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Université de Dschang 2021-2022

COURS d’ÉTHIQUE
et
Philosophie

Par Jacques Chatué (Dr-HDR)


Professeur titulaire des universités
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Objet du cours

En 1998, puis en 1999, le Cameroun a été désigné, par l’ONG Transparency


International, comme pays le plus corrompu au monde. Parmi les mesures
prises, figure l’institution de cours d’éthique dans les universités camerounaises,
lieu de préparation de l’élite intellectuelle et morale de demain.

L’objet du cours est de présenter cette notion d’éthique et d’en souligner


l’importance dans la quête individuelle et collective de l’intégrité.

À la fin du cours l’étudiant sera capable :

- De définir la notion d’éthique dans ce qui la distingue des notions


voisines ;
- D’expliquer en ses propres termes le bénéfice spécifique que l’on peut en
attendre dans la lutte contre la corruption ;
- D’en décliner les avantages pour la vie individuelle, pour celle des
entreprises, et pour la citoyenneté patriotique.
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Plan du cours

Introduction : l’éthique : une ressource efficace ?


I. La notion d’éthique

I.1. Définition étymologique


I.1.1. « Ethè »
I.I.2. « Ethos »
I.I.3. « Ethikos »

I.2. Les rapports entre l’éthique et les notions voisines


I.2.1. L’éthique et la morale
I.2.2. L’éthique et le droit
I.2.3. L’éthique et la religion

II. Le rôle de l’éthique dans la lutte contre la corruption et


pour l’intégrité

II.1. La corruption et les mesures légales de rétorsion


II.2.1. Définition de la corruption
II.2.2. Les mesures légales de la lutte anti-corruption

II.2. L’intégrité et ses aspects


II.2.1. Définition analytique de l’intégrité
II.2.2. L’intégrité, chemin de solidité civique et patriotique

Conclusion : L’éthique, un facteur d’optimisme


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Introduction : L’éthique: une ressource efficace ?

L’éthique est cette discipline qui essaie d’améliorer la vie des hommes
par la discussion. Son but est de renforcer le sens du bien. Du point de vue
de ses objectifs, elle est donc un art de la vie bonne, à la fois réussie et digne.

Partout, la demande d’éthique va croissant, et notamment dans les


domaines de l’économie, de l’écologie, de la médecine, de l’art, de la sexualité,
de l’éducation, de la politique, et de la guerre, de l’éducation et de
l’administration, de la médecine et de l’agriculture, des arts et du sport… Mais
nous assistons à un immense paradoxe : tandis que la demande d’éthique
augmente, les cadres de l’éducation morale s’affaiblissent. Ces cadres sont
surtout la famille, qui ne cesse de se déchirer, la religion, qui devient cause de
guerres, et l’école, qui, renonçant à l’éducation morale, ne se donne plus pour
but que l’instruction et la formation professionnelle en vue de l’emploi
immédiat.

Dans une société marquée par la montée de l’indifférence face aux


souffrances des autres et même des personnes proches, par l’anomie ou absence
de règles, selon ceux qui pensent, par l’impression d’un vaste remplacement du
bien par le mal, l’éthique a-t-elle une chance d’efficacité ? Dans la vie moderne
caractérisée par la primauté de la réussite économique, peut-on promouvoir
la valeur d’intégrité ?

1. La notion d’éthique

1.1. Définition étymologique


Le mot d’éthique a trois étymologies grecques : « éthè », « éthos »,
éthikos ».

-« Ethè »

Ce mot se traduit par « style de vie » volontairement choisi, Il s’agit


d’un style de vie individuel et issu d’une réflexion personnelle. L’homme est
profondément enclin à l’imitation, nous dit Aristote. Mais faire comme les
autres n’est qu’un premier pas : c’est le pas social ; faire mieux que les autres,
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voilà le pas éthique. Pour chacun d’entre nous, la force naturelle la plus grande
et la plus importante est notre volonté. Elle nous permet d’éviter l’imitation
passive et de nous savoir premier responsables de notre avenir. L’« Ethè » invite
chacun à savoir qu’il est le premier responsable de lui-même, et que cela doit se
traduire par l’estime de soi et par le labeur, le travail dur en vue de s’en sortir.
[La société grecque était particulièrement caractérisée par le
conformisme et même la religion n’avait de sens qu’en tant
qu’adoration des dieux de la cité, c’est-à-dire des dieux appelant au
service de la cité et non à la quête du salut. Le conformisme a ses
avantages et ses défauts. Le sujet éthique reste un homme face à sa
conscience, et il ne devrait pas agir par mimétisme ni par incitation
de la masse. (Commentaire sur l’affaire Eichmann, sur le massacre
anti-Tutsi, et sur l’Apologie de Socrate). En Afrique plusieurs se
montrent de plus en plus attentifs à cette manière de voir qui devrait
nous libérer de la référence outrée aux ancêtres, à l’ethnie ou à la
lignée, (cf. Moussa Konaté, L’Afrique est-elle maudite ? Paris,
Fayard, 233 p.). Ce sont là nos trois maîtres, selon Ibrahim Sow.
Ces maîtres pourraient bien être des inspirateurs sans pourtant être
des divinités].

