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REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE

Union-Discipline-Travail
Institut Universitaire d’Abidjan
(I.U.A) Année Universitaire 2021-2022

MEMOIRE DE MASTER 2
Option : Droit des Affaires et management

THÈME :
L’INFLUENCE DU JUGE DANS L’EFFICACITE DES VOIES D’EXECUTION
EN DROIT OHADA

Directeur de mémoire : Professeur CLIMANLO JEROME

JURY :
Président : Professeur ALLA KOFFI ETIENNE, Agrégé des Facultés de Droit, Avocat au
Barreau de Côte d’ivoire
Suffragants :
- M.CLIMANLO Jérôme, Agrégé des Facultés de Droit, Avocat au Barreau de Côte
d’ivoire
- M. COULIBALY Mamadou Kounvolo, Docteur en droit, Assistant à l’Université Jean
Lorougnon Guédé de Daloa

Présenté et soutenu publiquement par :


DIOMANDE DINAYO SARAMATOU

1
Décembre 2023

Sujet : L’influence du juge dans l’efficacité des voies


d’exécution en droit OHADA

2
AVERTISSEMENT

« La faculté des sciences juridiques de l’Institut Universitaire d’Abidjan (IUA) n’entend


donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces
opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur »

3
DEDICACES

A mon Créateur ALLAH ;


Coulibaly Karidja ;
Diomandé Nossou
Sidibé Issouf
A ma grande famille
A mes amis et Collègue

4
RERMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à adresser mes sincères remerciements à mon Directeur de


mémoire.
Le Professeur CLIMANLO JEROME pour avoir guidé ce travail de recherche
qu’il trouve ici l’expression de mon infinie reconnaissance pour l’assistance
qu’il m’a accordée, son précieux temps, ses bons conseils, sa disponibilité, son
soutient jusqu’à la présentation de ce travail.
Mes remerciements les plus distingués à mon encadreur le docteur
COULIBALY KOUNVOLO d’avoir accepté de participer au bon suivi de ce
travail jusqu’à sa présentation.
Mes sincères remerciements à vous chers membres du jury ici présents pour
avoir accepté de me consacrer un brin de votre précieux temps afin d’assister à
la présentation de ce travail, en particulier au professeur Alla Koffi Etienne
agrégé des facultés de droit et avocat au barreau d’Abidjan.
J’adresse également mes profonds remerciements à ma mère Coulibaly Karidja
et à mon père Diomandé Nossou qui ont été d’un soutient inestimable durant
tout mon parcours académique jusqu’à la rédaction de ce mémoire.
Mes remerciements à toutes les personnes qui, de loin ou de près qui ont
participés à l’élaboration de ce travail aussi à mes frères et sœurs qu’ils trouvent
ici l’expression de mon immense gratitude.

5
LISTE DES ABREVIATIONS

AL : Alinéa
ART : Article
ASS : Assemblée
ASS. PLEN : Assemblée plénière de la Cour de cassation
C : Code
C.CIV : Code civil
C.COM : Code de commerce
C.PEN : Code pénal
C.P.P : Code de procédure pénale
C.TRAV : Code du travail
C : Contre
CA : Cour d’appel
CASS : Cour de cassation
C.C : Convention collective
CE : Conseil d’État
CEDH : Cour européenne des droits de l’homme
CF : Confer
CH : Chambre
CHAP : Chapitre
CHROM : Chronique
JO : Journal Officiel

6
SOMMAIRE
INTRODUCTION………………………………………………………..…..P8
PARTIE 1 : une influence considérablement réduite par le cadre juridique de
l‘exécution ……………………………………………………………………P16
CHAPITRE 1 : une influence entravée par les dispositions normales de
de l’exécution ………………………………………………………………...P18
Section 1 : une influence limitée par les actes uniformes ………………...….P18
Paragraphe 1 : les facteurs de la limitation…………………………………...P18
A- La supranationalité des Actes Uniformes………………………......….P18
B- Une obligation tirée de l’objet du droit OHADA……………………...P19
Paragraphe 2 : l’impact sur l’action du juge …………………………………P20
A- La restriction de l’action du juge ………………………………...……P20
B- Le risque d’illégalité des décisions prises………………………..…….P21
Section 2 : une influence contenue du fait de l’interaction avec les
Législations ……………………………………………………………..……P22
Paragraphe 1 : l’abondons de certaine question aux droits nationaux des
Etats …………………………………………………………………………..P23
Paragraphe 2 : l’élaboration de restriction dans l’action du juge :
Les cas spécifiques de conflits …………………………………………...…..P24
CHAPITRE 2 : une influence limitée par les principes fondamentaux du
Droit de l’exécution …………………………………………………………..P27
Section 1 : l’obligation de se conformer aux droits fondamentaux……..……P27
Paragraphe 1 : les fondements de l’obligation…………………………..……P27
A- La primauté des droits fondamentaux dans le droit de l’exécution........P27
B- L’influence des conventions international ……………………...……..P29
Paragraphe 2 : les implications de l’obligation…………………………….....P30
A- Les implications dans le processus d’exécution ………………………P30
B- Les limites d’ordre public……………………………………………...P31

7
Section 2 : une influence restreinte par des considérations
juridique………………………………………………………………………P33
Paragraphe 1 : des principes éthiques limitant l’utilisation de mesure
coercitives …………………………………………………P33
A- L’impérative proportionnalité dans les mesures ……………………...P34
B- Les principes d’humanité et de dignité dans le processus
d’exécution………………………………………………………….…P35
Paragraphe 2 : l’humanisation imposé des principes éthique avec les
impératifs d’exécution ……………………………………….P36
A- La nécessité d’une interprétation conforme aux principes éthique ..….P36
B- Les défis de conciliation des principes éthique et des réalités
Economiques ………………………………………………………….P37
PARTIE 2 : Une influence entravée par des obstacles pratiques………….…P40
CHAPITRE 1 : Les défis formels a l’influence du juge ……………………..P42
Section 1 : une limitation des voies de recours disponibles ………………….P42
Paragraphe 1 : L’insuffisance des voies de recours ……………………….....P42
A- L’imprécision de voie de recours spécialisées…...
………………..........................................................….P43
B- Les limites des mécanismes d’appel et pourvois-en
cassation……………………………………………..………………...P46
Paragraphe 2 : Les stratégies dilatoires et leur effet sur la célérité
de l’exécution…………………………………………………………………P49
A-La manipulation procédurale : des délais excessifs ……………………P49
B- Les recours abusifs et leurs impacts sur la procédure………………….P50
Section 2 : une procédure d’exécution parfois complexe …………… ...……P51
Paragraphe 1 : les délais prévus et la limitation des pourvois du juge….….....P51
A- Les contraintes imposées per les délais légaux ………………………..P52
B- La limitation des pourvois discrétionnaires du juge face aux délais
préétablis……………………………………………………………….P53

8
Paragraphe 2 : La complexité des procédures et la limitation de l’office
du juge ………………………………………………………..P54
A- Problème lié a la multiplicité des étapes procédurales ………………..P54
B- Des documents exigés excessifs ……………………………………....P55
CHAPITRE 2 : Des ressources limités ………………………………………P57
Section 1 : La charge de travail des tribunaux…………………………….….P57
Paragraphe 1 : De la quantité de travail ……..…………………………….…P57
A- La quantité de travail actuelle de certaines juridiction………………...P57
B- Les facteurs contribuant a une augmentation de la charge du travail.....P59
Paragraphe 2 : L’implications sur les débats d’exécutions ………….……….P60
A- Le rallongement des délais …………………………….………………P60
B- Conséquence sur la procédure …………………….…………………..P62
Section 2 : les moyens logistiques et humains……………………………..…P62
Paragraphe 1 : les contraintes matérielles et humaines……………….………P63
A- L’Insuffisance des moyens matériels et humains …………………......P63
B- L’impact sur la procédure …………………………………………….P64
Paragraphe 2 : les propositions d’améliorations ………………………….….P65
A- Les mesures potentielles pour renforcer les moyens logistiques …. ….P65
B- L’importance de la formation continue et du renforcement
des capacités ………………………………………………………...…P66

CONCLUSION …………………………………………………………..…..P69
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………...…….P72
I- Ouvrages généraux…………………………………………………...…P72
II- Ouvrages spécialisés………………………………………………..…..P74
III- Ouvrages de doctrine ……………………………………….…………P74
IV- Thèses et mémoires …………………………………………………...P79
V- Législations …………………………………………………………….P80
VI- Jurisprudence ………………………………………………………….P81

9
INTRODUCTION

10
« Les délinquants font moins de mal qu’un mauvais juge1. »

L’État de droit suppose un système juridique jouissant d’effectivité́, c'est-à-dire doté


d’un mécanisme de contrôle juridictionnel apte à veiller au respect et à la bonne
application de la règle de droit, du sommet de l’édifice normatif jusqu’à l’acte
d’application. Condition de sa réalisation, la justice nécessite ainsi que soient prévues
une structure juridictionnelle adaptée, des voies de recours effectives et toutes les
conditions pour que le procès mené soit équitable. Elle commande aussi que les
décisions rendues soient revêtues de l’autorité de la chose jugée afin d’obliger les
parties intéressées et, plus largement, l’ensemble des destinataires du jugement. De
cette manière seulement, la justice, élément indispensable à la réalisation d’un
véritable Etat de droit démocratique, est susceptible de remplir son office.

L'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit OHADA revêt une
importance cruciale dans le fonctionnement du système judiciaire. Le rôle du juge
s'étend au-delà de la prononciation de la décision initiale, englobant la phase
d'exécution des jugements et des actes émanant des juridictions. Cette dynamique
complexe entre le juge et le processus d'exécution soulève des enjeux fondamentaux
au sein de l'espace juridique OHADA2.
En premier lieu, le juge joue un rôle central dans la validation des mesures d'exécution.
Sa diligence et sa compréhension approfondie des Actes Uniformes OHADA
déterminent l'efficacité des voies d'exécution. La qualité de l'interprétation juridique du
juge impacte directement la mise en œuvre des décisions, influençant la rapidité et
l'efficacité du processus d'exécution3.

Par ailleurs, le juge est confronté à la tâche délicate de concilier les intérêts des parties
en présence. Son pouvoir discrétionnaire dans l'interprétation des mesures coercitives
1
Francisco de Quevedo
2
ADJAKA (M), La pratique des procédures simplifiées de recouvrement dans l’espace OHADA, éd. Ets. Soukou,
Cotonou, 2009
3
ANOUHAKA, Les procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution, éd. PUA, Yaoundé, 1999.

11
lui confère une responsabilité majeure dans l'équilibre entre la protection des droits du
créancier et le respect des droits fondamentaux du débiteur. Cette équation délicate
influence la manière dont les voies d'exécution sont appliquées dans des contextes
variés4.

La capacité du juge à assurer un suivi efficace de l'exécution des décisions est


également cruciale. Sa vigilance dans la vérification de la conformité des actes
d'exécution et dans la résolution des éventuels obstacles contribue à maintenir
l'intégrité du processus. Lorsque le juge exerce pleinement ce rôle de surveillance, cela
renforce la confiance dans le système judiciaire et garantit une exécution cohérente des
décisions.

Par ailleurs, la jurisprudence du juge peut avoir des implications significatives sur
l'évolution des voies d'exécution. Ses décisions antérieures établissent des précédents
qui façonnent le paysage juridique, influençant la prévisibilité et la stabilité du
processus d'exécution. Ainsi, le juge, en tant que créateur de jurisprudence, exerce une
influence à long terme sur l'efficacité des voies d'exécution.

C’est dans ce sens que se justifie le choix de notre sujet : « L’INFLUENCE DU


JUGE DANS L’EFFICACITE DES VOIES D’EXECUTION DE L’OHADA »

En termes juridiques, l'influence peut être définie comme le pouvoir ou la capacité


d'affecter les opinions, les décisions ou les actions d'autrui. Cette influence peut être
exercée de différentes manières, que ce soit par des moyens légitimes, tels que le
plaidoyer et la persuasion, ou par des méthodes plus controversées, comme la pression
indue ou la manipulation. En droit, la notion d'influence peut être examinée dans
divers contextes, notamment en matière de relations contractuelles5, de droit des
affaires, de gouvernance, voire de droit pénal lorsqu'il est question de corruption ou de
trafic d'influence. Les implications et les conséquences juridiques de l'influence
dépendent du contexte spécifique et des lois applicables.
4
V.EKANI, Liberté de saisir et exécution forcée dans l’espace OHADA, éd. L’harmattan , Paris, 2015, p.19
5
V. ASSI ESSOH et DIOUf, Ohada-recouvrement des créances, éd. Bruylant, Bruxelles, 2002.

12
Un juge est une autorité impartiale et indépendante investie du pouvoir de rendre des
décisions dans le cadre du système judiciaire. Sa fonction principale est de trancher
des litiges, d'interpréter et d'appliquer la loi. Les juges sont chargés de garantir l'équité
et la justice dans le cadre des affaires qui leur sont soumises. Ils peuvent siéger dans
différentes juridictions, telles que les tribunaux civils, criminels, administratifs, ou
encore les cours d'appel. Le rôle du juge implique souvent d'écouter les arguments des
parties, d'examiner les preuves présentées et de rendre une décision basée sur le droit
applicable. Les juges doivent agir de manière impartiale, en mettant de côté leurs
opinions personnelles pour garantir un traitement équitable des parties devant la
justice.

La fonction judiciaire s’appréciait en deux pouvoirs à la fois distincts et


complémentaires que sont : la juridictio et l’impérium.

La juridictio désigne « la mission ou l’action de dire le droit »6 Cette définition


suppose l’existence d’un droit applicable et adapté à la situation litigieuse. Elle sied
avec la tradition juridique française qui décrit le juge comme « un rouage
accomplissant, dans ses décisions individuelles, les plans dressés par le législateur ».
L’impérium est, quant à lui, le pouvoir qui permet au juge d’ordonner le respect de la
juridictio, il est encore appelé pouvoir de commandement. La mise en œuvre de ces
pouvoirs exige un certain « recul », une « neutralité » et une « impartialité » de la part

du juge7. Or de nos jours, l’influence du juge sur l’activité économique a pris un


nouveau visage8.

L’intervention du juge dans la vie des sociétés, dans l’execution des decisions de

justice semble assez naturelle, puisque sa mission consiste désormais à prévenir les
crises sociales ou en présence de celles-ci, à rétablir la paix sociale. Sa présence

progressive à tous les stades de la vie sociale est encouragée soit par les textes, soit par
6
V. Cornu G, Vocabulaire juridique, p.587
7
Fricero (N.) et Julien (P.), Procédure civile, LGDJ, coll. Manuel, 5e éd., 2014, p. 70, n° 137
8
V. Mounetaga (D.), L’intervention du juge dans la vie des sociétés commerciales, thèse Sheikh Anta Diop de
Dakar/Sénégal, 2007

13
la jurisprudence qui, à travers son œuvre créatrice, vient compléter la mission du
législateur. Autant dans le contexte français que dans l’espace OHADA, le juge
apparait donc comme le garant du développement économique par le droit. Du fait de
l’abondance des textes, de la dynamique jurisprudentielle. L’objectif de sécurité
juridique et judiciaire a entrainé́ de nombreux effets sur la fonction du juge, la
judiciarisation de la société́ a rattrapé les sociétés . Désormais, le juge doit permettre
l’application effective des Actes uniformes au sein des sociétés commerciales, a
l’égard du débiteur commerçant afin d’empêcher leur dévalorisation.

Aussi, il a la responsabilité́ de la bonne marche de l’activité́ économique par la


recherche d’un équilibre social. Alors sa mission ne consiste plus simplement à dire
quelle est la règle applicable et à l’appliquer9. Il s’agit désormais pour lui de trouver la
solution la plus adéquate à la règle de droit applicable. Il n’est donc plus tenu de
prononcer littéralement les règles expressément contenues dans l’Acte uniforme. Il
dispose dans certains cas d’un large pouvoir d’appréciation qui reste encadré par
l’obligation de motivation. Il en est ainsi notamment lorsqu’il doit rechercher ou
connaître des atteintes à l’intérêt social.

En principe, le débiteur doit s’exécuter volontairement en cas de condamnation.


Malheureusement, les choses ne se passent pas toujours de la sorte. Très souvent en
effet, il arrive que la partie qui a perdu le procès ne s'exécute pas volontairement. Il
faut dès lors l'y contraindre, au besoin par la force en recourant à l'exécution forcée.
Aussi, la réaction du droit a été d'imaginer divers mécanismes à mettre en oeuvre par
le créancier qui n'a pas reçu le paiement pour vaincre les réticences doublées de
mauvaise foi de son débiteur et recouvrer ce qui lui est dû. Ces mécanismes sont les
voies d'exécution.

