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Série ES sujet n°3 : Texte de Descartes sur l'Etat et la société... et sur le


bonheur !
page créée le 10/06/2004

Notions : Etat, société, travail, bonheur; contrat social, état de nature, raison, volonté générale ?

Repères conceptuels : contrainte/ obligation

Auteurs : Hobbes, Rousseau, Aristote (sur la question générale de savoir si les hommes sont naturellement faits
pour vivre en société; vivent-ils ensemble par intérêt ? ou bien parce que ça nous humanise ?) ;les stoïciens;
Kant; le mythe de Prométhée (pourquoi travaille-t-on ? pourquoi a-t-on nécessairement besoin des autres pour
survivre ?)

Descartes, Lettre à Elisabeth

Il y a une vérité dont la connaissance me semble fort utile : qui est que, bien que

chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les

intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois

penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers,

et plus particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet

Etat, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son

serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est

partie, à ceux de sa personne en particulier; toutefois avec mesure et discrétion, car on

aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses

parents ou à so pays;et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il

n'aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-

même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on croirait en

retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni

généralement aucune vertu; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on

prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d'exposer sa vie

pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente; voire on voudrait perdre son

âme, s'il se pouvait, pour sauver les autres.

http://www.philocours.com/corrigbac/2004/baces3.htm 13/10/2006
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Problématique

L'homme doit-il s'affliger de devoir suivre sa raison et non ses inclinations, désirs, intérêts particuliers, etc. ? Perd-il
quelque chose de soi en faisant cela ? Ne peut-il y prendre aucun plaisir ? Tout dépend de la réponse qu'on va donner à la
question suivante : l'homme est-il naturellement sociable ? Ne vit-il en société que par nécessité ? Ou bien vit-il en
société pour sépanouir et devenir un être humain digne de ce nom ?

Descartes semble plutôt pencher pour la seconde thèse. Ce qui est normal car, en bon stoïcien, il défend tout le long, la
thèse selon laquelle il faut vivre sous la conduite de la raison, de l'universel. Pas en s'en affligeant, donc, pas par
"nécessité" sociale ! Si donc cette vérité (cette thèse) est "utile", c'est pour que justement nous finissions à adhérer à la
vie en société non pas par contrainte, mais par obligation.

Il fallait ici bien distinguer la vie en société et la vie dans un Etat : la société a à voir avec les besoins (on y mettra la
famille d'ailleurs), on pouvait ainsi parler de la nécessité de travailler (et du besoin qu'on a des autres à partir du moment
où on ne peut satisfaire ses besoins tout seul !); alors que l'Etat concerne les lois qui permettent aux libertés de chacun de
coexister harmonieusement, et peut-être même, cf. Rousseau, d'accéder à la raison...

La question de l'intérêt particulier et de l'intérêt général pouvait être éclairée à travers la notion de volonté générale de
Rousseau, mais aussi, à travers l'impératif catégorique kantien (question de savoir si l'homme est capable de s'bstraire de
ses intérêts particuliers)

Plan du texte

I- lignes 1 à 7 : il faut, si on veut être heureux et vivre paisiblement en société


sans jamais s'en affliger, avoir touours à l'esprit cet "axiome" selon lequel on
ne peut vivre tout seul, et cela, parce que nous ne sommes pas des "individus"
sans le reste du monde (y compris le reste des hommes)

- subsister seul : cf. notion de travail (mythe de Prométhée); mais aussi,


cf. état de nature chez Hobbes : état de guerre (ici, vive la société mais
aussi l'Etat !)

- ici, possibilité de faire un rapprochement avec la thèse des stoïciens


selon laquelle l'homme est un citoyen du monde

- également, possibilité de parler de la thèse d'Aristote selon laquelle


l'homme est un animal politique (cf. pas de notion de contrat social ici)

II- lignes 7 à 11 : de cette "idée" ou "théorie" découle une certaine pratique :


préférer les intérêts du tout aux siens

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- ici, parler de la raison, qui est la faculté capable de nous faire agir de
cette manière

- "utile" pas seulement à la société mais aussi à nous car nous dégage
de toute particularité qui souvent fait qu'on est prisonniers, sans le
savoir, de nos instincts, désirs etc.

III- lignes 11 à fin : répétition de l'idée de II mais avec des exemples (il
"appuie" donc sa thèse)

- ici, on pouvait décrire l'homme à l'état de nature chez Hobbes !

- vivre moralement = sous la raison = être heureux (cf. Kant et


l'impératif catégorique, ou bien Rousseau et la volonté générale du
citoyen)

Conclusion : on pouvait développer cette thèse sur le bonheur, ou bien


celle sur le caractère naturellement sociable ou non de l'homme; et
s'étonner de ce que dit Descartes, ici, de la société et de l'Etat, qu'il
loue, alors que le cogito mène à soutenir le contraire (cf. risque du
solipsisme !). Pour ceux qui connaissent un peu Descartes, on pouvait
aussi faire remarquer, d'ailleurs, que les textes de Descartes sur la
politique sont assez rares !

J'ai aimé quand les élèves se sont interrogé sur la thèse selon laquelle des individus pourraient
avoir plus de valeur que d'autres ! On est ici bien loin de la morale kantienne ! Ainsi que de
notre société individualiste ! Il fallait s'attarder sur la notion de "valeur", qui s'oppose au
"prix"...

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