-« Ethos »

Le mot « Ethos », traduit par « Mœurs », désigne les normes sociales


d’une société, les habitudes collectives que valorise et transmet et
institutionnalise une société. Elles constituent ce que les anthropologues
appellent la « personnalité de base » de chaque société. Les mœurs engobent les
usages, la coutume, l’ensemble des manières d’être, de parler, de se tenir, de se
comporter, de penser et de juger. Dans chaque société, les mœurs cimentent la
vie commune et lui donne son identité. Elles forment le socle axiologique d’une
nation, l’ensemble des valeurs auxquelles elle se réfère tout en les protégeant de
toutes ses forces, et auxquelles les individus de cette société se réfèrent pour
donner un sens à leur vie. Les mœurs d’un peuple ne se réduisent donc pas à sa
coutume (du latin Consuescere, qui signifie « s’habituer »), en tant que système
de normes imposées seulement par l’usage, mais aussi à ses repères existentiels,
à ce qui oriente la vie de ce peuple, motive ses actions et leur donne un sens non
exclusivement économique.
C’est en ce sens que Jacques Ladrière a dit :

« L’essentiel de ce que doit offrir une culture, c’est un enracinement


et des finalités. D’une part elle doit permettre à l’être humain de se
retrouver dans le monde et de s’interpréter lui-même, (…), d’autre
part elle doit lui permettre de s’orienter tant dans sa vie individuelle
que dans sa vie collective dans une visée unificatrice capable de
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donner un sens à ses entreprises » (Les enjeux de la rationalité,


Paris, Aubier /UNESCO, 1997, p. 197).

Les coutumes ont trois caractéristiques : la large adhésion de ceux qui s’y
soumettent, l’ancienneté, et la résistance aux lois étrangères. L’anthropologie
étudie les mœurs des peuples en essayant de décrire et de décrypter les
mécanismes qui règlent la vie des sociétés, quelles qu’elles soient.
Dans L’Esprit des lois, Montesquieu a mis en lumière cette notion de
mœurs en suggérant de comprendre la diversité des lois humaines en fonction de
la diversité des habitudes sociales, et de la diversité des climats.
Que faut-il en penser ? Les mœurs de chaque société doivent d’abord
être respectées avant d’être jugées, car c’est toujours de l’intérieur, à partir de
ce qu’elles ont de meilleur, qu’on pourra les retoucher et, au besoin, les
subvertir. Il faut donc en tenir compte pour s’ouvrir à divers codes se voulant
universels, au lieu de les subir comme une imposition.

-« Ethikos »

Cette troisième étymologie désigne le questionnement philosophique et


scientifique sur les principes devant guider les actions humaines en général.
Les philosophes opèrent une problématisation des principes déontologiques,
juridiques, et théoriques sur lesquels se fondement nos actions, à l’effet de
faciliter l’élucidation des dilemmes éthiques (par exemple dans les professions
de la santé…). En Afrique cela l’Afrique doit développer une attitude critique à
l’égard des valeurs d’origine occidentale : individualisme, rationalisme absolu,
tolérantisme, privatisme, qui fonctionnent comme des dogmes et s’imposent au
reste du monde comme des diktats à imposer par des mécanismes juridiques
sous leur autorité. On peut citer, en guise d’illustration, la « Convention de
Maputo », rédigée sous les auspices des ONG d’obédience féministe, pour qui la
notion de santé doit intégrer celle de « bien-être » ; ce qui permet de justifier
l’avortement par le fait que cela enfreint le principe du bien-être des femmes
désireuses d’avorter.
Ce questionnement peut porter sur le sens des concepts éthiques (on parle
alors de méta-éthique), sur la source inspiratrice des valeurs éthiques (on parle
alors d’éthique normative), ou sur l’emplacement a priori ou a posteriori des
prescriptions éthiques (on parle alors d’éthique appliquée). Science et
philosophie unissent leurs forces pour comprendre les déterminants de la bonne
conduite. Car s’il faut étudier scientifiquement les manières de vivre des uns et
des autres, et de chaque société, il faut aussi les discuter philosophiquement.
Ainsi, dans l’Antiquité, le philosophe grec Aristote (IV ème siècle avant
Jésus-Christ), a écrit un livre intitulé Ethique à Nicomaque, où il se soucie de
définir le critère universel du bien et du mal par l’idée de la juste mesure en
toutes choses, c’est-à-dire par la proscription des excès. Ce qu’a de particulier
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cette démarche d’Aristote, c’est d’exiger que le bien et le mal deviennent sujets
de recherches et matières à discussion, au lieu de demeurer objets de
soumission ou de compromission. Mais la question se pose : peut-on débattre de
tout ? À l’exemple d’Emmanuel Kant, philosophe allemand du XVIII ème siècle,
les philosophes essaient d’éclairer les situations morales particulières
(casuistique) par des principes éthiques généraux (c’est le thème d’un ouvrage
intitulé Métaphysique des mœurs).