L'efficacité se définit comme la capacité d'atteindre un objectif ou de produire un


résultat souhaité de manière optimale, en utilisant au mieux les ressources disponibles.
Dans divers contextes, que ce soit dans le domaine professionnel, organisationnel, ou

9
V. Germain (M.), « Le juge classique », In le juge de l’économie, Colloque de la Baule du 08 au 09 juin 2002,
RJ Com., novembre 2002, n° spécial, p.17.

14
dans d'autres domaines de la vie, l'efficacité mesure la capacité d'accomplir une tâche
ou de réaliser un but de manière productive et réussie. Elle est souvent associée à la
maximisation de l'output par rapport à l'input, démontrant ainsi la qualité de l'effort
investi dans la réalisation d'un objectif. L'efficacité est un concept clé dans l'évaluation
des performances individuelles, des processus organisationnels et des stratégies mises
en œuvre pour atteindre des résultats spécifiques.

Les voies d'exécution, dans le contexte juridique, font référence aux moyens légaux et
aux procédures mis en place pour contraindre une personne à se conformer à une
décision de justice ou à exécuter une obligation résultant d'un titre exécutoire. Ces
titres exécutoires peuvent inclure des jugements, des arrêts ou d'autres actes juridiques
équivalents qui confirment les droits d'une partie et établissent l'obligation de l'autre
partie. Qualifiées des fois de « mesures d'exécution », « procédures forcées de
recouvrement » ou « d'exécution » ou de « procédures civiles d'exécution » les voies
d'exécution se résument en un ensemble de mesures et de techniques juridiques mises
à la disposition de tout créancier pour mettre sous-main de justice les biens
appartenant à son débiteur dans le but d'être rétabli dans ses droits. Dit autrement, ce
sont des procédures légales par lesquelles le créancier impayé peut saisir les biens de
son débiteur, et dans certains cas les vendre afin de se payer sur le prix de vente ou se
les faire attribuer. Comme l'on se sera aperçu, le procédé habituel est celui des saisies
des biens du débiteur.

Selon un auteur les voies sont définies généralement comme l’ensemble des règles
juridiques permettant au créancier « non payé amiablement par un débiteur de
contraindre celui-ci à s’exécuter, au besoin avec l’aide de la force publique »10 Elles
sont destinées à faciliter la réalisation des droits patrimoniaux consacrés par un titre
exécutoire11.
Avant l’avènement de l’Acte uniforme portant organisation des Procédures Simplifiées
de Recouvrement et des Voies d’Exécution (AUPSRVE), l’exécution des titres
exécutoires n’avait pas connu de fortunes radieuses. Les nombreuses difficultés
10
DONNIER (Marc), Voies d’exécution et procédures de distribution, 2e éd., Paris, Litec, 1990, n°1, p. 1
11
Aux termes de l’article 33 de l’Acte uniforme portant organisation des Procédures Simplifiées de
Recouvrement et des Voies d’Exécution, « Constituent des titres exécutoires

15
relatives à la mise en œuvre de ces titres étaient examinées par le juge des référés qui
se déclarait fréquemment incompétent sur le fondement d’une contestation sérieuse
supposée ou réelle. Il en résultait au grand dam des créanciers une paralysie quasi
irrémédiable des voies d’exécution par des débiteurs aux abois, pire de mauvais aloi.

Les voies d'exécution sont variées et dépendent souvent du type de créance ou de


décision à exécuter. Elles peuvent inclure des mesures telles que la saisie des biens, le
recouvrement de créances, l'expulsion, la saisie-arrêt sur salaire, ou d'autres moyens
permettant d'assurer l'exécution forcée de la décision judiciaire.

En somme, les voies d'exécution constituent l'ensemble des procédures et des


mécanismes légaux permettant de mettre en œuvre de manière contraignante les
décisions rendues par les tribunaux, assurant ainsi le respect des droits établis par la
justice.

Le sujet portant sur "L'influence du juge dans l’efficacité des voies d’exécution en
droit OHADA" revêt des intérêts théoriques et pratiques particulièrement pertinents.
Le sujet offre l'opportunité d'approfondir l'analyse juridique des mécanismes
d'exécution dans le cadre du droit OHADA, explorant les fondements théoriques et
normatifs qui sous-tendent ces procédures.

Elle permet d'explorer la manière dont le juge interprète les Actes Uniformes
OHADA, offrant une compréhension approfondie de la supranationalité de ces normes
dans le contexte d'exécution. Le sujet met en lumière le rôle du juge dans le processus
d'exécution, contribuant à la théorie juridique en clarifiant comment le pouvoir
judiciaire influe sur la mise en œuvre des décisions.

Sous l’angle pratique, En comprenant l'impact du juge sur l'efficacité des voies
d'exécution, des recommandations pratiques peuvent être formulées pour optimiser les
procédures judiciaires, accélérant ainsi la réalisation des droits des parties. En mettant
en lumière le rôle déterminant du juge, le sujet peut contribuer à renforcer la confiance

16
des parties impliquées dans le système judiciaire OHADA, soulignant l'importance de
l'objectivité et de la compétence du juge.

Les conclusions pratiques peuvent également guider les réformes judiciaires visant à
améliorer l'efficacité des voies d'exécution, en prenant en compte le pouvoir
d'influence du juge. En combinant ces aspects théoriques et pratiques, le sujet s'inscrit
au cœur des enjeux juridiques contemporains, offrant des perspectives précieuses pour
les chercheurs, les praticiens du droit et les décideurs engagés dans le renforcement
des systèmes judiciaires dans l'espace OHADA.

En droit OHADA, le juge impacte-t-il véritablement l'efficacité des voies


d'exécution ?

Un facteur décisif dans la bonne administration de la justice et la bonne application de


la loi est qu'elle doit être régulièrement et adéquatement appliquée, c'est-à-dire que les
décisions prises par le juge doivent avoir l'effet désiré. L'acte qui est annulé doit
disparaître de l'ordre juridique, l'injonction d'acte ou d'omission effectivement
exécutée, les dommages-intérêts doivent être satisfaits concrètement, par exemple en
payant des dommages-intérêts, condamnés à l'emprisonnement, puis à la détention, etc.
La justice perd alors son sens inné et cesse d'exercer sa fonction. Ce qui est
compromis, c'est la réalité de l'État de droit. Cependant, nous observons de nombreux
cas dans divers systèmes juridiques dont l’OHADA que les décisions de justice ne sont
pas exécutées ou sont incorrectement exécutées parce qu'elles ne produisent pas ou ne
produisent pas pleinement les effets escomptés et prescrits. Mais mieux, le droit
communautaires combinés à certaines dispositions éparses nationales, fragilisent
l’influence du juge. Il s’ensuit que cette influence est limitée non seulement par les
textes (PARTIE 1) mais aussi par la pratique (PARTIE 2)

17
PARTIE 1 : UNE INFLUENCE
CONSIDERABLEMENT REDUITE PAR LE
CADRE JURIDIQUE DE L’EXECUTION

18
Le juge, au sein du système juridique OHADA, se trouve dans une position où son
influence est considérablement restreinte par les textes communautaires. Ces derniers
jouent un rôle crucial en délimitant strictement les compétences et les procédures
d'exécution. Concrètement, les normes établies par l'OHADA définissent de manière
précise les étapes à suivre lors des voies d'exécution, limitant ainsi l'interprétation
subjective du juge. Dans ce contexte, le juge est davantage un exécutant des règles
établies qu'un créateur d'interprétations. Les textes communautaires servent de cadre
juridique rigoureux, réduisant la marge d'appréciation du juge dans l'application des
lois relatives à l'exécution. Cette contrainte normative vise à instaurer une certaine
prévisibilité et cohérence dans le processus d'exécution des décisions judiciaires au
sein de l'espace OHADA. Ainsi, bien que le juge puisse exercer son pouvoir
discrétionnaire dans certains aspects du droit, en matière d'exécution, sa marge de
manœuvre est considérablement contenue par les dispositions claires et détaillées des
textes communautaires, renforçant ainsi la stabilité et la prévisibilité du système
juridique OHADA (CHAPITRE 1)

Le second volet de cette analyse se penche sur la limitation de l'influence du juge dans
le contexte des principes fondamentaux du droit de l'exécution au sein de l'OHADA.
Les fondements juridiques qui sous-tendent les voies d'exécution jouent un rôle crucial
dans la définition du champ d'action du juge. Les principes fondamentaux, souvent
ancrés dans la protection des droits des créanciers et la garantie de l'efficacité des
décisions judiciaires, imposent des contours stricts auxquels le juge est soumis. Par
exemple, le principe de la célérité dans l'exécution vise à assurer une réalisation rapide
des droits reconnus par le jugement, limitant ainsi la possibilité pour le juge d'étendre
indéfiniment les délais ou d'ajuster le processus selon son interprétation personnelle.
De plus, le principe de l'économie procédurale, cherchant à éviter des procédures
inutilement complexes ou coûteuses, contraint le juge à suivre des lignes directrices
claires établies par les normes OHADA. Ce principe limite la possibilité pour le juge
de prendre des initiatives qui pourraient conduire à une complexité excessive du
processus d'exécution (CHAPITRE 2)

19
CHAPITRE 1 : UN INFLUENCE ENTRAVÉE PAR LES
DISPOSITIONS NORMATIVE DE L’EXECUTION

Le droit OHADA se présente comme un droit visant à réguler les rapports d’affaires
dans un espace bien définit. Se faisant, il imbrique un certain nombre de principes et
de règles lesquels ont parfait trait à ses sources. En effet, le droit OHADA se manifeste
par le biais de textes à vocation communautaires et supranationales. Toutefois, certains
aspects peuvent ne pas être couverts par le droit communautaire en matière du droit
des Affaires. Les aspects non couverts, peuvent être régis par le droit national des États
parties. Ce pouvoir donné aux États sur certaines questions peut, à certains égards et en
ce qui concerne le juge et l’efficacité des voies d’exécution limiter fortement son
action. Ainsi, l’influence du juge dans les voies d’exécution ressort principalement des
actes uniformes (section 1) mais aussi de l’interaction avec les législations nationales
(section 2)

Section 1 : Une influence limitée par les Actes Uniformes


Les actes uniformes contribuent à restreinte largement les pouvoirs du juge dans les
voies d’exécution. La marge de manœuvre laisser au juge par les actes uniformes
compromet vigoureusement son action (Paragraphe 2). Le juge dans son intervention
doit se cantonner à un domaine précis et a des action précise. Cette restriction émane
de la place des actes uniformes dans l’espace OHADA et incidemment dans l’action
du juge (Paragraphe 1)

Paragraphe 1 : Les facteurs de la limitation


L’obligation de rester fidèle aux textes et uniquement, dans le cadre des aspects
définis, résulte du principe de la supranationales des actes uniformes (A) et de l’objet
du droit communautaire (B)
A- La supranationalité des Actes uniformes
La justification de l'obligation de conformité aux Actes Uniformes au sein du cadre
OHADA découle intrinsèquement de la supranationalité de ces actes. L'OHADA, en

20
tant qu'organisation juridique supranationale, établit une hiérarchie normative qui
prime sur les législations nationales des États membres. Cette supranationalité confère
aux Actes Uniformes une autorité prééminente, exigeant la conformité des juridictions
nationales et des parties contractantes12.
L'essence de cette obligation réside dans la volonté de créer un environnement
juridique harmonisé, favorisant la sécurité juridique et la prévisibilité des transactions
commerciales au sein de l'espace OHADA. En embrassant la supranationalité, les États
membres reconnaissent implicitement la nécessité de céder une partie de leur
souveraineté en faveur d'une cohérence normative cruciale pour le bon fonctionnement
du système.
Cette obligation découle également de la volonté commune des États membres de
promouvoir l'intégration économique régionale. En acceptant l'obligation de
conformité, les acteurs du système juridique OHADA contribuent à l'émergence d'un
environnement propice aux échanges économiques transfrontaliers13. Cette justification
repose sur une vision partagée visant à renforcer la compétitivité des entreprises et à
faciliter la fluidité des relations commerciales entre les États membres.
Ainsi, l'obligation de conformité aux Actes Uniformes se présente comme une
démarche nécessaire, fondée sur la supranationalité, pour garantir la cohérence, la
sécurité et la prospérité au sein de l'espace juridique OHADA. Elle incarne
l'engagement collectif envers l'intégration régionale et la consolidation d'un ordre
juridique commun favorable au développement économique des États membres14.

B- Une obligation tirée de l’objet du droit OHADA


L'obligation de conformité aux Actes Uniformes au sein du droit OHADA découle
intrinsèquement de l'objet même de cette organisation juridique. L'OHADA, en tant
qu'instrument d'harmonisation des règles régissant les affaires et l'investissement au
sein de ses États membres, vise à créer un environnement juridique cohérent et propice
au développement économique régional.

12
POHE D. Droit des sociétés commerciales et coopérative dans l’espace OHADA, BRUYLANT, coll. Droit
Uniforme africain, 2019, p.29
13
BREMOND SARR, La sécurité juridique de l’investissement dans l’OHADA. Le droit des sûretés a l’epreuve du
recouvrement des créances, Thèses Université d’Aix-Marseille III, 2005
14
En ce sens, POUGOUE, présentation générale et procédure en OHADA, PUF

21
Le droit OHADA, en son essence, poursuit l'objectif fondamental d'instaurer un cadre
juridique favorisant la sécurité et la stabilité des transactions commerciales.
L'obligation de conformité s'inscrit ainsi dans la logique de réaliser une uniformisation
des normes pour garantir la prévisibilité et la fiabilité des relations contractuelles et des
opérations financières.
Cette obligation découle également de l'aspiration à renforcer la confiance des acteurs
économiques, nationaux et internationaux, dans le système juridique OHADA. En
imposant la conformité aux Actes Uniformes, le droit OHADA ambitionne de créer un
environnement juridique dans lequel les parties prenantes peuvent évoluer en toute
sécurité, sans craindre des disparités normatives susceptibles de compromettre la
validité et l'exécution de leurs accords. L'objet du droit OHADA réside également dans
la facilitation des échanges et de l'investissement au sein de l'espace régional15.
L'obligation de conformité s'inscrit donc dans une perspective d'encouragement des
flux transfrontaliers, en éliminant les obstacles juridiques qui pourraient entraver la
circulation des biens, des services, et des investissements entre les États membres.
En résumé, l'obligation de conformité aux Actes Uniformes émane de la mission
fondamentale du droit OHADA, qui vise à créer un ordre juridique harmonisé, stable
et favorable au développement économique régional. Elle s'inscrit dans une démarche
proactive visant à concilier la diversité des législations nationales tout en établissant un
socle commun propice à l'épanouissement des activités commerciales au sein de
l'espace OHADA.
Paragraphe 2 : L’impact sur l’action du juge
L’action du juge est incidemment restreinte (A) son intervention en dehors des cas et
des domaines prévus peut être sujet a une illégalité (B)
A- La restriction de l’action du juge
L'impact sur l'action du juge découlant de l'obligation de conformité aux Actes
Uniformes au sein du droit OHADA est marqué par une restriction délibérée de la
marge de manœuvre du juge. Cette restriction, bien que formulée dans l'intérêt de
l'harmonisation et de la cohérence normative, pose des défis importants pour le
pouvoir judiciaire dans l'application des règles et des décisions.

15
A. FENEON, Droit des sociétés en Afrique, éd. Lextenso, Paris, 2015, p.39

22
La restriction de l'action du juge découle premièrement de la prééminence accordée
aux Actes Uniformes. En vertu de cette obligation, le juge est contraint de se
conformer strictement aux dispositions énoncées dans ces actes, limitant ainsi sa
capacité d'interprétation et d'adaptation en fonction du contexte spécifique de chaque
affaire. Cette approche rigide peut parfois entraver la recherche de solutions justes et
équitables, car le juge se voit lié par des normes souvent génériques.

Par exemple, un principe est énoncé par l'article 30 alinéa 1er de l'Acte uniforme en ces
termes : « l'exécution forcée et les mesures conservatoires ne sont pas applicables aux
personnes qui bénéficient d'une immunité d'exécution ».

Il en résulte que sont concernées toutes les voies d'exécution tant conservatoires
qu'exécutoires, mobilières ou immobilière de la part des créanciers contre les
personnes qui bénéficient de cette prérogative. La question controversée qui se pose
alors est celle de savoir qui en sont les bénéficiaires ce, dans la mesure où cet alinéa
n'en fournit aucune liste

En conclusion, bien que l'obligation de conformité aux Actes Uniformes ait pour but
de créer un cadre juridique cohérent, elle entraîne inévitablement une restriction de
l'action du juge. Cette limitation peut susciter des débats sur l'équilibre entre
uniformité normative et nécessité d'adapter le droit aux spécificités nationales et aux
évolutions de la société.

