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UNIVERSITE AUBE NOUVELLE

MEMOIRE DE SYNTHESE

Pour l’obtention de la licence en Sciences juridiques et politiques

DOMAINE : Droit

OPTION : Privé

THEME : La fusion des apports dans les sociétés commerciales

Présenté par : KONE Imran

Directeur de mémoire : Dr ASSOGBA

Enseignant à l’université Aube Nouvelle

Année académique 2021-2022

I
AVERTISSEMENT

« L’Université Aube Nouvelle n’entend donner aucune approbation ni


improbation aux opinions émises dans le présent mémoire de synthèse. Ces
opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur ».

II
DEDICACE

A ma mère CLAUDINE DIALLO à mes amis sportifs et à toute la


promotion de droit de l’année 2019.

III
REMERCIEMENTS

Nous adressons nos remerciements à notre directeur de mémoire de synthèse,


le docteur Lucien ASSOGBA, qui s’est toujours montré disponible afin de
répondre à nos préoccupations.

Nos remerciements vont également à nos enseignants qui tout au long de


notre parcours académique, ont su nous dispenser leur savoir sans lequel il nous
aurait été impossible de rédiger le présent mémoire de synthèse.

Nous tenons aussi à remercier le personnel de l’Université Aube Nouvelle


qui œuvre chaque jour afin que nos cours se déroulent dans les meilleures
conditions.

Que toutes les autres personnes qui de près ou de loin ont contribué à
l’élaboration de ce travail trouvent ici l’expression de notre profonde gratitude.

IV
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES

AUDSC : Acte Uniforme Relatif au Droit des Sociétés Commerciales

Al : alinéa

C.S : Capital social

C.ce : Code de commerce

OHADA : Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique

Op.cit : opus citatum

RCCM : Registre de Commerce et du Crédit Mobilier

S.A.R.L : Société A Responsabilité limitée

S.A : Société Anonyme

V
SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE…………………………………………………...1

CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES APPORTS LORS DE LA NAISSANCE DE


LA SOCIETE………………………………………………………………………………5

SECTION I : LA CONSTITUTION DES APPORTS……………………………..5

Paragraphe I : les conditions relatives aux apports…………………………………5

Paragraphe II : les droits d’enregistrement relatifs aux apports…………………….9

SECTION II : LES DIFFERENTES PHASES DE CONSTITUTION…….


…………………………………………………………………………………………….12

Paragraphe I : les étapes relatives aux phases de constitution…………………….12

Paragraphe II : les vices de constitution……………………………......................15

CHAPITRE II : LES APPORTS LORS DU FONCTIONNEMENT DE LA SOCIETE :


LE CAPITAL SOCIAL… ………………………………………………………………..20

SECTION I : L’IMPORTANCE DU CAPITAL SOCIAL DANS LE FINANCEMENT


DE LA SOCIETE…………………………………………………………………………20

Paragraphe I : le plan de financement…………………………………………….20

Paragraphe II : les répercussions du financement du capital social………………23

SECTION II : LA PROTECTION DU CAPITAL SOCIAL……………………..29

Paragraphe I : le délit de distribution de dividendes fictifs……………………….29

Paragraphe II : l’abus de biens et du crédit de la société…………….....................31

CONCLUSION GENERALE………………………………………… ………….34

VI
INTRODUCTION GENERALE

« Trois choses sont absolument nécessaires : premièrement de l’argent, secondement de


l’argent, troisièmement de l’argent » Jean-Jacques Trivulce, Réponse à Louis XII. L’on voit
bien de par cette citation que l’argent a pris une place quasi fondamentale dans notre société.
Par « argent », nous visons dans un sens plus large l’ensemble des moyens de subsistance dont
une personne jouissant de la personnalité juridique a besoin pour vivre. Tout comme les
personnes physiques, la société, personne morale, a aussi besoin d’argent afin d’assurer sa
pérennité. Ici, l’argent se rapporte au patrimoine de la société, et donc de son capital social qui
est l’objet principal de notre étude. L’on en déduit par analogie que sans le capital social, la
société ne peut fonctionner.

Par société, on comprend lato sensu tout groupe social formé de personnes qui se
réunissent pour une activité ou une activité ou des intérêts communs1. Stricto sensu, c’est un
contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun soit des biens, soit leur
activité en vue de réaliser des bénéfices qui seront ensuite partagés entre elles ou pour profiter
d’une économie2. Ce n’est donc pas ce que l’on voit à première vue, c’est-à-dire un local et les
différents matériaux l’emplissant. A vrai dire, ce qui participe réellement au fonctionnement de
la société c'est surtout son patrimoine ; les apports faits par les associés et qui permettent à la
société de mettre en œuvre l'objet pour lequel elle a été créée. L’apport, est un bien mis à la
disposition de la société par l’associé, consistant en une somme d’argent, en meuble, en
immeuble ou en activité (dit apport en industrie), et qui permet l’exploitation de l’objet social3.
En outre, c’est de la fusion de ces apports que naîtra le capital social.

Il convient dès lors de faire un bref rappel historique de cette notion qui a su marquer le
droit des sociétés commerciales en général et qui est prise en compte dans un certain nombre
de disciplines et pas les moindre. Ainsi, d’un point de vue historique, le capital social est né au
cours du 19è siècle. Très vite, il intéressera des disciplines tels que la politique, la sociologie,

1
Telle est la définition que donne le dictionnaire Larousse de l´année 2017
2
Ibidem
3
Ibid.
1
la science juridique, l'économie, la finance, la comptabilité, et même l'histoire4, quitte à occuper
une place de choix parmi celles-ci. A la base, le capital social fut une notion juridique avant de
se diversifier au niveau des autres disciplines.

Ainsi, Du point de vue juridique, il était conçu comme un moyen de substitution de la


responsabilité personnelle des associés ; cette responsabilité étant limitée aux apports grâce au
patrimoine d'affectation qu'il constitue. Du point de vue économique, la place qu'occupe le
capital social est de nos jours incontestée. L’idée même d’admettre le capital social comme un
bien économique a soulevé des polémiques.

Pour les économistes, le capital social est difficilement quantifiable de même que les
facteurs déterminants de celui-ci car, selon eux, les relations sociales et engagements
communautaires susceptibles d'être intégrés dans le capital social, sont multiples, variés et pour
beaucoup intangibles ; l'utilisation même du terme est plus courant lorsqu'il s'agit de biens
tangibles, durables ou périssables dont l'accumulation peut être estimée5. Cela les a conduits à
associer la notion de capital social à celle de capital humain en privilégiant surtout son aspect
socio-économique. Certains auteurs au bout de leurs études, affirment que le capital social peut
se définir comme étant « une interaction nécessaire » entre les hommes et la société ; c'est
pourquoi, comme pour les économistes, ils associent la notion de capital social à celle de capital
humain. Cette conception se rapproche quelque peu de celle du droit des sociétés car où que
l'on soit, il y a une interaction nécessaire entre des hommes et la société mais aussi une volonté
affirmée de rentabiliser l'investissement c'est-à-dire de recherche d'efficacité dans la conduite
des affaires sociales. Ainsi en droit des sociétés, le capital social est constitué par la somme des
apports qui peuvent être en nature ou en numéraire. Dans le même temps, selon la définition de
l'article 4 de l'acte uniforme sur les sociétés commerciales et G.I.E "La société commerciale est
créée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d'affecter à une activité
des biens en numéraire ou en nature, « dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de
l'économie qui pourra en résulter ». Les associés s'engagent dans le même temps à contribuer
aux pertes résultant de l'exercice.

4
B. JACQUILLAT, Professeur à l'Institut d'Études Politiques de Paris et Associé du Cabinet « Associés en
Finance », La signification du capital dans la théorie financière.
5
J. FOPOUSSI In. Capital social et performances économiques : Une analyse basée sur le
fonctionnement d'une économie informelle
2
Dans le champ de la comptabilité, le capital social est conçu comme étant une dette que
la société contracte envers les associés ; ce qui explique pourquoi il figure au passif du bilan 6.
Il correspond donc aux sommes définitivement apportées par les actionnaires et qui ne leur
seront restituées en principe qu'à la dissolution de la société après paiement intégral des dettes
éventuelles de la société envers les créanciers sociaux car, il faut le souligner, les associés sont
des créanciers chirographaires7, de dernier rang.

Du point de vue de la gestion financière, le capital social a pratiquement la même


définition que les précédentes : les apports procurent aux apporteurs des actions qui sont des
titres de participation conférant à leurs titulaires la qualité d'associé et le droit de participer aux
bénéfices par la distribution de dividendes8. Le capital social ainsi définit apparaît comme un
élément fondamental pour la société et sans un minimum d'apport, il ne peut y avoir en principe
de société. Cette mise en commun d’apport est indispensable à la naissance de la société. Ces
apports que l'on peut définir comme un contrat par lequel chaque associé apporte un bien ou un
droit en échange de droit sociaux vont constituer le capital social.

A la naissance de la société, le capital social est un véritable indicateur de sa puissance,


de sa capacité financière ; c'est pourquoi le législateur a imposé qu'il soit précisé dans les statuts
de la société ; il s'agit de montrer la fortune de la société de façon à ce que les tiers contractent
en connaissance de cause en la jugeant solvable ou non étant entendu que l'adage selon lequel
« on ne prête qu'aux riches » revêt toute son ampleur dans ce contexte9. Ainsi l'article 61 de
l'acte uniforme sur les sociétés commerciales et GIE affirme que « toute société doit avoir un
capital social qui est indiqué dans ses statuts ». Cette détermination statutaire du capital social
est donc un élément important surtout lorsque la société est à la recherche de financement pour
la réalisation de ses objectifs.

