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BOYAJIAN Marion

Quand l’aide éducative à


domicile intervient au cœur
des familles recomposées

Dossier écrit

Epreuve de certification bloc 2

Mémoire de pratique professionnelle

Diplôme d’état d’éducateur spécialisé


Session 2019 - 2022
Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier l’équipe de l’AED qui m’a permis d’effectuer mon stage
dans lequel je me suis épanouie et évoluer sur ma posture professionnelle.

Ensuite je tiens à remercier mon ancien collègue Bachar, sans qui je n’aurais peut-être
jamais sauté le pas afin de passer mon concours d’éducatrice spécialisée.

Puis, un grand merci à Justine qui m’a soutenu dans les moments difficiles, qui m’a élu et a
pu me pousser afin que ce mémoire voie le jour.

Je tiens à remercier mon conjoint qui a cru en moi et qui m’a poussé à trouver ma voie.

Merci à ma tante Lucie qui a pris le temps de relire mon mémoire.

Et pour finir, je tiens à dédier ce mémoire à la famille de mon conjoint et ma famille, ma


mère, mon père, mon beau-père et mes sœurs. Merci de croire en moi.
SOMMAIRE
Introduction :.....................................................................................................................................1
I. Contexte institutionnel .........................................................................................................2
II. Phase exploratoire :..............................................................................................................4
A. Situation numéro 1 : La famille de M. FIX et de Mme LAN :............................................... 5
B. Situation numéro 2 : La famille de Mr BOU et de Mme JO : ................................................ 7
C. Présentation de la question de départ : ................................................................................... 7
Ma question de départ est la suivante : .......................................................................................... 7
1. Expliquer ce qu’on l’observe situation 1 : ....................................................................... 10
2. Expliquer ce qu’on a observé situation 2 :....................................................................... 11
III. Problématique : ................................................................................................................. 12
IV. Cadre théorique : ............................................................................................................... 13
A. L’évolution des familles :..................................................................................................... 13
1. Les différentes organisations familiales ........................................................................... 13
2. L’histoire de la famille et les dates majeures dans cette évolution .................................. 14
B. Le rôle de l’attachement au sein de la famille ...................................................................... 15
1. La théorie de l’attachement.............................................................................................. 15
2. Le développement de l’enfant dans une famille recomposée ........................................... 16
C. Les beaux-parents dans tout ça ? .......................................................................................... 17
1. Statut ................................................................................................................................ 17
2. Fonction ........................................................................................................................... 18
V. Le recueil de données ........................................................................................................ 19
VI. L’analyse ............................................................................................................................ 20
A. Le droit du beau-parent ........................................................................................................ 20
1. Légitimité.......................................................................................................................... 20
2. L’autorité parentale ......................................................................................................... 22
B. La systémie........................................................................................................................... 23
1. Le système familial ........................................................................................................... 23
2. La tierce personne ............................................................................................................ 25
C. La complexité d’intégrer un beau-parent ............................................................................. 26
1. La rivalité ......................................................................................................................... 26
2. La violence ....................................................................................................................... 27
D. La relation éducative ............................................................................................................ 28
1. La confiance dans le lien.................................................................................................. 29
2. La temporalité dans le lien ............................................................................................... 30
VII. Le positionnement professionnel...................................................................................... 31
A. La notion d’éthique dans le positionnement professionnel .................................................. 32
B. De mes représentations de départ à aujourd’hui : ................................................................ 33
C. Des notions pour approfondir ma posture professionnelle ................................................... 34
1. La notion d’aidant ............................................................................................................ 34
2. La place des sentiments dans l’accompagnement éducatif .............................................. 36
D. Mes préconisations d’action ................................................................................................. 38
1. L’inclusion du beau-parent dans la mesure administrative ............................................. 38
2. Former les éducateurs ...................................................................................................... 39
Conclusion : .................................................................................................................................... 42
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Introduction :
« L’hiver venu, la neige recouvrit la tombe d’un tapis blanc. Mais au printemps, quand le
soleil l’eut fait fondre, l’homme prit une autre femme. La femme avait amené avec elle ses
deux filles qui étaient jolies et blanches de visage, mais laides et noires de cœur. Alors de
bien mauvais jours commencèrent pour la pauvre belle-fille. »
(Frères Grimm, 1812).
J’ai fait le choix de cette citation du conte de Cendrillon écrit par les frère Grimm
puisqu’elle illustre parfaitement mes représentations au départ de l’écriture de mon mémoire
quant à la belle-mère.

Dans le cadre de ce travail rédactionnel d’un mémoire de pratique professionnelle,


j’ai fait le choix d’aborder le thème des familles recomposées. J’ai effectué mon stage long
au sein d’un service de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), se déroulant du 23 novembre 2020
au 1er octobre 2021. Durant ce dernier, j’ai été amenée à accompagner des familles dans le
cadre de mesures administratives basées sur l’Aide Éducative à Domicile (AED). Afin
d’illustrer le choix de ma thématique, j’ai choisi de vous exposer deux situations d’appels
qui m’ont amenée aujourd’hui à formuler des questionnements autour de ma pratique
professionnelle en tant que future éducatrice spécialisée.
Cet écrit rentre dans le domaine de compétence 1 qui a pour but de nous placer dans
une réflexion sur la relation éducative. J’ai fait le choix de m’appuyer sur plusieurs domaines
afin d’enrichir mes recherches : la sociologie, la psychologie et la psychanalyse. Ces
différents domaines vont me permettre d’étayer ma recherche et de pouvoir aborder ma
problématique sous différents angles.

Dans la première partie de cet écrit, je vais vous présenter le contexte institutionnel
de la structure où j’ai effectué mon stage, les missions du service ainsi que le cadre légal qui
le régit. De plus je vous parlerai des missions de l’éducateur spécialisé et les différentes
instances que nous avons à notre portée afin d’échanger sur les caractéristiques des publics
accompagnés, les situations mais aussi le fonctionnement de la structure.
Ensuite, dans une deuxième partie nommée « la phase exploratoire » je vous présenterai
deux situations qui viendront étayer mes questionnements, ainsi que ma question de départ.
Puis, je pointerai ce que j’ai pu observer dans ces deux situations afin d’arriver à la
présentation de ma problématique.

1
Pour continuer, une troisième partie intitulée « le cadre théorique » me permettra d’aborder
plusieurs sujets comme l’évolution des familles, le rôle de l’attachement au sein de la famille
et la place des beaux-parents.
Pour parvenir à enrichir mes recherches je suis par la suite allée recueillir des données auprès
de deux professionnelles et d’une mère accompagnée sur le service grâce à des entretiens
semi-directifs. Ceci dans le but de prendre du recul sur mes questionnements et d’ouvrir une
nouvelle réflexion autour de ma thématique des familles recomposées.
C’est de là que découle la partie suivante : l’analyse. Dans celle-ci j’exposerai mes quatre
grandes pistes d’analyse : le droit du beau-parent, la systémie, la complexité d’intégrer un
beau-parent et la relation éducative. Ici je mêlerai théorie et paroles des personnes
interrogées.
Mon avant-dernière partie portera sur mon positionnement professionnel, pour ce faire je
partirai de mes représentations de départ afin de montrer une certaine prise de recul avec le
sujet. Afin d’approfondir ma posture professionnelle je viendrai vous parler de la notion
d’aidant et de la place des sentiments dans l’accompagnement éducatif. Je vous exposerai
aussi mes préconisations d’action dédiées aux familles recomposées et qui pourraient être
mises en place au sein de l’AED. Pour finir je conclurai mon mémoire.

Dans le but de garantir l’anonymat des personnes et de la structure, les prénoms et noms
contenus dans ce mémoire seront modifiés.

I. Contexte institutionnel

J’effectue mon stage de deuxième année au sein du service Aide Éducative à


Domicile (AED).
Ce service représente une mesure administrative de la protection de l’enfance. Il découle des
missions de la direction Enfance Famille du Département.
Le département est le financeur et le gestionnaire. Le financement est public, il provient
d’une enveloppe votée et destinée à la protection de l’enfance.
Au sein de ce service, nous signons un contrat avec les parents et établissons un Projet Pour
l’Enfant (PPE) pour une durée qui peut aller de 6 mois à 1 an renouvelable.
Les publics qui peuvent prétendre à une AED sont les familles avec des enfants de 0 à 17 ans.

2
Dès lors que le contrat est signé nous intervenons dans les familles à peu près toutes les 3
semaines. Notre accompagnement est basé sur des entretiens au domicile des parents, nous
pouvons proposer des entretiens au sein de nos locaux.
Il existe tout un processus pour que la situation de la famille soit traitée au sein du
service. Il faut dans un premier temps que quelqu’un rédige une Information Préoccupante
(IP). Cette dernière peut par exemple être faite par une autosaisie du Centre Médico-Social
(CMS), mais également par les parents de l’enfant ou une tierce personne faisant partie de
l’environnement de ce dernier. Cette IP est transmise à la Cellule de Recueil des
Informations Préoccupantes (CRIP). La CRIP renvoie ensuite le dossier au CMS pour qu’il
procède à une évaluation de la situation familiale. Puis l’évaluation rédigée est retransmise
à la CRIP et en fonction des préconisations d’action du CMS, la CRIP statue sur une mesure
administrative et confie le dossier à l’AED. Si cette situation ne peut pas être traitée avec un
accompagnement administratif, alors elle est transmise au parquet pour une mesure
judiciaire.
Ce service a pour mission d’organiser la mise en œuvre du PPE décidé par la RT (responsable
territoriale). En effet, nous mettons en place l’accompagnement éducatif à domicile, le suivi
des jeunes majeurs et des mineurs relevant d’une prise en charge sans hébergement. Le
service participe également à l’observation des besoins et à l’évaluation des actions. Il
développe des actions collectives de soutien des compétences parentales.
Pour remplir toutes ces missions nous travaillons avec une équipe pluridisciplinaire.
Elle se compose comme ceci :
• Une cheffe de service domicile
• Une secrétaire
• Une psychologue à mi-temps
• Six assistants socio-éducatifs (assistant de service social ou éducateur spécialisé)

Dans ce service nous pouvons trouver plusieurs instances qui nous permettent de réfléchir
l’organisation, l’accompagnement :
- Les réunions d’équipe une fois par semaine qui consistent à échanger sur les
situations qui questionnent les professionnels et l’attribution des diverses situations
aux référents.
- Les analyses cliniques une fois par mois permettant de se questionner sur une
situation dont nous ne comprenons pas tous les enjeux avec l’aide de la psychologue
du service qui nous apporte son point de vue.

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- Les analyses de la pratique professionnelle une fois par mois avec la participation
d’un psychologue externe à la structure afin de questionner ce qui se joue avec une
famille particulière par exemple.
- Les entretiens individuels d’analyse auprès de la psychologue du service dans le but
de prendre du recul sur ce que nous vivons dans notre métier.
- Les réunions thématiques durant lesquelles nous choisissons un thème en équipe afin
de débattre sur ce dernier comme : la méthodologie des écrits que nous sommes
amenés à rendre.
- Les plans d’actions partagés : c’est un espace avec la cheffe de service et la
psychologue dans lequel nous parlons de notre première rencontre avec une famille
afin de réfléchir au plan d’action à suivre pour la suite de l’accompagnement.

Le service de l’AED s'inscrit dans le cadre de plusieurs lois :


• La loi du 4 mars 2002 vient cibler la coparentalité pour n'importe quel type de couple
même s’il y a séparation. Elle vient aussi pointer l’intérêt de l’enfant dans son
parcours en mettant en avant les besoins sociaux, affectifs, physiques de ce dernier.
Elle nous parle de la participation et de la prise en compte des personnes
accompagnées.
• La loi du 5 mars 2007 qui réforme la protection de l’enfance avec quatre grands
objectifs : renforcer la prévention, améliorer le dispositif d’alerte et de signalement,
diversifier les modes d’intervention, plaçant au cœur du dispositif l’intérêt de
l’enfant, renouveler les relations avec les familles. Et elle introduit la notion de projet
pour l’enfant.
• Le 14 mars 2016 une réforme vient améliorer la loi de 2007 en se focalisant sur
l’enfant et son parcours.

II. Phase exploratoire :


Cette phase exploratoire va me permettre de me remémorer mes représentations à
mon arrivée en stage et celles toujours présentes aujourd’hui. De plus, je vais vous présenter
deux situations qui m’ont interpellée durant mon stage, cela dans le but de réussir à faire
émerger un sujet central me questionnant.

4
A. Situation numéro 1 : La famille de M. FIX et de Mme LAN :
La situation débute auprès de Monsieur FIX et de Madame LAN, ils sont séparés
depuis 14 ans. Ils sont parents de deux adolescentes : Océane, âgée de 15 ans et Charlotte,
âgée de 14 ans. Actuellement, les adolescentes vivent exclusivement chez leur mère malgré
le jugement du Juge des Affaires Familiales (JAF) qui avait prononcé la garde alternée en
2014.
Durant plusieurs années, des conflits ont opposé les deux parents autour de l’éducation des
filles. Une médiation familiale a été tentée autour de ce sujet, mais elle a cessé sur demande
de M.FIX.
Pour donner suite au mal-être repéré chez les adolescentes au cours d’une évaluation, une
AED a été proposée, que les parents ont accepté de signer dans l’intérêt de leurs filles.
Lors des entretiens avec M. FIX et Mme LAN, ils affirment être en désaccord concernant
l’éducation de leurs deux filles, ainsi que sur le plan financier et administratif.
J’ai pu constater que M. FIX et Mme LAN communiquent seulement de manière indirecte :
les informations à transmettre à l’autre passent par leurs deux filles ou par d’autres personnes
(avocats, huissiers, assistant social…).
L’équipe AED et moi-même avons observé que ce mode de communication indirect pouvait
mettre en difficulté Charlotte. En effet, lors d’un entretien effectué avec Charlotte et son père
M. FIX, elle se positionne à l’encontre de sa mère Mme LAN, en tenant des propos qui
dénigrent sa mère. Par exemple, qu’elle n’est pas disponible pour elle, pour l’aider dans sa
recherche de stage, ou si elle a des questions, elle ne pense pas pouvoir compter sur elle. A
contrario, lorsque la référente éducative raccompagne Charlotte à son domicile auprès de sa
mère, Charlotte se positionne différemment et change de discours. (Elle adopte un discours
bienveillant envers sa mère : ma mère est courageuse, elle essaye de s’en sortir)
Dans le cadre du PPE qui mentionne l’objectif d’aborder le contexte familial de M. FIX la
référente et moi-même avons donc fait la rencontre de Mme MAR lors d’une visite à
domicile en présence de M. FIX. Mme MAR avait signifié à son conjoint qu’elle ne
souhaitait pas avoir de lien avec le service AED qui intervient pour ses filles. Lors de cet
entretien, nous avons pu constater que Mme MAR adoptait une posture autoritaire : ses bras
sont croisés sur sa poitrine, son regard est fixe, sa voix et ses paroles sont franches. Nous
restituons les motifs de la mesure et le rôle que nous avons auprès de M FIX. Au fil de la
rencontre, nous observons que Mme MAR investit cet entretien. Elle aborde le sujet de ses
relations avec Charlotte et Océane. Celle-ci semblent conflictuelles surtout avec Océane.

