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SOMMAIRE

INTRODUCTION…………………………………………………………………………… 3

I/ LES CONDITIONS DE L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE………………… 6

A/ LES CONDITIONS COMMUNES A L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE……. 6

B/ LES CONDITIONS SPECIFIQUES A L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE…… 7

II/ LES EFFETS DE L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE…………………….. 10

A/ LES EFFETS A L’EGARD DE L’APPORTEUR……………………………………… 10

B/ LES EFFETS A L’EGARD DE LA SOCIETE BENEFICIAIRE……………………… 12

CONCLUSION……………………………………………………………………………. 14

BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………... 15

1
SIGLES ET ABREVIATIONS

al. alinéa

alii autres

Art. Article

AUDCG Acte Uniforme portant sur le Droit Commercial Général

AUDSCGIE Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et au


Groupement d’Intérêt Économique

AUS Acte Uniforme portant organisation des Sûretés

Cf. Confère

Réf. Référence

S.A.R.L. Société à responsabilité limitée

S.A. Société anonyme

V. Voir

2
INTRODUCTION

Il faut reconnaître qu’une activité économique peut être aussi bien le fait d’un

commerçant que d’un non commerçant, qu’il s’agisse d’une personne physique ou morale. La

nature de celle-ci peut également varier en fonction des cas. Elle peut être civile ou

commerciale. Quoiqu’il en soit, il ne serait pas abusé de dire que l’exercice de toute activité

économique, que celle-ci soit à but lucratif ou non, requiert la disposition de certains moyens

pour assurer son démarrage et sa bonne marche. Ces moyens peuvent être tant matériels

qu’immatériels par rapport aux besoins respectifs de chaque futur exploitant. C’est donc dans

cette optique que le futur entrepreneur prend l’initiative d’affecter généralement un ensemble

hétérogène de biens à l’activité qu’il envisage de faire. Et ce n’est qu’au cours de l’exercice

de celle-ci que l’exploitant, par l’acquisition d’une clientèle1, parvient à se constituer

progressivement ce qu’on pourrait qualifier de fonds professionnel ou d’entreprise.

L’appellation de ce fonds peut différer selon le type d’activité exercée par le professionnel

indépendant. Par exemple, l’on pourrait parler de fonds artisanal2, s’il s’agit d’une

exploitation artisanale ou encore de fonds agricole, s’il est question d’une exploitation

agricole et ainsi de suite. Mais ici, l’on allumera les projecteurs sur un autre type de fonds

professionnel qui n’est autre que le fonds de commerce.

Le fonds de commerce se définit comme l’ensemble des moyens permettant à un commerçant

d’attirer et de conserver une clientèle3. Il constitue une universalité de biens distincte des

éléments qui le composent. Parmi ses composants, figurent des éléments obligatoires car sans

1
D’après Gérard CORNU dans son vocabulaire juridique, la clientèle se définit comme suit : « Ensemble des
relations d’affaires habituelles ou occasionnelles qui existent et seront susceptibles d’exister entre le public et
un poste professionnel (fonds de commerce, cabinet civil) dont ils constituent l’élément essentiel et qui
généralement trouvent leurs sources dans des facteurs personnels et matériels conjugués ».
2
Art. 32 de la Loi n°2014-338 du 06 Juin 2014 relative à l’artisanat.
3
Cf. l’article 135 de l’AUDCG.

3
eux, le fonds de commerce ne saurait exister juridiquement et des éléments facultatifs. Ces

éléments sont aussi autonomes les uns des autres. En outre, le fonds de commerce ne

comprend que des éléments mobiliers pouvant être corporels et incorporels4. Par ailleurs, ce

bien unitaire peut faire l’objet de diverses opérations par son propriétaire notamment, une

location-gérance, une cession, une donation, un nantissement5 etc. Toutefois, l’on se limitera à

une opération bien spécifique à savoir l’apport en société.

L’apport en société peut s’entendre comme l’acte juridique par lequel une personne

physique ou morale affecte à l’activité d’une entreprise sociétaire à créer ou préexistante, des

biens ou des services en contrepartie de la remise de titres sociaux. L’apport du fonds de

commerce à la société doit donc qu’être perçu comme l’opération consistant à procurer ou à

fournir à une société un fonds de commerce afin d’obtenir en retour soit des parts sociales,

soit des actions.