6
Mémento Francis LEFEBRE, 2005(signification de la notion en comptabilité)
7
D'après l'expression de Marie Hélène GUILLEMIN, il s'agit de créanciers sous chirographaires
(www.monjuriste.com), parce qu'ils ne seront payés qu'après le désintéressement de la totalité des créanciers
bénéficiaires ou non de sûreté ; ils sont à ce titre des créanciers de dernier rang puisqu'ils viendront après les
créanciers chirographaires d'où l'expression « sous chirographaire
8
BOLNIK, Gestion financière, 6e édition, 2002 ; Une pareille définition est en partie reprise par
l'AUSCG relativement aux droits financiers des associés
9
Nous voulons souligner ici le fait que, faute d'avoir un capital assez important, donc en présence
d'une insuffisance de garantie pour les banques ou établissements financiers, il sera difficile à la société de
recourir à l'emprunt
3
L’analyse de la fusion des apports dans les sociétés commerciales n’est pas sans intérêt :
en effet, la présente réflexion a pour intérêt théorique de nous éclairer sur le rôle des apports de
la naissance de la société, à son fonctionnement effectif, et pourquoi est-il si important dans la
vie d’une société commerciale. En ce qui concerne l’intérêt pratique, cette étude a pour ambition
de servir de guide aux commerçants ou particuliers souhaitant constituer une société
commerciale, ou qui tout simplement souhaitent y investir afin d’acquérir des parts sociales au
sein de cette dernière.

Au vu de la croissance du nombre de sociétés créées, l’on arrive à se poser les questions


suivantes : par quels mécanismes concis obtient-on le capital social ? est-il indispensable ?
jusqu’où s’étend sa portée ?

Dans le but de mener une juste analyse du sujet, nous aborderons d’une part la fusion
des apports au moment de la formation de la société (chapitre I), avant de nous intéresser d’autre
à ce que devient cette fusion lors du fonctionnement de la société (chapitre II)

4
CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES APPORTS LORS DE
LA FORMATION DE LA SOCIETE

La fusion des apports, en outre le capital social est indispensable à la naissance de la


société et sa constitution fait partie des conditions de fond exigées pour la validité du contrat de
société.10 C’est la somme des apports effectuées par les associés, et dont le montant minimum
est déterminé par les associés. Son montant minimum est déterminé soit de manière légale, soit
de manière conventionnelle. Toute société doit avoir un capital social qui est indiqué dans ses
statuts11. Ainsi, cette fusion d’apports obéit à des conditions spécifiques et une réglementation
relativement à sa constitution (section I). Conscient de cette importance, le législateur OHADA
a un certain nombre de règles dont la violation n’est pas sans risque non seulement pour la
société, mais aussi pour les associés (section II).

SECTION I : LA CONSTITUTION DES APPORTS

Lors de la constitution d’une société, les associés apportent des biens en contrepartie de
parts sociales. Cette constitution des apports obéit à des conditions fixées par le législateur (§
I), et vu qu’il y a mutation de biens, ceux-ci sont soumis à des droits d’enregistrement (§II).

Paragraphe I : les conditions relatives aux apports

La constitution des apports obéit à des conditions particulières. En effet, seuls certains
apports participent à la constitution du capital social (A) et ces apports sont, en fonction de leur
nature, soumis à une réglementation particulière (B).

A : les apports exigés

En temps normal, chaque associé peut apporter :

Par apport en numéraire, de l’argent

10
Art 1108, c. civ
11
Art 61 AUSCG
5
Des droits portant sur des biens en nature, mobiliers ou immobiliers, corporels
ou incorporels, par apport en nature
De l’industrie, par main d’œuvre

Donc, tout autre apport est interdit12. Cependant, il est important de souligner que tous
les apports ne participent pas à la constitution du capital social13. L'apport en numéraire est le
plus habituel des apports. C’est celui dans lequel l'associé apporte à la société de l'argent dont
le montant est en principe libre ou un apport par compensation avec une créance ou encore par
incorporation de réserves ; mais cette dernière modalité n'intervient que lors du fonctionnement
de la société.

L'apport en numéraire ne doit pas être confondu avec l'avance en compte courant qui
représente un prêt consenti par les associés à la société. Certes il y a dans les deux cas remise
d'une somme d'argent mais dans le premier, l'associé reçoit en contrepartie des droits sociaux14,
tandis que dans le second il ne peut faire valoir que sa qualité de prêteur.

Quant à l’apport en industrie, en se référant à son étymologie, l’expression "industrie"


dérive du latin « industria » et se définit comme un travail de direction effectué en qualité
d’associé. Ainsi l’article 40 parle d’apport de main d’œuvre. L’apporteur ne peut prétendre à
un salaire et il n’est pas subordonné aux autres associés. En tant qu’associé, il a plutôt droit aux
bénéfices. Bien que donnant lieu à l’attribution de droits sociaux, patrimoniaux et
extrapatrimoniaux (participation aux délibérations…), l’apport en industrie ne confère à son
auteur ni parts sociales, ni actions celles-ci étant la représentation d’une fraction du capital15.

Dans les sociétés où cet apport est possible, et dans le silence des statuts, il ne procure
à son auteur qu’une part dans les bénéfices égale à celle de l’apporteur en numéraire ou en
nature dont les apports sont le moins élevé. Les apports en industrie sont même interdits dans
les sociétés par action alors que dans les S.A.R.L, ils sont autorisés selon les modalités
statutaires.

12
Art. 40 AUSCG
13
M.COZIAN et A. VIANDER, droit des sociétés, 4è édition, P190
14
Ce sont des actions dans les sociétés par action, parts sociales dans les SARL ; SCS et SNC
15
Cours de droit des sociétés commerciales, P14
6
Quant à l’apport en nature, c’est l’apport de bien autre que de l’argent. Il peut s’agir
d’un bien meuble ou immeuble, corporel ou incorporel, susceptible d’une évaluation pécuniaire.
Peuvent donc être apportés dans ce sens : un terrain, un fonds de commerce, un droit de
propriété intellectuelle… ; il peut être fait soit en pleine propriété, soit en jouissance ou en
usufruit. Selon la méthode utilisée, les effets diffèrent. En cas d'apport en pleine propriété, la
société devient propriétaire du bien apporté alors que l'apporteur reçoit quant à lui des droits
sociaux. Mais cette opération ne se confondre avec la vente16

Mais dans le cadre de l'apport en jouissance, l'apporteur reste propriétaire du bien alors
que la société n'aura que le droit d'usage et ce pendant le temps qui sera décidé par la convention
des parties. Ainsi, lorsque l'apport est en jouissance, l'apporteur est garant envers la société
comme un bailleur envers son preneur. L'apport en usufruit permet quant à lui à la société d'être
titulaire d'un droit d'usufruit sur le bien alors que l'apporteur reste propriétaire de la nue-
propriété.

Afin d’assurer leur efficacité et d’atteindre leur finalité, l’ensemble de ces apports fait
l’objet d’une réglementation.

B : la règlementation spécifique aux différents apports

C’est au niveau de la fixation de modalités de versements que la réglementation des


apports en numéraire est importante. C’est le cas au niveau des sociétés de capitaux. Sinon en
principe, aucune règle autre que statutaire ne fixe le montant du capital à libérer dès la
souscription, comme c’est le cas au niveau des sociétés de personnes.

La libération des apports en numéraire lors de la constitution de la société est intégrale.


Néanmoins, le législateur OHADA a prévu que pour la SA, à défaut d’une libération intégrale,
les associés peuvent libérer au moins le quart (1/4) de la valeur nominale lors de la constitution.

16
L’apporteur reçoit des droits sociaux en contrepartie de la chose, alors que le vendeur aux termes de l’article
1582 du Code civil a pour contrepartie une somme d’argent. Également, à l’inverse de la vente, qui est un contrat commutatif,
l’apport revêt un caractère aléatoire.

7
Les trois quarts restants (3/4) devant l’être dans un délai maximum de trois (3) ans à compter
de l’acquisition de la personnalité juridique de la société17. On pourrait aisément faire recours
aux règles du droit des obligations relativement à la monnaie de paiement, aux modes de
paiement, aux incidences du paiement18.

Mais il faut reconnaître que c'est surtout l'apport en nature qui fait l'objet d'une
réglementation importante car cet apport s'analyse tantôt comme une vente ; tantôt comme un
bail ; tantôt comme une cession de créance. Concernant l’apport en propriété, il faut se mettre
à sa place de la société, de l’apporteur et de ses créanciers. L’opération prend l’aspect d’une
vente par l’associé à la société. Dans ce sens, l’Acte uniforme prévoit que l’apporteur est garant
envers la société comme un vendeur envers son acheteur19, et ce qu'il s'agisse de la garantie
d'éviction ou de la garantie des vices cachés (C. civ., art. 1843-3 al. 3). La société apparaît
comme un acheteur puisqu'elle devient propriétaire du bien apporté, supportant ainsi les risques
pouvant en découler20. Mais cette opération ne peut se confondre en tous points à la vente21.
L’apporteur étant naturellement vendeur, cela pose de graves difficultés à son créancier puisque
les biens du premier sont transférés à la société.

La chose faisant l'objet de l'apport doit être dans le commerce ; elle doit appartenir à
l'apporteur et, en vertu de la règle selon laquelle « fraus omnia corrumpit », ce dernier ne doit
pas agir en fraude des droits de ses créanciers sinon l'apport ne sera pas valable. Si l'apport est
un bien immeuble, le transfert de propriété n'est opposable aux tiers qu'après l'accomplissement
des formalités de publicité de droit commun c'est-à-dire après l'inscription au livre foncier.

