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REPUBLIQUE DU BENIN

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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE DE LA RECHERCHE


SCIENTIFIQUE ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
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UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI
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ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES JURIDIQUES POLITIQUES ET


ADMINISTRATIVES
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MASTER DROIT PRIVE FONDAMENTAL


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DROIT DU TRAVAIL APPROFONDI (Séminaire)


******************

EXPOSE
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GROUPE N°10

PRESENTE PAR : SOUS LA SUPERVISION DE :

AÏGBIDI N. Jonathan Eric MONTCHO AGBASSA


GODONOU Jesuwanou Vodovo Emmanuel Agrégé des Faculté de droit
GOUHOUEDE Bignon Urielle montercod@yahoo.fr
HOUEMAVO Narcisse Tél : (00229) 97 12 62 36
KAMBIA Yafa

ANNEE ACADEMIQUE : 2021-2022


SOMMAIRE

INTRODUCTION ……………………………………………………………….…...3

I – Le principe de faveur pilier de l’ordre public social ………………..…....5

A – Le principe de faveur ………..…………………………..………………..........5

B – Les modalités d’application du principe de faveur …………………………..8

II – Les atteintes au principe de faveur …………...……………………..….....10

A – L’ordre public absolu ….………….…………………..…..……..…..…….......10

B – l’ordre public dérogatoire …………..……………….……….……..….......... 12

CONCLUSION ..……………….…………………………………….….…….....…14

BIBLIOGRAPHIE ..…………………….…………………………….………....….15

2
INTRODUCTION

Le travail est un concept indissociable de l’être humain. L’idée de travail a subi


d’énormes transformations de l’antiquité à nos jours. Le travail était perçu dans
l’antiquité comme impur, voire une punition divine, (le travail est une malédiction
et une punition de l’homme marqué par le péché originel, mais une punition qu’il
doit accepter sous peine d’être à nouveau châtié, la paresse étant érigée en
péché capital) 1 . Progressivement, le travail va devenir un moyen, non
seulement de survivre, d’assurer sa becquetance, mais aussi et surtout un
moyen d’existence au sens propre. Il permet, en conséquence, d’échapper aux
trois grands maux de Voltaire que sont : l’ennui, le vice et le besoin.
Le travail humain est devenu une nécessité et le pilier d’une seconde vie
parallèle et complémentaire à la vie privée et personnelle, dans laquelle, il est
possible parfois de se réaliser. L’activité professionnelle, peu qualifiée ou
modeste soit-elle, permet à celui ou celle qui l’exerce, l’accès à la dignité et
contribue de ce fait à l’intégration dans la société. Le travail, tel que conçu et
perçu actuellement est source d’émancipation. C’est pourquoi, le bien-être au
travail, et en tous cas, l’absence de souffrance, est devenu une aspiration et
une préoccupation quotidienne majeure. C’est dans cette dynamique qu’est né
le droit du travail qui s’est développé d’abord pour protéger les salariés : il
impose aux entreprises un certain nombre de contraintes destinées à garantir
un statut plus protecteur « aux opprimés », rétablissant ainsi l’équilibre des
relations. Le droit du travail est donc le fruit des rapports de force entre les
propriétaires des moyens de production et la main-d’œuvre ouvrière.

Contrairement au droit civil et au droit commercial qui accordent une place


prépondérante au patrimoine, le droit du travail place l’homme au centre de son
intérêt2. En tant que branche du droit, le droit du travail recouvre l’ensemble des
règles juridiques ayant pour objet, dans le secteur privé, les relations du travail
entre employeurs et salariés et régissant les rapports d’emploi (l’accès à
l’emploi, le contrat de travail, les licenciements…) et les rapports professionnels,
qui présentent une dimension collective (grève, négociation et conventions
collectives, syndicats, représentation du personnel…)3.