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Nous constatons que le lien et la communication entre Mme MAR et Océane est
actuellement rompu.
La référente et moi-même avons également observé que M. FIX n’arrive pas à se positionner
au sein du schéma familial actuel : il communique avec ses filles essentiellement par
téléphone. Aucune rencontre à son domicile n’est possible du fait des événements passés et
du choix des filles de ne plus vivre chez leur père et leur belle-mère. Nous nous entretenons
avec M. FIX au bureau puisque nous ne pouvons pas le voir chez lui à cause du refus de
Mme MAR. Nous changeons notre pratique professionnelle.
Lors de rendez-vous ultérieurs au bureau avec M. FIX et ses filles, nous remarquons que son
téléphone sonne régulièrement ce qui a pour conséquence de déranger le bon déroulement
de l’entretien et de l’échange : la communication est alors freinée entre M et les
professionnels, mais également entre M et ses filles.
À l’heure d’aujourd’hui, M. FIX, Charlotte et Océane ne se voient que très peu : le lien et la
communication entre eux trois semblent se détériorer. M FIX a contacté Océane et Charlotte
pour leur proposer de récupérer leurs effets personnels qui se trouvaient dans la chambre
qu’elles occupaient auparavant. Deux jours plus tard, il se rend devant le collège de Charlotte
à la sortie des cours et sans l’avoir prévenue, il lui remet un sac à dos contenant ses affaires.
Charlotte suppose que le comportement de son père envers elle et sa sœur est peut-être initié
par Mme MAR. Elle précise tout de même ne pas comprendre l’acte posé par son père, car
« il est conscient » de l’impact que ce geste peut provoquer sur leur relation actuellement
compliquée.
La relation entre Mme LAN et ses deux filles est conflictuelle : Mme LAN communique
essentiellement de manière violente (crie, s’énerve très vite.). Charlotte et Océane nous
affirment ne pas se sentir sereines face au risque d’instabilité de leur mère.
Lors d’un entretien entre Mme LAN et Charlotte, la communication a pu être facilitée grâce
à l’utilisation par la jeune fille d’un outil alternatif. Charlotte a préparé une lettre qu’elle a
écrite chez elle et l’a lu pendant l’entrevue avec sa mère, pour lui livrer ses ressentis, ses
craintes et son regard concernant sa relation avec elle. Depuis cet entretien, Charlotte a pu
nous confier qu’elle pensait la relation et la communication avec Mme LAN facilitée.
Concernant la relation entre Charlotte et Océane, celle-ci reste compliquée et conflictuelle :
leur communication se fait de manière irrégulière. Malgré le fait qu'elles partagent la même
chambre. Océane et Charlotte affirment leur envie de vouloir apaiser leur relation commune.

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B. Situation numéro 2 : La famille de Mr BOU et de Mme JO :
M. BOU et Mme JO sont les parents de Kevin âgé de 15 ans. Ils sont séparés depuis
11 ans et sont en lien lorsque nous les invitons à se réunir pour aborder l’accompagnement
de leur fils concernant son orientation scolaire. Ils sont capables de s’organiser en ce qui
concerne les changements de lieux de vie de Kevin.
Lors d’un rendez PPE, j’ai pu remarquer qu'ils communiquaient ensemble et de manière
bienveillante. Afin de contractualiser la mesure AED, la RT demande que Monsieur ait la
garde de Kevin : il y a des violences au domicile de Mme venant du beau-père de Kevin (M
GA). La RT demande également que Kevin ne se rende pas au domicile de sa mère lorsque
la présence de son compagnon est avérée. M. BOU a accepté les conditions proposées tout
en précisant qu’il souhaitait, dans un premier temps, pouvoir en discuter avec sa compagne
(Mme B).
Rapidement, Kevin a changé de domicile, quittant celui de sa mère pour celui de son père.
M. BOU et sa compagne Mme B ont tenu à assurer les trajets quotidiens de Kevin pour
maintenir sa scolarité au sein de son collège, situé dans la ville de Mme JO. Notre
accompagnement s’est tourné vers le soutien à M. BOU et Mme B dans la mise en place de
l'arrivée de Kevin à leur domicile.
Nous remarquons que Kevin a du mal à quitter le domicile de sa mère. La référente et moi-
même émettons l'hypothèse que Kevin souhaite protéger sa mère face aux violences de M.
GA. À plusieurs reprises, Kevin s’est rendu chez son père lorsque des situations de violences
éclataient au domicile de sa mère. Kevin avait du mal à rester longuement au domicile de
son père, il venait de manière ponctuelle. Cependant, depuis qu’il est chez son père, je
constate que Kevin se sent davantage en sécurité.
La relation que Kevin a avec son beau-père est très conflictuelle, il y a de la maltraitance
d’après les dires notifiés dans le rapport.
Mme B est bienveillante envers Kevin. Mme B s’investit au sein de la relation éducative
avec Kevin. En effet, la belle-mère demande une coopération de l’éducateur référente : elle
demande à rentrer dans une coparentalité et a participé aux décisions prises pour Kevin. Elle
sollicite de la reconnaissance concernant son statut au sein du schéma familial.

C. Présentation de la question de départ :


Ma question de départ est la suivante :
En quoi la communication est une alliée importante dans l’accompagnement de
la sphère familiale en milieu ouvert ?

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Ce questionnement est venu à la suite des deux situations que je vous ai exposées ci-dessus.

Après un entretien exploratoire avec la cheffe de service ASE (Aide Sociale à l’Enfance)
domicile, j’ai pu réfléchir sur ce qui me posait question dans les situations que je vous ai
présentées précédemment. En effet, nous ne constatons pas les tensions au même endroit.
Moi, je pensais que la communication permet l’amélioration du lien éducatif, alors qu’elle a
pu me dire que c’est le lien qui permet d’instaurer une communication.
Je me suis donc penchée sur les apports théoriques afin de comprendre ce que la
communication pouvait signifier. Le dictionnaire Larousse, définit que c’est : « l'action, le
fait de communiquer, de transmettre quelque chose. »
Dans un livre que j’ai lu en arpentage avec un groupe d'étudiants (psychologie de la
communication de MUCCHIELLI), j’ai pu me rendre compte que la communication a
plusieurs enjeux et est de plusieurs types. L’auteur décrit dans ce livre 5 enjeux
fondamentaux. Tout d’abord, l'informatif qui permet de transmettre des informations.
Ensuite, il parle du positionnement de la personne permettant d’affirmer son identité et donc
de se positionner face à l’autre. Dans ce sens, FLAHAUT, exprime que tout discours est
produit par des questions fondamentales, à savoir, « qui suis-je pour toi ? », « qui es-tu pour
moi ? ». Pour en revenir à Mucchielli, le troisième enjeu est celui de la mobilisation, c’est-
à-dire qu’en communiquant, nous influençons les autres consciemment ou pas. Pour ce
dernier, le but n’est pas de faire changer l’autre d’avis ou de le conformer à notre pensée,
cependant il sera influencé malgré tout par notre façon de communiquer. L’autre va vouloir
par conséquent répondre et orienter sa réponse en fonction de nous. Par la suite, nous
trouvons l'enjeu relationnel dans la communication, c’est ce qui ancre les relations
interhumaines dans le réel. En effet, cet enjeu nous montre que sans communication, il n’y
aurait pas de relation. De plus, il détermine la nature de la relation que nous entretenons avec
autrui. Pour finir, l’enjeu normatif est la première approche d’une communication qui définit
l’orientation de la discussion et va poser un cadre.

Après cette recherche sur le concept de communication, j’ai eu du mal à faire des
liens entre les situations rencontrées et ce qui créait une tension pour moi. En effet, je venais
davantage parler des problématiques familiales que de ma posture professionnelle. Cela m’a
fait vivre des moments de doute, durant lesquels je ne savais pas vraiment dans quelle
direction je devais me diriger et les liens potentiels à créer avec la théorie.

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De ce fait, je me suis inscrite sur un atelier mémoire qu’une formatrice a proposé pour
pouvoir me décaler de mes représentations et réussir à l’écrit. J’ai pu avoir des réponses
claires sur le déroulé du mémoire, qu’il était normal que je ne réussisse pas encore à trouver
une problématique puisque je n’étais pas assez allée interroger l’équipe afin d’avoir d’autres
points de vue sur mon sujet. Durant, cet échange, elle m’a fait comprendre que je regardais
singulièrement la problématique des familles et peu les enjeux des professionnels, elle m’a
demandé d’en parler avec l’équipe pour les questionner et c'est ce que j’ai fait. En effet, ils
ont pu me dire qu’eux aussi ne voyaient pas le problème, ils se questionnaient autrement.
Pour eux la communication résonne en lien avec la posture professionnelle et que ce n’était
pas qu’une question de communication. Ils ont pu cibler sur le fait que certaines familles
nous mettaient à une place de témoins et pas à une place d’aide éducative. Que dans ce
questionnement, on ne me voyait pas, on ne percevait pas ce qui résonnait en moi et
m’interrogeait.
Après tous ces mouvements, j’ai pu me remettre en question, grâce à tous ces échanges et
particulièrement à ma référente professionnelle. Nous avons pris un temps pour que je puisse
prendre conscience de ce qui résonnait en moi. Elle a pu me poser plein de questions comme
: qu'est-ce qui me dérange ? Qu'est-ce qui pour moi met en tension un accompagnement ?
Pour prendre du recul, il était pertinent pour moi de relire un écrit que j’avais fait
préalablement avec un groupe d’étudiants en première année. Ce groupe était transversal, en
effet, nous étions plusieurs étudiants éducateurs spécialisés, assistants de service sociaux et
éducateurs de jeunes enfants. Nous avons travaillé autour de la parentalité. Nous avons défini
deux thématiques centrales, la monoparentalité et les familles recomposées. Nous avons
ciblé notre recherche sur les aides qui pouvaient exister afin d’accompagner ces familles,
ainsi que les conséquences potentielles sur l’enfant évoluant dans ce contexte familial. Cela
m’a permis de comprendre que ma question de départ ne faisait pas tension, je me suis rendue
compte qu’en ne traitant pas le point de vue des professionnels, je ne rentrais pas dans les
attendus du domaine de compétence 1 relatif au référentiel des éducateurs spécialisés.
De ce fait, je me suis questionnée sur ce que j’avais pu observer et interroger durant mes
premières semaines de stage. Je suis partie de mes notes prises au début de ce dernier, et
plusieurs questions me sont apparues :
- Comment peut-on accompagner une famille dans une mesure administrative ? plus
particulièrement lorsque le PPE indique pour objectif la communication au sein du
système familial mais que les parents ont beaucoup de mal à s’exprimer l’un et
l’autre.

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- Comment ne pas impliquer leur enfant dans leur manque de communication ou dans
une sorte de conflit face à des personnes extérieures comme grands-parents, beaux-
parents… ?
- Où se trouve la place des beaux-parents dans une mesure contractualisée ?
- Comment intégrer une personne extérieure à la famille qui néanmoins fait partie de
leur vie quotidienne ?

1. Expliquer ce qu’on l’observe situation 1 :


Avec les différents entretiens exploratoires je me suis posée de nombreuses questions
sur cette situation, comme la place de la belle-mère dans une mesure lorsqu’elle ne veut pas
s’intégrer à cette mesure, quel est l’impact sur l’accompagnement ? Comment peut-on
composer dans ce refus ? Nous changeons notre pratique, mais est-ce une bonne chose ?
Comment prendre en compte l’avis de cette belle-mère ?
J’aimerais également me pencher sur divers mots qui ressortent à plusieurs reprises dans
cette situation comme la famille, la parentalité et les familles recomposées.

