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PLAN DU COURS

0. Introduction générale

I. Chapitre premier: Considérations préliminaires

II. Chapitre deuxième: l’Ethique dans l’histoire

III. Chapitre troisième: Regard sur l’Ethique Economique

IV. Chapitre quatrième : De l’Ethique chrétienne

Conclusion générale

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INTRODUCTION GENERALE

Depuis une vingtaine d’années, l’Ethique a pris une importance considérable,


tant dans la conscience commune des individus que dans la réflexion des chercheurs,
philosophes ou théologiens, et dans les préoccupations de ceux des acteurs sociaux et
économiques qui, par leur situation ou leur profession, exercent une influence marquante sur le
sort de leurs communautés d’appartenance et de la communauté humaine tout entière.

Il s’agit d’une irruption de la question éthique, succédant à une période plus ou


moins longue de relatif effacement ou, au contraire, de possession tranquille des codes
normatifs de l’agir. Irruption liée à la conjonction de facteurs d’importance et de nature
diverses : recul accentué, sinon total, de certaines idéologies, naguère mobilisatrices des
énergies, comme le marxisme, rencontres conflictuelles des cultures et des religions,
sécularisation ou laïcisation de nos sociétés, généralisation, dans les pays à régime
démocratique, d’une forme d’individualisme niveleur des valeurs autour desquelles se
constituait autrefois un large consensus, effritement en Occident et petit à petit en Afrique de
l’influence des Eglises et perte de crédit des autorités qui « disaient » les normes morales, etc…
Mais le facteur le plus considérable réside sans doute dans cette mutation profonde qui
caractérise notre époque et qui est due principalement aux progrès fulgurants de la science
associée à la technologie.

« La vertu peut-elle s’enseigner?-», interroge Socrate (469-399) dans le Ménon


de Platon (427-347). Le salutaire embarras socratique concerne ici non seulement la définition
même de la vertu - qu’est-ce que la vertu? Quel est son contenu? -, mais aussi sa transmission
: peut-elle s’apprendre, comme c’est le cas d’autres domaines? Appartient-elle, plus
fondamentalement, au registre du savoir ? Pour utiliser le vocabulaire de Kierkegaard (1813-
1855) : peut-elle faire l’objet d’une transmission directe à la façon d’un objet qu’on se passe
de main en main ?

La question socratique contient le paradoxe, l’éthique a toujours consisté dans


un effort pour penser l’acte lui-même, son sens, sa portée, ses sources, etc.

En ce sens, elle est travail critique, élaboration distanciée, mise en perspective des formes de
représentation des activités humaines.

Il nous revient un devoir on ne peut plus délicat de rappeler aujourd’hui


qu’aucune science ne se suffit à elle – même. C’est dans ce cadre que s’inscrit avant tout

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l’importance du cours de morale et d’éthique chrétienne dans le programme de formation des


futurs économistes.

D’autre part, l’importance de ce cours se justifie du fait même des objectifs qu’il
vise. En effet, contrairement aux autres disciplines scientifiques, la morale et l’Ethique
chrétienne vise le cœur de l’humain et incite l’économiste à faire son travail en tant qu’auxiliaire
de Dieu et cela dans l’intérêt général.

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CHAPITRE PREMIER
CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES

1.1 Analyses des quelques concepts de base

1.1.1 Ethique

1.1.1.1 Consensus langagier autour du terme « éthique »

Théologiens, philosophes et autre spécialistes des diverses sciences de l’homme


se sont amplement disputés, et en vain, pour définir l’objet de l’Ethique en tant que discipline
autonome, délimiter son domaine et préciser l’attitude scientifique de l’éthicien. Pour les uns,
l’éthique ne saurait être qu’une étude des mœurs, des coutumes, des habitudes de vie d’une
société ou d’un individu. Pour les autres, l’éthique n’est que la science de la morale ou l'art de
diriger la conduite. Pour le Robert, l'éthique c'est la science de la morale, l'art de diriger la
conduite. Pour le Trésor de la langue française, l'éthique est la science qui traite des principes
régulateurs de l'action et de la conduite morale. Faut-il faire une différence entre éthique et
morale, et, si oui, laquelle ? C'est un fait que, dans notre tradition culturelle, le sens précis du
mot éthique ne saurait être énoncé indépendamment de celui que l'on donne d'autre part au
terme, apparenté, de « morale ».

Le mot éthique désigne globalement, les attitudes et disciplines rationnelles qui


se proposent de penser les comportements pratiques concrets, c'est-à-dire, la morale
effectivement vécue dans telle société donnée. Ainsi l'éthique apparaît-elle établie en une
position seconde : réflexive et critique. Là où le mot éthique renvoie à une théorisation et à une
réflexivité, celui de la morale désigne, par contraste et en articulation avec lui, le champ de
l'agir concret et tout le système des habitudes d'action et des normes pratiques communément
reçues dans le groupe humain considéré. Dans ces conditions, il est clair que ni l'une ne pourra
aller sans l'autre, ni l'autre sans l'une : la morale concrétise le matériau même de l'éthique, et
l'éthique ne sera que la reprise réflexive et l'élaboration critique de la morale vécue.

Cela dit, c’est aussi un fait dont il s'impose de tenir compte que, d'un côté, les
pratiques et comportements humains et, de l'autre, les théories et les disciplines réflexives qui
se proposent de les penser, ne sont pas réductibles à ce qu'en peuvent désigner respectivement
la morale et l'éthique telles qu'elles viennent d'être rapidement présentées. Il y a une équivalence
entre les deux termes. Il s'est produit en effet une sorte d’osmose : d'une part, l'éthique est
devenue plus qu'une science des comportements, plus que la description d'un ethos donné, car

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elle comporte un jugement moral ; inversement, ce que nous appelons communément morale,
ce sont les principes éthiques (voire les simples "règles" de déontologie), c'est-à-dire la
codification des usages louables

1.1.1.2 De l’éthique et de la morale

En effet, l’Ethique n’est pas encore action. Elle est avant tout réflexion : science
du jugement, de l’évaluation, elle s’applique à la distinction du bien et du mal, pour promouvoir
le bien. Le terme éthique est issu du grec ethos (enclos, habitacle, lieu d’habitation ou de
séjour). Son origine linguistique en montre bien le sens : il s’agit du lieu où l’être humain est
né, où il habite, organise sa vie selon des principes communs aux autres membres de la
communauté.

Ainsi, trois questions construisent le « triangle de l'éthique » : je veux, je peux,


je dois. Si l’on veut absolument distinguer l’éthique de la morale, on peut admettre, comme le
fait Paul Ricœur, que le premier de ces concepts renvoie à la recherche de ce qui « est estimé »
tandis que le second désigne ce qui apparaît comme obligatoire : « c’est par convention que je
réserverai le terme d’éthique pour la visée d’une vie accomplie sous le signe des actions
estimées bonnes et celui de morale pour le côté obligatoire, marquée par des normes, des
obligations, des interdictions caractérisées à la fois par une exigence d’universalité et par un
effet de contraintes.»

1.2.2 Morale

La morale désigne l’ensemble des règles. La morale peut être ainsi naturelle, non
réfléchie. En ce sens, elle représente le comportement habituel, normal ou dominant au sein du
groupe : vivre moralement, c’est vivre dans la conformité, comme tout le monde. L’éthique
n’est jamais naturelle, ni spontanée : elle s’interroge, examine les habitudes et les arguments
moraux, refuse la passivité et la pure adoption aux mœurs environnantes l’éthique légitime la
morale.

L’homme peut faire le bien ou faire le mal volontairement ou involontairement.


Toute activité humaine, trouve relation de l’être humain avec lui-même, avec autrui, avec son
environnement, peut produire des résultats positifs ou négatifs, crée du bonheur ou du malheur.
Cela fait qu’en principe, toute vie humaine, personnellement et sociale va devoir s’efforcer
d’éviter le plus possible le malheur et à l’inverse il recherche tout ce qui peut lui procurer le
bonheur.

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1.2 Fonction essentielle de la morale et tâche de l’éthique

Toute préoccupation éthique doit viser l’aménagement d’une société où peuvent


(pourront) se développer la joie de vivre, le partage, la solidarité, la créativité. Dans ce sens,
l’éthique biblique contribue à l’édification d’une société à la taille de l’humain. Elle consiste
donc à répondre à la question : comment vivre individuellement tout en s’appuyant sur les
notions de la Bible.

La morale a pour tâche de fournir des normes, des règles destinées à favoriser la
vie commune, à la rendre possible voire même fructueuse pour l’avantage de tous. Mais
l’expérience montre que ces règles ne jouent pas toujours ce rôle positif. Elles peuvent au
contraire être ressenties par moment comme un carcan, limitant la liberté et imposant un
conformisme frôlant l’hypocrisie. Au lieu d’être « bonne », une telle morale est plutôt
mauvaise.

Pour bien opérer, l’éthique pose la question suivante : « Au nom de quoi agissez-
vous ? » Si la réponse fait apparaître que la seule légitimation est celle relative à la défense des
intérêts particuliers ou même collectifs à court terme, l’action morale proposée sera déclarée
illégitime éthiquement parlant, même si moralement elle est légale. Sera en revanche légitime,
toute action qui, dans sa motivation comme dans sa visée prend autrui en considération, non
comme une chose, mais comme une personne. La responsabilité envers autrui comme personne
est le principe éthique fondamental qui légitime l’action morale. L’éthique, enfin, s’efforce
d’honorer les exigences ci-après :

• Le respect : La morale vise ici à la fois les intérêts de chacun et une attention positive
que chacun doit avoir de sa personne. Il ne s’agit pas ainsi d’un respect négatif, proche
de l’indifférence vis-à-vis des autres ou de lui-même. Car respecter de sa racine latine
spec = regard (der), c’est regarder autrui, donc prendre attention à sa situation réelle,
donc le contraire de l’indifférence. Compris dans ce sens, le respect exige la solidarité,
ce sentiment profond d’appartenir à une commune humanité avec les autres, et où
chacun est lié à l’autre ;

• L’exigence de la justice : ce qui est moralement juste, ce n’est pas de transférer la


responsabilité de l’exigence de justice, soit à l’Etat, soit à quelques personnes
seulement, mais d’assurer à chacun l’accès à une protection (de l’Etat, de l’Eglise ou de
la famille). La notion de justice risque de se rétrécir s’il manque un engagement
personnel des gens concernés, ou si aucun mécanisme ne permet l’échange et la

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réciprocité. La vraie justice ne peut pas se contenter d’assurer légalité des termes de cet
échange et de cette réciprocité du genre : ce que je reçois devant être de la même valeur
que ce que je donne ! Elle doit au contraire permettre un gain, disons d’humanité, pour
les partenaires en cause. Nous ne pouvons qu’évoquer à titre d’exemple le marchandage
tel qu’il se pratique dans les marchés africains, où l’on voit tout le bonheur de la
discussion et le jeu subtil qui règle les relations entre les parties en présence : Napesi
prix na ngai, pesa yayo ! ;

• L’exigence de la reconnaissance : il faut ici éviter de réduire cette reconnaissance à


son seul aspect social où l’on ne tient compte que des rôles sociaux de chacun, qui ne
sont d’ailleurs que des accidents et provisoires pour la plupart. La reconnaissance que
tout homme espère recevoir des autres ne saurait donc s’arrêter au seul rôle social que
l’on joue, mais qu’au-delà du personnage, la personne est reconnue dans son unité en
tant qu’être humain. Les rôles sociaux sont interchangeables, tandis que la personne est
unique et irremplaçable. Ceci se comprend mieux dans l’amour, où l’on sait que « être
aimé » c’est être reconnu pour ce qu’on est, et non pas pour ce qu’on fait ou ce qu’on
représente seulement. Et aimer, c’est établir l’autre dans sa vérité, celle de son nom qui
le fait émerger de l’anonymat et qui le fait exister comme personne.

