévues par les articles 83 et
suivants de la loi de 1996. Il convient d’observer que l’article 244 du Rè-
glement, en abrogeant les dispositions de droit interne contraires ou ayant
le même objet, a laissé subister les dispositions répressives de la loi de
1996 notamment les articles 83 à 90.
Il résulte de ces textes que sera puni d’un emprisonnement d’un (1) à
trois (3) ans et d’une amende de 1 000.000 à 2 500.000 F (une amende
pouvant être portée à 3 millions si le tireur est un commerçant) :
1- le titulaire du compte qui en connaissance de cause aura émis un
chèque sans provision ou aura après l’émission du chèque retiré
par quelque moyen que ce soit tout ou partie de la provision ;
2- le tireur ou mandataire qui en connaissance de cause, aura émis
un chèque domicilié sur un compte clôturé ;
3- le tireur qui au mépris d’une injonction de restituer des formules
de chèque aura émis un ou plusieurs chèques ;
4- le mandataire qui en connaissance de cause aura émis un ou plu-
sieurs chèques dont l’émission est interdite à son mandant ;
5- toute personne qui fait défense au tiré de payer en dehors des cas
prévus par la loi.
Il existe d’autres sanctions pénales en matière de chèque. Ainsi sont punis
d’un emprisonnement d’un (1) à cinq (5) ans et d’une amende de 100.000
F à 500.000 Fou de l’une de ces peines :
- la contrefaçon ou la falsification du chèque ;

68
11169

- l’usage ou la tentative d’usage en connaissance de cause d’un


chèque contrefait ou falsifié ;
- la réception en connaissance de cause d’un chèque falsifié ou con-
trefait.
Dans tous les cas, la peine d’emprisonnement et/ ou d’amende est assortie
d’une peine complémentaire obligatoire. Le tribunal doit en effet inter-
dire au tireur d’émettre des chèques autres que ceux qui permettent exclu-
sivement le retrait de fonds ou les chèques certifiés et ceci pour une durée
de 1 à 5 ans.
B / Les règles de la procédure
Il convient de signaler d’abord que ces différentes infractions sont consi-
dérées comme identiques pour l’application des règles de la récidive.
En cas de récidive, le maximum de la peine est encouru. Ceci dit le béné-
ficiaire qui s’est constitué partie civile peut, non seulement réclamer des
dommages et intérêts (ce qui est normal), mais aussi réclamer au juge ré-
pressif une somme égale au montant du chèque (ce qui est exceptionnel
compte tenu de l’article 2 du CPP, art 88 loi de 1996).
En l’absence de constitution de partie civile, le juge répressif peut même
d’office condamner le tireur à payer au bénéficiaire, outre les frais
d’exécution, une somme égale au montant du chèque majoré le cas
échéant des intérêts à partir du jour de la présentation.
SECTION III – LA TRANSMISSION DU CHEQUE
Théoriquement trois formes d’endossement sont possibles : endossement
translatif, endossement de procuration, endossement pignoratif.
Le Règlement ne fait pas allusion à cette dernière forme d’endossement,
la durée de vie courte du chèque explique peut être pourquoi on n’ y a
pas recours.
Paragraphe 1er : l’endossement translatif
I – Conditions
On retrouve beaucoup de règles de la lettre de change.
Il n’y pas de formule type ; il suffit qu’il y ait une mention non équi-
voque.
Une signature est nécessaire ; elle peut être manuscrite ou apposée par
tout procédé non manuscrit.
L’endosseur peut ne pas indiquer le nom du bénéficiaire (endossement en
blanc) ; dans ce cas, le bénéficiaire peut :
- soit remplir le blanc de son nom ou de celui d’une autre personne ;
- soit l’endosser à nouveau en blanc ou à une autre personne ;

69
11170

- soit le remettre à un tiers sans remplir le blanc et sans l’endosser.


La date n’est pas exigée ; l’endossement non daté est présumé avoir être
fait avant le protêt ou l’expiration des délais pour dresser protêt.
Pour les conditions de fond, on peut relever que tout porteur peut endos-
ser et que l’endossement peut intervenir au profit du tireur ou des obligés
qui peuvent endosser à nouveau.
II Effets
Il y a essentiellement la transmission de la provision.
On peut relever aussi l’inopposabilité des exceptions. Toutefois
l’endossement intervenu après protêt ou après expiration des délais pour
dresser protêt entraîne les effets d’une cession ordinaire..
Il y a enfin la solidarité des signataires.
Paragraphe 2: l’endossement de procuration
I- Conditions
Il faut l’inscription de la formule « valeur en recouvrement » ; « pour en-
caissement » ; « par procuration » ou toute formule équivalente suivie de
la signature de l’endossataire
II- Effets
L’endossataire a tous les droits résultant du chèque. Mais il ne peut faire
un endossement translatif.
Les divers obligés peuvent lui opposer les exceptions qu’ils auraient pu
apposer à l’endosseur.
L’endossataire ne répond que de la responsabilité résultant de l’exécution
du mandat, mais lorsqu’il s’agit d’un banquier sa responsabilité est appré-
ciée plus sévèrement puisqu’il s’agit d’un professionnel.
Section IV : Le dénouement du chèque
Le porteur doit présenter le chèque dans le délai. Le défaut de paiement
peut donner lieu à l’exercice des recours.
Paragraphe 1er : La présentation au paiement
Trois questions : qui doit présenter – quand – où ?
Le chèque est présenté au paiement par le porteur ou son mandataire.
Il peut être présenté dès son émission puisqu’il est payable à vue. Il en est
ainsi même si le chèque est postdaté.
La présentation doit avoir lieu dans le délai prévu par la loi ; c’est l’article
81 du Règlement qui fixe le délai. Une fois le délai expiré, le tiré reste te-
nu de payer le chèque mais le porteur négligent perd ses recours contre les
signataires du chèque. Il semble cependant que la présentation ne peut
avoir lieu que pendant le délai de prescription de l’action du porteur

70
11171

contre le tiré, car ce délai de prescription, contrairement aux autres (pres-


cription de l’action du signataire qui a payé) constitue le délai de validité
du chèque.
La présentation au paiement doit être faite au lieu indiqué sur le titre c’est
à dire à un guichet déterminé du tiré. Il est possible qu’il y ait une clause
domiciliation mais c’est rare en pratique car le tiré est toujours banquier ;
s’il y a domiciliation c’est à la BCEAO.
Paragraphe 2 : Les suites de la présentation :
Il y a soit paiement, soit défaut de paiement.
I - Le paiement
Deux conditions sont exigées.
Il faut d’abord une provision suffisante. Le refus est justifié s’il n’y a pas
de provision. Si la provision est insuffisante, le porteur peut exiger un
paiement partiel.
L’absence d’opposition est la deuxième condition. S’il y a opposition, le
refus de payer est justifié. Le banquier est même tenu de ne pas payer. Il
n’a pas à se faire juge de la légitimité de l’opposition. Si le porteur estime
que l’opposition est intervenue en dehors des cas prévus par la loi (perte
ou vol du chèque), il en demande la mainlevée au juge des référés.
En l’absence d’opposition le banquier doit payer si la provision est suffi-
sante. Mais il doit effectuer un minimum de vérifications : régularité du
titre, authenticité de la signature du tireur dont il possède un spécimen,
régularité de la chaîne des endossements, identité du porteur (art. 87 du
Règlement).
Le bénéficiaire du paiement c’est le porteur. Toutefois lorsqu’il s’agit
d’un chèque barré, le paiement ne peut être fait qu’au profit des personnes
désignées par la loi. Il faut distinguer deux types de barrement :
- barrement général matérialisé par l’apposition de deux barres paral-
lèles ; le paiement doit être fait à un banquier (art. 91 du Règle-
ment), un chef de bureau de chèques postaux ou un de ses propres
clients ;
- barrement spécial matérialisé par l’apposition au recto de deux
barres parallèles entre lesquelles figure le nom d’un banquier ; le ti-
reur ne peut payer le chèque qu’au banquier désigné par ce barre-
ment spécial, ou si celui-ci est le tiré, à son client.
Le tiré peut exiger que le chèque une fois payé lui soit remis acquitté par
le porteur. Cet acquit résulte d’une mention apposée sur le chèque et sui-
vie d’une signature, voire même d’une simple signature au dos, car

71
11172

l’endossement ainsi fait au profit du tiré vaut acquit. En cas de paiement


partiel, le tiré peut exiger que mention du paiement soit faite sur le chèque
et qu’une quittance lui en soit donnée.
II – le défaut de paiement
La constatation du défaut de paiement permet au porteur d’exercer les re-
cours cambiaires.
A. La constatation du défaut de paiement
Le porteur doit faire dresser protêt en cas de défaut de paiement ou de
paiement partiel. Le protêt se fait comme pour la lettre de change. Il doit
être dressé avant l’expiration du délai de présentation. Si la présentation
a lieu le dernier jour, le protêt peut être établi le premier jour ouvrable
suivant (art. 53). Le porteur qui ne fait pas dresser protêt est considéré
comme un porteur négligent (même situation que celui qui n’a pas présen-
té le chèque dans le délai) ; il perd ses recours cambiaires. Cette sanction
est cependant de portée limitée en raison des aménagements apportés par
la loi. En effet l’article 109, prévoit qu’il conserve ses recours contre le
tireur qui n’a pas fourni provision ; or par hypothèse lorsque le problème
se pose, le tireur n’a pas fourni la provision. Ce texte ajoute qu’il con-
serve ses recours contre les coobligés qui se seraient injustement enrichis.
Le porteur qui n’a pas fait donner protêt n’encourt cependant pas la dé-
chéance s’il y a dispense de protêt.
Le porteur doit également donner avis à son endosseur et au tireur dans
les quatre jours ouvrables qui suivent le protêt ou, en cas de clause de re-
tour sans frais le jour de la présentation.
Chaque endosseur doit aviser, dans les deux jours qui suivent le jour où il
a reçu l’avis, son propre endosseur.
Il faut signaler que pour faciliter les poursuites justifiées par l’émission de
chèque sans provision, le législateur permet au porteur ou à l’endosseur
impayé de se faire établir une attestation de défaut de paiement.
B. L’exercice des recours
1) Les destinataires des recours
Le porteur impayé non négligent peut exercer ses recours contre les en-
dosseurs, le tireur et leurs avalistes.
Si le chèque a circulé ou a été avalisé, le signataire qui a payé peut, lui-
même, exercer un recours cambiaire contre les signataires antérieurs.
Le recours peut notamment prendre la forme du déclenchement de la
procédure d’injonction de payer (v. art 2 AU/RVE)
Les recours obéissent au régime caractéristique de l’obligation cambiaire :

72
11173

- solidarité des signataires;


- inopposabilité des exceptions.
Il convient de signaler que le porteur peut, en cas de poursuites pénales,
demander le paiement du montant du chèque au juge répressif.
Il y a enfin la procédure prévue par la loi de 1996 et reprise par le Règle-
ment. Elle consiste pour le porteur à se faire délivrer par le tiré à défaut de
paiement du chèque dans les 30 jours ou de constitution de la provision
dans ce délai, un certificat de non paiement. Ce certificat peut être notifié
ou signifié par ministère d’huissier. Cela vaut commandement. En
l’absence de justification du paiement du montant du chèque et des frais
dans le délai de 10 jours à compter de la réception de la notification ou de
la signification, l’huissier dresse un acte de non paiement ; cet acte est
remis au greffier qui délivre un titre exécutoire dans un délai maximum
de 8 jours.
2) Les délais d’exercice des recours cambiaires :
Les recours cambiaires doivent être exercés dans un délai déterminé ; si-
non il y a prescription.
L’action du porteur contre le tiré se prescrit par trois ans à partir de
l’expiration du délai de présentation.
L’action du porteur contre les garants se prescrit par six mois à compter
de l’expiration du délai de présentation.
L’action du garant contre les signataires antérieurs se prescrit par six mois
à compter du jour où il a été actionné.
Malgré la prescription, le porteur conserve un recours contre le tireur ou
son endosseur sur le fondement de la créance ancienne que la remise du
chèque avait pour objet d’éteindre. Cette règle est fondée sur l’idée que
l’émission du chèque n’emporte pas novation.
De même la prescription laisse subsister une action contre le tireur qui n’a
pas fourni provision ou contre les autres obligés qui se seraient enrichis
injustement.
Deux conditions sont cependant nécessaires un enrichissement qui peut
consister en une perte évitée ; le caractère injuste de l’enrichissement : il
n’est pas nécessaire qu’il y ait une fraude du porteur mais il faut établir
tout au moins son imprudence.

73
11174

2ème Partie : Le fonds de commerce

Le droit commercial accorde une place prépondérante aux biens incorpo-


rels. Parmi ces biens, le fonds de commerce occupe une place à part
puisqu’il constitue le cadre dans lequel s’exerce l’activité commerciale.
Contrairement à la législation antérieure, l’AU/DCG donne une définition
du FDC. Selon l’article 103 «le fonds de commerce est constitué par un
ensemble de moyens pour permettre aux commerçants d’attirer et de con-
server une clientèle. » Ce texte est complété par d’autres dispositions qui
fixent les règles applicables aux éléments du fonds de commerce et aux
opérations portant sur le fonds de commerce.

Chapitre I : Les éléments du fonds de commerce

L’Acte uniforme distingue deux types d’éléments : les éléments obliga-


toires et les éléments facultatifs.
Section 1ère - Les éléments obligatoires
Selon l’article 104, alinéa 1er, le fonds de commerce comprend obligatoi-
rement la clientèle et l’enseigne ou le nom commercial.
Sans ces éléments qui constituent ce que l’Acte uniforme appelle le fonds
commercial, le fonds de commerce n’existe pas.
Paragraphe I - La clientèle
Les auteurs distinguent généralement la clientèle et l’achalandage. La
clientèle serait constituée par les personnes attirées par la personnalité du
commerçant alors que l’achalandage se rapporterait aux personnes attirées
par l’emplacement.
L’Acte Uniforme ne vise que la clientèle qu’il ne définit pas. On peut ce-
pendant emprunter à la doctrine la définition suivante : la clientèle est la
valeur constituée par le courant d’affaire qu’il est probable ou possible
d’espérer.
Paragraphe II - Le nom commercial
C’est l’appellation sous laquelle est connu et exploité un établissement
industriel, commercial, artisanal ou professionnel. On peut donc, en ma-
tière de fonds de commerce, parler de l’appellation sous laquelle le com-
merçant exerce son activité. Le nom patronymique peut être utilisé
comme nom commercial. Il constitue alors le support de ralliement de la

74
11175

clientèle et devient en tant que tel un bien patrimonial, susceptible de faire


l’objet d’une cession.
Il est protégé par l’action en concurrence déloyale.
Il existe aussi un mécanisme de protection spécifique prévu par l4accord
de Bangui ; deux types de mesures sont à cet égard prévus :des mesures
préventives permettant au titulaire du droit sur le nom d’intervenir dès
qu’il y a une menace de violation et des mesures permettant faire sanc-
tionner les atteintes.

Paragraphe III - L’enseigne


Il n’y a pas de définition de l’enseigne dans l’Acte Uniforme. On peut ce-
pendant là aussi s’inspirer de la doctrine qui la considère comme
l’inscription, le nom, la dénomination de fantaisie, l’emblème qui indivi-
dualise le fonds et qui sert à attirer et à retenir la clientèle.
L’enseigne ne doit pas être confondue avec le nom commercial mais cette
distinction facile à réaliser sur le plan théorique est difficile à mettre en
pratique car il est fréquent que l’enseigne reprenne le nom commercial.
Section 2 - Les éléments facultatifs
A coté des éléments obligatoires, il y a des éléments qu’on peut qualifier
de facultatifs. En effet l’article 105 de l’Acte uniforme donne une liste
d’éléments et précise que ces éléments peuvent entrer dans la composition
du fonds de commerce à condition d’être nommément désignés.
Ces éléments peuvent être regroupés en 2 catégories : les éléments incor-
porels et les éléments corporels.
Paragraphe I - Les éléments incorporels
Ce sont les monopoles d’exploitation, les autorisations et le droit au bail.
I - Les monopoles d’exploitation
Ils sont constitués par les brevets d’invention, les dessins et modèles et les
marques de fabrique. Ces éléments ont pour point commun de conférer à
leurs titulaires un droit exclusif d’exploitation d’une invention ou d’une
découverte.
Les dessins et modèles confèrent à leur titulaire un droit d’exploitation sur
les créations à caractère esthétique ou ornemental.
Les brevets d’invention confèrent à leurs titulaires un monopole
d’exploitation d’une invention nouvelle, laquelle implique une activité
inventive susceptible d’application industrielle.

75
11176

Les marques sont des signes utilisés ou que l’on se propose d’utiliser
pour distinguer les produits ou les services d’une entreprise.
Les droits de propriété intellectuelle englobent les monopoles
d’exploitation découlant de la cession à un commerçant des droits
d’exploitation d’une œuvre appartenant à un artiste ou à un écrivain.
L’Acte uniforme ne vise pas les secrets de fabrique qui englobent toutes
les innovations de détail qui relèvent de la technique industrielle courante
sans révéler une activité inventive proprement dite. Ex : le dosage.
II - Les licences d’exploitation
Pour certains commerces l’exploitation est subordonnée à l’obtention de
licence ou d’autorisation. Si dans certains cas, ces licences ont un carac-
tère personnel, dans d’autres, elles ont un caractère réel. Dans ces cas là,
elles peuvent être un élément du fonds et être transférés à l’acquéreur en
cas de cession du fonds.
III - Le droit au bail
La plupart des commerçants exploitent leur fonds dans des locaux qu’ils
prennent à bail. Ce droit au bail a pour le fonds de commerce une impor-
tance capitale car la clientèle est souvent attachée à l’emplacement. Ce
droit est incorporel, mobilier et cessible.
Paragraphe II - Les éléments corporels
Ce sont les biens dont la matérialité s’appréhende par les sens. L’Acte
uniforme vise 2 éléments corporels, traditionnellement considérés comme
faisant partie du fonds de commerce. Il s’agit du matériel et des marchan-
dises.
Le matériel est constitué par des objets mobiliers qui servent à
l’exploitation du fonds de commerce. Il s’agit de tous les biens se trou-
vant dans le local ou rattachés au local d’exploitation et qui ne sont pas
destinés à la revente en l’état ou après transformation.
Les marchandises sont des objets mobiliers corporels destinés à la vente
soit en l’état soit après transformation. La finalité de la revente, est
comme on peut le constater, le seul véritable critère de distinction du ma-
tériel et des marchandises puisque ces deux types d’éléments sont des
meubles corporels affectés à l’exploitation du fonds.
L’Acte uniforme vise aussi, parmi les éléments corporels, les installa-
tions, les aménagements et agencements. Ces éléments n’appellent pas
d’observations particulières. Il suffit tout simplement de signaler qu’ils ne
font pas partis du fonds de commerce, lorsque le propriétaire du fonds est
en même temps propriétaire de l’immeuble où il est exploité et lorsqu’il

76
11177

les destine à l’exploitation de l’immeuble. En effet dans une telle hypo-


thèse c’est l’immobilisation par destination qui les fait sortir du fonds.

Chapitre II - Les opérations sur le fonds de commerce

Le fonds de commerce a une valeur propre qui dépend essentiellement de


la clientèle qui lui est attachée. Il fait partie du patrimoine du commer-
çant. A ce titre il peut faire l’objet d’un certain nombre d’opérations : lo-
cation gérance, vente et nantissement.
Section 1ère - La location-gérance
Le fonds de commerce peut être exploité directement par le propriétaire
commerçant. Il peut être aussi exploité indirectement dans le cadre d’un
contrat de location-gérance. L’acte uniforme définit la location-gérance
comme étant «la convention par laquelle le propriétaire du fonds de
commerce, personne physique ou personne morale, en concède la location
à un gérant, personne physique ou personne morale, qui l’exploite à ses
risques et périls.
Paragraphe-1er – Conditions de formation
L’Acte uniforme ne prévoit pas de conditions particulières pour le loca-
taire gérant. Mais celui ci ayant la qualité de commerçant, on est obligé de
considérer qu’il doit réunir toutes les conditions d’accès à la profession
commerciale.
L’Acte uniforme indique, en revanche avec beaucoup de précisions, les
conditions que doit remplir celui qui concède la location gérance.
Celui-ci doit avoir été commerçant pendant deux ans ou avoir exercé
pendant une durée équivalente des fonctions de gérant ou de directeur
commercial ou technique d’une société.
Il doit avoir exploité le fonds mis en location-gérance en qualité de
commerçant pendant au moins un an.
Ces délais peuvent être réduits ou supprimés par le tribunal régional dans
certains cas. Il en est ainsi lorsque l’intéressé établit qu’il a été dans
l’impossibilité d’exploiter son fonds personnellement ou par
l’intermédiaire de ses préposés.
Celui qui concède la location gérance ne doit pas être frappé
d’interdiction ou de déchéance.
Ces 3 conditions, qui sont énumérées par l’article 109, ne sont pas exigées
lorsque celui qui concède la location gérance fait partie de la liste dressée
par l’article 111. Ce texte vise l’Etat, les collectivités publiques, les éta-

77
11178

blissements publiques, les incapables en ce qui concerne les fonds dont ils
étaient propriétaires avant la survenance d’une incapacité et les héritiers
ou légataires d’un commerçant décédé en ce qui concerne le fonds trouvé
dans la succession.

Ces conditions ne sont pas non plus exigées lorsqu’il s’agit de location
gérance concédée par un mandataire de justice de l’administration d’un
fonds de commerce.
Paragraphe II - Les mesures de publicité
Le locataire gérant doit se conformer aux dispositions réglementant
l’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier. Le pro-
priétaire du fonds s’il est commerçant, est tenu de requérir la mention
modificative de son inscription.
En plus des inscriptions, il faut une insertion du contrat sous forme
d’extraits dans un journal d’annonces légales. Le propriétaire du fonds a
tout intérêt à ce que la publicité du contrat soit faite le plus rapidement
possible car jusqu’à l’intervention de cette mesure il est solidairement
responsable avec le locataire gérant des dettes contractées dans
l’exploitation du fonds.
Paragraphe III - Les effets
Le contrat de location gérance fait naître une obligation à la charge du lo-
cataire gérant. Celui ci doit en effet indiquer en tête de ses bons de com-
mande, de ses factures et autres documents à caractère commercial ou fi-
nancier sa qualité de locataire gérant.
Il faut signaler que selon l’article 112, le tribunal peut déclarer immédia-
tement exigibles les dettes du propriétaire lorsqu’il estime que la location
gérance met en péril leur recouvrement. Le tribunal est saisi à la demande
de tout intéressé dans le délai de trois mois à compter de la publicité.

Section 2 - La cession
Paragraphe 1er - Les conditions de la cession
Il y a les conditions de fonds et les conditions de forme.
I - Les conditions de fond
La cession d’un fonds de commerce est, comme tout contrat de vente,
soumise aux règles générales sur la vente. Elle obéit, en outre, aux règles
spécifiques contenues dans l’Acte uniforme. Ces règles concernent pour
l’essentiel l’objet de la vente et le prix. Selon l’article 116, alinéa 1er la

78
11179

cession porte obligatoirement sur le fonds commercial. Rien ne s’oppose


cependant à ce que la cession porte aussi sur d’autres éléments du fonds
de commerce. La cession peut être limitée à certains éléments du fonds ;
dans ce cas, on ne peut parler de cession du fonds.
Il existe d’autres règles applicables au prix. Les rédacteurs de l’Acte uni-
forme veulent que le prix soit sincère. C’est pourquoi ils condamnent les
pratiques de la dissimulation d’une partie du prix en déclarant nulle toute
contre-lettre ou convention ayant pour objet de dissimuler une partie du
prix de cession.
II - Les conditions de forme
Selon l’article 117 alinéa 1er, la vente d’un fonds de commerce peut être
réalisée soit par acte sous seings privés, soit par acte authentique. Ce texte
est complété par l’article 118 qui prévoit un certain nombre de mentions
devant figurer dans l’écrit :
 Eléments d’identification du vendeur et de l’acquéreur ;
 Numéro d’immatriculation au registre du commerce et du crédit mo-
bilier;
 Origine de la propriété du précédent vendeur, s’il y a lieu ;
 Etat des privilèges, nantissements et inscription grevant le fonds ;
 Chiffre d’affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières an-
nées d’exploitation ou depuis l’acquisition du fonds si celui-ci
n’est pas exploité depuis moins de trois ans ;
 Résultats commerciaux réalisés pendant la même période ;
 Date et durée du bail ;
 Prix convenu ;
 La situation et les éléments du fonds vendu ;
 Le nom et l’adresse de l’établissement bancaire désigné en qualité de
séquestre si la vente a eu lieu par acte sous seings privés.
L’omission ou l’inexactitude de ces mentions peut entraîner la nullité de
la vente. On peut être tenté de soutenir, compte tenu de cette exigence et
de cette sanction, que la vente du fonds de commerce n’est pas un contrat
consensuel mais un contrat solennel. Mais une telle analyse ne peut être
retenue. En effet dans les contrats solennels l’absence d’écrit entraîne la
nullité absolue ; or en matière de vente de fonds de commerce la nullité
est relative. Elle ne peut être prononcée que sur la demande de
l’acquéreur qui doit agir dans le délai d’un an et prouver que l’omission
ou l’inexactitude a substantiellement affecté la consistance du fonds et il a

79
11180

subi un préjudice de ce fait. Il s’y ajoute que dans les contrats solennels,
l’écrit est un acte authentique.
Paragraphe II - La publicité de la cession
La vente du fonds de commerce donne lieu à diverses formalités de publi-
cité qui sont, pour l’essentiel, organisées par l’Acte uniforme relatif au
droit commercial général.
L’article 120 prévoit ainsi que tout acte une cession de fonds de com-
merce doit être déposé en 2 copies certifiées conformes par le vendeur et
l’acquéreur au registre du commerce et du crédit mobilier.
Quant à l’article 121, il prévoit une formalité de publicité à la charge du
seul acquéreur. Celui-ci doit, dans les 15 jours qui suivent la vente, pu-
blier, l’acte sous forme d’avis dans un journal d’annonces légales parais-
sant au lieu où le vendeur est immatriculé.
Le vendeur et l’acquéreur doivent procéder à la mention modificative
correspondante au registre du commerce et du crédit mobilier.
Paragraphe III - Les effets de la cession
Il faut les examiner en analysant la situation des parties et celle des créan-
ciers du vendeur.
I - La situation du vendeur
La vente fait naître des obligations à la charge du vendeur et de
l’acquéreur.
A-.Les obligations du vendeur
Le vendeur a deux obligations : l’obligation de mettre le fonds à la dispo-
sition de l’acquéreur et l’obligation de garantie.
1). L’obligation de mettre le fonds à la disposition de l’acquéreur
C’est l’article 122 AU/DC qui est le siège de cette obligation. Selon
l’alinéa 1er de cet article, le vendeur est tenu de mettre le fonds à la dispo-
sition de l’acheteur à la date prévue par l’acte de cession. Le texte ne dit
pas cependant ce qu’il faut entendre par l’expression «mettre le fonds à la
disposition de l’acquéreur ».
A notre avis, il s’agit de l’obligation pour le vendeur de mettre
l’acquéreur en possession de tous les éléments du fonds.
L’exécution de cette obligation peut être différée. En effet selon l’article
122, alinéa 2 «…si le paiement du prix a été prévu au comptant, le ven-
deur n’est tenu sauf convention contraire entre les parties de mettre
l’acheteur en possession qu’à la date du complet paiement ».
2. L’obligation de garantie

