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Introduction
1
Paragraphe I : Les sources du droit des sociétés commerciales.
Pour toutes ces raisons, il était nécessaire de doter les sociétés commerciales
d’un cadre juridique achevé afin qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle
économique. La solution adoptée, pour remédier au désordre caractérisant la
2
matière, est de rassembler le droit des sociétés commerciales dans un code
unique à savoir le code des sociétés commerciales promulgué par la loi n° 2000-
93 du 3 novembre 2000.
...etc. Cependant, le CSC reste le droit commun pour ces sociétés à statut
particulier.6
4
Voir Ban Ammou (N), p.9.
5
Cela peut signifier que la matière reste éparpillée entre différentes testes (éparpillement ou dispersion des
textes).
6
Telles que par exemple les dispositions relatives à l’immatriculation des sociétés au registre de commerce et
leur publication au JORT ou encore celles relative à la dissolution et la liquidation des sociétés.
3
D’autre part, le COC contient des dispositions de droit commun, toujours en
vigueur, applicables, en l’absence de dispositions spéciales, à toutes les sociétés
qu’elles soient civiles ou commerciales (voir le chapitre II du livre IX du COC
intitulé « De la société contractuelle- Dispositions générales aux sociétés civiles
et commerciales). Mais l’importance du COC comme source formelle du droit
des sociétés commerciales a beaucoup diminué après la promulgation du code
de 2000. En un seul mot, le COC est devenu aujourd’hui une source
extrêmement résiduelle pour le droit des sociétés commerciales.
Selon les thèses classiques la société est analysée comme un contrat ou une
institution. En réalité au sein d’une même société coexistent des règle de nature
contractuelle et d’autres à caractère institution
4
Le premier texte est l’article 1249 du COC, qui s’applique aux sociétés
civiles, aux termes duquel « la société est un contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous les
deux à la fois en vue de partager le bénéfice qui en pourra résulter ».
Le second texte est l’article 2 du CSC qui dispose que « la société est un
contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent d’affecter en
commun leurs apports en vue de partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie qui pourraient résulter de l’activité de la société. Toutefois, dans la
SUARL, la société est constituée par un associé unique ». 8
Sur cette base, le contrat de société doit, en principe, satisfaire à toutes les
conditions générales requises pour la formation et la validité des contrats telles
8
Dans cette même idée, l’article 3-I du CSC ajoute qu’ « à l’exception de la société en participation, le contrat
de société doit être rédigé par acte sous-seing privé ou acte authentique ».D’ailleurs, le code de
commerce, avant l’abrogation de ses dispositions, régissant les sociétés commerciales, par loi
n° 2000-93 du 23 novembre 2000, présentait aussi la société comme un contrat.
9
Voir Ben Ammou (N), Cours de droit commercial II. Les sociétés commerciales. Faculté de
droit et des sciences politiques de Tunis. Année universitaire 2005-2006, p.3
10
Voir par exemple Libchaber (R) : « La société contrat spécial ». Mélanges jeantin 1999 . Certains auteurs, tel
que le professeur Didier (P), considèrent qu’i s’agit d’un contrat qui n’a pas pour finalité de créer des
obligations réciproques mais il s’agit plutôt d’un contrat-organistation. Paul Didier la théorie contractuelle,
revue des sociétés, 2000, p.95.
5
que prévues notamment par l’article 2 du COC à savoir la capacité de s’obliger,
le consentement et la licéité de l’objet et de la cause. A ces conditions générales
s’ajoutent des conditions spécifiques au contrat de société qu’on va étudier
ultérieurement.
b) La conception institutionnelle.
11
Voir Ben Ammou (N), Cours précité, p.6.
12
Voir Champaud ( C) : « Le contrat de société existe-t-il encore ? » in le droit contemporain des contrats,
travaux et recherches de la Faculté de Rennes. Economica 1987.
13
D’ailleurs, tout en définissant la société comme un contrat, le législateur la traite dans certaines de ses
dispositions comme une personne morale. C’est le cas notamment de son article 10, alinéa 1, qui dispose que «
les sociétés dont le siège social est situé sur le territoire tunisien sont soumises à la loi tunisienne ».
14
L’aspect institutionnel est plus marqué dans les sociétés de capitaux.
15
Dans ces sociétés, on est loin de l’idée de contrat. Voir Ripert (G) et Roblot (R) : « Traité de droit
commercial ». Paris, LGDJ, 13ème éd. 1989, n° 1027.
6
En outre, selon ces auteurs, la société acquiert la personnalité morale lors
de l’accomplissement d’une formalité imposée par la loi, à savoir
l’immatriculation au registre national des entreprises, et non par la volonté des
associés.
De même, ils considèrent que la SUARL n’est pas un contrat mais un acte
juridique unilatéral car on ne contracte pas avec soi-même. Cette nouvelle forme
de société est créée donc par l’acte de volonté d’une seule personne.
16
Un contrat spécial qui about à la création d’une institution ou un contrat organisation.
17
Voir Ripert (G) et Roblot (R), op.cit, n° 670.
18
Voir Paillusseau (J) : « La société anonyme, technique d’organisation de l’entreprise ». Paris, Sirey, 1967.
19
Voir Kharroubi (Kh), Op.cit, p.42.
7
a)La société comme technique d’organisation de l’entreprise.
Selon cette conception, la société, qui est une notion juridique, apparaît
comme une technique de droit mise au service de l’entreprise qui est une notion
économique. En effet, la création d’une société permet d’assurer une
organisation de l’entreprise en lui attribuant une structure ou une formule
personnifiée qui se distingue de la personne de l’entrepreneur au niveau de
l’identité et du patrimoine. 20
L’intérêt d’exploiter l’entreprise dans le cadre
d’une société est l’unification des efforts et le rassemblement des capitaux qui
permettent de garantir sa force21 et sa continuité.22 De la sorte, le droit n’a pas
seulement une fonction normative. Il est également un instrument au service de
l’économie.
8
Hormis le cas exceptionnel de la SUARL, la société ne peut être que
pluripersonnelle, c’est-à-dire qu’elle est le fruit d’un groupement de personnes.
Mais il ne faut pas comprendre que tout groupement représente nécessairement
une société. C’est pourquoi, il convient de distinguer la société des autres
groupements de personnes, tels que notamment l’association, l’indivision et le
groupement d’intérêt économique.25
a)Société et association.
25
C’est la technique de qualification juridique qui assure cette distinction.
26
Sur cette question voir Germain (M) et Magnier (V) : « Les sociétés commerciales ». Paris, LGDJ, 19ème éd.
2009, p. 17 et s.
9
Au contraire, d’après les articles 2 du CSC et 1249 du COC, la société est
un groupement de personnes et de biens qui s’intéresse à l’argent. 27 La finalité
lucrative est le fondement même de la société. En d’autres termes, la réalisation
et le partage de bénéfices entre les associés, selon la règle de la proportionnalité,
est le but social recherché par toute société. Notons que, par rapport au COC, le
CSC a ajouté un nouvel objectif, à savoir le profit de l’économie 28, comme
élément de définition de la société.29
b) Société et indivision.
27
Voir Kharroubi (Kh) : « Droit des sociétés ». Vol.1, Tuins, éd. Latrache, 2008, p.31 ; Omrane (A) : «Du droit des
sociétés au droit de l’entreprise : Pour un droit de l’entreprise en Tunisie », n° 3.
28
Contrairement à la réalisation de bénéfices, le profit de l’économie ne se traduit pas par des sommes d’argent
que les associés peuvent encaisser. Il s’agit tout simplement de la diminution ou de la réduction des charges
d’exploitation et leur répartition entre tous les associés. Mais, il faut bien savoir que l’économie, qui peut être
réalisée, influe incontestablement sur la situation financière de la société.
29
Cette nouvelle finalité peut paraître comme un critère incertain de distinction entre la société et l’association.
S’il est vrai qu’il est interdit à celle-ci de réaliser des bénéfices et de les partager entre ses membres, rien
n’empêche qu’elle réalise des économies. Mais même dans cette hypothèse, les excédents ne peuvent jamais être
distribués.
30
Voir l’article 56 du CDR
31
Propriétaire indivis ou co-divisaire.
10
provoquer le partage nonobstant toute clause contraire ». Le principe,
annoncé par cet article, est que « nul ne peut être contraint à demeurer dans
l’indivision ». Ainsi, l’indivision est en général un état provisoire, 32
dont le
partage peut à tout moment être demandé. Par contre, en matière de société, le
principe est la continuité de ce groupement de personnes. Sa dissolution n’est
pas systématique. En outre, l’indivision est dans la plupart des cas une situation
passive ou non voulue.33 En revanche, la société est une structure voulue par les
associés.
32
Précaire.
33
Il y a cependant l’indivision conventionnelle.