1.3 Quelques domaines liés à l’éthique

L’éthique est d’abord inséparable de l'histoire et de la philosophie, à tel point


qu’il est encore courant de la confondre avec la philosophie morale et la religion. En effet, il
est parfois considéré que l’éthique est une des branches principales de la philosophie, et plus
particulièrement de la philosophie morale. L'éthique, dans ses applications contemporaines est
maintenant indissociable de la science. Elle est aussi intimement liée à la méta-éthique, même
si c’est surtout dans le débat contemporain que la distinction est aussi nettement faite. La méta-
éthique en effet a pour objet d’analyser la nature des énoncés, des normes et des procédés de
l’éthique. Elle constitue la discipline qui permet à l’éthique un retour réflexif sur elle-même.

Un autre grand domaine inséparable est la politique ou plus précisément la


philosophie politique. Il est traditionnel en philosophie de considérer la gouvernance de la cité
comme un cadre naturel et comme un prolongement des commandements éthiques. À une
échelle plus vaste, les domaines de l'environnement contribuent au développement de l'éthique
sur des bases réelles.

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Par ailleurs, dans une moindre mesure, il est traditionnel de lier éthique et
philosophie de l'action et ce depuis Aristote, dans la mesure où la théorie de l’action s’intéresse
à certains problèmes fondamentaux pour l’éthique comme le jugement de la responsabilité de
l’agent, de l’intentionnalité d’une action ou de la définition de ce qui est nommé un agent.

L'éthique est aussi mentionnée comme sédiment social. Albert Camus en fait une
allégorie éloquente, notamment, dans sa pièce "Les justes": il y met en scène cinq personnes
intégrées à l'Organisation, entité sociale révolutionnaire qui s'emploie à renverser le pouvoir
du grand-duc.

1.4 Quelques systèmes éthiques

Les systèmes éthiques consistent à déterminer le principe ultime dont on tient


compte pour prendre une décision éthique. Tous les hommes et toutes les sociétés, même d’une
manière inconsciente, utilisent l’un des systèmes en optant pour tel ou tel autre comportement
moral. Les spécialistes en éthique ont défini et précisé la spécificité intrinsèque de chaque
système. Il existe plusieurs systèmes éthiques et entre autres les systèmes éthiques utilitaristes
(Epicuriens avec Epicure (341-270), l’utilitarisme avec Jeremy Bentham (1748-1832) ; les
systèmes éthiques idéalistes (Les stoïciens comme Zénon, Cléanthe, Sénèque, Marc Aurèle. On
place aussi le purisme de Kant dans ce système) ; les systèmes éthiques dialectiques (éthique
évolutionniste, éthique de Hegel, éthique existentialiste ou morale de situation (K. Rahner,
Gutierrez Morin et J.P. Sartre et quelques théologiens modernistes comme les propagateurs de
la théologie de la mort de Dieu) ; les systèmes éthiques transcendantaux (éthique de Platon,
d’Aristote...). Dans le cadre de cet ouvrage, nous ne pouvons pas être en mesure d’exposer et
d’examiner tous les systèmes mentionnés.

1.4.1 L’utilitarisme
Système éthique qui a pour principe ultime : « le plus grand bien pour le plus c-
nombre ». Une action est bonne quand les conséquences sont bonnes, sans égard pour sa motivation.
Il s’agit donc ici d’une doctrine éminemment téléologique (fondée sur les intentions et les désirs de
l’homme, et pragmatique (car seuls les résultats comptent). Fondé par Jeremy Bentham (1789),
baptisé et popularisé par John Stuart Mill (1861), systématisé par Henry Sidgwick (1874),
l’utilitarisme ainsi définit se veut une doctrine résolument moderne, humaniste et altruiste. Il prône
l’abandon de toute idée de droit naturel et de toute métaphysique englobante : aucune autorité
suprême ne peut décréter ce qui est juste ou bon pour l’humanité; seuls comptent les états de plaisir
juste ou de souffrance vécus par les êtres humains.

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Quelle que soit la décision à prendre, il nous faut faire abstraction de nos intérêts et
de nos penchants, de nos préjugés moraux, de nos conceptions métaphysiques et de nos croyances
religieuses, et nous soucier exclusivement de poursuivre « le plus grand bonheur du plus grand
nombre ».

Une liste des critères a été élaborée pour cette fin:

 La certitude, c’est-à-dire le degré de probabilité que l’action aboutisse à un résultat


agréable
 La proximité, qui concerne le temps nécessaire pour obtenir ce résultat.
 La fécondité, qui est la capacité de produire le plus grand plaisir
 La pureté, ou le degré de douleur le plus faible possible
 La portée, c’est-à-dire le nombre (le plus grand possible) de personnes qui bénéficient
l’action.

Bentham affirmait que les hommes devaient être considérés comme égaux dans leur
droit au plaisir ; le châtiment, qui est l’opposé du plaisir, étant compris seulement dans le but de
réformation. Son disciple J. Stuart MIII reconnaissait que certains plaisirs étaient qualitativement
supérieurs à d’autres. Pour lui également, la qualité ne devait pas être un critère décisif. Mais il est
toujours heurté à la difficulté de mesurer le plaisir tant qualitativement que quantitativement. Le
troisième grand utilitariste, H. Sidgwick compléta la théorie utilitariste par quelques critères intuitifs
basés sur l’hypothèse évolutionniste.

1.4.2 L’éthique de situation


Selon ce système, les principes sont généraux mais leur application est
spécifique et changeante selon le contexte, la situation, la culture ou les circonstances. Les
tenants de ce système justifient leur position par le fait que la Bible nous présente beaucoup de
règles qui sont dépassées comme le code de lévitique et pourtant, les hommes aujourd’hui
cherchent des énoncés clairs des règles de conduite. C’est pourquoi, on ne peut que déduire des
principes généraux des comportements appropriés dans notre contexte. Donc, à partir du
principe, on formula la loi, mais l’application dépend de la situation, de la culture et de la réalité
dans laquelle on se trouve.

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Exemple

Principe Loi Application Contexte actuel

Faites tout de la Que les femmes soient NT: Couvrir la tête Que les femmes ne portent
bonne manière modestes pas les habits qui sert le
corps ou courts
les chrétiens doivent NT: les femmes doivent Elles doivent parler parce
Respecter les règles garder le silence dans c’est culturellement et
culturelles l’Eglise juridiquement acceptable

1.4.3 Le système des absolus


Ce système fonctionne sur base des absolus qui sont des normes, des lois, des
principes qui ne change pas et qui ne peuvent être changé quel que soit le contexte, la situation
ou la circonstance. Dans ce système, on reconnait des normes qui ont une validité définitive
pour juger toutes les actions spécifiques. Donc si la situation ou le contexte change, on ne peut
jamais changer l’appréciation ou la décision morale.

Les absolus proviennent de la Bible pour les chrétiens, du Coran pour les
musulmans, ou des lois élaborées par une société donnée. Pour beaucoup des personnes, leur
progrès moral dépend des absolus ; et à chaque fois qu’on est menacé on fait appel aux absolus.

Par exemple : la Bible dit : «Tu ne tueras pas ». Donc, parce que la vie est sacrée
pour Dieu, on ne pourrait jamais commettre un meurtre de quelque forme qu’il soit ou quel que
soit la circonstance ou la situation. (Légitime défense : Non, avortement légitime pour la vie de
la maman en danger: Non).

Ces systèmes éthiques qui déterminent les principes ultimes dont on tient compte
pour prendre les décisions morales montrent la complexité qui entoure la prise des décisions
morales, car deux groupes, de personne peuvent aboutir à une décision similaire mais les
démarches entreprises et les raisons qui les ont stimulées peuvent être profondément différentes.
C’est pourquoi, il n’est pas conseiller d’opter pour une position éthique à l’aveuglette, mais il
faut plutôt procéder par une logique rationnelle afin que cette position ait un fondement solide.
Pour y arriver, la maitrise de quelques méthodes en éthique est de mise.

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1.5 Question de méthodes en éthique

1.5.1 La méthode empirique ou descriptive


Elle vise à expliquer les phénomènes de la vie morale et leur lien à la réalité. En
d’autres termes, la méthode consiste à faire l’observation de la manière dont les hommes vivent,
travaillent, se conduisent etc. on pose la question de savoir ce qui est ou ce qui se fait en matière
éthique. Cependant, on n’examine pas ce qui devrait être, il ne résout pas les questions de savoir
ce qui est juste et ce qui n’est pas juste, ce qui est valable et ce qui ne devrait pas être valable.
Donc, on fait une simple description objective de l’éthique adoptée par un peuple donné.

1.5.2 La méthode normative


Vise à fonder ce que peut et doit être une action juste par un examen critique de
la morale dominante. Autrement dit, elle consiste à faire des jugements sur ce qui est correct,
sur ce qui est approprié et inapproprié, sur ce qui est moral et immoral. Elle traite les attitudes
et la conduite des hommes dans la société. Il répond à la préoccupation de ce qui devrait être,
il fait le jugement de valeur et elle s’occupe à la justification des principes éthiques. (Ex. on ne
doit pas guérir le jour de jour de sabbat, qu’on jette la pierre à une femme qui a commis
l’adultère).

1.5.3 La méthode d’Utrum:


Consiste à présenter d’une manière juste les positions des uns et des autres sur
une question éthique donnée, de manière à ce que chaque camp puisse accepter que les
arguments présentés lors de la discussion soient exactement ceux qu’il avance pour défendre
son point de vue. La méthode permet d’adopter un point de vue qui découle d’une analyse juste
et approfondie qu’on a faite dans la Bible, dans diverses littératures ainsi que dans les opinions
courantes.

Trois principaux objectifs animent une discussion éthique procédée par la


méthode d’Utrum:

1. Saisir les arguments nécessaires des uns et des autres pour la prise de décision morale ;
2. Analyser les contenus éthiques de chaque camp, comparer les diverses positions éthiques et
communiquer les résultats en tenant compte de l’enseignement biblique et des réalités
philosophiques, culturelles, contextuelles, situationnelle, etc ;
3. Après avoir adopté une position éthique précise, commencer à mener une vie plus
consistante à la vie éthique vers laquelle le cheminement rationnel pointe.

