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ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
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2018-2019
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
DEDICACE
Je dédie ce document à mes parents qui m’ont soutenue tant matériellement que
moralement tout au long de mon cursus universitaire et au cours de la rédaction
de ce mémoire.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
REMERCIEMENTS
Mes remerciements vont tout d’abord à mon maître de mémoire le Dr. Lucien
ASSOGBA qui a su me guider et me faire progresser tout au long de ce travail de
recherche, tout en me laissant la liberté dont j’avais besoin pour avancer.
Al : Alinéa
Art : Article
AUDSCGIE : Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
groupement d’intérêt économique
Cass : Cassation
Comm : Commerce
DEA : Diplôme d’études approfondies
Doct : Doctorat
FDD : Faculté de droit
Idem : même chose
Ibidem : même auteur, même ouvrage
LGDJ : Librairie générale de droit et de jurisprudence
N° : Numéro
NTIC : Nouvelle technologie de l’information et de la communication
OHADA : Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
Op.cit : Opus citatum ; œuvre citée auparavant
P : Page
RCCM : Registre du commerce et du crédit mobilier
SA : Société anonyme
SARL : Société à responsabilité limitée
SAS : Société par actions simplifiée
SCA : Société en commandite simple
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
SOMMAIRE
INTRODUCTION
GENERALE…………………………………………………….1
PREMIERE PARTIE: L’ENCADREMENT ET L’EXERCICE DU DROIT
DE VOTE DES ACTIONNAIRES DANS LA
SA………………………………………5
Chapitre1: Les conditions de la détention et l'objet du droit de vote des
actionnaires dans la
SA……………………………………………………………………………...7
Section1: Les conditions de la détention du droit de vote dans la
SA…………………7
Section2: Les dispositions relatives aux actions dans la
SA………………………….12
Chapitre2: L'exercice conditionné du droit de vote des actionnaires dans la
SA……19
Section1: Les instances statutaires de prise de décision aux assemblées générales
dans l'exercice du droit de
vote……………………………………………………………..19
Section 2 : Les modes d'exercice du droit de vote des actionnaires minoritaires
dans la
SA…………………………………………………………………………………
…..25
SECONDE PARTIE : Les approches de solutions à l’absentéisme des
actionnaires minoritaires dans la SA pour un meilleur exercice du droit de
vote………………………………………………………………………………
……33
Chapitre1 : La prise en considération de l’absentéisme des actionnaires
minoritaires………………………………………………………………………
……35
Section1 : L’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées
générales…………………………………………………………………………
……35
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux :
-Georges RIPERT, Les aspects juridiques du capitalisme moderne, cité par Paul
LE CANNU, Droit des sociétés, Domat, Droit privé, Montchrestien, Paris, 2002,
n° 589, p. 332.
-Chaput YVES, Droit des sociétés, PUF, Paris, 1993, p. 18.
-Georges RIPERT et René ROBLOT par M. GERMAIN et L. VOGEL, Traité de
droit commercial, Tome 1, LGDJ, 17eme éd., Paris, 1998, p 1606.
-Philippe MERLE, Droit commercial, Sociétés commerciales, 12eme éd., Précis
Dalloz, Paris, 2008, n° 306.
-G. CORNU, Vocabulaire Juridique, 12ème édition, Quadrige, Paris, 2018, p905
-Dominique VIDAL, Manuel droit des sociétés, 5eme éd., LGDJ, Paris, 2006,
n°1146, p. 549
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Ouvrages spécifiques:
-Patrick SERLOOTEN, De nouvelles structures de l'entreprise, D 1986, Chr, p.
187
-P. LEDOUX, Le droit de vote des actionnaires, Paris, Librairie Générale de
Droit et de Jurisprudence, 2002, p19
-E. WYMEERSCH, "One share one vote’ ou proportionnalité du droit de vote",
Liber amicorum Guy Keutgen Bruxelles, Bruylant, 2008, p209
-C. CLOTTENS, Proportionaliteit van stremrecht en risico in
kapitaalvennootschappen, Avers, Biblo, 2012, p122
-J.M. MARX, Le vote plural et les procédés de maîtrise dans les sociétés
anonymes, Bruxelles, Hauchamps, 1929, p29
-O. CAPRASSE, R. AYDOGDU, L’abus du droit de vote et ses sanctions, Le
droit des sociétés aujourd’hui: principes, évolutions et perspectives, Bruxelles,
C.J.B., 2008, p. 279.
-R. KADDOUCH, Le droit de vote de l’associé, Thèse Aix-Marseille, 2001, p.
110
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Rapports officiels:
-Colloque du centre de recherche sur le droit des affaires (CREDA) de la
chambre de commerce et d'industrie, 1er Mars 1994, JCP E, 1994, p. 426.
Thèses et mémoires:
-Molonga KODOM, Le contrôle de la société anonyme unipersonnelle, Mémoire
de DESS Droit des Affaires, FDD, Université de Lomé, 1999, p. 1
-J. ALBAS, Le contrôle de la société anonyme par les actionnaires, DEA 2007,
Université de Lomé
-R. van den DRIESSCHE, L’exercice du droit de vote au sein des assemblées
générales des sociétés cotées, Master en Droit, Université Clouvain, 2015-2016,
p28
-C. COUPET, L’attribution du droit de vote dans les sociétés, Thèse doctorat:
droit privé: Université Panthéon- Assas, 2012, p74
-M.D. Gabare-Leibler, La remise en cause de l'information du public et des
actionnaires aux Etats-Unis, Thèse en droit, Paris, 1,1984
-C. BONNET, Le secret dans la vie économique, Thèse, Paris, 1970 cité par G .J.
VIRASSIMY, p. 184
-
L. NODJILEMBAYE, La protection des actionnaires dans le cadre des offres
publiques sur le marché boursier de l'IlMOA, Mémoire de DESS-Droit des
Affaires, FDD, Université de Lomé, 2005, p46
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Articles et doctrines:
-J. PAILLISSEAU, Le droit est aussi une science d'organisation (et les juristes
sont parfois des organisateurs juridiques)», RTDcom 1989, n° 20, p 10.
Notes de jurisprudence:
-P. CORDONNIER, L'irréductible droit de vote de l'associé, Semaine Juridique,
Entreprise et Affaires, Tome I, 2008, n°1549 ; Affaire du château d'Yquem, Cass.
com. 9 février 1999, JCP E 1999, p. 724
-Paul LE CANNU, note sous Cass.com, 19 septembre 2006, RTDcomjanv-mars
2007, n° 8, p. 177
-H.CHASSERY, Les attributions du conseil de surveillance, RTDcom 1976, p.
451
-Paris, 9 janvier 1942, D. 1952, p383
-J.F. GOFFIN, Les actions en cession et en reprise forcée : Premiers pas
jurisprudentiels, J.T.,1998, p324
-Comm. Bruxelles (12e Chambre), 22 juin 1992, T.R.V., 1993, p93
Sources électroniques:
-E. ROIG, AG, Consultation par correspondance et vote à distance, Droit-
Finances, Disponible sur :http://www.droit-finances.commentcamarche.com/ (
page consultée le 11 Avril 2019)
-M. NJANDEU, l’appréhension de l’affectio societatis, wolterskluwer.
