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REPUBLIQUE DU BENIN

************

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

***********

INSTITUT SUPERIEUR DE MANAGEMENT ADONAI


***********
LICENCE PROFESSIONNELLE
***********

MEMOIRE DE FIN DE FORMATION


OPTION : Sciences Juridiques FILIERE :Droit des affaires

THEME : Le droit de vote des actionnaires


minoritaires dans la SA

Présenté par : Préparé sous la direction de :


ODELOUI Vanessa Dr. Lucien ASSOGBA

Docteur en Droit privé

2018-2019
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

L’institut Supérieur de Management Adonaï n’entend


donner aucune approbation ni improbation aux opinions
émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

DEDICACE

Je dédie ce document à mes parents qui m’ont soutenue tant matériellement que
moralement tout au long de mon cursus universitaire et au cours de la rédaction
de ce mémoire.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

REMERCIEMENTS

Mes remerciements vont tout d’abord à mon maître de mémoire le Dr. Lucien
ASSOGBA qui a su me guider et me faire progresser tout au long de ce travail de
recherche, tout en me laissant la liberté dont j’avais besoin pour avancer.

Je remercie ensuite les honorables membres du jury pour l’honneur qu’ils


me font en acceptant de juger ce travail et de participer à la soutenance.

Ma reconnaissance va également à l’endroit de tous mes camarades de


l’Université d’ISM Adonaï pour leurs précieuses aide.

Tout au long de ces trois dernières années, de nombreuses personnes ont,


par leur amitié et leur sympathie, été un soutien moral précieux. Toutes celles qui
m’ont aidé à finaliser ce travail se reconnaîtront ; je les remercie profondément.
Je terminerai ces remerciements en adressant mon immense gratitude aux
personnes qui me sont chère ; à ma famille pour leur soutien et leurs
encouragements.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Liste des sigles et abréviations

Al : Alinéa
Art : Article
AUDSCGIE : Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et
groupement d’intérêt économique
Cass : Cassation
Comm : Commerce
DEA : Diplôme d’études approfondies
Doct : Doctorat
FDD : Faculté de droit
Idem : même chose
Ibidem : même auteur, même ouvrage
LGDJ : Librairie générale de droit et de jurisprudence
N° : Numéro
NTIC : Nouvelle technologie de l’information et de la communication
OHADA : Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
Op.cit : Opus citatum ; œuvre citée auparavant
P : Page
RCCM : Registre du commerce et du crédit mobilier
SA : Société anonyme
SARL : Société à responsabilité limitée
SAS : Société par actions simplifiée
SCA : Société en commandite simple
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

SOMMAIRE

INTRODUCTION
GENERALE…………………………………………………….1
PREMIERE PARTIE: L’ENCADREMENT ET L’EXERCICE DU DROIT
DE VOTE DES ACTIONNAIRES DANS LA
SA………………………………………5
Chapitre1: Les conditions de la détention et l'objet du droit de vote des
actionnaires dans la
SA……………………………………………………………………………...7
Section1: Les conditions de la détention du droit de vote dans la
SA…………………7
Section2: Les dispositions relatives aux actions dans la
SA………………………….12
Chapitre2: L'exercice conditionné du droit de vote des actionnaires dans la
SA……19
Section1: Les instances statutaires de prise de décision aux assemblées générales
dans l'exercice du droit de
vote……………………………………………………………..19
Section 2 : Les modes d'exercice du droit de vote des actionnaires minoritaires
dans la
SA…………………………………………………………………………………
…..25
SECONDE PARTIE : Les approches de solutions à l’absentéisme des
actionnaires minoritaires dans la SA pour un meilleur exercice du droit de
vote………………………………………………………………………………
……33
Chapitre1 : La prise en considération de l’absentéisme des actionnaires
minoritaires………………………………………………………………………
……35
Section1 : L’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées
générales…………………………………………………………………………
……35
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Section2: La volonté statutaire de collaboration égalitaire des


associés……………...44
Chapitre2: Les intérêts liés à l’exercice du droit de vote par les actionnaires
minoritaires dans une
SA……………………………………………………………...50
Section1: Les intérêts socioéconomiques de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA………………………………………………….50
Section2: Les intérêts juridiques et matériels de l’exercice du droit de vote par
les minoritaires dans la
SA……………………………………………………………….56
CONCLUSION…………………………………………………………………
……63
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………
…..VI
TABLE DES
MATIERES…………………………………………………………...X

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux :
-Georges RIPERT, Les aspects juridiques du capitalisme moderne, cité par Paul
LE CANNU, Droit des sociétés, Domat, Droit privé, Montchrestien, Paris, 2002,
n° 589, p. 332.
-Chaput YVES, Droit des sociétés, PUF, Paris, 1993, p. 18.
-Georges RIPERT et René ROBLOT par M. GERMAIN et L. VOGEL, Traité de
droit commercial, Tome 1, LGDJ, 17eme éd., Paris, 1998, p 1606.
-Philippe MERLE, Droit commercial, Sociétés commerciales, 12eme éd., Précis
Dalloz, Paris, 2008, n° 306.
-G. CORNU, Vocabulaire Juridique, 12ème édition, Quadrige, Paris, 2018, p905
-Dominique VIDAL, Manuel droit des sociétés, 5eme éd., LGDJ, Paris, 2006,
n°1146, p. 549
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

-Maurice COZIAN, Alain VIANDIER, Florence DEBOISSY, Droit des sociétés,


1Gerne
éd., LITEC, Paris, 2004, n° 649, p. 295
-Y. GUYON, Droit des Affaires, Tome 1, Droit Commercial General et Sociétés,
12eme ed.,Economica, Paris, 2003, p. 307
-André TUNC, L'effacement des organes légaux de la société anonyme, D. 1952,
p. 74
-J. MESTRE et C. SEBASTIEN-BLANCHARD, Lamy Sociétés Commerciales,
éd. Lamy SA, Paris, 2001, p. 306
-L. SIMONT, « Réflexion sur l’abus de minorité », Liber Amicorum Jan Ronse,
Bruxelles, Story-Scientia, 1986, p322, n°14.
-J. DABIN, Le droit subjectif, Paris, Dalloz, 1952, p224-225
-X. DIEUX, « Nouvelles observations sur l’abus de majorité ou de minorité dans
les personnes moralesfonctionnant selon le principe majoritaire », R.G.D.C.,
1998, p19.
-B. JACQUILLAT, I. HACHETTE, « Modes d’actionnariat et marché du
contrôle: une comparaison internationale », R.I.D.E., 1990, p266.

Ouvrages spécifiques:
-Patrick SERLOOTEN, De nouvelles structures de l'entreprise, D 1986, Chr, p.
187
-P. LEDOUX, Le droit de vote des actionnaires, Paris, Librairie Générale de
Droit et de Jurisprudence, 2002, p19
-E. WYMEERSCH, "One share one vote’ ou proportionnalité du droit de vote",
Liber amicorum Guy Keutgen Bruxelles, Bruylant, 2008, p209
-C. CLOTTENS, Proportionaliteit van stremrecht en risico in
kapitaalvennootschappen, Avers, Biblo, 2012, p122
-J.M. MARX, Le vote plural et les procédés de maîtrise dans les sociétés
anonymes, Bruxelles, Hauchamps, 1929, p29
-O. CAPRASSE, R. AYDOGDU, L’abus du droit de vote et ses sanctions, Le
droit des sociétés aujourd’hui: principes, évolutions et perspectives, Bruxelles,
C.J.B., 2008, p. 279.
-R. KADDOUCH, Le droit de vote de l’associé, Thèse Aix-Marseille, 2001, p.
110
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

-P. KAGOU KENNA, La représentation des actionnaires dans les sociétés -


commerciales OHADA, Editions Universitaires Européennes, p42
-Camille JAUFFRET-SPINOSI, « Les assemblées générales d'actionnaires dans
les sociétés anonymes, réalité ou fiction? (Etudes comparatives) » Etudes offertes
à René -RODIERE, Dalloz 1981, p. 128.
-F. T’KINT, « Le droit de vote et les différentes catégories de titres », Contrôle,
stabilité, et structure de l’actionnariat, Collection de la Conférence du Jeune
Barreau de Bruxelles, Bruxelles, Larcier, 2009, p.58.
-Y. DE CORDT, « Le droit de vote », Le statut des actionnaires (S.A., S.P.R.L.,
S.C.) questions spéciales,Commission Université-Palais Université de Liège,
Bruxelles, Larcier, 2006, p85.

Rapports officiels:
-Colloque du centre de recherche sur le droit des affaires (CREDA) de la
chambre de commerce et d'industrie, 1er Mars 1994, JCP E, 1994, p. 426.

Thèses et mémoires:
-Molonga KODOM, Le contrôle de la société anonyme unipersonnelle, Mémoire
de DESS Droit des Affaires, FDD, Université de Lomé, 1999, p. 1
-J. ALBAS, Le contrôle de la société anonyme par les actionnaires, DEA 2007,
Université de Lomé
-R. van den DRIESSCHE, L’exercice du droit de vote au sein des assemblées
générales des sociétés cotées, Master en Droit, Université Clouvain, 2015-2016,
p28
-C. COUPET, L’attribution du droit de vote dans les sociétés, Thèse doctorat:
droit privé: Université Panthéon- Assas, 2012, p74
-M.D. Gabare-Leibler, La remise en cause de l'information du public et des
actionnaires aux Etats-Unis, Thèse en droit, Paris, 1,1984
-C. BONNET, Le secret dans la vie économique, Thèse, Paris, 1970 cité par G .J.
VIRASSIMY, p. 184
-
L. NODJILEMBAYE, La protection des actionnaires dans le cadre des offres
publiques sur le marché boursier de l'IlMOA, Mémoire de DESS-Droit des
Affaires, FDD, Université de Lomé, 2005, p46
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

-Y. AGNINA, La société unipersonnelle : une solution à la crise de l'entreprise


privée en Afrique, (Line lecture critique de l'Acte uniforme de l'OHADA relatif
au droit des sociétés commerciales et du GIE), Thèse de Doctorat en Droit Privé,
FDD, Université de Lomé, 2001, p. 71.

Articles et doctrines:
-J. PAILLISSEAU, Le droit est aussi une science d'organisation (et les juristes
sont parfois des organisateurs juridiques)», RTDcom 1989, n° 20, p 10.

Notes de jurisprudence:
-P. CORDONNIER, L'irréductible droit de vote de l'associé, Semaine Juridique,
Entreprise et Affaires, Tome I, 2008, n°1549 ; Affaire du château d'Yquem, Cass.
com. 9 février 1999, JCP E 1999, p. 724
-Paul LE CANNU, note sous Cass.com, 19 septembre 2006, RTDcomjanv-mars
2007, n° 8, p. 177
-H.CHASSERY, Les attributions du conseil de surveillance, RTDcom 1976, p.
451
-Paris, 9 janvier 1942, D. 1952, p383
-J.F. GOFFIN, Les actions en cession et en reprise forcée : Premiers pas
jurisprudentiels, J.T.,1998, p324
-Comm. Bruxelles (12e Chambre), 22 juin 1992, T.R.V., 1993, p93

Sources électroniques:
-E. ROIG, AG, Consultation par correspondance et vote à distance, Droit-
Finances, Disponible sur :http://www.droit-finances.commentcamarche.com/ (
page consultée le 11 Avril 2019)
-M. NJANDEU, l’appréhension de l’affectio societatis, wolterskluwer.
Disponible surhttps://webservices.wkf.fr/editorial/medias/images/actu-42578
-
D. SCHMIDT, « Les actionnaires minoritaires, un combat légitime ? » Http //
www.creda.ccip.fr pp 58-60
-Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, 03 Août 2017, Disponible
sur : www.legisocial.fr/ (29 Septembre 2017)
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

-T.SALIHA, A.ABDESSATAR, «Analyse des enjeux de la fidélisation de


l’actionnariat individuel : illustration par les contextes français et Tunisien», La
revue des sciences de gestion, Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-
des-sciences-de-gestion-2013-1-page-101.htm / (27 Avril 2019)

TABLES DES MATIERES

INTRODUCTION
……………………………………………………………………1
PREMIERE PARTIE : L'encadrement et l'exercice du droit de vote des
actionnaires dans la
SA……………………………………………………………….5
Chapitre1: Les conditions de la détention et l'objet du droit de vote des
actionnaires dans la
SA………………………………………………………………………………7
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Section1: Les conditions de la détention du droit de vote dans la SA


…………………7
Paragraphe1: L’attribution du droit de vote et principe de
proportionnalité…………...7
A- L’Obtention du droit de
vote……………………………………………………......8
B- Le principe de la
proportionnalité……………………………………………….....9
Paragraphe 2: Les règlementations liées aux abus sur la détention du droit de
vote………………………………………………………………………………
……10
A- L’interdiction du transfert du droit de vote indépendamment de
l'action…………10
B- L’interdiction du transfert du risque de
l'action…………………………………...11
Section2: Les dispositions relatives aux actions dans la
SA………………………….12
Paragraphe1: Les différents types d'actions et leurs
effets……………………………12
A- Les actions ordinaires et les droits
attachés……………………………………….13
B- Les actions de préférence et droits
attachés……………………………………….14
Paragraphe2: Les différentes actions possibles avec ou sans droit de vote et les
cas de suspension de ce
droit…………………………………………………………………16
A- Les différentes possibilités d’actions avec ou sans droit de
vote………………….16
B- La suspension du droit de
vote…………………………………………………….17

Chapitre2: L'exercice conditionné du droit de vote des actionnaires dans la


SA……19
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Section1: Les instances statutaires de prise de décision aux assemblées générales


dans l'exercice du droit de
vote……………………………………………………………..19
Paragraphe1: Les différents types d'Assemblée Générale et leurs
attributions……….20
A- Les différentes Assemblées
Générales…………………………………………….20
B- Les attributions de chaque type d’assemblée
générale…………………………….21
Paragraphe2: Les droits préalables des actionnaires à l’Assemblée
Générale………22
A- Le droit lié de la convocation à
l'Assemblée……………………………………23
B- La communication de documents liés à la tenue de
l’Assemblée…………………24
Section 2 : Les modes d'exercice du droit de vote des actionnaires minoritaires
dans la
SA…………………………………………………………………………………
…..25
Paragraphe1: Le vote par
correspondance…………………………………………….25
A- Les contours de ce mode de
vote………………………………………………….25
B- L’intérêt du vote par
correspondance……………………………………………...26
Paragraphe2: Le vote par mandataire ou
procuration…………………………………27
A- La représentation de l’actionnaire par un mandataire aux assemblées
générales…………………………………………………………………………
……28
B- Les enjeux liés à l’exercice du droit de vote de l’actionnaire par un
représentant...............................................................................................................
.....30
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

SECONDE PARTIE : Les approches de solutions à l’absentéisme des


actionnaires minoritaires dans la SA pour un meilleur exercice du droit de
vote………………………………………………………………………………
……33
Chapitre1 : La prise en considération de l’absentéisme des actionnaires
minoritaires………………………………………………………………………
……35
Section1 : L’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées
générales…………………………………………………………………………
……35
Paragraphe1 : Les raisons de l’absentéisme des actionnaires minoritaires
…………..36
A- Les raisons de l’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées
ordinaires…………………………………………………………………………
…...36
B- Les raisons de l’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées
extraordinaires……………………………………………………………………
…...38
Paragraphe2: Les conséquences de l’absentéisme des actionnaires
minoritaires…….40
A- L’effacement de l’assemblée d’actionnaire en tant qu’organe de
contrôle………40
B- La confiscation du pouvoir de l’assemblée d’actionnaire par l’organe
d’administration en
place……………………………………………………………..42
Section2: La volonté statutaire de collaboration égalitaire des associés
……………..44
Paragraphe1: L’affectio societatis un élément de collaboration inclusive
…………...44
A- Le principe de l’affectio
societatis………………………………………………...44
B- L’affectio societatis un critère de collaboration non discriminatoire dans la
S.A
……………………………………………………………………………………
…...45
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Paragraphe2: Les conséquences de l’absence d’affectio societatis dans la vie


sociale……………………………………………………………………………
……46
A- Les effets de l’absence d’affectio societatis sur le fonctionnement de la
SA……..47
B- Les effets de l’absence d’affectio societatis sur les
actionnaires………………….48

Chapitre2: Les intérêts liés à l’exercice du droit de vote par les actionnaires
minoritaires dans une
SA……………………………………………………………..50
Section1: Les intérêts socioéconomiques de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA.…………………………………………………50
Paragraphe1: Les intérêts économiques de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA………………………………………………….50
A- Un droit fonction
………………………………………………………………….51
B- Une prérogative
politique………………………………………………………….52
Paragraphe2: Les intérêts sociaux de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA……………………………………………………………….54
A- L’empêchement d’appropriation de la société par les actionnaires
majoritaires………………………………………………………………………
……54
B- L’empêchement de prise des décisions à risques financiers sans consentement
général……………………………………………………………………………
…...55
Section2: Les intérêts juridiques et matériels de l’exercice du droit de vote par
les actionnaires minoritaires dans la
SA………………………………………………….56
Paragraphe1: Les intérêts juridiques de l’exercice du droit de vote par les
minoritaires dans la
SA……………………………………………………………………………..56
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

A- La nomination des actionnaires minoritaires au conseil


d’administration………57
B- Les conventions
d’actionnaires……………………………………………………58
Paragraphe2: Les intérêts matériels liés à l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la
SA…………………………………………………60
A- Mise en place d’une politique de fidélisation des actionnaires minoritaires
dans la
SA…………………………………………………………………………………
…..60
B- Amélioration de la politique d’information dans la
société……………………….61
CONCLUSION…………………………………………………………………
……63
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

INTRODUCTION
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

INTRODUCTION

«Merveilleux instrument juridique du capitalisme moderne »1 selon la formule du


doyen RIPERT, la société, terme venant du latin sociétas ou socius, signifie
compagnon ou associé2. La société peut être civile ou commerciale. La société
anonyme étant une société commerciale par la forme3, elle est définie comme
étant « une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes
sociales qu'à concurrence de leurs apports et dont les droits des actionnaires sont
représentés par des actions et elle peut ne comprendre qu'un seul actionnaire »4.

