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Justin MAFUTA-M. LAMIKA

ETHIQUE ET DEONTOLOGIE
PROFESSIONNELLE

INTRODUCTION
2

Les actes que l’on pose, dans son métier actuel ou dans celui qu’on
ambitionne d’exercer, les réponses qu’on apporte, les choix qu’on fait
s’appuient tantôt sur des règles, tantôt sur un référentiel ou des valeurs. Dans
cette optique, deux notions ayant une connexion avec un métier quelconque
méritent d’être bien connues, bien comprises et bien appliquées pendant toute la
durée de la carrière professionnelle. Il s’agit de la notion d’éthique et de la
déontologie du professionnel.

L’objectif principal de ce cours est de préparer les étudiants à acquérir et à


maîtriser les notions éthiques pour leur future carrière. L’étudiant doit
comprendre que dans chaque métier, il existe des devoirs d’Etat, c’est-à-dire ce
que l’Etat recommande à quelqu’un de faire, des comportements interdits et des
sanctions. Il convient que ceux et celles qui se préparent à un métier en soient
informés et sensibilisés. Ainsi, ils agiront en connaissance de cause.
A la fin de ce cours de l’Ethique et déontologie professionnelles,
l’étudiant sera capable de :
1. définir couramment les termes utilisés : Ethique, Déontologie, Morale,
professionnel, enseignement, vocation, valeur, antivaleur, devoirs, droits, etc.
2. Identifier les devoirs et les obligations de la profession ;
3. Appliquer les principes généraux d’éthique aux diverses conditions de la vie
des affaires et plus particulièrement à la profession.
Articulé en quatre chapitres, ce cours gravite autour des éléments
suivants :
 Les concepts fondamentaux ;
 La vocation et mission de l’enseignant ;
 La notion de la bonne gouvernance et le problème de valeurs.
 Ethique et déontologie dans le monde du travail

Chapitre I : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX


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1.1. REMARQUE : ETHIQUE ET MORALE

Etymologiquement, l’Ethique et la Morale ont une signification


équivalente. L’Ethique ou la Morale désignent indifféremment la science ou la
philosophie de l’action humaine.
Le terme Morale vient du latin « mos, moris, » qui signifie : manière
d’agir, comportement, coutumes ou littéralement mœurs. De ce point de vue, la
Morale pourrait donc se définir comme science des mœurs humaines, du
comportement humain. C’est d’ailleurs aussi le sens du vocable Ethique dérivé
du grec « ethos », terme qui signifie également : caractère, mœurs, usages. Les
deux termes Morale et Ethique peuvent dès lors être considérés en principe
comme synonymes.
Selon les seules indications de l’étymologie, il serait donc loisible de
considérer la Morale et l’Ethique comme une simple description des mœurs
humaines. Elles se définiraient de ce point de vue comme science descriptive de
l’agir de l’homme.
Mais certains auteurs, Anglo-saxons surtout, opposent l’Ethique, dont ils
font la science des mœurs à la morale qui serait pour eux un ensemble des
normes de l’action humaine ne reposant pas sur un fondement scientifique.
Raison pour laquelle nous allons définir de manière séparée les deux termes
dans le but d’apporter la lumière sur leurs points de ressemblance comme l’ont
fait certains auteurs.
En conclusion, nous disons que dans le langage courant, Morale et
Ethique sont utilisées comme des termes synonymes, c’est-à-dire voulant dire la
même chose : étude scientifique des règles de la conduite ou du comportement.
Mais dans le langage technique, les deux termes ne se recouvrent pas
totalement. La Morale est l’étude scientifique des règles de la conduite ou du
comportement avec une connotation religieuse. Raison pour laquelle les
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théologiens disent que la Morale est une partie de la théologie parce qu’elle se
réfère à la bible ou à la révélation. Tandis que l’Ethique traite des mêmes
matières mais en recourant à la philosophie ou à la raison humaine.

1.2. L’ETHIQUE

L’Ethique est une science de la morale. Elle forme à faire le bien et à


éviter le mal, à respecter les valeurs ou principes matériels. C’est aussi l’art de
canaliser, d’influencer, de guider, de modeler, de diriger, de gouverner la
conduite individuelle de l’homme (agissement, attitudes, habitudes, manière,
façon d’être, d’agir et de réagir) selon les normes.
L’éthique d’un individu est ce qui sous-tend ses comportements vis-à-vis
d’autrui ou vis-à-vis de son environnement. L’éthique est une démarche visant,
face à un problème donné à adopter la meilleure solution en s’appuyant sur des
valeurs apprises, admises et intégrées et en tenant compte du contexte dans
lequel le problème se pose.
L’éthique n’est pas un ensemble des valeurs et de principes en particulier.
Il s’agit d’une réflexion argumentée en vue de bien agir. Elle propose de
s’interroger sur les valeurs morales et les principes moraux qui devraient
orienter nos actions dans différentes situations dans le but d’agir conformément
à ceux-ci.

1.2.1. L’éthique de conviction


L’Ethique de conviction est celle qui relève de la rationalité axiologique,
c’est-à-dire qu’elle se soucie exclusivement de ne pas trahir une valeur, de ne
pas transgresser une norme.
Quant à G. Hottois, « l’Ethique de conviction réclame la pureté absolue
des moyens et s’accommode de l’indifférence à l’égard des conséquences. Ce
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n’est donc pas l’efficacité qui prime, c’est-à-dire le triomphe matériel d’une
valeur, mais son respect par celui qui agit et tout au long de son action. »1

1.2.2. L’éthique de responsabilité

« L’Ethique de responsabilité est extravertie au sens où elle s’inquiète des


conséquences concrètes de l’action sur les autres. En conséquence, son attribut
essentiel est la capacité de prédiction quant aux effets des actions entreprises et
des moyens utilisés. Weber précise que l’Ethique de responsabilité est celle et
doit être celle de l’homme d’action, plus précisément, celle de l’homme
politique, du moins dans notre époque moderne qui est celle de la rationalisation
croissante de l’ensemble de la société. Il affirme également que la responsabilité
ne va pas sans conviction. »2
L’Ethique est la haute culture de la convenance sociale garantissant la
bienséance dans la société et conférant au détenteur d’une charge une certaine
autorité morale. Elle désigne l’action responsable dans laquelle l’homme tout
entier comme liberté incarnée et socio-historique se réfère symboliquement à sa
fin.
Dans son ouvrage intitulé Principe de responsabilité. Ethique pour la
civilisation technologique, Jonas HANS énonce un principe comme fondement
de la moralité à l’ère de la civilisation technique. Il s’agit du principe de
responsabilité.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les actions de


l’homme se révèlent irréversibles. C’est le « vide éthique ». Les morales
traditionnelles sont dépassées. Elles sont inopérantes pour tout le monde, surtout
pour les décideurs politiques et économiques. Ce vide éthique reste à combler.

