Responsabilité pénale

en maintenance

par Sylvain MARTIN

Avocat à la Cour d’appel de Paris

1. Sources du droit applicable en maintenance................................... AG 4 950 - 2

1.1 Textes pris par les autorités politiques ...................................................... — 2
1.2 Textes professionnels.................................................................................. — 3
1.3 Contrats ........................................................................................................ — 4
2. Personnes pénalement responsables dans l’entreprise ................ — 4
2.1 Responsabilité dite « pénale » des personnes morales ........................... — 4
2.2 Responsabilité pénale du chef d’entreprise et du chef d’établissement. — 5
2.3 Responsabilité pénale des préposés, dont le responsable maintenance — 6
3. Délégation de pouvoir ............................................................................ — 7
3.1 Délégation : seul moyen d’exonération de responsabilité pénale
pour le dirigeant .......................................................................................... — 7
3.2 Fondement juridique et conséquence pour le responsable maintenance — 8
3.3 Mise en œuvre de la délégation de pouvoir et de responsabilité pénale — 8
3.4 Délégation de fait et de droit ...................................................................... — 9
4. Prévention des risques dans le cadre du Code du travail ............ — 9
4.1 Principe de prévention des risques............................................................ — 9
4.2 Évaluation des risques dans l’entreprise : le rôle du document unique. — 10
4.3 Plan de prévention lors de l’intervention d’entreprises extérieures ....... — 11
5. Délit de marchandage et prêt de main-d’œuvre illicite ................ — 13
5.1 Activité d’entreprise de travail temporaire non conforme
à la réglementation...................................................................................... — 13
5.2 Prêt de main-d’œuvre (fausse sous-traitance) .......................................... — 13
5.3 Préjudice subi par un salarié ...................................................................... — 14
6. Travail clandestin ou dissimulé............................................................ — 15
6.1 Régime juridique ......................................................................................... — 15
6.2 Sanctions...................................................................................................... — 16
6.3 Recommandations....................................................................................... — 16
7. Environnement.......................................................................................... — 16
7.1 Lignes directrices du Code de l’environnement en matière
d’élimination des déchets ........................................................................... — 16
7.2 Responsabilités personnelles respectives du chef d’entreprise
et du responsable maintenance ................................................................. — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 18

Ê tre responsable pénalement c’est être reconnu coupable d’une infraction :

on a commis un acte interdit, ou on n’a pas accompli un acte obligatoire,
et un texte prévoit que, dans ce cas, on est passible d’amende ou de prison.
Le responsable maintenance est directement concerné par de très nombreux
textes de cette nature. Il doit veiller à la sécurité des personnes qu’il encadre,
pour éviter d’être poursuivi pour homicide ou blessures involontaires, mais
aussi à la sécurité des employés extérieurs tout en n’exerçant pas sur ces
derniers une autorité hiérarchique sous peine de commettre un délit de
marchandage.

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De charybde en scylla, le responsable maintenance doit essayer de ne pas navi-

guer à vue en s’organisant. Le but de cet article est de l’aider dans cette tâche.
Le responsable maintenance n’est concerné personnellement que par la res-
ponsabilité pénale, c’est-à-dire par le risque d’être condamné à payer une
amende sur ses économies (son entreprise n’a pas le droit de payer à sa place,
sauf exception), voire de purger une peine de prison (hypothèse très rare car
le plus souvent les opérationnels sur un site industriel ne supportent « que »
une peine d’emprisonnement avec sursis).
En pratique, le responsable maintenance n’est pas directement concerné par
la responsabilité civile. Seule son entreprise peut se voir condamnée à verser
des dommages et intérêts à des tiers en cas de dommages causés à des clients
(produits ou services de l’entreprise présentant des défauts de qualité) ou à des
riverains (nuisances de voisinage).

1. Sources du droit applicable

en maintenance
Les textes intéressant le responsable maintenance ont des
natures très variées : directives européennes, lois, décrets, arrêtés
ministériels, préfectoraux ou municipaux, circulaires administra- Directive
tives, normes, conditions générales de vente ou d’achat... du 24 décembre 1994
(déchets d'emballage)
Il est possible de les classer en trois catégories :
— les textes qui sont pris par les autorités politiques (instances Loi du 15 juillet 1975
(élimination des déchets)
européennes, Parlement français, gouvernement, préfet, maire) ;
— les autres textes aux origines variées : administration, orga- Décret du 20 juillet 1998
nismes normalisateurs, syndicats professionnels, par exemple. Leur (exigences essentielles liées à l'environnement
dans la conception et fabrication des emballages)
point commun est leur nature professionnelle ;
— le contrat qui constitue « la loi » privée des parties. Arrêté (en attente de publication) fixant les conditions de fourniture
par les entreprises des informations permettant d'établir des statistiques
de traitement de déchets d'emballages

1.1 Textes pris par les autorités politiques Normes sur les spécifications permettant de répondre aux exigences essentielles

■ Principe de hiérarchie
Les textes pris par les autorités politiques obéissent à un prin-
cipe de hiérarchie : les textes qui sont hiérarchiquement inférieurs
ne peuvent pas contenir de dispositions contraires aux textes qui
sont hiérarchiquement supérieurs. Cette règle est contrôlée par les
tribunaux.
Exemple : il n’est pas possible à un arrêté de fixer la dénomination
d’une marchandise ou d’en réglementer ou d’en interdire la vente (arrêt
du Conseil d’Etat du 2 février 1962, revue JCP éd. Générale, 1962, II,
no 12934, et Gazette du Palais, 1962, 2, p. 72). Ce pouvoir n’appartient
qu’au législateur, donc relève de la loi.
À partir de cette règle, il est possible de rassembler les textes
relatifs à un même thème et de les classer en fonction de leur
niveau hiérarchique, ce qui constitue une pyramide (figure 1).
■ Primauté des directives
Les directives ont une valeur juridique supérieure aux lois
nationales.
Une directive est un texte qui a fait l’objet de votes par le Conseil
des ministres, la Commission de Bruxelles et le Parlement de
l’Union européenne. Une directive a pour objet d’obliger les États
membres à disposer dans leur Droit national de textes juridiques
internes (lois, décrets et arrêtés pour ce qui concerne la France)
reprenant les règles qu’elle fixe. Ces textes nationaux doivent être
conformes aux règles que la directive contient.
Figure 1 – Exemple de pyramide des textes (substances dangereuses)
L’article 249 alinéa 3 du traité de Rome, dans sa version en
vigueur après le traité d’Amsterdam, dispose que les États
membres sont liés quant au résultat à atteindre, mais sont libres
sur les moyens à employer pour mettre leur droit national en
conformité : les États membres peuvent voter une loi ou prendre
un texte réglementaire (décret ou arrêté en France).
Le responsable maintenance n’est pas concerné directement par
les directives européennes car il ne doit prendre en compte que les
textes français. S’il découvre une contradiction entre une directive
européenne et un texte français, il doit prendre contact avec le
conseil juridique de sa société pour déterminer la conduite à tenir
en attendant que l’État français mette son droit interne en confor-
mité avec le droit européen.
Exemple : jusqu’à la réforme par la loi no 2001-397 du 9 mai 2001,
l’article L.213-1 du Code du travail qui interdisait le travail des femmes
la nuit (sans contenir de dispositions particulières sur les hommes) était
contraire à l’article 5 de la directive no 76-207 du 9 février 1976 relative
à l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes dans le
domaine du travail (arrêt de la Cour de Justice de la Communauté euro-
péenne du 25 juillet 1971, revue Dalloz 1991, p. 443). Avant l’entrée en
vigueur de la loi de 2001, les entreprises devaient demander une auto-
risation à l’inspecteur du travail alors même que cette obligation prévue
par le Code du travail était contraire à une directive européenne de
niveau hiérarchique supérieur.

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■ Lois
Les lois sont votées par le Parlement français. Elles donnent les
lignes directrices des obligations supportées par les individus et
les entreprises, ces dernières agissant par l’intermédiaire de leur
direction générale et de leurs cadres.
Il en existe des milliers, notamment :
— le Code du travail qui rassemble les lois concernant en parti-
culier l’hygiène et la sécurité, donc les règles de sécurité à appliquer
en cas d’opération de maintenance ;
— le Code de l’environnement qui rassemble en particulier les
lois relatives aux installations classées et les lois applicables pour
le traitement des déchets, notamment ceux issus des opérations de
maintenance, tels que les huiles usagées ;
— le Code pénal qui sanctionne d’amende et/ou de prison les
personnes qui sont à l’origine d’un accident du travail suite à une
négligence, une maladresse, une inattention ou une imprudence
ou suite à la violation d’une règle de sécurité ; autant d’infractions
que pourrait commettre le responsable maintenance.
■ Décrets
Les décrets sont pris par les ministres avec obligatoirement la
signature du Premier ministre. Le Code du travail rassemble les
décrets concernant les mêmes thèmes que sa partie législative (par
exemple : travail temporaire, délit de marchandage ou hygiène et
sécurité). Ils ont pour objet de donner les règles pratiques qui per-
mettent l’application concrète des lois.
■ Arrêtés
Ils constituent le niveau le plus bas de la hiérarchie juridique. Ils
sont pris :
— par les ministres. Dans ce cas les arrêtés fixent les modalités
particulières et techniques des règles juridiques prévues par les
textes hiérarchiquement supérieurs qu'ils doivent respecter. De
nombreux décrets disposent que les mesures de détails seront
prises par voie d'arrêtés ;
— par les préfets, en particulier pour les autorisations d’exploi-
tation d’une installation classées (art. 2 du décret no 77-1133 du
21 septembre 1977) ;
— par les maires, par exemple en matière de bruit de voisinage
(art. L.2212-2 2o du Code général des collectivités territoriales).
