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ETHIQUE DE L’ENTREPRISE

Syllabus

Intitulé du cours Ethique de l’entreprise

3ème année de licence en Informatique de


Niveau (Auditoire) Gestionde la Faculté des Sciences de
l’Université de Maroua.
Crédits 2
Enseignant Koye Romuald
responsable
Volume horaire CM 20 heures
Volume horaire TD/CC 10 heures

Objectifs du Cours : Ce cours permet à l’étudiant d’exprimer ses idées


à propos de sa vision du monde et de son comportement en lien avec
les valeurs et l’ordre social dans une entreprise en particulier et dans
la société en général.

Durée et mode d’évaluation :


Ce cours d'éthique de l’entreprise et prévu sur 20 heures et se déroule
en présentiel. Des études de cas et des exposés sont prévus tout au
long de l’apprentissage de ce cours et permettent de diminuer son
aspect théorique et donnent la possibilité aux étudiants d’appliquer les
notions apprises.

Préalable(s) : Aucun

PLAN DU COURS

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION A L'ETUDE DE L'ETHIQUE
CHAPITRE 2 : COMMENT DÉFINIR L’ÉTHIQUE D’ENTREPRISE ?
CHAPITRE 3 POURQUOI INVESTIR DANS L'ÉTHIQUE D’ENTREPRISE ?
CHAPITRE 4 : COMMENT METTRE EN PLACE UNE ÉTHIQUE D’ENTREPRISE
DE QUALITÉ ?
CONCLUSION

1
BIBLIOGRAPHIE

1. Confédération Générale des Enseignants, collectif,


1995, Apprendre la démocratie et la vivre à l'école, Labor,
Bruxelles. Contient une bibliographie commentée très riche.
2. DÉSAUTELS J., LAROCHELLE M., 1992, Autour de l'idée de
science, Itinéraires cognitifs d'étudiants, De Boeck Université,
Bruxelles.
3. Groupe Français d'Education Nouvelle, collectif, 1996, Savoir et
Citoyenneté en Banlieue, Actes des rencontres d'Aubervilliers,
juillet 1995, Dialogue.
4. Audigier François (1991). Enseigner la société, transmettre des
valeurs. La formation civique et l’éducation aux droits de
l’homme: une mission ancienne, des problèmes permanents, un
projet toujours actuel. Revue française de pédagogie, n° 94,
p. 37-48.
5. Audigier François (2015). Éducation à… et préparation à la vie. In
François Audigier, Anne Sgard& Nicole Tutiaux-Guillon
(dir.), Sciences de la nature et de la société dans une école en
mutation. Fragmentations, recompositions et nouvelles
alliances ? Louvain-la-Neuve : De Boeck, p. 25-35.
6. Audigier François (2017). Former le citoyen au droit. Un impératif
pour l’éducation à la citoyenneté. Diversité, n° 188, p. 67-72.
7. AUDIGIER F. (2000) : Concepts de base et compétences clés de
l’éducation à la citoyenneté démocratique, Une troisième
synthèse. Conseil de l’Europe, DGIV/EDU/CIT (2000) 23. Plusieurs
traductions et publications dans des revues en Europe, par
exemple : Scuola&città, 2002, 3, 156-183.
8. AUDIGIER F. (2003) : « L’éducation à la citoyenneté dans
quelques-uns de ses débats, postface ». In P.
Perrenoud, L’éducation à la citoyenneté. Lyon : Chronique
sociale, pp. 179-192.
9. Barthes Angela & Lange Jean-Marc (2018). Développement
durable, postures et responsabilité sociale des chercheurs en
éducation. Recherches en éducation, n° 31, p. 92-109.
10. Becquet Valérie (2016). L’engagement des jeunes au miroir de
l’action publique. Diversité, n° 184, p. 44-49.
11. Becquet Valérie (2017). Citoyenneté et école. In Patrick
Rayou& Agnès van Zanten (dir.), Dictionnaire de l’éducation.
Paris : Presses universitaires de France, p. 78-84.
12. Blaya Catherine (2016). Violence à l’école: les élèves acteurs
du changement. Revue Projet, n° 352, p. 34-39.

