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GRAND SEMINAIRE INTERDIOCESAIN DE

PHILOSOPHIE BENOIT XVI DE


TCHITCHAO
KARA – TOGO
Année académique 2022 – 2023

IMPACT DE LA LOI SUR


LE VECU DES HOMMES A
TRAVERS LA PENSEE
PHILOSOPHIQUE DE
JEAN-JACQUES
ROUSSEAU

Mémoire de fin de cycle triennal de


philosophie

Étudiant : Directeur de mémoire :


Laurent BOTOBAWI R.P. Gabriel KPANDJAR

Tchitchao, le 02 mai 2023


DÉDICACE

Je dédie ce travail à ma très chère Mère Florence MINZA (Rappelée à Dieu le


mercredi 20 juillet 2022), à mon Père Benoît BOTOBAWI et à tous ceux et celles qui luttent
pour la justice et la vérité.

ii
REMERCIEMENTS

« La reconnaissance est la plus belle fleur qui jaillit de l’âme ». Anonyme


A vous chers Parents, Formateurs, Amis, Bienfaiteurs… Nous aimerions par ces mots
vous exprimer notre profonde gratitude pour vos diverses manifestations de soutiens dans la
bonne marche de nos trois ans de formation en philosophie. Surtout pour vos différentes
interventions dans la réussite de ce travail de fin de cycle. En premier lieu nous tenons à rendre
grâce à l’auteur de la vie, Dieu celui qui nous a permis de tenir jusqu'à ce jour. Que sa grâce
nous devance toujours.

Nos remerciements vont aux collèges des formateurs du Grand Séminaire Interdiocésain
de Philosophie BENOIT XVI-TCHITCHAO, qui ont su nous accompagner par leur
disponibilité et leur dévouement afin de nous donner un enseignement de qualité. Les
formateurs externes aussi ne sont pas du reste. Un honneur pour nous de dire un merci à
l’enseignant qui a bien voulu diriger ce travail, je m’en vais nommer le père formateur Gabriel
KPANDJAR qui nous a soutenu, guidé et corrigé depuis le choix de notre sujet de recherche
jusqu’à la pleine réalisation de notre travail. Nous voudrions remercier aussi les R.P Siméon
AKAO, Thomas THON qui nous ont aussi aidé par leur encouragement, conseils en nous
procurant quelques documentations. Aussi voudrions-nous remercier Mr Martin ANAKOMA,
professeur au département de philosophie à l’Université de Kara qui a su nous éclairer aussi par
ses différents apports et sa modeste contribution.

Notre attention va à l’endroit des membres de notre famille, spécialement pour nos
parents qui ne cessent d’œuvrer pour l’aboutissement de notre formation. Mes pensées vont
encore à ma chère mère Florence MINZA rappelée à Dieu en la deuxième année de ma
formation. Qu’elle repose en paix. Nos vives reconnaissances vont également à Raïcha AFFO
et au confrère Constantin NATO qui nous ont apporté leur aide dans la lecture de ce travail. A
vous Mgr Célestin-Marie GAOUA, évêque du diocèse de Sokodé, au Curé Bernard WALLA
ainsi que son vicaire, les sœurs religieuses et tous les fidèles de la paroisse Nativité du Seigneur
de Sotouboua Kpandiyo. Nous tenons à vous féliciter pour vos efforts consentis à tout moment
pour une bonne croissance de notre vocation. Merci aux ami(e)s, tous ceux qui de près ou de
loin ont donné de leur temps par leur encouragement et soutien ; Que le Seigneur multiplie ses
bienfaits pour vous.

SOYEZ EN REMERCIÉS

iii
INTRODUCTION

De tout ce qui existe, il n’y a rien de plus complexe que l’homme. Prétendre le connaître
reste une entreprise difficile et même compliquée. En effet, au cours de son histoire l’homme
s’est mis à entreprendre beaucoup de choses en cherchant à donner sens à sa vie, se procurant
tous les moyens pour se faire. Être de la cité, citoyen, il ne cesse de se questionner sur comment
faire fonctionner cette cité pour un mieux-être avec les autres. Il se lance alors devant tous les
jugements possibles afin d’établir une bonne cité. Étant donné que tout individu ne vit pas seul
et a besoin des autres pour se réaliser, les hommes doivent viser la bonne conduite qui soit
absolument bénéfique et justifiable en soi. En vue de mieux vivre dans les sociétés, il est
important que des normes soient bien établies et définies. De cette nécessité naissent des lois
pour aider l’homme à bien être organisé dans la cité. C’est une réalité à laquelle est bien attachés
la plupart des peuples aujourd’hui et chacun tient beaucoup aux lois prescrites. Toutefois qu’il
existe une société où les hommes sont rassemblés, on ne peut se passer des problèmes et des
injustices. Ainsi l’importance des lois pour une meilleure organisation de la société est
nécessaire. La loi est définie dans l’une des œuvres d’Emmanuel Kant comme : « précepte
dictée à l’homme par la conscience et présentant un caractère obligatoire. »1 En effet la loi
reste un des grands sujets qui suscite des débats dans le vécu des hommes de par les siècles.
Cette loi peut avoir parfois des influences sur l’agir humain engendrant même les inégalités.

La question sur l’inégalité sociale ne date pas que du XVIIème et XVIIIème siècle, elle est
aussi vieille que le monde et on ne finira jamais de débattre sur ce sujet. Elle a été au cœur des
grandes discussions philosophiques depuis son origine avec les philosophes anciens comme
Platon et Aristote2. C’est au cours du siècle des Lumières que la réflexion sur l’homme et sa
société eut des enjeux avec bon nombre de penseurs de ces temps. Ainsi la philosophie politique
se donne pour tâche de mettre en question ces problèmes que traverse la société. Nous voulons
bien entreprendre nos recherches sur les effets de la loi et ce qu’elle peut donner à l’homme ; il
faut alors, à la base, lutter contre les inégalités. Car la société elle-même depuis une certaine
époque de son histoire a laissé se créer des divisions en son sein.

1
E. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor Delbos, Nathan, Paris, 1989, Coll. « Les
intégrales de philo », p. 165.
2
Chez PLATON c’est dans son ouvrage La République, ou il fait mention de la situation de troubles de sa cité
Athènes différente de la nôtre étant responsable de la mort de son maître Socrate. C’est justement à ce système
politique qu’il s’attaque pour renverser et reconstruire une cité juste. Il va beaucoup s’intéressé à la théorie de la
justice. Quant à Aristote l’inégalité est aussi traité dans son œuvre Éthique de Nicomaque ou il va apporter des
règles morales à l’homme libre et réfléchi en vue de créer une cité juste Athènes.

1
A la suite de tous les philosophes de l’antiquité qui ont su penser et réfléchir sur la cité,
nous voulons avec un philosophe moderne notamment Jean-Jacques Rousseau orienter nos
réflexions sur l’homme et sa vie dans sa société. Les réflexions philosophiques n’ont pas été
seulement que du domaine des mathématiques ni de la physique mais aussi a concerné
l’anthropologie. Ce qui poussera Socrate à s’intéresser à l’homme plus qu’a la nature, ceci à
travers sa célèbre phrase : « homme, connais-toi toi-même » ; connaitre l’homme préoccupe la
philosophie. C’est grâce aux philosophes modernes que la question sur l’homme aura une autre
connotation plus rationnelle et empirique. C’est ainsi qu’avec Rousseau nous découvrirons dans
son ouvrage Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, comment
il présente les différents changements opérés par l’homme au cours de son histoire face à sa
nature, en nous aidant à découvrir une généalogie de l’inégalité ou l’homme serait passé de
l’état originel à un état civil. Chez lui, parler de l’origine et du fondement de l’inégalité renvoie
aux sources historiques et à la loi qui autorise cette inégalité. Pour cette raison, le sujet central
sur lequel se focalise notre travail est : L’impact de la loi sur le vécu des hommes à travers la
pensée philosophique de Jean-Jacques Rousseau.

En effet beaucoup de choses ont dû être à la source des instabilités au sein des sociétés,
notamment avec l’avènement des progrès scientifiques et la mondialisation ; nous voyons
même que l’inégalité qui est dû à certaines différences vis-à-vis des individus va pousser la
société à la légaliser, cela d’une manière institutionnelle. Ceci sera injuste car beaucoup
s’appuieront sur les lois prescrites pour avoir le pouvoir sur une minorité faible. C’est dans cette
condition que la philosophie politique s’est intéressée à l’étude des questions relatives au
pouvoir politique, à l’État, au gouvernement, à la loi, à la justice et au bien commun entre les
individus. Rousseau dans son œuvre Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité
parmi les hommes nous aide à découvrir la situation de l’homme face à la nature de ce qu’il est
et de ce qu’il n’est pas. En plus de cela, il évoque la perfectibilité3 et la liberté comme des
spécificités de l’homme comme un impact sur l’esprit humain causant alors la rupture de l’ordre
social. C’est ainsi que, en se fondant sur cette œuvre, nous avons entrepris de mener notre
réflexion sur la question de l’inégalité entre les hommes et la justice sociale. Dans le souci de
rétablir une unité (personnelle ou interpersonnelle) dans la société, Rousseau dans Du Contrat
Social amène à créer les conditions politiques et sociales permettant de retrouver l’unité et

3
Ce mot perfectibilité est beaucoup repris par l’auteur dans ces écrits et voila le sens qu’il donne : faculté de se
perfectionner (cf. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris,2008, p. 79.)

2
l’équilibre perdue. Tout ceci doit être fondé sur la « volonté générale »4. Partant de ces idées
évoquées plus haut sur l’inégalité, plusieurs questions nous préoccupent. Que peut-on dire de
l’inégalité au sens propre ? Qu’en est-il de la source et du fondement des inégalités sociales ?
Comment entreprendre alors une vraie justice sociale qui abolirait l’inégalité et pour combien
de temps ? Avec ce qui vient d’être dit, la question fondamentale autour duquel s’articulera les
autres questions est la suivante : Quel est le contenu de la loi face aux inégalités ? Cette grande
question sera éclatée en trois grand axes : D’une part, il s’agira de quelques définitions de
l’inégalité ainsi que de la justice sociale à travers les sens qu’elles occupent chez Rousseau ;
De l’autre, du rôle que poursuit la justice sociale pour une égalité ; et nous finirons avec
quelques analyses et observations critiques sur l’approche de l’inégalité et de la justice sociale
Chez Rousseau, en se demandant si ces objectifs sont vraiment atteints.

4
Cette notion occupe une place très importante dans la philosophie politique de Rousseau, il exprime ce que tout
citoyen devrait faire pour le bien de tous, c’est - à- dire en vue de l’intérêt commun. C’est en effet sur cette volonté
générale que repose l’œuvre Du Contrat Social. (Cf. Rousseau, Du Contrat Social Livre II, 1, GF Flammarion,
Paris, 1966, p. 63.