Exemple : l’article R.233-11 du Code du travail prévoit qu’un arrêté
détermine, pour certains équipements de travail, la périodicité de leur
vérification, la nature de celle-ci et son contenu. Dans ce cadre, l’arrêté
du 9 juin 1993 fixe les conditions de vérification des équipements de
levage, en précisant que des essais de fonctionnement doivent être
exécutés en faisant mouvoir dans les positions les plus défavorables
l’équipement muni de ses accessoires.
1.2 Textes professionnels
1.2.1 Circulaires (l’Administration)
Les circulaires expriment la position de l’Administration, plus
précisément celle d’un responsable (un ministre, par exemple).
Exemple : la circulaire du 18 mars 1993 commentant le décret du
24 février 1992 sur l’intervention des entreprises extérieures sur les
sites des donneurs d’ordres (circulaire DRT no 93/14 du 18 mars 1993
prise pour l’application du décret no 92-158 du 20 février 1992
complétant le Code du travail et fixant les prescriptions particulières
d’hygiène et de sécurité applicables aux travaux effectués dans un éta-
blissement par une entreprise extérieure – art. R.237-1 à R.237-28 du
Code du travail).
Sauf en matière fiscale, elles ne sont pas créatrices de droits ou
d’obligations vis-à-vis des administrés (contribuables, entreprises).
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Mais les agents de l’Administration sont obligés de les prendre en
compte puisqu’elles émanent de leur supérieur hiérarchique, étant
précisé qu’une convention internationale du Bureau International
du Travail assure l’indépendance des inspecteurs du travail.
1.2.2 Règles de l’art et usages
(un secteur d’activité)
Les règles de l’art constituent un savoir-faire de qualité à un
moment donné. Elles correspondent aux données acquises de la
science ou aux données actuelles. Mais elles ne se confondent pas
nécessairement avec la pratique générale. Ce qu’il faut c’est
qu’elles regroupent l’ensemble des techniques nécessaires au trai-
tement d’un objet donné [1].
Les usages sont établis par leur « ancienneté, constance, noto-
riété et généralités » [1].
Les règles de l’art et usages ont des effets juridiques en vertu de
l’article 1135 du Code civil qui dispose que « Les conventions
obligent non seulement à ce qui est exprimé mais encore à toutes
les suites que l’équité, l’usage ou la loi donnent à l’obligation
d’après sa nature ». Ils ont donc vocation à s’appliquer lors de
l’exécution d’un contrat alors même que ce dernier ne le prévoit
pas expressément.
1.2.3 Normes (un domaine technique)
Le lecteur pourra se reporter à l’article [AG 4 810] Contexte nor-
matif et réglementaire de la maintenance [2].
■ Définition
Une norme est un document qui sert de référentiel. Elle reprend
souvent les règles de l’art en les formalisant par écrit de manière
officielle.
La norme est un document qui établit les définitions, dimen-
sions, méthodes, performances, règles d’emploi, prescriptions de
sécurité... et qui est élaboré dans le cadre d’une activité de norma-
lisation. Une norme a toujours un caractère général. Elle ne
concerne pas un produit considéré de manière isolée, mais un
ensemble de produits identiques.
■ Régime juridique de la norme
Une norme n’est pas au plan juridique d’application obligatoire,
sauf si son caractère obligatoire est expressément prévu par un
arrêté pris en application du décret no 84-74 du 26 janvier 1984
fixant le statut de la normalisation.
Il arrive souvent que la norme se trouve obligatoire « de fait ».
Ainsi, en matière de marquage « CE », la référence par les fabri-
cants aux normes harmonisées pour toute l’Union européenne per-
met de bénéficier d’une présomption de conformité aux exigences
essentiels de sécurité prévues par les directives.
Exemple : articles 5 des directives no 89-686 du 21 décembre 1989
concernant les équipements de protection individuelle (EPI) et no 98-37
du 22 juin 1998 concernant les machines.
Le fait de fabriquer un EPI ou une machine sans se conformer
aux normes européennes n’est pas interdit, mais rend plus difficile
la procédure à suivre pour avoir le droit d’apposer le marquage
« CE ».
Par ailleurs, les juges eux-mêmes ne manquent pas de se référer
aux normes lorsqu’elles existent. C’est ainsi que, au regard des tri-
bunaux, le non-respect d’une norme facultative, parce que non
rendue obligatoire par un arrêté, peut être constitutif d’une faute
susceptible d’engager la responsabilité du professionnel.
Enfin, la référence dans un contrat à une norme facultative la
rend obligatoire entre les parties.
Ainsi, bien qu’une norme ne soit pas réglementairement obliga-
toire, elle s’applique en fait très souvent de façon obligatoire car
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elle est reconnue comme étant représentative des usages et des
règles de l’art.
■ « Normes » privées
Le terme « norme » peut être utilisé dans un sens différent de sa
signification officielle car ce mot n’est pas juridiquement protégé.
Exemple : dans le domaine de l’industrie automobile, on parle sou-
vent des «normes constructeurs ».
En tant que spécifications techniques servant de référentiels, de
tels documents peuvent être désignés par le terme « norme », mais
ils n’ont qu’un caractère privé. Ils ne sont ni publiés, ni validés par
des organismes normatifs.
Aussi, il est nécessaire de prendre garde à l’utilisation du terme
« norme » à travers les divers documents pouvant circuler à l’occa-
sion de marchés publics ou de contrats privés. Il faut identifier leur
nature juridique.
1.3 Contrats
1.3.1 Nature juridique
■ Définition
Le contrat est défini par l’article 1101 du Code civil : « Le contrat
est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes
s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à
ne pas faire quelque chose ».
Les termes de convention et de contrat peuvent être consi-
dérés comme synonymes pour les non-juristes.
Le contrat matérialise l’accord de volonté entre les parties.
Alors que la loi est une disposition applicable à tous, le contrat
est en vertu de l’article 1134 du Code civil la « loi » entre les
parties : « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi
à ceux qui les ont faites.
Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement
mutuel, ou par les causes que la loi autorise. Elles doivent être exé-
cutées de bonne foi. »
En conséquence, toute modification doit être rédigée dans un
avenant.
Le contrat doit être signé par une personne habilitée à prendre
des engagements au nom de la société (PDG, Directeur général ou
personnes ayant reçu un pouvoir formel).
Les deux catégories principales de contrat sont :
— la vente (transfert de la propriété d’une chose fabriquée en
série) ;
— la prestation de service : le prestataire s’oblige contre rému-
nération à exécuter de façon indépendante le travail commandé
par le client (par exemple, la maintenance d’équipements, le net-
toyage de locaux, la réalisation d’un audit, le transport de mar-
chandises).
Il existe bien d’autres types de contrat : le prêt, la location, la
construction de bâtiments neufs...
■ Documents contractuels
Ceux-ci peuvent correspondre, suivant les situations, aux docu-
ments suivants :
— le document juridique de base (conditions générales, condi-
tions particulières, documents spécifiques au projet) ;
— les annexes techniques (cahier des charges, spécifications
techniques...) ;
— les avenants au contrat pour les modifications ultérieures.
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1.3.2 Liberté contractuelle et règles impératives
Une grande souplesse est accordée aux parties quant à la négo-
ciation du contenu des obligations contractuelles : elles convien-
nent ce qu’elles veulent dans la seule limite des règles d’ordre
public qui, il faut le reconnaître, sont très nombreuses.
Un contrat valablement formé a, entre les parties, la même
valeur qu’une loi, pourvu qu’il respecte les règles dites impéra-
tives, c’est-à-dire auxquelles il est impossible de déroger, y
compris par contrat.
Les règles d’ordre public sont impératives, c’est-à-dire qu’elles
s’imposent aux parties qui ne peuvent y déroger. Elles s’opposent
aux règles interprétatives ou supplétives qui ne s’appliquent qu’à
défaut de volonté contraire des parties.
Exemple : citons quelques règles impératives :
— le taux d’intérêt dû en cas de retard de paiement est au mini-
mum de 1,5 fois le taux d’intérêt légal ;
— les dispositions du Code de commerce relatives aux factures ou
aux pratiques anticoncurrentielles (ententes sur les marchés publics,
alignement de prix) ;
— le Code de la propriété intellectuelle (propriété des plans) ;
— la loi du 4 août 1994 sur l’emploi de la langue française.
2. Personnes pénalement
responsables
dans l’entreprise
2.1 Responsabilité dite « pénale »
des personnes morales
2.1.1 Ambiguïté du concept de responsabilité
pénale pour les personnes morales
Le Code pénal français, qui avait été créé par Napoléon, a fait
l’objet d’une réforme importante en 1994 pour le moderniser en
profondeur car ses actualisations successives au fil des années
n’étaient plus suffisantes pour pouvoir disposer d’un code adapté
aux nouvelles technologies et aux évolutions de la société.
Dans le cadre de cette réforme, le législateur a décidée de créer
une « responsabilité pénale » applicable aux personnes morales
(sociétés, associations, collectivités locales...), sauf à l’État. En fait,
il s’agit plutôt d’une responsabilité spécifique aux personnes
morales avec des sanctions adaptées telles que :
— montant maximal de l’amende élevé à cinq fois ce que risque
une personne physique pour la même infraction ;
— confiscation de la chose à l’origine du dommage ;
— fermeture de l’établissement en cause, voire dissolution de la
société ;
— exclusion des marchés publics.
Mais il n’y a pas de peine d’emprisonnement pour les personnes
morales car elles sont immatérielles. Or, la réalité de la responsa-
bilité pénale réside dans le fait que l’on risque d’aller en prison.