80
11181

Cette obligation est prévue par les articles 123 et 124 qui se présentent
sous 3 aspects.
Il y a d’abord la garantie contre l’éviction. Cette garantie se dédouble :
le vendeur doit garantir l’acquéreur contre l’éviction totale ; ainsi selon
l’article 123, alinéa 3, il doit assurer à l’acquéreur la possession paisible
de la chose vendue et en particulier le garantir contre les droits que les
tiers prétendraient faire valoir sur le fonds vendu;
le vendeur doit également garantir contre l’éviction partielle c’est à dire
l’éviction portant sur certains éléments du fonds ; ainsi l’acquéreur peut
selon l’article 124 demander la résolution du contrat s’il est évincé par-
tiellement.
Il y a ensuite la garantie des vices cachés. Le vendeur doit garantir
l’acquéreur en raison des défauts cachés et l’article 124 prévoit la possibi-
lité pour l’acquéreur de demander la résolution de la vente si le fonds est
affecté de vices cachés ou s’il découvre des charges non déclarées dans
l’acte de vente. Il faut cependant que la diminution de jouissance que su-
bit cet acquéreur soit d’une importance telle qu’il n’aurait pas acheté le
fonds s’il en avait eu connaissance.
Il y a enfin la garantie du fait personnel. Selon l’article 123 alinéa 1er, le
vendeur doit s’abstenir de tout acte qui serait de nature à gêner
l’acquéreur dans l’exploitation du fonds vendu. Il ne doit pas en quelque
sorte se rétablir dans des conditions telles qu’il puisse conserver tout ou
partie de la clientèle.
D’ailleurs très souvent les parties insèrent dans leur contrat une clause de
non-rétablissement précisant les obligations du vendeur. Ces clauses ne
sont cependant valables que si elles sont limitées soit dans le temps, soit
dans l’espace. L’article 123, alinéa 2, précise qu’une seule de ces limita-
tions suffit pour rendre la clause valable.
B. Les obligations de l’acquéreur
Le paiement du prix constitue l’obligation essentielle de l’acquéreur. Ce
paiement doit être fait aux jour et lieu fixé dans l’acte de vente entre les
mains du notaire ou d’un établissement bancaire désigné d’un commun
accord entre les parties. L’intermédiaire désigné est tenu de conserver les
sommes en qualité de séquestre pendant un délai de trente (30) jours à
compter de la publicité de la vente dans un journal d’annonces légales.
Si à l’expiration de ce délai, il n’y a pas d’opposition de la part des créan-
ciers, il devra tenir le prix à la disposition du vendeur. S’il y a opposition

81
11182

dans ce délai, le prix sera indisponible jusqu’à la mainlevée de


l’opposition.
Dans l’hypothèse où l’acquéreur n’exécute pas son obligation de payer le
prix, le vendeur est en droit de demander la résolution du contrat.
L’exercice de l’action résolutoire est subordonné à deux conditions :
 d’une part la notification de celle-ci aux créanciers inscrits sur le
fonds ;
 d’autre part la pré-notation qui doit être faite conformément à l’article
75 AU/S. Selon ce texte la pré-notation est autorisée par le Président
du Tribunal du lieu où la vente a été inscrite. Lorsque la pré-notation
est régulièrement faite, la validité des inscriptions ultérieures est su-
bordonnée à la décision à intervenir sur la résolution de la vente.
Selon l’article 136, alinéa 3, la juridiction compétente pour prononcer la
résolution de la vente est la juridiction où est inscrit le vendeur du fonds.
Il convient de signaler que le vendeur dispose de privilège sur le fonds de
commerce lorsque le prix n’est pas payé au comptant. Ce privilège doit
être inscrit au registre du commerce et du crédit mobilier.
En plus de l’obligation de payer le prix, l’acquéreur a l’obligation
d’accomplir les formalités de publicité.
II - La situation des créanciers du vendeur
La cession du fonds de commerce présente des dangers à l’égard des
créanciers. Ceux d’entre eux dont la créance n’est pas garantie par une
sûreté spéciale, risquent de ne pas rentrer dans leur fonds, notamment
lorsque, après avoir touché le prix de vente, le vendeur organise son in-
solvabilité. C’est pourquoi l’Acte uniforme donne deux droits à ces
créanciers.
Il y a d’abord le droit de faire opposition dans le délai de 30 jours à comp-
ter de la publication de la vente dans un journal d’annonces légales. Le
créancier qui entend faire opposition doit notifier celle-ci au notaire ou à
l’établissement bancaire désigné en qualité de séquestre, à l’acquéreur et
au greffe du tribunal dans lequel est tenu le RCCM où est inscrit le ven-
deur. L’opposition a pour effet de rendre indisponible le prix de vente
jusqu’à la mainlevée ; elle a seulement un effet conservatoire. Il appar-
tient à l’opposant de saisir la juridiction compétente pour faire constater
sa créance et recevoir le paiement de celle-ci. Si cette action n’est pas
exercée dans le délai d’un mois à compter de l’opposition, le vendeur peut
en obtenir la mainlevée en justice. Le vendeur peut aussi obtenir la main-
levée amiable de l’opposant. A coté de l’opposition, il existe une autre

82
11183

institution permettant de sauvegarder les droits des créanciers ; c’est la


surenchère. Selon l’article 131 AU/DC «tout créancier ayant inscrit un
privilège ou un nantissement ou ayant régulièrement fait opposition peut,
dans le délai d’un mois à compter de la publicité de la vente dans un jour-
nal d’annonces légales, former une surenchère du sixième (1/6) du prix
global du fonds figurant à l’acte de vente ». Le surenchérisseur doit con-
signer dans le même délai au greffe de la juridiction compétente le mon-
tant du prix augmenté du sixième (1/6). Lorsque la surenchère est réguliè-
rement faite, la vente aura lieu à la barre de la juridiction dans la forme
des criées.
Section 3 - Le nantissement du fonds de commerce
Le nantissement conventionnel du fonds de commerce est un contrat par
lequel un débiteur consent à son créancier une garantie dont l’assiette
porte sur le fonds. C’est l’Acte uniforme portant organisation des sûretés
qui fixe les conditions, les règles de publicité et les effets du nantisse-
ment.
Paragraphe I - Les conditions
I - Conditions de fond
Le nantissement porte sur la clientèle, l’enseigne, le nom commercial, le
droit au bail et les licences d’exploitation. Il peut aussi porter sur les
autres éléments incorporels du fonds et sur le matériel à la double condi-
tion qu’il y ait une clause spéciale les désignant et qu’il y ait une mention
particulière au registre du commerce et du crédit mobilier.

II - Conditions de forme
Le nantissement doit faire l’objet d’un écrit qui peut être soit un acte au-
thentique, soit un acte sous seings privés dûment enregistré. Cet écrit doit
à peine de nullité comporter les mentions énumérées dans l’article 70 de
l’AU/Sûretés.
Paragraphe II - Les règles de publicité
Le nantissement doit faire l’objet d’une inscription au registre du com-
merce et du crédit mobilier.
Lorsqu’il porte sur des brevets d’inventions, des marques de fabrique,
des dessins ou modèles ou sur le matériel, le créancier doit en plus de
l’inscription de sa sûreté effectuer la publicité prévue par les dispositions

83
11184

relatives à la propriété intellectuelle et les dispositions de l’Acte uniforme


portant organisation des sûretés sur le nantissement du matériel.
Le créancier doit enfin notifier au bailleur de l’immeuble dans lequel est
exploité le fonds le bordereau d’inscription.
Selon l’article 83 de l’AU/Sûretés l’inscription conserve les droits du
créancier pendant cinq ans à compter de sa date. Son effet cesse si elle n’a
pas été renouvelée avant l’expiration de ce délai.
Paragraphe III - Les effets
Le nantissement confère au créancier inscrit un droit de surenchère qu’il
peut exercer conformément aux dispositions prévues pour la vente du
fonds de commerce, un droit de suite et un droit de préférence. Il confère
aussi un droit à l’information. Ainsi le propriétaire du fonds qui entend
déplacer celui ci doit au moins 15 jours à l’avance notifier au créancier
inscrit son intention en indiquant le nouvel emplacement qu’il entend
choisir. Le créancier inscrit qui a reçu notification a deux possibilités :
soit il refuse de consentir au déplacement ; dans ce cas, il peut, dans un
délai de 15 jours suivant la notification, demander la déchéance du terme
s’il y a diminution de sa sûreté ;
soit il donne son consentement ; dans ce cas, il conserve sa sûreté s’il fait
mentionner son accord en marge de l’inscription initiale dans le délai de
15 jours après la notification. Le bailleur qui entend poursuivre la résilia-
tion du bail de l’immeuble dans lequel est exploité le fonds doit notifier sa
demande par acte extrajudiciaire aux créanciers inscrits. La résiliation du
bail (judiciaire, amiable ou par le jeu d’une clause résolutoire) ne peut in-
tervenir qu’à l’expiration d’un délai de deux mois suivant la notification.
Il faut signaler pour terminer que l’inscription du nantissement produit
des effets sur la situation des créanciers chirographaires. Ceux- ci peuvent
en effet obtenir en justice la déchéance du terme en cas d’inscription d’un
nantissement postérieurement à leur créance ayant pour cause
l’exploitation du fonds. Il en de même lorsque les éléments du fonds af-
fectés à la sûreté du créancier nanti sont vendus.

ANNEXES

84
11185

1 - REGLEMENT N° 15/2002/CM/UEMOA RELATIF AUX


SYSTEMES DE PAIEMENT DANS LES ETATS MEMBRES DE
L’UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE
(UEMOA) EXPOSE DES MOTIFS

2- REGLEMENT N° 15/2002/CM/UEMOA RELATIF AUX


SYSTEMES DE PAIEMENT DANS LES ETATS MEMBRES DE
L’UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE
(UEMOA) TEXTE

3 - EXTRAIT DE LA LOI N° 96 – 13 DU 28 AOUT 1996 PORTANT


LOI UNIFORME SUR LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT

4 - DIRECTIVE N°08/2002/CM/UEMOA PORTANT SUR LES


MESURES DE PROMOTION DE LA BANCARISATION ET DE
L’UTILISATION DES MOYENS DE PAIEMENT SCRIPTURAUX

5 - LOI N° 2004 – 15 DU 4 JUIN 2004 RELATIVEAUX MESURES


DE PROMOTION DE LA BANCARISATION ET DE
L’UTILISATION DES MOYENS SCRIPTURAUX DE PAIEMENT

6 – EXTRAIT ACTE UNIFORME RELATIF AU DROIT


COMMERCIAL GENERAL

7 – ACTE UNIFORME PORTANT ORGANISATION DES


PROCEDURES COLLECTIVES D’APUREMENT DU PASSIF

85
11186

REGLEMENT N° 15/2002/CM/UEMOA RELATIF AUX


SYSTEMES DE PAIEMENT DANS LES ETATS MEMBRES DE
L’UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE
(UEMOA)
Exposé des motifs

La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a initié


un important de projet de modernisation des systèmes de paiement des
Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA). La mise en œuvre de ce projet requiert la mise en place d’une
nouvelle infrastructure dont la sécurité technique doit aller de pair avec sa
sécurité juridique aux plans légal, réglementaire et conventionnel. La
réponse aux multiples exigences de sécurité nécessite la modernisation du
cadre juridique actuel par l’adoption de nouveaux textes plus appropriés,
l’abrogation des textes inadéquats ou l’amélioration des textes
insuffisants.
C’est la raison pour laquelle, il est apparu opportun de conférer une
meilleure lisibilité aux missions de la BCEAO en matière de systèmes de
paiement en vue de fonder le pouvoir réglementaire qu’elle sera amenée à
exercer dans le cadre de ses interventions au titre de la gestion et du con-
trôle des systèmes. La Banque Centrale a une mission générale de surveil-
lance du bon fonctionnement des systèmes de paiement. La portée de
cette tâche doit dépasser ses seuls rapports avec les banques et établisse-
ments financiers de l’Union tels que prévus par l'article 26, Section 5 de
ses Statuts.

86
11187

Les nouvelles responsabilités confiées à la Banque Centrale doivent


être accompagnées de la reconnaissance, pour les établissements ban-
caires et financiers, d'une faculté de participer aux systèmes de paiement
dont la Banque Centrale aura la charge et leur soumission aux règles par-
ticulières régissant lesdits systèmes. La sécurité de ces systèmes implique
la reconnaissance de l'irrévocabilité des transactions qui y sont effectuées
à partir d'un moment à déterminer. Il est également consacré que nonobs-
tant toute disposition contraire, les ordres de transfert introduits dans un
système de paiements interbancaires conformément aux règles de fonc-
tionnement dudit système ainsi que la compensation effectuée en chambre
de compensation ou à un Point d'Accès à la Compensation dans le respect
des règles de fonctionnement du système de paiements interbancaires
concerné sont opposables aux tiers et à la masse, et ne peuvent être annu-
lés jusqu’à l’expiration du jour où est rendu le jugement d’ouverture
d’une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens à
l’encontre d’un participant, même au motif qu’est intervenu ce jugement.
Toutefois, il est à préciser que, quelle que soit la pertinence de ce
dispositif, l’importance de son apport dans le développement des rapports
économiques et commerciaux au sein de l’UEMOA sera fonction de
l’adhésion du plus grand nombre d’acteurs. Or, en l’état actuel, il con-
vient de déplorer la faible utilisation de la monnaie scripturale et
l’utilisation très marginale des moyens scripturaux de paiement notam-
ment électroniques. Cet état de fait est lié à un faible taux de bancarisa-
tion qui traduit une certaine réticence vis-à-vis des moyens de paiement
scripturaux et des banques d’une manière générale. Ainsi, la thésaurisa-
tion atteint des proportions très importantes limitant la circulation de la
monnaie et aggravant les inconvénients liés à la gestion onéreuse de
l’utilisation de la monnaie fiduciaire.
Le nouveau dispositif portant réforme des systèmes et moyens de
paiement doit, par conséquent, être complété par des mesures pertinentes
tendant à inciter les entreprises et les particuliers à utiliser les nouveaux
moyens et procédés de paiement et améliorer ainsi le taux de bancarisa-
tion au sein de l’espace UEMOA. De telles mesures visent principalement
les banques, les commerçants et autres particuliers mais exigent égale-
ment une forte implication des Etats membres.
La modernisation des systèmes de paiement nécessite la mise en
place d'un dispositif complémentaire de sécurisation desdits systèmes qui

87
11188

renforce notamment ses bases juridiques et financières. Ce dispositif


complémentaire doit s'attacher :
-d'une part, à la sécurisation des paiements électroniques par la
reconnaissance dans la zone UEMOA de la preuve
électronique relativement à tous les instruments et procédés de
paiement électronique, aussi bien ceux déjà existants que ceux
à venir;
-d’autre part, à la sécurisation des transactions financières en
permettant aux participants du système de paiement de garantir
leurs transactions par la réglementation de la cession
temporaire de titres. L’objectif visé consiste à donner une
assise juridique suffisante à la cession temporaire des titres, en
prévenant le risque de requalification juridique en un autre type
d’opération et la remise en cause des transactions du fait du
droit des procédures d’apurement du passif et ce, en mettant en
place un dispositif fiscal et comptable qui tienne compte de sa
spécificité. Autrement dit, il est question de conférer à ce mode
de financement une protection juridique de haut niveau pour
assurer la sécurité des transactions.
La mise en place d'un système de paiement moderne nécessite une
prise en compte des différents modes de virement et de transfert adaptés
aux transactions économiques et financières dématérialisées.
L’introduction du support électronique dans les transactions bancaires et
financières et dans les systèmes de paiement participe de cet élan
d’innovation et d’adaptation, c’est-à-dire, de modernisation des systèmes
de paiement dans les Etats membres de l’UEMOA . Cette mise en place
du système de paiement moderne appelle un encadrement approprié par le
droit de cette nouvelle réalité devant se traduire par une prise en compte
des nouveaux instruments et procédés électroniques de transfert de fonds
dans la nouvelle réglementation.
La Loi Uniforme sur les Instruments de Paiement qui constitue la
source principale de la réglementation des instruments de paiement dans
l’espace UEMOA n’avait pas suffisamment pris en compte les progrès
technologiques qui ont affecté les systèmes de paiement. De sorte
qu’aujourd’hui, mise à part la carte bancaire, elle ne prend pas en charge
les nouveaux instruments et procédés de paiement nés de l’évolution
technologique. En effet, cette Loi Uniforme avait été adoptée dans un

88
11189

contexte de méfiance généralisée à l’égard des moyens scripturaux de


paiement, à savoir : le chèque, la carte bancaire, la lettre de change et le
billet à ordre. Les grandes orientations de cette Loi Uniforme étaient donc
axées sur la restauration de la confiance du public à l’endroit desdits
moyens. C'est à ce titre qu’elle avait prévu un important dispositif visant
la sécurité et la fiabilité de ces moyens de paiement. Cet objectif a justifié
la mise en place d’une Centrale des Incidents de Paiement et
l’introduction de certaines innovations telles que :
-le pouvoir conféré aux banques de faire leur propre police en
matière de chèque sans provision ;
-l’instauration d’un système d’interbancarité à travers la promotion
de la carte bancaire ;
-l’institution d’un mécanisme de Centralisation informative des
Incidents de Paiement relevés sur les lettres de change et billets à
ordre domiciliés en banque.
-
Ces mesures revêtent toujours la même actualité et il est primordial,
de ce point de vue, de capitaliser l’ensemble des dispositions pertinentes
qui les contenaient.
Toutefois, le développement fulgurant, dans le monde des affaires,
des nouveaux modes de transfert électronique de fonds, impose une ré-
forme qui suscite des enjeux à la mesure de l’importance des change-
ments qui vont s’opérer dans les systèmes de paiement. Aussi, est-il né-
cessaire de tenir compte des problèmes nouveaux liés à l’utilisation des
instruments et procédés électroniques de transfert de fonds. Ces pro-
blèmes concernent :
-l’identification et l’authentification de l’expéditeur ainsi que du
destinataire des messages de données ;
-la confidentialité des données transmises par des supports
électroniques et, par conséquent, la sécurité des échanges
dématérialisés ;
-l’absence de législation appropriée sur les infractions liées aux
cartes bancaires et autres instruments et procédés de paiement
électronique qui peut favoriser l’utilisation de ce système
moderne de paiement aux fins de fraude, d’abus et de
contrefaçon ;

89
11190

-l’insécurité juridique liée à la méconnaissance de la preuve


électronique par le droit positif dans les Etats membres de
l’UMOA.
Le nouveau dispositif vise donc à garantir la sécurité des messages
qui seront transmis. Il permet, d’une part, de prendre en considération les
nouveaux instruments électroniques de paiement et d’autre part, de tirer
les conséquences, au plan de la politique criminelle, de cette nouveauté,
en prévoyant un traitement approprié des infractions pouvant naître de
l’utilisation des nouveaux instruments de transfert électronique de fonds.
Cependant, il est à préciser que les virements par carte restant et
demeurant un élément déterminant du dispositif, il ne s’agira pas de subs-
tituer les virements électroniques aux virements traditionnels par carte
mais simplement d’intégrer les nouveaux modes de virement dans le dis-
positif juridique actuel. Ainsi, le contenu du Titre II de la Loi Uniforme
relatif aux cartes de paiement et de retrait a été modifié pour être consacré
dorénavant aux cartes bancaires et autres instruments et procédés de
paiement électronique d'une manière générale afin de prendre en compte
aussi bien les paiements par carte bancaire, par porte-monnaie électro-
nique et le télépaiement, ainsi que les autres formes de paiement électro-
nique à naître.
Il est également nécessaire de souligner que, relativement aux con-
séquences, au plan de la politique criminelle, de l’introduction de
l’électronique dans les transactions bancaires et financières, un dispositif
de traitement des infractions liées à l’utilisation des nouveaux moyens et
procédés de paiement a été prévu. En effet, une des conséquences ma-
jeures de l’élan de modernisation est d’avoir suscité l’apparition de nou-
velles normes juridiques et par conséquent de nouveaux types d’écarts à
ces normes. Pour assurer la sécurité et la pérennité des systèmes de paie-
ment, la nouvelle législation se devait donc d’adopter une politique crimi-
nelle de modernisation afin de protéger la société contre les formes mo-
dernes de délinquance. D’où l’incrimination de formes nouvelles de
fraudes, d’abus et de contrefaçon des nouveaux instruments et procédés
de paiement.
Toutefois, la prise en charge de ces nouveaux types d’écarts par le
droit pénal ne saurait être vue comme un recul par rapport au mouvement
de dépénalisation amorcé depuis 1995 par cette même Loi Uniforme sur
les Instruments de Paiement. Il s’agira, au contraire, tout en poursuivant

90
11191

et en approfondissant la désescalade dans le système des sanctions aux


infractions ne suscitant pas une véritable réprobation sociale, de veiller à
la criminalisation des nouvelles formes d’écarts susceptibles de porter at-
teinte à des valeurs protégées par la société. C’est cette recherche
d’équilibre entre l’impératif objectif de sécurité et l’ardent désir de justice
qui, fondée sur un souci d’efficacité, a imprimé aux dispositions conte-
nues dans le présent Règlement leur caractère tantôt préventif, tantôt ré-
pressif. La nomenclature desdites dispositions pénales fait apparaître de
nouvelles infractions qui viennent s’ajouter à celles préexistantes, consti-
tuant ainsi une véritable architecture de politique criminelle reposant sur
ses deux piliers fondamentaux : la prévention des écarts et leur répression,
le cas échéant.
En conséquence, le présent Règlement abroge et remplace toutes
dispositions de droit interne contraires ou traitant du même objet, notam-
ment la Loi Uniforme relative aux Instruments de Paiement, à l’exception
de ses articles 83 à 90, 106 à 108 qui comportent des dispositions pé-
nales. Un tableau annexé au présent Règlement précise la concordance
entre les dispositions pénales de la Loi Uniforme et celles du Règlement
contenant des infractions.
-Enfin, la Loi Uniforme sur les Instruments de Paiement ayant
soulevé des difficultés pratiques de mise en œuvre dans
certaines de ses dispositions, il était nécessaire pour la
rendre plus opérationnelle d’améliorer certaines de ses
dispositions.

91
11192

REGLEMENT N°15/2002/CM/UEMOA RELATIF AUX


SYSTEMES DE PAIEMENT DANS LES ETATS MEMBRES DE
L’UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE
(UEMOA)
-------------------------
Le Conseil des Ministres
de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)

Vu le Traité de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine


(UEMOA) en
date du 10 janvier 1994, notamment en ses articles 6, 7, 16, 21, 42,
43, 44, 45, 95, 96, 98, 112 et 113 ;
Vu le Traité du 14 novembre 1973 constituant l’Union Monétaire Ouest
Africaine
(UMOA), notamment en son article 22 ;
Vu l’avis du Comité des Experts Statutaire en date du 13 septembre
2002
Sur proposition conjointe de la Commission de l’UEMOA et de la
BCEAO ;
Edicte le Règlement dont la teneur suit :
PREMIERE PARTIE : DISPOSITIONS GENERALES
TITRE PRELIMINAIRE : Définitions
Article 1er
Pour l’application des dispositions du présent Règlement, il convient
d’entendre par :
-BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest,
dénommée dans le présent Règlement la Banque Centrale ;
-Bénéficiaire : une personne désignée dans un ordre de paiement
pour recevoir des fonds ;
-Carte de paiement : une carte émise par les organismes visés à
l'article 42 et permettant à son titulaire de retirer ou de virer des
fonds ;

92
11193

-Carte de retrait : une carte émise par les organismes visés à l'article
42 et permettant exclusivement à son titulaire de retirer des
fonds ;
-Certificat électronique qualifié : un certificat électronique
répondant en outre aux exigences définies à l’article 26 du
présent Règlement ;
-Certificat électronique : un document sous forme électronique
attestant du lien entre les données de vérification de signature
électronique et un signataire ;
-Destinataire : une personne censée recevoir le message de
données ainsi que le paiement qui doit y faire suite ;
-Dispositif de création de signature électronique : un matériel ou un
logiciel destiné à mettre en application les données de création de
signature électronique ;
-Dispositif de vérification de signature électronique : un matériel ou
logiciel destiné à mettre en application les données de vérification
de signature électronique ;
-Dispositif sécurisé de création de signature électronique : un
dispositif qui satisfait aux exigences définies à l’article 23;
-Données de création de signature électronique : les éléments
propres au signataire, tels que des clés cryptographiques
publiques, utilisés pour créer la signature électronique ;
-Données de vérification de signature électronique : les éléments,
tels que des clés cryptographiques publiques, utilisés pour
vérifier la signature électronique ;
-Ecrit : toutes les formes d’expression dotées d’une signification
lisible ;
-Expéditeur : une personne qui émet l’ordre de paiement et au nom
de qui le virement est opéré. Le terme peut aussi désigner la
banque expéditrice qui reçoit l’ordre de paiement ;
-Intermédiaire : une personne qui, au nom et pour le compte d’une
autre, envoie, reçoit ou conserve des messages de données.
L’intermédiaire est astreint aux mêmes obligations que son
mandataire ;

93
11194

-Message de données : l’information créée, envoyée ou reçue par


des procédés ou moyens électroniques ou optiques ou des
procédés ou moyens analogues, notamment, l’échange de
données informatisées, la messagerie électronique, le télégraphe,
le télex, la télécopie et l’image-chèque ;
-Monnaie électronique : une valeur monétaire représentant une
créance sur l’émetteur qui est stockée sur un support électronique
ou sur un support de même nature, émise contre la remise de
fonds d’un montant dont la valeur n’est pas inférieure à la valeur
monétaire émise et acceptée comme moyen de paiement par des
entreprises autres que l’émetteur. Comme moyen de stockage
électronique de valeur monétaire reposant sur un support
technique la monnaie électronique peut être utilisée pour
effectuer des paiements à des entreprises autres que l’émetteur
sans faire intervenir nécessairement des comptes bancaires dans
la transaction. La monnaie électronique peut reposer sur un
support matériel comme la carte à puce ou sur tout autre moyen
similaire. Elle peut aussi reposer sur un logiciel intégré dans un
ordinateur personnel ;
-Monnaie scripturale : tout instrument ou procédé sur support
papier ou électronique admis par le présent Règlement comme
moyen de paiement valable ;
-OHADA :Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit
des Affaires
-Ordre de paiement : une instruction inconditionnelle, sous forme de
message de données, donnée par un expéditeur à une banque
réceptrice de mettre à la disposition d’un bénéficiaire une somme
d’argent déterminée ou déterminable. Le paiement effectué sur
demande du bénéficiaire, quel qu’en soit le moyen utilisé, ne
constitue pas un ordre de paiement ;
-Porte-monnaie électronique : une carte de paiement prépayée, c'est-
à-dire sur laquelle une certaine somme d'argent a été chargée,
permettant d’effectuer des paiements électroniques de montants
limités ;
-Prestataire de services de certification électronique : toute
personne qui délivre des certificats électroniques ou fournit
d’autres services en matière de signature électronique ;

94
11195

-Qualification des prestataires de services de certification


électronique : l’acte par lequel un tiers, dit organisme de
qualification, atteste qu’un prestataire de services de certification
électronique fournit des prestations conformes à des exigences
particulières de qualité ;
-Signataire : toute personne qui met en œuvre un dispositif de
création de signature électronique ;
-Signature électronique sécurisée : une signature électronique qui
satisfait, en outre, aux exigences suivantes :
;

son contrôle exclusif ;

modification ultérieure de l’acte soit détectable ;


-Signature électronique : une donnée qui résulte de l’usage d’un
procédé répondant aux conditions définies à l’article 23 du
présent Règlement ;
-Télépaiement : un procédé technique qui permet de transférer un
ordre de paiement à distance par l’utilisation d’instruments ou de
mécanismes d’émission d’ordre sans contact physique entre les
différents intervenants (participants) ;
-UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine,
dénommée dans le présent Règlement l'Union ;
-UMOA : Union Monétaire Ouest Africaine ;
-Virement électronique : une série d’opérations commençant par
l’ordre de paiement du donneur d’ordre effectué par des moyens
ou procédés électroniques de paiement dans le but de mettre des
fonds à la disposition d’un bénéficiaire. Il peut notamment être
effectué au moyen d’une carte bancaire, d’un porte-monnaie
électronique ou par le procédé du télépaiement ou de tout autre
mode électronique de paiement.
Article 2
Le présent Règlement vise la mise en place d'un dispositif juridique
relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l'UEMOA.
 TITRE I : Des participants
Article 3