La société anonyme est souvent considérée comme le lieu des jeux d’intérêts
entre actionnaires dont le centre est l’action. Ces derniers y satisfont par
l’exercice d’un droit de vote dont les actionnaires minoritaires n’en font pas
généralement usage comme il se doit.

Le droit de vote des actionnaires est traditionnellement considéré comme une


prérogative essentielle de l’actionnaire car il lui permet de veiller à la protection
du patrimoine qu’il a investi. Le droit de vote de façon subjective est une
prérogative individuelle reconnue et sanctionnée par le droit objectif qui permet

1
Georges RIPERT, « Les aspects juridiques du capitalisme moderne », cité par Paul LE CANNU, Droit des
sociétés, Domat, Droit privé, Montchrestien, Paris, 2002, n° 589, p. 332.
2
Chaput YVES, Droit des sociétés, PUF, Paris, 1993, p. 18.
3
Art 6 de l'AUSCGIE
4
Art 385 de l'AUSCGIE
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

au détenteur d’un titre de propriété, notamment d’actions, de participer à la prise


de décision au sein de la société dans un intérêt commun.

Le vote permet de donner une légitimité à la décision en montrant qu’elle ne


vient pas d’un individu isolé. L’actionnaire minoritaire est considéré comme le
détenteur de titre de propriété dans la société de capitaux qui de par sa faible
acquisition actionnariale et sa faible participation dans la société ne joue pas un
rôle important durant les prises de décisions au cours des assemblées générales.

L'assemblée générale d'actionnaires est dotée des pouvoirs statutaires organisant


le fonctionnement jusqu’à la dissolution de la société. Elle est ainsi en charge de
l'ultime contrôle de la gestion des affaires sociales.

Ce contrôle est exercé par le droit de participation et de vote5 lors des


assemblées. Il s'agit d'un « droit-fonction »6, pour exprimer l'idée que
l'actionnaire l'exerce dans l'intérêt de la société. La Chambre civile de la Cour de
cassation française, dans un célèbre arrêt7, a pu estimer qu'il s'agit d' « unattribut
essentiel de l'action ; si son exercice peut être réglementé dans une certaine
mesure par les statuts, il ne saurait en aucun cas être supprimé ». En outre, il
s'agit d'un droit fondamental pénalement sanctionné8.

L’exercice de ce droit permet d’une certaine façon de prendre le contrôle des


affaires sociales, et il l’est d’autant plus qu’il permet à l’actionnaire minoritaire
de ne pas être écarté de la gestion de la société car toute activité commerciale
engendre des risques. C'est à la fois la contrepartie de la chance d'un gain et la
mesure de ce gain9. Ce contrôle vise à assainir la gestion quotidienne des
dirigeants et, par conséquent, à protéger l'intérêt social. Pour parvenir à cette fin,
5
Art 537 de l'AUSCGIE.
6
Georges RIPERT et René ROBLOT par M. GERMAIN et L. VOGEL, Traité de droit commercial, Tome 1,
m
LGDJ, 17e e éd., Paris, 1998, p 1606 .
7
Cass. civ. 7 avr.1932 : D.P 1933, I, p. 153, note P. CORDONNIER cité par Renée KADDOUCH, «
L'irréductible droit de vote de l'associé », Semaine Juridique, Entreprise et Affaires, Tome I, 2008,
n°1549 ; Affaire du château d'Yquem, Cass. com. 9 février 1999, JCP E 1999, p. 724 cité par Philippe
MERLE, Droit commercial, Sociétés commerciales, 12eme éd., Précis Dalloz, Paris, 2008, n° 306.
8
Art 892 de l'AUSCGIE.
9
Patrick SERLOOTEN, « De nouvelles structures de l'entreprise », D 1986, Chr, p. 187 cité par KODOM
Molonga, Le contrôle de la société anonyme unipersonnelle , Mémoire de DESS Droit des Affaires, FDD,
Université de Lomé, 1999, p. 1
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

il est important que le droit d’information de l’actionnaire en particulier le


minoritaire soit respecté et que des procédés soient mis en place pour faciliter
l’exercice de ce droit.

Cependant, en pratique, les réalités sont tout autres. On se rend compte que peu
d’actionnaires minoritaires voir pas du tout ne font pas usage de leurs droit de
vote ou n’ont pas accès à temps ou non aux informations concernant la tenue des
assemblées générales ; instance des prises de décisions. Cette situation n’arrange
que très fortement les actionnaires majoritaires car ils s’approprient la société.

A l'instar de l'Etat, société politique par excellence, la société anonyme est


organisée, en droit français comme en droit OHADA, sur le type de la
démocratie libérale où la souveraineté est exercée par le peuple à savoir
l'assemblée10. Elle est conçue comme une démocratie où les organes sont « non
seulement hiérarchisés ; ils sont aussi strictement spécialisés en fonction de leur
finalité »11. Le principe de la hiérarchie consacre la prééminence de l'assemblée
sur les autres organes, tandis que celui de la spécialisation définit les pouvoirs de
chaque organe et empêche qu'un organe supérieur n'empiète sur les prérogatives
d'un autre organe. Cela fait de la société anonyme une « organisation juridique
unique »12. Ainsi, la perte de la fonction principale de l’assemblée générale qui
est la tenue des votes des actionnaires pour les prises de décisions sociales,
pourrait causer un dysfonctionnement assez important dans la société.

Il serait donc adapté d’analyser ce sujet en vue d’améliorer l’efficacité des


assemblées générales surtout dans la prise de décision conduite par les votes
d’actionnaires ; mais aussi de permettre une meilleure assimilation ou exposition
des informations relatives à l’exercice de la notion de droit de vote conféré aux
actionnaires. Il existe de ce fait une nécessité à ce que les actionnaires
minoritaires exercent leur droit de vote dans la société.

10
J. ALBAS, Le contrôle de la société anonyme par les actionnaires, DEA 2007, Université de Lomé
11
J. ALBAS, idem
12
J. PAILLISSEAU, « Le droit est aussi une science d'organisation (et les juristes sont parfois des
organisateurs juridiques)», RTDcom 1989, n° 20, p 10.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Dans l’optique d’établir cette nécessité, il est important d’exposer les règles en
place gouvernant l'encadrement et l'exercice du droit de vote des actionnaires
dans la SA (Première partie) puis d’établir des approches de solutions pour un
meilleur exercice du droit de vote des actionnaires minoritaires dans la SA
(Seconde partie).

PREMIERE PARTIE: L’ENCADREMENT ET


L’EXERCICE DU DROIT DE VOTE DES
ACTIONNAIRES DANS LA SA
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

PREMIERE PARTIE: L’ENCADREMENT ET L’EXERCICE DU DROIT


DE VOTE DES ACTIONNAIRES DANS LA SA

L’exercice du droit de vote des actionnaires dans la SA s’entend de la prérogative


essentielle accordée à ces derniers, leur permettant de veiller à la protection du
patrimoine qu’ils ont investi ainsi qu’au bon fonctionnement des affaires
sociales. C’est dans cette optique que des dispositifs ont été mis en place dans le
but d’encadrer cet exercice.

En effet, les actionnaires au sein de la société anonyme sont souvent en nombre


important et représentent des étrangers les uns pour les autres. Seule l’envie de
s’associer et de faire fructifier leurs patrimoines respectifs les amènent à s’unir
pour contribuer au bon déroulement des affaires sociales. Ainsi, ces derniers
disposant d’un droit de participation au vote proportionnel à la quotité de capital
que représente l’action dans la société, sont bien souvent amené à chercher des
moyens pour déroger à cette limitation de leurs liberté de mouvement concernant
la prise des décisions dans la société.

Retenons que l’encadrement de l’exercice du droit de vote des actionnaires dans


la société anonyme s’entend de la règlementation de la prérogative accordée à ces
derniers d’exprimer leurs opinions concernant l’épanouissement des affaires
sociales suite à l’acquisition d’un certain nombre d’action leurs conférant un titre
de propriété à rendement financier ; dans le but de limiter les libertés
décisionnelles de certains actionnaires.

Le cadre de notre analyse porte sur l’encadrement et l’exercice du droit de vote


des actionnaires dans la SA ; et pour parvenir à cet objectifs, nous aborderons les
conditions de la détention et l'objet du droit de vote des actionnaires dans la SA
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

(Chapitre1)de même que l'exercice conditionné du droit de vote des actionnaires


dans la SA (Chapitre2).

Chapitre1 : Les conditions de la détention et l'objet


du droit de vote des actionnaires dans la SA.

Étudier les procédés d’attribution du droit de vote engage à rechercher dans la loi
les principes de cette attribution. De l’observation de la loi et de la jurisprudence,
il sera mis en exergue ce que le droit tient pour principe de l’attribution du droit
de vote c’est-à-dire les conditions de la détention du droit de vote dans la SA
(section 1). Et les actions étant le sujet phare de cette attribution, il sera fait cas
des dispositifs relatifs aux actions dans la SA (section 2).

Section1: Les conditions de la détention du droit de vote dans la SA

L’appartenance à une SA ne peut se faire qu’en possession de parts sociales plus


précisément des actions, dont la pleine jouissance n’est accordée que par
l’attribution du droit de vote suivant un principe de proportionnalité
(Paragraphe1) dont, dans une perspective de pallier aux écarts de certains
actionnaires , des règlementations liées aux abus sur la détention du droit de vote
(Paragraphe2) ont été mises en place.

Paragraphe1: L’attribution du droit de vote et principe de proportionnalité

L’obtention du droit de vote (A) par l’actionnaire se fait dans un souci de respect
du principe de la proportionnalité (B).

A- L’Obtention du droit de vote


Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Le droit de vote est traditionnellement considéré comme une prérogative


essentielle del’actionnaire, car il lui permet de veiller à la protection du
patrimoine qu’il a investi.L’actionnaire n’ayant pas d’emprise sur la gestion de la
société, son vote à l’assemblée estpour lui le seul moyen de se prononcer sur la
politique suivie par les administrateurs. De plus, hormis le fait que le vote assure
le fonctionnement de la société par le biais des délibérations del’assemblée
générale, il permet également à l’actionnaire d’influencer la direction des affaires
sociales.L’attribution du droit de vote soulève plusieurs questions, dont la plus
essentielle est de connaître les bénéficiaires du droit de vote.

Le droit de vote est attribué aux titulaires des actions ;les actionnaires13. Selon
l’art 37 de l’AUSCGIE, chaque associé doit faire un apport à la société. Chaque
associé est débiteur envers la société de tout ce qu’il s’est obligé à lui apporter en
numéraire en nature ou en industrie14. Conformément aux dispositions de l’article
38, en contrepartie de leurs apports, les associés reçoivent des titres émis par la
société tels que définis à l’art 51 ci-après: la société émet des titres sociaux en
contrepartie des apports faits par les associés15. Ils représentent les droits des
associés et sont dénommés actions dans les sociétés par actions et parts sociales
dans les autres sociétés. Suivant l’art 53 al 4, les titres sociaux ; en d’autres
termes les actions, confèrent à leurs titulaires le droit de participer aux votes des
décisions collectives des associés, à moins que l’AUSCGIE n’en dispose
autrement16. Ce droit de vote des actionnaires est, en principe, proportionnel à la
quotité de capital quereprésentent les actions qu’ils détiennent17. En consacrant
une proportionnalité stricte entre le droit de vote lié aux actions et la quotité
ducapital qu’elles représentent, le législateur a adhéré au principe de « une
action, une voix »et a interdit le recours aux actions à vote plural.Deux règles
essentielles peuvent donc être dégagées de ces premières lignes :

13
P. LEDOUX, Le droit de vote des actionnaires, Paris, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence,
2002, p19
14
Art 37 de l’AUSCGIE, p7
15
Art 38 idem
16
Art 53, al 4,ibidem, p10
17
E. WYMEERSCH "One share one vote’ ou proportionnalité du droit de vote", Liber amicorum Guy
Keutgen Bruxelles, Bruylant, 2008, p209
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

-Chaque action donne droit à au moins une voix.

-Le droit de vote de l’actionnaire est proportionnel à la quotité de capital


représenté parles actions qu’il détient.

Cette dernière règle énonce ainsi le principe de proportionnalité.

B- Le principe de la proportionnalité

L’existence du principe de proportionnalité en droit des sociétés n’a suscité que


peu de commentaires, mais a pu être intégré aux règles en droit des
sociétés.Malgré cette assistance on remarque de nos jours une multiplication de
dérogations et d’aménagements apportés au principe, il reste néanmoins
fondamental. L’action confère à son titulaire des droits « politiques», qu’il exerce
notamment en votant au sein des assemblées générales18. Bien que ce principe
puisse laisser penser que seules les actions donnent droit à une voix et que toute
action doit nécessairement y donner droit, l’AUSCGIE prévoit la possibilité d’y
déroger par les actions sans droit de vote. Suivant la règle « une action, une voix
» chaque action donne droit à une voix lorsque les actions sont de valeur égale.
Les actions de valeur inégaleconfèrent, quant à elles, de plein droit un nombre de
voix proportionnel à la partie du capital qu’elles représentent. Plus clairement,
cette disposition interdit d’émettre des actions à voteplural dans la société
anonyme, ou de créer des catégories d’actions sur la base de leur puissancede
vote. L’intention du législateur est d’introduire une proportionnalité stricte entre
le droitde vote et l’investissement financier. En effet, la règle« une action, une
voix» porte sur l’attribution statutaire du droit de vote lors de la constitution dela
société ou lors d’une augmentation de capital ultérieure, mais elle ne porte
nullement surl’exercice ou le transfert du droit de vote. Pour parfaire l’analyse du
principe de proportionnalité, il convient d’examiner égalementl’hypothèse du
transfert contractuel du droit de vote à un coactionnaire ou à un tiers,
sanstoutefois transférer le risque économique qui y est lié.

18
P. LEDOUX, op. cit., p21
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Paragraphe 2: Les règlementations liées aux abus sur la détention du droit


de vote

La détention du droit de vote est sujette à plusieurs règlementations dont


l’interdiction du transfert du droit de vote indépendamment de l'action (A) et
l’interdiction du transfert du risque de l'action (B).

A- L’interdiction du transfert du droit de vote indépendamment de l'action

Dans la réalité, un tel transfert autonome du droit de vote conduit au même


résultat que les actions à droit de vote plural19. Aussi, un tel transfert autonome
du droit de vote est traditionnellement interdit, bien qu’aucune règle juridique ne
l’interdise de manière explicite, mais contrairement à l’interdiction des actions à
vote plural, cette interdiction est régulièrement remise en question20. Bien que le
droit de vote constitue un attribut de l’action et ne peut donc en être transféré
séparément, il est cependant tout à fait possible de transférer
conventionnellement l’exercice du droit de vote à une autre personne que
l’actionnaire-propriétaire exposé au risque économique21. Ainsi, l’actionnaire a le
loisir de déléguer l’exercice du droit de vote à autrui (vote par procuration), ou de
décider de se conformer à la volonté d’un coactionnaire ou d’un tiers dans
l’exercice de son droit de vote (convention de vote)22.