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Quant aux étapes de la méthode, on procède par quatre étapes principales


lorsqu’on fait l’étude d’un problème éthique selon la méthode d’Utrum. Ces étapes sont: Le
videtur, la sed contra, le responsio et le ergo.

En effet, après avoir introduit la problématique particulière du problème que l’on


traite, on l’examine par étape :

Le videtur (= il apparaît que) : Ici on présente les arguments de la position que l’on croit
indéfendable. L’argumentation doit être présentée d’une manière claire, juste et convaincante,
bien qu’on ne soit pas d’accord avec cette position.

La sed contra (= de l’autre côté) : on donne ici les arguments de l’autre côté qui paraît être
la plus probable et plus proche de la position qu’on soutient mais on finit par la rejeter.
L’argument dans cette position doit aussi être présenté de façon claire, juste et convaincante.

La responsio (= la réponse) : on présente ici la position que l’on croit juste et soutenable.
On répond aux arguments présentés dans le videtur et le sed contra; on montre pourquoi ces
arguments ne peuvent pas être soutenus quand ils sont examinés de près, et on donne des
preuves pour soutenir sa position.

Le ergo (= donc) : on donne ici la conclusion finale qui doit être retenue après toute cette
étude.

En définitive, il faut retenir qu’il existe généralement trois positions éthiques


dans la discussion selon la méthode d’Utrum. II s’agit de :

 La position de ceux qui soutiennent qu’il faut toujours faire la chose. On


étaye les arguments avec lesquels les tenants de cette position justifient
leur point de vue ;
 La position de ceux qui disent qu’il ne faut jamais faire la chose. On étaye
également leurs arguments qui les permettent d’appuyer leur position.
 Enfin la position de ceux qui disent qu’il faut parfois faire la chose. On
avance les raisons qui justifient leur position.

Ainsi, la méthode d’Utrum doit être appliquée dans les questions des travaux
pratiques relatifs aux problèmes éthiques du monde contemporain.

La maitrise des méthodes en éthiques permet de mieux les appliquer dans différents champs
d’application.

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CHAPITRE DEUXIEME
L’ETHIQUE DANS L’HISTOIRE

Du jour où les Hommes vécurent en groupes, une régulation morale du


comportement devint nécessaire au bien-être du groupe. Bien que les mœurs aient été
formalisées et transformées en critères de conduite arbitraires, elles évoluèrent, parfois
irrationnellement, à la suite de violations de tabous religieux ou, par hasard, lorsqu’un
comportement d’abord devenu habituel se transforma en coutume, ou encore en raison des lois
que les chefs imposèrent à leurs tribus pour prévenir la discorde. Même les grandes civilisations
anciennes d’Égypte et de Sumer n’ont pas élaboré une éthique systématisée.

Aux maximes et préceptes consignés par les chefs séculiers comme Ptahotep se
mêlait une religion stricte qui façonnait le comportement de tout Égyptien. Dans la Chine
ancienne, les maximes de Confucius devinrent un code moral reconnu. À partir du VIe siècle
av. J.-C., les philosophes grecs ont consacré une large part de leurs théories au comportement
moral, contribuant ainsi au futur essor de l’éthique en tant que philosophie.

2.1 Moment des premières éthiques grecques

Au VIe siècle av. J.-C., Pythagore élabora l’une des plus anciennes philosophies
morales à partir de l’orphisme. Persuadé que la nature intellectuelle est supérieure à la nature
sensuelle, et que la meilleure vie est une vie consacrée à la discipline mentale. Il fonda un ordre
semi-religieux dont les règles préconisaient la simplicité dans la parole, le manger et le boire.
Les rituels auxquels étaient soumis les membres furent conçus dans le but de rendre manifestes
les croyances éthiques prescrites.

Au Ve siècle av. J.-C., les philosophes grecs, connus sous le nom de sophistes
qui enseignaient la rhétorique, la logique et l’éducation civique, furent sceptiques à l’égard des
principes moraux absolus. Le sophiste Protagoras considérait que le jugement humain est
subjectif et que la perception d’un individu n’a de valeur que pour celui-ci. Gorgias alla même
jusqu’à défendre l’idée extrême que rien n’existe : s’il existait quoi que ce soit, les êtres humains
ne pourraient le connaître ; s’ils le connaissaient, ils ne pourraient pas communiquer cette
connaissance.

Socrate s’opposait aux sophistes. Sa position philosophique, telle qu’elle est


présentée dans les dialogues de son élève Platon, peut se résumer comme suit : la vertu est la
connaissance ; seront vertueux ceux qui sauront ce qu’est la vertu ; le vice ou le mal sont le

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résultat de l’ignorance. Ainsi, pour Socrate, l’éducation doit être axée sur l’enseignement de la
vertu en vue de développer le sens moral des hommes.

2.2 Avec les écoles grecques

La plupart des écoles grecques de philosophie morale puisèrent leur source dans
les leçons de Socrate. Quatre d’entre elles furent créées par ses disciples immédiats : l’école
des cyniques, l’école des cyrénaïques, l’école des mégariques (fondée par Euclide de Mégare)
et les platoniciens.

Les cyniques, en particulier le philosophe Antisthène, considéraient que le


souverain bien est la totale indépendance à l’égard des choses extérieures, que la maîtrise de
soi représente la seule valeur irréductible et qu’il est possible de l’enseigner.

Les cyniques méprisaient le plaisir, considéré comme un mal s’il constituait le


principe de l’action. Ils voyaient dans toute fierté un vice, y compris dans la fierté de
l’apparence ou de la propreté.

Les cyrénaïques, et notamment Aristippe de Cyrène, étaient hédonistes. Ils


postulaient que le plaisir est le souverain bien (pour autant que l’on ne place pas sa vie sous sa
domination), qu’aucune sorte de plaisir n’est supérieure à une autre et qu’il n’est mesurable
qu’en termes de degré et de durée.

Les mégariques, disciples d’Euclide, affirmaient que le bien est « un », même


si on l’appelle sagesse, Dieu ou raison, et que le bien est le secret ultime de l’univers qui ne
peut être percé qu’au moyen de la recherche logique.

Les platoniciens. Selon Platon, le bien est un élément essentiel de la réalité. Le


mal n’a pas d’existence propre, il est plutôt un reflet imparfait du réel. Dans ses dialogues
(première moitié du IVe siècle av. J.-C.), il soutient que la vertu humaine consiste en l’aptitude
qu’a une personne à accomplir la fonction qui lui est propre dans le monde. L’âme humaine
comprend trois éléments : l’intellect, la volonté et l’émotion, dont chacun possède une vertu
spécifique et remplit un rôle particulier chez une personne bonne.

La vertu de l’intellect réside dans la sagesse ou dans la connaissance des fins de


la vie ; la vertu du courage correspond à la capacité d’agir, et celle des émotions à la tempérance
ou à la maîtrise de soi. La dernière vertu, la justice, est la relation harmonieuse entre toutes les
autres. La primauté étant réservée à l’intellect.

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Aristote, qui fut l’élève de Platon, considérait que le bonheur est le but de la vie.
Dans son principal ouvrage sur l’éthique, l’Éthique à Nicomaque (fin du IVe siècle av. J.-C.), il
définissait la quête du bonheur comme une activité propre à l’Homme ; si le plaisir accompagne
une telle activité, il n’en est pas le but principal. Le bonheur provient de cet attribut
exclusivement humain qu’est la raison, celle-ci opérant en parfaite harmonie avec les autres
facultés de l’Homme.

2.3 Moment du stoïcisme

La philosophie du stoïcisme s’est développée vers 300 av. J.-C., pendant les
périodes hellénistique et romaine. En Grèce, les principaux philosophes stoïciens étaient Zénon
de Citium, Cléanthe et Chrysippe. À Rome, le stoïcisme fut la plus populaire des philosophies
grecques ; Cicéron est à ranger au nombre des Romains célèbres à avoir subi son influence.

Les grandes figures du stoïcisme de l’époque romaine furent le philosophe grec


Épictète, et l’empereur et philosophe romain Marc Aurèle. Aux yeux des stoïciens, la nature est
une entité ordonnée et rationnelle : seule une vie menée en harmonie avec la nature peut être
bonne. Affirmant que la vie est sous l’emprise des forces matérielles, les stoïciens
recommandent cependant à chacun de s’en rendre aussi indépendant que possible. Certaines
vertus cardinales telles que la sagesse pratique, le courage, le discernement et la justice
permettent d’accéder à l’indépendance et de suivre la devise stoïcienne : « Endure et renonce. »

2.4 A l’heure de l’Epicurisme

Aux IVe et IIIe siècles av. J.-C., le philosophe grec Épicure développa un
système de pensée appelé plus tard épicurisme, qui faisait du plaisir, et tout particulièrement du
plaisir intellectuel, le souverain bien et qui, à l’instar du stoïcisme, préconisait une vie de
tempérance, voire ascétique, entièrement consacrée à des activités contemplatives.

Les épicuriens cherchaient à atteindre le plaisir en conservant un état de sérénité,


c’est-à-dire en éliminant tout trouble affectif. Ils considéraient les croyances et les pratiques
religieuses comme nocives parce qu’elles génèrent des interrogations sur la mort et sur la vie
après la mort, qui sont autant de sources de préoccupation pour l’Homme.

2.5 Moment de l’Ethique chrétienne

Les systèmes éthiques de l’âge classique furent destinés à l’aristocratie,


notamment en Grèce, et nullement aux non-Grecs, dénommés « barbares », terme qui prit une
connotation péjorative. L’attitude adoptée envers les Barbares était semblable en tout point à

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16

l’attitude envers les esclaves, décrits par Aristote comme des « outils vivants » et considérés
comme tels par l’ensemble des citoyens.

C’est ce qui explique en partie que les philosophies contemporaines du déclin


des religions païennes ne suscitèrent pas l’adhésion populaire et que l’un des principaux attraits
du christianisme consistait dans le fait qu’il procédait à l’extension de la citoyenneté morale à
tous, même aux esclaves.

L’apparition du Christianisme marqua une révolution en morale, dans la mesure


où elle introduisit une conception religieuse du bien dans la pensée occidentale. Dans la
perspective chrétienne, l’Homme dépendait entièrement de Dieu et ne pouvait parvenir à
l’excellence ni au moyen de la volonté, ni au moyen de l’intelligence, mais seulement avec
l’aide de la grâce divine.

La doctrine de la morale chrétienne primitive établit plusieurs règles d’or :


« Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous » (Évangile selon saint
Matthieu, VII, 12), formule des injonctions d’aimer son prochain comme soi-même (Lévitique,
XIX, 18), d’aimer ses ennemis (Évangile selon saint Matthieu, V, 44) et ordonne selon la parole
de Jésus : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Évangile
selon saint Matthieu, XXII, 21).

En outre, le Christianisme primitif insistait sur les valeurs telles que l’ascétisme,
le martyre, la foi, l’indulgence, le pardon, la chasteté — autant de vertus considérées souvent
comme centrales par les philosophes grecs et romains de l’Antiquité.

