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Institut Universitaire d’Abidjan
(I.U.A) Année Universitaire 2021-2022
MEMOIRE DE MASTER 2
Option : Droit des Affaires et management
THÈME :
L’INFLUENCE DU JUGE DANS L’EFFICACITE DES VOIES D’EXECUTION
EN DROIT OHADA
JURY :
Président : Professeur ALLA KOFFI ETIENNE, Agrégé des Facultés de Droit, Avocat au
Barreau de Côte d’ivoire
Suffragants :
- M.CLIMANLO Jérôme, Agrégé des Facultés de Droit, Avocat au Barreau de Côte
d’ivoire
- M. COULIBALY Mamadou Kounvolo, Docteur en droit, Assistant à l’Université Jean
Lorougnon Guédé de Daloa
1
Décembre 2023
2
AVERTISSEMENT
3
DEDICACES
4
RERMERCIEMENTS
5
LISTE DES ABREVIATIONS
AL : Alinéa
ART : Article
ASS : Assemblée
ASS. PLEN : Assemblée plénière de la Cour de cassation
C : Code
C.CIV : Code civil
C.COM : Code de commerce
C.PEN : Code pénal
C.P.P : Code de procédure pénale
C.TRAV : Code du travail
C : Contre
CA : Cour d’appel
CASS : Cour de cassation
C.C : Convention collective
CE : Conseil d’État
CEDH : Cour européenne des droits de l’homme
CF : Confer
CH : Chambre
CHAP : Chapitre
CHROM : Chronique
JO : Journal Officiel
6
SOMMAIRE
INTRODUCTION………………………………………………………..…..P8
PARTIE 1 : une influence considérablement réduite par le cadre juridique de
l‘exécution ……………………………………………………………………P16
CHAPITRE 1 : une influence entravée par les dispositions normales de
de l’exécution ………………………………………………………………...P18
Section 1 : une influence limitée par les actes uniformes ………………...….P18
Paragraphe 1 : les facteurs de la limitation…………………………………...P18
A- La supranationalité des Actes Uniformes………………………......….P18
B- Une obligation tirée de l’objet du droit OHADA……………………...P19
Paragraphe 2 : l’impact sur l’action du juge …………………………………P20
A- La restriction de l’action du juge ………………………………...……P20
B- Le risque d’illégalité des décisions prises………………………..…….P21
Section 2 : une influence contenue du fait de l’interaction avec les
Législations ……………………………………………………………..……P22
Paragraphe 1 : l’abondons de certaine question aux droits nationaux des
Etats …………………………………………………………………………..P23
Paragraphe 2 : l’élaboration de restriction dans l’action du juge :
Les cas spécifiques de conflits …………………………………………...…..P24
CHAPITRE 2 : une influence limitée par les principes fondamentaux du
Droit de l’exécution …………………………………………………………..P27
Section 1 : l’obligation de se conformer aux droits fondamentaux……..……P27
Paragraphe 1 : les fondements de l’obligation…………………………..……P27
A- La primauté des droits fondamentaux dans le droit de l’exécution........P27
B- L’influence des conventions international ……………………...……..P29
Paragraphe 2 : les implications de l’obligation…………………………….....P30
A- Les implications dans le processus d’exécution ………………………P30
B- Les limites d’ordre public……………………………………………...P31
7
Section 2 : une influence restreinte par des considérations
juridique………………………………………………………………………P33
Paragraphe 1 : des principes éthiques limitant l’utilisation de mesure
coercitives …………………………………………………P33
A- L’impérative proportionnalité dans les mesures ……………………...P34
B- Les principes d’humanité et de dignité dans le processus
d’exécution………………………………………………………….…P35
Paragraphe 2 : l’humanisation imposé des principes éthique avec les
impératifs d’exécution ……………………………………….P36
A- La nécessité d’une interprétation conforme aux principes éthique ..….P36
B- Les défis de conciliation des principes éthique et des réalités
Economiques ………………………………………………………….P37
PARTIE 2 : Une influence entravée par des obstacles pratiques………….…P40
CHAPITRE 1 : Les défis formels a l’influence du juge ……………………..P42
Section 1 : une limitation des voies de recours disponibles ………………….P42
Paragraphe 1 : L’insuffisance des voies de recours ……………………….....P42
A- L’imprécision de voie de recours spécialisées…...
………………..........................................................….P43
B- Les limites des mécanismes d’appel et pourvois-en
cassation……………………………………………..………………...P46
Paragraphe 2 : Les stratégies dilatoires et leur effet sur la célérité
de l’exécution…………………………………………………………………P49
A-La manipulation procédurale : des délais excessifs ……………………P49
B- Les recours abusifs et leurs impacts sur la procédure………………….P50
Section 2 : une procédure d’exécution parfois complexe …………… ...……P51
Paragraphe 1 : les délais prévus et la limitation des pourvois du juge….….....P51
A- Les contraintes imposées per les délais légaux ………………………..P52
B- La limitation des pourvois discrétionnaires du juge face aux délais
préétablis……………………………………………………………….P53
8
Paragraphe 2 : La complexité des procédures et la limitation de l’office
du juge ………………………………………………………..P54
A- Problème lié a la multiplicité des étapes procédurales ………………..P54
B- Des documents exigés excessifs ……………………………………....P55
CHAPITRE 2 : Des ressources limités ………………………………………P57
Section 1 : La charge de travail des tribunaux…………………………….….P57
Paragraphe 1 : De la quantité de travail ……..…………………………….…P57
A- La quantité de travail actuelle de certaines juridiction………………...P57
B- Les facteurs contribuant a une augmentation de la charge du travail.....P59
Paragraphe 2 : L’implications sur les débats d’exécutions ………….……….P60
A- Le rallongement des délais …………………………….………………P60
B- Conséquence sur la procédure …………………….…………………..P62
Section 2 : les moyens logistiques et humains……………………………..…P62
Paragraphe 1 : les contraintes matérielles et humaines……………….………P63
A- L’Insuffisance des moyens matériels et humains …………………......P63
B- L’impact sur la procédure …………………………………………….P64
Paragraphe 2 : les propositions d’améliorations ………………………….….P65
A- Les mesures potentielles pour renforcer les moyens logistiques …. ….P65
B- L’importance de la formation continue et du renforcement
des capacités ………………………………………………………...…P66
CONCLUSION …………………………………………………………..…..P69
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………...…….P72
I- Ouvrages généraux…………………………………………………...…P72
II- Ouvrages spécialisés………………………………………………..…..P74
III- Ouvrages de doctrine ……………………………………….…………P74
IV- Thèses et mémoires …………………………………………………...P79
V- Législations …………………………………………………………….P80
VI- Jurisprudence ………………………………………………………….P81
9
INTRODUCTION
10
« Les délinquants font moins de mal qu’un mauvais juge1. »
L'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit OHADA revêt une
importance cruciale dans le fonctionnement du système judiciaire. Le rôle du juge
s'étend au-delà de la prononciation de la décision initiale, englobant la phase
d'exécution des jugements et des actes émanant des juridictions. Cette dynamique
complexe entre le juge et le processus d'exécution soulève des enjeux fondamentaux
au sein de l'espace juridique OHADA2.
En premier lieu, le juge joue un rôle central dans la validation des mesures d'exécution.
Sa diligence et sa compréhension approfondie des Actes Uniformes OHADA
déterminent l'efficacité des voies d'exécution. La qualité de l'interprétation juridique du
juge impacte directement la mise en œuvre des décisions, influençant la rapidité et
l'efficacité du processus d'exécution3.
Par ailleurs, le juge est confronté à la tâche délicate de concilier les intérêts des parties
en présence. Son pouvoir discrétionnaire dans l'interprétation des mesures coercitives
1
Francisco de Quevedo
2
ADJAKA (M), La pratique des procédures simplifiées de recouvrement dans l’espace OHADA, éd. Ets. Soukou,
Cotonou, 2009
3
ANOUHAKA, Les procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution, éd. PUA, Yaoundé, 1999.
11
lui confère une responsabilité majeure dans l'équilibre entre la protection des droits du
créancier et le respect des droits fondamentaux du débiteur. Cette équation délicate
influence la manière dont les voies d'exécution sont appliquées dans des contextes
variés4.
Par ailleurs, la jurisprudence du juge peut avoir des implications significatives sur
l'évolution des voies d'exécution. Ses décisions antérieures établissent des précédents
qui façonnent le paysage juridique, influençant la prévisibilité et la stabilité du
processus d'exécution. Ainsi, le juge, en tant que créateur de jurisprudence, exerce une
influence à long terme sur l'efficacité des voies d'exécution.
12
Un juge est une autorité impartiale et indépendante investie du pouvoir de rendre des
décisions dans le cadre du système judiciaire. Sa fonction principale est de trancher
des litiges, d'interpréter et d'appliquer la loi. Les juges sont chargés de garantir l'équité
et la justice dans le cadre des affaires qui leur sont soumises. Ils peuvent siéger dans
différentes juridictions, telles que les tribunaux civils, criminels, administratifs, ou
encore les cours d'appel. Le rôle du juge implique souvent d'écouter les arguments des
parties, d'examiner les preuves présentées et de rendre une décision basée sur le droit
applicable. Les juges doivent agir de manière impartiale, en mettant de côté leurs
opinions personnelles pour garantir un traitement équitable des parties devant la
justice.
L’intervention du juge dans la vie des sociétés, dans l’execution des decisions de
justice semble assez naturelle, puisque sa mission consiste désormais à prévenir les
crises sociales ou en présence de celles-ci, à rétablir la paix sociale. Sa présence
progressive à tous les stades de la vie sociale est encouragée soit par les textes, soit par
6
V. Cornu G, Vocabulaire juridique, p.587
7
Fricero (N.) et Julien (P.), Procédure civile, LGDJ, coll. Manuel, 5e éd., 2014, p. 70, n° 137
8
V. Mounetaga (D.), L’intervention du juge dans la vie des sociétés commerciales, thèse Sheikh Anta Diop de
Dakar/Sénégal, 2007
13
la jurisprudence qui, à travers son œuvre créatrice, vient compléter la mission du
législateur. Autant dans le contexte français que dans l’espace OHADA, le juge
apparait donc comme le garant du développement économique par le droit. Du fait de
l’abondance des textes, de la dynamique jurisprudentielle. L’objectif de sécurité
juridique et judiciaire a entrainé́ de nombreux effets sur la fonction du juge, la
judiciarisation de la société́ a rattrapé les sociétés . Désormais, le juge doit permettre
l’application effective des Actes uniformes au sein des sociétés commerciales, a
l’égard du débiteur commerçant afin d’empêcher leur dévalorisation.
9
V. Germain (M.), « Le juge classique », In le juge de l’économie, Colloque de la Baule du 08 au 09 juin 2002,
RJ Com., novembre 2002, n° spécial, p.17.
