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COURS DETHIQUE CHRETIENNE ET DEONTOLOGIE


2023-2024

OBJECTIFS DU COURS

OBJECTIF GENERAL
Ce cours a donc pour objectif d’aider le chrétien, à dégager et à rassembler les
principes bibliques d’éthique épars, en vue d’un bon usage dans sa vie privée, sociale
et professionnelle.

Objectifs spécifiques
Amener les étudiants à avoir :
o une connaissance des principes fondamentaux tirés des Saintes Ecritures ;
o une vie chrétienne conforme aux principes bibliques,
o l’enseignement pour la transformation de la vie chrétienne.
 Contenu et exigences du cours :

INTRODUCTION

La Bible est à la fois la norme ultime de la vie pratique et de la vie de foi de tout
chrétien. C’est elle qui a le dernier mot1 . Or, elle reste souvent silencieuse sur
beaucoup de sujets qui se posent aux chrétiens dans la société actuelle. Où trouver,
par exemple, une indication explicite sur le caractère licite ou illicite de la
contraception, de la fécondation in vitro, du tabac, du transfert d'embryons, des
manipulations génétiques, des adoptions, de l’euthanasie, d'aide au suicidaire, des
familles monoparentales, des séropositifs, etc. Pourtant ces questions éthiques
revêtent une importance capitale dans la crise des représentations sociales. Elles
apparaissent peu confessionnelles et largement ouvertes à des possibilités de
consensus, malgré un enracinement profond dans une tradition confessionnelle.
Aussi, il n’y a pas une seule et unique éthique chrétienne mais plusieurs modèles
moraux s’enracinent dans la Bible. Comment s’y retrouver pour proposer une
conduite et des paroles claires et motivantes à tous ceux qui réclament des
orientations dans le monde incohérent d’aujourd’hui ?

Cours d’éthique chrétienne et déontologie

OBJECTIF DU COURS

Le cours d’éthique a pour objectif de :


-Définir l’éthique, la morale, la déontologie.
-Identifier les questions éthiques qui sont présentes dans notre société actuelle.
2

- Justifier les décisions éthiques de manière rationnelle dans leurs différentes et


futures professions
- Appliquer les principes éthiques de la dignité et des droits de l’homme dans leurs
comportements de tous les jours et dans leurs différents domaines d’activités
: - Se conformer à l’ordre divin, en inculquant aux étudiants des valeurs rationnelles
et divines. - Permettre d’avoir une assise éthique et morale.

CHAPITRE I : NOTIONS DE MORALE ET ETHIQUE


1.1 Qu’est-ce que la morale

La morale vient du mot latin more qui signifie mœurs. Elle se réfère à un ensemble
de valeurs et de principes qui permettent de différencier le bien du mal, le juste de
l’injuste, l’acceptable de l’inacceptable et auxquels il faudrait se conformer La morale
selon RUSS est : « Ensemble de règles de conduite tenues comme universellement et
inconditionnellement valables. Ensemble de règles ou normes de conduite propres à
une société donnée. » 1 . Elle se fonde sur des valeurs dits morales et des principes
dits moraux. Elle est une manière d’être et de faire conforme à une certaine idée du
bien et du mal que l’on se fait. Elle se veut de soi à soi dans une vision universelle
que l’on a du bien et du mal et donc souvent subjective, sociétale. Les valeurs
morales se sont des idéaux supérieurs auxquels on croit important d’obéir. Les
principes moraux sont des règles que l’on trouve fondamentaux auxquels l’on se sent
et croit important d’obéir. Ils découlent des valeurs morales. Un jugement moral que
l’on porte est un jugement qui découle des valeurs et principes moraux comme
critères de référence. À travers les époques et les cultures, des individus et groupes
ont défendus différentes conceptions de ces principes et valeurs. C’est différentes
conceptions de la morale sont appelées des « morales ».

1.2 Qu’est-ce que l’éthique ?

1
9 Russ (Jacqueline), Dictionnaire de philosophie,
3

L'éthique n'est pas un ensemble de valeurs ni de principes en particulier. Il s'agit


d'une réflexion argumentée en vue du bien-agir. l'éthique apparaît-elle établie en une
position seconde : réflexive et critique.

L’éthique a pour fonction de transposer la morale dans le fonctionnement et la


dynamique de la société. Elle repose sur une réflexion pluridisciplinaire et un débat
ouvert entre convictions parfois opposées. On peut différencier l’éthique
fondamentale qui est une réflexion sur les normes et les valeurs et l’éthique
appliquée qui contribue à déterminer ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire
dans des circonstances et des conditions particulières.
(La santé n’a pas de prix mais elle a un coût, notamment lorsqu’il s’agit de recourir aux
médicaments onéreux en cancérologie. Une approche éthique préservant un système de santé
fondé sur la solidarité consisterait à concilier les principes d’équité et de justice dans l’accès à
ces médicaments et les contraintes financières).

1.3 le vocabulaire éthique

Le bien

C’est ce qui est digne d’approbation dans l’ordre des fins. On le trouve dans la
philosophie de Platon comme la fin de toutes les fins, la fin dernière : le souverain
Bien. En cela, il devient la valeur normative de la morale. Entendons par là ce qui est
absolument désirable, mais positivement. Cette valeur normative se distingue du
bien relatif lié à des intérêts particuliers. Il se définit ainsi par opposition au mal,
comme le bon qui y est relatif s’oppose au mauvais. Cette coupure des valeurs se
veut « manichéenne » 2 c'est-à-dire dualiste en tant qu’elle oppose deux principes.
Le mal
Le mal peut se définir comme ce qui ne mérite pas l’approbation. C’est ce qui est
cause de préjudice : douleur, souffrance, privation, nuisance, etc. le mal devient ainsi
condamnable sous toutes ses formes physiques, métaphysiques et morales. Il en
ressort donc que le bien et le mal s’inscrivent dans le rapport qu’une conscience a
avec elle-même, avec son environnement humain ou naturel. La question de
l’éthique n’exclut pas celle de la raison. 
Raison
Pour définir la raison, il est important de fouiller son origine. Selon Jacqueline RUSS
dans Dictionnaire de Philosophie, raison vient du latin ratio qui désigne calcul,
compte, système, procédé, méthode, plan, faculté de raisonner, de calculer ; raison,
jugement, intelligence. Pour Kant la raison n’est pas l’entendement, mais le pouvoir
des principes : « Si nous disons de l’entendement qu’il est le pouvoir de ramener les
phénomènes à l’unité au moyen des règles, il faut dire de la raison qu’elle est la

2
2 Le manichéisme est une doctrine qui fait la synthèse du Christianisme et de la religion Zoroastre. Il est fondé
sur deux principes antagonistes en perpétuelle lutte : Dieu et la Matière, la Lumière et les Ténèbres, le Bien et
le Mal.
4

faculté de ramener à l’unité les règles de l’entendement au moyen des principes » 33 .


Ce qui veut dire que les principes de la raison sont a priori, c'est-à-dire, sans aucun
lien avec l’expérience sensible, d’où la notion de « raison pure ». Celle-ci désigne
chez Kant, la faculté qui correspond à l’exercice a priori de la pensée, sans aucun
emprunt à l’expérience. Elle serait à la fois spéculative et permet le pouvoir de
connaître à priori les objets, et bien pratique en ce qui concerne les règles de la
moralité. Dans la critique de la raison pratique, la notion prend une connotation
nouvelle ; elle est pratique et s’appelle raison pure pratique ou raison pratique en
tant qu’elle contient les principes de la moralité ; l’impératif catégorique, et
détermine la volonté, elle-même n’étant pas déterminée par rien d’empirique et
d’extérieur. 

Conscience

C’est la faculté de juger, non seulement d’un point de vue logique, mais aussi d’un
point de vue moral. Toute personne humaine en est pourvue : Le bon sens est la
chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvue, que
ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point
coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. (R. Descartes, 1973, p. 569). Ce bon sens qui
caractérise l’homme, est la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux
d’une part, et le bien du mal d’autre part. De là vient la conscience morale qui donne
le sens du devoir. Mais qu’est-ce que le devoir ? 

Devoir

Le devoir se désigne comme ce qui mérite d’être fait. Entendons par là ce que l’on est
tenu de faire par obligation morale. E. Kant (1865, p. 32), y trouve la perfection
morale « La plus grande perfection possible de l’homme est de remplir son devoir et
par devoir ». Autrement dit, si j’agis parce qu’il y’a une loi à respecter, il faut que je le
fasse en vertu de nécessité. J’agis ainsi non seulement conformément au devoir, mais
aussi par devoir. 

Responsabilité

C’est le fait de répondre de son engagement ou de son acte. Cela suppose que
volontairement ou involontairement le sujet est à l’origine de l’acte en question. C’est
aussi une charge ou une fonction. En droit, il s’agit d’une « obligation d’assumer et
de réparer un préjudice ». La responsabilité est dite civile lorsqu’elle se veut une«
obligation légale de réparer les dommages causés par soi-même ou par ceux dont on

3
KANT(E).- Critique de Raison Pure « Dialectique transcendantale», cité par Jacqueline RUSS,
Dictionnaire de Philosophie, BORDAS /VUEF, Paris, 2002, P.239
5

a la charge ». Elle est dite pénale lorsque le crime ou le délit commis implique une
poursuite à titre coercitif ou pénal.
La responsabilité est morale quand la sanction légale ou non implique la peine de la
conscience. Être responsable, c’est être capable de répondre de ses actes ; prendre ses
responsabilités, c’est assumer les conséquences des actes qu’on pose ou des décisions
qu’on prend. Cela donne à l’existence humaine toute sa valeur.  La valeur La valeur
se comprend comme ce qui a du mérite, c'est-à-dire ce à quoi l’on doit aspirer. Dérivé
du latin valere, le terme désigne « pouvoir », « Être fort ». La valeur renvoie à un
rapport de satisfaction soit petite, soit moyenne soit grande dans l’ordre des fins.
C’est en cela qu’elle ne peut se dissocier du Bien, du Vrai ou du Beau. Elle est si
importante pour l’homme qu’Albert Einstein a pu dire : « N’essayez pas de devenir
un homme qui a du succès. Essayez de devenir un homme qui a de la valeur ». En
somme, la valeur éthique d’un acte relève d’une conscience responsable qui agit par
devoir sur la base de valeurs fondamentales qui se résument au bien. Ainsi l’éthique
vise la discipline de l’homme. D’où son rapport qu’elle entretient avec la morale. Ce
qui permet de déterminer les concepts d’universalité de la morale et de la relativité
des mœurs en essayant de comprendre leur importance dans le sociétal et le
politique. 

Volonté

La volonté est le caractère qui consiste dans l’énergie de la tendance dominante et


fixé avec fermeté dans la décision. Elle est donc une motivation, une décision interne
et intrinsèque qui sert d’une personne face à une situation, une chose. Cette
motivation le met devant son choix, son sens de responsabilité et de liberté ou
d’autonomie, mais surtout devant son sens de jugement et de devoir. La volonté n’est
pas soumise à aucune force extérieure. Toutefois, la définition de la volonté varie
d’un philosophe à un autre. Ce qui lui a valu les dérivées suivantes :
ROUSSEAU parle de volonté générale. Elle désigne en son sens, le corps social pour
un intérêt commun ; «(…) la volonté générale est toujours droite et tend toujours à
l’utilité publique(…) celle-ci ne regarde qu’a l’intérêt commun ». 4 4Pour sa part,
NIETZSCHE vient avec le concept de volonté de puissance ; c’est à dire une force à la
fois créatrice et destructive de domination conduisant tout être à s’affranchit par la
création de nouvelles valeurs qui détruisent en même temps d’autres êtres et d’autres
valeurs. Pour en revenir à notre auteur, disons que Kant instaure la notion de bonne
volonté à travers (der gutewille) qui est pour lui une disposition à bien faire. Elle est
aussi une intention déterminée par respect de la loi morale universelle et se soumet à
l’impératif catégorique « Ce qui fait que la bonne volonté est telle, ce ne sont pas ses

4
4 ROUSSEAU (J-.J).-Du contrat social paris éd. sociables, 1971 coll. Les classiques du peuple, livre II,
chap. III ; p.82.
6

œuvres ou ses succès, ce n’est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c’est
seulement le vouloir ; c'est-à-dire que c’est en soi qu’elle est bonne ». 5 5

Obligation morale ou Devoir

Étymologiquement, l’obligation vient du latin : obligatio qui veut dire, action de


répondre de. Cette définition étymologique fonde son sens juridique à savoir que
l’obligation, en droit désigne le lien juridique par lequel une personne est tenue
d’accomplir certaines prestations à l’égard, soit d’une personne ou à l’égard d’une
autorité constituée. Cela signifie le fait qu’une personne soit redevable à une autre, à
quelque chose. C’est justement à ce niveau que l’obligation rejoint aisément le Devoir
qui vient du debere et signifie tenir quelque chose de quelqu’un, lui être redevable,
ou encore avoir des dettes envers quelqu’un. Au sens de Hegel « ce qui peut être
juridiquement exigé est une obligation » 66 . Pour Kant « (diepflicht) le devoir est la
nécessité d’accomplir une


La loi

La notion de loi est polysémique. On lui confère un sens selon le domaine. Toutefois,
deux grandes sortes de lois : lois comme nécessités immanentes et lois comme
critères transcendants.

a. Lois comme nécessités immanentes (ou lois éternelles)

Ce sont des lois générales qui gouvernent l'univers et en vertu desquelles les
phénomènes se reproduisent toujours de la même manière. Exemple : la loi de la
gravitation en vertu de laquelle la terre tourne autour du soleil fidèlement ; la loi de
la pluie (Job 36.26- 28 : « Oui, Dieu est si grand qu'il dépasse notre science, et le
nombre de ses ans reste incalculable. C'est lui qui réduit les gouttes d'eau, pulvérise
la pluie en brouillard. Et les nuages déversent celle-ci, la font ruisseler sur la foule
humaine »). Ces lois sont inchangeables. C'est ce que Thomas d'Aquin a appelé « la
loi éternelle ». Mais aussi la Bible applique ce terme à la nécessité qui pousse les
hommes à mal faire (Rom 7.19-23). Cette loi du péché est comparable à celle de la
pesanteur7.

b. Lois comme critères transcendants (ou en d'autres termes, lois naturelles ou


morales)
5
5 . KANT(E), O.P action par respect pour la loi » . Ainsi, cette définition kantienne du devoir est beaucoup plus
morale que juridique. Puisque la loi dont parle Kant est la loi morale.
6
6 HEGEL, Propédeutique Philosophique ; Doctrine des devoirs ou Morale, éd. De minuit, p. 61, cité
par Jacqueline RUSS, Dictionnaire de Philosophie, BORDAS /VUEF, Paris, 2002, P.197
7
Pesanteur : en physique, c’est la force d'attraction qui entraîne les corps vers le centre de la Terre.
7

Il s'agit des lois qui ne sont pas inscrites dans l'organisme, mais qui sont proposées
de l'extérieur. C'est, selon Aristote, « la règle de justice qui est valable partout,
indépendamment de toute opinion personnelle » 8 . Elle est d'une application
universelle. Elle est connue de tous les peuples du monde entier (Rom 2.14s). Malgré
la dépravation de l'homme par le péché, il a cette connaissance. DIEU voulait
demeurer en relation avec sa créature bien-aimée (Gn 2. 16-17).

C. la loi positive ou civile.


Du latin "lex" qui désigne une motion faite par un magistrat devant le peuple. Cette
définition est plus civile ou positive c'est-à-dire que la loi est l’émanation d’une
autorité souveraine« règles impératives émanant d’une autorité souveraine ; il s’agit
de la loi positive destinée à régir une société donnée » 89 .

d. La loi scientifique

Il s'agit des lois établies par les savants en fonction de la connaissance des
comportements humains. Exemple, la loi positive. Elle est appelée ainsi parce qu'elle
est « établie par l'autorité légitime en vue du bien de la communauté ». Elle est donc
le fait des autorités civiles de tout pays organisé, pour l'ordre social. Mais si cette loi
s'oppose à la loi naturelle, elle n'est plus valable; des citoyens peuvent alors résister à
l'autorité. Les Chrétiens ne peuvent pas tolérer non plus qu'elle s'oppose à la loi
divine (Act 4.19).