Disponible surhttps://webservices.wkf.fr/editorial/medias/images/actu-42578
-
D. SCHMIDT, « Les actionnaires minoritaires, un combat légitime ? » Http //
www.creda.ccip.fr pp 58-60
-Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, 03 Août 2017, Disponible
sur : www.legisocial.fr/ (29 Septembre 2017)
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
INTRODUCTION
……………………………………………………………………1
PREMIERE PARTIE : L'encadrement et l'exercice du droit de vote des
actionnaires dans la
SA……………………………………………………………….5
Chapitre1: Les conditions de la détention et l'objet du droit de vote des
actionnaires dans la
SA………………………………………………………………………………7
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Chapitre2: Les intérêts liés à l’exercice du droit de vote par les actionnaires
minoritaires dans une
SA……………………………………………………………..50
Section1: Les intérêts socioéconomiques de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA.…………………………………………………50
Paragraphe1: Les intérêts économiques de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA………………………………………………….50
A- Un droit fonction
………………………………………………………………….51
B- Une prérogative
politique………………………………………………………….52
Paragraphe2: Les intérêts sociaux de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA……………………………………………………………….54
A- L’empêchement d’appropriation de la société par les actionnaires
majoritaires………………………………………………………………………
……54
B- L’empêchement de prise des décisions à risques financiers sans consentement
général……………………………………………………………………………
…...55
Section2: Les intérêts juridiques et matériels de l’exercice du droit de vote par
les actionnaires minoritaires dans la
SA………………………………………………….56
Paragraphe1: Les intérêts juridiques de l’exercice du droit de vote par les
minoritaires dans la
SA……………………………………………………………………………..56
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
INTRODUCTION
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
INTRODUCTION
La société anonyme est souvent considérée comme le lieu des jeux d’intérêts
entre actionnaires dont le centre est l’action. Ces derniers y satisfont par
l’exercice d’un droit de vote dont les actionnaires minoritaires n’en font pas
généralement usage comme il se doit.
1
Georges RIPERT, « Les aspects juridiques du capitalisme moderne », cité par Paul LE CANNU, Droit des
sociétés, Domat, Droit privé, Montchrestien, Paris, 2002, n° 589, p. 332.
2
Chaput YVES, Droit des sociétés, PUF, Paris, 1993, p. 18.
3
Art 6 de l'AUSCGIE
4
Art 385 de l'AUSCGIE
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Cependant, en pratique, les réalités sont tout autres. On se rend compte que peu
d’actionnaires minoritaires voir pas du tout ne font pas usage de leurs droit de
vote ou n’ont pas accès à temps ou non aux informations concernant la tenue des
assemblées générales ; instance des prises de décisions. Cette situation n’arrange
que très fortement les actionnaires majoritaires car ils s’approprient la société.
10
J. ALBAS, Le contrôle de la société anonyme par les actionnaires, DEA 2007, Université de Lomé
11
J. ALBAS, idem
12
J. PAILLISSEAU, « Le droit est aussi une science d'organisation (et les juristes sont parfois des
organisateurs juridiques)», RTDcom 1989, n° 20, p 10.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Dans l’optique d’établir cette nécessité, il est important d’exposer les règles en
place gouvernant l'encadrement et l'exercice du droit de vote des actionnaires
dans la SA (Première partie) puis d’établir des approches de solutions pour un
meilleur exercice du droit de vote des actionnaires minoritaires dans la SA
(Seconde partie).
Étudier les procédés d’attribution du droit de vote engage à rechercher dans la loi
les principes de cette attribution. De l’observation de la loi et de la jurisprudence,
il sera mis en exergue ce que le droit tient pour principe de l’attribution du droit
de vote c’est-à-dire les conditions de la détention du droit de vote dans la SA
(section 1). Et les actions étant le sujet phare de cette attribution, il sera fait cas
des dispositifs relatifs aux actions dans la SA (section 2).
L’obtention du droit de vote (A) par l’actionnaire se fait dans un souci de respect
du principe de la proportionnalité (B).
Le droit de vote est attribué aux titulaires des actions ;les actionnaires13. Selon
l’art 37 de l’AUSCGIE, chaque associé doit faire un apport à la société. Chaque
associé est débiteur envers la société de tout ce qu’il s’est obligé à lui apporter en
numéraire en nature ou en industrie14. Conformément aux dispositions de l’article
38, en contrepartie de leurs apports, les associés reçoivent des titres émis par la
société tels que définis à l’art 51 ci-après: la société émet des titres sociaux en
contrepartie des apports faits par les associés15. Ils représentent les droits des
associés et sont dénommés actions dans les sociétés par actions et parts sociales
dans les autres sociétés. Suivant l’art 53 al 4, les titres sociaux ; en d’autres
termes les actions, confèrent à leurs titulaires le droit de participer aux votes des
décisions collectives des associés, à moins que l’AUSCGIE n’en dispose
autrement16. Ce droit de vote des actionnaires est, en principe, proportionnel à la
quotité de capital quereprésentent les actions qu’ils détiennent17. En consacrant
une proportionnalité stricte entre le droit de vote lié aux actions et la quotité
ducapital qu’elles représentent, le législateur a adhéré au principe de « une
action, une voix »et a interdit le recours aux actions à vote plural.Deux règles
essentielles peuvent donc être dégagées de ces premières lignes :
13
P. LEDOUX, Le droit de vote des actionnaires, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence,
2002, p19
14
Art 37 de l’AUSCGIE, p7
15
Art 38 idem
16
Art 53, al 4,ibidem, p10
17
E. WYMEERSCH "One share one vote’ ou proportionnalité du droit de vote", Liber amicorum Guy
Keutgen Bruxelles, Bruylant, 2008, p209
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
B- Le principe de la proportionnalité
18
P. LEDOUX, op. cit., p21
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Dans les deux cas précités, il est question donc de situations assimilables au
transfert autonome du droit de vote23. Une telle flexibilité minimale est
indispensable à l’exercice du droit de vote dans les sociétés de capitaux, où le
degré d’absence aux assemblées générales, résultant de l’impossibilitéde s’y faire
représenter, pourrait créer une dérogation indésirable au principe de
proportionnalitéen faveur des actionnaires qui y sont présents24.Pour éviter tout
19
C. CLOTTENS, Proportionaliteit van stremrecht en risico in kapitaalvennootschappen, Avers, Biblo,
2012, p122
20
J.M. MARX, Le vote plural et les procédés de maîtrise dans les sociétés anonymes, Bruxelles,
Hauchamps, 1929, p29
21
C. CLOTTENS, op. cit., p122
22
C. CLOTTENS, idem, p122
23
C. CLOTTENS, ibidem, p122
24
C. CLOTTENS, ibidem, p123
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
25
C. CLOTTENS, ibidem, p126
26
C. CLOTTENS, ibidem, p126
27
O. CAPRASSE, R. AYDOGDU, « L’abus du droit de vote et ses sanctions », Le droit des sociétés
aujourd’hui: principes, évolutions et perspectives, Bruxelles, C.J.B., 2008, p. 279.
28
C. CLOTTENS, ibidem, p126
29
C. CLOTTENS, op. cit.,p127
30
C. CLOTTENS, idem, p127
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Le capital action représente l’ensemble des mises de fonds effectuées par les
actionnaires en vue de l’exploitation commune de la société. L’action représente
une unité du capital action.Lorsqu’on parle d’action, on fait généralement
allusion aux actions ordinaires. En effet, la majorité des actions émises le sont
sous cette forme. Les actions ordinaires sont des titres de propriété de la société
et donne droit à une partie des profits. Ce sont les statuts de la société qui
spécifient s’il existe une seule ou plusieurs catégories d’actions. S’il n’y a qu’une
seule catégorie d’actions, celles-ci constituent automatiquement des actions
ordinaires. Alors que s’il y a plusieurs catégories d’actions, il est nécessaire
d’énoncer expressément les droits et les restrictions relatifs à chaque type
d’actions dans les statuts. Au niveau corporatif, on entend par action ordinaire,
une action qui accorde à l’actionnaire le droit de voter à toutes les assemblées
31
C. CLOTTENS, ibidem, p167-173
32
C. CLOTTENS, ibidem, p130
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Si la société fait faillite et qu’elle est liquidée, les détenteurs d’actions ordinaires
ne recevront pas d’argent avant que les créditeurs, les détenteurs d’obligations et
les détenteurs d’actions privilégiées aient été remboursés.