34
Des entreprises exerçant l’activité de commerce de gros des produits alimentaires qui créent un GIE ayant
pour objet le transport des marchandises. Le GIE regroupant des commerçants locataires dans les centres
commerciaux dans le but de partager les loyers ou le GIE ayant pour objet la représentation sur les foires
commerciales ou encore les GIE organisant une assistance technique et des services communs pour des experts
comptables. On peut citer l’exemple du GIE constitué entre les trois banques publiques.
35
Et donc de la pleine capacité, et ce, à partir de la date de son immatriculation au registre du commerce. Voir
article 443 du CSC.
11
commun des moyens, est la diminution des frais et des charges et donc la
réalisation des économies. Sur ce point, le GIE ressemble à la société.
12
notamment la SNC, la SARL repose en principe sur « l’intuitus personae ». A
cet effet, la cession, par les associés, de leurs parts à des tiers étrangers à la
société n’est pas en principe libre.36 De même, à l’instar des sociétés de
personnes, le dirigeant de la SARL est appelé « gérant ».37 L’autre point de
ressemblance est que le capital des sociétés de personnes et de la SARL est
divisé en parts sociales et non en actions.38
La SARL est aussi proche des sociétés de capitaux, telle que notamment
la SA, parce que les associés n’ont pas la qualité de commerçant 39 et ne sont
responsables des dettes de la société qu’à concurrence de leurs apports.40
13
l’associé. Sont qualifiées de sociétés à risque limité, la SARL, 46 la SUARL,47 la
SA48 et la SCA seulement en ce qui concerne les commanditaires.49
Les sociétés commerciales par l’objet et par la forme sont soumises aux
lois et usages en matière commerciale (le CSC, le code de commerce, la loi n°
95-44 du 2 mai 1995, relative au registre du commerce…etc.). 52 Néanmoins, une
46
Voir l’article 90-I du CSC.
47
Voir l’article 90-II du CSC.
48
Voir l’article 160 du CSC.
49
Voir l’article 390 du CSC.
50
Voir l’article 13 du CSC.
51
Ce sont des actes réputés commerciaux par la loi et entraînent, pour leur auteur, la qualité de commerçant, s’ils
sont accomplis à titre professionnel, tels que : les actes de production (extraction des matières premières,
fabrication et transformation des produits manufacturières, exploitation d’entreprises de spectacles publics,
d’édition, de publicité, d’information), les actes de circulation (les opérations d’entrepôt ou de gestion de
magasins généraux, le transport des biens et de personnes) , les actes de spéculation (achat, vente ou location de
biens quels qu’ils soient, les opérations de change, de banque ou de bourse, les opérations d’assurance), les actes
d’entremise (les opérations de courtage et de commission, l’exploitation d’agence d’affaires, l’agent
commercial). Pour plus de détails, voir Mezghani (N) : « Droit commercial. Actes de commerce, Commerçants,
Fonds de commerce ». Tunis, CPU, 1999.
52
A tire d’exemple, l’article 1er du CSC dispose que « les dispositions du présent code s’appliquent à toutes les
sociétés commerciales ». Cet article s’exprime en termes généraux sans distinguer entre les sociétés
commerciales par l’objet et celles qui le sont par la forme.
14
société à forme commerciale et à objet civil n’a pas en principe de fonds de
commerce et ne peut, par conséquent, réclamer la propriété commerciale (le
droit au renouvellement du bail). En effet, la loi n° 77-37 du 25 mai 1977,
relative au droit au renouvellement du bail, ne s’applique qu’aux locaux dans
lesquels un fonds de commerce est exploité. 53 En un seul mot, les sociétés à
forme commerciale et à objet civil se trouvent dans l’impossibilité juridique
d’exploiter un fonds de commerce dans le local loué.54
Pour ce qui est des sociétés civiles, il s’agit de celles qui ont un objet
civil et qui ne sont pas, bien évidemment, constituées sous forme de SARL, de
SUARL, de SA ou de SCA. Elles obéissent aux dispositions de l’article 1249 et
suivant du COC et aux textes qui leur sont propres.55
Au même titre que les sociétés commerciales, les sociétés civiles disposent
de la personnalité morale ou juridique et sont soumises à l’obligation
d’immatriculation au registre du commerce.56 Mais cette immatriculation n’a pas
les mêmes effets dans les deux types de sociétés. Cela est vrai car les sociétés
civiles acquièrent la personnalité morale abstraction faite de leur
immatriculation au registre du commerce. Par contre, les sociétés commerciale
15
dépersonnalisées. Dans la première catégorie, on trouve les SNC, les SCS, les
SARL, les SUARL, les SA et les SCA. Dans la deuxième catégorie, il y a
principalement la SEP en tant que société de droit.58
58
Il y a des sociétés sans personnalité morale mais qui ne sont pas reconnues par la loi. Il s’agit de la société de
fait et de la société créée de fait.
16
Exception faite de la SUARL, qui s’analyse comme un acte juridique
unilatéral,59 la société naît de l’accord de volonté des associés. Cette volonté est
exprimée en signant le contrat créant la société. Pour que ce contrat soit
régulièrement conclu, il faut respecter certaines conditions de fond et de forme.
Il s’agit des éléments communs à tous les contrats prévus par l’article 2 du
COC à savoir la capacité, le consentement et la licéité de l’objet et de la cause.
1-La capacité.60
59
Voir Labastie-Dahdouh (Ch.) et Dahdouh (H) : « Entreprises sociétaires et groupements
privés. Règles particulières ». Tunis, IHE Editions, 2007, p.205 ; Ben Ammou (N), Cours
précité, p. 11.
60
On distingue entre la capacité de jouissance et la capacité d’exercice. La première est l’aptitude d’une
personne à être titulaire de droit. La seconde est l’aptitude d’une personne à pouvoir, personnellement et
valablement, créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations. Voir Renault-Brahinsky (C) : « L’essentiel
du droit des obligations ». Paris. Gualino, 2015, p.35 et s ; Terré (F), Simler (Ph.) et Lequette (Y) : « Droit civil.
Les obligations ». Paris. Dalloz, 11ème éd. 2013, n° 95 ; Poirret (J) : « La représentation légale du mineur sous
autorité parentale ». Thèse pour le doctorat en droit privé et sciences criminelles. Université de Paris-Est, 2011,
p.p. 1 et 2.
61
La capacité de s’obliger s’identifie en principe avec la capacité commerciale. Néanmoins, un mineur qui a
atteint 15 ans accomplis et qui est émancipé judiciairement pour accomplir des actes civils n’a pas la capacité
commerciale.
17
l’article 11 du CSC comportent des solutions différentes en la matière. Aux
termes de cet article « nul ne peut être associé dans une SNC ou commandité
dans une SCS ou par actions s’il n’a pas la capacité requise pour la profession
commerciale. Toutefois, les personnes qui n’ont pas la capacité requise pour
l’exercice du commerce peuvent être des associés commanditaires dans une
SCS ou associés dans une SARL ou actionnaires dans une SA ou dans une
SCA ».
être associé commanditaire dans une SCS. Seulement, pour l’enfant dépourvu de
discernement, sa participation doit être faite en son nom par le tuteur ou le
représentant légal après autorisation spéciale du juge compétent.66 Pour ce qui
est de l’enfant pourvu de discernement, 67 la validité de son acte est subordonnée,
62
Voir les articles 54 et 55 du CSC.
63
Voir l’article 67 du CSC.
64
Le mineur est celui qui n’a pas atteint 18 ans accomplis ou même, s’’il n’a pas atteint cet âge, n’a reçu aucune
émancipation.
65
Est considéré comme enfant dépourvu de discernement, celui qui n’a pas attient l’âge de 13 ans accomplis.
Voir l’article 156-I du CSP.
66
Voir l’article 15 du COC.
67
Est considéré comme enfant pourvu de discernement, celui qui a attient l’âge de 13 ans accomplis et n’a pas
atteint 18 ans accomplis.
18
dans ce cas, à l’accord du tuteur68 étant donné que le contrat de société est un
contrat aléatoire.69
En outre, pour le cas particulier de l’associé unique dans la SUARL, s’il est
vrai que cet associé n’a pas la qualité de commerçant, il est également vrai qu’il
doit avoir la capacité pour gérer la société à savoir la capacité civile (18 ans
accomplis) puisque l’article 154 du CSC dispose que « l’associé unique ne peut
déléguer la gestion sociale à un mandataire ».71
68
Voir l’article 156-II du CSP.
69
Parce que l’activité de la société peut aboutir à la réalisation de bénéfices ou de pertes.
70
Voir l’article 153-II du CSP qui consacre un cas d’émancipation juridique par le mariage.