B- Le risque d’illégalité des décisions prises

Le risque d'illégalité des décisions émanant de l'obligation de conformité aux Actes


Uniformes au sein du droit OHADA est une préoccupation majeure, découlant
principalement de la rigueur imposée par cette obligation. En visant à instaurer un
cadre normatif harmonisé, l'OHADA cherche à éviter les divergences et les
contradictions entre les juridictions nationales. Cependant, cette quête d'uniformité

23
peut engendrer des situations où les décisions prises par les autorités judiciaires
peuvent être perçues comme illégales dans un contexte national16.
Premièrement, le risque d'illégalité découle de l'inadaptation potentielle des Actes
Uniformes aux réalités juridiques nationales. En cherchant à appliquer des normes
souvent génériques à des contextes divers, les décisions judiciaires peuvent être
critiquées pour leur éloignement des spécificités locales, créant ainsi un risque
d'illégalité au regard des principes fondamentaux du droit national17.
De plus, l'obligation de conformité peut générer un risque d'illégalité lorsque les Actes
Uniformes ne tiennent pas compte des évolutions ou des spécificités propres à chaque
État membre. Les décisions judiciaires, alignées sur des normes statiques, peuvent
devenir obsolètes ou en contradiction avec des développements ultérieurs du droit
national, créant ainsi un vide juridique potentiellement illégal18.
Un autre aspect du risque d'illégalité réside dans la possible méconnaissance des droits
fondamentaux. En imposant des normes strictes, l'obligation de conformité peut
conduire à des décisions qui, bien que conformes aux Actes Uniformes, portent
atteinte aux droits fondamentaux garantis par les constitutions nationales. Cette
situation soulève des préoccupations quant à la légitimité et à la validité des décisions
judiciaires.
En conclusion, le risque d'illégalité des décisions résulte de la tension entre l'obligation
de conformité aux Actes Uniformes et la nécessité de respecter les spécificités et les
évolutions nationales19. Il met en lumière les défis inhérents à l'harmonisation
normative et souligne l'importance d'équilibrer l'uniformité avec la flexibilité
nécessaire pour garantir la légalité et la légitimité des décisions judiciaires.

Section 2 : Une influence contenue du fait de l’interaction avec les législations


nationales
L’harmonisation voulue par le droit OHADA, tend à soustraire le droit national de
plusieurs aspects. Cette soustraction se justifie dans la recherche d’un droit des affaires

16
V. CA Abidjan Arrêt n°36, 19 janv.2003, SIGS c/CFAO-CI
17
C. CA Dakar, ch. civ et com. Arrêt du 19 déc. 2002, Abdoul Karim Diop c./buhan Tesseire
18
V.POHE D. Droit des sociétés commerciales et coopérative dans l’espace OHADA, op.cit. p.87
19
En ce sens, AJAVON, les procédures de recouvrement et des voies d’exécution en droit OHADA, Thèse
Toulouse 1, Capitole 2010

24
harmonisé au sein de cet espace. Quoique certaines questions liées au droit de
l’exécution peuvent difficilement être harmonisés. Dans une telle occurrence un conflit
pourrait naitre entre le droit national et le droit communautaire (Paragraphe 1). Ce
conflit peut être difficilement réglé dans la mesure où, il n’existe pas en droit
communautaires, des mécanismes visant a véritablement résoudre les indomptabilités
(Paragraphe 2)

Paragraphe 1 : L’abandon de certaines questions au droit national des États


La place du droit communautaire doit être précisée dans l’exécution OHADA (A)
ensuite, les cas matérialisant le conflit doivent être présentés (B)
La question des conflits potentiels entre la législation nationale et la législation
communautaire au sein du droit OHADA soulève des enjeux cruciaux, notamment en
ce qui concerne la place du droit national dans le domaine spécifique de l'exécution.
Cette dynamique complexe met en lumière la nécessité de trouver un équilibre entre
les impératifs de l'harmonisation régionale et le respect des particularités nationales.
La place du droit national dans le droit de l'exécution OHADA est un élément central
qui mérite une analyse approfondie. Bien que l'OHADA vise à instaurer un cadre
juridique uniforme, il reconnaît également la légitimité et la pertinence des lois
nationales, en particulier dans le domaine de l'exécution des décisions. Cette
coexistence de normes nationales et communautaires crée une interdépendance
complexe qui peut potentiellement conduire à des conflits20.
Lorsqu'il s'agit de l'exécution, la législation nationale joue un rôle crucial en
fournissant le contexte et les mécanismes spécifiques nécessaires à la mise en œuvre
des décisions. Cependant, la coexistence de normes nationales avec les Actes
Uniformes peut entraîner des frictions. Ces conflits potentiels peuvent émerger lorsque
des dispositions nationales entrent en contradiction avec les normes communautaires21,
soulevant des questions délicates quant à la primauté et à la résolution de ces
divergences.

20
CA Libreville, ch. civ et com. Arrêt n°7/2001/2002 du 6 fevr.2002, obs,. J. ISSA SAYEGH
21
Dans ce sens, CA Abidjan ch. civ. Et com. Arrêt n°111 du 10 avril 2010, Sté. Rotoci c/ Sté GNA Assurance et
Sté. Macaci, Juris OHADA

25
La place du droit national dans le droit de l'exécution OHADA est également
influencée par la volonté de maintenir une certaine flexibilité pour permettre une
adaptation aux réalités locales. Cette flexibilité peut être source de divergences
d'interprétation et de pratiques entre les États membres, accentuant les risques de
conflits.
Dans ce contexte, l'équilibre entre la législation nationale et la législation
communautaire est un défi permanent. Il s'agit de concilier l'objectif d'harmonisation
avec la reconnaissance des spécificités nationales, tout en évitant les conflits
potentiellement préjudiciables à l'efficacité du droit de l'exécution OHADA. La
recherche de cet équilibre constitue un enjeu majeur pour assurer la cohérence et la
légitimité du système juridique dans le contexte complexe de l'intégration régionale au
sein de l'OHADA
Paragraphe 2 : L’élaboration de restriction dans l’action du juge Les cas
spécifiques de conflits

Pour mémoire, rappelons que l'Acte uniforme laisse la détermination des biens et
droits insaisissables au pouvoir souverain de chaque État partie. Ainsi, dans la
législation camerounaise, il s'agit principalement de l'article 315 du CPCC22 qui
dispose que : « Seront insaisissables :

1. les choses déclarées insaisissables par la loi ;

2. les provisions alimentaires adjugées par justice ;

3. les sommes et objets disponibles déclarées insaisissables par le testateur ou


donateur ;

4. les sommes et pensions pour aliments encore que le testament ou l'acte de donation
ne les déclarent pas insaisissables ».

De cette énumération, il en ressort que, hormis les provisions alimentaires adjugées par
justice, et les sommes et pensions pour aliments, l'insaisissabilité peut résulter soit de
la loi soit de la volonté de l'homme .
22
Code de procédure civile, commerciale et administrative

26
Selon l'ordre de la loi, certains biens essentiels à la personne seront déclarés
insaisissables. Cela repose sur des raisons humanitaires et de dignité. Il s'est agi de
laisser à la disposition du saisi le minimum vital devant lui permettre sinon de revenir
à meilleure fortune, du moins de continuer à vivre après la mise sous-main de justice
de ses biens Ce qui n'est qu'une manifestation de la protection accrue dont bénéficie le
débiteur dans les procédures d'exécution.

Sont ainsi concernés par cette catégorie de biens insaisissables les biens et objets
mobiliers corporels nécessaires à la vie quotidienne et au travail du débiteur et de sa
famille. Le code de procédure civile et commerciale en son article 327 nous en fournit
une liste. Il s'agit entre autres du coucher nécessaire du saisi et de ses enfants, des
vêtements, des effets appartenant à la femme lorsqu'elle n'est pas commune en biens,
des farines et menus denrées nécessaires à la consommation du saisi et de sa famille
pendant un mois au moins ainsi que les ustensiles indispensables à la préparation des
aliments et aux repas, d'une vache ou trois brebis ou deux chèvres avec des pailles,
fourrages et grains nécessaires pour la laitière et la nourriture desdits animaux pendant
un mois.

Rentrent également dans cette catégorie les livres et objets nécessaires à la poursuite
des études, ainsi que les instruments de travail du débiteur, fût-il un syndicat. Comme
on peut s'en apercevoir, il s'agit de biens et objets insaisissables parce
qu'indispensables à l'exercice de son activité professionnelle par le saisi, livres,
meubles et immeubles nécessaires au fonctionnement des syndicats.

S'agissant spécifiquement des syndicats, l'insaisissabilité a également pour fondement


la protection de l'intérêt général. Dès lors, sont aussi concernés sur cette même base les
biens des collectivités publiques nécessaires au fonctionnement des services publics ou
encore les biens appartenant au domaine public de l'État

Il en va également ainsi pour les chèques, les lettres de change et les billets à ordre.
Leur exclusion de l'assiette de saisie trouve sa justification dans l'intérêt du crédit qui
s'accompagne mal avec l'immobilisation de ces effets de commerce censés circuler

27
librement et dont l'importance dans le monde des affaires n'est plus à préciser. On peut
y ajouter l'insaisissabilité des navires en partance.

Enfin, des dispositions légales, ou parfois simplement la nature même de certains


biens, s'opposent à la possibilité de les mettre en vente. Ceux-ci sont alors inaliénables
et partant insaisissables. On peut citer à titre d'illustration les différents droits de la
personnalité ou encore d'autres biens exclusivement attachés à la personne du débiteur
tels les droits d'usage et d'habitation, l'usufruit légal des parents sur les biens des
enfants, les souvenirs de famille. En réalité, il s'agit de biens exclus de l'assiette de la
saisie en raison de leur extrapatrimonialité ou en vertu d'une clause d'inaliénabilité
laquelle émane généralement de la volonté d'une personne. Dans ce cas
l'insaisissabilité est alors stipulée par le donateur ou testateur.

Par ailleurs, l'absence de mécanismes formels de révision et d'adaptation régulière des


Actes Uniformes contribue à l'insuffisance dans la résolution des incompatibilités. Les
changements sociaux, économiques et technologiques rapides peuvent rendre
obsolètes certaines dispositions, sans mécanisme clair pour les mettre à jour. Cette
lacune limite la capacité du système à s'adapter de manière agile aux évolutions et à
éviter les conflits inutiles.

En conclusion, l'insuffisance des mécanismes de résolution des incompatibilités, en


raison de lacunes dans les dispositions textuelles, souligne la nécessité d'une réflexion
approfondie et de réformes pour renforcer l'efficacité du système juridique OHADA.
La clarté, la précision et la flexibilité des mécanismes de résolution devraient être
renforcées pour garantir une harmonisation normative viable et cohérente au sein de
cette organisation régionale.

28
CHAPITRE 2 : UNE INFLUENCE LIMITÉE PAR LES
PRINCIPES FONDAMENTAUX DU DROIT DE
L’EXECUTION

L’exercice des voies d’exécution met en branle les droits fondamentaux du débiteur.
En effet, le moment des voies d’exécution, les méthodes employés ne peuvent se
manifester sans le respect des droits de la personne poursuivie. Ainsi le rôle du juge
en. La matière permet de protéger efficacement le débiteur et de s’assurer de
l’humanité des voies d’exécution. Ces poursuites sont contenues tant par les textes
internationaux que par certaines dispositions communautaires. Ces dispositions sont à
l’égard du juge, impératives (Section 1) Dans la même lancée, certains principes
éthiques et juridiques limitent le pouvoir du juge (Section 2)

Section 1 : L’obligation de se conformer aux droits fondamentaux


L’obligation de se conformer aux droits fondamentaux du débiteur a une multiplicité
de fondements (Paragraphe 1). Ces différents fondamentaux ont une influence
considérable sur les mesures d’exécution (Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Les fondements de l’obligation
Les fondements sont reliés tantôt à la primauté des droits fondamentaux dans
l’exécution (A) tantôt à la l’influence des conventions internationaux (B)
A- La primauté des droits fondamentaux dans le droit de l’exécution
La primauté des droits fondamentaux dans le droit de l'exécution au sein de l'OHADA
constitue un pilier essentiel, ancré dans les fondements même de cette organisation
juridique23. Cette prééminence découle de la reconnaissance explicite accordée aux
droits fondamentaux par les Actes Uniformes, érigeant ainsi ces droits en principes
directeurs du processus d'exécution.

23
Les droits fondamentaux sont prévus principalement par les instruments internationaux dont la declaration
Universelle des Droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques

29
L'OHADA24, consciente des enjeux liés aux droits fondamentaux, a consacré des
dispositions spécifiques dans ses Actes Uniformes pour garantir leur respect. Ces
dispositions reconnaissent la nécessité de concilier l'efficacité de l'exécution avec le
respect inconditionnel des droits individuels. La Cour Commune de Justice et
d'Arbitrage25, en tant qu'organe juridictionnel suprême de l'OHADA, a renforcé cette
primauté en rendant des arrêts qui consolident la protection des droits fondamentaux
face aux procédures d'exécution.
Au cœur de cette obligation se trouve le respect du droit à un procès équitable. Les
Actes Uniformes établissent des garanties procédurales visant à assurer que le débiteur
bénéficie d'une défense adéquate tout au long du processus d'exécution. Cette
approche se veut conforme aux standards internationaux des droits de l'homme,
illustrant l'engagement de l'OHADA en faveur d'une justice équilibrée et respectueuse
des droits individuels.
La primauté des droits fondamentaux influence également la détermination des
mesures coercitives. Les Actes Uniformes imposent une proportionnalité stricte entre
la gravité de la créance et les mesures d'exécution envisagées, préservant ainsi la
dignité et l'intégrité des personnes concernées. L'OHADA reconnaît ainsi le droit à la
vie privée, à la propriété et à la protection contre les traitements inhumains, constituant
autant de balises pour les autorités judiciaires et les huissiers dans le cadre des
procédures d'exécution.
En substance, la primauté des droits fondamentaux dans le droit de l'exécution au sein
de l'OHADA incarne l'équilibre subtil entre la nécessité de garantir l'efficacité des
procédures et le respect intransigeant des droits individuels. Cet équilibre,
méticuleusement établi par les Actes Uniformes et confirmé par la jurisprudence de la
CCJA, reflète l'engagement de l'OHADA envers une justice qui, tout en favorisant le
recouvrement des créances, demeure profondément ancrée dans les principes
fondamentaux du droit.

B- L’influence des conventions internationales


24
Organisation pour l’harmonisation en Afrique du Droit du des Affaires
25
CCJA

30
L'influence des conventions internationales ratifiées par les États membres de
l'OHADA exerce une empreinte significative sur le droit de l'exécution au sein de cette
organisation. Cette influence découle de l'engagement des États membres à respecter
les normes internationales en matière de droits de l'homme et de procédures
judiciaires.
La ratification de conventions telles que la Convention européenne des droits de
l'homme et la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples a élargi le cadre de
protection des droits fondamentaux au-delà des frontières de l'OHADA. Ces
instruments internationaux imposent aux États membres des obligations contraignantes
de respecter et de garantir les droits fondamentaux, y compris dans le contexte des
procédures d'exécution.26
L'OHADA, en reconnaissant la primauté de ces conventions internationales, intègre les
normes qu'elles établissent dans ses Actes Uniformes. Ainsi, les procédures
d'exécution prévues par l'OHADA sont modelées en considération des principes
énoncés dans ces instruments internationaux. Cette intégration vise à assurer une
cohérence entre le cadre juridique régional et les normes internationales en matière de
droits de l'homme.
La Cour Commune de Justice et d'Arbitrage27 joue un rôle central dans l'application de
ces conventions internationales. Elle a la compétence de s'assurer que les décisions des
juridictions nationales respectent les engagements internationaux des États membres.
Ainsi, elle sert de garant pour prévenir toute dérive incompatibile avec les normes
internationales relatives aux droits fondamentaux dans le processus d'exécution.

L'influence des conventions internationales s'étend également à des aspects spécifiques


du droit de l'exécution. Par exemple, la protection des droits économiques, sociaux et
culturels est souvent façonnée par des traités internationaux que les États membres ont
accepté de respecter. Ces engagements internationaux contribuent à équilibrer la
nécessité de l'exécution des obligations contractuelles avec le respect des droits
sociaux et économiques des parties impliquées.
26
V. CE Arrêt Saran
27
CCJA

31
En somme, l'influence des conventions internationales ratifiées par les États membres
de l'OHADA transcende les frontières nationales pour façonner le cadre juridique
régional. Cette influence reflète l'engagement de l'OHADA envers les normes
internationales en matière de droits de l'homme, renforçant ainsi la protection des
droits fondamentaux dans le contexte spécifique du droit de l'exécution au sein de cette
organisation.

