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SUPPORT DU COURS D’ETHIQUE CHRETIENNE ET DEONTOLOGIE

Destiné aux étudiants(es) de Master I, Faculté d’Economie et Développement

Université Catholique du Congo

« UCC »

Par Emery NGOYI MUANA


Professeur

Année académique

2022-2023
Cours Ethi & Déon. Prof. Dr. NGOYI MUANA

Introduction générale

0. Introduction
Le cours dont nous avons le bonheur d’assurer en Master 1 de l’Université Catholique du
Congo, Faculté d’Economie et Développement (FED) s’intitule « Ethique chrétienne et
déontologie ». En effet, par le biais de ce cours, nous avons l’opportunité par excellence de
réfléchir sur la destination des ressources économiques de notre pays, sur les freins dûs aux
inégalités sociales ainsi que leur lien avec la pensée chrétienne par rapport à l’homme et à la femme
habitant le territoire de la RDC, en particulier, et sur l’homme et la femme en général.

Aujourd’hui, la RDC s’accroche au programme du chef de l’Etat qui veut relever des défis
ci-après : l’édification de l’Etat de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité, la lutte contre
le changement climatique, la lutte contre la pauvreté, le changement de mentalité, etc. La
thématique de la lutte contre la pauvreté invite les étudiants (es), à enclencher par l’éthique
chrétienne et la déontologie les mécanismes de création des richesses matérielles. Voilà pourquoi,
ce cours aura pour articulations les questions essentielles suivantes : l’utilité de l’éthique
chrétienne en rapport avec les modèles économiques tels que le capitalisme, le socialisme, le
communisme, etc.

Relevons que, nous assistons, depuis quelque temps à une « déferlante éthique » mieux à
une « valse des éthiques »1, on débat sur la bioéthique, les professions (architectes, chirurgiens-
dentistes, médecins, pharmaciens, avocats, etc.) même les entreprises privées édictent des chartes
éthiques. Aujourd’hui, chaque secteur, chaque profession réclame une moralisation. Les
économistes ne sont pas en reste. Ils ne doivent pas échapper à ce besoin d’éthique.

La discipline économique est plurielle, elle évolue au gré de ses courants, des périodes et
des événements historiques qui la traversent, modifiant ainsi les regards qu’elle porte sur le monde,
les méthodes d’analyse qu’elle met en œuvre et les objets sur lesquels elle s’attarde. Ses liens avec
l’éthique n’échappent pas à cette observation et ce sont ces mouvements que nous allons considérer
au fil de ce cours. Il s’agira dans un premier temps d’analyser l’origine de l’éthique et des règles
qu’elle suppose au sein de l’économie pour envisager ensuite le concept même et son évolution
dans le corpus théorique considéré.

Quelle forme d’éthique dans la science économique ? Interroger l’éthique, donc raisonner
sur les procédures d’actions individuelles et collective et leurs résultats, pourrait être résumé avec
une formule : Quels choix, pour qui et quelles conséquences ? L’économiste peut alors offrir deux
types de réponses quant à l’égalité souhaitable : l’une, plutôt théorique consiste en une mise en

1
A. ETCHEGOYEN, La valse des éthiques, Paris, François Bourin, 1991,L’auteur montre avec pertinence et hauteur
de vue comment les éthiques sont, partout, affichées par les entreprises, revendiquées par les scientifiques et
invoquées par les politiques.

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perspective des responsabilités individuelles et des responsabilités collectives. L’autre statistique


calcule les « libertés » dont dispose un individu pour satisfaire ses besoins dans son espace de vie.

Dans le meilleur des cas, la morale et donc le souci de l’autre peut devenir l’objet d’un
calcul rationnel et être comme telle internalisé dans la fonction d’utilité dans la mesure où l’être
rationnel est opportuniste. C’est d’ailleurs en cela que l’on différencie le concept d’utilité au sein
duquel on intègre son revenu mais aussi celui des autres, avec le concept d’ophélimité portant des
utilités indépendantes.

Malgré ce, un décryptage attentif des théories montre que le calcul économique n’est pas
simplement un calcul sur les biens mais qu’il implique nécessairement la relation à autrui.
Malheureusement, il n’est pas possible de reprendre une à une toutes les théories mais on peut dire
simplement, et même s’il y a débat, que nombre d’auteurs s’accordent à penser qu’il y a tout de
même une éthique implicite dans la théorie économique qui est une éthique du bien, une éthique
pratique dite de bonne gouvernance.

Pour les économistes, il se pose le problème de la possibilité technique et de la faisabilité


morale. D’où l’actualité de propos de Rabelais que voici « science sans conscience n’est que ruine
de l’âme » et de la devise de l’université congolaise : « scientia splendet et conscientia » (la science
luit avec la conscience). L’économie participe aux changements profonds du monde dans lequel
nous vivons. Et notre cours porte sur les enjeux de l’économie et quelque problème éthique lié à
ses applications tout en dressant le profil professionnel de l’économiste. Voilà pourquoi il (cours)
a quatre chapitres. Le premier prend à bras le corps les concepts de morale et d’éthique. Le
deuxième se penche sur le processus de déontologisation. Le troisième est un regard réflexif sur
les systèmes économiques. Enfin, le dernier c’est une analyse approfondie sur la thématique
d’argent. Que dire des objectifs de ce cours ?

2. Objectifs du cours

 Objectifs généraux

- Initier les étudiants (es) aux questions et débats en éthique et déontologie professionnelle.
- Donner aux étudiants (es) des points de repères sur le processus de déontologisation ;

 Objectifs spécifiques :

- Préparer les étudiants (es) à affronter les questions morales et déontologiques qu’ils
rencontreront dans leur carrière professionnelle
- Déterminer l’utilité de l’éthique chrétienne dans la réalisation de chaque individu.

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L’économie n’a pas pour objet seulement la production, la distribution et la consommation des
biens; encore faut-il voir si tous ces domaines économiques prennent soin du mieux-être de
l’homme, ce que l’on appelle aujourd’hui, développement durable ou qualité de vie. En d’autres
mots, l’économie ne doit pas être seulement focalisée sur l’accumulation des richesses (sur l’avoir)
en oubliant l’autre dimension essentielle de la personne humaine, son être le plus profond, sa
dignité. D’où les questions éminemment anthropologiques et éthiques : A quoi servent la
production, la distribution et la consommation des biens ? Pourquoi tant de pauvreté et de pauvres
dans notre pays alors que ce pays regorge des ressources naturelles fabuleuses?

3. Résultats attendus

Au terme de cet enseignement, les étudiants (s) devraient être en mesure de :


- Comprendre et identifier les problèmes éthiques liées aux systèmes économiques ;
- Déceler l’ethos professionnelle des économistes ;
- Utiliser les connaissances acquises afin d’examiner d’une manière critique les enjeux de
leurs engagements professionnels.

4. Formule pédagogique

Le cours se présente sous la forme d’exposés magistraux. Il sera entrecoupé de discussions


pour favoriser le feed-back grâce aux questions des étudiants auxquelles je réserverai des réponses
dans un débat fructueux. Il sera question soit que les étudiants posent des questions de
compréhension au cours du déroulement de la matière, soit que je leur pose moi-même des
questions pour contrôler l’assimilation de la matière. Le tout devra se dérouler dans un climat
ambiant.

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Chapitre 1. Qu’est-ce que l’éthique chrétienne?

Introduction

Ce chapitre qui sert de propédeutique, c’est-à-dire d’entrée en matière à ce cours s’ouvre


sur la clarification des concepts fondamentaux tels que nous voulons les comprendre. Les mots
étant polysémiques, nous allons restreindre leurs sens afin que nous ayons une même
compréhension afin d’éviter le conflit d’interprétation et même des conflits ouverts alors que nous
sommes venus non pour la guerre, mais pour construire un monde nouveau en RDC.

1. Créer un langage commun autour du terme éthique

Théologiens, philosophes et autre spécialistes des diverses sciences de l’homme se sont


amplement disputés, et en vain, pour définir l’objet de l’éthique en tant que discipline autonome,
délimiter son domaine et préciser l’attitude scientifique de l’éthicien. Pour les uns, l’éthique ne
saurait être qu’une étude des mœurs, des coutumes, des habitudes de vie d’une société ou d’un
individu. Pour les autres, l’éthique n’est que la science de la morale ou l'art de diriger la conduite.
Pour le Robert, l'éthique c'est la science de la morale, l'art de diriger la conduite. Pour le Trésor de
la langue française, l'éthique est la science qui traite des principes régulateurs de l'action et de la
conduite morale. Pour Ricœur, éthique veut dire recherche de la vie bonne (bonheur) dans les
institutions justes (P.Ricoeur). Chez Aristote dans son Ethique à Eudème : la vie bonne suppose
trois choses absolument nécessaires. Il s’agit de l’éducation, des biens matériels et des amis.

Comme on le voit, les termes éthique et morale apparaissent identiques, mais ils ne le sont
pas nécessairement. Il existe une nuance qui fait que l'éthique et la morale sont des termes
complémentaires, mais dont les significations sont belle et bien différentes. Etymologiquement
éthique vient du grec ethos et morale, du latin, mos, mores pour signifier mœurs. En effet, l'éthique
est l’ensemble des normes de conduites établies par la société, après réflexion sur ce qu’est bien
ou mauvais. Par exemple, on peut dire qu'il est éthique que quelqu'un mange de la viande car il
n'enfreint aucune norme sociale. Par contre, la morale établit les normes de conduite d'une
personne ou d'un groupe de personne. Par exemple, pour une société il peut être éthique de
chasser des animaux, alors que pour certains individus cette pratique est une mauvaise pratique car
elle va à l'encontre de la liberté des animaux. Leur morale leur interdit donc de chasser les animaux.