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CHAPITRE 1 : INTRODUCTION A L'ETUDE DE L'ETHIQUE

I. Comment Peut-on définir l'éthique ?

Tirée du mot grec « ethikos », moral, de « ethos » , mœurs ; qui


signifie « manière de vivre », l'éthique est une branche de la
philosophie qui s'intéresse aux comportements humains et, plus
précisément, à la conduite des individus en société.L'éthique est la
science de la morale et des mœurs.

II. Quel est le rôle de l'éthique ?

La réflexion éthique permet de déterminer les valeurs qui constituent


des raisons d'agir acceptables par l'ensemble de la société, par les
personnes qui partagent l'idéal de pratique et, au niveau particulier,
par les personnes et les groupes touchés par une décision.
Au niveau le plus général, la réflexion éthique porte sur les
conceptions du bien, du juste et de l’accomplissement humain. Elle
répond alors à des questions comme :
 qu’est-ce qui est le plus important dans la vie?
 que voulons-nous accomplir?
 quels types de rapports voulons-nous entretenir avec les autres?

III. Quelles sont les valeurs d'éthique ?

Parmi les valeurs éthiques les plus pertinentes, on peut citer : la


justice, la liberté, le respect, la responsabilité, l'intégrité, la loyauté,
l'honnêteté, l'équité.

IV. Quels sont les domaines d'éthique ?

1. Méta-éthique (ou éthique fondamentale): entendue comme la


recherche des origines et du sens de nos concepts moraux ;
2. Morale ou éthique normative, qui concerne les critères de nos
comportements (habitudes, devoirs, conséquences de nos actes).

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L'éthique normative et la méta-éthique appartiennent à la
philosophie et s'intéressent aux fondements de la morale. On les
regroupe donc sous l'expression « philosophie morale »

3. Morale ou éthique appliquée, application des deux premières à


des problèmes spécifiques et controversés (par exemple,
avortement, environnement, droits des animaux, etc.).

VI. L’éthique et quelques notions voisines

1. L’éthique ne se confond pas avec la morale.

Les termes "éthique" et "morale" ont des sens proches et sont


souvent confondus. L'éthique est plutôt la science et l'étude de la
morale. La différence entre les deux notions réside dans le fait que la
morale est liée à la contrainte personnelle des individus, tandis que se
réfère aux principes de base de l’acte juste et aux règles de conduite.
La morale est régie par des valeurs relatives comme le bien le mal la
justice… et varient selon les individus, les sociétés alors que l’éthique
est la définition des comportements acceptables ou non à travers un
raisonnement.

Du latin mores (pluriel de mos), mœurs, conduite, manière d'agir,


genre de vie, habitude, la morale est un ensemble de principes de
jugement, de règles de conduite relatives au bien et au mal, de
devoirs, de valeurs, parfois érigés en doctrine, qu'une société se donne
et qui s'imposent autant à la conscience individuelle qu'à la conscience
collective. Ces principes varient selon la culture, les croyances, les
conditions de vie et les besoins de la société. Ils ont souvent pour
origine ce qui est positif pour la survie de l'ethnie, du peuple, de la
société. Si de tels principes sont en outre positifs pour l'ensemble des
ethnies, des peuples ou des sociétés de la Terre, on peut les considérer
comme faisant partie de la morale universelle.

On distingue en général deux grandes conceptions de la morale :

Objectiviste. Les lois morales ne dépendent pas de l'homme mais des


lois de la nature, de "commandements divins" ou des lois de la raison.
Elles ont un caractère universel, éternel, absolu, normatif. Elles ne
peuvent être ni changées, ni supprimées.

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Relativiste. Les valeurs morales ont une origine humaine. Elles sont
définies par la société ou par l'individu lui-même et varient donc d'une
société à une autre.

La notion d'éthique, qui est le souci de fonder une morale, ce qui fait
plutôt référence à la théorie, aux règles et aux principes. C’est donc la
science de la morale ou un ensemble de principes moraux qui sont à la
base du comportement d’un individu.
L'éthique d'un individu est ce qui sous-tend ses comportements vis-à-vis
d'autrui, ou vis-à-vis de son environnement.
L ’éthique est une démarche visant, face à un problème donné à
adopter la meilleure solution en s’appuyant sur des valeurs
apprises, admises et intégrées et en tenant compte du contexte
dans lequel le problème se pose factuellement.