95
11196

La Banque Centrale veille au bon fonctionnement et à la sécurité des


systèmes de paiement. Elle prend toutes les mesures requises en vue
d’organiser et d’assurer l’efficacité et la solidité des systèmes de paiement
par compensation interbancaire et des autres systèmes de paiement au
sein de l’Union et avec les pays tiers.
Article 4
Les banques et établissements financiers visés aux articles 3 et 4 de
la Loi portant Réglementation Bancaire peuvent participer à tout système
de paiement.
Ils sont soumis aux règles particulières applicables aux dits systèmes
sans préjudice des dispositions du présent Règlement.
 TITRE II : Des opérations
Article 5
Les opérations de règlement des établissements bancaires et finan-
ciers effectuées par le biais d’un système de paiement sont définies dans
les conditions fixées par les règles régissant ledit système.
Article 6
Nonobstant toute disposition contraire, les ordres de transfert intro-
duits dans un système de paiements interbancaires conformément aux
règles de fonctionnement dudit système, sont opposables aux tiers et à la
masse et ne peuvent être annulés jusqu’à l’expiration du jour où est rendu
le jugement d’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens à l’encontre d’un participant, même au motif qu’est
intervenu ce jugement.
Ces dispositions sont également applicables aux ordres de trans-
fert devenus irrévocables. Le moment auquel un ordre de transfert de-
vient irrévocable dans le système est défini par les règles de fonction-
nement dudit système.
Article 7

96
11197

Nonobstant toute disposition contraire, la compensation effectuée en


chambre de compensation ou à un Point d'Accès à la Compensation dans
le respect des règles de fonctionnement du système de paiement interban-
caire concerné, est opposable aux tiers et à la masse et ne peut être annu-
lée au seul motif que serait rendu un jugement d’ouverture d’une procé-
dure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens à l’encontre
d’un participant au dit système.
 TITRE III : De la promotion et de l'utilisation des moyens
scripturaux de paiement
Article 8
Toute personne physique ou morale établie dans l’un des Etats
membres, possédant un revenu régulier dont la notion est définie par une
instruction de la Banque Centrale, a droit à l’ouverture d’un compte au-
près d’une banque, telle que définie par l'article 3 de la Loi portant Ré-
glementation Bancaire, ou auprès des services financiers de la Poste.
En cas de refus d’ouverture de compte opposé par trois établisse-
ments successivement, la Banque Centrale peut désigner d’office une
banque qui sera tenue d’ouvrir un compte donnant droit à un service ban-
caire minimum.
Article 9
Tout commerçant, au sens de l’Acte Uniforme de l’OHADA relatif
au Droit Commercial Général, est tenu d’ouvrir un compte auprès des
services financiers de la Poste ou d’une banque établie dans un Etat
membre. Il en indique la domiciliation et le numéro sur les factures ou
autres documents par lesquels il réclame paiement.
Les intérêts moratoires ne sont pas dus, nonobstant toute mise en
demeure, sommation, clause contractuelle ou disposition contraire, aussi
longtemps que les indications prévues à l’alinéa précédent n’auront pas
été communiquées au débiteur.
Article 10
L’ouverture d’un compte de dépôt donne droit à un service bancaire
minimum comprenant :
1.la gestion du compte ;
2.la mise à disposition d’au moins un instrument de paiement,
entouré des sécurités nécessaires ;

97
11198

3.la possibilité d’effectuer des virements (domiciliation,


encaissement et paiement) à partir de ce compte ;
4.la possibilité d'effectuer des prélèvements à partir de ce compte ;
5.la réception et la remise en compensation d’opérations de
paiements pour le compte du client ;
6.la délivrance au client de relevés de compte trimestriels et, à sa
demande, de Relevés d'Identité Bancaire ou Postale.
Les conditions supplémentaires d’usage du compte, ainsi que les
pénalités encourues en cas de mauvaise utilisation ou de fraude seront
spécifiées dans la convention d’ouverture de compte.
Article 11
Dans les relations entre commerçants agissant dans l’exercice de
leur commerce, ceux-ci ne peuvent refuser les paiements ou versements
de sommes d’argent d'un montant supérieur ou égal au montant de réfé-
rence, effectués par virement sur un compte ouvert auprès des services
financiers de la Poste ou d’une banque, à moins qu'il n'y ait un autre
moyen scriptural de paiement approprié pour servir au paiement du mon-
tant inférieur au montant de référence.
En outre, dans leurs relations entre eux ou avec leurs clients, les
commerçants ne peuvent refuser les paiements ou versements de sommes
d’argent d'un montant supérieur ou égal au montant de référence, effec-
tués par chèque pré-barré ou non, à moins qu'il n'y ait un autre moyen
scriptural de paiement approprié pour servir au paiement du montant infé-
rieur au montant de référence.
Le montant de référence est fixé par arrêté du Ministre chargé des
Finances.
Article 12
Les banques et services financiers de la Poste sont tenus de déclarer
à la Banque Centrale, en précisant le motif fourni le cas échéant, par le
client, toute opération portant sur un montant fixé annuellement par arrêté
du Ministre chargé des Finances dépassant un certain seuil, réalisée en
monnaie fiduciaire, en une seule fois ou en plusieurs fois, dans un inter-
valle de temps réduit fixé par instruction de la Banque Centrale. Ils de-
vront, dans ce cas, conseiller au client l’utilisation d’un autre procédé, no-
tamment un virement ou un chèque certifié.
Cependant, cette règle ne s’applique pas aux opérations de :

98
11199

-retrait en espèces du solde d’un compte au moment de sa


fermeture ;
-dépôt d’espèces pour renflouer un compte débiteur ;
-dépôt d’espèces par une personne ou une entreprise dont la nature
de l’activité nécessite l’usage d’un tel procédé, notamment les
entreprises de transport public, les supermarchés et les stations
services.
Article 13
L’utilisation régulière des moyens scripturaux peut entraîner une
remise sur les frais de mise à disposition et d’utilisation dudit moyen.
Elle peut également entraîner la gratuité de la gestion du compte.
Article 14
Le délai de paiement du client, calculé à partir du moment où
l’instrument ou l’ordre de paiement initial parvient à un guichet de
banque (remise d’un ordre de virement, dépôt d’un chèque pour encais-
sement), jusqu’au moment où le compte du bénéficiaire est crédité, est
réparti en trois périodes ainsi définies :
1.le temps de préparation de l’opération avant remise en
compensation qui ne peut dépasser quarante huit (48) heures ;
2.le délai de règlement de l’opération au compte de la banque
bénéficiaire imposé par le système de compensation ;
3.l’intervalle appelé « délai de ‘‘float’’ » situé entre le jour où la
banque a reçu les fonds sur son compte à la Banque Centrale
(résultat de la compensation) et le jour où ils sont crédités au
compte du client bénéficiaire fixé à un maximum de trois (3)
jours.
Article 15
Les conditions liées à l’usage du compte et des instruments de
paiement doivent être clairement spécifiées au client au moment de
l’ouverture du compte et mentionnées expressément et en caractères li-
sibles dans la convention d’ouverture de compte.
Article 16

99
111
100

Dans le cadre de leurs activités, les banques et établissements finan-


ciers prendront les mesures appropriées d'information et de sensibilisation
nécessaires à la vulgarisation des moyens de paiement scripturaux auprès
de leurs clients.
DEUXIEME PARTIE : DES MECANISMES DE
SECURISATION DES SYSTEMES DE PAIEMENT
 TITRE I : De la preuve électronique
Article 17
Les dispositions du présent titre s’appliquent à toute information, de
quelque nature qu’elle soit, prenant la forme d’un message de données
utilisé dans les transactions bancaires et financières et dans tous les sys-
tèmes de paiement.
Article 18
La preuve littérale ou preuve par écrit résulte d’une suite de lettres,
de caractères, de chiffres ou de tous autres signes ou symboles dotés
d’une signification intelligible, quels que soient le support et les modalités
de transmission.
Article 19
L’écrit sous forme électronique est admis en preuve au même titre
que l’écrit sur support papier et a la même force probante que celui-ci,
sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane
et qu’il soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir
l’intégrité.
Article 20
La conservation des documents sous forme électronique doit se faire
pendant une période de cinq ans et dans les conditions suivantes :
1.l’information que contient le message de données doit être
accessible pour être consultée ultérieurement ;
2.le message de données doit être conservé sous la forme sous
laquelle il a été créé, envoyé ou reçu, ou sous une forme dont
on peut démontrer qu’elle n’est susceptible ni de modification
ni d’altération dans son contenu et que le document transmis et
celui conservé sont strictement identiques ;

100
111
101

3.les informations qui permettent de déterminer l’origine et la


destination du message de données, ainsi que les indications
de date et d’heure de l’envoi ou de la réception, doivent être
conservées si elles existent.
Article 21
La signature électronique consiste en l’usage d’un procédé fiable
d’identification garantissant son lien avec l’acte auquel elle s’attache.
La fiabilité d’un procédé de signature électronique est présumée
jusqu’à preuve contraire, lorsque ce procédé met en œuvre une signature
électronique sécurisée, établie grâce à un dispositif sécurisé de création de
signature électronique et que la vérification de cette signature repose sur
l’utilisation d’un certificat qualifié.
Article 22
Une signature électronique ne peut être déclarée irrecevable au seul
motif qu’elle se présente sous forme électronique ou qu’elle ne repose pas
sur un certificat qualifié ou qu’elle n’est pas créée par un dispositif sécu-
risé de création de signature.
La signature électronique sécurisée liée à un certificat électronique
qualifié a la même force probante que la signature manuscrite.
Article 23
Un dispositif de création de signature électronique ne peut être con-
sidéré comme sécurisé que s’il satisfait aux exigences définies à l’alinéa 2
ci-après et s’il est certifié conforme à ces exigences dans les conditions
prévues par l’alinéa 3 ci-dessous.
Un dispositif sécurisé de création de signature électronique :
1.doit garantir, par des moyens techniques et des procédures
appropriés, que les données de création de signature électronique
ne peuvent être :
-établies plus d’une fois et que leur confidentialité est assurée ;
-trouvées par déduction et que la signature électronique est
protégée contre toute falsification ;
-protégées de manière satisfaisante par le signataire contre
toute utilisation par des tiers ;

101
111
102

2.ne doit entraîner aucune modification du contenu de l’acte à signer


et ne pas faire obstacle à ce que le signataire en ait une
connaissance exacte avant de le signer.
Un dispositif sécurisé de création de signature électronique doit être
certifié conforme aux exigences définies à l’alinéa 1 par des organismes
agréés par la Banque Centrale et selon des règles définies par instruction
prise à cet effet par elle.
La délivrance d’un certificat de conformité est publiée dans un jour-
nal habilité à recevoir des annonces légales ou selon les modalités fixées
par instruction de la Banque Centrale.
Article 24
Le contrôle de la mise en œuvre des règles prévues à l’article précé-
dent est assuré par les services de la Banque Centrale chargés de la sécuri-
té des systèmes d’information.

Article 25
Un dispositif de vérification de signature électronique doit être éva-
lué et peut être certifié conforme, selon les procédures définies par le Rè-
glement et mentionnées au paragraphe 2 alinéa 2 de l’article 23 ci-dessus,
s’il permet :
1.de garantir l’identité entre les données de vérification de
signature électronique utilisées et celles qui ont été portées à la
connaissance du vérificateur ;
2.d’assurer l’exactitude de la signature électronique ;
3.de déterminer avec certitude les conditions et la durée de
validité du certificat électronique utilisé ainsi que l’identité du
signataire ;
4.de détecter toute modification ayant une incidence sur les
conditions de vérification de la signature électronique.
Article 26
Un certificat électronique ne peut être regardé comme qualifié que
s’il est délivré par un prestataire de services de certification qualifié et s’il
comporte :
1.une mention indiquant que ce certificat est délivré à titre de
certificat électronique qualifié ;

102
111
103

2.l’identité du prestataire de services de certification


électronique ainsi que l’Etat dans lequel il est établi ;
3.le nom du signataire et, le cas échéant, sa qualité ;
4.les données de vérification de la signature électronique
correspondant aux données de création de celles-ci ;
5.l’indication du début et de la fin de la période de validité du
certificat électronique ainsi que le code d’identité de celui-
ci ;
6.la signature électronique sécurisée du prestataire de services de
certification qui délivre le certificat électronique ;
7.les conditions d’utilisation du certificat électronique,
notamment le montant maximum des transactions pour
lesquelles ce certificat peut être utilisé.
Article 27
Un prestataire de services de certification électronique doit satisfaire
aux exigences suivantes :
1.faire la preuve de la fiabilité des services de certification
électronique qu’il fournit ;
2.assurer le fonctionnement, au profit des personnes auxquelles le
certificat électronique est délivré, d’un service d’annuaire
recensant les certificats électroniques des personnes qui en font
la demande ;
3.assurer le fonctionnement d’un service permettant à la personne à
qui le certificat électronique a été délivré, de révoquer sans délai
et avec certitude ce certificat ;
4.veiller à ce que la date et l’heure de délivrance et de révocation
d’un certificat électronique puissent être déterminées avec
précision ;
5.employer du personnel ayant les connaissances, l’expérience et les
qualifications nécessaires à la fourniture de services de
certification électronique ;
6.appliquer des procédures de sécurité appropriées et utiliser des
systèmes et des produits garantissant la sécurité technique et
cryptographique des fonctions qu’ils assurent ;

103
111
104

7.prendre toute disposition propre à éviter la falsification des


certificats électroniques ;
8.garantir la confidentialité des données de création de signature
électronique lors de leur création et s’il les fournit au signataire,
et s’abstenir de conserver ou de reproduire ces données ;
9.veiller, dans le cas où sont fournies à la fois des données de
création et des données de vérification de la signature
électronique, à ce que les données de création correspondent aux
données de vérification ;
10.conserver, sous forme électronique, toutes les informations
relatives au certificat électronique qui pourraient s’avérer
nécessaires pour faire la preuve en justice de la certification
électronique ;
11.utiliser des systèmes de conservation des certificats électroniques
garantissant que :
-l’introduction et la modification des données sont réservées aux
seules personnes autorisées à cet effet par le prestataire ;
-l’accès du public à un certificat électronique ne peut avoir lieu
sans le consentement préalable du titulaire du certificat ;
-toute modification de nature à compromettre la sécurité du
système peut être détectée ;
12.vérifier, d’une part, l’identité de la personne à laquelle un
certificat électronique est délivré, en exigeant d’elle la
présentation d’un document officiel d’identité, d’autre part, la
qualité dont cette personne se prévaut et conserver les
caractéristiques et références des documents présentés pour
justifier de cette identité et de cette qualité ;
13.s’assurer au moment de la délivrance du certificat
électronique que les informations qu’il contient sont exactes et
que le signataire qui y est identifié détient les données de
création de signature électronique correspondant aux données de
vérification de signature électronique contenues dans le
certificat ;

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111
105

14.fournir par écrit à la personne qui demande la délivrance d’un


certificat électronique, avant la conclusion d’un contrat de
prestation de services de certification électronique et dans une
langue aisément compréhensible, les informations suivantes :
-modalités et conditions d’utilisation du certificat,
-soumission ou non à la qualification des prestataires de services
de certification,
-modalités de contestation et de règlements de litiges ;
15.fournir aux personnes qui se fondent sur un certificat
électronique les informations prévues au numéro précédent ;
16.posséder des garanties financières suffisantes pour exercer ses
activités et, le cas échéant, indemniser les utilisateurs de ses
services ayant subi des dommages du fait de l’inexécution ou de
la mauvaise exécution de ses obligations.
Article 28
Les prestataires de services de certification électronique qui satisfont
aux exigences de l’article 27 peuvent demander à être reconnus comme
prestataires qualifiés.
Cette qualification vaut présomption de conformité et est délivrée
par des organismes accrédités par les services de la BCEAO chargés de la
sécurité des systèmes d’information. Elle est précédée d’une évaluation
réalisée par ces mêmes organismes.
Une Instruction prise par la BCEAO détermine la procédure
d’accréditation des organismes de qualification et la procédure
d’évaluation et de qualification des prestataires de services de certifica-
tion électronique.
Article 29
Un certificat électronique délivré par un prestataire de services de
certification électronique établi hors du territoire de l’UEMOA a la même
valeur juridique que celui délivré par un prestataire de services de certifi-
cation établi sur ce territoire :
-Si le prestataire satisfait aux exigences fixées à l’article 27 du
présent Règlement ;
-Ou si un accord auquel la BCEAO est partie le prévoit
expressément.

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Article 30
Le contrôle du respect par les prestataires de services de certification
des exigences prévues à l’article 26 peut être effectué d’office ou à
l’occasion de toute réclamation mettant en cause un prestataire de ser-
vices de certification, par les services de la BCEAO chargés de la sécurité
des systèmes d’information ou par des organismes désignés par eux.
Lorsque ce contrôle révèle qu’un prestataire n’a pas satisfait à ces
exigences, les services de la BCEAO chargés de la sécurité des systèmes
d’information assurent la publicité des résultats de ce contrôle. Dans le
cas où le prestataire a été reconnu comme qualifié, ils en informent
l’organisme de qualification.
La Banque Centrale fixe par Instruction les sanctions pouvant être
prononcées à l'encontre des prestataires défaillants. Ces sanctions, pou-
vant aller jusqu’à l’interdiction d’exercer l’activité de prestataire de ser-
vices de certification, seront prononcées par les services compétents de la
BCEAO. Toute sanction prononcée devra faire l’objet de publication dans
un journal habilité à recevoir des annonces légales ou selon les modalités
fixées par instruction de la Banque Centrale.
Les mesures prévues à l’alinéa 2 ci-dessus doivent faire l’objet, pré-
alablement à leur adoption, d’une procédure contradictoire permettant au
prestataire de présenter ses observations.
 TITRE II : De la cession temporaire des titres
 CHAPITRE I : DISPOSITIONS GENERALES

Article 31
Le présent Règlement s’applique aux personnes morales, ainsi
qu’aux fonds communs de placement et aux fonds communs de créances.
Toutefois, les interdictions définies à l’article 7 de la Loi portant
Réglementation Bancaire ne font pas obstacle à ce qu’une entreprise,
quelle que soit sa nature, puisse prendre ou mettre en pension des valeurs
mobilières, des titres de créances négociables sur un marché réglementé
UEMOA ou étranger.
Article 32

106
111
107

La pension livrée est l’opération par laquelle une personne morale,


un fonds commun de placement ou un fonds commun de créances cède en
pleine propriété à une autre personne morale, à un fonds commun de pla-
cement ou à un fonds commun de créances, moyennant un prix convenu,
des valeurs, titres ou effets définis ci-après et par laquelle le cédant et le
cessionnaire s’engagent respectivement et irrévocablement, le premier à
reprendre les valeurs, titres ou effets, le second à les rétrocéder pour un
prix et à une date convenus.
Les valeurs, titres ou effets mentionnés ci-dessus sont :
1.les valeurs mobilières inscrites à la côte officielle d’un marché
UEMOA ou étranger ;
2.les titres de créances négociables sur un marché réglementé
UEMOA ou étranger ;
3.les effets publics ou privés ;
4.d’une manière générale, toutes les créances autres que les bons de
caisse, représentées par un titre négociable sur un marché.
Toutefois, seuls les banques et établissements financiers au sens de
la Loi portant Réglementation Bancaire peuvent prendre ou mettre en
pension les effets privés.
Les parties peuvent également convenir des remises complémen-
taires, en pleine propriété, de valeurs, titres ou effets ou de sommes
d’argent, pour tenir compte de l’évolution de la valeur des titres ou des
effets mis en pension.
Article 33
La pension porte sur des valeurs, titres ou effets, qui ne sont pas
susceptibles de faire l’objet, pendant toute la durée de l’opération de pen-
sion, du détachement d’un droit à dividende, ouvrant droit au crédit
d’impôt ou au paiement d’un intérêt soumis à la retenue à la source men-
tionnés dans les législations fiscales de chaque Etat membre de
l’UEMOA.
Outre l’arrivée du terme, l’amortissement, le tirage au sort condui-
sant au remboursement, l’échange, la conversion ou l’exercice d’un bon
de souscription mettent fin à l’opération de pension.

107
111
108

 CHAPITRE II : MODALITES DE REALISATION DE


L’OPERATION
Article 34
Les valeurs, titres ou effets dématérialisés et ceux créés matérielle-
ment sont dits livrés si, au moment de la mise en pension, ils sont effecti-
vement et physiquement délivrés au cessionnaire ou à son manda-
taire. Les valeurs doivent être préalablement endossées conformément
aux dispositions du présent Règlement.
Les valeurs, titres ou effets dématérialisés et ceux matériellement
créés, conservés chez un dépositaire central, mais circulant par virement
de compte à compte, sont dits livrés s’ils font l’objet, au moment de la
mise en pension, d’une inscription à un compte ouvert au nom du ces-
sionnaire chez un intermédiaire habilité, chez un dépositaire central ou, le
cas échéant, chez l’émetteur.
Article 35
La pension devient opposable aux tiers dès la livraison des valeurs,
titres ou effets, effectuée dans les conditions fixées à l’article 34 ci-
dessus.
Article 36
Au terme fixé pour la rétrocession, le cédant paye le prix convenu
au cessionnaire et ce dernier rétrocède les valeurs, titres ou effets au cé-
dant ; si le cédant manque à son obligation de payer le prix de la rétro-
cession, les valeurs, titres ou effets restent acquis au cessionnaire et si le
cessionnaire manque à son obligation de rétrocéder les valeurs, titres ou
effets, le montant de la cession reste acquis au cédant. La partie non dé-
faillante dispose, en outre, des recours de droit commun à l’encontre de la
partie défaillante.
En cas de livraison :
-d’actions et autres titres donnant ou pouvant donner accès,
directement ou indirectement, au capital ou aux droits de vote,
transmissibles par inscription en compte ou tradition ;
-de titres de créance qui représentent chacun un droit de créance sur
la personne morale qui les émet, transmissibles par inscription en
compte ou tradition, à l’exclusion des effets de commerce et des
bons de caisse ;

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111
109

-de parts ou d’actions d’organismes de placements collectifs contre


règlement d’espèces.
Le défaut de livraison ou de règlement, constaté à la date et dans les
conditions résultant des règles de place ou, à défaut, d’une convention
entre les parties, délie de plein droit de toute obligation la partie non dé-
faillante vis-à-vis de la partie défaillante, nonobstant toute disposition lé-
gislative contraire.
L’intermédiaire teneur de compte ou conservateur qui procède au
dénouement d’une opération par livraison des instruments financiers ci-
dessus mentionnés, peut se prévaloir des dispositions du présent article et
acquérir la propriété desdits instruments ou des espèces reçus de la con-
trepartie.
Aucun autre créancier du client défaillant ne peut opposer un droit
quelconque sur ces « instruments financiers » ou espèces.

Article 37
Les dettes et les créances afférentes aux opérations de pension oppo-
sables aux tiers, régies par une convention cadre, approuvée par les ser-
vices compétents de la Banque Centrale, et organisant les relations entre
deux parties sont compensables par les modalités prévues par ladite con-
vention cadre.
Cette convention cadre peut, lorsqu’une des parties fait l’objet d’une
des procédures prévues par l’Acte Uniforme portant organisation des Pro-
cédures Collectives d’Apurement du Passif, à l'exclusion de la Procédure
de Règlement Préventif, prévoir la résiliation de plein droit de l’ensemble
des opérations de pension mentionnées à l’alinéa précédent.
Les dispositions du présent article sont applicables nonobstant toute
disposition législative contraire.

 CHAPITRE III : DISPOSITIONS FISCALES ET COMPTABLES

Article 38

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110

La rémunération du cessionnaire, quelle qu’en soit la forme, consti-


tue un revenu de créance et est traitée sur le plan comptable et fiscal
comme des intérêts.
Lorsque la durée de la pension couvre la date de paiement des reve-
nus attachés aux valeurs, titres ou effets donnés en pension, le cession-
naire les reverse au cédant qui les comptabilise parmi les produits de
même nature. Ces reversements sont soumis chez le cédant au même ré-
gime fiscal que les revenus de valeurs, titres ou effets donnés en pension.
Article 39
En cas de défaillance de l’une des parties, le résultat de la cession
des valeurs, titres ou effets est égal à la différence entre leur valeur réelle
au jour de la défaillance et leur prix de revient fiscal dans les écritures du
cédant ; il est compris dans les résultats imposables du cédant au titre de
l’exercice au cours duquel la défaillance est intervenue ; ces valeurs, titres
ou effets sont réputés prélevés sur ceux de même nature acquis ou sous-
crits à la date la plus récente antérieure à la défaillance.
Article 40
La pension entraîne, chez le cédant, d’une part, le maintien à l’actif
de son bilan des valeurs, titres ou effets mis en pension et d’autre part,
l’inscription au passif du bilan du montant de sa dette vis-à-vis du ces-
sionnaire ; ces valeurs, titres ou effets et cette dette sont individualisés à
une rubrique spécifique dans la comptabilité du cédant. En outre, le mon-
tant des valeurs, titres ou effets mis en pension, ventilé selon la nature des
actifs concernés, doit figurer dans les documents annexés aux comptes
annuels.
Sous réserve des dispositions du présent article, les valeurs, titres ou
effets inscrits sous la rubrique mentionnée à l’alinéa précédent sont, pour
l’application des dispositions des législations fiscales des différents Etats
membres de l’Union, réputés ne pas avoir été cédés.
La dépréciation des valeurs, titres ou effets qui sont l’objet d’une
pension ne peut donner lieu, de la part du cessionnaire, à la constitution
d’une provision déductible sur le plan fiscal.
Article 41

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111

Les valeurs, titres ou effets reçus en pension ne sont pas inscrits au


bilan du cessionnaire ; celui-ci enregistre à l’actif de son bilan le montant
de sa créance sur le cédant.
Lorsque le cessionnaire cède des valeurs, titres ou effets qu’il a lui-
même reçus en pension, il constate au passif de son bilan le montant de
cette cession représentatif de sa dette de valeurs, titres ou effets qui, à la
clôture de l’exercice, est évaluée au prix de marché de ces actifs.
Les écarts de valeur constatés sont retenus pour la détermination du
résultat imposable de cet exercice.
Lorsque le cessionnaire donne en pension des valeurs, titres ou ef-
fets qu’il a lui-même reçus en pension, il inscrit au passif de son bilan le
montant de sa dette à l’égard du nouveau cessionnaire.
Les montants représentatifs des créances et dettes mentionnées au
présent article sont individualisés dans la comptabilité du cessionnaire.
TROISIEME PARTIE : DES INSTRUMENTS DE
PAIEMENT
 TITRE PRELIMINAIRE : Champ d'application
Article 42
Les dispositions du présent Règlement s'appliquent aux organismes
suivants :
-les banques au sens de l'article 3 de la Loi portant Réglementation
Bancaire ;
-les services des Chèques Postaux sous réserve des spécificités liées
à leur statut ;
-le Trésor Public et tout autre organisme dûment habilité par la loi.
Au sens du présent Règlement, le terme banquier désigne les orga-
nismes visés à l'alinéa précédent sans préjudice des dispositions particu-
lières qui leur sont applicables.

 TITRE I : Du chèque
 CHAPITRE I : DE L'OUVERTURE ET DU FONCTIONNEMENT
DES COMPTES
Article 43

111
111
112

Préalablement à l’ouverture d’un compte de dépôt, le banquier doit


s’assurer de l’identité et de l’adresse du demandeur, sur présentation d’un
document officiel original en cours de validité portant sa photographie,
contenant dans la mesure du possible des informations relatives à sa
filiation, ainsi que son adresse professionnelle ou domiciliataire. La
personne physique commerçante est tenue de fournir, en outre, toute pièce
attestant de son immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier.
L’identification d’une personne morale ou d’une succursale est
effectuée par la production d’une part, de l’original, l’expédition ou la
copie certifiée conforme de tout acte ou extrait du Registre du Commerce
et du Crédit Mobilier, attestant notamment de sa forme juridique, de son
siège social et, d’autre part, des pouvoirs des personnes agissant en son
nom.
Le banquier est tenu des mêmes diligences à l’égard de tout co-
titulaire de compte collectif, personne physique ou morale.
Le banquier doit informer les clients auxquels un chéquier est déli-
vré des sanctions encourues en cas de défense de payer faite en violation
de l'article 84 alinéa 3 du présent Règlement. Il est également tenu
d'adresser à son client un relevé de compte au moins une fois par mois.
Article 44
Les formules de chèques sont soumises à une normalisation définie
par Instruction de la Banque Centrale ou, le cas échéant, par arrêté minis-
tériel.
Les formules de chèques mentionnent l'adresse et le numéro de télé-
phone de l'agence bancaire auprès de laquelle le chèque est payable. Elles
mentionnent également le nom et l'adresse du titulaire du compte.
Article 45
Avant toute délivrance de formules de chèques, le banquier doit
s'informer de la situation du demandeur en consultant le fichier des inci-
dents de paiement prévu par l'article 127 du présent Règlement.
Il peut être délivré des formules de chèques pré-barrés non endos-
sables, sauf au profit d'un banquier.