1
G. HOTTOIS, Ethique du vivant, Paris, UNESCO, 1998, pp.51-52.
2
M. WEBER, op. cit.
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Et l’Ethique est à reformuler. Jonas HANS l’articule autour du concept de la


responsabilité sous ses différents aspects : présents et futurs.

Nous sommes entrés dans ce que Louis ARMAND a appelé « l’ère de


mutation scientifico-technique ».3 Nous vivons désormais dans une société où la
progression cumulative des découvertes scientifiques et des inventions
techniques provoquent des modifications dans la reconsidération de rapport
entre les humains.

L’accélération de l’aventure technologique de l’homme moderne


affecte de plus en plus nos structures socio-économiques. Notre époque vit un
« vide éthique » dans lequel aucune éthique traditionnelle ne nous instruit sur les
normes du « bien et du mal », auxquelles doivent être soumises les modalités
entièrement nouvelles du pouvoir et de ses créations possibles. La terre nouvelle
de la pratique collective dans laquelle nous sommes entrés avec la technologie
de pointe est encore une terre vierge de a théorie éthique.

Animé par un souci de combler le vide auquel notre époque est


confrontée, Jonas HANS élabore une nouvelle conception éthique en la basant
sur le principe de responsabilité.

Le progrès technique a atteint de nos jours un niveau jamais connu


comme auparavant. Le progrès réalisé provoque parfois dans certains domaines
des répercussions dangereuses. Si rien n’est entrepris pour canaliser cette
évolution, celle-ci pourrait représenter des risques encore plus graves pour
l’humanité future.

1.2.3. La bioéthique

La bioéthique s’intéresse à l’ensemble des problèmes suscités par la


biomédecine, qu’ils touchent les humains ou les règnes animal et végétal, qu’ils
3
LOUIS, A., et all., Plaidoyer pour l’avenir, Paris, Calmann Lévy, 1961, p.10.
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aient ou non une visée thérapeutique, tout en incluant les dimensions


sociopolitiques. Elle est caractérisée par le dialogue pluridisciplinaire : de la
médecine à l’éthique en passant par le droit et la théologie.

1.2.4. L’éthique professionnelle

Ensemble de principes et valeurs morales permettant de juger un acte


(ou son absence) comme acceptable ou non, dans le cadre des activités
professionnelles. Il aide à prévenir des comportements « mauvais » pour la
profession ou l’entité et éventuellement les condamner.
Elle se présente comme un champ d’interrogations éthiques très large
dans la mesure où tous les secteurs professionnels de nos sociétés industrialisées
sont a priori concernés : l’architecture, le génie, les affaires, l’administration, les
communications, le journalisme, le droit, etc.
L’Ethique professionnelle se trouve au cœur des questions concernant la
structure sociale de nos sociétés industrialisées. Rappelons que ces dernières
possèdent un certain nombre de caractéristique qui conditionnent les questions
d’éthique. Historiquement, nos entreprises ou sociétés s’appuient sur trois forces
normatives qui convergent ou s’opposent :
1. Premièrement l’économie qui fournit des valeurs (efficacité, rendement,
concurrence) ainsi qu’une rationalité selon laquelle tout s’évalue en
termes de couts/bénéfices ;
2. Deuxièmement, le développement techno-scientifique qui, par l’usage
d’une rationalité de type opératoire, fournit des procédés et des moyens à
l’économie ;
3. Troisièmement, le droit qui, en règlementant les rapports sociaux, établit
des normes et des interdits. Or dans nos sociétés, l’interaction étroite entre
économie et technoscience a induit un déplacement des emplois vers le
secteur des services (secteur tertiaire) qui regroupent plus de deux tiers
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des emplois. Ce secteur exige des compétences spécialisées qui


correspondent assez souvent à un champ de pratiques spécifiques, voire
réservées, c’est-à-dire professionnelles. Ce phénomène de
professionnalisation de la sphère du travail appelle des règles internes à
chaque profession qui s’expriment par différentes modalités : les « bonnes
pratiques » ; qui sont souvent des règles techniques ; la déontologie et les
codes d’éthiques qui déterminent les valeurs professionnelles, ainsi que
les obligations, les droits et les responsabilités associés à la pratique
professionnelle : le code de déontologie qui inclut, outre des principes,
des procédures d’organisation de la profession et des dispositions légales
pour juger des actes dérogatoires.

1.2.5. L’Ethique de l’environnement

On l’appelle aussi éthique environnementale ou éco-éthique ou encore


éco-philosophie. Ce type d’éthique appliquée regroupe tout un champ de
questions ayant pour objet les relations qu’entretiennent l’être humain avec la
nature.
Eu égard à tout ce qui précède, il y a lieu, quant à nous, de définir
l’éthique comme étant une branche de la philosophie qui étudie la conduite des
individus en société. Nous la définissons également comme un ensemble des
principes moraux, normes à suivre pour distinguer le bien du mal.

1.2.6. Ethique de la sexualité


Par sexualité, nous entendons l’ensemble des comportements de l’être
humain en tant que sexué, ensemble des caractéristiques de la différentiation
sexuelle chez les êtres vivants. En effet, être humain, c’est être homme ou
femme. L’un exclut l’autre. Chacun se situe nécessairement, dans ses
comportements, à la fois comme tel, homme ou femme, et par rapport de ce
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qu’il n’est pas : l’homme par rapport à la femme, la femme par rapport à
l’homme.
Nous appelons « Ethique de la sexualité », non une Ethique des relations
sexuelles, mais une Ethique des relations sexuées dont l’Ethique des relations
sexuelles n’est qu’un secteur particulier. Elle est donc l’Ethique générale des
relations humaines, qui tient compte de ce fait naturel qu’il y a deux manières
d’être humain : on est homme ou on est femme, dans un droit égal à la
reconnaissance de sa dignité, à la valorisation et à la promotion mutuelle.
Si la relation sexuelle réduite à elle-même a un sens biologique évident,
qui est la fécondation, si elle a de même un sens psycho-physiologique non
moins évident, en tant qu’elle apparaît comme satisfaisant l’attrait mutuel et
apaisant le désir impulsif, la relation sexuelle n’est humaine que par le sens
spirituel que les partenaires lui donnent, et veulent lui faire signifier.
Cette dimension de signification pour que l’acte sexuel soit humain est si
importante, qu’elle peut aussi donner un sens aux actes sexuels qui n’ont pas
pour finalité voulue la fécondation.
La relation sexuelle peut osciller entre le meilleur et le pire, elle peut
exprimer et signifier notamment : l’affection la plus délicate et la plus profonde,
le respect le plus sensible de ce qu’est l’autre comme homme ou comme femme,
la volonté de fidélité conjugale, l’espoir partagé dans l’amour de la procréation.
Mais il peut aussi exprimer la volonté de dominer et d’affirmer une
supériorité, la volonté d’utiliser une autre personne, dans ce qu’elle a de plus
intime, pour ses fins propres. Elle pourrait même exprimer l’exploitation
mutuelle délibérée, le désarroi, le déséquilibre de la personne qui veut tout
oublier dans la recherche de la volupté.
La relation sexuelle peut exprimer, selon l’esprit aussi bien l’affection
délicate, le respect mutuel et la plus grande volonté de valoriser une personne,
que le plus grand mépris des personnes et la plus grande dévalorisation
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mutuelle, ou l’apathie pure et simple dans laquelle n’apparaît plus aucune