Paragraphe 2 : Les implications de l’obligation


Le respect des obligations a pour conséquence de contraindre les parties aux respects
des droits fondamentaux dans le processus d’exécution (A). Cette obligation de
conformité est en réalité d’ordre public (B)
A- Les implications dans le processus d’exécution
L'effectivité des droits fondamentaux dans le processus d'exécution au sein de
l'OHADA constitue un impératif juridique visant à concilier l'efficacité des procédures
avec le respect inconditionnel des droits individuels. Cette exigence se manifeste à
travers divers mécanismes et garanties qui visent à assurer une mise en œuvre
équitable et équilibrée des décisions d'exécution.
Dans cette optique, le droit à un procès équitable se traduit dans les différentes étapes
du processus d'exécution. Les Actes Uniformes établissent des garanties procédurales
rigoureuses, telles que le droit à être entendu, le droit à la défense, et le droit à un
recours effectif. Ces éléments assurent que le débiteur bénéficie d'une protection
adéquate de ses droits tout au long des procédures d'exécution, conformément aux
normes internationales des droits de l'homme.
L'effectivité des droits se reflète également dans l'exigence de proportionnalité des
mesures coercitives. Les Actes Uniformes imposent une stricte corrélation entre la
gravité de la créance et les mesures d'exécution envisagées. Cette approche garantit
que les actions coercitives ne dépassent pas ce qui est nécessaire pour atteindre
l'objectif d'exécution, préservant ainsi la dignité et les droits fondamentaux du
débiteur.

32
Par ailleurs, l'OHADA, à travers la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (CCJA),
joue un rôle crucial dans l'assurance de l'effectivité des droits dans le processus
d'exécution. En tant qu'organe suprême, la CCJA veille à ce que les juridictions
nationales respectent les garanties fondamentales, intervenant si nécessaire pour
prévenir toute violation des droits fondamentaux dans les procédures d'exécution.
L'effectivité des droits est également incarnée dans la reconnaissance de la nécessité de
l'interprétation conforme des Actes Uniformes avec les normes internationales des
droits de l'homme28. Cette harmonisation vise à garantir une cohérence entre le cadre
juridique régional et les engagements internationaux des États membres, renforçant
ainsi la protection des droits individuels dans le contexte spécifique du droit de
l'exécution.
En conclusion, l'effectivité des droits fondamentaux dans le processus d'exécution au
sein de l'OHADA s'articule autour de mécanismes juridiques et procéduraux visant à
équilibrer les impératifs d'efficacité avec le respect inconditionnel des droits
individuels29. Cette approche démontre l'engagement de l'OHADA envers une justice
équitable et équilibrée, où l'exécution des décisions s'opère dans le respect scrupuleux
des droits fondamentaux de toutes les parties concernées.

B- Les limites d’ordre public

Les limites d'ordre public dans le contexte du droit de l'exécution au sein de l'OHADA
représentent un équilibre délicat entre la réalisation des objectifs d'efficacité et le
respect des principes fondamentaux de justice30. Ces limites, bien que nécessaires pour
préserver l'ordre public, soulèvent des enjeux complexes et exigent une analyse
approfondie de leur impact sur les procédures d'exécution31.

Dans ce cadre, l'ordre public est invoqué pour justifier des restrictions ou des
dérogations aux règles normales du processus d'exécution. Les Actes Uniformes de
28
TAMEGHE, la protection du débiteur dans les procédures individuelles d’exécution, Coll, L’harmattan , p. 398
29
SELLERS, le droit uniforme africain des affaires de l’OHADA, Litec, 2004, p.82
30
AMEVI DE SAVA, la protection du créancier dans le droit uniforme de recouvrement des créances de
l’OHADA, Thèse, Doctorat, Droit Sorbonne, 2016
31
Plus largement, TCHANTCHOU, La supranationalité judiciaire dans le cadre de l’OHADA, thèse doctorat,
Poitiers 2008

33
l'OHADA reconnaissent cette notion et définissent des limites claires pour garantir que
les mesures coercitives ne transgressent pas les principes essentiels de la justice et de
la morale. L'une des limites d'ordre public concerne la protection de la dignité
humaine32. Les Actes Uniformes interdisent explicitement les mesures coercitives qui
pourraient porter atteinte de manière disproportionnée à la dignité du débiteur. Cette
limite vise à éviter toute forme de traitement inhumain ou dégradant, en conformité
avec les normes internationales des droits de l'homme33.

L‟exécution forcée relève de la souveraineté de chaque Etat qui, en vertu du principe


de la territorialité du pouvoir de contrainte détient le monopole de la force sur son
territoire. D‟après ce principe, seules les autorités désignées par un Etat sont habilitées
à autoriser ou à exercer sur son territoire les actes de contrainte en vue de l‟exécution
d‟un titre exécutoire. Ce principe implique également que l‟exécution forcée s‟exerce
sur le territoire d‟un Etat uniquement si le débiteur y possède des biens et selon les
procédures prévues par cet Etat.34

D‟une part, les Etats se réservent le droit de donner ou non, selon des critères définis,
force exécutoire aux titres étrangers. D‟autre part, le droit au concours de la Force

Publique en vue de l‟exécution du titre exécutoire posé par l‟arrêt Couitéas et

confirmé par le législateur a pour fondement la protection de l‟ordre public. Ce


concours de la Force Publique permet de supprimer le trouble que l‟inexécution ou
l‟exécution tardive d‟un titre exécutoire peut causer à l‟ordre public

Mais l’obligation qui pèse sur l‟autorité de police administrative est tempérée par une
autre obligation consacrée toujours par l‟arrêt Couitéas35. Le principe de la séparation
des autorités administratives et judiciaires qui accorde aux premiers un pouvoir
d’appréciation des conditions de l‟exécution forcée

32
COUCHEZ, voies d’exécution, 2e ed., Éditions Sirey, p.287
33
V. Art. 5 de la DUDH
34
ETEKA, La charte africaine des Droits de l’homme et des peuples, Coll. Logiques juridique, L’harmattan, p.92
35
CE Arrêt Couiteas

34
Se fondant sur l’ordre public, le juge de l’Etat dans lequel sont invoqués des actes et
décisions étrangers ainsi que les sentences arbitrales peut refuser de les reconnaître ou
de donner l‟exequatur. Il les neutralise. Sur le même fondement, les autorités
publiques peuvent refuser le concours de la Force Publique à une personne qui veut
faire exécuter un titre exécutoire

Une autre limite essentielle réside dans le respect du droit à la propriété. Bien que
l'exécution vise souvent à recouvrer des créances, les mesures coercitives ne doivent
pas excéder ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif. L'équilibre entre l'intérêt
du créancier à recouvrer sa créance et la protection du patrimoine du débiteur constitue
une limite fondamentale d'ordre public. L'ordre public intervient également dans la
préservation de l'équité et de l'équilibre des pouvoirs entre les parties. Les Actes
Uniformes exigent que les mesures coercitives soient appliquées de manière
impartiale, évitant ainsi toute utilisation abusive du pouvoir judiciaire en faveur d'une
partie au détriment de l'autre.

Cependant, la délimitation précise de ces limites d'ordre public peut être source de
débats et d'interprétations divergentes. Les tribunaux sont confrontés au défi de définir
les contours exacts de l'ordre public dans des situations spécifiques, ce qui peut
générer des incertitudes et des litiges.
En conclusion, les limites d'ordre public dans le droit de l'exécution au sein de
l'OHADA sont cruciales pour garantir l'équité, la justice et le respect des droits
fondamentaux. Toutefois, la définition précise de ces limites et leur application dans
des cas concrets nécessitent une attention particulière afin de maintenir un équilibre
entre la protection des intérêts légitimes des parties et le respect des valeurs
fondamentales de la société.

Section 2 : Une influence restreinte par des considérations juridique


Les considérations d’ordre juridiques sont plurales. Elles concernent tant les principes
éthiques limitant l’utilisation de mesures coercitives (Paragraphe 1) que

35
l’harmonisation imposée des principes éthiques avec le droit de l’exécution
(Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Des principes éthiques limitant l’utilisation de mesures coercitives
L’utilisation des mesures doit l’être de manière proportionnelle (A) et suivant les
principes d’humanité et de dignité (B)
A- L’impératif de proportionnalité dans les mesures
L'impératif de proportionnalité dans les mesures coercitives au sein de l'OHADA
constitue une pierre angulaire, dictant la nécessité de maintenir un équilibre judicieux
entre la poursuite des objectifs d'exécution et la protection des droits individuels. Cette
exigence repose sur le principe éthique fondamental selon lequel les moyens utilisés
pour atteindre un objectif donné doivent être proportionnés à la finalité recherchée.
Dans le contexte de l'exécution, la proportionnalité s'impose comme une limitation
éthique cruciale pour garantir que les mesures coercitives ne dépassent pas ce qui est
strictement nécessaire pour réaliser l'objectif de recouvrement des créances. Les Actes
Uniformes de l'OHADA embrassent cette notion en intégrant des mécanismes et des
garde-fous visant à prévenir tout excès dans l'utilisation de ces mesures36.
Une composante essentielle de l'impératif de proportionnalité réside dans l'évaluation
minutieuse de la gravité de la créance par rapport aux conséquences des mesures
coercitives. Les tribunaux de l'OHADA sont tenus d'apprécier la situation financière
du débiteur, les implications potentielles des mesures coercitives sur sa vie
professionnelle et personnelle, ainsi que d'autres circonstances pertinentes. Cette
approche délicate vise à éviter des sanctions excessives qui pourraient compromettre la
dignité et les droits fondamentaux du débiteur.
En outre, l'impératif de proportionnalité trouve une application concrète dans la
sélection des mesures coercitives elles-mêmes. Les Actes Uniformes préconisent que
les autorités judiciaires optent pour des mesures proportionnées à la nature et à
l'ampleur de la créance, écartant ainsi les mesures excessives ou humiliantes. Cette
approche reflète la préoccupation éthique de préserver la dignité du débiteur tout en
permettant une exécution effective des obligations contractuelles.

36
SELMER, Introduction générale au droit, 2e éd., Dalloz, 1994,p.36

36
L'évaluation de la proportionnalité s'étend également aux conséquences potentielles
des mesures coercitives sur les tiers37. Les tribunaux de l'OHADA sont appelés à tenir
compte des impacts collatéraux sur des tiers innocents qui pourraient être affectés par
ces mesures. Cette considération éthique vise à éviter des préjudices disproportionnés
à des tiers non impliqués dans le litige.
En somme, l'impératif de proportionnalité dans les mesures coercitives au sein de
l'OHADA constitue un principe éthique essentiel, ancré dans la conviction que
l'exécution des obligations contractuelles doit s'opérer dans le respect scrupuleux des
droits fondamentaux. Cette approche éthique contribue à maintenir un équilibre délicat
entre l'efficacité des procédures d'exécution et la protection éthique des parties
impliquées.

B- Les principes d’humanité et de dignité dans le processus d’exécution

Les principes d'humanité et de dignité occupent une place prépondérante dans le


processus d'exécution au sein de l'OHADA, illustrant l'engagement profond envers la
protection des droits fondamentaux des individus impliqués. Ces principes éthiques
guident les autorités judiciaires et les huissiers dans l'application des mesures
coercitives, cherchant à concilier la nécessité d'exécution avec le respect intransigeant
de la dignité humaine.
L'OHADA, à travers ses Actes Uniformes, reconnaît explicitement ces principes en
tant que fondements essentiels du processus d'exécution. Le respect de la dignité
humaine se matérialise d'abord dans la prévention de toute forme de traitement
inhumain ou dégradant. Les tribunaux de l'OHADA sont tenus d'éviter des mesures
coercitives qui pourraient porter atteinte à la dignité du débiteur, consolidant ainsi une
protection éthique fondamentale.
Un aspect crucial de ces principes réside dans la nécessité de garantir des conditions de
vie minimales, même en période d'exécution. Les mesures coercitives ne doivent pas
compromettre de manière disproportionnée le bien-être du débiteur, conformément à
l'éthique de l'OHADA qui proscrit toute forme de punition cruelle ou inhumaine. Cette

37
GUINCHARD, Procedure civile, 26e ed., Dalloz, Paris, 2001, p.299

37
approche éthique cherche à préserver la dignité du débiteur, même dans des situations
de difficultés financières.
Les tribunaux de l'OHADA sont appelés à considérer les aspects humains et
personnels du débiteur lors de l'exécution. L'évaluation de la situation financière,
familiale et professionnelle du débiteur devient un impératif éthique pour déterminer la
proportionnalité des mesures coercitives. Cette approche individualisée s'aligne sur le
respect de la dignité humaine en évitant des sanctions arbitraires et excessives.
En outre, les principes d'humanité et de dignité trouvent une expression concrète dans
la limitation des mesures coercitives susceptibles d'affecter les besoins essentiels du
débiteur38. L'OHADA vise à éviter des situations où les mesures coercitives pourraient
compromettre l'accès du débiteur à des éléments vitaux tels que le logement, la
nourriture et la santé. Cette préoccupation éthique contribue à maintenir un équilibre
entre la poursuite des objectifs d'exécution et la préservation des droits fondamentaux
liés à la dignité humaine.
En conclusion, les principes d'humanité et de dignité dans le processus d'exécution au
sein de l'OHADA incarnent une approche éthique fondamentale qui vise à assurer que
même en situation de conflit, les droits fondamentaux des individus demeurent intacts.
Cette approche éthique contribue à instaurer un cadre d'exécution respectueux de la
dignité humaine, conciliant ainsi l'efficacité des procédures avec une vision éthique
profondément enracinée dans le respect de la personne.

Paragraphe 2 : L’harmonisation imposé des principes éthiques avec les impératifs


d’exécution
L’interprétation des dispositions communautaires doit l’être conformément aux
principes éthiques (A) lesquels peuvent représenter des défis dans le contexte
économique (B)
A- La nécessité d’une interprétation conforme aux principes éthiques
La nécessité d'une interprétation conforme aux principes éthiques dans le processus
d'exécution au sein de l'OHADA témoigne d'une volonté d'harmonisation entre les
impératifs d'exécution des obligations contractuelles et les valeurs éthiques

38
CLARABAG « L’exécution des décisions de justice » Receuil Dalloz, 1947, n°22

38
fondamentales. Cette démarche reflète la conviction profonde que l'efficacité des
procédures ne doit pas se faire au détriment des principes éthiques, mais plutôt dans le
respect de ceux-ci.
Dans cette perspective, les Actes Uniformes de l'OHADA intègrent une approche qui
exhorte les autorités judiciaires à interpréter les dispositions relatives à l'exécution de
manière à préserver les valeurs éthiques inhérentes au système juridique. L'objectif est
d'assurer que les mesures coercitives restent en conformité avec les normes éthiques
tout en favorisant une exécution effective des obligations.
L'OHADA, en reconnaissant la nécessité d'une interprétation conforme aux principes
éthiques, souligne l'importance de préserver la dignité humaine, d'éviter tout traitement
inhumain ou dégradant, et de garantir une juste protection des droits fondamentaux.
Cette approche implique que les décisions relatives à l'exécution doivent être guidées
par une éthique qui respecte la personne, même dans le contexte contraignant d'une
procédure d'exécution. Le rôle central des tribunaux de l'OHADA dans cette
harmonisation se matérialise à travers l'obligation d'assurer une interprétation des
Actes Uniformes qui soit en cohérence avec les valeurs éthiques énoncées. Cette
approche préventive vise à éviter toute interprétation excessive des dispositions
d'exécution qui pourrait conduire à des conséquences contraires aux principes
éthiques, tout en garantissant la réalisation des objectifs d'exécution.

La nécessité d'une interprétation conforme aux principes éthiques se manifeste


également dans le souci de maintenir l'équilibre entre l'efficacité du recouvrement des
créances et le respect des droits individuels. Les tribunaux sont appelés à rechercher
des solutions qui permettent d'atteindre les objectifs d'exécution sans perdre de vue les
valeurs éthiques fondamentales.

En conclusion, la nécessité d'une interprétation conforme aux principes éthiques dans


le processus d'exécution au sein de l'OHADA illustre l'engagement envers une justice
qui, tout en favorisant l'efficacité, demeure profondément ancrée dans les valeurs
éthiques et le respect des droits fondamentaux. Cette approche témoigne de la volonté

39
de concilier les impératifs pratiques d'exécution avec une vision éthique qui place
l'humain au cœur du système juridique.

B- Les défis de la conciliation des principes éthiques et des réalités


économiques

Les défis de la conciliation des principes éthiques et des réalités économiques dans le
contexte du processus d'exécution au sein de l'OHADA mettent en lumière les tensions
inhérentes entre la nécessité de respecter les droits fondamentaux et l'impératif
économique de garantir l'efficacité des procédures.
Dans cette dynamique, l'un des défis majeurs réside dans la pression économique
exercée sur les créanciers pour recouvrer rapidement leurs créances. Les impératifs
économiques, notamment la rapidité du recouvrement, peuvent conduire à des
décisions d'exécution qui, bien que conformes aux réalités économiques, risquent de
compromettre les principes éthiques fondamentaux. La tentation d'adopter des mesures
coercitives plus sévères pour accélérer le processus peut entraîner des conflits avec les
principes éthiques, mettant en danger la protection des droits individuels.
Un autre défi émerge de la nécessité d'éviter une surcharge financière excessive sur les
débiteurs. Les contraintes économiques des débiteurs peuvent entrer en conflit avec les
mesures coercitives nécessaires pour le recouvrement. La recherche d'un équilibre
entre la réalité économique des débiteurs et la nécessité de recouvrer les créances peut
susciter des dilemmes éthiques complexes.