Je vais commencer par me pencher sur la définition du mot « famille ». Dans le dictionnaire
Larousse, c’est : “un ensemble formé par le père, la mère (ou l'un des deux) et les enfants.”.
Néanmoins, depuis plusieurs années des nouvelles configurations familiales apparaissent :
la monoparentalité, les familles recomposées, les familles homoparentales…. De ce fait, je
ne suis pas tout à fait d’accord avec le fait qu'une famille, c’est un papa, une maman et un
enfant. Serge Vallon a pu écrire dans son ouvrage intitulé « Qu'est-ce qu'une famille ?
Fonctions et représentations familiales ». Dans ce dernier, il parle précisément de cette
définition “papamamanenfant” il dit qu’en l’écrivant tout attacher cela montre le paquet
serré alors qu’il faudrait réussir à se détacher de cette définition. Quand il parle de « se
détacher », il peut aussi parler de séparation, cependant, comment savoir où se situe la
séparation ? C’est toute la complexité du détachement.
Pour ce qui est de la parentalité, elle est d’autant plus complexe à expliquer puisque
chacun va bon train en proposant sa propre définition. Le dictionnaire Larousse, définit la
parentalité comme : « fonction de parent, notamment sur les plans juridique, moral et
socioculturel. ».
Lors d’un précédent travail sur la parentalité, j’ai pu créer ma propre définition de la
parentalité en m’appuyant sur des apports théoriques comme des ouvrages, des émissions
radios… Pour moi, c’est une ou plusieurs personnes, selon la situation, qui acceptent de
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s’occuper d’un enfant pour répondre à ses besoins et enrichir son développement. Le statut
de parentalité n’est pas nécessairement tenu par le père et la mère biologique à mon sens.
Dans cette situation il est question de famille recomposée, de ce fait je voulais savoir
la définition officielle. J’ai pris la définition de l’INSEE (l’institut national de la statistique
et des études économiques) qui est la suivante : « Une famille recomposée comprend un
couple d'adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d'une union précédente de l'un des
conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font
aussi partie d'une famille recomposée. » (2020).
Nous pouvons comprendre que dans cette première situation la belle-mère ne veut pas
coopérer avec l’AED, alors que dans la seconde la belle-mère a une réelle envie de s’intégrer
dans l’accompagnement proposé par les éducateurs.

2. Expliquer ce qu’on a observé situation 2 :


Avec cette situation plusieurs choses viennent m’interroger. En effet, nous signons une
mesure administrative avec les détenteurs de l’autorité parentale alors quelle légitimité nous
avons à intégrer les beaux-parents dans cet accompagnement ? Comment dans notre pratique
nous considérons ce beau-parent ? Dans une recomposition familiale comment est discutée
et déterminée la place de chacun ?
J’aimerais aborder ici afin d’avoir davantage d’éléments la notion de coparentalité.
A mon sens, la coparentalité est le fait de pouvoir communiquer entre parents des besoins
de leurs enfants. De faire lien malgré la séparation du couple. De plus, a contrario pour moi
nous pouvons être en couple et ne pas réussir à être dans une coparentalité. Je me questionne
alors sur la place que nous pouvons laisser aux beaux-parents dans cette coparentalité et leur
rôle à jouer.
Le texte « trajectoires de coparentalités post-rupture conjugale. Une étude exploratoire
qualitative » nous définit la coparentalité comme « le nom donné à l'exercice conjoint par
les deux parents de " l'autorité parentale". » (J. Tremblay, S. Drapeau, C. Robitaille, E.
Piché, M-H. Gagné, M-C. Saint-Jacques, 2013, P-37). Cette coparentalité est dans l’intérêt
de l’enfant, cependant cela ne fonctionne pas toujours. Ces mêmes auteurs cités ci-dessus
distinguent plusieurs types de coparentalités :
- La coparentalité « coopérative » où il y a peu de conflits où la communication est
fluide et où un soutien est mutuel. Ce soutient agit sur l’enfant comme une ressource.
- La coparentalité « parallèle », ce sont des parents désengagés émotionnellement entre
eux, il y a peu de conflit mais également une absence de coordination.
11
- La coparentalité « conflictuelle », ce sont deux parents qui communiquent de manière
conflictuelle, qui peuvent dénigrer les compétences et nuire à l’autorité parentale de
l’autre.
Dans cette situation, je dirais que ces parents, sont dans une coparentalité « parallèle », car
ils ne sont pas en conflit. Ils parlent essentiellement de l’école mais pas forcément de
l’éducation de leur fils. Pour moi, je ne les vois pas fonctionner en coopération vis-à-vis des
besoins de Kevin.

III. Problématique :

Dans ces deux situations certains liens se font même si chaque situation reste
singulière.
Le sujet qui regroupe ces deux situations à mon sens est le rôle des beaux parents face à
l’accompagnement que nous proposons. De plus, la façon dont nous pouvons intégrer en tant
que professionnel les beaux-parents dans les mesures administratives. En effet, nous
pouvons voir qu’ils jouent un rôle influent dans l’éducation des enfants et dans les décisions
même s’ils ne possèdent pas l’autorité parentale. J’aimerais me pencher sur ce que signifie
la loi sur le rôle des beaux-parents et leur place dans l’éducation des enfants de leur conjoint.
Dans la situation numéro deux nous nous retrouvons face à une belle-mère, Mme B qui
souhaite une reconnaissance face à cette mesure de notre part mais également se sentir
légitime d’y prendre part vis-à-vis de son mari et de son beau-fils… A contrario, Mme MAR
qui ne veut pas entendre parler de l’AED et qui nous a rencontrés qu’une seule fois nous
oblige à remanier nos pratiques. Je parle ici de remaniement puisque n’oublions pas qu’une
de nos missions est d’intervenir au domicile de la personne, ce qui n’est ici pas possible. De
ce fait, cela nous empêche de travailler sur certains objectifs donc crée des freins dans notre
accompagnement.
Alors quels impacts, ces femmes et ces hommes ont sur le développement de ces enfants ?
Qu’en est-il de leur rôle dans le choix de l’éducation et des décisions ? Quel rôle dans
l’acceptation d’une mesure d’AED ?
Ces questionnements m’amènent à vous exposer ma problématique qui est la suivante :

En quoi la non prise en compte des beaux parents peut-elle avoir un impact dans la
mesure AED ?

12
IV. Cadre théorique :

A. L’évolution des familles :


1. Les différentes organisations familiales
Depuis plusieurs années les systèmes familiaux changent et se développent, dû
essentiellement à l’apparition de différents types de famille : monoparentale, traditionnelle,
recomposée, homoparentale.
Sur le site de l’INSEE, j’ai pu lire que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes huit familles
sur cent sont recomposées en 2018. (E. Bianco & E. Senigout, 2020).
Dans le texte de Julien Damon, il est notifié qu’en 2006, 1,2 million d’enfants vivent dans
une famille recomposée, soit 780 000 vivent avec un beau-parent. Il est également inscrit
qu’il y a beaucoup plus de beau-père que de belle-mère, cela s’explique d’après lui au vu
des revenus touchés par une femme qui sont moindres que ceux d’un homme. C’est pourquoi
les femmes ont tendance à moins rompre leur premier mariage puisqu’elles ont besoin d’une
stabilité financière et par conséquent deviennent moins souvent belle-mère. L’auteur cité
précédemment explique que les recompositions familiales étaient autrefois courantes lorsque
le mari partait à la guerre ou dû au décès de ce dernier. Finalement qu’est-ce qu’une
recomposition familiale ? Julien Damon, dit que « la famille recomposée, c’est la cellule
familiale qui entoure directement, et très généralement dans un même logement, un enfant
avec son père ou sa mère et son nouveau conjoint. » (2013, P-620). Par la suite, il exprime
que cette famille recomposée peut englober aussi les enfants vivant dans un autre domicile,
étant nés d’une union antérieure.
Il est complexe de quantifier le nombre de familles recomposées, puisque les membres de
celles-ci ne vivant pas toujours dans le même foyer il est difficile de les observer dans leur
globalité. J. Damon, a pu dire dans son ouvrage que ces familles sont singulières et se
distinguent par quatre … « elles sont plus jeunes, plus nombreuses, plus modestes et plus
égalitaires. Elles sont peut-être aussi plus fragiles. » (2013, P-630).
Pour Sébastien Dupont, les familles recomposées manquent de normes, de reconnaissance
sociale. Pour lui, il est essentiel que la société évolue quant à la prise en compte de ces
nouvelles familles.
J’ai pu lire dans diverses lectures citées préalablement que les familles recomposées se
soudent davantage lors de l’arrivée d’un nouvel enfant. En effet, la filiation est encore au
cœur de nos normes sociales, de ce fait, pour se considérer comme une famille le nouveau
couple aura le besoin de concevoir un enfant. La recomposition familiale n’est pas

13
uniquement produite par la séparation d’un couple dont les deux adultes vont recréer une
union avec un autre par la suite, il peut aussi résulter de trois cas de figure qui sont les
suivants : le décès d’un des deux parents, la monoparentalité depuis la naissance d’un enfant
ou la séparation des parents. Cependant, il est bon de noter qu’il y a beaucoup plus de
familles recomposées découlant de la séparation des parents.
Avec ces nombreux changements dans l’organisation des familles, on ne peut plus se
contenter de penser le système familial uniquement composé par une mère, un père et des
enfants. Il nous faut changer notre regard et réadapter nos pratiques. Benoit Bastard a dit « la
reconnaissance de la diversité vaut pour les configurations familiales mais aussi pour les
manières d’être famille. » (2011, P-23). Effectivement je parle des changements qui
s’opèrent au sein d’une recomposition familiale mais n’oublions pas que le fonctionnement
d’une famille change également (une mère qui travaille, un père au foyer…).

Nous avons pu voir que les familles ont évolué à grande vitesse depuis ces dernières
années, c’est pourquoi je vais désormais m’intéresser aux dates importantes qui marquent
ces changements.

2. L’histoire de la famille et les dates majeures dans cette évolution


Après le visionnage d’un reportage sur l’évolution des couples (2017, France Infos),
il m’a paru pertinent de développer davantage sur l’évolution des familles au cours des
années et son histoire. Dans les années 1960, les normes quant à la composition des familles
étaient tournées sur la religion chrétienne, la femme devait obéissance à son mari et
s’occuper du foyer. Par la suite, dans les années 1970, une évolution est venue bousculer la
vision de la famille. En effet, la contraception des femmes fut mise en place. De plus, les
femmes ont défendu leur indépendance en démontrant que pour elles il n’était pas obligatoire
de se marier dès leur plus jeune âge. Entre les années 1975 et 1979, sont apparues les
premières femmes qui tombaient enceintes sans être mariées, ainsi que les premiers divorces.
Ces femmes et couples tentant de défendre leur opinion ont été grandement rejetées et
incomprises par la société. Entre 1982 et 1987, le premier enfant éprouvette a vu le jour. De
plus en plus de personnes se mettent en couple sans être mariées, et les familles recomposées
font davantage leur apparition. Enfin, en 2013, la France autorise les mariages homosexuels.
Tous ces changements permettent aux adultes composant la famille de se développer en
cohérence avec leurs valeurs et leurs besoins.

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Cependant, il me semble que nous en oublions un peu les enfants, leur développement
et les conséquences de ces nombreux changements sur leur stabilité au sein des familles.
C’est pourquoi je vais me pencher sur la notion de l’attachement et sur le développement de
l’enfant afin de faire émerger les impacts de la recomposition familiale sur ce dernier.

B. Le rôle de l’attachement au sein de la famille


1. La théorie de l’attachement
Je vais vous parler de la théorie de l’attachement afin d’éclairer davantage mes
questionnements autour de la figure du beau-parent. Pour ce faire il me semble essentiel au
préalable d’aller regarder du côté des besoins de l’enfant, dont son besoin d’attachement.
Afin d’étayer ma recherche je me suis penchée sur le livre de Nicole Guedeney
(pédopsychiatre) intitulé « l’attachement, un lien vital ». Cette auteure s’est basée sur les
ouvrages de Donald Winnicott et de John Bowlby afin de rédiger son livre. Pour commencer
elle explique que l’attachement se construit tout au long de notre vie. En effet, nous avons
un attachement dit « premier » au moment de notre enfance qui est souvent incarné par un
adulte puisque c’est une personne qui peut répondre à nos besoins tant sur le plan
physiologique, qu’affectif. Cependant, dans certaines circonstances il peut arriver à l’enfant
de s’attacher à son frère ou sa sœur ainé(e) ou même à un animal. Pour ce dernier exemple,
il faut que l’enfant soit dans une très grande carence affective et qu’il ne puisse pas trouver
de repère humain.
Un nourrisson, n’a pas la capacité de gérer ces émotions, c’est pourquoi il se tourne vers sa
figure d’attachement première pour se sentir en sécurité. En grandissant, l’enfant s’ouvre à
la construction de divers liens d’attachement à autrui. Néanmoins pour que cela se fasse il
faut que la personne soit présente quotidiennement dans la vie de ce dernier afin qu’il puisse
se sentir en sécurité en cas de besoin.
Diane Drory exprime que le lien d’attachement c’est ce qui permet le bien-être et la
sécurité de l’enfant, de ce fait une personne extérieure, autre que les parents, peut aussi venir
prendre cette place de figure d’attachement première. Par exemple, « le beau-père peut avoir
un rôle absolument essentiel dans la construction de l’attachement. » (2001).
Dans l’attachement nous pouvons observer différentes catégories qui ont été établies
par Bowlby :
- L’attachement sécure

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- L’attachement évitant/craintif
- L’attachement anxieux/fusionnel
- L’attachement désorganisé et chaotique

D’après une lecture de Virginie Couillaud, elle exprime que l’attachement sécure c’est quand
l’enfant a été dans un endroit stable, dans lequel il a pu se développer émotionnellement,
cognitivement et comportementalement. Si un enfant se trouve dans un attachement sécure
il aura la capacité d’être dans un processus d’autonomisation et pourra exprimer ses besoins.
Pour en revenir aux différents types d’attachement décrits par Bowlby, l’attachement
évitant/craintif est un type d’attachement insecure, ce sont des enfants qui ont grandi avec
des parents rejetants et peu présents sur le plan physique et psychique. En effet, quand
l’enfant recherchait de l’attention auprès de ces derniers durant des moments de stress, ils ne
lui donnaient pas la réponse adéquate.
L’attachement anxieux et fusionnel est également un style d’attachement insecure. En effet,
à l’opposé de l’attachement évitant et craintif, l’enfant besoin de proximité, d’être rassurée
puisqu’il n’a pas vécu suffisamment d’expérience sécurisante. Pour l’auteure, en
grandissant, ces personnes seront imprévisibles au niveau émotionnel. En effet elle explique
que « le style d’attachement désorganisé est un mélange de comportement anxieux
(hyperactivation émotionnelle et comportementale) et de comportements évitants
(désactivation émotionnelle et comportementale). » (2021). Enfin, une personne ayant vécu
un attachement chaotique et désorganisé, aura de grandes difficultés à gérer des moments de
stress intense, et pourra même en arriver à se dissocier d’elle-même, elle peinera à retrouver
une stabilité.