relation humaine véritable.

1.3. LA MORALE

La morale est un état de conscience de bien et du mal. En d’autres termes,


c’est la capacité de discerner, de distinguer ce qui détruit, ce qui élève, de ce qui
rabaisse. C’est un acte, une action de l’homme tant qu’il est soumis aux devoirs
à faire ce qui est utile, bon, agréable, profitable, favorable, juste, honnête et
louable. Le bien ennoblit, mais le mal avilit, amoindrit son auteur.
La Morale est la science qui étudie les lois naturelles, l’ordre idéal de la
vie afin de le respecter pour vivre en harmonie. Elle est également l’ensemble
des meilleures conduites humaines de façon absolue.
Les moralistes jugent et rectifient les mœurs, ils proposent des règles pour
montrer aux hommes comment vivre, c’est-à-dire non seulement vivre heureux,
mais surtout comment vivre comme il faut, comme il convient à l’homme de
vivre.
La morale s’occupe généralement des actes humains (actes humani) et
non des actes de l’homme (actus hominis) ; les derniers étant des actes posés par
l’animal, l’homme également, mais de façon quelconque, tandis que les
premières catégories d’actes relèvent de sa volonté délibérée et libre. Entre ici
en jeu la liberté et la raison qui sont propres à l’homme et le distinguent des
autres animaux.

1.4. LA DEONTOLOGIE PROFESSIONNELLE

1.4.1. Remarque : Ethique et déontologie


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L’Ethique concerne les principes et les normes qui s’adressent à la


conscience des individus tandis que la déontologie touche aux obligations et
aux devoirs qu’impose une profession à l’individu. Etant libre, l’individu peut
ou ne pas respecter ces normes ou règles tandis que dans la déontologie, ces
normes et obligations s’imposent, on doit les observer.
On peut donc dire que l’Ethique regarde le for intérieur de l’individu
(attitude intérieure de l’individu) alors que la déontologie concerne les relations
intérieures qu’impose l’exercice d’une profession. D’où la déontologie est fille
de l’Ethique dans la mesure où elle ne concerne que la profession, tandis que
l’Ethique veut régir ou se rapporter à toute la vie de l’homme.

1.4.2. La déontologie

Etymologiquement parlant, la déontologie vient du grec « deon » qui


signifie : obligations, devoirs, et « logos » qui signifie science, discours. La
déontologie est une science qui traite des devoirs et obligations du citoyen dans
une société.

1.5. LA PROFESSION

Une profession est une activité permanente, habituelle, un métier, une


carrière dont on tire ses moyens d’existence et qui détermine la position sociale
de l’individu. Elle exige une formation spécifique appropriée dite
professionnelle. On peut citer par exemple les professions d’avocat, de
professeur, de journalisme, de médecin,…
En somme, la déontologie professionnelle est donc une science qui étudie
ce qui est recommandé de faire et ce qui est interdit de faire dans un métier
donné. Elle enseigne les devoirs et les règles d’une profession donnée
(obligations, tâches, attributions, responsabilités, fonctions).
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La déontologie renvoie donc à la question de savoir : Qu’est-ce que je


dois faire dans le cadre de mon métier ? D’où la déontologie est la science qui
traite de ce qu’on doit faire (devoirs, obligations). Pour l’enseignant, il faut
distinguer ses devoirs en classe, dans son milieu de vie (société), à l’école. Dans
ses fonctions d’enseignant, le maître ou le professeur assume des grandes
responsabilités.
Qu’est-ce que « être responsable ? » Etre responsable, c’est se sentir
concerné par la tâche qu’on accomplit, en comprendre la valeur, l’importance,
mettre tout en œuvre pour qu’elle réussisse, reconnaître que la réussite ou
l’échec de cette tâche dépend du responsable que vous êtes.

1.6. LA NOTION DE SENS DU TRAVAIL

Le travail est l’ensemble des activités humaines coordonnées en vue de


produire ou de contribuer à produire ce qui est utile. Nous pouvons le défini
comme étant l’activité économique des hommes, productrice d’utilité sociale.
Il est donc l’activité par laquelle l’homme transforme la nature selon les
desseins de son esprit, en vue de son utilité, et de celle de sa société. Il est
l’activité par laquelle l’homme humanise la nature, tout en s’achevant, avec ses
semblables, dans son humanité. Par le travail, l’homme donne sens à la nature, à
laquelle il emprunte de quoi se réaliser comme corporel, comme spirituel,
comme social, comme relatif à l’Absolu.
Le travail est social. En effet, l’homme ne peut, seul, transformer assez la
nature pour sa propre utilité. Une division du travail et une collaboration dans le
travail s’imposent, pour que l’utilité visées, fondées dans les nécessités, puissent
être atteintes.
13

CHAPITRE II : VOCATION ET MISSION DE L’ENSEIGNANT

2.1. Le choix du métier

Au cours de notre existence, nous sommes appelés à opérer des choix.


Parmi ces choix, l’un des plus décisifs est celui d’un métier ou d’une profession.
Le choix d’une profession exige ou tient compte d’un certain nombre de facteurs
comme :
1. Les aptitudes : qui sont des dons, des talents ou des dispositions propres
ou particulières à un individu.
2. Les attraits : c’est ce qui attire. L’individu qui opte (choisit) pour un
métier donné doit d’abord aimer ce métier et en éprouver le goût. Il doit
avoir un certain penchant, il doit y être attiré.
3. Les besoins de la société : ce sont les débouchés. Il faut que la profession
soit rentable et utile à l’homme et à la société. Le métier choisit doit
répondre à un besoin réel de la société.