71
On va voir que la capacité commerciale est requise pour gérer une SNC ou une SARL même si, dans cette
dernière, le gérant n’a pas la qualité de commerçant
72
Bull. cass. 1981, p.219. Cité par Kharroubi (Kh), op.cit, p. 251.
19
mineur d’entreprendre une activité commerciale, considère qu’il peut faire un
apport dans une SEP étant donné que la loi n’a pas donné la qualité de
commerçant à l’associé dans ladite société.
2-Le consentement.
Pour ce qui est de la licéité de l’objet, il ne fait pas de doute que l’objet
social, c’est-à-dire l’activité pour l’exercice de laquelle la société est constituée
doit être licite et, par conséquent, ne doit pas être contraire à l’ordre public et
aux bonnes mœurs. Dans ce cadre, l’article 1253 du COC, qui représente le
droit commun en la matière, précise que « la société est nulle si elle a pour
objet des choses qui ne sont pas dans le commerce ».78
21
B) Les conditions spécifiques.
2-L’affectio societatis.
79
Voir l’article 2 du CSC.
80
Voir l’article 54 du CSC.
81
Voir l’article 77 du CSC.
82
Voir l’article 90 du CSC.
83
Voir l’article 160 du CSC.
84
Voir l’article 67 du CSC
85
Selon la version arabe, on lira « un ». En cas de contradiction entre le texte arabe et le texte français, c’est le
premier qui doit s’appliquer.
86
L’article 390-II du CSC précise que « le nombre des commanditaires ne peut être inférieur à trois ».
22
La loi ne comporte pas et ne définit pas cet élément fondamental du contrat
de société. Il s’agit d’un élément psychologique qui signifie l’intention de
s’associer ou d’agir comme associé ou encore la volonté d’union (l’esprit
sociétaire). Cette intention de s’associer se manifeste notamment par la
réalisation en commun de l’objet social et la collaboration de tous les
associés. Ainsi, la volonté ne suffit pas parfois à elle seule pour parler de la
société. Les chambres réunies de la cour de cassation définissent cet élément
comme suit : « L’affectio societatis suppose que la volonté de chaque associé
tende vers la coopération positive sur un pied d’égalité en vue de la réalisation
de l’objet social ».87
L’affectio societatis sert à distinguer la société des autres situations telle que
notamment la société créée de fait qui se distingue de la société de fait.
S’agissant de la société créée de fait, 89 celle-ci est la situation dans laquelle deux
ou plusieurs personnes se comportent dans l’apparence comme des associés sans avoir
l’intention réelle ou sincère de constituer une société ou sans exprimer clairement la
volonté de former une société.90 Il n’y a donc pas d’affectio societatis dans la
87
Cass.civ. Cham. Réun. n° 48915 du 25 avril 1996. Cité par Ben Ammou (N), cours précité, p.22.
88
Certaines décisions judiciaires ont annulé la société pour défaut d’affectio societatis surtout lorsque la
mésentente entre les associés paralyse le fonctionnement de la société. Notons que cet élément n’a pas de sens
dans la SUARL
89
C’est une invention jurisprudentielle,
90
C’est une société qui est constatée à partir des comportements des associés de fait.
23
conscience des associés de fait.91 Tel est le cas de la situation de deux personnes 92 qui
exploitent en commun une activité commerciale ou moyen d’apports avec partage de
bénéfices sans qu’il y ait, en droit, une volonté expresse de créer véritablement une
société.93
Cette situation peut en principe poser deux problèmes quand elle sera portée
devant les tribunaux.94 Un premier problème consiste à savoir si le créancier de
l’associé de fait, avec qui il a contracté, peut demander le paiement de la dette de
celui-ci à l’autre associé de fait. Un deuxième problème consiste à savoir si l’associé
dans une société créée de fait peut réclamer sa part dans les bénéfices de l’exploitation.
Le droit tunisien ne réglemente pas de telles situations.95 De même, notre jurisprudence
ne comporte pas de solutions en la matière. Quoi qu’il en soit, quand l’existence de la
société est établie, il faut la soumettre au droit pour la faire disparaître après avoir
réglé tous les problèmes.96
S’agissant de la société de fait, il s’agit tout simplement d’une société qui a été
voulue par les associés mais qui a été constituée en violation des règles légales.
Autrement dit, à la différence de la société créée de fait, dans la société de fait, il
y a bel et bien une volonté de créer une société sauf que les associés
n’ont pas respecté certaines règles imposées par la loi telles que notamment les
formalités d’immatriculation ou de publicité. C’est une société qui, dans la
plupart des cas, a fonctionné avant son annulation. Mais, bien qu’elle soit
annulée, la société maintient ses effets pour la période antérieure à son
91
Dans les faits, on peut constater cet élément, c’est-à-dire qu’on peut observer la collaboration, sur un pied d’égalité,
entre deux personnes exerçant en commun une activité commerciale. Le juge, en cas de litige, dès qu’il observe cet
élément dans les faits, il en déduira que la volonté des intéressés était dans ce sens alors qu’ils ne sont pas conscients qu’ils
œuvrent dans une société.
92
Par exemple un homme et sa femme ou des concubins ou même des amis.
93
Par exemple un entrepreneur (propriétaire d’une entreprise individuelle) recrute un salarié et lui dis : vous ne serez
rémunéré que si l’entreprise réalise des bénéfices, ce qui est illégal. En cas de litige, le juge peut procéder à une
requalification du contrat de travail en considérant qu’il s’agit d’une société créée de fait.
94
Le recours aux tribunaux n’est pas d’office ou systématique. Les parties peuvent trouver une solution amiable.
95
La situation est différente en droit français. Celui-ci prévoit que les règles régissant la SEP sont applicables à la société
créée de fait. Sur cette base, le créancier qui n’a pas pu obtenir sa créance auprès du débiteur avec qui il a contracté, peut la
demander à l’autre associé. En plus, l’associé de fait peut demander sa part dans les bénéfices de l’exploitation.
96
Voir Kharroubi (Kh), Op.cit, p.268.
24
annulation.97 Autrement dit, la nullité de la société ne remet pas en cause les
effets produits au passé.98 Il y a donc des conséquences sur les rapports de la
société avec les tiers et d’autres sur les rapports entre les associés de fait. Dans
le premier rapport, les actes passés par la société et les tiers de bonne foi,
produisent leurs effets. Dans le second rapport, la société doit être liquidée
conformément aux dispositions statutaires et aux règles de droit relatives à la
liquidation des sociétés dissoutes.99 « La notion de société de fait tend ainsi non
pas à maintenir la société nulle pour l’avenir mais à régler les conséquences des
actes passés sans rétroactivité ».100
25
de l’apport en industrie, constitue le capital de la société. Ce dernier est le
gage exclusif des créanciers sociaux ».
-Pour ce qui est, ensuite, de l’apport en nature, il peut s’agir d’un bien
meuble (corporel102 ou incorporel103) ou immeuble. Sa valeur est évaluée, selon
les cas, soit par les associés eux-mêmes, soit par un commissaire aux apports.104
contrepartie de son apport, l’associé ne reçoit pas un prix mais des droits sociaux
(actions ou parts).
26
de restitution à l’expiration de la durée convenue. Ce bien ne fera pas partie du
patrimoine social et échappera donc aux poursuites des créanciers sociaux.
L’apport en industrie, qui ne fait pas partie du capital social, est admis
dans les sociétés de personnes, telles que la SNC, la SEP et la SCS mais
seulement pour les associés commandités. Selon le dernier paragraphe de
l’article 67 du CSC, « l’associé commanditaire ne peut faire un apport en
industrie ».
Dans toutes ces sociétés, un associé peut, par exemple, faire un apport de
son fonds de commerce et l’autre peut apporter son activité pour exploiter ce
fonds.
105
Voir l’article 142 du CDR.
27
Concernant la SARL, le dernier paragraphe de l’article 97 du CSC, tel que
modifié par l’article 16 de la loi n° 2007-69 du 27 décembre 2007, relative à
l’initiative économique, dispose que « l’apport en société peut être en industrie.
L’évaluation de sa valeur et la fixation de la part qu’il génère dans les
bénéfices se font par commun accord entre les associés dans le cadre de l’acte
constitutif ».
Pour ce qui est des sociétés de capitaux, il est à observer que l’apport en
industrie est interdit dans la SA. C’est ce qui résulte de l’article 166-II du CSC
aux termes duquel « les actions ne peuvent représenter des apports en
industrie ». Dans la SCA, la règle est, en principe, celle prévue pour la SCS.
Seuls donc les commandités peuvent, ce qui paraît, faire un apport en industrie.
Faut-il enfin ajouter que selon l’article 1256 du COC « l’apport peut
consister dans le crédit commercial d’une personne ».
28
proportion qui ne peut être inférieure à 30%, au moins une fois tous les trois
ans, et ce, après constitution des réserves légales et statutaires, sauf si
l’assemblée générale des associés décide le contraire à l’unanimité ».