Dans les deux cas précités, il est question donc de situations assimilables au
transfert autonome du droit de vote23. Une telle flexibilité minimale est
indispensable à l’exercice du droit de vote dans les sociétés de capitaux, où le
degré d’absence aux assemblées générales, résultant de l’impossibilitéde s’y faire
représenter, pourrait créer une dérogation indésirable au principe de
proportionnalitéen faveur des actionnaires qui y sont présents24.Pour éviter tout

19
C. CLOTTENS, Proportionaliteit van stremrecht en risico in kapitaalvennootschappen, Avers, Biblo,
2012, p122
20
J.M. MARX, Le vote plural et les procédés de maîtrise dans les sociétés anonymes, Bruxelles,
Hauchamps, 1929, p29
21
C. CLOTTENS, op. cit., p122
22
C. CLOTTENS, idem, p122
23
C. CLOTTENS, ibidem, p122
24
C. CLOTTENS, ibidem, p123
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

contournement au principe de proportionnalité, le droit commun prévoit


uncertain nombre de remèdes en dehors des statuts, comme la fraude à la loi ou
la simulation25.Ces remèdes ne sont néanmoins pas appropriés, car ils nécessitent
d’apprécier l’intentionsubjective des personnes concernées, et que la
jurisprudence publiée sur le sujet est rare26. Deplus, la théorie de l’abus de
majorité se limite à l’exercice du droit de vote au sein de l’assembléegénérale, et
non à sa préparation ou sa négociation27, alors que l’introduction de dérogations
extra statutaires au principe de proportionnalité ne demande pas d’intervention de
l’assembléegénérale, mais seulement un acte juridique émanant d’un ou plusieurs
actionnaires28.

B- L’interdiction du transfert du risque de l'action

Le transfert du risque économique lié aux actions à un coactionnaire ou un tiers


peut se faire tout en maintenant le droit de vote. Un tel actionnaire pourrait donc,
en sa qualité de propriétaire des actions, continuer à exercer le droit de vote
attaché aux actions, sans toutefois en souffrir le risque correspondant29. Il existe
différentes façons pour un actionnaire de transférer le risque lié à ses actions, tout
en se réservant le droit de vote30. Une clause qui exclurait donc de toute
contribution aux pertes des sommes apportées dans lefonds de la société par un
ou plusieurs associés, est nulle. Il s’agit du principe d’interdiction de la clause
léonine. Ce principe exprime donc une obligation pour tousles actionnaires d’être
soumis, en tout temps, aux risques de la société. Il ne visedonc pas à prohiber
toute disproportion, mais il interdit uniquement l’hypothèse où il y auraitune
exonération quasi complète de la participation aux gains ou aux
pertes.L’interdiction d’exonération au partage des pertes a progressivement été
vidée de sa substancepar la doctrine et la jurisprudence au fil des années, sous

25
C. CLOTTENS, ibidem, p126
26
C. CLOTTENS, ibidem, p126
27
O. CAPRASSE, R. AYDOGDU, « L’abus du droit de vote et ses sanctions », Le droit des sociétés
aujourd’hui: principes, évolutions et perspectives, Bruxelles, C.J.B., 2008, p. 279.
28
C. CLOTTENS, ibidem, p126
29
C. CLOTTENS, op. cit.,p127
30
C. CLOTTENS, idem, p127
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

l’influence de la pratique juridique, quiestimait que l’interdiction des clauses


léonines était préjudiciable dans le cadre des conventionsde portage et des
cessions d’actions étalées dans le temps31. D’autres pays autorisent qu’un
actionnaire soitexempté de toute participation dans les pertes; soit exclusivement
dans certains types de sociétés,soit de manière générale32.

Section2: Les dispositions relatives aux actions dans la SA

La détention du droit de vote est intimement liée à la possession d’actions. Il


existe cependant différents types d’actions (Paragraphe1) accentuant la
spécificité du droit de détention dont dispose les titulaires de ces actions. Mais
aussi des actions avec ou sans droit de vote pouvant être suspendu selon les cas
(Paragraphe2).

Paragraphe1: Les différents types d'actions et leurs effets

La SA dispose de plusieurs types d’actions dont les actions ordinaires et les


droits relatifs (A) mais aussi les actions de préférence et les droits attachés (B).

A- Les actions ordinaires et les droits attachés

Le capital action représente l’ensemble des mises de fonds effectuées par les
actionnaires en vue de l’exploitation commune de la société. L’action représente
une unité du capital action.Lorsqu’on parle d’action, on fait généralement
allusion aux actions ordinaires. En effet, la majorité des actions émises le sont
sous cette forme. Les actions ordinaires sont des titres de propriété de la société
et donne droit à une partie des profits. Ce sont les statuts de la société qui
spécifient s’il existe une seule ou plusieurs catégories d’actions. S’il n’y a qu’une
seule catégorie d’actions, celles-ci constituent automatiquement des actions
ordinaires. Alors que s’il y a plusieurs catégories d’actions, il est nécessaire
d’énoncer expressément les droits et les restrictions relatifs à chaque type
d’actions dans les statuts. Au niveau corporatif, on entend par action ordinaire,
une action qui accorde à l’actionnaire le droit de voter à toutes les assemblées
31
C. CLOTTENS, ibidem, p167-173
32
C. CLOTTENS, ibidem, p130
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

d’actionnaires, le droit au dividende déclaré par la société et le droit au reliquat


des biens de la société lors de sa liquidation. A chaque action est attaché un droit
de vote proportionnel à la quotité du capital qu’elle représente (art 751
AUSCGIE)33. A chaque action est attaché un droit au dividende proportionnel à
la quotité du capital qu’elle représente (art 754 AUSCGIE)34. Ces actions auront
droit à un dividende uniquement sur le solde du bénéfice distribuable après
imputation du dividende prioritaire ; avec un droit à un dividende d’un montant
supérieur à celui attribué aux autres actions ou un droit correspondant à un
pourcentage du résultat distribuable. Plusieurs possibilités sont imaginables, le
tout étant de respecter certaines limites c’est-à-dire l’interdiction des pactes
léonins, qui consistent à priver un actionnaire de tout droit au bénéfice ;
l’interdiction de distribuer des dividendes en l’absence de bénéfice distribuable ;
l’interdiction de prévoir un intérêt fixe sur le résultat (clauses d’intérêts fixes).A
long terme, les actions ordinaires procurent un rendement plus élevé que la
plupart des autres instruments, à cause de la croissance du capital. Ce rendement
supérieur a un coût, les actions ordinaires comportant un risque plus élevé.

Si la société fait faillite et qu’elle est liquidée, les détenteurs d’actions ordinaires
ne recevront pas d’argent avant que les créditeurs, les détenteurs d’obligations et
les détenteurs d’actions privilégiées aient été remboursés.

B- Les actions de préférence et droits attachés

Les actions de préférence, utilisables dans les sociétés par actions, sont des titres
en capital qui confèrent à leurs détenteurs des droits différents de ceux attribués
aux actions ordinaires. Les actions de préférence sont des titres qui se distinguent
des actions ordinaires par les prérogatives qui y sont attachées. Ces actions
peuvent conférer à leurs détenteurs des droits particuliers à plusieurs niveaux,
notamment en matière de droit de vote (suppression du droit de vote, droit de
vote double, voire droit de vote multiple en SAS) et de droit au bénéfice (quote-
part supérieure de dividende, dividende prioritaire, superdividende…). Les

33
Art 751 AUSCGIE, p157
34
Art 754 AUSCGIE, p158
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

actions de préférence peuvent être utilisées uniquement dans lessociétés par


actions, c’est-à-dire les SAS (Sociétés par Actions Simplifiées), les SA (Sociétés
Anonymes) . Il est impossible de mettre en place ce type de titres en SARL, dont
le capital est obligatoirement réparti en parts sociales de même catégorie.Les
actions de préférence peuvent être utilisées à la fois pour attribuer des avantages
patrimoniaux et extra patrimoniaux. Il est tout d’abord possible de créer des
actions de préférence auxquelles on attribue un droit de vote modifié. Il peut
s’agir d’actions sans droit de vote, à condition que ces titres ne représentant pas
plus de la moitié du capital social pour les sociétés non cotées ou avec un droit de
vote supérieur à celui attaché aux actions ordinaires, comme un droit de vote
double, voire multiple uniquement dans les SAS.

Le droit de vote attaché aux actions de préférence peut être supprimé de manière
temporaire ou définitive. Ensuite, les actions de préférence peuvent bénéficier de
droits financiers privilégiés, notamment en matière de droit aux bénéfices. Il peut
s’agir d’actions avec un droit à un dividende prioritaire, ces actions auront ainsi
le droit de prélever en premier un dividende.

Les avantages patrimoniaux peuvent également prendre d’autres formes, avec


notamment un droit privilégié au boni de liquidation,un droit de rachat
prioritaire,un droit au remboursement prioritaire du montant nominal ou encore
un droit d’amortissement prioritaire en cas d’amortissement du capital
social.Enfin, plusieurs autres avantages peuvent être attachés aux actions de
préférence, comme par exemple un droit d’information renforcé,un droit de
communication particulier et privilégié sur certaines opérations,un droit de céder
les actions en dehors de toute procédure d’agrément ou de préemption,un droit de
représentation dans certains organes de la société, tel qu’un conseil
d’administration par exemple.Dès lors que les actions de préférence sont émises
au profit d’un ou de plusieurs actionnaires désignés, il faut obligatoirement
respecter la procédure dite desavantages particuliers. En cas d’émission d’actions
de préférence dès la constitution, celles-ci doivent figurer dans les statuts et un
commissaire aux apports doit établir un rapport sur les avantages particuliers. En
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

cas d’émission en cours de vie sociale, une décision des actionnaires, sous la
forme extraordinaire en SA ou dans les conditions prévues statutairement en
SAS, est nécessaire. Le ou les intéressés ne peuvent pas prendre part au vote. Un
rapport du conseil d’administration ou du directoire dans les SA, ainsi qu’un
rapport par un commissaire aux apports sur les avantages particuliers sont
obligatoires. Les statuts doivent être mis à jour.Les détenteurs d’actions de
préférence pourront demander au commissaire aux comptes de la société
d’établir un rapport spécial sur le respect des droits particuliers attachés aux
actions de préférence.

Enfin, sur décision des associés et suivant les modalités prévues dans les statuts,
les actions de préférence peuvent être ultérieurement transformées en actions
ordinaires ou en actions d’une autre catégorie35.

Paragraphe2: Les différentes actions possibles avec ou sans droit de vote et


les cas de suspension de ce droit

L’étude des dispositions relatives aux actions dans la SA ne saurait se faire sans
l’analyse des actions avec ou sans droit de vote (A) et les cas de suspension de ce
droit de vote (B).

A- Les différentes possibilités d’actions avec ou sans droit de vote

Dans la SA, il existe différents types d’actions dont la qualification dépend des
divers types d’apports effectués. Ainsi l’on peut trouver des actions avec ou sans
droit de vote découlant d’actions de numéraire et d’actions d’apport. Les actions
de numéraire sont celles dont le montant est libéré en espèces ou par
compensation de créances certaines, liquide et exigibles sur la société, celles qui
sont émises par suite d’une incorporation au capital de réserves, bénéfices ou
prime d’émission et celles dont le montant résulte pour partie d’une incorporation
de réserves, de bénéfices ou de primes d’apports, d’émission ou de fusion et pour
partie d’une libération en espèces. Ces dernières doivent être intégralement

35
Art 778-6 AUSCGIE, p 164
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

libérées lors de la souscription art74836. Toutes les autres actions sont des actions
d’apport37. Les actions qui ne sont admises ni aux négociations sur une bourse
des valeurs ni aux opérations d’un dépositaire central revêtent la forme
nominative art748-138. Les actions entièrement souscrites sont donc celles
bénéficiant d’un droit de vote. Les actions rachetées par la société conformément
aux dispositions des art639 et suivants ci-après sont dépourvues de droit de vote.
Selon les dispositions de l’art 544, un droit de vote double de celui conféré aux
autres actions peut être attribué à toutes les actions entièrement libérées pour
lesquelles il est justifié d’une inscription nominative depuis deux (2) ans au nom
d’un actionnaire.

Lors de la création de la société, il peut être crée des actions de préférence avec
ou sans droit de vote ; un droit de vote double pouvant leurs être conféré.

Dans l’ensemble, quel que soit le type d’action. Cependant, diverses


circonstances peuvent conduire à la suspension de ce droit de vote.

B- La suspension du droit de vote

Les actions dans la SA peuvent être sujette à des cas de suspension ou de


renonciation audroit de vote. L’analyse de la suspension du droit de vote est
pertinente dans le contexte où le droit de vote est généralement lié à l’action et ne
peut donc par conséquent être suspenduque par ou en vertu de la loi. Le
législateur a spécialement souligné l’importance du lien entrele droit de vote et le
risque dans certains cas de suspension. Il en est ainsi par exemple lors dela
suspension du droit de vote des actions non libérées, ou lors de l’acquisition
d’actionspropres39.En ce qui concerne la limitation, il est possible de limiter
statutairement le nombre de voix dontdispose chaque actionnaire au sein des
assemblées, mais à la condition que cette limitations’impose à tous les
actionnaires, quels que soient les titres pour lesquels ils prennent part auvote. La

36
Art 748 AUSCGIE, p157
37
Art 748 AUSCGIE, p157
38
Art 748-1 AUSCGIE, p157
39
R. van den DRIESSCHE, L’exercice du droit de vote au sein des assemblées générales des sociétés
cotées, Master en Droit, Université Clouvain, 2015-2016, p28
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

limitation statutaire du droit de vote est donc possible, mais elle doit
respecterl’égalité entre les actionnaires40.Enfin, l’actionnaire n’étant pas obligé
d’être présent lors de l’assemblée générale, ni departiciper au vote, il peut dès
lors renoncer préalablement à l’exercice de son droit de vote.Mais cette
renonciation n’est pas dénuée de conditions: l’actionnaire ne pourra renoncer
qu’enconnaissance de cause de l’ordre du jour, et sa renonciation doit
nécessairement être limitée dansle temps et la durée. Un tel abandon du droit de
vote s’apparente en effet à un transfertprohibé, malgré qu’il n’y ait pas de
bénéficiaire direct41. Aussi, toute action convertie au porteur perd le droit de vote
double42. Conformément aux dispositions de l’art775, en cas de défaut de
libération des actions, ces dernières cessent de donner droit à l’admission aux
droits de vote dans les assemblées d’actionnaires. Cependant, un délai de mise en
règle est accordé aux actionnaires pour éviter cette suspension. Après les
nombreuses demande de mise en règle n’ayant pas abouti, la suspension du droit
de vote de l’actionnaire concerné peut conduire à la suspension du droit au
dividende et même du droit préférentiel de souscription jusqu’à paiement des
sommes dues43.

40
C. CLOTTENS, op. cit., p131
41
R. KADDOUCH, Le droit de vote de l’associé, Thèse Aix-Marseille, 2001, p. 110
42
Art753 AUSCGIE
43
Art 775 AUSCGIE
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Chapitre2: L'exercice conditionné du droit de


vote des actionnaires dans la SA

L’affirmation du caractère essentiel du droit de vote n’est pas une affirmation


purement théorique. Ses implications d’ordre pratique sont nombreuses et se
résument à deux principes : un associé ne peut être privé de son droit de vote que
par la loi et la liberté du vote de chaque associé doit être assurée. Cet état des
lieux du dispositif intéressant la jouissance et l’exercice du vote montre que cette
affirmation n’est pas restée sans effet. Bien au contraire, les décisions relatives à
la suppression et surtout à la liberté du vote sont innombrables. Et le caractère
essentiel de ce droit est tellement marqué qu’il en vient parfois à être considéré
non plus comme une conséquence de la qualité d’associé, mais comme un de ses
critères. Cette opinion est toutefois excessive : le droit de vote est en réalité un
élément du régime attaché à la notion d’associée. Pour approfondir la notion de
l’exercice conditionné du droit de vote des actionnaires dans la SA, il serait
adapté d’étudier les instances statutaires de prise de décision aux assemblées
générales dans l'exercice du droit de vote.

Section1: Les instances statutaires de prise de décision aux assemblées


générales dans l'exercice du droit de vote

L’organisation d’une assemblée générale requiert le respect de formalités


préalables à la tenue de l’assemblée, notamment en ce qui concerne la
convocation et la mise à dispositiond’informations, mais également de formalités
durant son déroulement, dont le respect decertaines règles concernant le droit de
vote.Le pouvoir de convocation est généralement confié à l’organe de direction
en place, qui peut également annuler cette convocation jusqu’au moment de la
tenue de cette assemblée générale. Il peut prendre l’initiative de convoquerune
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

assemblée générale chaque fois qu’il l’estime nécessaire, mais il est néanmoins
tenu deconvoquer une assemblée générale une fois par an. L’étude des instances
statutaires dans cette partie portera donc sur les différents types d’assemblées
générale (paragraphe1) et les droits préalables des actionnaires pour la
participation à ces assemblées et d’énoncer les modes d'exercice du droit de vote
des actionnaires minoritaires dans la SA (Paragraphe2).

Paragraphe1: Les différents types d'Assemblée Générale et leurs


attributions

Les instances statutaires de prise de décision aux assemblées générales dans


l'exercice du droit de vote ne peuvent avoir lieu sans les différentes Assemblées
Générales (A) se caractérisant par leurs différentes attributions (B).

A- Les différentes Assemblées Générales

L’assemblée générale des actionnaires n’est pas une chose figée. Il en existe
différents types quiont toutes des missions et des règles de fonctionnement
spécifiques44.Au sein des sociétés anonymes, il convient de faire une différence
entre les assemblées généralesordinaires, les assemblées générales
extraordinaires et les spéciales.