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113

Les autres formules de chèques sont soumises à un droit de timbre


dont le montant sera fixé par arrêté ministériel. Ce droit perçu pour le
compte du Trésor Public est supporté par la personne qui demande la dé-
livrance de telles formules.
Article 46
Lorsqu'il en est délivré, les formules de chèques pré-barrés non en-
dossables sont gratuites.
Article 47
Le banquier peut, par décision dûment motivée, refuser de délivrer
au titulaire d'un compte les formules de chèques autres que celles qui sont
remises pour un retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou pour une
certification. Il peut, à tout moment, demander la restitution des formules
antérieurement délivrées.
La restitution doit être demandée lors de la clôture du compte.

 CHAPITRE II - DE LA CREATION ET DE LA FORME DU


CHEQUE

Article 48
Le chèque contient :
-la dénomination de chèque, insérée dans le texte même du titre et
exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce titre ;
-le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
-le nom de celui qui doit payer (tiré) ;
-l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
-l'indication de la date et du lieu où le chèque est créé ;
-la signature manuscrite de celui qui émet le chèque (tireur).
Article 49
Le titre dans lequel une des énonciations indiquées à l'article 48 ci-
dessus fait défaut ne vaut pas comme chèque, sauf dans les cas déterminés
par les alinéas suivants.
A défaut d'indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré
est réputé être le lieu de paiement. Si plusieurs lieux sont indiqués à côté
du nom du tiré, le chèque est payable au premier lieu indiqué.

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111
114

A défaut de ces indications ou de toute autre indication, le chèque


est payable au lieu où le tiré a son établissement principal.
Le chèque sans indication du lieu de sa création est considéré
comme souscrit dans le lieu désigné à côté du nom du tireur.
Article 50
Le chèque ne peut être tiré que sur un banquier ayant au moment de
l’émission du titre, des fonds suffisants à la disposition du tireur et con-
formément à une convention, expresse ou tacite, d'après laquelle le tireur
a le droit de disposer de ces fonds par chèque.
Les titres tirés, et payables dans l’un des Etats membres de
l’UEMOA sous forme de chèques, sur toute autre personne que celles vi-
sées au premier alinéa du présent article ne sont pas valables comme
chèques.
La provision doit être faite par le tireur ou par celui pour le compte
de qui le chèque sera tiré, sans que le tireur pour compte d'autrui cesse
d'être personnellement obligé envers les endosseurs et le porteur seule-
ment.
Le tireur seul est tenu de prouver, en cas de dénégation, que le tiré
avait provision au moment de la création du titre ; sinon il est tenu de le
garantir même si le protêt est fait après les délais fixés.
Article 51
Le chèque ne peut être accepté. Une mention d'acceptation portée
sur le chèque est réputée non écrite.
Toutefois, le tiré a la faculté de viser le chèque conformément aux
dispositions de l'article 77 du présent Règlement.
Article 52
Le chèque peut être stipulé payable :
-à une personne dénommée, avec ou sans clause expresse "à ordre" ;
-à une personne dénommée, avec la clause "non à ordre" ou une
clause équivalente ;
-au porteur.
Le chèque, au profit d'une personne dénommée, avec la mention "au
porteur" ou un terme équivalent, vaut comme chèque au porteur.
Le chèque sans indication du bénéficiaire vaut comme chèque au porteur.

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111
115

Article 53
Le chèque peut être à l'ordre du tireur lui-même.
Le chèque peut être tiré pour le compte d'un tiers.
Le chèque ne peut être tiré sur le tireur lui-même, sauf dans les cas où il
s'agit d'un chèque tiré entre différents établissements d'un même tireur et
à condition que ce chèque ne soit pas au porteur.

Article 54

Toute stipulation d'intérêts insérée dans le chèque est réputée non écrite.

Article 55
Le chèque peut être payable au domicile d'un tiers, soit dans la localité où
le tiré a son domicile, soit dans une autre localité, à condition toutefois
que le tiers soit un banquier au sens de l'article 42 alinéa 2 du présent
Règlement.

Cette domiciliation ne pourra pas être faite contre la volonté du porteur.

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111
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Article 56
Le chèque dont le montant est écrit à la fois en toutes lettres et en
chiffres vaut, en cas de différence, pour la somme écrite en toutes lettres.
Le chèque dont le montant est écrit plusieurs fois, soit en toutes
lettres, soit en chiffres, ne vaut, en cas de différence que pour la moindre
somme.
Article 57
Si le chèque porte des signatures de personnes incapables de s'obli-
ger par chèques, des signatures fausses ou des signatures de personnes
imaginaires ou des signatures qui, pour toute autre raison, ne sauraient
obliger les personnes qui ont signé le chèque ou au nom desquelles il a été
signé, les obligations des autres signataires n'en sont pas moins valables.
Article 58
Quiconque appose sa signature sur un chèque, comme représentant
d'une personne pour laquelle il n'avait pas le pouvoir d'agir, est obligé lui-
même en vertu du chèque et, s'il a payé, a les mêmes droits qu'aurait eus
le prétendu représenté. Il en est de même du représentant qui a dépassé
ses pouvoirs.
Article 59
Le tireur est garant du paiement. Toute clause par laquelle le tireur
s'exonère de cette garantie est réputée non écrite.
La remise d'un chèque en paiement acceptée par un créancier n'en-
traîne pas novation. En conséquence, la créance originelle subsiste avec
toutes les garanties qui y sont attachées jusqu'à ce que ledit chèque soit
payé.
Article 60
Tout chèque pour lequel la provision correspondante existe à la dis-
position du tireur doit être certifié par le tiré si le tireur ou le porteur sur
accord du tireur le demande, sauf la faculté pour le tiré de remplacer ce
chèque par un chèque émis dans les conditions prévues à l'article 53 ali-
néa 3 ci-dessus.
Article 61

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111
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Toute personne qui remet un chèque en paiement doit justifier de


son identité au moyen d'un document officiel en cours de validité portant
sa photographie.
 CHAPITRE III - DE LA TRANSMISSION
Article 62
Le chèque stipulé payable au profit d'une personne dénommée avec
ou sans clause expresse "à ordre" est transmissible par la voie de l'endos-
sement.
Le chèque stipulé payable au profit d'une personne dénommée avec
la clause "non à ordre" ou une clause équivalente n'est transmissible que
dans la forme et avec les effets d'une cession ordinaire.
Article 63
L'endossement peut être fait même au profit du tireur ou de tout
autre obligé. Ces personnes peuvent endosser le chèque à nouveau.
Article 64
L'endossement doit être pur et simple. Toute condition à laquelle il
est subordonné est réputée non écrite.
L'endossement partiel est nul.
Est également nul l'endossement du tiré.
L'endossement au porteur vaut comme un endossement en blanc.
L'endossement du tiré ne vaut que comme quittance, sauf dans le cas
où le tiré a plusieurs établissements et où l'endossement est fait au béné-
fice d'un établissement autre que celui sur lequel le chèque a été tiré.
Article 65
L'endossement doit être inscrit sur le chèque ou sur une feuille qui y
est attachée (allonge). Il doit être signé par l'endosseur. La signature de
celui-ci est apposée, soit à la main, soit par tout procédé non manuscrit.
L'endossement peut ne pas désigner le bénéficiaire ou consister sim-
plement dans la signature de l'endosseur (endossement en blanc). Dans ce
dernier cas, l'endossement, pour être valable, doit être inscrit au dos du
chèque ou sur l'allonge.
Article 66

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L'endossement transmet tous les droits résultant du chèque et no-


tamment la propriété de la provision.
Si l'endossement est en blanc, le porteur peut :
-remplir le blanc, soit de son nom, soit du nom d'une autre personne
;
-endosser le chèque de nouveau en blanc ou à une autre personne ;
-remettre le chèque à un tiers, sans remplir le blanc et sans
l'endosser.
Article 67
L'endosseur est, sauf clause contraire, garant du paiement. Il peut in-
terdire un nouvel endossement ; dans ce cas, il n'est pas tenu à la garantie
envers les personnes auxquelles le chèque est ultérieurement endossé.
Article 68
Le détenteur d'un chèque endossable est considéré comme porteur
légitime s'il justifie de son droit par une suite ininterrompue d'endosse-
ments, même si le dernier endossement est en blanc. Les endossements
biffés sont, à cet égard, réputés non écrits. Quand un endossement en
blanc est suivi d'un autre endossement, le signataire de celui-ci est réputé
avoir acquis le chèque par l'endossement en blanc.
Article 69
Un endossement figurant sur un chèque au porteur rend l'endosseur
responsable aux termes des dispositions qui régissent les recours ; il ne
convertit d'ailleurs pas le titre en un chèque à ordre.
Article 70
Lorsqu'une personne a été dépossédée d'un chèque à ordre par
quelque événement que ce soit, le bénéficiaire qui justifie de son droit de
la manière indiquée à l'article 68 ci-dessus n'est tenu de se dessaisir du
chèque que s'il l'a acquis de mauvaise foi ou si, en l'acquérant, il a com-
mis une faute lourde.
Article 71
Les personnes actionnées en vertu du chèque ne peuvent pas opposer au
porteur les exceptions fondées sur leurs rapports personnels avec le tireur
ou avec les porteurs antérieurs, à moins que le porteur, en acquérant le
chèque, n'ait agi sciemment au détriment du débiteur.

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Article 72
Lorsque l'endossement contient la mention "valeur en recouvre-
ment", "pour encaissement", "par procuration" ou toute autre mention im-
pliquant un simple mandat, le porteur peut exercer tous les droits décou-
lant du chèque, mais il ne peut endosser celui-ci qu'à titre de procuration.
Les obligés ne peuvent, dans ce cas, invoquer contre le porteur que
les exceptions qui seraient opposables à l'endosseur.
Le mandat renfermé dans un endossement de procuration ne prend
pas fin par le décès du mandant ou la survenance de son incapacité.
Article 73
L'endossement fait après le protêt ou après l'expiration du délai de
présentation, ne produit que les effets d'une cession ordinaire.
Sauf preuve contraire, l'endossement sans date est présumé avoir été
fait avant le protêt ou avant l'expiration du délai visé à l'alinéa précédent.
Il est défendu d'antidater les ordres à peine de faux.

 CHAPITRE IV - DES GARANTIES DU CHEQUE


 Section 1 - De l'aval

Article 74
Le paiement d'un chèque peut être garanti pour tout ou partie de son
montant par un aval. Cette garantie est fournie par un tiers, sauf le tiré, ou
même par un signataire du chèque.
Article 75
L'aval est donné soit sur le chèque ou sur une allonge, soit par un
acte séparé indiquant la date et le lieu où il est intervenu.
Il est exprimé par les mots "bon pour aval" ou par toute autre for-
mule équivalente ; il est signé par le donneur d'aval avec indication de ses
nom et adresse.
Il est considéré comme résultant de la seule signature du donneur
d'aval, apposée au recto du chèque, sauf quand il s'agit de la signature du
tireur.

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120

L'aval doit indiquer pour le compte de qui il est donné. A défaut de


cette indication, il est réputé donné pour le tireur.
Article 76
Le donneur d'aval est tenu de la même manière que celui dont il s'est
porté garant.
Son engagement est valable, alors même que l'obligation qu'il a ga-
rantie serait nulle pour toute cause autre qu'un vice de forme.
Quand il paye le chèque, le donneur d'aval acquiert les droits résul-
tant du chèque contre le garanti et contre ceux qui sont tenus envers ce
dernier en vertu du chèque.
 Section 2 - Du visa
Article 77
Le visa est une garantie de l'existence de la provision au moment où
il est apposé sur le chèque. Le banquier tiré ne peut refuser d'apposer le
visa s'il y a provision.
Toutefois, l'apposition du visa n'implique pas pour le banquier
l'obligation de bloquer la provision.
 Section 3 - De la certification
Article 78
Le tireur ou le porteur d'un chèque peut en demander la certification
au banquier tiré, s'il y a provision au compte. Toutefois, le chèque ne peut
être certifié que sur accord écrit du tireur.
Lorsque le chèque est certifié, la provision est alors bloquée sous la
responsabilité du tiré au profit du porteur jusqu'à l'expiration du délai de
la présentation visé à l'article 81 du présent Règlement.
La certification résulte de l'apposition sur le chèque par le tiré d'une
formule comportant, outre sa signature, les mentions relatives à la certifi-
cation et à la date de celle-ci, au montant pour lequel le chèque a été éta-
bli et à la désignation de l'établissement tiré. Ces mentions doivent être
apposées au moyen d'un procédé mécanique de marquage ou d'impression
indélébile offrant toute garantie de sécurité.
Dans tous les cas où la remise d'un chèque certifié est exigée, il peut
être valablement satisfait à cette exigence par la remise d'un chèque émis
dans les conditions prévues par l'article 60 du présent Règlement.

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 Section 4 - Des cartes dites de garantie de chèques


Article 79
Le banquier tiré peut mettre à la disposition de sa clientèle des cartes
dites de garantie de chèques. Les cartes de garantie doivent mentionner
expressément les seuils des montants individuels de chèques garantis.
La clientèle bénéficiaire peut effectuer ses paiements au moyen des
chèques garantis par la présentation de la carte.
 CHAPITRE V – DE LA PRESENTATION ET DU PAIEMENT
Article 80
Le chèque est payable à vue. Toute mention contraire est réputée
non écrite.
Le chèque présenté au paiement avant le jour indiqué comme date
d'émission est payable le jour de la présentation.
Article 81
Le chèque émis et payable dans un Etat membre de l’UEMOA doit
être présenté au paiement dans le délai de huit (8) jours si le paiement doit
s'effectuer au lieu d'émission, et, dans les autres cas, dans le délai de
vingt (20) jours.
Le chèque émis dans un Etat membre de l'Union et payable dans un
autre Etat membre de l’Union doit être présenté dans le délai de quarante
cinq (45) jours.
Le chèque émis en dehors du territoire de l'Union et payable dans un
Etat membre de l’UEMOA doit être présenté dans le délai de soixante-dix
(70) jours.
Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque
comme date d'émission.
Pour le surplus, les règles posées aux articles 111 et 112 du présent
Règlement s'appliquent à la présentation du chèque.
Article 82

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122

Lorsqu'un chèque payable dans un Etat membre de l'Union est émis


dans un pays où est en usage un calendrier autre que le calendrier grégo-
rien, le jour de l'émission sera ramené au jour correspondant au calendrier
grégorien.
Article 83
La présentation du chèque à une chambre de compensation ou à un
Point d’Accès à la Compensation équivaut à la présentation au paiement.
Article 84
Lorsque la provision existe, le tiré doit payer même après l'expira-
tion du délai de présentation.
Il doit aussi payer même si le chèque a été émis au mépris de
l'injonction prescrite par l'article 115 alinéa 1, 2° du présent Règlement
ou en violation de l'interdiction prévue à l'article 85 alinéa 1 er de la Loi
Uniforme sur les Instruments de Paiement.
Il n'est admis d'opposition au paiement du chèque par le tireur qu'en
cas de perte, de vol, d'utilisation frauduleuse du chèque ou d'ouverture de
procédures collectives de redressement judiciaire et de liquidation des
biens contre le porteur. Le tireur doit immédiatement confirmer son oppo-
sition et en indiquer le motif par écrit, quel que soit le support de cet écrit.
Cette défense de payer ne prend fin que par mainlevée ou par prescrip-
tion.
En cas de contestation du porteur, à l'égard d'une opposition du ti-
reur, le juge des référés, même dans le cas où une instance au principal
serait engagée, peut ordonner la mainlevée de l'opposition.
Article 85
En cas de perte du chèque, celui à qui il appartient peut en pour-
suivre le paiement sur un second, troisième, quatrième, etc.
Le propriétaire du chèque égaré doit, pour s'en procurer un second,
s'adresser à son endosseur immédiat, qui est tenu de lui prêter son nom et
ses soins pour agir envers son propre endosseur, et ainsi en remontant
d'endosseur à endosseur jusqu'au tireur du chèque. Le propriétaire du
chèque égaré supportera les frais.

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111
123

Si celui qui a perdu le chèque ne peut représenter le second, il peut


demander le paiement du chèque perdu et l'obtenir par ordonnance du
juge en justifiant de sa propriété par ses livres et en donnant caution.
L'engagement de la caution est éteint après six (6) mois, si pendant ce
temps, il n'y a eu ni demandes ni poursuites en justice.
En cas de refus de paiement, sur la demande formée en vertu de
l'alinéa précédent, le propriétaire du chèque perdu conserve tous ses droits
par un acte de protestation. Cet acte doit être fait au plus tard le premier
jour ouvrable qui suit l'expiration du délai de présentation. Les avis pres-
crits par l'article 95 du présent Règlement doivent être donnés au tireur et
aux endosseurs dans les délais fixés par cet article.
Article 86
Ni le décès du tireur ni son incapacité survenant après l'émission ne
touchent aux effets du chèque.
Article 87
Celui qui présente un chèque au paiement doit justifier de son iden-
tité au moyen d'un document officiel portant sa photographie.
Le tiré peut exiger, en payant le chèque, qu'il lui soit remis acquitté
par le porteur.
Si la provision est inférieure au montant du chèque, le porteur a le
droit d'exiger le paiement jusqu'à concurrence de la provision.
En cas de paiement partiel, le tiré peut exiger que mention de ce
paiement soit faite sur le chèque et qu'une quittance lui en soit donnée.
Cette quittance, délivrée sur titre séparé, jouit à l'égard du droit de
timbre de la même dispense que la quittance donnée sur le chèque lui-
même.
Les paiements partiels sur le montant d'un chèque sont à la décharge
des tireurs et endosseurs. Le porteur peut faire protester le chèque pour la
différence.
Article 88
Celui qui paye un chèque sans opposition est présumé valablement
libéré.
Le tiré qui paye un chèque endossable est obligé de vérifier la régu-
larité de la suite des endossements, mais non la signature des endosseurs.

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Article 89
Lorsqu'un chèque est stipulé payable en une monnaie n'ayant pas
cours dans l’UEMOA, le montant peut en être payé, dans le délai de pré-
sentation du chèque, d'après sa valeur en francs CFA au jour du paiement.
Si le paiement n'a pas été effectué à la présentation, le porteur peut, à son
choix, demander que le montant du chèque soit payé en francs CFA
d'après le cours, soit du jour de la présentation, soit du jour du paiement.
Les usages en vigueur pour la cotation des devises dans lesquelles
sont libellés les chèques doivent être suivis pour déterminer la valeur de
ces monnaies en francs CFA. Toutefois, le tireur peut stipuler que la
somme à payer sera calculée d'après un cours déterminé dans le chèque.
Les règles ci-dessus énoncées ne s'appliquent pas au cas où, con-
formément aux dispositions de la réglementation des changes, le tireur a
stipulé que le paiement devra être fait dans une certaine monnaie indiquée
(clause de paiement effectif en une monnaie étrangère).
Si le montant du chèque est indiqué dans une monnaie ayant la
même dénomination, mais une valeur différente, dans le pays d'émission
et dans celui du paiement, on est présumé s'être référé à la monnaie du
lieu du paiement.
 CHAPITRE VI – DU CHEQUE BARRE
Article 90
Le tireur ou le porteur d'un chèque peut le barrer.
Le barrement s'effectue au moyen de deux barres parallèles appo-
sées au recto. Il peut être général ou spécial.
Le barrement est général s'il ne porte entre les deux barres aucune
désignation ou la mention "banquier" ou un terme équivalent ; il est spé-
cial si le nom d'un banquier est inscrit entre les deux barres.
Le barrement général peut être transformé en barrement spécial,
mais le barrement spécial ne peut être transformé en barrement général.
Le biffage du barrement ou du nom du banquier désigné est réputé
non avenu.
Article 91
Un chèque à barrement général ne peut être payé par le tiré qu'à un
banquier.

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111
125

Un chèque à barrement spécial ne peut être payé par le tiré qu'au


banquier désigné ou, si celui-ci est le tiré, qu'à son client. Toutefois, le
banquier désigné peut recourir pour l'encaissement à un autre banquier.
Un banquier ne peut acquérir un chèque barré que d'un de ses clients
ou d'un autre banquier. Il ne peut l'encaisser pour le compte d'autres per-
sonnes que celles-ci.
Un chèque portant plusieurs barrements spéciaux ne peut être payé
par le tiré que dans le cas où il s'agit de deux barrements dont l'un pour
encaissement par une chambre de compensation ou un Point d’Accès à la
Compensation.
Le tiré ou le banquier qui n'observe pas les dispositions ci-dessus est
responsable du préjudice jusqu'à concurrence du montant du chèque.
Article 92
Les chèques à porter en compte émis à l'étranger et payables sur le
territoire d’un Etat membre de l'Union seront traités comme chèques bar-
rés.
 CHAPITRE VII - DES RECOURS FAUTE DE PAIEMENT
Article 93
Le porteur peut exercer ses recours contre les endosseurs, le tireur et
les autres obligés, si le chèque, présenté dans le délai prévu à l'article 81
ci-dessus n'est pas payé et si le refus de paiement est constaté par un acte
authentique (protêt).
Article 94
Le protêt doit être fait avant l'expiration du délai de présentation. Si
la présentation a lieu le dernier jour du délai, le protêt peut être établi le
premier jour ouvrable suivant.
Article 95
Le porteur doit donner avis du défaut de paiement à son endosseur et
au tireur dans les quatre (4) jours ouvrables qui suivent le jour du protêt
ou, en cas de clause de retour sans frais, le jour de la présentation.

125
111
126

Les notaires, les huissiers ou les personnes ou institutions dûment


habilitées par la loi, sont tenus, à peine de dommages-intérêts, de prévenir
le tireur dans les quarante-huit (48) heures qui suivent l'enregistrement,
par la poste et par lettre recommandée, des motifs du refus de payer. Cette
lettre donne lieu, au profit du notaire, de l'huissier ou des personnes ou
institutions dûment habilitées par la loi, au droit de correspondance fixé
par le tarif qui lui est applicable.
Chaque endosseur doit, dans les deux (2) jours ouvrables qui suivent
le jour où il a reçu l'avis, faire connaître à son endosseur l'avis qu'il a reçu,
en indiquant les noms et adresses de ceux qui ont donné les avis précé-
dents, et ainsi de suite, en remontant jusqu'au tireur. Les délais ci-dessus
indiqués courent de la réception de l'avis précédent.
Lorsqu'en conformité avec l'alinéa précédent, un avis est donné à un
signataire du chèque, le même avis doit être donné dans le même délai à
son avaliseur.
Dans le cas où un endosseur n'a pas indiqué son adresse ou l'a indi-
quée d'une façon illisible, il suffit que l'avis soit donné à l'endosseur qui le
précède.
Celui qui a un avis à donner peut le faire sous une forme quel-
conque, même par un simple envoi du chèque.
Il doit prouver qu'il a donné l'avis dans le délai imparti. Ce délai sera
considéré comme observé si une lettre-missive donnant l'avis a été expé-
diée dans ledit délai.
Celui qui ne donne pas l'avis dans le délai ci-dessus indiqué n'en-
court pas la déchéance ; il est responsable, s'il y a lieu, du préjudice causé
par sa négligence, sans que les dommages-intérêts puissent dépasser le
montant du chèque.
Article 96
Le tireur, un endosseur ou un avaliseur peut, par la clause "retour
sans frais", "sans protêt", ou toute autre clause équivalente, inscrite sur le
titre et signée, dispenser le porteur, pour exercer ses recours, de faire éta-
blir un protêt.
Cette clause ne dispense pas le porteur de la présentation du chèque
dans le délai prescrit, ni des avis à donner. La preuve de l'inobservation
du délai incombe à celui qui s'en prévaut contre le porteur.

126
111
127

Si la clause est inscrite par le tireur, elle produit ses effets à l'égard
de tous les signataires ; si elle est inscrite par un endosseur ou un avali-
seur, elle produit ses effets seulement à l'égard de celui-ci. Si, malgré la
clause inscrite par le tireur, le porteur fait établir le protêt, les frais en res-
tent à sa charge. Quand la clause émane d'un endosseur ou d'un avaliseur,
les frais du protêt, s'il en est dressé un, peuvent être recouvrés contre tous
les signataires.
Article 97
Toutes les personnes obligées en vertu d'un chèque sont tenues soli-
dairement envers le porteur.
Le porteur a le droit d'agir contre toutes ces personnes, individuel-
lement ou collectivement, sans être astreint à observer l'ordre dans lequel
elles se sont obligées; Le même droit appartient à tout signataire d'un
chèque qui a remboursé celui-ci.
L'action intentée contre un des obligés n'empêche pas d'agir contre
les autres, même postérieur à celui qui a été d'abord poursuivi.
Article 98
Le porteur peut réclamer à celui contre qui il exerce son recours :
-le montant du chèque non payé ;
-les intérêts à partir du jour de la présentation, dus au taux légal pour
les chèques émis et payables dans un Etat membre de l'Union et
au taux fixé par Instruction de la Banque Centrale pour les autres
chèques ;
-les frais de protêt, ceux des avis donnés, ainsi que les autres frais.
Article 99
Celui qui a remboursé le chèque peut réclamer à ses garants :
-la somme intégrale qu'il a payée ;
-les intérêts de ladite somme, à partir du jour où il l'a déboursée,
calculés au taux légal pour les chèques émis et payables dans un
Etat membre de l'Union et au taux fixé par Instruction de la
Banque Centrale pour les autres chèques ;
-les frais qu'il a supportés.

Article 100

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111
128

Tout obligé contre lequel un recours est exercé ou qui est exposé à
un recours peut exiger, contre remboursement, la remise du chèque avec
le protêt et un compte acquitté.
Tout endosseur qui a remboursé le chèque peut biffer son endosse-
ment et ceux des endosseurs subséquents.

Article 101
Quand la présentation du chèque ou la confection du protêt dans les
délais prescrits est empêchée par un obstacle insurmontable (prescription
légale ou autre cas de force majeure), ces délais sont prolongés.
Le porteur est tenu de donner, sans retard, avis du cas de force ma-
jeure à son endosseur et de mentionner cet avis, daté et signé de lui, sur le
chèque ou sur une allonge ; pour le surplus, les dispositions de l'article 95
du présent Règlement sont applicables.
Après la cessation de la force majeure, le porteur doit, sans retard,
présenter le chèque au paiement et, s'il y a lieu, faire établir le protêt.
Si la force majeure persiste au-delà de quinze (15) jours à partir de
la date à laquelle le porteur a, même avant l'expiration du délai de présen-
tation, donné avis de la force majeure à son endosseur, les recours peu-
vent être exercés, sans que ni la présentation, ni le protêt soient néces-
saires.
Ne sont pas considérés comme constituant des cas de force majeure
les faits purement personnels au porteur ou à celui qu'il a chargé de la
présentation du chèque ou de l'établissement du protêt.
 CHAPITRE VIII - DES PROTETS
Article 102
Le protêt doit être fait, par un notaire, par un huissier ou par toute
personne ou institution dûment habilitée par la loi, au domicile de celui
sur qui le chèque était payable ou à son dernier domicile connu.
Article 103

128
111
129

L'acte de protêt contient la transcription littérale du chèque et des


endossements ainsi que la sommation de payer le montant du chèque. Il
énonce la présence ou l'absence de celui qui doit payer, les motifs du re-
fus de payer et l'impuissance ou le refus de signer et, en cas de paiement
partiel, le montant de la somme qui a été payée.
Les notaires, les huissiers ou les personnes ou institutions dûment
habilitées par la loi, sont tenus, à peine de dommages-intérêts, de faire,
sous leur signature, mention sur le chèque du protêt avec sa date.
Article 104
Nul acte de la part du porteur du chèque ne peut suppléer l'acte de
protêt, hors le cas prévu par l'article 85 relatif à la perte du chèque.
Article 105
Les notaires, les huissiers ou toute personne ou institution dûment
habilitée par la loi, sont tenus, à peine de dépens, dommages-intérêts en-
vers les parties, de laisser copie exacte des protêts.
La signification du protêt au tireur, par ministère d'huissier, de no-
taire ou de toute personne ou institution dûment habilitée par la loi, vaut
commandement de payer. A défaut de paiement du montant du chèque et
des frais à l'expiration d'un délai de quinze (15) jours, le notaire, l'huissier
ou la personne ou institution dûment habilitée par la loi, doit, sous peine
des sanctions précitées, remettre au greffe du Tribunal contre récépissé
deux copies exactes des protêts dont l'une est destinée au parquet.
 CHAPITRE IX - DE LA PLURALITE D'EXEMPLAIRES
Article 106
Tout chèque émis dans un pays et payable dans un autre pays peut
être tiré en plusieurs exemplaires identiques.
Dans ce cas, ces exemplaires doivent être numérotés dans le texte
même du titre, faute de quoi, chacun d'eux est considéré comme un
chèque distinct.
Toutefois, un chèque au porteur ne peut être établi en plusieurs
exemplaires.
Article 107

129
111
130

Le paiement fait sur un des exemplaires est libératoire, alors même


qu'il n'est pas stipulé que ce paiement annule l'effet des autres exem-
plaires.
L'endosseur qui a transmis les exemplaires à différentes personnes,
ainsi que les endosseurs subséquents, sont tenus à raison de tous les
exemplaires portant leur signature qui n'ont pas été restitués.