Par ailleurs, les défis se manifestent dans la possibilité de certaines entreprises de


contourner les mesures d'exécution en utilisant des mécanismes financiers
sophistiqués. Ces stratégies économiques peuvent rendre difficile l'application
effective des mesures coercitives, remettant en question l'équité du processus et créant
des défis pour la conciliation des impératifs économiques avec les principes éthiques.
La conciliation des principes éthiques et des réalités économiques est également
confrontée au défi de l'uniformité dans l'application des Actes Uniformes. Les
disparités économiques entre les États membres de l'OHADA peuvent rendre

40
complexe l'adoption de mesures d'exécution cohérentes, soulevant ainsi des questions
quant à l'équité dans le traitement des parties impliquées.

En conclusion, les défis de la conciliation des principes éthiques et des réalités


économiques dans le processus d'exécution au sein de l'OHADA soulignent la
complexité inhérente à l'intersection du droit et de l'économie. Trouver un équilibre
juste entre les impératifs économiques et les principes éthiques demeure un défi
constant, exigeant une réflexion approfondie sur la manière de concilier efficacement
la réalisation des objectifs économiques avec le respect des droits fondamentaux des
parties impliquées.

41
PARTIE 2 : UNE INFLUENCE ENTRAVÉE PAR
DES OBSTACLES PRATIQUE

42
Le premier chapitre de cette partie met en lumière les défis temporels et formels qui
entravent l'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit OHADA. Ces
défis, inhérents au processus même d'exécution, contribuent à limiter la capacité du juge à
exercer un contrôle direct sur le déroulement des procédures.
Sur le plan temporel, les délais fixés par les normes OHADA créent une contrainte
significative. Le juge doit composer avec des échéances strictes, réduisant sa marge de
manœuvre pour ajuster le rythme de l'exécution en fonction des circonstances spécifiques
de chaque affaire. Ces contraintes temporelles peuvent également limiter la possibilité
d'un examen minutieux des cas, entravant ainsi la capacité du juge à apporter des
ajustements adaptés aux situations particulières.
Par ailleurs, les obstacles formels, tels que la complexité des procédures et la
documentation requise, représentent un défi supplémentaire. Le juge, bien qu'essentiel
dans le processus d'exécution, doit naviguer à travers des exigences formelles strictes,
limitant sa flexibilité dans la gestion des affaires. Ces obstacles formels peuvent parfois
engendrer des retards, entravant ainsi la réactivité du système judiciaire face aux réalités
changeantes des cas individuels (CHAPITRE 1)
Le deuxième chapitre de cette section examine les implications des ressources limitées sur
l'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit OHADA. Les
contraintes budgétaires et les capacités opérationnelles restreintes peuvent
considérablement entraver le rôle du juge au sein de ce contexte juridique. Les ressources
financières limitées affectent directement l'infrastructure judiciaire, compromettant la
mise en œuvre efficiente des procédures d'exécution. Les tribunaux peuvent être
confrontés à des défis tels que le manque de personnel qualifié, des retards dans
l'acquisition de technologies nécessaires, et des contraintes liées à la formation continue

43
du personnel judiciaire. Ces facteurs entravent la capacité du juge à assurer une gestion
optimale des voies d'exécution, créant des obstacles opérationnels significatifs. De plus,
les ressources en termes de temps et de personnel peuvent être insuffisantes pour traiter un
volume croissant d'affaires, engendrant des retards et une congestion des tribunaux. Cette
pression sur les ressources disponibles limite la flexibilité du juge, le contraignant à opérer
dans des conditions parfois suboptimales, ce qui impacte directement son pouvoir
d'influence sur le processus d'exécution (CHAPITRE 2)

CHAPITRE 1 : LES DÉFIS FORMELLES A L’INFLUENCE DU


JUGE

Les défis temporels et formels dans le contexte des voies de recours et des aspects
dilatoires imposent des contraintes substantielles au système judiciaire en droit
OHADA. La section suivante explore ces limites, mettant en lumière les complexités
inhérentes qui compromettent la gestion efficiente des voies d'exécution. La nature des
voies de recours disponibles constitue une première limite. Bien que ces mécanismes
soient essentiels pour garantir une justice équitable, ils peuvent être exploités de
manière dilatoire. Les parties insatisfaites d'une décision peuvent engager des appels
successifs, prolongeant ainsi la résolution définitive du litige. Cette multiplicité de
recours introduit des retards significatifs, rendant difficile la prédictibilité du processus
d'exécution (section 1)
L'influence des délais légaux et la complexité des procédures représentent une autre
facette des défis temporels et formels dans le cadre des voies d'exécution en droit
OHADA. Les délais légaux, bien qu'intentionnellement établis pour assurer une
certaine célérité dans le processus judiciaire, peuvent devenir une contrainte
paradoxale (Section 2)

Section 1 : Une limitation des voies de recours disponibles


Les voies de recours disponibles s’avèrent insuffisantes dans l’influence du juge dans
l’exercice des voies de recours disponibles (Paragraphe 1) mais en plus, les stratégies

44
dilatoires peuvent avoir une influence considérable sur le cours de la procédure
(Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : L’insuffisance des voies de recours
Les voies de recours en la matière sont suivant les dispositions de l’acte uniforme, la
juridiction présidentielle. Pourtant dans la pratique cette juridiction s’avère très
imprécise (A) mais en plus les mécanismes de pouvoirs en cassation et d’appel sont
aussi limités (B).

A- L’imprécision de voies de recours spécialisées

L'article 4939 institutionnalise un juge de l'exécution. En droit camerounais, si


l'ensemble de la doctrine était unanime sur le point que la juridiction prévue à l'article
49 était une juridiction présidentielle, la controverse est née à propos de la qualité en
vertu de laquelle celui-ci devait statuer pour régler le contentieux de l'exécution forcée
mobilière. La question restait posée de savoir s'il devait officier en tant que juge des
référés tel que connu dans la quasi-totalité de l'organisation judiciaire des États de
l’OHADA ou alors en tant qu'un juge de l'exécution autonome. Ce sont les deux
principales thèses en présence. Une troisième opinion s'est faite jour à la suite

La première thèse, majoritaire il faut le dire, assimile purement et simplement la


juridiction de l'article 49 à la juridiction des référés. Elle réalise pour ainsi dire une
confusion entre le juge institué par l'article 49 et le juge des référés.

Elle est soutenue par de nombreux auteurs, des universitaires et des praticiens du droit,
appuyés en cela par la jurisprudence tant des juridictions nationales que de la CCJA
Position du reste confortée par un avis de la CCJA rendu en ce sens40.
39
Art.49 AUVE
40
Consultée sur la question de la compétence de la juridiction des urgences à connaître des cas de nullité
affectant un acte de dénonciation de saisie avec assignation en validité de celle-ci, elle répond en effet : « De
l'interprétation combinée des articles 49, 62, 63, 68 et 144 à 146 de l'Acte uniforme portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution, il résulte que la juridiction des urgences telle
que déterminée par l'organisation judiciaire de chaque Etat membre de l'OHADA est compétente pour
connaître des cas de nullité affectant un acte de dénonciation de saisie avec assignation en validité de celle-ci ».

45
A l'intérieur même de cette thèse, deux autres tendances sont nées. La première estime
que la juridiction visée à l'article 49 est le juge des référés classique avec des pouvoirs
aux limites définies par l'article 182 du CPCC à savoir l'interdiction de préjudicier au
principal et l'absence de contestations sérieuses C'est la thèse dite de l'assimilation sans
nuance du juge de l'urgence OHADA au juge des référés. Tel semble également être
l'avis du Professeur ISSA-SAYEGH

Pour la seconde, l'Acte uniforme a conféré au juge des référés des pouvoirs
spécialement étendus qui font de lui un juge de fond dans le contentieux des saisies.
Plus simplement, le nouveau texte transformerait en une compétence principale une
compétence exceptionnelle du PTPI statuant en matière de référé, lui ajoutant ainsi une
attribution nouvelle C'est la thèse dite de l'assimilation nuancée

Dans l'un comme dans l'autre cas, les arguments développés ci et là sont presque les
mêmes41. Cette construction a cependant fait l'objet de nombreuses critiques qui ont
contribué peu à peu à l'émergence de la thèse accréditée qui voit plutôt en la juridiction
visée à l'article 49 un juge autonome.

Sans lui denier le statut de juridiction présidentielle c'est-à-dire un tribunal spécial dont
les compétences sont exercées par un seul magistrat, la seconde des thèses soutient que
le juge institué à l'article 49 est un juge spécial distinct du juge des référés : le juge de
l'exécution.

Ainsi, selon ses défenseurs, l'article 49 investit le PTPI des fonctions de juge de
l'exécution ; la célérité de la procédure, l'exclusion de l'opposition comme voie de
recours et le délai d'appel identique prévus tant par ce texte que par les articles 182 et
suivants du CPCC ne sont que des coïncidences trompeuses qui ne devraient pas

41
Pour l'essentiel, il est excipé le fait que la juridiction compétente pour statuer en matière d'urgence
correspond en droit positif camerounais à la juridiction des référés, unique instance de juridiction contentieuse
dont l'urgence constitue de manière générale une condition positive de la compétence. Et partant, le
législateur confie donc la charge pour régler le contentieux des saisies mobilières au président de cette
juridiction qui se trouve être le président du Tribunal de Première Instance, le tout par des exercices
d'interprétation des articles 182 et suivants, 291 et 292 CPCC et 13 al.2 de l'ordonnance n°72/4 du 26 août
1972 modifiée.

46
conduire à la confusion entre la juridiction des référés et la nouvelle juridiction de
l'exécution

Plusieurs séries d'arguments sont invoquées par les partisans de cette thèse, soutenus
par la jurisprudence de plus en plus croissante pour remettre en cause l'assimilation du
juge des référés comme juge en charge de l'exécution. Ceux-ci mettent en lumière les
nombreuses différences qui existent entre ce juge de l'OHADA et le juge des référés.

D'abord, il a été objecté par une certaine doctrine, pour réfuter l'argument sus- évoqué
selon lequel la juridiction des urgences visée par l'article 49 de l'AUVE correspondrait
dans notre système judiciaire à la juridiction des référés dont compétence est attribuée
au PTPI, que le juge des référés n'est pas en droit positif camerounais l'unique juge de
l'urgence, mais un juge de l'urgence. Celui-ci peut du reste d'ailleurs statuer en dehors
de toute urgence.

Selon son défenseur en effet, il en existerait d'autres qui en pareilles circonstances


peuvent vider le fond de leur saisine avec plus ou moins de célérité. Il s'agit du tribunal
coutumier, du tribunal de premier degré, du tribunal de première instance et du tribunal
de grande instance. Ce qui est d'autant plus vrai que l'article 298 in fine fait obligation
au tribunal compétent en matière d'incidents de saisie immobilière de juger les affaires
d'urgence. Or, il a été précédemment relevé que le tribunal compétent en matière de
litiges relatifs à une saisie immobilière est le TGI

Cette insuffisance se manifeste particulièrement dans les cas d'opposition à l'exécution.


Les parties se trouvent confrontées à un recours général, souvent conçu pour des litiges
plus larges, et peuvent éprouver des difficultés à présenter des arguments spécifiques à
la phase d'exécution. Cette situation compromet le droit à une défense pleine et entière,
élément fondamental de l'équité procédurale.

De plus, l'absence de voies de recours spécialisées contribue à la prolongation des


procédures d'exécution, car les parties sont contraintes d'utiliser des mécanismes
génériques, nécessitant souvent des adaptations procédurales complexes. Cette

47
complexité accroît les délais et s'oppose à l'objectif d'une exécution rapide et
efficiente.
Pour remédier à cette lacune, une réflexion approfondie est nécessaire afin d'introduire
des voies de recours spécifiques dédiées aux contestations relatives à l'exécution. Ceci
pourrait inclure la création de chambres spécialisées au sein des tribunaux, dotées de
compétences spécifiques pour traiter efficacement les litiges liés à cette phase du
processus judiciaire.

B- Les limites des mécanismes d’appel et de pourvois en cassation


Les limites des mécanismes d'appel et de pourvoi en cassation au sein de l'OHADA
constituent un défi majeur dans le contexte de l'exécution des décisions judiciaires.
Ces mécanismes, bien qu'essentiels pour assurer la protection des droits des parties,
présentent des contraintes temporelles et procédurales qui peuvent entraver la célérité
et l'efficacité du processus d'exécution42.

L'appel, en tant que mécanisme de contestation, se heurte à des limites temporelles


significatives. Les délais stricts imposés pour interjeter appel restreignent la capacité
des parties à réagir promptement en cas de désaccord avec une décision d'exécution.
Cette contrainte temporelle peut être particulièrement préjudiciable43 dans des
situations d'urgence où la rapidité d'action est cruciale44.

La demande des défenses à l'exécution provisoire constitue l'unique moyen par lequel
le débiteur peut contester une décision ayant ordonné l'exécution provisoire devant la
Cour d'appel. Elle est introduite par simple requête adressée au président de la Cour
d'appel et n'est recevable qu'autant que l'appel a été exercé. Elle doit être notifiée à
l'adversaire dans les cinq jours qui suivent l'enregistrement par le greffier qui délivre
au requérant un certificat de dépôt.

La simple notification de ce certificat de dépôt de la requête aux fins de défenses à la


partie adverse suspend immédiatement et ce sans délai, l'exécution même commencée
42
DABIN, Le droit subjectif, Paris, Dalloz, 1952, p.73
43
OST, Dire le droit, faire la justice, Bruxelles, Bruylant « penser le droit », 2007, p.18
44
GUICNARD, Droit et pratique de la procedure civile, Paris, Dalloz-Action, 5e ed., p.28

48
de la décision attaquée jusqu'à l'intervention de l'arrêt de la juridiction d'appel, rendue
après réquisitions du procureur général, accordant ou rejetant les défenses sollicitées.

Et à ce propos, la loi de 1992 enseigne qu'il est des cas dans lesquels les défenses
sollicitées sont obligatoirement obtenues et ceux dans lesquels elles peuvent être
rejetées.

D'après l'article 4 de la loi du 14 août 1992 précitée, « lorsque l'exécution provisoire


n'est pas de droit et qu'elle a été prononcée en dehors des cas prévus à l'article 3 ci-
dessus, la Cour d'appel, sur la demande de la partie appelante, ordonne les défenses à
exécution provisoire de la décision ».

De cette disposition, on en déduit aisément que pour que soient ordonnées les défenses
à l'exécution provisoire, de deux choses, l'une :

- l'exécution provisoire n'est pas de droit ;

- l'exécution provisoire a été prononcée en dehors des cas prévus par la loi. A la vérité,
l'article 3 visé prévoit en fait deux hypothèses : soit que l'exécution provisoire ait été
ordonnée par une décision rendue par défaut, soit qu'elle ait été prononcée en dehors
des matières énumérées. Pour mémoire les cas dont s'agit sont notamment les créances
alimentaires, les créances contractuelles exigibles, les salaires non contestés, les
réparations des dommages résultant des atteintes à l'intégrité physique (pour les frais
de transport ou de transfert, les frais pharmaceutiques, médicaux ou d'hospitalisation
exclusivement) et les cas d'expulsion fondée sur un titre foncier ou sur un bail écrit
assorti d'une clause résolutoire dont les conditions sont réunies.

Dans l'un ou l'autre cas, le président de la Cour d'appel est comme tenu d'accorder les
défenses. Il s'agirait même selon toute vraisemblance d'une sorte de compétence liée.
Dans le cas contraire, les défenses à exécution provisoire ont de fortes chances d'être
rejetées.

Il ressort clairement de l'article 4 alinéa 2 de la loi de 1992 que lorsque l'exécution


provisoire est de droit ou lorsqu'elle est fondée sur un des cas prévus à l'article 3 du

49
même texte, la Cour d'appel rejette la demande en défenses à exécution provisoire si
ladite demande a un caractère manifestement dilatoire.

Ainsi, le rejet des défenses sollicitées présente un caractère facultatif pour le juge qui
garde en réserve la possibilité de les ordonner. Il va de soi que ce pouvoir s'exercera au
cas par cas où il reviendra en définitive au juge d'apprécier souverainement le
caractère manifestement dilatoire de la demande de défenses à exécution provisoire.