2.5.1 Avec les pères de l’Eglise

L’éthique chrétienne se constitua dans un contexte intellectuel marqué par la


rivalité que le christianisme entretenait avec le manichéisme, religion d’origine perse, qui voyait
dans le bien et le mal (la lumière et l’obscurité) des forces opposées engagées dans la conquête
du monde. Le manichéisme connut un immense retentissement aux IIIe et IVe siècles.

Saint Augustin, que l’on considère comme le fondateur de la théologie


chrétienne, était à l’origine un adepte du manichéisme, qu’il abandonna sous l’influence de la
pensée platonicienne. Après s’être converti au christianisme en 387, il chercha à intégrer les
conceptions platoniciennes au concept chrétien de bien, conçu en tant qu’attribut de Dieu, et à
celui du péché, représenté par la chute d’Adam dont la culpabilité est rachetée en l’Homme par
la miséricorde de Dieu.

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17

La croyance manichéenne dans le mal ne fut pas ébranlée pour autant : saint
Augustin lui-même demeura convaincu que la nature humaine est foncièrement marquée par le
péché. Cette conviction qui l’emporta dans le christianisme primitif peut expliquer en partie
l’importance que celui-ci accordait à la chasteté et au célibat.

À la fin du Moyen Âge, les œuvres d’Aristote, que les textes et commentaires
d’érudits arabes avaient rendu disponibles, exercèrent une influence considérable sur la pensée
européenne. En opposant la connaissance empirique à la révélation, l’aristotélisme menaçait
l’autorité intellectuelle de l’Église.

Le théologien chrétien saint Thomas d’Aquin parvint néanmoins à réconcilier


l’aristotélisme avec l’autorité de l’Église en reconnaissant à la fois la vérité de l’expérience
sensorielle et sa complémentarité avec la vérité de la foi.

C’est ainsi que la grande autorité intellectuelle d’Aristote fut mise au service de
l’autorité de l’Église, et que la logique aristotélicienne fut utilisée pour défendre les concepts
de péché originel et de rédemption par la grâce divine. Cette synthèse constitue la substance de
l’œuvre majeure de saint Thomas d’Aquin, Summa theologica (Somme théologique, 1266-
1273).

2.5.2 Moment de l’éthique et pénitence

Au fur et à mesure que s’accroissait le pouvoir de l’Église médiévale, le système


éthique évolua, sanctionnant de punitions le péché, et de récompenses après la mort la vie
vertueuse. Les plus hautes vertus étaient l’humilité, la continence, la bienfaisance et
l’obédience. L’intériorité, ou bonté de l’esprit, était indispensable à la moralité. Toutes les
actions, bonnes et mauvaises, furent hiérarchisées par l’Église, qui institua un système de
pénitence temporelle pour l’expiation des péchés.

2.5.3 Avec la Réforme

L’influence des croyances et pratiques chrétiennes faiblit durant la Renaissance.


La Réforme protestante opéra un puissant retour aux principes de base de la tradition chrétienne,
mettant l’accent sur certaines conceptions existantes et introduisant de nouvelles idées.

Selon Martin Luther, la bonté de l’esprit est l’essence de la piété chrétienne. Si


la conduite morale ou les bonnes œuvres sont exigées du chrétien, le salut ne vient que par la
foi, et la rédemption par la grâce. Luther lui-même se maria et le célibat cessa d’être imposé au
clergé protestant.

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18

Jean Calvin acceptait la doctrine théologique du salut par la seule foi et


maintenait la doctrine augustinienne du péché originel. Les puritains étaient calvinistes et
adhéraient aux thèses de Calvin en faveur de la sobriété, de la diligence, de l’économie et de
l’absence d’ostentation.

Dans l’ensemble, pendant la Réforme, la responsabilité individuelle avait plus


d’importance que l’obéissance à l’autorité ou à la tradition.

2.5.3.1 Quatre questions et cinq Sola

A la base de la Réforme protestante se trouvent quatre questions ou doctrines


fondamentales au sujet desquelles ces réformateurs trouvaient que l’Eglise Catholique romaine
était dans l’erreur. Ces quatre questions et doctrines sont : Comment sommes-nous sauvés ?
Qui détient l’autorité religieuse ? Qu’est-ce que l’église ? Et quelle est l’essence de la vie
chrétienne ? En répondant à ces questions, des réformateurs protestants tels que Martin Luther,
Ulrich Zwingli, Jean Calvin, et John Knox ont établi ce qui deviendra les “Cinq Solas” (sola
veut dire seul en Latin) de la Réforme.

Ces cinq points de doctrine étaient au cœur de la Réforme protestante, et c’était


à cause de ces cinq doctrines bibliques fondamentales que les réformateurs protestants ont pris
position contre l’Eglise Catholique romaine, résistant aux nombreuses injonctions leur
demandant de se rétracter, même face à la mort.

Voici ces cinq doctrines fondamentales de la Réforme protestante :

• “Sola Scriptura,” ou Les Ecritures seules : C’est une affirmation de la doctrine biblique
selon laquelle la Bible est la seule autorité pour toutes les questions relatives à la foi et
à la pratique. Les Ecritures, et seules les Ecritures constituent la norme par laquelle tous
les enseignements et doctrines de l’Eglise doivent être mesurés.

• “Sola Gratia,” Le salut seulement par la grâce : C’est une affirmation de la doctrine
biblique selon laquelle le salut ne s’obtient que par la grâce de Dieu et nous ne pouvons
échapper à sa colère que par Sa grâce seule. La grâce de Dieu en Christ n’est pas
seulement nécessaire, mais elle constitue la seule cause efficace du salut.

• “Sola Fide,” Le salut seulement par la foi : C’est une affirmation de la doctrine biblique
selon laquelle la justification n’est possible que par la grâce seule au moyen de la foi
seule par Christ seul.

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• “Solus Christus,” En Christ seul : C’est une affirmation de la doctrine biblique selon
laquelle le salut ne se trouve qu’en Christ seul et Sa vie sans péché et son expiation
substitutionnelle seules sont suffisantes pour notre justification et notre réconciliation
avec Dieu le Père.

• “Soli Deo Gloria,” Uniquement pour la gloire de Dieu : C’est une affirmation de la
doctrine biblique selon laquelle le salut vient de Dieu et a été accompli par Dieu
uniquement pour Sa gloire.

2.5.3.2 La Reforme et ses implications sociales et politiques

La réforme luthérienne est introduite par le moine augustin Martin Luther. Celui-
ci vit dans l'anxiété de son époque. Depuis son entrée au couvent, Luther cherche par tous les
moyens à acquérir la certitude de son salut. Mais ni la dévotion, ni les jeûnes, ni les exercices
spirituels, ni la théologie n'apportent à Luther l'apaisement et la certitude de son salut.

En 1512, il retrouve enfin la réponse à ses questions. La bonté de Dieu, son


amour, sa générosité sont la clé de voûte de la doctrine chrétienne. Le chrétien répond à l'amour
de Dieu par la foi. Tous les préceptes se trouvent uniquement dans l‘Ecriture sainte. Et c'est en
suivant les lois divines que le chrétien montre sa foi. Luther est connu pour avoir accentué et
développé le sens de l'idée que « le juste vivra par la foi ».

En outre, avec Luther et Calvin, les réflexions sociales et politiques ont eu un


nouveau souffle (Lire Olivier Abel, Jean Calvin, coll. « Chemins d’Eternité », Paris,
Pygmalion, 2009; Rémi Teissier du Cros, Jean Calvin, de la réforme à la révolution, coll.
« ouverture philosophique », Paris, L’Harmattan, 1999; Carl Braaten, La théologie luthérienne,
Paris, Cerf, 1996 et P. Bosse-Huber, S. Fornerod, T. Gundlach et G. Locher, Célébrer Luther
ou la Réforme? 1517-2017, Genève, Labor et Fides, 2014.)

2.5.4 Moment des philosophies morales séculières

2.5.4.1 Ethique et Raison

La raison humaine est le fondement d’une conduite bonne dans le système


développé par Baruch Spinoza. Dans son œuvre majeure l’Éthique démontrée selon la méthode
géométrique, (Ethica ordine geometrico demonstrata, 1674), Spinoza déduit l’éthique de la
psychologie, et la psychologie de la métaphysique. Il soutient la neutralité morale de toute chose
du point de vue de l’éternité (« sub specie aeternitatis » ; seuls les besoins et les intérêts
humains déterminent ce qui est considéré comme bon ou mal, juste ou faux. Tout ce qui aide

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l’humanité à connaître la nature ou tout ce qui est en accord avec la raison humaine est reconnu
comme bon.

La raison est en outre nécessaire pour tenir les passions en échec et pour
connaître le plaisir et le bonheur en évitant la douleur. Aux yeux de Spinoza, l’état suprême
pour l’Homme est l’« amour intellectuel de Dieu » dérivé de l’entendement intuitif, cette faculté
supérieure à la raison ordinaire. L’usage adéquat de cette faculté permet de contempler la
totalité de l’univers mental et physique, et de comprendre qu’il contient une substance infinie
que Spinoza nomme « Dieu »

2.5.4.2 Avec quelques découvertes scientifiques

La plupart des découvertes scientifiques majeures eurent des répercussions sur


l’éthique. Les découvertes d’Isaac Newton au XVIIe siècle avec les lois de Newton furent parmi
les premières à en fournir un des exemples les plus éloquents. Les lois de Newton étaient
généralement considérées comme la preuve de la rationalité de l’ordre divin. Ce sont les
découvertes de Newton qui entraînèrent les philosophes à faire confiance à un système éthique
aussi rationnel et ordonné qui était supposé l’être, la nature.

Au XVIIIe siècle, David Hume, dans ses Essais moraux et politiques (1741-
1742) et Adam Smith, qui fut par ailleurs le défenseur de la théorie économique du « laisser-
faire », dans sa Théorie des sentiments moraux (1759), ont élaboré des systèmes de morale
subjective similaires. Ils assimilaient tous deux le bien à tout ce qui suscitait des sentiments de
satisfaction et le mal à tout ce qui suscitait des sentiments douloureux.

Par ailleurs, en France, Jean-Jacques Rousseau adhéra, dans son œuvre majeure
intitulée Du contrat social (1762), à la théorie hobbienne. Cependant, dans Émile (1762) et dans
d’autres ouvrages, il attribue le mal aux anomalies inhérentes à toute organisation sociale et
juge les hommes bons par nature.

L’anarchiste, philosophe, romancier et économiste politique britannique


William Godwin a poussé cette idée à l’extrême dans son Enquête sur la justice politique
(1793), où il rejette toutes les institutions sociales, y compris celle de l’État, considérant que
par leur existence même, elles constituent une source du mal.

Opérant une « révolution copernicienne » en philosophie, Emmanuel Kant


apporta une contribution majeure à l’éthique avec le Fondement de la métaphysique des mœurs
(1785). Pour Kant, aussi judicieusement que l’on agisse, les résultats des actions humaines sont

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exposés aux accidents et aux aléas. Par conséquent, il ne faut pas juger la moralité d’un acte par
ses conséquences mais seulement par la motivation qui y a présidé. Seule est bonne l’intention
parce qu’elle conduit l’Homme à agir non par inclination mais par devoir, lequel repose sur un
principe général qui est juste en soi.