3
CHAPITRE 1 :
CONCEPT D’INÉGALITÉ DANS LE DISCOURS SUR
L’ORIGINE ET LES FONDEMENTS DE L’INEGALITE
PARMI LES HOMMES DE ROUSSEAU

Tout homme naît sur cette planète sublunaire rempli de défauts sous une forme
inachevée du point de vue physique et rationnel, c’est dans une structure donné ou cadre de vie
qu’il acquiert et apprend tout. Comment Rousseau pose-t-il alors la question de l’inégalité chez
l’homme ? C’est à partir de ce questionnement que nous essayerons de montrer la démarche
méthodique qui fera l’objet de notre première partie. Nous allons essayer de voir ce que l’auteur
dit dans son ouvrage, comment il conçoit le concept d’inégalité, ce qu’on entend par état de
nature et les sources de ces inégalités.

1.1. Brève Présentation du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité


parmi les hommes

En vue de méditer sur une des questions posées par l’Académie de Dijon : Quelle est
l’origine de l’inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? Rousseau
essaie de résoudre ce problème à travers son ouvrage intitulé Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes (1953/1954) parut en 1755. Dans cet ouvrage il
montre et explique la situation de l’homme face à sa nature, il s’agit d’une description de la
genèse historique de l’inégalité entre les hommes. L’auteur évoque en plus son origine et les
impacts de cette inégalité sur l’esprit humain. Selon lui au début de son développement,
l’homme était replié sur lui-même. Mais grâce à sa perfectibilité, il connut une grande liberté.
Le dessein que Rousseau veut montrer c’est précisément comment le mal est apparu au cours
de l’histoire de l’homme et ses différentes extensions qui ont engendré les inégalités. Ainsi,
dans cet ouvrage, nous comprendrons comment Rousseau a posé les grands principes qui
permettent de comprendre le développement culturel de l’homme au cours de son histoire.

Dans un premier moment à travers la première partie de son texte Rousseau nous fait
une description de l’homme dans son état de nature. L’organisation de l’homme est étendue sur
plusieurs aspects dont son anatomie, à travers ses sens ; nous savons qu’il a deux pieds, des
mains, des yeux etc. Le corps de l’homme est composé de divers membres qui interviennent
dans la plupart de ses rapports avec le monde extérieur, mais par défaut d’exercice certains sont

4
incapables de se servir de ses membres pour travailler car l’industrie nous a fait acquérir de
nouvelles méthodes qui vont en défaveur des membres en raison d’une faible utilisation de ces
derniers. Rousseau essaie de démontrer le caractère paisible de l’existence de l’homme réduit à
de strictes exigences biologiques. Il va affirmer que l’homme dans la nature n’entretient pas de
rapport de guerre avec d’autres espèces : il n’est la proie privilégié d’aucun animal, car
naturellement l’homme est frugivore et les frugivores vivent en paix entre eux et avec les autres
espèces. L’homme à l’état de nature est un animal solitaire, organisé le plus avantageusement
de tous, au tempérament robuste et vivant paisiblement dans son isolement. Dans sa
perfectibilité, il a fallu à l’homme de cherché à s’échanger avec son semblable au travers d’une
langue. Le premier langage de l’homme le plus universel, le plus énergétique est le cri de la
nature. L’une des caractéristiques de l’humain à sa nature n’était rien d’autre que ces passions,
cela se ramenaient à son amour de soi et sa pitié. « Les premiers motifs qui firent parler
l’homme furent ses passions. »5
Pour ce qui est de la deuxième partie, Rousseau nous amène à voir la naissance de
l’inégalité et la genèse de la société civile. Le premier sentiment de l’homme fut celui de son
existence, son premier soin celui de sa conservation. Rousseau montre ici comment l’idée de
considération habitait chaque homme en voulant montrer sa reconnaissance ; de là sont sortis
les premiers devoirs de la civilité. C’est la socialisation du désir qui entraine le développement
des passions de rivalité : l’ignorance de cette vérité essentielle conduit à prendre pour état
naturel de l’homme l’état de sauvagerie qui est en fait le premier état social. La métallurgie et
l’agriculture furent les deux arts dont l’invention produisit une grande révolution. « Pour le
poète, c’est l’or et l’argent mais pour le philosophe se sont le fer et le blé qui ont civilisé les
hommes et perdu le genre humain. »6 Si nous suivons le progrès de l’inégalité dans ces
différentes révolutions, nous trouverons que l’établissement de la loi et du droit de propriété
furent son premier terme ; l’institution de la magistrature le second ; que le troisième et dernier
fut le changement du pouvoir légitime en pouvoir arbitraire. Même l’état de riche et de pauvre
fut autorisé par la première époque, celui de puissant et de faible par la seconde, et par la
troisième celui de Maître et de l’Esclave qui est le degré le plus élevé de l’inégalité. Ainsi
qu’est-ce qui peut donc l’avoir dépravé à ce point sinon les changements survenus dans sa
constitution, les progrès qu’il a faits, et les connaissances qu’il a acquises ?

5
Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l’origine des langues, chap. III, in Œuvres complètes, « La Pléiade »,
Gallimard, t. V, 1995, p. 380-381.
6
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris, 2008, p. 119.

5
Plusieurs maux vont modifier la nature de l’homme au XIXème siècle, notamment le
développement de la science qui va l’entrainer à une dépravation. Ceci va entraîner une
séparation entre l’homme sauvage et l’homme civilisé. L’homme dominé, c’est l’homme qui
ne s’appartient plus, qui ne peut plus choisir, qui n’est donc plus libre. Pour Rousseau l’homme
en société est divisé. La philosophie à son tour doit faire un effort de réconcilier l’individu et la
société, la nature et l’ordre politique et social. Finalement pour rétablir cette unité entre la
société et l’homme, Rousseau dans Du Contrat Social amène à créer les conditions politiques
et sociales permettant de retrouver l’unité et l’équilibre perdus. Sortir de l’arbitraire, de
l’aliénation, restaurer la liberté et l’autonomie initiales, sont les seuls garants de la dignité de
l’homme.

1.2. L’inégalité et ses origines chez Rousseau

Le mot inégalité comme le conçoit le commun des mortels est perçu comme synonyme
d’injustice alors qu’ils n’ont pas le même sens. L’inégalité est « définie comme défaut d’égalité,
c’est-à-dire différence, disproportion. Elle est aussi l’absence d’égalité (entre les humains),
c’est ce qui est bien démontré avec Rousseau dans son ouvrage Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes. Tandis que l’injustice est le caractère d’une
personne, d’une chose injuste ; manque de justice. »7 Nous ne devons pas nous arrêter à cette
définition de l’inégalité ; en effet, cette notion reste encore ambigüe car dans son usage moral
et politique elle est mal déterminée. En l’analysant, on constate qu’il y a une relation de
contradiction aux notions d’inégalité et égalité. Ce qui fait qu’on parle d’égalité, d’inégalité
dans certains dictionnaires d’éthique et de philosophie morale. Une compréhension toute faite
de ce mot reste difficile, cela doit être bien défini en rapport à une situation concrète.

Ce grand problème sur l’inégalité ne date pas d’aujourd’hui, il remonte à l’antiquité et


beaucoup ont débattu sur ce problème. Rousseau dans son œuvre Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes nous montre comment l’histoire de l’inégalité a
évolué dans la vie des hommes. Comprendre donc l’inégalité et ses origines chez Rousseau est
très important. Rousseau suggère que les hommes ont rencontré des résistances au cours de leur
histoire à travers la nature, ils sont passés de l’état de nature à un état de société. Qu’est-ce que
l’homme ? Partant de cette question Rousseau veut comprendre ce qu’est l’homme et expliquer
comment il a dû avoir quelques changements successifs. L’homme dans son évolution a connu
différents moments de transformations ou mieux de mutations qui ont constitué une évolution

7
Dictionnaire LE ROBERT pour tous, Sèvres, Paris, 1994, p. 600-607.

6
en passant d’une étape archaïque à une étape révolue dans l’histoire qu’on nomme à juste titre
homme civilisé.

L’homme sauvage est défini chez Rousseau comme celui qui vit en liberté dans la
nature. C’est l’homme qui est privé de toute lumière, n’éprouvant que des désirs
physiques : « Les seuls biens qu’il connaisse dans l’univers, sont la nourriture, une femelle et
le repos ; les seuls maux qu’il craigne, sont la douleur et la faim ; je dis la douleur, et non la
mort ; car jamais l’animal ne saura ce que c’est mourir, et la connaissance de la mort, et de
ses terreurs, est une des premières acquisitions que l’homme ait faites, en s’éloignant de la
condition animale. »8 Rousseau montre que les hommes ont eu à rencontrer des difficultés au
cours de leur histoire, c’est l’exemple du fait d’une pénurie liée à des changements climatiques.
Du coup, cela a stimulé leur faculté de réflexion et mis en route le processus de perfectibilité.
De ses besoins nouveaux s’éveillent la conservation du feu qui implique le concours d’autrui.
Nous verrons alors que des groupements vont se constituer, le langage apparait ; des idées
nouvelles aussi concernant les engagements que les hommes contractent entre eux. C’est ainsi
que dans sa liberté l’homme a cherché à s’échanger à travers les langues qui furent un besoin
nécessaire : « Si les hommes ont eu besoin de la parole pour apprendre à penser, ils ont eu
besoin encore de savoir penser pour trouver l’art de la parole »9. Rousseau admet que l’un des
premiers langages qu’on pouvait trouver chez l’homme et les animaux d’une manière énergique
était « le cri de la nature »10.

Avec sa vie sociale on commence à découvrir comment l’homme vit sous le regard
d’autrui : les hommes commencent à se comprendre par la communication, ils se jalousent, la
concurrence, la convoitise font des ravages. L’autarcie initiale, l’autonomie de l’homme naturel
que rien n’unit ni n’asservit à son semblable, est brisée. Ceci marque les premiers pas de
l’homme vers l’inégalité, et vers le vice. De ces préférences naquirent d’un côté la vanité et le
mépris, de l’autre la honte et l’envie. Cela conduit tout doucement l’homme à être expulsé de
son bonheur oisif. Si nous suivons le progrès de l’inégalité dans ces différentes révolutions,
nous trouverons que l’établissement de la loi et du droit de propriété furent son premier terme.
Même l’état de riche et de pouvoir fut autorisé par la première époque, celui du puissant et de

8
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris, 2008, p. 81.
9
Ibid., p. 86-87.
10
Pour Rousseau le cri de la nature fait parti est le premier langage de l’homme le plus universel (Cf. Jean-Jacques
Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF Flammarion, Paris,
2008, p. 87.)

7
faible par la seconde ; et par la troisième celui de maître et de l’esclave qui est le degré le plus
élevé de l’inégalité. Ce qui rend la propriété et l’inégalité insupportable, c’est la privation de
droits. Cette privation oblige à se plier à une volonté étrangère, celle du maître. C’est en ce sens
que Rousseau affirme : « Seule la loi du plus fort, et par conséquent à un nouvel État de Nature
diffèrent de celui par lequel nous avons commencé, en ce que l’un était l’État de nature dans
sa pureté, et que ce dernier est le fruit d’un excès de corruption. »11 Il faut que chacun se souci
de soi ; « Nul ne peut se plaindre de l’injustice d’autrui, mais seulement de sa propre
imprudence, ou de son malheur. » 12 Nous voyons aussi la division du travail créée les inégalités
économiques.