-L’assemblée générale ordinaire se réunit annuellement à la date prévue par les


statuts, elle prend toutes les décisions autres que celles réservées aux assemblées
extraordinaires et aux assemblées spéciales. Elle prend connaissance du rapport
des administrateurs, et donne la décharge auxadministrateurs et aux
commissaires. Les administrateurs et/ou les commissaires ontl’obligation de
convoquer ces assemblées générales ordinaires, sous peine deresponsabilité pour
manquement.

-Les assemblées générales extraordinaires sont seules habilitées à modifié les


statuts dans toutes leurs dispositions45.

44
R. van den DRIESSCHE, op. cit., p11
45
Art 551 AUSCGIE, p118
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

-Les assemblées générales spéciales réunissent les titulaires d’actions d’une


catégorie déterminée46.

L’assemblée générale est donc l’organe de la société permettant la réunion des


actionnaires et qui a les pouvoirs les plus étendus pour faire ou ratifier les actes
qui relèvent d’un intérêtpour la société. Cette assemblée est donc, en principe,
l’organe ayant l’autorité la plus importante dans la société.

Les assemblées générales ne possèdentque les pouvoirs qui leurs sont conférés
par laloi ou par les statuts. Chaque assemblée a des attributions qui lui sont
propres.

B- Les attributions de chaque type d’assemblée générale

L’assemblée générale est présidée selon le cas par l’organe d’administration en


place.

En effet, l’assemblée générale ordinaire selon l’art 54647 est compétente pour
statuer sur les états financiers de synthèse de l’exercice ; décider de l’affectation
du résultat à peine de nullité de toutes délibérations contraire, il est constitué sur
le bénéfice de l’exercice diminué, le cas échéant, des pertes antérieures, une
dotation égale à un dixième au moins affectée à la réserve légale. Cette dotation
cesse d’être obligatoire lorsque la réserve atteint le cinquième du montant du
capital social48. Nommer les membres du conseil d’administration ou
l’administrateur et le cas échéant, l’administrateur général adjoint ainsi que le
commissaire aux comptes49; statuer sur le rapport du commissaire aux comptes
prévue par les dispositions de l’art 440 et approuver ou refuser d’approuver les
conventions conclues entre les dirigeants sociaux ou un actionnaire détenant une
participation supérieure à dixpour cent (10٪) du capital de la société et la

46
Art 555 AUSCGIE, p119
47
Art 546 AUSCGIE
48
Art 546, idem
49
Art 546, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

société50 ; émettre des obligations ; approuver le rapport du commissaire aux


comptes51.

Ensuite, l’assemblée générale extraordinaire est compétente pour autoriser les


fusions, scissions, transformations et apports partiels d’actif52 ; transférer le siège
social en toute autre ville de l’Etat partie où il est situé ou sur le territoire d’un
autre Etat53 ; dissoudre par anticipation la société ou en proroger la durée54.
Toutefois, l’assemblée générale extraordinaire ne peut augmenter les
engagements des actionnaires au-delà de leurs apports qu’avec l’accord de
chaque actionnaire.

Enfin les assemblées générales spécialesapprouvent ou désapprouvent les


décisions des assemblées lorsque celles-ci modifient les droits de ses membres55.
La décision d’une assemblée générale de modifier les droits relatifs à une
catégorie d’actions, n’est définitive qu’après l’approbation par l’assemblée
spéciale des actionnaires de cette catégorie d’actions56.

Paragraphe2: Les droits préalables des actionnaires à l’Assemblée Générale

L'assemblée des actionnaires est l'organe de décision le plus important de la


société anonyme. L'assemblée est le lieu où s'exprime et s'élabore la volonté
sociale. En effet, il lui incombe la désignation de tous les autres organes de
pouvoirs de l'entreprise. Elle peut mettre fin à leurs fonctions et elle prend toutes
les décisions stratégiques et politiques.Pour que la présence des actionnaires soit
effective, ils doivent être valablement convoqués d’où le droit lié de la
convocation à l'Assemblée (A) qui ne va pas sans la communication de
documents liés à la tenue de l’Assemblée (B).

A- Le droit lié de la convocation à l'Assemblée

50
Art 546, ibidem
51
Art 546, ibidem
52
Art 551, ibidem
53
Art 551 AUSCGIE
54
Art 551, idem
55
Art 555, ibidem
56
Art 555, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

L'assemblée générale est le lieu d'exercice du pouvoir suprême. En effet, la


société anonyme étant considérée comme une démocratie, le pouvoir suprême
appartient aux actionnaires réunis en assemblée générale souveraine. Tous les
actionnaires ont donc le droit d'être présents aux assemblées pour exercer leurs
droits.L’assemblée des actionnaires est convoquée par le conseil d’administration
ou par l’administrateur général selon le cas57. A défaut, elle peut être convoquée
par le commissaire aux comptes, par un mandataire désigné ou par le liquidateur.
Sauf clause contraire, les assemblées d’actionnaires sont réunies au siège social.
La convocation des assemblées est faite par avis de convocation inséré dans un
journal habilité à recevoir les annonces légales. La convocation indique la date,
le lieu de la réunion et l’ordre du jour.

Elle doit parvenir ou être porté à la connaissance des actionnaires quinze (15)
jours au moins avant la date de l’assemblée sur première convocation et le cas
échéant six (06) jours au moins pour les convocations qui suivront 58. Elle indique
la dénomination de la société, suivie le cas échéant de son sigle, la forme de la
société, le montant du capital social, l’adresse du siège social, le numéro
d’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) ainsi
que leurs natures (ordinaire, extraordinaire, spéciale)59.Toute assemblée
irrégulièrement convoqué peut être annulée. L’ordre du jour est arrêté par
l’auteur de la convocation60. De même, un ou plusieurs actionnaires ont la faculté
de requérir l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée générale d’un projet de
résolutions selon les dispositions de l’art 520. L’assembléene peut délibérer sur
une question qui n’est pas inscrite à l’ordre du jour61. L’ordre du jour de
l’assemblée ne peut être modifié sur deuxième convocation ou le cas échéant
pour les assemblées générales extraordinaires sur troisième convocation62.

57
Art 516 AUSCGIE
58
Art 518, idem
59
Art 519, ibidem
60
Art 519, ibidem
61
Art 522, ibidem
62
Art 524, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Cependant, la convocation de l’assemblée ne peut être effective sans la


communication de documents relatifs de sa tenue.

B- La communication de documents liés à la tenue de l’Assemblée

En ce qui concerne l’assemblée générale ordinaire annuelle, tout actionnaire a le


droit par lui-même ou par le mandataire qu’il a nommément désigné pour le
représenter à l’assemblée générale de prendre connaissance au siège social de
l’inventaire, des états financiers de synthèse, des rapports du commissaire aux
comptes63 ; de la liste des actionnaires etc. Tout actionnaire peut prendre à toute
époque connaissance des documents sociaux, des procès-verbaux, des feuilles de
présence, des conventions règlementées conclues par la société et de tous autres
documents prévues par les statuts64.

Si la société refuse de communiquer tout ou partie des documents précité et


prévues par la loi, la juridiction compétente statue sur ce refus à la demande de
l’actionnaire65. L’assemblée est présidée selon le cas par le président directeur
générale, le président du conseil d’administration ou par l’administrateur général
ou en cas d’empêchement de ceux-ci par l’actionnaire ayant ou représentant le
plus grand nombre d’actions ou en cas d’éligibilité par le doyen en âge66. Les
procès-verbaux émanant de ces assemblées sont signés par les membres du
bureau et archivés au siège social avec la feuille de présence. Il est aussi fait
mention des participations à distance aux assemblées.

Section 2 : Les modes d'exercice du droit de vote des actionnaires


minoritaires dans la SA

63
Art 525, op. cit.
64
Art 526, idem
65
Art 528, ibidem
66
Art 529, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Pour diverses raisons, il est parfois difficile de réunir à une date et un lieu
convenus un nombre d’associés ou d’actionnaires nécessaires au respect des
conditions de quorum de l’assemblée générale d’une société. C’est notamment en
vue de pallier à ces inconvénients pratiques que la loi prévoit des cas dans
lesquels les associés ou les actionnaires pourront être consultés pour voter sans
pour autant être présents physiquement à une assemblée. Ainsi le vote par
correspondance (Paragraphe1) et le vote par mandataire ou procuration
(Paragraphe2) sont les plus utilisés.

Paragraphe1: Le vote par correspondance

La possibilité d’une consultation par correspondance permet en pratique de


respecter les conditions de quorum et de majorité prévues par la loi ou les statuts,
les associés ou actionnaires consultés étant pris en compte dans leurs calculs
respectifs. Des règles plus ou moins souples encadrent les contours de ce mode
de vote (A) et exposent l’intérêt du vote par correspondance (B).

A- Les contours de ce mode de vote

Tout actionnaire peut voter par correspondance, conformément aux dispositions


du code de commerce ; par conséquent, les statuts ne peuvent restreindre cette
faculté et ce quelle que soit la nature de la décision envisagée. Ce vote à distance
s’effectue par correspondance mais les statuts peuvent également permettre aux
actionnaires de voter aux assemblées par des moyens électroniques de
télécommunication. Que le vote s’effectue par correspondance ou par voie
électronique, un formulaire de vote à distance doit alors être rempli par
l’actionnaire. Celui-ci doit adresser son bulletin de vote à la société au moins
trois jours (03) jours avant la tenue de l’assemblée sauf lorsque les statuts
prévoient un délai plus court67. Cependant, si le formulaire est transmis par voie
électronique, il peut être reçu jusqu’à la veille de la réunion de l’assemblée
générale au plus tard. Ce bulletin doit comporter les noms et prénoms usuels et

67
E. ROIG, AG: Consultation par correspondance et vote à distance, Droit-Finances, Disponible sur :
http://www.droit-finances.commentcamarche.com/ ( page consultée le 11 Avril 2019)
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

domicile de l’actionnaire68 ; la forme, nominative ou au porteur, sous laquelle les


titres et le nombre de ces derniers, ainsi qu’une mention constatant l’inscription
des titres soit dans les comptes de titres nominatifs tenus par la société, soit dans
les comptes de titres au porteur tenus par un intermédiaire69; l’attestation de
participation qui doit être annexée au formulaire70; la signature, le cas échéant
électronique de l’actionnaire ou de son représentant légal ou judiciaire71. Lorsque
les conditions de quorum ne sont pas remplies sur première consultation, le
formulaire de vote par correspondance adressé à la société vaudra pour les
assemblées successives convoquées avec le même ordre du jour72.

B- L’intérêt du vote par correspondance

Il est entendu que le vote par correspondance est un palliatif à la représentation


des actionnaires et un remède à l’absentéisme de ces derniers aux
assemblées73.Le vote par correspondance présente l’avantage d’être simple et
pratique car l’actionnaire n’a pas à chercher un mandataire qui accepte de voter
dans le sens qu’il souhaite74. Il remplit simplement un formulaire et le retourne à
la société, ce qui lui évite le chantage des professionnels de la représentation des
actionnaires75. Ce procédé facilite également le décompte des voix puisque pour
chaque résolution inscrite à l’ordre du jour, l’actionnaire exprime une opinion
favorable ou défavorable ou s’abstient tout simplement76. Par ailleurs, l’envoi des
formulaires de vote par correspondance s’accompagne toujours des documents
destinées à éclairer l’actionnaire sur la marche de la société, ce qui renforce son
droit à l’information77. Cependant, le vote par correspondance est critiqué pour le

68
E. ROIG, idem
69
E. ROIG, ibidem
70
E. ROIG, ibidem
71
E. ROIG, ibidem
72
E. ROIG, ibidem
73
P. KAGOU KENNA, La représentation des actionnaires dans les sociétés commerciales OHADA, Editions
Universitaires Européennes, p42
74
P. KAGOU KENNA, idem, p42
75
P. KAGOU KENNA, op. cit., p42
76
P. KAGOU KENNA, idem, p42
77
P. KAGOU KENNA. ibidem, p42
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

fait qu’il supprime l’intérêt des délibérations78. L’assemblée a été conçue pour
que les actionnaires puissent discuter de la marche de la société et non pas
simplement exprimer une approbation ou improbation face à une question
donnée79. D’ailleurs, la doctrine faisait de l’assemblée une réunion d’échanges de
points de vue devant précéder le vote afin de l’éclairer80. L’objectif est de
permettre aux actionnaires suffisamment qualifiés et informés d’exercer une
influence sur les décisions sociales81. Le comportement de l’actionnaire en
assemblée tel que décrit tout haut ne permet pas de ce fait de favoriser la
discussion recherchée82. Le vote par mandataire ou procuration est-il donc plus
adapté pour répondre aux attentes d’une assemblée générale ?

Paragraphe2: Le vote par mandataire ou procuration

Dans la SA, la présence des actionnaires est importante au cours des assemblées
générales d’actionnaires puisqu’il sera discuté de la vie sociale et par conséquent,
l’avis de tout un chacun est indispensable. Le vote par correspondance ne
satisfaisant pas pleinement aux caractères de débat des assemblées générales, le
vote par mandataire ou procuration mis en place dans l’objectif de satisfaire
l’intérêt général permet la représentation de l’actionnaire par un mandataire aux
assemblées générales (A) dans l’acceptation des enjeux liés à l’exercice du droit
de vote de l’actionnaire par un représentant (B).

A- La représentation de l’actionnaire par un mandataire aux assemblées


générales

La représentation désigne un « procédé juridique par lequel une personne,


appelée représentant, agit au nom et pour le compte d'une autre personne, appelée
représenté »83.La représentation présente une utilité considérable pour les
actionnaires. En effet, la plupart d'actionnaires n'assistent pas aux assemblées

78
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
79
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
80
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
81
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
82
P. KAGOU KENNA, ibidem, p42
83 ème
G. CORNU, Vocabulaire Juridique, 12 édition, Quadrige, Paris, 2018, p905
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

générales dans les sociétés comportant des milliers d'actionnaires ou celles cotées
en Bourse. Une possibilité est offerte pour ceux qui sont empêchés du fait de
l'éloignement ou d'un manque de disponibilité: la représentation. Il s'agit d'une «
présence juridique »84. La représentation permet de sauvegarder autant que
possible le caractère démocratique de la société anonyme. A cet effet, le
professeur M. COZIAN affirme qu' « il faut compter avec les impotents, les
incapables, les voyageurs, les occupés et les agoraphobes, d'où l'idée de la
représentation »85.Le vote par procuration est une simple modalité d’exercice du
droit de vote, l’associé gardant la maîtrise de son droit. Le mandant conserve en
principe sa liberté et ne s’engage pas à voter dans un sens déterminé comme c’est
le cas dans une convention de vote.

L’associé confie toutefois l’exercice de son droit à un tiers et certaines


circonstances peuvent conduire à une véritable aliénation du droit de vote 86. Pour
l’examen de cette question, une distinction s’impose entre mandat irrévocable et
mandat révocable87. Dans le mandat irrévocable, l’actionnaire ne perd pas tout
droit puisque pèse sur le mandataire un devoir de rendre compte 88. En outre,
l’irrévocabilité du mandat ne signifie pas que le mandant ne peut révoquer son
mandataire, mais seulement qu’il ne peut le faire que moyennant
indemnisation89.La possibilité pour l’associé de révoquer librement son
mandataire lui permet de recouvrer à tout moment le plein exercice de son droit
de vote. Ce mécanisme n’entraîne donc pas une aliénation du droit de vote ni
même une atteinte à la liberté de vote, en théorie du moins.

Contrairement au droit français qui exige que l'actionnaire soit représenté à


l'assemblée soit par un autre actionnaire, personne physique ou morale, soit par
son conjoint, le législateur de l'OHADA, quant à lui, prévoit que l'actionnaire soit

84 eme
Dominique VIDAL, Manuel droit des sociétés, 5 éd., LGDJ, Paris, 2006, n°1146, p. 549
85 1Gerne
Maurice COZIAN, Alain VIANDIER, Florence DEBOISSY, Droit des sociétés, éd., LITEC, Paris, 2004,
n° 649, p. 295
86
C. COUPET, L’attribution du droit de vote dans les sociétés, Thèse doctorat: droit privé: Université
Panthéon- Assas, 2012, p74
87
C. COUPET, idem, p74
88
C. COUPET, ibidem, p74
89
C. COUPET, ibidem, p74
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

représenté par un mandataire de son choix. Cette représentation est d'ordre


public.Même si une partie de la doctrine française estime que par cette restriction
le législateur a entendu éviter l'accès à l'assemblée d'agitateurs, de maîtres
chanteurs, et plus simplement de cabinets d'affaires faisant profession de l'état
des mandataires, il convient de constater que la position adoptée par le législateur
de l'OHADA s'inscrit dans la droite logique de celle d'une partie de la doctrine
française qui souhaite que l'actionnaire choisisse lui-même son mandataire90. Ce
choix, qui mérite d'être entièrement approuvé pour des raisons d'ordre pratique,
présente plusieurs avantages91. Il permet à l'actionnaire de donner des
instructions à sonmandataire ou de lui laisser une liberté de décision92. Bien plus,
si l'actionnaire représentant est nanti d'un éventail d'outils juridiques et
judiciaires, l'assemblée sera le lieu de débats fructueux après la présentation des
rapports par le conseil d'administration et le commissaire aux comptes 93 ; et
celui-ci aurait certainement recueilli une multitude d'informations car l'assemblée
constitue le moment privilégié pour les actionnaires de s'informer sur la situation
de la société et de s'exprimer sur sa gestion94.Dans la même optique, dans un
arrêt rendu par la Chambre commerciale de la Cour de cassation française le 19
septembre 2006, il est reconnu à l'actionnaire la possibilité de désigner deux
mandataires95.