L'apport en usufruit est démembrement du droit de propriété où l’apporteur a transféré


à la société juste le droit de jouir d’un bien dont lui-même détient la nue-propriété. Il est soumis
aux mêmes règles que l'apport en propriété en ce qui concerne la transmission des droits, la
garantie des risques ainsi que les formalités de publicité. Il ne peut excéder 30 ans22.

17
Art. 389 AUDSC
18
F. TERRE, Droit des obligations, 8e édition page 1223 (...) 1282 relatifs au paiement.
19
Art.46 AUDSC
20
Détérioration de la chose ; vol etc.
21
L’apporteur reçoit des droits sociaux en contrepartie de la chose, alors que le vendeur aux termes
de l’article 1582 du Code civil a pour contrepartie une somme d’argent. Également, à l’inverse de la vente, qui
est un contrat commutatif, l’apport revêt un caractère aléatoire
22
Art. 619 C. civ
8
Lorsque l'apport est fait en pleine jouissance, l’apporteur en jouissance est garant envers
la société, comme un bailleur envers son preneur. On peut dire que cet apport se rapproche plus
du bail que de la vente. L'apporteur reste propriétaire du bien qui est toujours saisissable par les
créanciers dans la mesure où il ne rentre pas dans le patrimoine social.

Les apports en nature sont libérés intégralement lors de la constitution23. Dans certains
cas, ils doivent recourir à un commissaire aux apports afin de procéder à l’évaluation des
apports24. Cette évaluation devient obligatoire dès lors que la valeur de l’apport ou de
l’ensemble des apports est supérieure à cinq millions de francs CFA dans le cas des SARL25.
Au niveau des SA, tout apport en nature doit être évalué par un Commissaire aux apports26

Les conditions relatives aux apports ayant été étudiés, il s’agira à présent d’étudier les
droits d’enregistrement y étant afférés.

Paragraphe II : les droits d’enregistrement relatifs aux apports

Les droits d’enregistrement applicables aux apports réalisés au moment de la


constitution de la société sont déterminés selon la nature de ces apports et selon le régime fiscal
des associés. L’enregistrement est une formalité fiscale qui entraîne le paiement d’un droit
perçu au profit du budget de l’Etat27. Ces droits sont à la charge des acquéreurs des biens.
Relativement à l'assiette de calcul, il faut souligner que le droit est liquidé sur le montant total
des apports mobiliers et immobiliers, déduction faite du passif ; la valeur nette imposable est la
valeur nette des apports. Il sera question d’étudier les apports purs et simples(A), ainsi que les
apports à titre onéreux(B).

23
Art 45 AUDSC

24
Art 49 AUDSC
25
Art 312 AUDSC
26
Art 400 AUDSC
27
Art 393 CGI
9
A : les apports purs et simples

Les apports sont purs et simples lorsqu’ils confèrent à l’apporteur en échange de sa mise,
de simples droits sociaux, exposés à tous les risques de l’entreprise et notamment à la perte de
cette mise. Ces droits peuvent être des parts sociales ou parts d’intérêt dans les sociétés civiles,
les sociétés commerciales de personnes, ou encore dans les sociétés de capitaux. La taxation
des apports est établie par la réglementation des droits d’apports aux sociétés. En outre, les
apports réalisés lors de la constitution de sociétés sont exonérés des droits fixes. Sont donc
exonérés :

Les apports de meubles et d’immeubles entrant dans le champ d’application de la


TVA, y compris les terrains à bâtir et biens assimilés28.

• Les apports purs et simples de biens de toute natures faits à une personne morale
passible de l’impôts sur les sociétés ;
• Quel que soit leur objet, faits par une personne morale passible de l’impôt sur
les sociétés, sur engagement de conserver pendant trois ans les titres remis en
contrepartie de l’apport lorsque les biens ont bénéficié lors d’un précédent apport
du droit fixe29 ;
• Portants sur des biens autres que des immeubles, droits immobiliers, fonds de
commerce, clientèles, droit au bail ou à une promesse de bail ;
• Faits par une personne non soumise à l’impôt sur les sociétés qui ont pour objet
un immeuble ou des droits immobiliers, un fond de commerce, une clientèle, un
droit à un bail ou à une promesse de bail sur engagement de conserver pendant
trois ans les titres émis en contrepartie de l’apport, à la condition, pour les
immeubles ou doits immobiliers, qu’ils soient compris dans l’apport de
l’ensemble des éléments d’actifs immobilisés affectés à l’exercice d’une activité
professionnelle.

Les apports opérés à titre pur et simple et simple peuvent être de nature diverse et être
effectués en espèces, en nature, ou soit en industrie. Les modalités d’application de

28
Art 810 CGI (français)
29
Ibidem
10
l’exonération supposent des formalités à remplir qui consistent dans l’enregistrement de l’acte,
ou en l’absence d’acte, dans la souscription d’une déclaration spéciale. Les actes concernant la
vie des sociétés (la formation, la prorogation, la transformation ou la dissolution d’une société,
l’augmentation, l’amortissement ou la réduction de son capital) doivent en principe être
enregistrés dans un délai d’un mois à compter de leur date.

Les droits d’enregistrement relatifs aux apports purs et simples ayant été étayés, qu’en
est-il de ceux à titre onéreux ?

B : les apports à titre onéreux

Il y a apport à titre onéreux toutes les fois que l’apporteur est rémunéré par la société
bénéficiaire de l’apport au moyen d’un équivalent ferme, actuel et soustrait aux risques
sociaux. Tel est le cas de la remise de titres à revenu fixe (obligations, bons de caisse),
d’espèces ou encore la prise en charge d’un passif incombant à l’apporteur. Dans ces cas,
l’associé ne fait pas une véritable mise sociale, au sens de l’article 1832 du code civil,
puisqu’il reçoit, en contrepartie de son apport, non pas des droits sociaux exposés aux aléas de
l’entreprise, mais un avantage ferme et actuel qui lui est définitivement acquis et qui se trouve
soustrait aux chances de gain, d’économie ou aux risques de pertes de la société.

Il s’opère dès lors, une transmission à titre onéreux, juridiquement indépendante de la


convention principale et assujettie au droit de mutation. L’apport à titre onéreux s’analyse en
une véritable vente consentie par l’apporteur à la société. Il est par conséquent soumis au
régime fiscal des mutations à titre onéreux. Toutefois, les apports à titre onéreux d’immeubles
sont soumis à une taxe spécifique30.

Le droit de mutation est exigible sur les apports à titre onéreux, c’est-à-dire sur les
apports qui sont rémunérés autrement que par la remise de droits sociaux. La contrepartie de
ce genre d’apport peut revêtir des formes diverses et peut consister notamment en une remise
d’espèces à verser par la société ; en une remise de biens en nature ; en des obligations émises
par la société, ou encore en la prise en charge d’un passif personnel à l’apporteur. Dès lors, les

30
Art 683 Code Général des Impôts français

11
règles d’assiette et de liquidation des droits de mutation à percevoir se rapportent aux
mutations de propriétés à titre onéreux d’immeubles, ainsi qu’aux mutations de propriétés à
titre onéreux de meubles.

Les enregistrements relatifs aux différents apports étudiés, il convient d’analyser les
différentes étapes nécessaires à la constitution de ceux-ci.

SECTION II : LES DIFFERENTES PHASES DE


CONSTITUTION DES APPORTS

Il convient de noter que la constitution des apports afin d’aboutir à la formation du


capital social passe par plusieurs étapes (paragraphe I). Toutefois, Les vices affectant la
constitution du capital social sont nombreux, et cela touche tout autant la société que ses
associés (paragraphe II).

Paragraphe I : les étapes relatives aux phases de constitution

La constitution du capital social se fait principalement en deux (2) principales phases :


celle de la souscription qui est la promesse d'effectuer l'apport (A), et celle de la libération du
capital par laquelle l'apporteur réalise sa promesse (B). Toutefois il peut y avoir libération
immédiate de l'apport sans qu'il ne soit nécessaire de passer par une souscription mais le
contraire n'est pas possible dans la mesure où c'est la réalisation de l'apport qui importe.

A : la souscription du capital

La souscription est l'engagement d'une personne qui veut faire partie d'une société.
Autrement dit, ce que les associés promettent d’apporter à la société pour constituer le capital
de la société. En l'absence de souscription, la constitution de la société serait irrégulière. Pour

12
le capital doit être entièrement souscrit avant la date de la signature des statuts ou de la tenue
de l'assemblée générale constitutive31.

Mais la jurisprudence a apporté une atténuation à la règle en admettant qu'en cas


d'absence partielle de souscription, le capital social peut être réduit afin de régulariser la
situation. Dans le même temps, la souscription des actions représentant les apports en numéraire
doit être constatée par un bulletin de souscription établi par les fondateurs32.

Ce bulletin contient certaines mentions précisées à l'art. 392 :

• Le montant du C.S à souscrire en précisant la part souscrite en numéraire et celle


qui est souscrite en nature ;
• Les modalités d'émission des actions souscrites en numéraires ;
• Le nom ou la dénomination sociale et l'adresse du souscripteur et le nombre de
titres qu'il souscrit et les versements qu'il effectue ;
• L’indication du dépositaire chargé de conserver les fonds jusqu'à
l'immatriculation de la société au RCCM ;
• L’indication du notaire chargé de dresser la déclaration de souscription et de
versement ;
• La mention de la remise au souscripteur d'une copie du bulletin de souscription.

Les fonds provenant de la souscription des actions sont déposés pour le compte de la
société en formation, soit chez un notaire, soit dans une banque domiciliée dans l'Etat partie du
siège de la société en formation. Le dépôt des fonds doit être fait dans un délai de huit (8) jours
à compter de la réception des fonds.