À retenir :
Pour chaque personne et pour chaque peuple,
l’estime de soi facilite l’ouverture aux autres

I.2. Les rapports entre l’éthique et les notions


Voisines

La société n’est pas possible sans règles stables. D’où cet adage latin  :
« Ubi societas, ibi jus ». Là où il y a société, là, il y a des règles, qu’elles soient
morales, religieuses, ou juridiques. Quelle est la place de l’éthique par rapport à
ces diverses sortes de règles ?

I.2.1. L’éthique et la morale

L’éthique questionne la morale pour l’amener à être plus précise et plus


justifiée.
La morale est l’ensemble des règles du bien, établies dans la
conscience humaine, un ensemble de règles dont le but est de conduire l’être
humain vers sa dignité d’homme, c’est-à-dire vers sa respectabilité. Il reste
difficile de savoir comment elles existent dans notre conscience. Y sont-elles
établies par Dieu, comme le veut Saint- Augustin ? Ou bien par la Nature,
comme le dit Jean-Jacques Rousseau ? Ou encore par la société, comme le
veulent Émile Durkheim ou Sigmund Freud ?quoi qu’il en soit, la morale vise le
perfectionnement intérieur de l’homme individuel, d’abord. L’on peut s’attendre
à ce que cette perfection vise la dignité personnelle, mais aussi la générosité
interpersonnelle. L’accent sur la conscience en tant que juge intérieur de nos
intentions et de nos actes, valorise des sentiments sanctionnateurs tels que le
regret (lorsqu’on est conscient de son erreur, en principe involontaire) et le
remords (lorsqu’on prend conscience de sa faute, en principe volontaire), ou la
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repentance (lorsqu’on a conscience d’avoir offensé Dieu lui-même). D’après le


philosophe danois Arthur Schopenhauer, le contenu de la morale peut se
résumer à ceci : éviter de blesser autrui, songer plutôt à l’aider (Les deux
problèmes fondamentaux de l’éthique (1841)).
La morale fait intervenir plusieurs couples de notions opposées : le bien et
le mal, l’égoïsme et l’altruisme, la violence et la paix.
La morale essaie de libérer l’homme de la puissance de ses passions et de
ses instincts, et de l’élever au-dessus de l’animalité. C’est pourquoi on appelle
« moralistes ». Le personnage du moraliste est illustré en France par Jean de la
Fontaine (1621-1695), et en Angleterre par Oscar Wilde1854-1900), tous deux
auteurs de contes aux leçons moralisatrices. Ces auteurs qui interpellent par
leurs écrits à abandonner le mal pour s’adonner au bien, et spécialement
l’égoïsme pour se tourner vers l’altruisme, comme y insistent aussi
Vauvenargues (1715-1745) ou Stendhal (1783-1842).
Aujourd’hui, la morale est en recul, en raison du « nihilisme »
(anéantissement général des valeurs morales). Les hommes se soucient
davantage de leur apparence et des civilités superficielles que de leur dignité
intérieure. Comment alors distinguer morale et éthique ? Cette question se pose
d’autant plus que les deux termes renvoient à la même étymologie. En effet,
comme le terme grec « Ethikos », le terme latin « Moralis » signifie « mœurs ».
On relèvera pourtant que l’éthique est influencée par l’esprit théorique des grecs,
toujours plus abstrait que concret, et la morale, par l’esprit pratique des romains,
toujours plus concret qu’abstrait. La morale recule et l’individualisme
s’épanouit, individualisme de compétition, ou individualisme d’indifférence, au
fur et à mesure que triomphe et se répandent les idéologies individualistes
occidental, analysées notamment par qui parlent d’une forme de liberté qui
entretient, depuis les XVIIIème et XIXème siècles, l’esprit de compétition
interpersonnelle et l’esprit d’indifférence vis-à-vis des souffrances d’autrui (voir
sur ce point Alexis de Tocqueville, et John Stuart Mill). Cette situation provoque
des hostilités profondes à l’encontre du monde occidental, qui aux yeux de
certains, justifie la violence terroriste et les idéologies de la désoccidentalisation
totale du monde.
Le rôle des éthiciens n’est pas de prescrire une morale, mais de clarifier,
d’approfondir et de discuter tout ce qui se présente comme moral.
L’éthique et la morale se distinguent tout en restant complémentaires.
Le durcissement de leur opposition résulte de formes d’argumentations
radicales, excessives, que l’on trouve dans la défense plus passionnelle que
rationnelle de la morale chez Arthur Schopenhauer, et de l’éthique, chez
Friedrich Nietzsche. L’éthique questionne la morale, la morale stabilise les
normes. Les deux sont comme les deux bouts d’un même bâton. On ne peut
en supprimer l’un qu’en supprimant le bâton lui-même. L’éthique est utile
face aux dilemmes moraux, et la morale, face à la destruction totale des
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normes, poussée à l’absurde où l’on demande par exemple aux enfants de