Cette pratique présente des avantages assez satisfaisants. En effet, les deux
mandataires peuvent se contrôler mutuellement ou s'épauler sur des questions
techniques ou juridiques96. Ou encore, l'un peut suppléer l'autre en cas
d'empêchement de dernière minute.

B- Les enjeux liés à l’exercice du droit de vote de l’actionnaire par un


représentant

90
Y. GUYON, Droit des Affaires, Tome 1, Droit Commercial General et Sociétés, 12eme ed.,Economica,
Paris, 2003, p. 307
91
J. ALBAS, Le contrôle de la société anonyme par les actionnaires, DEA 2007, Université de Lomé
92
J. ALBAS, idem
93
J. ALBAS, ibidem
94
J. ALBAS, ibidem
95
Paul LE CANNU, note sous Cass.com, 19 septembre 2006, RTDcomjanv-mars 2007, n° 8, p. 177
96
J. ALBAS, op. cit.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

En matière de mandat, le caractère spécial impliquerait qu’il soit donné afin de


voter sur des questions prédéterminées, c’est-à-dire sur un ordre du jour donné.
La condition de temporalité est par là même occasion satisfaite puisque le
mandat est dans ce cas nécessairement confié pour une assemblée, tout au plus
deux, si l’ordre du jour de la seconde est semblable à celui de la première 97. Le
mandat doit par ailleurs être donné en connaissance de cause. Cette condition est
déjà partiellement satisfaite, de par la connaissance de l’ordre du jour. Elle
implique également que le mandat soit confié à une personne déterminée98. Dans
les sociétés anonymes, comme dans les sociétés en commandite par actions, des
règles claires ont été posées par le législateur. L’art L. 225-106 complété par
plusieurs dispositions réglementaires régit le vote par procuration. L’art R. 225-
79, spécifiquement, énonce que « le mandat est donné pour une seuleassemblée
». L’actionnaire connaît donc les questions qui y seront traitées. En outre, la
formule de procuration doit comporter un certain nombre de précision,
notamment l’ordre du jour de l’assemblée, le texte des projets de résolution, un
exposé sommaire de la situation de la société accompagné d’un tableau faisant
apparaître les résultats au cours des cinq derniers exercices, une formule de
demande d’envoi de documents complémentaires99. L’actionnaire donne ainsi
mandat pour voter sur des résolutions déterminées : le mandat est spécial et
donné en connaissance de cause100. La procuration peut également être donnée «
pour deux assemblées, l’une ordinaire, l’autre extraordinaire, tenues le même
jour ou dans un délai de quinze jours »101. L’actionnaire connaît alors par avance
l’ordre du jour des deux assemblées et l’admission d’un seul document permet
seulement d’en simplifier l’organisation102. Il est en effet fréquent qu’assemblées
générales ordinaires et extraordinaires soient convoquées le même jour ou de
manière rapprochée103. Cette disposition ne déroge donc pas à la règle de

97
C. COUPET, op. cit.
98
C. COUPET, idem
99
C. COUPET, ibidem
100
C. COUPET, ibidem
101
C. COUPET, op. cit.
102
C. COUPET, idem
103
C. COUPET, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

spécialité. En outre, « le mandat donné pour une assemblée vaut pour les
assemblées successivesconvoquées avec le même ordre du jour »104. Cette
disposition confirme le caractère spécial du mandat : l’important n’est pas tant
qu’il soit donné pour une seule assemblée, mais qu’il soit confié pour un ordre du
jour déterminé105. Il reste ainsi valable après une seconde convocation de
l’assemblée lorsque le quorum n’a pas été réuni la première fois, puisque l’ordre
du jour demeure alors inchangé106. Il est encore précisé que si le mandataire est
déterminé, celui-ci ne peut ensuite se substituer à une autre personne. À défaut de
choix du mandataire, c’est-à-dire en cas de pouvoir transmis en blanc, le vote de
l’actionnaire est protégé puisque le sens du vote est prédéterminé par la loi107.
Cette disposition introduite par la loi du 24 juillet 1966 permet à l’associé de
donner mandat en connaissance de cause et met fin aux critiques qui avaient été
formulées à l’encontre des mandats en blanc, du fait du trafic de voix auquel ils
pouvaient donner lieu108. Mentionnons pour finir que l’actionnaire ne peut
donner mandat qu’à son conjoint, au partenaire avec lequel il a conclu un pacte
civil de solidarité ou à un actionnaire109. Cette règle était antérieurement générale
; elle ne vaut aujourd’hui que pour les sociétés non cotées et les sociétés dont les
titres sont admis sur un système multilatéral de négociation organisé qui n’ont
pas ouvert plus largement cette possibilité110. Cela n’est cependant pas destiné à
protéger la liberté du vote mais plutôt à prévenir l’intrusion de tiers mal
intentionnés dans les assemblées. De la même manière, l’article R. 225-79 pose
en principe que le mandat est donné pour une assemblée et prévoit expressément
certaines exceptions. Il faut en déduire que ces dernières sont limitatives. C’est
dans ce sens que la Cour de cassation s’est engagée. Celle-ci a en effet approuvé
une cour d’appel d’avoir retenu que « le mandat donné par un actionnaire à un
autre actionnaire pour le représenter dans les assemblées générales est personnel,

104
C. COUPET, ibidem
105
C. COUPET, ibidem
106
C. COUPET, ibidem
107
C. COUPET, ibidem
108
C. COUPET, ibidem
109
C. COUPET, ibidem
110
C. COUPET, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

ce qui exclut pour le mandataire désigné de se substituer un tiers, et qu'il est


spécial, ce qui impose qu'il ne soit donné que pour une assemblée et au vu de
l'ordre du jour de cette assemblée sauf exception expresse »111. Le mandat doit
donc être à la fois personnel et spécial, la convention des parties ne pouvant y
déroger112. Concernant le caractère spécial du mandat, la Cour a toutefois admis
que le mandataire puisse valablement voter la révocation des dirigeants, même si
celle-ci n’est pasmentionnée à l’ordre du jour113. En effet, l’article L. 225-105
consacré à l’ordre du jour énonce que « l’assemblée peut, en toutes
circonstances, révoquer un ou plusieurs administrateurs ou membres du conseil
de surveillance et procéder à leur remplacement ». La révocation des
administrateurs semble ainsi « sous-jacente à l’ordre du jour ». Le mandataire
peut voter la révocation des administrateurs comme il peut utiliser ses pouvoirs
pour voter des modifications aux résolutions proposées114. Dans les sociétés
anonymes, le mandat est donc strictement encadré afin de préserver le caractère
essentiel du droit de vote, et plus précisément la liberté de vote. Il doit être
spécial, personnel et, de par les documents communiqués à l’actionnaire, il est
donné en connaissance de cause115. Toutefois, le recours au vote permet aussi de
lutter contre l'absentéisme des actionnaires, et donc de bien contrôler la gestion
sociale.

111
Cass. com. 29 nov. 1994, n° 93-11375
112
C. COUPET, op. cit.
113
C. COUPET, idem
114
C. COUPET, ibidem
115
C. COUPET, ibidem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

SECONDE PARTIE : Les approches de solutionsà


l’absentéisme des actionnaires minoritaires dans la SA
pour un meilleur exercice du droit de vote
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

SECONDE PARTIE : Les approches de solutions à l’absentéisme des


actionnaires minoritaires dans la SA pour un meilleur exercice du droit de
vote

L’usage que les actionnaires font de leurs droits de vote est plus souvent
gouverné par les règlementations de la loi et des statuts. Et ce faisant, ils sont
parfois confrontés à une certaine rigidité de la loi les limitant sur beaucoup
d’aspects et limitant aussi l’exercice régulier de leurs droit de vote.

Pour permettre un meilleur exercice du droit de vote dont dispose les actionnaires
en particulier les minoritaires, l’étude des conditions concourant à la limitation
des mouvements d’actions dont disposent les minoritaires permettrait de lever le
voile sur la situation. Ainsi, des approches de solutions sont à explorer pour parer
à l’inactivité dont fait preuve les actionnaires minoritaires.

Au regard de leurs statuts de "minoritaires",il leur est accordé très peu


d’importance dans la gestion et les prises de décisions au sein de la société. Bien
qu’étant lésé par la situation, ils sont tout autant que les actionnaires majoritaires
responsables de ces évènements ; les uns d’un manque d’investissement dans les
affaires sociales ; les autres d’un manque de cohésion dans la société.

Afin de permettre une durabilité des approches de solutions qui auraient été
élaborées, il conviendrait dans un premier d’analyser les raisons de l’absentéisme
des actionnaires minoritaires lors des prises de décisions (Chapitre1), puis dans
un second temps faire ressortir les intérêts tant qu’ont les actionnaires
minoritaires en faire usage de leurs droits de vote (Chapitre2) ; et tout cela bien
sûr en essayant de trouver une solution pour remédier à cette absence pouvant
nuire aussi bien à la société qu’à ses gestionnaires (les actionnaires).
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Chapitre1 : La prise en considération de


l’absentéisme des actionnaires minoritaires

En principe, l'assemblée des actionnaires est l'organe cardinal du contrôle des


affaires sociales. Mais, cette présentation idyllique est presque démentie par les
faits, quelle que soit la dimension de la société. En effet, la majorité des
actionnaires ne se rend pas aux assemblées.

Ils s'absentent massivement souvent lors des réunions au cours desquelles des
grandes décisions déterminant la vie sociale sont prises. Cet absentéisme
(Section1) est la principale raison de l'insuffisance du contrôle interne collectif,
preuve de l’exercice du droit de vote des actionnaires. Elle représente aussi un
frein à la réalisation de la volonté statutaire de collaboration égalitaire des
associés (Section2).

Section1 : L’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées


générales

L'absentéisme, en droit des sociétés, est le fait pour un actionnaire de ne pas


participer à la vie sociale lors de la prise des grandes décisions en assemblée. Il
est la principale raison de l'insuffisance du contrôle interne collectif car il fait de
l'assemblée d'actionnaires un organe faible. Il est souvent observé au niveau des
actionnaires minoritaires et peut être dû à de nombreuses raisons (Paragraphe1).
Au demeurant, cet absentéisme peut engendrer à la longue des conséquences
fâcheuses pouvant nuire aux intérêts de la société (Paragraphe2).

Paragraphe1 : Les raisons de l’absentéisme des actionnaires minoritaires

Il s'agit de l’un des phénomènes qui détourne les actionnaires de l'exercice


effectif de leurs attributions à savoir le contrôle de l'activité sociale. Cette
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

situation trouve sa source dans diverses raisons dont les unes sont dues à la
convocation des assemblées générales ordinaires (A), les autres liées aux
assemblées extraordinaires (B).

A- Les raisons de l’absentéisme des actionnaires minoritaires aux


assemblées ordinaires

Plusieurs difficultés empêchent les actionnaires d’être présents aux assemblées


ordinaires. Elles peuvent être d’origine matérielle comme psychologique. La
première cause matérielle tient à la difficulté d'avertir les actionnaires de la tenue
des assemblées. Les titulaires de titres nominatifs sont connus et seront, par
conséquent, avisés par lettre. Mais parfois, la très grande majorité des titres sont
au porteur, obligeant ainsi les sociétés soit à s'adresser aux banques pour obtenir
le nom et l'adresse de leurs clients qui ont déposé des actions chez elles afin
deleur envoyer une convocation, soit à des insertions dans un journal d'annonces
légales ou même dans la presse d'information, deux moyens qui donnent de
piètres résultats116. Aussi, les actionnaires vivent rarement du seul revenu de leurs
titres et ont, en conséquence, une activité professionnelle qui ne leur laisse
généralement pas le temps nécessaire pour assister aux assemblées, d'autant plus
que ces réunions se tiennent d'habitude à des endroits éloignés, ce qui accroît les
frais de déplacement. « De surcroît, l'accès à une assemblée est subordonné à la
présentation d'une carte d'entrée. Son obtention, aisée pour les propriétaires de
titres nominatifs qui n'ont qu'à faire la demande auprès de la société, ne l'est pas
pour les titulaires de titres au porteur qui sont assujettis à une procédure plus
lourde : ils doivent, en effet, joindre à leur demande une attestation émanant d'un
organisme bancaire certifiant qu'ils ont bien des titres en dépôt, attestation qui
entraîne la perception d'une redevance proportionnelle au nombre d'actions »117 .
Il convient aussi de constater que la plupart de ces réunions n’ont pas lieu à des
périodes de l’année pouvant assurer la disponibilité de tous. Au niveau
psychologique, retenons que l'un des éléments du contrat de société est la volonté

116
H.CHASSERY, Les attributions du conseil de surveillance, RTDcom 1976, p. 451.
117
H. CHASSERY, idem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

d'entreprendre en commun. Or, les grandes sociétés ne sont principalement


composées que d’épargnants qui ont vu dans l'achat de quelques actions un
moyen de placer leurs économies et de bénéficier ainsi de ressources
supplémentaires et, des financiers qui ont seulement l'intention de spéculer sur
les différences de cours et ne sont donc actionnaires que pour un temps limité, le
plus bref possible118.

Elles ne se sentent donc pas concernées par l’objet social. D'ailleurs, les
actionnaires ne détiennent, très souvent, qu'un faible nombre de voix et sentent
bien que leur vote dans un sens ou dans l'autre n'aura pas de grande influence sur
la décision finalement prise. C'est ce qu'a pu observer le professeur Y. GUYON
lorsqu'il affirme que « les actionnaires ne se sentent guère impliqués par la
marche de la société, car ils ne disposent individuellement que d'un nombre de
voix insuffisant pour influencer le vote »119. Certes, ils pourraient se réunir pour
former un groupe puissant dans l'optique de faire entendre leur voix,
malheureusement il convient de remarquer que ces derniers ne se connaissent
pas. Ils ont ainsi un sentiment de faiblesse ou sont conscients de leur incapacité.
Ce qui explique leur faible présence aux assemblées et conduit la doctrine à les
traiter de « fantômes »120. Bien qu’on pourrait assimiler l’absence des
actionnaires minoritaires aux assemblées générales ordinaires à celles
extraordinaires ; il ressort de notre étude que ces raisons sont toutes autres.

B- Les raisons de l’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées


extraordinaires

Les raisons de l’absence des actionnaires aux assemblées extraordinaires, repose


principalement sur l’asymétrie de l’information. En effet, les assemblées
extraordinaires sont des cas spéciaux de réunion des actionnaires pour discuter de
sujet important touchant la vie sociale de la société. Ce genre de réunion n’étant
pas fixé à l’avance, il se pose un problème de diffusion de l’information au
118
H. CHASSERY, ibidem
119
Yves GUYON, Droit des Affaires, Droit Commercial Général et Sociétés, Tome 1, 12eme éd.,
Economica, Paris, 2003, n° 289, p. 291
120
J. ALBAS, op. cit
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

niveau des actionnaires, principalement les minoritaires, du fait de leurs faibles


implications dans la gestion de la société. L'information dans la SA est quérable ;
et lorsqu’elle est quérable, une difficulté relative au lieu où l'actionnaire doit aller
la chercher se pose. Doit- il chercher l'information au siège social ou au lieu de la
direction administrative ? Ou encore l'actionnaire doit-il aller à la fois au siège
social et à la direction administrative ?En effet, le dépôt des documents en un
seul lieu - au siège social ou à la direction administrative comporte des risques
limités à condition, toutefois, qu'il ne soit pas de nature à interdire pratiquement
l'exercice du droit d'information de n'importe quel actionnaire du fait de la
situation géographique121. En outre, la dualité du lieu de consultation des
documents peut soulever des difficultés lorsque la direction administrative est
géographiquement distincte du siège social. Cela contraint ainsi la société à les
établir en double exemplaire et entraîne des frais lourds pour celle-ci122. Il paraît
aussi difficile d'exiger de l'actionnaire qu'il se transporte fréquemment au siège
social pour procéder aux vérifications des documents lorsque ce siège est situé
dans différents pays. Celui-ci ne se déplacera pas à cause des frais inhérents qui
seraient plus élevés que les dividendes qu'il recevra123.