Le déposant remet à la banque, au moment du dépôt des fonds, une liste mentionnant
l'identité des souscripteurs et indiquant, pour chacun d'eux, le montant des sommes versées. Le
dépositaire est tenu, jusqu'au retrait des fonds, de communiquer la liste à tout souscripteur qui,
justifiant de sa souscription, en fera la demande. Le requérant peut en prendre connaissance et
obtenir, à ses frais, la délivrance d'une copie. Toutes ces mesures participent au contrôle des

31
Art 388 AUDSC
32
Art 390 AUDSC
13
souscriptions effectuées et témoigne donc de l'importance de cette opération pour la société en
constitution.

La souscription doit être pure et simple, réelle, sincère et inconditionnelle. Elle ne doit
pas non plus être fictive. Toute clause ayant pour objet ou pour effet d'affecter une condition à
la souscription sera réputée non écrite. Il convient de noter également que la souscription au
capital d'une société commerciale est considérée comme étant un acte de commerce ; il en
résulte que les conséquences attachées à cette qualification, vont rejaillir sur l'acte de
souscription.

La phase de souscription ayant été éclaircie, il convient d’aborder l’autre phase qui est
la libération du capital qui présente tout aussi un réel intérêt pour la société

B : la durée de libération des apports

La libération est le versement effectif des apports souscrits en numéraire ou en nature.


Autrement dit, c’est ce que les associés apportent réellement au moment de la constitution de
la société, on parle alors de « capital libéré ». L'art. 41 dispose que « Sauf disposition contraire
du présent Acte uniforme, les apports en numéraire sont libérés intégralement lors de la
constitution de la société » ; et l'art. 45 dispose que « Les apports en nature sont libérés
intégralement lors de la constitution de la société ».

Il faut souligner que dans les SARL il est exigé une libération immédiate des parts
souscrites et ce, indépendamment du fait qu'il s'agisse d'apport en nature ou en numéraire. Mais
dans les SA qui sont des sociétés ayant un capital assez important, il est admis que le capital
social soit partiellement libéré étant entendu que la libération intégrale doit intervenir dans un
délai fixé par le législateur OHADA. Les actions représentant les apports en numéraire doivent
être libérées d’au moins un quart de leur valeur nominale lors de la souscription du capital
social. Le solde doit être libéré au plus tard dans les trois (03) ans de l’immatriculation de la
société au RCCM.

La libération des apports en numéraire peut être faites en espèce ; par chèque ou
virement bancaire. Ces apports en numéraire donnent droit aux actions de numéraire alors que
les apports en nature donnent droit aux actions d'apports. Les actions de numéraire sont celles

14
dont le montant est libéré en espèce ou par compensation de créances certaines, liquides et
exigibles sur la société ; celles qui sont émises par suite d'incorporation.

L’action représentative des apports en numéraire doit demeurer sous la forme


nominative tant qu'elle n'a pas été complètement libérée. Ainsi, le titre représentant l'action
contiendra la mention du nom de son titulaire et sa transmission ne peut être faite que par
l'inscription sur les registres de la société du nom du nouvel acquéreur et la radiation de l'ancien.
Au contraire, une fois libérée, rien ne s'oppose à ce que l'action soit transmise par la simple voie
de la tradition ; d'où l'importance de la libération des différents apports qui facilitent ainsi leur
cessibilité.

Il faut rappeler que le respect de l'ensemble de ces règles de constitution énoncées ne


peut être assuré que s'il existe des moyens de coercition efficaces ; c'est en cela que le législateur
a su déceler les différents vices pouvant affecter la fusion des apports, et qui auront des
répercussions importantes aussi bien sur la société que sur les associés.

Paragraphe II : les vices de constitution

Les vices affectant la constitution du capital social sont nombreux allant du caractère
fictif des apports aux déclarations mensongères faites à l’occasion de leurs délibérations. Ceux-
ci auront une influence sur la société (A) mais aussi sur les associés responsables de ce vice
(B).

A : les conséquences sur la société

L'acte uniforme précise que toute société doit avoir un capital social. Cependant, Une
société peut être constituée avec un capital social irrégulier, voire même sans. C’est le cas au
niveau des sociétés de capitaux (S.A ; S.A.R.L). En réalité, le défaut d'apport ne se rencontre

15
guère à l'état pur ; on rencontre en revanche des apports fictifs qui sont des apports dénués de
toute valeur et de toute utilité33.

Ce défaut d'apport ou même un vice affectant la constitution du capital social peut


entraîner la nullité de la société. L'action en nullité peut être intentée par toute personne
justifiant d'un intérêt légitime et se prescrit par cinq ans (il s'agit nécessairement d'une nullité
absolue). Mais attention, les effets de la nullité en droit des sociétés ne sont pas rétroactifs : il
sera considéré que la société a existé en tant que société de fait, la nullité prendra alors l’effet
d’une dissolution.

Il est important de noter que le vice de constitution du capital social aura un impact
beaucoup plus grand sur les associés que sur la société elle-même, en raison du fait que cette
dissolution aura des conséquences graves aussi bien sur le plan économique que juridique car
ce sont des milliers de salariés, si l'on en juge par la dimension des sociétés anonymes, qui
risquent de se retrouver au chômage et l'impact économique, à cette occasion, s'en fera ressentir.

Ainsi, le législateur OHADA pour éviter cette situation a admis une régularisation. En
effet, toute nullité, à l'exception de celle portant sur l'illicéité de l'objet social, peut être couverte
c'est-à-dire régularisée34. Si les statuts ne contiennent pas toutes les énonciations exigées par le
présent Acte uniforme ou si une formalité prescrite par celui-ci pour la constitution de la société
a été omise ou irrégulièrement accomplie, tout intéressé peut demander à la juridiction
compétente, dans le ressort de laquelle est situé le siège social, que soit ordonnée, sous astreinte,
la régularisation de la constitution. Le ministère public peut également agir aux mêmes fins35.

L’action aux fins de régularisation se prescrit par trois (03) ans à compter de
l’immatriculation de la société ou de la publication de l’acte de la modification des statuts36.

33
H. LABITEY, Maître de conférences (Université Gaston Berger de Saint-Louis) (Apport d'un brevet
périmé ; d'une créance sur un débiteur insolvable etc.)

34
Y. GUYON, Droit des affaires, Tome1, 6e édition, Action en régularisation : Domaine (Page 159) et
Régime (Pages160-161)
35
Art 75AUDSC
36
Art 77 AUDSC
16
Le tribunal saisi d'une action en nullité peut, même d'office, fixer un délai pour permettre
de couvrir la nullité. Il ne peut pas prononcer la nullité moins de deux mois après la date de
l'exploit introductif d'instance. Si, pour couvrir une nullité, une assemblée doit être convoquée
et s'il est justifié d'une convocation régulière de cette assemblée, le tribunal accorde, par un
jugement, le délai nécessaire pour que les associés puissent prendre une décision.

Si, à l'expiration du délai prévu aux alinéas précédents, aucune décision n'a été prise, le
tribunal statue à la demande de la partie la plus diligente37. Cependant même en cas de
régularisation, « Les fondateurs, ainsi que les premiers membres des organes de gestion, de
direction ou d'administration, sont solidairement responsables du préjudice causé soit par le
défaut d'une mention obligatoire dans les statuts, soit par l'omission ou l'accomplissement
irrégulier d'une formalité prescrite pour la constitution de la société. »

Nous verrons donc les conséquences sur les premiers responsables de l’irrégularité.

B : les conséquences sur les associés

Les conséquences sont nombreuses, et les auteurs encourent des sanctions engagent
d’autant leur responsabilité civile que pénale.

Chaque associé peut engager sa responsabilité envers la société du moment qu’il est
débiteur envers la société de tout ce qu'il s'est obligé à lui apporter en numéraire ou en nature38.
En cas de retard dans le versement, les sommes restantes dues à la société portent de plein droit
intérêt au taux légal à compter du jour où le versement devait être effectué sans préjudice de
dommages et intérêts, s'il y a lieu39. S’il y a annulation de la société, ce sont les fondateurs,
ainsi que les premiers membres des organes de gestion, de direction ou d'administration, qui
sont solidairement responsables du préjudice causé soit par le défaut d'une mention obligatoire
sans les statuts, soit par l'omission ou l'accomplissement irrégulier d'une formalité prescrite
pour la constitution de la société40. L'action en responsabilité civile se prescrit par cinq ans à

37
Art. 247 AUDSC
38
Art 37 AUDSC
39
Art 43 AUDSC
40
Art 78 AUDSC
17
compter, selon le cas, du jour de l'immatriculation de la société ou de la publication de l'acte
modifiant les statuts.

Cependant, il n'est pas aisé de déterminer avec exactitude les personnes auxquelles les
vices de constitution sont imputables. Le législateur OHADA a donc retenu la responsabilité
des fondateurs de la société auxquels la nullité est imputable et les administrateurs ou
administrateurs général en fonction au moment où elle a été encourue41. Sont qualifiés de
fondateurs de la société, toutes les personnes qui participent activement aux opérations
conduisant à la constitution de la société42.