De plus, l’existence de poursuites en responsabilité pénale à
l’encontre de l’entreprise n’empêche nullement des poursuites
également en responsabilité pénale à l’encontre du responsable
maintenance s’il est personnellement concerné par l’infraction.
2.1.2 Règles de droit commun
Aux termes de l’article L. 121-2 du Code pénal issu de la réforme
de 1994, une personne morale est pénalement responsable des
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infractions commises pour son compte par ses dirigeants ou
représentants : « Les personnes morales, à l’exclusion de l’État,
sont responsables pénalement selon des distinctions des articles
121-4 à 121-7 [relatifs à la définition de l’auteur d’une infraction, de
la complicité et de la tentative] et dans les cas prévus par la loi ou
le règlement, des infractions commises pour leur compte, par leurs
organes ou représentants ».
Il faut donc que l’infraction ait été commise par une personne
physique dans l’exercice d’activités ayant pour objet d’assurer
l’organisation, le fonctionnement ou les objectifs d’un groupement
doté de la personnalité morale et que cette personne ne manifeste
pas la poursuite d’un intérêt personnel (arrêt de la Cour de cassa-
tion, ch. criminelle, du 2 décembre 1997, revue JCP 1998, II, no 100
023 et JCP 1999, I, no 1112).
La responsabilité pénale de la personne morale ne peut être
retenue que si une loi le prévoit expressément. Tel est le cas notam-
ment pour :
— l’homicide ou les blessures involontaires par maladresse,
imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obliga-
tion de sécurité (art. 221-7, 222-19 et 222-20 du Code pénal) ;
— la mise en danger d’autrui, c’est-à-dire le « fait d’exposer
directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures
de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente
(art. 223-2 du Code pénal) ;
— des infractions en droit du travail, par exemple : délit de mar-
chandage (art. L.152-3-1), travail clandestin (art. L.362-6 du Code du
travail) ou conditions d’emploi de main-d’œuvre étrangère (art.
L.364-10 du Code du travail) ;
— des infractions en droit de l’environnement par exemple : trai-
tement des déchets (art. 541-47 du Code de l’environnement).
2.1.3 Hygiène et sécurité
■ Principe : pas de responsabilité pénale pour l’entreprise
Dans ce domaine, l’article L.263-2 du Code du travail ne désigne
comme responsables que des personnes physiques : chef d’établis-
sement, directeur, gérants ou préposés (pour ces derniers,
cf. § 2.3). La responsabilité d’une personne morale ne peut donc
pas être engagée sur le fondement des dispositions relatives à
l’hygiène et à la sécurité du travail (arrêt de la Cour de cassation,
ch. criminelle, du 1er décembre 1998, Bulletin criminel § no 325,
p. 942 ; revue JCP Edo E 1999, II, p. 1930 ; revue Dalloz 2000, I,
p. 34 ; revue Droit pénal décembre 2000, no 12 bis, p. 20).
■ Limite au principe : homicide ou blessures involontaires
Dans le même arrêt du 1er décembre 1998, la Cour de cassation
a marqué une distinction entre :
— les infractions aux règles d’hygiène et sécurité (prévues par le
Code du travail) qui causent ou pas un accident ;
— les actes de maladresse, imprudence, inattention, négligence
ou correspondant à un manquement à une obligation de sécurité
(prévus par le Code pénal) et qui causent un accident.
L’arrêt du 1er décembre 1998 confirme qu’une personne morale
ne peut pas voir sa responsabilité pénale engagée sur le fonde-
ment juridique d’une infraction aux règles d’hygiène et sécurité car
la loi ne prévoit pas une telle responsabilité dans cette hypothèse.
Mais, toujours selon cet arrêt, le fait pour le président d’une
société ou son délégataire en matière de sécurité de ne pas accom-
plir toutes les diligences normales pour faire respecter les prescrip-
tions, qui s’imposaient à la société dans le domaine de l’hygiène et
de la sécurité, caractérise une faute d’imprudence ou de négli-
gence engageant la responsabilité de celle-ci, et ainsi justifie une
condamnation du chef d’homicide involontaire au regard de
l’article 121-2 du Code pénal qui prévoit la responsabilité pénale
des personnes morales.
L’article 121-2 du Code pénal pose le principe de l’existence
d’une responsabilité dite « pénale » des personnes morales et les
articles 221-7, 222-19 et 222-20 du Code pénal prévoient que les per-
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sonnes morales peuvent voir leur responsabilité « pénale » enga-
gée sur ce fondement juridique de l’homicide ou des blessures
involontaires (cf. § 2.3.2).
Le fait d’être négligent dans le respect des règles d’hygiène et de
sécurité constitue une infraction d’homicide ou blessure involon-
taire punie par le Code pénal, si un accident survient à cause de
cette négligence. En revanche, s’il n’y a pas accident, seul le Code
du travail s’applique et celui-ci ne prévoit pas la responsabilité
pénale des personnes morales.
En l’absence d’accident, la responsabilité pénale d’une personne
morale peut resurgir en cas de mise en danger d’autrui, c’est-à-dire
le « fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort
ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infir-
mité permanente par la violation manifestement délibérée d’une
obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la
loi ou le règlement » (art. 223-1 et 223-2 du Code pénal).
■ Responsabilité financière pour défaut de plan de sécurité
Le Code du travail prévoit des mesures de prévention
« a posteriori » : « En cas d’accident du travail survenu dans une
entreprise où ont été relevés des manquements graves ou répétés
aux règles d’hygiène et de sécurité du travail, la juridiction saisie
doit, si elle ne retient pas dans les liens de la prévention là où les
personnes physiques poursuivies sur le fondement des disposi-
tions du Code pénal citées à l’article L. 263-2-1, faire obligation à
l’entreprise de prendre toute mesure pour rétablir des conditions
normales d’hygiène et de sécurité du travail.
À cet effet, la juridiction enjoint à l’entreprise de présenter, dans
un délai qu’elle fixe, un plan de réalisation de ces mesures accom-
pagné de l’avis motivé du comité d’entreprise et du comité
d’hygiène et de sécurité ou, à défaut, des délégués du personnel. »
(art. L.263-3-1 du Code du travail alinéas 1 et 2).
À défaut de présentation ou d’adoption d’un tel plan, la juridic-
tion compétente ordonne à l’entreprise l’exécution d’un plan que
les juges établissent eux-mêmes pour faire disparaître les dangers
révélés (art. L.263-3-1 du Code du travail alinéa 3).
L’employeur peut être condamné à une amende pouvant aller
jusqu’à 18 000 € en cas d’inertie de sa part (art. L.263-3-1 du Code
du travail alinéa 5).
2.2 Responsabilité pénale du chef
d’entreprise et du chef
d’établissement
2.2.1 Responsabilité du fait personnel
Il y a longtemps que les tribunaux ont admis que le chef d’entre-
prise supporte une responsabilité générale liée à ses fonctions de
dirigeant. Les premières décisions remontent au XIXe siècle. Plus
récemment, on retiendra un arrêt de 1956 qui posa une règle de
principe reprise régulièrement par les tribunaux : « Il lui appartient
de veiller personnellement et à tout moment à la stricte et
constante exécution des dispositions édictées par le Code du tra-
vail ou les règlements pris pour son application en vue d’assurer
l’hygiène et la sécurité des travailleurs (arrêts de la Cour de cassa-
tion, ch. criminelle, du 19 décembre 1956, bulletin § no 859, et du
12 juillet 1988 § no 302) ».
En matière d’hygiène et sécurité le chef d’entreprise est respon-
sable sur le fondement d’articles du Code du travail et du Code
pénal qui posent des obligations générales de sécurité et lui impo-
sent en conséquence le devoir d’exercer une action directe sur les
faits de ses subordonnés. Cette obligation pèse sur le chef d’éta-
blissement lorsque l’entreprise dispose de plusieurs sites indus-
triels.
Certaines lois rappellent ce principe comme le Code de l’environ-
nement (cf. § 7).
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RESPONSABILITÉ PÉNALE EN MAINTENANCE _______________________________________________________________________________________________
La responsabilité du chef d’entreprise, ou du chef d’établis-
sement, s’explique par les caractéristiques propres de leurs
prérogatives : ils sont investis d’un pouvoir de gestion et d’organi-
sation ainsi que d’une plénitude d’autorité sur leurs salariés, ce qui
les oblige à veiller personnellement au respect des prescriptions
légales par leurs subordonnés.
Exemple : un salarié meurt, écrasé contre le boîtier d’une cer-
cleuse par le bras préhenseur. Cet accident est dû au fait que ce salarié
a pu accéder à la zone dangereuse de la machine alors que le bras pré-
henseur était en mouvement. Cette possibilité d’accès était due à un
défaut de protection de la zone dangereuse. Il y a donc eu de la part du
directeur de l’usine une négligence et une inobservation des obliga-
tions de sécurité imposées par la loi et les règlements en matière
d’hygiène et de sécurité, d’autant qu’aucun autre moyen de sécurité tel
que des cellules photo-électriques permettant l’arrêt de la machine lors
de l’accès à la zone dangereuse n’avait été installé. En l’absence de
délégation de responsabilité, le directeur de l’usine était donc le seul
responsable de l’hygiène et de la sécurité et a donc violé l’article
R.233-15 du Code du travail. Le directeur de l’usine a donc commis une
faute personnelle engageant sa responsabilité pénale alors même que
l’origine exacte de l’accident n’était pas connue et était même
contestée (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle du 2 décembre
1997, inédit no 97-80008).
Le dirigeant (de l’ensemble de l’entreprise ou d’un site) est donc
dans une situation particulière au regard du risque pénal : il est
exposé en raison des infractions qu’il commet lui-même directe-
ment dans le cadre de ses fonctions, mais aussi en raison des
infractions commises par ses subordonnés du fait que ce dirigeant
n’a pas pris toutes les mesures nécessaires pour que cette infrac-
tion ne soit pas commise.