Les actions de préférence, utilisables dans les sociétés par actions, sont des titres
en capital qui confèrent à leurs détenteurs des droits différents de ceux attribués
aux actions ordinaires. Les actions de préférence sont des titres qui se distinguent
des actions ordinaires par les prérogatives qui y sont attachées. Ces actions
peuvent conférer à leurs détenteurs des droits particuliers à plusieurs niveaux,
notamment en matière de droit de vote (suppression du droit de vote, droit de
vote double, voire droit de vote multiple en SAS) et de droit au bénéfice (quote-
part supérieure de dividende, dividende prioritaire, superdividende…). Les
33
Art 751 AUSCGIE, p157
34
Art 754 AUSCGIE, p158
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Le droit de vote attaché aux actions de préférence peut être supprimé de manière
temporaire ou définitive. Ensuite, les actions de préférence peuvent bénéficier de
droits financiers privilégiés, notamment en matière de droit aux bénéfices. Il peut
s’agir d’actions avec un droit à un dividende prioritaire, ces actions auront ainsi
le droit de prélever en premier un dividende.
cas d’émission en cours de vie sociale, une décision des actionnaires, sous la
forme extraordinaire en SA ou dans les conditions prévues statutairement en
SAS, est nécessaire. Le ou les intéressés ne peuvent pas prendre part au vote. Un
rapport du conseil d’administration ou du directoire dans les SA, ainsi qu’un
rapport par un commissaire aux apports sur les avantages particuliers sont
obligatoires. Les statuts doivent être mis à jour.Les détenteurs d’actions de
préférence pourront demander au commissaire aux comptes de la société
d’établir un rapport spécial sur le respect des droits particuliers attachés aux
actions de préférence.
Enfin, sur décision des associés et suivant les modalités prévues dans les statuts,
les actions de préférence peuvent être ultérieurement transformées en actions
ordinaires ou en actions d’une autre catégorie35.
L’étude des dispositions relatives aux actions dans la SA ne saurait se faire sans
l’analyse des actions avec ou sans droit de vote (A) et les cas de suspension de ce
droit de vote (B).
Dans la SA, il existe différents types d’actions dont la qualification dépend des
divers types d’apports effectués. Ainsi l’on peut trouver des actions avec ou sans
droit de vote découlant d’actions de numéraire et d’actions d’apport. Les actions
de numéraire sont celles dont le montant est libéré en espèces ou par
compensation de créances certaines, liquide et exigibles sur la société, celles qui
sont émises par suite d’une incorporation au capital de réserves, bénéfices ou
prime d’émission et celles dont le montant résulte pour partie d’une incorporation
de réserves, de bénéfices ou de primes d’apports, d’émission ou de fusion et pour
partie d’une libération en espèces. Ces dernières doivent être intégralement
35
Art 778-6 AUSCGIE, p 164
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
libérées lors de la souscription art74836. Toutes les autres actions sont des actions
d’apport37. Les actions qui ne sont admises ni aux négociations sur une bourse
des valeurs ni aux opérations d’un dépositaire central revêtent la forme
nominative art748-138. Les actions entièrement souscrites sont donc celles
bénéficiant d’un droit de vote. Les actions rachetées par la société conformément
aux dispositions des art639 et suivants ci-après sont dépourvues de droit de vote.
Selon les dispositions de l’art 544, un droit de vote double de celui conféré aux
autres actions peut être attribué à toutes les actions entièrement libérées pour
lesquelles il est justifié d’une inscription nominative depuis deux (2) ans au nom
d’un actionnaire.
Lors de la création de la société, il peut être crée des actions de préférence avec
ou sans droit de vote ; un droit de vote double pouvant leurs être conféré.
36
Art 748 AUSCGIE, p157
37
Art 748 AUSCGIE, p157
38
Art 748-1 AUSCGIE, p157
39
R. van den DRIESSCHE, L’exercice du droit de vote au sein des assemblées générales des sociétés
cotées, Master en Droit, Université Clouvain, 2015-2016, p28
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
limitation statutaire du droit de vote est donc possible, mais elle doit
respecterl’égalité entre les actionnaires40.Enfin, l’actionnaire n’étant pas obligé
d’être présent lors de l’assemblée générale, ni departiciper au vote, il peut dès
lors renoncer préalablement à l’exercice de son droit de vote.Mais cette
renonciation n’est pas dénuée de conditions: l’actionnaire ne pourra renoncer
qu’enconnaissance de cause de l’ordre du jour, et sa renonciation doit
nécessairement être limitée dansle temps et la durée. Un tel abandon du droit de
vote s’apparente en effet à un transfertprohibé, malgré qu’il n’y ait pas de
bénéficiaire direct41. Aussi, toute action convertie au porteur perd le droit de vote
double42. Conformément aux dispositions de l’art775, en cas de défaut de
libération des actions, ces dernières cessent de donner droit à l’admission aux
droits de vote dans les assemblées d’actionnaires. Cependant, un délai de mise en
règle est accordé aux actionnaires pour éviter cette suspension. Après les
nombreuses demande de mise en règle n’ayant pas abouti, la suspension du droit
de vote de l’actionnaire concerné peut conduire à la suspension du droit au
dividende et même du droit préférentiel de souscription jusqu’à paiement des
sommes dues43.
40
C. CLOTTENS, op. cit., p131
41
R. KADDOUCH, Le droit de vote de l’associé, Thèse Aix-Marseille, 2001, p. 110
42
Art753 AUSCGIE
43
Art 775 AUSCGIE
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
assemblée générale chaque fois qu’il l’estime nécessaire, mais il est néanmoins
tenu deconvoquer une assemblée générale une fois par an. L’étude des instances
statutaires dans cette partie portera donc sur les différents types d’assemblées
générale (paragraphe1) et les droits préalables des actionnaires pour la
participation à ces assemblées et d’énoncer les modes d'exercice du droit de vote
des actionnaires minoritaires dans la SA (Paragraphe2).
L’assemblée générale des actionnaires n’est pas une chose figée. Il en existe
différents types quiont toutes des missions et des règles de fonctionnement
spécifiques44.Au sein des sociétés anonymes, il convient de faire une différence
entre les assemblées généralesordinaires, les assemblées générales
extraordinaires et les spéciales.
44
R. van den DRIESSCHE, op. cit., p11
45
Art 551 AUSCGIE, p118
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Les assemblées générales ne possèdentque les pouvoirs qui leurs sont conférés
par laloi ou par les statuts. Chaque assemblée a des attributions qui lui sont
propres.