Il arrive que certaines atteintes aboutissent à la responsabilité pénale de leurs auteurs du


fait de leur gravité. Les incriminations prévues sont, pour certaines, relatives aux irrégularités
lors de la recherche même du capital social ; pour d'autres, il s'agit de sanctionner les fausses
déclarations tel que le mensonge dans l'établissement du certificat de dépôt des souscriptions
ou de versements

Encourent une sanction pénale :

1°) ceux qui, sciemment, par l'établissement de la déclaration notariée de souscription


et de versement ou du certificat du dépositaire, auront affirmé sincères et véritables des
souscriptions qu'ils savaient fictives ou auront déclaré que les fonds qui n'ont pas été mis
définitivement à la disposition de la société ont été effectivement versés ;

2°) ceux qui auront remis au notaire ou au dépositaire, une liste des actionnaires ou des
bulletins de souscription et de versement mentionnant des souscriptions fictives ou des
versements de fonds qui n'ont pas été mis définitivement à la disposition de la société ;

3°) ceux qui sciemment, par simulation de souscription ou de versement ou par


publication de souscription ou de versement qui n'existent pas ou de tous autres faits faux,
auront obtenu ou tenté d'obtenir des souscriptions ou des versements ;

41
Art 738 AUDSC
42
Art 108 AUDSC
18
4°) ceux qui, sciemment, pour provoquer des souscriptions ou des versements auront
publié les noms de personnes désignées contrairement à la vérité comme étant ou devant être
attachées à la société à un titre quelconque ; ceux qui, frauduleusement, auront fait attribuer à
un apport en nature, une évaluation supérieure à sa valeur réelle43.

Les apports de par leur fusion trouveront leur importance dans le cadre du
fonctionnement de la société, qui sera l’objet de notre partie suivante.

43
Art 887 AUDSC

19
CHAPITRE II : LES APPORTS LORS DU
FONCTIONNEMENT DE LA SOCIETE : LE CAPITAL
SOCIAL

Le capital social joue un rôle important tout au long de la vie d’une société, surtout dans
son fonctionnement. Dans un premier temps, son rôle se situe d'une part au niveau du
financement initial de la société lors duquel le choix de son montant sera déterminant quant à
la bonne conduite des affaires de la société notamment en ce qui concerne la couverture de ses
besoins permanents. Dans le même temps, le financement du capital social entraîne des
conséquences tant au plan interne qu'au plan externe (section I).

Dans un second temps, il paraît important d'évoquer les opérations sur le capital social
notamment celles relatives à son augmentation et à sa réduction, et qui pourront par la suite lui
porter préjudice. Le législateur a ainsi incriminé des infractions spécifiques afin de protéger le
capital social (section II).

SECTION I : L’IMPORTANCE DU CAPITAL SOCIAL DANS LE


FINANCEMENT DE LA SOCIETE

Le capital social joue en effet un rôle financier très important. Le cycle de financement,
il faut le rappeler, correspond à l'ensemble des opérations financières de la société liées aux
opérations de règlement, d'encaissement et de répartition des bénéfices. Il convient dès lors
d'élaborer un plan de financement (prg I) adapté aux besoins de la société afin d'utiliser, au
mieux des intérêts de cette dernière, le capital comme ressource. Lorsque le financement du
capital social aura été réalisé, celui-ci aura des répercussions sur la société (prg II).

Paragraphe I : le plan de financement

Le choix du plan de financement doit être bien pensé(A) ; ceci étant fait, il ne restera
plus qu’à le mettre en œuvre(B).

20
A : le processus de choix du plan de financement

La finalité d’une société étant d’apporter aux actionnaires des bénéfices probants,
l’élaboration d’un bon plan de financement est nécessaire afin d’atteindre cette fin. Pour ce
faire, le plan de financement doit être pris en connaissance de cause c'est-à-dire au regard du
cycle d'exploitation et du cycle d'investissement. En effet, le plan doit à cet effet tenir compte
des besoins de la société car il s'agit d'une vision à long terme 44. Il doit regrouper tous les
besoins et les ressources à long terme de la société, sans tenir compte des fluctuations
saisonnières45.

D’un point de vue juridique, un choix pas très bien pensé du montant du capital social
peut entraîner la responsabilité du gérant de la société qui aura commis une faute de gestion,
bien qu'il faille différencier entre la faute de gestion et le risque social lors de la création de la
société. Certes l'aléa des affaires exclut les garanties contre les pertes et rend légitime le droit à
l'erreur, mais le fait de sous capitaliser est un comportement de direction qui est fautif et qui
doit donc être sanctionné.

La Cour de Cassation française a consacré ce principe et recherche ainsi les fautes


commises par les dirigeants dès la création de la société. Les dirigeants sociaux doivent de ce
fait utiliser tous les instruments comptables et financiers leur permettant de prévoir les
difficultés de la société et mettre en place la base financière nécessaire à son fonctionnement46.

Les dirigeants doivent donc faire preuve d’efficacité dans le cadre de la mise en œuvre
de ce plan de financement.

B : la mise en œuvre du plan de financement

Le plan de financement d'une société en formation sera différent du plan d'une société
qui a fonctionné pendant un certain temps. Pour la société en formation, le plan de financement

44
V. B. SOLNIK, Gestion financière, 6e édition, 2002 ; Le financement des entreprises, éd. Francis
LEFEBRE, 1993
45
Ibidem
46
ibid.
21
doit tenir compte de sa capacité d'autofinancement et des pertes liées au commencement du
cycle d'exploitation qui est très coûteux les premiers mois.

Le plan sera donc élaboré à court terme pour une vision plus précise des besoins de la
société et de sa mise en marche. La société bénéficie à cet effet de ressources externes qui se
traduisent soit par une augmentation de capital, soit par l'endettement. Relativement à la
première possibilité, on peut dire que si la société veut financer sa politique d'investissement,
elle peut accroître son capital soit en émettant de nouvelles actions, soit en augmentant le
nombre de parts sociales.

Cette méthode peut prendre plusieurs formes selon les modalités choisies :

Augmentation de capital réservée aux anciens actionnaires : Dans ce cas, l'entreprise


émet de nouvelles actions (augmentation de capital en numéraire) sous la forme d'une
augmentation de capital réservée à ses actionnaires actuels. Cela présente l'avantage de
ne pas faire appel à de nouveaux actionnaires et donc de ne pas modifier la répartition
du capital entre les actionnaires. C'est le cas notamment des entreprises familiales qui
veulent garder le contrôle de leur entreprise. Les anciens actionnaires souscrivent donc
à l'augmentation de capital au prorata de la part qu'ils détiennent déjà dans le capital de
l'entreprise.
Augmentation de capital avec appel à de nouveaux actionnaires : Dans un certain
nombre de cas, l'augmentation de capital ne peut pas être souscrite par les anciens
actionnaires. L'entreprise va donc émettre de nouvelles actions (augmentation de capital
en numéraire) qui seront acquises par de nouveaux partenaires. Cette stratégie a comme
conséquence l'entrée au capital de l'entreprise de nouveaux actionnaires, ce qui peut
entraîner un changement de majorité dans le capital de l'entreprise. Cette technique est
notamment mise en œuvre lorsqu'une entreprise s'introduit sur le marché boursier pour
financer son développement. C'est le cas entre autres des entreprises innovantes qui
s'introduisent au nouveau marché pour trouver les financements dont elles ont besoin et
que ne peuvent apporter les actionnaires initiaux.
Augmentation de capital par apport en nature : Il arrive qu'une entreprise augmente son
capital non pas pour disposer de nouvelles ressources financières, mais en contrepartie
de l'apport par un partenaire extérieure de biens réels, que ce soit des immobilisations
corporelles ou incorporelles. Dans ce cas, l'augmentation de capital n'est que la
22
contrepartie d'un apport en nature. Cette méthode peut être mise en place dans le cas
d'une entreprise par une autre. Cette méthode présente l'avantage de ne pas faire appel
à de nouveaux actionnaires pour obtenir les fonds nécessaires au rachat d'une autre
entreprise et permet aussi d'éviter de financer ces besoins par un recours à l'endettement.
Augmentation de capital par conversion de créances : Cette technique, moins utilisée
que les précédente, permet à l'entreprise de modifier son équilibre financier en
transformant une dette en part de capital. Mais cette technique est forcément limitée en
capacité puisque l'augmentation de capital ne peut alors excéder le montant de la dette
initial.
Le financement par augmentation du capital social : L'augmentation du capital social
permet à la société des apports d'argent plus ou moins important ; elle peut être mise en
œuvre par l'incorporation de réserves. Les bénéfices réalisés par la société peuvent en effet
être soit distribués, soit mis en réserve ; les associés pourront alors décider de les intégrer au
capital. Ceci aura alors pour effet d'augmenter la valeur des actions ou même leur nombre.
L'augmentation permet en outre à la société d'avoir des fonds propres sans recourir à
l'emprunt qui lui aura un coût du fait des intérêts qu'il produit ; elle pourra aussi créer de
nouvelles actions qui seront mises en vente à prix fixe. Mais l'augmentation du capital est une
lourde formalité ; les frais d'une augmentation par appel à l'épargne publique sont élevés et
le résultat assez hasardeux puisqu'il dépend des conditions du marché financier

Le coup d'accordéon : est une opération complexe qui se caractérise par une réduction
du capital suivie directement par une augmentation. L'objectif principal de cette
opération est de faire disparaître les pertes figurant dans les capitaux propres. En
pratique le capital est préalablement ramené à zéro par annulation des actions existantes.
Mais il faut préciser que cette réduction n'est admise que sous la condition suspensive
d'une augmentation de capital d'un montant suffisant pour permettre la constatation,
après déduction des pertes restantes, d'un capital atteignant le minimum légal. De plus
cette solution permet de modifier plus facilement l'actionnariat de la société.

Toutes ces mises en œuvre en vue du financement du capital auront naturellement des
répercussions sur la société.

23
Paragraphe II : les répercussions du financement du capital social

Le patrimoine de la société qu’est le capital social, existe pour l’essentiel du fait de la


fusion des apports faites par les associés. Cette fusion d’apports n’est pas sans conséquences
pour la société dont elle permet l’organisation et fonde aussi l’existence de certains principes
du droit commercial comme celui de la limitation de la responsabilité des associés aux apports
dans le cadre des SA et SARL, ou encore le principe de l'intangibilité et de la fixité du capital.