Quant au principe moral de base, Kant reprend la règle d’or sous une forme
logique : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle
universelle. » Autrement dit, on doit traiter autrui « en toute circonstance comme une fin et
jamais seulement comme un moyen ».

Signalons également que la doctrine morale et politique connue sous le nom


d’utilitarisme fut formulée par Jeremy Bentham vers la fin du XVIIIe siècle et exposée plus tard
par James Mill ainsi que par son fils John Stuart Mill.

Dans son Introduction aux principes de morale et de législation (1789), Bentham


présente le principe d’utilité comme le moyen d’augmenter le bonheur de la communauté. Il
pensait que toute action est motivée par le désir de procurer du plaisir et d’éviter la douleur.
L’utilitarisme considère le plus grand bonheur du plus grand nombre comme le bien suprême.

G. W. F. Hegel, dans les Principes de la philosophie du droit (1821), estime que


la morale n’est pas le résultat d’un contrat social mais relève d’un développement naturel qui
prend son essor dans la famille et culmine historiquement dans l’État prussien de son temps.

Plus tard Søren Kierkegaard va s’opposer violemment au système hégélien.


Dans Ou bien ... ou bien, (1843), il exposa ce qu’il considérait comme le principal problème en
éthique, à savoir celui du choix. Le choix personnel de Kierkegaard a consisté à vivre à
l’intérieur du cadre de l’éthique chrétienne en insistant sur la nécessité du choix.

Après l’ère newtonienne, la découverte scientifique qui marqua le plus l’éthique


fut la théorie de l’évolution élaborée par Charles Darwin. Les découvertes de Darwin fournirent
un appui au système nommé parfois éthique évolutionniste que défendait le philosophe
britannique Herbert Spencer. Pour celui-ci, la morale n’est rien d’autre que le résultat de
certaines habitudes acquises par l’humanité au cours de l’évolution.

On doit à Friedrich Nietzsche une interprétation surprenante mais logique de la


thèse darwinienne selon laquelle la survie des plus forts est la loi fondamentale de la nature. Le
philosophe allemand affirmait que ce que l’on appelle la conduite morale n’est nécessaire
qu’aux faibles.

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22

Pour lui, la conduite morale en particulier celle que préconise l’éthique judéo-
chrétienne, est une morale d’esclave qui tend à autoriser le faible à empêcher le fort de se
réaliser. Il reste convaincu que chaque action devrait être orientée vers le développement de
l’individu supérieur, l’Übermensch (« surhomme ») qu’il appelle de ses vœux et qu’il décrit
comme le seul type d’Homme capable de réaliser dans l’avenir les plus nobles possibilités de
la vie.

Nietzsche trouvait les meilleurs exemples de cet individu idéal dans chacun des
philosophes grecs antérieurs à Socrate ainsi que dans les dictateurs militaires tels que Jules
César et Napoléon. Opposé à la thèse qui fait de la lutte impitoyable et incessante la loi de la
nature, le prince Petr Kropotkine, théoricien anarchiste et réformateur russe, présenta, entre
autres, des études sur le comportement des animaux vivant en liberté qui révèlent le rôle de
l’entraide dans la nature.

Kropotkine soutenait que l’entraide favorise la survie de l’espèce et que les êtres
humains ont acquis leur supériorité sur les animaux au cours de l’évolution grâce à leur capacité
de coopération. Persuadé que les gouvernements sont fondés sur la violence et que leur
élimination permettrait aux hommes de donner libre cours à leurs instincts de coopération et
d’instaurer un ordre coopératif, Kropotkine défendait l’anarchisme.

Les anthropologues ont appliqué les principes évolutionnistes à l’étude des


sociétés et des cultures humaines. Entreprenant des analyses comparatives portant sur les
concepts du vrai et du faux, du juste et de l’injuste dans les différentes sociétés, ils contribuèrent
à diffuser l’idée que la plupart de ces concepts avaient une valeur relative et non universelle.
Parmi les concepts éthiques fondés sur une approche anthropologique, il faut retenir ceux de
l’anthropologue finlandais Edvard A. Westermarck, auteur de la Relativité éthique (1932).

L’éthique moderne est profondément influencée par la psychanalyse de


Sigmund Freud et de ses disciples, ainsi que par les doctrines béhavioristes inspirées des
découvertes du physiologiste russe Ivan Pavlov. Freud attribuait le problème du bien et du mal
en chaque individu au conflit entre la pulsion du moi instinctuel visant à satisfaire tous ses
désirs et le besoin du moi social qui consiste à contrôler ou réprimer la plupart de ces impulsions
afin de permettre à l’individu de fonctionner en société. Des philosophes contemporains comme
Paul Ricœur ont contribué à envisager la morale sous l’éclairage freudien.
Par l’observation du comportement animal, le béhaviorisme renforça la croyance qu’il est

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possible de changer la nature humaine à condition de réunir les conditions favorables aux
changements escomptés.

Dans les années 1920, le béhaviorisme était largement répandu aux États-Unis,
principalement dans les théories sur la pédiatrie, la formation de l’enfant et l’éducation en
général. Cependant, le pays où il exerça la plus grande influence sur les consciences fut l’Union
soviétique, où l’« Homme nouveau » fut forgé selon des principes béhavioristes : les esprits
furent conditionnés par une propagande incessante et aucun citoyen ne devait échapper à ce
contrôle mental. L’éthique soviétique identifiait le bien avec tout ce qui était favorable à l’État,
et le mal avec tout ce qui s’y opposait.

Dans ses écrits datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, le philosophe
et psychologue américain William James devança, dans une certaine mesure, Freud et Pavlov.
James est connu comme fondateur du pragmatisme, théorie pour laquelle la valeur des idées est
déterminée par leurs conséquences. Mais c’est en insistant sur l’importance des relations
réciproques entre les idées que James a apporté sa plus grande contribution à la théorie morale.

2.5.5 De la prédominance actuelle

Le philosophe britannique Bertrand Russell exerça une influence considérable


sur la pensée morale au cours des dernières décennies. Critiquant violemment la morale
conventionnelle, il considérait que les jugements moraux expriment des désirs individuels ou
des habitudes ancrées. À ses yeux, le saint ascétique, tout comme le sage détaché du monde,
sont de piètres spécimens de l’humanité parce qu’ils sont des êtres humains incomplets. Les
êtres humains complets prennent pleinement part à la vie de la société et donnent libre cours à
leur nature. Certaines impulsions doivent être réprimées dans l’intérêt de la société, d’autres,
dans l’intérêt de l’épanouissement individuel, mais c’est la croissance naturelle et relativement
libre, ainsi que la réalisation de soi, qui mène à une vie bonne et à une société harmonieuse.

Un certain nombre de philosophes du XXe siècle, dont ceux qui avaient épousé
les théories de l’existentialisme, se sont penchés sur les problèmes du choix moral individuel
soulevés par Kierkegaard et Nietzsche. Certains d’entre eux avaient une orientation religieuse,
comme le philosophe russe Nikolaï Aleksandrovitch Berdiaiev, qui insistait sur la liberté de
l’esprit individuel, ou comme le philosophe israélien d’origine autrichienne Martin Buber, qui
s’intéressait à la morale dans les relations individuelles, ou comme le théologien protestant
américain d’origine allemande Paul Tillich, qui insistait sur le courage d’être soi-même ; de
même, le philosophe et dramaturge catholique français Gabriel Marcel et le philosophe

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protestant et psychiatre allemand Karl Jaspers s’intéressaient tous deux à l’unicité de l’individu
et à l’importance de la communication entre individus.

Une autre tendance de la pensée morale moderne se profile dans les écrits des
philosophes Jacques Maritain et Étienne Gilson, qui s’inscrivent dans la tradition de saint
Thomas d’Aquin. D’autres philosophes modernes n’acceptent aucune des religions
traditionnelles. Martin Heidegger soutint qu’aucun Dieu n’existe, bien qu’un jour, il puisse en
advenir un. Selon lui, les êtres humains sont seuls dans l’univers et doivent prendre leurs
décisions morales dans la conscience perpétuelle de la mort. Jean-Paul Sartre, penseur athée,
reprit la formule d’Heidegger, « l’Homme est un être pour la mort », et développa dans l’Être
et le Néant une philosophie de la liberté totale : je suis libre d’« être » ce garçon de café ou
encore ce salaud que les autres voient en moi ou de ne pas l’« être ». Dans la Critique de la
raison dialectique, il oriente cette optique radicale dans le sens de l’engagement : l’Homme est
responsable moralement dans l’action politique et sociale.

Plusieurs philosophes modernes, tel l’Américain John Dewey, se sont intéressés


à l’éthique du point de vue de l’instrumentalisme. Dewey définit le bien comme ce que l’on
choisit après avoir réfléchi à la fois aux moyens et aux conséquences probables de sa réalisation.

La discussion philosophique contemporaine sur l’éthique a connu un


prolongement dans les écrits de George Edward Moore, en particulier dans ses Principia ethica.
Moore soutenait que les termes moraux sont définissables en fonction du mot bon, alors que
« bon » est indéfinissable. Il en est ainsi parce que le bien est une qualité simple, non
décomposable.

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CHAPITRE TROISIEME
REGARD SUR L’ETHIQUE ECONOMIQUE

L'éthique économique ne traite pas un aspect particulier de la responsabilité. Elle


est simplement un des domaines de l'éthique sociale, probablement le plus important et le plus
difficile de par son impact et sa complexité. D'autres domaines analogues peuvent être soutenus
par ce processus en vue d’en assurer la responsabilité. Pour l’éthique politique et économique
en particulier, cela est d’une grande importance.

3.1 De l’Ethique de responsabilité en Economie

Ce n’est donc pas un hasard si Max Weber, l’initiateur de l’éthique de


responsabilité, a été amené à développer ce concept à partir de ses réflexions sur l’éthique dans
le domaine de la politique et de l’économie. Celui qui doit prendre des décisions politiques et
économiques pouvant influencer le destin de nombreuses personnes se verra toujours obligé,
s’il est lucide, non seulement de justifier les motivations profondes qui le font agir, mais aussi
d’évaluer le plus consciencieusement possible les conséquences prévisibles de son action. En
effet, il ne peut pas simplement dire, au cas où ses activités auraient des conséquences politiques
et sociales fâcheuses, que son intention était bonne. Cela signifierait une irresponsabilité pure
et simple par rapport à la réalité de la vie politique et sociale.