2.2. La vocation pédagogique

Le métier d’enseignant n’est pas un métier comme les autres, mais c’est
une vocation.
2.2.1. Qu’est-ce qu’une vocation ?

 Au sens large : il s’agit d’un chemin dans lequel on s’engage. Dans ce


contexte, tout homme a une vocation.
 Le terme vocation est aussi employé pour dire que tel individu est
particulièrement doué ou capable pour tel travail, qu’il y a été en quelque
sorte prédestiné.
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 Au sens restreint : le mot vocation désigne un appel particulier ressenti


par un individu, à l’égard de certaines tâches plus nobles que les autres,
par leur objet et l’idéal qu’elles exigent. On parlera par exemple de la
vocation du prêtre, du médecin, de l’éducateur.

2.2.2. Pourquoi l’enseignement est-il une vocation ?


a. Par la noblesse ou la richesse de son objet : la formation ou l’éducation de
l’enfant ;
b. Par la finesse, la créativité, les qualités humaines requises pour mener à
bien cette formation ;
c. Par le dévouement : l’amour, le don de soi qu’il exige, le sens de sacrifice,
de zèle ;
d. Par l’importance capitale qu’il revêt pour l’avenir de l’enfant d’abord et
de la société ensuite.

2.3. Les éléments de la vocation pédagogique

a. Un attrait, c’est-à-dire un amour de l’enseignement, un amour profond et


sincère ;
b. Un idéal : il s’agit du sens des valeurs et du sens de la mission. Le sens
des valeurs : c’est l’aboutissement de la vocation pédagogique, c’est-à-
dire que l’objet de l’éducation est de faire participer l’élève à une somme
des valeurs : la science, la moralité, la conscience, l’amour, etc.,

2.4. Défauts qui nuisent à l’autorité

 L’inconduite du maître
 Le manque de savoir
 La timidité
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 Une sévérité par à-coups


 Une discipline tatillonne
 Une tenue négligée ou trop recherchée
 Un langage grossier.
 Violences (physiques, psychologiques, verbales)

2.5. Quelques qualités d’un bon enseignant


Un bon enseignant est un professionnel qui nourrit, tout au long de sa
carrière, une pratique réflexive dans le but d’améliorer constamment
ses interventions en matière d’enseignement et d’apprentissage. Il doit
avoir comme qualités :
- La ponctualité
- Le sens de l’effort
- La patience
- La vigilance
- L’adaptabilité
- L’optimisme
- La clarté
- L’empathie
- Etre à l’écoute
- La compétence
- Le professionnalisme
- La neutralité
- Savoir communiquer, etc.
2.6. Conseils pratiques pour l’exercice du commandement

a. Imposer son autorité du premier coup.


b. Commander rarement et pour les choses qui en valent la peine.
c. Donner des ordres de telle façon qu’ils ne soulèvent aucune réplique.
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d. Ne pas répéter un ordre donné, exiger l’obéissance immédiate.


e. Ne pas revenir sur un ordre donné.
f. N’exiger de l’enfant que ce qu’il peut donner. « Soyez bons pour que vos
enfants vous aiment ! Soyez grand pour qu’ils vous respectent ! a écrit
Kieffer.

2.7. Les devoirs d’Etat

1. Des enseignants

- Elaborer les répartitions des matières (prévisions)


- Préparer les leçons (journal de classe, fiche de préparation)
- Donner les leçons
- Se soumettre et soumettre ses documents au contrôle
- Assister aux réunions pédagogiques et sessions de formation
- Composer, donner et corriger les devoirs, interrogations et examens ;
- Remplir le registre et le bulletin.

2. Des autorités scolaires

- Coordonner les activités de l’école


- Tenir des réunions pédagogiques
- Organiser les activités de formation et culturelle
- Veiller à l’application des directives officielles
- Visiter les professeurs et contrôler leurs documents pédagogiques
- Tenir les dossiers administratifs
- Rédiger les rapports
- Organiser les sessions d’examen
- Etablir les horaires des cours.
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3. Des administratifs

- Assurer la discipline, la propreté et la sécurité


- Protéger le patrimoine de l’école (meubles, immeubles, matériels)
- Assurer le secrétariat (classement, rédaction, etc.)
- Distribuer les courriers
- Etablir mes cartes, les attestations
- Garder les dossiers
- Tenir la bibliothèque

1. Le préfet des études

Le préfet de l’établissement est chargé de la gestion courante de l’école.


A ce titre, il a pour mission de :
- coordonner toutes les activités au sein de l’établissement
- veiller à l’application des directives de l’EPSP et de toutes les autorités
hiérarchiques
- arrêter toutes les mesures nécessaires au bon fonctionnement de
l’établissement de l’établissement en conformité avec les instructions en
vigueur
- exercer la police de l’établissement c’est-à-dire donner les ordres à tous
les services
- prendre part aux réunions officielles convoquées par la hiérarchie.

Le plan du travail du préfet :


1. Les activités quotidiennes

- Etre ponctuel et régulier à l’école : arriver le premier et quitter le dernier


- Contrôler les absences et les retards du personnel
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- Contrôler la propriété de l’école, des classes, des latrines et la cour ;


- Veiller à la bonne discipline au sein de l’école
- Assurer la correspondance et recevoir éventuellement des visites
- Contrôler et visiter les documents des professeurs
- Tenir le livret de caisse
- Visiter les classes : au moins une visite par jour
- Remettre le bureau en ordre

2. Les activités hebdomadaires

- Prévoir les travaux d’entretien les plus pressants ;


- Préparer une réunion pédagogique ou une conférence par mois ;
- Préparer un test ‘évaluation par mois pour les classes terminales ;
- Contrôler les corrections des interrogations, des devoirs et des travaux
pour toutes les classes et vérifier l’inscription des résultats ;
- Contrôler les cahiers des élèves et les matériels didactiques faits par les
professeurs et les élèves ;
- Tenir une ou deux conférences ;
- Contrôler les documents des professeurs et le niveau des élèves.

3. Les activités semestrielles

- assurer le paiement du personnel ;


- faire un rapport sur le changement de la composition familiale ;
- clôturer les registres d’appel et établir les statistiques mensuelles ;
- préparer un test mensuel pour contrôler l’assimilation des matières ;
- faire une analyse rétrospective du mois écoulé.