14
dans d'autres domaines de la vie, l'efficacité mesure la capacité d'accomplir une tâche
ou de réaliser un but de manière productive et réussie. Elle est souvent associée à la
maximisation de l'output par rapport à l'input, démontrant ainsi la qualité de l'effort
investi dans la réalisation d'un objectif. L'efficacité est un concept clé dans l'évaluation
des performances individuelles, des processus organisationnels et des stratégies mises
en œuvre pour atteindre des résultats spécifiques.
Les voies d'exécution, dans le contexte juridique, font référence aux moyens légaux et
aux procédures mis en place pour contraindre une personne à se conformer à une
décision de justice ou à exécuter une obligation résultant d'un titre exécutoire. Ces
titres exécutoires peuvent inclure des jugements, des arrêts ou d'autres actes juridiques
équivalents qui confirment les droits d'une partie et établissent l'obligation de l'autre
partie. Qualifiées des fois de « mesures d'exécution », « procédures forcées de
recouvrement » ou « d'exécution » ou de « procédures civiles d'exécution » les voies
d'exécution se résument en un ensemble de mesures et de techniques juridiques mises
à la disposition de tout créancier pour mettre sous-main de justice les biens
appartenant à son débiteur dans le but d'être rétabli dans ses droits. Dit autrement, ce
sont des procédures légales par lesquelles le créancier impayé peut saisir les biens de
son débiteur, et dans certains cas les vendre afin de se payer sur le prix de vente ou se
les faire attribuer. Comme l'on se sera aperçu, le procédé habituel est celui des saisies
des biens du débiteur.
Selon un auteur les voies sont définies généralement comme l’ensemble des règles
juridiques permettant au créancier « non payé amiablement par un débiteur de
contraindre celui-ci à s’exécuter, au besoin avec l’aide de la force publique »10 Elles
sont destinées à faciliter la réalisation des droits patrimoniaux consacrés par un titre
exécutoire11.
Avant l’avènement de l’Acte uniforme portant organisation des Procédures Simplifiées
de Recouvrement et des Voies d’Exécution (AUPSRVE), l’exécution des titres
exécutoires n’avait pas connu de fortunes radieuses. Les nombreuses difficultés
10
DONNIER (Marc), Voies d’exécution et procédures de distribution, 2e éd., Paris, Litec, 1990, n°1, p. 1
11
Aux termes de l’article 33 de l’Acte uniforme portant organisation des Procédures Simplifiées de
Recouvrement et des Voies d’Exécution, « Constituent des titres exécutoires
15
relatives à la mise en œuvre de ces titres étaient examinées par le juge des référés qui
se déclarait fréquemment incompétent sur le fondement d’une contestation sérieuse
supposée ou réelle. Il en résultait au grand dam des créanciers une paralysie quasi
irrémédiable des voies d’exécution par des débiteurs aux abois, pire de mauvais aloi.
Le sujet portant sur "L'influence du juge dans l’efficacité des voies d’exécution en
droit OHADA" revêt des intérêts théoriques et pratiques particulièrement pertinents.
Le sujet offre l'opportunité d'approfondir l'analyse juridique des mécanismes
d'exécution dans le cadre du droit OHADA, explorant les fondements théoriques et
normatifs qui sous-tendent ces procédures.
Elle permet d'explorer la manière dont le juge interprète les Actes Uniformes
OHADA, offrant une compréhension approfondie de la supranationalité de ces normes
dans le contexte d'exécution. Le sujet met en lumière le rôle du juge dans le processus
d'exécution, contribuant à la théorie juridique en clarifiant comment le pouvoir
judiciaire influe sur la mise en œuvre des décisions.
Sous l’angle pratique, En comprenant l'impact du juge sur l'efficacité des voies
d'exécution, des recommandations pratiques peuvent être formulées pour optimiser les
procédures judiciaires, accélérant ainsi la réalisation des droits des parties. En mettant
en lumière le rôle déterminant du juge, le sujet peut contribuer à renforcer la confiance
16
des parties impliquées dans le système judiciaire OHADA, soulignant l'importance de
l'objectivité et de la compétence du juge.
Les conclusions pratiques peuvent également guider les réformes judiciaires visant à
améliorer l'efficacité des voies d'exécution, en prenant en compte le pouvoir
d'influence du juge. En combinant ces aspects théoriques et pratiques, le sujet s'inscrit
au cœur des enjeux juridiques contemporains, offrant des perspectives précieuses pour
les chercheurs, les praticiens du droit et les décideurs engagés dans le renforcement
des systèmes judiciaires dans l'espace OHADA.
17
PARTIE 1 : UNE INFLUENCE
CONSIDERABLEMENT REDUITE PAR LE
CADRE JURIDIQUE DE L’EXECUTION
18
Le juge, au sein du système juridique OHADA, se trouve dans une position où son
influence est considérablement restreinte par les textes communautaires. Ces derniers
jouent un rôle crucial en délimitant strictement les compétences et les procédures
d'exécution. Concrètement, les normes établies par l'OHADA définissent de manière
précise les étapes à suivre lors des voies d'exécution, limitant ainsi l'interprétation
subjective du juge. Dans ce contexte, le juge est davantage un exécutant des règles
établies qu'un créateur d'interprétations. Les textes communautaires servent de cadre
juridique rigoureux, réduisant la marge d'appréciation du juge dans l'application des
lois relatives à l'exécution. Cette contrainte normative vise à instaurer une certaine
prévisibilité et cohérence dans le processus d'exécution des décisions judiciaires au
sein de l'espace OHADA. Ainsi, bien que le juge puisse exercer son pouvoir
discrétionnaire dans certains aspects du droit, en matière d'exécution, sa marge de
manœuvre est considérablement contenue par les dispositions claires et détaillées des
textes communautaires, renforçant ainsi la stabilité et la prévisibilité du système
juridique OHADA (CHAPITRE 1)
Le second volet de cette analyse se penche sur la limitation de l'influence du juge dans
le contexte des principes fondamentaux du droit de l'exécution au sein de l'OHADA.
Les fondements juridiques qui sous-tendent les voies d'exécution jouent un rôle crucial
dans la définition du champ d'action du juge. Les principes fondamentaux, souvent
ancrés dans la protection des droits des créanciers et la garantie de l'efficacité des
décisions judiciaires, imposent des contours stricts auxquels le juge est soumis. Par
exemple, le principe de la célérité dans l'exécution vise à assurer une réalisation rapide
des droits reconnus par le jugement, limitant ainsi la possibilité pour le juge d'étendre
indéfiniment les délais ou d'ajuster le processus selon son interprétation personnelle.
De plus, le principe de l'économie procédurale, cherchant à éviter des procédures
inutilement complexes ou coûteuses, contraint le juge à suivre des lignes directrices
claires établies par les normes OHADA. Ce principe limite la possibilité pour le juge
de prendre des initiatives qui pourraient conduire à une complexité excessive du
processus d'exécution (CHAPITRE 2)
19
CHAPITRE 1 : UN INFLUENCE ENTRAVÉE PAR LES
DISPOSITIONS NORMATIVE DE L’EXECUTION
Le droit OHADA se présente comme un droit visant à réguler les rapports d’affaires
dans un espace bien définit. Se faisant, il imbrique un certain nombre de principes et
de règles lesquels ont parfait trait à ses sources. En effet, le droit OHADA se manifeste
par le biais de textes à vocation communautaires et supranationales. Toutefois, certains
aspects peuvent ne pas être couverts par le droit communautaire en matière du droit
des Affaires. Les aspects non couverts, peuvent être régis par le droit national des États
parties. Ce pouvoir donné aux États sur certaines questions peut, à certains égards et en
ce qui concerne le juge et l’efficacité des voies d’exécution limiter fortement son
action. Ainsi, l’influence du juge dans les voies d’exécution ressort principalement des
actes uniformes (section 1) mais aussi de l’interaction avec les législations nationales
(section 2)
20
tant qu'organisation juridique supranationale, établit une hiérarchie normative qui
prime sur les législations nationales des États membres. Cette supranationalité confère
aux Actes Uniformes une autorité prééminente, exigeant la conformité des juridictions
nationales et des parties contractantes12.
L'essence de cette obligation réside dans la volonté de créer un environnement
juridique harmonisé, favorisant la sécurité juridique et la prévisibilité des transactions
commerciales au sein de l'espace OHADA. En embrassant la supranationalité, les États
membres reconnaissent implicitement la nécessité de céder une partie de leur
souveraineté en faveur d'une cohérence normative cruciale pour le bon fonctionnement
du système.
Cette obligation découle également de la volonté commune des États membres de
promouvoir l'intégration économique régionale. En acceptant l'obligation de
conformité, les acteurs du système juridique OHADA contribuent à l'émergence d'un
environnement propice aux échanges économiques transfrontaliers13. Cette justification
repose sur une vision partagée visant à renforcer la compétitivité des entreprises et à
faciliter la fluidité des relations commerciales entre les États membres.
Ainsi, l'obligation de conformité aux Actes Uniformes se présente comme une
démarche nécessaire, fondée sur la supranationalité, pour garantir la cohérence, la
sécurité et la prospérité au sein de l'espace juridique OHADA. Elle incarne
l'engagement collectif envers l'intégration régionale et la consolidation d'un ordre
juridique commun favorable au développement économique des États membres14.
12
POHE D. Droit des sociétés commerciales et coopérative dans l’espace OHADA, BRUYLANT, coll. Droit
Uniforme africain, 2019, p.29
13
BREMOND SARR, La sécurité juridique de l’investissement dans l’OHADA. Le droit des sûretés a l’epreuve du
recouvrement des créances, Thèses Université d’Aix-Marseille III, 2005
14
En ce sens, POUGOUE, présentation générale et procédure en OHADA, PUF
21
Le droit OHADA, en son essence, poursuit l'objectif fondamental d'instaurer un cadre
juridique favorisant la sécurité et la stabilité des transactions commerciales.
L'obligation de conformité s'inscrit ainsi dans la logique de réaliser une uniformisation
des normes pour garantir la prévisibilité et la fiabilité des relations contractuelles et des
opérations financières.
Cette obligation découle également de l'aspiration à renforcer la confiance des acteurs
économiques, nationaux et internationaux, dans le système juridique OHADA. En
imposant la conformité aux Actes Uniformes, le droit OHADA ambitionne de créer un
environnement juridique dans lequel les parties prenantes peuvent évoluer en toute
sécurité, sans craindre des disparités normatives susceptibles de compromettre la
validité et l'exécution de leurs accords. L'objet du droit OHADA réside également dans
la facilitation des échanges et de l'investissement au sein de l'espace régional15.
L'obligation de conformité s'inscrit donc dans une perspective d'encouragement des
flux transfrontaliers, en éliminant les obstacles juridiques qui pourraient entraver la
circulation des biens, des services, et des investissements entre les États membres.
En résumé, l'obligation de conformité aux Actes Uniformes émane de la mission
fondamentale du droit OHADA, qui vise à créer un ordre juridique harmonisé, stable
et favorable au développement économique régional. Elle s'inscrit dans une démarche
proactive visant à concilier la diversité des législations nationales tout en établissant un
socle commun propice à l'épanouissement des activités commerciales au sein de
l'espace OHADA.