3.2 Marx et l’opposition de deux maximes

La prise en considération de la responsabilité par rapport aux conséquences


prévisibles d’une action est désignée depuis Max Weber par les termes d’éthique de
responsabilité. Justifiant son opposition à l’éthique de conviction, Weber parle de « deux
maximes fondamentalement différentes, en opposition inconciliable », sans pour autant
identifier l’éthique de conviction à une éthique de l’irresponsabilité, ni l’éthique de
responsabilité à une absence de conviction. Mais il y a « un abîme de différence selon qu’on
suit la maxime de l’éthique de conviction – en langage religieux : « Le chrétien agit de façon
juste et s’en remet à Dieu » - ou bien la maxime de l’éthique de responsabilité : « on doit
répondre des conséquences (prévisibles) de ses actes ». Ce qui doit être normatif pour toute
action, mais surtout dans le domaine de la politique et de l’économie, est donc en premier lieu
l’évaluation responsable des conséquences prévisibles de cette action ; il s’agit de rester
conscient de l’imperfection humaine et de la prendre en compte, alors que les partisans de
l’éthique de conviction passent trop facilement par-dessus pour élever ensuite une protestation
stérile contre le monde présent ou s’en détourner avec résignation.

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Du point de vue de l’éthicien chrétien, ce type d’éthique a indubitablement une


grande importance. Elle montre en tout cas clairement que la question du caractère normatif
d’une action ne peut être abordée indépendamment de celle de ses conséquences. Cependant, il
serait faux de voir dans ce type d’éthique la totalité de l’exigence éthique. L’éthique de
responsabilité n’est pas suffisante à elle seule. Du reste, Max Weber l’a connu ouvertement :
« Il est vrai, la politique se fait avec la tête. Mais il est tout aussi vrai qu’on ne la fait pas
uniquement avec la tête. Sur ce point les partisans de l’éthique de conviction ont parfaitement
raison. On ne peut prescrire à personne d’agir selon l’éthique de conviction ou selon l’éthique
de responsabilité, pas plus qu’on ne peut lui indiquer à quel moment il doit suivre l’une et à
quel moment l’autre ».

Mais il faudrait aller encore plus loin ; l’éthique de conviction – et ceci est
valable aussi pour l’éthique de normes et pour l’éthique de situation – n’a pas sa légitimité
simplement à coté, mais aussi dans l’éthique de responsabilité elle-même. Celui qui veut
évaluer les suites d’une décision ou d’une action qu’il doit entreprendre ne peut le faire qu’en
connaissant la situation. Et celui qui est vraiment déterminé à en porter la responsabilité sera
renvoyé à des normes aptes à former une conviction et ne pouvant pas provenir de l’acte de
responsabilité lui-même, en tout cas pas uniquement. Sinon, l’éthique de responsabilité courrait
le risque de caractère normatif à ce qui apporte ou en tout cas promet le succès, et à déclarer
tout le reste, même le choix des moyens, sans importance du point de vue éthique. Et cela
signifierait que le succès est sanctionné pragmatiquement, ce qui n’aurait plus rien à voir avec
une responsabilité éthique digne de ce nom.

3.3 Pourquoi faire référence à l’éthique dans l’analyse économique ?

Il y a deux grandes raisons :

Premièrement l’économie, dans sa démarche de développement des sociétés et d’allocation


des ressources, du temps, des personnes, elle fait toujours référence aux choix éthiques à travers
ses hypothèses de comportement que cela soit explicitement affirmé et reconnu, ou
implicitement admis sous la forme d’hypothèses dans le cadre d’un raisonnement scientifique.

Deuxièmement, dans le contexte actuel de contraintes croissantes sur les ressources naturelles
(environnementales et écologiques) disponibles et sur les conséquences sociales et humaines (c'est-
à-dire sur les sociétés et sur les personnes), les hypothèses et choix sur lesquels s’appuie la
croissance économique, source de développement, sont fortement remis en cause. Ce qui implique

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27

la recherche de formes de développement alternatives. Or celles-ci ne peuvent tirer leurs


fondements qu’à partir de choix éthiques différents et des normes morales correspondantes.

3.3.1 Plus précisément, où en est-on actuellement ?

Il y a quand-même des questions non résolues face à l’évolution du monde. Deux


d’entre elles vont devenir prégnantes pour les générations à venir et les économistes qui auront un
rôle à jouer dans les décennies à venir pour les résoudre pourront être tenus responsables des
décisions correspondantes vis-à-vis des générations futures.

La première porte sur l’environnement écologique et, plus précisément, sur la


soutenabilité/durabilité des écosystèmes actuels). Il se pose la question de l’utilisation pertinente
des ressources naturelles non renouvelables (énergies fossiles), ou devenues rares (eau, faune), et
de la modification des écosystèmes (climat, pollution). Quel équilibre écologique et quelles
ressources laissera-t-on aux générations à venir ? Cela impose dès maintenant des choix
d’orientation responsables (H. Jonas).

La deuxième porte sur le « savoir-vivre ensemble » dans un monde plus global, au


sein duquel il devient nécessaire d’accepter l’autre différent (aspect de dignité et de reconnaissance),
de savoir partager des ressources rares (redistribution), de créer et d’innover sur la base de référents
socio-culturels différents, et d’assurer à tous un minimum de sécurité Centre d’économie et
d’éthique pour l’environnement et le développement (CEED), unité mixte de recherche entre
l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et l’Université de Versailles St Quentin-en-
Yvelines) Réseau de recherche-action rassemblant des universitaires, chercheurs, praticiens du
développement et concepteurs de politiques concertées de réduction de la pauvreté et des inégalités.
Particulièrement aux plus faibles. Cela demande d’inventer les modes du savoir-vivre de demain et
de décrypter les valeurs qui peuvent être partagées tous ensemble (Touraine).

Ensuite, on voit bien que les principes d’un développement basé sur la seule
croissance économique quantitative de biens consommés atteignent des limites de non-durabilité
face à la taille de la population mondiale. Non durabilité écologique (climat, pollution et espèces en
voie de disparition), non durabilité économique (quand il y a report de l’endettement sur les
générations à venir), non durabilité sociale (trappe à pauvreté, exclusion sociale, inégalités de
capacités ou de reconnaissance, vulnérabilité et insécurité, conflits).

Pourtant la croissance demeure nécessaire pour maintenir une vision positive et la


paix. Elle peut se faire sur une base qualitative (culture et arts), dématérialisée (tourisme éthique :

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éclipse de soleil) et virtuelle (création de valeur sur Internet) et non plus de manière quantitative
(doublement de la taille des maisons, des voitures ou des gens), sauf à satisfaire les besoins des plus
démunis et des plus vulnérables (principes de justice de Rawls). Le problème n’est pas tant d’arrêter
la croissance, mais d’en changer les moteurs de dynamisme. Or cela demande aussi d’en revoir les
fondements éthiques. Enfin, on voit apparaître des propositions de voies de croissance et de formes
économiques alternatives. Elles sont inspirées par les théories de la justice (Rawls, Roemer, Van
Parijs, Fleurbaey), par le retour de l’éthique dans le raisonnement économique (Sen), par des visions
et pratiques alternatives (commerce équitable, tourisme solidaire, finances éthiques, responsabilité
sociétale, etc.).

L’approche du « développement durable », notamment dans ses dimensions de


développement humain durable (PNUD : un développement basé sur l’amélioration des capacités
à fonctionner et à être des personnes) ou de développement socialement durable (veillant à assurer
l’équité dans ces capacités), donne un cadre fédérateur à cette démarche. Elle montre que dans
l’analyse économique, il y a tout à la fois un aspect de « science économique » (analyse causale et
mathématique des interactions pour déterminer des lois à partir d’hypothèses données de
modélisation des comportements), et un aspect « économie politique » qui intègre les choix éthiques
et les normes morales pour construire ces hypothèses. Ces deux aspects se complètent pour
permettre la connaissance des phénomènes étudiés. Ce que disaient Smith (double ouvrage), Stuart
Mill (double ouvrage), etc. Une vision que l’on a encore tendance à oublier aujourd’hui si l’on ne
s’interroge pas sur les valeurs qui inspirent le modèle de croissance et de développement actuel.

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29

3.3.2 De quoi parle-t-on quand on se réfère à l’éthique en économie ?

On peut commencer par s’interroger sur la différence entre les termes « éthique
» et « morale ». Dans le parler courant actuel, on considère qu’il y a des règles générales de
morale et des applications éthiques particulières (bioéthique, éthique des affaires, etc.). En fait
originellement, si l’éthique permet de débattre de façon générale sur ce qui est « bon ou bien à
faire », la morale décide des règles qui en résulte et qu’il conviendra d’appliquer. Dans le
contexte actuel, on a fortement besoin de débats éthiques dans de multiples domaines
(concernant la responsabilité, l’équité et la justice, la sécurité et la vulnérabilité, etc.) pour
déterminer des règles (tantôt universelles tantôt spécifiques comme des chartes ou code de
déontologie) dans un monde en mutation et en métissage culturel.

Dans le cadre des débats sur l’éthique, il convient de distinguer ce qui relève de
« l’éthique positive » par opposition à « l’éthique normative ». L’éthique positive traite de « ce
qui est » et que l’on observe à travers le comportement des personnes. Autrement dit, elle
concerne les choix que font effectivement les gens lorsqu’ils décident de leurs actions (par
exemple, le fait de mettre les enfants à l’école, ou d’acheter un certain type de voiture). Derrière
ces choix, il y a des valeurs implicites qui peuvent être explicitées par une vision utilitariste, la
volonté de satisfaire des obligations, le respect de la tradition, la solidarité, etc.

Le respect de ces valeurs permet d’expliquer le comportement des personnes.


Ces comportements, leurs raisons, les choix effectivement faits, les contraintes qui les limitent,
les conséquences qui en résultent peuvent être relevés au moyen d’enquêtes particulières
(d’éthique positive, sur les valeurs, sur l’agentivité) (Revue Française de Sociologie). L’éthique
normative à l’inverse porte sur « ce qui doit être ». Elle amène à débattre sur la cohérence des
choix éthiques observés dans une société particulière, en confrontation avec les résultats
obtenus par la démarche d’éthique positive.

Il existe évidemment un grand nombre de travaux sur l’éthique (ou la morale),


en tant que discipline philosophique fondamentale (depuis Aristote). Ces travaux permettent
d’obtenir, sous la forme d’école de pensée cohérente, des éléments conceptuels et théoriques
sous forme de « boîtes à outils » permettant de construire et d’étayer les raisonnements pour
l’analyse économique. Parmi ces « boîtes à outils », citons celle qui oppose habituellement
l’éthique du Bien (dont l’éthique de la vie bonne : Aristote) à celle du Juste (ou le respect des
normes morales : Kant). Mais, il y a aussi les éthiques de la responsabilité (Jonas, Lévinas,
Ricoeur), de la discussion (Habermas, Appel), de la sollicitude (Gilligan), etc.

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30

3.4 Quels raisonnements et alternatives éthiques à envisager ?

La dominante de pensée économique actuelle met l’accent sur l’éthique du Bien.


Elle s’appuie sur la vision aristotélicienne de la vie bonne, sur l’utilitarisme de Bentham et Stuart
Mill, sur l’individualisme méthodologique comme mode d’analyse. La recherche de la
satisfaction des besoins personnels sous forme de consommation de biens et services, sous
contrainte de revenus, temps, etc., entraîne la croissance et le développement. Cette satisfaction
est le fait de la liberté de choix d’individus autonomes et rationnels. Le marché, sous la forme
d’une « main invisible », opère les équilibres nécessaires entre productions et consommations et
en détermine les quantités et les prix. Dans ce cadre, les visions alternatives se proposent
d’intégrer des corrections dans mécanismes du marché trop souvent défaillants. Elles introduisent
dans les analyses économiques, des principes d’équité ou de justice.