Une fois la société décide de répartir les bénéfices entre les associés, cette
répartition doit être en principe proportionnelle à leurs apports. En cas de doute,
les parts des associés sont présumées égales. Cette règle, qui s’applique
également en cas de perte, est exprimée dans l’article 1300 du COC.
106
Voir l’article 140 du CSC relatif à la SARL, l’article 287 du même code relatif à la SA et l’article 1305 du COC
applicable aux autres sociétés.
107
Voir l’article 140 du CSC.
108
Voir l’article 287 du CSC.
109
Voir l’article 1305 du COC.
29
Selon l’article 1301 du COC « est nulle et rend nul le contrat de société,
toute stipulation qui attribuerait à un associé une part dans les bénéfices, ou
dans les pertes, supérieure à la part proportionnelle à sa mise ». De même,
selon l’article 1302 du même code « lorsque le contrat attribue à l’un des
associés la totalité des gains, la société est nulle et le contrat constitue une
libéralité de la part de celui qui a renoncé aux bénéfices ». Le même article
(1302 du COC) ajoute que « la clause qui affranchirait l’un des associés de
toute contribution aux pertes est nulle mais n’annule pas le contrat ».
Néanmoins, l’article 1303 du COC précise qu’ « il peut être stipulé que celui
qui a apporté son industrie aura dans les bénéfices une part supérieure à celle
des autres associés ». Cet article considère donc valables les clauses statutaires
accordant à l’apporteur en industrie une part importante dans les bénéfices
pouvant être supérieure à celle attribuée aux associés qui ont fait un apport en
numéraire ou en nature.
A – L’exigence de l’écrit :
Cet écrit ( )الكتبa un double rôle. D’une part, il fixe les rapports entre les
associés puisque l’article 3 alinéa 4 dispose qu’ « aucune preuve n’est admise
entre les associés contre les statuts ».110 D’autre part, il permet d’informer ou
d’aviser les tiers à travers la formalité de publicité.111
110
Le même alinéa ajoute que « toutefois, les pactes conclus entre associés en raison de la société sont
valables et obligent leurs parties lorsqu’ils se limitent à régir les droits qui sont propres à ceux-ci et qui ne
sont pas contraires aux dispositions des statuts ».
111
Selon le dernier alinéa de l’article 3 du CSC, « les tiers peuvent, s’il y a lieu, être admis à prouver, par tous
les moyens, l’existence soit de la société, soit d’une ou de plusieurs clauses du contrat de société ».
31
et ce, par le dépôt des statuts et des documents prévus par la loi relative au
R.N.E.
32
validité du contrat de société.112 Toutefois, le non respect de la formalité de
l’écrit engendre systématiquement la nullité du contrat de société pour les
cas dans lesquels le législateur exige que l’acte soit rédigé par certaines
personnes sous peine de nullité (voir article 3-II du CSC, article 377 bis du
CDD, article 189 bis du CC et article 2 du décret loi du 20 Aout 2011 portant
organisation de la profession d’avocat).
L’exception, qui tient compte de la rigueur de la sanction, 114 est que cette
nullité peut être évitée ou couverte par la régularisation de la cause de la nullité.
Mais l’article 17 précité, qui constitue une disposition d’ordre générale
applicable à toutes les sociétés commerciales, pose un problème puisque le
régime de cette régularisation n’est pas clairement défini.
112
Voir Ben Ammou (N), cours précité, pp.23-24.
113
Voir les articles 18, 104 al.2 et 179 al.2 du CSC.
114
La nullité de la société est une sanction grave et très dommageable pour les associés et pour les tiers. Voir
Ben Ammou (N), cours précité, p.26.
33
Pour la SARL, l’article 108 du CSC permet à toute personne, ayant intérêt
à régulariser la société, dont la nullité est fondée sur une violation des règles de
publicité, de mettre celle-ci en demeure d’y procéder dans un délai de 30 jours.
A défaut de régularisation dans ce délai, tout intéressé peut demander au juge
des réfères la désignation d’un mandataire chargé d’accomplir les formalités
manquantes.
D’ailleurs selon l’article 107 du même code, toute nullité est couverte par
la régularisation de sa cause. L’action en nullité est éteinte lorsque la cause de
la nullité a cessé d’exister et cela même le jour ou le tribunal statue sur le fond
en 1er instance, sauf si la nullité est fondée sur l’illicite de l’objet social. Le
même article ajoute que, si pour couvrit une nullité, une assemblée doit être
convoquée ou une consultation des associés doit être effectuée, le tribunal
accorde le délai nécessaire pour que les associées puissent procéder à la
régularisation. Dans la même idée, le dernier paragraphe de l’article 107 sus
indiqué précise que le tribunal saisi d’une action en nullité peut, même d’office,
fixer un délai pour permettre de couvrir la nullité.
Pour la SA, l’article 179 du CSC retient pratiquement les mêmes solutions
pour procéder à la régularisation. Ces solutions spécifiques montrent
l’originalité de cette nullité et la volonté législative d’éviter, autant que possible,
que la nullité des sociétés commerciales soit prononcée. Pour les autres sociétés,
bien que les dispositions du CSC les régissant soient, sur ce point, lacunaires,
rien n’empêche, à notre avis, de retenir les possibilités de régularisation offertes
aux SARL et aux SA.
34
L’autre question, qui mérite d’être envisagée, consiste à s’interroger sur les
effets de la nullité. La nullité, qui entraîne la disparition de la société pour
l’avenir, a-t-elle un caractère rétroactif ? Le CSC ne comporte pas de solutions
claires susceptibles de s’appliquer à toutes les formes de sociétés. Toute autre
est la situation en droit français. En effet, conformément à la théorie de la
société de fait, dégagée par la jurisprudence et retenue par le législateur, la
nullité n’a pas d’effet rétroactif. Elle ne fonctionne que pour l’avenir.
115
Il s’agit, en particulier, des dispositions des articles 18, 104 al.2 et 179 al.2 du CSC qui prévoient que la
nullité ne peut être opposée aux tiers ni par les représentants légaux de la société, ni par les associés. Autrement
dit, les tiers qui ont, par exemple, contracté avec la société antérieurement à son annulation sont en bon droit de
poursuivre, selon les cas, soit les associés, soit le représentant légal de la société pour se faire payer de leurs
créances.
35
Paragraphe 1 : Les organes de gestion.
Dans les sociétés de personnes, telle que la SNC, et dans la SARL, l’organe
de gestion est représente par le gérant. Celui-ci est le dirigeant de la société. Il
assure sa gestion interne ou externe. C’est ainsi que le gérant contracte au nom
et pour le compte de la société. En particulier, il accomplit les actes
d’administration et les actes de disposition (location, recrutement du personnel,
vente, emprunt…). Il représente la société auprès des tribunaux tant en demande
qu’en défense.
Le gérant peut être associé ou non associé, c'est-à-dire parmi les tiers. 117 En
outre, le gérant peut être une seule personne ou plusieurs personnes physiques
116
Voir l’article 58 du CSC relatif à la SNC et l’article 112 du même code relatif la SARL.
117
Voir l’article 58 du CSC relatif à la SNC et l’article 112 du même code relatif à la SARL.
36
ou morales. Néanmoins, dans la SARL, les gérants ne peuvent être que des
personnes physiques.118
Dans les sociétés de capitaux, une distinction doit être faite entre la SA et la
SCA. S’agissant de la SA, le CSC donne le choix entre la gestion de type
classique, inspirée du droit français, avec un conseil d’administration et un
président et celle de type moderne, inspirée du droit allemand , avec un
directoire et un conseil de surveillance.
118
Voir les article 58- II et 60- II du CSC relatifs à la SNC et l’article 112 du même code relatif à la SARL.
119
Le PDG doit être nommé administrateur de la société avant qu’il soit désigné à la tête du conseil
d’administration.
120
La SA est administrée par un conseil d’administration composé de trois membres au moins et douze membres
au plus. C’est l’assemblée générale des actionnaires qui nomme les administrateurs. Ces derniers désignent,
remplacent et révoquent le président qui est obligatoirement un actionnaire. Les administrateurs, qui peuvent ne
pas être actionnaires, sont eux-mêmes révocables à tout moment par l’assemblée générale des actionnaires. (Voir
les articles 189, 208 du CSC).
121
Voir l’article 210 du CSC.
122
Voir l’article 215 du CSC.
123
Dans ce cas et conformément aux dispositions des articles 215 et suivants du CSC, il n’est pas nécessaire
qu’il soit actionnaire. Il suffit qu’il soit membre du CA pour le présider puisque le conseil peut comprendre
des non-actionnaires
37
de direction générale de la société, et celles de directeur général124 qui assure,
en principe et sous sa responsabilité, la direction générale de la société et qui
peut se faire assister par un ou plusieurs directeurs généraux adjoints.125
124
Il est nommé et révoqué par le CA. Il doit être une personne physique. Il n’est pas nécessaire qu’il soit
membre du CA (voir art. 217 du CSC).