2. Ethique et déontologie
La déontologie porte ces considérations au champ plus restreint
de la profession (les devoirs professionnels,). Un code de déontologie
est un ensemble de principes, valeurs, règles et devoirs qui régissent
une profession. Du grec deontos, ce qu’il faut faire, ou ce que l’on doit
faire, et logos (discours sensé) ; c’est étymologiquement « la science
des devoirs ». La déontologie fait explicitement référence aux plus
hautes valeurs sociales, elle s’inscrit dans un cadre plus large (comme
la Déclaration universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre
1948, nommée en tête par nombre de codes de déontologie.
La déontologie : c’est l’ensemble de règles reconnues dans une
profession de façon à défendre les intérêts des clients ou faciliter les
relations entre professionnelles. Plus généralement ces valeurs et
principes sont regroupés dans un code appelé code de déontologie.
3. Ethique et responsabilité
D’après le Robert d’Alain Rey,
La responsabilité c’est :
 L’obligation de quitter le pouvoir quand on s’aperçoit qu’on a
perdu la confiance de ceux qui nous ont élu. (première
définition du dictionnaire),
 L’obligation de réparer le dommage causé par sa faute

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 L’obligation de réparer une faute, de remplir un devoir ou de
tenir un engagement. C’est de celle-ci qu’on parle le plus
en position de cadre.
C’est toujours une obligation.
L’éthique c’est :
 La science de la morale (première définition du dictionnaire),
 La forme prise par les valeurs et les pratiques morales dans
un milieu, une culture, un groupe humain. L’éthique est au-
delà de la morale.
 La science qui prend pour objet immédiat les jugements
d’appréciation sur les actes qualifiés de bons ou mauvais.
D’après Descamps:Le droit décide, la morale commande, l’éthique
recommande.
Devoir de répondre d’un fait, d’une action et d’en être garant.
La notion de responsabilité est d’ordre moral philosophique avant
d’être d’ordre légal.
Le droit qui règle notre responsabilité est issu d’une histoire séculaire
a cours de laquelle on a empilé les choses.
 Plus la liberté augmente plus la responsabilité augmente.
 Plus on a de responsabilité, plus on a de liberté.
 Plus on a besoin de règles pour assumer sa responsabilité et
d’éthique.
 Plus on a de liberté plus il faut que chacun ait ses propres
règles fondées sur des valeurs incontournables.
 Liberté et éthique sont incontournables pour gérer sa
responsabilité.
Ce droit-là est structuré sur le principe de la faute, jusqu’à
récemment la responsabilité n’était engagée qu’en cas de faute, et
toute faute engage la responsabilité. Aujourd’hui (depuis une dizaine
d’années) on passe à une responsabilité fondée sur le risque.

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4. Ethique et management
Le manager, quelle que soit sa fonction, est confronté à un
moment ou à un autre à desproblématiques d’éthique qui engagent ses
valeurs personnelles.
Exercer avec exemplarité, indépendance et courage ses responsabilités
de « manager éthique » peut s’avérer une véritable gageure.
Pression commerciale sous forme de cadeaux et d’invitations,
dénigrement de la concurrence, conflits d’intérêt, tentatives de
corruption, pratiques discriminatoires, …
Le monde de l’entreprise n’est pas toujours pavé de bonnes intentions.
Certains sont prêts à tout pour gagner des parts de marché, d’autres
bafouent les principes élémentaires du respect de la personne
humaine…
L'éthique en entreprise propose au manager de s'interroger sur les
valeurs et principes moraux qui devraient orienter ses actions, dans
différentes situations professionnelles. Elle fixe les limites que la
morale collective rencontre au quotidien et propose un cadre de
fonctionnement, souvent matérialisé dans une charte ou un code
d’éthique.
Face à des manquements aux règles d’éthique, comment s’y prendre ?
On retiendra quelles bonnes pratiques :
1. Tout d’abord vérifier la conformité ou non de la situation par
rapport aux lois, et au code d’éthique de l‘entreprise s’il en
existe un.
2. Prendre du recul et s’accorder le temps nécessaire à la
réflexion. Mieux vaut s’interdire d’agir à chaud et dans la
précipitation, ne serait-ce que pour prendre la mesure des
implications auprès de tous les acteurs.
3. Partager ses interrogations en interne et recueillir l’avis des
personnes de son entourage professionnel qui seront un gage
d’objectivité et d’impartialité dans la prise de décision.
4. Vérifier soigneusement les sources et les informations
disponibles, même si elles paraissent a priori évidentes ou
incontestables.