Beaucoup de problèmes vont être à l’origine de l’inégalité chez l’homme, cela va donner
naissance au premier état civil. La perfection de l’homme va l’induire à une division. C’est la
raison qui engendre l’amour propre ; et c’est la réflexion qui le fortifie ; c’est elle qui le replie
l’homme sur lui-même13 . La nature a fait de l’homme un être social ; dans ce cas l’humain lié
à l’intelligence peut donc causer la rupture de l’ordre social. Retenons que la conception de
Rousseau sur l’origine de l’inégalité chez l’homme a débuté depuis des siècles et cela se
poursuit de nos jours, il est même constaté que des inégalités peuvent induire à des injustices.
La société du XVIIIème siècle à l’époque de Rousseau est héritière de cette tromperie et de cette
imposture qui est à l’origine d’institutions abusives. Sachant bien que les inégalités ont eu leur
apparition depuis les origines de l’homme qui remonte à son histoire, il est important de voir
comment Rousseau conçoit l’état de nature.

1.3. L’état de nature chez Rousseau

La notion d’état de nature en philosophie politique est l’œuvre des théoriciens du contrat
à partir du XVIIème siècle en opposition à l’état civil. Elle est définie comme l’absence de
règles : les hommes possèdent des besoins naturels (comme se nourrir, dormir, se défendre
contre autrui, etc.) et une liberté naturelle (caractérisée par une absence de contraintes
externes)14. Il existe différentes conceptions de l’état de nature ; comme pour la plupart des

11
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris, 2008, p. 145.
12
Ibid., p. 145.
13
Ibid., p. 97.
14
Dictionnaire des termes philosophiques, Application, définition de l’état de nature. Creative Commons
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8
auteurs, Rousseau suppose l’existence d’un ‘‘état de nature’’15. Cet état de nature est situé dans
un temps reculé, avant la naissance des sociétés étatiques. Voyant que l’homme naturel est
animé de liberté, pouvant jouir de tout, quels sont les caractéristiques de l’homme dans l’état
de nature chez Rousseau ?

« L’homme sauvage, livré par la nature au seul instinct, ou plutôt dédommagé de celui
qui lui manque peut-être, par des facultés capables d’y supplier d’abord, et de l’élever
ensuite fort au-dessus de celles-là, commencera donc par les fonctions purement
animales : apercevoir et sentir sera son premier état, qui lui sera commun avec tous les
animaux. »16
Cet homme-là est solitaire, autarcique. Il n’a pas besoin de réfléchir, d’inventer des outils, des
médiations, pour satisfaire ses besoins.

En outre, il est important de savoir qu’il y a un point qui le distingue de l’animal : sa


qualité d’agent libre. L’animal lui obéit par instinct. Ses actes ne relèvent pas des lois
mécaniques. Au terme de liberté (Elle occupe deux sens, d’abord le sens primitif qui est l’état
de celui qui fait ce qu’il veut et non ce que veut un autre que lui, elle est l’absence de contrainte
étrangère. Ensuite le sens général ou la liberté est l’état de l’être qui ne subit pas de contrainte,
qui agit conformément à sa volonté, à sa nature)17; Rousseau préfère celui de « perfectibilité »
qui est cette faculté de se perfectionner : « Il y a une autre qualité très spécifique qui les
distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c’est la faculté de se
perfectionner. »18 Elle est virtuelle chez l’homme et s’actualise sous l’effet des circonstances.
En somme, l’homme est un être en devenir qui peut se faire meilleur ou pire. Ce qui est constaté
de son histoire, c’est une perfectibilité négative, une dégradation, une chute. Mais il est possible
de changer la société de sorte que la communauté humaine devienne source de perfectibilité
positive. Pour cela il faut aussi vive que possible la mémoire de l’état de nature pour créer les
conditions d’une vie humaine libre et digne, accorder avec la nature. ‘‘ L’homme est
naturellement bon’’. Cette formule, très souvent citée, signifie que l’homme naturel est en deçà
de la conscience du bien et du mal. Il serait peut-être plus juste de dire qu’il est amoral, car la

15
Rousseau n’est pas le seul à aborder cette notion ‘’d’état de nature’’, bien avant lui Thomas Hobbes dans son
ouvrage Léviathan utilise cette même notion mais d’une autre manière.
16
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris, 2008, p. 80.
17
(Cf. André Lalande, vocabulaire technique et critique de la philosophie, Quadrillage, PUF, Paris, 2008, p. 559-
560). Rousseau reconnait dans la liberté une autre spécificité de l’homme à côté de la perfectibilité en rapport à
l’animal. Cette liberté est une faculté métaphysique et donc invisible, il n’est pas observable empiriquement. La
perfectibilité au contraire, est une évidence sensible.
18
Ibid., p. 79. Ici nous trouvons en quelque sorte la définition que Rousseau donne à la perfectibilité.

9
moralité pour Rousseau ne naît qu’avec la société. Deux sentiments résident chez l’humain et
sont liés aux passions : ‘‘ l’amour de soi-même’’, ‘‘l’amour propre’’.

« L’Amour de soi-même est un sentiment naturel qui porte tout animal à veiller à sa
propre conservation et qui, dirigé dans l’homme par la raison et modifié par la pitié,
produit de l’humanité et la vertu. L’Amour propre n’est qu’un sentiment relatif, factice,
et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que tout autre,
qui inspire aux hommes tous les maux qu’ils se font mutuellement et qui est véritable
source de l’honneur. »19
C’est plus de ces ‘‘sentiments naturels’’ que dérivent, selon Rousseau toutes les vertus sociales,
à condition toutefois que ces sentiments soient régulés par une exigence éthique. La nature doit
être éclairée par la raison, soutenue par le sentiment moral dont l’homme naturel ne savait rien.

En revanche, l’orgueil, la vanité, le démon de la comparaison, de la considération, tout


cela présuppose la société. Ce sont les ‘‘passions factices’’. Bref, l’homme dans l’état de nature
est fondamentalement libre et autonome. Il n’est pas aliéné par l’emprise perverse de la vie
sociale. Résumons que la conception Rousseauiste de l’homme naturel revient à dire qu’il n’y
a pas vraiment de constitution naturelle de l’homme. L’homme naturel est solitaire, autarcique,
sans langage, sans morale. L’humanité de l’homme est acquise et Rousseau ajoute qu’elle est
le fruit d’une causalité fortuite, contingente. L’homme naturel avec Rousseau est bon, il n’est
pas pour autant moral. Pour accéder à la moralité, l’homme doit développer une conscience du
bien et du mal et entretenir des relations constantes et durables avec ses semblables, ce qu’il ne
peut faire qu’en accédant à l’état social. La morale étant une création sociale, l’homme à l’état
de nature ne peut qu’ignorer de quoi il s’agit.

1.4. Les sources et les formes d’inégalité

Beaucoup de transformations ont affecté l’esprit de l’homme, surtout dans sa relation


avec le monde extérieur au cours de ses origines. L’homme réalise que la vie n’est plus une
unité close et il découvrit le conflit des contraires : le dehors et le dedans, le moi et l’autre, l’être
et le paraître, le bien et le mal, le pouvoir et la servitude… Dans une lecture sur le Discours sur
l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau, on remarque que ce
n’est pas la propriété qui est responsable du malheur de l’homme. Elle n’est qu’une des
manifestations de l’inégalité, de ce démon de la comparaison, de la vanité, qui a saisi les

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
19

Flammarion, Paris, 2008, p. 190-191.

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hommes et les a corrompus. La condamnation de l’inégalité se fait au nom de la liberté.
L’homme dominé, c’est l’homme qui ne s’appartient plus, qui ne peut plus choisir, qui n’est
donc plus libre. Alors nous voyons bien comment Rousseau expose et présente la propriété
privée comme source de toute les inégalités. Avec lui nous voyons qu’il distingue deux sortes
d’inégalités : une naturelle ou physique et l’autre morale ou politique. Il est bien de savoir ce
que nous entendons de l’inégalité naturelle et inégalité politique, à travers quelques exemples.

Nous entendons par inégalité naturelle ou physique comme toutes les différences que
nous pouvons découvrir chez tout genre d’individu, parce qu’elle est établie par la nature. Elles
sont plus liées aux différences d’âge, de santé, des qualités d’esprit ou d’autres caractéristiques
physiques. Nous le constatons bien qu’il y a des hommes qui sont vieux, d’autres jeunes et
même enfant ; certains plus élancés que d’autres, certains résistent beaucoup à des maladies.
Tout ceci se rapporte à tout ce que nous voyons visiblement chez les hommes. « D’autres
ennemis plus redoutables, et dont l’homme n’a pas les mêmes moyens de se défendre, sont les
infirmités naturelles, l’enfance, la vieillesse et les maladies de toute espèce »20 Ceux sont des
signes communs à chaque homme et cette différence est faite ainsi. Ce type d’inégalité ne peut
être remis en cause, car elle est fondamentale à tous. Il est constaté qu’une inégalité naturelle
peut devenir et engendrer une autre forme d’inégalité. C’est-à-dire si une inégalité naturelle
peut devenir une autre inégalité qui est morale. Ceci dit quelqu’un en serait l’auteur. Avec
Rousseau, cet auteur c’est la société. C’est effectivement de cette inégalité morale qu’il vise, et
qui fut établit par une convention humaine.

Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette inégalité morale ou politique. L’inégalité


morale ou politique n’est rien d’autre que l’ensemble des divisions opéré dans la vie des
hommes par eux-mêmes en société, elles relèvent d’une convention en ce sens se sont eux-
mêmes qui établissent cela par le consentement de chacun. Non seulement il existe plusieurs
types de ces inégalités, mais il est possible, de surcroît que ces différents types d’inégalités se
dissocient entres elles. Dans nos sociétés qui valorisent l’activité économique, les inégalités
sociales prennent en partie la vie des individus. Qu’elles soient qualitatives ou quantitatives,
elles prennent des formes variées : soit les inégalités de revenu ou de patrimoine, les inégalités
scolaires, culturelles, générationnel, politique, religieuse, ethnique, raciste, de genre (entre
l’homme et la femme) …Bref dans tous les domaines de la vie ces types d’inégalités sont très
récurent, un monde rempli d’inégalités. Ceci crée de grande division et l’homme se détourne

20
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris,2008, p. 73.

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de sa première conduite qui était bonne à une condition beaucoup plus méchante, c’est le
vainqueur qui mange. D’où certains se croient fort par rapport à d’autres, le maître et l’esclave.
« L’orgueil ne se mêle pas du combat, il se termine par quelques coup de poing »21 Nous voyons
comment les travaux excessifs dont les pauvres sont surchargés, la mollesse encore plus
dangereuse à laquelle les riches s’abandonnent, et qui font mourir les uns de leurs besoins et les
autres de leurs excès. Le sujet sur l’homme et la femme ne date pas d’aujourd’hui, très
longtemps la femme a été mise au second rang pour des décisions de la société et c’était
l’homme le maître. Elle était considérée comme l’être humain le plus faible. A la suite de
Rousseau, Karl Marx et Engels dans l’œuvre Manifeste du parti communiste, face aux inégalités
morale nous présentent la situation des ouvriers appelé prolétaire qui étaient maltraité par leurs
maîtres les bourgeois. Ceci va entrainer la naissance de deux classes, qui sont la bourgeoisie et
le prolétariat.