En ce sens, la morale constitue un cadre basique de conduite personnelle, c'est- à - dire de ce


qui est correct ou non, bien ou mal, juste ou injuste, tandis que l'éthique suppose un ensemble de
normes et de lois qui définissent les pratiques rationnellement acceptables pour le comportement
d'un groupe ou d'une société. L'éthique revient à une réflexion théorique sur la manière "correcte"
de se comporter visant à établir les règles. Explicitement, la morale dicte des normes personnelles
et des critères d'actuation, l'éthique tente de les fonder de manière rationnelle. Par exemple il serait

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moral d'étudier jusqu'au diplôme d’Etat puisque c'est un enseignement obligatoire, mais il est
éthique de le faire puisque le diplôme garantit l’avenir d’un individu. En résumé, la morale est
régie par des valeurs relatives comme le bien et le mal, la justice et l'injustice et varient selon les
individus, les sociétés et même les différentes époques. Au contraire, l'éthique est la définition
des comportements acceptables ou non à travers un raisonnement.

En résumé, il y a une équivalence entre les deux termes sur le plan étymologique et
sociologique. Il s'est produit en effet une sorte d’osmose : d'une part, l'éthique est devenue plus
qu'une science des comportements, plus que la description d'un ethos donné, car elle comporte un
jugement moral ; inversement, ce que nous appelons communément morale, ce sont les principes
éthiques (voire les simples "règles" de déontologie), c'est-à-dire la codification des usages louables.

2. Enoncés éthiques et leurs classifications


On peut proposer une division sommaire des énoncés éthiques en trois catégories. Des
énoncés éthiques universels, communs à toutes les cultures et à toutes les théories éthiques. Ces
énoncés forment les conditions nécessaires à toute vie en société. Ils constituent les fondements de
tout consensus pluraliste. Ils recouvrent les mêmes interdits ou principes fondamentaux, bien que
fondés différemment, dans chaque culture. Malgré des désaccords sur les fondements, ils
s'imposent d'eux-mêmes. Ils ne requièrent, à la limite, pas d'adhésion formelle, la loi civile les fait
appliquer et respecter. Ils portent sur la violence et la mort (interdit du meurtre), sur la sexualité
(interdit de l'inceste) et sur le langage (interdit du faux serment ou du mensonge). On peut être en
désaccord sur les arguments avancés par certains pour fonder ces principes, mais pas sur le fait
qu'ils sont au fondement de toutes les relations humaines.

A l'opposé on trouve des énoncés éthiques particuliers qui sont intimement liés à une
argumentation et un fondement propres à un groupe ou une foi. Ils réclament une adhésion à
l'ensemble des éléments de la doctrine pour être acceptés et mis en pratique. On peut mentionner
comme exemple le refus des transfusions sanguines chez les témoins de Jéhovah. L'accord sur ces
règles n'intervient que si l'on partage l'argumentation et le fondement qui les sous-tendent, et finit
par devenir la marque de l'adhésion à ce groupe particulier.

Entre ces deux pôles d'énoncés universels et particuliers se trouve une large étendue
parsemée d'énoncés dont le rôle et la place sont en discussion. Cette étendue est l'image d'un champ
de bataille où les énoncés se placent et se déplacent en cours de débat selon la force des arguments
avancés et contrés. Ces énoncés sont discutés, car certains veulent leur attribuer une place proche
des énoncés universels (les faire passer dans la loi civile, par ex.), alors que d'autres voudraient les
reléguer dans une zone moins en vue (laisser leur application au seul jugement personnel par ex.).
Le consensus se dessine lorsque toutes les parties se mettent d'accord sur le lieu que doit occuper
un énoncé éthique (si l'acte relève de la loi civile ou de la conscience personnelle, s'il doit être

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interdit, toléré ou encouragé). La discussion de ces énoncés et la recherche du consensus forment


le cœur du débat éthique.

Cette typologie ne permet pas une classification automatique des énoncés éthiques. En effet,
il faut remarquer que, selon l'apparentement à telle ou telle théorie éthique, un problème éthique
peut être placé à des endroits différents. Ainsi l’Eglise catholique romaine placera l'interdit de
l'avortement dans les énoncés universels, alors qu'un défenseur de la pensée laïque, ou certains
protestants, le verront dans les énoncés en débat. Cette typologie permet cependant de voir que le
consensus recherché n'est pas spécialement lié à un accord sur l'origine du fondement ou sur le type
d'argumentation proposé, mais dépend du rôle et de la place que l'énoncé éthique peut se voir
attribuer. La spécificité du point de départ n'est pas un obstacle à un consensus pragmatique. La
traduction d'un langage éthique dans un autre n'est pas impossible aux niveaux des énoncés
universels et des énoncés en débat.

Pour une éthique ouverte, il convient de s’efforcer de toujours se situer à ces deux niveaux,
de manière à laisser toujours la porte ouverte à un consensus. Cela ne signifie pas qu’on diminue
en quoi que ce soit la part théologique des fondements qu’on énonce. Il faut laisser le lecteur
apprécier si nous avons pu en faire la démonstration dans notre exposé.

3. Les systèmes éthiques


A. Les systèmes éthiques mondains

1. L’épicurisme
Selon le système d'Epicure (341-270 A.C), le but suprême de la vie, c'est le plaisir, c'est- à-
dire, l’absence de la douleur physique et de trouble psychique. Ce qui revient à dire que tout ce qui
procure le plaisir désirable est bon. Où est donc le caractère éthique ? D'autre part, on peut avoir
une obligation à agir en faveur de quelqu'un. Notre plaisir n'est pas alors le motif déterminant.

2. Le stoïcisme
Quant aux stoïciens, le plaisir est aussi recherché. La différence entre eux et les épicuriens
est qu'ils ne fuient pas la douleur : ils cherchaient le plaisir par la maîtrise de soi ; il faut endurer
patiemment la douleur.

3. L’utilitarisme
Ce système, fondé sur une sorte de pragmatisme, encourage toute action dont le résultat
pratique profite au plus grand nombre, ou mieux encore, procure le plus grand bonheur. Il ne tient
compte ni de sa valeur éthique ni de sa motivation. Par ailleurs, chaque individu est en droit de
chercher son propre plaisir. Evaluation de l'Utilitarisme : Etant donné que chacun doit chercher son
propre bonheur, la recherche du bonheur ou plaisir commun ne peut pas toujours atteindre son
objectif. D'autre, part, le fait qu'une action plaît au plus grand nombre ne garantit pas toujours le

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bien-fondé de cette action. Exemple : les catégories sociales inférieures, toujours plus nombreuses,
peuvent se révolter contre les plus riches toujours minoritaires. Même si leur action peut plaire à
un plus grand nombre, elle n'est cependant justifiée pour autant. N.B. La valeur de ces systèmes
réside dans des profits terre à terre.

Le bonheur se mesure aujourd’hui par les 17 objectifs de développements durables qui sont
les suivants :
1. Eradication de la pauvreté ;
2. Lutte contre la faim ;
3. Accès à la santé ;
4. Accès à une éducation de qualité ;
5. Egalité entre les sexes ;
6. Accès à l’eau salubre et l’assainissement ;
7. Recours aux énergies renouvelables (solaire, hydraulique, éolienne)
8. Accès à des emplois décents (opposés aux emplois pénibles ou dangereux) ;
9. Innovation et infrastructures ;
10. Réduction des inégalités ;
11. Villes et communautés durables ;
12. Consommation responsable (Cf.Consumérisme ou consommation excessive des biens);
13. Lutte contre le changement climatique ;
14. Protection de la faune et de la flore aquatique ;
15. Protection de la faune et de la flore terrestre ;
16. Justice et paix ;
17. Partenariat (solidarité) pour les objectifs mondiaux.
B. Les systèmes éthiques transcendantaux

C'est les systèmes où la conduite humaine est liée à la réflexion philosophique. Voyons
deux des plus importants parmi eux : celui de Platon et d'Aristote.

1. L’éthique platonicienne
La construction platonicienne est fondée sur l'idée négative selon laquelle la matière est
mauvaise. Par conséquent le corps est à sous-estimer. Dans son système éthique, Platon note que
dans l'univers tout évolue vers une forme parfaite. L'homme doit contempler le beau, le vrai et le
bien, pour s'élever vers le monde idéal. Pour y arriver, il faut libérer l'âme des liens du corps. Il y
a pour cela quatre armes :
 Le courage pour mépriser le corps;
 Par la tempérance maîtriser les désirs, du corps;
 Par la sagesse se détourner du corps pour mieux contempler les idées au lieu des objets;
 Il faut surtout la justice.

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C'est seulement dans une telle vue que l'homme se réalise. Sous le plan collectif ou social, on
n'est juste et heureux que quand chacun se met au service des autres en accomplissant la tâche qui
lui incombe dans la société. Evaluation : Le mérite de Platon, c'est d'avoir mis l'accent sur les
qualités comme l'harmonie intérieure et la maîtrise de soi. Mais tout de même son système a une
grande faiblesse : la notion négative de la matière qui tend à éliminer le corps. C'est ce qui est la
base des pratiques d'ascétisme monastique, le jeûne et la discipline rigoureuse.