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5. Prendre l’avis des experts de l’entreprise : éthique, risques,
sécurité, juridique, RH,... en fonction de la problématique.
6. Assurer la confidentialité et la sécurité des données
personnelles des protagonistes.

Le manager pourra alors prendre sa décision en confiance, en


accord avec ses valeurs personnelles, et l’assumer auprès de sa
hiérarchie, de ses pairs et collaborateurs, et même de ses proches.
Mais alerter, faire remonter les dysfonctionnements, voire les délits,
reste encore difficile pour des raisons historiques et culturelles.
Dénoncer une situation est souvent assimilé à de la délation et regardé
avec suspicion.
L’insécurité psychologique qui en résulte handicape fortement
l’efficacité des systèmes d’alerte.
C’est pourquoi les dirigeants et managers doivent veiller à instaurer
dans l’entreprise un climat de confiance propice à l’expression des
doutes et à la libération de la parole.
Maintenir une cohérence entre valeurs et actions. L’éthique résulte
d’une construction intime intérieure.
Le manager éthique saura-t-il pour autant, en pleine tourmente,
trouver toute la force intérieure nécessaire pour incarner et faire vivre
une éthique engagée ?
Dans le monde impitoyable de l’entreprise où la réalité économique et
financière prend le dessus sur les considérations morales, il aura toutes
les peines du monde à maintenir une cohérence entre ses valeurs et
ses actions.
Face à des pratiques d’affaires peu recommandables d’un client ou
fournisseur, le dirigeant éthique aura à cœur de rechercher des
solutions alternatives qui ne heurteront pas sa conscience morale.
Cette position reste aisée tant que la dimension économique ou
financière ne vient pas interférer dans la prise de décision.
Réconcilier éthique personnelle des salariés et pratique des affaires
permet d’éviter les situations de souffrance éthique, ce mal-être d’un

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manager ou salarié contraint de renier ses valeurs, de faire taire sa
morale dans l’exercice d’activités qu’il réprouve.
Ne pas se renier
Face à tout dilemme éthique, il y a un risque de renier ses propres
convictions.
Les exigences contradictoires auxquelles se trouve confronté, à un
moment ou à un autre, un manager soucieux de « bien faire son
travail » ont parfois raison de son éthique.
Manager sans trahir ses valeurs oblige à prendre du recul par rapport à
ses pratiques et celles de l’entreprise. C’est accepter une démarche
d’analyse et de questionnement pour pouvoir mettre en cohérence ses
actes avec les valeurs sur lesquelles on décide de fonder son activité
managériale.
Manager sans trahir ses valeurs passe par la capacité à faire vivre au
quotidien des valeurs symboles d’une authentique éthique
managériale.
Deux qualités sont essentielles pour cela :
- L’exemplarité : se cramponner à ses valeurs profondes,
revisiter régulièrement ses actions de manager pour
questionner son exemplarité, et gagner ainsi la confiance et
l’adhésion de ses collaborateurs.
- Le courage : celui d’affirmer son point de vue, de dire non,
d’alerter, de dénoncer, voire de se démettre plutôt que de se
soumettre… Autant d’actes de courage qui témoignent d’un
sens des responsabilités.
Manager sans trahir ses valeurs nécessite de bien connaître ses limites
sous tension. Anticiper et s’entraîner à défendre des positions
délicates quand tout va bien permet de renforcer sa capacité de
résistance… et peut permettre, par exemple, de prévenir
l’aveuglement souvent de mise en situation de stress.
Manager sans trahir ses valeurs, c’est aussi permettre à ses
collaborateurs de se prendre en main pour agir selon une ligne éthique
que l’on trace pour eux, et leur permettre ainsi de ne pas se renier à
leur tour.