Paragraphe 2 : L’impact sur l’action du juge
L’action du juge est incidemment restreinte (A) son intervention en dehors des cas et
des domaines prévus peut être sujet a une illégalité (B)
A- La restriction de l’action du juge
L'impact sur l'action du juge découlant de l'obligation de conformité aux Actes
Uniformes au sein du droit OHADA est marqué par une restriction délibérée de la
marge de manœuvre du juge. Cette restriction, bien que formulée dans l'intérêt de
l'harmonisation et de la cohérence normative, pose des défis importants pour le
pouvoir judiciaire dans l'application des règles et des décisions.
15
A. FENEON, Droit des sociétés en Afrique, éd. Lextenso, Paris, 2015, p.39
22
La restriction de l'action du juge découle premièrement de la prééminence accordée
aux Actes Uniformes. En vertu de cette obligation, le juge est contraint de se
conformer strictement aux dispositions énoncées dans ces actes, limitant ainsi sa
capacité d'interprétation et d'adaptation en fonction du contexte spécifique de chaque
affaire. Cette approche rigide peut parfois entraver la recherche de solutions justes et
équitables, car le juge se voit lié par des normes souvent génériques.
Par exemple, un principe est énoncé par l'article 30 alinéa 1er de l'Acte uniforme en ces
termes : « l'exécution forcée et les mesures conservatoires ne sont pas applicables aux
personnes qui bénéficient d'une immunité d'exécution ».
Il en résulte que sont concernées toutes les voies d'exécution tant conservatoires
qu'exécutoires, mobilières ou immobilière de la part des créanciers contre les
personnes qui bénéficient de cette prérogative. La question controversée qui se pose
alors est celle de savoir qui en sont les bénéficiaires ce, dans la mesure où cet alinéa
n'en fournit aucune liste
En conclusion, bien que l'obligation de conformité aux Actes Uniformes ait pour but
de créer un cadre juridique cohérent, elle entraîne inévitablement une restriction de
l'action du juge. Cette limitation peut susciter des débats sur l'équilibre entre
uniformité normative et nécessité d'adapter le droit aux spécificités nationales et aux
évolutions de la société.
23
peut engendrer des situations où les décisions prises par les autorités judiciaires
peuvent être perçues comme illégales dans un contexte national16.
Premièrement, le risque d'illégalité découle de l'inadaptation potentielle des Actes
Uniformes aux réalités juridiques nationales. En cherchant à appliquer des normes
souvent génériques à des contextes divers, les décisions judiciaires peuvent être
critiquées pour leur éloignement des spécificités locales, créant ainsi un risque
d'illégalité au regard des principes fondamentaux du droit national17.
De plus, l'obligation de conformité peut générer un risque d'illégalité lorsque les Actes
Uniformes ne tiennent pas compte des évolutions ou des spécificités propres à chaque
État membre. Les décisions judiciaires, alignées sur des normes statiques, peuvent
devenir obsolètes ou en contradiction avec des développements ultérieurs du droit
national, créant ainsi un vide juridique potentiellement illégal18.
Un autre aspect du risque d'illégalité réside dans la possible méconnaissance des droits
fondamentaux. En imposant des normes strictes, l'obligation de conformité peut
conduire à des décisions qui, bien que conformes aux Actes Uniformes, portent
atteinte aux droits fondamentaux garantis par les constitutions nationales. Cette
situation soulève des préoccupations quant à la légitimité et à la validité des décisions
judiciaires.
En conclusion, le risque d'illégalité des décisions résulte de la tension entre l'obligation
de conformité aux Actes Uniformes et la nécessité de respecter les spécificités et les
évolutions nationales19. Il met en lumière les défis inhérents à l'harmonisation
normative et souligne l'importance d'équilibrer l'uniformité avec la flexibilité
nécessaire pour garantir la légalité et la légitimité des décisions judiciaires.
16
V. CA Abidjan Arrêt n°36, 19 janv.2003, SIGS c/CFAO-CI
17
C. CA Dakar, ch. civ et com. Arrêt du 19 déc. 2002, Abdoul Karim Diop c./buhan Tesseire
18
V.POHE D. Droit des sociétés commerciales et coopérative dans l’espace OHADA, op.cit. p.87
19
En ce sens, AJAVON, les procédures de recouvrement et des voies d’exécution en droit OHADA, Thèse
Toulouse 1, Capitole 2010
24
harmonisé au sein de cet espace. Quoique certaines questions liées au droit de
l’exécution peuvent difficilement être harmonisés. Dans une telle occurrence un conflit
pourrait naitre entre le droit national et le droit communautaire (Paragraphe 1). Ce
conflit peut être difficilement réglé dans la mesure où, il n’existe pas en droit
communautaires, des mécanismes visant a véritablement résoudre les indomptabilités
(Paragraphe 2)
20
CA Libreville, ch. civ et com. Arrêt n°7/2001/2002 du 6 fevr.2002, obs,. J. ISSA SAYEGH
21
Dans ce sens, CA Abidjan ch. civ. Et com. Arrêt n°111 du 10 avril 2010, Sté. Rotoci c/ Sté GNA Assurance et
Sté. Macaci, Juris OHADA
25
La place du droit national dans le droit de l'exécution OHADA est également
influencée par la volonté de maintenir une certaine flexibilité pour permettre une
adaptation aux réalités locales. Cette flexibilité peut être source de divergences
d'interprétation et de pratiques entre les États membres, accentuant les risques de
conflits.
Dans ce contexte, l'équilibre entre la législation nationale et la législation
communautaire est un défi permanent. Il s'agit de concilier l'objectif d'harmonisation
avec la reconnaissance des spécificités nationales, tout en évitant les conflits
potentiellement préjudiciables à l'efficacité du droit de l'exécution OHADA. La
recherche de cet équilibre constitue un enjeu majeur pour assurer la cohérence et la
légitimité du système juridique dans le contexte complexe de l'intégration régionale au
sein de l'OHADA
Paragraphe 2 : L’élaboration de restriction dans l’action du juge Les cas
spécifiques de conflits
Pour mémoire, rappelons que l'Acte uniforme laisse la détermination des biens et
droits insaisissables au pouvoir souverain de chaque État partie. Ainsi, dans la
législation camerounaise, il s'agit principalement de l'article 315 du CPCC22 qui
dispose que : « Seront insaisissables :
4. les sommes et pensions pour aliments encore que le testament ou l'acte de donation
ne les déclarent pas insaisissables ».
De cette énumération, il en ressort que, hormis les provisions alimentaires adjugées par
justice, et les sommes et pensions pour aliments, l'insaisissabilité peut résulter soit de
la loi soit de la volonté de l'homme .
22
Code de procédure civile, commerciale et administrative
26
Selon l'ordre de la loi, certains biens essentiels à la personne seront déclarés
insaisissables. Cela repose sur des raisons humanitaires et de dignité. Il s'est agi de
laisser à la disposition du saisi le minimum vital devant lui permettre sinon de revenir
à meilleure fortune, du moins de continuer à vivre après la mise sous-main de justice
de ses biens Ce qui n'est qu'une manifestation de la protection accrue dont bénéficie le
débiteur dans les procédures d'exécution.
Sont ainsi concernés par cette catégorie de biens insaisissables les biens et objets
mobiliers corporels nécessaires à la vie quotidienne et au travail du débiteur et de sa
famille. Le code de procédure civile et commerciale en son article 327 nous en fournit
une liste. Il s'agit entre autres du coucher nécessaire du saisi et de ses enfants, des
vêtements, des effets appartenant à la femme lorsqu'elle n'est pas commune en biens,
des farines et menus denrées nécessaires à la consommation du saisi et de sa famille
pendant un mois au moins ainsi que les ustensiles indispensables à la préparation des
aliments et aux repas, d'une vache ou trois brebis ou deux chèvres avec des pailles,
fourrages et grains nécessaires pour la laitière et la nourriture desdits animaux pendant
un mois.
Rentrent également dans cette catégorie les livres et objets nécessaires à la poursuite
des études, ainsi que les instruments de travail du débiteur, fût-il un syndicat. Comme
on peut s'en apercevoir, il s'agit de biens et objets insaisissables parce
qu'indispensables à l'exercice de son activité professionnelle par le saisi, livres,
meubles et immeubles nécessaires au fonctionnement des syndicats.
Il en va également ainsi pour les chèques, les lettres de change et les billets à ordre.
Leur exclusion de l'assiette de saisie trouve sa justification dans l'intérêt du crédit qui
s'accompagne mal avec l'immobilisation de ces effets de commerce censés circuler
27
librement et dont l'importance dans le monde des affaires n'est plus à préciser. On peut
y ajouter l'insaisissabilité des navires en partance.
28
CHAPITRE 2 : UNE INFLUENCE LIMITÉE PAR LES
PRINCIPES FONDAMENTAUX DU DROIT DE
L’EXECUTION
L’exercice des voies d’exécution met en branle les droits fondamentaux du débiteur.
En effet, le moment des voies d’exécution, les méthodes employés ne peuvent se
manifester sans le respect des droits de la personne poursuivie. Ainsi le rôle du juge
en. La matière permet de protéger efficacement le débiteur et de s’assurer de
l’humanité des voies d’exécution. Ces poursuites sont contenues tant par les textes
internationaux que par certaines dispositions communautaires. Ces dispositions sont à
l’égard du juge, impératives (Section 1) Dans la même lancée, certains principes
éthiques et juridiques limitent le pouvoir du juge (Section 2)
23
Les droits fondamentaux sont prévus principalement par les instruments internationaux dont la declaration
Universelle des Droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
29
L'OHADA24, consciente des enjeux liés aux droits fondamentaux, a consacré des
dispositions spécifiques dans ses Actes Uniformes pour garantir leur respect. Ces
dispositions reconnaissent la nécessité de concilier l'efficacité de l'exécution avec le
respect inconditionnel des droits individuels. La Cour Commune de Justice et
d'Arbitrage25, en tant qu'organe juridictionnel suprême de l'OHADA, a renforcé cette
primauté en rendant des arrêts qui consolident la protection des droits fondamentaux
face aux procédures d'exécution.
Au cœur de cette obligation se trouve le respect du droit à un procès équitable. Les
Actes Uniformes établissent des garanties procédurales visant à assurer que le débiteur
bénéficie d'une défense adéquate tout au long du processus d'exécution. Cette
approche se veut conforme aux standards internationaux des droits de l'homme,
illustrant l'engagement de l'OHADA en faveur d'une justice équilibrée et respectueuse
des droits individuels.
La primauté des droits fondamentaux influence également la détermination des
mesures coercitives. Les Actes Uniformes imposent une proportionnalité stricte entre
la gravité de la créance et les mesures d'exécution envisagées, préservant ainsi la
dignité et l'intégrité des personnes concernées. L'OHADA reconnaît ainsi le droit à la
vie privée, à la propriété et à la protection contre les traitements inhumains, constituant
autant de balises pour les autorités judiciaires et les huissiers dans le cadre des
procédures d'exécution.