1David AFFODJOU, LE DROIT BENINOIS DU TRAVAIL, 1ère édition, FRIEDRICH EBERT


STIFTUNG, p19

2David AFFODJOU, LE DROIT BENINOIS DU TRAVAIL, 1ère édition, FRIEDRICH EBERT


STIFTUNG, P19

3 Lexique des termes juridiques 2017-2018

3
Le droit du travail trouve son originalité dans ses caractères qui le particularisent
et le distingue des autres droits.
Son caractère protecteur ou partisan fait de lui un droit de protection du salarié
en raison de son état de subordination. Cette protection consiste à assurer au
salarié une sécurité de l’emploi et des conditions de travail ainsi qu’une
participation à l’élaboration et à l’application du droit du travail. Mais de plus en
plus, le droit du travail vise aussi la protection de l’entreprise pour tenir compte
des nécessités de flexibilité4.
Son caractère collectif ou conventionnel fait de lui un droit qui accorde une place
de choix à la négociation collective. La convention collective et les accords
collectifs apparaissent en effet comme une source originale adaptée aux
réalités de l’entreprise, élaborée par les partenaires sociaux avec l’expertise des
structures compétentes de l’Etat.5
Son caractère expansif ou diversifié fait de lui un droit s’étendant de manière
continue. Limité au début au monde ouvrier et à l’industrie, il s’est étendu à
toutes les formes de travail subordonné. Il prend donc en compte aujourd’hui
les activités nouvelles (télétravail) et les rapports collectifs de travail (syndicats,
conventions collectives, grève) et son champ d’application s’est élargi par
rapport aux professions et aux personnes originairement régies (enfants,
femmes). Certaines professions jusqu’alors exclues de son champ d’application
du fait de leur statut imprécis comme les avocats, les médecins, les journalistes
sont désormais pris en compte.6

Son caractère progressiste fait de lui un droit de progrès social parce qu’il admet
et reconnait aux salariés des droits économiques et sociaux qui peuvent être
améliorés par des accords collectifs fixant des dérogations (l’ordre public social
et le principe de faveur). Et c’est par ce caractère, matérialisé par l’ordre public
social et le principe de faveur, que l’on peut entrevoir l’objectif de protection du
salarié visé par le droit du travail.

L’ordre public social peut être défini comme le caractère s’attachant à la plupart
des règles légales ou réglementaires de droit du travail et en vertu duquel les
stipulations conventionnelles ou contractuelles qui seraient contraires, dans un
sens défavorable aux salariés, au contenu des règles étatiques sont invalides.

4David AFFODJOU, LE DROIT BENINOIS DU TRAVAIL, 1ère édition, FRIEDRICH EBERT


STIFTUNG, p60

5David AFFODJOU, LE DROIT BENINOIS DU TRAVAIL, 1ère édition, FRIEDRICH EBERT


STIFTUNG, p60

6David AFFODJOU, LE DROIT BENINOIS DU TRAVAIL, 1ère édition, FRIEDRICH EBERT


STIFTUNG, p60

4
En assurant une application des dispositions légales ou réglementaires face à
des clauses moins favorables aux salariés, il fixe par là des seuils qui
garantissent un minimum de protection juridique et sociale, d’où son
rattachement à l’ordre public de protection. Il ne s’oppose pas en revanche à
une dérogation conventionnelle ou contractuelle dans un sens plus favorable
aux salariés et même l’encourage parfois.7
Ainsi donc, l’ordre public social est assimilé à un ordre public de protection dans
la mesure où il protège les intérêts de la partie faible (le salarié) contre ceux de
la partie la plus forte (l’employeur). C’est le minimum social forgé par les normes
étatiques 8 , minimum auquel l’on ne peut déroger par des accords ou des
contrats entre employeur et salarié.
Mais l’ordre public social ne s’oppose pas aux stipulations conventionnelles ou
contractuelles qui seraient contraires, dans un sens favorable aux salariés, au
contenu des règles étatiques. Les règles étatiques apparaissant là comme un
minimum établi, il est souhaitable et recommandé de faire plus, si cela va de
l’intérêt du salarié. Il s’agit là du principe de faveur qui est le pivot, socle de
l’ordre public social.
Se pose alors la question de savoir comment s’apprécie l’ordre public social ?
L’ordre public social dont le but est de protéger le salarié est fait par le principe
de faveur qui en donne un sens (I) mais qui est de plus en plus affaibli (II).

7 Lexique des termes juridiques 2017-2018


8L’ordre public social et le principe de faveur, MELCHIOR, 23/05/2022,
https://www.melchior.fr/synthese/l-ordre-public-social-et-le-principe-de-faveur-en-droit-du-travail

5
I- Le principe de faveur, pilier de l’ordre public social
Le droit du travail est gouverné par un principe fondamental dit le principe de
faveur (A), et qui fait l’objet d’une application (B).