‘‘On entend par bourgeoisie la classe des capitalistes modernes qui sont propriétaires
des moyens sociaux de production et emploient du travail salarié. On entend par
prolétaires la classe des ouvriers salariés modernes qui, ne possédant en propre aucun
moyen de production, en sont réduits à vendre leur force de travail pour pouvoir
vivre’’22
En clair nous voyons qu’il existe plusieurs formes d’inégalité dans nos sociétés, et les
sources sont liées à la société elle-même. L’individu est alors divisé et à perdue sa liberté, cette
inégalité est injuste car certains qui se croient forts par rapport aux faibles chercheront à les
dominer. La question qu’il reste à poser est celle-ci : Comment arriver à un rétablissement de
cette inégalité qui fait toujours son chemin dans la société ? Ainsi l’effort du philosophe,
notamment avec Rousseau sera objet de réconcilier l’individu et la société, la nature et l’ordre
politique en vue d’aboutir à un consensuel renouvelé. Ce qui explique la naissance de quelques
programmes sociaux institués par la société elle-même pour des justices sociales. Ceci poussera
Rousseau dans un autre de ces ouvrages Du Contrat Social à réfléchir et à donner quelques
pistes à corriger ces problèmes d’inégalité. C’est ce qui ouvrira notre seconde partie où nous
évaluons l’importance des fondements d’une unité sociale dans la justice.

21
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris, 2008, p. 163.
22
Karl Marx, Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, Trad. Emile Bottigelli, GF Flammarion,
Paris,1998, I, p. 73.

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CHAPITRE 2 :
LA THEORIE DE LA JUSTICE COMME EGALITE EN VUE
DE L’UNITE SOCIALE CHEZ ROUSSEAU

Après avoir réalisé un parcours général et généalogique sur l’inégalité et ses


manifestations sur l’homme, puis donner ses sens chez Rousseau ; il nous est important de voir
ce que l’auteur envisage comme solution pour résoudre ces inégalités. Pour ce faire nous allons
réfléchir dans cette seconde partie partant de la compréhension de l’ouvrage Du Contrat Social,
de la notion de la justice et les objectifs de la volonté général, dans le contrat social. Ce qui
nous conduira à une égalité social prôné par Rousseau.

2.1. Présentation de l’œuvre Du Contrat Social de Rousseau

Beaucoup d’instabilité au sein de la société, ont dû être la cause des rupture d’une
certaine liberté de l’homme. C’est ainsi que devant les mœurs corrompues et le mauvais
gouvernement, Rousseau voit qu’aux temps modernes sans doute, tout tournait autour de la
politique. Pour lui la première tâche du gouvernement n’est pas de former de bons citoyens,
mais elle part du principe selon lequel sa politique doit viser une bonne éducation. Du Contrat
Social ou principe du droit politique est un ouvrage de la philosophie politique écrit par Jean-
Jacques Rousseau, publié en 1762. Cette œuvre a beaucoup influencé la modernité et s’est
imposé comme un des textes majeurs de la philosophie politique et sociale, en affirmant le
principe de la souveraineté du peuple appuyé sur les notions de liberté, d’égalité, et de volonté
générale. Il montre dans cette œuvre comment une unité de l’homme et de la société est
nécessaire. Le Contrat Social s’ouvre sur un constat établi dans le Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes, qui constitue même l’une des clefs du Contrat
Social. Pour lui, la politique est l’art d’administrer une société, d’y maintenir la paix sociale.
L’ouvrage est composé de quatre livres : Le contrat social, par lequel chaque associé renonce à
sa liberté naturelle, est le fondement de l’ordre social et politique (Livre I). Dès lors chaque
citoyen participe à l’exercice de la volonté générale, à la souveraineté, que Rousseau étudie
dans le Livre II. Le livre III quant à lui présente les diverses formes de gouvernement, de
législatures. Et enfin le livre IV entre plus précisément dans les pratiques démocratiques
(tribunat, élection, dictature, suffrages…). La cité n’existe qu’en vue du bien de l’homme, c’est-
à-dire son accomplissement comme volonté éclairée. Rousseau dans son ouvrage va se
préoccuper de la nature et du bonheur de l’homme.

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Dans Du Contrat social, Rousseau établit qu’une organisation sociale « juste » repose
sur un pacte garantissant l’égalité et la liberté entre les citoyens. Ce pacte est contracté entre
tous les participants, c’est-à-dire l’ensemble exhaustif des citoyens. Dans le pacte social, chacun
renonce à sa liberté naturelle pour gagner une liberté civile. La souveraineté populaire est le
principe fondamental du contrat social. L’indivisibilité de cette souveraineté est un autre
principe fondamental, par lequel il faut comprendre que le pouvoir du souverain ne saurait être
divisé (Rousseau emploie ce terme pour désigner le souverain) et il ne peut le séparer par intérêt
particulier, car l’intérêt particulier est contraire à la recherche de l’intérêt général, seul objectif
du contrat social. La thèse du Contrat du social revient à dissiper le dilemme en soutenant que
la liberté et l’autorité ne peuvent entrer en conflit car elles se confondent, elles coïncident. Pour
lui, le droit du plus fort ne peut être un principe directeur d’une société car il est incompatible
avec l’intérêt général, et donc avec le contrat social. Rousseau donne une très grande importance
à la volonté générale face à la souveraineté visant un lien commun. Aussi affirme-t-il que la
souveraineté est l’exercice de la volonté générale qui ne doit pas s’aliéner. Pour lui, « le principe
de la vie politique est dans l’autorité souveraine », et toute division de cette autorité est nuisible.
Il aborde également les problèmes législatifs, (concernant la souveraineté) en précisant la notion
de loi, qui s’applique à l’ensemble du peuple, souverain. Dans cette partie délicate, Rousseau
s’attache à maintenir et à démontrer que « seul l’intérêt public gouverne ».

Rousseau dans cet ouvrage, nous montre quelques attitudes et normes à adopter en vue
de favoriser une harmonie dans nos sociétés. Ainsi un grand travail implique toute personne de
la société, qu’elle soit souveraine ou tout simplement individu de la communauté ; chacun doit
pouvoir participer à l’unité du corps social qui doit être enracinée dans une volonté générale.
En profondeur, ce sont la liberté et l’égalité perdues que le Contrat Social s’efforce de restaurer.
Il s’agit d’une liberté radicalement différente de celle de l’état de nature ; c’est liberté
d’indépendance totale : compatible avec l’état social, la liberté politique du Contrat est
obéissance à la loi que l’on s’est prescrite, exprimant ce que Kant appellera plus tard autonomie.

2.2. La Notion de justice sociale

A chaque fois qu’il y’a société, la question de justice apparait. Le besoin de justice
remonte aux premières formes de l’organisation sociale. La justice est donc indispensable à tout
groupe sociale. Cette exigence remonte dans l’histoire de la pensée (de tradition occidentale) à
la Grèce antique. Il est nécessaire, de comprendre ce que nous entendons par « justice » et son

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rapport avec la « société ». En effet la notion de justice étymologiquement dérive du latin
justicia, ce qui est conforme au droit ; elle est définie comme le respect des droits d’autrui. Elle
consiste selon la formule de Cicéron, à « ne pas nuire à personne et à rendre à chacun son
dû. »23 Selon André Lalande , la justice est définit comme : « caractère de ce qui est juste ; ce
terme s’emploie très proprement , soit en parlant de l’équité, soit en parlant de la légalité. »24
Le sens de la justice est propre aux individus, aux consciences, face à ce qui est inhumain. La
vie en collectivité ne serait guère tolérable si chacun n’écoutait que ses impulsions, en ne
songeant qu’à lui-même. D’où l’importance d’une justice sociale, baromètre des relations
sociales.

Plusieurs penseurs ont successivement abordé la justice pour faire face aux différents
problèmes sociaux de leur temps. L’un d’entre eux, un des premiers à avoir parlé de justice est
Platon. Le Sous-titre de la République est : de la justice. Pour Platon la justice est une vertu
capitale, elle apparait comme une réunion et condition de trois autres vertu cardinale : La
sagesse, vertu des gouvernants ; le courage, vertu des gouvernants et des guerriers ; la
tempérance, vertu commune aux gouvernants, aux guerriers et au peuple. Il affirme : « l’homme
juste ressemble donc, dis-je à l’homme sage et bon, alors que l’homme injuste ressemble à
l’homme méchant et ignorant. »25 L’homme juste doit être celui qui ne se laisse pas entraîner
par les passions, mais il doit être en équilibre intérieur profond, en contrôlant sa raison par une
bonne conduite. Une cité parfaite se devrait de renfermer ces vertus cardinales. Chez Platon
l’injustice est vice causé par l’ignorance de l’homme, c’est avec confusion des tâches que
naissent le désordre et l’injustice. En ce sens Hobbes au XVIIème siècle dira de ce que sont la
justice et l’injustice en ces termes :

« Là ou aucune convention n’a été antérieurement passée, il n’y a pas de droit qui a été
transféré, et chacun a un droit sur toutes choses ; et, par conséquent, aucune action ne
peut être injuste. En revanche, quand une convention est passée, la rompre est alors
‘‘injuste’’. La définition de l’INJUSTICE n’est rien d’autre que la non-exécution d’une
convention. Et tout ce qui n’est pas injuste est ‘‘juste’’. »26
Dans L’Éthique à Nicomaque au Livre V, Aristote plus soucieux des existences que des
essences, distingue la justice au sens général, qui réside dans la conformité à la loi, dans la
légalité qui prescrit ce qui contribue à l’intérêt général. « Ce qui est juste, c’est ce qui est légal

23
Platon, République, Livre I 331b-332a, in Œuvres complètes, Flammarion, Paris, 2008, 2011 et 2020, p. 1488.
24
André Lalande, vocabulaire technique et critique de la philosophie, Quadrillage, PUF, Paris, 2008, p. 551.
25
Platon, République, Livre I 331b-332a, in Œuvres complètes, Flammarion, Paris, 2008, 2011et 2020, p. 1510.
26
Thomas Hobbes, Léviathan, Livre I,15 Des autres lois de nature, trad. Gérard Mairet, Coll. « Folio essais »,
Gallimard, Paris,2000, p. 249.

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et c’est ce qui est équitable, tandis que ce qui est injuste, c’est ce qui est illégal et ce qui est
inéquitable. »27 La justice au sens particulier concerne proprement l’égalité, et la justice
qu’Aristote nomme équité. La vertu chez lui n’est pas seulement une forme ontologique, elle
doit s’exercer dans la répartition des avantages entres les membres de la cité « A chacun selon
son mérite ». Il s’agit donc, non d’égalité simple, mais de proportion : « Ce qui est juste, c’est
quelque chose de proportionnel. »28

En effet les questions de justice se rapportent aujourd’hui, à plusieurs réalités, chacun


lutte pour avoir la part de ce qui lui revient. Parfois il est même difficile à l’homme de vivre ce
qu’est vraiment la justice. De ce constat, Rousseau affirmera : « Toute justice vient de Dieu, lui
seul en est la source ; mais si nous savions le recevoir de si haut nous n’aurions besoin ni de
gouvernement ni de lois. »29 Dans ce sens nous découvrons la place et le rôle de l’institution
judiciaire qui se charge de déterminer les peines adaptés aux coupables. La justice sociale doit
alors s’occuper de toute ces questions d’inégalité qui minent la société. Ainsi quelques critères
d’évaluation ont été proposé par les penseurs pour un caractère juste. Comme nous l’avons vu
plus haut avec Platon et Aristote, il faut d’abord un critère d’égalité ou la loi doit être la même
pour tous. Dans un second temps un critère d’inégalité non arbitraire ou nous remarquons que
toutes les inégalités ne sont pas injustes. Un critère de mérite dans lequel l’effort personnel est
conseillé, toujours dans le respect des lois. En fin un critère d’égalité de chance ou on donne à
chacun les mêmes chances, à tous les postulants et les méritants ce qui seront pris. C’est
l’exemple de l’école ou les élèves sont mis dans les mêmes conditions pour les enseignements
et les évaluations. Face à ces problèmes et inégalités sociale, la société doit agir pour une justice
sociale. Qu’en est-il du rôle et but poursuivit par la justice sociale ?