En effet, l’assemblée générale ordinaire selon l’art 54647 est compétente pour
statuer sur les états financiers de synthèse de l’exercice ; décider de l’affectation
du résultat à peine de nullité de toutes délibérations contraire, il est constitué sur
le bénéfice de l’exercice diminué, le cas échéant, des pertes antérieures, une
dotation égale à un dixième au moins affectée à la réserve légale. Cette dotation
cesse d’être obligatoire lorsque la réserve atteint le cinquième du montant du
capital social48. Nommer les membres du conseil d’administration ou
l’administrateur et le cas échéant, l’administrateur général adjoint ainsi que le
commissaire aux comptes49; statuer sur le rapport du commissaire aux comptes
prévue par les dispositions de l’art 440 et approuver ou refuser d’approuver les
conventions conclues entre les dirigeants sociaux ou un actionnaire détenant une
participation supérieure à dixpour cent (10٪) du capital de la société et la
46
Art 555 AUSCGIE, p119
47
Art 546 AUSCGIE
48
Art 546, idem
49
Art 546, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
50
Art 546, ibidem
51
Art 546, ibidem
52
Art 551, ibidem
53
Art 551 AUSCGIE
54
Art 551, idem
55
Art 555, ibidem
56
Art 555, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Elle doit parvenir ou être porté à la connaissance des actionnaires quinze (15)
jours au moins avant la date de l’assemblée sur première convocation et le cas
échéant six (06) jours au moins pour les convocations qui suivront 58. Elle indique
la dénomination de la société, suivie le cas échéant de son sigle, la forme de la
société, le montant du capital social, l’adresse du siège social, le numéro
d’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) ainsi
que leurs natures (ordinaire, extraordinaire, spéciale)59.Toute assemblée
irrégulièrement convoqué peut être annulée. L’ordre du jour est arrêté par
l’auteur de la convocation60. De même, un ou plusieurs actionnaires ont la faculté
de requérir l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée générale d’un projet de
résolutions selon les dispositions de l’art 520. L’assembléene peut délibérer sur
une question qui n’est pas inscrite à l’ordre du jour61. L’ordre du jour de
l’assemblée ne peut être modifié sur deuxième convocation ou le cas échéant
pour les assemblées générales extraordinaires sur troisième convocation62.
57
Art 516 AUSCGIE
58
Art 518, idem
59
Art 519, ibidem
60
Art 519, ibidem
61
Art 522, ibidem
62
Art 524, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
63
Art 525, op. cit.
64
Art 526, idem
65
Art 528, ibidem
66
Art 529, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Pour diverses raisons, il est parfois difficile de réunir à une date et un lieu
convenus un nombre d’associés ou d’actionnaires nécessaires au respect des
conditions de quorum de l’assemblée générale d’une société. C’est notamment en
vue de pallier à ces inconvénients pratiques que la loi prévoit des cas dans
lesquels les associés ou les actionnaires pourront être consultés pour voter sans
pour autant être présents physiquement à une assemblée. Ainsi le vote par
correspondance (Paragraphe1) et le vote par mandataire ou procuration
(Paragraphe2) sont les plus utilisés.
67
E. ROIG, AG: Consultation par correspondance et vote à distance, Droit-Finances, Disponible sur :
http://www.droit-finances.commentcamarche.com/ ( page consultée le 11 Avril 2019)
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
68
E. ROIG, idem
69
E. ROIG, ibidem
70
E. ROIG, ibidem
71
E. ROIG, ibidem
72
E. ROIG, ibidem
73
P. KAGOU KENNA, La représentation des actionnaires dans les sociétés commerciales OHADA, Editions
Universitaires Européennes, p42
74
P. KAGOU KENNA, idem, p42
75
P. KAGOU KENNA, op. cit., p42
76
P. KAGOU KENNA, idem, p42
77
P. KAGOU KENNA. ibidem, p42
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
fait qu’il supprime l’intérêt des délibérations78. L’assemblée a été conçue pour
que les actionnaires puissent discuter de la marche de la société et non pas
simplement exprimer une approbation ou improbation face à une question
donnée79. D’ailleurs, la doctrine faisait de l’assemblée une réunion d’échanges de
points de vue devant précéder le vote afin de l’éclairer80. L’objectif est de
permettre aux actionnaires suffisamment qualifiés et informés d’exercer une
influence sur les décisions sociales81. Le comportement de l’actionnaire en
assemblée tel que décrit tout haut ne permet pas de ce fait de favoriser la
discussion recherchée82. Le vote par mandataire ou procuration est-il donc plus
adapté pour répondre aux attentes d’une assemblée générale ?
Dans la SA, la présence des actionnaires est importante au cours des assemblées
générales d’actionnaires puisqu’il sera discuté de la vie sociale et par conséquent,
l’avis de tout un chacun est indispensable. Le vote par correspondance ne
satisfaisant pas pleinement aux caractères de débat des assemblées générales, le
vote par mandataire ou procuration mis en place dans l’objectif de satisfaire
l’intérêt général permet la représentation de l’actionnaire par un mandataire aux
assemblées générales (A) dans l’acceptation des enjeux liés à l’exercice du droit
de vote de l’actionnaire par un représentant (B).
78
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
79
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
80
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
81
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
82
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
83 ème
G. CORNU, Vocabulaire Juridique, 12 édition, Quadrige, Paris, 2018, p905
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
générales dans les sociétés comportant des milliers d'actionnaires ou celles cotées
en Bourse. Une possibilité est offerte pour ceux qui sont empêchés du fait de
l'éloignement ou d'un manque de disponibilité: la représentation. Il s'agit d'une «
présence juridique »84. La représentation permet de sauvegarder autant que
possible le caractère démocratique de la société anonyme. A cet effet, le
professeur M. COZIAN affirme qu' « il faut compter avec les impotents, les
incapables, les voyageurs, les occupés et les agoraphobes, d'où l'idée de la
représentation »85.Le vote par procuration est une simple modalité d’exercice du
droit de vote, l’associé gardant la maîtrise de son droit. Le mandant conserve en
principe sa liberté et ne s’engage pas à voter dans un sens déterminé comme c’est
le cas dans une convention de vote.
84 eme
Dominique VIDAL, Manuel droit des sociétés, 5 éd., LGDJ, Paris, 2006, n°1146, p. 549
85 1Gerne
Maurice COZIAN, Alain VIANDIER, Florence DEBOISSY, Droit des sociétés, éd., LITEC, Paris, 2004,
n° 649, p. 295
86
C. COUPET, L’attribution du droit de vote dans les sociétés, Thèse doctorat: droit privé: Université
Panthéon- Assas, 2012, p74
87
C. COUPET, idem, p74
88
C. COUPET, ibidem, p74
89
C. COUPET, ibidem, p74
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Cette pratique présente des avantages assez satisfaisants. En effet, les deux
mandataires peuvent se contrôler mutuellement ou s'épauler sur des questions
techniques ou juridiques96. Ou encore, l'un peut suppléer l'autre en cas
d'empêchement de dernière minute.
90
Y. GUYON, Droit des Affaires, Tome 1, Droit Commercial General et Sociétés, 12eme ed.,Economica,
Paris, 2003, p. 307
91
J. ALBAS, Le contrôle de la société anonyme par les actionnaires, DEA 2007, Université de Lomé
92
J. ALBAS, idem
93
J. ALBAS, ibidem
94
J. ALBAS, ibidem
95
Paul LE CANNU, note sous Cass.com, 19 septembre 2006, RTDcomjanv-mars 2007, n° 8, p. 177
96
J. ALBAS, op. cit.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
97
C. COUPET, op. cit.
98
C. COUPET, idem
99
C. COUPET, ibidem
100
C. COUPET, ibidem
101
C. COUPET, op. cit.
102
C. COUPET, idem
103
C. COUPET, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
spécialité. En outre, « le mandat donné pour une assemblée vaut pour les
assemblées successivesconvoquées avec le même ordre du jour »104. Cette
disposition confirme le caractère spécial du mandat : l’important n’est pas tant
qu’il soit donné pour une seule assemblée, mais qu’il soit confié pour un ordre du
jour déterminé105. Il reste ainsi valable après une seconde convocation de
l’assemblée lorsque le quorum n’a pas été réuni la première fois, puisque l’ordre
du jour demeure alors inchangé106. Il est encore précisé que si le mandataire est
déterminé, celui-ci ne peut ensuite se substituer à une autre personne. À défaut de
choix du mandataire, c’est-à-dire en cas de pouvoir transmis en blanc, le vote de
l’actionnaire est protégé puisque le sens du vote est prédéterminé par la loi107.