2.2.2 Prise en charge personnelle des amendes
prononcées contre ses employés
L’article L.263-2-1 du Code du travail autorise le tribunal à faire
supporter à l’employeur le paiement des amendes prononcées et
des frais de justice, en totalité ou en partie, lorsque la responsabi-
lité du préposé est engagée pour une infraction aux dispositions
légales en matière d’hygiène et de sécurité du travail ayant causé
un préjudice corporel involontaire. Le juge prend sa décision, qui
est facultative, compte tenu des circonstances de fait et des
conditions de travail de l’intéressé.
Cette disposition du Code du travail est exceptionnelle. Une
entreprise n’a pas le droit de payer une amende à la place d’un de
ses employés si une décision de justice ne le prévoit pas.
2.3 Responsabilité pénale des préposés,
dont le responsable maintenance
2.3.1 Responsabilité personnelle des salariés
dans le Code du travail
L’article L.230-3 du Code du travail dispose que chaque tra-
vailleur doit prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses
possibilités, de sa sécurité et de sa santé ainsi que de celle des
autres personnes concernées du fait de ses actes ou omissions au
travail. Ces diligences s’accomplissent conformément aux instruc-
tions qui lui sont données par son employeur.
L’article L.263 du Code du travail confirme ce principe en pré-
voyant une amende pouvant aller jusqu’à 3 750 € à l’encontre non
seulement des chefs d’établissement, directeurs, gérants mais
aussi à l’encontre des préposés ayant commis une faute person-
nelle.
En s’arrêtant à la lettre sur ces deux articles du Code du travail,
on pourrait croire que les salariés travaillant sur un site industriel
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AG 4 950 − 6 © Techniques de l’Ingénieur
sont potentiellement autant responsable que leur chef d’établis-
sement. En réalité, il n’y a pas égalité devant le risque de pour-
suites pénales :
— le chef d’établissement est celui qui court le risque le plus
élevé, car il supporte une obligation générale d’assurer la sécurité
sur son site. Si un accident survient parce que cette sécurité n’est
pas assurée, alors le droit français considère qu’il y a faute ou négli-
gence de la part de cette personne qui doit donc être punie ;
— ensuite, le risque de poursuites pénales est encouru, dans une
moindre mesure, par les salariés disposant de responsabilités
fonctionnelles ou opérationnelles : production, maintenance, chef
de chantier, par exemple. Ceux-ci sont concernés directement
lorsqu’une délégation de pouvoir leur a été concédée ;
— enfin, de manière marginale, il est possible d’envisager des
poursuites pénales à l’encontre d’un simple salarié. Mais il s’agira
d’une situation exceptionnelle car l’article L.230-4 du Code du travail
prolonge l’article L.230-3 en déclarant que les dispositions de cet
article n’affectent pas le principe de la responsabilité des employeurs
ou chefs d’établissement.
2.3.2 Responsabilité des salariés et le Code pénal
■ Actes volontaires : mise en danger d’autrui et violation
délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence
De manière cumulative avec les infractions prévues par le Code
du travail, le Code pénal punit :
— la mise en danger d’autrui qui correspond au « fait d’exposer
directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures
de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente
par la violation manifestement délibérée d’une obligation particu-
lière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement »
(art. 223-1 et 223-2 du Code pénal) ;
— le manquement délibéré à une obligation de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement (art. 222-20 du Code
pénal).
■ Actes involontaires : homicide ou blessures involontaires
Le Code pénal punit les actes d’imprudence, maladresse, inatten-
tion ou négligence causant un décès (art. 221-7), une incapacité de
travail (art. 222-19) ou même des blessures sans incapacité de tra-
vail (art. 622-1).
L’article 121-3 du Code pénal dispose qu’« il n’y a point de crime
ou de délit sans intention de le commettre. ». Il ajoute dans son
alinéa 2 que « toutefois, lorsque la loi le prévoit, il y a délit en cas
de mise en danger délibérée de la personne d’autrui » et, dans son
alinéa 3 qu’« il y a également délit, lorsque la loi le prévoit, en cas
de faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une
obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règle-
ment (...) ».
Ces dispositions sont une innovation du Code pénal entré en
vigueur le 1er mars 1994 et consacrent ainsi le principe selon lequel
toute infraction suppose un agissement coupable avec une inten-
tion consciente.
L’intention consciente correspond à une exigence constitution-
nelle : en effet, le Conseil constitutionnel a estimé, dans une déci-
sion en date du 16 juin 1999, qu’« il résulte de l’article 9 de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, s’agissant des
crimes et délits, que la culpabilité ne saurait résulter de la seule
imputabilité matérielle d’actes pénalement sanctionnés ; qu’en
conséquence, et conformément aux dispositions combinées de
l’article 9 précité et du principe de légalité des délits et des peines
affirmé par l’article 8 de la même Déclaration, la définition d’une
incrimination, en matière délictuelle, doit inclure, outre l’élément
matériel de l’infraction, l’élément moral, intentionnel ou non, de
celle-ci (...). » (décision no 99-411 du 16 juin 1999).
Cependant, avant l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal, il
existait de nombreux délits non intentionnels qualifiés par la doc-
trine de « délits matériels » du fait de la quasi-inexistence de leur
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élément intentionnel. Les « délits matériels » étaient constitués en
l’absence de toute faute intentionnelle, mais aussi de toute faute
d’imprudence ou de négligence. Les agissements matériels suffi-
saient à constituer l’infraction.
Le caractère matériel de ces délits a été supprimé par la loi
no 92-1336 du 16 décembre 1992, dite loi d’adaptation relative à
l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal et à la modification de
certaines dispositions de droit pénal et de procédure pénale ren-
due nécessaire par cette entrée en vigueur. L’article 339 ne laisse
subsister que les délits non intentionnels antérieurs à l’entrée en
vigueur de cette loi. Ainsi, les seules infractions matérielles sub-
sistant dans notre droit pénal sont les contraventions.
Mais le garde des sceaux a indiqué, dans sa circulaire commen-
tant le nouveau Code pénal, que la répression ne s’en trouvera pas
limitée dans la mesure où la plupart des « délits matériels »
concernaient des professionnels pour lesquels le non-respect de la
réglementation constituaient nécessairement une négligence ou
une imprudence fautive (circulaire du 14 mai 1993 sur le commen-
taire des dispositions de la partie législative du nouveau Code
pénal (livres I à V) et des dispositions de la loi du 16 décembre 1992
relative à son entrée en vigueur).
La jurisprudence montre en effet que les infractions d’homicide
ou blessures involontaires s’appuient sur une présomption de
faute des dirigeants ou des salariés disposant d’une compétence
sur les questions d’hygiène et sécurité.
Exemple : à la suite du décès par électrocution d’un monteur en
caténaire, des poursuites pénales ont été exercées, pour homicide
involontaire et infractions à la réglementation à la sécurité sur les chan-
tiers en matière de travaux électriques, à l’encontre du chef d’équipe
présent sur le chantier et du directeur du groupe caténaire de l’entre-
prise de BTP, ce dernier étant titulaire d’une délégation de pouvoirs
écrite en matière de sécurité. Ce dernier a néanmoins été relaxé alors
que le chef de chantier a été condamné pénalement. En effet, le pré-
venu avait prescrit à la victime l’exécution de son travail au mépris des
règles de sécurité et en toute conscience du danger qu’il lui faisait cou-
rir, de plus il était titulaire de la carte d’habilitation caténaire no 3 dont la
délivrance impliquait un enseignement particulièrement poussé des
mesures de sécurité. En outre, le directeur du groupe caténaire de
l’entreprise avait pu démontrer qu’il s’attachait à former de manière
théorique et pratique son personnel et qu’il ne conférait de responsabi-
lités qu’aux personnes qui s’étaient révélées aptes à l’issue des stages
de formation ; ce qui avait été le cas du prévenu qui bénéficiait en outre
d’une expérience dans ses fonctions de 7 années (arrêt de la Cour de
cassation, ch. criminelle, du 14 février 1991, Bulletin criminel § no 79,
p. 197).
2.3.3 Existence d’un cas de force majeure
L’article 122-2 du Code pénal dispose : « N’est pas pénalement
responsable la personne qui a agi sous l’empire d’une force ou
d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister ».
Le principe est que la contrainte abolit la volonté du prévenu qui,
malgré lui, se trouve obligé de commettre une infraction. La force
majeure doit revêtir, en particulier, le caractère d’imprévisibilité qui
est mal admis en matière d’accident du travail.
Exemple : le desserrement intempestif d’un écrou ayant neutralisé
le système de sécurité d’une presse n’était pas imprévisible dans la
mesure où « l’éventualité d’un dérèglement du système de sécurité,
loin d’avoir été imprévisible pour l’employeur, aurait pu être efficace-
ment combattue par des mesures préventives appropriées. » (arrêt de
la Cour de cassation, ch. criminelle, du 2 mars 1977, Bulletin criminel
§ no 85, p. 202).
2.3.4 Sanctions
Tant qu’il n’y a pas d’accident, les infractions aux règles
d’hygiène et de sécurité prévues par le Code du travail sont punies
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d’une amende pouvant atteindre 3 750 €. L’amende est appliquée
autant de fois qu’il y a de salariés dans l’entreprise concernée par
la ou les infractions relevées dans le procès-verbal de l’inspecteur
du travail (art. L.263-2 du Code du travail).
Toujours en l’absence d’accident, mais au cas où une personne
est exposée directement à un risque immédiat de mort ou de bles-
sures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité perma-
nente, à la suite d’une violation manifestement délibérée d’une
obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la
loi ou le règlement, la personne en cause risque une peine
d’emprisonnement pouvant atteindre un an et une amende pou-
vant aller jusqu’à 15 000 €.