maternelle de choisir leur sexualité.

I.2.2. L’éthique et le droit

L’éthique permet que le droit ne tienne pas son efficacité seulement de la


peur de la sanction, sans d’abord se fonder sur la conviction inhérente à la
conscience. Par-là se renforcent la citoyenneté et le patriotisme.
Le droit est l’ensemble des lois sociales garanties par l’État, qui est la
puissance publique (ce qui exclut par exemple la vengeance et la « justice
populaire »…). Plus exactement, le droit est en premier lieu la règle votée par le
Parlement, et en second lieu le règlement émanant du pouvoir exécutif. Elle
bénéficie dans les deux cas de la garantie étatique, qui lui confère une force
obligatoire entre son entrée en vigueur (promulgation, publication, respect du
délai légal d’information), et son abrogation (expresse, lorsqu’une autre loi
déclare explicitement l’abrogation de la précédente, tacite, lorsque la loi
nouvelle est incompatible avec le maintien de la précédente, ou rationnelle,
lorsque le motif de la loi précédente a disparu). Or la loi n’a pas besoin
seulement d’une force obligatoire, elle a besoin, en plus d’une force persuasive,
ou convaincante, éléments décisifs du civisme substantiel, c’est-à-dire
impliquant un rapport éthique à l’État et un rapport affectif à la nation
(patriotisme). Le droit vise la régulation efficace de la vie sociale à partir d’une
forme de loi ainsi caractérisée : la loi est officielle, obligatoire, impersonnelle,
générale, explicite, écrite, promulguée, assortie de sanctions étatiques, elle tend
à prendre une forme durable et totalement cohérente appelée « code ». Or si la
loi est rendue efficace par la garantie que lui offre l’État, elle ne tire son
efficacité matérielle que du degré d’adhésion de la société et de la culture qui
prévaut au sein d’une nation. Autrement, dit, l’efficacité de la loi est accrue
lorsqu’elle emporte la conviction des communautés et des citoyens. Le droit
n’obéit jamais à la seule exigence de la raison, il fait intervenir des éléments qui
concernent les mœurs propres à chaque peuple et qui sont d’origine religieuse,
civilisationnelle, morale. Chaque peuple a son propre contexte, notamment
géographique, sociologique, religieux et culturel. D’où la notion employée par
Montesquieu d’« esprit des lois », et par Friedrich Karl von Savigny, d’« esprit
du peuple ».
Le droit ne distingue le permis et le défendu qu’en vue d’une société
considérée comme moralement bonne. C’est pourquoi la notion de justice est
difficilement séparable de celles de vertu et d’équité (John Rawls), au lieu de
se poser comme totalement indépendante d’elles (Hans Kelsen). Considérer le
droit sans la morale, ne suivre que le droit en mettant de côté la morale,
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dissocier absolument légalité et moralité, nous mènerait à des situations