La justice sociale est vitale pour nos sociétés. Toute société qui veut son équilibre doit
avoir une justice sociale. Son but est d’organiser la société pour éviter les problèmes à la société,
l’éduquer sur les meilleures valeurs et les bonnes pratiques sociales. La justice sociale a pour
exigence première et indispensable, l’unité et la paix entre les citoyens ; car les différentes
possibilités de l’État, à poser des actions, sont corrélatives aux capacités qu’il possède de
supprimer les conflits dans les relations sociales. Rousseau montre si bien dans Du Contrat
Social que la souveraineté est incarné par la volonté générale. Il ne s’agit pas de la volonté du

27
Aristote, Éthique à Nicomaque, Livre V -1129a, in Œuvres complètes, Flammarion, Paris, 2014, p. 2074.
28
Aristote, Éthique à Nicomaque, Livre V -1131a, in Œuvres complètes, Flammarion, Paris, 2014, p. 2080.
29
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre II, 6, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 73.

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plus grand nombre, mais bien de la volonté du peuple tout entier. Cette volonté générale ne peut
pas se tromper. Elle constitue un seul et même corps. La volonté générale ne peut pas se nuire
à elle-même en décrétant des lois injustes. Ceci nous poussera à découvrir l’objet de cette
volonté générale que vise le contrat social.

2.3. Objet de la volonté générale et le contrat social

Pour bien découvrir ce que révèle la volonté générale et le contrat social, il nous est
important de voir dans un premier point ce qui se dégage de la volonté générale. La « volonté
générale » est un concept propre à Rousseau qui a été développé dans son ouvrage Du Contrat
Social. Il désigne ce que tout citoyen devra vouloir pour le bien de tous y compris pour son
intérêt propre. Cette volonté générale est né pour aider l’homme à lutter et en finir avec les
inégalités. Rousseau donne une grande importance à la volonté générale face à la souveraineté
visant le lien commun. Tout ceci en vue d’aider l’homme à rompre avec son égoisme
intellectuel qui à modifier sa nature. « La volonté particulière tend par sa nature aux
préférences et la volonté générale à l’égalité. »30 En ceci, il nous montre que cette volonté se
distingue de la volonté particulière, par laquelle chaque individu recherche son bien personnel.
Ainsi avec lui il y’a une grande différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-
ci ne concerne que l’intérêt commune, l’autre, l’intérêt privé, et n’est qu’une somme de la
volonté particulière.

Le but que la volonté générale doit suivre est de se reposer sur le contrat social. La force
du contrat social est que chacun veut « constamment le bonheur de chacun. »31 La volonté
générale dans Du Contrat Social est ce qui doit fondé la légitimité du pouvoir politique. Les
forces de l’État peuvent seulement être dirigées par la volonté générale (l’accord des intérêts
particuliers) pour tendre vers le bien commun. La souveraineté populaire peut être déléguée, en
s’accordant provisoirement avec la volonté d’un homme, mais ne saurait se soumettre dans la
durée à la volonté d’un seul homme. En effet, cette souveraineté doit se donner pour exercice
comme la volonté générale. Elle doit défendre tous les intérêts communs qui visent à garantir
la liberté et l’égalité contre toute forme d’oppression et d’arbitraire. Pour lui afin de mieux aider
le peuple dans l’accomplissement de la volonté générale ; il faut avoir quelqu’un pour l’éclairer
et le guider. Cet homme extraordinaire, c’est le législateur. C’est lui qui va régler les lois et les
soumettre au peuple. Son grand rôle est de faire naître la volonté générale. Parfois il arrive que

30
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre II, 1, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 63.
31
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre II, 4, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 68.

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le jugement de certains législateurs n’est pas droit vis-à-vis de cette volonté. Ce qui fait que le
peuple subit un jeu : « De lui-même le peuple veut toujours le bien, mais lui-même il ne voit
pas toujours »32

Nous comprenons donc que le concept de volonté générale développé par Rousseau dans
Du Contrat Social, désigne en faite ce que tout citoyen devrait vouloir pour le bien de tous et
pour son intérêt propre. Il voit que c’est en la liberté et l’égalité que réside le plus grand bien
de tous, et elle doit être la fin de tout système de législation. Cette volonté a pour objet le bien
et l’intérêt commun et s’exprimant par un vote auquel prennent part tous les citoyens. La source
même de la volonté générale est le peuple. Nous constatons alors qu’il ne peut-y avoir de contrat
social sans la volonté générale. Ceci pour dire que les concepts de volonté générale et de contrat
social sont liés dans la pensée de Rousseau. En cela cherchons alors à comprendre ce que nous
entendons par Contrat Social et qu’elle est son objectif chez Rousseau.

Commençons d’abord à chercher à connaître la compréhension du mot contrat. Il est


défini comme « Une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’engagent envers une
ou plusieurs autres à donner, à faire, ou à ne pas faire quelque chose. On appelle plus
spécialement Contrat en philosophie celui qui est bilatéral, ou multilatéral, c’est-à-dire qui
contient des engagements réciproques.»33 L’originalité de Rousseau consiste dans le fait que
chaque individu du peuple essaie de se mettre ensemble à travers un contrat pour le bien de
tous. D’abord plusieurs questions surgissent chez Rousseau sur l’état de nature de
l’homme « l’homme est né libre, et partout dans les fers. »34 Comment l’homme peut-il changer
de la sorte ? Il se veut de pouvoir résoudre cette question. Ainsi, il veut dans Du Contrat Social
établir une organisation sociale « juste » qui repose sur un pacte garantissant l’égalité et la
liberté entre tous les citoyens. Dans le pacte social, chacun renonce à sa liberté naturelle pour
gagner une liberté civile. Il affirme en ce sens : « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa
qualité d’homme, aux droit de l’humanité, même à ses devoirs. »35

Que savons-nous du Contrat Social ? Comment Rousseau définit-il ? Qu’elle est le


problème fondamental qu’il véhicule ? Le contrat social est ce par quoi une association
d’individus ou « peuple » se transforme d’une multitude dispersée en un « corps morale et
collectifs ». Le Contrat Social ou Pacte Social (selon Jean-Jacques Rousseau) est l’ensemble

32
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre II, 6, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 76.
33
André Lalande, vocabulaire technique et critique de la philosophie, Quadrillage, PUF, Paris, 2008, p. 185.
34
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre I, 1, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 41.
35
Ibid. Livre I,4, p. 46.

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des conventions fondamentales qui, « bien qu’elles n’aient peut-être jamais été formellement
énoncées », sont cependant impliquées par la vie en société, et dont la formule est la
suivante : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême
direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie
indivisible du tout. »36 Ainsi le problème fondamentale du contrat social est de renoncer à sa
volonté particulière pour que naît la « volonté générale », volonté du corps social et politique.
« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la
personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse
pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. Tel est le problème fondamental
dont le contrat social donne la solution .»37 Dans un constat à nos états nous remarquons une
différence que dans la famille l’amour du Père est sincère et que dans l’État le plaisir de
commander supplée à cet amour que le souverain n’a pas pour ses peuples. La thèse du Contrat
Social revient à dissiper le dilemme de l’inégalité en soutenant que la liberté et l’autorité ne
peuvent entrer en conflit car se confondent, elles coïncident. « Le plus fort n’est jamais assez
fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en
devoir. »38

Retenons que « La recherche de la légitimité de l’ordre politique pose ce difficile


problème : comment concilier la liberté naturelle de l’homme et la nécessité d’un ordre
politique ? Il s’agit de définir les conditions d’un ordre social juste, où la liberté et l’égalité
seront garantie contre toute forme d’oppressions, où chacun, tout en obéissant à des règles
communes sans lesquelles il n’y a pas de société organisée, n’obéira à personne en
particulier. »39 Dans le contrat social, nous constatons que les citoyens n’obéissent à personne
d’autre qu’a leur propre volonté . La souveraineté du peuple est l’expression même de
l’autonomie et de la liberté des individus ainsi « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est
liberté. »40 C’est le peuple , devenu corps politique , qui est souverain. Ce que veux viser le
contrat social, c’est que chaque citoyen arrive à être indépendant. Afin de pouvoir passer de la
dépendance des hommes à la dépendance des lois.

36
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre I, 6, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 51-52.
37
Ibid., Livre I ,6, p. 51.
38
Ibid., Livre I, 3, p. 44.
39
Dictionnaire des philosophes, Noëla Baraquin Jacqueline Laffitte, Armand Colin, Paris, 2007, p. 279.
40
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre I, 8, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 56.

19
CHAPITRE 3 :
INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU DISCOURS SUR
L’INÉGALITE ET SUR LE CONTRAT SOCIAL DE
ROUSSEAU

Ici il sera question de donner les grandes motivations de la philosophie de Rousseau. Il


ne s’agit pas de voir ce que révèle les inégalités et la justice chez l’humain. Mais nous allons
dans cette troisième partie découvrir les différents penseurs qui s’inscrivent dans la même
continuité d’idée que Rousseau d’une part et d’autre part ceux qui le critique. Ceci nous
poussera à énumérer quelques limites de sa pensée et faire une analogie de ces inégalités ainsi
que de la justice en rapport avec notre société actuelle.

3.1. Analyse et rapport de la philosophie de Rousseau avec d’autres philosophes.

L’une des grandes particularités du siècle des lumières, était le triomphe de la raison
dans le champ scientifique, philosophique et technique. C’est un siècle éclairé par la lumière de
la raison apportant aux hommes une autonomie. Ainsi se constituera une théorie politique par
la nouvelle conception du droit politique qui va prendre un essor avec Rousseau. C’est dans ce
contexte, que nous chercherons à faire une analyse philosophique avec certains philosophes qui
rejoignent sa pensée. Il sera notamment question de Kant, Karl Marx, Hegel. Les concepts de
liberté, d’égalité, de démocratie et de volonté prendront un sens profond. « Au XVIIIème siècle,
la liberté devient l’enjeu majeur de la politique, art de diriger. »41

Kant (1724-1804) philosophe Allemand clôture son époque avec son examination sur le
pouvoir de la raison et ses limites. Dans la formation de sa pensée sur la politique, Kant sera
influencé par Rousseau. Ceci à travers des idées d’autonomie, idée de bonté naturelle de
l’homme. Rousseau a été lu, compris, admiré par son contemporain, le grand philosophe
Emmanuel Kant, qui lui doit le développement de sa propre pensée. Kant montre que Rousseau
a su séparer culture et moralité. Il a résolu le conflit qui existe entre la nature et la culture.