Si un accident intervient, le barème suivant s’applique :
— en cas de décès, une peine d’emprisonnement pouvant
atteindre cinq ans et/ou une amende jusqu’à 75 000 € (art. 221.6 du
Code pénal) ;
— en cas d’accident entraînant une incapacité totale de
travail de plus de trois mois, une peine d’emprisonnement pou-
vant atteindre trois ans et/ou une amende pouvant aller jusqu’à
45 000 € (art. 222.19 du Code pénal) ;
— en cas d’accident entraînant une incapacité totale de travail
d’une durée inférieure ou égale à trois mois, une peine d’empri-
sonnement pouvant atteindre un an et/ou une amende pouvant
aller jusqu’à 15 000 €.
3. Délégation de pouvoir
3.1 Délégation : seul moyen
d’exonération de responsabilité
pénale pour le dirigeant
La responsabilité pénale des infractions est généralement attri-
buée au dirigeant occupant le poste le plus élevé de la hiérarchie,
c’est-à-dire le représentant légal ou le chef d’établissement. En tant
que tel, le dirigeant doit veiller personnellement et à tout moment
à la stricte et constante application des dispositions légales ou
réglementaires.
Cette obligation générale de sécurité rend le dirigeant coupable
de tous les manquements à la sécurité commis par ses préposés.
Il commet une faute personnelle si un de ses préposés en commet
une au regard des règles de sécurité car il doit prendre toutes les
mesures requises pour que ceux-ci n’en commettent pas.
Exemple : le directeur de l’usine, qui n’a pas mis en place la sécu-
rité requise, a commis une faute personnelle engageant sa responsabi-
lité pénale alors même que l’origine exacte de l’accident n’était pas
connue et était même contestée (arrêt de la Cour de cassation, ch. cri-
minelle du 2 décembre 1997, inédit no 97-80008 ; cf. § 2.2.1 pour la
description des faits).
Aux termes d’une jurisprudence constante, la faute de la victime,
le caractère coûteux des mesures de sécurité, l’éloignement du
dirigeant ou encore l’accord du personnel pour écarter les mesures
de sécurité ne font pas disparaître la responsabilité pénale du
directeur d’établissement.
La seule cause d’exonération réelle du dirigeant est donc la
délégation de pouvoirs :
— expresse en faisant signer un document au préposé ;
— implicite en donnant de fait à un préposé le pouvoir qui
permet d’éviter l’accident.
AG 4 950 − 7
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3.2 Fondement juridique et conséquence
pour le responsable maintenance
■ Liberté de principe
Les tribunaux sont conscients du fait que les dirigeants ne
peuvent pas toujours matériellement veiller au respect de la loi.
C’est pourquoi la chambre criminelle de la Cour de cassation
énonce que : « Hors les cas où la loi en dispose autrement, le chef
d’entreprise qui n’a pas personnellement pris part à l’infraction
peut s’exonérer de sa responsabilité pénale s’il apporte la preuve
qu’il a délégué ses pouvoirs à une autre personne pourvue de la
compétence, de l’autorité et des moyens nécessaires » (cinq arrêts
de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 11 mars 1993, Bulletin
criminel § no 112, p. 270).
Ces cinq affaires portaient sur le droit de la contrefaçon et le
droit économique, mais sont valables en matière d’hygiène et
sécurité.
La délégation se présente donc comme le procédé par lequel
un dirigeant d’entreprise transfère à un ou plusieurs de ses
salariés une partie de ses fonctions et donc des responsabilités
attachées à ces fonctions.
■ Double culpabilité
Une délégation valable a pour conséquence de transférer la
responsabilité pénale de l’employeur à la personne qui a reçu la
délégation et d’exonérer en conséquence le délégant de sa respon-
sabilité pénale.
Mais, d’une part, elle ne transfère que la charge de la responsa-
bilité de l’activité déléguée et, d’autre part, elle ne produit aucun
effet à l’égard de délits commis en dehors de l’activité déléguée.
Or, il n’est pas nécessaire que la faute commise constitue la
seule cause directe et exclusive de l’accident du travail. Il suffit que
le comportement ait joué un rôle dans la réalisation du dommage.
Selon la jurisprudence, la responsabilité de plusieurs personnes
peut donc être retenue dès que leur comportement fautif respectif
a joué un rôle quelconque dans la production du dommage.
Toutefois, la pluralité d’intervenants dans un même accident ne
peut pas donner lieu à des poursuites sur le même fondement. Le
juge doit rechercher s’il est possible de reprocher à chacune de ces
personnes une faute distincte, dans la mesure où le même grief
juridique ne peut être mis à la charge de deux personnes diffé-
rentes.
Donc, lorsque les fautes ont un contenu différent, plusieurs
personnes peuvent être tenues responsables. Ce pourra être le cas
pour un accident intervenu à l’intérieur d’une même entreprise
s’expliquant tant par l’inobservation des règlements que par
l’imprudence commise.
Exemple : responsabilité du chef d’entreprise et d’un chef de
chantier pour homicide involontaire, le premier n’ayant pas respecté la
procédure pour obtenir la coupure du courant électrique à haute tension
(absence de procédure écrite prévue par l’article 172 du décret du 8 jan-
vier 1965) et le second ayant été négligent en ne s’assurant pas que le
courant avait été coupé avant l’exécution des travaux (ainsi, par un arrêt
de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 21 juin 1977, Bulletin criminel
§ no 230, p. 576).
3.3 Mise en œuvre de la délégation
de pouvoir et de responsabilité pénale
En raison de sa conséquence très importante, les tribunaux
s’assurent de la réalité de la délégation en subordonnant son
admission à de strictes conditions.
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3.3.1 Étendue de la délégation
■ Délégation partielle et nécessaire
La taille de l’entreprise doit empêcher le dirigeant de veiller
effectivement au respect des prescriptions légales.
Une délégation totale est impossible, car elle marquerait le dés-
intérêt du dirigeant à l’égard de l’entreprise, et se verrait donc pri-
vée d’efficacité, car un dirigeant doit obligatoirement garder ses
fonctions de direction de l’entreprise.
■ Délégation sur une matière technique
Une délégation portant sur la gestion de l’entreprise serait sans
effet car le dirigeant légal abdiquerait un pouvoir inhérent à sa
fonction. La présomption de responsabilité pesant sur le dirigeant
ne peut pas être écartée du fait d’une délégation de pouvoir dès
lors que l’élément matériel de l’infraction relèverait des fonctions
de direction qu’il doit assurer personnellement.
Exemple : le dirigeant d’une société a été condamné à un emprison-
nement de six mois avec sursis et 30 000 francs d’amende malgré la
délégation de pouvoirs qu’il avait consenti à un de ses conducteurs de
travaux car les juges ont estimé que l’accident résultait d’un dysfonc-
tionnement dans l’organisation de l’entreprise, ce qui relevait des fonc-
tions d’un dirigeant d’entreprise et non d’un conducteur de travaux. En
l’espèce, le dirigeant recourait systématiquement à la sous-traitance
pour des travaux relevant de l’activité normale de son entreprise, ce qui
créait une ambiguïté sur le rôle de chacun en matière de sécurité
(arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 25 mars 1997, inédit
no 96-82163).
3.3.2 Compétence, autorité et moyens
■ Compétence
Le salarié concerné par la délégation doit être compétent. S’agis-
sant d’une question de fait, la compétence du salarié peut se
déduire des diplômes obtenus ou de l’ancienneté acquise et sur-
tout de l’expérience dans les fonctions occupées et des formations
suivies.
Il appartient au dirigeant de donner au délégué les moyens de sa
compétence, faute desquels la délégation serait privée d’effet.
Exemple : le directeur du groupe caténaire d’une l’entreprise avait
pu démontrer qu’il s’attachait à former de manière théorique et pratique
son personnel et qu’il ne conférait de responsabilités qu’aux personnes
qui s’étaient révélées aptes à l’issue des stages de formation ; ce qui
avait été le cas du prévenu qui bénéficiait en outre d’une expérience
dans ses fonctions de 7 années (arrêt de la Cour de cassation, ch. cri-
minelle, du 14 février 1991, Bulletin criminel § no 79, p. 197, cf. § 2.3.2
pour la description des faits).
■ Autorité
L’autorité prolonge la compétence et exige du dirigeant qu’il ait
transféré au salarié une part de son pouvoir, par exemple discipli-
naire. Le délégataire doit disposer d’un pouvoir de commandement
effectif, sinon le dirigeant reste pénalement responsable :
Exemple : « en raison des conditions de son contrat de travail, ledit
préposé demeurait en fait dans un état de subordination étroit exclusif
d’une délégation librement acceptée » (arrêt de la Cour de cassation,
ch. criminelle, du 2 mars 1977, Bulletin criminel § no 85, p. 202).
3.3.3 Lien hiérarchique et subdélégation
Le dirigeant doit investir lui-même le salarié de ses pouvoirs.
Toutefois, cette précision n’interdit pas la subdélégation dès lors
que celle-ci est prévue dans la délégation initiale (arrêt de la Cour
de cassation, ch. criminelle, du 14 février 1991, Bulletin criminel §
no 79, p. 197).
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Si l’attribution d’une fonction de contrôle à une personne qui est
totalement étrangère à l’entreprise ne constitue pas une délégation
valable, l’existence d’un lien salarial direct entre le chef d’entre-
prise et le délégataire n’est pas nécessaire : trois arrêts de principe
concernant la même affaire ont retenu la validité d’une délégation
faite à un membre d’une société filiale : « Rien n’interdit au chef
d’un groupe de société et président de la société chargé des tra-
vaux, de déléguer ses pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité
au dirigeant d’une autre société du groupe placé sous son autorité
hiérarchique. » (arrêt de la Cour de cassation, ch. Criminelle, du
26 mai 1994, Bulletin criminel § no 208, p. 486).