1.4 Les différentes branches de l’éthique

Comme toutes les sciences, l’éthique en tant que discipline philosophique, qui règle
le comportement de l’homme dans la société, est complexe et comprend différents
champs. Elle n’est pas réductible à une seule approche. L’éthique se subdivise en
plusieurs branches que l’on essayera d’aborder. Elle trouve son articulation dans
divers champs d’action dont nous avons trois principaux. J. C.Billier (2010, p. 9), nous
en donne la précision : Celui tout d’abord de l’éthique normative, c’est-à-dire de
l’éthique en tant qu’elle propose des normes, qui, par définition, prescrivent, ce qui
est « bien » ou « mal », « ce qu’il faut faire » et « ce qu’il ne faut pas faire »… Celui,
ensuite, de la méta-éthique qui est à l’éthique normative ce que l’épistémologie est
aux sciences : elle est l’étude des concepts, des jugements et des raisonnements
moraux. Cette distinction de Billier dégage des domaines de l’éthique en termes de
8
Lacuevap.39. 11
9
KANT (E). Op.cit. p.40 8 Russ (Jacqueline), Dictionnaire de philosophie, BORDAS. P. 165
8

fonctionnalités. L’éthique normative prescrit. La méta-éthique analyse, réfléchit. Le


troisième domaine de l’éthique est celui de l’éthique pratique dite « éthique
appliquée ». Il dit à ce propos : Ce que l’on désigne en fait par « éthique appliqué »
revient généralement aux questions spécifiques posées aux éthiques normatives par
des domaines particuliers de la vie morale : l’éthique médicale, la bioéthique,
l’éthique sexuelle, l’éthique des affaires, l’éthique militaire, etc. il s’agit donc de
penser alors la relation spéciale qu’entretient une profession ou une pratique avec les
éthiques normatives ». (J. C. Billier, 2010, p. 10)

En clair, l’éthique est un univers pluriel. L’éthique est une somme d’éthiques qui
répondent de préoccupations diverses. L’éthique normative et la méta-éthique
appartiennent à la philosophie et s’intéressent aux fondements de la morale. On les
regroupe dans la philosophie morale. L’éthique appliquée est le champ que se
partagent des spécialistes de plusieurs disciplines. Il ne porte pas sur les fondements
de la morale, mais sur des situations concrètes soulevant des enjeux éthiques. Dans
ce champ l’accent est mis sur le soutien à la prise de décision face aux enjeux concret
tant du point de vue de la forme et du processus décisionnel que du point de vue des
valeurs et principes en jeu et de leur rapport entre eux.

1.5 Éthique et morale : termes synonymes


Le terme éthique vient du grec (èthos ou éthos), tandis que le mot morale vient du
latin (mos-moris), l'un et l'autre désignant les mœurs, la conduite de la vie, les règles
de comportement. Étymologiquement, leur sens est identique. Historiquement, ils
ont d'ailleurs été employés l'un pour l'autre. Jusqu'à une date récente dans l'histoire
de la philosophie, affirme Vincent Descombes, il ne semble être venu à l'idée de
personne de se servir de ces mots dans des sens opposés10Plusieurs philosophes les
emploient encore régulièrement l'un pour l'autre.Leur sens est d'ailleurs assez large :
il concerne le bien et le mal; il désigne ce qu'on doit faire ou ce qu'il convient de faire,
par opposition à ce qui est (les moeurs) et à ce qui est faisable (le techniquement
possible). Il renvoie à l'agir humain, aux comportements quotidiens, aux choix à
faire, et donc aux normes de comportement, voire aux valeurs et aux fins.

Le mot éthique renvoie à une théorisation et à une réflexivité, celui de la morale


désigne, par contraste et en articulation avec lui, le champ de l'agir concret et tout le
système des habitudes d'action et des normes pratiques communément reçues dans
le groupe humain considéré. Dans ces conditions, il est clair que ni l'une ne pourra
aller sans l'autre, ni l'autre sans l'une : la morale concrétise le matériau même de
l'éthique, et l'éthique ne sera que la reprise réflexive et l'élaboration critique de la
10
(Magazine littéraire, janvier 1998, p 40).
9

morale vécue. Cela dit, c’est aussi un fait dont il s'impose de tenir compte que, d'un
côté, les pratiques et comportements humains et, de l'autre, les théories et les
disciplines réflexives qui se proposent de les penser, ne sont pas réductibles à ce
qu'en peuvent désigner respectivement la morale et l'éthique telles qu'elles viennent
d'être rapidement présentées. Il y a une équivalence entre les deux termes. Il s'est
produit en effet une sorte d’osmose : d'une part, l'éthique est devenue plus qu'une
science des comportements, plus que la description d'un ethos donné, car elle
comporte un jugement moral ; inversement, ce que nous appelons communément
morale, ce sont les principes éthiques (voire les simples "règles" de déontologie),
c'est-à dire la codification des usages louables.

1.6 Classifications de morale et éthique selon les énoncés en trois catégories

Morale ou éthique fondamentale

La morale fondamentale formule des énoncés éthiques universels, communs à toutes


les cultures et à toutes les théories éthiques. Ces énoncés forment les conditions
nécessaires à toute vie en société. Ils constituent les fondements de tout consensus
pluraliste. Ils recouvrent les mêmes interdits ou principes fondamentaux, bien que
fondés différemment, dans chaque culture. Malgré des désaccords sur les
fondements, ils s'imposent d'eux-mêmes. Ils ne requièrent, à la limite, pas d'adhésion
formelle, la loi civile les fait appliquer et respecter. Ils portent sur la violence et la
mort (interdit du meurtre), sur la sexualité (interdit de l'inceste) et sur le langage
(interdit du faux serment ou du mensonge). On peut être en désaccord sur les
arguments avancés par certains pour fonder ces principes, mais pas sur le fait qu'ils
sont au fondement de toutes les relations humaines.

Morale ou éthique particulière

A l'opposé on trouve des énoncés éthiques particuliers qui sont intimement liés à une
argumentation et un fondement propres à un groupe ou une foi. Ils réclament une
adhésion à l'ensemble des éléments de la doctrine pour être acceptés et mis en
pratique. On peut mentionner comme exemple le refus des transfusions sanguines
chez les témoins de Jéhovah. L'accord sur ces règles n'intervient que si l'on partage
l'argumentation et le fondement qui les sous-tendent, et finit par devenir la marque
de l'adhésion à ce groupe particulier. 4

Morale ou éthique ouverte

Entre ces deux pôles d'énoncés universels et particuliers se trouve une large étendue
parsemée d'énoncés dont le rôle et la place sont en discussion. Cette étendue est
10

l'image d'un champ de bataille où les énoncés se placent et se déplacent en cours de


débat selon la force des arguments avancés et contrés. Ces énoncés sont discutés, car
certains veulent leur attribuer une place proche des énoncés universels (les faire
passer dans la loi civile, par ex.), alors que d'autres voudraient les reléguer dans une
zone moins en vue (laisser leur application au seul jugement personnel par ex.). Le
consensus se dessine lorsque toutes les parties se mettent d'accord sur le lieu que doit
occuper un énoncé éthique (si l'acte relève de la loi civile ou de la conscience
personnelle, s'il doit être interdit, toléré ou encouragé). La discussion de ces énoncés
et la recherche du consensus forment le cœur du débat éthique. Cette typologie ne
permet pas une classification automatique des énoncés éthiques. En effet, il faut
remarquer que, selon l'apparentement à telle ou telle théorie éthique, un problème
éthique peut être placé à des endroits différents.

Ainsi l’Eglise catholique romaine placera l'interdit de l'avortement dans les énoncés
universels, alors qu'un défenseur de la pensée laïque, ou certains protestants, le
verront dans les énoncés en débat. Cette typologie permet cependant de voir que le
consensus recherché n'est pas spécialement lié à un accord sur l'origine du
fondement ou sur le type d'argumentation proposé, mais dépend du rôle et de la
place que l'énoncé éthique peut se voir attribuer. La spécificité du point de départ
n'est pas un obstacle à un consensus pragmatique. La traduction d'un langage
éthique dans un autre n'est pas impossible aux niveaux des énoncés universels et des
énoncés en débat. Pour une éthique ouverte, il convient de s’efforcer de toujours se
situer à ces deux niveaux, de manière à laisser toujours la porte ouverte à un
consensus. Cela ne signifie pas qu’on diminue en quoi que ce soit la part théologique
des fondements qu’on énonce. Il faut laisser le lecteur apprécier si nous avons pu en
faire la démonstration dans notre exposé.

1.7 Éthique et morale : termes distincts

Théologiens, philosophes et autre spécialistes des diverses sciences de l’homme se


sont amplement disputés, et en vain, pour définir l’objet de l’Ethique en tant que
discipline autonome, délimiter son domaine et préciser l’attitude scientifique de
l’éthicien. Pour les uns, l’éthique ne saurait être qu’une étude des mœurs, des
coutumes, des habitudes de vie d’une société ou d’un individu. Pour les autres,
l’éthique n’est que la science de la morale ou l'art de diriger la conduite. . Faut-il faire
une différence entre éthique et morale, et, si oui, laquelle ? C'est un fait que, dans
notre tradition culturelle, le sens précis du mot éthique ne saurait être énoncé
indépendamment de celui que l'on donne d'autre part au terme, apparenté, de «
morale ». Selon P.Ricoeur, il faut distinguer entre éthique et morale et réserver le
terme d’éthique pour tout questionnement qui précède l’introduction de l’idée de loi
morale. Par morale, on entend d’ailleurs tout ce qui dans l’ordre du bien et du mal, se
rapporte à des lois, des normes, des impératifs. Depuis une trentaine d'années, on
11

trouve souvent les deux mots éthique et morale dotés d'un sens opposé ou, du
moins, de nuances particulières.

1. Valorisation du mot « éthique ». Pour certains auteurs et utilisateurs, marqués sans


doute par la dominance du mot « morale » en Occident, la morale renvoie à un
système fermé de normes, à une approche conservatrice, religieuse, où s'imposent
l'obéissance et la soumission, alors que le mot éthique concerne le questionnement,
l'ouverture d'esprit, l'approche séculière et prospective de l'agir. Pour se distinguer
de la morale catholique, certains protestants ont privilégié le mot éthique. De même
que, pour la distinguer de la morale religieuse, certains auteurs récents ont misé sur
la racine grecque du mot éthique pour désigner la réflexion humaine, d'ordre
philosophique, sur l'agir.

D'autres ont tendance à réserver au mot éthique la réflexion sur les questions
fondamentales (fin et sens de la vie, fondement de l'obligation, nature du bien et du
mal, rôle de la conscience morale) et à renvoyer à la morale l'application, le concret,
l'action.

2. Redécouverte du terme « morale ». Dans certains milieux, la popularité du mot «


éthique » a entraîné paradoxalement sa dévalorisation. Celle-ci désigne des règles
minimales qui s'imposent aux membres d'un groupe. Elle devient synonyme de
déontologie. La morale s'en trouve alors revalorisée, elle renvoie aux valeurs et aux
principes universels et stables dont l'éthique ou les éthiques ont besoin pour rester
vivifiantes.

1.8 Les systèmes éthiques mondains

La valeur de ces systèmes réside dans des profits terre à terre.

1. L'épicurisme
Selon le système d'Epicure (341-270 A.C), le but suprême de la vie, c'est le plaisir,
c'est- à-dire, l’absence de la douleur physique et de trouble psychique.
Ce qui revient à dire que tout ce qui procure le plaisir désirable est bon. Où est donc
le caractère éthique ? D'autre part, on peut avoir une obligation à agir en faveur de
quelqu'un. Notre plaisir n'est pas alors le motif déterminant.

2. Le stoïcisme
Quant aux stoïciens, le plaisir est aussi recherché. La différence entre eux et les
épicuriens est qu'ils ne fuient pas la douleur : ils cherchaient le plaisir par la maîtrise
de soi ; il faut endurer patiemment la douleur.
3. L'utilitarisme
Ce système, fondé sur une sorte de pragmatisme, encourage toute action dont le
résultat pratique profite au plus grand nombre, ou mieux encore, procure le plus
12

grand bonheur. Il ne tient compte ni de sa valeur éthique ni de sa motivation. Par


ailleurs, chaque individu est en droit de chercher son propre plaisir.

I.9 les systèmes éthiques transcendantaux

C'est les systèmes où la conduite humaine est liée à la réflexion philosophique.


Voyons deux des plus importants parmi eux : celui de Platon et d'Aristote.
1. L'éthique platonicienne
La construction platonicienne est fondée sur l'idée négative selon laquelle la
matière est mauvaise. Par conséquent le corps est à sous-estimer. Dans son
système éthique, Platon note que dans l'univers tout évolue vers une forme
parfaite. L'homme doit contempler le beau, le vrai et le bien, pour s'élever vers le
monde idéal. Pour y arriver, il faut libérer l'âme des liens du corps. Il y a pour
cela quatre armes :
 Le courage pour mépriser le corps ;
 Par la tempérance maîtriser les désirs, du corps;
 Par la sagesse se détourner du corps pour mieux contempler les idées au lieu des
objets;
 Il faut surtout la justice. C'est seulement dans une telle vue que l'homme se réalise.
Sous le plan collectif ou social, on n'est juste et heureux que quand chacun se met au
service des autres en accomplissant la tâche qui lui incombe dans la société.

2. L'éthique d'Aristote
Chez Aristote, il faut comprendre le principe selon lequel dans l'individu il y a une
énergie, un principe de transformation ou de changement qui lui permet de devenir
quelque chose. C'est « le passage de la puissance à l'acte », c'est-à-dire distinguer
dans un individu, une plante, un animal ce qu'il est actuellement de ce qu'il peut
devenir. Cette vertu en l'homme sommeille encore dans l'âme; c'est la raison. Or,
l'âme tend vers une forme supérieure qui est l'âme pensante, c'est la perfection à
laquelle aspirent peu de gens.

1.10 Le dilemme éthique

1. Qu’est-ce qu’un cas de dilemme éthique

Un cas de dilemme éthique est une situation spécifique ou des individus se trouvent
face à un « conflit de valeurs ». Il s’agit de situations ou les valeurs et les principes
entrent en opposition et rendent les décisions difficiles. Dans un dilemme éthique
l’individu se trouve divisé entre de principes ou des valeurs auxquels il accorde de
l’importance. Les dilemmes éthiques comportent en elles des enjeux éthiques.
13

2 Comment aborder un dilemme éthique ?

Une chose qui a de la valeur est supérieur à d’autres sous certains aspects, elle et
désirable, elle a de l’importance. Dire qu’une chose a de la valeur suppose donc
l’évaluer et de la comparer avec d’autres choses. Il ne s’agit pas nécessairement de
spéculer sur son prix ou de li faire passer un test. Mais d’évaluer et comparer la
valeur sentimentale des choses. De la même manière, les valeurs morales ou
éthiques peuvent être comparées et classées selon leur importance. Pour exemple
citons la générosité et la justice sont des valeurs primordiales pour bien de gens,
plusieurs considèrent la justice plus fondamentale que la générosité. Face à un
dilemme éthique où les valeurs s’opposent, on essaie d’ordonner celles-ci en
fonction de leur importance. Il d’agit en fait de faire une hiérarchisation des
valeurs. Celle-ci permettra d’identifier la bonne action à poser : la meilleure
solution au dilemme cherchera à concilier les valeurs par ordre de priorité. Dans
la solution d’un dilemme éthique, la valeur ou le principe primordial occupe la
place centrale mais la ou les autres valeurs ne sont pas misent de côté pour autant
: on cherche aussi à les promouvoir dans la mesure du possible.  Il arrive que
l’on n’arrive pas à concilier les différentes valeurs en oppositions dans le cas où
on a affaire à un choix binaire. Alors seule la valeur primordiale sera retenue.  Il
arrive aussi que l’on ne puisse ou ne parvienne à hiérarchiser les valeurs : il s’agit
dans ce cas de négocier un compromis entre celles-ci. L’éthique conduit à se
demander : « quels sont les valeurs et les principes les plus importants ? Et
pourquoi le sont-ils ?