 CHAPITRE X - DES ALTERATIONS ET DE LA PRESCRIPTION


 Section 1 - Des altérations

Article 108
En cas d'altération du texte d'un chèque, les signataires postérieurs à
cette altération sont tenus dans les termes du texte altéré ; les signataires
antérieurs le sont dans les termes du texte originel.
 Section 2 - De la prescription
Article 109
Les actions en recours du porteur contre les endosseurs, le tireur et
les autres obligés se prescrivent par six (6) mois à partir de l'expiration du
délai de présentation.
Les actions en recours des divers obligés au paiement d'un chèque
les uns contre les autres se prescrivent par six (6) mois à partir du jour où
l'obligé a remboursé le chèque ou du jour où il a été lui-même actionné.
Toutefois, en cas de déchéance ou de prescription, il subsiste une ac-
tion contre le tireur qui n'a pas fait provision ou les autres obligés qui se
seraient enrichis indûment.
L'action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par trois ans à
partir de l'expiration du délai de présentation visé à l'article 81 du présent
Règlement.
Article 110
Les prescriptions en cas d'action exercée en justice ne courent que
du jour du dernier acte de procédure. Elles ne s'appliquent pas s'il y a eu
condamnation ou si la dette a été reconnue par acte séparé.

130
111
131

L'interruption de la prescription n'a d'effet que contre celui à l'égard


duquel l'acte interruptif a été fait.
Néanmoins, les prétendus débiteurs seront tenus, s'ils en sont requis,
d'affirmer sous serment qu'ils ne sont plus redevables et leurs conjoints
survivants, héritiers ou ayants-cause, sont tenus d'affirmer qu'ils estiment
de bonne foi qu'il n'est plus rien dû.
 CHAPITRE XI - DISPOSITIONS GENERALES
 Section 1 - De la computation des délais
Article 111
La présentation et le protêt d'un chèque ne peuvent être faits qu'un
jour ouvrable.
Lorsque le dernier jour du délai accordé par la loi pour l'accomplis-
sement des actes relatifs au chèque, et notamment pour la présentation ou
pour l'établissement du protêt est un jour férié légal, ce délai est prorogé
jusqu'au premier jour ouvrable qui en suit l'expiration. Les jours fériés in-
termédiaires sont compris dans la computation du délai.
Aux jours fériés légaux sont assimilés les jours où, aux termes des
lois en vigueur, aucun paiement ne peut être exigé ni aucun protêt dressé.
Article 112
Les délais prévus par le présent Règlement ne comprennent pas le
jour qui leur sert de point de départ.
Aucun délai de grâce, ni légal, ni judiciaire, n'est admis sauf dans les
cas prévus par la législation relative à la prorogation de protêt et à celle
des échéances des valeurs négociables.
 Section 2 - De l'avertissement, de l'interdiction bancaire
et de la régularisation
Article 113
Des formules de chèques autres que celles qui sont remises pour un
retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou pour une certification ou des
chèques de banque ne peuvent, sous réserve des dispositions de l'article
118 du présent Règlement, être délivrées au titulaire de compte ou à son
mandataire pendant cinq (5) ans à compter d'un incident de paiement re-
levé au nom du titulaire de compte pour défaut de provision et déclaré à la
Banque Centrale.

131
111
132

Les dispositions du présent article doivent être observées par le ban-


quier qui a refusé le paiement d'un chèque pour défaut ou insuffisance de
provision et par tout banquier qui a été informé de l'incident de paiement,
par la Banque Centrale, en application des articles 127 et 129 du présent
Règlement.
Article 114
Le banquier tiré qui a refusé le paiement d'un chèque pour défaut ou
insuffisance de provision doit :
1.délivrer une attestation de rejet au
bénéficiaire, précisant le motif du refus de
paiement ;
2.enregistrer sur ses livres l'incident de
paiement au plus tard le deuxième jour
ouvré suivant le refus de paiement ;
3.adresser au titulaire du compte, aux frais de
ce dernier, une lettre d'avertissement dont
copie est adressée à la Banque Centrale qui
doit, à titre informatif, inscrire cet
avertissement sur le fichier des incidents de
paiement;
4.préciser dans la lettre d'avertissement le
motif du refus de paiement, l'interdiction
d'émission de chèques jusqu'à la
régularisation et les sanctions encourues en
cas d'émission de chèques durant cet
intervalle ou à défaut de régularisation. En
cas de régularisation, le banquier tiré
informe la Banque Centrale qui efface
l'avertissement de son fichier.
Le délai de trente (30) jours contenu dans la lettre d'avertissement
n'est accordé au client que si le compte n'a enregistré aucun incident de
paiement dans les trois ( 3) mois précédant l'enregistrement visé au 2° du
présent article. En cas d'émission de chèques durant ce délai de trente (30)
jours, le banquier tiré avise la Banque Centrale et signifie au titulaire du
compte l'interdiction bancaire prévue à l'article 115 ci-après.
Article 115

132
111
133

Le banquier tiré doit, en l'absence de régularisation dans le délai


d'un mois à partir de la date d'envoi de la lettre d'avertissement :
1.aviser la Banque Centrale de l'incident le 4e jour ouvrable suivant
la date d'expiration du délai ;
2.signifier au titulaire du compte qu'il lui est interdit, pendant une
période de cinq (5) ans, d'émettre des chèques autres que ceux qui
permettent exclusivement le retrait de fonds par le tireur auprès
du tiré, ou ceux qui sont certifiés.
Dans le même temps, le banquier tiré doit enjoindre au titulaire du
compte de restituer à tous les banquiers dont il est le client les formules
de chèques en sa possession et en celle de ses mandataires. Ces derniers
en sont aussi informés par le banquier tiré.
Lorsque la lettre d'avertissement n'a pas été envoyée en application
de l'article 114 alinéa 2 du présent Règlement, le banquier tiré doit aviser
la Banque Centrale au plus tard le deuxième (2ème) jour ouvré suivant
l'enregistrement de l'incident.
Le banquier tiré est aussi tenu des autres diligences visées aux 1° et
2° du présent article, relatives à la signification de l'interdiction bancaire
d'émettre des chèques et de l'injonction de restitution des formules de
chèques au titulaire du compte.
Article 116
La mesure d'interdiction bancaire frappe exclusivement le titulaire
du compte ; elle produit néanmoins effet à l'égard du mandataire conven-
tionnel ou social habilité à émettre des chèques, lui interdisant cette facul-
té sur ce seul compte.
Sous réserve de l'appréciation souveraine des cours et tribunaux,
l'interdiction bancaire frappe le titulaire d'un compte en cette seule quali-
té. La personne en situation d'interdiction bancaire conserve le droit, en
revanche, d'émettre des chèques en qualité de mandataire sur le compte
d'un mandant, sous réserve que ce dernier ne soit lui-même frappé d'une
interdiction d'émettre des chèques.
Article 117

133
111
134

Les titulaires d'un compte collectif avec ou sans solidarité, peuvent


désigner préalablement et d'un commun accord celui d'entre eux qui, en
cas d'incident de paiement survenant sur ce compte, sera seul interdit sur
l'ensemble de ses comptes, les autres ne l'étant eux-mêmes que sur ce
compte.
En l'absence d'une telle désignation, l'interdiction d'émettre s'ap-
plique à tous les titulaires de ce compte collectif, tant en ce qui concerne
ce compte qu'en ce qui concerne les autres comptes dont ils pourraient
être individuellement titulaires.
Ces principes ainsi définis sont également applicables en cas d'inci-
dent de paiement du fait du mandataire.
Article 118
Le titulaire du compte recouvre la faculté d'émettre des chèques
lorsque, à compter de l'injonction précitée, il justifie avoir :
-réglé le montant du chèque impayé ou constitué une provision
suffisante et disponible destinée à son règlement par les soins du
tiré ;
-payé une pénalité libératoire dans les conditions et sous les réserves
fixées par les articles 119 à 121 du présent Règlement.
Dans ces cas, l'interdiction prononcée en application de l'article 115
est levée dans les conditions fixées par Instruction de la Banque Centrale
et le banquier tiré délivre, sur demande, une attestation de paiement au
tireur.
La pénalité libératoire due est acquise au Trésor Public dans les
conditions et modalités fixées par arrêté du Ministre chargé des Finances.

Article 119

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111
135

La pénalité libératoire n'est pas due lorsque le titulaire du compte


qui a émis le chèque ou son mandataire justifie, dans un délai de trente
(30) jours à compter de l'injonction prévue par l'article 115 du présent
Règlement, avoir réglé le montant du chèque ou constitué une provision
suffisante et disponible destinée à son règlement par les soins du tiré.
Dans ce cas, la dispense de pénalité s'applique à l'ensemble des
chèques rejetés postérieurement pour défaut de provision sur le même
compte et régularisés dans le délai susvisé.
La pénalité libératoire n'est pas due lorsque le tireur a été dans l'im-
possibilité de régulariser dans les délais requis. Cette impossibilité doit
être justifiée devant le Trésor Public qui apprécie sa légitimité.
Article 120
Le montant de la pénalité libératoire prévue par l'article 118 du pré-
sent Règlement est porté au double lorsque le titulaire de compte ou son
mandataire a déjà procédé à deux régularisations lui ayant permis de re-
couvrer la faculté d'émettre des chèques en application de l'article précité
au cours des douze (12) mois qui précèdent l'incident de paiement.
Le montant de la pénalité libératoire est déterminé par rapport à la
fraction de la somme restée impayée.
Article 121
Les contestations relatives à l'interdiction bancaire d'émettre des
chèques et à la pénalité libératoire visée par les articles 118 et 120 du pré-
sent Règlement sont déférées à la juridiction civile dans les délais de re-
cours de droit commun.
L'action en justice devant cette juridiction n'a pas d'effet suspensif.
Toutefois, la juridiction saisie peut, même en référé, ordonner la suspen-
sion de l'interdiction d'émettre des chèques en cas de contestation sé-
rieuse.
Article 122
L'interdiction bancaire peut aussi être levée lorsqu'elle a été pronon-
cée par suite de circonstances non imputables au tireur, notamment à la
suite d'erreurs commises par le banquier.
 Section 3 - Du certificat de non-paiement
Article 123

135
111
136

A défaut de paiement du chèque dans le délai de trente (30) jours à


compter de la première présentation ou de la constitution de la provision
dans le même délai, le tiré délivre un certificat de non-paiement au por-
teur du chèque dans les conditions déterminées par arrêté conjoint du Mi-
nistre chargé des Finances et du Ministre chargé de la Justice.
Cette délivrance sera faite, sans frais, par l'intermédiaire du banquier
du porteur.
La notification effective ou la signification du certificat de non-
paiement au tireur par ministère d'huissier vaut commandement de payer.
Le notaire, l'huissier de justice ou la personne ou l’institution habili-
tée qui n'a pas reçu justification du paiement du montant du chèque et des
frais dans un délai de dix (10) jours à compter de la réception de la notifi-
cation ou de la signification constate le non-paiement. L'acte dressé est
ensuite remis par le notaire, l'huissier de justice ou la personne ou
l’institution habilitée au Greffier du Tribunal compétent qui délivre, sans
autre acte de procédure et sans frais, un titre exécutoire qui permet de
procéder à toutes voies d'exécution dans un délai maximum de huit (08)
jours.
En tout état de cause, tous les frais de saisie et d'exécution avancés
par le porteur de même que tous les autres frais occasionnés par le rejet
d'un chèque sans provision, sont à la charge du tireur auprès duquel ils
peuvent être récupérés.
Article 124
Sauf dans le cas prévu à l'article 126 du présent Règlement, le ban-
quier qui a payé un chèque en dépit de l'absence, de l'insuffisance ou de
l'indisponibilité de la provision est, à l'égard du titulaire du compte, su-
brogé dans les droits du porteur à concurrence de la somme dont il a fait
l'avance.
A défaut de prélèvement d'office sur le compte et sans préjudice de
toute autre voie de droit, il peut :
-faire constater l'absence ou l'insuffisance de la provision disponible
;
-faire une mise en demeure par huissier de justice au titulaire du
compte d'avoir à payer la somme qui lui est due.

136
111
137

S'il n'y a pas paiement dans un délai de vingt (20) jours à compter de
la mise en demeure, il est procédé comme il est dit à l'article 123 du pré-
sent Règlement.
 Section 4 : Des sanctions civiles
Article 125
Lorsqu'il a refusé le paiement d'un chèque, le tiré doit être en mesure
de justifier qu'il a satisfait aux prescriptions légales et réglementaires rela-
tives à l'ouverture du compte et à la délivrance des formules de chèques
ainsi qu'aux obligations légales et réglementaires résultant des incidents
de paiement, notamment en ce qui concerne l'injonction d'avoir à restituer
les formules de chèques.
Article 126
Le tiré doit payer, nonobstant l'absence, l'insuffisance ou l'indispo-
nibilité de la provision, tout chèque :
-émis au moyen d'une formule dont il n'a pas obtenu la restitution
dans les conditions prévues à l'article 115, sauf s'il justifie qu'il a
mis en œuvre les diligences prévues par ledit article ;
-émis au moyen d'une formule qu'il a délivrée en violation des
dispositions des articles 113 du présent Règlement et 85 alinéas 1
et 2 de la Loi Uniforme sur les Instruments de Paiement.
Le tiré qui refuse le paiement d'un chèque émis au moyen de l'une
des formules susvisées est solidairement tenu de payer, outre une somme
égale au montant du chèque, les dommages-intérêts accordés au bénéfi-
ciaire en raison du non-paiement.

137
111
138

 Section 5 - De la centralisation et de la diffusion


Article 127
La Banque Centrale est chargée de centraliser et de diffuser les in-
formations relatives :
-aux interdictions bancaires et judiciaires d'émettre des chèques
ainsi qu'aux infractions sur ces mêmes interdictions ;
-aux levées d'interdiction d'émettre des chèques ;
-aux formules de chèques perdues ou volées ;
-aux formules de faux chèques et aux comptes clôturés.
Les banquiers sont tenus de déclarer à la Banque Centrale, dans des
conditions qu'elle aura fixées par Instructions les refus de paiement de
chèques pour défaut de provision suffisante, les régularisations d'incidents
de paiement de chèques, les ouvertures de comptes, les clôtures de
comptes sur lesquels des formules de chèques ont été délivrées, les oppo-
sitions pour perte ou vol de formules de faux chèques et les remises de
cartes bancaires.
Les informations enregistrées ne peuvent être conservées au-delà de
la durée fixée par Instruction de la Banque Centrale.
Les informations fournies par le banquier déclarant relèvent de sa
seule responsabilité.
Article 128
Le Parquet doit communiquer à la Banque Centrale :
-les interdictions d'émettre des chèques prononcées par le Tribunal
en application de l'article 85 alinéa 1er de la Loi Uniforme sur les
instruments de paiements ;
-les suspensions et levées d'interdiction d'émettre des chèques
prononcées par le Tribunal conformément à l'article 121 du
présent Règlement.
Article 129
La Banque Centrale diffuse les nouvelles interdictions bancaires et
judiciaires ainsi que la levée des interdictions bancaires auprès des ban-
quiers concernés au plus tard le deuxième (2ème ) jour ouvré suivant la ré-
ception de l'avis.

138
111
139

Les banquiers sont réputés avoir connaissance de ces mesures au


plus tard le troisième jour suivant leur réception. Ils devront également, à
cette date, avoir enregistré l'avis de cette interdiction ou de sa levée.
Quant aux levées des interdictions judiciaires, elles seront diffusées
par la Banque Centrale auprès des banquiers une fois par mois au moins
et les destinataires seront réputés en avoir pris connaissance au plus tard
le quinzième jour suivant cette diffusion.
La Banque Centrale peut toujours communiquer au Procureur de la
République, dans le cadre d'accords prévus à cet effet ou sur la demande
de ce dernier, les renseignements relatifs aux émissions de chèques décla-
rés comme constituant une infraction à une interdiction bancaire ou judi-
ciaire d'émettre des chèques.
La Banque Centrale peut communiquer à tout magistrat et à tout of-
ficier de police judiciaire agissant sur instruction du Procureur de la Ré-
publique ou du juge d'instruction le relevé des incidents de paiement en-
registrés au nom d'un titulaire de compte, avec mention, s'il y a lieu, de
l'interdiction d'émettre des chèques.
Les établissements agréés en qualité de banque ainsi que les établis-
sements financiers peuvent demander à la Banque Centrale les mêmes in-
formations avant d'accorder un financement ou une ouverture de crédit.
Toute personne qui reçoit un chèque en paiement peut obtenir de la
Banque Centrale les renseignements afférents à la régularité de l'émission
de celui-ci au regard du présent Règlement.
En tout état de cause, l’utilisation de ces informations à des fins
étrangères à celles du présent Règlement est susceptible d’engager la res-
ponsabilité civile et, le cas échéant, la responsabilité pénale de son auteur.
Article 130
Les Services des Chèques Postaux sont tenus des mêmes obligations
en ce qui concerne l'ouverture et la clôture des comptes de chèques,
l'enregistrement des incidents de paiement et leur déclaration, sous ré-
serve des spécificités liées à leur statut.
 TITRE II : De la carte bancaire et des autres instruments et procédés
de paiement électronique
 CHAPITRE I - DISPOSITIONS GENERALES
Article 131

139
111
140

Les organismes visés à l'article 42 ci-dessus ainsi que ceux relevant


des systèmes financiers décentralisés, notamment les mutuelles et les
coopératives d’épargne et de crédit sont habilités, en vertu du présent Rè-
glement, à promouvoir l'utilisation des cartes de paiement et de retrait, du
porte-monnaie électronique et du télépaiement ainsi que de tout autre pro-
cédé et instrument moderne de paiement à naître, notamment par la cons-
titution de groupements en vue d'instituer des mécanismes et des instru-
ments de virement électronique de dimension nationale ou régionale.
 Section 1 - Champ d’application
Article 132
Le présent Titre s’applique aux virements effectués par tout support
ou procédé électronique, lorsque la banque ou l'établissement financier
expéditeur, d'une part, et la banque ou l'établissement récepteur, d'autre
part, sont situés dans un ou plusieurs Etats membres de l’UEMOA.

140
111
141

 Section 2 – Obligations des parties au virement


électronique
 Paragraphe 1 - Obligations de l’expéditeur
Article 133
L’émission, la modification ou la révocation d’un ordre de paiement
effectuée par transmission de message de données ou par tout moyen si-
milaire lie son expéditeur, qu’il soit émis par lui ou par toute autre per-
sonne qui a le pouvoir de le lier.
L’expéditeur n’est toutefois pas lié s’il parvient à prouver qu’il n’est
pas à l’origine de l’ordre de paiement donné par transmission de message
de données.
Il demeure par contre lié si c’est par sa faute que l’expéditeur a eu
accès aux informations permettant l’émission de l’ordre de paiement.
L’expéditeur d’un ordre de paiement est tenu par les termes du message
transmis.
L’expéditeur doit veiller à la bonne identification du destinataire du
virement avant la transmission de l’ordre de paiement par message de
données.
Article 134
L’expéditeur est tenu d’une obligation générale de sécurité dans la
transmission des données au moment de l’émission de l’ordre de paie-
ment. Il doit notamment prendre toutes les précautions techniques néces-
saires à la sécurisation des données transmises.
Si par sa faute les données sont obtenues et utilisées pour émettre un
ordre de paiement en son nom, il reste tenu de l’ordre de paiement.
 Paragraphe 2 - Obligations du destinataire
Article 135
Le destinataire du virement est tenu à la réception des messages
transmis afin de donner suite à l’ordre de paiement. Il doit notamment
veiller à la bonne conservation ainsi qu’au respect de la confidentialité
des données transmises. Il est tenu, comme l’expéditeur, d’une obligation
générale de sécurité.
Il est tenu de l’exécution de l’ordre de paiement reçu conformément
aux instructions contenues dans le message de données.

141
111
142

 Paragraphe 3 - Relations entre l'émetteur, le titulaire et le


bénéficiaire
Article 136
Les relations entre l'émetteur, le titulaire de la carte ou d’un autre
instrument de paiement électronique et le bénéficiaire sont régies par la
convention des parties.
 CHAPITRE II - DES FRAUDES, ABUS ET CONTREFAÇONS DE
CARTES BANCAIRES, D'INSTRUMENTS ET DE PROCEDES
ELECTRONIQUES DE PAIEMENT
 Section I : De la prévention des fraudes, abus et
contrefaçons
Article 137
Les organismes visés à l'article 42 du présent Règlement sont tenus
d'informer toute personne qui en fait la demande des conditions d'utilisa-
tion des cartes bancaires, instruments et procédés électroniques de paie-
ment qui lui sont délivrés, ainsi que des sanctions encourues en cas d'utili-
sation abusive.
Article 138
Les informations contenues dans le fichier recensant les décisions de
retrait de cartes de paiement et les oppositions pour cartes et porte-
monnaies électroniques perdus ou volés sont communiquées par la
Banque Centrale aux établissements agréés en qualité de banque de même
qu'aux établissements financiers qui en font la demande avant d'accorder
un financement ou une ouverture de crédit.
Lorsque le titulaire d'une carte donne un ordre de paiement, le béné-
ficiaire peut consulter le fichier tenu par la Banque Centrale afin de
s'assurer que le titulaire n'a pas fait l'objet d'une décision de retrait de
carte.
Il peut aussi s'assurer, dans les mêmes conditions, que la carte n'a
été ni volée ni perdue.
Article 139

142
111
143

Les organismes visés à l'article 42 du présent Règlement doivent,


préalablement à la délivrance d'une carte de paiement, s'assurer que le
demandeur n'a pas fait l'objet d'une décision de retrait de carte, d'une me-
sure d'interdiction bancaire ou judiciaire d'émettre des chèques ou d'une
condamnation pour les infractions visées aux articles 143 et suivants du
présent Règlement.
Cependant cette disposition ne vise pas le porte-monnaie électro-
nique.
En tout état de cause, les organismes visés à l'article 42 ne sont pas
tenus de délivrer une carte de paiement.
En dehors du porte-monnaie électronique, il ne peut être délivré à un
demandeur interdit bancaire ou judiciaire d'émettre des chèques qu'une
carte de retrait utilisable exclusivement dans les guichets de l'établisse-
ment émetteur, tant que la mesure d'interdiction n'aura pas été levée.
Article 140
En cas d'utilisation abusive, dans les quatre (4) jours ouvrables qui
suivent la constatation de cette utilisation, l'établissement émetteur doit
enjoindre au titulaire de restituer sa carte et informer de cette décision la
Banque Centrale qui tient un fichier recensant les décisions de retrait de
cartes.
Article 141
Les commerçants, personnes physiques et morales, sont tenus de
mettre en place une installation permettant aux clients de composer leur
code confidentiel hors la vue d’autres personnes.
En composant leur code confidentiel, les clients devront utiliser les
installations mises en place à cet effet pour se mettre à l’abri des regards
indiscrets.
Les commerçants doivent occulter le numéro des cartes bancaires
sur les factures délivrées aux clients.
Article 142
L'ordre ou l'engagement de paiement donné au moyen d'une carte ou
d’un autre instrument et procédé électronique de paiement est irrévocable.
Il peut toutefois être fait opposition au paiement en cas :

143
111
144

-de perte, de vol ou d’utilisation frauduleuse de la carte ou du porte-


monnaie ;
-d'ouverture d'une procédure collective contre le bénéficiaire.
L’opposition au paiement faite par simple appel téléphonique est re-
cevable et produit les mêmes effets que l’opposition écrite.
Le cas échéant, le demandeur n’est pas tenu de communiquer le nu-
méro de sa carte bancaire.
Cependant, pour être valable, l’opposition par appel téléphonique
devra être confirmée par le demandeur muni de toutes pièces justificatives
dans les vingt quatre (24) heures ouvrées qui suivent la demande
d’opposition.
Lorsqu'il reçoit une opposition pour perte ou vol d'une carte de
paiement ou d’un porte-monnaie électronique, l'établissement émetteur
est tenu d'en informer la Banque Centrale.
 Section 2 : De la répression des fraudes, abus et contrefaçons
Article 143
Seront punis des peines prévues à l'article 84 de la Loi Uniforme sur
les Instruments de Paiement :
1.ceux qui se seront frauduleusement appropriés une carte bancaire
ou tout autre instrument électronique de paiement ;
2.ceux qui auront contrefait ou falsifié une carte bancaire ou tout
autre instrument électronique de paiement ;
3.ceux qui, en connaissance de cause, auront fait usage ou tenté de
faire usage d'une carte bancaire ou de tout autre instrument
électronique de paiement contrefait, falsifié ou obtenu
frauduleusement ;
4.ceux qui, en connaissance de cause, auront accepté de recevoir un
paiement au moyen d'une carte bancaire ou de tout autre
instrument électronique de paiement contrefait, falsifié ou obtenu
frauduleusement ;
5.ceux qui auront détenu, en connaissance de cause, une carte
bancaire ou tout autre instrument électronique de paiement
contrefait, falsifié ou obtenu frauduleusement ;
Article 144

144
111
145

Encourent les peines prévues à l’article 83 de la Loi Uniforme sur


les Instruments de Paiement, les personnes qui auront :
1.utilisé sans autorisation et en connaissance de cause des données
d’identification pour le lancement ou le traitement d’une
opération de paiement électronique ;
2.utilisé en connaissance de cause des données d’identification
fictives pour le lancement ou le traitement d’une opération de
paiement électronique ;
3.manipulé des données ou des informations portant sur des comptes
ou d’autres données d’identification, en vue du lancement ou du
traitement d’une opération de paiement électronique ;
4.transmis sans y être autorisées des données d’identification en vue
du lancement ou du traitement d’une opération de paiement
électronique ;
5.fabriqué, manié, détenu ou utilisé sans autorisation un équipement
spécifique, en vue :
de la fabrication ou de l’altération d’une carte bancaire, d’un
porte-monnaie ou partie de ceux-ci ;
du lancement ou du traitement d’une opération de paiement
électronique ;
de la modification ou de l’altération de toute information ou de
donnée afférente à tout instrument ou opération de paiement
électronique ;
6.détenu sans y être autorisées et en connaissance de cause un
élément ou une partie d’une carte bancaire ou tout autre
instrument de paiement électronique.
Les mêmes peines seront appliquées à toute personne impliquée, en
qualité de complice ou d’instigatrice, dans l’un des comportements décrits
ci-dessus et supposant une intention criminelle ou qui aura obtenu, en
connaissance de cause, des valeurs ou des avantages pécuniaires prove-
nant de ces comportements.
Article 145
Seront punis des peines prévues à l'article 83 alinéa 1er de la Loi
Uniforme sur les Instruments de Paiement, ceux qui auront sciemment
utilisé une carte bancaire après expiration de ladite carte, après opposition
pour perte ou pour vol.