A- L’application du principe de faveur

La diversité et la complexité du système des sources du droit du travail conduit


bien souvent à ce qu’une même situation juridique puisse être régie par des
normes différentes. La question se pose alors de savoir si une norme nouvelle
peut déroger à une autre ou bien de déterminer laquelle ou lesquelles doivent
être appliquées. La réponse à ces questions est souvent recherchée dans ce
qu’on appelle le principe de l’application de la norme la plus favorable au salarié
ou « principe de faveur »9.
Le droit du travail, droit protecteur se singularise par l’existence d’un principe
qui guide l’articulation et les conflits de norme.
Ce principe général, dit « principe de faveur » signifie que la loi ne peut
permettre aux accords collectifs de travail de déroger aux lois et règlements ou
aux conventions de portée plus large que dans un sens plus favorable aux
salariés.
Ce principe s’imposait aussi bien en cas de concours de norme de natures
différentes (loi, convention collective, contrat) qu’en cas de concours de
conventions collectives (les conventions de niveau supérieur fixant des règles
minimales que les conventions de niveau inférieur ne pouvaient qu’améliorer au
profit des salariés).
On parlera de situation de concours lorsque deux textes distincts (conclus à des
niveaux distincts ou par des parties différentes) porte sur un même objet.
Lorsque deux textes ne concernent pas les mêmes droits ou avantages, ils
n’entrent pas en concours mais se complètent 10 . La convention et l’accord
collectif de travail peuvent comporter des dispositions plus favorables aux
salariés que celles des lois ou règlement en vigueur. Ils ne peuvent déroger aux
dispositions d’ordre public de ces lois et règlements. Ainsi, « Lorsqu’un

9 Jean Pélissier et al. Droit du travail, 26ème édition, Dalloz, 2012, p81

10 Cass. Soc., 10 mai 1983, Bull. Civ. V, n°253

6
employeur est lié par les clauses d’une convention ou d’un accord collectif de
travail, ces clauses s’appliquent aux contrats de travail conclu avec lui, sauf
stipulations plus favorables »11.
En droit du travail, la loi apparait comme un minimum pouvant dans certains
cas, être complété .Et, selon le principe de faveur, pivot de cet ordre public
social, on ne peut déroger à ce minimum social que dans un sens plus favorable
aux salariés. Il s’agit donc clairement d’assurer une protection maximale du
salarié. Il serait l’âme du droit du travail.
Ce principe pose alors un problème de conflit de normes. Il y a conflit de normes
lorsqu’un même objet est traité différemment par deux normes différentes. Dans
une telle situation, la règle d’articulation permet d’évincer une norme. La
question de la hiérarchie des sources revêt d’ailleurs un aspect particulier en
droit du travail du fait que la plupart des normes qui en font partie constituent
un droit impératif protecteur et que, le plus souvent, les règles prescrites
peuvent être améliorées en faveur des travailleurs, mais qu’il ne peut y être
dérogées en leur défaveur12.
Ce principe permet d’arbitrer en présence d’un conflit de norme, très fréquent
en droit du travail, en raison du pluralisme juridique des sources.
Qu’en est-il alors des modalités d’application de ce principe de faveur ?

B- Les modalités d'application du principe de faveur

L'application du principe de faveur nécessite au préalable un examen des textes


en concours. Le juge doit comparer les différents textes ayant vocation à
s'appliquer à la situation du salarié afin de déterminer la norme la plus favorable
à celui-ci. Cette comparaison se fera entre avantage ayant la même cause et le
même objet pour les accords "donnant en dormant" où le juge apprécie
globalement les dispositions indissociables dans leur ensemble13. Il convient

11 Jean Pélissier et al. Droit du travail, 26ème édition, Dalloz, 2012, p83

12
David AFFODJOU, LE DROIT BENINOIS DU TRAVAIL, 1ère édition, FRIEDRICH EBERT
STIFTUNG, p97

13 Cass. Soc.19 Février 1997, Dr. Soc. 1997, p.432, obs. G. Couturier

7
donc de considérer l'intérêt de l'ensemble des salariés et non certains d'entre
eux14.