3. Les principes d’engagement d’un chrétien

L’ éthique chrétienne se fondera sur les principes doctrinaux suivants:


1. L'humanité pécheresse a, dans une certaine mesure, l'image de Dieu. Par
conséquent, les hommes éprouvent un vide. Conscient de cet état de fait, le croyant
comme son maître (Mat 9:36), doit éprouver de la compassion pour eux et leur
apporter ce qui leur fait défaut: la vie en Christ.
2. La grâce générale de Dieu pour le monde est évidente. Elle se manifeste « dans
tous les domaines du travail, de l'art, de la culture ; toute vérité, toute justice ou
liberté qui s'y trouve est agréable à Dieu. Ce sont des bénédictions de la grâce
commune » qui ne sont pas destinées à disparaître (Apo 21:26 ; Es.60: 11). L'Esprit de
Dieu œuvre dans l'être de l'homme et y maintient à un certain niveau une moralité
(2Thes 2:7 ; Gen 20:2-4). Mais seul le chrétien peut pratiquer les vertus de haut degré
(Phil 4:8).
3. Le chrétien, convaincu, responsable, doit agir pour toute bonne œuvre (la paix, la
vérité, la justice), mais doit s'élever contre tout ce qui entrave le bonheur des hommes
14

(la violence, l'injustice, l'exploitation de l'homme, la guerre, le chômage, etc.). Sa


position peut souvent susciter des mécontentements contre lui. Mais il doit accepter
cela, c'est normal (2Tim 3:12)!

a
CHAP II LES CHAMPS DE L’ÉTHIQUE ET LA DÉONTOLOGIE

2.1 La déontologie

L’éthique se distingue de la déontologie mais celle-ci peut être une éthique


appliquée. Qu’est-ce donc la déontologie ? Le terme « déontologie » vient du grec
(deontos) qui veut dire « devoir ». Le mot « déontologie » (du grec deon-deontos)
désigne lui aussi des règles, devoirs et obligations. Il est rarement synonyme
d'éthique et de morale. Le plus souvent, il est utilisé pour traduire l'idée de devoirs,
d'obligations, et des prescriptions concrètes par opposition à l'analyse et la réflexion.

Dans son sens courant, il renvoie aux obligations que des personnes sont tenues de
respecter dans leur travail. Il peut s’agir de travailleurs d’une même profession, de
personnes au service d’un même employeur ; de gens exerçant des fonctions
professionnelles semblables ; ou encore de travailleurs d’un même secteur. Les
obligations partagées par un groupe reflètent des valeurs ou des principes jugés
fondamentaux. On les consigne parfois en code de déontologie. Aussi appelé « la
morale professionnelle ». Bien que très présente dans divers milieux professionnels,
beaucoup de travailleurs ne sont pas encadrés par des codes.

On l'emploie principalement dans deux contextes différents :

1) le premier, d'ordre philosophique, pour désigner une approche ou une


théorie morale qui insiste sur le devoir, l'obligation (par exemple chez
Kant) par opposition à une morale centrée sur le bonheur, les valeurs ou
sur la seule utilité;

2) le second contexte, plus commun, pour désigner les règles et devoirs


propres à l'exercice d'une profession ou au fonctionnement d'une entreprise.
On parle alors communément de déontologie professionnelle, déontologie
médicale, déontologie des affaires.

2.2 Rapport éthique et déontologie

La déontologie représente un ensemble d’exigences et de règles propres à un


domaine particulier ou une profession. Ces règles sont établies sur un socle de
15

valeurs morales et de normes éthiques. Dans cette foulée, l'expression fréquente «


code de déontologie » désigne un ensemble de règles que se donne une corporation
ou une entreprise pour régir les rapports de ses membres avec les autres et
promouvoir sa propre image à l'extérieur. La déontologie est mise en place dans des
codes de bonnes pratiques. Elle contribue à une identité professionnelle et à sa
stabilisation.11

2.3 Rapport Déontologie et droit

Tout en comportant une part d'éthique, le mot s'éloigne alors de l'éthique (l'exigence
éthique personnelle) en ce qu'il renvoie à des valeurs et des règles, plus ou moins
restreintes, faisant largement consensus parmi les membres et approuvées par
l'autorité professionnelle. Il se rapproche du droit. Le droit dit ce qui est permis ou
défendu, sans avoir la charge de définir la valeur des actes ou les notions de bien et
de mal. Le droit gère le « vivre ensemble » ; il a donc une fonction très structurante
de la société,12 ses règles sont sanctionnées par l'autorité publique.13»

2.4 Les rapports entre la morale et le droit14

Le Code d'Hammurabi (vers 1750 av.J.-C.) est l'un des plus anciens textes de loi qui
nous soit parvenu, le premier quasiment complet. Les lois de ce code organise les
groupes sociaux, la famille, l’armée, la vie religieuse et la vie économique. Elles
traitent toujours de situations très précises. En fait ce n'est pas vraiment un ensemble
de loi mais plutôt une liste d'exemple d'arrêt de justice rendu par Hammurabi;« La
morale va au devant de l’action, la loi l’attend » F .R de Chateaubriand. La morale et
le droit se rejoignent, car c’est grâce à elles que s’organise notre vie sociale.

Le droit n'est donc pas indépendant des valeurs éthiques ou morales. La morale
désigne les principes de jugements et de conduites qui s‘imposent à la conscience
individuelle ou collective comme fondés sur les impératifs du bien. C’est un
ensemble de règles, d’obligations, de valeurs.
Le droit et la morale sont tous deux les instruments de régulation de la société,
établissant les règles auxquelles l’obéissance facilite la coexistence des individus.

11
Le code de déontologie de l’Ordre national des médecins rassemble et codifie l’ensemble des devoirs professionnels de ces
derniers. Il est intégré au Code de la santé publique et s’impose à tous les médecins dans leur pratique quotidienne.
12
Montesquieu disait que la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent).(Abrité par la Ligue contre le
cancerwww.ligue-cancer.net
13
Théorie générale du droit, Bruxelles, Édition Émile Bruylant, 1953
14
Fondation Jean Piaget
[Texte de 1944. Pagination conforme à la nouvelle publication de ce texte dans les Études sociologiques, Genève, 1965.]
16

Contrairement à la morale qui concerne l'intériorité et fait appel aux attitudes


personnelles et convictions propres, le droit ne se préoccupe que de l'observance
extérieure. Les lois civiles définissent le permis et le défendu, en vue de rendre
possible un vivre-ensemble dans une société pluraliste. Loi morale permet et interdit
à l’homme certains comportements, non pas pour le seul motif que ces
comportements seraient sanctionnés par le droit, mais parce qu’ils sont indignes de
l’homme. Cependant, les sociétés contemporaines sont caractérisées par les
pluralismes éthiques (on n’est pas obligé de penser tous la même chose ni d’avoir la
même culture). Ce n’est qu’à partir du moment où on peut rejeter les normes qu’on
rejette la morale

Située bien en amont des lois civiles, la loi morale définit le bien et le mal, en
commandant de faire le premier et de rejeter le second. Cependant, il faut prendre en
compte le fait que Chaque individu a sa morale, qui est fortement influencé par sa
religion, sa culture, ses origines : tous ne suivent pas forcément la loi morale. D'où la
nécessité des lois civiles ( le droit )

La distinction droit-morale est une nécessité. Le malheur est que l'on perçoit souvent
mal cette complémentarité. D'un côté, le législateur laisse tomber certaines valeurs.
D'un autre côté, les individus ont souvent tendance à vouloir imposer leur morale au
législateur sans tenir compte de la pluralité. 15
2.5 Différence entre morale et droit
a) Ce qui est immoral peut être juridiquement permis, et ce qui n est pas permis en
droit peut être moralement bon. Certains droits n’ont aucun contenu moral. par
exemple, dans la gestion des flux migratoires, d’un côté la loi morale affirme que la
terre est à tous et donc que "les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir
autant que faire se peut l’étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu’il
ne peut trouver dans son pays d’origine "; de l’autre les lois et règlements que sont
amenés à prendre les responsables politiques d’un pays qui "ne peut pas accueillir
toute la misère du monde" !

b) la loi ne condamne pas nécessairement tout ce qui est immoral, encore moins
n’impose pas tout ce que la morale exige, à plus forte raison tout ce qu'exige la
morale particulière d'un individu ou d'un groupe.

c) Quant à leurs contenus


Contradiction entre règle moral et règle juridique (ne pas rendre de l’argent car au

15
Voir Guy Durand, Six études d'éthique et de philosophie du droit, Liber, 2006, pp 15-26 et 40-48; Une éthique à
la jonction de l'humanisme et de la religion. La morale chrétienne revisitée, Fides, 2011, pp 81-98 et 348-350
17

bout de 5 ans, si on ne réclame pas, plus de dette (immoral), et contradiction entre


règle de droit et règle moral (aucune connotation morale)

d)Influences réciproques
1. La morale rode autour du droit
Certaines règles de droit consacrent une règle morale (le vol, mauvais traitement des
enfants). Le droit est soutenu par la morale ( bonne foi, bon père de famille, bonne
mœurs).C est à dire par une Forte influence morale

2. Le droit rode autour de la morale


Le droit c’est la tradition de l’évolution des mœurs. La morale a changé car le droit à
changé Le droit (travail des enfants, peine de mort) a fait changer la morale.

La règle morale conduit à la perfection de l’individu (soyons des saints) alors que la
règle de droit est un régulateur de la vie sociale. (vivons ensemble)

2.5 Fonctions de la déontologie

Les codes, généralement fixés par les ordres professionnels, exercent deux fonctions
principales

: - Protéger le public

- Préserver la réputation des travailleurs.

2.6 .Quelques devoirts sociaux du croyant


Ces relations trouvent leur fondement éthique dans la Bible (Eph 6.5-9 ; Col 3.22-25 ;
4.1).
a)Maitres et serviteurs
1. Serviteurs ou employés
Leur comportement au travail ou au service de leurs maîtres doit être inspiré par la
crainte de Dieu. Les conséquences d'un tel comportement sont: conscience
professionnelle, sens de responsabilité et honnêteté (Eph 6.5-8 ; Col 2.22-25).
2. Maitres
Quant aux maîtres, patrons ou chefs, conscients qu'ils sont eux-mêmes serviteurs du
plus Grand Maître; ils doivent se comporter avec justice et égards envers leurs
serviteurs (Eph 6.9 ; Col 4.1). Les contrevenants sont sévèrement menacés (Jac 5.1-6).

b) Le respect de la réputation d’autrui


18

La dignité d'un homme dans son milieu de vie dépend de sa réputation. Aussi est-il
écrit: « La réputation est préférable à de grandes richesses » (Pro 22.1). Or, des
chrétiens, même des plus « puritains » en d'autres domaines, ont tendance à ne pas
prendre au sérieux ce « capital social » et à exposer les faiblesses, des chutes secrètes
d'un frère ou d'une sœur. L'exigence éthique est que tout chrétien digne de ce nom
évite tout ce qui pouvait porter atteinte à la réputation d'autrui. Une inexactitude
rapportée à la légère, « peut causer des préjudices » car on ne le ferait pas sans
offenser le Seigneur Lui-même (Rom 14.1-4 ; Act 9.4 ; Mat 25.45).

c)L’intégrité et la responsabilité dans son milieu professionnel

« Chrétien », ce n'est pas un simple nom, c'est la manifestation de la vie transformée


dans tous les domaines (1 Pie 1.15). Dans son milieu professionnel, le chrétien se doit
d'être: intègre, responsable, compétent; il doit produire un rendement normal,
pratiquer la justice en payant « équitablement ses employés, gérer honnêtement son
commerce ».

CHAPITRE III: L'ETHIQUE CHRETIENNE

Au travers de toute la Bible, l'A.T. et le N.T., Dieu se révèle. Cette révélation est liée à
deux réalités. Dieu se révèle parce que l'homme, par sa nature morale, peut obéir à Sa
Volonté ; Mais aussi, Dieu se révèle à l'homme comme un élu qu’il veut conduire à la
perfection (2Tim 3.16 ; Gal 5.22).

3.1 LES PRESUPOSES ETHIQUES FONDAMENTAUX

3.1 .1 L'homme a une nature morale

L'éthique hébraïco-chrétienne, qui enseigne que l'homme est un partenaire privilégié


de Dieu, créé à l'image de Dieu, atteste que la nature morale de l'homme est un
aspect de cette image.

DIEU CREA L’HOMME A SON IMAGE


Comment comprendre cette importante déclaration ? Il faut d’abord considérer le
très grand soin que Dieu a pris à la création de l'homme, par rapport à celle des
autres créatures :
a) en ce qui concerne la création de l'homme, le v.26 de Genèse 1 semble indiquer un
conseil : « faisons... »;
b) Dieu créa l'homme, non seulement par sa Parole, mais il a travaillé de ses mains : «
l'Eternel Dieu forma l'homme... » (v.27 ; Gn 2.7). On est en droit de penser que,
puisque l'homme est corps, âme et esprit, symbolisant ainsi la trinité divine, il est à
l'image de Dieu. Ou encore, parce qu'il 20 est un être intelligent et moral, doté d'une
capacité de réflexion, de dominer sur l'univers. C'est vrai, mais il y a plus. C'est
19

surtout, parce que justement, ayant une âme dotée d'esprit, l'homme est capable de
communiquer avec Dieu, son Créateur, c'est un être religieux. En bref, il est le vis-à-
vis de Dieu. Mais cette image de Dieu en l'homme va être détériorée à la suite du
péché. Cela se traduit par l'attitude d'Adam et d'Eve (Gen 3.8). C'est le point de
départ de tous les désordres moraux (Gen 3.12- 13). Mais, grâce à la compassion de
Dieu, l'homme ne va pas toujours demeurer dans cet état.

DIEU RESTAURE SON IMAGE DANS L’HOMME


La restauration de cette image est une œuvre commune de la Sainte Trinité (1 Pi 1.2).
Les croyants que Jésus-Christ a réconciliés avec Dieu le Père, sont habités et mis à
part par l’Esprit Saint. Il les vivifie (Jn 6:63) et les rend «semblables à l'image de Son
Fils » (Rom 8:29). Cette œuvre en l'homme est indispensable à une conduite éthique.

3. 2 L'ETHIQUE DANS L’ANCIEN TESTAMENT

1. Le monothéisme
Dieu, en effet s'est révélé au peuple d'Israël dès les origines, comme étant le seul Dieu
véritable (Deut 6.4 : « Ecoute, Israël ! L’Eternel, notre Dieu, est le seul Eternel. ») 9
L'éthique qu'exprime la loi de Moïse n'est donc pas antérieure à celle-ci, mais elle est
bien fondée sur le caractère révélé de Dieu. Elle est l’éthique du Dieu Saint qui veut
être servi par un peuple saint (Lev 19.2; 20.26). L’homme, en tant que gérant de Dieu
(Gn 1.28), ne peut pleinement jouer ce rôle que par l'obéissance à la volonté de Dieu.
L'A.T. appelle « péché » l'absence de cette obéissance, même si d'autres le minimisait.
Dieu, par Sa Parole, a instruit l'homme sur sa responsabilité morale devant Dieu. Il
est donc en droit de châtier la violation de Son ordre par l'homme (Amos 3.2 : « Je
vous ai choisis, vous seuls parmi toutes les familles de la terre; C'est pourquoi je vous
châtierai pour toutes vos iniquités. »
Le caractère éthique de l'Alliance de Dieu avec son peuple apparaît sous les traits
symboliques d'un mariage. Les implications personnelles et sociales de cette Alliance
sont grandes (Lev 19.18,33 ; Deut 22.8 ; 15.12-18 ; Exo 22.25- 27). Mais cette Alliance
ne faisait qu'annoncer la Nouvelle (Jér 31.31-34). La dimension se retrouve dans les
deux Alliances : Israël est saint en tant que peuple. Le N.T. reprend cela en termes de
« corps » de Christ, l'Eglise est sainte en tant que corps de Christ.