De plus, l'actionnaire, dans la plupart des cas, fait preuve d'une certaine
désaffectation à l'égard de la vie sociale. A cet effet, le professeur A. TUNC écrit
que « l'actionnaire, qui ne va pas à l'assemblée générale, se dérange encore bien
moins pour aller au siège social »124. Par ailleurs, plusieurs difficultés
d'information auxquelles est confronté l'actionnaire naissent du fait que
l'information est portable. En effet, cette information pose quelques problèmes.
D'un côté, le premier problème est relatif à son imperfection car, l'information
peut être quelque peu imprécise en raison d'erreurs de saisies, d'omissions ou de
contrôles insuffisants. De l'autre, l'une de ses principales difficultés réside dans
sa parcellisation. Elle n'est pas pondérée. Aussi, convient-il de préciser que

121
J. ALBAS, op. cit
122
J. ALBAS, idem
123
J. ALBAS, ibidem
124
Colloque du centre de recherche sur le droit des affaires (CREDA) de la chambre de commerce et
er
d'industrie, 1 Mars 1994, JCP E, 1994, p. 426.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

l'excès d'information n'est pas à écarter car elle tue l'information quand l'essentiel
est noyé sous un flot de renseignements sans intérêt125. C'est ce que les médias
appellent la désinformation, et la désinformation juridique est certainement tout
aussi redoutable que la désinformation par voie de presse ou de la télévision 126.
Plus encore, l'information livrée aux actionnaires est synonyme de contrainte et
de frais. La doctrine souhaite donc que « les dividendes ne soient pas trop
entamés par les frais d'information »127 car l'objectif premier d'une société est de
partager des bénéfices et non pas de diffuser l'information. Même les dirigeants
sont parfois hostiles à l'exercice du droit à l'information par les actionnaires.
Cette attitude peut se justifier par le fait qu'ils craignent certaines indiscrétions
émanant des concurrents qui achèteraient simplement quelques actions pour se
renseigner à bon compte128. L'information met ainsi en conflit l'intérêt de
l'actionnaire censé disposer d'informations précises pour mieux apprécier la
gestion de la société ; et celui de la société qui tend à éviter que les concurrents
ne s'emparent d'informations pouvant nuire à celle-ci129. C'est ce qu'a pu observer
M. C. BONNET : « Dans le monde hostile de la concurrence, il importe de
pouvoir se situer par rapport aux autres concurrents et à cette fin, tout
renseignement peut être utilisé pour apprécier la fermeté ou la faiblesse des
positions adverses »130. Bien que ces raisons soit excusables pour les actionnaires
minoritaires, il n’en est pas moins qu’elles ont de fâcheuses conséquences aussi
bien sur la société que sur eux.

Paragraphe2: Les conséquences de l’absentéisme des actionnaires


minoritaires

Les conséquences de l'absentéisme des actionnaires aux assemblées sont de deux


ordres. Il s'agit d'une part de l'effacement de l'assemblée d'actionnaires en tant

125
J. ALBAS, ibidem
126
Colloque du centre de recherche sur le droit des affaires (CREDA) de la chambre de commerce et
d'industrie, ibid., p. 426.
127
M.D. Gabare-Leibler, La remise en cause de l'information du public et des actionnaires aux Etats-Unis,
Thèse en droit, Paris, 1,1984 cité par Yves GUYON, ibid., p. 299
128
J. ALBAS, op. cit
129
J. ALBAS, idem
130
C. BONNET, Le secret dans la vie économique, Thèse, Paris, 1970cité par G .J. VIRASSIMY, p. 184
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

qu'organe de contrôle (A) et d'autre part, de la confiscation des pouvoirs de


l’assemblée par l’organe d’administration en place (B).

A- L’effacement de l’assemblée d’actionnaire en tant qu’organe de contrôle

L'effacement de l'assemblée peut entraîner la confiscation de son pouvoir par


l’organe d'administration en place. Cet effacement est la conséquence majeure de
l'absentéisme des actionnaires aux réunions et la cause d'un transfert des pouvoirs
de l'assemblée d'actionnaires aux mains des dirigeants. Cette assemblée ne joue
plus son rôle traditionnel qui consiste à contrôler la gestion des affaires sociales.
La plupart de ses prérogatives lui sont partiellement retirées. Cet état de fait
inverse le modèle du pouvoir étant donné que ce sont les dirigeants qui prennent
les décisions touchant la substance de la société131. Ces propos sont renchéris par
le professeur A. TUNC qui estime que « l'assemblée générale est aujourd'hui,
dans la plupart des sociétés, et notamment dans toutes les grandes sociétés,
l'organe le plus inefficace »132.

L'effacement de l'assembléed'actionnaires en tant que véritable organe de


contrôle a attiré l'attention de la jurisprudence.

Il a été mis en lumière dans un arrêt de la cour d'appel de Paris rendu le 9 janvier
1942 dans l'affaire du Bon Marché133.Les faits se résument de la façon suivante :
le conseiller financier, publicitaire et commercial de cette entreprise et le
président de son conseil d'administration ont pu, grâce à l'inertie prolongée des
autres administrateurs et aux mandats qu'ils recevaient en blanc des actionnaires,
jouir d'une entière maîtrise sur la marche et la vie de la société. En deux ans,
alors que la société réalisait normalement un bénéfice de 40 millions, ils lui firent
subir une perte de 168 millions ; après avoir obtenu 500 millions de l'épargne
publique et mobilisé 430 millions de réserves, ils durent déposer son bilan. Sans
décrire tous leurs agissements, on peut relever qu'ils achetèrent des meubles
fabriqués par le conseiller financier pour un montant de 52 millions et les

131
J. ALBAS, op. cit
132
André TUNC, « L'effacement des organes légaux de la société anonyme », D. 1952, p. 74.
133
Paris, 9 janvier 1942, D. 1952, p383.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

revendirent avec une perte de 27 millions, à laquelle s'ajoutent notamment les


dépenses de publicité et le financement à concurrence de 34 millions, d'une
société chargée d'écouler ces meubles ; qu'ils achetèrent des chaussures,
fabriquées par une société ou le conseiller financier était directeur adjoint et le
président du conseil, administrateur, et les revendirent avec une perte de 18
millions ; qu'ils donnèrent, à concurrence de 50 millions, la garantie du Bon
Marché à une société qui, à partir d'une certaine date, fonctionna essentiellement
au profit des fabriques de meubles et de chaussures dans lesquelles était intéressé
le conseiller financier ; puis que, sans aucune autorisation, ils vendirent 50
millions du portefeuille du Bon Marché pour honorer leur signature ; qu'enfin,
sans que le conseil d'administration ne soit au courant de ces manœuvres, ils
installèrent dans les locaux du Bon Marché une société à responsabilité limitée
formée entre l'ami du conseiller financier et une société dont il était président
directeur général, et y engagèrent plus de 200 millions pour les résultats toujours
déficitaires. En rémunération de cette activité, ils se firent remettre un Bon
Marché, l'un de 22 millions et l'autre de 17 millions, cette rémunération étant
calculée sur le chiffre d'affaires.Plusieurs enseignements sont à tirer de cet arrêt.
En l'espèce, deux hommes ont ignoré la loi.

Autrement dit, ils ont agi sans que leurs collègues du conseil d'administration, les
commissaires aux comptes et surtout les actionnaires ne se soient rendus compte
de la gestion catastrophique des affaires sociales. Par conséquent, cet arrêt
confirme l'effacement de l'assemblée d'actionnaires comme organe de contrôle de
l'activité sociale. Cette situation entraîne ainsi la confiscation de ses pouvoirs par
la direction.

B- La confiscation du pouvoir de l’assemblée d’actionnaire par l’organe


d’administration en place

La confiscation du pouvoir de l'assemblée d'actionnaires par l’organe


d'administration en place, est le résultat de l'absentéisme parfois excessif des
actionnaires minoritaires aux assemblées. En effet, malgré une amélioration de la
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

politique d'information organisée en leur faveur, ces derniers ne participent pas


de façon active à la vie sociale comme le voudrait l'affectio societatis. Ils ne se
sentent pas réellement impliqués dans la marche des affaires sociales et n'ont pas
une bonne mentalité d'associés. Cette confiscation des pouvoirs s'effectue
fréquemment par le truchement des pouvoirs en blanc dont bénéficient les
dirigeants sociaux134.Dans les grandes sociétés, l'actionnaire qui ne peut ou ne
veut assister à l'assemblée et ne connaît pas parfois d'autre actionnaire à qui
donner procuration sont les plus concernés. C'est pourquoi les sociétés
demandent aux banques d'adresser à leurs clients, moyennant commissions, une
formule de procuration, signée par l'actionnaire et renvoyée sans indication de
nom de mandataire : c'est la pratique des pouvoirs en blanc ou mandats en
blanc135.

Elle peut entraîner des abus car elle renforce les pouvoirs des dirigeants qui vont
utiliser les voix des dizaines ou milliers d'actionnaires qui se désintéressent de la
vie sociale. Elle est un mode d'accaparement des voix par l’organe
d'administration et rend illusoire l'omnipotence de l'assemblée d'actionnaires.
Autrement dit, le pouvoir de l'assemblée est normalement confisqué par la
direction grâce aux mandats qu'elle reçoit et les dirigeants « sont en mesure de
conduire la société aussi aisément que le ferait un entrepreneur individuel dans
son entreprise »136.Dès lors, c'est la direction qui fait la majorité aux assemblées
d'actionnaires, et le contrôle capitaliste ne s'exerce plus véritablement 137. Le
pouvoir est exercé sans partage par les dirigeants qui s'appuient sur une fraction
relativement élevée du capital pour diriger la société. A cet effet, comme
l'écrivait M. Louis LOSS en 1961 : « Sans règlementation, le mandat est une

134
J. ALBAS, op. cit
135 m
Philippe MERLE, Droit commercial, Sociétés commerciales, 12e e éd., Précis Dalloz, Paris, 2008, n°
470, p. 563
136 eme
Maurice COZIAN, Alain VIANDIER, Florence DEBOISSY, Droit des sociétés, 17 éd., LITEC, Paris, 2004,
n° 631, p. 289
137
V. I. RENAUDIE, La distinction des prérogatives financiers et de gouvernement des sociétés, Thèse de
Doctorat en Droit, Paris X, 1988 cité par Paul LE CANNU, ibid., p. 334.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

invitation ouverte à l'autoperpétuation et à l'irresponsabilité de la direction »138 et


M. D. E. MANGUELLE a justement relevé que « prenez n'importe lequel d'entre
nous, donnez-lui une parcelle de pouvoir et il deviendra suffisant, arrogant,
intolérant, jaloux de ses prérogatives qui ne souffrent d'aucune délégation »139.En
pratique, ces pouvoirs sont utilisés par le président qui les répartit entre les
actionnaires présents qui lui sont fidèles ; ce qui assure la stabilité de son
pouvoir, parfois même de manière abusive, en particulier en cas d'appel public à
l'épargne140. Ainsi l'assemblée se trouve en marge de la gestion sociale.
D'ailleurs, les pouvoirs en blanc remis aux dirigeants sociaux qui les utilisent à
leur guise pour orienter les décisions de l'assemblée en leur faveur expliquent un
chevauchement dans les compétences de ces deux organes141. Grâce à ces
pouvoirs, les dirigeants de la société deviennent « maîtres des assemblées »142,
car ils obtiennent plus facilement le quorum.

De plus, cela leur permet d'éviter les frais et retard d'une seconde convocation143.
Cet état des lieux consacre le déclin de l'assemblée d'actionnaires et remet en
cause la théorie contractuelle de la société144. Au final, il ne reste qu’une
démocratie théorique de la société anonyme ; qui ne pourrait être sauvée que par
la manifestation de l’affectio societatis des actionnaires minoritaires.

Section2: La volonté statutaire de collaboration égalitaire des associés

La création et la gestion d’une société requiert la présence d’une volonté de


collaboration dans l’intérêt de la société. Et pour ce faire, il faut la présence d’un
affectio societatis, un élément de collaboration inclusive (A), sans quoi les

138
Louis LOSS cité par André TUNC, Le droit américain des sociétés anonymes, Economica, Coll. Etudes
Juridiques Comparatives, Paris, 1985, n° 191
139
Daniel Etounga MANGUELLE, « L'Afrique a-t-elle besoin d'un ajustement culturel ? » Editions
Nouvelles du Sud, 1991 cité par Yacouba AGNINA, op.cit., p. 92
140 eme
Dominique VIDAL, Manuel droit des sociétés, 5 éd., LGDJ, Paris, 2006, n°1146, p. 549.
141
J. ALBAS, op. cit
142
Camille JAUFFRET-SPINOSI, « Les assemblées générales d'actionnaires dans les sociétés anonymes,
réalité ou fiction? (Etudes comparatives) » Etudes offertes a René RODIERE, Dalloz 1981, p. 128.
143
Philippe MERLE, ibid., n° 481, p. 575.
144
J. ALBAS,idem
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

conséquences sur la vie sociale (B) pourraient être handicapantes pour la bonne
marche de la société.

Paragraphe1: L’affectio societatis un élément de collaboration inclusive

Pour appréhender la notion d’affectio societatis, il serait aisé de parler du


principe de l’affectio societatis (A) et de son critère de collaboration non
discriminatoire dans la S.A (B).

A- Le principe de l’affectio societatis

Le contrat de société implique la constitution d’éléments préalable nécessaire à


sa validation. L’article 1832 du code civil en énumère deux (02) dont les apports
et la vocation de chacun à participer aux résultats ; bien qu’il y en ait un autre.Ce
texte suppose implicitement une entreprise commune qui cache un 3 ème élément
constitutif : l’affectio societatis. C’est quelque chose de particulier. La loi le
sous-entend mais c’est la jurisprudence et la doctrine qui ont dégagé cette idée et
le législateur en a plus ou moins pris compte.

Les associés doivent se comporter comme tel, ils doivent avoir des rapports de
partenaires ce qui exclut en quelque sorte un lien de subordination, mais implique
de collaborer sur un pied d’égalité.

La loi n'en parle pas expressément, même sous forme de périphrases. Tout au
plus il y a des formules qui renvoient à cette idée : on parle d'entreprise commune
entre les associés, l'intérêt commun des associés (art 1833 code civil). De même,
en se référant à l’art 4 de l’AUDSCGIE, la société commerciale est créée par
deux (02) ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une
activité des biens en nature et en numéraire ou en industrie dans le but de
partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui peut en résulter. La notion
d’affectio societatis est donc la volonté de chaque associé de collaborer
ensemble. Cette notion a été dégagée par la jurisprudence et la doctrine.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Elle correspond donc à toutes les attitudes des associés, même à celles de ceux
qui ne font que des placements ou veulent en faire. Cela converge vers un état
d'esprit particulier : l'état d'esprit d'associé. C'est l'intention de collaborer à une
œuvre commune sur un pied d'égalité ; sans discrimination. On est en présence
de partenaires.

B- L’affectio societatis un critère de collaboration non discriminatoire dans


la S.A

L’exercice du droit de vote au sein des assemblées générales n’est autre qu’une
manifestation de l’affectio societatis de l’actionnaire, en ce sens que l’actionnaire
remplit là un devoir moralcontracté à l’égard de la société145.Il est tout aussi
facile que difficile de faire appel à cette notion « d’affectio societatis», carmalgré
les nombreux efforts de la doctrine pour en définir les contours, cette notion est
encore ettoujours imprégnée d’incertitude146. Mais si l’utilité de cette notion est
toujours contestée, iln’empêche que certains auteurs y voient un élément
essentiel du contrat de société147. D’autres laconsidèrent comme étant un élément
distinctif de toute société, traduisant « l’esprit decollaboration et d’égalité qui
doit régner entre les associés »148.L’affectio societatis dès la création de la société
fait partie des principales dispositions statutaires ; ce qui faitnaitre par la même
occasion des droits au profit des associés : tous ceux qui tendent à garantiraux
associés de participer activement et efficacement à l’élaboration des décisions
prises enassemblée149. L’affectio societatis suppose la volonté de collaborer de
manière égalitaire et dans l’intérêt commun. La préservation de cette
communauté d’intérêt justifie l’interdiction des clauses léonines, l’attribution aux
associés de droits de même nature et donc l’absence de lien de subordination
ainsi que la sanction des abus de majorité150. C’est donc un certain état d’esprit

145
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p41
146
R. van den DRIESSCHE, idem, p41
147
P. MERLE, Sociétés commerciales, Paris, Dalloz, 2014, p60.
148
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p41
149
R. van den DRIESSCHE, idem, p41
150
M. NJANDEU, l’appréhension de l’affectio societatis, wolterskluwer. Disponible sur
https://webservices.wkf.fr/editorial/medias/images/actu-42578
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

qui est imposé par l’affectio societatis, unevolonté de jouer loyalement les règles
du jeu social151.

Elle implique donc la manifestation active à la gestion de la société pour son bon
déroulement.