2. L’éthique d'Aristote
Chez Aristote, il faut comprendre le principe selon lequel dans l'individu il y a une énergie,
un principe de transformation ou de changement qui lui permet de devenir quelque chose. C'est «
le passage de la puissance à l'acte », c'est-à-dire distinguer dans un individu, une plante, un animal
ce qu'il est actuellement de ce qu'il peut devenir. Cette vertu en l'homme sommeille encore dans
l'âme; c'est la raison. Or, l'âme tend vers une forme supérieure qui est l'âme pensante, c'est la
perfection à laquelle aspirent peu de gens.

C. L’éthique chrétienne
L'éthique, en général, a pour objectif principal de répondre aux problèmes sociaux: faciliter
la vie, le bien suprême. Elle est donc pragmatique. Si l'éthique théologique a aussi le souci de
faciliter la vie, elle a pour objectif principal la gloire de Dieu. Pour elle, la Sainte Volonté de Dieu
est la règle de toutes choses. Les éthiques hébraïques et chrétiennes appartiennent à ce genre.

A. Sa relation avec les autres éthiques


Elle a en commun avec elles le sujet : la conduite humaine, tant sur le plan individuel que
social. Mais elles s'écartent au niveau des sources. Alors que l'éthique théologique fonde ses
normes sur Dieu, les autres déduisent leurs normes de sources diverses: l'analyse de la conduite
humaine, spéculations philosophiques, et certains facteurs humains comme le plaisir par exemple.

A. Les présupposés fondamentaux de l’éthique chrétienne


 L'homme a une nature morale
Les autres éthiques aussi reconnaissent la nature morale de l'homme, sans cela elles
n’auraient d'ailleurs pas leur raison d'être. L'éthique hébraïco-chrétienne, qui enseigne que l'homme
est un partenaire privilégié de Dieu, créé à l'image de Dieu, atteste que la nature morale de l'homme
est un aspect de cette image. En effet, avant la chute, l'homme était capable de recevoir les
commandements de Dieu ; il avait eu conscience de sa culpabilité après sa désobéissance à Dieu
(Gn 3.10). Même si après la chute il a conservé sa nature morale créée à l'image divine, l’homme
a perdu sa capacité d'être partenaire fidèle de Dieu (1 Cor 2.14). L'homme a cependant gardé une
certaine notion de la justice et du droit (Rom 2.14-15). En tant que tel, l'homme a des obligations
morales.

 La nature de Dieu

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Dieu est l’être suprême dont dépendent tous les êtres, la Réalité qui est à l'origine de tout
(Ps 90.2 : « Avant que les montagnes fussent nées, enfantés la terre et le monde, de toujours à
toujours tu es Dieu. ») Etre Saint, Infaillible, Sa Volonté est normative et fait force de loi. Comme
telle, elle est le point de repère de toutes actions ou conduites bonnes (Rom 12.2). Ceux qui
n'orientent pas leur vie par rapport à cette volonté, sont reconnus méchants (Ps 1.5 ; 10.4 ; 36.5).
Le présupposé le plus important de l'éthique chrétienne est le fait que la sainte volonté de Dieu est
la règle normative de toute conduite bonne. Pour certaines critiques, l'ordonnance de Dieu n'a de
raison d'être que parce que l'homme a une nature morale (courant humaniste). En effet, c'est grâce
à notre discernement moral que nous savons que ce que Dieu ordonne est bon. Pour d'autres encore,
il faut que l'homme soit convaincu que Dieu est bon, pour obéir à Sa volonté. D'autres encore font
dépendre le bien-fondé de la volonté de Dieu d'une « justice éternelle », abstraite (comme le
croyaient les habitants de l'île de Malte en Actes 28:4).

Mais il y a deux vérités absolues à retenir et à croire :

 La volonté de DIEU est bonne, juste... parce que la nature même de Dieu est bonne (Mac
10.18);
 Si l'homme peut recevoir la volonté de Dieu et la mettre en pratique, c'est parce qu'il a été
créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1.26). Mais ce n'est pas tout, il y a un
troisième présupposé.

4. Economie et affaires

Economie : C’est une étude de la production, de la distribution et de la consommation des


biens (ou de services) et de services2. En touchant les biens matériels, les échanges et les choix
(dans la production, les circuits d’échanges, des méthodes), nous sommes contraint d’aborder
qu’on le veuille ou non des questions éthiques du genre : tout objet peut-il devenir un objet
économique même ceux qui sont nuisible à la vie humaine ? En vue de saisir cette discipline, nous
pouvons tenter de comprendre quelques systèmes de pensées tels que le capitalisme, le libéralisme,
le socialisme et le protectionnisme. On peut parler d’une économie capitaliste, socialiste ou
communiste (mieux planifiée), libérale, protectionniste.

Affaires : le concept affaires au pluriel englobe un ensemble des activités économiques et


financières. Ou encore, le terme affaires au pluriel désigne un ensemble des intérêts matériels et
financiers d’un particulier et des problèmes posés par la gestion ses biens. C’est dans ce sens qu’on
parle des hommes d’affaires ou des femmes d’affaires. Au singulier, le terme signifie ce qui
intéresse quelqu’un, concerne ses intérêts personnels. Affaire au singulier veut dire, activité,
occupation.

2
H.GUITON, Science économique, dans Encyclopaedia Universalis. Paris, Encyclopaedia Universalis Editeur, 1985,
p.606-610.

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Conclusion

Dans les lignes qui précèdent, notre préoccupation majeure a été de définir le concept de
« éthique » et indiquer aussi la différence entre elle et la morale. Ensuite, nous avons énuméré les
différents systèmes éthiques. Enfin, nous avons donné notre compréhension de deux termes
économie et affaires justement parce que ce cours s’adresse aux étudiants de la Faculté des sciences
économiques. Qu’en est-t-il aussi de la déontologie ?

Chapitre II. Qu’est-ce qu’une déontologie ?

0. Introduction
Qu’est-ce qu’une déontologie ? Quelles fonctions remplit-elle dans un champ
professionnel ? Ce sont ces questions qui constituent le fil directeur de ce chapitre.

1. Déontologie : Essai d’éclaircissement


Le terme déontologie dérive de l’anglais deontology venant lui-même du grec deon, ce qu’il
faut faire, devoir, avec le suffixe- logie du grec logos : étude, science, discours, parole.
La déontologie est l’ensemble des règles ou des devoirs régissant la conduite à tenir pour les
membres d’une profession ou pour les individus chargés d’une profession dans la société. Qu’elle
soit imposée ou non par la loi, elle constitue la morale d’une profession. C’est le cas par exemple
pour les professions médicales (serment d’Hippocrate, serment de florence de Nigthgame) les
journalistes, (charte de Munich).

Pour Aristote, il existe assurément une déontologie, il y a des choses qu’il faut faire, il ne
faut pas les faire que parce qu’elles sont requises pour atteindre une certaine fin. On doit le terme
de déontologie au philosophe anglais Jeremy Bentham (déontologie or the science of morality,
1834). Pour lui, le terme de déontologie est tout simplement un nom expressif pour désigner
l’éthique 3

Si on suit l’étymologie, la déontologie peut être définie comme la théorie des devoirs. Ce
mot, précise le Dictionnaire philosophique Lalande « ne s’applique pas à la science du devoir en
général, au sens Kantien, il porte au contraire avec lui l’idée d’une étude empirique des différents
devoirs, relative à telle ou telle situation »4 L’objet de la déontologie n’est donc philosophiquement
la notion d’obligation, de comprendre en quoi un devoir est un devoir, mais d’inventorier très
concrètement les obligations qui incombent à un professionnel dans l’exercice de sa tâche. C’est

3
E. PRAIRAT, « vers une déontologie de l’enseignement » dans Education et didactique vol 3 N° Juin 2009, (Version
électronique) Cf, Https:// Journals. Open édition éducation dIdactiquee 485 (consultée le 18/05/2018
4
E. PRAIRAT, Art. Cit.

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ce sens que retrouvent, aujourd’hui aussi bien les Dictionnaires spécialisés que les Dictionnaires
généralistes.
La déontologie écrit, par exemple le Petit Larousse, est « l’ensemble des règles et des
devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l’exercent, les rapports entre ceux-ci
et leurs clients ». De manière générale, une déontologie est un ensemble de règles, de
recommandations et de devoirs qui régit l’activité d’un professionnel dans l’exercice de sa tâche.
Que dire de la morale professionnelle

2. Déontologie et morale professionnelle


A la différence d’une déontologie, ce que l’on appelle une morale professionnelle est un
ensemble de règles et principes qui reste souvent implicite et se transmet dans l’exercice de la
pratique de manière diffuse (par imprégnation au mimétisme). Qu’en est –il de la profession ?

Du latin profession (déclaration, action de se donner comme) est le métier exercé par une
personne. Une profession n’est ni une association (un rassemblement volontaire de personnes) ni
une communauté (groupe dont les membres ont une même conception du bien). Ce qui relie les
membres au sein d’une profession, n’est ni ce qu’ils sont ni ce qu’ils entendent devenir mais ce
qu’ils ont à faire ensemble, ici et maintenant. L’élément fédérateur est ici une tâche commune
structurée par des règles et le centre de gravité d’une profession est sont utilité publique qui
représente comme l’a bien vu Hegel, « l’honneur » de la profession.5 »

En ce qui concerne la déontologie, elle n’a pas une vocation spéculative mais une visée
pratique, car elle entend définir une pratique professionnelle donnée, à partir de son axiologie, un
socle commun de règles, de recommandations et de procédures. Les règles déontologiques émanent
de groupes professionnels déterminés qui les établissent généralement par l’intermédiaire de leurs
propres instances, ordres professionnels, associations aux syndicats. Elles correspondent à un
phénomène d’autorégulation, une déontologie émane toujours des professionnels eux-mêmes, elle
manifeste ainsi de désirs qu’a une profession de s’autogouverne.