Toutefois on constate une certaine tendance à examiner la situation particulière


du salaire concerné spécialement dès lors que l'application de l'accord le
priverait d'un droit que ce dernier tient de la loi où des règlements15.
L'application du principe de faveur est d'ordre public et par conséquent, le
salarié ne peut y renoncer par une clause particulière. Et toute clause par
laquelle le salarié renoncera à ce principe sera réputée non écrite16.
La conséquence de l’application du principe de faveur est qu'elle est susceptible
d'entrainer un bouleversement dans la hiérarchie des normes.
En effet selon ce principe, une norme inférieure peut déroger à une norme
supérieure lorsque la première est plus favorable au salarié. Le code Béninois
du travail prévoit cette possibilité à l’alinéa 3 de l'article 122 qui dispose "la
convention collective peut prévoir, au profit des salariés, des dispositions plus
favorable que celles de lois et règlements en vigueur. Elle ne peut déroger aux
dispositions d’ordre public définies par ces lois et règlements ". Des dispositions
identiques se trouvent en droit français à l’article L.22251 -1 du code français
du travail.

Toutefois, il convient de constater que de ces deux textes, la convention


collective ne peut déroger aux dispositions d’ordre public. Par ailleurs le juge
peut être amené à comparer deux normes juridiques de même niveau dans
l'application du principe de faveur. Il en est ainsi lorsque deux conventions
collectives ont toutes les deux vocation à s'appliquer au salarié.
La jurisprudence française estime que la détermination du régime plus
favorable doit être appréciée globalement pour l'ensemble du personnel,
avantage par avantage. C'est ce qu’on peut retenir de l’arrêt du 05 avril 2018.
En effet, dans l’affaire du 05 avril 2018, un salarié avait été engagé le 1er
octobre 1990 par une société et son contrat de travail était soumis à la
convention collective de la métallurgie de l'Ain.

14 Cass. Soc. 1er juin 1976, Bull. Civ. V, n°338

15 Cass. Soc. 26 octobre 1999, Dr. Soc. 2000, p. 381, chron. Christophe Radé
16 Cass. Soc. 4 Mai 2004

8
De ce fait lors de son départ volontaire à la retraite, il a perçu une indemnité
calculée conformément à l'article 11 de l'accord national du 10 juillet 1970 sur
la mensualisation du personnel ouvrier conclu dans la branche sur la
métallurgie.

La non application de la convention collective de métallurgie de l'Ain, a conduit


le salarié à saisir la juridiction prud'homale. Il considère que l'employeur aurait
dû calculer cette indemnité selon la formule prévue par la convention collective
de la métallurgie de l'Ain17 et non l'accord national.
Le litige portait donc sur un concours entre deux conventions collectives : la
convention collective de la métallurgie du 10 juillet 1970 sur la mensualisation
de cette même branche, prévoyant un montant plus élevé, et l'accord national
du 10 juillet 1970 sur la mensualisation de cette même branche, prévoyant un
montant moins élevé mais un champ d'application plus large.
La cour d'Appel a comparé les deux textes conventionnels en recherchant
lequel était le plus favorable aux salariés et a déduit que l'accord national avait
un champ d'application très large puisqu'il concernait un grand nombre de
salariés alors que la convention collective de la métallurgie de l'Ain avait un
champ d'application réduit mais prévoyait une indemnisation plus favorable.
Ainsi la cour d'Appel considère alors que la convention collective applicable est
l'accord national. Insatisfait, le salarié forme un pourvoi en cassation.
Dans un arrêt rendu en date du 05 avril 2018, la chambre sociale de la cour de
cassation, rappelle que la détermination du régime le plus favorable doit être
apprécié globalement pour l'ensemble du personnel, avantage par avantage et
précise que les conditions d'ouverture du droit à l'indemnité et le montant de
celle-ci devaient être inclus dans les termes de la comparaison.
Ainsi, elle déduit que l'accord national était ouvert à un plus grand nombre de
salariés, et l'accord départemental, bien que plus généreux, concernait des
salariés moins nombreux.
Elle a donc conclu que le plus favorable des deux était l'accord national.
Donc en cas de concours de conventions collectives, la détermination du régime
le plus favorable doit être apprécié globalement pour l'ensemble du personnel,
avantage par avantage.
La cour de cassation rejette le pourvoi du salarié et confirme la solution retenue
par la cour d'Appel. Cette solution va dans le même sens que la jurisprudence
de l'arrêt du 17 janvier 1996.