A. Au bout du semestre
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- Relire le règlement d’ordre intérieur de l’école ;


- Percevoir les frais scolaires ;
- Veiller à la bonne marche de travail dès le premier jour de la rentrée.

B. A la fin du semestre

- Elaborer les questions d’examens semestriels et veiller à leur bon


déroulement ;
- Etablir le palmarès semestriel ;
- Contrôler et signer les bulletins ainsi que des avis aux parents ;
- Etablir un rapport de fin de semestre ;
- Prévoir les travaux à faire pendant les vacances.

C. A la fin de l’année scolaire

- Composer les questions d’examens de fin d’année ;


- Veiller au bon déroulement des examens ;
- Etablir le palmarès annuel ;
- Tenir des réunions de délibération des élèves
- Ecrire et signer les attestations et bulletins ;
- Effectuer l’inventaire des classes, des manuels, des matériels didactiques,
avant le départ des élèves et professeurs en vacances ;
- Faire procéder au grand nettoyage des locaux, de la cour ;
- Contrôler et mettre en ordre les registres et autres documents scolaires
qui doivent être conservés au bureau ;
- Proclamation des résultats et remise des bulletins ;
- Clôturer des comptes de l’année ;
- Etablir les bulletins de signalement ;
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- Etabli le rapport de fin d’année ;


- Etablir les palmarès annuels
- Prévoir l’année scolaire prochaine.

3. Le Directeur des Etudes

C’est le premier animateur pédagogique. Il veille sur l’enseignement


(visites).
- Etablit les statistiques des résultats avec le conseiller pédagogique ;
- Consulte régulièrement les documents des professeurs ;
- Donne des leçons types dans son domaine ;
- Anime les activités du SERNAFOR (conférence)
- Etablit des rapports de visites de classes : 12 visites par semaines ;
- Programme des conférences pédagogiques tous les quinze jours ;
- Aménage la grille horaire et attribue des cours aux professeurs ;
- Organise les examens semestriels ;
- Ne peut prendre un engagement extérieur sans l’accord du Préfet des
Etudes ;
- A la fin de la semaine, il dépose chez le Préfet des études 12 rapports de
visites des classes ainsi que le cahier d’activités quotidiennes pour le
visa ;
- Remplace le Préfet des Etudes en cas d’absence ou d’empêchement ;
- Participe aux réunions des conseils de direction et de discipline ;
- Epaule le directeur de discipline dans l’exercice de ses fonctions.

4. Le conseiller pédagogique
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Le conseiller pédagogique est l’assistant du chef d’établissement pour les


questions d’ordre pédagogique. Sous la responsabilité de ce dernier, il s’occupe
notamment des tâches ci-après :
- admission et promotion des élèves ;
- répartition des tâches du personnel enseignant et encadrement de celui-ci ;
- exécution des programmes d’études
- organisation des activités d’évaluation et de médiation ;
- gestion de la bibliothèque scolaire ;
- fait examiner 12 rapports de visites de classes chez le Préfet des Etudes à
la fin de la semaine ;
- établit des statistiques des résultats des élèves ;
- s’occupe de la répartition des élèves dans les différents locaux
d’examens ;
- élaborer le miroir ;
- élaborer le calendrier des activités scolaires et fait le projet de
l’organisation des examens semestriels
- ne prend pas des engagements sans l’accord préalable du chef
d’établissement
- remplace le préfet des études ou le directeur des études en cas d’absence ;
- examine les problèmes sociaux des agents et élèves
- établit les procès-verbaux des réunions.

4. Le directeur de discipline

Le directeur de discipline est l’assistant du chef d’établissement pour les


questions de discipline, l’encadrement civique et politique des élèves. Il
s’occupe notamment des tâches ci-après :
- maintien de l’ordre et la discipline au sein de l’école
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- organisation des actions d’aide aux élèves, en plus de soutien


pédagogique
- entretient la propreté de locaux et alentours de l’école.
- Veille sur l’application du règlement scolaire ;
- Prélève quotidiennement des absences des professeurs et des ouvriers et
les transmet à la fin de la semaine au préfet des Etudes ;
- Veille sur la bonne tenue des registres d’appel et établit à la fin de la
semaine un rapport sur la régularité des élèves ;
- Désigne et révoque les responsables des classes ;
- Traite les conflits entre les élèves ;
- Soumet au préfet des Etudes son cahier des exclusions, convocations,
avertissements, etc. ;
- Donne des ordres aux surveillants et détermine les attributions précises de
chacun d’eux ou de chaque travailleur ;
- Convoque le conseil de discipline, convoque aussi les parents à l’école ;
- Autorise la sortie des élèves malades ou d’autres ;
- Réunit de temps en temps les chefs de classe pour l’examen de certains
points d’indiscipline constatés durant la semaine ;
- Dirige la campagne électorale pour le choix du commandant de l’école ;
- Paie les salaires des agents.

5. Le Secrétaire

Le Secrétaire est le collaborateur du préfet des études dans le domaine de


l’administration. Sous la responsabilité de ce dernier, il assure les tâches ci-
après :
- Tenir la correspondance et le classement (la bureautique)
- Garder les secrets de service
- Exécuter rapidement le travail lui confié à l’école
23

- Annoncer les cérémonies et les manifestations


- Tenir à jour le dossier du personnel
- Sélectionner les classeurs de différents courriers
- Classer les documents archives
- Repartir les travaux aux agents du secrétariat
- Refuser les causeries inutiles aux heures de travail
- Accueillir tout le monde sans exception aucune.

Les qualités d’un secrétaire :


- Avoir une culture générale
- Avoir une compétence professionnelle ;
- Avoir la présence d’esprit ;
- Avoir un savoir-vivre ;
- Avoir l’esprit d’initiative ;
- Avoir l’ordre dans les documents ;
- Avoir un esprit perspicace ;
- Garder les secrets de l’école.

6. Agents de bureau

- Ils conservent l’indicateur des correspondances (entrée et sortie de


lettres) ;
- Ils établissent des attestations de fréquentations, cartes d’élèves,
attestations scolaire et autres documents pour élèves ;
- Remplissent le cahier de transmission ;
- Font signer les notes de services aux professeurs pour prise de
connaissance ;
- La dactylographie ;
- Effacent les communications périmées ;
24

- Ecrivent les communiqués, avis aux parents dans les salles de classes ;
- Actualisent les bulletins de signalement des élèves ;
- Assurent la transmission des documents aux destinataires ;
- Tiennent à jour des fichiers.

7. L’intendant

- Reçoit les frais exigés par l’école ;


- Les frais scolaires et les frais ponctuels
- Détient la caisse de la maintenance
- Distribue les manuels aux élèves et aux personnels enseignants
- Tient les documents comptables de l’école
- Garde tous les biens de l’école.