Mais nous comprenons vraiment ce qui est une déontologie professionnelle qui si nous
complétons cette définition essentialiste par une réflexion sur les fonctions. A quoi sert une
déontologie ? Quelles grandes fonctions remplit une déontologie au sein d’une profession ?

3. Les fonctions d’une déontologie


A. Aider et responsabiliser
Une déontologie a pour but avoué d’ « organiser une corporation un groupe de
professionnels, en leur donnant des points de repères pour décider et s’orienter dans des contextes

5
E. PRAIRAT, Art. Cit.

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de travail brouillés et difficiles6 ». En conséquence, la déontologie éclaire les praticiens dans leur
décision et les guide dans l’action. A ce titre, « elle est un guide pour assumer une responsabilité
en acte, pour trouver des réponses à ce qui ne va plus de soi ou à ce qui n’est jamais allé vraiment
de soi. » 7
Toutefois le déontologie peut avoir deux sens très différents selon qu’elle est associée à
la discipline ou orientée par l’éthique. Dans le premier cas, ce qui domine est la volonté d’en faire
un instrument de contrôle a posteriori des comportements individuels (instrument de
disciplinarisation). Rapprochées de l’éthique, les normes déontologiques deviennent, dans le
deuxième cas, une aide pour un décideur exposé à des risques. C’est d’ailleurs toute la portée
paradoxale de la déontologie.

En outre, la déontologie essaie de répondre à la question « quid ? » Qu’est – ce que bâtir


pour l’architecture ? Qu’est-ce qu’informer pour un journaliste ? Qu’est-ce que prodiguer des soins
pour un médecin ? Qu’est-ce que computer pour un informaticien ? In fine « Une déontologie
précise une identité professionnelle » 8

B. Moraliser les pratiques

Enfin, une déontologie identifie les pratiques douteuses, ambiguës ou illégitimes, pour ne
retenir que celles qui méritent d’être retenues. Dans toutes professions, il y a des choses à faire et
à ne pas faire. En ce sens, la déontologie est une sorte de sagesse collective issue des débats qui
traversent et travaillent une profession.

4. L’utilité d’une déontologie

L’habitus et la règle

Déontologie est utile dans la mesure où ce sont les règles qui fédèrent les professionnels
d’une même branche d’activité et les rendent socialement visibles comme tels vis-à-vis de
l’extérieur. En d’autres termes dans une profession, nous avons besoin des règles explicites.
L’instauration d’un code de déontologie par explicitation des règles du jeu, réactive le sentiment
d’appartenance à un corps lorsque celui-ci tend à s’étioler.

Le domaine d’intervention

6
E. PAIRAT, « l’orientation déontologique » dans les sciences de l’éducation- pour l’ère nouvelle 2007/2 (vol 40) p.
95-113 Cf. URL : http// WWW .Cairn. Info. Revue- les sciences –de- l’éducation- pour- ere nouvelle 2007-2-page-
95 htm (page consultée le 18/05/2018)
7
Ib.
8
E. PRAIRAT, Art. Cit

13
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Si un code de déontologie peut-être un rempart contre la désignation d’un corps


professionnel et peut apparaitre, du point de vue de ce corps, comme un principe fédérateur, il peut
aussi revendiquer cette vertu fédératrice, du point de vue de la pratique des acteurs, en
fonctionnant comme principe de l’imitation. En tout cas, un code de déontologie permet de fixer
ou de réaffirmer les contours d’une pratique professionnelle. Il précise et, par là même, stabilise
les tâches assignables, en droit, à un professionnel.

Même si, entre le droit et le fait, entre le travail prescrit et le travail réel, il y a toujours un
écart, une différence, l’argument n’en garde pas moins sa pertinence. Un code de déontologie
permet, pour reprendre l’expression de Gilbert Vincent, une « orthopraxis » c’est-à–dire une sorte
d’orthodoxie professionnelle entendue en termes d’intervention prévisibles. Pour dire bref, le
professionnel confronté aux plusieurs défis ressent le besoin que soit précisé son domaine propre
d’activité.
Un code de déontologie définit donc, in fine, le domaine de compétence du
professionnel, l’espace de l’agir qualifié. Il délimite un domaine d’intervention légitime et ce
faisant offre la possibilité de collaboration plus facile avec d’autres professionnels.

Une assurance psychologique et juridique.

La déontologie donne une assurance psychologique mais aussi une sécurité juridique. En
effet, face à des situations professionnelles de plus en plus complexes, les professionnels peuvent
se sentir désorientés, paralysés : on mesure l’intérêt d’un ensemble de règles et de principes
partagés pouvant servir de repères et de guide pour l’action. Vu sous cet angle, un code de
déontologie est un dispositif éthico-juridique qui tend à réduire les risques de cours juridiques en
rendant visible ce qui devait être fait normalement, et de manière minimale, dans telle ou telle
situation précise.

En outre, le code de déontologie s’avère être un trait d’union qui rapproche statut et
compétence. C’est une arme anti-soupçon qui repose sur l’attestation, la mise en acte dans une
extériorité visible d’un ensemble de compétences. Un code de déontologie est pertinent lorsqu’il
fournit au professionnel des repères et des points d’appui pour orienter son action des repères
dans les situations difficiles qu’il peut rencontrer.

Chapitre 3. L’identité professionnelle des économistes en RDC

Introduction
Ce chapitre porte sur l’identité professionnelle des économistes, leur domaine
d’intervention et leur responsabilité c’est en fait un plaidoyer pour un code de déontologie des
économistes en RDC. Voilà pourquoi, l’urgence d’une éthique appliquée aux systèmes
économiques s’impose. Nous devons engager une réflexion sur l’opportunité de constituer les

14
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économistes capables de remettre en question les différents ordres économiques dans notre pays.
Nous partons de l’éthique des systèmes économiques à la déontologie de la profession économiste.

1. Le capitalisme

Il est le produit d'un libéralisme économique. C'est un régime économique dans lequel les
hommes contribuent à l'activité économique, les uns par les capitaux productifs, les autres par le
travail Technique de production. Le capitalisme a pour principe de base « la liberté complète quant
à l'acquisition de la richesse et à l'emploi du capital qui sont régis par la loi de l'offre et de la
demande ». L’essence du capitalisme c’est le profit.

Quels sont les problèmes éthiques que pose le capitalisme ?

L'inégalité sociale: les capitalistes ont un niveau de vie très élevé par rapport au reste des
populations du pays. b) Cela favorise un paternalisme, parfois au détriment des pauvres (Jaq 5.1-
5). Cette inégalité est-elle due au manque de capacité et d'ardeur au travail de la part des pauvres ?
C'est l'argument que les nantis avancent. Mais il s'avère que des personnes capables et ayant la
volonté de travailler ont de la peine à s'intégrer « dans un contexte de compétition que crée le
système capitaliste ». Y a-t-il un autre système, meilleur que cela ?

Le capitalisme engendre un monde très irrationnel et immoral parce que son mode de
production fait qu’une minorité dispose de principaux moyens de production et d’échange. Par
exemple dans le domaine de l’exploitation des minerais ici chez-nous, les miniers étrangers du
Cobalt et cuivre apportent leurs technologies de pointe pour exploiter nos ressources. Eux
possèdent des outils d’exploitation, nous nos ressources naturelles. Ils nous imposent alors les prix
sur la production de nos propres ressources de sorte que notre pays ne gagne pas suffisamment de
l’argent.

Notre actuel code minier a tenté de réparer ces injustices afin que toutes les deux parties
prenantes du contrat, les miniers et le gouvernement de la RDC, y compris des collectivités locales
propriétaires de terres renfermant les ressources à exploiter. Mais il faut faire attention, car il s’agit
d’un monde plein de corruption. Les ONG qui tentent de voir un peu plus clairement sont menacées
par les autorités à différents échelons.9 Les plus hautes autorités ne supportent guère que le
beefsteak soit leur arraché de la bouche à cause de réflexions des ONG de droits de l’homme.

Les différents niveaux d’inégalité : niveau d’instruction et position sociale, les inégalités de revenu,
les inégalités de pouvoir, les inégalités fondées sur les traditions coutumières/religieuses.

99
Cf. Atelier National Programme Pays de l’ADC sur la lutte contre la faim, les ressources naturelles et le genre, du
25 février au 5 mars 2020 à Ngondi (Kwuilu).

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Avantages du capitalisme : Parmi les avantages du capitalisme figurent :

 Le libre-échange, qui permet l'accès à une grande variété de biens et de services. De même, on
cherche à ce que l'offre et la demande déterminent les prix du marché, atteignant un point où
les demandeurs devraient pouvoir satisfaire leurs besoins.

 L'égalité des chances est promue. Pour le capitalisme, bien que des différences socio-
économiques existent toujours, une personne à faible revenu n'est pas empêchée de grimper
dans la société.

 Le capitalisme est généralement lié, en général, non seulement aux libertés individuelles, mais
aussi à celles de nature sociale, telles que le droit de vote et d'expression d'idées politiques.

 La propriété privée est respectée. C'est-à-dire que les individus ne devraient pas vivre dans la
crainte que, sans justification, le gouvernement s'approprie leurs biens. Un cas exceptionnel
pourrait être celui d'une expropriation pour cause d'intérêt public. Mais dans ce scénario,
l'exproprié reçoit une compensation financière.

 L'innovation est encouragée, car la capacité des gens à créer des idées d'affaires et à générer de
la richesse n'est pas limitée.