En substance, la primauté des droits fondamentaux dans le droit de l'exécution au sein
de l'OHADA incarne l'équilibre subtil entre la nécessité de garantir l'efficacité des
procédures et le respect intransigeant des droits individuels. Cet équilibre,
méticuleusement établi par les Actes Uniformes et confirmé par la jurisprudence de la
CCJA, reflète l'engagement de l'OHADA envers une justice qui, tout en favorisant le
recouvrement des créances, demeure profondément ancrée dans les principes
fondamentaux du droit.
30
L'influence des conventions internationales ratifiées par les États membres de
l'OHADA exerce une empreinte significative sur le droit de l'exécution au sein de cette
organisation. Cette influence découle de l'engagement des États membres à respecter
les normes internationales en matière de droits de l'homme et de procédures
judiciaires.
La ratification de conventions telles que la Convention européenne des droits de
l'homme et la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples a élargi le cadre de
protection des droits fondamentaux au-delà des frontières de l'OHADA. Ces
instruments internationaux imposent aux États membres des obligations contraignantes
de respecter et de garantir les droits fondamentaux, y compris dans le contexte des
procédures d'exécution.26
L'OHADA, en reconnaissant la primauté de ces conventions internationales, intègre les
normes qu'elles établissent dans ses Actes Uniformes. Ainsi, les procédures
d'exécution prévues par l'OHADA sont modelées en considération des principes
énoncés dans ces instruments internationaux. Cette intégration vise à assurer une
cohérence entre le cadre juridique régional et les normes internationales en matière de
droits de l'homme.
La Cour Commune de Justice et d'Arbitrage27 joue un rôle central dans l'application de
ces conventions internationales. Elle a la compétence de s'assurer que les décisions des
juridictions nationales respectent les engagements internationaux des États membres.
Ainsi, elle sert de garant pour prévenir toute dérive incompatibile avec les normes
internationales relatives aux droits fondamentaux dans le processus d'exécution.
31
En somme, l'influence des conventions internationales ratifiées par les États membres
de l'OHADA transcende les frontières nationales pour façonner le cadre juridique
régional. Cette influence reflète l'engagement de l'OHADA envers les normes
internationales en matière de droits de l'homme, renforçant ainsi la protection des
droits fondamentaux dans le contexte spécifique du droit de l'exécution au sein de cette
organisation.
32
Par ailleurs, l'OHADA, à travers la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (CCJA),
joue un rôle crucial dans l'assurance de l'effectivité des droits dans le processus
d'exécution. En tant qu'organe suprême, la CCJA veille à ce que les juridictions
nationales respectent les garanties fondamentales, intervenant si nécessaire pour
prévenir toute violation des droits fondamentaux dans les procédures d'exécution.
L'effectivité des droits est également incarnée dans la reconnaissance de la nécessité de
l'interprétation conforme des Actes Uniformes avec les normes internationales des
droits de l'homme28. Cette harmonisation vise à garantir une cohérence entre le cadre
juridique régional et les engagements internationaux des États membres, renforçant
ainsi la protection des droits individuels dans le contexte spécifique du droit de
l'exécution.
En conclusion, l'effectivité des droits fondamentaux dans le processus d'exécution au
sein de l'OHADA s'articule autour de mécanismes juridiques et procéduraux visant à
équilibrer les impératifs d'efficacité avec le respect inconditionnel des droits
individuels29. Cette approche démontre l'engagement de l'OHADA envers une justice
équitable et équilibrée, où l'exécution des décisions s'opère dans le respect scrupuleux
des droits fondamentaux de toutes les parties concernées.
Les limites d'ordre public dans le contexte du droit de l'exécution au sein de l'OHADA
représentent un équilibre délicat entre la réalisation des objectifs d'efficacité et le
respect des principes fondamentaux de justice30. Ces limites, bien que nécessaires pour
préserver l'ordre public, soulèvent des enjeux complexes et exigent une analyse
approfondie de leur impact sur les procédures d'exécution31.
Dans ce cadre, l'ordre public est invoqué pour justifier des restrictions ou des
dérogations aux règles normales du processus d'exécution. Les Actes Uniformes de
28
TAMEGHE, la protection du débiteur dans les procédures individuelles d’exécution, Coll, L’harmattan , p. 398
29
SELLERS, le droit uniforme africain des affaires de l’OHADA, Litec, 2004, p.82
30
AMEVI DE SAVA, la protection du créancier dans le droit uniforme de recouvrement des créances de
l’OHADA, Thèse, Doctorat, Droit Sorbonne, 2016
31
Plus largement, TCHANTCHOU, La supranationalité judiciaire dans le cadre de l’OHADA, thèse doctorat,
Poitiers 2008
33
l'OHADA reconnaissent cette notion et définissent des limites claires pour garantir que
les mesures coercitives ne transgressent pas les principes essentiels de la justice et de
la morale. L'une des limites d'ordre public concerne la protection de la dignité
humaine32. Les Actes Uniformes interdisent explicitement les mesures coercitives qui
pourraient porter atteinte de manière disproportionnée à la dignité du débiteur. Cette
limite vise à éviter toute forme de traitement inhumain ou dégradant, en conformité
avec les normes internationales des droits de l'homme33.
D‟une part, les Etats se réservent le droit de donner ou non, selon des critères définis,
force exécutoire aux titres étrangers. D‟autre part, le droit au concours de la Force
Mais l’obligation qui pèse sur l‟autorité de police administrative est tempérée par une
autre obligation consacrée toujours par l‟arrêt Couitéas35. Le principe de la séparation
des autorités administratives et judiciaires qui accorde aux premiers un pouvoir
d’appréciation des conditions de l‟exécution forcée
32
COUCHEZ, voies d’exécution, 2e ed., Éditions Sirey, p.287
33
V. Art. 5 de la DUDH
34
ETEKA, La charte africaine des Droits de l’homme et des peuples, Coll. Logiques juridique, L’harmattan, p.92
35
CE Arrêt Couiteas
34
Se fondant sur l’ordre public, le juge de l’Etat dans lequel sont invoqués des actes et
décisions étrangers ainsi que les sentences arbitrales peut refuser de les reconnaître ou
de donner l‟exequatur. Il les neutralise. Sur le même fondement, les autorités
publiques peuvent refuser le concours de la Force Publique à une personne qui veut
faire exécuter un titre exécutoire
Une autre limite essentielle réside dans le respect du droit à la propriété. Bien que
l'exécution vise souvent à recouvrer des créances, les mesures coercitives ne doivent
pas excéder ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif. L'équilibre entre l'intérêt
du créancier à recouvrer sa créance et la protection du patrimoine du débiteur constitue
une limite fondamentale d'ordre public. L'ordre public intervient également dans la
préservation de l'équité et de l'équilibre des pouvoirs entre les parties. Les Actes
Uniformes exigent que les mesures coercitives soient appliquées de manière
impartiale, évitant ainsi toute utilisation abusive du pouvoir judiciaire en faveur d'une
partie au détriment de l'autre.
Cependant, la délimitation précise de ces limites d'ordre public peut être source de
débats et d'interprétations divergentes. Les tribunaux sont confrontés au défi de définir
les contours exacts de l'ordre public dans des situations spécifiques, ce qui peut
générer des incertitudes et des litiges.
En conclusion, les limites d'ordre public dans le droit de l'exécution au sein de
l'OHADA sont cruciales pour garantir l'équité, la justice et le respect des droits
fondamentaux. Toutefois, la définition précise de ces limites et leur application dans
des cas concrets nécessitent une attention particulière afin de maintenir un équilibre
entre la protection des intérêts légitimes des parties et le respect des valeurs
fondamentales de la société.
35
l’harmonisation imposée des principes éthiques avec le droit de l’exécution
(Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Des principes éthiques limitant l’utilisation de mesures coercitives
L’utilisation des mesures doit l’être de manière proportionnelle (A) et suivant les
principes d’humanité et de dignité (B)
A- L’impératif de proportionnalité dans les mesures
L'impératif de proportionnalité dans les mesures coercitives au sein de l'OHADA
constitue une pierre angulaire, dictant la nécessité de maintenir un équilibre judicieux
entre la poursuite des objectifs d'exécution et la protection des droits individuels. Cette
exigence repose sur le principe éthique fondamental selon lequel les moyens utilisés
pour atteindre un objectif donné doivent être proportionnés à la finalité recherchée.
Dans le contexte de l'exécution, la proportionnalité s'impose comme une limitation
éthique cruciale pour garantir que les mesures coercitives ne dépassent pas ce qui est
strictement nécessaire pour réaliser l'objectif de recouvrement des créances. Les Actes
Uniformes de l'OHADA embrassent cette notion en intégrant des mécanismes et des
garde-fous visant à prévenir tout excès dans l'utilisation de ces mesures36.
Une composante essentielle de l'impératif de proportionnalité réside dans l'évaluation
minutieuse de la gravité de la créance par rapport aux conséquences des mesures
coercitives. Les tribunaux de l'OHADA sont tenus d'apprécier la situation financière
du débiteur, les implications potentielles des mesures coercitives sur sa vie
professionnelle et personnelle, ainsi que d'autres circonstances pertinentes. Cette
approche délicate vise à éviter des sanctions excessives qui pourraient compromettre la
dignité et les droits fondamentaux du débiteur.
En outre, l'impératif de proportionnalité trouve une application concrète dans la
sélection des mesures coercitives elles-mêmes. Les Actes Uniformes préconisent que
les autorités judiciaires optent pour des mesures proportionnées à la nature et à
l'ampleur de la créance, écartant ainsi les mesures excessives ou humiliantes. Cette
approche reflète la préoccupation éthique de préserver la dignité du débiteur tout en
permettant une exécution effective des obligations contractuelles.
36
SELMER, Introduction générale au droit, 2e éd., Dalloz, 1994,p.36
36
L'évaluation de la proportionnalité s'étend également aux conséquences potentielles
des mesures coercitives sur les tiers37. Les tribunaux de l'OHADA sont appelés à tenir
compte des impacts collatéraux sur des tiers innocents qui pourraient être affectés par
ces mesures. Cette considération éthique vise à éviter des préjudices disproportionnés
à des tiers non impliqués dans le litige.
En somme, l'impératif de proportionnalité dans les mesures coercitives au sein de
l'OHADA constitue un principe éthique essentiel, ancré dans la conviction que
l'exécution des obligations contractuelles doit s'opérer dans le respect scrupuleux des
droits fondamentaux. Cette approche éthique contribue à maintenir un équilibre délicat
entre l'efficacité des procédures d'exécution et la protection éthique des parties
impliquées.
37
GUINCHARD, Procedure civile, 26e ed., Dalloz, Paris, 2001, p.299
37
approche éthique cherche à préserver la dignité du débiteur, même dans des situations
de difficultés financières.