L’analyse de ce sujet fait ressortir un double intérêt. A la fois théorique, car elle nous

permettra d’étudier de plus près les règles juridiques applicables à ladite opération et d’y

déceler peut-être certaines insuffisances, tout en apportant de cette façon notre pierre à

l’édifice de la science juridique et pratique, parce que grâce à elle, nous aurons l’opportunité

de partager le produit de nos recherches avec nos différents lecteurs et auditeurs tout en

espérant pouvoir leur faire découvrir des choses intéressantes.

Confronté à un tel sujet, la question qui nous trotte dans la tête est celle de savoir quelles

sont les conditions juridiques dans lesquelles s’effectue l’apport d’un fonds de commerce à

une société et quelles sont les conséquences qui pourraient en découler une fois ces conditions

observées.

4
V. les articles 136 et 137 de l’AUDCG.
5
V. les Chapitres 2 et 3 du Titre 2 du Livre 6 de l’AUDCG et également la Sous-section 1 de la Section 5 du
chapitre 5 du Titre 2 de l’AUS.

4
Dans le développement qui suivra, nous tenterons de répondre à cette question à double

volet en examinant ainsi dans un premier temps, les conditions de l’apport d’un fonds de

commerce à une société (I) et dans un second temps, les effets de cette opération (II).

5
I/ LES CONDITIONS DE L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE

L'apport d’un fonds de commerce à une société doit se faire selon des conditions bien

prédéfinies. Celles-ci peuvent être regroupées en deux grandes catégories, car les unes sont

communes à l’apport du fonds de commerce à une société (A) et les autres, à l’apport d’un

fonds de commerce en particulier (B).

A/ LES CONDITIONS COMMUNES A L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE

De la définition retenue du fonds de commerce, l’on en déduit qu’il s’agit d’un bien en

nature6. Son apport à une société ne peut donc qu’intervenir que dans le cadre d’un apport en

nature. De ce fait, il est soumis aux règles applicables à tout apport en nature. Outre, les

conditions de droit commun, l’apport d’un fonds de commerce à une société doit se faire

conformément à une pluralité de règles relatives à la réalisation, l’évaluation, la rédaction de

l’acte d’apport et à la publicité.

Relativement à la réalisation, il faut dire qu’il en existe deux modalités. En effet, l’apport d’un

fonds de commerce peut se faire par un apport en propriété ou par un apport en jouissance. Au

sujet la première modalité, elle se réalise par le transfert des droits réels ou personnels

correspondant aux biens apportés. Quant à la seconde, elle s’opère par la mise à la disposition

effective de la société des biens sur lesquels portent ces droits7.

6
Cf. notamment l’article 40 de l’AUDSCGIE
7
Art. 45 al. 1 de l’AUDSCGIE

6
En outre, l’effectivité de cet apport laisse place à une évaluation préalable, afin d’en

déterminer sa valeur nominale. Ce n’est qu’en connaissance de sa valeur nominale, que l’on

procède à l’octroi des actions ou parts sociales. De plus, il faut noter que cette évaluation est

faite par les associés et contrôlée par un commissaire au compte dans les cas prévus par

l’AUDSCGIE8. Les conditions dans lesquelles s’effectue cette évaluation varient selon la

forme de la société9.

En ce qui concerne la rédaction de l’acte d’apport et la publicité, il est bien de noter que les

règles applicables à tout acte constatant la cession d’un fonds de commerce s’appliquent

également à l’apport d’un fonds de commerce10. L’acte d’apport doit contenir certaines

mentions obligatoires énumérées par l’article 150 de l’AUDCG. Quant à la publicité, l’acte

d’apport doit être publié dans un délai de quinze jours francs à compter de sa date, à la

diligence de la société bénéficiaire, sous forme d’avis, dans un journal habilité à publier des

annonces légales et paraissant dans le lieu où l’apporteur est inscrit au RCCM11.