immorales et donc injustes : d’où cet adage latin : « Sumum jus, suma injuria »,
« une trop grande justice est une plus grande injustice ». Par l’éthique, le droit
reste flexible et moralement perfectible dans sa formation par les parlementaires
et dans son application par les juges.
Il y a un droit subjectif : ce que la loi me permet d’exiger, c’est-à-dire mes
libertés, et un droit objectif : ce que la loi m’oblige à respecter, c’est-à-dire mes
devoirs. Les hommes tendent à défendre leurs droits subjectifs et à ignorer leurs
droits objectifs. Pour Auguste Comte, nous devrions avoir l’honnêteté de
reconnaître que nous avons tellement reçu des autres et des générations
précédentes que nous devrions surtout penser à aider les autres et les générations
futures. Mais comment en convaincre chacun ? La question reste posée, et elle
justifie le recours la religion.
L’éthique est nécessaire au droit pour maintenir ce dernier sous
surveillance intellectuelle, morale et citoyenne. Les parlementaires doivent
largement motiver le choix des lois, et les magistrats, les décisions de justice
qu’ils prennent. Ceci permet d’éviter l’arbitraire juridique ou judiciaire,
instruments de l’arbitraire politique. De manière croissante, l’éthique aura une
fonction de vigilance au regard de la densité des actions qui influencent
l’élaboration d’une loi nationale ou transnationale, et notamment la densité des
actions de lobbying. [en 2011, 11000 organisations de lobbys ont pesé sur
l’élaboration des lois de l’Union européenne, dont 5400 syndicats, 1200 cabinets
de consultants, 2700 ONG, 1800 Think Tanks, et une quarantaine d’églises.
Source Delphine Simon, Sommes-nous aux ordres de l’Europe ?, Paris, Armand
Colin, 2017, p. 24]. De même l’éthique aura une fonction de vigilance auprès de
l’importance croissante de l’affairement juridique international tant au niveau
des législations qu’au niveau des juridictions.

I.2.3. L’éthique et la religion


L’éthique permet à la religion de ne pas perdre une partie de ses objectifs :
l’amélioration de la conduite des hommes et non pas seulement le salut.

La religion est cette tentative plus ou moins réussie d’établir une


relation effective entre l’homme et Dieu. La religion va plus loin dans la
valorisation du bien que ne le font la morale et le droit. C’est pourquoi il est
paradoxal que des religieux pratiquent le mal. Dans toute religion, l’homme
essaie, par des croyances et des actes de soumission de se poser comme un être
limité en face d’un être illimité à qui il doit respect et obéissance absolues. La
notion religieuse la plus importante est la notion de limite. Le mot « religion »
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vient du mot latin « religare », qui signifie relier. Mais comment s’assurer que
cette relation est effective ? La particularité de la religion chrétienne, qui reste la
plus historiquement influente, est de présenter un Dieu qui est venu Lui-même
sur terre afin d’établir cette relation avec quiconque l’accepte en promettant de
se laisser transformer de l’intérieur par le Saint-Esprit de Dieu. Ce qui ne peut
que produire des effets de transformation spirituelle et morale. Tout affichage
religieux qui ne produit pas des effets sur le plan éthique est une contradiction
vivante. C’est pourquoi la religion, objet d’un discours pluriel, est d’abord objet
d’une preuve testimoniale, c’est-à-dire d’une preuve incluant le témoignage de
transformation du péché en sainteté, de l’orgueil en humilité, de l’égoïsme en
altruisme à l’égard de Dieu et à l’égard des autres.
La religion est l’objet d’au moins cinq sortes de discours : le discours
théologique, qui insiste sur la foi, le discours scientifique, qui se contente
d’étudier les faits religieux du point de vue de leurs différentes manifestations,
le discours philosophique, qui récupère philosophiquement le sens rationnel de
la religion, et le discours apologique qui défend raisonnablement la foi en
s’appuyant sur la science, et le discours testimonial, qui se contente de
témoigner de la foi, sans la théoriser.
Comme le droit et la morale, la religion condamne le mal, par exemple la
corruption, le faux témoignage, le vol, etc. Mais la religion s’en distingue par le
fait qu’elle les condamne plus radicalement et plus profondément encore, en se
référant à Dieu. Ce qui distingue l’éthique de la religion réside surtout dans le
fait que les prescriptions religieuses privilégient le rapport avec Dieu tandis que
l’éthique pose seulement le problème des rapports de l’homme lui-même et avec
autrui. De plus, l’éthique sollicite exclusivement la réflexion humaine, c’est-à-
dire une recherche laïque, guidée par les « seules » exigences de la raison. Enfin
au contraire de la religion, l’éthique ne s’établit pas sur la base de la certitude,
mais sur la base de vérités toujours provisoires, parce que soumises au libre
examen de la raison. La mauvaise religion ne cherche que des adeptes et refuse
tout argument, la vraie religion accepte les arguments et n’a peur d’aucune
vérité. Les religions révélées ont cette particularité de mettre l’accent sur la
nécessité d’une séparation absolue entre le Bien et le Mal. Sans la religion, les
notions de bien et de mal peuvent facilement se détruire. La religion est
indispensable à la vie collective, car la crainte de Dieu amène le citoyen à
accepter de se limiter et de penser aux autres. On parle de religion civile pour
souligner le fait que la religion facilite la paix sociale.
La religion met en avant les problématiques de la mort et de l’au-delà, et
subordonne le rapport à autrui au rapport avec Dieu.