Cependant, le capitalisme a aussi des inconvénients :

 Le bien-être individuel est privilégié, ce qui peut parfois se heurter à l'intérêt collectif.
 La question des inégalités est souvent laissée de côté. Cela peut être dangereux car, si l'écart ou
les différences socio-économiques dans un pays se creusent beaucoup, un conflit social pourrait
être généré. La classe moyenne
 La question de l'environnement n'est généralement pas prioritaire. En d'autres termes, la
productivité est plus importante que la protection de l'écosystème. Cela peut avoir des
conséquences dans le futur. Heureusement, des alternatives de marché peuvent émerger qui
servent à résoudre le problème du réchauffement climatique, par exemple, des entreprises
durables qui cherchent précisément à attirer des clients soucieux de réduire la pollution.
 La fourniture de biens et services de base à la population n'est pas prioritaire, étant
commercialisée comme n'importe quelle autre marchandise, ce qui signifie qu'une partie de la
population ne peut toujours pas accéder à un niveau de vie plus élevé.
 Des abus peuvent se produire sur le marché du travail, exploitant des travailleurs qui n'ont pas
le même pouvoir de négociation que leurs employeurs.

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2. Le socialisme

Le mot socialisme recouvre un ensemble très divers de courants de pensée et de


mouvements politiques dont le point commun est de rechercher une
organisation sociale et économique plus juste. Le but originel du socialisme est d'obtenir l'égalité
sociale, ou du moins une réduction des inégalités et, notamment pour les courants
d'inspiration marxiste, d'établir une société sans classes sociales. Plus largement, le socialisme peut
être défini comme une tendance politique, historiquement marquée à gauche, dont le principe de
base est l'aspiration à un monde meilleur, fondé sur une organisation sociale harmonieuse et sur la
lutte contre les injustices. Selon les contextes, le mot socialisme ou l'adjectif socialiste peuvent
qualifier une idéologie, un parti politique, un régime politique ou une organisation sociale. La
notion de socialisme s'exprime également par une forme spécifique de morale sociale laïque et non-
religieuse véhiculant des valeurs morales individuelles et collectives.

Dans ce système, les moyens de production, d'échange et de distribution appartiennent à la


collectivité. C'est le prolétariat qui contrôle « les conditions d’existence et le pouvoir politique de
la nation ». Sur le plan économique, deux constatations s'imposent: a) La plus-value du travail:
l'ouvrier bénéficie d'une partie minime de ce qu'il produit (salaire); alors que la plus grande partie
sert à grossir le capital de l'employeur. b) Le commerce : à cause de son insertion, comme
intermédiaire, le prix des produits est élevé, ce qui ne profite « ni au travailleur, ni au
consommateur, mais enrichi l’intermédiaire qui s'est chargé de la distribution ». Il y a deux sortes
de socialisme: le socialisme réformiste ou social-démocratie. Ses caractéristiques: il prône la
collectivité des moyens de production ; les biens de consommation restent propriété privée;
n'enseigne pas l'athéisme et l'aspect dialectique du marxisme; la prise de pouvoir est une affaire
de lutte démocratique et non par « révolution sanglante ». C'est le visage du socialisme de nos
jours.
Ce mot désigne un plan d’organisation sociale et économique qui entend subordonner les
intérêts des particuliers aux intérêts de l’Etat. En tant que système d’organisation de la société, il
vise les domaines du pouvoir politique et celui de la restructuration de l’économie.
Au niveau politique, le socialisme revêt des visages divers. Il se radicalise dans le
communisme qui veut instaurer une société sans classes de riches et de pauvres, exproprier les
riches pour mettre fin à la propriété privée et ainsi donner à l’état les moyens de production. Un
autre socialisme accepte la propriété privée, mais milite pour les droits des ouvriers au salaire
décent, à la limitation des heures de travail, au logement acceptable, bref aux conditions décentes
de travail. Le socialisme radical devenu communiste affiche sa volonté de changer l’organisation
de la société en commençant par l’Etat comme instrument susceptible de pouvoir. En outre, il se
soucie d’éradiquer ce qu’il considère comme opium du peuple, la religion.
Un autre type de socialisme poursuit comme objectif la démocratisation de la société en
mettant fin à la confiscation du pouvoir du peuple par quelques individus ou des grandes entreprises
économiques. Il met en œuvre une politique de la justice sociale qui prend en compte surtout les
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plus vulnérables de la société. C’est ce genre de socialisme qui est poursuivi par le Parti Socialiste
Français, l’UDPS, etc (E.LABROUSSE, Socialisme, dans Encyclopaedia Universalis. Corpus 16,
Paris, Encyclopaedia Universalis Editeur, 1985, p. 1001-1004.
Les partis socialistes sont dits partis de gauche alors que les libéraux sont appelés de droite.
Cependant les partis politiques en RDC n’expliquent pas suffisamment à leurs membres leur ligne
idéologique et les conséquences ou résultats attendus dans la mise en œuvre de cette idéologie.
Sont-ils libéraux, socialistes ? Ce qui préoccupe les adhérents, ce n’est pas la pensée enseignée par
le parti politique, mais l’appartenance tribale des leaders. Il y a encore un long chemin à faire pour
les leaders et les membres des partis politiques afin que de telles associations soient fondées non
pas sur des clivages ethniques, mais plutôt sur la pensée.

Parmi les avantages du socialisme, il convient de souligner les suivants :

Les moyens de production sont de propriété publique, donc leurs bénéfices, en théorie,
reviennent à la société.
Le privilège du bien-être individuel est éliminé, privilégiant l'intérêt général et le bien-être
collectif.
Il est très axé sur des concepts tels que l'inégalité. En d'autres termes, il promeut des sociétés
plus égalitaires, où il n'y a pas de différences notables dans les niveaux de revenus de la
population.
Le socialisme prend en compte les besoins de l'individu. Par conséquent, il comprend des outils
qui garantissent l'accès à un niveau de vie de base.
Le socialisme est très attaché à la classe ouvrière. Pour cette raison, il plaide pour la régulation
du marché du travail, ainsi que la protection de l'individu, la prévention de l'exploitation du
travail et la violation des droits des travailleurs.
De la même manière, le socialisme est très attaché à l'environnement. D'une certaine manière,
aussi à cause de son inimitié avec le capitalisme. Pour cette raison, il prône une baisse de la
production, afin de pérenniser la croissance.

Parmi les incovenients du socialisme, il convient de souligner les suivants :

 Parmi les premiers inconvénients, la suppression de la propriété privée pourrait éliminer les
incitations que l'entrepreneur a à investir. Ce qui pourrait conduire à une situation de moins
bien-être, en raison de la fuite des capitaux.
 Privilégier le bien-être général, d'un autre côté, pourrait également déprimer l'économie. En ce
sens, la défense d'une société égalitaire, en ne privilégiant pas la méritocratie, pourrait faire fuir
les talents et le capital humain.
 Les inégalités, comme nous l'avons dit au début, sont parfois des outils qui, pour le capitaliste,
permettent le développement et la libre concurrence. En ce sens, une lutte constante pour
éliminer les inégalités, à long terme, pourrait aussi favoriser la fuite des talents.

18
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 Garantir l'accès universel aux services de base a un coût. Cette pression fiscale plus élevée, afin
de couvrir le coût plus élevé de l'Etat, pourrait effrayer les investissements étrangers et, de la
même manière, les capitaux.
 De même, la défense de la classe ouvrière, parfois, se fait au détriment de l'employeur. Cela
pourrait décourager l'arrivée d'entreprises et donc la création d'emplois.
 De même, une réglementation excessive du marché du travail peut faire sortir de nombreux
employés du marché formel, qui commencent à travailler dans le secteur informel. Ceci, avec
moins de droits et un salaire inférieur, entre autres aspects.

3. Le communisme
Ses caractéristiques: il prône et la collectivisation des moyens de production et celle des
biens de consommation. Il enseigne l'athéisme et l'aspect dialectique du marxisme. Il encourage la
dictature et la révolution. L'Evangile entame-t-il une révolution ? L'Evangile n'est pas un
manifeste révolutionnaire au sens mondain. Mais il produit la révolution douce et la plus profonde
(Ac 17:6) à partir du coeur humain. Aussi Jésus et les Apôtres après lui « ne se sont pas prononcés
en faveur d'aucun système économique déterminé ».

En effet, les textes juridiques, les régimes politiques, les systèmes, économiques, les modes
de distributions ne garantissent pas l'établissement d'une société juste : l’égoïsme humain rend
inefficace leur fonctionnement. Ce vice n'était pas absent de l'Eglise Primitive qui avait pratiqué
une sorte de communisme librement vécu.
Quand l'Evangile apporte la transformation du coeur, une conséquence pratique sur le bon
fonctionnement de ces systèmes se fera sentir. Voilà pourquoi notre Seigneur Jésus insiste sur « la
foi dans la providence de Dieu » (Mat 6.24-34). Un tel changement fait poser de nouveaux
fondements de la vie sociale où l'amour règle tout: rapport entre maître et serviteur (Philémon v.15-
16). L'Evangile est d'ailleurs « la Bonne Nouvelle pour les pauvres » (Esa 61.1-3; Luc 4.18 ; 7.22).
Ceci se reflète dans le point suivait.