« Au total, deux thèmes essentiels de Rousseau sont directement repris par Kant : 1. Le
thème de liberté, celle-ci étant la véritable destination –ou le sens- de l’histoire. La
culture conduit à la liberté, lorsqu’elle est bien comprise. 2. Le thème de la raison, qui
est ambivalent. Cette ambivalence tient à la dualité essentielle de l’homme comme
espèce physique et espèce morale. »42

41
Jacqueline Russ, Mémo Références, Philosophie Les auteurs, les œuvres, Bordas, Paris, 2003, p. 189.
42
Dictionnaire des philosophes, K-Z, PUF, Paris, 1984. p. 2483.

20
L’autonomie de la volonté comme expression de la liberté chez Kant s’explique par la
capacité de l’homme à travers sa raison à faire des choix. C’est un principe qui rejoint la
conception que Rousseau avait soutenue pour l’ordre social, et selon laquelle chaque individu
est appelé à obéir : « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté. » 43 Kant montre face
à la conception de l’homme dans sa nature, la seule chose absolument bonne : « De tout ce qu’il
est possible de concevoir dans le monde, et en général hors du monde, il n’est rien qui puisse
sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement une BONNE VOLONTE » 44
Il va
continuer aussi avec un constat pour nous montrer que la raison, bien loin de nous aider à
atteindre notre bonheur nous en éloigne. Le concept “bonne volonté” est contenu dans le
concept du ‘‘devoir’’ : « le devoir est la nécessité d’accomplir une action par respect pour la
loi. »45

À la suite de Kant, il y a aussi Hegel qui dans sa philosophie rejoint un peu celle de
Rousseau. Hegel (1770-1831) philosophe Allemand de l’époque moderne, va faire en
dégageant dans l’histoire humaine une genèse progressive de l’Esprit absolu. Il nous montre
une volonté libre. Hegel veut à travers le développement de sa pensée parvenir aux formes
concrètes du droit et offrir une science d’État, conçu comme complète réalisation de la liberté.
Son grand but consiste en une analyse des structures de la société et de ses composantes. Dans
l’introduction du Principes de la philosophie du droit, Hegel affirme :

« Le domaine du droit est le spirituel en général ; sur ce terrain, sa base propre, son
point de départ sont la volonté libre si bien que la liberté constitue sa substance et sa
destination et que le système du droit est l’empire de la liberté réalisée, le monde de
l’esprit produit comme seconde nature à partir de lui-même. »46
Dans cette assertion, il est clair avec lui que le droit a pour objet l’‘‘idée du droit’’, car le droit
fait partie du domaine de l’esprit et de la volonté libre. « Pour Hegel, Rousseau est un des
fondateurs de la philosophie allemande moderne »47 Il s’en suit encore avec la pensée de Karl
Marx qui a marqué aussi la modernité. Marx veut dépasser l’idée d’une philosophie théorique,
par la pratique de la politique afin de supprimer l’inhumanité de l’histoire. C’est -à- dire son
projet est de transformer le monde en dénonçant les changements sociaux qui ont engendré des
classes sociales qui se divisent entre elles. « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde

43
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social Livre I, 8, GF Flammarion, Paris, 1966, p. 56.
44
E. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor Delbos, Nathan, Paris, 1989, Coll. « Les
intégrales de philo », p. 28.
45
Ibid., p. 36.
46
Hegel, Les principes de la philosophie du droit, Gallimard, Paris, 1940, p. 47.
47
Jacqueline Russ, Mémo Références, Philosophie Les auteurs, les œuvres, Bordas, Paris, 2003, p. 227

21
de différentes manières, il s’agit de le transformer. »48 Les grands progrès au XIXème siècle ont
entrainé une modification dans les conditions de vie des hommes. Avec l’exploitation des
bourgeois sur leurs ouvriers qui sont les pauvres. « La bourgeoisie a arraché aux relations
familiales leur voile sentimental attendrissant et les ramenées à un pur rapport d’argent. »49

De même que ces auteurs embrassent la philosophie de Rousseau, il y’a aussi ceux qui
s’opposent à lui. C’est ce qui est remarqué entre Voltaire (1694-1778) et Rousseau (1712-1778)
qui sont des grands penseurs qui se sont marqués par le duel intellectuel du siècle des Lumières.
Voltaire est le plus mondain des philosophes et Rousseau qui cultive la solitude jusqu'à la folie
de la persécution, se faisant gloire d’être. Tous deux s’opposent entre eux : « Avec Voltaire,
c’est un monde qui finit. Avec Rousseau, c’est un monde nouveau qui commence. »50 Dans son
œuvre Discours sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau
affirmera en ces termes : « J’ose presque assurer que l’état de réflexion est un état contre
nature et que l’homme qui médite est un animal dépravé. » C’est sur cette petite phrase que
Voltaire va réagir vivement. Ses écrits sont controversés par les gens de son époque. Ainsi pour
voltaire, le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1754) est
l’œuvre d’un fou : « J’ai reçu, Mr votre nouveau livre contre le genre humain […] On n’a
jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de vouloir marcher à
quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. »51 L’opposition entre ces grands esprits s’est surtout
faite farouchement par des mots. Ce qui poussera Rousseau dans l’une des écrits à son ami M.
Moulton à dire : Je le haïrais davantage, si je le méprisais moins »

Les oppositions ne se résume pas seulement qu’avec Voltaire. Dans nos lectures nous
découvrons aussi quelque ressemblance et une très large différence avec Thomas Hobbes
(1588-1679). Bien avant Rousseau, Hobbes avait déjà abordé la question du Contrat social.
C’est ainsi que nous avons les théoriciens classiques du contrat social (Grotius, Pufendorf, lui-
même, Locke) dont fait parti Rousseau. Ils fondent la société à travers le contrat, sur un donné
psychologique ultime de la nature humaines (les sentiments moraux). Hobbes fait parti des
fondateurs de la philosophie politique. La démarche que Rousseau emprunte est normative, le
principe sur lequel est fondé le peuple c’est la raison. Or chez Hobbes, le principe qui détermine

48
Karl Marx, Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, introduction, Trad. Emile Bottigelli, GF
Flammarion, Paris,1998, I, p. 25.
49
Ibid., p. 77.
50
Johann Wolfong Von GOETHE (1749-1832) Encyclopaedia Universalis, article « Voltaire ». (Cf.
www.histoire-en-citations.fr)
51
Lettre de Voltaire à Rousseau, 30 août 1755, correspondante(Posthume) (Cf. www.histoire-en-citations.fr)

22
le peuple, c’est l’instinct. D’où sa phrase charnière ‘‘ l’homme est loup pour l’homme’’. De
même que Hobbes, Rousseau suppose l’existence d’un « état de nature ». Pour Rousseau
l’homme est naturellement bon, mais c’est son état social qui le modifie. Contrairement à ce
que pense Hobbes face au véritable état de nature qui n’est rien qu’« un état de guerre de chacun
contre chacun ». Ceci poussera Rousseau à reprocher à Hobbes de confondre l’homme naturel
avec les hommes qu’il a sous les yeux et de construire une théorie anthropologique fausse ;
celle de la guerre contre tous :

« Hobbes prétend que l’homme est naturellement intrépide, et ne cherche qu’à attaquer,
et combattre. Un philosophe illustre pense au contraire, et Cumberland et Pufendorf
l’assurent aussi, que rien n’est si timide que l’homme dans l’état de Nature, et qu’il est
toujours tremblant, et prêt à fuir au moindre bruit qui le frappe, au moindre mouvement
qu’il aperçoit. »52
En clair la différence se fait bien sentir chez ces deux penseurs, même si chez eux l’État doit
fonctionner à travers la loi. Ceci nous poussera à réfléchir sur les limites de la pensée de
Rousseau.

3.2. Limites de la conception de Rousseau sur l’inégalité et l’unité de la société.

Au vue des sources de la pensée de Rousseau, peut-on dire que ces objectifs sont ils
vraiment atteint ? Quand nous essayons de parcourir les textes de Rousseau, nous constatons
une sorte d’ambiguïté et parfois même il donne l’impression de se contredire. L’une de ses
grandes motivations à écrire le Discours sur l’origine et les fondements parmi les hommes est
lié à cette question posé à l’académie de Dijon : « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les
hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ? ». L’ambiguïté se trouve avec le mot
« origine ». Sommes-nous sûr que Rousseau peut remonter aux vrai source jaillissante de
l’histoire de l’humanité pour saisir le temps favorable ou l’inégalité est apparue. Nous doutons
forcement. C’est ce qui explique chez Rousseau la fiction théorique d’un état originel de
l’homme : c’est ce qu’il va appeler par ‘‘ l’état de nature’’ qui n’a jamais existé. Pour lui
l’homme dès son premier état naturel est bon et dépourvu de tout mal. Il s’agit ici d’un facteur
propre à son imagination. Nous découvrons qu’il serait difficile de dire quelque chose de vrai
sur ce sujet qui demeure impossible pour l’humain.

Il va fonder sa théorie sur une évolution de l’homme dans son rapport à sa vie avec les
autres. Les hommes chercheront à se rapprocher les uns des autres selon lui pour des besoins

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
52

Flammarion, Paris, 2008, p. 71-72.

23
irréversibles. L’une des caractéristiques qui distingue l’homme de l’animal est la perfectibilité
53
, qui selon Rousseau est une preuve de sa rationalité. Ceci l’aidera à se modifier et se
développer. Pour Rousseau l’origine de l’inégalité ne réside pas dans l’état de nature, mais elle
est une convention instituée par les hommes eux-mêmes. Toujours c’est dans cet état de nature,
qu’on remarque que l’homme est passé de l’égalité à l’inégalité. N’y-a-t-il pas un paradoxe qui
se dégage dans sa pensée ? Lui-même reconnaîtra qu’il y’a deux sortes d’inégalité : l’une
naturelle et l’autre politique. Sa préoccupation concerne l’inégalité politique, car c’est elle qui
a mis une grande différence entre les hommes.

L’homme est passé de la nature pour arrivé à une société civile. C’est en ce sens qu’il
veut se permettre d’apporter des solutions philosophiques originales face aux questions de la
science politique de son temps. Rousseau se donne pour tâche de rétablir une unité de la société.
Ceci à travers son œuvre politique Du Contrat Social. Tout ceci que chaque civilisation ou
peuple doit se fonder sur la loi afin d’être vraiment autonome. Dans sa démarche il imagine un
« état de nature » qui puisse permettre de retrouver la vraie nature de l’homme : c’est son repère
fixe à partir duquel il retrace la généalogie de la corruption humaine qui découle du progrès de
la société. Dans les toutes premières pages Du Contrat Social, on pourrait dire que cet état
naturel est sans effet et nul. Ce dernier va inventer des bases politiques en instaurant la
démocratie qui pour lui est le meilleur régime politique. Parce qu’elle promeut la dignité
humaine. C’est ainsi la création des notions de ‘‘ contrat social, volonté générale, démocratie’’.
Force est de constaté que tout ce qui garantirait le bien de la société doit se fonder sur les lois
en œuvrant aux biens communs.