2. La loi du peuple d'Israël

a. La Torah

Le mot hébreu « Torah » (=loi) comporte le sens de direction. Il désigne un ensemble


de prescriptions divines touchant à la vie morale, sociale, spirituelle et culturelle. En
bref, c'est l'expression de la volonté de DIEU qui régit son peuple (Ps 78.1 : « Mon
20

peuple, écoute mon enseignement, sois attentif à ce que je vais dire. ») A la différence
de la loi établie par les hommes, elle englobe la vie humaine dans sa totalité. Elle est
en outre immuable (Mat 5.17 : « Ne pensez pas que je sois venu supprimer la loi de
Moïse et l'enseignement des prophètes. Je ne suis pas venu pour les supprimer mais
pour leur donner tout leur sens. ») La loi a pour rôle essentiel de traiter des rapports
entre DIEU et les Israélites comme étant un peuple de rachetés. Ce sont des rapports
de dépendance à DIEU par son Alliance de grâce. Elle joue donc un double rôle : en
révélant la volonté de DIEU et comment il veut être servi, la loi fait connaître à
l'homme son état de péché (Rom 4.15 ; 7.13).

b. Le Décalogue (Exo 20.1-17 : Deut 5.6-21)

Le Décalogue, qui veut dire « dix paroles », est la reproduction des lois que
l’ETERNEL a écrites lui-même sur les deux tables de pierre (Deut 5.22b). Les trois
premiers commandements traitaient des rapports verticaux entre DIEU et les
hommes (v.3-7) ; le quatrième a un caractère religieux, il comporte une valeur
importante pour l'homme. Les six autres commandements traitent des rapports
horizontaux ; ils ont un objectif social. Mais le cinquième a, à la fois un sens religieux
et social.
Le prologue d’Exode 20 présente DIEU comme étant Souverain, ayant tout droit sur
les Israélites. En retour, ils ont une dette de reconnaissance et une obligation envers
DIEU: c'est l'adoration de ce DIEU unique, dune façon désintéressée. C'est le
fondement de la théologie et de l'éthique de l'A.T. et du N.T. Cela se manifeste par le
respect et la pratique de la justice (Lév 11.44 ; 1 Pie 1.15-17). Les parents devaient
perpétuer la connaissance de DIEU (Deut 4.9s ; 6.7 ; 11.19). En effet, de la crainte de
DIEU découlait beaucoup de valeurs humaines : la sagesse (Proverbes), le respect
des aînés et celui de la vie humaine. La vie humaine est sacrée puisque l'homme est
créé à l'image de DIEU. Aussi, « l'homicide est un des péchés les plus graves »
condamnés par toute la Bible (1 Jn 3.15 : « Quiconque a de la haine pour son frère est
un meurtrier. Or vous savez qu'aucun meurtrier n'a de place en lui pour la vie
éternelle »). Mais ce commandement fait exception à la peine de mort (Exo 21.12 : «
Celui qui frappe et tue un être humain doit être mis à mort ») et à la guerre
(Deut.7.2 ; 20.13-18) dans l'exercice de la justice. La peine de mort exercée contre les
adultères consiste à protéger la vie familiale ( Lév 20.10). Cela montre du reste la
haute conception biblique du mariage (Gen 2.21-24 : Alors le Seigneur Dieu fit
tomber l'homme dans un profond sommeil. Il lui prit une côte et referma la chair à sa
place. Avec cette côte, le Seigneur fit une femme et la conduisit à l'homme.En la
voyant celui-ci s'écria : « Ah ! Cette fois, voici quelqu'un qui est plus que tout autre
du même sang que moi ! On la nommera compagne de l'homme, car c'est de son
compagnon qu'elle fut tirée. » C'est pourquoi l'homme quittera père et mère pour
s'attacher à sa femme, et ils deviendront tous deux un seul être).
Le troisième commandement mérite aussi quelques réflexions (Exo 20.7 : « Tu ne
prononceras pas mon nom de manière abusive, car moi, le Seigneur ton Dieu, je tiens
21

pour coupable celui qui agit ainsi »). Par souci de mise en pratique de ce
commandement, les Juifs cherchaient et cherchaient encore à éviter de prononcer le
nom de DIEU ou de jurer par ce nom. Or, cela était recommandé (Deut 10.20 : «
Respectez le Seigneur votre Dieu, adorez-le, attachez-vous à lui seul, et ne prêtez
serment qu'en son nom »). L'enjeu ici, c’est l'accomplissement d'une promesse faite
au nom de DIEU (Ps 24.4 : « L'innocent aux mains nettes | et qui a le cœur pur, qui
ne se tourne pas | vers le mensonge, et qui ne jure pas | pour tromper son prochain
»). C'est pour cela que le Seigneur JESUS dit de ne pas jurer (Mat 5.33), puisque les
Juifs se cachaient derrière ce commandement pour tromper. Ils profanaient ainsi le
nom de DIEU. Or, selon la conception du peuple saint, comme chez les autres
primitifs, le nom d'une personne est la synthèse de sa personnalité (1 Sam 25.25).
Ainsi, dans le nom de DIEU réside Sa puissance: par son nom, l'ETERNEL est
présent. Voilà pourquoi, il ne faut pas profaner ce nom.

2. L'enseignement éthique des prophètes de l'A.T.

a. L'aspect éthique du message des prophètes

Le mal grossier et mortel que les prophètes reprochaient aux peuples de DIEU, c'est
d'avoir abandonné DIEU. Cet abandon se manifeste sous deux formes : l'apostasie et
le légalisme. L'apostasie, qui veut dire, abandon de la foi (du vrai DIEU), se
manifeste par l’adoration des dieux étrangers (Esa 59.13). Jérémie décrit
remarquablement cela sous une forme imagée dans 2.13 : « Mon peuple a commis
une double faute : il m'a abandonné, moi la source d'eau vive, pour se creuser des
citernes ; et ce sont des citernes fissurées, incapables de retenir l'eau ! » Mais en même
temps qu’ils pratiquaient l’idolâtrie, Israël offrait des sacrifices à Dieu (Amo 4.4ss).
Ainsi les cultes rendus à DIEU et toutes les cérémonies religieuses perdaient leur
contenu (Mat 15.8 ; Esa 29.13 : « Le Seigneur a dit de ce peuple : Il n'est proche de moi
qu'en paroles, c'est du bout des lèvres qu'il m'honore. Mais de cœur il est loin de moi.
Le respect qu'il dit avoir pour moi n'est qu'une tradition humaine, une leçon apprise
»). Ceci nous aide à bien comprendre la déclaration lourde de contenu de notre
Seigneur Jésus dans Math 7.21-23 : Ce ne sont pas tous ceux qui me disent :
“Seigneur, Seigneur”, qui entreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux
qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Au jour du Jugement,
beaucoup me diront : “Seigneur, Seigneur, c'est en ton nom que nous avons été
prophètes ; c'est en ton nom que nous avons chassé des esprits mauvais ; c'est en ton
nom que nous avons accompli de nombreux miracles. Ne le sais-tu pas ?” Alors je
leur déclarerai : “Je ne vous ai jamais connus ; allez-vous-en loin de moi, vous qui
commettez le mal!. Il est facile de montrer, par des pratiques extérieures, qu’on sert le
Seigneur, tout en ayant une disposition intérieure contraire à ces pratiques. Or, c’est à
notre disposition intérieure que DIEU regarde (1 Sam 16:7). Par ailleurs, l’abandon de
DIEU a pour conséquence logique les vices dans la vie de l’apostat.
22

b. L'injustice sociale

Pour mieux comprendre l’injustice, il faut préciser la notion de la justice. Le terme de


justice s'emploie en deux sens: il y a la justice distributive et il y a la justice pure. Par
justice distributive, on entend : « à chacun suivant ses mérites », elle consiste à
proportionner les biens que l'on a à distribuer à la valeur réelle de la personne à
considérer ; elle doit être la vertu de ceux qui ont à distribuer les biens de ce monde :
argent ou salaires, devoirs, honneurs, postes, etc. Quant à la justice pure (ou justice
tout court), il s'agit du respect de la personne humaine, respect égal de toutes les
personnes humaines. Lorsqu'une personne ou une société perd le sens de la justice,
elles n'ont plus de considération pour la juste rétribution ; car il s'installe d'abord
l'amour des richesses et du luxe (Amo 3.15 ; 6.4-6); puis, l'égoïsme sous sa forme la
plus grossière se fait jour (Mich 2.2 ; Cf. 1 R 21. 1-7). C'est ce qui s'est passé en Israël
au temps des prophètes Esaïe, Jérémie, etc. Cette justice se manifestait par
l'exploitation des faibles de la société: les pauvres, les veuves et les orphelins, etc.
(Amo 2:68 ; 8:4-6). Le pire, c'est qu'à la faveur de leurs richesses, injustement
acquises, ils réussissent à pervertir la justice (Esa 59.4 : « Vous déposez au tribunal
des plaintes malhonnêtes, vous y plaidez sans loyauté. Vous vous appuyez sur des
preuves vides, vos arguments sont sans fondement, vous portez en vous le désir de
nuire et n'accouchez que du malheur ») et même les chefs du peuple (Mich 3.1-3). On
le voit, la corruption et d'autres crises morales que connaissent les sociétés du monde
actuel ne datait pas d'aujourd'hui. Les Chrétiens, sel de la terre, ont un rôle à jouer
dans ce domaine (Mat 5.13).

3.3 L'ENSEIGNEMENT ETHIQUE DE JESUS CHRIST

Le Seigneur a accepté de vivre dans un contexte culturel et religieux et dans une


époque donnée. Aussi, pour saisir la signification de l'enseignement du Maître, il
faut le situer dans ce cadre.

1. Sa relation avec la loi


JESUS a déclaré Lui-même qu'il est venu pour accomplir la loi (Mat 5.17 ; Luc 16.17).
Comment l'a-t-il accomplie ? Il se conformait à la loi morale par sa vie parfaite ; il
exigeait de ses disciples une obéissance totale à la loi (Mat 5.19- 20). Se perdant dans
l'interprétation trop détaillée de la loi, les Scribes et Pharisiens mettaient l'accent sur
les détails au détriment de l'essentiel (Mat 23.23 ; 12.9-14 ; 15.1-7). Il est salutaire de
savoir que toute la loi morale se résume en une seule : l'amour (Jn 15.12 ; Rom 13.8-
10). C'est le plus grand commandement qu'il ne faut pas enfreindre (Mat 22.36-40).
Toute action humaine sans amour est comme un squelette. Quoiqu’ayant la forme
d'homme, il n'a pas de vie ! En bref, il faut dire que le Seigneur Jésus a amené la loi
morale à la plénitude, au point qu’elle ne vise pas seulement les actions mais
également les pensées et les désirs. Le Seigneur montre que devant Dieu, la pensée
vaut le fait. Ainsi, la colère équivaut à un meurtre et les regards envieux équivalents
23

à l'adultère (Mt 5.21-30). Ce qui fait encore la particularité de l'éthique du Christ,


c’est qu'elle demande aux enfants de Dieu, une plus grande largesse d'esprit (Mat
5.44-45 : «eh bien, moi je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous
persécutent. 45 Ainsi vous deviendrez les fils de votre Père qui est dans les cieux.
Car il fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons, il fait pleuvoir
sur ceux qui lui sont fidèles comme sur ceux qui ne le sont pas »). Il donne ainsi à la
loi toute sa valeur. Contrairement à la loi juive, le Seigneur donne de la valeur à la
femme, en l'intéressant à son salut (Jn 4:7-27). Ses apôtres, après lui, suivait sa trace
(Gal 3.28 ; 1 Pi 3.7). Quant à la loi cérémonielle, le Seigneur Jésus l'a accompli dans le
sens de l'achever! Cela met fin, du coup à ce qui faisait du peuple d'Israël le peuple
exclusif de Dieu (Col 2.14 : « Il a annulé le document qui nous accusait et qui nous
était contraire par ses dispositions : il l'a supprimé en le clouant à la croix »). Dieu a
donc accordé la repentance aussi aux païens, afin qu'ils aient la vie (Act 11.18).

2. L'éthique de Jésus émanant des Évangiles

L’enseignement de Jésus-Christ comporte deux niveaux : le kérigma et la didachée.

a. Le Kérygma

Ce premier niveau de l'enseignement du Christ consiste à des déclarations


magistrales ayant pour contenu la Révélation divine, des vérités de portée
universelle. C'est le fondement de la conduite. Reçue et crue, la vérité révélée
transforme le croyant (Jn 8.32). Le croyant ainsi transformé sera capable de pratiquer
les règles de conduite, d'où le deuxième niveau de l'enseignement du Seigneur Jésus.

b. La Didachée

C'est l'enseignement éthique ou des réglés de conduite. Il est fondé sur le premier
niveau, le kérigma. Pour le Seigneur, la conduite bonne émane d'un cœur purifié
(Mat 12.35 : « L'homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor ; l'homme
mauvais tire de mauvaises choses de son mauvais trésor »). C'est pourquoi, il met
l'accent plus sur la source de la conduite que les actes extérieurs.
L'éthique du Christ comporte d'autres facettes:

3. L'éthique et le Royaume

L'enseignement éthique de Jésus au royaume de Dieu suscite plusieurs


interprétations.

a. L'éthique de l'intérim
Jésus aurait cru que le rétablissement du royaume était imminent (Mat 24.34).
Aussi cela aurait influencé son enseignement éthique. Etant donné que la période
24

intermédiaire était très brève, il était plus préoccupé par le royaume à venir. Son
enseignement se concentre donc sur les conditions d'entrer dans ce royaume : la
nécessité de la repentance et du renoncement aux choses du monde. Du coup, il
néglige tout ce qui est de ce monde : famille, propriété, richesse, etc. Ces
reproches contre l'enseignement du Maître sont sans fondement, pour plusieurs
raisons : dans son enseignement, nous l'avons déjà dit, le Seigneur met l'accent
plus sur la source de la conduite que les actes. Un homme transformé, selon
l'éthique de Christ, sera un bon citoyen dans tous les domaines. Donc son
enseignement n'est pas entièrement négatif pour le monde. D'autre part, il n'a pas
adopté une attitude négative envers la famille. Il a participé avec joie aux noces de
Cana (Jn 2.1-10) ; il a reçu des enfants auxquels il a imposé les mains (Mat 19.13-
15). Il a d'ailleurs rappelé avec force l'indissolubilité du mariage (Mat 19.5-9). Il
s'élève contre ceux qui négligent leurs responsabilités familiales (Mat 15.1-9).
Quant à l’absence de l'éthique sociale que l'on lui reproche, on peut objecter
comme suit : les principes spirituels que Jésus a enseignés peuvent bien
s’appliquer aux structures sociales. En effet, il enseigne l'humilité et le service
envers les autres (Marc 10.42-46).

b. L'éthique du royaume futur

Pour les tenants de cette théorie, le Christ enseigne la pure volonté de Dieu telle
qu’elle va s'accomplir dans le royaume de Dieu à venir. Il n'envisage pas la
possibilité de son accomplissement ici-bas. L'interprétation dispensationaliste qui
abonde dans ce même sens, atteste que le sermon sur la montagne comporte une
loi qui ne s'applique pas au temps de la grâce.

c. L'éthique du royaume futur avec validité actuelle

Cette théorie qui a pour promoteur Paul Ramsey, préconise qu'une partie de
l'enseignement de Jésus est liée évidemment à la venue immédiate du
royaume de Dieu. L'autre partie par contre peut s'adapter au contexte actuel.

d. L'éthique du royaume de DIEU comme réalité présente


On donne au terme royaume trois sens: la souveraineté éternelle de Dieu; la
manifestation présente du règne de Dieu dans la vie des hommes ; la venue du
royaume dans la parousie. Le royaume de Dieu en question dans l'enseignement
de Jésus-Christ comporte deux aspects : le « déjà » (Mat 16.16 ; Luc 17.21), et le «
pas encore ». Dans la mesure où l’enseignement de Christ s'applique uniquement
aux sujets du royaume, c'est-à-dire les rachetés, on peut dire que l'éthique de
Jésus est une éthique du royaume. L'enseignement du Seigneur concernant les
récompenses suscitent aussi des critiques de certains philosophes qui taxent
l'éthique chrétienne d'égoïste, à cause des promesses de récompenses faites 17 par
Christ. A part les béatitudes (Mat 5.3-11), Jésus promet de récompenser les
25

services (Mat 10.29s), l'amour (Luc 14.13s) etc. La récompense, telle qu'elle est
promise, n'est pas mauvaise, puisqu'elle est donnée par amour d'une part, et Jésus
ne la promet pas pour attirer les hommes, mais pour encourager ceux qui lui
obéissent. Il reste à voir la forme de l'enseignement de notre Seigneur. D'abord,
considérons-le dans son aspect positif. Le seul point absolu positif et normatif de
l'enseignement éthique du Seigneur Jésus, c'est l'amour. L'amour fonde toute
l'éthique chrétienne. Le Seigneur le qualifie de « plus grand commandement »
(Mat 22.37-39). C'est lui qui définit tous les autres commandements. Les apôtres
lui emboîtaient le pas. Ainsi Paul fait de l'amour le point de départ de son
enseignement éthique (Rom 13.8-10 ; Gal 5.14). Pour Jacques, l'amour constitue la
« loi royale » (2.8). Quant à l'apôtre Jean, l'amour fait l'objet d'une épître entière
qui d'ailleurs, constitue le commentaire le plus complet de ce commandement (1
Jn). L'amour du prochain dépend absolument de celui de Dieu. Ce
commandement existait déjà dans l'A.T (Lév 19.18). Mais le Seigneur est celui qui
a établi le rapport entre les deux : « Jésus rattache le commandement d'aimer le
prochain à celui d'aimer Dieu de tout son cœur ; c'est le second semblable » au
premier. Cette conjonction qu'opère Jésus frappe d'autant plus que personne ne
lui a demandé les deux plus grands commandements ; c'est lui qui prend
l'initiative. En deux ou trois mots, nous avons là toute la théologie de l'éthique !
On le voit, l'amour du prochain ne va pas sans l'amour de Dieu. Ceci étant, tous
les autres commandements ne constituent que des décrets d'application de ces
deux grands commandements : l'honneur dû aux parents, le respect de la
propriété d'autrui et, par extension, les conseils concrets d'application d'un
principe général.