4. Le libéralisme :
C’est une doctrine à la fois économique et politique. En tant que pensée économique, il
considère le marché comme son unique fondement. Les partenaires naturels du marché sont donc
l’initiative privée et la libre concurrence. L’opposé du marché libre est l’économie planifiée ou
dirigée. Celle-ci a existé dans le système communiste où l’Etat interdisait la propriété privée et le
marché libre.
Le libéralisme est également un système de philosophie politique. Sa vision lui commande
d’aménager et de garantir la liberté de ceux qui vivent dans la cité. Une économie ou une politique
sont dites libérales lorsqu’elles sont fondées sur la liberté et la suppression de tout ce qui empêche
la personne humaine d’exprimer son initiative, le fond de son esprit et de créer ainsi une société où
chacun peut s’épanouir. Ceux qui défendent ce système philosophique sont appelés des libéraux.

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Même la démocratie est dite libérale lorsqu’elle conjugue libéralisme politique et libéralisme
économique.

Le libéralisme économique s’oppose à l’intervention de l’Etat sur le marché pour fixer les
prix. Ceux-ci se forment eux-mêmes par les mécanismes de la loi de l’offre et de la demande. C’est
en fait une main invisible et non l’Etat qui doit régler la conduite des échanges (A.Smith). Cf.
F.BALLE, Libéralisme, dans Encyclopaedia Universalis. Corpus 10. Paris, Encyclopaedia
Universalis Editeur, 1985, p.1211-1215.

5. Le protectionnisme
Ce concept se réfère à l’ensemble des pratiques commerciales et financières d’un pays,
pratiquent qui tendent à limiter ou à sélectionner l’entrée des marchandises étrangères en vue de
favoriser la production domestique. Le protectionnisme n’a pas que des aspects économiques. Il
inclut des facteurs politiques notamment la prééminence de la nation et de son mode propre de
développement par rapport aux échanges internationaux.
Le protectionnisme emploie un vocabulaire martial ou militaire : guerre commerciale,
mesure de rétorsion, guerre tarifaire, etc. Il est une forme de nationalisme, combinant des aspects
économiques et politiques. Ce sont les Etats-Unis qui ont remis en honneur le protectionnisme en
mettant la nation américaine au-dessus de tout dans les échanges internationaux surtout avec la
Chine. Le slogan de Trump illustre bien ce nationalisme : l’Amérique d’abord.

6. Globalisation ou mondialisation:
Ce terme a fait fortune dans la littérature des décennies 90 et 2000 ; il désigne les différents
aspects de la transformation de notre monde dans le domaine de l’intégration économique, de
l’intensification de la communication et de l’information. La globalisation ou mondialisation
concerne en fait l’interdépendance du marché qui est devenu unique, car grâce aux moyens de
communication et d’information, le monde est devenu un village planétaire. La pandémie du
Covid-19 nous le rappelle avec insistance.
Encore un tâtonnement. Pour les anglo-saxons c’est d’abord un phénomène essentiellement
économique ; c’est l’apogée (le sommet) de libéralisme économique appelé néo libéralisme. Dans
le monde anglo-saxon, on appelle la mondialisation sous le terme de « globalisation ». Sous son
aspect économique, la globalisation comprend le phénomène d’internationalisation et de
multinationalisation des entreprises économiques. Par exemple, des entreprises comme Elf,
Vodacom, Western Union, Google, etc sont d’abord des entreprises nées dans un pays donné
comme la France ou le Royaume-Uni. Elles se sont implantées dans d’autres pays, puis dans le
monde entier. Elles sont tellement puissantes qu’elles peuvent influencer les gouvernements dans
le monde entier dans leurs affaires domestiques (internes).

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Par internationalisation des échanges, on entend les relations économiques entre les nations
basées sur l’intégration croissante de marchés de matières premières, des échanges de produits
manufacturés, le transfert des technologies, etc. Par multinationalisation des entreprises, nous nous
référons aux phénomènes nés au lendemain de la 1ère et la 2èmes guerres mondiales consistant en
l’extension extraterritoriale des activités des entreprises nationales ; les secteurs visés par les
entreprises multinationales sont entre autres le pétrole, l’automobile, les ressources minières,
l’habillement.

Bref, la mondialisation est un phénomène complexe ; il n’est pas simplement économique,


il est à la fois politique, culturelle et sociale. Il n’y a pas que les entreprises qui traversent les
frontières nationales des pays (Etat). Il y a aussi également les langues qui traversent les frontières,
la drogue, la violence terroriste, les religions, les maladies, la pollution atmosphérique, de l’air.

Conclusion
Il n'y a pas de système économique parfait. Lorsque nous entrons dans l'étude et l'analyse
d'un système économique, nous constatons qu'il y a toujours des désaccords. Ces désaccords,
disons-le, sont généralement fondés sur des questions idéologiques. Par exemple, la question des
inégalités. Ceux qui sont en faveur du capitalisme ne croient pas que l'inégalité soit un problème
en soi. Au contraire, ils croient que l'inégalité doit exister. Par conséquent, c'est quelque chose
auquel nous devons prêter attention lorsque nous examinons les avantages et les inconvénients du
capitalisme.

Chapitre 4.Les économistes et l’argent

Les théories et représentations de l’argent diffèrent selon les auteurs, les disciplines, les
courants de pensée. Chez les économistes, la tendance qui va dominer notamment avec les
classiques et les néo-classiques est celle qui tend à définir la monnaie par rapport à des fonctions,
comme instrument d’échange, moyen de paiement et d’épargne. Pour Say la monnaie est un ‘voile’
qui masque l’économie réelle. Cette vision qui oppose économie réelle et économie monétaire
considère que la monnaie n’a pas d’effet propre sur la réalité de l’économie, qu’elle est neutre, et
préconise donc d’en faire abstraction pour étudier l’économie réelle.

Pour Alfred Marshall, (1885) : « Dans le monde où nous vivons, l’argent, en tant qu’il
représente le pouvoir d’achat général, permet de mesurer les motivations bien mieux que tout autre
critère ». « Le fait que nous offrions souvent de l’argent à ceux que nous voulons convaincre de
faire quelque chose pour nous n’implique pas que la générosité ou le sens du devoir ait disparu,
mais simplement que l’argent est l’instrument de mesure le plus efficace des mobiles ordinaires
des actes que les hommes accomplissent dans leur vie de tous les jours ».

21
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Pour Schumpeter, le capitalisme « élève l’unité monétaire à la dignité d’une unité de


compte » « en un instrument de calcul rationnel des coûts et des profits ». Ce mode de calcul a
donné naissance à un « type de logique ou de méthode ou de comportement qui poursuit sa carrière
de conquérant en subjuguant – en rationalisant les outils et les philosophies de l’homme, ses
pratiques médicales, sa vision de l’univers cosmique, sa conception de l’existence, en fait tout ce
qui le préoccupe, y compris ses notions d’esthétique et de justice et ses aspirations spirituelles ».

Deux écoles de pensée en économie vont différer par rapport à cette vision, les
mercantilistes qui identifient argent et richesse et Keynes, qui considère que l’argent peut être
recherché pour lui-même et non comme simple instrument (illusion monétaire ; propension à
épargner).

Viviana A. Zelizer, dans La signification sociale de l’argent (1994), montre comment au


e
18 siècle de nombreux penseurs considéraient que la monétisation1 de l’économie était
compatible avec le maintien d’une vie sociale moralement cohérente. Ils défendaient l’idée d’un
marché agent moralisateur permettant un ‘doux commerce’ (voir sur ce point Albert O.
Hirschman, The Passions and the Interests, 1977). Les économistes classiques et néoclassiques,
dit-elle, ont fait comme si l’argent n’existait qu’au sein d’un monde habité par des individus libres
de toute entrave, se comportant toujours comme les participants rationnels des transactions
marchandes, ne considérant que le prix et la quantité, toutes les monnaies étant identiques. Elle
oppose à cette vision qu’elle qualifie d’‘optimiste’, celle ‘pessimiste’ de Marx et d’une grande
part de la sociologie classique qui voient dans l’argent un redoutable agent de destruction du lien
social. Pour elle, ces deux visions apparemment opposées expriment en réalité un double
mouvement contradictoire : d’un côté, l’économie monétaire avait dégagé l’individu de la
servitude personnelle inhérente aux accords traditionnels en permettant à chacun de choisir
librement les termes et les partenaires de l’échange économique auquel il participait ; mais ce
mouvement s’accompagnait d’un autre, induit par le pouvoir de transformation de l’argent, qui
allait répandre ses effets sur l’ensemble de la société. S’inscrivant dans la tradition d’auteurs
comme Polanyi, Orléan et Aglietta, qui ont tenté de rendre compte de ce double mouvement
contradictoire, Zelizer essaie à son tour de dépasser l’opposition entre ces deux visions.

Marx et le fétichisme de l’argent

Dans ses écrits de jeunesse (Manuscrits de 1844), Karl Marx (1818-1883) soutient que par
ses pouvoirs de transformation, l’argent subvertit la réalité. Il est la « confusion et la permutation
de toutes les qualités naturelles et humaines ». Il échange, du point de vue de son possesseur, «
toute qualité contre toute autre ». Moyen d’objectivation ultime, ‘dieu’ des marchandises, il
oblitère tous les liens subjectifs entre les objets et les individus. Il réduit les relations personnelles
au ‘rapports monétaires’. Plus tard, dans Les fondements de la critique de l’économie politique

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et Le Capital (1867) Marx analyse l’argent comme l’‘équivalent général’. Sous leur forme
monétaire, toutes les marchandises semblent égales.