125
Voir l’article 217, al.6 du CSC.
126
Le directoire peut se composer de cinq membres au maximum, y compris son président, nommés par le
conseil de surveillance. Ils doivent être obligatoirement des personnes physiques. Mais ils peuvent être choisis
en dehors des actionnaires. Si une seule personne exerce les fonctions relevant du directoire, elle sera
dénommée directeur général unique. Voir les articles 225 et 226 du CSC.
127
Le conseil de surveillance est composé de trois membres au moins et 12 membres au plus nommés et
révoqués par l’assemblée générale des actionnaires. Ils doivent être obligatoirement des actionnaires, personnes
physiques ou morales, et ne peuvent, en même temps, faire partie du directoire de la même société. Voir les
articles 225, 235, 237, 238, 239 et 240 du CSC.
128
Le conseil de surveillance, qui est désigné par l’assemblée générale ordinaire, est composé de trois
actionnaires au moins ayant la qualité de commanditaires. Les commandités ne peuvent pas participer à la
désignation des membres du conseil de surveillance. Voir les articles 393 à 397 du CSC.
129
Voir l’article 67 du CSC.
130
Voir l’article 71 du CSC.
38
Paragraphe 2 : Les organes de délibération
Le droit au vote est exercé dans le cadre des assemblées des associés. Il
s’agit en particulier de l’assemblée générale ordinaire et de l’assemblée générale
extraordinaire.
Le droit de vote est prévu par l’article 11du CSC qui dispose que « tout
associé a le droit de participer aux assemblées générales. Il bénéfice d’un
nombre de voix proportionnel aux apports et actions qu’il détient … ». Selon
le paragraphe 4 du même article « l’associé vote personnellement au par
l’intermédiaire de son représentant pour la totalité de ses parts et actions. Il ne
peut donner mandat de vote sur une partie de ses parts ou actions ». Il résulte
de ces dispositions, qui sont de portée générale, que le législateur reconnait à
tout associé, quel que soit le type de société, le droit de participer à la prise de
décisions collectives dans les assemblées.
Concernant l’AGO, celle-ci est une réunion qui doit avoir lieu au moins
une fois par an. Elle rassemble les associés ou les actionnaires d’une même
société. A cette occasion, le ou les gestionnaires de la société présentent les
comptes annuels afin qu’ils soient approuvés par les membres de l’assemblée.
131
Les dividendes sont la part des sommes distribuables (bénéfices ou réserves disponibles) de l’exercice
déterminée conformément aux dispositions légales et statutaires. Voir Olivaux (J.L) : « La distribution de
dividendes : les domaines financiers, fiscaux et juridiques en France et aux Etats- Unis ». Thèse, Paris IX, 1983,
p.2.
132
Le boni de liquidation est le résultat positif ou le dividende final qui peut apparaître à l’issu des opérations de
liquidation.
39
Les associées ou les actionnaires prennent aussi des décisions se rapportant aux
orientations de la société ou à sa politique future ou encore des décisions
relatives à l’affectation des résultats. Les associés ou les actionnaires peut se
réunir en AGO pour contrôler les actes de gestion. Par exemple pour approuver
les actes accomplis par le dirigeant en dehors de l’objet social ou ceux dépassant
ses pouvoirs statutaires ou encore les contrats conclus par le dirigeant avec la
société qu’il gère.
Dans les sociétés de personnes, telle que la SNC, les décisions sont prises
en principe à l’unanimité ce qui confère à l’associé un droit de véto quel que
soit le nombre de ses parts ou l’importance de ses apports.133
Par contre dans les SARL, c’est la règle de la majorité qui est retenue pour
les décisions prises dans le cadre d’une AGO.134 Il en va de même pour la SA.135
133
Les dispositions du CSC régissant la SNC ne prévoient aucune règle de majorité. Mais, les statuts de la
société peuvent modifier ces règles pour certaines décisions à l’ exclusion des modifications statutaires.
134
Le principe, prévu par le paragraphe I de l’article 130, est que dans le cadre d’une AGO, les décisions ne sont
adoptées que si elles ont été votées par un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital social.
Le paragraphe II du même article prévoit des exceptions à cette règle.
135
Voir les articles 278 et 279 du CSC
40
Dans les sociétés de personnes, notamment la SNC, ce genre de décision
est pris en principe à l’unanimité. En revanche, dans les SARL et dans les SA,
les décisions sont prises à la majorité.136
Pour ce qui est du droit à l’information, l’article 11-4 du CSC précise que
tout associé « a le droit, à tout moment de l’année, soit personnellement, soit
par un mandataire, de consulter et de prendre copie de tous les documents
présentés aux assemblées générales tenues au cours des trois dernières
exercices. L’associé peut également obtenir copie des procès verbaux des dites
assemblées ».
136
Voir l’article 131 du CSC pour la SARL et l’article 291 du même code pour la SA.
41
Section 3 : La dissolution des sociétés commerciales.
On va étudier les causes de dissolution (A) avant d’aborder ses effets (B).
En outre, selon l’article 21 précité, la société est dissoute par la fin de son
activité sociale. Il s’agit le plus souvent de la réalisation de l’objet social. 138
Presque dans cette même idée, l’article 25 du CSC dispose que « la société est
dissoute de plein droit par l’extinction de l’objet social ». Il y a extinction de
l’objet
137
Selon l’article 8 du CSC, la durée de la société ne peut excéder quatre-vingt dix neuf ans. Cette durée pourra,
le cas échéant, être prorogée.
138
Par exemple, une société a été constituée pour construire un complexe commercial ou touristique. A la
réalisation de cette activité, la société doit en principe être dissoute.
42
social, lorsque l’activité pour laquelle la société a été constituée est devenue
juridiquement ou matériellement impossible.139
Par ailleurs, selon l’article 21 du CSC, la société est dissoute par le décès
de l’un de ses associés. Mais cette règle n’est pas impérative et ne concerne pas
toutes les sociétés. Par exemple, selon l’article 65 du CSC, « sauf clause
contraire des statuts, en cas de décès de l’un des associés, la SNC continue
entre les survivants si le décédé n’a pas laissé d’héritiers auxquels ses droits sont
dévolus. Au cas contraire, la société continue avec les héritiers qui prennent la
qualité d’associés commanditaires et la société se transforme de droit en une
société en commandite simple qui doit faire l’objet des mesures de publicité
légale ». Toute autre est le cas de la SARL. Celle-ci ne peut, selon l’article 141
du CSC, être dissoute par le décès d’un associé et toute stipulation contraire des
statuts est réputée non écrite.
139
*Exemples de l’impossibilité juridique de l’activité sociale.
Une société a été constituée pour la commercialisation d’un produit. Mais, ultérieurement, ce produit est devenu
inaccessible puisque la législation a changé en interdisant son commerce. Une société qui a pour objet
d’exploiter des immeubles, mais le contrat de vente portant sur ces immeubles est annulé. Une société qui a pour
objet d’exploiter un brevet, mais celui-ci est annulé. Une société comptable radiée de l’ordre des experts-
comptables ou une société d’avocats radiée de l’ordre des avocats.
* Exemples de l’impossibilité matérielle de l’activité sociale.
L’extinction de la chose représentant l’objet social ce qui entraîne sa disparition ou l’impossibilité de le réaliser.
Tel est le cas d’une société ayant été constituée pour exploiter une carrière de sable, de pierre ou de gravier.
L’extinction de la carrière aboutit en principe à l’extinction de l’objet social et donc à la dissolution de la société.
43
Selon l’article 23 du CSC, en cas de réunion de toutes les parts sociales
d’une société de personnes ou d’une SARL entre les mains d’un seul associé, la
société se transforme en SUARL. A défaut de régularisation dans un délai d’un
an à partir de la date de la réunion de toutes les parts en une seule main, tout
intéressé peut demander en justice la dissolution de la société.
L’autre cas cité par l’article 21 du CSC est la dissolution judicaire. Dans
ce cadre, l’article 26 du CSC précise que tout associé peut conformément aux
dispositions spécifiques à chaque société saisir la juridiction compétente en vue
de faire prononcer la dissolution de la société pour justes motifs. Le juste motif
est tout changement affectant le bon fonctionnement de la société. L’article 1323
du COC cite à titre indicatif des cas de juste motif, tels que « les
mésintelligences graves survenues entre les associés (ركاءll)نزاع قوي بين الش, le
manquement d’un ou plusieurs d’entre eux aux obligations résultant du
contrat, l’impossibilité où ils se trouvent de les accomplir ».140 Dans ce cas, la
dissolution est de la compétence de la chambre commerciale.141
Outre les causes de dissolution déjà citées, l’article 24 du CSC évoque le cas
de la perte ou de l’inutilité de la chose objet d’un apport en propriété ou en
jouissance.142 Néanmoins, le même article donne la possibilité aux associés de
maintenir la société.