17 Art 54 de la convention collective de la métallurgie

9
Ainsi, s’il est vrai que le principe de faveur vise à appliquer au salarié la norme
la plus favorable, cette application doit être faite en tenant compte de l’intérêt
de l’ensemble du personnel.

Bien que le principe de faveur soit « l’ADN » du droit du travail, il est affaibli.

II- LES ATTEINTES AU PRINCIPE DE FAVEUR

Le principe de faveur est de plus en plus édulcoré par l’ordre public absolu (A)
ainsi l’ordre public dérogatoire (B), qui viennent donc de ce fait l’affaiblir.

A- L'ORDRE PUBLIC ABSOLU

Le principe de faveur connait plusieurs atténuations ou exceptions. La plus


caractéristique de ces atteintes est celle constituée par les règles d’ordre public
absolu c’est-à-dire absolument intangibles.
Certaines dispositions légales ou réglementaires sont réputées par le code du
travail d’«ordre public »au sens où l’entend classiquement l’article 6 du code
civil.
L’indérogabilité est alors totale, et on pourrait même parlé ici d’indisponibilité. Il
n’est jamais possible de déroger même dans un sens plus favorable aux intérêts
des salariés à une norme d’ordre public. La doctrine parle volontiers d’ordre
public « absolu» pour le dissocier de l’ordre public «social» ou «relatif » qui est
plus flexible18.
Ainsi, plusieurs partenaires peuvent négocier sur tout excepté les matières
relevant de l’ordre public absolu.

18 Christophe Radé, Droit du travail, 5ème édition, p10

10
Les conventions et accords collectifs ne peuvent donc déroger aux dispositions
d’ordre public. Une loi peut interdire une mesure de faveur sous couvert de la
mise en œuvre d’un principe d’ordre public.
Les clauses plus favorables ne doivent donc pas s’opposer aux règles
fondamentales.
Par contre le salarié d’un cumul d’avantages, les avantages résultant de la
convention ou d’un accord collectifs ne pouvant se cumuler avec ceux
provenant de la loi sauf dispositions contraires.
De même sont illicites les clauses supprimant les temps de repos obligatoire.
Ainsi, les partenaires sociaux doivent respecter le domaine de la loi. Ils ne
peuvent réglementer l’exécution d’une liberté constitutionnellement protégé.
Également ils ne peuvent conclure des conventions collectives qui ont effet
rétroactif (soc ,23 novembre 1993).

Enfin, faute d’autorisation législative les partenaires sociaux ne peuvent


conclure des conventions qui autorisent que les accords collectifs comportent
des dispositions moins favorables que celles des conventions collectives. En
effet, il existe un autre ordre public appelé ordre public dérogatoire ou ordre
public conventionnel qui correspond aux hypothèses extrêmement particulières
où le législateur autorise sous certaines conditions et dans une certaine mesure
qu’il détermine les partenaires sociaux à adopter des mesures moins favorables
pour les salariés que les lois et règlements.

11
B- L’ORDRE PUBLIC DEROGATOIRE

L'ordre public fait référence au caractère des règles juridiques qui s'imposent
dans les rapports sociaux, pour des raisons de moralité ou de sécurité
impératives19. Les parties ne peuvent y déroger. Le terme dérogatoire du latin
derogare désigne l'abrogation d'une ou plusieurs dispositions de la loi. Il ressort
que l'ordre public dérogatoire est cet ordre qui écarte les lois et règlements
établis au détriment des dispositions sociales conventionnelles.
L’ordre public dérogatoire correspond aux hypothèses extrêmement
particulières où le législateur autorise sous certaines conditions et dans une
mesure qu’il détermine, les partenaires sociaux à adopter des mesures moins
favorables pour les salariés que les lois et les règlements20.
En espèce, cette possibilité est en vrai une prérogative accordée aux acteurs
sociaux. Un droit social acquis au Bénin, et consacré par la loi n°98-004 du 27
janvier 1998 portant code du travail en république du Bénin, en ces plusieurs
dispositions; notamment les dispositions des articles 100, 101 sur la mise en
place des délégués du personnel. Les dispositions de l'article 129 alinéa 3 sur
les conventions collectives, accords collectifs et accord d'Établissements, les
dispositions de l'article 160 sur les congés payés etc.