8. Le surveillant

- Est chargé de la sécurité, surveille les entrées et les sorties ;


- Assiste le directeur de discipline dans sa mission de maintien de la
discipline et la sécurité au sein de l’école ;
- Exerce toute autre attribution lui assignée par le chef d’établissement.
- Contrôle la signature hebdomadaire des parents dans le cahier de
communication, la tenue des élèves ;
- Prélève les absences des élèves et des professeurs ;
- Veille au balayage de locaux de classes à la fin des cours ;
- Surveille l’arrivée et la sortie des élèves ;
- Obéit inconditionnellement au directeur de discipline ;
- Fait un rapport hebdomadaire au directeur de discipline (chaque samedi)
25

9. Le professeur

- Dispense les enseignements, exécute, réalise les programmes scolaires ;


- Prépare les leçons afin de bien éduquer, instruire et former ;
- Reçoit les ordres du directeur des études, du conseiller pédagogique ;
- Tient les documents suivants :
* le journal de classe
* le cahier de préparation
* le cahier de cotation
* le cahier des questions
*le cahier des prévisions des matières

10. L’Huissier

- Distribue les courriers


- Annonce les visiteurs auprès du préfet des études
- Veille à la propreté au bureau et dans la salle des professeurs
- Veille à la sécurité de l’école
- Détient toutes les clefs
- Nettoie les toilettes des professeurs
- Examine les entrées comme les sorties des élèves au bureau
- Transmet le courrier à divers endroits.
26

Chapitre III : LA NOTION DE BONNE GOUVERNANCE ET LE


PROBLEME DES VALEURS

5.1. La bonne gouvernance

La bonne gouvernance est une faculté d’une institution ou d’une personne


revêtue d’un pouvoir de responsabilité à fournir des biens collectifs, d’une
manière efficace, transparente, responsable en vue d’assurer la cohésion sociale,
l’intégration et le bien-être de la population. La bonne gouvernance favorise
l’intérêt général, la satisfaction des aspirations du public, les biens collectifs.
Elle permet que les missions essentielles de l’Etat soient assumées de manière
transparente, impartiale et responsable.

5.2. Les valeurs

D’une manière générale, nous appelons « valeurs », une certaine


dimension ou qualité des personnes, des actes ou des choses. Cette dimension ou
cette qualité fait que personne, actes ou choses sont plus ou moins estimés ou
désirés. C’est l’aspect subjectif de la valeur. Mais du point de vue objectif, la
valeur des personnes, des actes ou des choses est ce en quoi ils sont plus ou
moins estimables ou désirables en eux-mêmes.
Comment apprécier ce qui rend une personne ou une chose estimée ou
estimable ? Par rapport à leur fin. La valeur au sens dynamique est ce qui fait
qu’on estime ou désire une personne ou une chose en fonction de la fin qu’elle
réalise ou permet d’atteindre. Une valeur est un critère d’appréciation d’un
modèle de conduite ou de comportement, c’est une chose en référence de
laquelle on peut dire que quelque chose est scandalisant ou non, ou encore la
qualité de quelque chose qui est digne d’intérêt et d’estime. Elle est aussi une
norme ou règle portant sur ce qui est bon dans une société à un moment donné.
27

Nous distinguons : la valeur intellectuelle (la vérité), la valeur morale (le


bien) et la valeur esthétique (le beau). La valeur intellectuelle est la prise de
possession par l’esprit de la réalité en tant qu’elle est au-delà de nous. Cette
prise de possession est toujours virtuelle, elle ne nous donne pas la réalité elle-
même, mais seulement sa présentation et celle-ci n’a de sens que pour nous.
La valeur morale est le caractère d’un acte qui consiste en ce qu’il est
estimé, admiré parce qu’il est estimable, admirable, en tant qu’il réalise la fin
naturelle de la personne humaine, en tant que le sujet agit selon le sens de sa vie,
en tant qu’il réalise le bien moral. La valeur morale d’un acte set ce en quoi cet
acte est estimé, et mérite estime, parce qu’il est bon, parce qu’en le posant, son
sujet réalise la fin de la vie humaine.
La valeur morale exprime, en outre, l’idéal de la volonté comme la vérité
exprime l’idéal de l’intelligence. Mais tandis que l’intelligence cherche
seulement à reconstruire un monde déjà donné, le propre de la volonté, c’est de
modifier ce monde donné ou de faire sortir du néant un monde nouveau dont elle
est elle-même la cause véritable.
La valeur esthétique est le beau. Elle crée une sorte de médiation entre la
valeur intellectuelle et la valeur morale. On entend par valeur de référence, un
système des valeurs ou un ensemble des comportements à forte connotation
morale. Ce sont des normes standards ou comportement minimal acceptés par
tous.
Parmi les valeurs de référence de l’éthique professionnelle, nous avons le
dévouement (c’est le fait d’accomplir un travail avec amour), la ponctualité
(c’est le respect des horaires, les assiduités), la rigueur (c’est l’exactitude, la
précision, l’efficacité dans l’exercice d’une profession), la responsabilité,
l’honnêteté et l’intégrité.
Parmi les exigences éthiques de l’administration des affaires, les
théories de la bonne gouvernance rappellent infatigablement celles-ci :
28

1. Le sens de la responsabilité
2. La rigueur
3. Le sens et le souci du bien commun
4. La transparence
5. L’amour du travail bien fait
6. Le contrôle
7. Le mérite
8. La compétence
9. La discipline
10.Le respect des lois
11.L’application de la législation
12.L’efficacité
13.La ponctualité
14.Le respect des droits et des devoirs
15.La capacité d’anticipation
16.Le sens de la prévision et de la planification
17.L’équité et la justice
18.L’esprit d’initiative et la créativité
19.La prudence
20.L’intégrité
21.L’honnêteté
22.L’esprit de partenariat
23.La tolérance, etc.

5.3. Les antivaleurs

Chaque valeur est perçue comme s’opposant logiquement à son contraire.


Généralement, à une valeur s’oppose une antivaleur. On oppose, par exemple,
29

bien-mal, bon-mauvais, plaisir-douleur, santé-maladie, courage-lâcheté, etc.


Bref, l’antivaleur n’est pas seulement l’absence de la valeur, mais aussi ce qui la
détruit, ce qui prend sa place. L’antivaleur est aussi tout acte qui brise
l’harmonie dans la société. C’est également tout ce qui viole les normes et les
règles portant sur ce qui est bon dans une société à un moment donné.
Les antivaleurs sont une menace pour le développement de la Nation.
Elles risquent de marginaliser la Nation et l’Etat dans un monde devenu une
immense cité ou les plus puissants, les mieux organisés ne laissent aux autres
que les miettes indésirables.