L’individu se transforme alors en agent économique, ou en acteur social ou en


citoyen. Mais on peut vouloir mettre l’accent sur l’éthique du Juste, en considérant que les
personnes (et non pas les individus) sont prises dans des réseaux d’interactions sociales (en tant
qu’acteurs sociaux raisonnables) et doivent satisfaire des obligations (comme citoyens
responsables) face à leur communauté d’appartenance. L’éthique de la responsabilité devient
alors la référence. Une responsabilité vis-à-vis des plus vulnérables (Lévinas) ou des
générations à venir (Jonas), avec la capacité autonome (Kant) de s’auto-contraindre lors
d’actions spécifique (Ricœur). La responsabilité dans le choix personnel peut alors devenir
première (ex ante) face à la liberté de choisir (ex post). Cette capacité de se contraindre propre
à l’être humain face à des situations graves concernant les autres s’appuie sur la « liberté
intérieure » de la personne (Arendt) différente de la liberté externe et positive de l’individu.

On peut présenter, comme exemple, le fait d’acheter un véhicule tout-terrain 4/4


en milieu urbain. L’articulation entre liberté et responsabilité permet de distinguer les
comportements de l’individu utilitariste (satisfaction personnelle de consommation), d’agent
économique producteur (transport de matériel), d’acteur social raisonnable (emmène les enfants
du quartier), de citoyen responsable (s’interroge sur la nécessité d’un tel véhicule), de personne
responsable du devenir des autres (effets sur les jeunes enfants : pollution, accident).

En économie, à travers l’approche des capacités de Sen, on tente de dépasser


l’individu utilitariste en considérant l’agent économique, l’acteur social avec la transmission
équitable des capacités entre générations, dans le cadre du développement durable. Cependant

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la responsabilité dans les choix a priori de la personne n’y est pas prise en compte de façon
explicite. Elle n’intervient qu’indirectement et de manière fortement conséquentialiste.

L’application au développement durable et la prise en considération des risques


de non-durabilité sociale (comme la destruction sociale, les conflits armés, etc.) résultant de
politiques de croissance ou de développement inappropriées (oubliant, par exemple, les aspects
d’équité intra et intergénérationnelle), amène à repenser les fondements éthiques de telles
politiques. Cela demande de rechercher les conditions d’un développement socialement durable
en examinant l’articulation liberté – responsabilité au niveau personnel, les aspects de d’équité
(de capacités, de reconnaissance, de dignité), les aspects de vulnérabilité et de sécurité. Et donc
de définir des principes de précaution (ex ante) et de prudence (ex post) sociales sur la base de
seuils économiques (seuils de pauvreté, coefficient de vulnérabilité, aversion à l’inégalité ou au
risque, élasticité pauvreté – inégalité, etc.).

3.5 Vers l’économie sociale

Les valeurs fondamentales que nous avons sélectionnés et développés dans les
lignes précédentes ont comme conséquence logique, la matérialisation de l’économie sociale.
En réalité, le concept d’économie sociale renvoie à la conception originelle de l’économie, celle
qui conçoit l’économie comme la règle de la maison, celle qui gouverne toute entité sociale
comme la famille, centrée sur ma collaboration, la coopération et la solidarité en vue d’assurer
l’existence, la survie et la durabilité1. Ceci évite de s’enfermer dans la perspective de
compétitivité meurtrière, où a conduit le capitalisme néolibéral, qui tend à faire disparaitre les
plus petits et s’imposer pour devenir seul maitre à bord !2

Dans ce sens, l’économie sociale apparait à la fois comme un savoir (une


discipline scientifique qui s’intéresse à l’exploration de l’ensemble des pratiques qui la
constituent, selon les milieux et les aires culturelles dans lesquels elles sont implantées) et
comme un ensemble de pratiques.

1 Groupes de Lisbonne, Limites à la compétitivité. Pour un nouveau contrat social, sous la direction de R.
Petrella, Bruxelles, Labor, 1995, p. 169. Voir aussi Susan George, Un autre monde est possible, si…, traduit
de l’anglais, Librairie Arthémis, Paris, Fayard, 2004 p. 44.
2 Laurent Sebisogo Muhima, « Comprendre et vivre l’économie sociale et solidaire pour un autre
imaginaire économique », in L’heure de l’économie éthique…., Op. Cit., p.115.

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CHAPITRE QUATRIEME

DE L’ETHIQUE CHRETIENNE

L’éthique chrétienne concerne l’étude de la vie morale (lat. mores: mœurs, coutumes,
comportement) à la lumière de la foi et de la révélation chrétiennes. Il s’agit d’une éthique
théologique se fondant sur l’adhésion au Dieu Créateur et Sauveur, révélant sa sagesse et sa
volonté dans l’histoire, et en particulier en Jésus-Christ, Elle repose sur la reconnaissance que
la nature et la raison humaine (tradition catholique) et l’expérience du salut en Christ (tradition
Protestante) peuvent mener à la sagesse et à la connaissance éthiques. L’éthique chrétienne est
ainsi réflexive (raison) et théologique (foi et raison).

L’interrogation éthique correspond à la construction d’une relation humaine avec


d’autres humains.Elle correspond à l’émergence de la question: est-il bon d’agir de telle ou telle
manière? L’éthique chrétienne est ainsi réflexive, car elle permet au sujet de se situer dans son
environnement culturel, qu’il doit transformer en accueil constructif et responsable. La vie
éthique est une décision d’espérer en la réalité humaine jamais pleinement accomplie (acte de
foi en soi, l’autre, en la vie)

De cette éthique chrétienne réflexive découle une pédagogie qui vise à mettre en place
des interdits, qui indique les impasses et valorise les conduites positives, qui permettent de ne
pas sortir de l’humain.

4.1 Les expériences intolérables

Un autre point de départ dans la réflexion éthique chrétienne consiste à examiner nos
expériences d’indignation ou d’horreur (actes de violence).

Ces expériences nourrissent une réaction de révolte et de répulsion envers ce qui est
intolérable et injustifiable.

L’expérience personnelle actualise l’expérience faite par l’humanité depuis des siècles
(des évènements qui arrive et ne devaient jamais arriver). La perception de l’intolérable, et en
son fond la certitude que de tels actes sont inhumains et indignes de l’homme, fait naître la
conscience qui rend capable de juger du bien et du mal.

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En effet, est conforme à l’existence éthique chrétienne une conduite qui fait croître
l’être en humanité (normativité morale vs. Normativité sociale).

4.2 L’éthique à la recherche de l’humanité

Au-delà de ce que le droit ou les conventions ordonnent l’éthique dans la perspective


chrétienne est ce qui s’impose à nous en raison de notre condition d’être raisonnable et libre
(conditionnements vs. liberté de pensée et d’agir). Elle vise à déterminer ce qui dans une
situation historique et culturelle donnée permettra de préserver l’humain ; elle reflète l’effort
d’humanisation de ceux qui nous ont précédés (sagesses et acquis d’humanisation), elle est donc
particulière et à la fois l’idéal inconditionnel de l’humain. Elle est recherche de ce qui est
commune humanité à respecter en l’autre comme en moi-même ; l’éthique prend ainsi une
dimension universelle: « Agis de telle sorte que tu puisses toujours vouloir que la maxime de
ton action devienne une loi universelle » (I. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs).

Elle passe aussi par la recherche de principes premiers (règle d’or, précepte d’amour,
principe de non-discrimination).

4.3 L’éthique comme participation au Christ: Dietrich Bonhoeffer

La réflexion éthique proposée par Dietrich Bonhoeffer peut se lire sur le fond d’une
interrogation éthique dans une situation sociale concrète (éthique de situation).

Dietrich Bonhoeffer est un des théologiens qui a peut-être le plus influencé le débat
éthique de l’ère moderne. Son apport à l’éthique réside essentiellement dans son insistance sur
une éthique qui se veut réflexive et théologique en visant la responsabilité du chrétien dans le
monde ; la réception de a pensée de Bonhoeffer transcende le milieu et la période de l’Europe
pendant la 2ème guerre mondiale, et se fait remarqué dans les œuvres éthiques en Afrique et
Amérique latine (théologie de la libération).

La notion de «participation au Christ» est la notion-clé de l’éthique de Bonhoeffer, sans


elle l’éthique chrétienne ne se distingue en rien d’une éthique séculière. Il oppose éthique
philosophique et théologique, en mettant l’accent sur la réflexion éthique théologique ; pour
Bonhoeffer l’éthique chrétienne affirme que les deux réalités, moi et le monde, sont encore une
fois «incorporées à une toute autre réalité qui est celle de Dieu». Comme Dieu se révèle en
Christ, « la question du bien ne peut trouver sa réponse qu’en Christ ».

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Bonhoeffer définit: «l’éthique chrétienne n’est ni la réalité du moi ni celle du monde, pas
plus que celles des normes et des valeurs, mais la réalité de Dieu dans sa révélation en Jésus
Christ» ; mais il s’intéresse également à la concrétisation, notamment comment cette révélation
peut-elle se traduire dans des actions concrètes du chrétiens.

A la question de savoir comment la réalité du Christ peut devenir la réalité du chrétien, il


répond: «A la place que toute autre éthique donne à l’opposition entre devoir et l’être (…)
l’éthique chrétienne met la relation (...) entre Christ et le Saint-Esprit. La question du bien
devient la question de la particpation à la réalité de Dieu révélée en Christ” . Nous ne cherchons
pas le bien comme idée, comme norme abstraite, nous cherchons en tant que chrétiens le bien
qui est Dieu lui-même, qui opère en nous, cette participation au Christ se réalise aussi bien sur
le plan personnel que sur le plan communautaire.

Le chrétien participe au Christ en tant que membre de l’église: inhabitation individuelle


et présence du Christ dans son Eglise se cautionnent réciproquement ; cette participation n’est
pas une imitation (moralisme!), mais une transformation par la présence du Christ en l’homme

4.4 Ethique chrétienne: de la réflexion à l’agir responsable

La participation au Christ permet « la vie responsable » et la décision responsable lors


d’un conflit éthique. Responsabilité selon Bonhoeffer veut dire répondre. Avec notre vie entière
(dimension existentielle) nous répondons à Jésus-Christ. L’être humain peut être amené à «une
situation extraordinaire qui échappe à toute loi » .Dans une telle situation extrême le sujet
autonome doit trancher (penser-décider librement selon sa conscience), mais selon la loi divine
et la « prise en charge de la faute » (reconnaissance de la culpabilité).

L’éthique chrétienne se trouve bien résumée dans Colossiens 3 : 1-6 : « Du moment


que vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en-haut, où Christ est assis à la
droite de Dieu. Attachez-vous aux choses d’en-haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car
vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra,
alors vous paraîtrez aussi avec Lui dans la gloire. Faites-donc mourir ce qui, dans vos membres,
est terrestre, la débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une
idolâtrie. C’est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les fils de la rébellion ».