À retenir :
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La morale, l’éthique et la religion ne valent que si,


loin de s’exclure elles se fortifient réciproquement

Débat :
L’éthique des affaires, qui
aujourd’hui interpelle tous les
citoyens, est-elle compatible
avec la réussite économique ?
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II. Le rôle de l’éthique dans la lutte contre la


corruption et pour l’intégrité

II.1. La corruption et les mesures légales de rétorsion

II.1.1. Définition de la corruption

Du verbe latin « Corrompere », qui signifie détruire, la corruption


détruit les moyens de l’État, ainsi que le sens de la citoyenneté et de la
solidarité. Elle détruit en même temps la dignité individuelle aussi bien du
corrupteur que du corrompu.
Dans son livre intitulé La République, au livre X, Platon écrivait : « Tout
ce qui corrompt et détruit est le mal, mais ce qui conserve et avance est le bien »
(608 e).
[Si au quotidien la corruption peut prendre des visages
multiples (prévarication, ou détournement de fonds publics,
concussion ou contrainte indirecte à payer des services en principe
gratuits, extorsion ou contrainte plus directe à payer un service en
principe gratuit, etc. escroquerie vulgairement désignée comme
« feymania »), à l’échelle d’une nation en construction, la
corruption et les infractions assimilées envoient un message anti-
éthique qui, progressivement, mais inexorablement, amenuise la
richesse publique et érode le sens patriotique. A l’échelle globale, la
corruption entraîne l’humanité entière vers la pente de l’auto-
anéantissement].
Comment la définir ? Sous son aspect principal, elle apparaît comme
une transaction gagnant-gagnant, mais avec un tiers-perdant, qui se trouve
précisément être l’État. Acheter ou vendre un service au prix de l’intérêt
général témoigne d’un mépris à l’égard de cet intérêt général. La corruption
n’est pas simplement une mauvaise idée regrettable, à l’origine d’un acte illicite
comme tant d’autres, elle est une force corrosive, une puissance mauvaise aux
effets chaotiques et disproportionnés, qui s’établissent durablement dans des
pratiques que la loi ne pourra que péniblement dissoudre.

II.1.2. Les mesures légales de la lutte anti-corruption

Lorsqu’en 1998, puis en 1999, l’ONG allemande Transparency


International désigne le Cameroun comme pays le plus corrompu de la planète,
il s’est produit comme un effet d’aubaine, car cet affichage dommageable a
permis de réentendre les mises en garde de nos Présidents successifs (voir sur ce
point Dominique Mvogo, Le devoir de solidarité. Pour une éthique de l’être-
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ensemble, Yaoundé, PUCAC, 2009, p. 41 ; Fonkoua et Toukam, Eléments


d’éducation à la morale et à la citoyenneté au Cameroun, Yaoundé, Editions
Terroirs, 2007, p. 35-36). Ce rappel à l’ordre s’est alors traduit par tout un train
de mesures, qui conjuguent aux efforts des gouvernements, ceux des institutions
religieuses, des ONG, de la Société civile, des moralistes de tous bords, et autres
penseurs de tous bords, philosophes et non philosophes. En réponse à ce
phénomène complexe, on comprendra que les structures se multiplient, même si
se pose ensuite la question des stratégies de leur mise en cohérence, question qui
figure actuellement dans le cahier de charge de la fameuse SNLCC, la Stratégie
Nationale de Lutte contre la Corruption au Cameroun. (Sur ce point, voir Talla
Marius, Deux ans de mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Lutte contre la
Corruption au Cameroun. Synthèse d’un processus inédit, Yaoundé, CLE,
2013).
Les diverses initiatives de sensibilisation, intensifiées depuis les années
90, l’observatoire de lutte contre la corruption, véritable laboratoire d’idées,
l’élaboration de codes éthiques divers, aboutissent à plusieurs outils de la lutte
contre la corruption, dont par exemple :
- L’ANIF : Agence Nationale d’Investigation Financière ;
- Les CLCC : Cellules de Lutte Contre la Corruption ;
- Les CMLCC : Cellules Ministérielles de Lutte Contre la Corruption ;
- La SNLCC : Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption ;
- Le MEPRODEC : Mécanisme de Protection des Dénonciateurs de la
Corruption ;
- Le FACTS : Fight Against Corruption Through Schools ;
- Le COSCO : Concours Sans Corruption ;
- La CONAC : Commission Nationale Anticorruption du Cameroun ;
- La CNUCC : Coalition Nationale de Lutte contre la Corruption ;
- Le TCS : Tribunal Criminel Spécial ;
- PRECIS : Prévention, Education Conditions, Incitations et Sanction.