Parmi les antivaleurs de référence, nous avons :

(1) La corruption

La corruption est une condition d’acceptation d’un cadeau, d’une marque


de sympathie ou d’hospitalité. Et pourtant le cadeau doit en principe revêtir une
valeur minime et se produire rarement. Il doit être également conforme aux
règles de courtoisie, d’hospitalité et de protocole. Le cadeau ne doit pas
compromettre votre intégrité ou celle de votre organisation.

(2) La concussion
La concussion est le fait d’exiger ou de percevoir une somme
quelconque qui n’est pas due.

(3) La fraude

Elle est le fait d’accorder un avantage par voie détournée ou illégale


ou encore usurper des biens et services appartenant à l’Etat. Elle est une
30

tromperie qui utilise des moyens illicites pour nuire à autrui et susceptible
d’être punie par la loi.

(4) Le népotisme

C’est procurer des avantages, des emplois ou encore d’autres faveurs à


sa famille ou à ses amis. Ces avantages sont :
 Le fait d’engager le personnel sur base d’affinité
 Créer des postes en faveur d’amis ou des membres de sa famille
 Accorder des promotions indues aux amis sans le mérite
quelconque.

(5) Le clientélisme

Il consiste à accorder des avantages indus pour fidéliser des personnes


et en faire ses obligés. Il est une attitude qui cherche à augmenter son influence
en se créant une clientèle par des procédés démagogiques.

(6) Le trafic d’influence

C’est user de son influence réelle ou supposée pour faire obtenir une
faveur quelconque à quelqu’un contre une rémunération ou un avantage.

(7) La prise illégale d’intérêt

C’est le fait de recevoir ou conserver un avantage indu dans une


opération, entreprise dont on a l’administration ou la gestion.

(8) Le blanchement d’argent sale


31

C’est le fait d’introduire des capitaux d’origine illicite dans le circuit


financier, bancaire, régulier pour effacer l’illicéité qui entache leur origine.

(9) Le cumul des fonctions

C’est le fait d’exercer concurremment la fonction publique avec


d’autres activités professionnelles incompatibles.

(10) L’enrichissement illicite

C’est le fait de connaître une augmentation substantielle des biens


sans justification au regard de ses revenus légitimes.
(11) Le harcèlement moral

C’est une malveillance formulée de manière délibérée et répétée à


l’endroit d’une personne pour la déstabiliser moralement et la frustrer.

(12) Le harcèlement sexuel

C’est le fait d’abuser de l’autorité conférée par une fonction pour


obtenir une faveur sexuelle. C’est toute conduite, verbale ou autre, toute
pression exercée par quelqu’un pour obtenir une faveur sexuelle.

5.4. Cadeau normal et cadeau piégé

Un cadeau, c’est quelque chose qu’on remet à quelqu’un en signe de


reconnaissance ou de remerciement à la suite d’un bienfait. Le cadeau peut
prendre deux formes : soit un cadeau normal soit un cadeau piégé.
32

a. Cadeau normal
 Un cadeau normal doit avoir une valeur minime et se produit
rarement ;
 L’offre doit se produire lors d’une activité liée à l’exercice de vos
fonctions officielles. Elle doit être conforme aux règles de
courtoisie, d’hospitalité ou de protocole.
 Elle ne doit pas compromettre votre intégrité ou celle de votre
organisation.
b. Cadeau piégé
Le cadeau anormal ou piégé est celui qui se donne dans des conditions
contraires à celles du cadeau normal. Ici la personne qui donne vise un objectif à
atteindre, une faveur ou un avantage quelconque.
33

Chapitre IV : ETHIQUE ET DEONTOLOGIE DANS LE MONDE SU


TRAVAIL

4.1. Confidentialité juridique en entreprise

4.1.1. Obligations législatives

Les règles régissant la confidentialité sont consignées aux articles de la loi. Elles
concernent tous les administrateurs, membres de comités et dirigeants des
entreprises.

 Devoir de garder le secret sur les renseignements ;


 Interdiction d’utiliser les renseignements confidentiels à son propre
profit ;
 Devoir spécifique de confidentialité sur les opérations des
sociétaires ;
 Exceptions : quand les renseignements peuvent être divulgués.

4.1.2. Saines pratiques

De saines pratiques commerciales et financières exigent que chacun garde le


secret le plus absolu sur toutes les opérations de l’établissement et des
sociétaires, sauf exceptions prévues par la Loi, les règlements administratifs
applicables ou d’autres textes.

4.1.3. Entente de confidentialité

Avant d’assumer des fonctions donnant accès aux dossiers des sociétaires, les
administrateurs, les membres de comité et les membres du personnel doivent
être priés de signer une entente de confidentialité. Il s’agir d’un engagement
écrit à garder le secret le plus absolu sur les questions confidentielles.

4.1.4. Protection des dossiers


34

Chaque entreprise doit mettre en place certains contrôles administratifs et


matériels permettant de protéger les dossiers contre l’accès ou la divulgation non
autorisés, les dégâts matériels ou la destruction. Les contrôles instaurés doivent
être proportionnels à la confidentialité des dossiers et permettre au minimum :

- De tenir les dossiers hors de la vue du public ;


- De surveiller, pendant les heures de bureau, l’endroit où les dossiers sont
entreposés, afin d’empêcher les personnes non autorisées de pénétrer ce
secteur ou d’accéder aux documents.

4.1.5. Conduite des employés

Le directeur général de chaque entreprise doit s’assurer que les membres


du personnel relevant de son autorité sont conscients de leur devoir de
confidentialité. Les employés doivent savoir ce qu’ils sont tenus de faire pour
protéger les renseignements personnels, vérifier si ceux-ci sont exacts, utiles et
complets, et éviter toute divulgation non autorisée, soit verbalement, soit par
écrit.