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Les dirigeants gagnants de demain seront ceux qui ont compris qu’une
de leurs missions essentielles est de veiller à préserver et faire
fructifier le capital réputationnel, ou capital confiance, de leur
entreprise.
En plaçant les préoccupations éthiques au cœur de leur agenda, ils
œuvrent en ce sens et contribuent ainsi à créer de la valeur au service
de la performance durable et de la pérennité de leur activité.

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CHAPITRE 2 : COMMENT DÉFINIR L’ÉTHIQUE D’ENTREPRISE ?

L’éthique d’entreprise est l’application de principes ou de


valeurs éthiques à la conduite des affaires ; elle concerne toutes les
décisions et comportements discrétionnaires et non régulés.

L’éthique d’entreprise vise à la fois les comportements


individuels des salariés d’une entreprise et le comportement de
l’entreprise elle-même, en tant que personne morale dans sa stratégie
et sa conduite des affaires au quotidien, les deux étant liés.

Exemple

Une façon simple pour un salarié de savoir s’il est confronté à


une question éthique est de se poser la question suivante : “Serais-je
à l’aise pour que mon action soit rendue publique et me soit attribuée
personnellement ?” Si la réponse est non, il y a sans doute une
question éthique que le salarié ou la direction de l’entreprise doit
prendre en compte.
Il est également utile d’examiner des notions proches de l’éthique
d’entreprise pour éviter toute confusion. La nature transverse de la
conformité et de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE)
peuvent créer une confusion entre ce qui découle de l’éthique
(décision discrétionnaire), de la conformité (respect des règles) et de
la RSE (gestion des impacts vis-à-vis des parties prenantes).

I. ÉTHIQUE D’ENTREPRISE ET MORALE

La notion de morale est une notion ancienne généralement


associée à des idéologies qui imprègnent historiquement les valeurs
des sociétés concernées et qui s’imposent plus ou moins explicitement

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aux individus. Elle émane ainsi et par exemple de corpus religieux
(morale judéo-chrétienne et autres) qui s’attachent à distinguer le
bien du mal. L’éthique est également une notion ancienne mais qui
met au contraire l’accent sur le comportement des individus en les
considérant libres de s’autodéterminer et responsables, à ce titre, de
leurs décisions et de leurs actions. L’éthique s’inscrit ainsi dans une
logique de l’action humaine individuelle et contextuelle : dans une
situation donnée, face à un dilemme éthique, l’individu décide du
comportement qui va être le sien. L’éthique d’entreprise s’inscrit dans
cette définition en considérant que les entreprises sont des “individus
collectifs”. Ainsi peut-on dire que si la morale vise à distinguer le bien
du mal, l’éthique est une notion plus relative qui distingue le
comportement “correct/adéquat” à adopter de celui
“incorrect/inadéquat”. On peut imaginer qu’une réponse éthique à un
dilemme précis puisse être différente selon le temps, l’espace et le
contexte.

II. ÉTHIQUE D’ENTREPRISE ET CONFORMITÉ

La conformité ou compliance selon la terminologie anglo-saxonne,


consiste à mettre en œuvre au sein de l’entreprise des procédures
dans le but de se conformer à des règles issues du “droit dur” (lois et
réglementations locales, internationales) ou du “droit souple”
(Déclaration universelle des droits de l’homme, conventions OIT,
textes propres au secteur d’activité de l’entreprise, etc.). Un
programme de conformité suppose donc la préexistence de règles à
suivre. L’éthique d’entreprise, intègre, par nature, le respect du droit
même s’il peut y avoir débat concernant le comportement que doit
adopter une entreprise face à une loi considérée comme “non-

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éthique”. Cependant, l’éthique va au-delà des obligations juridiques
qui pèsent sur les entreprises : ce n’est pas parce qu’une chose est
autorisée par la loi, qu’une entreprise doit le faire, ou même le faire
d’un point de vue éthique.