Plusieurs auteurs dont le philosophe camerounais Lucien Ayissi


(Corruption et gouvernance, 2008), ont relevé l’impuissance de la répression en
tant que mode dissuasif de la corruption. Sans doute faut-il à cet effet, davantage
jouer sur la conviction.

II.2. L’intégrité et ses aspects


II.2.1. Définition analytique de l’intégrité

L’intégrité est un état d’innocuité éthique fondé sur une capacité


d’indignation et sur la résolution morale.
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L’état d’innocuité éthique désigne la situation de non attente par les


pratiques destructrices, dans un contexte où ces pratiques prédominent. C’est un
honneur de demeurer juste dans une société injuste, selon les enseignements de
Socrate. Un homme intègre se préserve expressément de la commission du mal.
La capacité d’indignation est l’expression du sens moral dont certains
pensent qu’il est acquis (Thomas Hobbes, Émile Durkheim, etc.), et d’autres,
qu’il est inné (Hutcheson, Jean-Jacques Rousseau). Un homme intègre est
choqué par le mal qui se révèle autour de lui.
La résolution morale est la capacité de se donner des maximes, c’est-à-
dire principes de vie qui aident à entrer dans le combat contre le mal et à en faire
une cause, et éventuellement une raison de vivre et de mourir.
L’intégrité est au fond une plénitude en dignité et en bonté actives.
Elle se traduit par le fait de se référer à une échelle de valeurs et à vivre en
fonction d’un bouquet de valeurs personnellement adoptées. L’intégrité est
un choix de vie morale qui fait grandir en dignité et montre le chemin de la
véritable humanité. Elle reflète la fermeté de nos convictions et la grandeur
de notre personnalité. L’effort de l’homme doit aller dans le sens de la lutte
pour sa propre intégrité. L’intégrité est un choix de vie librement consenti et qui
devient le premier antidote contre la corruption. Elle procure joie interne et
estime de soi. C’est la face positive de la liberté. La corruption peut dépendre
des autres, mais l’intégrité ne dépend que de nous-mêmes. En ce sens, dans
L’Émile ou de l’éducation, Jean-Jacques Rousseau écrit : « Homme, ne cherche
plus l’auteur du mal : cet auteur c’est toi-même. Il n’existe point d’autre mal que
celui que tu fais ou que tu souffres, et l’un et l’autre te viennent de toi » [Paris,
Garnier Flammarion, 1966, p. 366].
L’intégrité désigne au fond l’idée d’une solidité morale, d’une innocence
active, d’une liberté par apport à toute bassesse et à toute corruption. Il ne faut
jamais penser que tout le monde fait la même chose, croit la même chose, choisit
la même chose et veut la même chose. Il ne faut jamais penser que tout homme,
sans exception, est susceptible d’être détourné de la justice dès qu’on brandit
son intérêt privé en contrepartie. Car croire que la corruption insurmontable,
c’est la naturaliser et c’est ipso facto lui fournir son meilleur argument.
Il se peut alors qu’à terme le désir d’intégrité devienne contagieux et
permette une imitation en chaîne, qui finit par constituer une contre-force sociale
opposable à la force sociale de la corruption. À force de persévérance face aux
railleries et aux quolibets, l’homme intègre finit par se découvrir une âme de
leader. La corruption est un obstacle sur le chemin de l’homme d’honneur. Mais
comme dit Saint-Exupéry, « l’homme se découvre quand il se mesure avec
l’obstacle » (Terre des hommes). L’obstination dans l’intégrité finit donc par
produire son effet d’entrainement, son effet d’ignation, car, comme dit encore
Saint-Exupéry, « dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en
marche ; il faut les créer, et les solutions suivent » (Vol de nuit). L’homme
intègre est l’homme le plus optimiste. Ses actions enclenchent tôt ou tard
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des réactions en chaîne, au point où elles rendent possibles d’autres actions


possibles, qui à leur tour provoqueront des réactions en chaîne de la même sorte,
créant ainsi une alternative, grâce à laquelle la corruption paraîtra dans toute sa
hideur comme un choix ignoble, auquel nul ne saurait plus se sentir obligé.
Aristote écrivait : « Le bonheur est à ceux qui se suffisent à eux-mêmes ».
L’intégrité alimente le sens du contentement, qui, à l’ère où l’esprit
d’entreprise (le désir de produire et augmenter la richesse commune) est
remplacée par la chrémastique (le désir obstiné de la seule richesse matérielle et
financière pour soi-même).
L’intégrité dans le secteur public est ce qui, plus que toute autre chose, en
accroît la crédibilité. Faire de l’espace public un espace d’intégrité permet un
climat de confiance dans les administrations et même dans la vie politique, dont
le sens retrouvé entretient le sentiment d’un être-ensemble.