Exemple : « va et vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres » (Marc 10.21).


Même les commandements négatifs sont un commentaire de ces grands. II
convient de savoir, en outre, que les commandements du Maître comportent un
autre sens qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre : les commandements
hyperboliques (du grec huperbolikôs = d'une manière excessive, exagérée). Ainsi,
certains commandements du Seigneur Jésus ne doivent pas être pris à la lettre,
comme par exemple ceux inscrits dans Matthieu 5.29-30 : Si donc c'est à cause de
ton œil droit que tu tombes dans le péché, arrache-le et jette-le loin de toi : il vaut
mieux pour toi perdre une seule partie de ton corps que d'être jeté tout entier
dans l'enfer. 30 Si c'est à cause de ta main droite que tu tombes dans le péché,
coupe-la et jette-la loin de toi : il vaut mieux pour toi perdre un seul membre de
ton corps que d'aller tout entier en enfer. et Luc 14.26 : « Celui qui vient à moi doit
me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et
même à sa propre personne. Sinon, il ne peut pas être mon disciple ». Le Seigneur
se sert de ces expressions pour deux raisons:
• Faire réfléchir ses interlocuteurs en remettant en cause, même la bonne morale
quand elle n'est pas fondée dans l'amour de Dieu.
26

• Il rétablit par là le véritable ordre des choses : la vie spirituelle est plus
importante que celle du corps; l'amour de Dieu et de la famille spirituelle est au-
dessus des relations du sang. En bref, en ne prenant pas ces commandements à la
lettre, on les accomplit mieux. Car, même les pharisiens qui tenaient à accomplir
les commandements de l'A.T. à la lettre, n'avaient pas réussi : ils ne cessaient de
les transgresser dans l'esprit; ils ne les appliquaient pas dans l'amour, mais
profitaient de l'occasion pour justifier leur égoïsme (Mat 23.23).

4. Les commandements anti-formalistes

Le Seigneur dénonce certaines institutions de l'A.T. dont les pharisiens se servaient


pour couvrir l'iniquité; c’est bien le cas du serment. Il avait été institué dans la loi
mosaïque pour servir de rempart à la vérité : il devait préserver l'assurance qu'un
témoignage fut vraiment conforme à la réalité (Lév 19.12 : « Ne prononcez pas de
faux serments en vous servant de mon nom ; en faisant cela, vous me déshonoreriez :
je suis le Seigneur votre Dieu »); mais, malheureusement, il était devenu un repaire
du mensonge. Cette monstruosité amène le Seigneur Jésus à abattre l'institution (Mt
5.33-37).
L'éthique de la loi est négative (les huit premiers commandements sont formulés
comme : « Tu ne ... pas! »Exode 20.1-11 ; Col 2.21-22). Quant à l'éthique de la grâce;
elle est positive : tout est fait pour la gloire de Dieu, avec actions de grâce, et pour le
bonheur de l’homme (1 Cor 10.30-33 ; 2Tim 3.16b-17).

3.4 LES PRINCIPES ETHIQUES PAULINIENNES

Il faut poser, comme préalable, que Paul n'a pas construit un système éthique. Il faut
souligner, d'autre part, que pour l’apôtre, les Saintes Ecritures constituent l'autorité
normative. Aussi les enseignements didactiques de ses épîtres sont toujours précédés
de bases doctrinales. Il justifie toujours son enseignement éthique en le situant dans
un ensemble doctrinal beaucoup plus vaste. Exemple : s'agissant de la ténue des
femmes dans les assemblées, il fonde sa décision sur l'ordre de la création, tel que
nous le révèlent les premiers chapitres de la Genèse ; son enseignement de la
subordination de la femme à l'homme est fondé dans l'ordre originel voulu par Dieu
etc. (1 Cor 11). Comme telles, les Saintes Écritures sont la source de la conduite
chrétienne. Le chrétien, par sa conduite, actualise les Écritures. Et cela est possible
grâce à l’Esprit Saint qui vivifie la Parole (Rom 7.6 ; Phil 3.9). Aussi l'apôtre met-il
l'accent sur la faiblesse de la loi (2 Cor 3.6 ; Gal 2.16). Après son expérience
fondamentale, Paul procède à un renversement de l'ordre des choses : on peut
pratiquer la loi grâce à une rénovation morale et spirituelle. L'apôtre bâtit son
éthique sur les principaux fondements doctrinaux suivants :

1. Le royaume de Dieu
27

Ce terme comporte deux sens : le royaume de Dieu comme une réalité ici et
maintenant (Rom 14.17 ; 1 Cor 4.20 ; Col 1.13 ; 4.11) et le royaume de Dieu
eschatologique. D'ores et déjà, on peut distinguer les membres du royaume
eschatologique (1 Cor 6.9-11 ; Gal 5.21 ; Eph 5.5).

2. L'Evangile du salut
« L'Evangile est... la solution au problème éthique humain ». En effet, par la foi en
Jésus-Christ, l'homme participe à la justice du règne de Dieu. Du coup, il est délivré
de son impuissance morale. Il peut s'épanouir moralement et spirituellement (Rom
6.12-13). Déclaré légalement juste, le chrétien doit mener une vie juste (2 Cor 5.21 ; 1
Cor 1.30).

3. La foi
Il s'agit ici de la foi comme un élan de confiance, un abandon total de tout son être à
Dieu. Ayant une telle foi, le chrétien entre dans les vues de Dieu et agit par amour
(Gal 5.6). Or, c'est par l'amour, comme tel, que l'on peut accomplir la loi du Seigneur,
expression de sa Volonté (Rom 13.8,10). C'est par là que le chrétien spirituel (1 Cor
2.12-16) se distingue de l'homme naturel (1 Cor 2.14) et du chrétien charnel (1 Cor
3.1-3).

CHAPITRE IV. LES ELEMENTS DE L’ACTION ETHIQUE

4.1 L'ACTE MORAL ( =ACTE HUMAIN)


4.1.1 L acte moral quid?
Est qualifiée d'éthique, une action qui s'accomplit de manière consciente et
responsable. Dans un acte moral, c'est tout l'homme qui est engagé. Les actes de
l'homme sont influencés par plusieurs facteurs : l'hérédité, le milieu, l'éducation,
surtout les impulsions du subconscient. Pour qu'il y ait sa valeur morale, un acte
doit être accompli par pur devoir. Son auteur doit agir uniquement par respect du
devoir. C'est donc un impératif catégorique (selon Kant). Seul l’homme libéré,
réellement libéré par Jésus-Christ (Jn 8.36) peut agir avec liberté (2 Cor 3.17). Cette
libération, Dieu la rend possible par l'action de Son Esprit. Il éclaire tout homme
pour qu'il perçoive la vérité (Jn 1.9 ; 3.17-21 ; Rom 2.4...). il y a des facteurs qui
sont de nature à détruire ou à amoindrir l'équilibre mental de l’homme. Le
faisant, ils tendent à diminuer ses possibilités de liberté qui valorisent l'acte
moral. L'acte moral est alors en jeu. Ce sont: l'ignorance, l'erreur et les pressions
extérieures de toute sorte. Ceci nous amène à considérer les composantes de l'acte
moral.

4.1.2. Les aspects particuliers de l’acte moral


28

a. Un acte bon (Tout ce que Dieu a créé est (très) bon (Gn 1.31) (intention et
circonstances)

-accompli par rapport à la volonté ou la bonne intention de son auteur et par rapport
les circonstances licites dans lesquelles on l'accomplit. Exemple, voler est un acte
coupable en soi, mais cela peut être plus grave encore quand un riche vole à un
pauvre le peu qu'il a pour vivre (Jacq 5.2-4). Commettre ou inciter de commettre un
moindre mal pour en éviter un plus grand; enivrer quelqu'un pour éviter qu'il
commette un meurtre ; ou encore, pour éviter à quelqu'un de plus grandes
souffrances, on lui donne la mort en douce etc., de telles actions sont une
désobéissance et un manque de confiance à Dieu.

b. La motivation (but et finalité)

Quand les bons motifs font défaut à une action quelconque, elle a manqué le but !
Lorsqu'il y a conflit de devoirs, il faut savoir établir l'échelle des valeurs : « choisir la
valeur la plus haute ». Par exemple, l'obéissance à Dieu, à l'homme (Act 4.19 ; 5.29).
Ainsi le souci constant qui anime l'homme spirituel (1 Cor 2.15) a toujours un triple
objectif :
 Ses décisions ou ses agissements cherchent à plaire à Dieu (2 Cor 5.9)
 Il recherche le bien de l'Eglise (1 Cor 8.1 ; 10.23-24; 1 Thés 5.11);

 Son espérance est tournée vers la récompense éternelle et non celle de


cette vie passagère (Col 3.1 ; 1 Cor 15.55-58). Tout ceci nous amène à
reconsidérer le plus grand commandement.

4.2. L’AMOUR COMME PUISSANCE DE TOUTE ACTION POSITIVE

Il ne s'agit pas de l'épithymia qui est l'impulsion des mauvais désirs de la chair (Col
3.5), ni de l'Eros, cette tendance, puissance sexuelle. Il ne s'agit pas non plus de philia,
amour amitié intime ou sentimentale, qui n'est d'ailleurs pas employé dans un
mauvais sens dans la Bible (Jn 11. 3). Mais il s'agit de l’agapè ; c’est l’amour-
bienveillance dont l'origine est en Dieu lui-même (1Jn 4.10,19 ; Rom 5.5). Comme tel,
l'amour joue de grands rôles dans la vie de l'homme.
a. Il oriente l'homme
L’amour vrai est un mouvement, une énergie qui détermine l'homme et l'oriente
dans ses actions. C'est même lui qui donne impulsion à la foi (Gal 5.6). Il ouvre à
l'homme le chemin du bonheur en favorisant en lui une consécration totale à Dieu
(Rom 12.1). Comme tel l'amour en l'homme est le moteur de tout ce qu'il est.

b. Une éthique existentielle : l'influence de l'amour


29

C'est ce qui est lié à l'existence. L'éthique existentielle chrétienne s'entend par
cette façon de vivre liée à une vie chrétienne réelle. Elle fait partie de l'être
intérieur créé en Dieu. Et c'est bien l'amour qui est son armature. Ainsi, les actes
d'un homme de cette stature sont « une émanation de son être intérieur » (Mat
12.35 ; Marc 7.21).
Ses actes expriment son caractère personnel : c'est existentiel. En effet, la réalité
existentielle réside dans l'action effective. C'est-à-dire par les choix que fait un
individu, il réalise «un accomplissement de la possibilité existentielle et peut
saisir l'existence possible» : frayer des chemins, surmonter des difficultés, etc.
Cette possibilité double chez le chrétien : avec la foi en Dieu par JésusChrist, il
peut beaucoup (Marc 9.23 ; Jacq 5.16). C'est justement en cela que l'amour « est le
grand stimulant de l'action ». En effet, agissant comme une force magnétique, il
rapproche toujours plus l’être vers son bien-aimé, au point qu'ils finissent par être
un (1 Cor 6.17 ; 2 Pie 1.4). Le Seigneur Lui-même dit : « là où est ton trésor, là
aussi sera ton cœur » (Mat 6:21) ; c'est-a-dire ce que quelqu'un tient pour précieux,
cela l'attire comme un aimant. L'idée d'attraction “aimante” se retrouve dans la
Bible dans le sens biblique du mot connaître. Il est question, en effet, de
connaissance de cœur et d'expérience (du grec gnôrizô= le sens le plus fort du
mot connaître ). C'est ce dont il est question dans des textes comme Romains 8.29 ;
1 Cor 8.3 Gal 4.9. Cette connaissance qui engendre la vraie sagesse, conduit au
salut. Ainsi, le vrai amour influence toujours la motivation de l'homme. Avec
l'amour, la vie chrétienne tend à la perfection. Car il comprend toutes les vertus.
On peut classer ses caractéristiques en :
 Caractéristiques négatives, en d'autres termes : ce qu'il n'est pas ( 1 Cor 13.4-6a) ;
23
 Caractéristiques positives ou ce qu'il est et fait (1 Cor 13.6b-7). D'autre part,
l'amour ne périt jamais (1 Cor 13.13). Par l'amour, le croyant peut pratiquer la
règle dite « règle d'or », exprimée par le Seigneur Jésus-Christ dans Matthieu
7.12 : « Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu'ils fassent pour vous :
c'est là ce qu'enseignent les livres de la loi de Moïse et des Prophètes. » Le
Seigneur remet en vigueur ce que l'égoïsme humain a transformé en une maxime
négative. Deux célèbres personnages avaient exprimé cela avant le Christ
(Confucius en Chine et le savant Juif Hillel) : « ne fais pas aux autres ce que tu ne
veux pas qu'ils te fassent ». Il s'agit là d'un minimum qui facilite les rapports
sociaux. Mais Jésus la réforme en commandement positif. Il en élargit la portée : il
faut aimer non seulement le prochain, mais même les ennemis.

L’amour est capable d'engendrer « l'empatéia », c'est-à-dire la compréhension de


l'intérieur qui fait que l'on tient compte des intérêts d'autrui (Phl 2.4). Enfin, cet
amour est le fondement de la « Koinonia », communion fraternelle qui fait de
l'Eglise de Jésus Christ une communauté autre que celles du monde. En effet, par
ce vrai amour, les membres se donnent et donnent (2 Cor 8.5 ; Act 2.42, 44,46). En
outre, les membres de la communauté peuvent se supporter mutuellement (1 Cor
30

13.7 ; Gal 6.2). S'il arrive qu'ils exercent la discipline envers ceux qui se
comportent mal, ils le font sous l'inspiration de l'amour. Mais l'amour est un don
de l’Esprit. Nous allons considérer cela. c. Le fruit de l'ESPRIT (Gal 5.22 : Rom
8.14) La vie chrétienne est comparée à une plante (Jn 15:3-5 ; Col 2:7). Par la foi, le
chrétien puise de son Seigneur les substances vitales, le Saint Esprit, source
d'amour divin (Rom 5:5). Or, c'est l'amour qui « fait vivre et agir la foi ». Ceci
étant, tout ce que fait la « foi agissante par l'amour » (Gal 5:6) est le produit de
l’Esprit. Et plus le chrétien est disponible au Saint Esprit, plus le fruit de l’Esprit
se développe.