B/ LES CONDITIONS SPECIFIQUES A L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE

Comme nous l’avons ci bien souligné précédemment, un apport en société peut être

effectué aussi bien par une personne physique que par une personne morale. En ce qui

concerne l’apport effectué par une personne morale, cet apport intervient généralement dans

le cadre d’une opération de restructuration sociale pour des raisons variables. A cet effet, il est

bon de savoir qu’il existe plusieurs procédés permettant d’assurer cette modification de la

8
Art. 49 de l’AUDSCGIE.
9
V. par exemple les articles 312 et 363 de l’AUDSCGIE pour le cas de la S.A.R.L. et les articles 400 et suivants et
l’article 619 du même Acte uniforme pour la S.A.
10
Art. 149 al.2 de l’AUDSCGIE.
11
Cf. les art. 150 à 153 de l’AUDCG.

7
structure de l’entreprise. Parmi ceux-ci, l’on y trouve la transformation, la fusion, la scission

etc. Toutefois, l’opération qui pourrait intéresser l’apport d’un bien en particulier notamment,

un fonds de commerce, par une société à une autre, se rapporte à l’apport partiel d’actifs.

Celui-ci se définit comme l’opération par laquelle une société fait apport d’une branche

autonome d’activité à une société préexistante ou créer12. En d’autres termes, il s’agit pour

une société exerçant plusieurs activités commerciales par exemple, de faire apport de l’une ou

l’autre de ses activités autonomes, c’est-à-dire, capables de fonctionner de par leurs propres

moyens, afin d’acquérir en retour des titres sociaux. Et comme il est probable qu’à cette

branche autonome d’activité à apporter en société, soit rattachée un fonds de commerce,

constitué pendant une certaine durée d’exploitation, l’on pourrait alors penser que cette

opération peut, par voie de conséquence, donner en partie lieu à l’apport d’un fonds de

commerce, même si parler de branche d’activité ne reviendrait pas forcément à se limiter à

l’ensemble des éléments de l’actif qui s’y rattache, encore moins au fonds de commerce lui-

même, qui n’est qu’une portion de l’actif. De ce fait, cet apport devra s’effectuer aussi dans

les conditions prévues en matière de scission, car précisons-le, l’apport partiel d’actifs est

soumis au régime de la scission et donc indirectement à celui de la fusion13. Et ces conditions

sont à la fois relatives au projet d’apport partiel d’actifs et à la modification des statuts. Au

sujet de ce projet, l’article 193 alinéa 2 de l’AUDSCG prévoit un certain nombre de mentions

obligatoires qu’il doit contenir. Ce projet d’apport doit être déposé au RCCM et faire l’objet

d’un avis inséré ou publié dans un journal d’annonces légales et dont le contenu est défini par

les dispositions de l’article 194 alinéa 2 de l’AUDCG14.

12
Réf. Art. 195 de l’AUDSCGIE.
13
V. également l’article précité.
14
Voir aussi les articles 194, 197 et 198 de l’AUDSCG.

8
Après avoir examiné les conditions de l’apport du fonds de commerce à une société, la

prochaine étape consistera donc pour nous, à observer les conséquences qui s’en dégagent.

9
II/ LES EFFETS DE L’APPORT DU FONDS DE COMMERCE

Une fois ces conditions satisfaites, l’apport du fonds de commerce produit des effets tant

à l’égard de l’apporteur (A) qu’à l’égard de la société bénéficiaire (B).

A/ LES EFFETS A L’EGARD DE L’APPORTEUR

L'apport du fonds de commerce est une opération juridique qui s'effectue dans le but de

transférer la propriété du fonds à titre onéreux. Mais contrairement à la vente, l'apport du

fonds de commerce produit comme effet principal à l'apporteur des titres sociaux dont

l'appellation diffère selon le type de société15. Ces titres représentent la valeur du fonds

apporté. Cet apport est effectué par l'apporteur dans l'optique de protéger son patrimoine

personnel de l'exploitation du fonds, ainsi qu'à limiter sa responsabilité à ces apports en

constituant un écran vis à vis des fournisseurs, de la banque, et d'autres créanciers.

Ce transfert de fonds pour un entreprenant met fin à l’activité antérieurement exercé par lui,

mais cela n'est pas le cas lorsqu'il s'agit d'un apport partiel d’actifs fait par une société, car

selon l'article 195 de l'AUDCG, la société apporteuse ne disparaît pas du fait de cet apport.

Nous pouvons donc dire que contrairement à l'entreprenant, la société apporteuse continue

d'exister et de fonctionner même après l'envoi de son fonds de commerce pour la création

d'une société ou l'augmentation du capital d'une société préexistante.