En doctrine, la question de la suspension de l'exécution provisoire de plein droit était


discutée. Pour autant, il est acquis aujourd'hui en jurisprudence que ces ordonnances
peuvent faire l'objet des défenses sollicitées

Quoi qu'il en soit, la décision de la Cour d'appel portant sur les défenses peut faire
l'objet de recours devant la Cour Suprême.

De plus, les procédures d'appel peuvent introduire des retards considérables dans le
processus d'exécution. Les étapes successives, de la préparation du dossier d'appel à
l'audience devant la juridiction d'appel, contribuent à allonger la durée globale de
l'exécution. Ce prolongement peut avoir des répercussions néfastes sur la réalisation
des objectifs économiques sous-jacents aux décisions judiciaires45.

Par ailleurs, la complexité des procédures d'appel et de pourvoi en cassation peut


décourager l'accès à ces mécanismes pour des parties ne disposant pas de ressources
juridiques considérables. Les formalités et les exigences documentaires peuvent
constituer des obstacles majeurs, créant ainsi des inégalités dans l'accès à la justice et
limitant la capacité de certaines parties à faire valoir leurs droits.
En conclusion, les limites des mécanismes d'appel et de pourvoi en cassation dans le
cadre de l'OHADA soulignent la nécessité d'une réflexion approfondie sur l'efficacité
de ces voies de recours dans le contexte spécifique de l'exécution. Des ajustements
45
En ce qui concerne le pourvoi en cassation, bien qu'il constitue un moyen de contrôle des décisions
judiciaires, ses limites résident dans sa portée restreinte. La cassation se focalise principalement sur des
questions de droit, excluant souvent une réévaluation approfondie des faits. Cette limitation peut
compromettre la capacité des parties à contester des éléments factuels pertinents dans le contexte de
l'exécution.

50
visant à équilibrer la protection des droits avec la rapidité d'action sont essentiels pour
garantir un processus d'exécution équitable, efficient et accessible à toutes les parties
concernées.

Paragraphe 2 : Les stratégies dilatoires et leur effet sur la célérité de l’exécution


Les stratégies dilatoires ne peuvent être éviter dans le cadre procédural. Les parties
peuvent manipuler les délais excessifs (A) d’un autre côté, les cas de recours abusifs
ne sont pas a exclure (B)
A- La manipulation procédurale : des délais excessifs
La manipulation procédurale, caractérisée par l'utilisation de stratégies dilatoires visant
à prolonger délibérément les procédures, constitue un défi majeur pour la célérité de
l'exécution au sein de l'OHADA. Cette pratique peut avoir des implications
significatives sur l'efficacité du processus judiciaire, créant des retards inutiles et
entravant la réalisation rapide des objectifs d'exécution.
Une des stratégies dilatoires les plus couramment observées est l'abus des possibilités
de contestation procédurale. Les parties peuvent recourir à une série d'objections, de
requêtes et d'exceptions, prolongeant ainsi les délais en créant des débats complexes et
en multipliant les étapes procédurales. Cette manipulation vise à détourner l'attention
du fond du litige, retardant ainsi l'issue finale de l'exécution46.

Traditionnellement, il est admis que si le débiteur ne peut forcer le créancier à recevoir


en partie le paiement d'une dette, même divisible, il peut néanmoins obtenir des délais
de grâce, entendons par là le report ou l'échelonnement du paiement des sommes dues
que le juge peut accorder compte tenu de la situation du débiteur et en considération
des besoins du créancier

C'est la substance même de l'article 39 de l'AUVE qui, reprenant en la matière les


dispositions de l'article 1244 du code civil dispose notamment en son alinéa

46
La complexité des procédures d'exécution offre souvent des opportunités pour une manipulation
procédurale efficace. La diversité des étapes, des formalités et des exigences documentaires peut être
exploitée pour introduire des contestations incessantes, parfois sans fondement substantiel. Ces manœuvres
dilatoires peuvent engendrer des litiges secondaires qui détournent les ressources judiciaires de l'objectif
principal d'une exécution rapide.

51
2 : « Toutefois, compte tenu de la situation du débiteur et en considération des besoins
du créancier, la juridiction compétente peut, sauf pour les dettes d'aliments et les
dettes cambiaires, reporter ou échelonner le paiement des sommes dues dans la limite
d'une année. Elle peut également décider que les paiements s'imputeront d'abord sur
le capital ».

Instaurée ainsi par l'Acte uniforme, cette règle s'avère incontestablement protectrice
des intérêts du débiteur en ce sens qu'elle lui procure un certain répit47. Ce qui par
ricochet constitue une limite au droit du créancier d'obtenir rapidement le paiement de
ce qui lui est dû. C'est qu'en effet, ces délais lorsqu'ils sont octroyés ont pour effet
principal de suspendre les procédures de saisie. Le créancier nanti d'une créance
liquide et exigible perd ainsi le droit de recourir aux mesures d'exécution. C'est ce qui
explique que le législateur ait strictement réglementé l'institution dans son domaine et
sa durée48

. De plus, la multiplication des recours et des contestations peut entraîner des


surcharges pour les tribunaux, contribuant ainsi à une congestion du système
judiciaire.
Pour contrer ces stratégies dilatoires, il est impératif de mettre en place des
mécanismes efficaces de prévention et de sanction. Cela peut inclure des règles de
procédure strictes, des sanctions pour usage abusif des recours et des mécanismes
permettant une gestion efficace des litiges secondaires. En renforçant la discipline
procédurale, on peut contribuer à rétablir l'équilibre entre la protection des droits des
parties et la nécessité d'une exécution rapide et efficace.

B- Les recours abusifs et leur impact sur la procédure


Les recours abusifs, en tant que pratiques visant à utiliser de manière excessive les
mécanismes de contestation juridique, ont un impact significatif sur la procédure
d'exécution au sein de l'OHADA. Ces manœuvres, souvent déployées dans le but de

47
GUICHARD, droit et pratique des voies d’exécution, Paris, Dalloz-Action, 5e éd.2006-2007. p.298
48
En ce sens, Julien (P), voies d’exécution et procédures de distribution, Paris, LGDJ, 2000.

52
retarder, entraver ou détourner le processus, peuvent compromettre sérieusement la
réalisation rapide des objectifs judiciaires et économiques.
L'un des impacts majeurs des recours abusifs réside dans la multiplication des étapes
procédurales. Les parties, en faisant un usage excessif des voies de recours
disponibles, prolongent délibérément la durée du litige. Cette multiplication des
étapes, souvent redondante, engendre des délais supplémentaires, contribuant à la
congestion des tribunaux et entravant la fluidité de la procédure d'exécution. Les
recours abusifs peuvent également exercer une pression financière injustifiée sur les
parties adverses. En multipliant les contestations, les parties cherchent parfois à
épuiser les ressources économiques de leurs opposants, forçant ainsi des compromis ou
des arrangements préjudiciables49. Cela peut aboutir à un détournement des objectifs
initiaux de l'exécution vers des considérations économiques et stratégiques,
compromettant la justice du processus50.

Pour contrer les recours abusifs, il est essentiel de renforcer les mécanismes de
contrôle et de sanction. Des sanctions appropriées, telles que des amendes ou des frais
de procédure supplémentaires, peuvent dissuader l'utilisation abusive des voies de
recours. En parallèle, la sensibilisation des parties aux conséquences de telles pratiques
peut contribuer à promouvoir une utilisation plus responsable des mécanismes de
contestation, favorisant ainsi une procédure d'exécution équitable, efficace et
respectueuse des principes de justice.

Section 2 : Une procédure d’exécution parfois complexe


Les délais prévus dans le cadre des voies d’exécution peuvent considérablement
restreindre les pouvoirs du juge (Paragraphe 1). Dans la même lancée la complexité de
la procédure peut conduire à limiter les pouvoirs du juge (Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : les délais prévus et la limitation des pouvoirs du juge

49
V.ROBIN, Procédures civiles d’exécution, Paris, Vuibert,2e ed., 2006, p.387
50
De plus, ces pratiques abusives créent un climat d'incertitude juridique. Les parties impliquées dans des
recours excessifs peuvent générer un sentiment d'instabilité, tant pour les créanciers que pour les débiteurs.
L'incertitude quant au dénouement final de la procédure peut affecter la confiance dans le système judiciaire et
peut avoir des répercussions néfastes sur l'exécution rapide et efficace des décisions.

53
Les délais imposent parfois des contraintes aux juges (A) mais mieux, les pouvoirs
discrétionnaires du juge sont très insuffisants (B)

A- Les contraintes imposées par les délais légaux


Les contraintes imposées par les délais légaux dans le cadre de l'exécution au sein de
l'OHADA constituent un élément essentiel à considérer, car ils influent directement sur
la temporalité et la conduite des procédures. Ces délais, bien que conçus pour instaurer
une discipline temporelle, peuvent également générer des contraintes qui limitent la
souplesse nécessaire pour assurer une exécution efficace.
Les délais légaux, en tant que cadre temporel imposé, sont souvent fixés de manière
générale sans tenir compte des spécificités de chaque affaire. Cette uniformité peut
entraîner des défis, car certaines affaires complexes ou nécessitant une expertise
particulière peut nécessiter un temps supplémentaire pour une analyse approfondie. La
rigidité des délais légaux peut ainsi se traduire par une réduction des délais réalistes
nécessaires à la prise de décision judiciaire éclairée.
Une autre contrainte résulte de la limitation des pouvoirs discrétionnaires du juge face
aux délais préétablis. La nécessité de respecter des échéances strictes peut conduire à
une prise de décision précipitée, compromettant ainsi la qualité de la décision rendue.
Les juges peuvent se sentir contraints par les délais imposés, limitant leur capacité à
mener des enquêtes approfondies ou à examiner de manière exhaustive les arguments
présentés.
Par ailleurs, la complexité des affaires peut intensifier les pressions liées aux délais
légaux. Les affaires impliquant des aspects techniques, financiers ou internationaux
peuvent nécessiter un examen approfondi, ce qui peut être incompatible avec les
échéances parfois restrictives. Cette complexité peut conduire à des décisions prises
sous pression, sans la délibération adéquate nécessaire à une justice équitable.
En conclusion, bien que les délais légaux visent à instaurer une gestion temporelle
efficace des procédures d'exécution, ils peuvent engendrer des contraintes et des défis.
Une réflexion approfondie sur la flexibilité des délais, en tenant compte des

54
spécificités de chaque affaire, pourrait contribuer à concilier la nécessité de rapidité
avec l'exigence fondamentale d'une justice équitable au sein de l'OHADA.

B- La limitation des pouvoirs discrétionnaires du juge face aux délais


préétablis

La limitation des pouvoirs discrétionnaires du juge face aux délais préétablis


représente une dimension cruciale dans le contexte de l'exécution au sein de
l'OHADA, influençant directement la qualité des décisions judiciaires et la réalisation
des objectifs du processus.
Les délais légaux, bien qu'intentionnés pour instaurer une gestion temporelle efficace,
peuvent parfois agir comme une contrainte rigide sur la latitude décisionnelle du juge.
La nécessité de respecter des échéances préétablies peut exercer une pression sur le
juge, l'obligeant à accélérer le processus décisionnel, parfois au détriment de l'analyse
approfondie et de la réflexion critique.
Cette contrainte temporelle peut être particulièrement problématique dans des affaires
complexes nécessitant une compréhension approfondie des faits, des questions
techniques ou financières. La limitation des pouvoirs discrétionnaires peut conduire à
des décisions superficielles, incapables de saisir pleinement la complexité des enjeux.
Ainsi, la qualité de la justice peut être compromise au profit de l'atteinte des délais
fixés.
La limitation des pouvoirs discrétionnaires du juge face aux délais préétablis peut
également créer des inégalités. Les affaires simples et directes peuvent bénéficier d'une
adaptation plus aisée aux échéances, tandis que les cas plus complexes, nécessitant une
attention particulière, peuvent souffrir de la rigidité des délais légaux. Cette disparité
dans le traitement des affaires peut compromettre le principe fondamental de l'égalité
devant la justice.
En outre, les délais préétablis peuvent influencer la gestion des audiences. Les
contraintes temporelles imposées peuvent entraîner une limitation du temps alloué à

55
chaque affaire, entravant ainsi la capacité du juge à poser des questions pertinentes, à
entendre toutes les parties de manière équitable et à prendre des décisions éclairées.
Pour remédier à cette limitation, il pourrait être bénéfique de permettre une certaine
flexibilité dans l'application des délais, en tenant compte de la complexité et de la
nature spécifique de chaque affaire. Cette approche pourrait garantir une justice plus
équitable et adaptée aux circonstances, préservant ainsi l'intégrité du processus
d'exécution au sein de l'OHADA.

Paragraphe 2 : La complexité des procédures et la limitation de l’office du juge


La complexité des procédures engendre la limitation de l’efficacité des procédures
dans la mesure ou les étapes procédurales sont multiples (A) mais en plus les
documents exigés sont excessifs (B)
A- Les problèmes liés à la multiplicité des étapes procédurales
Les problèmes liés à la multiplicité des étapes procédurales dans le contexte de la
complexité des procédures et la limitation de l'office du juge au sein de l'OHADA
soulèvent des défis substantiels pour la réalisation efficace des objectifs d'exécution.
L'accumulation d'étapes procédurales peut entraîner des retards significatifs et affecter
la capacité du juge à exercer pleinement son rôle.
La complexité des procédures, souvent exacerbée par la multiplicité des étapes, peut
entraver la célérité du processus judiciaire. Les nombreuses étapes, chacune associée à
des formalités spécifiques, peuvent créer des obstacles et des délais supplémentaires
pour les parties impliquées. La nécessité de suivre une séquence rigide d'actions
procédurales peut ainsi prolonger inutilement la durée totale de l'exécution.
De plus, la multiplicité des étapes peut contribuer à une fragmentation du processus
décisionnel51. Chaque étape, bien qu'individuellement justifiée, peut parfois conduire à
une analyse morcelée du litige. Cette fragmentation peut compromettre la vision
d'ensemble du juge, limitant sa capacité à appréhender l'affaire dans sa globalité et à
émettre des décisions éclairées52. Par ailleurs, la limitation de l'office du juge dans ce
51
SAWADOGO, Ohada, droit des entreprises en difficultés, Bruxelles, Bruylant, 2002, p,23
52
La complexité des procédures et la multiplicité des étapes peuvent également entraîner des coûts
supplémentaires pour les parties impliquées. Les frais juridiques, les honoraires d'experts et les dépenses
associées à chaque étape procédurale peuvent s'accumuler, rendant ainsi le processus d'exécution
économiquement onéreux. Cette situation peut dissuader certaines parties, en particulier celles aux ressources

56
contexte peut être exacerbée53. La rigueur des étapes procédurales peut imposer une
contrainte sur la capacité du juge à exercer un contrôle actif sur le déroulement du
litige54. La prédominance des procédures formelles peut restreindre la possibilité pour
le juge d'explorer des solutions alternatives55 ou d'adapter le processus aux spécificités
de chaque affaire.
En conclusion, les problèmes liés à la multiplicité des étapes procédurales, associés à
la complexité des procédures et à la limitation de l'office du juge au sein de l'OHADA,
soulignent la nécessité d'une réflexion approfondie sur la simplification des processus,
la flexibilité procédurale et la promotion d'une justice plus accessible et efficiente.

B- Des documents exigés excessifs

L'exigence excessive de documents dans le cadre des procédures d'exécution au sein


de l'OHADA constitue un défi majeur qui peut entraîner des retards significatifs et
compliquer inutilement le processus judiciaire. Cette pratique, bien qu'ayant pour
objectif d'assurer une documentation complète, peut créer des obstacles et des
inefficacités préjudiciables à la réalisation des objectifs d'exécution.
L'une des conséquences de l'exigence excessive de documents est la multiplication des
formalités administratives. Les parties impliquées dans le processus d'exécution
peuvent être tenues de fournir une pléthore de documents, souvent redondants,
conduisant ainsi à une surcharge administrative. Cette accumulation de formalités peut
non seulement rallonger les délais, mais également accroître la complexité du
processus pour les parties concernées.
De plus, l'exigence de documents excessifs peut entraîner des coûts financiers
disproportionnés. Les parties sont souvent tenues de produire des documents variés,
parfois nécessitant l'intervention d'experts ou de professionnels spécialisés. Les frais
associés à la collecte, à la certification et à la présentation de ces documents peuvent

limitées, d'exercer leurs droits ou de contester les décisions d'exécution.