Les tribunaux de l'OHADA sont appelés à considérer les aspects humains et
personnels du débiteur lors de l'exécution. L'évaluation de la situation financière,
familiale et professionnelle du débiteur devient un impératif éthique pour déterminer la
proportionnalité des mesures coercitives. Cette approche individualisée s'aligne sur le
respect de la dignité humaine en évitant des sanctions arbitraires et excessives.
En outre, les principes d'humanité et de dignité trouvent une expression concrète dans
la limitation des mesures coercitives susceptibles d'affecter les besoins essentiels du
débiteur38. L'OHADA vise à éviter des situations où les mesures coercitives pourraient
compromettre l'accès du débiteur à des éléments vitaux tels que le logement, la
nourriture et la santé. Cette préoccupation éthique contribue à maintenir un équilibre
entre la poursuite des objectifs d'exécution et la préservation des droits fondamentaux
liés à la dignité humaine.
En conclusion, les principes d'humanité et de dignité dans le processus d'exécution au
sein de l'OHADA incarnent une approche éthique fondamentale qui vise à assurer que
même en situation de conflit, les droits fondamentaux des individus demeurent intacts.
Cette approche éthique contribue à instaurer un cadre d'exécution respectueux de la
dignité humaine, conciliant ainsi l'efficacité des procédures avec une vision éthique
profondément enracinée dans le respect de la personne.
38
CLARABAG « L’exécution des décisions de justice » Receuil Dalloz, 1947, n°22
38
fondamentales. Cette démarche reflète la conviction profonde que l'efficacité des
procédures ne doit pas se faire au détriment des principes éthiques, mais plutôt dans le
respect de ceux-ci.
Dans cette perspective, les Actes Uniformes de l'OHADA intègrent une approche qui
exhorte les autorités judiciaires à interpréter les dispositions relatives à l'exécution de
manière à préserver les valeurs éthiques inhérentes au système juridique. L'objectif est
d'assurer que les mesures coercitives restent en conformité avec les normes éthiques
tout en favorisant une exécution effective des obligations.
L'OHADA, en reconnaissant la nécessité d'une interprétation conforme aux principes
éthiques, souligne l'importance de préserver la dignité humaine, d'éviter tout traitement
inhumain ou dégradant, et de garantir une juste protection des droits fondamentaux.
Cette approche implique que les décisions relatives à l'exécution doivent être guidées
par une éthique qui respecte la personne, même dans le contexte contraignant d'une
procédure d'exécution. Le rôle central des tribunaux de l'OHADA dans cette
harmonisation se matérialise à travers l'obligation d'assurer une interprétation des
Actes Uniformes qui soit en cohérence avec les valeurs éthiques énoncées. Cette
approche préventive vise à éviter toute interprétation excessive des dispositions
d'exécution qui pourrait conduire à des conséquences contraires aux principes
éthiques, tout en garantissant la réalisation des objectifs d'exécution.
39
de concilier les impératifs pratiques d'exécution avec une vision éthique qui place
l'humain au cœur du système juridique.
Les défis de la conciliation des principes éthiques et des réalités économiques dans le
contexte du processus d'exécution au sein de l'OHADA mettent en lumière les tensions
inhérentes entre la nécessité de respecter les droits fondamentaux et l'impératif
économique de garantir l'efficacité des procédures.
Dans cette dynamique, l'un des défis majeurs réside dans la pression économique
exercée sur les créanciers pour recouvrer rapidement leurs créances. Les impératifs
économiques, notamment la rapidité du recouvrement, peuvent conduire à des
décisions d'exécution qui, bien que conformes aux réalités économiques, risquent de
compromettre les principes éthiques fondamentaux. La tentation d'adopter des mesures
coercitives plus sévères pour accélérer le processus peut entraîner des conflits avec les
principes éthiques, mettant en danger la protection des droits individuels.
Un autre défi émerge de la nécessité d'éviter une surcharge financière excessive sur les
débiteurs. Les contraintes économiques des débiteurs peuvent entrer en conflit avec les
mesures coercitives nécessaires pour le recouvrement. La recherche d'un équilibre
entre la réalité économique des débiteurs et la nécessité de recouvrer les créances peut
susciter des dilemmes éthiques complexes.
40
complexe l'adoption de mesures d'exécution cohérentes, soulevant ainsi des questions
quant à l'équité dans le traitement des parties impliquées.
41
PARTIE 2 : UNE INFLUENCE ENTRAVÉE PAR
DES OBSTACLES PRATIQUE
42
Le premier chapitre de cette partie met en lumière les défis temporels et formels qui
entravent l'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit OHADA. Ces
défis, inhérents au processus même d'exécution, contribuent à limiter la capacité du juge à
exercer un contrôle direct sur le déroulement des procédures.
Sur le plan temporel, les délais fixés par les normes OHADA créent une contrainte
significative. Le juge doit composer avec des échéances strictes, réduisant sa marge de
manœuvre pour ajuster le rythme de l'exécution en fonction des circonstances spécifiques
de chaque affaire. Ces contraintes temporelles peuvent également limiter la possibilité
d'un examen minutieux des cas, entravant ainsi la capacité du juge à apporter des
ajustements adaptés aux situations particulières.
Par ailleurs, les obstacles formels, tels que la complexité des procédures et la
documentation requise, représentent un défi supplémentaire. Le juge, bien qu'essentiel
dans le processus d'exécution, doit naviguer à travers des exigences formelles strictes,
limitant sa flexibilité dans la gestion des affaires. Ces obstacles formels peuvent parfois
engendrer des retards, entravant ainsi la réactivité du système judiciaire face aux réalités
changeantes des cas individuels (CHAPITRE 1)
Le deuxième chapitre de cette section examine les implications des ressources limitées sur
l'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit OHADA. Les
contraintes budgétaires et les capacités opérationnelles restreintes peuvent
considérablement entraver le rôle du juge au sein de ce contexte juridique. Les ressources
financières limitées affectent directement l'infrastructure judiciaire, compromettant la
mise en œuvre efficiente des procédures d'exécution. Les tribunaux peuvent être
confrontés à des défis tels que le manque de personnel qualifié, des retards dans
l'acquisition de technologies nécessaires, et des contraintes liées à la formation continue
43
du personnel judiciaire. Ces facteurs entravent la capacité du juge à assurer une gestion
optimale des voies d'exécution, créant des obstacles opérationnels significatifs. De plus,
les ressources en termes de temps et de personnel peuvent être insuffisantes pour traiter un
volume croissant d'affaires, engendrant des retards et une congestion des tribunaux. Cette
pression sur les ressources disponibles limite la flexibilité du juge, le contraignant à opérer
dans des conditions parfois suboptimales, ce qui impacte directement son pouvoir
d'influence sur le processus d'exécution (CHAPITRE 2)
Les défis temporels et formels dans le contexte des voies de recours et des aspects
dilatoires imposent des contraintes substantielles au système judiciaire en droit
OHADA. La section suivante explore ces limites, mettant en lumière les complexités
inhérentes qui compromettent la gestion efficiente des voies d'exécution. La nature des
voies de recours disponibles constitue une première limite. Bien que ces mécanismes
soient essentiels pour garantir une justice équitable, ils peuvent être exploités de
manière dilatoire. Les parties insatisfaites d'une décision peuvent engager des appels
successifs, prolongeant ainsi la résolution définitive du litige. Cette multiplicité de
recours introduit des retards significatifs, rendant difficile la prédictibilité du processus
d'exécution (section 1)
L'influence des délais légaux et la complexité des procédures représentent une autre
facette des défis temporels et formels dans le cadre des voies d'exécution en droit
OHADA. Les délais légaux, bien qu'intentionnellement établis pour assurer une
certaine célérité dans le processus judiciaire, peuvent devenir une contrainte
paradoxale (Section 2)
44
dilatoires peuvent avoir une influence considérable sur le cours de la procédure
(Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : L’insuffisance des voies de recours
Les voies de recours en la matière sont suivant les dispositions de l’acte uniforme, la
juridiction présidentielle. Pourtant dans la pratique cette juridiction s’avère très
imprécise (A) mais en plus les mécanismes de pouvoirs en cassation et d’appel sont
aussi limités (B).
Elle est soutenue par de nombreux auteurs, des universitaires et des praticiens du droit,
appuyés en cela par la jurisprudence tant des juridictions nationales que de la CCJA
Position du reste confortée par un avis de la CCJA rendu en ce sens40.
39
Art.49 AUVE
40
Consultée sur la question de la compétence de la juridiction des urgences à connaître des cas de nullité
affectant un acte de dénonciation de saisie avec assignation en validité de celle-ci, elle répond en effet : « De
l'interprétation combinée des articles 49, 62, 63, 68 et 144 à 146 de l'Acte uniforme portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution, il résulte que la juridiction des urgences telle
que déterminée par l'organisation judiciaire de chaque Etat membre de l'OHADA est compétente pour
connaître des cas de nullité affectant un acte de dénonciation de saisie avec assignation en validité de celle-ci ».
45
A l'intérieur même de cette thèse, deux autres tendances sont nées. La première estime
que la juridiction visée à l'article 49 est le juge des référés classique avec des pouvoirs
aux limites définies par l'article 182 du CPCC à savoir l'interdiction de préjudicier au
principal et l'absence de contestations sérieuses C'est la thèse dite de l'assimilation sans
nuance du juge de l'urgence OHADA au juge des référés. Tel semble également être
l'avis du Professeur ISSA-SAYEGH
Pour la seconde, l'Acte uniforme a conféré au juge des référés des pouvoirs
spécialement étendus qui font de lui un juge de fond dans le contentieux des saisies.
Plus simplement, le nouveau texte transformerait en une compétence principale une
compétence exceptionnelle du PTPI statuant en matière de référé, lui ajoutant ainsi une
attribution nouvelle C'est la thèse dite de l'assimilation nuancée
Dans l'un comme dans l'autre cas, les arguments développés ci et là sont presque les
mêmes41. Cette construction a cependant fait l'objet de nombreuses critiques qui ont
contribué peu à peu à l'émergence de la thèse accréditée qui voit plutôt en la juridiction
visée à l'article 49 un juge autonome.
Sans lui denier le statut de juridiction présidentielle c'est-à-dire un tribunal spécial dont
les compétences sont exercées par un seul magistrat, la seconde des thèses soutient que
le juge institué à l'article 49 est un juge spécial distinct du juge des référés : le juge de
l'exécution.
Ainsi, selon ses défenseurs, l'article 49 investit le PTPI des fonctions de juge de
l'exécution ; la célérité de la procédure, l'exclusion de l'opposition comme voie de
recours et le délai d'appel identique prévus tant par ce texte que par les articles 182 et
suivants du CPCC ne sont que des coïncidences trompeuses qui ne devraient pas
41
Pour l'essentiel, il est excipé le fait que la juridiction compétente pour statuer en matière d'urgence
correspond en droit positif camerounais à la juridiction des référés, unique instance de juridiction contentieuse
dont l'urgence constitue de manière générale une condition positive de la compétence. Et partant, le
législateur confie donc la charge pour régler le contentieux des saisies mobilières au président de cette
juridiction qui se trouve être le président du Tribunal de Première Instance, le tout par des exercices
d'interprétation des articles 182 et suivants, 291 et 292 CPCC et 13 al.2 de l'ordonnance n°72/4 du 26 août
1972 modifiée.