15
DIMITRI Houtcieff, Droit commercial, actes de commerce, commerçants, fonds de commerce, instruments de
paiement et de crédit, Paris, Dalloz, 2005, p. 229.

10
Si cet apport produit des effets à l’égard de l’apporteur, l’on pourrait alors se demander ce

qu’il en est du cas de la société qui en bénéficie.

11
B/ LES EFFETS A L’EGARD DE LA SOCIETE BENEFICIAIRE

La publicité de l'acte d'apport qui permet aux créanciers de déclarer leurs créances ainsi

que leurs qualités de créanciers et leur dû dans un délai de 15 jours suivant la dernière

déclaration et qui par ricochet, informe les associés sur les créances inscrites sur le fonds de

commerce, offre aux associés un droit d'option, 16soit pour former une action en annulation de

la reprise des dettes grevant le fonds, soit pour l’accepter tout simplement.

Lorsque la société refuse la reprise des dettes grevant le fonds en exerçant l'action en nullité

de l'acte d’apport, le fonds retombe dans le patrimoine de l'apporteur. De ce fait, les créanciers

de l'apporteur ne pourront que le poursuivre pour le recouvrement de leurs créances. Il n’y

aura donc pas de modification des statuts de l'entreprise. Lorsque la société bénéficiaire de

l’apport, après avoir été informée des créances grevant le fonds, dans un délai de 30 jours

suivant la dernière déclaration au lieu du siège social, accepte, les associés seront

solidairement tenus à l'égard des créanciers qui auront déclarés leurs créances dûment

justifiées. Quant à ceux qui n’auront pas satisfait à cette exigence, ils ne bénéficieront que

d’une action personnelle vis-à-vis de l’apporteur du fonds de commerce.

Par ailleurs, l’apport du fonds de commerce peut être fait en pleine propriété. Dans ce cas, la

société devient propriétaire du fonds et l’apporteur est garant envers la société comme un

vendeur, mais lorsque cela est fait en jouissance, l’apporteur est garant envers la société

comme un bailleur envers son preneur17.

S’agissant de l’apport partiel d’actif, l’on est en droit de se demander si cet apport emporte

également envoi des dettes grevant le fonds de commerce à la société bénéficiaire. Si tel est le

16
J-P Le Gall, Droit commercial règles générales applicables aux commerçants, sociétés commerciales et GIE
Banque et Bourse, Paris, 7ème édition, Dalloz, 1978, p. 44.
17
Cf. les articles 46 et 47 de l’AUDSCGIE.

12
cas, alors la société bénéficiaire ainsi que l’apporteur seront solidairement tenus de

désintéresser les créanciers en droit de réclamer le règlement de ces dettes.

13
CONCLUSION

En définitive, l’on retiendra de notre travail que l’apport du fonds de commerce à la

société est une opération, qui comme une autre, est soumise à certaines conditions bien

définies. Nous retenons aussi que cet apport n’est pas sans produire des conséquences à

l’égard des personnes concernées à savoir l’apporteur du fonds de commerce et la société

bénéficiaire de cet apport.

14
BIBLIOGRAPHIE

I. ACTES UNIFORMES

ACTE UNIFORME PORTANT SUR LE DROIT COMMERCIAL GENERAL

ACTE UNIFORME RELATIF AU DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES ET AU


GROUPEMENT D’INTERET ECONOMIQUE

ACTE UNIFORME PORTANT ORGANISATION DES SURETES

II. TEXTES DE LOIS

LOI N°2014-338 DU 06 JUIN 2014 RELATIVE A L’ARTISANAT

III. OUVRAGES

DIMITRI Houtcieff, Droit commercial, actes de commerce, commerçants, fonds de


commerce, instruments de paiement et de crédit, Paris, Dalloz, 2005, 100 p.

J-P Le Gall, Droit commercial règles générales applicables aux commerçants, sociétés
commerciales et GIE Banque et Bourse, Paris, 7ème édition, Dalloz, 1978, 432 p.

IV. DICTIONNAIRES

Gérard CORNU (sous la dir.) et alii, Vocabulaire juridique, Paris, 8ème édition, Presses
universitaires de France, Février 2000, 925 p.

15

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