53
KUATE, la protection du débiteur dans les procédures individuelles d’exécution, Thèses bordeaux, 2003,
Harmattan
54
WOOG, stratégie contentieuse du créancier, Paris, Dalloz, 2e éd., 2006, p.36
55
Cette pratique peut également introduire des retards inutiles dans la procédure d'exécution. La collecte et la
vérification de documents multiples peuvent prolonger le temps nécessaire à la préparation du dossier,
entraînant des délais supplémentaires

57
s'accumuler, rendant ainsi le processus d'exécution économiquement onéreux et créant
des barrières financières pour certaines parties.
Ces retards peuvent compromettre la rapidité d'action, en particulier dans des cas
nécessitant une intervention urgente du tribunal.
Par ailleurs, l'exigence excessive de documents peut entraver l'accès à la justice pour
certaines parties. Les personnes ou entités ayant des ressources limitées peuvent
rencontrer des difficultés à satisfaire aux demandes documentaires complexes, créant
ainsi des inégalités dans la capacité à exercer leurs droits et à participer pleinement au
processus judiciaire.
En conclusion, l'exigence excessive de documents dans les procédures d'exécution au
sein de l'OHADA nécessite une réflexion critique. Une rationalisation de ces
exigences, avec un accent sur la pertinence des documents demandés, peut contribuer à
rendre le processus plus efficace, économiquement accessible et équitable pour
l'ensemble des parties impliquées.

58
CHAPITRE 2 : DES RESSOURCES LIMITÉES

La charge de travail des tribunaux émerge comme un aspect crucial des défis liés aux
ressources limitées dans le cadre du deuxième chapitre. Cette section examine
comment la quantité croissante d'affaires peut exercer une pression considérable sur
les capacités opérationnelles des tribunaux en droit OHADA. La charge de travail
accrue découle de divers facteurs, tels que l'augmentation du nombre de litiges et la
complexification des affaires présentées devant les tribunaux (section 1)

Cette augmentation de la demande crée des contraintes sur les ressources humaines
disponibles, mettant à l'épreuve la capacité des tribunaux à traiter efficacement chaque
cas. Les juges, greffiers et autres membres du personnel judiciaire peuvent se retrouver
submergés, ce qui peut compromettre la qualité et la rapidité du processus judiciaire.
La surcharge de travail peut également entraîner des retards significatifs dans le
traitement des affaires, avec des conséquences directes sur les délais d'exécution des
décisions. Les tribunaux, sous la pression d'une charge de travail importante, peuvent
avoir du mal à respecter les échéances légales établies, ce qui affecte la prévisibilité du
processus judiciaire (section 2)

Section 1 : La charge de travail des tribunaux


La charge de travail des tribunaux est non négligeable dans la mesure ou a quantité de
travaux aujourd’hui est un aspect à prendre en compte pour l’efficacité de l’action en
justice (Paragraphe 1) Parallèlement la charge des tribunaux peut avoir une influence
sur le traitement des dossiers (Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : De la quantité de travail

59
A- La quantité de travail actuelles de certaines juridictions
La quantité actuelle de travail dans les tribunaux au sein de l'OHADA représente une
réalité pressante qui impacte directement la capacité du système judiciaire à traiter
efficacement les affaires. L'augmentation significative du nombre d'affaires soumises
aux tribunaux crée des défis considérables, tant en termes de célérité que de qualité des
décisions rendues.
La première dimension à considérer est la croissance exponentielle du nombre
d'affaires. Les tribunaux sont confrontés à une charge de travail en constante
augmentation, résultant de divers facteurs tels que l'expansion économique,
l'accroissement des litiges commerciaux et la complexité croissante des questions
juridiques. Cette augmentation numérique crée une pression significative sur les
ressources judiciaires, compromettant la capacité du système à répondre de manière
rapide et efficace aux besoins des justiciables.
La quantité de travail actuelle impacte directement la gestion des audiences. Les
tribunaux, confrontés à un nombre considérable d'affaires à traiter, doivent souvent
allouer des plages horaires limitées à chaque dossier. Cette limitation temporelle peut
entraver la possibilité pour les juges d'approfondir l'analyse des affaires, conduisant
parfois à des décisions prises dans des délais restreints et sans la délibération
nécessaire.
Par ailleurs, la surcharge de travail peut avoir des conséquences sur la qualité des
décisions rendues. Les juges, sous pression pour traiter un grand volume d'affaires,
peuvent être confrontés à des choix difficiles entre la rapidité et la précision. La
complexité croissante des dossiers peut également rendre difficile la prise de décisions
éclairées dans un laps de temps limité.
La surabondance d'affaires impacte également les parties impliquées. Les délais
prolongés peuvent entraîner des incertitudes, retardant la résolution des litiges et créant
des préoccupations quant à la prévisibilité du système judiciaire. Les justiciables
peuvent se retrouver dans une attente prolongée, compromettant ainsi leur accès à une
justice rapide et efficace.
En conclusion, la quantité de travail actuelle dans les tribunaux de l'OHADA est un
défi majeur qui nécessite des solutions réfléchies. Des mesures visant à renforcer les

60
ressources judiciaires, à promouvoir des procédures efficaces et à encourager des
mécanismes alternatifs de résolution des litiges peuvent contribuer à atténuer les
pressions résultant de la surcharge de travail et à garantir une administration judiciaire
plus équilibrée et efficiente.

B- Les facteurs contribuant à une augmentation de la charge du travail

Les facteurs contribuant à une augmentation de la charge de travail dans les tribunaux
au sein de l'OHADA sont multiples et complexes, façonnant un paysage judiciaire
marqué par des défis substantiels. Cette expansion quantitative des affaires à traiter est
alimentée par plusieurs éléments interconnectés qui exigent une analyse approfondie.
Premièrement, l'évolution économique rapide au sein de la zone OHADA a engendré
une augmentation significative des transactions commerciales. La croissance des
activités économiques a naturellement conduit à une hausse du nombre de litiges
commerciaux, créant ainsi une pression supplémentaire sur les tribunaux. Les
contentieux liés aux contrats, aux transactions financières et aux relations
commerciales ont proliféré en raison de la dynamique économique, contribuant à une
charge de travail accrue.
Deuxièmement, la complexité croissante des affaires judiciaires constitue un autre
facteur déterminant. Les litiges contemporains impliquent souvent des questions
juridiques complexes, des aspects techniques, financiers et parfois internationaux.
Cette complexité accrue nécessite des analyses approfondies, des expertises
spécialisées et des délibérations judiciaires plus élaborées, prolongeant ainsi la durée
nécessaire pour traiter chaque dossier.
Troisièmement, les changements sociaux et technologiques ont également influencé la
charge de travail des tribunaux. L'avènement de nouvelles technologies a entraîné une
augmentation des litiges liés à la cybercriminalité, à la protection des données et aux
transactions en ligne. Ces questions émergentes, souvent intrinsèquement complexes,
nécessitent une adaptation constante du système judiciaire pour faire face aux défis
contemporains.

61
Par ailleurs, l'accès accru à la justice et la sensibilisation des citoyens à leurs droits ont
contribué à l'augmentation du nombre de contentieux. Les justiciables, plus informés
de leurs droits, sont susceptibles de recourir aux tribunaux pour résoudre divers
conflits. Bien que l'accès à la justice soit un principe fondamental, il génère
simultanément une augmentation du nombre d'affaires à traiter.
Enfin, les réformes législatives et la sophistication croissante du cadre juridique ont
également un impact sur la charge de travail des tribunaux. Les changements fréquents
dans la législation et l'introduction de nouvelles normes peuvent générer des litiges
interprétatifs, nécessitant une intervention judiciaire pour clarifier les questions
juridiques en évolution constante.
En conclusion, la multiplicité des facteurs contribuant à l'augmentation de la charge de
travail dans les tribunaux de l'OHADA souligne la nécessité d'une approche holistique
pour relever ces défis. Des solutions orientées vers la gestion efficace des ressources,
la simplification des procédures et la promotion de mécanismes alternatifs de
résolution des litiges peuvent contribuer à atténuer les pressions résultant de la
surcharge de travail et à garantir une administration judiciaire plus équilibrée.

Paragraphe 2 : L’implication sur les délais d’exécution


Les délais d’exécution peuvent dans une occurrence être rallongés (A) ce qui peut
limiter l’efficacité de la procédure (B)
A- Le rallongement des délais
Le rallongement des délais d'exécution, en lien avec la charge de travail des tribunaux
au sein de l'OHADA, constitue une réalité incontournable qui impacte profondément la
rapidité et l'efficacité du processus judiciaire. Ce phénomène est le résultat direct de la
pression croissante exercée sur les ressources judiciaires confrontées à un nombre
accru d'affaires.
Premièrement, la multiplication des affaires a un effet direct sur le temps nécessaire
pour traiter chaque dossier. Les tribunaux, confrontés à une quantité substantielle de
litiges, doivent souvent allouer des plages horaires limitées à chaque affaire. Ce
découpage temporel restreint peut entraîner des retards considérables dans la
progression des procédures, prolongeant ainsi les délais d'exécution.

62
La complexité croissante des affaires constitue un autre facteur contribuant au
rallongement des délais. Les litiges impliquant des questions juridiques complexes, des
aspects techniques ou financiers demandent un examen approfondi, ce qui prolonge
naturellement la durée du processus judiciaire. La nécessité d'une analyse approfondie
pour chaque cas, dans un contexte de surcharge de travail, aboutit à un allongement
inévitable des délais d'exécution.
Par ailleurs, la surabondance d'affaires peut créer une congestion dans le calendrier
judiciaire. Les tribunaux, tentant de traiter un grand nombre d'affaires simultanément,
peuvent être confrontés à des contraintes temporelles qui limitent la disponibilité des
audiences. Cette congestion peut entraîner des retards substantiels dans la fixation des
dates d'audience et, par conséquent, dans le déroulement global des procédures.
En outre, le rallongement des délais peut avoir des répercussions sur la confiance des
justiciables dans le système judiciaire. Les parties impliquées, confrontées à des délais
prolongés, peuvent percevoir l'injustice du retard et remettre en question l'efficacité du
processus judiciaire. Cette perception négative peut compromettre la crédibilité du
système judiciaire et affecter l'adhésion du public à la primauté du droit.
En conclusion, le rallongement des délais d'exécution en raison de la charge de travail
des tribunaux dans l'OHADA met en lumière la nécessité de repenser les mécanismes
d'administration judiciaire. Des initiatives visant à optimiser les ressources, à
simplifier les procédures et à promouvoir des méthodes alternatives de résolution des
litiges peuvent contribuer à atténuer ces retards et à restaurer la confiance dans la
capacité du système judiciaire à fournir une justice rapide et équitable.

B- Les conséquences sur la procédure


Le rallongement des délais d'exécution dans le contexte de la charge de travail
excessive des tribunaux au sein de l'OHADA engendre des conséquences profondes
sur l'ensemble du processus judiciaire. Ces répercussions se manifestent à divers
niveaux, influençant la qualité de la procédure et la satisfaction des parties impliquées.
Tout d'abord, le rallongement des délais a un impact direct sur l'accès à la justice. Les
justiciables, confrontés à des retards substantiels, peuvent éprouver des difficultés à
faire valoir leurs droits de manière opportune. Cette entrave à l'accès à la justice peut

63
compromettre le principe fondamental de la justice rapide et équitable, sapant ainsi la
confiance du public dans le système judiciaire.
En outre, le rallongement des délais peut contribuer à l'inefficacité du processus
judiciaire. Les affaires qui stagnent pendant des périodes prolongées peuvent devenir
plus complexes à gérer, avec des risques accrus de perte de preuves, de témoignages
altérés et de souvenirs affaiblis. Cette détérioration de la qualité des éléments de
preuve peut influer négativement sur la capacité du tribunal à émettre des décisions
éclairées et équitables.
La congestion résultant du rallongement des délais peut également exercer une
pression accrue sur les parties impliquées, notamment sur le plan financier. Les coûts
juridiques et les dépenses associées à la prolongation des procédures peuvent
augmenter, ce qui peut dissuader certaines parties, en particulier celles aux ressources
limitées, de chercher réparation devant les tribunaux. Cette situation peut créer des
inégalités dans l'accès à la justice, contredisant ainsi le principe d'égalité devant la loi.
Par ailleurs, le rallongement des délais peut engendrer des retards dans l'exécution des
décisions judiciaires. Les parties qui obtiennent gain de cause peuvent être confrontées
à des obstacles supplémentaires pour faire valoir leurs droits, retardant ainsi la
résolution effective du litige. Cette situation peut susciter des frustrations et
compromettre la crédibilité du système judiciaire.
Enfin, les conséquences sur la procédure s'étendent à l'image globale de la justice. Les
retards répétés peuvent donner l'impression d'une administration judiciaire inefficace
et lente, affectant la perception publique de l'intégrité du système. Cette perception
négative peut influencer la volonté des citoyens à respecter la loi et à se conformer aux
décisions judiciaires.
En conclusion, les conséquences du rallongement des délais d'exécution dans le
contexte de la charge de travail des tribunaux dans l'OHADA mettent en évidence la
nécessité de réformes visant à améliorer l'efficacité, à optimiser les ressources
judiciaires et à garantir un accès équitable à la justice.

Section 2 : Les moyens logistiques et humains

64
Les moyens logistiques mises en place pour permettre l’efficacité de la justice de
manière générale et des voies d’exécution de manière spécifiques se présente comme
fragilisant l’action du juge. Au niveau matériels et humains plusieurs contraintes
persistent (Paragraphe 1). Plusieurs solutions peuvent être envisagés a ce niveau
(Paragraphe 2)
Paragraphe 1 : Les contraintes matérielles et humains
Dans l’espace OHADA, l’insuffisance des moyens matériels et humains est
perceptible (A) cette insuffisance a une influence sur la procédure (B)
A- L’insuffisance des moyens matériels et humains
L'insuffisance des moyens matériels et humains constitue une problématique majeure
au sein des tribunaux de l'OHADA, exerçant une pression significative sur le bon
fonctionnement du système judiciaire. Cette carence se manifeste à plusieurs niveaux,
impactant la qualité des services judiciaires et entravant la capacité des tribunaux à
traiter efficacement les affaires.
Premièrement, sur le plan des ressources humaines, l'effectif limité de magistrats et de
personnel de soutien crée des obstacles considérables. Les tribunaux, devant faire face
à une charge de travail croissante, se retrouvent souvent avec un nombre insuffisant de
juges et de personnel administratif. Cette pénurie de ressources humaines peut
entraîner des retards dans le traitement des affaires, compromettre la qualité des
décisions et exercer une pression excessive sur les individus en service.
De plus, l'insuffisance de magistrats spécialisés dans des domaines spécifiques peut
entraver la résolution rapide et efficace de litiges complexes. Les affaires nécessitant
une expertise particulière peuvent être confrontées à des délais supplémentaires en
raison de l'absence de professionnels spécialisés. Cette situation peut rendre difficile la
gestion efficace de litiges techniquement complexes tels que ceux liés à la propriété
intellectuelle, aux questions financières ou aux technologies émergentes.
Sur le plan des ressources matérielles, les tribunaux peuvent être confrontés à des
contraintes budgétaires, limitant leur capacité à investir dans des infrastructures
technologiques modernes, des salles d'audience adéquates et des équipements
nécessaires. Cette insuffisance de moyens matériels peut ralentir les procédures,

65
entraver la gestion des dossiers électroniques et compromettre la transparence du
processus judiciaire.
Par ailleurs, la formation continue du personnel judiciaire peut être entravée par le
manque de ressources dédiées à cet aspect crucial. Les avancées constantes dans le
domaine juridique et technologique exigent une mise à jour régulière des compétences
du personnel. L'absence de programmes de formation appropriés peut conduire à un
écart entre les connaissances nécessaires pour traiter efficacement les affaires et les
compétences réelles du personnel.
En conclusion, l'insuffisance des moyens matériels et humains dans les tribunaux de
l'OHADA est un défi substantiel qui nécessite une attention immédiate. Des
investissements dans les ressources humaines, le renforcement des capacités,
l'optimisation des infrastructures et l'adoption de technologies appropriées sont des
mesures essentielles pour surmonter ces contraintes et garantir un fonctionnement
judiciaire efficace et équitable.

B- L’impact sur la procédure

L'impact de l'insuffisance des moyens matériels et humains sur la procédure au sein


des tribunaux de l'OHADA est profond et étendu, touchant divers aspects du processus
judiciaire et influant sur la qualité globale de la justice rendue.
Tout d'abord, au niveau des ressources humaines, le manque d'effectifs et l'absence de
spécialisation entraînent inévitablement des retards dans le traitement des affaires. Les
juges, submergés par une charge de travail excessive et souvent sans le soutien adéquat
du personnel administratif, peuvent être contraints de jongler entre plusieurs dossiers
simultanément, compromettant la diligence nécessaire pour rendre des décisions
éclairées.
L'impact se fait également ressentir sur la qualité des décisions judiciaires. Le manque
de spécialistes dans des domaines spécifiques peut conduire à des interprétations
juridiques imprécises ou à des évaluations inadéquates des preuves. Cette situation
peut entraîner des erreurs judiciaires, compromettant ainsi la crédibilité du système
judiciaire et affectant la confiance du public.