La théorie de l’attachement est étroitement liée au développement de l’enfant. C’est


pourquoi je vais vous parlez du développement de l’enfant en général mais aussi au sein
d’une famille recomposée.

2. Le développement de l’enfant dans une famille recomposée


Dans cette partie, je me suis appuyée sur une vidéo intitulé « les familles
recomposées et le développement de l’enfant » de Jean-Paul MATOT qui est pédopsychiatre
et qui explique la façon dont se développe un enfant au sein d’une famille recomposée. Il dit
que : « toute recomposition des couples parentaux entraîne inévitablement un surcroit de
travail de la part des enfants » (2014, 0,45 minutes). Ce travail que l’enfant doit effectuer,

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peut lui être bénéfique puisque cela lui permet d’enrichir son expérience personnelle et de
diversifier sa vision du monde. Néanmoins, il peut aussi être négatif pour l’enfant et
provoquer des complications sur sa construction propre des normes et son identité.
Dans une seconde vidéo nommée « le développement de l’enfant et la recomposition
familiale », Pierre Delion qui est psychiatre dit que c’est à l’enfant d’adopter le nouveau
conjoint de son parent. De plus, il pense que la famille recomposée est une ouverture pour
le système familial et n’est pas aussi cloisonné que celui d’une famille traditionnelle. Il
marque un point de vigilance quant aux rivalités qui peuvent s’instaurer au sein d’une famille
recomposée entre les enfants, ou un enfant et un adulte.

Le développement de l’enfant est au centre de notre accompagnement, cependant le


beau-parent faisant partie de son environnement pour la plus part proche, je me dois de
regarder la place que nous accordons à ce dernier.

C. Les beaux-parents dans tout ça ?


1. Statut
D’après le livre de L. Pigozzi, le beau-père et la belle-mère n’ont pas le même statut.
En effet, elle a pu analyser que la société n’a pas pris en considération de la même manière.
Il est notifié que les personnes tolèrent davantage le beau-père. La belle mère, elle, est vue
comme une rivale à la mère de l’enfant, puisqu’elle vient intervenir dans le rôle maternel
c’est dans ce sens qu’elle est peu reconnue. L’auteure nous dit que la belle-mère se retrouve
beaucoup plus souvent seule avec les enfants de son conjoint, ce qui lui donne une
responsabilité vis-à-vis de ces derniers en cas de danger. Néanmoins, juridiquement parlant,
la belle-mère n’a aucun droit ni devoir envers les enfants de son conjoint. L. Pigozzi exprime
qu’« une reconnaissance juridique permettrait aux adultes de ne pas être livrés à eux-mêmes
pour inventer de nouvelles règles et des positions justes, et offrirait un cadre symbolique
utile pour définir les limites et les responsabilités de chacun. » (2016, P-64).
En 2008, une loi a été proposée pour favoriser les droits des parents « externes », afin qu’ils
puissent avoir un droit juridique dans l’éducation de l’enfant. Ce projet de loi s’est basé sur
un rapport de Dominique Versini, qui est une politicienne.
La loi de 2008 a pour but de définir davantage la place des beaux-parents, de ce fait 4 axes
sont mis en avant :
- Un « mandat d’éducation » : c’est un accord des deux parents pour que les beaux-
parents s’occupant de l’enfant de leur conjoint ou conjointe puissent effectuer

17
certains actes régissant la vie quotidienne comme signer un bulletin scolaire, ou
accompagner lors d’une visite médicale.
- Un partage de l’« exercice parental » : une loi existe déjà sur le fait qu’un père puisse
déléguer son autorité parentale au conjoint de son ex-femme à condition qu’il y
renonce lui-même.

Pour cette partie, D. Versini, propose une autre vision de la recomposition des familles, elle
parle de coopération entre le père et le beau-père.
- Un « pouvoir plus étendu pour le troisième parent » : le juge peut prononcer que le
troisième parent a la capacité d’acquérir un droit sur les décisions prises pour
l’enfant. Par exemple, donner son accord pour une intervention chirurgicale.

Le dernier axe de cette loi se penche sur les décisions à prendre dans le cas où l’un des deux
parents de l’enfant décèderait, néanmoins ce dernier ne répondant pas à ma recherche j’ai
préféré le mettre de côté. Sur les différents axes de la loi, un seul a été mis en place en France,
c’est celui relatif au mandat d’éducation. Celle loi, commence à reconnaître les beaux-
parents comme des figures de référence qui doivent être écoutées lorsque des professionnels
du secteur social interviennent au sein de la famille.
L. Pigozzi, a pu expliciter que cette loi parle davantage du beau-père puisque, la garde de
l’enfant est très souvent attribuée à la mère, il est donc essentiel que le nouveau conjoint de
celle-ci puisse se sentir légitime et écouter dans l’éducation de cet enfant.

Après avoir explicité le statut du beau-parent je pense qu’il est important d’aller voir
du côté de sa fonction.

2. Fonction
Ce beau-parent a une place délicate puisqu’on ne détermine pas encore tout à fait la fonction
qu’il peut avoir dans le développement de l’enfant. On dit parfois que les beaux-parents ont
une place de « tierce » personne, cependant cette fonction est au départ attribué au père. En
effet, l’enfant et la mère sont deux individus très proches au moment de la naissance, et la
figure paternelle va venir prendre sa place au sein de cette relation duelle afin de permettre
à l’enfant d’intégrer qu’il n’est pas le seul être qui a besoin de sa mère.
Les beaux-parents doivent essayer de se faire accepter des enfants de leur conjoint, ce qui
peut parfois être complexe d’après les dires de Christian Flavigny : « aux yeux de l’enfant,
le beau-parent n’a pas de présence légitime. » (2009, P-621). Il explique que les beaux-

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parents peuvent apporter de nombreuses choses à l’enfant sur le plan éducatif et affectif.
Néanmoins, la filiation a un impact bien plus fort pour l’enfant, malgré le décès d’un des
deux parents.
Pour Diane Drory, les beaux-parents ont une place importante dans le quotidien des enfants.
Cependant elle questionne à ce sujet, puisqu’aucune règle n’est établie quant aux
fonctionnements de ces familles recomposées ce qui leur donnent beaucoup de liberté quant
à leurs décisions. Elle exprime qu’une famille recomposée se construit autour des enfants et
non autour du nouveau couple crée. Il faut que les beaux-parents ne s’immiscent pas trop
rapidement dans la vie des enfants puisque cela pourrait chambouler toutes leurs
représentations. En effet, ces enfants ont un vécu, une histoire préalable, des moments vécues
avec leurs deux parents réunis. Ils doivent dès lors apprendre à se développer dans un milieu
qui n’était pas initialement le leur et retrouver leur place dans un nouveau système familial.
D’après mes lectures, la belle-mère est beaucoup plus sollicitée dans la relation avec les
enfants. Elle est beaucoup plus active dans les tâches de soin et de bien-être de l’enfant, ce
qui peut créer une rivalité entre la mère et la belle-mère. Si cette rivalité s’installe alors il est
possible que les enfants n’acceptent pas leur belle-mère.

V. Le recueil de données

Afin de rédiger ce mémoire, j’ai dû entreprendre un recueil de données afin d’étayer


ma recherche. Je me suis tournée vers un outil pour se faire, l’entretien semi-directif. Ce
dernier me permet d’interroger des personnes grâce à un guide d’entretien défini
préalablement. L’entretien semi-directif, consiste à poser des questions aux personnes
interrogées qui leur permettent de répondre librement tout en donnant une ligne conductrice
à l’échange. J’ai travaillé mon guide d’entretien à visée des personnes accompagnées avec
l’aide de l’équipe de ma structure de stage (AED). J’aimerais vous indiquer que j’ai pu
interroger une mère, et deux assistantes socio-éducatives, le guide d’entretien n’était pas le
même pour les deux professionnelles et la mère.

J’ai décidé d’interviewer la maman d’un jeune que nous accompagnons, je me suis
tournée vers cette personne puisqu’avec mes collègues nous avions pu remarquer en amont
qu’elle a la capacité d’élaborer et prendre du recul sur sa situation familiale. Par la suite, j’ai
interrogé deux de mes collègues, une assistante de service social et une éducatrice
spécialisée. Il était important pour moi d’avoir deux professionnelles ayant une formation
19
différente, afin de me permettre d’avoir deux regards pluridisciplinaires sur ma recherche.
De plus, elles sont au cœur des interventions auprès des familles et il était essentiel pour moi
d’avoir leur vision sur leur pratique et d’observer leur posture réflexive.
A mon sens, il était primordial que je puisse obtenir le témoignage d’un beau-parent
sur mes questionnements, afin de pouvoir le comparer à celui des professionnels et de la
mère. Cela n’a malheureusement pas pu se faire, je me suis vu essuyer de nombreux refus
de plusieurs beaux-parents que j’avais contactés. C’est pour moi un manquement à mon
recueil de données puisqu’ils sont au centre de mon écrit. J’aurais aimé pouvoir entendre
leur opinion sur ce qu’ils vivent au sein d’une famille recomposée et plus particulièrement
lorsqu’une mesure administrative intervient dans leur foyer pour l’enfant ou les enfants de
leurs conjoints. Je pense que je n’ai pas pu m’entretenir avec l’un d’entre eux dû à ma posture
de stagiaire au sein de l’AED, je représente malgré tout ce service avec lequel ils ne veulent
pas toujours travailler. J’aurais peut-être dû davantage expliquer ma démarche, et imager
l’entretien afin qu’ils comprennent en quoi cela consiste. Je pense qu’ils ont craint le
jugement. Il aurait peut-être été intéressant que je m’adresse à eux avec un questionnaire,
cela aurait été moins intrusif dans leur quotidien.

VI. L’analyse

A. Le droit du beau-parent

1. Légitimité
La légitimité vient du mot « legitimus » provenant du latin qui signifie « fixé par les
lois ». Nous avons ensuite modifié ce terme afin qu’il puisse répondre au secteur social. En
effet, Brigitte Bouquet dans son article définit ce terme comme : « conforme non seulement
aux lois, mais aussi à la morale, à la raison. » (2014, P-14). Nous pouvons donc voir que la
légitimité est au départ un terme utilisé dans le domaine juridique. En effet, à mon sens la
légitimité est quelque chose qu’autrui nous octroie, il nous donne la possibilité de nous sentir
légitime. De plus, le cadre légal qui nous soutient dans notre profession, c’est ce qui nous
permet d’intervenir auprès des personnes en nous sentant légitimes. Ce cadre nous donne la
légitimité de pouvoir nous exprimer sur la situation de la personne, et de l’accompagner en
lui faisant part de nos analyses. Afin de ressentir cette légitimité, il faut que plusieurs
conditions soient remplies pour moi : notre expérience professionnelle, nos compétences et
l’institution dans laquelle nous évoluons.

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Alain Vulbeau (professeur de science) a écrit un article en s’appuyant sur l’ouvrage de
l’auteure Florence Weber. Dans ce dernier, elle nomme la parenté par « la parenté
pratique ». Elle expose des dimensions qui légitiment une personne dans la parenté pratique.
L’auteure explique qu’il ne faut pas normaliser la famille, c’est-à-dire faire rentrer les rôles
des parents et le fonctionnement de la famille. De plus, si une des trois dimensions suivantes
est remplie alors la personne vivant auprès de l’enfant peut être considérée comme
remplissant un rôle parental. La première dimension est juridique « c’est celle du nom qui
objective l’institution des liens de parenté forme l’alliance et la filiation. » (2008, P-35).
L’institution s’appuie donc sur cette première dimension pour reconnaître et légitimé la
personne. Une éducatrice interrogée exprime que « souvent ils ont l’habitude par des
institutions de ne pas être reconnus, donc au lycée, au collège, au primaire. » (Entretien n°3).
La deuxième dimension est basée sur l’aspect biologique, donc les liens du sang. En effet,
même si les beaux-parents connaissent parfois les enfants depuis des années, ils ne sont
toujours pas légitimes à l’institution, ni au regard de l’entourage. Durant un entretien, une
professionnelle a pu me dire qu’ « une place dans sa vie, dans parfois, il y’en, ils sont là
depuis des années donc ils ont vu grandir, ils les ont élevés, soit à mi-temps, mais ils ont une
place dans le quotidien. » (Entretien n°3). Les liens du sang ne font donc pas tout pour
favoriser le développement de l’enfant. La troisième dimension, est en lien avec le quotidien.
Un beau parent a donc un impact dans le quotidien des enfants. Durant divers entretiens, les
personnes ont pu me confirmer et pointer du doigt cette idée, « selon la place qu’ils occupent
dans le quotidien. S’ils sont en charge de l’enfant et elle est légitime déjà à ce niveau. »
(Entretien n°3).
De plus, il est important de prendre en compte l’enfant dans sa globalité afin de
l’accompagner au plus près de ses besoins « donc si on ne prend pas en compte un des deux
adultes qui vit au domicile avec l’enfant. Enfin c’est lui qui vit au quotidien ou tous les
quinze jours, c’est lui qui accueille l’enfant de son conjoint. » (Entretien n°3). Leur parole
est donc tout à fait légitime et doit être entendu par les professionnels. Ils peuvent participer
à l’élaboration de l’accompagnement. « C’est pour ça que quand on ne les rencontre pas du
tout, qu’ils ne sont pas invités à discuter, à se positionner, c’est, c’est quand même
questionnant. » (Entretien n°3). A contrario, l’éducatrice interrogée a pu m’expliquer que :
« il y en a qui peuvent être très effacés et ne pas avoir vraiment leur mot à dire, qui vont être
plus là en pièce rapportée. » (Entretien n°3). Néanmoins il semblerait également que la mère
ou le père de l’enfant puisse freiner les liens entre ce dernier et leur conjoint : « le beau-père
n’a pas forcément une place, ou la mère ne donne pas toujours une place ou un accès. »

21
(Entretien n°3). Dans cette citation, la professionnelle met en lumière le fait que le parent de
l’enfant peut freiner le lien. Sylviane Giampino qui est une psychologue de l’enfance, met
en lumière que si l’autre parent autorise son enfant à entrer en relation avec le nouveau
conjoint de son ex-partenaire alors cela favorisera les liens et légitimera la relation. Elle
poursuit en disant que les liens entre les beaux-parents et les enfants sont légitimes grâce à
la relation de couple.