4.3 L'ETHIQUE RELATIVE AUX DEVOIRS ENVERS SOI-MEME


a. L'amour de soi-même
Nous savons que le vrai amour est celui qui recherche le bonheur, et le bonheur de
tous. Dans ce sens, il est normal que le chrétien pense aussi à son propre bonheur.
Philippiens 2.4 fait penser à cela : il y est question, en effet de «considérer aussi ceux
des autres »., Dans toute chose, le chrétien a le droit de penser aussi à son bien :
Christ Lui-même a souffert la croix en vue « de la joie qui lui était réservée » (Héb
12.2). Mais la Bible nous enseigne aussi le renoncement à soi (Luc 9.23-24) pour une
réelle consécration à DIEU.

b. La consécration à DIEU
Tout notre être doit être consacré à Dieu (Rom 12.1). Le chrétien se doit de protéger
son Esprit et ses sentiments contre tout ce qui peut endormir, souiller ses facultés :
littérature, art, spectacles, boissons, publicité, etc. Le chrétien qui croit à la
providence divine, doit s'accepter tel qu'il est, se respecter, et reconnaître ses facultés,
les développer pour mieux exercer. Ici intervient aussi le principe du «juste milieu».
Ne pas développer outre-mesure (Rom 12.3). C'est dire qu'il faut exercer ses facultés
sans complexe (1 Cor 12.13-30). Face aux contrariétés de la vie, il faut savoir suivre
l'exemple de Christ (1 Pie 2.21) et ne pas se plaindre des autres ou de la providence.
D'autre part, le chrétien, comme il doit le faire pour autrui, a le droit de prendre soin
de sa propre vie. Même s'il doit être prêt à sacrifier sa vie pour les autres, il est en
droit de la protéger contre des éventuels agresseurs. Dans le même ordre d'idée,
disons que le chrétien ne doit jamais avoir recours au suicide, quelque soit la
situation. Le suicide, en effet, traduit deux grandes faiblesses :
• manque de courage en face des circonstances de la vie ;
• manque de foi dans la providence divine. Il faut plutôt confier la situation à Dieu
par la prière, la supplication (Phil 4.6 ; Mat 15.21-28) ; car « tout est possible à Dieu »
(Math 19.26; Marc 10.27). Ainsi donc ce qui plaît à Dieu, c'est que le croyant sache se
confier en sa toute puissance, dans tout ce qui lui arrive.

c. Distinguer le bon et le mauvais


31

Il y a une conception qui tend à distinguer entre objets bons et mauvais. Elle va
même jusqu'à condamner l'usage de certains aliments, boissons, argent, sexe, etc. (1
Tim 4.3): Cela donne naissance à une éthique d'interdiction (Col 2.20-23). D'autre
part, selon une autre conception philosophique, la matière est mauvaise. Or, le corps
humain est matière, donc mauvais. Il faut donc le minimiser, voir mépriser ; d'où
l'ascétisme. Mais le N.T. nous présente un autre enseignement : pour mener une vie
saine, il ne s'agit pas de mépriser le corps crée par Dieu. Il faut plutôt tenir la chair en
bride, et cela par une maîtrise de soi-même (Gal 5.22b). La sexualité, ordonnée par
Dieu Lui-même (Gen 1.28 ; 2.24 ; 1 Cor 7.3-5), n'est pas mauvaise en soi : elle est
bonne quand elle est pratiquée dans le cadre du mariage. Les aliments non plus ne
sont pas mauvais en soi. Ils deviennent bons ou mauvais selon l'usage qu'on en fait
(1Tim 5.13), selon que l'on a ou pas d'égard pour les autres (Rom 14.1 ; 1 Cor 8.4-13).
Les richesses sont également bonnes ou mauvaises, selon l'attitude de chacun vis-à-
vis des richesses. Abraham était fort riche (Gen 13.2 ; 24.34- 35). Cependant il a été
appelé « ami de Dieu » (Jacq 2.23) ; ce qui ne fut pas le cas pour le mauvais riche (Luc
16.19-31). En bref, rien de ce que Dieu a créé n'est mauvais en soi. Mais tout
s'apprécie ou se déprécie selon le comportement éthique des usagers.

4.4 L'ETHIQUE SEXUELLE


1. La fonction normale de la sexualité dans le plan de Dieu
La sexualité est le lieu de communication physique et spirituelle des personnes et la
sexualité est une puissance génitale de reproduction. Les organes sexuels humains
sont ainsi disposés qu’ils appellent l’union charnelle face à face, visage contre visage
(cas unique dans la sexualité animale). La sexualité humaine est orientée vers la
reproduction. Toute la machinerie de la production masculine des spermatozoïdes,
tout le cycle féminin avec son arsenal d’hormones, et enfin la physiologie de
l’accouplement, tout cela exprime dans l’espèce humaine comme chez les autres
vivants l’ingéniosité obstinée de la nature à permettre la fécondation biologique et à
garantir la transmission de la vie. Ce langage objectif des corps et de leur rencontre fait
indiscutablement partie, lui aussi, de la sexualité humaine. La capacité d’engendrer
comme celle de donner de la tendresse et du plaisir expriment la grandeur et la dignité
du corps en tant que puissance de communication.

4.5 L'ETHIQUE CONJUGALE


Le mariage est d'autant plus important qu'il est une institution divine, et aussi vieux
que le monde (Gal 2.18-24). Et comme tel, le mariage est indissoluble : un homme et
une femme se marient pour la vie (Mat 19.6). Ainsi l'union conjugale (entre deux
personnes de sexes opposés) est accomplissement du plan de Dieu. Le Concile
Vatican II établissait une analogie entre la communion des personnes divines entre
elles et celle que les hommes sont invités à instaurer sur terre (GS 24, §3). Le mariage
32

constitue ainsi la première et la plus élevée de ces « reproductions » de la vie


trinitaire. Quand l’homme s’unit à sa femme en son corps et son âme, dans une
attitude d’ouverture totale et une oblation réciproque, tous deux forment une
nouvelle image divine. L’union en une seule chair de l’homme et de la femme ne
correspond pas d’abord à une nécessité biologique : elle relève de l’intention du
Créateur de conduire à lui des êtres faits à son image. La théologie chrétienne parlera
du mariage comme d’une forme éminente de la sainteté. « Par la vertu du sacrement
du mariage qui leur donne de signifier en y participant le mystère de l’unité et de
l’amour conjugal entre le Christ et l’Eglise (Ep 5,32), les époux chrétiens s’aident
mutuellement à se sanctifier dans la vie conjugale, dans l’accueil et l’éducation des
enfants : en leur état de vie et dans leur ordre, ils disposent ainsi de dons propres au
sein du peuple de Dieu (1 C0 7,7) » (Const. Lumen Gentium 11).

Le mariage entre ’homosexuels

L’homosexualité consiste dans la conduite sexuelle résultant d’une attirance érotique


préférentielle, et parfois même exclusive, à l’égard des personnes du même sexe. Les
actes d'homosexualité ne sauraient recevoir d’approbation de l’Église en aucun cas.16,
car intrinsèquement désordonnés et « contre-nature qui ferment l’acte sexuel au don
de la vie. 17 Ils n'entrent pas dans le plan originel de Dieu sur la sexualité humaine et
son projet d'amour pour l'homme et la femme. Ils ne procèdent pas d’une
complémentarité affective et sexuelle véritable.

L'Église catholique qualifie les pratiques homosexuelles de « contre-nature » car


contraire à la « loi naturelle »18 .L’homosexualité correspond à une fixation ou à une
régression de l’instinct sexuel à un stade incomplet de développement, l’homosexuel
contredit et nie la différence des sexes, et en dénie par là même la fécondité. Il y a donc une
imbrication mutuelle de l’amour et de la fécondité. 19 L'Église insiste sur l'idée que la
sexualité, pour ne pas être pervertie en un plaisir égoïste, doit en principe rester
ouverte à la possibilité de la fécondité. Le mariage selon la Révélation chrétienne
n’est pas une forme de simple satisfaction émotionnelle qui peut être construite de
n’importe quelle manière ou modifiée à volonté »20
16

Catéchisme de l'Église Catholique, 2357


17

« Persona Humana - Déclaration sur certaines questions d’éthique sexuelle » ,


sur www.vatican.va (consulté le 8 novembre 2019)
18

19
Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, 19 mars 2018, 4-6
20

Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 24 novembre 2013, 66.


33

Saint Paul lie la culture homosexuelle au refus de Dieu et à l’idolâtrie :« Dieu les a-t-il
livrés à des passions avilissantes ; car leurs femmes ont échangé les rapports naturels
pour des rapports contre nature ; pareillement les hommes, délaissant l’usage naturel
de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme
à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leur égarement (Rm 1,
24-27). Selon saint Paul, les pratiques homosexuelles sont un culte idolâtre, elles ne
peuvent glorifier Dieu qui veut que nous le glorifiions aussi dans notre corps, et ses
pratiques sont présentées comme la triste conséquence d’un refus de Dieu. 21
Persister dans des activités homosexuelles ne peut donc qu'aveugler la conscience de
la personne. Cette condamnation ne porte donc que sur le actes (art. 2357 du
Catéchisme citant la CDF, déclaration Persona humana 22, mais l'Église reconnaît que
l'orientation sexuelle peut relever de circonstances dont la personne n'est pas
responsable et qui n'engagent pas sa responsabilité. «Leur culpabilité sera jugée avec
prudence"(déclaration Persona humana )23. Saint Augustin disait : « Dieu déteste le
péché, mais il aime le pécheur. » Semblablement, l’Écriture sainte, parole de Dieu, et
l’Enseignement de l’Église sont très sévères à l’égard du comportement homosexuel,
en même temps que les instructions données récemment par Rome en la matière
recommandent une grande compréhension envers les homosexuels. Ceux-ci ont
d’autant plus droit au respect et à l’amitié de leurs frères dans la foi qu’il s’agit
souvent des personnes souffrant beaucoup de leur situation et des conséquences
qu’elle entraîne.

L’Église catholique respecte toutes les personnes, même celles présentant des
''« tendances homosexuelles foncières ne choisissant pas leur condition
homosexuelle » (art. 2358 CEC)24. La personne n'ayant pas choisi ses tendances, reste
cependant libre des actes qu'elles pourraient poser, et donc libres aussi de choisir en
conscience de ne pas agir sur ses tendances.

L'Église est consciente de la difficulté que peut présenter une telle condition : « elle
constitue pour la plupart d'entre eux une épreuve », ces personnes « doivent être
accueillies avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute

21

« Qu'est-ce que la « loi naturelle » ? » , sur Église catholique en France, 12 février 2013 (consulté le 8
novembre 2019)
22

« Persona Humana - Déclaration sur certaines questions d’éthique sexuelle » sur www.vatican.va (consulté le 8
novembre 2019)

23
« AELF — Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains — chapitre 1 », sur www.aelf.org (consulté le 8 novembre
2019)
24
CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, (JOSEPH RATZINGER) , Donum Vitæ no 6
34

marque de discrimination injuste. » (art. 2358 CEC)25. L'Église distingue ainsi la


personne, des actes homosexuels qu'elle aurait peut poser ou ne pas poser dans la
mesure de sa liberté. Elle considère aussi les attirances homosexuelles qu'une
personne peut éprouver ne sont pas des péchés et donc ne sont pas moralement
condamnables, (nos attirances, émotions et nos sentiments n'étant ni bons, ni
mauvais), mais demeurent une « propension objectivement désordonnée » (art. 2357
CEC)26. Ce n'est pas l'attirance qui n'est pas bonne en elle-même, mais la finalité de
cette attirance, son but recherché (elles ne sont pas ordonnées à la finalité de la
sexualité humaine, qui est dans son essence unitive, sanctifiante, ouverte sur le don
de la vie et la complémentarité des sexes.

L’Église concilie à la fois la vérité sur l’homosexualité et la charité à l’égard des


homosexuels. En cohérence avec cette prise de position, l'Église catholique a parfois
27
été amenée à défendre les personnes homosexuelles là où elles sont menacées.
En Ouganda, par exemple, Mgr Cyprian Lwanga s'est publiquement opposé au projet
de loi punissant de mort l'homosexualité28 (en revanche après que la peine de mort a
été retirée du projet de loi, les évêques ougandais ont salué globalement l'effort du
Gouvernement en faveur de la protection de la famille traditionnelle29. C'est
également la position défendue par le Saint-Siège, comme l'a rappelé Mgr Vincenzo
Paglia début 2013.30

4.6 LES BUTS DU MARIAGE

Ils sont au nombre de deux : - En clair, Dieu a créé la femme pour que l'homme ait
une compagne (en hébreu ézère = secours). le mariage a aussi comme finalité : La
procréation : En transmettant la vie à des enfants, les époux prennent à leur compte
la fécondité et la générosité du Père. C’est peut-être le témoignage le plus juste et le
plus nécessaire que les chrétiens sont invités à donner dans une société où la famille
reste la première quête des personnes. « … je suis de plus en plus convaincu d’une
chose : aujourd’hui (…) c’est le témoignage de la famille chrétienne qui fait la

25
Ibid.
26
Ibid.
27
Alessandro Speciale, « Vatican signals options for protecting gay couples » sur http://www.religionnews.com/ ,
Religion News Service, 4 février 2013 (consulté le 11 mars 2013).

28
« Persona Humana - Déclaration sur certaines questions d’éthique sexuelle » , sur vatican.va (consulté le 12
novembre 2021).

29
Rodney MUHUMUZA, « Catholic bishops oppose gays Bill », sur http://www.monitor.co.ug , Daily Monitor, 12
janvier 2010 (consulté le 11 mars 2013).

30
« More Details on Catholic Support for Uganda's Anti-Gay Bill - New Ways Ministry » , sur New Ways
Ministry, 15 juin 2012 (consulté le 17 septembre 2020).
35

crédibilité de l’Eglise. C’est ici que notre civilisation trouvera ses puits de Jacob pour
étancher sa foi et s’abriter de la chaleur… En tant que familles, nous devons rendre
l’Eglise crédible aux yeux du monde. Si nous parvenons à montrer que la foi
chrétienne est capable de créer des foyers heureux, forts et tendres, qui soient des
lieux d’espérance et de guérison, alors le monde croira » (G. DANNELS, Familles,
dieu vous aime, Paris, Nouvelle Cité, 1991, p.152).
Les relations sexuelles ne sont approuvées par Dieu, et ne procurent de la paix et de
la joie, que dans le couple. Les relations prénuptiales31 sont donc une atteinte à la
dignité du mariage et peuvent affecter le capital affectif : il faut donc les déconseiller.

La contraception et l’usage de condom

µDepuis l'encyclique Humanae Vitae de Paul VI, l'Église solennellement interdit des
méthodes artificielles de régulation des naissances. Elle autorise en revanche les
traitements médicaux « absolument nécessaires » où l'effet contraceptif n'est
recherché ni comme but, ni comme moyen. Le préservatif utilisé pour protéger du
SIDA n'est pas accepté, puisqu'il n'est pas un traitement pour soigner la personne
séropositive : l'Église privilégie la chasteté dans ce cas précis. Pour Jean-Paul II : « la
chasteté est l'unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique qu'est le
sida, que tant de jeunes ont contracté. »32 Benoît XVI affirme clairement que: « les
préservatifs ne constituent pas la « solution véritable et morale » au problème du
SIDA et aussi que « la seule fixation sur le préservatif représente une banalisation de
la sexualité », parce qu'on ne veut pas faire face à l'’égarement humain qui est à la
base de la transmission de la pandémie. »33 « La meilleure voie pour lutter contre la
contagion demeure la chasteté et l'éducation », ce qui limite sa première affirmation.
34
. L’abstinence périodique est pour cette raison légitime, et de plus, se révèle un
facteur précieux de dialogue et de respect mutuel dans le couple.35 Pendant que les
papes proposent une éducation à la chasteté et à la fidélité, affirmant que la
31
Prénuptial : qui se fait avant le mariage. Mais que faut-il faire au cas où les fiancés ont eu des
relations sexuelles avant le mariage ? Comme tout autre péché, il faut leur faire prendre conscience
de cela; leur faire confesser... Le mariage peut être célébré. D'autres atteintes sont l'adultère (Héb
13.4b), le mariage mixte entre un chrétien et un non chrétien (Gal 6.1 ; Amos 3.3 ; 2 Cor 6.14-18).
Lorsque l'un ou l'autre n'a pas l'usage normal de la raison, du sexe, le mariage n'est pas possible. Il
faut respecter l'âge prescrit par la loi. Le mariage est trop importait pour le profaner !