S’il faut donner à son œuvre politique une traduction politique pratique, peut-être nous
dirons que cela peut être interpréter non comme le symptôme d’une pensée en crise, cherchant
à concilier l’inconciliable. Pour lui chaque individu, pour être indépendant doit accepter d’être
soumis en étant obéissant à la loi prescrite. Nous constatons que l’homme est fragile, il agit
souvent par ces passions. Ce qui serai difficile à ceux qui doivent guider le peuple dans
l’application des lois. Le grand problème est qu’il sera difficile d’abolir et même de mettre
terme aux inégalités. De nos jours les inégalités sociales se multiplient et sont plus concentré
sur le mal. Les bonnes valeurs sont renversées on ne voit que le contraire des choses ; l’égalité

53
Ce terme perfectibilité est défini chez Rousseau comme la faculté de se perfectionner. Ce fut parti l’une des
spécificités de l’homme qui occupe une place fondamentale dans l’œuvre, Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau.

24
est synonyme d’inégalité. L’application trop rigoureuse da la justice conduit parfois à des
injustices. Nous nous contenterons d’identifier la position de Rousseau dans les problèmes
politique du XVIIIème siècle. Même si ces hypothèses interprètent quelques une de ses limites.

Comme Platon et Hobbes qui ont su par leurs réflexions montrer l’exemple du projet de
constituer une philosophie politique au sens exigeant du terme ; retenons aussi que Rousseau à
essayer à sa manière de prouver par sa philosophie en réconciliant l’histoire et la nature
humaine. Ce qui le tenait plus à cœur est celle du conflit entre la société et l’individu. Rassurons-
nous du moins que la thèse rousseauiste suit une démarche philosophique rationnel et objectif.
En clair pour arriver à l’unité social dans l’abolition des inégalités, il ne suffira pas seulement
d’être obéissant à la loi. Mais dépasser cela par une nouvelle manière de penser, d’agir, afin de
créer toujours plus l’harmonie. En outre, pour évaluer un peu l’évolution de la penser, nous
nous permettons de dire dans un dernier point : les nouvelles formes d’inégalités sociales du
monde contemporain en lien avec l’époque de Rousseau.

3.3. Relecture des formes d’inégalité sociales du XXIème siècle à la lumière de celle
de l’époque de Rousseau.

De nouveaux développement et progrès vont marquer notre monde aujourd’hui.


Notamment depuis l’époque de Rousseau il y’a de cela IV siècles dépassé. Le monde a connu
beaucoup de mutations sur tous les plans surtout une évolution très accélérée de la technique et
de la science. Ce qui plongera toute l’humanité à une mondialisation ou la technoscience va
mettre nos sociétés dans un autre fonctionnement et dans une nouvelle manière de vivre qui
n’existait pas au paravent. Nous sommes arrivés à une époque dénommée : ‘‘ post modernité’’
ou les inégalités ont atteints un seuil considérable. Beaucoup de choses seront mis en cause
dans les années quatre- vingt :

« La question des inégalités a été en France dans les années soixante et soixante-dix au
cœur du débat social sur la répartition des fruits de la croissance. Une forte revendication
de réduction des inégalités existait dans l’opinion, qui, en synergie avec la modernisation
accélérée de l’économie, a aboutit à faire bénéficier une classe moyenne de plus en plus
importante des biens et services liés à une société de consommation, dont les fondements
ont assez peu été remis en cause par les contestations dont elle a pu être l’objet. »54
Cette remise en cause des inégalités est par ailleurs constaté dans les années soixante-dix. Elle
apparait très différente à celle du siècle des lumières, car cette conception a pris une ampleur

54
Rober Boyer, « Justice sociale et performances économiques : de la synergie conflit ? », in : Justice sociale et
inégalités, sous la direction de Joëlle Affichard et Jean-Baptiste de Foucauld, Éditions Esprit, Paris, 1992.

25
très dangereuse en ce XXIème siècle. Il n’y a même pas à faire une comparaison systématique
de l’inégalité au temps de Rousseau et le nôtre. Les inégalités sociales sont vu sur plusieurs
domaines dont les individus sont les plus défavorisés. Tout tourne maintenant autour de
l’économie et la politique, chacun cherche à se développer tout seul. C’est ce qui explique
l’évolution de certains pays qui se disent riches par rapport à d’autres qui sont pauvres (ont peut
les appelés les nouveaux prolétaires de la post modernité). Ceci va faire naître les inégalités de
races où les blancs se croient plus civilisés que les autres races (c’est l’exemple de la
colonisation, l’Europe cherche à tout prix à exploité les Africains). Les divisions des langues et
ethniques ne seront pas du reste, certain considère leur langue meilleure à d’autre. Il y’a tant
d’exemples que nous aimerions donner pour nous orienter sur le problème central de ces
inégalités. Tout tourne maintenant autour de la mondialisation et chacun lutte pour son intérêt.
Nous sommes de nos jours arrivé à un niveau où il n’y a plus des barrières douanières, on n’a
que le libéralisme55 et le néo-libéralisme qui gouverne le monde. La règle morale n’est plus
d’actualité mais la capacité du citoyen est plus observée.

Parmi les différents évènements récents qui ont plongés le monde dans d’autres formes
d’inégalités, nous pouvons citer la grande pandémie de coronavirus apparut en 2019. Face à
cette pandémie, les inégalités sociales ce sont formées. Ainsi le risque d’exposition et de
contamination à la maladie a du changé certains comportements de l’homme. Les hommes
étaient coupés de leurs activités habituels, leur liberté était réduite. On peut énumérer aussi la
difficulté pour des rassemblements et autres attroupements. Ceci va pousser chaque personne à
une méfiance vis-à-vis de l’autre. Nous trouvons de même l’influence de certaines races sur les
autres, avec un égoisme indifférent et qui affecte plus que le virus. On tend à choisir certains et
à oublier les pauvres, ceux qui sont en arrière. Le souci d’accès aux soins de santé reste une
chose très difficile. Le monde est tombé dans une panique générale qui a duré deux ans. L’autre
évènement le plus récent est la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Elle a débuté depuis 2021
jusqu’à nos jours. Nous retrouvons des pertes en vie humaine. Les menaces de la Russie sur
l’Occident et les USA par leur puissant armement. Ces deux évènements ont été la cause de
nombreuses crises économiques qui frappent le monde actuel, on constate un degré de chômage
très élevé, la hausse des prix sur les produits alimentaires et autres. Tout devenait de plus en
plus chers. Ces inégalités peuvent engendrer des comportements sociaux qui défavorisent les

55
Le libéralisme est défini comme un courant de pensée qui prône la défense des droits individuels (liberté,
sécurité, propriété,) au nom d’une vision fondée sur l’individu et la coopération volontaire entre les hommes. (Cf.
Dictionnaire des termes philosophiques, application version électronique, de l’article Libéralisme, publié sous
Creative Commons Attribution-Haremlike Licence 3.0

26
Nations et causeront des révoltes. En cela le Pape François affirme : « Nous sommes tous
fragiles, tous égaux, tous précieux. Ce qui est en train de se passer nous secoue intérieurement :
c’est le temps de supprimer les inégalités, de ‘‘remédier à l’injustice’’ qui mine à la racine la
santé de l’humanité tout entière ! »56

Face à ces nouvelles inégalités qui apparaissent et s’accroissent dans le monde,


pourrons-nous mettre fin à cela ? A cette question, nous pouvons dire que c’est difficile et même
voir impossible. Rousseau à son temps avait bien établi les bases de la démocratie afin de
promouvoir la dignité humaine. Pour lui, c’est par la loi que nos sociétés peuvent être mieux
organiser et commander. Force est de constaté que derrière les avantages de cette démocratie
se cache des inconvénients énormes : elle ne permet pas parfois de prendre de bonnes décisions,
les citoyens ne sont pas suffisamment informés sur les intérêts communs, la démocratie donne
l’impression qu’elle favorise plus les riches. Plusieurs organes ont été mis en place aujourd’hui
pour solutionner ces inégalités (c’est l’exemple des programmes comme : justice sociale,
CNDH, promotion de l’équité genre…). Chaque jour, sous nos yeux interviennent beaucoup de
bouleversements de tout ordres et dans tous les domaines. Un immense travail revient à chacun
de s’ouvrir à des espaces plus nouveaux de notre monde qui change le jour au jour, afin de faire
mieux.

56
PAPE FRANÇOIS, La vie après la pandémie, Préface du Cardinal Michael Czerny, SJ, LIBERIA EDITRICE
VATICANA, 2020, p. 54. (Version numérique document PDF)

27
CONCLUSION GÉNÉRALE

En définitive, notre travail a été centré sur l’étude de l’homme. Bien que toute définition
claire et nette de l’homme reste difficile ; nous avons tout de même essayer de mener nos
réflexions sur son action et sa spécificité. Ceci en nous penchant sur un philosophe du siècle
des Lumières, de Jean-Jacques Rousseau. Conscient que toute étude de l’homme n’est pas assez
simple, et ne relève pas de l’aspect religieux. Notre auteur affirme : « Pour prêcher utilement
l’Évangile, il ne faut que du Zèle et Dieu donne le reste ; mais pour étudier les hommes il faut
des talents que Dieu ne s’engage à donner à personne et qui ne sont pas toujours le partage
des saints. »57 Il est bien de prendre un peu de patience pour s’intéresser à l’homme, il est le
seul parmi les êtres vivant à être doué de raison. Au cours de son évolution, l’homme a dû passé
par des étapes pour être un individu civilisé tel qu’il se présente aujourd’hui.

Face aux défis existentiels, l’homme a fait société avec ses frères, suite à l’exercice de
sa liberté qui impact celle d’autrui, on assiste donc à la naissance des lois pour réguler la vie en
société pour un meilleur vivre ensemble. En effet cette loi est un principe qui identifie plusieurs
peuples aujourd’hui de par leur histoire. Selon les Saintes Écritures, le premier peuple à entrer
en contact avec les lois est le peuple d’Israël. Ce passage biblique l’illustre si bien : « Je me
souviendrai en leur faveur de l’alliance conclue avec les premières générations que […] Tels
sont les décrets, les coutumes et les lois qu’établit Yahvé, entre lui et les Israelites, sur le mont
Sinaï, par l’intermédiaire de Moïse. »58 Cette loi de Moïse représentait pour ce peuple un
instrument de droit et de justice. En vue de penser sur la nature humaine avec Rousseau, nous
avons voulu nous intéressés aux inégalités. Car devant toute situation de l’homme, il est arrivé
à un changement. Notre grande préoccupation dans ce travail est l’impact et l’influence que la
loi peut faire dans l’agir humain.

En effet, en se basant sur la pensée philosophique de Rousseau, nous avons d’une part
découverte comment les inégalités sociales ont modifié la nature de l’homme. Et d’autre part la
nécessité d’une justice sociale pour rendre l’unité sociale possible. Ainsi dans la première
partie, nous avons parcouru l’ouvrage de Rousseau sur le Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes. Elle traite essentiellement sur les origines et les
sources des inégalités parmi les hommes. C’est par une présentation généalogique de l’inégalité

57
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, GF
Flammarion, Paris, 2008, p. 179.
58
La Bible de Jérusalem, Nouvelle édition revue et corrigé, Cerf, Paris, 2011, p. 197 (Cf. Livres de Lévitique
chap. 26,45-46).