Après avoir abordé cette notion de légitimité sous différents angles, je vais aborder le sujet
de la place du beau-parent et de la signification juridique de l’autorité parentale puisque ces
deux sujets sont ressortis à plusieurs reprises lors de mes entretiens.

2. L’autorité parentale
Sur le plan juridique, « la loi n°2002-305 du 4 mars 2022 a remanié l’article 371-1
du Code civil en expliquant que « l’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs
ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. » elle appartient au père et à la mère jusqu’à la
majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé, et sa
moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement dans le respect de sa
personne. » (S. Braudo, 2022). Sur le plan juridique C. Flavigny nous dit que la société ne
veut pas vraiment changer le statut des beaux-parents par peur de chambouler les fondations
de la famille. Lors d’un entretien avec une éducatrice, elle a pu aussi émettre l’hypothèse
que changer l’autorité parentale est « figé depuis des lustres, sauf qu’il y a cinquante ans, la
configuration familiale était pas la même. » (Entretien n°3). Les familles changent au même
rythme que la société évolue, cependant, les lois ne bougent pas, ce qui vient finalement
impacter le travail des éducateurs. En effet, nous travaillons avec la législation française,
donc dans une mesure AED nous ne pouvons aller à l’encontre du droit civil : « alors ça ne
va pas être forcément voulu par l’accompagnement, que ça puisse être pris en compte mais
ça va des fois s’imposer si un beau parent du fait qu’il n’a pas l’autorité parentale. »
(Entretien n°3). Comme dit précédemment les lois ne bougent pas quant à l’évolution des
familles « quand tu vois le nombre de familles séparées ou divorcées, du coup l’évolution
de la famille elle a tellement bougée en vingt, trente, quarante, cinquante ans que faudrait
peut-être effectivement, que la loi elle, revoit certaines choses. » (Entretien n°3). Pour la
professionnelle interrogée, le fait d’être dans le quotidien de l’enfant justifie la prise en
compte du beau-parent et légitime sa présence dans un accompagnement malgré la non-
détention de l’autorité parentale. L’AED, permet de travailler et d’évaluer plusieurs
22
domaines, le beau-parent est souvent amené à répondre aux besoins de l’enfant sur plusieurs
plans : « l’axe parentalité, en tout cas et même dans l’axe contexte de vie. L’axe santé. »
(Entretien n°3). Ce dernier n’a donc pas d’obligation de répondre aux besoins de l’enfant, il
n’a pas de devoir juridiquement parlant, cependant, très souvent il a la charge de l’enfant de
son conjoint.

Dans le but de comprendre davantage comment fonctionne les familles recomposées,


il me parait essentiel de m’approcher de la systémie afin de pouvoir avoir une plus grande
prise de vue sur le fonctionnement des différents systèmes composant une famille.

B. La systémie
1. Le système familial
Je vais tout d’abord vous expliquer la théorie systémique en m’appuyant sur deux
cours, le premier présenté par Brigite Lefebvre et le deuxième par Aurore Obeauf lors de ma
troisième année de formation. D’après mes notes, la théorie de l’attachement s’intéresse aux
interactions entre les divers groupes sociaux qui composent l’ordre social. C’est aussi, une
étude des relations et de l’impact des normes et des tabous transmis d’une génération à
l’autre sur les êtres appartenant aux divers groupes. La systémie s’est inspirée de différentes
disciplines mais a pioché ses connaissances principales dans les sciences sociales et la
clinique thérapeutique.
Dans ce concept, il est possible qu’un système ne réussisse plus à s’ouvrir aux autres et
n’évolue plus, c’est ce qu’on nomme l’homéostasie. Pour prendre l’exemple de la famille
afin d’imager l’homéostasie, il s’agirait du cas ou tous les membres ont une étiquette qui
définit leur rôle et leur identité dans le système, ce qui ne leur permettrait pas de changer ou
d’intervertir leur rôle avec un autre puisque cela modifierait complétement la façon de
fonctionner ensemble. Il est donc clair dans cet exemple que la place de chacun permet les
fondations de la famille et ne peut pas être modifié tout à coup si non cela mettrait en péril
les autres membres du groupe.
Dans la famille recomposée on vient chambouler un système initialement imaginé et on
rajoute des personnes. Ce n’est pas toujours facile de retrouver un équilibre permettant à
tous de se développer. Une mère que j’ai interrogée a pu me dire que son compagnon « s’est
senti un petit peu en dehors de tout ça. » (Entretien n°1) en parlant de l’AED mise en place

23
pour ses enfants puisqu’elle n’a pas laissé suffisamment de place à ce dernier pour qu’il
puisse s’investir.
L’ouvrage intitulé « lorsque la vie éclate, l’impact d’un enfant sur la famille » écrit par F.
De Montigny et L. Paudet s’appuyant sur un livre de Gutuman. Dans ce dernier, les auteurs
expliquent que le fonctionnement du système familial est composé de plusieurs dimensions,
je vais vous parler de l’une d’entre elles : la distribution des rôles afin de comprendre le
fonctionnement familial. Durant mes entretiens avec les deux professionnelles interrogées :
éducatrice spécialisée et assistante de service social, j’ai pu relever que les beaux-parents
étaient souvent mis à une place ambivalente. « Toute la complexité, c’est d’être dans le
quotidien des enfants, dans un rôle maternel mais avec un statut de beaux-parents. »
(Entretien n°3). En effet, ils sont très souvent au quotidien avec l’enfant mais n’ont pour
ainsi dire aucune reconnaissance légale.
Les auteures citées précédemment expliquent que la distribution des rôles dans la famille est
essentielle dans le quotidien afin de fonctionner de manière efficiente. L’attribution des rôles
répond néanmoins aux normes sociales, c’est pourquoi, pour les beaux-parents qui n’ont pas
une place définie dans la société il est complexe de savoir ou de se positionner au sein de la
recomposition familiale. Pour elles, « pour bien s’acquitter de son rôle, l’individu doit donc
connaître à la fois les comportements inhérents à son rôle et les attentes d’autrui qui y sont
liées. » (1997, P-24). La mère que j’ai interrogée a pu confirmer que pour elle, si elle avait
laissé davantage son conjoint s’impliquer et prendre des décisions alors il aurait pu s’affirmer
et être légitime auprès de ses beaux-enfants.

F. De Montigny et L. Paudet expliquent que dans le système familial il y a des sous-systèmes,


elles en définissent trois principaux :
- Le sous-système parental
- Le sous-système conjugal
- Le sous-système fraternel.

Un sous-système c’est par exemple : « lorsque deux adultes s’unissent pour fonder une
famille, ils créent un sous-système conjugal à l’intérieur duquel ils élaborent des façons de
se soutenir mutuellement. » (1997, P-31).
L’éducatrice avec laquelle je me suis entretenue a pu m’exprimer ce qu’elle pensait sur les
sous-systèmes et plus particulièrement le rôle du couple dans le développement familial :
« il se jouait d’autres choses dans la recomposition familiale, dans la place qu’occupe le

24
nouveau conjoint auprès de l’enfant et que ce n’était pas tant au regard de l’AED que ça
posait un problème dans l’accompagnement que je faisais. Mais c’était plus dans la sphère
familiale dans la vie de couple. » (Entretien n°3).
Finalement les sous-systèmes peuvent permettent l’inclusion des beaux-parents puisqu’ils
rentrent dans le sous-système conjugal.

Même si l’inclusion des beaux-parents peut se faire grâce ou sous système conjugal,
elle peut aussi se faire en les considérant comme une tierce personne présente auprès de
l’enfant.

2. La tierce personne
Lors de mes entretiens plusieurs personnes ont pu me parler d’une tierce personne
incarnée par le beau-parent, cependant pour que ce dernier puisse se trouver à cette place il
faut qu’il puisse répondre aux besoins de l’enfant et se trouver à la juste place.
Pour que le beau-parent puisse se positionner comme tiers une éducatrice mentionne le fait
qu’il ne doit pas impacter négativement les relations familiales entre les parents et l’enfant :
« mais faut-il encore qu’il soit assez au clair sur sa place et qu’il ne vienne pas justement
envenimer ou exacerber des choses qui sont déjà compliquées entre l’enfant et son autre
parent. » (Entretien n°3). De plus elle dit que la personne ressource statue comme cadre de
référence pour l’enfant. Cependant, l’autre professionnelle interrogée a pu exprimer que pour
elle « je ne me suis jamais autorisée à me dire que c’était la personne ressource. » (Entretien
n°2) en parlant des beaux-parents.
Cela me questionne beaucoup sur l’impact de l’intégration du beau-parent dans le système
familial et les conflits potentiels qui peuvent se créer entre les différents membres de la
famille.

A la suite de cette partie, je vais aborder avec vous un sujet très présent lors de mes
entretiens : la complexité d’intégrer les beaux-parents tant dans le cercle familial que dans
les accompagnements proposés par l’AED. D’une part dû aux rivalités qui se créent entre
les membres des deux familles, d’autre part dû à la violence qui peut être physique ou morale.

25
C. La complexité d’intégrer un beau-parent
1. La rivalité
Après la lecture du livre de Chloé Plancoulaine, les rivalités naissent à partir d’un
sentiment de frustration. « On jalouse une position sociale, un physique, l’intelligence de
quelqu’un… » (2015), cette phrase démontre que la place d’une personne est importante et
peut dire beaucoup de choses sur l’identité de cette dernière. Lors de mes entretiens,
plusieurs points sont revenus à de nombreuses reprises comme la position sociale d’un beau-
parent ou celle de l’enfant. De plus, l’impact de cette place sur les liens entre l’enfant et le
beau-parent qui peuvent être complexes. L’assistante de service social de mon service a pu
m’exprimer que lors d’un accompagnement elle a pu remarquer qu’une belle-mère avait
beaucoup de peine à accepter que son mari passe du temps avec son fils. Cette situation créa
des tensions entre les membres de cette famille. Le jeune garçon a pu exprimer lors d’un
entretien avec la professionnelle : « qu’il avait le sentiment que cette belle mère venait nuire
à sa relation avec son père. » (Entretien n°2).
Les diverses formes de rivalité peuvent se construire par des actes, des paroles malveillantes,
ceci provoque souvent du conflit. La mère que j’ai interrogée a pu exprimer que ses enfants
avaient beaucoup de rancœur envers leur beau-père et qu’ils avaient du mal à l’accepter.
Cette situation conflictuelle a provoqué au sein de la famille une séparation, un clivage…

C. Plancoulaine, expose le fait qu’être en rivalité est parfois nécessaire dans le but d’affirmer
sa place, ses croyances et ses valeurs à autrui. Dans la famille recomposée cela est une
problématique récurrente, les enfants s’allient contre le beau-parent. Chacun démontre sa
présence à l’autre et ne veut pas être remplacé. L. Pigozzi pense qu’il ne peut pas exister de
rivalité entre la mère et la belle-mère d’un enfant, puisque la première a porté l’enfant
contrairement à la seconde. La mère possède un lien moral et physique avec son enfant, alors
que la belle-mère n’est liée à ce dernier que par la moralité au même titre que le père.
« Tandis que dans la relation avec la mère de ses enfants, le père est toujours perdant
puisque le droit à la filiation est aujourd’hui dominé par l’empire du ventre, qui semble
avoir plus de valeur que le spermatozoïde paternel. » (2016, P-236).

La rivalité entre les personnes qui composent les familles recomposées sont
nombreuses et peuvent grandement impacter les liens entres les membres. Cependant ce
n’est pas la seule chose qui créer un clivage dans ces familles, la violence peut elle aussi être
la cause de nombreuses ruptures de lien.