Ce sont là l'essentiel des répercussions du financement du capital social qui peuvent dès
lors être classés selon le champ dans lequel elles produisent leurs effets. La fusion des apports
aura donc des conséquences autant sur le plan interne(A) que sur le plan externe(B).

A : les répercussions internes

Le rôle joué par le financement du capital social dans l'organisation interne de la société
est crucial tant au plan patrimonial qu'au plan extra patrimonial de par les implications
politiques de ce financement. Concernant les droits et obligations patrimoniaux, nous pouvons
dire la société rémunère les associés en leur attribuant des titres sociaux auxquels ceux-ci sont
attachés. Ainsi, les titres sociaux confèrent à leurs titulaires :

▪ Un droit sur les bénéfices réalisés par la société lorsque leur distribution
a été décidée ;
▪ Un droit sur les actifs nets de la société lors de leur répartition, à sa
dissolution ou à l'occasion d'une réduction de son capital ;
▪ Le cas échéant, l'obligation de contribuer aux pertes sociales dans les
conditions prévues pour chaque forme de société.47

Les titres confèrent donc aux associés le droit de se partager les bénéfices réalisés par la
société mais aussi d'acquérir une partie de l'actif net résultant de la dissolution de la société. De
plus, les associés ont le devoir de contribuer aux pertes, et ce selon les conditions fixées par les

47
Art 53 AUDSCG
24
statuts, sans pour autant lier les associés48. Cela a pour but d’interdire et de sanctionner les
clauses léonines.

Il est tout de même admis un mode de répartition inégalitaire par lequel certains associés
recevront une part de bénéfice plus importante que leur participation au capital, ou à l'inverse,
participant aux pertes dans une proportion moindre49. De telles clauses font néanmoins l'objet
d'un contrôle50. Les prérogatives patrimoniales reconnues aux associés leur donnent la
possibilité de céder leurs titres sociaux ou de les donner en garantie51. Les titres négociables par
contre ne sont émis que par les SA et ne peuvent être garantis52.

Quant aux droits extra patrimoniaux, ceux-ci se composent essentiellement du droit à


l’information et du droit au vote. Relativement au droit à l'information, il faut préciser qu'il
s'agit ici d'informations sur les affaires sociales ; il faut distinguer l'information permanente
relative à toutes les informations qui doivent être communiquées en permanence à l'associé, de
l'information occasionnelle. L'art. 344 de l'AUSCG dispose à cet effet que « Les associés ont
un droit d'information permanent sur les affaires sociales. Préalablement à la tenue des
assemblées générales, ils ont en outre un droit de communication. »

Il diffère du droit de communication qui lui porte sur les états financiers de synthèse de
l'exercice et le rapport de gestion établis par le gérant, sur le texte des résolutions proposées et,
le cas échéant, sur le rapport général du commissaire aux comptes ainsi que sur le rapport
spécial du commissaire aux comptes relatif aux conventions intervenues entre la société et un
gérant ou un associé.

Le droit de communication s'exerce durant les quinze jours précédant la tenue de


l'assemblée générale. Le droit à l'information est un droit important car il permet à l'associé de
procédé, en connaissance de cause, au vote qui sera alors éclairé. C'est ainsi que l'acte uniforme
prévoit que toute clause tendant à remettre en cause cette prérogative, sera réputée non écrite.

48
Art 54 al 1 AUDSC
49
Actions privilégiées donnant droit à un dividende prioritaire…
50
Art 13 AUDSC
51
Art 57 AUDSC
52
Art 58 AUDSC
25
Le droit de vote quant à lui permet à l'associé de participer activement aux assemblées.
Chaque associé à le droit de participer aux décisions et dispose d'un nombre de voix égal à celui
des parts sociales qu'il possède53. Les articles 334 à 336 nous donnent des détails sur les
modalités de représentation des associés. Il convient de souligner que le droit de vote n'est pas
un principe absolu car aussi bien l'abus de majorité et l'abus de minorité sont sanctionné par la
loi. Ainsi, Les décisions collectives peuvent être annulées pour abus de majorité et engager la
responsabilité des associés qui les ont votées à l'égard des associés minoritaires.

Il y a abus de majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une décision dans leur
seul intérêt, contrairement aux intérêts des associés minoritaires, et que cette décision ne puisse
être justifiée par l'intérêt de la société54. Par contre, il y a abus de minorité lorsque, en exerçant
leur vote, les associés minoritaires s'opposent à ce que des décisions soient prises, alors qu'elles
sont nécessitées par l'intérêt de la société et qu'ils ne peuvent justifier d'un intérêt légitime55.

Hormis ces conséquences, il y a aussi des conséquences au plan externe.

B : les répercussions externes

Le capital social apparaît dès lors comme une source de protection, qui est renforcée
grâce au principe de la fixité, bien que relative, du capital social. La protection des créanciers
sociaux est assurée grâce à la reconnaissance d’un droit de gage général sur capital social, et ce
au profit des créanciers de la société. C’est un droit de gage général de tout créancier sur son
débiteur. C'est en outre dans le souci de protéger les créanciers que les règles relatives à la
souscription et à la libération du capital social ont fait, pour l'essentiel, l'objet d'une
réglementation stricte. En France, sous l'Ancien Régime, le capital était considéré comme un
élément accessoire à l'existence sociale de l'entreprise et à sa relation avec les tiers. En effet, il
pouvait être totalement dissimulé et gardé secret, jusque dans les actes de société, mais
également être réalisé progressivement au gré des besoins de l'entreprise ou des capacités de
financement des bailleurs de fonds.

53
Art 344 AUDSC
54
Art 130 AUDSC
55
Art 131 AUDSC
26
Sur le plan comptable, il n'était que rarement exprimé. Le code de commerce de l’époque
(1807-1966) illustre bien l’importance du capital social, ainsi que l’immission du gouvernement
dans les sociétés privées dans ses articles 3,37 et 38.

Quant au principe de fixité, il fut édicté parce que la connaissance du capital engagé par
les associés représentait une fonction subalterne de la protection des créanciers tant que la
responsabilité était illimitée : s'assurer de l'existence dans l'entreprise de leur valeur devient dès
lors fondamental dans la mesure où celle-ci est limitée aux apports. En France, le Gouvernement
était en fait confronté à un dilemme ; Il lui fallait d'une part rassurer les investisseurs potentiels
et un public fortement réticent face à un mode de protection qui lui est étranger, et d'autre part,
donner des gages d'un retour sur investissement aux premiers souscripteurs56.

L'instruction du 11 juillet 1818, élaborée sous forme de questions-réponses, « faisant


suite à l'instruction du 22 octobre 1817, sur l'établissement des sociétés anonymes », a tenté de
résoudre ces contradictions en contraignant ces sociétés à la dissolution « Quand donc il est
constaté que le fonds social57 est réduit au tiers, au quart ou à telle autre proportion prévue et
fixée d'avance dans l'acte d'association »58 et en interdisant la distribution de dividendes lorsque
le capital « a été entamé »... mais tout en précisant que cette obligation « ne préjudicie en rien
au paiement des intérêts ordinaires ».

Ces deux questions, dont l'articulation repose sur la notion de capital, soulignent bien
les difficultés à concevoir un nouveau mode de protection des créanciers. Ce n'est plus «
l'opinion » du créancier qui détermine la confiance qu'il met en la société avec laquelle il traite,
mais le capital ; pour ce motif, « tout ce qui concerne son existence doit être public » et « quand
on est au point de ne pouvoir plus concilier la sûreté des créanciers futurs, [...] la Compagnie
doit être tenue de mettre fin à ses opérations ». La priorité est donc le maintien du capital, fusse-
t-il au prix de la dissolution59 ou de l'absence de dividendes.

56
cf. Y. LEMARCHAND (1993), Du dépérissement à l’amortissement, enquête sur l’histoire d’un
concept et de sa traduction comptable, Ouest Editions, Nantes, France, 1993.
57
Ici, le capital social
58
Ici, l’acte de société
59
Art. 586.3° C.ce
27
Si l'instruction tente de réconcilier des intérêts antagonistes, une autre question d'égale
importance était de savoir quelle était l'attitude du Conseil d'Etat60français chargé d'instruire les
dossiers. Il semblerait qu'il faille dissocier selon que la société était en formation ou en cours
de fonctionnement. Le Conseil d'Etat parait particulièrement vigilant à l'existence du capital
pendant la période de formation et n'hésite pas à exiger de nombreuses modifications aux
statuts. Il se montre également particulièrement hostile aux apports en nature, comme l'exprime
son refus de voir se transformer en société anonyme la Compagnie des Forges de Commentry
Châtillon, au motif que le capital est grevé d'un important passif et que « la jurisprudence était
en général de n'autoriser la SA que quand le fond social était entièrement liquide »61.

En revanche, son contrôle était beaucoup plus aléatoire une fois l'autorisation obtenue.
A ceci, plusieurs motifs peuvent être retenus. Premièrement, les sociétés anonymes sont rares à
fournir les états semestriels imposés par l'instruction de 1818 ; et quand elles les produisent, ils
sont souvent difficiles à comprendre. Deuxièmement, si les différents corps administratifs sont
compétents pour évaluer la relation existante entre le capital annoncé et l'estimation des apports,
il leur est très difficile de s'assurer de la validité de ce lien au cours de la vie sociale, faute
d'outils comptables appropriés.

Autrement dit, se pose déjà là toute la question, qui fera débat en France pendant un
siècle, de la pertinence du concept de fixité du capital pour une société en cours d'exploitation.
Troisièmement, il est probable que les administrations chargées des contrôles manquaient de
moyens humains ; l'allongement progressif des délais pour l'obtention de l'autorisation semble
indiquer que le Conseil d'Etat ne pouvait mener de front le contrôle a priori et a posteriori. Il
paraît donc logique qu'il se soit consacré à effectuer ce qu'il pouvait le mieux vérifier.