66
Sur le plan des ressources matérielles, l'insuffisance budgétaire peut entraîner des
retards dans l'adoption de technologies modernes. Les tribunaux peuvent se retrouver
avec des systèmes informatiques obsolètes, des salles d'audience mal équipées et des
procédures électroniques inefficaces. Ces limitations matérielles peuvent entraver la
gestion efficace des dossiers, conduisant à des retards dans la collecte, le stockage et la
présentation des preuves électroniques.
Par ailleurs, l'impact sur la formation continue du personnel judiciaire peut engendrer
des lacunes dans la compréhension des évolutions juridiques et technologiques. Le
manque de programmes de formation appropriés peut rendre difficile l'adaptation du
personnel aux nouvelles normes législatives et aux avancées technologiques,
compromettant ainsi la compétence professionnelle nécessaire pour traiter
efficacement les affaires.
Enfin, l'impact sur la procédure se traduit par une surcharge de travail qui peut
encourager les juges et le personnel à privilégier la rapidité au détriment de la qualité.
Les procédures peuvent être abrégées, et les délais raccourcis, dans une tentative de
répondre à la pression résultant de l'insuffisance des moyens. Cela peut affecter
négativement la profondeur de l'analyse juridique et la considération des droits
fondamentaux des parties.
En conclusion, l'insuffisance des moyens matériels et humains a un impact significatif
sur la procédure judiciaire au sein des tribunaux de l'OHADA. Pour garantir l'équité, la
transparence et l'efficacité du système judiciaire, des investissements appropriés dans
les ressources humaines, les technologies et les infrastructures sont essentiels.

Paragraphe 2 : Les propositions d’amélioration


Les mesures potentielles peuvent participer a un renforcement des moyens logistiques
(A). En plus il faut, une formation continue des personnes qui participent à la
procédure (B)
A- Les mesures potentielles pour renforcer les moyens logistiques
Pour renforcer les moyens logistiques au sein des tribunaux de l'OHADA et atténuer
les défis découlant de l'insuffisance actuelle, plusieurs mesures potentielles peuvent
être envisagées. Ces propositions visent à optimiser les ressources matérielles,

67
technologiques et humaines, créant ainsi un environnement propice à un
fonctionnement judiciaire plus efficace et équitable.
Tout d'abord, sur le plan des ressources humaines, il est essentiel d'investir dans la
formation continue et spécialisée du personnel judiciaire. Des programmes de
perfectionnement professionnel réguliers, axés sur les évolutions juridiques et
technologiques, permettraient de renforcer les compétences du personnel, favorisant
ainsi une meilleure gestion des affaires et une prise de décision judicieuse.
En ce qui concerne l'effectif, l'augmentation du nombre de juges spécialisés dans des
domaines spécifiques est cruciale. La nomination de professionnels expérimentés dans
des secteurs tels que la propriété intellectuelle, les technologies de l'information ou les
finances contribuerait à accélérer le traitement des litiges complexes. Cette
spécialisation permettrait également de garantir des analyses juridiques approfondies et
précises.
Sur le plan des ressources matérielles, l'allocation de budgets adéquats pour
moderniser les infrastructures et investir dans des technologies de pointe est une
mesure essentielle. L'adoption de systèmes d'information judiciaire intégrés, la mise en
place de salles d'audience équipées et la promotion de procédures électroniques
efficaces contribueraient à accroître l'efficacité du traitement des affaires et à réduire
les délais.
La collaboration avec des partenaires externes, tels que des organisations
internationales ou des bailleurs de fonds, pourrait également être explorée pour
mobiliser des ressources supplémentaires. Des partenariats stratégiques pourraient
permettre d'accéder à des financements dédiés à la modernisation des tribunaux, à la
formation du personnel et à l'amélioration des infrastructures.
En outre, la mise en place de mécanismes de suivi et d'évaluation permettrait de
mesurer l'efficacité des changements apportés. Des évaluations régulières pourraient
identifier les domaines nécessitant des ajustements, garantissant ainsi l'adaptabilité du
système judiciaire aux évolutions constantes de la société et du droit.
En conclusion, ces propositions d'amélioration, axées sur le renforcement des moyens
logistiques, visent à créer un cadre propice à une administration judiciaire plus
efficiente au sein de l'OHADA. En combinant des investissements ciblés, une

68
spécialisation du personnel et l'adoption de technologies modernes, il est possible de
surmonter les défis logistiques actuels et de promouvoir un système judiciaire
répondant aux normes d'équité et de rapidité.

B- L’importance de la formation continue et du renforcement des capacités


Pour renforcer les moyens logistiques au sein des tribunaux de l'OHADA et atténuer
les défis découlant de l'insuffisance actuelle, plusieurs mesures potentielles peuvent
être envisagées. Ces propositions visent à optimiser les ressources matérielles,
technologiques et humaines, créant ainsi un environnement propice à un
fonctionnement judiciaire plus efficace et équitable.
Tout d'abord, sur le plan des ressources humaines, il est essentiel d'investir dans la
formation continue et spécialisée du personnel judiciaire. Des programmes de
perfectionnement professionnel réguliers, axés sur les évolutions juridiques et
technologiques, permettraient de renforcer les compétences du personnel, favorisant
ainsi une meilleure gestion des affaires et une prise de décision judicieuse.
En ce qui concerne l'effectif, l'augmentation du nombre de juges spécialisés dans des
domaines spécifiques est cruciale. La nomination de professionnels expérimentés dans
des secteurs tels que la propriété intellectuelle, les technologies de l'information ou les
finances contribuerait à accélérer le traitement des litiges complexes. Cette
spécialisation permettrait également de garantir des analyses juridiques approfondies et
précises.
Sur le plan des ressources matérielles, l'allocation de budgets adéquats pour
moderniser les infrastructures et investir dans des technologies de pointe est une
mesure essentielle. L'adoption de systèmes d'information judiciaire intégrés, la mise en
place de salles d'audience équipées et la promotion de procédures électroniques
efficaces contribueraient à accroître l'efficacité du traitement des affaires et à réduire
les délais.
La collaboration avec des partenaires externes, tels que des organisations
internationales ou des bailleurs de fonds, pourrait également être explorée pour
mobiliser des ressources supplémentaires. Des partenariats stratégiques pourraient

69
permettre d'accéder à des financements dédiés à la modernisation des tribunaux, à la
formation du personnel et à l'amélioration des infrastructures.
En outre, la mise en place de mécanismes de suivi et d'évaluation permettrait de
mesurer l'efficacité des changements apportés. Des évaluations régulières pourraient
identifier les domaines nécessitant des ajustements, garantissant ainsi l'adaptabilité du
système judiciaire aux évolutions constantes de la société et du droit.
En conclusion, ces propositions d'amélioration, axées sur le renforcement des moyens
logistiques, visent à créer un cadre propice à une administration judiciaire plus
efficiente au sein de l'OHADA. En combinant des investissements ciblés, une
spécialisation du personnel et l'adoption de technologies modernes, il est possible de
surmonter les défis logistiques actuels et de promouvoir un système judiciaire
répondant aux normes d'équité et de rapidité.

70
CONCLUSION

71
La question de l'influence du juge dans l'efficacité des voies d'exécution en droit
OHADA nous conduit à la convergence complexe entre le cadre légal et les réalités
pratiques. Au fil de cette exploration, nous avons discerné les nuances juridiques qui
encadrent le pouvoir du juge et les défis pratiques qui peuvent entraver son impact
effectif.
La première partie de notre analyse a mis en lumière les limites juridiques. Nous avons
examiné le cadre légal des voies d'exécution OHADA, mettant en évidence les
fondements juridiques et les catégories de voies prévues. Cependant, même dans ce
cadre, des contraintes apparaissent. Les limites imposées par la législation OHADA et
le respect des principes fondamentaux tels que l'équité et la proportionnalité soulignent
les défis structurels qui influent sur l'exercice du pouvoir du juge.
La seconde partie de notre analyse s'est penchée sur les obstacles pratiques rencontrés
dans le processus d'exécution. Les complexités procédurales, souvent liées à des
formalités laborieuses, ont été identifiées comme des entraves majeures. De plus, la
résistance ou la réticence des parties concernées, tant des débiteurs que d'autres
acteurs, s'est révélée être un facteur déterminant dans la réalisation effective des
décisions du juge. L'exécution différée ou incomplète a ajouté une couche
supplémentaire de complexité, suggérant des décalages entre les décisions judiciaires
et leur mise en œuvre concrète.
Il est clair que bien que le juge détienne un rôle crucial dans les voies d'exécution en
droit OHADA, son influence est modérée par des limites juridiques et des réalités
pratiques. Les barrières légales, bien que conçues pour encadrer le pouvoir judiciaire et
garantir une exécution équitable, peuvent également agir comme des entraves, limitant
la marge de manœuvre du juge. De même, les défis pratiques tels que les complexités
procédurales et la résistance des parties peuvent entraver la translation des décisions
judiciaires en actions concrètes. Dans cette dynamique, des réflexions sur

72
l'optimisation des procédures, la simplification des formalités, et l'investissement dans
la sensibilisation et la coopération des parties apparaissent comme des pistes
potentielles. Une révision continue du cadre légal pour le rendre plus adapté aux
réalités opérationnelles, combinée à une attention accrue à l'éducation juridique et à la
médiation, pourrait contribuer à améliorer l'efficacité des voies d'exécution en droit
OHADA.

En définitive, l'équation entre le pouvoir du juge, les contraintes légales et les


obstacles pratiques constitue un défi complexe. Toutefois, dans cette complexité réside
également l'opportunité d'innover et d'optimiser le système, permettant ainsi une
meilleure harmonisation entre la volonté judiciaire et sa réalisation effective au service
de la justice et de l'équité dans l'espace OHADA.

73
BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES GENERAUX

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75
II- OUVRAGES SPECIALISÉS

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- ANOUKAHA (F.), CISSE-NIANG (A.), FOLI (M.), ISSA-SAYEGH (J.),
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2002.
- ATANGANA AMOUGOU J-L. (Dir.), Le Cameroun et le droit
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- AZALOU (M.R.), L’exequatur dans l’espace OHADA: de la nécessité à
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DEGAGE.
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l’OHADA. Le droit des sûretés à l’épreuve du recouvrement des créances,
Thèse Université d’Aix-Marseille III- Paul Cézanne, édit. ANRT, Pont de
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- CROCQ P. (Dir.), Le nouvel Acte uniforme portant organisation des
sûretés. La réforme du droit des sûretés de l’OHADA, éd. Lamy, Paris
2012.
- De WOLF P. & VEROUGSTRAETE I. (Dir.), Le droit de l’OHADA: son
insertion en République Démocratique du Congo, éd. Bruylant, Bruxelles
2012.
- FENEON (A.), Droit des sociétés en Afrique [OHADA], éd. LGDJ &
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76
III- ARTICLES DE DOCTRINE

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IV- THESES ET MEMOIRES

1- Thèses

81
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sorbonne, 2016

TCHANTCHOU (H), La supranationalité judiciaire dans le cadre de l'OHADA,


Thèse Doctorat, Droit, Poitiers, 2008.

2- Mémoires

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- NGNINTEDEM NOBO (C.L), Le tiers dans les procédures civiles d'exécution,


Mémoire de DEA, FSJP, Université de Dschang, 2001.

- KENGNI (J.-M), L'évolution des procédures civiles d'exécution en droit positif


camerounais : de la saisie-arrêt à la saisie-attribution, Mémoire de Maîtrise,
FSJP, Université de Dschang.

V- LEGISLATION

1- Législation OHADA et nationale

- Acte uniforme OHADA portant organisation des procédures simplifiées de


recouvrement et des voies d'exécution

- Acte uniforme OHADA portant organisation des procédures collectives


d'apurement du passif.

- Loi n°2007/001 du 19 avril 2007 instituant le juge du contentieux de


l'exécution et fixant les conditions de l'exécution au Cameroun des décisions
judiciaires et actes publics étrangers ainsi que les sentences arbitrales étrangères.

82
- Loi n°2006/015 du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire.

- Loi n°2006/016 du 29 décembre 2006portant organisation et fonctionnement


de la Cour Suprême.

- Loi n°92/008 du 14 août 1992 fixant certaines dispositions relatives à


l'exécution des décisions de justice.

- Code civil

- Code de procédure civile et commerciale.

2- Législation internationale

- Déclaration universelle des droits de l'homme

- Pacte international relatif aux droits civils et politiques

- Charte africaine des droits de l'homme et des peuples

- Convention européenne des droits de l'homme

VI- JURISPRUDENCE

1- Arrêts de la CCJA, des cours suprêmes et des juridictions de fond


nationales d’Afrique

-CCJA, arrêt n° 044/2016 du 18 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.

- CCJA, arrêt n° 043/2016 du 18 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.

- CCJA, arrêt n° 041/2016 du 18 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.


CCJA, arrêt n° 050/2016 du 25 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence
CCJA, arrêt n° 050/2016 du 25 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.

83
- CCJA, arrêt n° 042/2016 du 18 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.
CCJA, arrêt n° 045/2016 du 18 mars 2016, www.ohada.com/jurisprudence.

- CA de l’Ouest, arrêt n° 81/Civ., 26 oct. 2011, JEUNA THOMAS ET ETS.


TSAMO THOMAS c/ STE LA PASTA S.A., www.ohada.com, Ohadata J-12-
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- CA Libreville, arrêt n° 30/09-10 du 13 janv. 2010, Sieur Ngou-Asoumou


Cyrille c/ Saulneron Mapangou, J. ISSA-SAYEGH, Répertoire OHADA 2006-
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- CA Abidjan, ch. civ. et com., arrêt n° 111 du 10 avril 2010, Sté. Rotoci c/ Sté
Gna Assurance et Sté. Macaci, Juris OHADA n° 4, p. 41 ou www.ohada.com,
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- CA Littoral-Douala, arrêt n° 160 du 24 sept. 2004, Rev. camerounaise de


l’arbitrage n° 35, oct.-nov. 2006, p. 7, note KENFACK DOUAJNI.

- CA Abidjan, arrêt n° 725 du 29 juin 2004, www.ohada.com, ohadata J-05-317.


CA Abidjan, n° 303, 14 mars 2003, Liake Ignace c/ la Sté. Wossau Graphic.

- CA du Centre, arrêt n° 184/civ du 05/03/2003, Alhadji M.P. Sté. COGECIC


c/K.M.M., www.ohada.com, Ohadata J-04-201.

- CA Abidjan, arrêt n° 865 du 5 juil. 2002, SIDAM c/Cissé Drissa,


www.ohada.com, Ohadata J-03-23, Obs. J. ISSA-SAYEGH.

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Tesseire, www.ohada.com, Ohadata J-03-92.

- CA Abidjan, arrêt n° 36, 10 janv. 2003, SIGS c/ CFAO-CI, www.ohada.com,


Ohadata J-03- 277.

- CA Libreville, ch. civ. & com., arrêt Réf. n° 7/2001/2002 du 6 fév. 2002,
www.ohada.com, Ohadata J-02-125, obs. J. ISSA-SAYEGH.

- CA Abidjan, arrêt n° 844 du 5 juil. 2002, Yhahe Michel c/ Kouassi N’Goran


Marius, www.ohada.com, Ohadata J-03-24.

2- Jurisprudences étrangères

- CJUE, 4ème ch., 17 déc. 2015, aff. C-300/14, Imtech Marine Belgium
NV, Procédures, fév. 2016, p. 23, note C. NOURISSAT.

- CJUE, 1ère ch., 11 nov. 2015, aff. C-223/14, Tecom Mican SL et José
Arias Dominguez, Procédures, janv. 2016/ n° 1, p. 35, comm. C.
NOURISSAT.

- CJUE, 4ème ch., 22 oct. 2015, aff. C.-245/14, Thomas Cook Belgium NV
c/ Thurner Hotel GmbH, Procédures, janv. 2016/ n° 1, p. 29, comm. C.
NOURISSAT.
- CJUE, 5 déc. 2013, Walter Vapenik c/ Josef Thumer, aff. C-508/12, Droit
et procédures n° 3, mars 2014, p. 59, obs. G. CUNIBERTI.
- CJUE, 13 juin 2013, Goldbet Sportwetten GmbH c/ Massimo sperindeo,
aff. C-144/12, Droit et procédures n° 10, nov. 2013, p. 245, obs. G.
CUNIBERTI
- CJUE, 13 déc. 2012, Iwona Szyrocka c/ SiGer Technologie, aff. C-
215/11.

85
- CE, 18 nov. 2005, aff. Sté. fermière de Campoloro, AJDA 2006, 137,
chron. LANDAIS et LENICA, JCP 2006, II, 10044, note De MOUSTIER
et BEATRIX.

86

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