Bien plus qu’une liste à « faire » et à « ne pas faire », la Bible nous donne des
instructions précises sur la manière dont nous sommes appelés à vivre. La Bible contient tout

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ce que nous devons savoir sur la vie chrétienne. Mais la Bible ne recouvre pas chacune des
situations auxquelles nous serons peut-être confrontés dans nos vies. Comment alors la Bible
peut-elle suffire face à tous les dilemmes qui peuvent se présenter dans nos vies ? C’est
précisément là qu’intervient l’éthique chrétienne.

La science définit l’éthique comme « un ensemble de principes moraux, l’étude de la


moralité ». Par conséquent, l’éthique chrétienne serait l’ensemble des principes de la foi
chrétienne à partir desquels nous agissons. Alors que la Parole de Dieu ne couvre pas chacune
des situations que nous pouvons rencontrer dans nos vies, ses principes nous donnent cependant
des repères standards sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour nous-mêmes, tout
particulièrement dans les situations où la Bible ne fournit aucune instruction précise.

Par exemple, la Bible ne dit rien, de façon explicite, sur la prise de drogues illégales,
mais si nous nous basons sur les principes enseignés par l’Ecriture, nous pouvons savoir que ce
n’est pas bien ; pour une raison très simple : la Bible nous dit que notre corps est le temple du
Saint Esprit et que nous devons honorer Dieu avec notre corps (1Corinthiens 6 : 19-20). Quand
nous savons ce que les drogues produisent sur le corps – les dégâts qu’elles produisent sur les
différents organes – nous savons parfaitement qu’en les consommant nous ne faisons que
détruire le temple du Saint Esprit. Et cela n’honore certainement pas Dieu. La Bible nous dit
aussi que nous devons être soumis aux autorités instituées par Dieu Lui-même (Romains 13 :1).
Etant donné la nature illégale des drogues, en les utilisant, nous ne nous soumettons pas aux
autorités mais nous nous rebellons contre elles. Cela signifie-t-il que si les drogues étaient
légalisées, ce serait bien ? Non, car nous violerions toujours le premier principe déjà mentionné.

En utilisant donc les principes qui se trouvent dans l’Ecriture, les chrétiens peuvent
discerner la direction éthique à suivre pour chaque situation donnée. Dans certains cas ce sera
simple : c’est le cas des règles de la vie chrétienne qui sont énoncées par le Chapitre 3 de l’Epître
aux Colossiens. Dans d’autres cas, cependant, cela peut se révéler plus difficile et il faudra alors
chercher un peu plus. Le meilleur moyen pour cela, c’est de prier la Parole de Dieu elle-même.
Le Saint Esprit habite en chaque croyant, et une partie de son rôle consiste à nous enseigner
comment vivre : « Mais le consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous
enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean 14 : 26). « Pour
vous, l’onction que vous avez reçue de Lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on
vous enseigne ; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, qu’elle est véritable, et
qu’elle n’est point un mensonge, demeurez en Lui selon les enseignements qu’elle vous a

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donnés » (1 Jean 2 : 27). Ainsi, lorsque nous prions l’Ecriture, l’Esprit de Dieu nous guide et
nous enseigne. Il nous montrera les principes dont nous avons besoin pour faire face à toute
situation.

Si la Parole de Dieu ne couvre pas chacune des situations auxquelles nous devons faire
face dans nos vies, elle est largement suffisante pour que nous puissions vivre une vie
chrétienne. La plupart du temps, nous pouvons nous contenter de chercher ce que dit la Bible
et d’y adapter notre conduite. Pour les questions éthiques où l’Ecriture ne donne pas
d’instructions précises, nous devons alors rechercher les principes qui peuvent s’appliquer à
cette situation. Nous devons prier Sa Parole et nous ouvrir à Son Esprit. L’Esprit de Dieu nous
guidera et nous enseignera au travers de la Bible et nous aidera à trouver les principes sur
lesquels nous devons nous appuyer pour pouvoir mener une vie telle que les chrétiens sont
sensés la vivre.

4.5 Aux sources de l’Ethique Chrétienne

Les systèmes éthiques de l’âge classique furent destinés à l’aristocratie, notamment en


Grèce, et nullement aux non-Grecs, dénommés « barbares », terme qui prit une connotation
péjorative. L’attitude adoptée envers les Barbares était semblable en tout point à l’attitude
envers les esclaves, décrits par Aristote comme des « outils vivants » et considérés comme tels
par l’ensemble des citoyens. C’est ce qui explique en partie que les philosophies
contemporaines du déclin des religions païennes ne suscitèrent pas l’adhésion populaire et que
l’un des principaux attraits du christianisme consistait dans le fait qu’il procédait à l’extension
de la citoyenneté morale à tous, même aux esclaves.

L’apparition du christianisme marqua une révolution en morale, dans la mesure où elle


introduisit une conception religieuse du bien dans la pensée occidentale. Dans la perspective
chrétienne, l’Homme dépendait entièrement de Dieu et ne pouvait parvenir à l’excellence ni au
moyen de la volonté, ni au moyen de l’intelligence, mais seulement avec l’aide de la grâce
divine. La doctrine de la morale chrétienne primitive établit plusieurs règles d’or : « Faites pour
les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous » (Matthieu, 7, 12), formule des
injonctions d’aimer son prochain comme soi-même (Lévitique, 19, 18), d’aimer ses ennemis (
Matthieu5, 44) et ordonne selon la parole de Jésus : « Rendez donc à César ce qui est à César,
et à Dieu ce qui est à Dieu » ( Matthieu 22, 21). Jésus pensait que le sens de la loi juive était
pour l’essentiel contenu dans le commandement « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton

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cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-
même » ( Luc 10, 27).

Le christianisme primitif insistait sur les valeurs telles que l’ascétisme, le martyre, la
foi, l’indulgence, le pardon, la chasteté — autant de vertus considérées souvent comme
centrales par les philosophes grecs et romains de l’Antiquité.

Par ailleurs, dans la perspective chrétienne, ce qui détermine l’agir des chrétiens, ce
n’est ni la simple référence à un code ou à une norme légale, même si ces éléments ont leur
place ; ni le seul souci de l’efficacité, mais l’obéissance concrète à quelqu’un, à une personne
Jésus-Christ. C’est lui la véritable « situation » (« être en Christ ») et l’origine de la conviction
des chrétiens. Car en dehors de Jésus, écrit André Biéler, pour les chrétiens, il n’y a pas de
référence dernière qui permette aux hommes de discerner ici-bas, pour eux et pour leur société,
le Bien et le Mal, ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, ce qui a un sens et ce qui n’en a pas3.

En effet, la tâche primordiale de l’éthique chrétienne consiste à montrer en quoi


le comportement humain se trouve remis en question et renouvelé par la rencontre de Dieu en
Jésus-Christ. Dans son ouvrage intitulé « Ethique », Dietrich Bonhoeffer soutien ce qui suit :
« Le principe de l’éthique chrétienne n’est ni la réalité du moi ni celle du monde, pas plus que
celles des normes et des valeurs, mais la réalité de Dieu dans sa révélation en Jésus-Christ »4.
« La question du bien devient la question de la participation à la réalité de Dieu révélée en
Jésus-Christ » (Ibid., p.153). « Il s’agit donc d’avoir part aujourd’hui en Jésus-Christ à la réalité
de Dieu et du monde de telle manière que je n’éprouve jamais la réalité de Dieu sans celle du
monde et vice-versa ».

3 André Biéler, Chrétiens et socialistes avant Marx, Genève, Labor et fides, 1982, p. 255
4 Dietrich Bonhoeffer, Ethique, trad. de Lore Jeanneret, Genève, Labor et Fides, 1965, p.152

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CONCLUSION GENERALE

Chaque peuple, dans chaque génération tente de mettre en place des principes,
des codes, des normes pour réguler la société. De l’antiquité à nos jours, l’éthique s’est révélée
être polysémique pour la simple raison qu’elle est le fruit des réflexions dans des contextes
divers. Comme dans tous les domaines, l’éthique décrit ce qui doit être : le bien, le juste,
l’équitable dans le cadre des activités professionnelles. Il s’agit de fournir aux membres de la
société des normes d’action qui doivent inspirer leurs comportements et préserver la société des
risques éthiques (entre autres fraudes, corruption, etc…).

En nous référant à Jean Daniel Causse et Denis Müller, s‘agissant de la


compréhension de l’éthique en tant que telle - sa distinction, ou non, avec la morale, nous avons
pris le parti d’en assumer la pluralité constitutive. Cette pluralité reflète la diversité des ethos
concrets et vécus, tant par les individus qu’au niveau social, mais aussi le conflit des
interprétations inhérent à toute définition et conception de l’éthique. Il n’a donc pas été question
d’unifier de façon artificielle, mais d’encourager des corrélations disciplinaires et de construire
une mise en perspective des systèmes de convictions ainsi que des références doctrinales. C’est
ce qui explique le fait que cet ouvrage porte le titre de panorama sur l’Ethique. Contours,
encours et détours.

Même si les conditions de pluralité des éthiques, telles qu’elles ont été indiquées
dans cet ouvrage, nous obligent à faire le deuil d’une éthique unitaire, il nous paraît cependant
que toute éthique comporte une visée intégrative et, par là même, potentiellement universelle,
et qu’elle est donc incompatible avec une simple juxtaposition d’opinions relatives.

L’éthique est toujours épreuve d’une vérité sur laquelle on entend ne pas céder.
Elle doit relever l’ensemble des défis personnels, sociaux, politiques, économiques et
écologiques, dans le sens d’une éthique qui porte véritablement le souci d’enjeux planétaires.
La rencontre et l’événement sont ainsi les lieux de l’éthique qui relève d’une procédure
délibérante, individuellement et collectivement.

De manière transversale, l’éthique apparaît dès lors comme portée par une triple
dimension à savoir : penser, croire, et agir5. A ceci nous ajoutons une quatrième dimension
qu’est le partage.

5 J.D. Causse & D. Müller, Op.cit.

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L’Ethique en tant que réflexion constitue un garde-fou non négligeable dans le


domaine économique marqué par la loi du plus fort. Chaque économiste devra avoir à l’esprit
que chacune de ses décisions doit viser le bien commun pour un vivre-ensemble bénéfique à
tous.

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40

BIBLIOGRAPHIE

1. Ouvrages de référence

- Dictionnaire de l’Histoire du Christianisme, Encyclopaedia Universalis, Paris, Albin Michel,


2000.
- Dictionnaire de la vie spirituelle, Paris, Cerf, 1983.
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- Encyclopédie du Protestantisme, Paris, Cerf, 1995.
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- Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1993.

2. Ouvrages spécifiques

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2003.
- BONHOEFFER, D., Ethique, Genève, Labor et Fides, (édition originale 1992, réédition 1998,
traduit de l’allemand par LAURET Bernard avec la collaboration de MOTTU Henry, pour la
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Labor et Fides, 2009.
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