La loi française du 17 juillet 1867 consacrera l'abandon définitif du contrôle


administratif sur la création des sociétés anonymes. Mais le principe de fixité du capital

60
Le Conseil d'Etat déléguera au Corps des ingénieurs des Mines, de façon sporadique, puis régulière,
l'instruction des dossiers à partir de 1816 pour ne conserver à son actif que la décision définitive, au vu de leur
rapport.
61
Extrait du rapport du Chef de la Division des Mines in Anne LEFEBVRE-TEILLARD (1981), «
L’intervention de l'Etat dans la constitution des sociétés anonymes »,1807-1867, Revue historique de droit
français et étranger, n°3,1981

28
demeure et influencera fortement la littérature comptable et juridique française à compter de la
deuxième moitié du XIXe siècle.

Outre ces opérations visant à assurer la pérennité du capital social, le législateur assure
la protection du patrimoine de la société grâce à l’interdiction de certains actes pouvant porter
atteinte à l’intégrité de ce dernier.

SECTION II : LA PROTECTION DU CAPITAL SOCIAL

Bien que l’effet ne soit pas direct, la sanction de l'abus de biens sociaux et la distribution
de dividendes ne résultant pas de la réalisation d'un bénéfice par la société, protège le législateur
et dans le même temps les créanciers sociaux, les actionnaires mais aussi la société notamment
en ce qui concerne son patrimoine.

La protection du capital social procède d'une part de la sanction du délit de distribution


de dividendes fictifs (parag1er) mais aussi de celui de l'abus de biens sociaux (parag2), montrant
l’intérêt particulier que le législateur OHADA attache au capital social.

Paragraphe I : le délit de distribution de dividendes fictifs

Dans un premier temps, nous verrons quels sont les éléments constitutifs de l'infraction
(A) et dans un second temps la mise en œuvre de la sanction (B).

A : les éléments constitutifs du délit de distribution de dividendes


fictifs

Selon l’adage latin exprimant le principe de légalité « nullum crimen, nulla poena sine
lege », tout acte constituant un crime ou un délit doit être défini avec précision par la loi ainsi
que les peines qui lui sont applicables62. L’on peut dire en faveur de ce principe que l’Acte

62
Lexique des terme juridiques ; D., 14e éd.2003
29
uniforme incrimine les irrégularités comptables qui révèlent un défaut de sincérité, notamment
la distribution de dividendes fictifs.

L’article 889 AUSC dispose « Encourent une sanction pénale, les dirigeants sociaux
qui, en l'absence d'inventaire ou au moyen d'inventaire frauduleux, auront, sciemment, opéré
entre les actionnaires ou les associés la répartition de dividendes fictifs. ». Cela constitue
l’élément légal.

L’infraction doit aussi avoir un élément matériel. Cela signifie qu'elle doit
nécessairement se matérialiser par un fait extérieur, c'est-à-dire que l'intention coupable ne
suffit pas à retenir une telle qualification. Dans le cadre du délit de distribution de dividendes
fictifs, l'élément matériel tient en ce que l'auteur va procéder à la distribution de dividendes qui
sont fictifs, c'est-à-dire qui ne résultent pas de la réalisation d'un bénéfice par la société 63. Il
n'est donc pas consommé après la décision de répartition prise par l'AG sur proposition des
administrateurs64. Il peut également procéder d'une fraude dans l'établissement du bilan de sorte
à y faire figurer un bénéfice apparent ; ce qui constitue dans ce cas des circonstances
aggravantes pour son auteur.

De plus, il doit y avoir aussi une intention coupable qui constitue l'élément moral de
l'infraction. La mauvaise foi de l'auteur doit être constatée. Celle-ci consiste dans la
connaissance par l’auteur, tant du caractère fictif des dividendes que de l’inexactitude de
l’inventaire ou du bilan ou des conditions dans lesquelles la distribution des dividendes a été
décidée.

Certains auteurs affirment que l'élément moral est double du fait que la faute suppose
un dol général résultant de l'intention coupable, et un dol spécial caractérisé par un but
déterminé65.

Les éléments constitutifs réunis, il convient de mettre en œuvre la sanction.

63
Com., 20 dec.1933, 3.soc, 1933,375
64
Crim., 14 mars 1936, D.H. 1936, 270 ; 28 mars 1936, Gaz.Pal. ; 1936.2.9, J. soc, 1937)
65
Notes sous art.890 AUSCG
30
B : la sanction du délit de distribution de dividendes fictifs

Il faut avant tout souligner que l’ordre de mise en paiement suffit à consommer le délit
de distribution de dividendes fictifs. Les sujets passifs de cette infraction sont les auteurs
principaux qui doivent avoir la qualité de dirigeant exigé par les textes. Les dirigeants de fait
de ces sociétés peuvent également être auteurs du délit.

Les complices sont ceux qui, en connaissance de cause, ont sciemment concouru à la
préparation ou à la préparation ou à la commission du délit. Comme à propos du délit de
présentation ou de publication de comptes infidèles, ils peuvent être des experts comptables ou
des commissaires aux comptes qui auraient été les concepteurs des manipulations ayant fait
apparaître les bénéfices fictifs. Les associés peuvent aussi être déclarés complices s’ils avaient
voté de mauvaise foi la délibération décidant de l’attribution de dividendes fictifs. Les sujets
actifs sont le ministère public, les actionnaires agissant à titre individuel, à condition qu’ils aient
acquis leurs titres après la distribution des dividendes et en raison de cela, les créanciers à qui
l’infraction réduit le gage.

La juridiction compétente est le tribunal du lieu où l'infraction a été commise ou de celui


du domicile du défendeur. Cette option n'est pas d'ordre public puisque les parties peuvent
convenir du tribunal à saisir.

Au Sénégal, ce délit est puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans au plus et d’une amende
obligatoire allant de 100.000 à 500.000Fcfa.

Au Cameroun, il est puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de


1.000.000 à 10.000.0000Fcfa ou l’une de ces deux peines seulement.

En Centrafrique, cette infraction est punie d’une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans


et/ ou d’une amende de 1.000.000 à 5.000.000Fcfa.

L'autre infraction pouvant porter sur le patrimoine de la société concerne l'abus de biens
sociaux.

31
Paragraphe II : l’abus de biens et du crédit de la société

Après avoir énoncé dans un premier temps les éléments constitutifs du délit d'abus de
bien sociaux (A), nous montrerons quelle est la procédure de mise en œuvre de la sanction (B).

A : les éléments constitutifs du délit d’abus de biens sociaux

L’article 891 AUSC dispose : « encourent une sanction pénale, le gérant de la société à
responsabilité limitée, les administrateurs, le président directeur général, le directeur général,
l'administrateur général ou l'administrateur général adjoint qui, de mauvaise foi, font des biens
ou du crédit de la société, un usage qu'ils savaient contraire à l'intérêt de celle-ci, à des fins
personnelles, matérielles ou morales, ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle
ils étaient intéressés, directement ou indirectement ». Cette disposition légale incrimine les abus
ou les atteintes ayant trait aux valeurs patrimoniales que sont les biens sociaux ou le crédit de
la société.

Relativement à l'élément matériel on peut qu'il consiste en l'usage des biens ou du crédit
de la société à des fins personnels et ce contrairement à l'intérêt de celle-ci. Les biens concernent
tous les éléments mobiliers et immobiliers du patrimoine social ; le crédit concerne quant à lui
la réputation de la société du point de vue financier (lorsque par exemple le dirigeant engage la
société par l'acceptation d'effets de complaisance.

L'usage tient en ce que l'auteur de l'infraction va par exemple s'approprier des sommes
revenantes à la société en s'octroyant des rémunérations abusives ou des avantages en nature66.
L'usage peut aussi consister en une abstention ; dans ce cas il s'agira par exemple de ne pas
réclamer le paiement de livraisons faites à une autre société67. L'usage doit aussi être contraire
à l'intérêt social ; sont concernés en premier lieu tous les actes qui porte atteinte au patrimoine
social (par exemple un dirigeant qui puise dans la caisse sociale pour ses besoins personnels).

Il en est de même de tous les actes faisant courir un risque anormal au patrimoine social
; c'est par exemple le cas d'un dirigeant qui fait cautionner par la société une dette personnelle68

66
Crim.25 nov.1975, B. n°257 ; J.C.P.1976, 2, 18476, note Delmas-Marty
67
Crim.15 mars 1972, B. n°107 ; Rev. Soc.1973, 357, note Bouloc
68
Crim.10 mai 1955, B. n°234
32
ou a mis en circulation sous le couvert de la société des effets de complaisance étrangers à
l'activité sociale69.

Relativement à l'élément moral, on peut dire que celui-ci est doublement requis. D’une
part, la mauvaise foi de l’auteur est requise, ainsi que la poursuite de fins personnelles, le bût
d’intérêt personnel et égoïste qui constitue le dol spécial. D’autre part, la mauvaise foi
correspond au dol général en ce qu’elle suppose que l’agent ait eu conscience du caractère
contraire à l’intérêt de la société, de l’acte qui lui est reproché.

Ses éléments constitutifs étant connus, il convient d’en montrer la sanction.

B : la sanction du délit d’abus de biens sociaux

Le but poursuivi par les auteurs de cette infraction peut être pécuniaire et direct, mais
aussi professionnel et moral, ou se traduire par la faveur accordée à d’autres personnes
(entretien de relation d’amitié avec un tiers ou volonté de consolider avec une situation au sein
de la société et d’entretenir des relations avantageuses avec des personnes influentes).