Cette disposition introduite par la loi du 24 juillet 1966 permet à l’associé de
donner mandat en connaissance de cause et met fin aux critiques qui avaient été
formulées à l’encontre des mandats en blanc, du fait du trafic de voix auquel ils
pouvaient donner lieu108. Mentionnons pour finir que l’actionnaire ne peut
donner mandat qu’à son conjoint, au partenaire avec lequel il a conclu un pacte
civil de solidarité ou à un actionnaire109. Cette règle était antérieurement générale
; elle ne vaut aujourd’hui que pour les sociétés non cotées et les sociétés dont les
titres sont admis sur un système multilatéral de négociation organisé qui n’ont
pas ouvert plus largement cette possibilité110. Cela n’est cependant pas destiné à
protéger la liberté du vote mais plutôt à prévenir l’intrusion de tiers mal
intentionnés dans les assemblées. De la même manière, l’article R. 225-79 pose
en principe que le mandat est donné pour une assemblée et prévoit expressément
certaines exceptions. Il faut en déduire que ces dernières sont limitatives. C’est
dans ce sens que la Cour de cassation s’est engagée. Celle-ci a en effet approuvé
une cour d’appel d’avoir retenu que « le mandat donné par un actionnaire à un
autre actionnaire pour le représenter dans les assemblées générales est personnel,
104
C. COUPET, ibidem
105
C. COUPET, ibidem
106
C. COUPET, ibidem
107
C. COUPET, ibidem
108
C. COUPET, ibidem
109
C. COUPET, ibidem
110
C. COUPET, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
111
Cass. com. 29 nov. 1994, n° 93-11375
112
C. COUPET, op. cit.
113
C. COUPET, idem
114
C. COUPET, ibidem
115
C. COUPET, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
L’usage que les actionnaires font de leurs droits de vote est plus souvent
gouverné par les règlementations de la loi et des statuts. Et ce faisant, ils sont
parfois confrontés à une certaine rigidité de la loi les limitant sur beaucoup
d’aspects et limitant aussi l’exercice régulier de leurs droit de vote.
Pour permettre un meilleur exercice du droit de vote dont dispose les actionnaires
en particulier les minoritaires, l’étude des conditions concourant à la limitation
des mouvements d’actions dont disposent les minoritaires permettrait de lever le
voile sur la situation. Ainsi, des approches de solutions sont à explorer pour parer
à l’inactivité dont fait preuve les actionnaires minoritaires.
Afin de permettre une durabilité des approches de solutions qui auraient été
élaborées, il conviendrait dans un premier d’analyser les raisons de l’absentéisme
des actionnaires minoritaires lors des prises de décisions (Chapitre1), puis dans
un second temps faire ressortir les intérêts tant qu’ont les actionnaires
minoritaires en faire usage de leurs droits de vote (Chapitre2) ; et tout cela bien
sûr en essayant de trouver une solution pour remédier à cette absence pouvant
nuire aussi bien à la société qu’à ses gestionnaires (les actionnaires).
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Ils s'absentent massivement souvent lors des réunions au cours desquelles des
grandes décisions déterminant la vie sociale sont prises. Cet absentéisme
(Section1) est la principale raison de l'insuffisance du contrôle interne collectif,
preuve de l’exercice du droit de vote des actionnaires. Elle représente aussi un
frein à la réalisation de la volonté statutaire de collaboration égalitaire des
associés (Section2).
situation trouve sa source dans diverses raisons dont les unes sont dues à la
convocation des assemblées générales ordinaires (A), les autres liées aux
assemblées extraordinaires (B).
116
H.CHASSERY, Les attributions du conseil de surveillance, RTDcom 1976, p. 451.
117
H. CHASSERY, idem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Elles ne se sentent donc pas concernées par l’objet social. D'ailleurs, les
actionnaires ne détiennent, très souvent, qu'un faible nombre de voix et sentent
bien que leur vote dans un sens ou dans l'autre n'aura pas de grande influence sur
la décision finalement prise. C'est ce qu'a pu observer le professeur Y. GUYON
lorsqu'il affirme que « les actionnaires ne se sentent guère impliqués par la
marche de la société, car ils ne disposent individuellement que d'un nombre de
voix insuffisant pour influencer le vote »119. Certes, ils pourraient se réunir pour
former un groupe puissant dans l'optique de faire entendre leur voix,
malheureusement il convient de remarquer que ces derniers ne se connaissent
pas. Ils ont ainsi un sentiment de faiblesse ou sont conscients de leur incapacité.
Ce qui explique leur faible présence aux assemblées et conduit la doctrine à les
traiter de « fantômes »120. Bien qu’on pourrait assimiler l’absence des
actionnaires minoritaires aux assemblées générales ordinaires à celles
extraordinaires ; il ressort de notre étude que ces raisons sont toutes autres.
De plus, l'actionnaire, dans la plupart des cas, fait preuve d'une certaine
désaffectation à l'égard de la vie sociale. A cet effet, le professeur A. TUNC écrit
que « l'actionnaire, qui ne va pas à l'assemblée générale, se dérange encore bien
moins pour aller au siège social »124. Par ailleurs, plusieurs difficultés
d'information auxquelles est confronté l'actionnaire naissent du fait que
l'information est portable. En effet, cette information pose quelques problèmes.
D'un côté, le premier problème est relatif à son imperfection car, l'information
peut être quelque peu imprécise en raison d'erreurs de saisies, d'omissions ou de
contrôles insuffisants. De l'autre, l'une de ses principales difficultés réside dans
sa parcellisation. Elle n'est pas pondérée. Aussi, convient-il de préciser que
121
J. ALBAS, op. cit
122
J. ALBAS, idem
123
J. ALBAS, ibidem
124
Colloque du centre de recherche sur le droit des affaires (CREDA) de la chambre de commerce et
er
d'industrie, 1 Mars 1994, JCP E, 1994, p. 426.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
l'excès d'information n'est pas à écarter car elle tue l'information quand l'essentiel
est noyé sous un flot de renseignements sans intérêt125. C'est ce que les médias
appellent la désinformation, et la désinformation juridique est certainement tout
aussi redoutable que la désinformation par voie de presse ou de la télévision 126.
Plus encore, l'information livrée aux actionnaires est synonyme de contrainte et
de frais. La doctrine souhaite donc que « les dividendes ne soient pas trop
entamés par les frais d'information »127 car l'objectif premier d'une société est de
partager des bénéfices et non pas de diffuser l'information. Même les dirigeants
sont parfois hostiles à l'exercice du droit à l'information par les actionnaires.
Cette attitude peut se justifier par le fait qu'ils craignent certaines indiscrétions
émanant des concurrents qui achèteraient simplement quelques actions pour se
renseigner à bon compte128. L'information met ainsi en conflit l'intérêt de
l'actionnaire censé disposer d'informations précises pour mieux apprécier la
gestion de la société ; et celui de la société qui tend à éviter que les concurrents
ne s'emparent d'informations pouvant nuire à celle-ci129. C'est ce qu'a pu observer
M. C. BONNET : « Dans le monde hostile de la concurrence, il importe de
pouvoir se situer par rapport aux autres concurrents et à cette fin, tout
renseignement peut être utilisé pour apprécier la fermeté ou la faiblesse des
positions adverses »130. Bien que ces raisons soit excusables pour les actionnaires
minoritaires, il n’en est pas moins qu’elles ont de fâcheuses conséquences aussi
bien sur la société que sur eux.
125
J. ALBAS, ibidem
126
Colloque du centre de recherche sur le droit des affaires (CREDA) de la chambre de commerce et
d'industrie, ibid., p. 426.