26
2. La violence
Pour introduire cette partie je vais tout d’abord vous définir le terme de violence. La
violence a un effet sur la relation à l’autre, en effet, ce qui peut être violent pour nous-même
ne l’est pas forcément pour l’autre. Quand on pense à la violence, la première image que
nous avons est celle sur le plan physique, donc le passage à l’acte par le corps. Après une
lecture de Yves Michaud, il explique que les violences évoluent selon les normes de notre
société. Il parle par exemple des violences faites aux femmes et aux enfants qui dans le passé
étaient acceptées mais qui ne sont désormais plus recevables : « la sensibilité à la violence
peut augmenter. » (2014, P-31). Cet auteur a pu dire que finalement définir la violence
uniquement sur le plan physique occulte la partie morale qui est tout aussi difficile à subir
puisqu’elles sont : « sournoises et indirectes. » (2014, P-33).
Dans mes entretiens, la violence morale ressort, celle donc qu’on ne voit pas. La mère que
j’ai pu interroger a exprimé : « je l’ai mis à part. » (entretien n°1) en parlant de son conjoint.
Mettre de côté quelqu’un, l’exclure d’une famille ou de situations peut être violent pour la
personne et cette dernière aura du mal à se sentir en sécurité. Yves Michaud peut dire qu’une
violence peut être insensible, c’est-à-dire qu’elle se fait petit à petit, elle ne provoque pas
toujours un sentiment de violence immédiat à la personne qui la reçoit. En l’occurrence, ici
c’est le fait d’écarter son nouveau conjoint de ses enfants et donc de ne plus faire partie de
la famille, ne plus avoir de place et d’identité définie dans le cercle familial. Tout peut donc
faire éprouver le sentiment de violence à autrui, Y. Michaud insiste sur le fait que « la
violence ne peut être appréhendée indépendamment de critères et de normes. » (2014, P-
34). Dans une seconde lecture, j’ai pu relever qu’Alain Vanier, exprime qu’avant la violence
faisait autorité et que celui qui détenait cette fonction autoritaire était le père. Ceci m’a
ramenée à un échange avec une professionnelle sur le sujet de la difficulté des parents de
concevoir qu’une autre personne puisse prendre leur place auprès de leurs enfants : « c’est
difficile pour un parent de se dire qu’il peut être remplacé par un beau-parent au domicile de
l’enfant. » (Entretien n°2). D’autant plus s’il s’agit du beau-père puisque le père peut
craindre qu’il prenne sa place dans la fonction paternelle et qu’il ne puisse plus imposer ses
règles et ses lois à son enfant. De plus, pour l’enfant il peut être complexe de se retrouver
dans ces différents cadres de référence familiale et ressentir une ambivalence entre ces deux
figures paternelles. Ceci peut provoquer une certaine forme de violence pour le père qui
craindra d’être remplacé et pour l’enfant qui craindra de ne pas prendre la bonne décision.
Une professionnelle a pu remarquer : « souvent source de conflit avec les adolescents en
particulier. » (Entretien n°2). Nous savons que l’adolescence est une étape pour les jeunes,

27
c’est une période remplie d’interrogations, de recherche identitaire. Il n’est donc pas simple
d’aborder ce moment sereinement, ce qui complique davantage la chose si un remaniement
familial est en train de se produire avec l’intégration de nouvelles personnes. Ceci peut
provoquer des conflits, la mère interrogée a pu dire que ses enfants se méfiaient de leur beau-
père.
Tous ces éléments génèrent de la violence morale mais elle peut aussi être physique.
D’ailleurs durant un accompagnement une professionnelle a fait le choix de ne pas rencontrer
et de ne pas mêler un beau-père car il y avait de la violence physique et verbale. Cette
dernière a pu m’exprimer que pour elle cet homme pouvait être dangereux pour
l’accompagnement et que l’intégrer dans l’AED ne répondait pas aux missions de la
protection de l’enfance. C’est pour cela que « là c’est volontaire de ne pas travailler avec le
beau-parent parce qu’il y a un contexte intrafamilial de violences duquel justement le jeune
a été extrait. » (Entretien n°3).

« Si on estime qu’en plus (…) il est dangereux ou il n’est pas profitable à l’enfant ou à
l’adolescent, qu’on travaille avec son beau-parent. On ne va pas aller l’associer à la mesure
qui reste une mesure vraiment de restauration des liens parents, enfants. » (Entretien n°3).
Comme le dit cette citation, il est aussi du rôle de l’éducateur de prendre des décisions sur
l’accompagnement et de travailler avec des personnes qui sont bénéfiques au bien-être de
l’enfant.

Après avoir exposé la complexité d’intégrer les beaux-parents dans


l’accompagnement en cas de violence, je vais désormais vous parler de la relation éducative,
puisque c’est elle qui définit nos relations à l’autre.

D. La relation éducative
Je vais commencer par vous définir la relation éducative, d’après l’ouvrage de
Maurice Capul et Michel Lemay.
Ces deux auteurs expliquent que le terme de relation éducative a durant de nombreuses
années été questionné et redéfini. De nombreux points de vue divergent sur la question,
néanmoins les deux auteurs cités préalablement disent que la relation éducative « se
caractérise finalement toujours par une sorte de conflit entre deux pôles référentiels. »
(2019, P-167). Être dans une relation éducative avec autrui c’est « permettre de mieux se
situer vis-à-vis d’eux-mêmes et de leur environnement. » (2019, P-167). La relation

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éducative est étroitement liée au terme d’acte éducatif, puisque le fait de rentrer en relation
passe forcément par l’agir. Joseph Rouzel nous dit que l’acte produit un changement à
postériori, mais nous ne prenons pas tout de suite conscience qu’il aura un impact lorsque
nous le vivons. Dans une relation éducative, nous rentrons dans un accompagnement et de
ce fait nous passons à l’acte.

La relation éducative doit se construire petit à petit, nous devons nous adapter à
l’autre. Je vais donc dans un premier temps vous parler de l’importance de la confiance afin
de créer un lien puis de la temporalité.

1. La confiance dans le lien


Louis Quere dans son article nommé « la structure cognitive et normative de la
confiance » exprime que la confiance est pour lui un mécanisme essentiel afin d’entrer en
relation et d’interagir avec autrui. Il faut être en confiance afin d’agir. En effet, si nous ne
créons pas un lien de confiance avec les professionnels alors nous ne pourrons pas passer à
l’action. La confiance est en fait une source d’inquiétude « puisqu’elle consiste à accepter
quelque chose qui n’est pas tout à fait sûr et à parier sur la loyauté de celui à qui l’on fait
confiance. » (2001, P-136).
D’après l’article « qu’est-ce que la confiance » rédigé par Michela Marzano, la confiance
que l’on octroie à l’autre nous place d’emblée « dans un état de vulnérabilité et de
dépendance. » (2010, P-53). Cette citation fait écho à un entretien que j’ai entrepris auprès
d’une mère accompagnée par l’aide éducative à domicile. Cette dernière avait la volonté que
ses deux enfants puissent créer une relation de confiance avec son nouveau conjoint afin
qu’elle retrouve une place de mère face à eux. En effet, ses enfants n’ont pas réussi à
construire un lien de confiance avec leur beau-père, ce qui comme le dit M. Marazzo a pu
engendrer la rupture du couple qui a été impacté par cette ambiance, et n’a finalement pas
réussi à passer au-delà de la non-confiance des enfants.
Durant les accompagnements que nous faisons en AED nous nous devons de créer des liens
de confiance avec les familles afin de réussir à travailler avec eux de manière à répondre à
leurs besoins et de co-construire l’accompagnement des enfants. L’assistante de service
sociale de mon service a pu me dire « j’ai plus de difficulté à rencontrer des papas ou les
beaux-pères mais ça depuis longtemps, après une fois que c’est parti, c’est parti mais il faut
vraiment remplir la confiance je pense, mais le temps est très important. » (Entretien n°2).

29
M. Marzano a pu dire dans son article cité précédemment que la confiance en soi et en l’autre
sont nécessaires pour avoir la capacité de créer des liens solides.

Durant mes entretiens, la confiance a souvent été associée à la temporalité, c’est-à-


dire prendre le temps de connaître la personne avant de pouvoir créer un lien de confiance.
Pour ce faire je vais donc vous parler de la temporalité dans le lien.

2. La temporalité dans le lien


Pour commencer, je me suis appuyée sur une lecture de Brigitte Bouquet. Dans son
article intitulé « le temps et les temporalités à défendre dans les politiques sociales et
l’intervention sociale » elle explique que la temporalité est connue par tous les membres
d’une société, cependant chaque personne a un rapport à celle-ci qui diverge de par nos
normes et nos appartenances. Au fur et à mesure des années, la temporalité a évolué, tout
s’est accéléré avec le numérique. B. Bouquet cite Jean-Pierre Boutinet (psychosociologue) :
« comprendre le monde dans lequel nous évoluons c’est pour une part chercher à
reconnaître les temporalités qui l’organisent. » (2011, P-178). Ce dernier évoque aussi trois
catégories de la temporalité :
- La temporalité composite, par exemple celle de l’agenda.
- La temporalité de la simultanéité, c’est l’alternance, la transition.
- La temporalité de l’éphémère qui représente l’urgence.

Il est important de prendre en compte la temporalité de chacun, surtout dans le secteur social.
En effet, comme je l’ai écrit précédemment, nous n’avons pas tous la même temporalité et
nous devons nous adapter à celle des personnes que nous accompagnons afin de ne pas les
bousculer et de pouvoir avancer dans les situations. « Dans une mesure AED, nous on part
du principe que le travail, la mobilisation des adultes et de l’enfant va permettre une
évolution de l’amélioration de la situation. » (Entretien n°2). Afin d’arriver à cela il faut
prendre en compte la temporalité de chacun des adultes et enfants que nous accompagnons.
La mère que j’ai pu interroger a soulevé un questionnement sur la temporalité de nos
accompagnements en AED. En effet, elle a pu exprimer qu’elle aurait eu besoin de plus de
temps pour intégrer son compagnon à la mesure « mon mari était là vraiment prématurément,
donc mes enfants ça et l’accompagnement de l’AED est trop court, c’est trop court, c’est
trop tôt pour moi, et peut-être pour qu’il puisse intervenir que si j’avais eu un
accompagnement de quatre ou cinq ans, là oui. » (Entretien n°1). Elle exprime que beaucoup

30
de choses sont venues bousculer son équilibre familial au même moment et qu’elle avait
besoin de plus de temps pour intégrer tous les membres de sa famille. Cependant, le temps
est compté dans une mesure, nous signons un contrat pour une certaine durée. Cette femme
n’a pas eu le temps d’amorcer tout ce qui lui arrivait, de ce fait notre temporalité
professionnelle et structurelle n’a pas su se combiner à la sienne. Ceci peut être un frein dans
l’accompagnement. Il est complexe de réussir à accorder la temporalité des personnes
accompagnées et celle que nous devons tenir institutionnellement en termes de commandes
et de délais. Néanmoins, chaque professionnel est doté d’une éthique qui lui est propre et
met donc en œuvre autant que possible le respect de la temporalité de l’autre. J’ai relevé
dans mon entretien avec la mère du jeune que nous accompagnons une phrase « il y a eu un
impact quand même parce que je pense que je n’étais pas prête. » (Entretien n°1). Ici, cette
femme a dû faire des choix dans sa vie personnelle alors qu’elle n’était pas forcément prête
à le faire à cet instant. En effet, elle n’était pas préparée à accueillir son nouveau compagnon
dans son environnement, dans son quotidien, elle l’a fait pour répondre aux normes
sociétales de son pays qui disent qu’une femme lorsqu’elle est liée à un homme doit vivre
avec lui.
La temporalité et la société nous amènent à faire des choix que nous ne sommes pas
toujours préparés à faire. Dans nos accompagnements en AED, nous prenons en compte la
temporalité de la personne, son vécu, afin de ne pas bousculer les personnes dans leur
accompagnement et d’autant plus lorsque ce sont des familles recomposées puisque ce sont
deux histoires familiales singulières qui doivent s’assembler. Dans certaines situations, nous
pouvons prendre le parti de ne pas mélanger les histoires et de les différencier si nous
pensons que cela est nécessaire à la protection de l’enfant.

VII. Le positionnement professionnel

Je vais tout d’abord commencer par vous définir le positionnement professionnel. Je


me suis appuyée sur un article nommé « l’intervention sociale d’intérêt collectif : de la
personne au territoire » rédigé par plusieurs auteurs. Un de ces derniers a pu dire que le
positionnement professionnel vient d’une tension entre plusieurs points dans un
accompagnement :
- « Le cadre législatif des politiques sociales
- L’institution employeur, ses missions et son mode de fonctionnement
- L’usager dans ses différentes dimensions
31
- Les valeurs » (2014, P-90).

Ces quatre éléments se mettent en tension et demandent aux professionnels de se positionner.


Le positionnement professionnel est primordial dans le secteur social puisque nous
travaillons avec nos valeurs, notre éthique professionnelle et personnelle que nous devons
associer à la personne accompagnée. Nous devons donc composer avec tous ces éléments
afin de répondre aux besoins de la personne, essayer de la comprendre tout en adoptant une
posture bienveillante.

Afin de vous expliquer davantage l’importance du positionnement professionnel


pour moi je vais vous parler de l’éthique et ici particulièrement de l’éthique professionnelle
et son impact dans les accompagnements.

A. La notion d’éthique dans le positionnement professionnel


La notion d’éthique est pour moi, étroitement liée à notre positionnement
professionnel. En effet, elle va permettre de nous questionner afin de nous ajuster aux
personnes qui nous entourent, tant les professionnels que les personnes accompagnées.
Dans un de ses articles Alain Bouquet exprime que l’éthique est pour lui « un ensemble de
questions, de pratiques, d’acteurs qui définissent en permanence les frontières de leurs
activités. » (2019, dossier N°23). Il est important de noter que cet auteur s’est appuyé
préalablement sur les dires d’Alexandre Jaunait.
A la suite de mes recherches théoriques, j’ai pu comprendre que l’éthique se construit en
plusieurs temps et se nourrit de diverses choses, comme nos valeurs personnelles. En effet,
elles nous permettent d’endosser nos responsabilités professionnelles. Ainsi, grâce à mon
éthique je me positionne face à autrui tant par mes
choix que dans mes analyses. Il faut savoir que l’éthique se construit face à l’autre, c’est-à-
dire que nous la créons en fonction de nos valeurs professionnelles que défendons et portons
avec notre équipe et la structure dans laquelle nous travaillons.
Finalement, pour moi l’éthique c’est sans cesse se requestionner, adopter une posture
réflexive et analyser sa pratique professionnelle afin d’être dans une juste place avec l’autre.

Afin de prendre du recul sur l’écriture de ce mémoire et de vous montrer davantage


l’évolution de ma pensée je vais vous parler des représentations que j’ai pu avoir au début

32
de mon stage et les confronter à ce que je pense désormais à propos des beaux-parents mais
aussi de l’accompagnement des familles recomposées.