28
ou l’homme serait passé d’un état naturel à un état civil. Pour Rousseau l’homme à ces premiers
états originels, est un être naturel. Dans cet état, il est dépourvu de tout, il était bon en soi. Ce
qui fait de lui un sauvage59. Rousseau donnera une importance à la raison qui est une spécificité
de l’homme. Surtout avec le concept de perfectibilité définit comme l’action de se
perfectionner. Cette perfectibilité a conduit l’homme à vivre autrement et divisé. Dans ce cas
l’égoïsme humain lié à l’intelligence va rompre l’ordre social. D’où les problèmes d’inégalité.
Le penseur Jean Rostand dans une de ces écrits reprend les termes d’Aristote pour nous montrer
cette diversité humaine : « La nature, en faisant les hommes ce qu’ils sont, a mis en entre eux
des différences profondes. »60

L’histoire de l’homme n’a pas été un fleuve tranquille. Elle va être marqué par des
moments d’inégalités. Ce qui pousse Rousseau à nous montrer deux types d’inégalités : celle
qui est dite naturelle ou physique lié à des différences biologiques et physiologiques ne relevant
tous de la nature. Et celle dite morale ou politique, qui n’est que la somme de la nature
conduisant à des divisions issues des hommes entre eux. Dans le souci de combattre cette
inégalité morale et d’arrivé à une unité sociale ; la seconde partie en s’appuyant sur l’œuvre Du
Contrat Social de Rousseau et quelques pensées de Platon et Aristote qui va mettre en lumière
le but fondamental de la justice social dans la résolution des inégalités. Rousseau veut que les
individus parviennent à une liberté et autonomie vis-à-vis de leur droit. Ceux-ci en établissant
dans le contrat social une organisation sociale « juste » qui repose sur un pacte garantissant
l’égalité et la liberté entre les citoyens. Pour arriver à cette liberté, chacun est appelé à renoncer
à sa liberté propre pour gagner une liberté civile collective. Avant même Rousseau, à l’époque
antique, Platon et Aristote avaient donné des bonnes conduites pour un meilleur vivre dans la
cité. C’est ce qui donne naissance aux notions comme : Justice, vertu, équité, légalité…

Partant de toutes les réflexions, nous nous sommes penchés sur les vraies réalités d’une
bonne justice social. Ceci par la critique de certains penseurs sur la philosophie de Rousseau.
La liberté, la volonté, la justice préoccupait aussi d’autres philosophes. Son ouvrage Du Contrat
Social va exercer une très grande influence sur la philosophie allemande, sur Kant, Fichte et
Hegel en particulier. Notons que des arguments de sa pensée sur la nature humaine va différer
chez certains auteurs. Pour eux l’homme n’est pas naturellement bon ; telles sont les pensées
de Hobbes ou c’est la force qui fonde le droit. L’homme, à l’état de nature est mené par ses

59
Rousseau définit sauvage comme celui qui vit en liberté dans la nature. (Cf. Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau)
60
Jean Rostand, L’homme, Gallimard, France, 1962, p. 68. « Coll. IDEES »

29
instincts. Car tout homme cherche sa conservation et non pour le bien générale comme chez
Rousseau. Un problème se pose avec le peuple devant cette loi. Le peuple semble ne pas être
éclairé. Nous avons eu à énumérer quelques limites et difficultés de notre penseur dans la
résolution des inégalités. Accorder la souveraineté au peuple est une chose. Encore faut-il qu’il
en fasse bon usage. Rousseau lui-même n’ignore pas cette difficulté. Il faut que la loi elle-même
soit appliquée de la même manière à tous. Parfois un homme bénéficie des clémences de la
justice parce qu’il est riche, influent ou célèbre, alors qu’un autre homme, pour un même chef
d’accusation, est lourdement condamné, voilà ce qui constitue une injustice. Il en va de même
pour toutes les autres formes de discrimination.

Ensuite, dans l’objectif de découvrir l’évolution des inégalités ; il était important de faire
une analogie de ces inégalités et de la justice depuis Rousseau jusqu’à notre monde
contemporain du XXIème siècle. Ce qui est remarqué, c’est un développement continue du
monde ou les inégalités se multiplie et deviennent insupportable. C’est le pouvoir qui domine
aujourd’hui. Ce qui fait que les grandes puissances, surtout depuis l’apparition du Covid-19 et
la guerre Ukraine-Russie font naître de nouvelles idéologies. La guerre est devenue légitime
pour résister à une injustice. Comment arrivé à une fin des inégalités et des injustices. Mettre
une rupture totale aux inégalités sera compliqué et même erroné dans notre monde actuel. Il
revient à chacun de prendre conscience des réalités du monde présent afin de se sentir
responsable par un bon jugement. Descartes dira : « Il suffit de bien juger, pour bien faire, et
de juger mieux qu’on puisse faire aussi tout son mieux. »61

On pourrait dire de Rousseau, qu’il est le philosophe qui a posé les vrais principes du
droit politique. Avec lui la loi occupe une place centrale dans la meilleure gouvernance des
sociétés. Ceci dit, la finalité de la loi, ne doit pas consister dans la condamnation des hommes
ni son asservissement. Elle consiste plutôt dans sa libération et son épanouissement. Afin
d’arriver à cette liberté et épanouissement, il faudrait d’abord arriver à obéir à la loi comme
nous l’enseigne les philosophes. Et lui rester fidèle comme les saintes écritures nous le
recommande. En outre, après réflexion la grande question qui surgit à notre esprit, est de
savoir si les hommes peuvent vivre de nos jours sans les lois ?

61
Descartes René, Discours de la méthode suivi des Méditations, Union Générale, Paris, 1951.p.56

30
BIBLIOGRAPHIE

I- Sources premières
 Rousseau Jean-Jacques, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi
les hommes, GF Flammarion, Paris, 2008.
 Rousseau Jean-Jacques, Du Contrat Social, GF Flammarion, Paris,1966.
 Rousseau Jean-Jacques, Essai sur l’origine des langues, in Œuvres complètes, « La
Pléiade », Gallimard, t. V, 1995.
 Rousseau Jean-Jacques, ÉMILE ou de l’Éducation Livre IV, Chicoutimi, Québec,
2002. (Version numérique par Jean-Marie Tremblay)

 Platon, République, in Œuvres complètes, Flammarion, Paris, 2008,2011et 2020.


 Aristote, Éthique à Nicomaque, in Œuvres complètes, Flammarion, Paris, 2014.

II- Sources secondaires


 Collin Dénis, Morale et Justice sociale, Seuil, Paris,2001.
 Bouquet Brigitte, Éthique et travail social, Dunod, Paris, 2003.
 Hegel, Les principes de la philosophie du droit, Gallimard, Paris, 1940.
 Karl Marx, Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, Trad. Emile Bottigelli,
GF Flammarion, Paris,1998.

 Kant Emmanuel, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor Delbos,


Nathan, Paris, 1989, Coll. « Les intégrales de philo ».

 Hobbes Thomas, Léviathan, trad. Gérard Mairet, Coll. « Folio essais », Gallimard,
Paris, 2000.
 Thomas d’Aquin, Somme théologique, Cerf, Paris ,1958.
 Boyer Rober, « Justice sociale et performances économiques : de la synergie
conflit ? », in : Justice sociale et inégalités, sous la direction de Joëlle Affichard et
Jean-Baptiste de Foucauld, Éditions Esprit, Paris, 1992.

 Machiavel, Le Prince, trad. Yves LEVY, GF Flammarion, Paris,1992.


 Russ Jacqueline, La pensée éthique contemporaine, PUF, Paris, 1994.
 Descartes René, Discours de la méthode suivi des Méditations, Union Générale, Paris,
1951.
 Rostand Jean, L’homme, Gallimard, France, 1962, « Coll. IDEES ».

31
 PAPE FRANÇOIS, La vie après la pandémie, Préface du Cardinal Michael Czerny,
SJ, LIBERIA EDITRICE VATICANA, 2020, (Version numérique document PDF)

III- Les dictionnaires et les encyclopédies


 Russ Jacqueline, Mémo Références, Philosophie Les auteurs, les œuvres, Bordas,
Paris,2003.

 André Lalande, vocabulaire technique et critique de la philosophie, Quadrillage,


PUF, Paris, 2008.

 Dictionnaire LE ROBERT pour tous, sèvres, Paris, 1994.

 Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, PUF, Paris, 1996.

 Dictionnaire des philosophes, K-Z, PUF, Paris, 1984.

 Dictionnaire des termes philosophiques, Application, Creative Commons Attribution


Share ALIKE Licence 3.0.

 Dictionnaire des philosophes, Noëla Baraquin Jacqueline Laffitte, Armand Colin,


Paris, 2007.

 La Bible de Jérusalem, Nouvelle édition revue et corrigé, Cerf, Paris, 2011.

IV- Webographie

 http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html
 Books.openedition.org 2014/05
 www.erudit.org revues philoso
 www.rousseauonline.ch pdf
 Journals.openedition.org
 Encyclopédie Microsoft Encarta® 99
 https://www.caminteresse..fr//histoire/voltaire-vs-rousseau-les-rivaux-geniaux-des-
lumières-11153656/
 www.histoire-en-citations.fr

32
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE ............................................................................................................................... ii
REMERCIEMENTS ...............................................................................................................iii
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
Chapitre 1 :CONCEPT D’INéGALITÉ DANS LE DISCOURS SUR L’ORIGINE ET LES
FONDEMENTS DE L’INEGALITE PARMI LES HOMMES DE ROUSSEAU ................. 4
1.1. Brève Présentation du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi
les hommes ............................................................................................................................. 4
1.2. L’inégalité et ses origines chez Rousseau ........................................................................ 6
1.3. L’état de nature chez Rousseau........................................................................................ 8
1.4. Les sources et les formes d’inégalité ............................................................................. 10
Chapitre 2 :LA THEORIE DE LA JUSTICE COMME EGALITE EN VUE DE L’UNITE
SOCIALE CHEZ ROUSSEAU ............................................................................................. 13
2.1. Présentation de l’œuvre Du Contrat Social de Rousseau .............................................. 13
2.2. La Notion de justice sociale ........................................................................................... 14
2.3. Objet de la volonté générale et le contrat social ............................................................ 17
Chapitre 3 :INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU DISCOURS SUR L’INÉGALITE ET
SUR LE CONTRAT SOCIAL DE ROUSSEAU ................................................................. 20
3.1. Analyse et rapport de la philosophie de Rousseau avec d’autres philosophes. ............. 20
3.2. Limites de la conception de Rousseau sur l’inégalité et l’unité de la société. ............... 23
3.3. Relecture des formes d’inégalité sociales du XXIème siècle à la lumière de celle de
l’époque de Rousseau. .......................................................................................................... 25
CONCLUSION GÉNÉRALE................................................................................................ 28
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 31
I- Sources premières ........................................................................................................ 31
II- Sources secondaires ................................................................................................. 31
III- Les dictionnaires et les encyclopédies .................................................................... 32
IV- Webographie ............................................................................................................ 32
TABLE DES MATIÈRES .................................................................................................. 33

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