127
M.D. Gabare-Leibler, La remise en cause de l'information du public et des actionnaires aux Etats-Unis,
Thèse en droit, Paris, 1,1984 cité par Yves GUYON, ibid., p. 299
128
J. ALBAS, op. cit
129
J. ALBAS, idem
130
C. BONNET, Le secret dans la vie économique, Thèse, Paris, 1970cité par G .J. VIRASSIMY, p. 184
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Il a été mis en lumière dans un arrêt de la cour d'appel de Paris rendu le 9 janvier
1942 dans l'affaire du Bon Marché133.Les faits se résument de la façon suivante :
le conseiller financier, publicitaire et commercial de cette entreprise et le
président de son conseil d'administration ont pu, grâce à l'inertie prolongée des
autres administrateurs et aux mandats qu'ils recevaient en blanc des actionnaires,
jouir d'une entière maîtrise sur la marche et la vie de la société. En deux ans,
alors que la société réalisait normalement un bénéfice de 40 millions, ils lui firent
subir une perte de 168 millions ; après avoir obtenu 500 millions de l'épargne
publique et mobilisé 430 millions de réserves, ils durent déposer son bilan. Sans
décrire tous leurs agissements, on peut relever qu'ils achetèrent des meubles
fabriqués par le conseiller financier pour un montant de 52 millions et les
131
J. ALBAS, op. cit
132
André TUNC, « L'effacement des organes légaux de la société anonyme », D. 1952, p. 74.
133
Paris, 9 janvier 1942, D. 1952, p383.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Autrement dit, ils ont agi sans que leurs collègues du conseil d'administration, les
commissaires aux comptes et surtout les actionnaires ne se soient rendus compte
de la gestion catastrophique des affaires sociales. Par conséquent, cet arrêt
confirme l'effacement de l'assemblée d'actionnaires comme organe de contrôle de
l'activité sociale. Cette situation entraîne ainsi la confiscation de ses pouvoirs par
la direction.
Elle peut entraîner des abus car elle renforce les pouvoirs des dirigeants qui vont
utiliser les voix des dizaines ou milliers d'actionnaires qui se désintéressent de la
vie sociale. Elle est un mode d'accaparement des voix par l’organe
d'administration et rend illusoire l'omnipotence de l'assemblée d'actionnaires.
Autrement dit, le pouvoir de l'assemblée est normalement confisqué par la
direction grâce aux mandats qu'elle reçoit et les dirigeants « sont en mesure de
conduire la société aussi aisément que le ferait un entrepreneur individuel dans
son entreprise »136.Dès lors, c'est la direction qui fait la majorité aux assemblées
d'actionnaires, et le contrôle capitaliste ne s'exerce plus véritablement 137. Le
pouvoir est exercé sans partage par les dirigeants qui s'appuient sur une fraction
relativement élevée du capital pour diriger la société. A cet effet, comme
l'écrivait M. Louis LOSS en 1961 : « Sans règlementation, le mandat est une
134
J. ALBAS, op. cit
135 m
Philippe MERLE, Droit commercial, Sociétés commerciales, 12e e éd., Précis Dalloz, Paris, 2008, n°
470, p. 563
136 eme
Maurice COZIAN, Alain VIANDIER, Florence DEBOISSY, Droit des sociétés, 17 éd., LITEC, Paris, 2004,
n° 631, p. 289
137
V. I. RENAUDIE, La distinction des prérogatives financiers et de gouvernement des sociétés, Thèse de
Doctorat en Droit, Paris X, 1988 cité par Paul LE CANNU, ibid., p. 334.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
De plus, cela leur permet d'éviter les frais et retard d'une seconde convocation143.
Cet état des lieux consacre le déclin de l'assemblée d'actionnaires et remet en
cause la théorie contractuelle de la société144. Au final, il ne reste qu’une
démocratie théorique de la société anonyme ; qui ne pourrait être sauvée que par
la manifestation de l’affectio societatis des actionnaires minoritaires.
138
Louis LOSS cité par André TUNC, Le droit américain des sociétés anonymes, Economica, Coll. Etudes
Juridiques Comparatives, Paris, 1985, n° 191
139
Daniel Etounga MANGUELLE, « L'Afrique a-t-elle besoin d'un ajustement culturel ? » Editions
Nouvelles du Sud, 1991 cité par Yacouba AGNINA, op.cit., p. 92
140 eme
Dominique VIDAL, Manuel droit des sociétés, 5 éd., LGDJ, Paris, 2006, n°1146, p. 549.
141
J. ALBAS, op. cit
142
Camille JAUFFRET-SPINOSI, « Les assemblées générales d'actionnaires dans les sociétés anonymes,
réalité ou fiction? (Etudes comparatives) » Etudes offertes a René RODIERE, Dalloz 1981, p. 128.
143
Philippe MERLE, ibid., n° 481, p. 575.
144
J. ALBAS,idem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
conséquences sur la vie sociale (B) pourraient être handicapantes pour la bonne
marche de la société.
Les associés doivent se comporter comme tel, ils doivent avoir des rapports de
partenaires ce qui exclut en quelque sorte un lien de subordination, mais implique
de collaborer sur un pied d’égalité.
La loi n'en parle pas expressément, même sous forme de périphrases. Tout au
plus il y a des formules qui renvoient à cette idée : on parle d'entreprise commune
entre les associés, l'intérêt commun des associés (art 1833 code civil). De même,
en se référant à l’art 4 de l’AUDSCGIE, la société commerciale est créée par
deux (02) ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une
activité des biens en nature et en numéraire ou en industrie dans le but de
partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui peut en résulter. La notion
d’affectio societatis est donc la volonté de chaque associé de collaborer
ensemble. Cette notion a été dégagée par la jurisprudence et la doctrine.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
Elle correspond donc à toutes les attitudes des associés, même à celles de ceux
qui ne font que des placements ou veulent en faire. Cela converge vers un état
d'esprit particulier : l'état d'esprit d'associé. C'est l'intention de collaborer à une
œuvre commune sur un pied d'égalité ; sans discrimination. On est en présence
de partenaires.
L’exercice du droit de vote au sein des assemblées générales n’est autre qu’une
manifestation de l’affectio societatis de l’actionnaire, en ce sens que l’actionnaire
remplit là un devoir moralcontracté à l’égard de la société145.Il est tout aussi
facile que difficile de faire appel à cette notion « d’affectio societatis», carmalgré
les nombreux efforts de la doctrine pour en définir les contours, cette notion est
encore ettoujours imprégnée d’incertitude146. Mais si l’utilité de cette notion est
toujours contestée, iln’empêche que certains auteurs y voient un élément
essentiel du contrat de société147. D’autres laconsidèrent comme étant un élément
distinctif de toute société, traduisant « l’esprit decollaboration et d’égalité qui
doit régner entre les associés »148.L’affectio societatis dès la création de la société
fait partie des principales dispositions statutaires ; ce qui faitnaitre par la même
occasion des droits au profit des associés : tous ceux qui tendent à garantiraux
associés de participer activement et efficacement à l’élaboration des décisions
prises enassemblée149. L’affectio societatis suppose la volonté de collaborer de
manière égalitaire et dans l’intérêt commun. La préservation de cette
communauté d’intérêt justifie l’interdiction des clauses léonines, l’attribution aux
associés de droits de même nature et donc l’absence de lien de subordination
ainsi que la sanction des abus de majorité150. C’est donc un certain état d’esprit
145
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p41
146
R. van den DRIESSCHE, idem, p41
147
P. MERLE, Sociétés commerciales, Paris, Dalloz, 2014, p60.
148
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p41
149
R. van den DRIESSCHE, idem, p41
150
M. NJANDEU, l’appréhension de l’affectio societatis, wolterskluwer. Disponible sur
https://webservices.wkf.fr/editorial/medias/images/actu-42578
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
qui est imposé par l’affectio societatis, unevolonté de jouer loyalement les règles
du jeu social151.