46
conduire à la confusion entre la juridiction des référés et la nouvelle juridiction de
l'exécution
Plusieurs séries d'arguments sont invoquées par les partisans de cette thèse, soutenus
par la jurisprudence de plus en plus croissante pour remettre en cause l'assimilation du
juge des référés comme juge en charge de l'exécution. Ceux-ci mettent en lumière les
nombreuses différences qui existent entre ce juge de l'OHADA et le juge des référés.
D'abord, il a été objecté par une certaine doctrine, pour réfuter l'argument sus- évoqué
selon lequel la juridiction des urgences visée par l'article 49 de l'AUVE correspondrait
dans notre système judiciaire à la juridiction des référés dont compétence est attribuée
au PTPI, que le juge des référés n'est pas en droit positif camerounais l'unique juge de
l'urgence, mais un juge de l'urgence. Celui-ci peut du reste d'ailleurs statuer en dehors
de toute urgence.
47
complexité accroît les délais et s'oppose à l'objectif d'une exécution rapide et
efficiente.
Pour remédier à cette lacune, une réflexion approfondie est nécessaire afin d'introduire
des voies de recours spécifiques dédiées aux contestations relatives à l'exécution. Ceci
pourrait inclure la création de chambres spécialisées au sein des tribunaux, dotées de
compétences spécifiques pour traiter efficacement les litiges liés à cette phase du
processus judiciaire.
La demande des défenses à l'exécution provisoire constitue l'unique moyen par lequel
le débiteur peut contester une décision ayant ordonné l'exécution provisoire devant la
Cour d'appel. Elle est introduite par simple requête adressée au président de la Cour
d'appel et n'est recevable qu'autant que l'appel a été exercé. Elle doit être notifiée à
l'adversaire dans les cinq jours qui suivent l'enregistrement par le greffier qui délivre
au requérant un certificat de dépôt.
48
de la décision attaquée jusqu'à l'intervention de l'arrêt de la juridiction d'appel, rendue
après réquisitions du procureur général, accordant ou rejetant les défenses sollicitées.
Et à ce propos, la loi de 1992 enseigne qu'il est des cas dans lesquels les défenses
sollicitées sont obligatoirement obtenues et ceux dans lesquels elles peuvent être
rejetées.
De cette disposition, on en déduit aisément que pour que soient ordonnées les défenses
à l'exécution provisoire, de deux choses, l'une :
- l'exécution provisoire a été prononcée en dehors des cas prévus par la loi. A la vérité,
l'article 3 visé prévoit en fait deux hypothèses : soit que l'exécution provisoire ait été
ordonnée par une décision rendue par défaut, soit qu'elle ait été prononcée en dehors
des matières énumérées. Pour mémoire les cas dont s'agit sont notamment les créances
alimentaires, les créances contractuelles exigibles, les salaires non contestés, les
réparations des dommages résultant des atteintes à l'intégrité physique (pour les frais
de transport ou de transfert, les frais pharmaceutiques, médicaux ou d'hospitalisation
exclusivement) et les cas d'expulsion fondée sur un titre foncier ou sur un bail écrit
assorti d'une clause résolutoire dont les conditions sont réunies.
Dans l'un ou l'autre cas, le président de la Cour d'appel est comme tenu d'accorder les
défenses. Il s'agirait même selon toute vraisemblance d'une sorte de compétence liée.
Dans le cas contraire, les défenses à exécution provisoire ont de fortes chances d'être
rejetées.
49
même texte, la Cour d'appel rejette la demande en défenses à exécution provisoire si
ladite demande a un caractère manifestement dilatoire.
Ainsi, le rejet des défenses sollicitées présente un caractère facultatif pour le juge qui
garde en réserve la possibilité de les ordonner. Il va de soi que ce pouvoir s'exercera au
cas par cas où il reviendra en définitive au juge d'apprécier souverainement le
caractère manifestement dilatoire de la demande de défenses à exécution provisoire.
Quoi qu'il en soit, la décision de la Cour d'appel portant sur les défenses peut faire
l'objet de recours devant la Cour Suprême.
De plus, les procédures d'appel peuvent introduire des retards considérables dans le
processus d'exécution. Les étapes successives, de la préparation du dossier d'appel à
l'audience devant la juridiction d'appel, contribuent à allonger la durée globale de
l'exécution. Ce prolongement peut avoir des répercussions néfastes sur la réalisation
des objectifs économiques sous-jacents aux décisions judiciaires45.
50
visant à équilibrer la protection des droits avec la rapidité d'action sont essentiels pour
garantir un processus d'exécution équitable, efficient et accessible à toutes les parties
concernées.
46
La complexité des procédures d'exécution offre souvent des opportunités pour une manipulation
procédurale efficace. La diversité des étapes, des formalités et des exigences documentaires peut être
exploitée pour introduire des contestations incessantes, parfois sans fondement substantiel. Ces manœuvres
dilatoires peuvent engendrer des litiges secondaires qui détournent les ressources judiciaires de l'objectif
principal d'une exécution rapide.
51
2 : « Toutefois, compte tenu de la situation du débiteur et en considération des besoins
du créancier, la juridiction compétente peut, sauf pour les dettes d'aliments et les
dettes cambiaires, reporter ou échelonner le paiement des sommes dues dans la limite
d'une année. Elle peut également décider que les paiements s'imputeront d'abord sur
le capital ».
Instaurée ainsi par l'Acte uniforme, cette règle s'avère incontestablement protectrice
des intérêts du débiteur en ce sens qu'elle lui procure un certain répit47. Ce qui par
ricochet constitue une limite au droit du créancier d'obtenir rapidement le paiement de
ce qui lui est dû. C'est qu'en effet, ces délais lorsqu'ils sont octroyés ont pour effet
principal de suspendre les procédures de saisie. Le créancier nanti d'une créance
liquide et exigible perd ainsi le droit de recourir aux mesures d'exécution. C'est ce qui
explique que le législateur ait strictement réglementé l'institution dans son domaine et
sa durée48
47
GUICHARD, droit et pratique des voies d’exécution, Paris, Dalloz-Action, 5e éd.2006-2007. p.298
48
En ce sens, Julien (P), voies d’exécution et procédures de distribution, Paris, LGDJ, 2000.
52
retarder, entraver ou détourner le processus, peuvent compromettre sérieusement la
réalisation rapide des objectifs judiciaires et économiques.
L'un des impacts majeurs des recours abusifs réside dans la multiplication des étapes
procédurales. Les parties, en faisant un usage excessif des voies de recours
disponibles, prolongent délibérément la durée du litige. Cette multiplication des
étapes, souvent redondante, engendre des délais supplémentaires, contribuant à la
congestion des tribunaux et entravant la fluidité de la procédure d'exécution. Les
recours abusifs peuvent également exercer une pression financière injustifiée sur les
parties adverses. En multipliant les contestations, les parties cherchent parfois à
épuiser les ressources économiques de leurs opposants, forçant ainsi des compromis ou
des arrangements préjudiciables49. Cela peut aboutir à un détournement des objectifs
initiaux de l'exécution vers des considérations économiques et stratégiques,
compromettant la justice du processus50.
Pour contrer les recours abusifs, il est essentiel de renforcer les mécanismes de
contrôle et de sanction. Des sanctions appropriées, telles que des amendes ou des frais
de procédure supplémentaires, peuvent dissuader l'utilisation abusive des voies de
recours. En parallèle, la sensibilisation des parties aux conséquences de telles pratiques
peut contribuer à promouvoir une utilisation plus responsable des mécanismes de
contestation, favorisant ainsi une procédure d'exécution équitable, efficace et
respectueuse des principes de justice.
49
V.ROBIN, Procédures civiles d’exécution, Paris, Vuibert,2e ed., 2006, p.387
50
De plus, ces pratiques abusives créent un climat d'incertitude juridique. Les parties impliquées dans des
recours excessifs peuvent générer un sentiment d'instabilité, tant pour les créanciers que pour les débiteurs.
L'incertitude quant au dénouement final de la procédure peut affecter la confiance dans le système judiciaire et
peut avoir des répercussions néfastes sur l'exécution rapide et efficace des décisions.
53
Les délais imposent parfois des contraintes aux juges (A) mais mieux, les pouvoirs
discrétionnaires du juge sont très insuffisants (B)
54
spécificités de chaque affaire, pourrait contribuer à concilier la nécessité de rapidité
avec l'exigence fondamentale d'une justice équitable au sein de l'OHADA.
55
chaque affaire, entravant ainsi la capacité du juge à poser des questions pertinentes, à
entendre toutes les parties de manière équitable et à prendre des décisions éclairées.
Pour remédier à cette limitation, il pourrait être bénéfique de permettre une certaine
flexibilité dans l'application des délais, en tenant compte de la complexité et de la
nature spécifique de chaque affaire. Cette approche pourrait garantir une justice plus
équitable et adaptée aux circonstances, préservant ainsi l'intégrité du processus
d'exécution au sein de l'OHADA.
56
contexte peut être exacerbée53. La rigueur des étapes procédurales peut imposer une
contrainte sur la capacité du juge à exercer un contrôle actif sur le déroulement du
litige54. La prédominance des procédures formelles peut restreindre la possibilité pour
le juge d'explorer des solutions alternatives55 ou d'adapter le processus aux spécificités
de chaque affaire.
En conclusion, les problèmes liés à la multiplicité des étapes procédurales, associés à
la complexité des procédures et à la limitation de l'office du juge au sein de l'OHADA,
soulignent la nécessité d'une réflexion approfondie sur la simplification des processus,
la flexibilité procédurale et la promotion d'une justice plus accessible et efficiente.
57
s'accumuler, rendant ainsi le processus d'exécution économiquement onéreux et créant
des barrières financières pour certaines parties.
Ces retards peuvent compromettre la rapidité d'action, en particulier dans des cas
nécessitant une intervention urgente du tribunal.
Par ailleurs, l'exigence excessive de documents peut entraver l'accès à la justice pour
certaines parties. Les personnes ou entités ayant des ressources limitées peuvent
rencontrer des difficultés à satisfaire aux demandes documentaires complexes, créant
ainsi des inégalités dans la capacité à exercer leurs droits et à participer pleinement au
processus judiciaire.
En conclusion, l'exigence excessive de documents dans les procédures d'exécution au
sein de l'OHADA nécessite une réflexion critique. Une rationalisation de ces
exigences, avec un accent sur la pertinence des documents demandés, peut contribuer à
rendre le processus plus efficace, économiquement accessible et équitable pour
l'ensemble des parties impliquées.