B. De mes représentations de départ à aujourd’hui :


Au départ de ma mise en stage, j’ai pu de nombreuses fois me questionner sur
différents aspects de l’Aide Éducative à Domicile. J’avais pour première représentation que
j’allais accompagner de nombreuses familles recomposées au sein des mesures. En effet,
pour moi ce système familial fragilisait beaucoup les membres de la famille et donc avait
davantage besoin d’aide pour devenir un endroit stable et sécurisant pour les enfants. J’avais
une vision des beaux-parents assez négative, en ce sens pour moi, il avait une place très
délicate auprès de l’enfant et j’appréhendais davantage le côté négatif. Je percevais le beau-
parent comme étant une personne manquant de bienveillance envers les enfants de la
première union de leur conjoint ou conjointe. Pour moi, les beaux-parents ont un impact sur
le développement de l’enfant et dans la perception qu’il aura sur la vie. J’ai toujours pensé
qu’en protection de l’enfance il fallait travailler avec tout l’’environnement et que la
protection ne s’arrête pas juste aux parents, elle doit aller vers tout l’environnement de
l’enfant.

Désormais, je ne vois plus le beau-parent comme un « bourreau », même si je suis


consciente qu’il peut l’être dans certaines situations, cependant il peut aussi être dans bien
des cas bienveillant et dans une juste place face à l’enfant de son conjoint. . Dans une mesure
de protection de l’enfance il est important je pense de laisser une place aux beau-parent, un
espace de parole qui lui soit dédié. En effet, ces personnes ont un impact, elles peuvent faire
bouger les choses dans le but de faire évoluer et d’améliorer une situation. A contrario, je
reste consciente qu’elles peuvent aussi avoir un impact négatif sur l’accompagnement, c’est
à ce moment que nous, les professionnels, nous avons la légitimité de mettre fin à nos
rencontres avec elles et de faire remonter la situation à la responsabilité territoriale. Nous
écoutons les enfants et parfois il est important de ne pas mélanger les histoires et les vécus
des deux familles recomposées afin de protéger l’enfant.
Finalement, il n’y a pas de familles recomposées en AED. Ma vision a changé sur le fait
qu’un beau parent peut avoir un impact positif sur le développement de l’enfant. Mes
recherches m’ont fait avancer dans mes représentations, en effet, je pense que n’importe
quelle personne peut-être ressource pour l’enfant, donc le beau-parent en a la capacité tout
comme n’importe quelle autre personne qui l’entoure.
33
Dans notre accompagnement auprès de l’enfant nous l’aidons à élaborer pour qu’il puisse
savoir sur quelles personnes s’appuyer si ses parents sont en difficulté dans
l’accomplissement de ses besoins. Je continue de penser qu’il est très important de rencontrer
les beaux-parents durant une mesure AED.
Pour moi, il serait favorable que le beau-parent puisse avoir des droits juridiquement parlant
pour qu’il puisse être reconnu par la société aux yeux de la loi. Ceci permettrait que l’on
puisse le légitimer face aux enfants et aux conjoints ou ex-conjoint ainsi qu’ils ait une place
reconnue aux yeux de tous comme sujet propre.

Afin d’approfondir mon positionnement professionnel je vais vous exposer deux


notions qui pour moi viennent éclairer ma problématique. Tout d’abord je vous parlerai de
la notion d’aidant d’après Carl Rogers, puis de la place des sentiments dans
l’accompagnement éducatif.

C. Des notions pour approfondir ma posture professionnelle


1. La notion d’aidant
Je vais tout d’abord aborder la notion de relation d’aidant, je pense qu’il est
important dans notre métier de pouvoir comprendre ce qui se passe dans les rencontres avec
la personne accompagnée. De pouvoir prendre conscience de ce que nous renvoyons à l’autre
et en quoi cela peut impacter son accompagnement. Pour ce faire, je me suis appuyée sur
une fiche de lecture de l’association Arc en ciel en soi qui a effectué un travail sur le texte
de Carl Roger. Ce dernier parle de plusieurs éléments qui permettent aux professionnels
d’être dans une posture d’aidant tout en prenant en compte leurs propres ressentis. Pour lui,
« plus l’aidant a la capacité de s’écouter, plus il sera animé par le désir d’écouter vraiment
l’autre, dans ce qu’il est et plus il acceptera l’autre tel qu’il est. » (2015, P-4). Il est
important pour moi d’être dans cette posture où nous nous questionnons sur ce que cela nous
fait vivre afin d’être en harmonie avec ce que l’on dégage à l’autre.
Pour moi, être en capacité d’écouter nos ressentis et nos émotions nous permet de réfléchir
à notre pratique et donc de pouvoir nous détacher davantage de nos représentations. Si nous
parvenons à cela alors nous ne serons pas jugeants envers les personnes et nous pourrons les
voir telles qu’elles sont sans les mettre dans des cases.
Carl Rogers parle aussi du concept de congruence, pour lui c’est d’avoir conscience que
chaque geste, chaque parole, peut avoir un impact sur l’aidé et donc sur nous-même. En

34
ayant une meilleure connaissance de nous-mêmes nous pouvons développer cette
congruence afin d’être bienveillants dans notre accompagnement.
L’auteur parle aussi de l’authenticité. Être authentique avec soi permet à l’autre de pouvoir
s’ouvrir et aller tous deux dans une seule et même direction. Pour moi l’authenticité permet
également d’être dans une relation de confiance dans laquelle nous pouvons travailler et se
mobiliser ensemble dans une évolution positive. De plus, être authentique renvoie à l’autre
que nous sommes dans le vrai, dans la sincérité et donc que nous pouvons parler de tout afin
de l’accompagner à penser.
Par la suite, Carl Rogers parle du cadre de référence de l’autre, il le définit comme la
compréhension de l’autre sans porter de jugement à ce qu’il fait ou a pu faire antérieurement.
Je relie ce cadre de référence à celui des familles recomposées. En effet, ces familles n’étant
pas reconnues par la société comme modèle familial prédominant peut parfois rendre
l’accompagnement complexe puisque nous devons nous adapter à leurs propres normes tout
en veillant à ce qu’elles puissent s’intégrer dans la société.
Finalement, l’auteur parle aussi de la considération de l’autre, c’est-à-dire d’individualiser
la personne, de pouvoir faire attention à ses capacités et ses difficultés afin de la prendre en
compte dans son intégralité durant l’accompagnement proposé. Je pense qu’il est important
dans nos situations d’accompagnement de nous baser sur leurs capacités et de chercher
ensemble leurs difficultés tout en travaillant avec eux pour valoriser leurs compétences. Carl
Rogers dit : « si j’accepte l’autre comme quelque chose de figé, déjà diagnostiqué et classé,
déjà formé par son passé, je contribue ainsi à confirmer cette hypothèse limitée. Si je
l’accepte comme un processus de devenir, alors je fais ce que je peux pour confirmer ou
réaliser ses potentialités. » (1968, P-44).
Les familles recomposées ont souvent créé des stratégies afin de se défendre face aux
remarques de la société. De plus, les beaux-parents ont pour moi besoin d’être considérés et
d’avoir une place reconnue dans l’environnement de l’enfant. Ils ont besoin d’être soutenu
dans leur recherche de reconnaissance puisqu’ils vivent au quotidien avec l’enfant et ont
aussi très souvent à répondre à ses besoins.

Comme je le disais précédemment, nous devons prendre en considération l’impact


que nos gestes et nos paroles peuvent avoir envers les personnes que nous accompagnons et
inversement, c’est pourquoi je vais vous parler de la place des sentiments dans la relation
éducative.

35
2. La place des sentiments dans l’accompagnement éducatif
Dans cette deuxième partie je voudrais me pencher sur la place des affects et des
émotions dans notre travail. Lors mes recherches j’ai pu avoir une discussion avec la
psychologue de mon service. Durant celle-ci, je lui ai parlé d’une situation vécue avec la
mère d’un jeune qui pour moi était attachée à son fils. La psychologue m’a repris sur le mot
« attachement » que j’avais utilisé puisqu’elle m’a expliqué qu’un parent ne pouvait pas être
attaché à son enfant, en effet il serait plus approprié de dire qu’il l’aime puisque dans la
théorie de l’attachement c’est l’inverse qui doit se produire. Il est donc normal que l’enfant
s’attache à son parent et puisse aller vers lui lorsqu’il se sent en insécurité mais pas que le
parent prenne pour figure d’attachement son enfant.
Par la suite la psychologue a pu me dire que dans le vie courante le mot « attachement » est
désormais utilisé très souvent en mettant de côté sa définition originelle. Aujourd’hui nous
utilisons le terme d’attachement pour dire à l’autre que nous l’aimons, comme si c’était un
affect, une expression de nos sentiments bien que ce ne soit pas le bon terme.
C’est pour cela que je veux me pencher sur les affects, puisque dans notre métier
nous allons sûrement développer des sentiments et nous pouvons être touchés par une
personne. Il faut néanmoins garder en tête notre positionnement face à cette personne et ne
pas être happé par nos émotions.
Mael Virat et Catherine Lenzi expriment que « l’expression affective et émotionnelle
influence les émotions, cognitions et comportements d’autrui et favorise l’affiliation ou au
contraire la distanciation. » (2018). Cette phrase peut être rattachée pour moi, au métier de
travail social puisque nous avons le rôle d’exprimer ce que nous captons et ressentons du
comportement d’autrui afin de comprendre son fonctionnement et de pouvoir le
requestionner.
Nous permettons aussi aux personnes que nous accompagnons d’exprimer leurs
émotions, parfois elles n’ont jamais eu de personne auparavant qui leur avait permis de parler
ouvertement de leur ressentis. Il est essentiel que le professionnel donne la possibilité à
chaque membre de la famille de s’exprimer et de travailler sur les tensions présentes. Dans
les familles recomposées, je pense qu’il est important que chacun s’exprime sur la
recomposition familiale et sur son ressenti afin que l’enfant ne soit pas en difficulté pour
trouver sa place. Cela permet aussi une meilleure compréhension des enjeux de la séparation
des parents pour l’enfant. Sylviane Giampino a pu dire que les enfants peuvent être attachés
au nouveau conjoint de leur parent, et qu’on ne prend pas assez en compte ce lien qui se crée

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et qui peut réellement faire souffrir l’enfant lorsque le couple se sépare. C’est un évènement
qui peut peiner l’enfant autant que la séparation de ses parents.
Je pense qu’il est nécessaire de verbaliser et de préparer l’enfant à cette potentielle
séparation puisque pouvoir exprimer ses émotions c’est aussi montrer à l’enfant qu’il n’est
pas le seul à trouver ce moment difficile et donc lui montrer qu’on le comprend.
Le visionnage d’une vidéo du projet « 52 paroles de jeunes » dans laquelle Clara, une jeune
fille de 17 ans s’exprime m’a permis de comprendre que les parents ne se confient pas assez
à leurs enfants sur ce qu’ils ont pu vivre eux-aussi durant leur enfance ou adolescence. En
effet, les parents ont tendance à cacher leurs émotions et leurs vécus. La jeune fille
interviewée rapproche cela au fait qu’elle aussi peut facilement cacher ses émotions et dire
que tout va bien à ses parents alors que ce n’est pas le cas. Clara exprime aussi que les adultes
ont beaucoup de mal à se projeter à la place de leurs enfants, et donc à comprendre ce qu’ils
vivent. Néanmoins, il est essentiel pour elle que les jeunes puissent s’ouvrir à leurs parents,
leur parler ouvertement des traumatismes vécus à l’extérieur du foyer familial afin de
pouvoir relativiser et comprendre qu’ils ne sont pas les seuls à vivre cela.

Je pense qu’en tant que future professionnelle il est important d’élaborer avec les
parents et beaux-parents sur le fait de s’ouvrir à leur enfant, de communiquer sans a priori
ou non-dits. Cela permettra de répondre au mieux aux besoins de l’enfant. Il est essentiel de
discuter de la séparation avec l’enfant, puisque plus on réussit à s’ouvrir aux autres et plus
on peut comprendre ce qui se joue pour nous et pour l’autre. Ce qui engendre une facilité
pour se mettre à la place de l’autre et donc pour l’accompagner au plus près de ses besoins.
Je mets un point d’honneur en tant que future éducatrice spécialisée à comprendre les
émotions. Cela me permet de pouvoir mettre au centre de son accompagnement la personne.
Nous travaillons en AED sur ce que la personne a la capacité de comprendre de sa situation
et comment elle peut parvenir à trouver des solutions. Pour ce faire, nous lui prêtons notre
appareil à penser et nous essayons d’élaborer avec elle. C’est pour cela que pour moi, avoir
davantage d’informations et de compréhension sur le fonctionnement des familles
recomposées nous permettrait de réfléchir notre accompagnement afin de respecter les
besoins et le rythme de chaque membre de la famille tout comme nous pouvons déjà le faire
avec une famille dite « nucléaire ».

Après vous avoir exposé les deux notions décrites ci-dessus qui viennent éclairer
mon sujet, je vais maintenant proposer des préconisations à mettre en place afin d’améliorer

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l’accompagnement des beaux-parents, leur prise en compte car leur lien est parfois très fort
avec les enfants de leur conjoint.

D. Mes préconisations d’action


Je vais vous présenter mes préconisations d’action qui permettront de mettre en
lumière les potentielles actions que j’aurais pu mener lors de mon stage afin de favoriser
l’inclusion des beaux-parents. Cependant, il est pour moi complexe d’imaginer des actions
puisque l’AED n’a pas de main mise sur le champ juridique. Par cela je veux dire que nous
les professionnels du social, nous ne pouvons pas influencer ou créer une loi qui pourrait
permettre aux beaux-parents d’avoir une place légitime et juridique auprès de l’enfant de
leur conjoint. De plus je reste consciente que si les parents et l’enfant ne veulent pas
introduire le beau-parent alors les préconisations d’actions ne pourront pas être mises en
place.