Elle implique donc la manifestation active à la gestion de la société pour son bon
déroulement.
aussi porter sur le crédit de cette dernière et justifier l’absence des actionnaires
(en particulier les minoritaires) aux assemblées générales mettant ainsi en péril la
bonne marche des affaires sociales.
L’exclusion d’un associé s’apparente donc à un remède auquel il est recouru dans
le but d’éviter l’anéantissement de la société153.
Alors la façon la plus simple pour les actionnaires d’éviter ce genre de situation
s’exprime par l’exercice de leurs droits de vote aux cours des assemblées
générales. Quels seraient donc les intérêtsliés à l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la SA ?
153
J.F. GOFFIN, Les actions en cession et en reprise forcée : Premiers pas jurisprudentiels, J.T.,1998,
p324
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
On reconnaît une nature duale au droit de vote ; un droit fonction (A) et une
prérogative politique (B).
154
F. T’KINT, « Le droit de vote et les différentes catégories de titres », Contrôle, stabilité, et structure de
l’actionnariat, Collection de la Conférence du Jeune Barreau de Bruxelles, Bruxelles, Larcier, 2009, p.58.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
A- Un droit fonction
On entend par droit fonction le fait que par son vote, l’actionnaire participe à la
gestion de la société car il contribue à la définition de sa politique, mais il
préserve et promeut également sespropres intérêts au sein de la société 155.Une
partie de la doctrine considère le droit de vote des actionnaires au sein de
l’assembléegénérale comme étant un « droit-fonction »156. Il y a des discussions
sur la question de savoir sile droit de vote dans les sociétés est ou non un « droit-
fonction », mais comment concevoir qu’unpareil droit soit concédé pour servir
l’actionnaire, et non pour servir la société157. L’étatd’appartenance à un groupe
entraine des droits, mais également des obligations, notammentcelles d’agir pour
le bien du groupe et non à l’encontre de ce bien, même si l’intérêt personnel
del’actionnaire doit parfois en souffrir158.Selon P. Coppens, ce caractère de «
droit-fonction » peut se justifier de deux manières159:
- La première se base sur le fait que la volonté de la majorité étant présumée être
celle de lasociété, une fraction des actionnaires peut imposer sa volonté à
l’ensemble de ceux-ci, etexercer donc de cette façon son pouvoir sur le
patrimoine d’autrui.
155
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p15
156
L. SIMONT, « Réflexion sur l’abus de minorité », Liber Amicorum Jan Ronse, Bruxelles, Story-Scientia,
1986, p322, n°14.
157
J. DABIN, Le droit subjectif, Paris, Dalloz, 1952, p224-225
158
J. DABIN, idem, p224-225.
159
P. COPPENS, L’abus de majorité dans les sociétés anonymes, Leuven, Fonteyn, 1947, p81-86.
160
P. COPPENS, idem, p81-86.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
161
X. DIEUX, « Nouvelles observations sur l’abus de majorité ou de minorité dans les personnes morales
fonctionnant selon le principe majoritaire », R.G.D.C., 1998, p19.
162
Y. DE CORDT, « Le droit de vote », Le statut des actionnaires (S.A., S.P.R.L., S.C.) - questions spéciales,
Commission Université-Palais Université de Liège, Bruxelles, Larcier, 2006, p85.
163
Y. DE CORDT, idem, p85.
164
Y. DE CORDT, ibidem, p86.
165
Y. DE CORDT, ibidem, p86.
166
Y. DE CORDT, ibidem, p86.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
caractère mixte en raison de leur position de pouvoir, tandis que celui des
minoritairesconstituerait exclusivement une prérogative167.
Une telle affirmation n’est cependant pas juridiquement fondé car, le vote des
minoritaires, tout comme celui des majoritaires, contribue à la prise de décision
de la société168. On ne peut pas dire d’une voix qui, aposteriori, s’avère avoir
exprimé l’opinion minoritaire, qu’elle n’a pas contribué à la prise dedécision, car
toutes les voix sont utiles169.Cependant, s’interroger sur l’utilité du vote des
actionnaires minoritaires n’est pas dénué de sens,car ces actionnaires peuvent
être considérés comme ceux qui n’exercent pas le pouvoir degestion, et donc
comme de simples investisseurs170.Cependant, il est opportun de continuer à
considérer le droit de vote comme un droit qui revêtune nature duale 171. Il est à la
fois une « prérogative » essentielle de l’actionnaire, et un droit fonction. La
jurisprudence s’est ralliée à cette doctrine majoritaire, et, admettant que la
recherche d’unintérêt personnel puisse motiver le vote de l’actionnaire, elle
limite l’étendue de son contrôle surla légitimité des décisions prises par
l’assemblée générale172. Ce double aspect apparaitconstamment dans les règles
sanctionnant l’exercice du droit de vote par son titulaire173.L’assemblée générale
n’ayant que des compétences restreintes, et compte tenu du but lucratif dela
société anonyme, l’objet de la plupart des décisions indique qu’elles peuvent
légitimement êtreprises de manière « égoïste » par la majorité des actionnaires
dont l’intérêt patrimonial seconfond avec celui de la société174. Ce n'est que si les
circonstances font apparaitre que le moyenchoisi est hors de proportion par
rapport au but poursuivi ou s’il est manifestement inadéquat etdéraisonnable,
167
E. WYMEERSCH, « Rapport à la journée d’hommage de la Faculté de droit de l’U.C.L. à C. Coppens, le
11
décembre 1985 », J.T., 1986, p28-29.
168
Y. DE CORDT, op. cit., p86.
169
Y. DE CORDT, idem, p86.
170
B. JACQUILLAT, I. HACHETTE, « Modes d’actionnariat et marché du contrôle: une comparaison
internationale », R.I.D.E., 1990, p266.
171
J. MALHERBE, Y. DE CORDT, et al., Droit des société, Bruxelles, Bruylant, 2004, p644.
172
Comm. Bruxelles (12e Chambre), 22 juin 1992, T.R.V., 1993, p93.
173
Y. DE CORDT, op. cit., p88.
174
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p34
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
qu’un abus du droit de vote peut être admis175. Bien que l’intérêt de l’exercice du
droit de vote des actionnaires soit généralement considéré comme économique, il
existe aussi des intérêts sociaux liés à l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires.
Les intérêts sociaux liés à l’exercice du droit de vote par les actionnaires
minoritaires sont de deux ordres : empêcher l’appropriation de la société par les
actionnaires majoritaires (A) et la prise des décisions à risques financiers sans
consentement général (B).
175
Y. DE CORDT, op. cit., p88.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme
majoritaires sur la société sans oublier leurs passivités à ces réunions ainsi que
les retards de réception des convocations aux assemblées par les actionnaires
minoritaires. Tous ces éléments occultés pourraient permettre d’empêcher
l’appropriation de la société par les actionnaires majoritaires et la prise de
décisions à risques financiers (B) grâce à l’exercice du droit de vote dont dispose
les actionnaires minoritaires.
autant responsable de la société que les majoritaires vue qu’il n’y a pas de liens
de subordination. Après avoir étudier les intérêts socioéconomiques liés à
l’exercice du droit de vote par les actionnaires minoritaires il serait convenable
de parler des intérêts juridiques et matériels de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la SA.
L’exercice du droit de vote dont disposent les minoritaires est doté d’intérêts tant
juridiques (A) que matériels (B).
Les intérêts juridiques dus l’exercice de la prérogative de vote dont dispose les
minoritaires s’entendent de la nomination des actionnaires minoritaires au conseil
d’administration (A). L’exercice du droit de vote dont dispose les minoritaires
peut aussi se manifester par des conventions d’actionnaires (B) tout autant
bénéfiques juridiquement.