58
CHAPITRE 2 : DES RESSOURCES LIMITÉES
La charge de travail des tribunaux émerge comme un aspect crucial des défis liés aux
ressources limitées dans le cadre du deuxième chapitre. Cette section examine
comment la quantité croissante d'affaires peut exercer une pression considérable sur
les capacités opérationnelles des tribunaux en droit OHADA. La charge de travail
accrue découle de divers facteurs, tels que l'augmentation du nombre de litiges et la
complexification des affaires présentées devant les tribunaux (section 1)
Cette augmentation de la demande crée des contraintes sur les ressources humaines
disponibles, mettant à l'épreuve la capacité des tribunaux à traiter efficacement chaque
cas. Les juges, greffiers et autres membres du personnel judiciaire peuvent se retrouver
submergés, ce qui peut compromettre la qualité et la rapidité du processus judiciaire.
La surcharge de travail peut également entraîner des retards significatifs dans le
traitement des affaires, avec des conséquences directes sur les délais d'exécution des
décisions. Les tribunaux, sous la pression d'une charge de travail importante, peuvent
avoir du mal à respecter les échéances légales établies, ce qui affecte la prévisibilité du
processus judiciaire (section 2)
59
A- La quantité de travail actuelles de certaines juridictions
La quantité actuelle de travail dans les tribunaux au sein de l'OHADA représente une
réalité pressante qui impacte directement la capacité du système judiciaire à traiter
efficacement les affaires. L'augmentation significative du nombre d'affaires soumises
aux tribunaux crée des défis considérables, tant en termes de célérité que de qualité des
décisions rendues.
La première dimension à considérer est la croissance exponentielle du nombre
d'affaires. Les tribunaux sont confrontés à une charge de travail en constante
augmentation, résultant de divers facteurs tels que l'expansion économique,
l'accroissement des litiges commerciaux et la complexité croissante des questions
juridiques. Cette augmentation numérique crée une pression significative sur les
ressources judiciaires, compromettant la capacité du système à répondre de manière
rapide et efficace aux besoins des justiciables.
La quantité de travail actuelle impacte directement la gestion des audiences. Les
tribunaux, confrontés à un nombre considérable d'affaires à traiter, doivent souvent
allouer des plages horaires limitées à chaque dossier. Cette limitation temporelle peut
entraver la possibilité pour les juges d'approfondir l'analyse des affaires, conduisant
parfois à des décisions prises dans des délais restreints et sans la délibération
nécessaire.
Par ailleurs, la surcharge de travail peut avoir des conséquences sur la qualité des
décisions rendues. Les juges, sous pression pour traiter un grand volume d'affaires,
peuvent être confrontés à des choix difficiles entre la rapidité et la précision. La
complexité croissante des dossiers peut également rendre difficile la prise de décisions
éclairées dans un laps de temps limité.
La surabondance d'affaires impacte également les parties impliquées. Les délais
prolongés peuvent entraîner des incertitudes, retardant la résolution des litiges et créant
des préoccupations quant à la prévisibilité du système judiciaire. Les justiciables
peuvent se retrouver dans une attente prolongée, compromettant ainsi leur accès à une
justice rapide et efficace.
En conclusion, la quantité de travail actuelle dans les tribunaux de l'OHADA est un
défi majeur qui nécessite des solutions réfléchies. Des mesures visant à renforcer les
60
ressources judiciaires, à promouvoir des procédures efficaces et à encourager des
mécanismes alternatifs de résolution des litiges peuvent contribuer à atténuer les
pressions résultant de la surcharge de travail et à garantir une administration judiciaire
plus équilibrée et efficiente.
Les facteurs contribuant à une augmentation de la charge de travail dans les tribunaux
au sein de l'OHADA sont multiples et complexes, façonnant un paysage judiciaire
marqué par des défis substantiels. Cette expansion quantitative des affaires à traiter est
alimentée par plusieurs éléments interconnectés qui exigent une analyse approfondie.
Premièrement, l'évolution économique rapide au sein de la zone OHADA a engendré
une augmentation significative des transactions commerciales. La croissance des
activités économiques a naturellement conduit à une hausse du nombre de litiges
commerciaux, créant ainsi une pression supplémentaire sur les tribunaux. Les
contentieux liés aux contrats, aux transactions financières et aux relations
commerciales ont proliféré en raison de la dynamique économique, contribuant à une
charge de travail accrue.
Deuxièmement, la complexité croissante des affaires judiciaires constitue un autre
facteur déterminant. Les litiges contemporains impliquent souvent des questions
juridiques complexes, des aspects techniques, financiers et parfois internationaux.
Cette complexité accrue nécessite des analyses approfondies, des expertises
spécialisées et des délibérations judiciaires plus élaborées, prolongeant ainsi la durée
nécessaire pour traiter chaque dossier.
Troisièmement, les changements sociaux et technologiques ont également influencé la
charge de travail des tribunaux. L'avènement de nouvelles technologies a entraîné une
augmentation des litiges liés à la cybercriminalité, à la protection des données et aux
transactions en ligne. Ces questions émergentes, souvent intrinsèquement complexes,
nécessitent une adaptation constante du système judiciaire pour faire face aux défis
contemporains.
61
Par ailleurs, l'accès accru à la justice et la sensibilisation des citoyens à leurs droits ont
contribué à l'augmentation du nombre de contentieux. Les justiciables, plus informés
de leurs droits, sont susceptibles de recourir aux tribunaux pour résoudre divers
conflits. Bien que l'accès à la justice soit un principe fondamental, il génère
simultanément une augmentation du nombre d'affaires à traiter.
Enfin, les réformes législatives et la sophistication croissante du cadre juridique ont
également un impact sur la charge de travail des tribunaux. Les changements fréquents
dans la législation et l'introduction de nouvelles normes peuvent générer des litiges
interprétatifs, nécessitant une intervention judiciaire pour clarifier les questions
juridiques en évolution constante.
En conclusion, la multiplicité des facteurs contribuant à l'augmentation de la charge de
travail dans les tribunaux de l'OHADA souligne la nécessité d'une approche holistique
pour relever ces défis. Des solutions orientées vers la gestion efficace des ressources,
la simplification des procédures et la promotion de mécanismes alternatifs de
résolution des litiges peuvent contribuer à atténuer les pressions résultant de la
surcharge de travail et à garantir une administration judiciaire plus équilibrée.
62
La complexité croissante des affaires constitue un autre facteur contribuant au
rallongement des délais. Les litiges impliquant des questions juridiques complexes, des
aspects techniques ou financiers demandent un examen approfondi, ce qui prolonge
naturellement la durée du processus judiciaire. La nécessité d'une analyse approfondie
pour chaque cas, dans un contexte de surcharge de travail, aboutit à un allongement
inévitable des délais d'exécution.
Par ailleurs, la surabondance d'affaires peut créer une congestion dans le calendrier
judiciaire. Les tribunaux, tentant de traiter un grand nombre d'affaires simultanément,
peuvent être confrontés à des contraintes temporelles qui limitent la disponibilité des
audiences. Cette congestion peut entraîner des retards substantiels dans la fixation des
dates d'audience et, par conséquent, dans le déroulement global des procédures.
En outre, le rallongement des délais peut avoir des répercussions sur la confiance des
justiciables dans le système judiciaire. Les parties impliquées, confrontées à des délais
prolongés, peuvent percevoir l'injustice du retard et remettre en question l'efficacité du
processus judiciaire. Cette perception négative peut compromettre la crédibilité du
système judiciaire et affecter l'adhésion du public à la primauté du droit.
En conclusion, le rallongement des délais d'exécution en raison de la charge de travail
des tribunaux dans l'OHADA met en lumière la nécessité de repenser les mécanismes
d'administration judiciaire. Des initiatives visant à optimiser les ressources, à
simplifier les procédures et à promouvoir des méthodes alternatives de résolution des
litiges peuvent contribuer à atténuer ces retards et à restaurer la confiance dans la
capacité du système judiciaire à fournir une justice rapide et équitable.
63
compromettre le principe fondamental de la justice rapide et équitable, sapant ainsi la
confiance du public dans le système judiciaire.
En outre, le rallongement des délais peut contribuer à l'inefficacité du processus
judiciaire. Les affaires qui stagnent pendant des périodes prolongées peuvent devenir
plus complexes à gérer, avec des risques accrus de perte de preuves, de témoignages
altérés et de souvenirs affaiblis. Cette détérioration de la qualité des éléments de
preuve peut influer négativement sur la capacité du tribunal à émettre des décisions
éclairées et équitables.
La congestion résultant du rallongement des délais peut également exercer une
pression accrue sur les parties impliquées, notamment sur le plan financier. Les coûts
juridiques et les dépenses associées à la prolongation des procédures peuvent
augmenter, ce qui peut dissuader certaines parties, en particulier celles aux ressources
limitées, de chercher réparation devant les tribunaux. Cette situation peut créer des
inégalités dans l'accès à la justice, contredisant ainsi le principe d'égalité devant la loi.
Par ailleurs, le rallongement des délais peut engendrer des retards dans l'exécution des
décisions judiciaires. Les parties qui obtiennent gain de cause peuvent être confrontées
à des obstacles supplémentaires pour faire valoir leurs droits, retardant ainsi la
résolution effective du litige. Cette situation peut susciter des frustrations et
compromettre la crédibilité du système judiciaire.
Enfin, les conséquences sur la procédure s'étendent à l'image globale de la justice. Les
retards répétés peuvent donner l'impression d'une administration judiciaire inefficace
et lente, affectant la perception publique de l'intégrité du système. Cette perception
négative peut influencer la volonté des citoyens à respecter la loi et à se conformer aux
décisions judiciaires.
En conclusion, les conséquences du rallongement des délais d'exécution dans le
contexte de la charge de travail des tribunaux dans l'OHADA mettent en évidence la
nécessité de réformes visant à améliorer l'efficacité, à optimiser les ressources
judiciaires et à garantir un accès équitable à la justice.
64
Les moyens logistiques mises en place pour permettre l’efficacité de la justice de
manière générale et des voies d’exécution de manière spécifiques se présente comme
fragilisant l’action du juge. Au niveau matériels et humains plusieurs contraintes
persistent (Paragraphe 1). Plusieurs solutions peuvent être envisagés a ce niveau
(Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Les contraintes matérielles et humains
Dans l’espace OHADA, l’insuffisance des moyens matériels et humains est
perceptible (A) cette insuffisance a une influence sur la procédure (B)
A- L’insuffisance des moyens matériels et humains
L'insuffisance des moyens matériels et humains constitue une problématique majeure
au sein des tribunaux de l'OHADA, exerçant une pression significative sur le bon
fonctionnement du système judiciaire. Cette carence se manifeste à plusieurs niveaux,
impactant la qualité des services judiciaires et entravant la capacité des tribunaux à
traiter efficacement les affaires.
Premièrement, sur le plan des ressources humaines, l'effectif limité de magistrats et de
personnel de soutien crée des obstacles considérables. Les tribunaux, devant faire face
à une charge de travail croissante, se retrouvent souvent avec un nombre insuffisant de
juges et de personnel administratif. Cette pénurie de ressources humaines peut
entraîner des retards dans le traitement des affaires, compromettre la qualité des
décisions et exercer une pression excessive sur les individus en service.