140
Les motifs retenus par cet article concernent la disparition de l’affectio societatis ou l’atteinte à celui-ci. En
effet, la mésentente entre les associés ou l’inexécution des obligations qui leur incombent rendent impossible
la réalisation de l’objet social.
141
Voir l’article 40, alinéa 7 du CPCC.
142
La perte de la chose peut résulter de sa disparition de son vol. L’inutilité de la chose signifie que celle-ci
devient inutilisable.
44
cas, le représentant légal de la société est tenu de convoquer l’assemblée
générale délibérant aux conditions prévues par les statuts
*La liquidation est une opération qui vise, d’abord, à régler les affaires en
cours de la société.146 Elle permet, ensuite, de déterminer les éléments de son
actif et payer les créanciers. Enfin, cette opération est en principe clôturée par le
remboursement des apports dans la mesure du possible. Si l’actif net147 fait
apparaître un « super-actif » ou plutôt un « boni de liquidation »,148 celui-ci
sera réparti entre les associés. Au cas où les éléments d’actif ne permettent pas
le paiement des dettes sociales, totalement ou partiellement, la liquidation doit
déterminer la part de chaque associé dans le passif social.149
143
L’inscription au registre du commerce se fait par le dépôt de l’acte ou de la délibération constatant la
dissolution.
144
L’immatriculation au registre du commerce doit être faite dans le mois qui suit la dissolution. Pour la publicité
de la dissolution au JORT aucun délai n’est prévu. Les intéressés doivent procéder à cette publicité au plutôt
possible.
145
Le cas de la fusion et de la scission.
146
C’est-à-dire les affaires dans lesquelles la société s’est engagée.
147
L’actif net est constitué du montant du capital social (apports en numéraire et en nature), des réserves, des
bénéfices de l’exercice écoulé et ceux de l’exercice en cours, diminués des charges d’exploitation et des dettes
sociales.
148
C’est la différence entre le montant de l’actif net et celui des apports.
149
Une distinction doit être faite entre les sociétés à responsabilité limitée et celles à risque illimité.
45
Selon l’article 29 du CSC, la société est en liquidation dès l’instant de sa
dissolution quelle qu’en soit la cause. La raison sociale ou la dénomination
sociale devra être suivie de la mention « société en liquidation » sur tous les
documents émanant de la société. Le même article ajoute que la personnalité
morale de la société survit jusqu’à la clôture de la liquidation.150
150
Le maintien de la personnalité morale a pour but de garder le siège social, le patrimoine social et l’activité
sociale dans les limites nécessaires à la réalisation des opérations de liquidation.
151
Les statuts peuvent régler à l’avance la liquidation.
152
Voir l’article 30 du CSC.
153
Voir l’article 30 du CSC. Dans ce cas, la nomination s’effectue conformément à la loi du 11 novembre 1997
relative aux liquidateurs, mandataires de justice, syndics et administrateurs judicaires.
46
Le liquidateur, qui est le représentant légal de la société dissoute, 154 dispose
de larges pouvoirs pour réaliser l’actif, c'est-à-dire vendre les biens meubles et
immeubles appartenant à la société, payer les créanciers,155 rembourser les
apports et répartir le solde disponible (le boni de liquidation) entre les associés
proportionnellement à leurs participations.156 Il continue l’exécution des contrats
en cours. Il peut même conclure de nouveaux contrats à conditions que ceux-ci
soient nécessaires à la liquidation.157
47
Chapitre 2 : Les règles spécifiques à chaque forme de société.
A- Le statut du gérant :
a) Nomination du gérant.
Selon l’article 57 du CSC « la gestion de la société est un droit pour tous les
associés sauf si les statuts ou une convention ultérieure ne prévoient le
48
contraire ». Cet article envisage le droit à la gestion de la société. Il nous permet
de constater que la désignation d’un gérant est possible mais non obligatoire.
Lorsque les associés n’ont pas choisi ou n’ont pas nommé ou désigné un
gérant, la règle est qu’ils ont tous la qualité de gérant, c'est-à-dire le droit de
gérer la société. Chaque associé a donc le pouvoir d’engager la société en
signant sous la raison sociale et de la représenter dans ses rapports avec les tiers
et devant les tribunaux.
Mais les statuts ou une convention ultérieure peuvent, par exemple, priver
ou exclure certains associés du droit de gérer la société ou encore réserver ce
droit à certains d’entre- eux (les associés fondateurs ou ceux ayant une certaine
ancienneté) ou également confier cette mission à une personne étrangère à la
société.
162
Voir article 68 du CSC.
163
Voir article 71 du CSC.
49
l’unanimité est toujours exigée. Pour le gérant non associé, l’unanimité est en
toute logique nécessaire quand il est nommé dans les statuts lors de la
constitution de la société. Cela est vrai car l’article 23 du COC dispose que
« la convention n’est parfaite que par l’accord des parties sur les éléments
essentiels de l’obligation ainsi que sur toutes les autres clauses licites que les
parties considèrent comme essentielles ». Par contre, s’il est désigné dans un
acte séparé, la décision doit être prise au moins par les associés détenant les
trois quarts du capital social.
b) Révocation du gérant.
S’agissant du gérant associé, s’il est statutaire, il ne peut être révoqué par
ses seuls coassociés, car sa voix est nécessaire pour modifier les statuts. 164
S’il n’est pas statutaire, sa révocation doit être prise à l’unanimité de ses
coassociés. Sa voix n’est pas donc nécessaire.
164
On rappelle que le CSC ne prévoit aucune majorité pour modifier les statuts de la SNC. Sur cette base, c’est la
règle de l’unanimité qui est retenue étant donné que la société est un contrat. Dans cette même idée, l’article
242 du COC dispose que « les obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui
les ont faites et ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la
loi ».
50
L’article 59 précité ajoute « si la révocation est abusive, elle peut donner
droit à réparation ». Autrement dit, si la révocation n’est pas justifiée par un
juste motif, le gérant révoqué peut demander la réparation du dommage subi.
On va étudier les pouvoirs du gérant dans ses rapports avec les associés et
avec les tiers.
-Le principe est que le gérant peut faire tous les actes de gestion (*)
qu’exige l’intérêt de la société (*) sans autorisation préalable des associés (*).
165
Voir les articles16 et article 59 -2 du CSC.
51
Les actes de gestion peuvent comprendre certains actes de disposition
nécessaires au fonctionnement de la société et se rattachant à l’objet social, tels
que l’achat et la vente de marchandises ou d’immeubles lorsque l’activité de la
société consiste dans le commerce de biens mobiliers et immobiliers. En dehors
de ces cas, les actes de disposition doivent être autorisés par les associés (par
exemple, la remise d’une dette à un débiteur ou l’abandon d’une créance).
-L’exception est que les statuts peuvent restreindre ou limiter les pouvoirs
normaux du gérant en lui interdisant d’accomplir un acte de gestion se rattachant
à l’objet social.
52
d’opposition émanant d’un gérant aux actes d’un autre gérant, la société reste
engagée. Pour se dégager, elle doit établir que le tiers a eu connaissance de cette
opposition.
Les statuts ou une décision ultérieure peuvent aussi répartir les pouvoirs
de gestion entre les gérants en déterminant les attributions de chacun d’eux .
Par ailleurs, il convient d’ajouter que les gérants sont soumis à des
obligations qui protègent la société toute entière. C’est ainsi que l’article
62 du CSC, prévoyant une obligation de non concurrence à la charge du
ou des gérants , dispose que « les gérants ne peuvent gérer une société
ou une entreprise individuelle exerçant une activité concurrente ». En
166
Les tiers sont obligés à chaque fois de vérifier non seulement l’objet social mais aussi l’étendue ou les
limites des pouvoirs du gérant.
167
La signature sous la raison sociale laisse supposer que l’acte effectué par le gérant est conclu au nom et pour
le compte de la société.
168
Par exemple contracter un emprunt avec une banque en signant sous la raison sociale alors que la
trésorerie de la société est excédentaire (il ya un excédent de trésorerie) et qu’ il y a un lien de parenté ou
d’amitié entre le gérant et le banquier qui a accorde le crédit.
53
outre, selon l’article 63 du CSC « les gérant ne peuvent, sans autorisation
spéciale des associés, passer pour leur compte personnel des marches ou
entreprises avec la société ». Par exemple, le gérant ne peut pas être
fournisseur, à titre personnel, de la société qu’ il gère sans autorisation
spéciale des associés.