176
L'article 417 de l'AUSCGIE ouvre déjà une brèche à la nomination des personnes non actionnaires au
conseil d'administration
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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Ils peuvent ainsi suivre de près la politique menée par le groupe majoritaire
siégeant au conseil et, parfois, la contester. Cette nomination rehausse, par
conséquent, le rôle joué par les minoritaires au sein de l'entreprise à savoir le
contrôle des affaires sociales. Et permettrait d’un côté de gratifier les actionnaires
minoritaires ayant régulièrement fait usage de leurs droits de vote et par la même
occasion inciterait les autres actionnaires à prendre part aux votes car ils se
sentiraient plus considéré dans la société et exprimerons d’avantage leurs avis à
travers leurs vote. Cependant la jurisprudence estime que cette répartition licite
des sièges comporte des limites. En effet, une décision du Conseil constitutionnel
a fixé une limite, qui semble raisonnable178 : la clause ne doit pas « avoir pour
résultat qu'une catégorie d'associés sera en tout état de cause minoritaire dans ces
conseils, quelle que soit la proportion du capital qu'elle détient ». « Le caractère
général et absolu de cette disposition apporte au principe d'égalité une atteinte
qui dépasse manifestement ce qui serait nécessaire pour faire droit à la situation
particulière de certaines catégories d'associés »179. Il convient de noter en outre
que la répartition des sièges de telle ou telle partie de l'actionnariat fait l'objet
d'une préoccupation majeure du gouvernement d'entreprise. A ce moyen de
contrôle des affaires sociales, il existe bien d'autres moyens de contrôle de la
société comportant des avantages considérable à savoir : les conventions
d’actionnaires (B).
177
L. NODJILEMBAYE, La protection des actionnaires dans le cadre des offres publiques sur le marché
boursier de l'IlMOA, Mémoire de DESS-Droit des Affaires, FDD, Université de Lomé, 2005, p46 ; V. aussi
P. LE CANNU, Droit des sociétés, Domat, Droit privé, Montchrestien, Paris, 2002, p469.
178
P. LE CANNU, op. cit, p371.
179
C. const., décision n° 87-232 DC du 7 janv. 1988, Rev. soc 1988, 229, note Y. GUYON cité par P. LE
CANNU, idem.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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180
Y. AGNINA, La société unipersonnelle : une solution à la crise de l'entreprise privée en Afrique, (Line
lecture critique de l'Acte uniforme de l'OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE),
Thèse de Doctorat en Droit Privé, FDD, Université de Lomé, 2001, p. 71.
181
L'article 175-2 de l'AUSCGIE reconnait implicitement aux actionnaires la possibilité de recourir aux
conventions de vote afin d'exercer un contrôle sur la société anonyme.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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mettre en place des systèmes de nature à augmenter leur influence lors des
assemblées. Ils peuvent ainsi participer à laformation de la volonté sociale et, en
tant qu' « organe social subsidiaire »182 contrôler la volonté majoritaire et exercer
une pression non seulement sur les dirigeants sociaux, mais aussi sur les
actionnaires majoritaires. Seulement, les minoritaires formant ce syndicat ne
doivent pas commettre d'abus lors de l'exercice de leurs droits sous peine de
sanctions. « Il y a abus de minorité lorsque, en exerçant leur vote, les associés
s'opposent à ce que des décisions soient prises, alors qu'elles sont nécessitées par
l'intérêt de la société, et qu'ils ne peuvent justifier d'un intérêt légitime »183.
Ensuite, les pactes d'actionnaires peuvent permettre aux actionnaires de
développer leur actionnariat.
Ces pactes peuvent contenir des clauses ouvrant un droit de consultation (par
exemple sur la nomination du commissaire aux comptes), d'information ou de
contrôle complémentaire au profit de tel ou tel actionnaire le plus souvent
minoritaire. Quels sont donc les intérêts matériels liés à l’exercice du droit de
vote des actionnaires minoritaires dans la SA ?
Paragraphe2: Les intérêts matériels liés à l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la SA
184
Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, 03 Août 2017, Disponible sur :
www.legisocial.fr/(29 Septembre 2017)
185
Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, idem
186
Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, ibidem
187
T.SALIHA, A.ABDESSATAR, «Analyse des enjeux de la fidélisation de l’actionnariat individuel :
illustration par les contextes français et Tunisien», La revue des sciences de gestion, Disponible sur :
https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2013-1-page-101.htm / (27 Avril 2019)
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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188
Yves GUYON, op.cit.,
189
J. ALBAS, op.cit.,
190
J. ALBAS, op.cit.,
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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minoritaires afin d'avoir une meilleure vue sur les affaires sociales. A cet effet, il
serait approprié d’aménager un site ouvert au public pour la publication
d'informations concernant la société et un site fermé uniquement réservé aux
actionnaires pour permettre de meilleures relations sociales entre eux et éviter la
divulgation d’informations à caractères sensibles. L’utilisation de tels procédés
et mieux encore la création de site internet permettrait aux actionnaires d'envoyer
leurs projets de résolution et de poser des questions écrites aux dirigeants sociaux
tout en restant chez eux, et participer ainsi à la gestion des affaires sociales. Ils
prennent ainsi conscience de leurs pouvoir de contrôle au sein de la société
lorsqu`ils sont mieux informés. En définitive, le recours aux NTIC permettrait
aux actionnaires minoritaires d'éviter les frais de déplacement parfois coûteux et
les inciteraient à faire régulièrement usage de leurs droit de vote vue la simplicité
de l’opération.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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CONCLUSION
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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CONCLUSION
Le droit de vote dont dispose les actionnaires, constitue un élément important
dans la gestion des affaires sociales. Il s’entend d’une prérogative, une liberté
d’expression d’opinion accordée aux actionnaires et leurs permettant de gérer les
affaires sociales à leurs convenances. Son utilisation se fait suivant la règle «une
action, une voix». Ainsi le nombre d’action détenu par individu détermine son
"statut" dans la société anonyme, c’est-à-dire qu’il soit majoritaire ou minoritaire.
Les actionnaires majoritaires étant qualifiés ainsi du fait du grand nombre
d’action qu’ils détiennent ont tendance à faire main basse sur la gestion des
affaires sociales de par l’usage de leurs droit de vote dont ils font pleinement
usage et de par le tâtonnement dont font preuve les actionnaires minoritaires dans
l’exercice de cette prérogative ; bien qu’ils soient associés au même titre que les
actionnaires minoritaires, les reléguant ainsi au second rang. Partant de ce fait,
cette prérogative se révèlerait être bien plus utile qu’il n’apparait au premier
abord car la détention de ce droit permet l’orientation des affaires sociales selon
le vouloir des votants, mais surtout elle permet de contrôler la société ; une
observation faite au niveau des actionnaires majoritaires. Il en serait plus
avantageux pour les actionnaires minoritaires s’ils en faisaient régulièrement
usage, évitant ainsi de laisser le monopole de gestion de la société aux mains des
actionnaires majoritaires. Des circonstances multiples peuvent par ailleurs
justifier cette absence de participation des actionnaires minoritaires à la gestion
de la vie sociale ; parmi lesquels se trouve une mauvaise diffusion des
informations relatives à la tenue des assemblées générales, et des modes
d’exercice du droit de vote dont ils ne disposent pas, très variés ou très peu
connus de tous. Et donc en privilégiant une amélioration de la politique
d’information au sein de la société et en mettant en place une politique
d’attraction et de fidélisation des actionnaires minoritaires dans la SA, on
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
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pourrait ainsi faire voir aux actionnaires minoritaires l’importance que revêt
l’exercice régulier de leur droit de vote.