II.2.2. L’intégrité, chemin de solidité civique et patriotique

L’éthique doit toujours se prolonger par la citoyenneté et le patriotisme. Du


latin civis, ce qui appartient au citoyen, désigne la valorisation par l’état e par
l’individu du statut de citoyen, qui renvoie à la fois à des droits reconnus à tous
et à des devoirs qui, quant à eux, sont toujours plus que des obligations
juridiques, des interpellations morales.
« Le citoyen, c’est celui qui participe de son plein gré à la vie de la cité. Il
partage avec ses concitoyens le pouvoir de faire la loi. Le pouvoir d’élire et, le
cas échéant, d’être élu. Si tu fais la loi, il est normal que tu lui obéisse. Ça
s’appelle le civisme. Et si tout le monde s’arrangeait pour ne plus payer les
impôts, il n’y aurait plus de gendarmes, ni de lycées, ni d’hôpitaux, ni
d’éboueurs, ni d’éclairage public, parce qu’il faut de l’argent à l’état ou à la ville
pour entretenir ces services »

Texte de Régis Debray, La République expliquée à ma fille (1998)

Le patriotisme est un attachement affectif et sacrificiel à la nation. Le


patriotisme désigne cinq loyautés  à la fois civique, émotionnelle, stratégique,
symboliques, et éthiques, d’un peuple à l’égard de son État.

En tant qu’elle est civique, elle suppose une adhésion qui se veut à la fois
juridique et morale, en tant qu’elle est émotionnelle, un attachement de type
existentiel, par lequel le patriotisme prétend à la sacralité, justifiant qu’on
envisage de donner sa vie, voire d’administrer la mort, pour elle, et en tant
qu’elle est aussi stratégique, elle implique la claire conscience de ce que, à
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l’image d’un corps, un pays est confronté à un rapport de forces que sous-tend,
trop souvent, un conflit d’intérêts avec des entités semblables ou en tout cas
concurrentes. Loyauté symbolique : la densification et l’explicitation du sens des
symboles publics au niveau des emblèmes, comme des monuments publics ou
des fêtes nationales, loyauté éthique, lorsqu’elle joue le rôle de valeur-refuge,
devant les menaces de l’anomie, de l’nfra-communautarisme, du totalitarisme, et
du théocratisme.

Les thèses philosophiques sur le patriotisme sont indissociables de la variété des


expériences historiques de cette forme profonde, mais aussi problématique, du
rapport à l’État.

Mais comment envisager un patriotisme fort dans des États qui demeurent des
« États d’acquisition » (imposés par d’autres) et tardent à muer en « États de
constitution » (fruits de décisions collectives endogène) ?

Conclusion. L’éthique, un facteur d’optimisme


L’homme est cet être qui peut toujours changer et toujours s’améliorer. Or,
l’homme change soit par peur, soit par intérêt, soit aussi par conviction. La
peur et l’intérêt prennent facilement possession de nous, hypothéquant de
l’intérieur notre liberté. Le rôle de l’éthique dans la lutte contre la corruption
consiste à articuler ce qui peut amener les hommes à changer par conviction.
Ceux qui agissent par conviction se rencontrent par le haut, dans le respect,
même s’ils se détestent, et ceux qui agissent par intérêt ne se rencontrent que par
le bas, dans un certain mépris mutuel, qui n’a rien à voir avec leur intérêt. Platon
soulignait le fait qu’agir par conviction est essentielle à la véritable justice,
oppose à la justice strictement légale, apparente, et superficielle. C’est ce que
montre l’épisode de « l’Anneau de Gygès » (La République, livre 2). Kant
établit sur cette base la différence entre « agir conformément au devoir » et
« agir par devoir ». La conviction est opposable, y compris au-devant de
certaines actions auxquelles l’État lui-même voudrait nous obliger. C’est ce que
traduit la notion de « clause de conscience ». Personne ne devrait donc agir en
sacrifiant ses convictions, mais il faut que ces convictions restent raisonnables et
compatibles avec la notion du bien commun.
À retenir :
On reste enfant tant qu’on n’obéit que par peur, et médiocre
quand on n’obéit que par intérêt. L’homme digne de ce nom
obéit par conviction
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