4.1.6. Violations de la confidentialité

Les pratiques suivantes sont des violations de la confidentialité et elles


doivent donc être évitées :

- Fournir (vendre, prêter ou rendre disponible d’une autre manière) des


copies du registre ou de la liste de distribution des sociétaires aux
personnes non autorisées ;
- Discuter de façon inconsidérée des opérations effectuées par un sociétaire
ou des activités de la caisse avec des personnes qui n’ont pas droit ces
informations ;
35

- Choisir des endroits inappropriés (restaurants, lieu public, etc) pour réunir
le conseil ou les comités ou s’entretenir avec les employés de questions
confidentielles ;
- Envoyer par la poste des renseignements confidentiels à l’adresse
professionnelle des destinataires quand on n’est pas sûr qu’ils leur seront
remis directement ;
- Examiner des renseignements confidentiels de telle manière que l’on
risque, par négligence, absence de supervision ou imprudence, de les
divulguer à des personnes non autorisées ;
- Demander à des bénévoles de participer aux tâches administratives sans
leur avoir exposé au préalable les règles de confidentialité.

4.1.7. Dérogations aux règles de confidentialité

Les personnes ayant le droit d’obtenir des renseignements confidentiels


de l’entreprise sont citées dans le code de déontologie de l’entreprise.

4.2. Fidélité à l’entreprise

La loi définit l’obligation de fidélité comme l’obligation pour le


travailleur de sauvegarder fidèlement les intérêts légitimes de l’employeur.
L’obligation de fidélité est avant tout une obligation de ne pas faire. Le
travailleur doit donc sommairement éviter tout acte pouvant entraîner un
dommage économique pour l’employeur.

4.2.1. Les différentes obligations de fidélité


 Obligation générale de fidélité
Le travailleur se rend coupable d’une violation de l’obligation de
fidélité dans les cas suivants :
- Comportement illicite ou immoral vis-à-vis de l’employeur ;
- Agitation aux fins de perturber la paix dans l’entreprise
- Détournement de clients et de fourniture
36

- Souillure de la réputation de l’entreprise


- Utilisation des installations de l’entreprise à des fins privées.
 Traitement avec soin des instruments de travail : le travailleur
doit traiter avec soin le matériel, les machines, les installations
techniques, les véhicules, etc., de l’entreprise.
 Secrets de fabrication et d’affaires : le travailleur est tenu de
garder le secret même après la fin du contrat. Sont considérés
comme confidentiels tous les faits qui ne sont pas notoires, non
généralement accessibles au public et qui sont d’un intérêt
confidentiel pour l’employeur.
4.3. Responsabilité au sein de l’entreprise

La responsabilité au sein de l’entreprise peut se traduire sous forme des


devoirs qui peuvent être séparés en trois catégories :

- L’obligation générale de travail, comprend l’obligation de travail


personnel, l’obligation d’accomplir des heures supplémentaires ou du
travail supplémentaire et l’obligation d’appliquer ordres et indications ;
- L’obligation de fournir un travail soigné, de sauvegarder les intérêts de
l’employeur et l’obligation de rendre compte et de restituer ;
- Les obligations contractuelles individuelles
4.4. Conflits d’intérêt

Un conflit d’intérêt existe lorsque les intérêts personnels d’un individu


interfèrent ou paraissent interférer, d’une manière ou d’une autre, avec les
intérêts de l’entreprise. Une situation conflictuelle peut exister lorsqu’une
personne entreprend des actions ou possède des intérêts qui peuvent rendre
difficile l’objectivité et l’efficacité de son travail pour l’entreprise.
37

Des conflits d’intérêts peuvent également exister lorsqu’un collaborateur


ou un des membres de sa famille, obtient des avantages personnels illicites suite
à sa position dans l’entreprise.

4.5. Corruption
4.5.1. Corruption dans le travail

La corruption est un comportement pénalement répréhensible par lequel


une personne (le corrompu) sollicite, agrée ou accepte un don, une offre ou une
promesse, des présents ou des avantages quelconque en vue d’accomplir, de
retarder ou d’omettre d’accomplir un acte entrant d’une façon directe ou
indirecte dans le cadre de ses fonctions.

4.5.2. Les formes de la corruption


- La corruption active : elle est commise par une personne faisant des
offres, promesses ou accordant des avantages indus à une autre personne
pour que cette dernière commette un acte malhonnête ou illégal en
relation avec sa fonction ;
- La corruption passive : à l’inverse, une personne commet un acte de
corruption passive en sollicitant, recevant ou acceptant la promesse d’un
avantage indu pour agir d’une certaine façon. La corruption passive est un
abus de pouvoir dans le but d’obtenir un gain personnel.

Les formes les plus répandues de corruption sont :

- Pots-de-vin et commissions occultes


- Conflits d’intérêt
- Fraude
- Prélèvements illicites
- Blanchiment d’argent
38

CONCLUSION

Que nous inspire une réflexion sur l’éthique appliquée ?


Nous estimons logique et juste que la protection accordée à la science
par la société soit en grande partie fondée sur l’accroissement de puissance que
donne le savoir. Si nous désirons que la puissance ainsi accordée et ainsi
obtenue soit utilisée avec sagesse et amour de l’humanité, c’est un souci que
nous partageons avec presque tous les autres hommes. Mais nous savons aussi
pour quelle part infime les connaissances nouvelles qui ont changé la face du
monde, qui ont transformé — et transformeront nécessairement toujours et plus
profondément — les conceptions de l’univers résultent de la recherche de fins
pratiques ou du désir d’exercer la puissance conférée par la science. Presque
tous, lorsque nous étions libres de suivre nos penchants, c’était la beauté du
monde de la nature et l’étrange et irrésistible harmonie de son ordre qui nous
soutenait, nous inspirait et nous guidait. Cela aussi est normal. Et si la société
assure et exerce son encouragement en laissant à ces stimulants leur puissance et
leur sûreté, le progrès de la science ne s’arrêtera jamais tant qu’il y aura des
hommes.
Nous savons que notre travail est réellement un instrument et une fin.
Une grande découverte est une œuvre d’art, et nous croyons d’une foi
impérieuse et inébranlable que la science est bonne en soi. Elle est aussi un
instrument pour nos successeurs qui l’utiliseront à d’autres recherches plus
profondes ; un instrument pour la technique, pour les arts pratiques et les affaires
humaines. Il en est de même pour nous, comme savants et comme individus.
Nous sommes à la fois instrument et fin, inventeurs et professeurs, acteurs et
observateurs. Nous comprenons, et nous espérons que les autres comprennent,
qu’à cet égard il existe une similitude entre la science, les connaissances
spéciales et générales que notre objet est de découvrir, et la société humaine.
39

Comme les autres hommes, nous apportons un peu de lumière dans les
vastes et infinies ténèbres de l’existence humaine et de l’univers. Pour nous
comme pour eux tous, changement et éternité, spécialisation et généralisation,
instrument et but final, société et individu, complémentaires l’un de l’autre,
exigent et délimitent notre engagement et notre liberté.
40

BIBLIOGRAPHIE

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