La portée de cette jurisprudence en est double :
— d’une part, le droit pénal ne se préoccupe pas du cloisonne-
ment résultant de l’existence de plusieurs personnalités morales
différentes du moment que ce cloisonnement autorise en pratique
une délégation effective ;
— d’autre part, par voie de conséquence, c’est le pouvoir hiérar-
chique qui est, quelle que soit sa source, la condition préalable et
nécessaire de la délégation.
L’existence d’un contrat de travail est un élément en faveur de la
reconnaissance d’une délégation valable.
3.3.4 Forme de la délégation
L’écrit n’est pas exigé par la jurisprudence. Dans l’affaire du sala-
rié électrocuté (cf. § 2.3.2), la Cour de cassation a conclu que le pré-
venu « avait été régulièrement subdélégué par le directeur du
groupe caténaire pour ce qui concernait la sécurité de son
chantier ». Pourtant, cet arrêt ne vise aucune délégation écrite de la
part de ce directeur vis-à-vis du prévenu ; l’arrêt ne vise qu’une
délégation de pouvoirs reçue par le directeur, probablement de la
part d’un représentant légal de l’entreprise. Cette affaire semble
donc considérer qu’il peut y avoir une subdélégation de responsa-
bilité pénale de fait lorsqu’une personne est investie des moyens
et d’une autorité lui permettant, en sus de sa compétence profes-
sionnelle, de veiller à la sécurité dans l’exercice de ses fonctions
(arrêt de la Cour de cassation, ch. Criminelle, du 14 février 1991,
Bulletin criminel § no 79 p. 197).
La preuve de la délégation peut donc être apportée par tout
moyen.
Par précaution, il convient d’établir un écrit pour la délégation.
Le juge doit en effet vérifier si le salarié, qui a reçu la délégation,
dispose de la qualification et de l’autorité nécessaire et s’il a
compris l’engagement qu’il a ainsi reçu. L’écrit facilitera cette
recherche en donnant le périmètre et les conditions de la déléga-
tion.
3.4 Délégation de fait et de droit
L’article 121-4 du Code pénal dispose que l’auteur de l’infraction
est la personne qui commet les faits incriminés, ce qui signifie que
l’on n’est normalement responsable pénalement que de ses pro-
pres fautes.
Ce principe de personnalité des peines permet de comprendre
les mécanismes juridiques des délégations : les conditions néces-
saires et suffisantes sont une délégation certaine, sans ambiguïté
et donnée à un préposé pourvu de la compétence, de l’autorité et
des moyens nécessaires pour veiller efficacement à l’observation
de la réglementation.
Les juges s’attachent donc plus aux moyens dont dispose le sala-
rié qui a reçu la délégation et à l’acceptation par lui de la respon-
sabilité pénale, qu’aux termes écrits d’une convention entre
parties.
■ Délégation sans écrit
Dans l’affaire du salarié électrocuté (cf. § 3.3.4), la Cour de cassa-
tion semble avoir admis une subdélégation de responsabilité
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pénale sans écrit dans la mesure où le chef d’équipe était investi
des moyens et d’une autorité lui permettant, en sus de sa
compétence professionnelle, de veiller à la sécurité dans l’exercice
de ses fonctions.
■ Refus d’admettre une délégation malgré l’existence
d’un écrit
Exemple : le chef du département décapage-laminage, et titulaire
d’une délégation de pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité, a été
déclaré coupable d’homicide involontaire et d’infraction à la réglemen-
tation concernant les engins de levage après le décès d’un opérateur
P1 à la suite d’une chute au cours d’une opération de manutention d’un
équipement de montage. La mort a été provoquée par écrasement lors
de la manœuvre d’un pont roulant destiné à déplacer un appareil de
2,5 t pour permettre l’entretien d’une cage de laminage. Un même
ouvrier était à la fois opérateur et signaleur, mais n’avait pas une vue
d’ensemble des autres opérateurs.
Les juges ont écarté l’argument du prévenu qui se défendait en
déclarant avoir délégué sa responsabilité pénale, pour la période
de ses congés, en prenant une note de services sur des opérations
à accomplir en son absence sous le contrôle d’un ingénieur. Il sem-
ble que les juges aient considéré que cette simple note de services
ne valait pas transfert de la compétence, de l’autorité et des
moyens dont était investi le prévenu et que donc cette note de ser-
vices ne valait pas délégation de responsabilité pénale.
Alors même qu’il n’était pas présent sur le chantier (puisqu’en
vacances), le prévenu a été considéré comme étant celui qui avait
gardé le pouvoir d’éviter l’accident : après avoir constaté que le
prévenu était pourvu de la compétence, de l’autorité et des
moyens nécessaires à l’exercice de sa mission, les juges l’ont
condamné pour ne pas avoir accompli les diligences normales qui
lui incombaient pour assurer le respect des règles relatives à la
sécurité des travailleurs chargés d’effectuer en son absence les tra-
vaux prévus au cours de cette période et qui exigeaient des pré-
cautions particulières.
En effet, la manœuvre prévue avait un caractère exceptionnel et
un mode opératoire aurait dû être concrètement défini, avant l’exé-
cution des travaux, avec une équipe spécialisée nantie de
consignes particulières et non, comme en l’espèce, en utilisant des
salariés intérimaires (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle,
du 17 juin 1997, Bulletin criminel § no 237, p. 788).
■ Délégation écrite sans effet
La Cour de cassation a retenu que même en présence d’une
délégation écrite celle-ci pouvait être dénuée de validité dès lors
qu’il n’est pas rapporté, nonobstant l’existence d’un écrit, l’exis-
tence d’une délégation certaine et exempte d’ambiguïté (arrêt
de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 4 juin 1998, inédit
no 97-81186).
4. Prévention des risques dans
le cadre du Code du travail
Le lecteur pourra se reporter aux volumes « Sécurité - Gestion
des risques » et plus particulièrement à l’article [SE 3 200] Évalua-
tion des risques. Les résultats dans un document unique [3].
4.1 Principe de prévention des risques
La loi no 91-1414 du 31 décembre 1991 a transposé pour l’essen-
tiel le texte de la directive européenne no 89/391/CE du 12 juin
1989, dite « directive-cadre » qui définit les principes fondamen-
taux de la protection des travailleurs et place l’évaluation des ris-
ques professionnels au centre de la prévention.
AG 4 950 − 9
RESPONSABILITÉ PÉNALE EN MAINTENANCE _______________________________________________________________________________________________
En matière de maintenance, de nombreux décrets relatifs à la
sécurité dans l’entreprise et appliquant le principe de prévention
avec l’évaluation des risques en amont ont vocation à s’appliquer,
par exemple ceux concernant :
— le document d’analyse des risques établi par le Comité
d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ;
— les fiches de données de sécurité réalisée par les fabricants de
produits chimiques ;
— le plan de coordination en matière de sécurité et de protection
de la santé dont le respect est contrôlé par un coordinateur de sécu-
rité (décret no 94-1159 du 26 décembre 1994 relatif à l’intégration
de la sécurité et à l’organisation de la coordination en matière de
sécurité et de protection de la santé lors des opérations de bâtiment
ou de génie civil et modifiant le Code du travail dans sa deuxième
partie – art. R.2381 et suivants du Code du travail).
Deux décrets, intéressent particulièrement les responsables
maintenance :
— le décret no 2001-1016 du 5 novembre 2001 portant création
d’un document relatif à l’évaluation des risques pour la santé et la
sécurité des travailleurs prévue par l’article L. 230-2 du Code du tra-
vail et modifiant le Code du travail dans sa deuxième partie – art.
R.230-1 du Code du travail ;
— décret no 92-158 du 20 février 1992 complétant le Code du tra-
vail et fixant les prescriptions particulières d’hygiène et de sécurité
applicables aux travaux effectués dans un établissement par une
entreprise extérieure – art. R.237-1 à R.237-28 du Code du travail).
4.2 Évaluation des risques
dans l’entreprise :
le rôle du document unique
L’article L.230-2 du Code du travail, issu de la loi du 31 décembre
1991 dispose que le chef d’entreprise est obligé d’évaluer les ris-
ques au sein de son entreprise.
Suite à l’accident dramatique de Toulouse en septembre 2001, le
décret du 5 novembre 2001 concrétise le dispositif général mis en
place par la loi du 31 décembre 1991 en introduisant deux disposi-
tions réglementaires dans le Code du travail :
— l’article R.230-1 du Code du travail précise le contenu de l’obli-
gation pour l’employeur de créer et conserver un document unique
transcrivant les résultats de l’évaluation des risques à laquelle il a
procédé ;
— l’article R.263-1-1 du Code du travail assortit de sanctions
pénales le non-respect par l’employeur des différentes obligations
auxquelles celui-ci est dorénavant soumis en matière d’évaluation
des risques.
Le responsable maintenance joue un rôle prépondérant pour
l’analyse des risques existant sur les postes de travail sur lesquels
il intervient.
La circulaire du 18 avril 2002 apporte des commentaires aux
inspecteurs du travail en donnant des éléments de droit et de
méthode utiles pour promouvoir le document unique d’évaluation
des risques et en faciliter la compréhension par les acteurs externes.
Les commentaires ci-après sont tirés de cette circulaire du 18 avril
2002.