169
Il s’agit dans la plupart des cas d’une responsabilité contractuelle.
170
Voir les articles 1104 et suivants du COC.
54
En cas de pluralité de gérants, chacun est responsable individuellement de ses
propres fautes. Mais si la faute est commune, ils sont tous responsables.171
Ajoutons que chaque associé peut exercer une action individuelle contre le
gérant pour le préjudice qu’il a subi personnellement.
Concernant la responsabilité pénale du gérant de la SNC, celle-ci reste
régie par les règles de droit commun du code pénal étant donné que les
dispositions du CSC relatives à cette société ne prévoient aucune disposition
spécifique en la matière. Par exemple, la responsabilité pénale du gérant de la
SNC sera engagée sur le fondement de l’abus de confiance s’il détourne ses
fonds.
b) Responsabilité vis-à-vis des tiers.
La lecture a contrario de l’article 61 du CSC nous permet de conclure
que la responsabilité du gérant est engagée envers les tiers chaque fois qu’il
dépasse les limites de ses pouvoirs prévus par la loi ou par les statuts ou qu’il ne
signe pas sous la raison sociale étant donné que, dans ces cas, la société
n’assume, en principe, aucune responsabilité.
171
Voir l’article 1140 du COC.
55
politiques tels que le droit à l’information et le droit de participer dans la prise
de décision.172
Dans ce cadre, il convient de rappeler que les décisions sont prises à
l’unanimité puisque le CSC ne prévoit aucune majorité en matière de SNC. En
application du principe de la force obligatoire du contrat consacré par
l’article 242 du COC, les statuts de la société ne peuvent être modifiés que par
le consentement de tous les associés. Cette règle est presque identique à celle
prévue pour la SCS puisque selon l’article 74 du CSC, « les statuts ne peuvent
être modifiés qu’avec le consentement de tous les commandités et le
consentement de la majorité en nombre et en capital des commanditaires ».
L’autre droit consiste dans la cession des droits sociaux. L’associé, dans la
SNC, ne peut céder ses parts à un tiers sauf consentement unanime des autres
associés et à condition de se conformer aux obligations de publicité. Mais les
statuts peuvent comporter des clauses dérogeant à cette règle.173 Toute est autre
est la cession des droits ou avantages attachés auxdites parts. 174 La même règle,
comportant un principe et une exception, est consacrée pour la cession des parts
dans la SCS.175
2) Les obligations des associés.
L’obligation essentielle des associés est l’obligation au passif social, c'est-
à-dire aux dettes de la société. Cette obligation est prévue par l’article 54 du
CSC qui dispose que « la SNC est constituée entre deux ou plusieurs
personnes qui sont responsables personnellement et solidairement du passif
social ».
Il convient de remarquer, dans ce cadre, que la situation des associés de la
SNC, au regard des créanciers sociaux, est identique à celle des commandités
172
Voir les articles 11 et 64 du CSC.
173
Voir l’article 56-I du CSC. Par exemple, les statuts peuvent prévoir que la cession est libre à des personnes
désignées à l’avance (conjoint, enfants…etc.). Les statuts peuvent, en outre, déterminer les modalités d’agrément
ou accepter une obligation de préemption en cas de refus d’agrément
174
Selon l’article 56-II du CSC, il est permis à un associé de transférer à un tiers les droits et les avantages
attachés à sa part d’intérêt. Il en résulte qu’un associé peut notamment céder à un tiers les bénéfices produits par
les parts. Cette convention conclue entre l’associé et le tiers est dite « convention de croupier ».
175
Voir l’article 75 du CSC.
56
dans la SCS puisque selon l’article 67 du CSC, les commandités, qui seuls
peuvent être chargés de la gestion de la société, répondent solidairement et
indéfiniment des dettes sociales. Par contre, les commanditaires ne sont tenus
du passif social qu’à concurrence de leurs apports.
L’obligation aux dettes sociales suppose, en principe, que c’est à la société
que les créanciers doivent s’adresser et qu’ils ne peuvent poursuivre le
patrimoine personnel des associés que si les biens de la société ne permettent
pas le paiement de tout ou partie de la dette.
Il importe de souligner, à ce stade de l’étude, que conformément à l’article
54-II du CSC, l’obligation au passif social s’étend aussi à toute personne
étrangère à la société qui accepte de laisser son nom figurer dans la raison
sociale, tel que , par exemple, le gérant non associé ou l’ancien associé qui a
quitté la société.
Dans cette même idée, l’article 55- II du CSC précise que « les associés faisant
partie de la société au moment où l’engagement social a été contracté sont
tenus solidairement sur leurs biens propres ». La lecture a contrario des
dispositions de cet article nous permet de dégager un double constat.
D’une part, l’associé qui cède ses parts avant la naissance de la dette ou de
l’obligation sociale ne sera pas responsable à l’égard des créanciers sociaux au
titre des engagements qui sont contractés après son départ.
D’autre part, l’associé qui adhère à la société postérieurement à la naissance
de l’obligation ou de la dette ne peut être poursuivi pour cette dette ou
obligation antérieure. Seul donc l’associé, qui est membre de la société au
moment où l’engagement social a été contracté, est responsable
personnellement et solidairement du passif social même s’il cède ses parts
ultérieurement.
57
A coté des causes communes de dissolution, qu’on a étudiées dans le
chapitre premier de ce cours, il y a des causes de dissolution propres à la SNC,
tels que l’impossibilité pour l’un des associés de céder ses parts, l’incapacité ou
la faillite d’un associé sauf si les autres associés ont décidé à l’unanimité que la
société continue entre eux ou encore en cas de stipulation, dans les statuts, de la
non continuation de la société entre les associés survivants ou entre ceux-ci et
les héritiers de l’associé décédé.176
176
Voir l’article 65 du CSC.
177
Voir l’article 11-II du CSC.
178
Voir les articles 90 et 93 du CSC.
58
les sociétés d’assurance et les autres institutions financières, les
établissements de crédit et d’une façon générale toute société à laquelle la loi
impose de prendre une forme déterminée ».
Pour ce qui concerne le montant capital social, il était fixé, dans une
première étape, à dix mille dinars. Dans une seconde étape et pour encourager la
création des SARL, le législateur a ramené, par une loi promulguée en 2005, 179
ce montant à mille dinars. Dans une troisième étape, le législateur est intervenu
à travers la loi du 27 décembre 2007, relative à l’initiative économique 180 en
supprimant le minimum exigé.
179
Loi n° 2005-12 du 26 janvier 2005 modifiant certaines dispositions du CSC.
180
Loi n° 2007 -69.
181
Voir l’article 97 –III du CSC et le chapitre premier de ce cours.
182
On a vu que l’évaluation de sa valeur et la fixation de la part qu’il génère dans les bénéfices se font par
commun accord entre les associés dans le cadre de l’acte constitutif. Voir l’article 97-III du CSC.
59
Mais cette procédure n’est pas obligatoire lorsque la valeur de chaque
apport en nature ne dépasse pas 3000 dinars.183 Dans ce cas, les associés
peuvent, à la majorité des voix, décider de ne pas recourir à un commissaire aux
apports. Ils seront alors solidairement responsables à l’égard des tiers de la
valeur attribuée aux apports.184 L’action en responsabilité se prescrit par trois
ans à partir de la constitution.185
Ces règles concernent d’abord le contrat de société qui doit être établi par
écrit (acte sous seing-privé ou acte notarié). L’acte constitutif doit comporter
certaines mentions obligatoires énumérées par les articles 9 et 96 du CSC parmi
lesquelles on cite notamment le montant du capital social avec la répartition des
parts qui le représentent, l’indication de l’institution bancaire habilitée à recevoir
les apports en numéraire, la répartition des apports en numéraire et en nature
ainsi que l’évaluation de ces derniers, le cas échéant, le ou les gérants …etc.
183
Il suffit que la valeur d’un seul apport en nature dépasse 3000 D pour que le recours à un commissaire aux
apports devienne obligatoire.
184
En cas de fausse évaluation qui met les tiers en erreur. Mais quand la fausse évaluation est faite par le
commissaire aux apports, c’est ce dernier qui sera responsable non seulement à l’égard des tiers mais également
vis-à-vis de l’associé qui a subi un préjudice.
185
Voir l’article 100 du CSC.
60
auprès d’un établissement bancaire au nom de la société en formation. 186 Une
fois déposés, ces fonds ne peuvent, selon le même article, être retirés par le
gérant qu’après l’accomplissement de toutes les formalités de constitution de la
société et son immatriculation au registre de commerce.
186
L’établissement bancaire délivre un certificat de dépôt au déposant.
187
Voir article 3 du CDET.
188
Voir l’article 56 du CIRPPIS.
189
Voir les articles 14 et 15 du CSC et voir notamment le chapitre premier de ce cours.