Paragraphe2: Les conséquences de l’absence d’affectio societatis dans la vie


sociale

L’affectio societatis qui représente la volonté qu’ont les actionnaires de travailler


ensemble à la bonne marche des affaires sociales, peut avoir des effets négatifs
sur le fonctionnement de la Société Anonyme (A) et sur les actionnaires (B)
lorsqu’elle vient à manquer.

A- Les effets de l’absence d’affectio societatis sur le fonctionnement de la SA

L’appréciation de l’absence d’affectio societatisse fait à travers plusieurs


éléments dont le caractère douteux des apports,l’absence d’investissement dans
la vie sociale et la conclusion d’uncontrat de cession de parts en blanc. Dans ce
cas précis, notre étude se basera sur l’absence d’investissement des actionnaires
dans la vie sociale. En effet, l’absence des actionnaires aux activitésde la société,
traduit bien un manque d’affectiosocietatis en ce sens que l’affectio societatis est
la manifestation du désir de collaboration qu’on les associés d’une société.
L’affectio societatis est un élément constitutif de validité essentiel d’une société.
Et dans ce cas précis, son absence est assimilable à un défaut de validité de la SA
et une source autonome de nullité d’une société. Bien que dans une SA, le
nombre d’associés détenant des parts soient gigantesque et qu’on trouve absurde
de déclarer la société nulle dans sa constitution (même si les actionnaires en
cause n’ont intégré la société qu’en cours de route) il est utile d’en faire mention
car devant un juge, les dispositions relatives à l’affectio societatis ne sont pas à
considérés à la demi-mesure, et cela peut fortement peser dans la balance. Par
ailleurs, les effets de l’absence d’affectio societatis sur le fonctionnement de la
société, ne porte pas uniquement sur la sanction de nullité de la société ; elle peut
151
P. LEDOUX, op. cit., p97
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

aussi porter sur le crédit de cette dernière et justifier l’absence des actionnaires
(en particulier les minoritaires) aux assemblées générales mettant ainsi en péril la
bonne marche des affaires sociales.

En droit des sociétés, il faut entendre par crédit la « renommée commerciale de la


société qui résulte de la bonne marche de l'entreprise, de l'importance de ses
capitaux et de son chiffre d'affaires »152. En effet, lorsque une action en nullité
sera lancée, cela provoquera des rumeurs sur la non fiabilité de la société et par la
même occasion la réticence de certaines souscripteurs à investir dans la société ;
de même que le départ précipité d’actionnaires dans la société. Partant de là, on
pourrait aussi se demander quels sont les effets de l’absence d’affectio societatis
sur les actionnaires et principalement sur les actionnaires minoritaires.

B- Les effets de l’absence d’affectio societatis sur les actionnaires

Les actionnaires, en particuliers les minoritaires qui n’ont intégré la société


anonyme qu’après sa constitution ne prennent pas en compte le besoin de
présence d’un affectio societatis de leurs parts pour être membres de la SA ; seul
la fructification de leurs patrimoine investi leurs importe ; ce qui est
déplorable.L’absence d’affectio societatis de la part des actionnaires peut
conduire à une passivité de leurs parts dans les actes de gestion de la société ainsi
qu’à un désintérêt de la marche des affaires sociales. La passivité à ce niveau
s’entend de l’état de l’actionnaire qui subit les décisions des autres actionnaires
(sans donner son avis), principalement les majoritaires généralement présents aux
assemblées générales et représentant plus la notion d’affectio societatis. Le
désintérêt des actionnaires de la marche sociale se manifeste par la perte de
l'intérêt qu'ils éprouvent à l'égard de la vie sociale.Normalement, les actionnaires
doivent porter une attention particulière à l'évolution des affaires sociales puisque
ce sont eux qui ont fait des apports de diverses natures pour la création de la
société. Ils doivent vérifier la destination de leur argent mais ils n’en font rien.
Tout cela est un signe manifeste d’un manque de volonté de collaboration avec
152
J. MESTRE et C. SEBASTIEN-BLANCHARD, Lamy Sociétés Commerciales, éd. Lamy SA, Paris, 2001, p.
306
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

les autres associés. Cependant, le manque d’affectio societatis de la part des


actionnaires peut conduire à leurs exclusions de la société dans le but de
préserver la pérennité de la société.

L’exclusion d’un associé s’apparente donc à un remède auquel il est recouru dans
le but d’éviter l’anéantissement de la société153.

Alors la façon la plus simple pour les actionnaires d’éviter ce genre de situation
s’exprime par l’exercice de leurs droits de vote aux cours des assemblées
générales. Quels seraient donc les intérêtsliés à l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la SA ?

153
J.F. GOFFIN, Les actions en cession et en reprise forcée : Premiers pas jurisprudentiels, J.T.,1998,
p324
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

Chapitre2: Les intérêts liés à l’exercice du droit


de vote par les actionnaires minoritaires dans
une SA.

Le droit de vote est généralement considéré comme une prérogative accordée à


l’actionnaire détenteur d’un titre de propriété dans la société et lui permettant de
veiller à la protection de son patrimoine. Cependant, il n’y a pas que cet aspect
qui soit liés à l’exercice du droit de vote. L’exercice du droit de vote par les
actionnaires en particuliers les minoritaires regorge de plusieurs intérêts dont des
intérêts socioéconomiques (Section1) et des intérêts juridiques (Section2).

Section1: Les intérêts socioéconomiques de l’exercice du droit de vote par les


actionnaires minoritaires dans la SA.

L’actionnaire minoritaire n’ayant pas d’emprise sur la gestion de la société, son


vote à l’assemblée estpour lui le seul moyen de se prononcer sur la politique
suivie par les administrateurs; dont l’intérêt économique de lié à l’exercice de
son droit de vote (Paragraphe1). De plus,outre le fait que le vote assure le
fonctionnement de la société par le biais des délibérations del’assemblée
générale, il permet également à l’actionnaire d’influencer la « direction
impriméeaux affaires sociales»154 ; d’où l’intérêt social lié à l’exercice du droit
de vote par les actionnaires minoritaires (Paragraphe2).

Paragraphe1: Les intérêts économiques de l’exercice du droit de vote par


les actionnaires minoritaires dans la SA.

On reconnaît une nature duale au droit de vote ; un droit fonction (A) et une
prérogative politique (B).

154
F. T’KINT, « Le droit de vote et les différentes catégories de titres », Contrôle, stabilité, et structure de
l’actionnariat, Collection de la Conférence du Jeune Barreau de Bruxelles, Bruxelles, Larcier, 2009, p.58.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

A- Un droit fonction

On entend par droit fonction le fait que par son vote, l’actionnaire participe à la
gestion de la société car il contribue à la définition de sa politique, mais il
préserve et promeut également sespropres intérêts au sein de la société 155.Une
partie de la doctrine considère le droit de vote des actionnaires au sein de
l’assembléegénérale comme étant un « droit-fonction »156. Il y a des discussions
sur la question de savoir sile droit de vote dans les sociétés est ou non un « droit-
fonction », mais comment concevoir qu’unpareil droit soit concédé pour servir
l’actionnaire, et non pour servir la société157. L’étatd’appartenance à un groupe
entraine des droits, mais également des obligations, notammentcelles d’agir pour
le bien du groupe et non à l’encontre de ce bien, même si l’intérêt personnel
del’actionnaire doit parfois en souffrir158.Selon P. Coppens, ce caractère de «
droit-fonction » peut se justifier de deux manières159:

- La première se base sur le fait que la volonté de la majorité étant présumée être
celle de lasociété, une fraction des actionnaires peut imposer sa volonté à
l’ensemble de ceux-ci, etexercer donc de cette façon son pouvoir sur le
patrimoine d’autrui.

- La seconde justification se base sur une approche contractuelle de la société:


dans la mesure oùl’article 1134, alinéa 3, du Code civil impose que les contrats
soient exécutés de bonne foi,l’exercice du droit de vote au détriment des autres
actionnaires de la société serait parconséquent contraire à la bonne foi. Il en
découle qu’au moment de conclure le contrat desociété, chaque actionnaire
n’accepterait de soumettre la direction de son apport à la volontécommune,
déduite de l’expression majoritaire, qu’à la condition que cette volonté s’efforce
depoursuivre l’intérêt commun160. Selon X. Dieux, le caractère mixte du droit de

155
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p15
156
L. SIMONT, « Réflexion sur l’abus de minorité », Liber Amicorum Jan Ronse, Bruxelles, Story-Scientia,
1986, p322, n°14.
157
J. DABIN, Le droit subjectif, Paris, Dalloz, 1952, p224-225
158
J. DABIN, idem, p224-225.
159
P. COPPENS, L’abus de majorité dans les sociétés anonymes, Leuven, Fonteyn, 1947, p81-86.
160
P. COPPENS, idem, p81-86.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

vote est artificiel, non seulement parce qu’un votefavorable à l’intérêt de


l’actionnaire et en même temps à celui de la société serait irréalisable,mais aussi
parce que le conseil d’administration, dans son obligation de ne poursuivre que
l’intérêt social, aurait à rendre compte de sa gestion devant un organe pouvant
apprécier à posteriori cette gestion sur la base de critères différents161. Les
administrateurs, en tant que gestionnaires de la société, ont des droits-fonctions
qu’ils doivent exercer exclusivement dans l’intérêt social de la société, tandis que
la nature duale du droit de vote de l’actionnaire est conforme à la réalité des
choses162. L’actionnaire devra établir une sorte de balance entre ses intérêts et
ceux de la société, sous réserve d’un contrôle a posteriori par le juge163.Les
auteurs pour lesquels le droit de vote de l’actionnaire est une prérogative
purement « égoïste » considèrent que l’utilité de ce droit est de permettre de faire
fructifier le patrimoine propre apporté par l’actionnaire dans la société164. Quelle
est donc réellement l’utilité relevant de la prérogative qu’est le droit de vote (B) ?

B- Une prérogative politique

Le droit de vote est une prérogative essentielle de l’actionnaire en ce qu’il permet


à ce dernier de gérer, de protéger et de faire fructifier la partie de son patrimoine
investie dans la société, en surveillant et en orientant son utilisation. En effet, en
apportant en société une partie de ses avoirs, l’actionnaire n’est assurément pas
inspiré par des mobiles philanthropiques165.Cependant, dans la mesure où la
rétribution de son apport dépend de l’usage qui en est fait par la société, il parait
légitime que l’actionnaire veille lui-même, par l’exercice de son droit de vote
ausein de l’assemblée générale, à la défense de ses intérêts patrimoniaux166.
Selon certains auteurs, seul le droit de vote des actionnaires majoritaires aurait un

161
X. DIEUX, « Nouvelles observations sur l’abus de majorité ou de minorité dans les personnes morales
fonctionnant selon le principe majoritaire », R.G.D.C., 1998, p19.
162
Y. DE CORDT, « Le droit de vote », Le statut des actionnaires (S.A., S.P.R.L., S.C.) - questions spéciales,
Commission Université-Palais Université de Liège, Bruxelles, Larcier, 2006, p85.
163
Y. DE CORDT, idem, p85.
164
Y. DE CORDT, ibidem, p86.
165
Y. DE CORDT, ibidem, p86.
166
Y. DE CORDT, ibidem, p86.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

caractère mixte en raison de leur position de pouvoir, tandis que celui des
minoritairesconstituerait exclusivement une prérogative167.

Une telle affirmation n’est cependant pas juridiquement fondé car, le vote des
minoritaires, tout comme celui des majoritaires, contribue à la prise de décision
de la société168. On ne peut pas dire d’une voix qui, aposteriori, s’avère avoir
exprimé l’opinion minoritaire, qu’elle n’a pas contribué à la prise dedécision, car
toutes les voix sont utiles169.Cependant, s’interroger sur l’utilité du vote des
actionnaires minoritaires n’est pas dénué de sens,car ces actionnaires peuvent
être considérés comme ceux qui n’exercent pas le pouvoir degestion, et donc
comme de simples investisseurs170.Cependant, il est opportun de continuer à
considérer le droit de vote comme un droit qui revêtune nature duale 171. Il est à la
fois une « prérogative » essentielle de l’actionnaire, et un droit fonction. La
jurisprudence s’est ralliée à cette doctrine majoritaire, et, admettant que la
recherche d’unintérêt personnel puisse motiver le vote de l’actionnaire, elle
limite l’étendue de son contrôle surla légitimité des décisions prises par
l’assemblée générale172. Ce double aspect apparaitconstamment dans les règles
sanctionnant l’exercice du droit de vote par son titulaire173.L’assemblée générale
n’ayant que des compétences restreintes, et compte tenu du but lucratif dela
société anonyme, l’objet de la plupart des décisions indique qu’elles peuvent
légitimement êtreprises de manière « égoïste » par la majorité des actionnaires
dont l’intérêt patrimonial seconfond avec celui de la société174. Ce n'est que si les
circonstances font apparaitre que le moyenchoisi est hors de proportion par
rapport au but poursuivi ou s’il est manifestement inadéquat etdéraisonnable,

167
E. WYMEERSCH, « Rapport à la journée d’hommage de la Faculté de droit de l’U.C.L. à C. Coppens, le
11
décembre 1985 », J.T., 1986, p28-29.
168
Y. DE CORDT, op. cit., p86.
169
Y. DE CORDT, idem, p86.
170
B. JACQUILLAT, I. HACHETTE, « Modes d’actionnariat et marché du contrôle: une comparaison
internationale », R.I.D.E., 1990, p266.
171
J. MALHERBE, Y. DE CORDT, et al., Droit des société, Bruxelles, Bruylant, 2004, p644.
172
Comm. Bruxelles (12e Chambre), 22 juin 1992, T.R.V., 1993, p93.
173
Y. DE CORDT, op. cit., p88.
174
R. van den DRIESSCHE, op.cit., p34
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

qu’un abus du droit de vote peut être admis175. Bien que l’intérêt de l’exercice du
droit de vote des actionnaires soit généralement considéré comme économique, il
existe aussi des intérêts sociaux liés à l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires.

Paragraphe2: Les intérêts sociaux de l’exercice du droit de vote par les


actionnaires minoritaires dans la SA.

Les intérêts sociaux liés à l’exercice du droit de vote par les actionnaires
minoritaires sont de deux ordres : empêcher l’appropriation de la société par les
actionnaires majoritaires (A) et la prise des décisions à risques financiers sans
consentement général (B).

A- L’empêchement d’appropriation de la société par les actionnaires


majoritaires

Les actionnaires majoritaires dans la SA sont considérés comme les personnes


détenant les plus grandes parts en termes d’actions dans la société. L’exercice du
droit de vote comme dit plus haut est un droit fonction car il permet une
meilleure gestion des affaires sociales. En effet, l’exercice du droit de vote qui
représente un acte de gestion dans la société permet aux actionnaires d’avoir
leurs mots à dire dans les affaires sociales et empêche aussi les actionnaires
majoritaires d’avoir le monopole du contrôle sur la société car oui ; les
actionnaires majoritaires de par le grand nombre d’actions qu’ils détiennent
influencent fortement les décisions prises lors des assemblées générales du fait de
la minimisation de la quantité d’action que détienne les actionnaires
minoritaires ; et qui du fait d’un manque de coopération entre ces derniers ne
pèse pas lourd dans la balance. L’exercice du droit de vote dont disposent les
minoritaires peut jouer un rôle important lors de la prise de décisions nécessitant
un suffrage à la majorité des voix et qui sans l’accord des minoritaires ne pourra
se faire. Par ailleurs, l’absentéisme des actionnaires minoritaires aux assemblées
générales joue pour beaucoup dans le monopole de gestion des actionnaires

175
Y. DE CORDT, op. cit., p88.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

majoritaires sur la société sans oublier leurs passivités à ces réunions ainsi que
les retards de réception des convocations aux assemblées par les actionnaires
minoritaires. Tous ces éléments occultés pourraient permettre d’empêcher
l’appropriation de la société par les actionnaires majoritaires et la prise de
décisions à risques financiers (B) grâce à l’exercice du droit de vote dont dispose
les actionnaires minoritaires.

B- L’empêchement de prise des décisions à risques financiers sans


consentement général

Au cours des assemblées générales, plusieurs mécanismes entrent en jeu dans la


prise des décisions concernant les affaires sociales. Ainsi donc, le consentement
de tous les actionnaires détenteurs de titres de propriété sur la société est
nécessité. Et pour ce faire, il faut procéder au vote afin de connaître la suite des
évènements ; favorable ou non ; concernant la proposition en cours. Chaque avis
dans ce cas compte car il en va de l’avenir de la société. Par conséquent, chaque
actionnaire a pour devoir d’assurer sa fonction au sein de cette assemblée afin de
pouvoir disposer d’une certaine assurance au cours de la prise de décision et
pouvoir minimiser les risques ; surtout ceux financiers. Cependant, bon nombres
d’actionnaires en particulier les minoritaires, s’abstiennent de voter au cours des
assemblées générales, de donner leurs avis ; font des votes blancs ou même
encore ne prennent pas part à ces réunions, ce qui va à l’encontre des intérêts de
la société et même de leurs propres intérêts. En effet, la prise des décisions au
sein de la société nécessite l’aval de tous les actionnaires pour éviter qu’elles ne
soient négatives pour celle-ci. L’exercice du droit de vote dont dispose les
actionnaires minoritaires est donc primordial pour empêcher de laisser le contrôle
aux actionnaires majoritaires et minimiser les risques financiers éventuels car,
bien qu’ils ne disposent pas du même nombre d’actions ; ne perçoivent pas les
mêmes dividendes ; ils sont responsables des pertes à hauteur de leurs apports. Ils
ont donc grand intérêt à user de leurs droits de vote pour ne pas laisser la société
aux mains d’actionnaires majoritaires pour ne pas en subir plus tard les
conséquences puisqu’ils sont en vertu du principe de l’affectio societatis tout
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

autant responsable de la société que les majoritaires vue qu’il n’y a pas de liens
de subordination. Après avoir étudier les intérêts socioéconomiques liés à
l’exercice du droit de vote par les actionnaires minoritaires il serait convenable
de parler des intérêts juridiques et matériels de l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la SA.