Exemple :

Alors que l’âge minimum de travail peut être fixé à 13 ans dans un
pays, une entreprise peut décider de se fixer un âge minimum
supérieur pour tous ses salariés dans le monde. En matière de lutte
contre la corruption, l’entreprise peut aussi, au titre de ses principes
éthiques, décider, nonobstant l’absence de loi précise dans l’ensemble
des pays où elle est présente, ou a contrario l’existence d’une culture
locale permissive, d’interdire tout paiement de facilitation. Il s’agit
là d’une décision éthique qui devient une norme interne, dont les
personnes en charge de la conformité doivent s’assurer du respect.
C’est pour cela que l’on dit généralement que “l’éthique précède et
suit le droit”. L’éthique permet d’adopter un comportement adéquat
face à des situations où la loi n’apporte pas toujours de réponse claire
ou suffisante. Entre le droit, la conformité et l’éthique, il y a une
continuité.

III. ÉTHIQUE D’ENTREPRISE ET RSE

La démarche RSE consiste pour l’entreprise à “engager, en


collaboration étroite avec leurs parties prenantes, un processus
destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale,
environnementale, éthique, de droits de l’homme et de
consommateurs dans leurs activités commerciales et leur stratégie de
base ”. L’entreprise responsable s’engage ainsi à chercher à réduire les
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éventuels impacts négatifs de son activité et à s’efforcer si possible
d’avoir un impact positif.
Nonobstant le développement récent d’obligations légales obligeant
une entreprise à adopter un tel programme, une démarche RSE sincère
découle d’une décision volontaire de l’entreprise prise sur la base de
ses principes éthiques.
En termes de gouvernance, on pourrait dire que la RSE est une
politique éthique mais que l’éthique d’entreprise a un cadre plus large
que la RSE : elle en constitue la fondation (source) et le fondement
(objectif).

IV. DÉVELOPPER UNE CULTURE ÉTHIQUE DE QUALITÉ

Une démarche éthique de qualité nécessite de dédier au moins


autant de temps et de moyens au développement de la culture qu’aux
éléments plus pratiques de la démarche. La mise en place d’une
culture éthique de qualité suppose notamment :
o l’adhésion du management et la mise en place d’actions
concrètes de “leadership éthique” basées notamment sur
l’exemplarité (selon l’expression anglo-saxon "the top sets the
tone") ;
o gérer les conflits d’intérêt en privilégiant l’intérêt social à
l’intérêt particulier ;
o s’orienter vers des programmes éthiques dits “ascendants ”
en opposition avec les programmes dits “descendants” car il
est difficile, voire impossible, d’imposer une culture éthique
de “qualité”, l’éthique d’entreprise n’étant pas basée sur
l’obéissance mais sur l’adhésion et le discernement ;

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o recruter des personnes sensibles aux principes éthiques de
l’entreprise ;
o récompenser et/ou sanctionner les comportements de ses
collaborateurs ; il s’agit, sans doute, d’une des meilleures
façons de démontrer la réalité de la culture éthique prônée
par l’entreprise et ses dirigeants.
Mais la clé de voute d’une démarche éthique de qualité est de
toujours s’assurer que les salariés puissent s’exprimer sans crainte. En
matière d’éthique, le silence n’est pas une option. Cette capacité à
s’exprimer dépendra en grande partie de la confiance qu’ont les
salariés que les sujets éthiques seront effectivement traités, et ce,
quel que soit le niveau hiérarchique des personnes mises en cause
(absence de “double standard” dans le traitement des personnes). Il
existe aujourd’hui une convergence des régulateurs pour définir sept
éléments permettant de déterminer si une entreprise a mis en place
un programme éthique efficace ou non.

EN RÉSUMÉ, IL S’AGIT DE :

1. Mettre en place des politiques, procédures et contrôles ;


2. Nommer des personnes de haut niveau pour superviser
l’application et l’effectivité du programme éthique et
conformité, en leur allouant des ressources et l’autorité
adéquates ;
3. Éviter l’embauche dans les fonctions d’encadrement de
personnes ayant eu des comportements sanctionnables ou autres
attitudes contraires à un programme éthique et conformité ;
4. Communiquer et former tous les salariés concernant le
programme éthique et conformité ;

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5. Contrôler et auditer l’efficacité du programme éthique et
conformité ;
6. Veiller à la sanction des violations du programme éthique et
conformité et de leur cohérence ;
7. Répondre rapidement aux violations du programme éthique et
conformité et prendre toutes les mesures nécessaires pour
prévenir toute récidive.

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