Les dirigeants sociaux peuvent aussi avoir recherché un intérêt personnel indirect
consistant dans l’abus commis pour favoriser une autre société, personne morale dans laquelle
ils sont intéressés directement ou indirectement. Les personnes susceptibles d’être poursuivies
sont les seuls gérants de la société dont les qualités sont précisées dans l’incrimination.
Toutefois, ceux qui ont participé au délit peuvent non seulement être poursuivis comme
complices mais encore comme receleurs de choses.

En Sénégal, le législateur prévoit 1 an à 5ans de prison et une amende de 100.000 à


5.000.000Fcfa, tout en précisant que les deux peines doivent être obligatoirement prononcées
l’une et l’autre.

La loi du Cameroun prévoit quant à elle une peine de 1an à 5ans et une amende de
2.000.000Fcfa.

69
Crim.16 mars 1970, B. n°107

33
L’art 215 du code pénal centrafricain punit de 1 an à 5ans d’emprisonnement et/ou d’une
amende de 1.000.000 à 5.000.000Fcfa les auteurs d’abus de biens sociaux et du crédit de la
société.

34
CONCLUSION GENERALE

Nous pouvons retenir à la fin de cette analyse, que le capital social provient de la fusion
des apports effectuées par les associés. En effet, les associés peuvent procéder à des apports en
numéraire, en nature, ou en industrie, et ce afin de permettre à l’entreprise de poursuivre son
objet social. Ceux-ci suivent 2 principales phases afin de constituer le capital social qui sont la
promesse d'effectuer l'apport et la libération du capital par laquelle l'apporteur réalise sa
promesse. Par ailleurs, ces apports sont sujets à une règlementation spécifique tant normative
que fiscale.

La société constituée, il est montré par plusieurs auteurs que le capital social est un
élément indispensable pour la société puisqu'il sert de référence pour la mesure des bénéfices
ou des pertes subies par la société et, dans le même temps, permet aux administrateurs de
prendre les dispositions nécessaires pour la survie de la société. En effet, il permet d'effectuer
un certain nombre d'opérations telles que l'augmentation, la mise en réserve ou la réduction qui
sont des opérations indispensables pour la pérennité de la société. Ces opérations en plus de
contribuer au développement de la société, lui donne plus de crédit sur le marché par rapport à
ses concurrentes.

Il est aussi le gage des créanciers car, lorsque la société est liquidée, ces créanciers
pourront recouvrer leurs créances par prélèvement sur ce capital ; les associés quant à eux ne
pourront percevoir le montant de leurs apports qu'une fois que tous les créanciers sociaux ont
été désintéressés car ce sont des créanciers chirographaires c'est-à-dire de dernier rang.

Le législateur OHADA conscient de son importance cruciale, a émis une règlementation


rigoureuse tant dans sa constitution que lors des modifications qu’il peut subir tout au long du
fonctionnement de la société. De plus, il est apparu nécessaire d'assurer la protection de ce «
patrimoine social » qui doit demeurer distinct de celui des associés car la société a une vie qui
lui est propre et à cet effet bénéficie d'un patrimoine distinct de celui de ses membres; c'est en
ce sens qu'est consacrer la sanction de la distribution de dividendes ne résultant pas d'un
bénéfice mais aussi de l'utilisation des biens de la société pour ses besoins propres ; il s'agit en
somme de la sanction du délit de distribution de dividendes fictifs mais aussi de celui de l'abus
de biens sociaux, sanction qui a fait l'objet d'une construction jurisprudentielle abordable dans
l’espace OHADA, notamment dans les pays comme le Sénégal, la Centrafrique et le Cameroun.
35
Ainsi, de par la lecture de certains auteurs, nous pouvons affirmer que le capital social
fait bien parti des éléments les plus importants d'une société : son maniement implique
nécessairement la société.

36
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

I. Ouvrages

A. Ouvrages généraux

A. FENEON, Droit des sociétés en Afrique (OHADA), LGDJ, extenso


éditions,2006, 1072 P.

G. DECOCQ, F. BALLOT-LENA, Droit commercial, Dalloz, 6e édition,


2013, 480 P.

H. Alain BITSAMANA, Dictionnaire de droit OHADA, 229 P.

M de JUGLART et B. IPPOLITO, Les sociétés commerciales,


Montchrestien, Vol2, 10e édition, 1999, 880 P.

M. COZIAN et A. VIANDER, Droit des sociétés, Lexis Nexis, 35e édition,


2022, 962 P.

P. G. POUGOUE, Encyclopédie OHADA, Lamy,1e édition, 2011, 2021 P

S. GUINCHARD, T. DEBARD, Lexique des termes juridiques, Dalloz, 25e


édition, 2017-2018, 2002 P.

W. JEANDIDIER, Droit pénal des affaires, Dalloz, 6e édition,2000, 672 P.

Y. GUYON, Droit des affaires, Economica, tome1, 9e édition, 1996, 1016


P.

37
B. Ouvrages spécialisés et articles

C.JACQUILLAT, « La signification du capital social dans la théorie


financière »,2004,464P.

GROUPE DE RECHERCHE INNOVATION ET SOCIETE, « le capital


social », 2005,78 P.

Le Cannu et Parleani, « Le financement du capital, Revue des sociétés »,


2005,272 P.

II. Mémoires et thèses

Christine SOPPI, Les enjeux de la politique fiscale camerounaise et les


revenus du commerce électronique, thèse de doctorat, Bangui, Université de
Bangui, 2014, p. 153

Éric BROUSSEAU, « Commerce électronique : ce que disent les chiffres et


ce qu’il faudrait savoir », Économie et statistique, 2000, p. 147.

Mahawa DIOP, l’intangibilité du capital social et la protection des


créanciers sociaux, maîtrise, Université Gaston berger de Saint Louis,2006,
p.101.

Michel BALIMA, les sociétés commerciales en Afrique de l’ouest, thèse de


doctorat, Université de Dijon, 1979, p.877.

IV. Jurisprudence

38
C.A Niamey, n°04-024 ; 22-01-2004 : Elhadji B.K.L/ BIA Niger, Ohada J-
10-275

III. Textes législatifs

Code de commerce du 15 septembre 1807 (France)

Code Général des impôts en vigueur au 13 juillet 2022 (France)

Code pénal entré en vigueur le 1er mars 1994 (France)

Loi 2004-12 du 6 février 2004 portant modification du Code Général des


Impôts (Sénégal)

Loi 22-99 AN du 18 mai 1999 portant code de procédure civile


(promulguée par le décret 99-244 du 9 juillet 1999, J.O. BF).

Loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant code de procédure pénale au


Burkina Faso (promulguée par le décret n°2019-36/AN/PRES/SG/DGAJP/DSC
du 24 juin 2019).

Loi n°058-2017/AN du 20 décembre 2017 portant code général des impôts


du Burkina Faso (entré en vigueur le 1er janvier 2018

Loi n°2012-31 portant code général des impôts (entré en vigueur le 1 er


janvier 2013)

IV. Webographie

- http://www.juriscom.net/chr/2/fr20000509.htm(consulté le 27 mai 2022)

- www.cabinetaci.com/la-preuve-en-droit-penal.html(consulté le 03 mai 2022)

-www.wikibooks.org/droitdessociétés(consulté le 28avril 2022)

39
TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT.....................................................................................II

DEDICACE ...............................................................................................III

REMERCIEMENTS.......................................................................................................IV

LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES.................................................V

SOMMAIRE.............................................................................................. VI

INTRODUCTION GENERALE...................................................................1

CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES APPORTS LORS DE LA


NAISSANCE DE LA SOCIETE ………………………………………………...5

SECTION I : LA CONSTITUTION DES APPORTS…………………….5

Paragraphe I : les conditions relatives aux apports………………………..5

A : les apports exigés…………………………………………….....5

B : la règlementation spécifique aux différents apports……………..7

Paragraphe II : les droits d’enregistrement relatifs aux apports…………..9

A : les apports purs et simples……………………………………10

B : les apports à titre onéreux……………………………………...11

SECTION II : LES DIFFERENTES PHASES DE CONSTITUTION…12

Paragraphe I : les étapes relatives aux phases de constitution ……………..12

40
A : la souscription du capital………………………………………12

B : la durée de libération des apports……………………………...14

Paragraphe II : les vices de constitution …………………………………...15

A : les conséquences sur la société………………………………...15

B : les conséquences sur les associés………………………………17

CHAPITRE II : LES APPORTS LORS DU FONCTIONNEMENT DE LA


SOCIETE : LE CAPITAL SOCIAL ……………………………………………20

SECTION I : L’IMPORTANCE DU CAPITAL SOCIAL DANS LE


FINANCEMENT DE LA SOCIETE …………………………………………..20

Paragraphe I : le plan de financement……………………………………...20

A : le processus de choix du plan de financement………………….21

B : la mise en œuvre du plan de financement………………………24

Paragraphe II : les répercussions du financement du capital social………...24

A : les répercussions internes……………………………………...24

B : les répercussions externes……………………………………...26

SECTION II : LA PROTECTION DU CAPITAL


SOCIAL………………………………………………………………………...29

Paragraphe I : le délit de distribution de dividendes fictifs……………….29

41
A : les éléments constitutifs du délit de distribution de dividendes
fictifs……………………………………………………………………..29

B : la sanction du délit de distribution de dividendes fictifs………..31

Paragraphe II : l’abus de biens et du crédit de la société…………….........32

A : les éléments constitutifs du délit d’abus de biens sociaux……...30

B : la sanction du délit d’abus de biens sociaux………………........33

CONCLUSION GENERALE…………………………………………...35

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE .............................................................37

TABLE DES MATIERES..........................................................................40

42

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