4.2.1 Établissement du « document unique »
■ Caractère d’unicité
Le décret exige qu’il n’y ait qu’un document pour assurer :
— cohérence : regrouper sur un seul support l’ensemble des
données issues de l’analyse des risques professionnels ;
— commodité : il est plus facile d’assurer le suivi d’un seul docu-
ment que de plusieurs ;
— traçabilité : ce document, qui peut être écrit ou numérique,
doit être utilisé de façon systématique pour reporter les résultats de
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AG 4 950 − 10 © Techniques de l’Ingénieur
l’évaluation des risques. L’existence de ce support traduit un souci
de transparence et de fiabilité de nature à garantir l’authenticité de
l’évaluation des risques.
■ Loi Informatique et Libertés
L’employeur, ou les cadres responsables des traitements infor-
matisés du document unique, sont tenus à une déclaration auprès
de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL)
dès lors que le document unique sous forme électronique
comporte des données nominatives. À défaut, des sanctions péna-
les sont possibles.
■ Contenu du document unique
L’article L.230-2 du Code du travail énumère des risques devant
être évalués (sans que cette liste ne soit d’ailleurs limitative) et l’arti-
cle R.230-1 de ce même code prévoit que le chef d’entreprise dresse
un « inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail. »
La circulaire du 18 avril 2002 précise que les documents déjà
existants peuvent servir de sources d’information utiles : le docu-
ment d’analyse des risques fait par le CHSCT ou les fiches de
données de sécurité concernant les produits chimiques (§ 2.1.2 in
fine de la circulaire).
Cet inventaire ne se réduit pas à un relevé brut des données issu
de l’identification des dangers potentiels ou réels au sein de
l’entreprise, mais consiste également en une analyse des risques,
résultat de l’étude des conditions d’exposition des travailleurs à
ces dangers (§ 2.1.2 de la circulaire). À titre d’exemple, le rythme
du travail et la durée du travail, pris isolément, pourraient ne pas
constituer un danger pour les travailleurs. Cependant, l’association
de ces deux facteurs pourrait être susceptible de porter atteinte à
la santé et à la sécurité du travail.
La notion d’unité de travail doit être comprise au sens large. Son
champ peut se réduire à un poste de travail ou s’étendre à plu-
sieurs postes de travail présentant les mêmes caractéristiques. En
outre, une unité de travail peut englober plusieurs lieux géographi-
ques différents mais les regroupements opérés par le chef d’entre-
prise ne doivent pas occulter les particularités de certaines
expositions individuelles.
■ Mise à jour du document unique (§ 2.2 de la circulaire)
La mise à jour du document unique, qui s’inscrit dans une
démarche dynamique et évolutive, est destinée à disposer d’un
document à jour malgré les perpétuelles mutations et s’articule
autour de trois obligations imposées au chef d’entreprise :
— une mise à jour au moins une fois par an. Cette périodicité est
purement indicative et ne justifie pas une obsolescence du docu-
ment unique durant l’année ;
— une mise à jour en cas de décision d’aménagements impor-
tants (transformation importante des postes de travail découlant de
la modification de l’outillage, d’un changement de produit ou de
l’organisation du travail, ou modification des cadences et des
normes de productivité liées ou non à la rémunération du travail -
Article L.236-2 septième alinéa du Code du travail) ;
— une mise à jour « lorsqu’une information supplémentaire
concernant l’évaluation d’un risque dans une unité de travail est
recueillie » (article R.230-1 troisième alinéa du Code du travail).
Cette mise à jour est liée au retour d’expérience (survenance d’acci-
dents du travail, de maladies professionnelles, ...) et à l’évolution
des connaissances scientifiques et techniques (risques chimiques
par exemple) et aux modifications des textes de lois (prise en
compte des risques psychosociaux, par exemple).
4.2.2 Personnes amenées à connaître
le document unique
■ Acteurs internes à l’entreprise
Il s’agit :
— des instances représentatives du personnel (CHSCT, délégués
du personnel et instances équivalentes dans les établissements
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03/10/2008
 _______________________________________________________________________________________________ RESPONSABILITÉ PÉNALE EN MAINTENANCE
publics) : le document unique sert à l’analyse des risques
professionnels qui est une des prérogatives des instances représen-
tatives du personnel ;
— à défaut, des personnes soumises à un risque pour leur sécu-
rité ou leur santé : le document contribue à l’information des
travailleurs et s’inscrit dans une démarche de participation des tra-
vailleurs à l’appréciation des résultats de l’évaluation des risques ;
— du médecin du travail, en sa qualité d’acteur à part entière de
la démarche de prévention au sein de l’entreprise.
Le chef d’entreprise doit donc veiller à ce que ces personnes
soient en mesure de pouvoir consulter ce document par réseau
électronique ou sur support papier.
■ Acteurs externes à l’entreprise
Peuvent consulter le document unique, sur demande adressée
au chef d’entreprise :
— les agents de l’inspection du travail en vertu de leur droit de
consultation prévu par les textes, de leur mission définie dans la
circulaire no 02 DRT du 23 février 2000 relative au programme
d’actions coordonnées 2000 pour la prévention des risques profes-
sionnels, et aussi de leur pouvoir de dresser des procès-verbaux en
cas d’infraction aux dispositions du Code du travail ;
— les médecins inspecteurs du travail et de la main-d’œuvre qui
disposent d’un droit de consultation identique à celui des agents
de l’inspection du travail ;
— les agents des services de prévention des organismes de Sécu-
rité sociale, qui bénéficient aussi d’un droit d’accès dans la mesure
où ils jouent un rôle important en matière de prévention, en
engageant des moyens, tant d’incitation en matière de prévention
(exploitation des résultats des enquêtes pour sensibiliser les chefs
d’entreprise à l’évaluation des risques) que d’injonction à l’égard
des employeurs (amener le chef d’entreprise à réaliser des mesures
d’amélioration) ;
— l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des
travaux publics qui exerce une mission de conseil dans les
domaines de la sécurité, de la protection de la santé et de l’amé-
lioration des conditions de travail dans les entreprises du bâtiment
et de travaux publics (décret no 85-682 du 4 juillet 1985 modifié).
4.2.3 Utilisation du document unique dans la mise
en œuvre d’actions de prévention
Le document unique contribue notamment à l’élaboration du
programme annuel de prévention des risques professionnels qui
fixe la liste détaillée des mesures devant être prises au cours de
l’année à venir afin de satisfaire aux prescriptions figurant dans les
principes généraux de prévention.
4.2.4 Sanctions pénales en l’absence d’évaluation
des risques
L’article R.263-1-1 du Code du travail (issu du décret du
5 novembre 2001) punit le fait de ne pas transcrire ou de ne pas
mettre à jour les résultats de l’évaluation des risques, dans les
conditions de l’article R.230-1, d’une amende pouvant aller jusqu’à
1 500 €, voire 3 000 € en cas de récidive.
4.3 Plan de prévention lors de
l’intervention d’entreprises
extérieures
Le décret du 20 février 1992 a vocation à s’appliquer lorsqu’une
entreprise extérieure fait intervenir son personnel pour qu’il exé-
cute une opération chez une entreprise cliente (encadré 1). Il veut
prévenir, par une coordination générale, tous risques reposant sur
l’interférence entre les activités, installations et matériels des entre-
prises présentes sur le même lieu de travail (article R.237-2 du
Code du travail).
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Encadré 1 – Textes réglementant le plan
de prévention
o
● Le décret n 92-158 du 20 février 1992 qui a introduit dans le
Code du travail les articles R.237-1 à R.237-28 fixe les règles spé-
cifiques d’hygiène et de sécurité applicables aux opérations
effectuées par une entreprise extérieure dans un établissement.
● Les règles d’hygiène et de sécurité applicables aux opéra-
tions effectuées par une entreprise extérieure sont également
fixées par, notamment :
— l’arrêté du 19 mars 1993 fixant la liste des travaux dange-
reux pour lesquels il est établi par écrit un plan de prévention ;
— l’arrêté du 10 mai 1994 fixant la liste des travaux dange-
reux dans les établissements agricoles pour lesquels un plan
de prévention par écrit est établi ;
— l’arrêté du 26 avril 1996 portant adaptation des règles de
sécurité pour les opérations de chargement et de décharge-
ment effectuées par une entreprise extérieure.
● L’Administration a apporté des commentaires notamment
dans :
— la circulaire DRT no 93/14 du 18 mars 1993 consacrée spé-
cialement au décret du 20 février 1992 ;
— la circulaire du 14 juin 1994 « relative aux installations clas-
sées pour la protection de l’environnement. Refonte de la
nomenclature » (non publiée au Journal officiel). Elle présente
notamment un arrêté-type qui contient des dispositions spéci-
fiques et des dispositions optionnelles, au nombre desquelles
figure, à titre d’exemple, une disposition relative aux permis de
feu.
4.3.1 Personnes concernées
■ Responsables du plan
L’article R.237-3 du Code du travail rend possible la délégation au
responsable maintenance aux conditions classiques en matière de
délégation (cf. § 3) : « Lorsque pour l’application des dispositions
du présent chapitre, l’employeur entend déléguer ses attributions,
il ne peut le faire qu’à un agent doté de l’autorité, de la compé-
tence et des moyens nécessaires, qui sera, lorsque c’est possible,
un des agents appelés à prendre part à l’exécution des opérations
prévues dans l’établissement de l’entreprise utilisatrice ».
■ Personnes bénéficiaires du plan
Le personnel visé s’entend, selon la circulaire du 18 mars 1993,
des salariés permanents.
4.3.2 Lieux
■ Maîtrise des lieux
Peu importe que l’entreprise utilisatrice (le client) ne soit pas pro-
priétaire des lieux.
Ainsi, un chef d’entreprise qui n’a pas fait de plan de prévention
est responsable d’un accident survenu sur une décharge qu’il
exploitait alors même qu’il soutenait que ce « chantier » était une
voie publique, ouverte à tous et relevant, pour la sécurité, de
l’autorité publique (arrêt de la Cour de cassation, ch. Criminelle, du
27 mai 1991, Bulletin criminel 1991, § no 223, p. 568).