61
c’est-à-dire celle qui n’a pas été encore immatriculée au registre de commerce,
sera considérée comme une société de fait soumise au régime de la SNC. A
dire le vrai, la solution retenue a pour but de protéger les tiers qui ont traité avec
la SARL en cours de constitution. De ce point de vue, les tiers peuvent donc agir
contre les associés de la SARL, qui seront tenus solidairement comme les
associés d’une SNC, au titre des engagements contractés avant la naissance
de sa personnalité morale.
1-La nullité.
Aux termes de l’article 104-1 du CSC « est nulle toute SARL constituée en
violation des articles 93 à 100 du présent code ». Il s’agit notamment de la
violation des règles relatives à l’objet social, à l’établissement de l’écrit, à la
libération des apports en numéraire et en nature et l’évaluation de ceux-ci ainsi
qu’à la répartition des parts sociales entre les associés, au dépôt des fonds et à
l’immatriculation de la société au registre de commerce.
L’action en nullité 190 peut être exercée par toute personne ayant intérêt, tels
que notamment les tiers qui ont contracté avec la société ou également l’un des
associés. Notons que la nullité ne doit pas nuire aux tiers. C’est pourquoi le
législateur décide, d’une part, que « la nullité ne peut être opposée aux tiers
par les associées »191 et que, d’autre part, la société « sera considérée comme
une SNC de fait ».192 Il en résulte que les associés seront tenus personnellement
190
L’action en nullité se prescrit par un délai de trois ans à partir de la constitution de la société (art.104-II du
CSC).
191
Voir l’article 104-2 du CSC.
192
Voir article 104-3 du CSC.
62
et solidairement envers les tiers au titre des obligations contractées avant
l’annulation de la société ou plutôt avant la publication de ladite nullité.
2) La responsabilité.
A) La gestion de la SARL.
1) Nomination du gérant.
193
Voir les articles 107 et 108 du CSC et le chapitre premier de ce cours.
63
Selon l’article 112- I du CSC, « la SARL est gérée par une ou plusieurs
personnes physiques ». Selon le paragraphe II du même article « le ou les
gérants peuvent être désignés dans les statuts ou par un acte postérieur, et ce,
parmi les associés au parmi les tiers ». Selon le même paragraphe, ils sont
nommés, sauf stipulation contraire dans l’acte constitutif ou dans un acte séparé,
pour une durée de trois ans renouvelables.
64
2) Révocation du gérant.
Le gérant peut être révoqué soit par les associés, soit par le tribunal.
b) La révocation judiciaire.
associés présents ou représentés quel que soit le nombre des votants, sauf stipulation contraire des statuts
199
Face à ce vide législatif, il convient d’appliquer les dispositions de l’article 1297 alinéa 2 du COC qui
permettent de révoquer le gérant lorsqu’un juste motif est invoqué à son encontre.
65
SARL. Aux termes de l’article 122- III « le ou les associés représentant le
quart du capital social au moins peuvent intenter une action devant le tribunal
compétent tendant à obtenir la révocation du gérant pour cause légitime ».
3) Rémunération du gérant.
4) Pouvoirs du gérant.
Le CSC distingue entre les pouvoirs du gérant dans ses rapports avec les
associés et avec les tiers.
Aux termes de l’article 113- I du CSC « les statuts fixent les pouvoirs du
gérant dans ses rapports avec les associés ». Le même article ajoute dans son
200
L’acte ayant pour objet la révocation du dirigeant doit être déposé au registre du commerce et publiée au
JORT.
66
paragraphe II que « sauf stipulation contraire des statuts, le gérant peut
effectuer tous les actes relevant de l’objet de la société et dans l’intérêt de
celle-ci ».
Dans le premier cas, les statuts peuvent par exemple prévoir que
l’autorisation préalable des associés est nécessaire pour la réalisation de
certaines opérations ou la passation de certains contrats importants tels que la
vente des immeubles appartenant à la société, l’emprunt, l’hypothèque ou le
nantissement du fonds de commerce …etc. Les statuts peuvent aussi, en cas de
pluralité de gérants, répartir les fonctions de gestion entre eux.
Le statut du gérant de la SARL, dans ses rapports avec les associés, est
presque identique à celui du gérant de la SNC (art. 60 du CSC : « …tous les
actes de gestion qu’exige l’intérêt de la société sauf limitation… »). De ce
point de vue, le gérant de la SARL peut, en l’absence de limitation statutaire de
ses pouvoirs, accomplir tous les actes de gestion (acte d’administration et de
disposition selon les cas) nécessaires au fonctionnement de la société sans
autorisation préalable des associés. Il peut également réaliser tous les actes
prévus expressément par les statuts ou qui ne sont pas interdits par ceux-ci
sans consulter les associés. Mais le dépassement par le gérant de ses pouvoirs,
définis par la loi ou par les statuts, peut engager sa responsabilité envers les
67
associés. Il peut, en outre, constituer un juste motif pour sa révocation
conventionnelle ou judicaire.
201
Voir l’article 115-II du COC.
68
Il en résulte que même si les associés n’approuvent pas les conventions
passées avec la société, celle-ci reste engagée. Mais si ces conventions sont
préjudiciables pour la société, la responsabilité du gérant (ou de l’associé) peut
être donc engagée.202
Selon le paragraphe I de l’article 114 du CSC, « dans ses rapports avec les
tiers, la société est engagée par tous les actes accomplis par le gérant et
relevant de l’objet social ». Il résulte de ces dispositions que la société est
engagée envers les tiers chaque fois que le gérant passe des actes dans le cadre
de l’objet social même si ces actes sont conclus dans son intérêt personnel.204
69
social. L’opposition formée par un gérant aux actes d’un autre gérant est sans
effet à l’égard des tiers sauf si ces derniers ont eu connaissance de cette
opposition.
Il en découle que la société reste engagée envers les tiers par les actes
accomplis par son gérant même si les autres gérants lui ont exprimé leur
opposition. Pour se dégager, la société doit prouver que le tiers a eu
connaissance de cette opposition.
Ainsi les statuts comportent une clause qui limite le pouvoir de signature du
gérant à un montant de 15000 D , le contrat signé par le gérant en dépassement
de ce montant reste valable et engage donc la société même en cas de
publication des statuts.
1) Responsabilité du gérant :
a) Responsabilité Civile :
70
A cet effet, l’article 118-1 du CSC dispose que « chaque associé peut exercer
individuellement l’action en responsabilité pour la réparation du préjudice subi
personnellement », par exemple, l’associé qui n’a pas pu participer à une
décision parce qu’il n’a pas été informé ou convoqué à temps, peut exercer une
action en responsabilité contre le gérant.
b) Responsabilité pénale :
Le CSC comporte des sanctions pénales contre le gérant dans certains cas. A
titre d’exemple, le gérant est soumis selon les cas à des peines
d’emprisonnement ou sous forme d’amende en cas de présentation de comptes
annuels qui ne reflètent pas la situation véritable de la société ou en cas d’abus
des biens sociaux (voir les articles 145, 146,147 du CSC).
Aux termes de l’article 129 du CSC « Nonobstant toute clause contraire, tout
associé dispose d’un nombre de voix égal au nombre de parts qu’il détient. Il
pourra être représente par une autre personne munie d’une procuration
spéciale ».
71
a) L’assemblée générale ordinaire :
L’AGO est habilité à prendre toutes les décisions qui n’entrainent pas la
modification des statuts (voir sur cette question l’article 108 du CSC et le
chapitre premier de ce cours).
Le paragraphe 2 du même article précuire que si cette majorité n’est pas atteint
lors de la première assemblé, les associés sont convoqués de nouveau sans que
le délai entre le première et la seconde assemblée soit inférieure à 15 jours. Cette
convocation se fera par lettre recommandée avec accusé de réception huit jours
au moins avant la tenue de la deuxième assemblée.
L’AGE se tient pour prendre décision qui a pour objet la modification des statuts
(voir le chapitre1 de ce cours).
Aux termes de l’article 131-1 du CSC, « les statuts de la société ne peuvent être
modifiés que par une délibération approuvée par les associés représentant les
trois quarts au moins du capital social réunis en AGE ».
72
Son paragraphe 2 ajoute que « les statuts peuvent prévoir que leur modification
s’effectue en vertu d’une décision de l’AGE qui détient en présence des associés
détenant au moins 50% des parts sociales.
Si ce quorum n’est pas atteint, une seconde assemblée se réunit après un délai au
moins égale à 60 jours, en présence des associés détenant au moins le tiers du
capital social.
Dans tous les cas, les décisions sont prises à la majorité des deux tiers des
associés présents ou représentés.
Les statuts peuvent prévoir un quorum ou une majorité plus élevés sans
possibilité de prévoir l’unanimité.
73
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75