145
111
146

Seront punis des mêmes peines, ceux qui, malgré l'injonction de res-
titution reçue, continuent à utiliser la carte irrégulièrement détenue.
Article 146
Les jugements définitifs rendus en application des articles 143, 144
et 145 du présent Règlement sont notifiés par les soins du Parquet à la
Banque Centrale.
Celle-ci est tenue de diffuser auprès des établissements émetteurs
l'ensemble des informations recueillies selon des modalités qu'elle aura
définies.
Article 147
Sera punie des peines prévues à l’article 83 de la Loi Uniforme sur
les Instruments de Paiement, toute personne qui aura, en connaissance de
cause, effectué ou fait effectuer, tenté d’effectuer ou de faire effectuer un
transfert d’argent ou de valeur monétaire, dans le but de se procurer un
avantage économique illégal ou de le procurer à une autre personne, cau-
sant ainsi de manière illicite une perte de propriété à un tiers, en :
1.introduisant, altérant, effaçant ou supprimant des données
informatiques, en particulier des données permettant
l’identification ;
2.perturbant le fonctionnement d’un logiciel ou d’un système
informatique.
Article 148
Sera punie des peines prévues à l’article 83 de la Loi Uniforme sur
les Instruments de Paiement, toute personne qui, en connaissance de
cause, aura fabriqué, reçu, obtenu, vendu, cédé, détenu ou tenté de fabri-
quer, recevoir, obtenir, vendre, céder ou détenir illégalement :
1.des instruments, articles, logiciels ou tout autre moyen
spécialement adapté pour commettre les infractions visées à
l’article 147 du présent Règlement ;
2.des logiciels ayant pour objet la commission des infractions visées
à l’article 147 précité.

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111
147

 TITRE III : De la lettre de change et du billet à ordre


 CHAPITRE I – DE LA LETTRE DE CHANGE
 Section 1 - De la création et de la forme de la lettre de
change
Article 149
La lettre de change contient :
-la dénomination de "lettre de change" insérée dans le texte même
du titre et exprimée dans la langue employée pour la rédaction de
ce titre ;
-le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
-le nom de celui qui doit payer (le tiré) ;
-l'indication de l'échéance ;
-l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
-le nom de celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être fait
;
-l'indication de la date et du lieu où la lettre est créée ;
-la signature de celui qui émet la lettre (tireur).
Cette signature est apposée soit à la main, soit par tout procédé non
manuscrit. Le titre dans lequel une des énonciations indiquées aux alinéas
précédents fait défaut ne vaut pas comme lettre de change, sauf dans les
cas déterminés par les alinéas suivants.
La lettre de change dont l'échéance n'est pas indiquée est considérée
comme payable à vue. A défaut d'indication spéciale, le lieu désigné à cô-
té du nom du tiré est réputé être le lieu de paiement et, en même temps, le
lieu du domicile du tiré.
La lettre de change n'indiquant pas le lieu de sa création est considé-
rée comme souscrite dans le lieu désigné à côté du nom du tireur.
Article 150
La lettre de change peut être à l'ordre du tireur lui-même.
Elle peut être tirée sur le tireur lui-même.
Elle peut être tirée pour le compte d'un tiers.
Elle peut être payable au domicile d'un tiers, soit dans la localité où
le tiré a son domicile, soit dans une autre localité.
Article 151

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148

Dans une lettre de change payable à vue ou à un certain délai de


vue, il peut être stipulé par le tireur que la somme sera productive d'inté-
rêts. Dans toute autre lettre de change, cette stipulation est réputée non
écrite.
Le taux des intérêts doit être indiqué dans la lettre, à défaut de cette
indication la clause est réputée non écrite.
Les intérêts courent à partir de la date de création de la lettre de
change, si une autre date n'est pas indiquée.
Article 152
La lettre de change dont le montant est écrit à la fois en toutes lettres
et en chiffres vaut, en cas de différence, pour la somme écrite en toutes
lettres.
La lettre de change dont le montant est écrit plusieurs fois, soit en
toutes lettres, soit en chiffres, ne vaut en cas de différence que pour la
moindre somme.

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111
149

Article 153
Les lettres de change, souscrites par des mineurs, non-négociants
sont nulles à leur égard, sauf les droits respectifs des parties conformé-
ment au droit commun.
Si la lettre de change porte la signature de personnes incapables de
s'obliger par lettre de change, des signatures fausses ou des signatures de
personnes imaginaires ou des signatures qui, pour toute autre raison, ne
sauraient obliger les personnes qui ont signé la lettre de change ou au nom
desquelles elle a été signée, les obligations des autres signataires n'en sont
pas moins valables.
Quiconque appose sa signature sur une lettre de change comme re-
présentant d'une personne pour laquelle il n'avait pas le pouvoir d'agir, est
obligé lui-même en vertu de la lettre, et, s'il a payé, a les mêmes droits
qu'aurait le prétendu représenté. Il en est de même du représentant qui a
dépassé ses pouvoirs.
Article 154
Le tireur est garant de l'acceptation et du paiement. Il peut s'exoné-
rer de la garantie de l'acceptation ; toute clause par laquelle il s'exonère de
la garantie de paiement est réputée non écrite.
 Section 2 - De la provision
Article 155
La provision doit être faite par le tireur ou par celui pour le compte
de qui la lettre de change sera tirée, sans que le tireur pour compte d'autrui
cesse d'être personnellement obligé envers les endosseurs et le porteur
seulement.
Il y a provision si, à l'échéance de la lettre de change, celui sur qui
elle est fournie est redevable au tireur ou à celui pour le compte de qui
elle est tirée, d'une somme au moins égale au montant de la lettre de
change.
La propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs suc-
cessifs de la lettre de change.
L'acceptation suppose la provision. Elle en établit la preuve à l'égard
des endosseurs.

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Qu'il y ait ou non acceptation, le tireur seul est tenu de prouver en


cas de dénégation, que ceux sur qui la lettre était tirée avaient provision à
l'échéance, sinon il est tenu de la garantir, quoique le protêt ait été fait
après les délais fixés.
 Section 3 - De l'endossement
Article 156
Toute lettre de change même non expressément tirée à ordre est
transmissible par la voie de l'endossement.
Lorsque le tireur a inséré dans la lettre de change les mots "non à
ordre" ou une expression équivalente, le titre n'est transmissible que dans
la forme et avec les effets d'une cession ordinaire.
L'endossement peut être fait même au profit du tiré, accepteur ou
non, du tireur ou de tout autre obligé. Ces personnes peuvent endosser la
lettre à nouveau.
L'endossement doit être pur et simple. Toute condition à laquelle il
est subordonné est réputée non écrite.
L'endossement partiel est nul.
L'endossement au porteur vaut comme un endossement en blanc.
L'endossement doit être inscrit sur la lettre de change ou sur une
feuille qui y est attachée (allonge). Il doit être signé par l'endosseur. La
signature de celui-ci est apposée, soit à la main, soit par tout procédé non
manuscrit.
L'endossement peut ne pas désigner le bénéficiaire ou consister sim-
plement dans la signature de l'endosseur (endossement en blanc). Dans ce
dernier cas, l'endossement, pour être valable, doit être inscrit au dos de la
lettre de change ou sur une allonge.
Article 157
L'endossement transmet tous les droits résultant de la lettre de
change.
Si l'endossement est en blanc le porteur peut :
-remplir le blanc soit de son nom, soit du nom d'une autre
personne ;
-endosser la lettre de nouveau en blanc ou à une autre personne ;

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-remettre la lettre à un tiers, sans remplir le blanc et sans l'endosser.


Article 158
L'endosseur est, sauf clause contraire, garant de l'acceptation et du
paiement.
Il peut interdire un nouvel endossement ; dans ce cas, il n'est pas te-
nu à la garantie envers les personnes auxquelles la lettre est ultérieure-
ment endossée.
Article 159
Le détenteur d'une lettre de change est considéré comme porteur lé-
gitime, s'il justifie de son droit par une suite ininterrompue d'endosse-
ments, même si le dernier endossement est en blanc. Les endossements
biffés sont à cet égard réputés non écrits. Quand un endossement en blanc
est suivi d'un autre endossement, le signataire de celui-ci est réputé avoir
acquis la lettre de par l'endossement en blanc.
Si une personne a été dépossédée d'une lettre de change par quelque
événement que ce soit, le porteur, justifiant de son droit de la manière in-
diquée à l'alinéa précédent, n'est tenu de se dessaisir de la lettre que s'il l'a
acquise de mauvaise foi ou si, en l'acquérant, il a commis une faute
lourde.
Article 160
Les personnes actionnées en vertu de la lettre de change ne peuvent
pas opposer au porteur les exceptions fondées sur les rapports personnels
avec le tireur ou avec les porteurs antérieurs, à moins que le porteur, en
acquérant la lettre n'ait agi sciemment au détriment du débiteur.
Article 161
Lorsque l'endossement contient la mention "valeur en recouvre-
ment", "pour encaissement", "par procuration" ou toute autre mention im-
pliquant un simple mandat, le porteur peut exercer tous les droits dérivant
de la lettre de change, mais il ne peut endosser celle-ci qu'à titre de procu-
ration.
Les obligés ne peuvent, dans ces cas, invoquer contre le porteur que
les exceptions qui seraient opposables à l'endosseur.
Le mandat renfermé dans un endossement de procuration ne prend
pas fin par le décès du mandant ou la survenance de son incapacité.

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Lorsqu'un endossement contient la mention "valeur en garantie",


"valeur en gage" ou toute autre mention impliquant un nantissement, le
porteur peut exercer tous les droits dérivant de la lettre de change, mais
un endossement fait par lui ne vaut que comme endossement à titre de
procuration.
Les obligés ne peuvent invoquer contre le porteur les exceptions
fondées sur les rapports personnels avec l'endosseur, à moins que le por-
teur, en recevant la lettre, n'ait agi sciemment au détriment du débiteur.
Article 162
L'endossement postérieur à l'échéance produit les mêmes effets
qu'un endossement antérieur. Toutefois, l'endossement postérieur au pro-
têt faute de paiement ou fait après l'expiration du délai fixé pour dresser le
protêt, ne produit que les effets d'une cession ordinaire.
Sauf preuve contraire, l'endossement sans date est censé avoir été
fait avant l'expiration du délai fixé pour dresser le protêt.
Il est interdit d'antidater les ordres à peine de faux.
 Section 4 - De l'acceptation
Article 163
La lettre de change peut être, jusqu'à l'échéance, présentée à l'accep-
tation du tiré au lieu de son domicile, par le porteur ou même par un
simple détenteur.
Dans toute lettre de change, le tireur peut stipuler qu'elle devra être
présentée à l'acceptation, avec ou sans fixation de délai.
Il peut interdire dans la lettre la présentation à l'acceptation à moins
qu'il ne s'agisse d'une lettre de change payable chez un tiers ou d'une lettre
de change payable dans une localité autre que celle du domicile du tiré ou
d'une lettre tirée à un certain délai de vue.
Il peut aussi stipuler que la présentation à l'acceptation ne pourra
avoir lieu avant un terme indiqué.
Tout endosseur peut stipuler que la lettre devra être présentée à l'ac-
ceptation, avec ou sans fixation de délai, à moins qu'elle n'ait été déclarée
non acceptable par le tireur.
Les lettres de change à un certain délai de vue doivent être présen-
tées à l'acceptation dans le délai d'un an à partir de leur date.

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Le tireur peut abréger ce dernier délai ou en stipuler un plus long.


Ces délais peuvent être abrégés par les endosseurs.
Lorsqu'une lettre de change est créée en exécution d'une convention
relative à des fournitures de marchandises et passée entre commerçants, et
que le tireur a satisfait aux obligations résultant pour lui du contrat, le tiré
ne peut se refuser à donner son acceptation dès l'expiration d'un délai con-
forme aux usages normaux du commerce en matière de reconnaissance de
marchandises.
Le refus d'acceptation entraîne de plein droit la déchéance du terme
aux frais et dépens du tiré.
Article 164
Le tiré peut demander qu'une seconde présentation lui soit faite le
lendemain de la première. Les intéressés ne sont admis à prétendre qu'il
n'a pas été fait droit à cette demande que si celle-ci est mentionnée dans le
protêt.
Le porteur n'est pas obligé de se dessaisir entre les mains du tiré de
la lettre présentée à l'acceptation.
Article 165
L'acceptation est écrite sur la lettre de change. Elle est exprimée par
le mot "accepté" ou tout autre mot équivalent, elle est signée du tiré. La
simple signature du tiré apposée au recto de la lettre vaut acceptation.
Quand la lettre est payable à un certain délai de vue ou lorsqu'elle
doit être présentée dans un délai exprimé en vertu d'une stipulation spé-
ciale, l'acceptation doit être datée du jour où elle a été donnée, à moins
que le porteur n'exige qu'elle soit datée du jour de la présentation. A dé-
faut de date, le porteur, pour conserver ses droits de recours contre les en-
dosseurs et contre le tireur, fait constater cette omission par un protêt
dressé en temps utile. L'acceptation est pure et simple, mais le tiré peut la
restreindre à une partie de la somme. Toute autre modification apportée
par l'acceptation aux énonciations de la lettre de change équivaut à un re-
fus d'acceptation. Toutefois, l'accepteur est tenu dans les termes de son
acceptation.
Article 166

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Quand le tireur a indiqué dans la lettre de change un lieu de paie-


ment autre que celui du domicile du tiré sans désigner un tiers chez qui le
paiement doit être effectué, le tiré peut l'indiquer lors de l'acceptation. A
défaut de cette indication, l'accepteur est réputé s'être obligé à payer lui-
même au lieu du paiement.
Si la lettre est payable au domicile du tiré, celui-ci peut, dans l'ac-
ceptation, indiquer une adresse du même lieu où le paiement doit être ef-
fectué.
Article 167
Par l'acceptation, le tiré s'oblige à payer la lettre de change à
l'échéance.
A défaut de paiement, le porteur, même s'il est le tireur, a contre
l'accepteur une action directe résultant de la lettre de change pour tout ce
qui peut être exigé en vertu des articles 189 et 192.
Article 168
Si le tiré qui a revêtu la lettre de change de son acceptation a biffé
celle-ci avant la restitution de la lettre, l'acceptation est censée être refu-
sée. Sauf preuve contraire, la radiation est censée avoir été faite avant la
restitution du titre.
Toutefois, si le tiré a fait connaître son acceptation par écrit au por-
teur ou à un signataire quelconque, il est tenu envers ceux-ci dans les
termes de son acceptation.

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 Section 5 - De l'aval
Article 169
Le paiement d'une lettre de change peut être garanti pour tout ou
partie de son montant par un aval. Cette garantie est fournie par un tiers
ou même par un signataire de la lettre.
L'aval est donné soit sur la lettre de change ou sur une allonge, soit
par acte séparé indiquant le lieu où il est intervenu.
Il est exprimé par les mots "bon pour aval" ou par toute autre for-
mule équivalente ; il est signé par le donneur d'aval.
Il est considéré comme résultant de la seule signature du donneur
d'aval apposée au recto de la lettre de change, sauf quand il s'agit de la si-
gnature du tiré ou de celle du tireur.
L'aval doit indiquer pour le compte de qui il est donné. A défaut de
cette indication, il est réputé être donné pour le tireur.
Le donneur d'aval est tenu de la même manière que celui dont il s'est
porté garant.
Son engagement est valable alors même que l'obligation qu'il a ga-
rantie serait nulle pour toute cause autre qu'un vice de forme.
Quand il paie la lettre de change, le donneur d'aval acquiert les
droits résultant de la lettre de change contre le garanti et contre ceux qui
sont tenus envers ce dernier en vertu de la lettre de change.
 Section 6 - De l'échéance
Article 170
Une lettre de change peut être tirée :
-à vue ;
-à un certain délai de vue ;
-à un certain délai de date ;
-à jour fixe.
Les lettres de change, soit à d'autres échéances, soit à échéances
successives, sont nulles.
Article 171

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La lettre de change à vue est payable à sa présentation. Elle doit être


présentée au paiement dans le délai d'un an à partir de sa date. Le tireur
peut abréger ce délai ou en stipuler un plus long. Ces délais peuvent être
abrégés par les endosseurs. Le tireur peut prescrire qu'une lettre de change
payable à vue ne doit pas être présentée au paiement avant un terme indi-
qué. Dans ce cas, le délai de présentation part de ce terme.
Article 172
L'échéance d'une lettre de change à un certain délai de vue est dé-
terminée, soit par la date de l'acceptation, soit par celle du protêt.
En l'absence du protêt, l'acceptation non datée est réputée, à l'égard
de l'accepteur, avoir été donnée le dernier jour du délai prévu pour la pré-
sentation à l'acceptation.
L'échéance d'une lettre de change tirée à un ou plusieurs mois de
date ou de vue a lieu à la date correspondante au mois où le paiement doit
être effectué. A défaut de date correspondante, l'échéance a lieu le dernier
jour de ce mois.
Quand une lettre de change est tirée à un ou plusieurs mois et demi
de date ou de vue, on compte d'abord les mois entiers.
Si l'échéance est fixée au commencement, au milieu ou à la fin du
mois, on entend par ces termes le premier, le quinze ou le dernier jour du
mois.
Les expressions "huit jours" ou "quinze jours" s'entendent non d'une
ou deux semaines, mais d'un délai de huit (8) ou quinze (15) jours effec-
tifs.
L'expression "demi-mois" indique un délai de quinze (15) jours.
Article 173
Quand une lettre de change est payable à jour fixe dans un lieu où le
calendrier est différent de celui du lieu de l'émission, la date de l'échéance
est considérée comme fixée d'après le calendrier du lieu de paiement.
Quand une lettre de change tirée en deux (2) places ayant des calen-
driers différents est payable à un certain délai de date, le jour de l'émis-
sion est ramené au jour correspondant du calendrier du lieu de paiement
et l'échéance est fixée en conséquence.

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Les délais de présentation des lettres de change sont calculés con-


formément aux règles de l'alinéa précédent.
Ces règles ne sont pas applicables si une clause de la lettre de
change ou même les simples énonciations du titre indiquent que l'inten-
tion a été d'adopter des règles différentes.
 Section 7 - Du paiement
Article 174
Le porteur d'une lettre de change payable à jour fixe ou à un certain
délai de date ou de vue doit présenter la lettre de change au paiement, soit
le jour où elle est payable, soit l'un des deux (2) jours ouvrables qui sui-
vent.
La présentation d'une lettre de change à une chambre de compensa-
tion ou à un Point d’Accès à la Compensation équivaut à une présentation
au paiement.
Article 175
Le tiré peut exiger, en payant la lettre de change, qu'elle soit remise
acquittée par le porteur.
Le porteur peut accepter un paiement partiel. En cas de paiement
partiel, le tiré peut exiger que mention de ce paiement soit faite sur la
lettre et que quittance lui en soit donnée.
Les paiements faits à un compte sur le montant d'une lettre de
change sont à la décharge des tireur et endosseur.
Le porteur peut faire protester la lettre de change pour le surplus.
Article 176
Le porteur d'une lettre de change ne peut être contraint d'en recevoir
le paiement avant l'échéance.
Le tiré qui paye avant l'échéance le fait à ses risques et périls.
Celui qui paye à l'échéance est valablement libéré, à moins qu'il n'y
ait de sa part une fraude ou une faute lourde. Il est obligé de vérifier la ré-
gularité de la suite des endossements, mais non la signature des endos-
seurs.
Article 177

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Lorsqu'une lettre de change est stipulée payable en une monnaie


n'ayant pas cours au lieu de paiement, le montant peut en être payé dans la
monnaie du pays, d'après sa valeur au jour de l'échéance. Si le débiteur est
en retard, le porteur peut, à son choix, demander que le montant de la
lettre de change soit payé dans la monnaie de son pays d'après le cours,
soit du jour de l'échéance, soit du jour du paiement.
Les usages du lieu de paiement servent à déterminer la valeur de la
monnaie étrangère. Toutefois, le tireur peut stipuler que la somme à payer
sera calculée d'après un cours déterminé dans la lettre.
Les règles sus-énoncées ne s'appliquent pas au cas où le tireur a sti-
pulé que le paiement devra être fait dans une certaine monnaie indiquée
(clause de paiement effectif en une monnaie étrangère).
Si le montant de la lettre de change est indiqué dans une monnaie
ayant la même dénomination, mais une valeur différente, dans le pays
d'émission et dans celui du paiement, on est présumé s'être référé à la
monnaie du lieu du paiement.
Article 178
A défaut de présentation de la lettre de change au paiement le jour
de son échéance ou l'un des deux (2) jours ouvrables qui suivent, tout dé-
biteur a la faculté d'en remettre le montant en dépôt à un compte de dépôt
du Trésor Public aux frais, risques et périls du porteur.
Article 179
L'acte de dépôt contiendra la date de la lettre de change, celle de
l'échéance et le nom de celui au bénéfice duquel il aura été originairement
fait.
Le dépôt consommé, le débiteur ne sera tenu qu'à remettre l'acte du
dépôt en échange de la lettre de change.
La somme déposée sera remise à celui qui représentera l'acte du dé-
pôt sans autre formalité que la remise dudit acte, et de la signature du
comptable public dépositaire des fonds.
Article 180
Il n'est admis d'opposition au paiement qu'en cas de perte de la lettre
de change ou de procédure collective ouverte contre le porteur.

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Article 181
En cas de perte d'une lettre de change non acceptée, celui à qui elle
appartient peut en poursuivre le paiement sur une seconde, troisième, qua-
trième, ainsi de suite.
Si la lettre de change perdue est revêtue de l'acceptation, le paiement
ne peut être exigé sur une seconde, troisième, quatrième ainsi de suite que
par ordonnance du juge et en donnant caution.
Si celui qui a perdu la lettre de change qu'elle soit acceptée ou non,
ne peut représenter la seconde, troisième, quatrième ainsi de suite, il peut
demander le paiement de la lettre de change perdue et l'obtenir par ordon-
nance du juge en justifiant de sa propriété par ses livres et en donnant
caution.
Article 182
En cas de refus de paiement sur la demande formée en vertu des
deux derniers alinéas de l'article précédent, le propriétaire de la lettre de
change perdue conserve tous ses droits par un acte de protestation. Cet
acte doit être fait le lendemain de l'échéance de la lettre de change perdue.
Les avis prescrits par l'article 189 du présent Règlement doivent être don-
nés au tireur et aux endosseurs dans les délais fixés par cet article.
Article 183
Le propriétaire de la lettre de change égarée doit, pour s'en procurer
une seconde, s'adresser à son endosseur immédiat qui est tenu de lui prê-
ter son nom et ses soins pour agir envers son propre endosseur jusqu'au
tireur de la lettre. Le propriétaire de la lettre de change égarée supportera
les frais.
Article 184
L'engagement de la caution mentionnée à l'article 181 alinéas 2 et 3
du présent Règlement est éteint après trois ans si, pendant ce temps, il n'y
a eu ni demandes ni poursuites en justice.
 Section 8 - Des recours faute d'acceptation et faute de
paiement, des protêts, du rechange

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 Sous-Section 1 : Des recours faute d'acceptation et faute de


paiement
Article 185
Le porteur peut exercer ses recours contre les endosseurs, le tireur et
les autres obligés :
1.à l'échéance si le paiement n'a pas eu lieu ;
2.même avant l'échéance :
-s'il y a eu refus total ou partiel d'acceptation ;
-dans les cas de redressement judiciaire, liquidation des biens ou
faillite du tiré, accepteur ou non, de cessation de ses paiements
même non constatée par un jugement ou de saisie de ses biens
demeurée infructueuse ;
-dans les cas de redressement judiciaire, liquidation des biens ou
faillite du tireur d'une lettre non acceptable.
Toutefois, les garants contre lesquels un recours est exercé dans les
cas prévus par l’alinéa qui précède pourront, dans les trois (3) jours de
l'exercice de ce recours, adresser au Président du Tribunal compétent de
leur domicile une requête pour solliciter des délais. Si la demande est re-
connue fondée, l'ordonnance fixera l'époque à laquelle les garants seront
tenus de payer les effets de commerce dont il s'agit, sans que les délais
ainsi octroyés puissent dépasser la date fixée pour l'échéance. L'ordon-
nance ne sera susceptible ni d'opposition, ni d'appel.
Article 186
Le refus d'acceptation ou de paiement doit être constaté par un acte
authentique (protêt faute d'acceptation ou faute de paiement).
Le protêt, faute d'acceptation, doit être fait dans les délais fixés pour
la présentation à l'acceptation.
Si dans le cas prévu à l'article 164 alinéa 1er du présent Règlement, la
première présentation a eu lieu le dernier jour du délai, le protêt peut en-
core être dressé le lendemain.

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Le protêt, faute de paiement d'une lettre de change payable à jour


fixe ou à un certain délai de date ou de vue, doit être fait l'un des deux (2)
jours ouvrables qui suivent le jour où la lettre de change est payable. S'il
s'agit d'une lettre de change payable à vue, le protêt doit être dressé dans
les conditions prévues au présent article pour dresser le protêt faute d'ac-
ceptation.
Le protêt, faute d'acceptation, dispense de la présentation au paie-
ment et du protêt faute de paiement.
En cas de cessation de paiement du tiré, accepteur ou non ou en cas
de saisie de ses biens demeurée infructueuse, le porteur ne peut exercer
ses recours qu'après présentation de la lettre au tiré pour le paiement et
après confection d'un protêt.
En cas de procédure collective ouverte contre le tiré accepteur ou
non ou contre le tireur d'une lettre non acceptable, la production du juge-
ment déclaratif suffit au porteur pour lui permettre d'exercer ses recours.
Article 187
Lorsque le porteur consent à recevoir en paiement, soit un chèque
ordinaire, soit un mandat de virement sur la Banque Centrale, soit un
chèque postal, le chèque ou le mandat doit indiquer le nombre et
l'échéance des effets ainsi payés ; cette indication n'est toutefois pas im-
posée pour les chèques ou mandats de virement créés pour le règlement
entre banquiers du solde des opérations effectuées entre eux par l'inter-
médiaire d'une chambre de compensation ou d’un Point d’Accès à la
Compensation.
Si le règlement est effectué au moyen d'un chèque ordinaire et que
celui-ci n'est pas payé, notification d'un protêt faute de paiement dudit
chèque est faite au lieu de paiement de la lettre de change dans le délai
prévu à l'article 93 du présent Règlement.

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Le protêt faute de paiement du chèque et la notification sont faits par


un seul et même exploit, sauf dans le cas où, pour des raisons de compé-
tence territoriale, l'intervention de deux officiers ministériels est néces-
saire. Si le règlement est effectué au moyen d'un mandat de virement et
que celui-ci soit rejeté par la Banque Centrale ou au moyen d'un chèque
postal et que celui-ci soit rejeté par le Centre de Chèques Postaux déten-
teur du compte à débiter, la non-exécution fait l'objet d'un acte de notifi-
cation au domicile de l'émetteur dudit mandat ou dudit chèque postal dans
les huit (8) jours à compter de la date de l'émission. Cet acte est dressé par
un huissier, par un notaire, par toute personne ou institution dûment habi-
litée par la loi.
Lorsque le dernier jour du délai accordé pour l'accomplissement de
l'acte de notification de la non-exécution du mandat de virement ou du
chèque postal est un jour férié légal, ce délai est prorogé jusqu'au premier
jour ouvrable qui en suit l'expiration. Les jours fériés intermédiaires sont
compris dans la computation du délai.
Aux jours fériés légaux sont assimilés les jours où aux termes des
lois en vigueur aucun paiement ne peut être exigé, ni aucun protêt dressé.
Le tiré de la lettre de change qui reçoit la notification doit, s'il ne
paye pas la lettre de change ainsi que les frais de notification, et s'il y a
lieu, du protêt et du chèque, restituer la lettre de change à l'officier minis-
tériel instrumentaire. Celui-ci dresse immédiatement le protêt faute de
paiement de la lettre de change.
Article 188
La remise d'un mandat de virement en acquit d'un effet de com-
merce n'entraîne pas novation.
Article 189
Le porteur doit donner avis du défaut d'acceptation ou de paiement à
son endosseur dans les quatre (4) jours ouvrables qui suivent le jour du
protêt ou celui de la présentation en cas de clause de retour sans frais.