Le champ d’application de cet ordre public reste cependant circonscrit à un


certain nombre de domaine : essentiellement l’aménagement de la durée légale
hebdomadaire du travail, mais les accords d’entreprise peuvent également
prévoir des modalités spéciales d’application des majorations salariales décidé
par les conventions de branche ou les accords interprofessionnels, sous
certaines contraintes juridiques.

Par ailleurs une brève incursion dans l'ordonnancement juridique français,


permet de remarquer que la question de l'ordre public dérogatoire relativement
au rapport existant entre la loi et les accords collectifs, a déjà fait l'objet d'une
précision apportée par le conseil constitutionnel.
Celui-ci a en effet dû se prononcer sur le fait de savoir si le législateur pouvait
éditer une règle tout en admettant que celle-ci pouvait être écartée par un

19 Lexique des termes juridiques, 2017-2018

20 Christophe Radé, Droit du travail, 5ème édition, p10

12
accord collectif peu importe qu'il soit ou non favorable sans méconnaître le
principe de faveur?
Dans une décision en date du 29 Avril 2004, les juges ont estimé que le principe
en vertu duquel la loi permettrait aux accords collectifs de travail de déroger
aux lois et règlements de portée plus large que dans un sens favorable au
salarié, ne résulte d'aucune disposition législative antérieure à la constitution de
1946.
Qu'il pouvait donc être regardé comme un principe fondamental reconnu par les
lois de la république.
La même décision lui a toutefois reconnu la qualification de «principe
fondamental du droit du travail.» Et identifie et signale que ce principe relève
de la compétence du législateur qui peut en déterminer le contenu et la portée.

On retient donc que le principe de faveur ou de l'application de la loi la plus


favorable n'a donc pas de valeur constitutionnelle. Il ne s'impose donc pas au
législateur qui peut, par voie de conséquence, prévoir que des conflits de
normes en droit du travail, ne doivent pas forcément être résolus par
l'application de la norme la plus favorable aux salariés.

13
CONCLUSION
En somme, L’ordre public social, ordre de public de protection, qui a pour
unique objectif la protection du salarié et la préservation de ses intérêts
en lui appliquant la règle la plus favorable, principe de faveur, fait face à
des limitations, l’ordre public absolu et l’ordre public de direction, qui
concourent à l’affaiblir. Cette limitation modifie la fonction de la
négociation collective, et valide la possibilité que des conflits de normes
en droit du travail, ne soient pas forcément résolus par l'application de la
norme la plus favorable aux salariés.

L'Etat-gendarme reprend le dessus sur l'Etat-Providence et se contente


de respecter les souhaits des partenaires sociaux.
Le droit du travail, exemple même de l'ordre public de protection, passe
ainsi dans l'orbite de l'ordre public économique21.

21L’ordre public social et le principe de faveur, MELCHIOR, 23/05/2022,


https://www.melchior.fr/synthese/l-ordre-public-social-et-le-principe-de-faveur-en-droit-du-travail

14
BIBLIOGRAPHIE

- David AFFODJOU, LE DROIT BENINOIS DU TRAVAIL, 1ère édition,


FRIEDRICH EBERT STIFTUNG, 353p
- Lexique des termes juridiques 2017-2018

- LOI N°98-004 DU 27 JANVIER 1998, PORTANT CODE DU TRAVAIL

- EN REPUBLIQUE DU BENIN

- CONVENTION COLLECTIVE GENERALE DU TRAVAIL APPLICABLE

- AUX ENTREPRISES RELEVANT DES SECTEURS PRIVE ET PARA-


PUBLIC EN REPUBLIQUE DU BENIN

- L’ordre public social et le principe de faveur, MELCHIOR, 23/05/2022,

- https://www.melchior.fr/synthese/l-ordre-public-social-et-le-principe-de-
faveur-en-droit-du-travail

- Jean PELISSIER et al. Droit du travail, 26ème édition, Dalloz, 2012, p81

- Christophe RADE, Droit du travail, 5ème édition, p10

- Code Français du Travail de 2017

15

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