32
Rencontre avec les nouvelles générations au Stade Nakivubo de Kampala (Ouganda) le 6 février 1993.

33
Benoît XVI, Lumière du monde: Le pape, l'Église et les signes des temps, entretien avec Peter Seewald,
Bayard, Paris, 2010
34

Lien sur le site InfoCatho du 02/02/2005

35
Humanae Vitae no 15
36

diminution du nombre de partenaires sexuels aurait plus d'impact sur la propagation


du virus que les campagnes en faveur du préservatif,36 une stratégie s affirme : ABC
(de l'anglais Abstinence, Be faithful, Use a Condom : « Abstinence, soyez fidèle, utilisez
un préservatif »). Cette strategie a seduit plusieurs confessions religieuses , mais
l'Église catholique reste défavorable à l'utilisation du préservatif. *

La seule solution totalement acceptable du point de vue de la morale catholique


resterait donc la continence complète.37 la Commission pontificale de contrôle
naissance avait qualifié la contraception de ‘un acte intrinsèquement mauvais,38
s’appuyant sur l’autorité du Magistère ou sur la loi naturelle. 39

. l’avortement provoqué

D'après le Catéchisme de l'Église catholique, « la vie humaine doit être respectée et


protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. L'Église catholique
condamne donc l'interruption volontaire de grossesse dans tous les cas et considère
comme excommuniés latæ sententiæ, c'est-à-dire de façon automatique, tous les
médecins et membres du personnel médical le pratiquant ou l'assistant, et toutes les
femmes le subissant volontairement. 40 Elle exclut cependant les cas où la volonté
n'est pas libre (personne mineure, privée de raison, cas de légitime défense,
contrainte ou ignorance) et distingue entre avortements direct et indirect, ce dernier
n'étant pas puni d'excommunication. En cas de repentir, le pardon est possible sous
certaines conditions.41

4. 7 LES DEVOIRS CONJUGAUX

36
Jean-Paul II , Discours du pape jean-paul ii à S.E. madame Monique Patricia Antoinette Frank
nouvel ambassadeur du Royaume des Pays-bas près le saint siège à l'occasion de la présentation des lettres de
créance, Samedi 22 janvier 2005

37
Père PEREZ-SOBA, L'amour conjugal au temps du sida, dans l’ Osservatore Romano, 25/05/2011.
38
. “Status quaestionis: Doctrina Ecclesiae Ejusque Autoritas)”, in the birth control Debate, ed. Robert
G. Hoyt(Kansas City, MO: National Catholic Reporter, 1968), 53.
39

. D. F. Kelly, The Emergence of Roman Catholic Medical Ethics in North America (New York: Edwin
Mellen, 1979), 109, 231.
40
Pro-abortion politicians excluded from Communion: Pope sur Catholic Worls News ; Under Vatican ruling,
abortion triggers automatic excommunication sur National Catholic Reporter Online
41
« Tous les prêtres pourront absoudre l'avortement » , sur 20minutes.fr (consulté le 21 novembre 2016). Ces
conditions se voient élargies à partir du 21 novembre 2016, lorsque le pape François, tout en réaffirmant que
l'avortement est un « péché grave » qui « met fin à une vie innocente », annonce que tous les prêtres pourront
désormais absoudre l'avortement, afin que personne ne soit exclu du pardon de Dieu.
37

Le « une seule chair » du livre de la Genèse dit la relation et non la confusion. Homme
et femme sont, selon la volonté de Dieu, « accordés » comme « une aide » mutuelle à
vivre, car « il n’est pas bon pour l’homme d’être seul »(Genèse 2,18), puisqu’il est créé
« image de Dieu », en étant créé « mâle et femelle ».(Genèse 1,27) La relation sexuelle ne
dévore pas l’autre ni ne l’absorbe en soi. Elle fait exister l’un et l’autre, en ce qu’ils
sont, homme et femme, dans la liberté du don et de l’accueil mutuels jusque dans la
chair.

Les chrétiens sont invités à situer la portée ultime de l’amour entre l’homme et la
femme et, finalement, à saisir le sens profond de la sexualité. Aussi, faisant allusion
un peu plus loin à la grandeur mystérieuse de l’amour humain, saint Paul spécifie-t-
il : « Ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à
l’Eglise » (Ep 5,32).

Il y a quatre traits qui caractérisent l’alliance d’amour entre Jésus et nous son Eglise.
Ces traits nous donnent pour l’essentiel la conception chrétienne de la sexualité.

1. Un authentique don de soi


L’amour qui habite Jésus prend tout d’abord la forme d’une véritable alliance. Or qui
dit alliance dit don de soi à un autre. L’amour de Jésus n’est pas tourné vers lui-
meme, de manière narcissique. A l’image de l’éternelle vie de Dieu qui est une
relation d’amour entre les personnes divines, Jésus aime dans l’oubli de soi, en se
livrant lui-meme. « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle »(Ep 5, 25). Et saint
Paul dit encore : « Je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour
moi » (Ga 2,20).

2. Une alliance à la fois spirituelle et charnelle


Jésus nous aime avec toute son intelligence, toute sa volonté et tout son cœur, donc
d’une manière authentiquement spirituelle. Il est plus important de souligner qu’il
nous aime d’une manière que, sans forcer les mots, nous pouvons appeler
« charnelle ». en effet pour nous sauver tout entiers, pour sauver le Corps de son
Eglise, il a consenti pour nous, pour son Eglise à l’écartèlement de son corps de chair.

Cette manière charnelle d’aimer s’expérimente aussi et plus profondément dans le


sacrement de l’eucharistie. Il y a une ressemblance profonde entre l’amour dont le
christ a aimé l’Eglise – et qui nous est offert désormais dans l’Eucharistie – et l’amour
charnel entre l’homme et la femme. Dans la rencontre sexuelle, après un temps de
dialogue et de jeu amoureux, vient le moment où l’homme dépose dans le sein de la
femme la semence tirée du plus secret de son corps : moment de communion
silencieuse, de complaisance mutuelle, que suit normalement un temps de repos, de
38

simple présence réciproque dans un commun merci pour le plaisir et la joie donnés et
reçus.

Il en va de même, moyennant les transpositions nécessaires, dans la rencontre


eucharistique, proprement nuptiale, entre le Christ-Epoux et son Eglise-Epouse.
Après ce temps d’écoute qu’est la liturgie de la Parole, après ce temps de mise en
présence mutuelle qu’est la liturgie eucharistique, vient le moment de la communion.
Là, dans un grand élan d’amour, notre Seigneur tire du plus profond de son
humanité cette semence de vie qu’est son corps eucharistique : « Ceci est mon corps
livré pour vous ». Et cette semence de vie, il la dépose en notre chair, il la confie au
sein de son Eglise : moment de communion silencieuse, de complaisance mutuelle où
l’Eglise –c’est-à-dire chacun de nous- peut murmurer comme l’épouse du Cantique
des cantiques : « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » (Ct 6,3). Après
quoi vient le temps de l’action de grâce, du repos mutuel de Jésus en nous et de nous
en Jésus, durant lequel nous le remercions de sa présence et tâchons de lui rendre
amour pour amour.

Cette vision est bien nouvelle, un peu osée même, voire excessive. Mais nous devons
progressivement entrer dans cette perspective bouleversante, certes, mais qui nous
livre toute la beauté de l’eucharistie et la splendeur de la conception chrétienne de
l’amour et de la sexualité.

.3. Une alliance indissoluble


L’alliance du Christ avec son Epouse, l’Eglise, est alliance indissoluble. En effet,
quelles que soient nos infidélités, nos trahisons même, le Seigneur nous demeure à
jamais fidèle. Une fois conclue, l’alliance, de son côté du moins, ne peut être rompue.
« Car les montagnes peuvent s’écarter et les collines chanceler, mon amour ne
s’écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas », dit le Seigneur (Ise
54,10). C’est tout ce que Jésus a voulu nous dire à travers les souffrances de sa
passion, son corps torturé, son sang répandu, son cœur transpercé : « D’un amour
éternel je t’ai aimé » (Is 54,8) ; « jusqu’au bout je t’ai aimé » (cf. Jn 13,1).

.4. Un amour généreux et fécond


Indissolublement fidèle, l’alliance du Christ et de l’Eglise est enfin féconde, elle est
source de vie. C’est de cet amour que, comme chrétiens, nous sommes tous nés à la
vie nouvelle du Royaume. Aussi appelons-nous l’Eglise « notre mère la sainte
Eglise », signifiant par là que tous les baptisés sont les enfants, innombrables de cet
amour, le fruit généreux des noces, célébrées sur la croix, consommées dans
l’Eucharistie, entre Jésus et son Eglise.

4. 8 L'ETHIQUE FAMILIALE
39

L’union de l’homme et de la femme est capable de susciter la vie. Merveilleusement,


l’enfant qui naît n’est pas la réplique ou de son père ou de sa mère. Il en portera
certains traits, mais il est une vie neuve, unique et spécifique, une création nouvelle.
La combinaison des gènes reçus de ses deux parents lui donne de naître d’emblée
« particulier » : il ne peut être identifié à aucun autre, ni biologiquement, ni
spirituellement, ni même quand il ressemble beaucoup à son jumeau.

La sexualité est féconde en transmettant la vie ; elle l’est aussi dans ce fruit qu’est le
plaisir, rayonnement de l’être humain en son cœur et en son corps ; elle l’est encore
dans la création de « cette communauté de vie et d’amour » selon l’expression du
Concile Vatican II (cf. Gaudium et spes, n°s 48 et 49), que peuvent devenir le couple et
la famille. Elle l’est aussi lorsqu’elle dépasse les besoins charnels et met son énergie
au service de la création culturelle et spirituelle. On appelle « sublimation » ce
processus d’ouverture de l’esprit et du cœur au-delà du besoin charnel ressenti. Il ne
s’agit ni d’évasion ni de simple refoulement, car l’énergie de la libido sexuelle se
réinvestit et s’épanouit dans des activités culturelles et relationnelles diverses.

Le foyer comprend non seulement les deux époux, mais aussi les enfants et parfois
d'autres personnes encore. Nous allons traiter ici des devoirs des parents envers leurs
enfants et vis versa (Eph 6.1-4 ; Col 3.20-21).

Les devoirs des parents


Ils ne doivent pas afficher des comportements négatifs à l'égard de leurs enfants. Il
faut éviter de les décourager (atymô) avec “a” privatif ; thimos veut dire de peur «
qu'il ne manque de force de caractère ». Il faut plutôt encourager les enfants. Les
parents doivent toujours agir avec justice. Ils doivent les élever (ektrephete = prendre
constamment soin de) ; les discipliner, c'est-à- dire toute correction doit
s'accompagner d'instruction (1 Cor 11.32) ; les instruire selon le Seigneur (nouthèsia)
veut dire en substance : fixer l'esprit des enfants sur les vérités du Seigneur, leur
donner de solides fondements et critères de jugement (2Tim 3.16). La responsabilité
des parents envers l'enfant commence avant sa naissance.

4.9 L'ETHIQUE SOCIALE


Quand Dieu a créé l'homme, Il lui a confié des missions importantes à accomplir,
entre autre la procréation. En outre l'homme est le seul être capable à 29 avoir le
langage articulé: possibilité de verbaliser sa pensée. Tout cela a pour but la
communication. En effet, l'homme est un être social et, comme tel, il vit dans un
réseau de relations.
40

1. La justice sociale
Selon les spécialistes en la matière – moralistes et juristes, il faut distinguer trois
sortes de justices: • La justice commutative: fait penser à un échange de droits et de
devoirs fondé sur l'égalité. Il s'agit de régler les transactions et les droits des
individus relatifs à leurs biens personnels. Son exigence est celle d'une égalité
quantitative.
• La justice distributive : l'aspect éthique de message des prophètes.
• La justice légale: traite des devoirs des citoyens dans leurs rapports avec l'Etat.
C'est, en d'autres termes, la justice pure: tous sont égaux devait la loi. La justice
sociale qui date du début de notre siècle, apparaît comme spécifiquement concernée
dans les relations d'individus d'entreprises et de communautés. Elle intervient donc
dans les questions de travail, de salaires etc. L'homme, en effet, est pris ici comme un
être social ; comme tel, il doit contribuer au bien commun par la justice. Ainsi, à
quelque niveau que l'on se situe, il doit aimer et appliquer et faire appliquer la
justice. La deuxième mission que Dieu a confiée à l'homme, c'est qu'il est « viceroi »
sur la terre, il doit l’assujettir avec tout ce qu'elle contient (Gen 1.28 ; 2.15).
Malheureusement, après la révolte de l'homme contre Dieu, la terre maudite a aussi
été révoltée contre l'homme (3.17-19 ; Rom 8.20). L'homme doit alors connaître le
travail pénible. Cependant force est de constater que les trois principales finalités du
travail demeurait: l'homme travail pour produire quelque chose d'utile, le faisant, il
développe la personnalité, et par son travail il contribue au bien commun. De cela
découlait deux éléments essentiels à l'établissement de justes critères sur le plan de
l'éthique sociale: a) La dignité du travail: tout travail accompli consciencieusement
assure à l'individu dignité et indépendance vis-à-vis d'autrui (Eph 4.28 ; 1 Thés 2.9 ;
4.1- 12 ; 2Thés.3.7-10). b) La notion de la propriété privée: la propriété privée est
légalement justifiée à deux conditions : elle est légitime quand on la possède comme
fruit de son travail. Mais « Dieu est le vrai propriétaire de la terre » (Gen 15.7 ; Deut
10.14). Aussi la notion biblique de la répartition des biens et des terres doit être
respectée. De ce fait, une propriété privée est légitime lorsque l'on en obtient le droit
d'une autorité reconnue par la société ou d'une personne propriétaire officielle. De
nos jours, on parle de droit coutumier et de droit civil. Mais il faut souligner que la
propriété individuelle trouve la protection la plus rigoureuse et catégorique dans la
loi de l'Eternel (Lév 19.11-13 ; Eph 4.28). En obéissance à cette loi, les enfants d'Israël
gardaient jalousement et avec la dernière énergie leurs biais (1 R 21.2-3 ; Nomb 36.7).
A la lumière de ces vérités bibliques, nous sommes à même d'analyser les différents
systèmes économiques. 30

4.10 L'ETHIQUE CIVIQUE

4.10 .1 LA DOUBLE CITOYENNETE DU CROYANT


41

Le croyant né de nouveau, habité par le Saint-Esprit, est déjà citoyen des cieux (Eph
2.6 ; Jn 14:2 ; Apoc 21:27). Mais à présent il a encore les pieds sur terre (Jn 17:11,
15,18). S'il est bien conscient de la situation, ses sentiments en tant que citoyens des
cieux prévalent sur ceux de ce monde (Col 3:1 -4; 1 Pie 2:11 ). Le plus qu'on puisse
dire est qu'il y a une tension dans le croyant (Phil 3:20).

4.10 .2 LES SYSTEMES POLITIQUES ET L'ETHIQUE CHRETIENNE

La vie chrétienne est neutre vis-à-vis des systèmes politiques. Ceci étant, le chrétien,
citoyen de son pays, peut choisir le parti politique qui répond mieux à ses
convictions religieuses par rapport à la notion de l'autorité et à la dignité humaine.
La Démocratie-directe ou parlementaire, socialiste ou libéral se définit comme « Le
gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». Quand tous ses
organismes existent et fonctionnent bien, conformément à la loi de séparation des
pouvoirs, elle est le meilleur système politique. Le chrétien, comme tous les autres
citoyens, doit participer à la politique de son pays, mais en tant qu'individu.

4.10 .3 DEVANT L'EGLISE ET L'ETAT


« L’Eglise et l'Etat sont deux types différents de société ». Cela est fonction que
l'homme est Corps et âme (Gen 2:7). Comme tel, il a des besoins temporels et
spirituels. Aussi, l'Etat, voulu de Dieu, a été institué pour s'occuper des réalités
temporelles de la vie de l'homme, veiller à l'ordre social (Rom 13:1-7). Quant à
l'Eglise, communauté spirituelle, elle a pour responsabilité de s'occuper des valeurs
spirituelles. Si les deux types de société ont le même enjeu: l'homme, leurs
préoccupations sont de nature différente. Les Evangéliques ont raison d'adopter « le
principe de la séparation de 34 l’Eglise et l'Etat, à l'instar de notre Seigneur Jésus »
(Mat 22:21 : « « De l'empereur », répondirent-ils. Alors Jésus leur dit : « Payez donc à
l'empereur ce qui lui appartient, et à Dieu ce qui lui appartient. »). Mais les deux
domaines ne doivent adopter, ni une attitude d’hostilité, ni de manque de respect
l'un vis-à-vis de l'autre; mais plutôt un esprit de collaboration, en sachant reconnaître
et délimiter « les zones de compétence ». Car les deux domaines se recoupent dans
certaines affaires, comme la naissance, le mariage, l'éducation, l’enterrement, etc. En
aucun cas, l'Etat ne doit s'ingérer dans les affaires de l'Eglise, ni celle-ci dans celles de
l'Etat. Mais, représentant l'autorité de Dieu sur terre, l'Eglise doit avoir son mot à dire
dans les affaires du pays où elle sert son Seigneur. Exemple, formuler son accord ou
sa désapprobation sur telle ou telle affaire. Les chrétiens aussi, individuellement
doivent prendre leurs responsabilités.