Le fétichisme de l’argent est la forme la plus aveuglante de toutes les formes de fétichisme
de la marchandise. La théorie marxienne de l’argent est une théorie de l’aliénation. L’argent se
transforme en capital, qui est un rapport social. Le renversement sous l’effet duquel les relations
sociales entre les êtres humains étaient transmutées en relations matérielles entre choses est porté
à son comble via l’argent comme pure valeur d’échange. Avec l’extension des rapports marchands
et monétaires, la prostitution devient le modèle du rapport humain. L’argent allait jusqu’à
transformer les objets intangibles totalement dépourvus d’utilité (conscience, honneur) en
marchandises ordinaires. L’inestimable lui-même se soumettait au règne du prix, « rien ne résiste
à cette alchimie, pas même les os des Saints ». L’argent, ‘niveleur radical’, en homogénéisant
toutes les distinctions qualitatives pour en faire une quantité abstraite permettait de poser ‘l’égalité
de l’inégalité’.

Les sociologues classiques et l’argent (fin 19e-début 20e)

Les sociologues analysent la capacité de l’argent à transformer la société moderne :


l’expansion continuelle du marché pourrait envahir tous les espaces sociaux et dissoudre les liens
sociaux. Les effets de l’argent transcendaient le marché. Il était le catalyseur de
l’instrumentalisation universelle de la vie sociale. Ce pouvoir si incontestablement révolutionnaire
de l’argent venait de sa totale indifférence aux valeurs.
Pour Max Weber, l’argent est le fer de lance du processus de rationalisation. Il est «
l’élément le plus abstrait et ‘impersonnel’ de l’existence humaine ». Il est générateur du
‘désenchantement’ caractéristique de la vie moderne. Il y a un antagonisme fondamental entre
l’économie monétaire rationnelle et les liens personnels : « plus le monde de l’économie capitaliste
moderne obéit à ses propres lois immanentes, moins il est accessible à l’éthique religieuse de la
fraternité ».

Pour Georg Simmel l’argent est le prototype d’une approche instrumentale calculatrice.
Dans Philosophie de l’argent, il écrit que « l’absence de coloration de l’argent » a repeint le monde
moderne dans un « ton uniquement plat et gris ». La nouvelle logique quantitative détruit les liens
personnels et les remplace par des rapports instrumentaux fondés sur le calcul. L’argent a
transformé le monde en un problème arithmétique. Il évide le cœur des choses en les privant de
leur valeur spécifique et de leur incomparabilité. Il est cet ‘affreux niveleur’, facteur
d’homogénéisation, qui nivelle les liens sociaux.

Il « pervertit l’unicité des valeurs personnelles et sociales en raison de son absence de


couleur et de son indifférence ». On ressent « avec l’essence de l’argent, quelque chose de l’essence
de la prostitution », et « de tous les rapports interhumains, l’amour vénal est le cas le plus marqué
d’un avilissement réciproque au rang de simple moyen ». « L’insensibilité de l’argent se reflète

23
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dans la culture sociale qu’il détermine ». C’est en lui que « le moyen trouve sa réalité la plus pure
». La réduction de la qualité à la quantité « atteint avec l’argent sa manifestation extrême et, pour
la première fois, intégrale ». « Il n’y a que l’argent pour s’affranchir ainsi de tout le ‘comment’ et
se laisser déterminer uniquement par le ‘combien’ ».

Sans lui, impossible de convertir toutes les distinctions qualitatives entre un bien et un autre
en un « système de chiffres » arithmétiquement calculable. L’« impitoyable objectivité » de l’argent
lui permet d’être le « véhicule le plus élaboré techniquement » des échanges économiques
modernes. L’essence de l’argent consiste dans « son absolue fonctionnalité, cette identité intérieure
qui permet de remplacer une pièce par n’importe quelle autre d’après des considérations de
quantité (..) intermédiaire neutre, tout à fait approprié à la rationalité et l’impersonnalité du
marché, avec pour vocation d’exprimer en soi, par une pure abstraction – par son pur quantum -
les relations économiques entre les choses [..] sans que lui-même entre dans ces relations ». Les
restrictions non économiques de l’usage de l’argent ne sont que des atavismes résiduels, et les
représentations inhibantes de l’argent, par exemple le sentiment qu’à un certain argent ‘le sang
colle’ ou est attachée une malédiction « sont des sentimentalités que l’indifférence grandissante de
l’argent (c’est-à-dire à mesure qu’il devient de plus en plus argent pur) va dépouiller de toute leur
signification ».

En ne devenant que de l’argent pur, la monnaie avait pu conférer une liberté irrécusable et
remplir des fonctions illimitées. François Simiand (1873-1935), dans Le salaire, l’évolution
sociale et la monnaie et La monnaie, réalité sociale (1934), développe à son tour une vision
négative de l’argent. Wesley C. Mitchell, dans The Role of Money in Economic Theory, (USA,
1916) nuance cette approche : si dans le monde des affaires, l’emploi de l’argent avait fonctionné
comme un grand vecteur de rationalisation, cela ne s’appliquait pas à la comptabilité domestique,
considérée comme ‘rétrograde’, car « les valeurs familiales déformaient la rationalité et l’efficacité
du marché en y introduisant des évaluations subjectives impossibles à mesurer ».

Polanyi : l’argent marchandise fictive

nous avons vu comment Polanyi considérait la monnaie, tout comme la terre et le


travail,comme une marchandise fictive. Au chapitre 6 de La grande transformation (1944), il
montre comment le remplacement du marché régulé par des marchés autorégulés constitua à la
fin du 18e siècle une transformation complète de la structure de la société. Le concept de
marchandise (commodity) permet au mécanisme de marché de s’enclencher sur les divers
éléments de la vie industrielle. Le travail, la terre et l’argent sont des éléments essentiels de
l’industrie, ils doivent eux aussi être organisés en marchés. Mais travail, terre et monnaie ne sont
pas des marchandises. « La monnaie réelle est simplement un signe de pouvoir d’achat qui, en
règle générale, n’est pas le moins du monde produit, mais est une création du mécanisme de la
Banque ou de la Finance d’Etat ».

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« Aucun de ces éléments –travail, terre, monnaie- n’est produit pour la vente; lorsqu’on les
décrit comme des marchandises, c’est entièrement fictif ». C’est pourtant « à l’aide de cette fiction
que s’organisent dans la réalité les marchés du travail, de la terre, et de la monnaie ». « Une foi
aveugle dans le progrès spontané s’était emparée des esprits, et les plus éclairés parmi eux
hâtèrent avec le fanatisme des sectaires un changement social sans limite et sans règles ». « La
société aurait été anéantie, n’eussent été les contre mouvements protecteurs qui amortirent l’action
de ce mécanisme autodestructeur ». « L’histoire du 19e siècle fut le résultat d’un double
mouvement ». « L’extension du système de marché en ce qui concerne les marchandises
authentiques s’accompagna de sa réduction quant aux marchandises fictives ». « Les marchés se
répandirent sur toute la planète » ; « Tout un réseau de mesures et de politiques fit naître des
institutions puissantes destinées à enrayer l’action du marché touchant le travail, la terre et la
monnaie ».

Viviana A. Zelizer

Veut dépasser l’opposition entre visions optimiste/pessimiste. Dans La signification sociale


de l’argent (1994) elle analyse l’influence du modèle utilitaire sur la sociologie contemporaine.
Elle critique les sociologues comme Talcott Parsons qui considèrent que dès lors qu’il envahit le
champ des relations personnelles l’argent infléchit inévitablement ces relations dans le sens de la
rationalité instrumentale. Elle étend sa critique à ceux qui, bien qu’ayant reconnu la dimension
symbolique de l’argent moderne n’ont pas dépassé le schéma utilitaire. Parsons n’a pas exploré la
signification symbolique de l’argent en dehors du marché, son importance culturelle et sociale en
tant qu’elle ne se réduit pas à son utilité. Plus tard, il a reconnu l’existence d’une sphère,
indépendante de la sphère rationnelle du comportement économique, à l’intérieur de laquelle
l’argent n’est pas culturellement stérile. Mais cet impact culturel de l’argent n’aurait compté
qu’exceptionnellement. Pour ces théoriciens, dit Zelizer, le processus capitaliste a ouvert la voie
au caractère utilitariste et à la destruction globale des valeurs spirituelles. Impressionnés par les
propriétés fongibles et impersonnelles de la monnaie, les théoriciens classiques ont souligné
l’importance de sa rationalité instrumentale et insisté sur sa capacité illimitée de transformer des
produits, des relations et parfois même des émotions, en un équivalent numérique abstrait et
objectif. Zelizer remet en cause le postulat que l’argent serait un moyen d’échanges marchands
absolument fongible, qualitativement neutre, infiniment divisible et totalement homogène.

Elle étudie les utilisations publiques et privées de l’argent aux USA entre 1870-1930. A
partir du 19e siècle, l’Etat américain s’est employé à créer l’argent incolore dont parle Simmel sous
la forme d’une devise nationale standardisée. Il existait auparavant une multitude de monnaies. Ce
ne fut pas un processus consensuel et cela ne se passa pas sans heurts. La définition de la devise
américaine devint l’un des problèmes politiques et sociaux les plus explosifs de la fin du 19e. Ces
controverses sur la forme et la fonction de la monnaie ne s’apaisèrent qu’à la fin du 19e siècle, avec

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la promulgation en 1900 du Gold Standard Act faisant du dollar-or l’étalon international. L’égalité
de toutes les pièces et monnaies américaines en tant que monnaie légale officiellement est déclarée
en 1933.