De plus, l'insuffisance de magistrats spécialisés dans des domaines spécifiques peut
entraver la résolution rapide et efficace de litiges complexes. Les affaires nécessitant
une expertise particulière peuvent être confrontées à des délais supplémentaires en
raison de l'absence de professionnels spécialisés. Cette situation peut rendre difficile la
gestion efficace de litiges techniquement complexes tels que ceux liés à la propriété
intellectuelle, aux questions financières ou aux technologies émergentes.
Sur le plan des ressources matérielles, les tribunaux peuvent être confrontés à des
contraintes budgétaires, limitant leur capacité à investir dans des infrastructures
technologiques modernes, des salles d'audience adéquates et des équipements
nécessaires. Cette insuffisance de moyens matériels peut ralentir les procédures,
65
entraver la gestion des dossiers électroniques et compromettre la transparence du
processus judiciaire.
Par ailleurs, la formation continue du personnel judiciaire peut être entravée par le
manque de ressources dédiées à cet aspect crucial. Les avancées constantes dans le
domaine juridique et technologique exigent une mise à jour régulière des compétences
du personnel. L'absence de programmes de formation appropriés peut conduire à un
écart entre les connaissances nécessaires pour traiter efficacement les affaires et les
compétences réelles du personnel.
En conclusion, l'insuffisance des moyens matériels et humains dans les tribunaux de
l'OHADA est un défi substantiel qui nécessite une attention immédiate. Des
investissements dans les ressources humaines, le renforcement des capacités,
l'optimisation des infrastructures et l'adoption de technologies appropriées sont des
mesures essentielles pour surmonter ces contraintes et garantir un fonctionnement
judiciaire efficace et équitable.
66
Sur le plan des ressources matérielles, l'insuffisance budgétaire peut entraîner des
retards dans l'adoption de technologies modernes. Les tribunaux peuvent se retrouver
avec des systèmes informatiques obsolètes, des salles d'audience mal équipées et des
procédures électroniques inefficaces. Ces limitations matérielles peuvent entraver la
gestion efficace des dossiers, conduisant à des retards dans la collecte, le stockage et la
présentation des preuves électroniques.
Par ailleurs, l'impact sur la formation continue du personnel judiciaire peut engendrer
des lacunes dans la compréhension des évolutions juridiques et technologiques. Le
manque de programmes de formation appropriés peut rendre difficile l'adaptation du
personnel aux nouvelles normes législatives et aux avancées technologiques,
compromettant ainsi la compétence professionnelle nécessaire pour traiter
efficacement les affaires.
Enfin, l'impact sur la procédure se traduit par une surcharge de travail qui peut
encourager les juges et le personnel à privilégier la rapidité au détriment de la qualité.
Les procédures peuvent être abrégées, et les délais raccourcis, dans une tentative de
répondre à la pression résultant de l'insuffisance des moyens. Cela peut affecter
négativement la profondeur de l'analyse juridique et la considération des droits
fondamentaux des parties.
En conclusion, l'insuffisance des moyens matériels et humains a un impact significatif
sur la procédure judiciaire au sein des tribunaux de l'OHADA. Pour garantir l'équité, la
transparence et l'efficacité du système judiciaire, des investissements appropriés dans
les ressources humaines, les technologies et les infrastructures sont essentiels.
67
technologiques et humaines, créant ainsi un environnement propice à un
fonctionnement judiciaire plus efficace et équitable.
Tout d'abord, sur le plan des ressources humaines, il est essentiel d'investir dans la
formation continue et spécialisée du personnel judiciaire. Des programmes de
perfectionnement professionnel réguliers, axés sur les évolutions juridiques et
technologiques, permettraient de renforcer les compétences du personnel, favorisant
ainsi une meilleure gestion des affaires et une prise de décision judicieuse.
En ce qui concerne l'effectif, l'augmentation du nombre de juges spécialisés dans des
domaines spécifiques est cruciale. La nomination de professionnels expérimentés dans
des secteurs tels que la propriété intellectuelle, les technologies de l'information ou les
finances contribuerait à accélérer le traitement des litiges complexes. Cette
spécialisation permettrait également de garantir des analyses juridiques approfondies et
précises.
Sur le plan des ressources matérielles, l'allocation de budgets adéquats pour
moderniser les infrastructures et investir dans des technologies de pointe est une
mesure essentielle. L'adoption de systèmes d'information judiciaire intégrés, la mise en
place de salles d'audience équipées et la promotion de procédures électroniques
efficaces contribueraient à accroître l'efficacité du traitement des affaires et à réduire
les délais.
La collaboration avec des partenaires externes, tels que des organisations
internationales ou des bailleurs de fonds, pourrait également être explorée pour
mobiliser des ressources supplémentaires. Des partenariats stratégiques pourraient
permettre d'accéder à des financements dédiés à la modernisation des tribunaux, à la
formation du personnel et à l'amélioration des infrastructures.
En outre, la mise en place de mécanismes de suivi et d'évaluation permettrait de
mesurer l'efficacité des changements apportés. Des évaluations régulières pourraient
identifier les domaines nécessitant des ajustements, garantissant ainsi l'adaptabilité du
système judiciaire aux évolutions constantes de la société et du droit.
En conclusion, ces propositions d'amélioration, axées sur le renforcement des moyens
logistiques, visent à créer un cadre propice à une administration judiciaire plus
efficiente au sein de l'OHADA. En combinant des investissements ciblés, une
68
spécialisation du personnel et l'adoption de technologies modernes, il est possible de
surmonter les défis logistiques actuels et de promouvoir un système judiciaire
répondant aux normes d'équité et de rapidité.
69
permettre d'accéder à des financements dédiés à la modernisation des tribunaux, à la
formation du personnel et à l'amélioration des infrastructures.
En outre, la mise en place de mécanismes de suivi et d'évaluation permettrait de
mesurer l'efficacité des changements apportés. Des évaluations régulières pourraient
identifier les domaines nécessitant des ajustements, garantissant ainsi l'adaptabilité du
système judiciaire aux évolutions constantes de la société et du droit.
En conclusion, ces propositions d'amélioration, axées sur le renforcement des moyens
logistiques, visent à créer un cadre propice à une administration judiciaire plus
efficiente au sein de l'OHADA. En combinant des investissements ciblés, une
spécialisation du personnel et l'adoption de technologies modernes, il est possible de
surmonter les défis logistiques actuels et de promouvoir un système judiciaire
répondant aux normes d'équité et de rapidité.
70
CONCLUSION
71
La question de l'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit
OHADA nous conduit à la convergence complexe entre le cadre légal et les réalités
pratiques. Au fil de cette exploration, nous avons discerné les nuances juridiques qui
encadrent le pouvoir du juge et les défis pratiques qui peuvent entraver son impact
effectif.
La première partie de notre analyse a mis en lumière les limites juridiques. Nous avons
examiné le cadre légal des voies d'exécution OHADA, mettant en évidence les
fondements juridiques et les catégories de voies prévues. Cependant, même dans ce
cadre, des contraintes apparaissent. Les limites imposées par la législation OHADA et
le respect des principes fondamentaux tels que l'équité et la proportionnalité soulignent
les défis structurels qui influent sur l'exercice du pouvoir du juge.
La seconde partie de notre analyse s'est penchée sur les obstacles pratiques rencontrés
dans le processus d'exécution. Les complexités procédurales, souvent liées à des
formalités laborieuses, ont été identifiées comme des entraves majeures. De plus, la
résistance ou la réticence des parties concernées, tant des débiteurs que d'autres
acteurs, s'est révélée être un facteur déterminant dans la réalisation effective des
décisions du juge. L'exécution différée ou incomplète a ajouté une couche
supplémentaire de complexité, suggérant des décalages entre les décisions judiciaires
et leur mise en œuvre concrète.
Il est clair que bien que le juge détienne un rôle crucial dans les voies d'exécution en
droit OHADA, son influence est modérée par des limites juridiques et des réalités
pratiques. Les barrières légales, bien que conçues pour encadrer le pouvoir judiciaire et
garantir une exécution équitable, peuvent également agir comme des entraves, limitant
la marge de manœuvre du juge. De même, les défis pratiques tels que les complexités
procédurales et la résistance des parties peuvent entraver la translation des décisions
judiciaires en actions concrètes. Dans cette dynamique, des réflexions sur
72
l'optimisation des procédures, la simplification des formalités, et l'investissement dans
la sensibilisation et la coopération des parties apparaissent comme des pistes
potentielles. Une révision continue du cadre légal pour le rendre plus adapté aux
réalités opérationnelles, combinée à une attention accrue à l'éducation juridique et à la
médiation, pourrait contribuer à améliorer l'efficacité des voies d'exécution en droit
OHADA.
73
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2- Législation internationale
VI- JURISPRUDENCE
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- CCJA, arrêt n° 042/2016 du 18 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.
CCJA, arrêt n° 045/2016 du 18 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.
- CA Abidjan, ch. civ. et com., arrêt n° 111 du 10 avril 2010, Sté. Rotoci c/ Sté
Gna Assurance et Sté. Macaci, Juris OHADA n° 4, p. 41 ou www.ohada.com,
Ohadata J-11-87.
84
- CA Dakar, ch. civ. et com. arrêt du 19 déc. 2002, Abdou Karim Diop c/ Buhan
Tesseire, www.ohada.com, Ohadata J-03-92.
- CA Libreville, ch. civ. & com., arrêt Réf. n° 7/2001/2002 du 6 fév. 2002,
www.ohada.com, Ohadata J-02-125, obs. J. ISSA-SAYEGH.
2- Jurisprudences étrangères
- CJUE, 4ème ch., 17 déc. 2015, aff. C-300/14, Imtech Marine Belgium
NV, Procédures, fév. 2016, p. 23, note C. NOURISSAT.
- CJUE, 1ère ch., 11 nov. 2015, aff. C-223/14, Tecom Mican SL et José
Arias Dominguez, Procédures, janv. 2016/ n° 1, p. 35, comm. C.
NOURISSAT.
- CJUE, 4ème ch., 22 oct. 2015, aff. C.-245/14, Thomas Cook Belgium NV
c/ Thurner Hotel GmbH, Procédures, janv. 2016/ n° 1, p. 29, comm. C.
NOURISSAT.
- CJUE, 5 déc. 2013, Walter Vapenik c/ Josef Thumer, aff. C-508/12, Droit
et procédures n° 3, mars 2014, p. 59, obs. G. CUNIBERTI.
- CJUE, 13 juin 2013, Goldbet Sportwetten GmbH c/ Massimo sperindeo,
aff. C-144/12, Droit et procédures n° 10, nov. 2013, p. 245, obs. G.
CUNIBERTI
- CJUE, 13 déc. 2012, Iwona Szyrocka c/ SiGer Technologie, aff. C-
215/11.
85
- CE, 18 nov. 2005, aff. Sté. fermière de Campoloro, AJDA 2006, 137,
chron. LANDAIS et LENICA, JCP 2006, II, 10044, note De MOUSTIER
et BEATRIX.
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