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Les notaires, les huissiers ou les personnes ou institutions dûment


habilitées par la loi, sont tenus à peine de dommages et intérêts lorsque
l'effet indiquera les nom et domicile du tireur de la lettre de change, de
prévenir celui-ci dans les quarante huit (48) heures qui suivent l'enregis-
trement, par la poste et par lettre recommandée, des motifs du refus de
payer. Cette lettre donne lieu au profit du notaire, de l’huissier ou les per-
sonnes ou institutions dûment habilitées par la loi à un honoraire fixé se-
lon le barème en vigueur, en sus des frais d'affranchissement et de re-
commandation.
Chaque endosseur doit, dans les deux (2) jours ouvrables qui suivent
le jour où il a reçu l'avis, faire connaître à son endosseur l'avis qu'il a reçu,
en indiquant les noms et les adresses de ceux qui ont donné les avis pré-
cédents, et ainsi de suite en remontant jusqu'au tireur.
Les délais ci-dessus indiqués courent à compter de la réception de
l'avis précédent.
Lorsqu'en vertu du présent article un avis est donné au signataire de
la lettre de change, le même avis doit être donné dans le même délai à son
avaliseur.
Dans le cas où un endosseur n'a pas indiqué son adresse ou l'a indi-
qué de façon illisible, il suffit que l'avis soit donné à l'endosseur qui le
précède. Celui qui a un avis à donner peut le faire sous une forme quel-
conque, même par un simple renvoi de la lettre de change.
Il doit prouver qu'il a donné l'avis dans le délai imparti.
Ce délai sera considéré comme observé si une lettre missive donnant
l'avis a été expédiée par voie postale dans ledit délai.
Celui qui ne donne pas l'avis dans le délai ci-dessus indiqué n'en-
court pas de déchéance ; il est responsable, s'il y a lieu, du préjudice causé
par sa négligence, sans que les dommages-intérêts puissent dépasser le
montant de la lettre de change.
Article 190
Le tireur, un endosseur ou un avaliseur, peut, par la clause "retour
sans frais", "sans protêt" ou toute autre clause équivalente inscrite sur le
titre et signée, dispenser le porteur de faire dresser, pour exercer ses re-
cours, un protêt faute d'acceptation ou faute de paiement.

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Cette clause ne dispense pas le porteur de la présentation de la lettre


de change dans les délais prescrits ni des avis à donner.
La preuve de l'inobservation des délais incombe à celui qui s'en pré-
vaut contre le porteur.
Si la clause est inscrite par le tireur, elle produit ses effets à l'égard
de tous les signataires. Si elle est inscrite par un endosseur ou un avali-
seur, elle produit ses effets simplement à l'égard de celui-ci. Si malgré la
clause inscrite par le tireur, le porteur fait dresser le protêt, les frais restent
à sa charge. Quand la clause émane d'un endosseur ou d'un avaliseur les
frais de protêt, s'il en est dressé, peuvent être recouvrés contre tous les si-
gnataires.
Article 191
Tous ceux qui ont tiré, accepté, endossé, avalisé une lettre de change
sont solidairement tenus envers le porteur.
Le porteur a le droit d'agir contre toutes ces personnes, individuel-
lement ou collectivement, sans être astreint à observer l'ordre dans lequel
elles se sont obligées.
Le même droit appartient à tout signataire d'une lettre de change qui
a remboursé celle-ci.
L'action intentée contre un des obligés, n'empêche pas d'agir contre
les autres, même postérieurs à celui qui a été d'abord poursuivi.
Article 192
Le porteur peut réclamer à celui contre lequel il exerce son recours :
-le montant de la lettre de change non acceptée ou non payée, avec
les intérêts s'il en a été stipulé ;
-les intérêts au taux légal à partir de l'échéance ;
-les frais du protêt, ceux des avis donnés ainsi que les autres frais.
Si le recours est exercé avant l'échéance, déduction sera faite d'un
escompte sur le montant de la lettre. Cet escompte sera calculé d'après le
taux officiel d'escompte de la Banque Centrale, tel qu'il existe à la date du
recours au lieu du domicile du porteur.
Article 193
Celui qui a remboursé la lettre de change peut réclamer à ses garants
:

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165

-la somme intégrale qu'il a payée ;


-les intérêts de ladite somme, calculés au taux légal à partir du jour
où il l'a déboursée ;
-les frais qu'il a supportés.
Article 194
Tout obligé contre lequel un recours est exercé ou qui est exposé à
un recours peut exiger, contre remboursement, la remise de la lettre de
change avec le protêt et un compte acquitté.
Tout endosseur qui a remboursé la lettre de change peut biffer son
endossement et ceux des endosseurs subséquents.
Article 195
En cas d'exercice d'un recours après une acceptation partielle, celui
qui rembourse la somme pour laquelle la lettre n'a pas été acceptée peut
exiger que ce remboursement soit mentionné sur la lettre et qu'il lui en
soit donné quittance. Le porteur doit, en outre, lui remettre une copie cer-
tifiée conforme de la lettre et le protêt pour permettre l'exercice des re-
cours ultérieurs.
Article 196
Le porteur est déchu de ses droits contre les endosseurs, contre les
tireurs et contre les autres obligés, à l'exception de l'accepteur, après l'ex-
piration des délais fixés :
-pour la présentation d'une lettre de change à vue ou à un certain
délai de vue ;
-pour la confection du protêt faute d'acceptation ou faute de
paiement ;
-pour la présentation au paiement en cas de clause de retour sans
frais.
Toutefois, la déchéance n'a lieu à l'égard du tireur que s'il justifie
qu'il a fait provision à l'échéance. Le porteur, dans ce cas, ne conserve
d'action que contre celui sur qui la lettre de change était tirée.
A défaut de présentation à l'acceptation dans le délai stipulé par le
tireur, le porteur est déchu de ses droits de recours, tant pour défaut de
paiement que pour défaut d'acceptation, à moins qu'il ne résulte des
termes de la stipulation que le tireur n'a entendu s'exonérer que de la ga-
rantie de l'acceptation.

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Si la stipulation d'un délai pour la présentation est contenue dans un


endossement, l'endosseur peut seul s'en prévaloir.
Article 197
Quand la présentation de la lettre de change ou la confection du pro-
têt dans les délais prescrits est empêchée par un obstacle insurmontable
soit du fait d'une prescription légale d'un Etat quelconque ou de tous les
autres cas de force majeure, ces délais sont prolongés.
Le porteur est tenu de donner sans retard avis du cas de force ma-
jeure à son endosseur et de mentionner cet avis daté et signé de lui sur la
lettre de change ou sur une allonge ; pour le surplus, les dispositions de
l'article 190 du présent Règlement sont applicables.
Après cessation de la force majeure, le porteur doit, sans retard, pré-
senter la lettre à l'acceptation ou au paiement et, s'il y a lieu, faire dresser
le protêt.
Si la force majeure subsiste au-delà de trente (30) jours à partir de
l'échéance, les recours peuvent être exercés, sans que ni la présentation, ni
la confection d'un protêt, soient nécessaires, à moins que ces recours ne se
trouvent suspendus pour une période plus longue pour, notamment, les
raisons suivantes : "mobilisation de l'armée, fléau ou calamité publique,
interruption des services publics, interruption des services bancaires".
Pour les lettres de change à vue ou à un certain délai de vue, le délai
de trente (30) jours court à la date à laquelle le porteur a, même avant
l'expiration des délais de présentation, donné avis de force majeure à son
endosseur. Pour les lettres à un certain délai de vue, le délai de trente (30)
jours s'augmente au-delà du délai de vue indiqué dans la lettre de change.
Ne sont point considérés comme constituant des cas de force ma-
jeure, les faits purement personnels au porteur ou à celui qu'il a chargé de
la présentation de la lettre de change ou de la confection du protêt.
Article 198
Indépendamment des formalités prescrites pour l'exercice de l'action
en garantie, le porteur d'une lettre de change protestée faute de paiement
peut, en obtenant la permission du juge, saisir conservatoirement les ef-
fets mobiliers des tireurs, accepteurs et endosseurs.
 Sous-Section 2 : Des protêts
Article 199

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Les protêts, faute d'acceptation ou de paiement, sont faits par un no-


taire, par un huissier ou par toute personne ou institution dûment habili-
tée par la loi.
Le protêt doit être fait :
-au domicile de celui sur qui la lettre de change était payable ou à
son dernier domicile connu ;
-au domicile des personnes indiquées par la lettre de change pour la
payer au besoin ;
-au domicile du tiers qui a accepté par intervention ;
-le tout par un seul et même acte.
En cas de fausse indication de domicile, le protêt est précédé d'un
acte de perquisition.
Article 200
L'acte de protêt contient la transcription littérale de la lettre de
change, de l'acceptation des endossements et des recommandations qui y
sont indiquées, la sommation de payer le montant de la lettre de change. Il
énonce la présence ou l'absence de celui qui doit payer, les motifs du re-
fus de payer et l'impuissance ou le refus de signer.
Article 201
Nul acte de la part du porteur de la lettre de change ne peut suppléer
l'acte de protêt hors les cas prévus par les articles 181 et suivants et par
l'article 187 du présent Règlement.
Article 202
Les notaires, huissiers ou les personnes ou institutions dûment habi-
litées par la loi, sont tenus à peine de dépens, dommages-intérêts envers
les parties, de laisser copie exacte des protêts. Sous les mêmes sanctions,
ils sont également tenus de remettre contre récépissé au greffier du Tribu-
nal compétent du domicile du débiteur ou de lui adresser par lettre re-
commandée avec avis de réception, une copie exacte des protêts faute de
paiement, des traites acceptées ; cette formalité doit être accomplie dans
la quinzaine de l'acte.
Article 203

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Le greffier du Tribunal compétent tiendra régulièrement à jour, par


ordre alphabétique, d'après les dénonciations qui lui seront faites par les
notaires, huissiers, personnes ou institutions dûment habilitées par la loi,
un état nominatif, et par débiteur, des protêts faute de paiement, des
lettres de change acceptées.
Il énoncera :
-la date du protêt ;
-les nom, prénom(s), profession et domicile de celui au profit de qui
l'effet a été créé ou le tireur de la lettre de change ;
-les nom, prénom(s) ou raison sociale de l'accepteur de la lettre de
change ;
-la date de l'échéance s'il y a lieu ;
-le montant de l'effet ;
-la réponse donnée au protêt.
Article 204
Après l'expiration d'un délai d'un (1) mois à compter du jour du pro-
têt et pendant un (1) an à compter de la même date, tout requérant pourra
se faire délivrer, à ses frais, par le greffier du Tribunal susvisé, un extrait
de l'état nominatif prévu à l'article 203 du présent Règlement.
Article 205
Sur dépôt, contre récépissé, par le débiteur de l'effet du protêt, le
greffier du Tribunal compétent effectuera, aux frais du débiteur, sur l'état
dressé en application de l'article 203, la radiation de l'avis de protêt.
Les pièces déposées pourront être retirées pendant l'année qui suivra
l'expiration du délai d'un an visé à l'article 204 ci-dessus après quoi le
greffier en sera déchargé.
Article 206
Toute publication, sous quelque forme que ce soit, des états établis
en vertu de l'article 203 du présent Règlement, est interdite sous peine de
dommages-intérêts.
 Sous-Section 3 : Du rechange
Article 207

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Toute personne ayant le droit d'exercer un recours peut, sauf stipula-


tion contraire, se faire rembourser au moyen d'une nouvelle lettre (re-
traite) tirée à vue sur l'un des garants et payable au domicile de celui-ci.
La retraite comprend, outre les sommes indiquées dans les articles
192 et 193 du présent Règlement, un droit de courtage et le droit de
timbre de la retraite.
Si la retraite est tirée par le porteur, le montant en est fixé d'après le
cours d'une lettre de change à vue, tirée du lieu où la lettre primitive était
payable sur le lieu du domicile du garant. Si la retraite est tirée par un en-
dosseur, le montant en est fixé d'après le cours d'une lettre à vue tirée du
lieu où le tireur de la retraite a son domicile sur le lieu du domicile du ga-
rant.
Article 208
Le rechange se règle pour tout le territoire de l’UEMOA uniformément
comme suit:
-un quart pour cent pour la capitale ;
-un demi pour cent pour toute autre place.
Article 209
Les rechanges ne peuvent être cumulés. Chaque endosseur n'en sup-
porte qu'un seul ainsi que le tireur.
 Section 9 - De l’intervention
Article 210
Le tireur, un endosseur ou avaliseur peut indiquer une personne pour
accepter ou payer au besoin.
La lettre de change peut être, sous les conditions déterminées ci-
après, acceptée ou payée par une personne intervenant pour un débiteur
quelconque exposé au recours.
L'intervenant peut être un tiers, même le tiré ou une personne déjà
obligée en vertu de la lettre de change, sauf l'accepteur.
L'intervenant est tenu de donner, dans un délai de deux (2) jours ou-
vrables, avis de son intervention à celui pour qui il est intervenu. En cas
d'inobservation de ce délai, il est responsable, s'il y a lieu, du préjudice
causé par sa négligence, sans que les dommages-intérêts puissent dépas-
ser le montant de la lettre de change.
Sous-Section 1 – De l'acceptation par intervention

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Article 211
L'acceptation par intervention peut avoir lieu dans tous les cas où
des recours sont ouverts avant l'échéance au porteur d'une lettre de change
acceptable.
Lorsqu'il a été indiqué sur la lettre de change une personne pour
l'accepter ou la payer au besoin au lieu de paiement, le porteur ne peut
exercer avant l'échéance ses droits de recours contre celui qui a apposé
l'indication et contre les signataires subséquents, à moins qu'il n'ait pré-
senté la lettre de change à la personne désignée et que, celle-ci ayant refu-
sé l'acceptation, ce refus n'ait été constaté par un protêt.
Dans les autres cas d'intervention, le porteur peut refuser l'accepta-
tion par intervention.
Toutefois, s'il l'admet, il perd les recours qui lui appartiennent avant
l'échéance contre celui pour qui l'acceptation a été donnée et contre les
signataires subséquents.
L'acceptation par intervention est mentionnée sur la lettre de change,
elle est signée par l'intervenant. Elle indique pour le compte de qui elle a
eu lieu, à défaut de cette indication, l'acceptation est réputée donnée pour
le tireur.
L'accepteur par intervention est obligé envers le porteur et envers les
endosseurs postérieurs à celui pour le compte duquel il est intervenu, de la
même manière que celui-ci.
Celui pour lequel elle a été faite et ses garants peuvent exiger du
porteur, contre remboursement de la somme indiquée à l'article 192 du
présent Règlement, la remise de la lettre de change, du protêt et d'un
acompte acquitté s'il y a lieu.
 Sous-Section 2 - Du paiement par intervention
Article 212
Le paiement par intervention peut avoir lieu dans tous les cas où des
recours sont ouverts au porteur soit à l'échéance, soit avant l'échéance.
Le paiement doit comprendre toute la somme qu'aurait à payer celui
pour lequel il a lieu. Il doit être fait au plus tard le lendemain du dernier
jour admis pour la confection du protêt faute de paiement.
Article 213

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Si la lettre de change a été acceptée par des intervenants ayant leur


domicile au lieu de paiement ou si des personnes ayant leur domicile dans
ce même lieu ont été indiquées pour payer au besoin, le porteur doit pré-
senter la lettre à toutes ces personnes et faire dresser, s'il y a lieu, un pro-
têt faute de paiement au plus tard le lendemain du dernier jour admis pour
la confection du protêt.
A défaut de protêt dressé dans ce délai, celui qui a indiqué le besoin
ou pour le compte de qui la lettre a été acceptée et les endosseurs posté-
rieurs cessent d'être obligés.
Article 214
Le porteur qui refuse le paiement par intervention perd ses recours
contre ceux qui auraient été libérés.
Article 215
Le paiement par intervention doit être constaté par un acquit donné
sur la lettre de change, avec indication de celui pour qui il est fait. A dé-
faut de cette indication, le paiement est considéré comme fait pour le ti-
reur.
La lettre de change et le protêt, s'il en a été dressé un, doivent être
remis au payeur par intervention.
Article 216
Le payeur par intervention acquiert les droits résultant de la lettre de
change contre celui pour lequel il a payé et contre ceux qui sont tenus vis-
à-vis de ce dernier en vertu de la lettre de change. Toutefois, il ne peut
endosser la lettre de change à nouveau.
Les endosseurs postérieurs au signataire pour qui le paiement a eu
lieu sont libérés.
En cas de concurrence pour le paiement par intervention, celui qui
opère le plus de libération est préféré. Celui qui intervient en connais-
sance de cause, contrairement à cette règle, perd ses recours contre ceux
qui auraient été libérés.
 Section 10 - De la pluralité d'exemplaires et de copies
 Sous-Section 1 : De la pluralité d'exemplaires
Article 217

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La lettre de change peut être tirée en plusieurs exemplaires iden-


tiques. Ces exemplaires doivent être numérotés dans le texte même du
titre, faute de quoi chacun d'eux est considéré comme une lettre de change
distincte.
Tout porteur d'une lettre n'indiquant pas qu'elle a été tirée en un
exemplaire unique peut exiger à ses frais la délivrance de plusieurs exem-
plaires. A cet effet, il doit s'adresser à son endosseur immédiat qui est te-
nu de lui prêter ses soins pour agir contre son propre endosseur et ainsi de
suite en remontant jusqu'au tireur.
Les endosseurs sont tenus de reproduire les endossements sur les
nouveaux exemplaires.
Article 218
Le paiement fait sur un des exemplaires est libératoire alors même
qu'il n'est pas stipulé que ce paiement annule l'effet des autres exem-
plaires. Toutefois, le tiré reste tenu à raison de chaque exemplaire accepté
dont il n'a pas obtenu la restitution.
L'endosseur qui a transféré les exemplaires à différentes personnes
ainsi que les endosseurs subséquents sont tenus à raison de tous les exem-
plaires portant leur signature et qui n'ont pas été restitués.
Article 219
Celui qui a envoyé un des exemplaires à l'acceptation doit indiquer,
sur les autres exemplaires, le nom de la personne entre les mains de la-
quelle cet exemplaire se trouve. Celle-ci est tenue de le remettre au por-
teur légitime d'un autre exemplaire.
Si elle s'y refuse, le porteur ne peut exercer de recours qu'après avoir
fait constater par un protêt :
-que l'exemplaire envoyé à l'acceptation ne lui a pas été remis sur sa
demande ;
-que l'acceptation ou le paiement n'a pu être obtenu sur un autre
exemplaire.
 Sous-Section 2 : Des copies
Article 220
Tout porteur d'une lettre de change a le droit d'en faire copie .

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La copie doit reproduire exactement l'original avec les endosse-


ments et toutes les autres mentions qui y figurent. Elle doit indiquer où
elle s'arrête.
Elle peut être endossée ou avalisée de la même manière et avec les
mêmes effets que l'original.
Article 221
La copie de la lettre de change doit désigner le détenteur du titre
original. Celui-ci est tenu de remettre ledit titre au porteur légitime de la
copie.
S'il s'y refuse, le porteur ne peut exercer le recours contre les per-
sonnes qui ont endossé ou avalisé la copie qu'après avoir fait constater par
un protêt que l'original ne lui a pas été remis sur sa demande.
Si le titre original, après le dernier endossement survenu avant que
la copie ne soit faite, porte la clause : "à partir d'ici l'endossement ne vaut
que sur la copie", ou toute autre formule équivalente, un endossement si-
gné ultérieurement sur l'original est nul.
 Section 11 - Des altérations
Article 222
En cas d'altération du texte d'une lettre de change, les signataires
postérieurs à cette altération sont tenus dans les termes du texte altéré. Les
signataires antérieurs le sont dans les termes du texte originel.
 Section 12 - De la prescription
Article 223
Les actions résultant de la lettre de change contre l'accepteur se
prescrivent par trois (3) ans à compter de la date de l'échéance.
Les actions du porteur contre les endosseurs et contre le tireur se
prescrivent par un an à compter de la date du protêt dressé en temps utile
ou de celle de l'échéance, en cas de clause de retour sans frais.
Les actions des endosseurs les uns contre les autres et contre le ti-
reur se prescrivent par six (6) mois à partir du jour où l'endosseur a rem-
boursé la lettre ou du jour où il a été lui-même actionné.
Les prescriptions, en cas d'action exercée en justice, ne courent que
du jour de la dernière poursuite judiciaire. Elles ne s'appliquent pas s'il y a
eu condamnation ou si la dette a été reconnue par acte séparé.

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L'interruption de la prescription n'a d'effet que contre celui à l'égard


duquel l'acte interruptif a été fait. Néanmoins, les prétendus débiteurs se-
ront tenus, s'ils en sont requis, d'affirmer, sous serment, qu'ils ne sont plus
redevables, et leur(s) conjoint(s) survivant(s), héritiers ou ayants-cause,
d'affirmer qu'ils estiment de bonne foi qu'il n'est plus rien dû.

Section 13 - Dispositions générales


Article 224
Le paiement d'une lettre de change dont l'échéance est un jour férié
légal ne peut être exigé que le premier jour ouvrable qui suit. De même,
tous les autres actes relatifs à la lettre de change, notamment la présenta-
tion à l'acceptation et le protêt, ne peuvent être faits qu'un jour ouvrable.
Lorsqu'un de ces actes doit être accompli dans un certain délai dont
le dernier jour est un jour férié légal, ce délai est prorogé jusqu'au premier
jour ouvrable qui en suit l'expiration. Les jours fériés intermédiaires sont
compris dans la computation des délais.
Article 225
Aux jours fériés légaux sont assimilés les jours fériés dits "chômés
et payés".
Article 226
Les délais légaux ou conventionnels ne comprennent pas le jour qui
leur sert de point de départ.
Aucun jour de grâce ni légal ni judiciaire n'est admis sauf dans les
cas prévus par les articles 185 et 197 du présent Règlement.
Article 227

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Les frais résultant de la présentation à l'acceptation d'une lettre de


change un jour où l'établissement devant payer est fermé alors que ce jour
est ouvrable, ou de la présentation au paiement d'un effet de commerce
quelconque dont l'échéance a eu lieu ce même jour, sont à la charge du
tiré qui n'a pas indiqué en temps utile au tireur ce jour de fermeture, ou du
tireur ou du porteur qui n'a pas tenu compte de cette indication.
Est réputé fourni en temps utile l'avis du jour de fermeture donné au
tireur par le tiré au plus tard à l'époque où a été conclue l'opération qui a
rendu celui-ci débiteur.
 CHAPITRE II - DU BILLET A ORDRE
Article 228
Le billet à ordre contient :
-la clause à ordre ou la dénomination du titre insérée dans le texte
même et exprimée dans la langue employée pour la rédaction de
ce titre ;
-la promesse pure et simple de payer une somme déterminée ;
-l'indication de l'échéance ;
-l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer ;
-le nom de celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être fait
;
-l'indication de la date et du lieu où le billet à ordre est souscrit ;
-la signature de celui qui émet le titre ou le souscripteur.
Article 229
Le titre dans lequel une des énonciations indiquées à l'article précé-
dent fait défaut ne vaut pas comme billet à ordre, sauf dans les cas sui-
vants :
1-le billet à ordre dont l'échéance n'est pas déterminée est considéré
comme payable à vue ;
2-à défaut d'indication spéciale, le lieu de création du titre est réputé
être le lieu de paiement et en même temps, le lieu de domicile du
souscripteur ;
3-le billet à ordre n'indiquant pas le lieu de sa création est considéré
comme souscrit dans le lieu désigné à côté du nom du
souscripteur.
Article 230

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Sont applicables au billet à ordre, en tant qu'elles ne sont pas incom-


patibles avec la nature de ce titre, les dispositions relatives à la lettre de
change concernant :
1.l'endossement ;
2.l'échéance ;
3.le paiement ;
4.les recours faute de paiement ;
5.les protêts ;
6.le rechange ;
7.le paiement par intervention ;
8.les copies ;
9.les altérations ;
10.la prescription ;
11.les jours fériés, les jours ouvrables et assimilés, la computation
des délais.
12.la pluralité d’exemplaires et de copies
Article 231
Sont aussi applicables au billet à ordre les dispositions concernant :
1.la lettre de change payable chez un tiers ou dans une localité autre
que celle du tiré ;
2.la stipulation d'intérêts ;
3.les différentes énonciations relatives à la somme à payer ;
4.les conséquences de l'apposition d'une signature dans les
conditions visées à l'article 153, celles de la signature d'une
personne qui agit sans pouvoirs ou en dépassant ses pouvoirs.
Article 232
Sont également applicables au billet à ordre les dispositions relatives
à l'aval. Si l'aval n'indique pas pour le compte de qui il a été donné, il est
réputé l'avoir été pour le compte du souscripteur du billet à ordre.
Article 233
Le souscripteur d'un billet à ordre est obligé de la même façon que
l'accepteur d'une lettre de change.

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Article 234
Les billets à ordre payables à un certain délai de vue doivent être présen-
tés au visa du souscripteur dans les délais fixés à l'article 163 du présent
Règlement. Le délai de vue court de la date du visa signé du souscripteur
sur le billet. Le refus du souscripteur de donner son visa daté est constaté
par un protêt dont la date sert de point de départ au délai de vue.
 CHAPITRE III - DE LA CENTRALISATION DES INCIDENTS DE
PAIEMENT
 Section 1 - De la domiciliation
Article 235
Seuls la lettre de change acceptée et le billet à ordre domiciliés en
banque sont soumis à la centralisation.
La lettre de change et le billet à ordre ne peuvent être domiciliés en
banque que s'ils sont conformes à la normalisation définie par Instruction
de la Banque Centrale.
Article 236
La domiciliation est établie par suite de l'envoi au domiciliataire
d'un avis signé par le tiré ou le souscripteur, ou par indication expresse
sur la lettre de change ou le billet à ordre, avec signature.
Toutefois, il peut être suppléé à cette formalité par un ordre perma-
nent donné par le tiré ou le souscripteur au domiciliataire.
Article 237
En dehors des cas susvisés, le paiement effectué par le domicilia-
taire est inopposable au tiré ou au souscripteur.
Article 238
La domiciliation peut être révoquée par le tiré ou le souscripteur.
 Section 2 – Des incidents de paiement
Article 239
Tout banquier qui rejette un effet de commerce visé à l'article 235
pour défaut ou insuffisance de la provision doit, dans les conditions fixées
par Instruction de la Banque Centrale :

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1.enregistrer l'incident de paiement et déclarer celui-ci à la Banque


Centrale au plus tard le 4e jour ouvrable suivant la date du refus
de paiement ;
2.délivrer une attestation précisant le motif du rejet au présentateur ;
3.adresser au débiteur un avis de non-paiement.
Les informations enregistrées ne peuvent être conservées au-delà
d'une durée fixée par Instruction de la Banque Centrale.
Article 240
Les mêmes formalités doivent être observées par le banquier, lors-
que l'effet de commerce visé à l'article 235 du présent Règlement a été
domicilié sur un compte clôturé ou a fait l'objet d'une opposition.

Article 241
La Banque Centrale est chargée de la diffusion auprès des banques des
informations centralisées selon des modalités qu'elle aura fixées par Ins-
truction.
Article 242
Toute personne intéressée peut avoir accès au fichier tenu par la
Banque Centrale dans les formes et conditions qui seront fixées par arrêté
ministériel.
L'utilisation des informations est soumise aux règles prévues par
l'article 129 in fine du présent Règlement.
 QUATRIEME PARTIE - DISPOSITIONS FINALES
Article 243
Des mesures appropriées d’information et de sensibilisation seront
initiées par les Autorités publiques, les banques et établissements finan-
ciers, après la mise en vigueur du présent Règlement.
Ces mesures d’information et de sensibilisation doivent être pour-
suivies de façon périodique après l’entrée en vigueur du présent Règle-
ment.
Article 244

178
111
179

Le présent Règlement abroge et remplace toutes dispositions de


droit interne contraires ou traitant du même objet, notamment celles de la
Loi Uniforme relative aux Instruments de Paiement, à l’exception de ses
articles 83 à 90, 106 à 108 qui comportent des dispositions pénales.
Un texte annexé au présent Règlement précise la concordance entre
les dispositions pénales de la Loi Uniforme et celles du Règlement conte-
nant des infractions.