Pourtant la production privée de monnaies a continué. Même si l’Etat Fédéral réussit à


imposer un degré notable de standardisation et de monopole sous la forme physique de la monnaie
légale, d’innombrables distinctions monétaires, qu’elle nomme formes de ‘marquage monétaire’,
sont créées par les citoyens américains. Entre les années 1870-1930, les Américains ont inventé
des méthodes de marquage complexes et détaillées au moment précis où un système marchand
étendu à l’ensemble de la nation se consolidait aux Etats-Unis, où le capitalisme industriel
fleurissait, où le consumérisme était en pleine expansion et où les gouvernements s’efforçaient de
mette en place une monnaie légale centralisée et uniforme. C’est une période d’extension sans
précédent des rapports monétaires.

Pourtant, au lieu du phénomène de neutralisation de la monnaie décrit par les théoriciens,


avec l’expansion économique et la hausse du revenu par tête postérieures à la guerre de Sécession,
ainsi que l’orientation croissante de leur culture et de leur économie vers la consommation, les
américains ont eu non seulement les moyens matériels de différencier leurs monnaies, mais y ont
été psychologiquement incités. Du 18e au 20e siècle, les américains inventèrent des dispositifs
monétaires (chèques, magasins à prix unique, virements automatiques, multitude de cartes de
crédit...) qui font que l’argent n’est pas vraiment fongible, tous les dollars ne sont pas égaux et
interchangeables. Certes, la comptabilité monétaire a favorisé l’essor de marchés économiques
aussi rationnels qu’impersonnels, la monétisation de la vie sociale propage l’uniformité, la
précision et le calcul, l’économie monétaire a favorisé la multiplication des partenaires
économiques et approfondi la division rationnelle du travail. Mais pour autant l’argent n’est ni
culturellement neutre, ni socialement anonyme. Il peut corrompre des valeurs et transformer des
liens sociaux en nombres, mais les valeurs et les liens sociaux le transmutent en retour en lui
donnant une signification et en l’inscrivant dans des schémas sociétaux.

Zelizer parle de ‘différenciation sociale de l’argent’ : bien qu’étant le principal outil


rationnel du marché économique moderne, l’argent existe aussi à l’extérieur de la sphère du marché
et subit largement l’influence des structures culturelles et sociales. Il n’y a pas d’argent unique,
uniforme et généralisé, mais des monnaies multiples (voir la composition de la masse monétaire).
Les êtres humains marquent les diverses devises en les rapportant à de nombreux types
d’interactions sociales exactement comme ils créent des langages appropriés à tel ou tel contexte
social.

La définition des fonctions et des attributs de l’argent par les économistes est réductrice.
En ne l’appréhendant que comme un phénomène de marché, elle ne rend pas compte de ses traits
d’intermédiaire social. Certaines monnaies peuvent être indivisibles, non fongibles, non portables,
subjectives et donc qualitativement hétérogènes. L’argent n’est donc pas libre de toute entrave, ni

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tout-puissant ; les structures culturelles et sociales limitent inévitablement le processus de


monétisation en instaurant des contrôles et des restrictions qui influent profondément sur le flux
et la liquidité des monnaies. Les penseurs classiques se focalisèrent tellement sur les routines
marchandes standardisées qu’ils commirent deux erreurs majeures : (1) la complexité des processus
sociaux sous-jacents à l’invention de la monnaie de marché leur a échappé ; (2) la création d’une
monnaie légale standardisée, homogène et uniforme résulta d’efforts gouvernementaux intenses.

Ils idéalisèrent la monnaie Ils idéalisèrent la monnaie de marché en postulant que son essor
était inévitable. Ils négligèrent l’invention de monnaies nouvelles, sous-estimèrent la diversité des
devises propre aux sociétés modernes. Plus les formes physiques et le statut de l’argent se
standardisèrent, plus l’emploi de la monnaie légale dans un nombre de plus en plus grand
d’activités humaines compliqua le processus social de l’utilisation de cette monnaie, en générant
des différenciations socioculturelles de plus en plus élaborées. L’argent prend des formes multiples
partout, y compris à l’intérieur des marchés concurrentiels. Par exemple l’évolution dans la
définition de la masse monétaire, la multiplicité des monnaies et quasi-monnaies qui la composent.

On ne saurait rendre compte de l’instrumentalisation et de la rationalisation de la vie


moderne sans placer l’argent au centre de la scène. Les théoriciens classiques le tiennent pour
principal responsable de la dissolution tragique de l’ancienne cohésion de la vie sociale. Il semble
opérer dans un domaine séparé, une zone franche de toute influence ou restriction. En conclusion,
Zelizer reconnaît que l’argent diffère réellement des autres biens sociaux, en tant qu’il est plus
fongible, très mobile, facilement transférable et incontestablement plus difficile à personnaliser que
d’autres objets. Cependant, si la rationalisation de la vie moderne était universelle, elle devrait
s’appliquer à l’argent. Au lieu de cela, on observe une différenciation constante des monnaies
contemporaines, preuve que le modèle homogénéisé et instrumental de la vie moderne, qu’il soit
le fait d’une vision optimiste ou pessimiste, est inopérant.

Aglietta et Orléan, la monnaie et le sacré

Dans La violence de la monnaie (1982) Aglietta et Orléan montrent comment, en


autonomisant l’économique du politique, l’économie politique au 18e siècle a frappé la monnaie
d’insignifiance. Le paradoxe du monétarisme moderne (Friedman) est qu’il affirme l’importance
de la monnaie dans un corps de doctrine qui proclame sa neutralité. Pour eux, la compatibilité des
intérêts individuels ne peut résulter du seul jeu du marché. Dans des sociétés dominées par le désir
d’accaparer et fascinées par l’imitation (ils empruntent la notion de mimétisme à l’anthropologue
René Girard, La violence et le sacré), la cohésion passe par des modes de socialisation spécifique.
Ces auteurs, que l’on rattache à la fois à l’école de la régulation et à l’économie des conventions,
font une approche historique de la monnaie comme institution.

Dans La monnaie entre violence et confiance (2002), ils étudient comment la monnaie fait
passer tour à tour de la violence mimétique (René Girard) à la confiance institutionnelle.

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Comment son histoire depuis les temps les plus reculés est celle de la dissolution/constitution du
lien social. La monnaie, plus qu’un phénomène économique, est un fait social total (Mauss).

Quelques questions d’approfondissement


1. Expliquez la métaphore du ‘niveleur radical’ dans son contexte.
2. L’argent dans la société ‘antique’ et dans la société ‘moderne’.
3. Quel rôle joue la thésaurisation ?
4. Pour Simmel, en quoi la monnaie-elle une institution ?
5. Quels sont selon Simmel les présupposés non économiques de l’argent ?
6. Economie monétaire et Etat chez Simmel.
7. Expliquez : éthique, morale, déontologie, morale professionnelle.
8. Quelles sont les fonctions d’une déontologie ?
9. Citez sans expliquer les différents systèmes éthiques vus dans ce cours.
10. Enumérez les présupposés fondamentaux de l’éthique chrétienne.

Conclusion générale

Ce parcours nous a fait toucher du doigt les défis auxquels les économistes d’une manière
générale et congolais en particulier sont confrontés. Ils sont assis sur un tas d’or, nos données et
que ces données mal protégées ou mal utilisées peuvent servir à bien des choses comme essayer
d’influencer les résultats d’une élection en essayant d’influencer les électeurs.

Edward Snowden a révélé au grand public que toutes les informations que nous donnons,
entre autres à Facebook, peuvent être utilisées à des fins de surveillance politique. Dès lors se
pose la question du code de déontologie pour informaticiens c’est-à-dire la question de la maitrise
du patrimoine informationnel et donc de la liberté de gérer les données dont on est responsable.
Et l’on s’aperçoit qu’effectivement que dans la collecte des données, il faut considérer de façon
équivalente la menace des Etats et la menace des acteurs privés.
Voilà pourquoi, nous devons, en tant qu’économistes, en toutes circonstances
« n’agir de telle sorte que les effets de nos applications de la technologie informatique soient
compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur la terre » (Hans Jonas).

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Bibliographie sélective

A. Morale

- ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, trad.J. Tricot, Paris, Vrin, 1979.


- CANTO-SPERBER, M. (dir), Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, Paris, PUF, 1996.
- CONCHE, M., Le fondement de la morale, 2ème édition, Paris, PUF, 1993.
- ETCHEGOYEN, A., La valse des éthiques, Paris, François Bourin, 1991.
- KEMP, P., L’irremplaçable. Une éthique de la technologie, trad. de l’allemand, Paris, Push, 1997.
- JONAS, H., Le principe responsabilité (une éthique pour la civilisation technologique), trad. J.
Greish, Paris, Cerf, 1993.
- MORIN, E., La méthode, tome 6, L’éthique, Paris, Seuil, 2004.

B.Déontologie

-MEDINA, Y., La déontologie, ce qui va changer dans l’entreprise, Paris, Editions des
organisations, 2003.
- DIDIER, C., Penser l’éthique des ingénieurs, Paris, PUF, 2008.
- CODE de conduite de l’agent public de l’Etat. Décret Loi n° 17/2002 du 3 Octobre 2002.

C.Sociologie économique

- Trigilia, Carlo (2002), Sociologie économique, Paris, Armand Colin, (traduit de l’Italien).
- Swedberg Richard (1994), Une histoire de la sociologie économique, Desclée de Brouwer.
Edition originale, Current Sociology, Londres, 1987.
- Steiner Philippe (1999, 2005), La sociologie économique, Paris, coll. Repères, La
Découverte.
- Gislain Jean-Jacques et Steiner Philippe (1995), La sociologie économique, 1890-1920.
Durkheim, Pareto, Schumpeter, Simiand,
Veblen, Weber, Paris, PUF.
- Levesque B. et al. (2001), La nouvelle sociologie économique, Paris, Descl

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