1. L’inclusion du beau-parent dans la mesure administrative


a) Le Projet Personnalisé de l’Enfant et le rendez-vous avec la
Responsable Territoriale
A mon sens, il serait important d’introduire le beau-parent dès la première rencontre
de la famille dans le rendez-vous avec la Responsable Territoriale. En effet, il aurait durant
cette instance une place légitime afin de réussir à le mobiliser davantage et recueillir son
sentiment et ressenti sur le quotidien de l’enfant. Sa parole est très importante puisqu’il est
au plus près de l’enfant chaque jour et peut avoir connaissance de besoins que les parents
n’auraient pas repéré. De plus, cela permettrait qu’il soit entendu pour décrire les freins et
les difficultés qu’il rencontre dans sa parentalité.
Je pense que dédier un document interne au service relatif au beau-parent lui permettrait de
pouvoir inscrire leurs besoins quant à l’AED. De plus, s’ils pouvaient apposer leur signature
sur un document officiel, cela les inclurait davantage dans la mesure un document formel.
La portée de ce document serait symbolique, pour imager je le verrais comme un contrat
d’engagement.
Il me semble que lorsqu’une information préoccupante vient signaler une situation où le
beau-parent est inclus dans la dite-situation que vit l’enfant, il faudrait que cet adulte puisse
être présent durant la première rencontre. En effet, cela permettrait de faire comprendre au
beau-parent ses actes, de les mettre en mots afin qu’il y ait une prise de conscience de sa
part.

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b) Des réunions entre beaux-parents
En parallèle, il me semblerait opportun d’organiser une action collective pour les
beaux-parents, c’est-à-dire une réunion avec eux pour qu’ils puissent discuter ensemble de
leur place au sein de la recomposition familiale. Cela leur permettrait de ne pas se sentir seul,
de pouvoir questionner les autres sur leur fonctionnement. Cette instance leur permettrait
également de discuter ensemble de leur droit, et de trouver des outils afin d’exprimer aux
autres membres de la famille où ils se positionnent. Pour ce faire, il serait constructif de faire
intervenir un psychologue systémicien afin d’élaborer grâce à son analyse et de permettre au
le beau-parent de s’exprimer quant à son ressenti et pour trouver des solutions ensemble pour
que cela change.

Force est de constater que l’outil systémique est riche et peut apporter de nombreux
éclairages sur le fonctionnement familial et ses potentiels remaniements. Cependant j’ai
conscience que l’AED n’est pas toujours formé à cet outil et n’a pas comme mission
principale d’intégrer le beau-parent.

2. Former les éducateurs


a) Une formation sur la systémie
De mon point de vue, ce serait une plus-value que les éducateurs au sein du service
de l’Aide Educative à Domicile puissent être formés à la systémie et à ses outils. En effet,
nous travaillons sur les places de chacun et les enjeux de celles-ci. Si nous étions formés à
la systémie cela permettrait de comprendre le système propre à chaque famille et les sous-
systèmes qui les composent.
Cela permettrait aussi de travailler avec des outils qui facilitent la communication et la parole
de chacun. La systémie utilise les « objets flottants ». Florence Calisis dans son article
nommé « Intérêt de l’utilisation des objets flottants dans l’approche des pans les plus
douloureux de l’histoire des patients et de leur famille. », explique que les objets flottants
sont des médias qui facilitent la rencontre avec autrui. De plus ils permettent aussi de se
découvrir et d’apprendre qui nous sommes, cela engage la personne dans un travail sur elle-
même. Les objets flottants ont été élaborés au départ par Pierre Caille (sculpteur) et Yveline
Rey (psychologue clinicienne). Dans ces objets nous pouvons retrouver diverses manières
de les mettre en place comme les sculptures du présent, les tableaux de rêves ou encore les

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masques… Ces exemples ont tous pour but de faire travailler la personne sur son système
familial en utilisant un objet tel que le masque afin que le psychologue puisse comprendre
sa vision de la place des membres dans le système familial, c’est en quelque sorte une mise
en scène des rôles de chacun.

b) S’informer sur l’évolution des familles


J’ai pu remarquer durant mon stage que les professionnels ne sont pas toujours au
courant de l’évolution des familles, des chiffres qui parlent de cela ou encore des nouveaux
types de famille. Il serait intéressant de comprendre les enjeux des recompositions familiales
surtout dans le domaine de la protection de l’enfance puisque nous œuvrons pour la sécurité
des enfants. De ce fait avoir des formations ou participer à des conférences sur ce sujet
pourrait permettre un meilleur accompagnement en connaissance de cause de ce qui peut se
jouer pour eux. Je garde en tête que chaque situation est singulière et qu’on ne peut pas
accompagner toutes les familles recomposées de la même manière. Cependant, cela
permettrait aux professionnels d’avoir préalablement quelques connaissances et de ne pas se
diriger complètement dans quelque chose d’inconnu.
Je pense qu’un éducateur doit se former tout au long de sa vie professionnelle, nous devons
évoluer et remettre en question nos pratiques afin de ne pas tomber dans une approche que
l’on pourrait qualifier de « toute puissante ».

Après avoir pu porter un regard sur la formation et l’information des professionnels,


je vais maintenant parler d’un outil qui pour moi pourrait être essentiel dans
l’accompagnement des familles recomposées : la conférence familiale.

c) La conférence familiale
J’ai pu découvrir durant un cours en centre de formation la médiation par les
conférences familiales. Cette conférence permet de donner un pouvoir d’action à chaque
membre de la famille. Je vais tout d’abord vous expliquer en quoi cela consiste. La
conférence familiale a pour but de réunir tous les membres d’une famille nucléaire ou
recomposée afin de débattre autour d’une problématique familiale. Tous ensemble, ils vont
tenter de trouver une solution au problème pointé avec l’aide d’un professionnel qui aura
une place de médiateur. Dans cet espace tout peut-être dit et entendu. Cette conférence peut
accueillir aussi par exemple des médecins, les nouveaux conjoints… c’est un espace libre où

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tous les points de vue sont les bienvenus et permettent de ramener une vision nouvelle sur la
situation, tout cela dans le but de « sortir » la problématique de la stricte cellule familiale.
Je trouverais intéressant que cette médiation soit utilisée au sein de l’ASE, en effet, nous
travaillons aussi sur le contexte de vie, de ce fait cet espace pourrait être un outil précieux.
Il permettrait à tous les intervenants et les personnes qui composent l’environnement de
l’enfant de se faire entendre.
Dans le cadre des familles recomposées, l’enfant pourrait parler de la place de son beau-
parent et comment il vit cela, tout en prenant en compte l’avis de l’autre et inversement. Cela
ouvrirait la porte à une harmonie et une entente entre tous puisque chacun pourra tenter de
comprendre l’autre et d’ouvrir ses émotions ce qui permet une meilleure compréhension de
l’autre comme j’ai pu l’expliquer préalablement.
Pour moi, cela favorisera l’accompagnement de l’enfant puisqu’aucun des parents ne serait
en opposition à l’intervention de l’AED auprès des beaux-parents.

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Conclusion :

Pour conclure cet écrit, je me suis aperçue en écrivant ce mémoire que je n’avais pas
choisi cette thématique par hasard. En effet, elle vient me toucher personnellement et c’est
à mon sens pour cela qu’il m’a été d’autant plus naturel d’axer mes recherches sur ce sujet.
Cela m’a permis de prendre du recul et de me débarrasser de mes premières représentations
plutôt négatives des beaux-parents. Les situations ainsi que les paroles recueillies et les
apports théoriques m’ont permis de prendre de la hauteur sur ce que je pensais.
Je trouve cela important dans mon futur métier de pouvoir se remettre en question et de
réussir à mettre du sens sur nos paroles et nos actes. Il est primordial de pouvoir travailler
sur soi puisque me connaître me permettra de connaître et appréhender mes limites ainsi que
mon cadre de référence.
Je ne cesserai jamais de me questionner sur mon éthique et mes valeurs, afin de pouvoir
toujours travailler et accompagner les personnes avec bienveillance.

Ce travail m’a fait prendre conscience que nous mettons beaucoup d’étiquettes sur
les personnes que nous accompagnons et la société va également dans ce sens. Il est
important que nous puissions sortir de ces cases afin d’apprendre à connaître l’autre dans
une certaine forme d’authenticité.
La partie recherche de ce travail m’a réellement permis de me positionner face aux situations
de par les différents points de vue que les auteurs ont pu m’apporter.

Je conclurai en disant que l’éducateur spécialisé a besoin de la personne accompagnée pour


prendre du recul et analyser son travail, mais l’inverse est aussi essentiel. La personne
accompagnée a besoin de l’éducateur pour mettre du sens sur ce qu’il vit. « Rien de ce qu’il
fait ne peut se faire sans l’Autre. » (P. Gaberan, 2018, P-12).

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BIBLIOGRAPHIE
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- Définition de la parentalité.
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- Définition de la coparentalité (2020).


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autres-3691708

- 52 paroles de Jeunes. (2019).


https://www.youtube.com/watch?v=jj7Fbb5rOxg
GLOSSAIRE :

- AED = Aide Éducative à Domicile

- PPE = Projet Pour l’Enfant

- IP = Information Préoccupante

- CMS = Centre Médico-Social

- CRIP = Cellule de recueil des informations préoccupantes

- RT = Responsable Territoriale

- JAF = Juge des Affaire Familiales

- ASE = Aide Sociale à l’Enfance

- L’INSEE = Institut Nation de la Statistique et des Études Économiques.


ANNEXES :
- Annexe 1 : guide d’entretien à viser des professionnels de l’AED
- Annexe 2 : guide d’entretien à viser des beaux-parents de l’enfant
- Annexe 3 : guide d’entretien à viser des parents de l’enfant
- Annexe 4 : récapitulatif des entretiens et des personnes interrogées
ANNEXE 1 : GUIDE D’ENTRETIEN A VISER DES PROFESSIONNELS DE
L’AED

Question numéro 1 :
- A quel point la parole des beaux-parents sur l’accompagnement des enfants est
légitime pour vous ?

Relance : avez-vous un exemple ?

Question numéro 2 :
- Est-ce qu’il faut intégrer les beaux-parents dans les rencontres ? Pourquoi ?

Relance : Avez-vous déjà rencontré une situation où la présence du beau-parent à poser


problème ?

Question numéro 3 :
- Comment prenez vous en compte les beaux-parents ?

Relance : quels outils mettez-vous en place ? En parlez-vous avec les enfants ?

Question numéro 4 :
- Y’a-t-il des contextes dans lesquels les beaux-parents ne peuvent pas être pris en
compte ? Lesquels ?

Relance : Et inversement, y-a-t-il des contextes où les beaux-parents ont été vraiment des
personnes ressources ? Avez-vous un exemple ?
ANNEXE 2 : GUIDE D’ENTRETIEN A VISER DES BEAUX-PARENTS DE
L’ENFANTS

Question numéro 1 :
- Qu’attendez-vous du référent de la mesure ?

Question numéro 2 :
- Comment votre conjoint vous a parler de la mesure AED ?

Question numéro 3 :
- Vous a-t-il demandé votre avis ?

Question numéro 4 :
- Pensez-vous avoir besoin d’être pris en compte dans cette mesure ? comment ?

Question numéro 5 :
- Quelle est votre place dans la mesure ?

Question numéro 6 :
- Comment percevez-vous la mesure pour vos beaux-enfants ?

Question numéro 7 :
- Comment vos beaux enfants perçoivent ils votre place dans cette mesure ?
ANNEXE 3 : GUIDE D’ENTRETIEN A VISER DES PARENTS DE L’ENFANT

Question numéro 1 :
- Jusqu’où vous donner une place à votre nouveau conjoint par rapport aux enfants ?

Question numéro 2 :
- Durant la mesure pensez-vous qu’il est important qu’on rencontre votre conjoint ?

Question numéro 3 :
- Doit-il être pris en compte dans la mesure ? pourquoi ? Et comment ?
ANNEXE 4 : RECAPITULATIF DES ENTRETIENS ET DES PERSONNES
INTEROGÉES

- Entretien numéro 1 : mère d’un jeune accompagnée, environ 40 ans, rencontrée à


son domicile. Durée de l’entretien :

- Entretien numéro 2 : assistante de service sociale, environ 40 ans, rencontrée à


l’AED. Durée de l’entretien :

- Entretien numéro 3 : éducatrice spécialisée, environ 40 ans, rencontrée à l’AED.


Durée de l’entretien :
BOYAJIAN Marion

Formation : Diplôme d’État d’Éducateur Spécialisé (DEES)


Session : 2019 - 2022

Titre du document : Quand l’aide éducative à domicile intervient au cœur des familles
recomposées

Résumé :
« L’hiver venu, la neige recouvrir la tombe d’un tapis blanc. Mais au printemps, quand le soleil l’eut
fait fondre, l’homme prit une autre femme. La femme avait amené avec elle ses deux filles qui étaient
jolies et blanches de visage, mais laides et noires de cœur. Alors de bien mauvais jours commencèrent
pour la pauvre belle-fille. » ( Frères Grimm, 1812).

Dans le cadre de ce travail rédactionnel d’un mémoire de pratique professionnelle, j’ai fais le choix
d’aborder le thème des familles recomposées. J’ai effectué mon stage long au sein d’un service de l’Aide
Sociale à l’Enfance (ASE). Durant ce dernier, j’ai été amenée à accompagner des familles dans le cadre
de mesures administratives basées sur l’Aide Éducative à Domicile.
Pour aborder les familles recomposées je me suis posée une question : en quoi là non-prose en compte des
beaux-parents peut-elle avoir un impact dans la mesure AED?
J’ai commencé par aborder des sujet pour essayer de cerner les enjeux de ces familles. Je suis allée voir
du côté de l’évolution des familles, le rôle de l’attachement au sein de la famille et la place des beaux-
parents. Puis j’ai élaboré des pistes d’analyse : le droit du beau-parent, la systémie, la complexité
d’intégrer un beau-parent et la relation éducative. Ici je mêlerais théorie et paroles des personnes
interrogées.
Je viens parler aussi de mon positionnement professionnel, pour se faire je partirais de mes représentations
de départ afin de montrer une certaine prise de recul avec le sujet. Il m’a semblé important de parler de la
relation d’aide et les sentiments, les émotions dans notre travail.

Mots clés : Coparentalité - Beaux-parents - Familles recomposées – Attachement –


Développement – Enfants -

Nombre de pages : 42 Annexes : 4

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