Section2: Les intérêts juridiques et matériels de l’exercice du droit de vote


par les actionnaires minoritaires dans la SA.

L’exercice du droit de vote dont disposent les minoritaires est doté d’intérêts tant
juridiques (A) que matériels (B).

Paragraphe1: Les intérêts juridiques de l’exercice du droit de vote par les


actionnaires minoritaires dans la SA

Les intérêts juridiques dus l’exercice de la prérogative de vote dont dispose les
minoritaires s’entendent de la nomination des actionnaires minoritaires au conseil
d’administration (A). L’exercice du droit de vote dont dispose les minoritaires
peut aussi se manifester par des conventions d’actionnaires (B) tout autant
bénéfiques juridiquement.

A- La nomination des actionnaires minoritaires au conseil d’administration

La nomination d'un minoritaire au conseil d'administration permet de fidéliser les


minoritaires. Elle vise à les intéresser à la marche ou à l'évolution des affaires
sociales afin qu'ils puissent mieux contrôler la gestion sociale et permet de leur
faire une place au conseil d'administration176. En effet, théoriquement, toute
personne peut être administrateur d'une société anonyme si elle est élue à cette
fonction. Dans la pratique, le conseil d'administration est le plus souvent
composé d'actionnaires influents disposant de la majorité du capital social. Dans
cette optique et pour éviter que cette entrée ne conduise les administrateurs à
imposer un diktat aux minoritaires, il est préférable que ces derniers, par le biais

176
L'article 417 de l'AUSCGIE ouvre déjà une brèche à la nomination des personnes non actionnaires au
conseil d'administration
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

d'un aménagement statutaire, puissent siéger en tant qu'administrateurs177. Le


conseil d'administration sera ainsi composé d'actionnaires dans chacun des
groupes (du côté des minoritaires comme des majoritaires) selon une proportion
déterminée à l'avance dans les statuts. Les minoritaires qui siègent au conseil
d'administration représentent la voix des autres et défendent leurs intérêts.

Ils peuvent ainsi suivre de près la politique menée par le groupe majoritaire
siégeant au conseil et, parfois, la contester. Cette nomination rehausse, par
conséquent, le rôle joué par les minoritaires au sein de l'entreprise à savoir le
contrôle des affaires sociales. Et permettrait d’un côté de gratifier les actionnaires
minoritaires ayant régulièrement fait usage de leurs droits de vote et par la même
occasion inciterait les autres actionnaires à prendre part aux votes car ils se
sentiraient plus considéré dans la société et exprimerons d’avantage leurs avis à
travers leurs vote. Cependant la jurisprudence estime que cette répartition licite
des sièges comporte des limites. En effet, une décision du Conseil constitutionnel
a fixé une limite, qui semble raisonnable178 : la clause ne doit pas « avoir pour
résultat qu'une catégorie d'associés sera en tout état de cause minoritaire dans ces
conseils, quelle que soit la proportion du capital qu'elle détient ». « Le caractère
général et absolu de cette disposition apporte au principe d'égalité une atteinte
qui dépasse manifestement ce qui serait nécessaire pour faire droit à la situation
particulière de certaines catégories d'associés »179. Il convient de noter en outre
que la répartition des sièges de telle ou telle partie de l'actionnariat fait l'objet
d'une préoccupation majeure du gouvernement d'entreprise. A ce moyen de
contrôle des affaires sociales, il existe bien d'autres moyens de contrôle de la
société comportant des avantages considérable à savoir : les conventions
d’actionnaires (B).

177
L. NODJILEMBAYE, La protection des actionnaires dans le cadre des offres publiques sur le marché
boursier de l'IlMOA, Mémoire de DESS-Droit des Affaires, FDD, Université de Lomé, 2005, p46 ; V. aussi
P. LE CANNU, Droit des sociétés, Domat, Droit privé, Montchrestien, Paris, 2002, p469.
178
P. LE CANNU, op. cit, p371.
179
C. const., décision n° 87-232 DC du 7 janv. 1988, Rev. soc 1988, 229, note Y. GUYON cité par P. LE
CANNU, idem.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

B- Les conventions d’actionnaires

Plusieurs pactes permettent aux actionnaires minoritaires de mieux contrôler


l'activité sociale. Parmi ceux-ci se trouvent les conventions de vote. D'abord,
l'AUSCGIE donne la possibilité aux actionnaires minoritaires de se réunir afin de
mieux contrôler la gestion sociale. C'est ce qui ressort de l'article 175-2 du même
Acte qui dispose qu'une personne physique ou morale est présumée détenir le
contrôle d'une société lorsqu'elle « dispose de plus de la moitié des droits de vote
d'une société en vertu d'un accord ou d'accords conclus avec d'autres associés de
cette société ».

Ces conventions permettent aux actionnaires, notamment les petits porteurs, de


s'unir afin d'influencer la gestion sociale lors du vote aux assemblées. Ils forment
ainsi le groupe minoritaire car « l'assemblée est par excellence le lieu où se font
et se défont les alliances entre associées »180.La constitution d'un groupe
minoritaire peut se réaliser par l'établissement d'une convention de vote entre des
actionnaires qui se lient pour voter une résolution ou en faveur d'un candidat
déterminé à un poste d'administrateur181. Ces conventions de vote constituent
ainsi de véritables forces de dissuasion au sein des sociétés anonymes. Elles
permettent en outre aux actionnaires de former ce que l'on appelle un syndicat de
blocage. Les actionnaires qui en font partie remettent leurs titres au siège du
syndicat et donnent au gérant du syndicat d'exercer le droit de vote d'actions dont
ils n'ont plus la possession, ce qui d'ailleurs leur interdit également de participer
aux assemblées. Les syndicats de blocage encore appelés syndicats de défense
sont destinés à défendre les droits des actionnaires contre le conseil
d'administration ou le groupe majoritaire lors du vote en assemblée. Ainsi, les
conventions de vote donnent aux actionnaires ultra-minoritaires la possibilité
d'exercer un contrôle sur la marche des affaires sociales. Elles leur permettent de

180
Y. AGNINA, La société unipersonnelle : une solution à la crise de l'entreprise privée en Afrique, (Line
lecture critique de l'Acte uniforme de l'OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du GIE),
Thèse de Doctorat en Droit Privé, FDD, Université de Lomé, 2001, p. 71.
181
L'article 175-2 de l'AUSCGIE reconnait implicitement aux actionnaires la possibilité de recourir aux
conventions de vote afin d'exercer un contrôle sur la société anonyme.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

mettre en place des systèmes de nature à augmenter leur influence lors des
assemblées. Ils peuvent ainsi participer à laformation de la volonté sociale et, en
tant qu' « organe social subsidiaire »182 contrôler la volonté majoritaire et exercer
une pression non seulement sur les dirigeants sociaux, mais aussi sur les
actionnaires majoritaires. Seulement, les minoritaires formant ce syndicat ne
doivent pas commettre d'abus lors de l'exercice de leurs droits sous peine de
sanctions. « Il y a abus de minorité lorsque, en exerçant leur vote, les associés
s'opposent à ce que des décisions soient prises, alors qu'elles sont nécessitées par
l'intérêt de la société, et qu'ils ne peuvent justifier d'un intérêt légitime »183.
Ensuite, les pactes d'actionnaires peuvent permettre aux actionnaires de
développer leur actionnariat.

Ces pactes peuvent contenir des clauses ouvrant un droit de consultation (par
exemple sur la nomination du commissaire aux comptes), d'information ou de
contrôle complémentaire au profit de tel ou tel actionnaire le plus souvent
minoritaire. Quels sont donc les intérêts matériels liés à l’exercice du droit de
vote des actionnaires minoritaires dans la SA ?

Paragraphe2: Les intérêts matériels liés à l’exercice du droit de vote par les
actionnaires minoritaires dans la SA

L’exercice régulier du droit de vote dont dispose les actionnaires minoritaires


dans la SA peut se solder par la mise en place de politique de fidélisation des
actionnaires minoritaires dans la SA (A). Cependant, en cas de déficience
del’exercice régulier du droit de vote dont ils disposent, uneamélioration de la
politique d’information dans la société peut être mise en place (B).

A- Mise en place d’une politique de fidélisation des actionnaires minoritaires


dans la SA

Dans la perspective d’inciter les actionnaires minoritaires à prendre


régulièrement part aux assemblées générales et exercer régulièrement leurs droits
182
D. SCHMIDT, « Les actionnaires minoritaires, un combat légitime ? » Http //www.creda.ccip.fr pp 58-
60.
183
Cf. art. 131 de l'AUSCGIE.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

de vote, une politique d'attraction et de fidélisation peut être mise en place en


leurs honneurs. Qu’est-ce donc la fidélisation ? La fidélisation c’est la confiance
des actionnaires envers la société ; leurs satisfaction ; l’augmentation de la durée
de détention ou encore l’attrait de nouveaux (potentiels) actionnaires proches des
minoritaires. A cet effet, la doctrine française a suggéré que soit pratiquée une
politique de distribution régulière de dividendes et d’attribution des jetons de
présence aux actionnaires qui se rendent aux assemblées. Bien évidemment, en
faisant une distribution régulière des dividendes aux actionnaires, cela conduirait
à la présence régulière des minoritaires dans la SA et conduirait certainement ces
derniers à plus s’impliquer dans la gestion de la société en vue de contribuer à la
bonne marche des affaires sociales. L’utilisation de jetons de présencecomme
technique de fidélisation se présente pour les actionnaires comme un moyen de
fructifier leurs bien puisque cela représente un surplus de revenu émanant de la
société. Qu’est-ce donc un jeton de présence ? Le jeton de présence correspond à
une rémunération accordée aux administrateurs ; aux membres du conseil
d’administration ou de surveillance en rémunération de leurs mandats social ou
selon leurs assiduité aux réunions184. Toutefois, la présence aux réunions n’est
plus désormais une obligation pour recevoir des jetons de présence, mais il faut
une activité effective au sein de la société (utilisation du droit de vote ; émettre
des avis ou des idées pour contribuer à la bonne gestion de la société)185. Les
jetons de présence sont fixés par les actionnaires au sein d’une assemblée
générale ordinaire et ils ne doivent pas être confondus avec les dividendes 186. Il
est important de procéder à une stratégie de fidélisation des actionnaires
minoritaires car leurs présence assure la stabilité du capital de la société ; et
permet l’arrivée de capitaux frais et de maintien de la liquidité sur le titre 187.Tous
ces procédés sont des moyens parmi tant d’autres pouvant intéressés les

184
Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, 03 Août 2017, Disponible sur :
www.legisocial.fr/(29 Septembre 2017)
185
Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, idem
186
Ce que vous devriez savoir sur les jetons de présence, ibidem
187
T.SALIHA, A.ABDESSATAR, «Analyse des enjeux de la fidélisation de l’actionnariat individuel :
illustration par les contextes français et Tunisien», La revue des sciences de gestion, Disponible sur :
https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2013-1-page-101.htm / (27 Avril 2019)
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

actionnaires minoritaires quant à leurs fréquences d’activité dans la société. Si


malgré toutes ces dispositions qui auraient été prises on note toujours une
absence des actionnaires minoritaires dans la gestion des affaires sociales (par
l’exercice du droit de vote), il semblerait donc que le problème soit ailleurs et
peut être bien au niveau de la politique d’information (B).

B- Amélioration de la politique d’information dans la société

L'amélioration de l'information des actionnaires a toujours préoccupé le


législateur car elle permet à ces derniers de juger l'état ou l'évolution des affaires
sociales puisqu'ils sont les « maîtres de la société »188. L'information doit être
rapide, car le contrôle exercé par les actionnaires lors de l'approbation
descomptes perd son utilité à mesure que le temps passe189. Elle se doit aussi
d’être complète.

Si le lieu de dépôt de l’information était unique et connus de tous, cela


contribuerait à une amélioration de la politique d’information. De même, la
présentation claire et précise des informations, qui seraient ensuite envoyées au
domicile des actionnaires pourrait être une solution parmi tant d’autres. Il
faudrait donc que les actionnaires soient bien négligents pour ne pas les lire.
Toujours dans le but de l’amélioration de la politique d’information, l’utilisation
des NTIC constituerait une solution de progrès non négligeable car ayants un
coût et un délai moindre. Elles facilitent le stockage et la communication des
informations de manière instantanée ou par envoi à distance. Elles évitent le
déplacement des actionnaires au siège social pour la consultation des documents
sociaux qui constituent quelquefois une paperasse difficile à manipuler car, il
suffit d'un clic pour les obtenir190. Pour atteindre ces objectifs, les dirigeants
doivent penser à multiplier les moyens d'information et d'amélioration de
l’information. L'utilisation des NTIC permettra à coup sûr de moderniser et
d'améliorer l'information reçue par les actionnaires et plus précisément les

188
Yves GUYON, op.cit.,
189
J. ALBAS, op.cit.,
190
J. ALBAS, op.cit.,
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

minoritaires afin d'avoir une meilleure vue sur les affaires sociales. A cet effet, il
serait approprié d’aménager un site ouvert au public pour la publication
d'informations concernant la société et un site fermé uniquement réservé aux
actionnaires pour permettre de meilleures relations sociales entre eux et éviter la
divulgation d’informations à caractères sensibles. L’utilisation de tels procédés
et mieux encore la création de site internet permettrait aux actionnaires d'envoyer
leurs projets de résolution et de poser des questions écrites aux dirigeants sociaux
tout en restant chez eux, et participer ainsi à la gestion des affaires sociales. Ils
prennent ainsi conscience de leurs pouvoir de contrôle au sein de la société
lorsqu`ils sont mieux informés. En définitive, le recours aux NTIC permettrait
aux actionnaires minoritaires d'éviter les frais de déplacement parfois coûteux et
les inciteraient à faire régulièrement usage de leurs droit de vote vue la simplicité
de l’opération.
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

CONCLUSION
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

CONCLUSION
Le droit de vote dont dispose les actionnaires, constitue un élément important
dans la gestion des affaires sociales. Il s’entend d’une prérogative, une liberté
d’expression d’opinion accordée aux actionnaires et leurs permettant de gérer les
affaires sociales à leurs convenances. Son utilisation se fait suivant la règle «une
action, une voix». Ainsi le nombre d’action détenu par individu détermine son
"statut" dans la société anonyme, c’est-à-dire qu’il soit majoritaire ou minoritaire.
Les actionnaires majoritaires étant qualifiés ainsi du fait du grand nombre
d’action qu’ils détiennent ont tendance à faire main basse sur la gestion des
affaires sociales de par l’usage de leurs droit de vote dont ils font pleinement
usage et de par le tâtonnement dont font preuve les actionnaires minoritaires dans
l’exercice de cette prérogative ; bien qu’ils soient associés au même titre que les
actionnaires minoritaires, les reléguant ainsi au second rang. Partant de ce fait,
cette prérogative se révèlerait être bien plus utile qu’il n’apparait au premier
abord car la détention de ce droit permet l’orientation des affaires sociales selon
le vouloir des votants, mais surtout elle permet de contrôler la société ; une
observation faite au niveau des actionnaires majoritaires. Il en serait plus
avantageux pour les actionnaires minoritaires s’ils en faisaient régulièrement
usage, évitant ainsi de laisser le monopole de gestion de la société aux mains des
actionnaires majoritaires. Des circonstances multiples peuvent par ailleurs
justifier cette absence de participation des actionnaires minoritaires à la gestion
de la vie sociale ; parmi lesquels se trouve une mauvaise diffusion des
informations relatives à la tenue des assemblées générales, et des modes
d’exercice du droit de vote dont ils ne disposent pas, très variés ou très peu
connus de tous. Et donc en privilégiant une amélioration de la politique
d’information au sein de la société et en mettant en place une politique
d’attraction et de fidélisation des actionnaires minoritaires dans la SA, on
Le droit de vote des actionnaires minoritaires dans la Société
anonyme

pourrait ainsi faire voir aux actionnaires minoritaires l’importance que revêt
l’exercice régulier de leur droit de vote.

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