Article 245
La BCEAO et la Commission de l’UEMOA sont chargées du suivi
de l’application du présent Règlement.

Article 246
Le présent Règlement peut être modifié par le Conseil des Ministres
de l’UEMOA, sur l’initiative de la BCEAO, sur proposition conjointe de
cette dernière et de la Commission de l’UEMOA.

Article 247
Des Instructions de la BCEAO précisent, en tant que de besoin, les
dispositions du présent Règlement.

Article 248
Le présent Règlement, entre en vigueur à compter de sa date de
signature et sera publié au Bulletin Officiel de l’Union.
Fait à Cotonou, le 19 sep-
tembre 2002

Pour le Conseil des Mi-


nistres,
Le Président

Kossi ASSIMAIDOU

179
180

ANNEXE : EQUIVALENCES DES RENVOIS DE LA LOI


UNIFORME SUR LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT AU
PRESENT REGLEMENT :

1-L'article 74 auquel renvoie l’article 83 dans la Loi Uniforme


correspond à l’article 115 du Règlement.

2-Les articles 83 et 84 auxquels renvoie l'article 85 dans la Loi


Uniforme correspondent aux articles 127 et 129 du Règlement.

3-L'article 85 auquel renvoie l’article 86 dans la Loi Uniforme


correspond aux articles 127 et 129 du Règlement.

4-L'article 54 auquel renvoie l’article 88 dans la Loi Uniforme


correspond à l’article 95 du Règlement.

5-L'article 43 auquel renvoie l’article 89 dans la Loi Uniforme


correspond à l’article 84 du Règlement

6-L'article 74 auquel renvoie l’article 90-2° dans la Loi Uniforme


correspond à l’article 115 du Règlement

7-Les articles 72, 74, 81 et 85 auxquels renvoie l’article 90-4° dans


la Loi Uniforme correspondent à l’article 113 et 115 du
Règlement

8-L'article 90 auquel renvoie l’article 106 dans la Loi Uniforme


correspond à l’article 143 du Règlement

9- L'article 84 auquel renvoie l’article 107 dans la Loi Uniforme


correspond à l’article 143 du Règlement

10- L'article 83 auquel renvoie l’article 108 dans la Loi Uniforme


correspond aux articles 144 et145 du Règlement

180
181

181
182

DIRECTIVE N°08/2002/CM/UEMOA PORTANT SUR LES ME-


SURES DE PROMOTION DE LA BANCARISATION ET DE
L’UTILISATION DES MOYENS DE PAIEMENT SCRIPTU-
RAUX
LE CONSEIL DES MINISTRES DE L’UNION ECONOMIQUE ET MO-
NETAIRE OUEST AFRICAINE (UEMOA)
Vu le Traité de l’Union Economique et Monétaire Ouest Afri-
caine (UEMOA) en date du 10 janvier 1994, notamment en
ses articles 6, 7, 16, 21, 42, 43, 44, 45, 95, 96, 98, 112 et 113 ;
Vu le Traité du 14 novembre 1973 constituant l’Union Moné-
taire Ouest Africaine (UMOA), notamment en son article
22 ;
Sur proposition conjointe de la Commission de l’UEMOA et de
la BCEAO ;
Vu l’avis du Comité des Experts Statutaire en date du 13 sep-
tembre 2002
Edicte la Directive dont la teneur suit :
Article 1er – Définition
Pour l’application de la présente Directive, il convient d'entendre
par « instrument ou procédé scriptural » tout instrument ou procédé
sur support papier ou électronique admis par le Règlement portant
adoption d'un dispositif juridique sur les systèmes de paiement dans
les Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Afri-
caine (UEMOA) comme moyen de paiement valable.
Article 2 – Objet
La présente Directive vise à promouvoir la bancarisation et l'uti-
lisation des nouveaux instruments et procédés de paiement introduits
par la réforme dans les relations des Etats et Administrations Pu-
bliques avec leurs fonctionnaires et agents ainsi qu’avec leurs parte-
naires et les contribuables.
Article 3 - Opérations financières
Toutes opérations financières portant sur des sommes d’argent
d'un montant supérieur ou égal au montant de référence fixé par ins-
truction de la BCEAO, entre d’une part, les particuliers, entreprises et

182
183

autres personnes privées et d’autre part, les personnes publiques et pa-


rapubliques notamment l’Etat, les Administrations et les entreprises
sont effectuées par chèque ou par virement sur un compte ouvert au-
près des services financiers de la Poste ou d’une banque, à moins qu'il
n'y ait un autre moyen scriptural de paiement approprié pour servir au
paiement du montant inférieur au montant de référence.
Article 4 - Salaires, indemnités et autres prestations en argent
Les salaires, indemnités et autres prestations en argent dus par
l’Etat, les Administrations publiques, Entreprises ou autres personnes
publiques et parapubliques aux fonctionnaires, agents, autres person-
nels en activité ou non ou à leurs familles ainsi qu'aux prestataires et
portant sur des sommes d’argent d'un montant supérieur ou égal au
montant de référence fixé par instruction de la BCEAO sont payés
par chèque ou par virement sur un compte ouvert auprès des services
financiers de la Poste ou d’une banque, à moins qu'il n'y ait un autre
moyen scriptural de paiement approprié pour servir au paiement du
montant inférieur au montant de référence.
Article 5 - Impôts, taxes et autres prestations en argent
Les impôts, taxes et autres prestations en argent dus à l’Etat, aux
Administrations publiques, Entreprises ou autres personnes publiques
et parapubliques portant sur des sommes d’argent d'un montant supé-
rieur ou égal au montant de référence fixé par instruction de la
BCEAO sont payés par chèque ou par virement sur un compte ouvert
auprès des services financiers de la Poste, d’une banque ou du Trésor
Public, à moins qu'il n'y ait un autre moyen scriptural de paiement ap-
proprié pour servir au paiement du montant inférieur au montant de
référence.
Article 6 - Factures et autres obligations de somme d’argent
Le paiement des factures d’eau, d’électricité, de téléphone et
l'exécution de toutes obligations de sommes d’argent sont exonérés
du paiement des droits de timbre lorsqu’ils sont effectués au moyen
d’un instrument ou procédé scriptural de paiement.
Article 7 – Mesures d’information et de sensibilisation
Les Etats membres et les autorités monétaires prendront, de
concert avec les banques et établissements financiers, les mesures ap-

183
184

propriées d'information et de sensibilisation nécessaires à la vulgarisa-


tion des moyens de paiement scripturaux.
Ces mesures d'information et de sensibilisation, initiées dès
avant la mise en vigueur du nouveau dispositif juridique, seront pour-
suivies de façon périodique, après l'entrée en vigueur dudit dispositif.
Article 8 – Obligation de transposition
Les Etats membres doivent adopter, au plus tard six (6) mois à
compter de la date de signature de la présente Directive une loi uni-
forme portant sur les mesures de promotion de la bancarisation et de
l’utilisation des moyens scripturaux de paiement.
Article 9 – Suivi de l’exécution
La BCEAO et la Commission de l’UEMOA sont chargées du
suivi de l’application de la présente Directive.
Article 10 – Modification
La présente Directive peut être modifiée par le Conseil des Mi-
nistres de l’UEMOA, sur l’initiative de la BCEAO, sur proposition
conjointe de cette dernière et de la Commission de l’UEMOA.
Article 11 – Mesures complémentaires
Des instructions de la BCEAO précisent, en tant que de besoin,
les modalités de mise en œuvre des dispositions de la présente Direc-
tive.
Article 12 – Entrée en vigueur
La présente Directive entre en vigueur à compter de sa date de
signature et sera publiée au Bulletin Officiel de l’Union.
Fait à Cotonou, le 19 sep-
tembre 2002
Pour le Conseil des Mi-
nistres,
Le Président

Kossi ASSIMAI-
DOU

LOI n° 2004-15 du 4 juin 2004

184
185

Relative aux mesures de promotion de la bancarisation et de


l’utilisation des moyens de paiement scripturaux.

EXPOSE DES MOTIFS

A la suite d’un vaste travail d’enquêtes et de concertation, la


BCEAO a engagé la réforme des systèmes et moyens de paiement qui
s’est traduite par l’adoption par le Conseil des Ministres de l’UEMOA
le 19 mars 2002 d’un nouveau dispositif juridique d’encadrement de la
matière.

Avant la réforme le cadre légal des systèmes de paiement était


constitué par la loi n° 96-13 du 28 août 1996 relative aux instruments
de paiement qui avait été adoptée dans un environnement généralisé
de méfiance et de suspicion à l’endroit des moyens scripturaux de
paiement que sont le chèque, la carte bancaire, la lettre de change et le
billet à ordre.

Son objectif prioritaire était de restaurer la confiance à l’endroit


desdits moyens de paiement en vue d’éviter la paralysie du système.

C’est ainsi qu’elle prévoyait un important dispositif visant à sé-


curiser les moyens par l’institution, entre autres :

- d’une centrale des incidents de paiement (CIP) ;

- d’un système d’interbancarité par le biais de la promotion de


la carte bancaire ;

- d’un mécanisme de centralisation informative des incidents de


paiement constatés sur les lettres de change et billets à ordre
domiciliés en banque.

Ces mesures qui sont toujours d’actualité et méritent à ce titre


d’être capitalisées et reconduites dans le nouveau dispositif ne consti-
tuent plus une réponse au développement fulgurant des instruments et

185
186

procédés électroniques de paiement ainsi qu’aux faiblesses et insuffi-


sances constatées, notamment :

- un faible taux de bancarisation ;

- une forte utilisation de la monnaie fiduciaire ;

- la faible interbancarité et bilatéralité ;

- une réglementation inappropriée fondée sur le support papier.

Face à ce diagnostic, aux exigences de sécurité et de modernisa-


tion, la réforme des systèmes de paiement dans l’UEMOA qui était
devenue une nécessité s’est matérialisée par l’adoption par le Conseil
des Ministres de l’Union le 19 septembre 2002 :

- du Règlement n° 15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes


de paiement dans les Etats membres de l’Union économique
et monétaire ouest africaine (UEMOA) ;

- de la Directive n° 8 portant sur les mesures de promotion de la


bancarisation et de l’utilisation des moyens de paiement scrip-
turaux.

Si le règlement est directement exécutoire sur le territoire des


Etats membres, il n’en est pas de même pour la Directive qui, pour
être exécutoire doit être incorporée dans le droit interne.

En vue de compléter le règlement susvisé et d’assurer


l’opérationnalité des principes qui y sont contenus, la présente loi qui
a pour objet de transposer dans le droit interne la Directive susvisée se
justifie par l’état actuel de l’environnement du paiement caractérisé
par :

- la faible utilisation de la monnaie scripturale et l’utilisation


très marginale des moyens et procédés de paiement électro-
niques ;

186
187

- le faible taux de bancarisation qui traduit une réticence vis à


vis des moyens de paiement scripturaux en particulier et des
banques en général. Ainsi, la thésaurisation atteint des propor-
tions inquiétantes qui limitent la circulation de la monnaie ;

- la gestion onéreuse de l’utilisation de la monnaie fiduciaire.

En vue de pallier les insuffisances notées et d’assurer la promo-


tion de la bancarisation, la présente loi prévoit entre autres :

- l’obligation du paiement par chèque ou virement de toute opé-


ration financière à partir d’un seuil fixé par l’instruction de la
BCEAO entre d’une part l’Etat et ses démembrements et
d’autres part les particuliers, entreprises et autres personnes
privées ;

- l’obligation du paiement par chèque ou virement des salaires,


indemnités et autres prestations en argent dus par l’Etat et ses
démembrements à leur personnel ainsi qu’aux prestataires de
services ;

- l’obligation du paiement des impôts, taxes et prestations en


argent dus à l’Etat et ses démembrements par chèque ou vi-
rement à partir d’un seuil fixé par instructions de la BCEAO;

- l’exonération du paiement des droits de timbres pour certaines


opérations payées par virement ou chèque.

Tel est l’objet du présent projet de loi relatif aux mesures de


promotion de la bancarisation et de l’utilisation des moyens scriptu-
raux de paiement.

L’Assemblée nationale a adopté, en sa séance du mardi 25 mai


2004 ;

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur


suit :

187
188

Chapitre premier – Dispositions générales

Article premier. – Définition

Pour l’application de la présente loi, il convient d’entendre par


« instrument ou procédé scriptural » tout instrument ou procédé sur
support papier ou électronique admis par le Règlement n°
15/2002/UEMOA du 19 septembre 2002 relatif aux système de paie-
ment dans les Etats membres de l’Union Economique Monétaire des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA).

Art. 2. – Objet

La présente loi transpose dans le droit interne la Directive n°


8/2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 portant sur les mesures de
promotion de la bancarisation et de l’utilisation des moyens de paie-
ments scripturaux.

Elle vise à promouvoir la bancarisation et l’utilisation des nou-


veaux procédés de paiement.

Chapitre II. – Champ d’Application

Art. 3. – Opérations financières

Toutes opérations financières portant sur des sommes d’argent


d’un montant supérieur ou égal au montant de référence fixé par ins-
truction de la BCEAO entre d’une part, les particuliers, entreprises et
autres personnes privées et d’autre part, les personnes publiques et pa-
rapubliques notamment l’Etat, les administrations et les entreprises
publiques sont effectuées par chèque ou par virement sur un compte
ouvert auprès des services financiers de la poste ou d’une banque.

188
189

Les opérations financières portant sur des sommes d’argent infé-


rieures au montant de référence peuvent être effectuées par tout autre
moyen scriptural de paiement approprié ou en espèces

Art. 4. – Salaires, indemnités et autres prestations en argent

Les salaires, indemnités et autres prestations en argent dus par


l’Etat, les administrations publiques, entreprises ou autres personnes
publiques et parapubliques aux fonctionnaires, agents, autres person-
nels en activité ou non ou à leurs familles ainsi qu’aux prestataires et
portant sur des sommes d’argent d’un montant supérieur ou égal au
montant de référence fixé par instruction de la BCEAO sont payés par
chèque ou par virement sur un compte ouvert auprès des services fi-
nanciers de la Poste ou d’une banque.

Les opérations financières portant sur des sommes d’argent infé-


rieures au montant de référence peuvent être effectuées par tout autre
moyen scriptural de paiement approprié ou en espèces.

Art. 5. – Impôts, taxes et autres prestations en argent

Les impôts, taxes et autres prestations en argent dus à l’Etat, aux


Administrations publiques, Entreprises ou autres personnes publiques
et parapubliques portant sur des sommes d’argent d’un montant supé-
rieur ou égal au montant de référence fixé par instruction de le
BCEAO sont payés par chèque ou par virement sur un compte ouvert
auprès des services financiers de la Poste, d’une banque ou du Trésor
Public, à moins qu’il n’y ait un autre moyen scriptural de paiement
approprié pour servir au paiement du montant inférieur au montant de
référence.

Art. 6. – Factures et autres obligations de somme d’argent

Le paiement des factures d’eau, d’électricité, de téléphone et


l’exécution de toutes obligations de sommes d’argent sont exonérés du
paiement de droits de timbre lorsqu’ils sont effectués au moyen d’un
instrument ou procédé scriptural de paiement.

189
190

Chapitre III. – Dispositions Diverses

Art. 7. –

Les Etats membres et les autorités monétaires prennent, en rap-


port avec les banques et établissements financiers , les mesures appro-
priées d’information et de sensibilisation nécessaires à la vulgarisation
des moyens de paiements scripturaux.
Art. 8. –

Les modalités d’application de la présente loi sont fixées par dé-


crets, arrêtés ou instructions de la BCEAO en tant que de besoin.

Sont abrogées toutes les dispositions antérieures contraires à la


présente loi notamment celles de la loi n° 96-13 du 28 août 1996 rela-
tive aux instruments de paiement.

Jusqu’à leur modification ou leur abrogation, les mesures régle-


mentaires, instructions et avis de la BCEAO pris en application et
pour l’ exécution de la loi n° 96-13 du 28 août 1996 susvisée demeu-
rent en vigueur en leurs dispositions qui ne seraient pas contraires à
celles de la présente loi.

La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

Fait à Dakar le, 4 juin 2004

Par le Président de la Répu-


blique :
Abdoulaye WADE

Le Premier Ministre
Macky SALL.

190
191

EXTRAITS DE L’ACTE UNIFORME SUR LE DROIT COMMER-


CIAL GENERAL

TITRE II
FONDS DE COMMERCE
CHAPITRE 1
DEFINITION DU FONDS DE COMMERCE
Article 103
Le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui
permettent au
commerçant d'attirer et de conserver une clientèle.
Il regroupe différents éléments mobiliers, corporels et incorporels.
Article 104
Le fonds de commerce comprend obligatoirement la clientèle et l'en-
seigne ou le nom commercial.
Ces éléments sont désignés sous le nom de fonds commercial.
Article 105
Le fonds de commerce peut comprendre en outre, à condition qu'ils
soient nommément
désignés, les éléments suivants :
- les installations,
- les aménagements et agencements,
- le matériel,
- le mobilier,
- les marchandises en stock,
- le droit au bail,
- les licences d'exploitation,
- les brevets d'inventions, marques de fabrique et de commerce, des-
sins et modèles, et tout autre droit de propriété intellectuelle néces-
saires à l'exploitation.

CHAPITRE 2
MODES D'EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE

Article 106

191
192

Le fonds de commerce peut être exploité directement, ou dans le cadre


d'un contrat de location-gérance.
L'exploitation directe peut être le fait d'un commerçant ou d'une socié-
té commerciale.
La location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire du
fonds de commerce, personne physique ou morale, en concède la loca-
tion à un gérant, personne physique ou morale, qui l'exploite à ses
risques et périls.
Article 107
Le locataire-gérant a la qualité de commerçant, et il est soumis à
toutes les obligations qui en découlent.
Il doit se conformer aux dispositions réglementant l'immatriculation
au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier.
Tout contrat de location-gérance doit en outre être publié dans la
quinzaine de sa date, sous forme d'extrait dans un journal habilité à
recevoir les annonces légales.
Le propriétaire du fonds, s'il est commerçant, est tenu de faire modi-
fier son inscription au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
par la mention de la mise en location-gérance de son fonds.
L'expiration au terme prévu ou anticipé du contrat de location-
gérance, donne lieu aux mêmes mesures de publicité.
Article 108
Le locataire-gérant est tenu d'indiquer en tête de ses bons de com-
mande, factures et autres documents à caractère financier ou commer-
cial, avec son numéro d'immatriculation au Registre du Commerce et
du Crédit Mobilier, sa qualité de locataire-gérant du fonds.
Toute infraction à cette disposition sera punie par les dispositions de
la loi pénale spéciale nationale.
Article 109
Les personnes physiques ou morales qui concèdent une location-
gérance doivent :
- avoir été commerçantes pendant deux années ou avoir exercé pen-
dant une durée
équivalente des fonctions de gérant ou de directeur commercial ou
technique d'une société,
- avoir exploité, pendant une année au moins en qualité de commer-
çant, le fonds mis en gérance.

192
193

Toutefois, ne peuvent consentir une location-gérance les personnes


interdites ou déchues de l'exercice d'une profession commerciale.
Article 110
Les délais prévus à l'article précédent peuvent être supprimés ou ré-
duits par la juridiction compétente, notamment lorsque l'intéressé jus-
tifie qu'il a été dans l'impossibilité d'exploiter son fonds personnelle-
ment ou par l'intermédiaire de ses préposés.
Article 111
Les conditions fixées par l'article 109 ci-dessus ne sont pas applicables
:
- à l'Etat,
- aux Collectivités locales,
- aux Etablissements Publics,
- aux incapables, en ce qui concerne le fonds dont ils étaient proprié-
taires avant la
survenance de leur incapacité,
- aux héritiers ou légataires d'un commerçant décédé, en ce qui con-
cerne le fonds exploité par ce dernier,
- aux contrats de location-gérance passés par des mandataires de Jus-
tice chargés à quelque titre que ce soit de l'administration d'un fonds
de commerce, à condition qu'ils y aient été autorisés par la juridiction
compétente et qu'ils aient satisfait aux mesures de publicité prévues.
Article 112
Les dettes du loueur du fonds donné en location-gérance peuvent être
déclarées
immédiatement exigibles par la juridiction compétente si elle estime
que la location-gérance met en péril leur recouvrement.
L'action est introduite par tout intéressé, à peine de forclusion, dans le
délai de trois mois de la date de publication du contrat de location-
gérance, tel que prévu à l'article 115 du présent Acte Uniforme.
Article 113
Jusqu'à la publication du contrat de location-gérance, le propriétaire
du fonds est
solidairement responsable.
Article 114
L'expiration du contrat de location-gérance à son terme normal ou an-
ticipé rend

193
194

immédiatement exigibles les dettes afférentes à l'exploitation du fonds


contractées par le locataire du fonds pendant la gérance.
CHAPITRE 3
CESSION DU FONDS DE COMMERCE
Article 115
La cession du fonds de commerce obéit aux règles générales sur la
vente, sous réserve des dispositions ci-après, et des textes spécifiques
à l'exercice de certaines activités commerciales.
Article 116
La cession du fonds de commerce a obligatoirement pour objet le
fonds commercial tel que défini par l'article 104 du présent Acte Uni-
forme.
Elle peut porter aussi sur d'autres éléments du fonds de commerce vi-
sés à l'article 105 ci-dessus, à condition de les préciser expressément
dans l'acte de cession.
Les dispositions des alinéas précédents n'interdisent pas la cession
d'éléments séparés du fonds de commerce.
Article 117
La vente d'un fonds de commerce peut être réalisée, soit par acte sous
seing privé, soit par acte authentique.
Les dispositions du présent chapitre s'appliquent à tout acte constatant
une cession de fonds de commerce, consentie même sous conditions, y
compris en cas d'apport d'un fonds de commerce à une société.
Article 118
Tout acte constatant la cession d'un fonds de commerce doit énoncer :
1°) l'état civil complet du vendeur et de l'acheteur pour les personnes
physiques ; les noms, dénomination sociale, forme juridique, adresse
du siège social, et objet social du vendeur et de l'acheteur pour les per-
sonnes morales ;
2°) leurs numéros d'immatriculation au Registre du Commerce et du
Crédit Mobilier;
3°) s'il y a lieu, l'origine de la propriété du chef du précédent vendeur ;
4°) l'état des privilèges, nantissements et inscriptions grevant le fonds
;
5°) le chiffre d'affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières
années d'exploitation, ou depuis son acquisition, si le fonds n'a pas été
exploité depuis plus de trois ans ;
6°) les résultats commerciaux réalisés pendant la même période ;

194
195

7°) le bail, sa date, sa durée, le nom et l'adresse du bailleur et du cé-


dant s'il y a lieu;
8°) le prix convenu ;
9°) la situation et les éléments du fonds vendu ;
10°) le nom et l'adresse de l'établissement bancaire désigné en qualité
de séquestre si la vente a lieu par acte sous seing privé.
Article 119
L'omission ou l'inexactitude des énonciations ci-dessus peut entraîner
la nullité de la vente, si l'acquéreur le demande, et s'il prouve que cette
omission ou cette inexactitude a substantiellement affecté la consis-
tance du fonds cédé, et s'il en est résulté un préjudice.
Cette demande doit être formée dans le délai d'un an à compter de la
date de l'acte.
Article 120
Tout acte constatant une cession de fonds de commerce doit être dé-
posé en deux copies certifiées conformes par le vendeur et l'acquéreur
au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.
Il appartient au vendeur et à l'acquéreur, chacun en ce qui le concerne,
de faire procéder à la mention modificative correspondante.
Article 121
Dans un délai de quinze jours francs à compter de sa date, tout acte
constatant la cession du fonds de commerce doit être publié à la dili-
gence de l'acquéreur sous forme d'avis, dans un journal habilité à re-
cevoir des annonces légales, et paraissant dans le lieu où le vendeur
est inscrit au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.
Article 122
Le vendeur du fonds de commerce est tenu de mettre le fonds cédé à
la disposition de l'acheteur à la date prévue dans l'acte de cession.
Toutefois, si le paiement du prix a été prévu au comptant, le vendeur
n'est tenu, sauf convention contraire entre les parties, de mettre l'ache-
teur en possession qu'à la date du complet paiement.
Article 123
Le vendeur d'un fonds de commerce doit s'abstenir de tout acte qui se-
rait de nature à gêner l'acquéreur dans l'exploitation du fonds vendu.
Les clauses de non rétablissement ne sont valables que si elles sont
limitées, soit dans le temps, soit dans l'espace ; une seule de ces limi-
tations suffit pour rendre la clause valable.

195
196

Le vendeur doit assurer à l'acquéreur la possession paisible de la chose


vendue, et en particulier le garantir contre les droits que d'autres per-
sonnes prétendraient faire valoir sur le fonds vendu.
Article 124
Si l'acquéreur est évincé partiellement, ou s'il découvre des charges
qui n'étaient pas déclarées dans l'acte de vente, ou encore si le fonds
de commerce est affecté de vices cachés, il peut demander la résolu-
tion de la vente, mais seulement si la diminution de jouissance qu'il
subit est d'une importance telle qu'il n'aurait pas acheté le fonds s'il en
avait eu connaissance.
Article 125
L'acheteur a pour obligation de payer le prix au jour et au lieu fixés
dans l'acte de vente, entre les mains du Notaire ou de tout établisse-
ment bancaire désigné d'un commun accord entre les parties à l'acte.
Le Notaire ou l'établissement bancaire ainsi désignés devra conserver
les fonds en qualité de séquestre pendant un délai de trente jours ; ce
délai commençant à courir au jour de la parution de la publicité de la
vente dans un journal habilité à recevoir les annonces légales.
Si au terme de ce délai, aucune opposition n'a été notifiée au sé-
questre, celui-ci devra tenir le prix de vente à la disposition du ven-
deur.
Si une ou plusieurs oppositions sont notifiées pendant ce délai, le prix
de vente ne sera disponible pour le vendeur que sur justification de la
mainlevée de toutes les oppositions.

C. Article 126
Est nulle et de nul effet toute contre-lettre ou convention ayant pour
objet de dissimuler partie du prix d'une cession de fonds de commerce.
Article 127
Tout créancier du vendeur qui forme opposition doit notifier celle-ci
par acte extrajudiciaire :
1°) au Notaire ou à l'établissement bancaire désigné en qualité de sé-
questre ;
2°) à l'acquéreur, à son adresse telle que figurant dans l'acte ;
3°) au Greffe de la juridiction où est tenu le Registre du Commerce et
du Crédit Mobilier où est inscrit le vendeur, à charge pour le Greffe de
procéder à l'inscription de cette opposition sur le Registre du Com-
merce et du Crédit Mobilier.

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L'acte d'opposition doit énoncer le montant et les causes de la créance,


et contenir élection de domicile dans le ressort de la juridiction où est
tenu le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.
Les formalités mises à la charge de l'opposant par le présent article
sont édictées à peine de nullité de son opposition.
Article 128
L'opposition produit un effet conservatoire.
Il appartient à l'opposant de saisir la juridiction compétente pour faire
constater sa créance, et recevoir le paiement de celle-ci.
Article 129
Pour obtenir la mainlevée des oppositions et recevoir les fonds dispo-
nibles, le vendeur doit saisir la juridiction compétente.
Le vendeur peut également obtenir de l'opposant la mainlevée amiable
de l'opposition ; dans ce cas, la mainlevée doit être notifiée par l'oppo-
sant dans les conditions de forme visées à l'article 125 ci-dessus.
Article 130
Toute opposition qui ne serait pas levée amiablement, ou qui n'aurait
pas donné lieu à l'action visée à l'article 128 ci-dessus dans un délai
d'un mois à compter de la notification de l'opposition à l'établissement
bancaire séquestre, sera levée judiciairement par la juridiction compé-
tente, saisie à la requête du vendeur.
Article 131
Tout créancier ayant inscrit un privilège ou un nantissement, ou ayant
régulièrement fait opposition peut, dans le mois de la publication de la
vente dans un journal habilité à recevoir les annonces légales, former
une surenchère du sixième du prix global du fonds de commerce figu-
rant à l'acte de vente.

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