4.10 .4 LES DEVOIRS CIVIQUES DU CROYANT


Conscient des réalités bibliques que nous venons de voir, le chrétien doit par motif
de conscience:
42

• Obéissance et soumission aux autorités et aux lois (ex. le code de la route, les règles
qui régissait les affaires etc.)
• Payer l’impôt, les taxes, les droits de douanes etc., sans chercher d'échappatoire
pour faire appel au favoritisme (Rom 13:6-8);
• Honorer et respecter les Autorités ( 1 Pi 2:13-17);
• Comme tout autre citoyen, le chrétien se doit de participer à la vie politique de son
pays dans tous les domaines : voter pour le meilleur candidat, apporter ses idées sur
la construction etc.

4.10 .5 L'ENGAGEMENT DU CHRETIEN DANS LE MONDE

Il nous faut d'abord préciser la signification ou la notion éthique du mot « monde ».


Le terme grec contient l'idée d'ordre, en opposition au chaos ou au désordre. Ce qui
fait penser à l'organisation (Gen 1:3ss). Dans le Nouveau Testament, le mot « cosmos
» comporte quatre sens:
• Il désigne l'univers tout entier (Jn 1:3,10);
• Le monde habité (Jn. l:9ss ; cf. Gen 7:19);
• Aussi l'ensemble de l’humanité (Jn 3:16) ;
• Il s'agit aussi de l'ordre établi dans un Etat, des Institutions et Coutumes

4.10 .6 LE ROLE DU CHRETIEN DANS LE MONDE


L'action que le chrétien doit exercer dans son milieu est comparée à celle du sel, de la
lumière (Mat 5:13-16) et du levain (Mat 13:33 ; Luc 13:21). Pour bien comprendre son
rôle, le chrétien doit analyser ces éléments: il n'a qu'à les imiter ! (Prov 6:6-8). La Bible
lui enseigne cette sagesse.

CHAPITRE V : LES SYSTEMES ECONOMIQUES ANALYSES A LA LUMIERE


DE L'ETHIQUE CHRETIENNE

Partout dans le monde, le fossé entre les riches et les pauvres est en train de s’élargir
à cause du système économique prédominant et des politiques qui visent à bénéficier
à quelques-uns. Une compréhension du système économique qui produit cette
injustice est vitale pour ceux qui travaillent à une plus grande équité. Les politiques
économiques, non seulement qu’ils alimentent les guerres actuelles, mais aussi qu
elles créent certains grave problèmes « l'antinomie sociale - individualisme –
collectivisme ». Dans les pays où est pratiqué le libéralisme économique, l'individu
capitaliste est tenté d'exploiter ses semblables (Jacq 5.3-6). -Par contre, dans les pays à
système totalitaire l'accent est mis sur le bien collectif. Par souci pour le bien de la
collectivité, l'Etat a tendance à réduire l'individu à un simple moyen de production à
son propre profit. La personnalité individuelle est ainsi sacrifiée.
43

C'est seulement par l'amour chrétien, l'agapè avec toutes ses caractéristiques, que l'on
peut surmonter cette antinomie (1 Cor 13.4-6).

1° Le socialisme
Dans ce système, les moyens de production, d'échange et de distribution
appartement à la collectivité. Sur le plan économique, deux constatations s'imposent:
a) La plus-value du travail: l'ouvrier bénéficie d'une partie minime de ce qu'il
produit (salaire); alors que la plus grande partie sert à grossir le capital de
l'employeur.
b) Le commerce : à cause de son insertion, comme intermédiaire, le prix des produits
est élevé, ce qui ne profite « ni au travailleur, ni au consommateur, mais enrichi
l’intermédiaire qui s'est chargé de la distribution ». Il y a deux sortes de socialisme: le
socialisme réformiste ou social-démocratie. Ses caractéristiques: il prône la
collectivité des moyens de production ; les biens de consommation restent propriété
privée; n'enseigne pas l'athéisme et l'aspect dialectique du marxisme; la prise de
pouvoir est une affaire de lutte démocratique et non par « révolution sanglante ».
C'est le visage du socialisme de nos jours.

2° le communisme
Ses caractéristiques: il prône et la collectivisation des moyens de production et celle
des biens de consommation. Il enseigne l'athéisme et l'aspect dialectique du
marxisme. Il encourage la dictature et la révolution.
L'Evangile entame-t-il une révolution ? L'Evangile n'est pas un manifeste
42
révolutionnaire au sens mondain. Mais il produit la révolution douce et la plus
profonde (Ac 17:6) à partir du cœur humain. Aussi Jésus et les Apôtres après lui « ne
se sont pas prononcés en faveur d'aucun système économique déterminé ». En effet,
les textes juridiques, les régimes politiques, les systèmes, économiques, les modes de
distributions ne garantissent pas l'établissement d'une société juste : l’égoïsme
humain rend inefficace leur fonctionnement. Ce vice n'était pas absent de l'Eglise
Primitive qui avait pratiqué une sorte de communisme librement vécu. Quand
l'Evangile apporte la transformation du cœur, une conséquence pratique sur le bon
fonctionnement de ces systèmes se fera sentir. Voilà pourquoi notre Seigneur Jésus
insiste sur un changement qui a de nouveaux fondements de la vie sociale où l'amour
règle tout: rapport entre maître et serviteur (Philémon v.15- 16). L'Evangile est
d'ailleurs « la Bonne Nouvelle pour les pauvres » (Esa 61.1- 3; Luc 4.18 ; 7.22).

3° Capitalisme
C'est un régime économique dans lequel les hommes contribuent à l'activité
économique, les uns par les capitaux productifs, les autres par le travail. Le
capitalisme vise à faire des profits et à accumuler la richesse par la production de

42
Manifeste : c’est un écrit publié exposant et détaillant un sujet ou une doctrine. Le manifeste d'un parti
politique.
44

biens et de services, pas pour satisfaire les besoins des gens. Seuls ceux qui peuvent
se payer les biens et services voient satisfaire leurs besoins matériels.
Technique de production.
Le capitalisme a pour principe de base « la liberté complète quant à l'acquisition de la
richesse et à l'emploi du capital qui sont régis par la loi de l'offre et de la demande ».
Quels sont les problèmes éthiques que pose le capitalisme ?
a) L'inégalité sociale: les capitalistes ont un niveau de vie très élevé par rapport au
reste des populations du pays.
b) Cela favorise un paternalisme, parfois au détriment des pauvres (Jaq 5.1- 5). Cette
inégalité est-elle due au manque de capacité et d'ardeur au travail de la part des
pauvres ? C'est l'argument que les nantis avancent. Mais il s'avère que des personnes
capables et ayant la volonté de travailler ont de la peine à s'intégrer « dans un
contexte de compétition que crée le système capitaliste ». Y a-t-il un autre système,
meilleur que cela ?

4°. Libéralisme économique

Le capitalisme a donné naissance au libéralisme économique qui croit dans le libre-


échange. Les gens peuvent effectuer leurs propres choix avec leur argent, aussi
longtemps que cela n’empiète pas sur la liberté des autres. Les prix sont déterminés
en compétition ouverte par l’offre (la quantité fournie par les producteurs) et la
demande (la quantité demandée par les consommateurs). Les riches ont le pouvoir
économique pour façonner le système actuel à leur avantage. Les règles
commerciales et les systèmes financiers/économiques d’aujourd’hui sont imposés par
une minorité de pays riches à tous les autres. Ils ont créé des organisations
internationales pour gouverner et renforcer ce système. Les pays pauvres sont
obligés d’accepter les règles, même lorsqu’elles sont à leur désavantage. Ceci ne fait
qu’élargir le fossé entre riches et pauvres. Les pauvres ont de plus grandes difficultés
à répondre à leurs besoins fondamentaux tandis que les riches dans les « sociétés de
consommation » ont plus que le nécessaire. Ainsi, « l’aspiration à consommer fait
travailler, vendre, migrer et rêver ».43 les biens de consommation jouent un rôle
symbolique dans nos vies et . Cette idée expliquerait l’insatiabilité de notre désir de
biens matériels.44 Le consumérisme a tout simplement « colonisé » notre sphère
quotidienne 45 et envahi tous les domaines de la vie : les relations sociales, la culture,
la santé, voire la spiritualité. Tout est subordonné à l’économique, que nous adoptons
volontiers : il s’agit de l’« écorègne », c’est-à-dire le règne de l’économie46, qui a ses
principes propres : « Principe technologique : ‘tout ce qui est possible, nous le ferons’.

43
Tim Jackson, op.cit., pp. 107 et 148.
44
Tim Jackson, op.cit., pp. 94-109.
45
Jean De Munck, « Les critiques du consumérisme », in Isabelle Cassiers et alii, Redéfinir la prospérité.
Jalons pour un débat public, La Tour-d’Aigues, Ed. de l’Aube, 2011, p. 103-104.
45

Principe économique : ‘tout ce qui nous fait envie, nous l’acquerrons’. Principe de
croissance continue : ‘toujours plus, toujours plus vite’ »47. Comme il l’exprime très
bien, « le règne de l’économie ‘avale’ tout ; tout désir peut y trouver sa place »48,
« l’écorègne permet tout – et dévore tout »[62]49. Mais si tout désir peut y trouver sa
place, ce n’est certainement pas en restant intact : « L’écorègne absorbe tout en
apparence ; mais c’est en dénaturant »50. Maurice Bellet cite l’exemple de l’écologie,
que le règne de l’économie récupère à son compte et selon ses propres lois51 :
surconsommation, compétitivité, rentabilité, maximisation du profit

4° Néolibéralisme

Le néolibéralisme a été imposé au monde entier au cours des deux ou trois dernières
décennies par de puissantes institutions internationales telles que le Fonds Monétaire
International (FMI), la Banque Mondiale et les diverses Banques de développement.
En 1989 le Consensus de Washington a marqué un déplacement général vers le libre-
échange et des politiques d’investissement qui devaient permettre l’expansion des «
forces du libre-échange » où le motif de profit dirige l’économie vers des résultats «
efficaces », comme par une main invisible. ‘Libre-échange’ signifie : pas de droits de
douane et pas de barrières à l’importation, pas de subsides pour la production, pas
d’intervention de l’état pour protéger sa population ou son industrie. Le libre-
échange a été le « visa d’ouverture » pour la globalisation ou mondialisation.
les profits et les bénéfices sont la force motrice. Les droits humains et socio-
économiques ne sont pas respectés. Ceci mène à la pauvreté, à d’autres souffrances et
à la consommation de ressources naturelles à un rythme qui ne permet pas à la
planète de récupérer. De grandes compagnies internationales (sociétés
transnationales [STN), Les sociétés multinationales (SMN) ou entreprises
multinationales (EMN) gèrent la production ou livrent des services dans plus d’un
pays. En Afrique, non seulement elles exploitent les ressources des pays (mines,
pétrole, forêts, production agricole), mais même les personnes par de mauvaises
conditions de travail et des salaires très bas. Elles détruisent aussi l’environnement

46
Claire Wiliquet, « Les voies des alternatives », analyse du Centre Avec, novembre 2011, p. 6. Disponible
sur www.centreavec.be.
47
Geoffrey Pleyers, « Introduction », in Geoffrey Pleyers (dir.), La consommation critique. Mouvements
pour une alimentation responsable et solidaire, Paris, Ed. Desclée de Brouwer, 2011, p. 7.
48
Voir Maurice Bellet, La seconde humanité. De l’impasse majeure de ce que nous appelons l’économie,
Paris, Ed. Desclée de Brouwer, 1993.
49
Maurice Bellet, cité par Michel Maxime Egger, « La double transformation. Réorienter son désir pour
changer le monde », in La Chair et le Souffle, 2006, vol.1, n°1.
50
Maurice Bellet, op.cit., p. 28
51
[68] [62] Idem, p. 58.
46

(déchets miniers et industriels, abattage de forêts, usage excessif de l’eau, agro-


industrie, destruction du paysage). Les SMN peuvent avoir une influence puissante
sur les économies locales, et même sur l’économie mondiale. Le résultat du
néolibéralisme est visible dans le monde entier. Les riches deviennent plus riches et
les pauvres deviennent plus pauvres.
Les ressources naturelles sont surexploitées sans qu’on pense à les protéger pour les
générations futures. Alors qu’un petit nombre d’entreprises et de personnes
possèdent la majorité de la richesse mondiale, des millions de personnes sont dans
l’incapacité de répondre à leurs besoins essentiels, elles sont affamées, malades et à la
limite de la survie. Le néolibéralisme et les lois commerciales internationales
actuelles favorisent la libéralisation du commerce et des services et la privatisation
des services publics. Des accords commerciaux obligent des pays à libéraliser leur
marché et leurs investissements. Ceci est mauvais pour l’Afrique, car des biens
produits localement seront en compétition avec des biens importés, produits à bas
prix.
La libéralisation des investissements favorise l’accès des sociétés étrangères aux
matières premières (forêts, minerais, pétrole et pêcheries) sans que le pays-cible soit
capable de protéger ses propres ressources ou d’imposer des conditions, par ex. le
réinvestissement d’une partie des profits, l’emploi d’un personnel local, la
consécration d’une partie des profits à des projets sociaux. Elle permet aux
investisseurs aux et sociétés transnationales de rapatrier tous leurs profits, ce qui
cause beaucoup de tort aux économies nationales.
Le libre-échange et surtout les investissements libres favorisent le transfert d’armes,
ce qui peut aider à démarrer, développer et maintenir des conflits.

5°. Globalisation ou mondialisation

La mondialisation est le processus d’intégration de systèmes économiques, politiques


et culturels à travers le monde entier alors que des gens de différentes sociétés
agissent l’un sur l’autre. Elle est menée par le commerce et l’investissement
internationaux, et les nouvelles technologies de communication, la migration et le
mouvement des biens ont aussi joué leur rôle. Les néolibéraux sont des avocats
puissants de la mondialisation car elle leur permet d’aller n’importe où dans le
monde pour maximiser leurs profits. Des sociétés cherchent dans le monde entier des
lieux où les matières premières sont moins chères et peuvent être exploitées à
l’avantage de l’entreprise. Elles vont aussi là où les travailleurs sont moins payés et
où les syndicats sont interdits.

6°. La crise financière

Des promoteurs du néolibéralisme ont fait pression pendant des années pour
éliminer l’intervention de l’état, mais lorsque la crise est arrivée, ils ont demandé
47

l’aide de l’état pour remplir leurs coffres (banques) ! Ils « privatisent les profits et
socialisent les pertes ». Ceci signifie que des spéculateurs et d’autres opportunistes
prennent les profits tandis que la société, par l’intermédiaire du gouvernement, paie
pour leurs pertes.

7° Conséquences pour l’Afrique

La plupart de ces accords imposent des conditions qui signifient que l’économie et
les politiques du pays doivent être adaptés au néolibéralisme. Ces politiques causent
la pauvreté et le chômage. Le nombre élevé de jeunes sans emploi est une « bombe à
retardement » qui peut créer des révoltes et des conflits et encourage le terrorisme.
Beaucoup de pays africains ont d’abondantes ressources naturelles (minerais, pétrole,
terre, eau, forêts, produits agricoles) qui sont exploitées par des entreprises
multinationales. Des ressources telles que le pétrole, l’essence et les diamants ont
même causé des guerres. La manière dont les ressources naturelles sont exploitées a
un impact négatif sur les conditions de travail (salaires bas, environnement
dangereux et contrats instables), sur la santé (produits dangereux, pollution de l’eau,
du sol et de l’air), et sur les méthodes traditionnelles de production et
l’environnement. La surexploitation des ressources naturelles pour le profit sans
souci de l’avenir est une cause majeure du changement climatique. Beaucoup de pays
africains en font déjà l’expérience sous forme de cyclones, inondations et sécheresse –
avec leurs conséquences négatives pour l’agriculture.
L’aide et les programmes des donateurs pour lutter contre la pauvreté ont eu peu
d’impact. La pauvreté est en train d’augmenter parce que, avec beaucoup de
politiques internationales, la priorité est le bénéfice économique pour le donateur et
la soumission des pays africains.

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