■ Chantiers concernés et les chantiers exclus
Le décret s’applique en principe à tous types de travaux, y
compris ceux du bâtiment sous réserve de ce qui suit.
Afin d’assurer la cohérence avec le décret du 20 février 1992 sur
les entreprises extérieures intervenant dans les établissements
d’autres entreprises, le décret du 26 décembre 1994 précise (article
R.237-1 alinéa 2 du Code du travail) pour les chantiers de bâtiment
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ou de génie civil soumis aux règles de coordination spécifiques
découlant de l’article L.235-3 du Code du travail, que :
— les règles concernant l’intervention des entreprises extérieures
dans les établissements (essentiellement l’établissement d’un plan
de prévention) ne jouent pas sur les chantiers de bâtiment ou de
génie civil soumis au décret du 26 décembre 1994 ;
— le chef d’établissement de l’entreprise d’accueil doit toutefois
« coopérer en matière de sécurité et de protection de la santé avec
le coordinateur » prévu par les règles concernant les chantiers de
bâtiment ou de génie civil.
La circulaire no 93/14 du 18 mars 1993 précise aussi le champ
d’application du décret du 20 février 1992.
Le décret « ne s’applique pas aux chantiers définis comme « clos
et indépendants », non pas en raison de la nature de l’activité
effectuée, mais parce qu’il s’agit de chantiers ne comportant pas de
risques liés à l’interférence entre les activités, installations, maté-
riels des différentes entreprises concernées et de l’entreprise utili-
satrice. Il s’agira le plus souvent de chantiers dans l’enceinte de
l’entreprise utilisatrice, matériellement isolés de celle-ci, qui pour-
ront être considérés comme des chantiers indépendants, par exem-
ple en l’absence de tous risques liés à l’interférence entre la
circulation des salariés de l’entreprise utilisatrice et celle des sala-
riés du chantier, de toute interférence pouvant résulter de risques
d’origine chimique, et de toutes interférences d’installations et
matériels (par exemple : installations électriques, fluides) ».
■ Travaux exclus : travaux de construction et de réparation
navals
Dans l’attente d’un nouveau texte, ces travaux restent soumis au
décret prédécesseur du décret du 20 février 1992 , le décret
no 77-1321 du 29 novembre 1977.
4.3.3 Mesures préalables de prévention : l’échange
d’informations et l’analyse de risque
Avant toute opération, il est procédé à un échange d’informa-
tions de la manière suivante :
— il est procédé à l’identification des personnes concernées
(article R.237-4 du Code du travail) ;
— le chef de l’entreprise utilisatrice et le ou les chefs d’entreprises
extérieures doivent procéder à une inspection commune des lieux
de travail, des installations et des matériels éventuellement mis à
disposition des entreprises extérieures (article R.237-6 du Code du
travail).
Le décret renforce le rôle du chef de l’entreprise utilisatrice dans
la coordination générale, puisqu’il lui appartient de prendre l’initia-
tive des mesures de prévention préalables. Ainsi, au cours de l’ins-
pection, le chef de l’entreprise utilisatrice :
— délimite le secteur de l’intervention des entreprises extérieu-
res ;
— matérialise les zones de ce secteur présentant des dangers
pour leur personnel ;
— indique les voies de circulation du personnel, ainsi que les
véhicules et engins de toute nature appartenant aux entreprises
extérieures ;
— communique aux chefs des entreprises extérieures ses
consignes de sécurité pour les salariés à l’occasion de leur travail
ou de leurs déplacements.
Les employeurs se communiquent toutes informations de pré-
vention, et notamment :
— la description des travaux à effectuer, des matériels utilisés,
des modes opératoires s’ils ont une incidence sur l’hygiène et la
sécurité ;
— les fiches de données de sécurité des produits dangereux uti-
lisés sur le site (circulaire de 1993) ;
— les voies d’accès devant être empruntées par le personnel de
ces entreprises ;
— les fiches d’aptitude médicale des salariés des entreprises
extérieures.
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AG 4 950 − 12 © Techniques de l’Ingénieur
Concernant ce dernier alinéa : attention à la loi Informatique
et Libertés et au respect de la vie privée. Les fiches ne peuvent
pas être remises en violation de ces deux lois.
La circulaire no 93/14 du 18 mars 1993 met en lumière cette
phase.
4.3.4 Plan de prévention
Chaque fois qu’il y a des risques, il faut établir un plan de pré-
vention.
Exemple : le chef de l’entreprise utilisatrice est responsable d’avoir
omis, avant l’exécution de travaux de maintenance sur un mélangeur,
d’établir un plan de prévention avec le dirigeant de l’entreprise exté-
rieure et de fournir aux intervenants les instructions précises pour
assurer la mise hors tension d’un mélangeur. En l’espèce, une per-
sonne a mis en marche le mélangeur de manière inopinée et a causé
un accident mortel (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle, du
12 mai 1998, Bulletin criminel § no 159, p. 424).
Le plan peut être simplement verbal si les risques sont de faible
importance.
L’article R.237-8 précise que le plan de prévention fait l’objet d’un
document obligatoirement écrit dans deux cas :
— lorsque l’opération doit représenter une durée de travail
dépassant 400 heures sur un an. Il convient donc d’additionner le
nombre d’heures de travail effectuées par tous les salariés des
entreprises participant à l’opération pour la détermination du seuil ;
— lorsque tout ou partie des travaux à effectuer pour réaliser
l’opération sont au nombre des travaux dangereux déterminés par
arrêté ministériel.
L’arrêté du 19 mars 1993 donne la liste des travaux dangereux
pour lesquels il est obligatoire de faire un plan de prévention écrit.
La Cour de cassation a estimé qu’il résultait de la combinaison
des articles R.237-1 dernier alinéa et R.237-8 alinéa 2 du Code du
travail que les travaux dangereux nécessitant l’établissement d’un
plan de prévention écrit couvrent l’ensemble des prestations
nécessaires à la réalisation de l’opération.
4.3.5 Mesures de prévention continue
durant les opérations
Pendant l’exécution des opérations, chaque entreprise met en
œuvre les mesures de prévention prévues à l’article R.237-7 du
Code du travail.
Le chef de l’entreprise utilisatrice organise, avec les chefs des
entreprises extérieures qu’il estime utile d’inviter selon une pério-
dicité qu’il définit, des inspections et réunions périodiques aux fins
d’assurer soit la coordination générale dans l’enceinte de l’entre-
prise utilisatrice, soit la coordination des mesures de prévention
pour une opération donnée, soit la coordination des mesures
rendues nécessaires par les risques liés à l’interférence entre deux
ou plusieurs opérations, en fonction des risques ou lorsque les cir-
constances l’exigent.
Pour les opérations d’une durée totale supérieure à 90 000 heu-
res sur douze mois, le Code du travail fixe des inspections et réu-
nions trimestrielles (article R.237-13 du Code du travail).
4.3.6 Sanctions
Les personnes responsables de l’inobservation des règles rela-
tives au plan de prévention encourent une amende pouvant aller
jusqu’à 3 750 € par salarié concerné (art. L.263-2 du Code du travail).
En cas d’accident, les sanctions pour homicide ou blessures
involontaires peuvent s’appliquer (cf. § 2.3.2).
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5. Délit de marchandage
et prêt de main-d’œuvre
illicite
Ces infractions sont liées au recours à de la main-d’œuvre exté-
rieure par les entreprises. Plusieurs raisons peuvent conduire à
recourir à des entreprises extérieures, par exemple :
— réalisation de travaux qui n’entrent pas dans son activité
habituelle ;
— volonté de se décharger d’une activité spécifique (gardien-
nage de nuit, restauration, maintenance spécialisée ou en mode
externalisé...).
Cette pratique est désignée par de nombreuses expressions :
« prêt de main-d’œuvre », « mise à disposition de personnel »,
« détachement », « délégation de personnel », « régie », « contrat
d’assistance technique », la plus courante étant la « sous-
traitance ».
Trois articles du Code du travail encadrent le recours à des socié-
tés extérieures par une entreprise pour réaliser un travail sur son
site.
5.1 Activité d’entreprise de travail
temporaire non conforme
à la réglementation
Les textes réglementant cette activité sont donnés dans
l’encadré 2.
Encadré 2 – Textes réglementant le travail temporaire
● Article L.124-1 du Code du travail : « Est au sens du présent
chapitre entrepreneur de travail temporaire, toute personne phy-
sique ou morale dont l’activité exclusive est de mettre à la dispo-
sition provisoire d’utilisateurs, des salariés, que, en fonction d’une
qualification convenue, elle embauche et rémunère à cet effet. »
● Article L.124-2 du Code du travail : « Un utilisateur ne peut
faire appel aux salariés des entreprises de travail temporaire...
que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire dénom-
mée mission. »
■ Infractions
Certaines personnes créent des sociétés dont l’objet caché, mais
bien réel, est de fournir de la main-d’œuvre sous couvert du terme
« sous-traitance ». En fait, ces personnes exercent le métier
d’entreprise de travail temporaire sans remplir les conditions léga-
les pour exercer cette activité. Les entreprises de travail temporaire
sont en effet tenues d’accomplir des formalités au moment de leur
création et au cours de leur activité (art. L.124.10 du Code du tra-
vail), notamment :
— déclaration préalable d’ouverture ;
— souscription d’une garantie financière pour le paiement des
salaires ;
— envoi mensuel d’un relevé des contrats de travail conclus
avec les salariés au cours du mois précédent.
Faire le métier de mise à disposition de personnes en dehors des
règles applicables aux entreprises de travail temporaire constitue
une violation du monopole dont bénéficient les ETT (entreprises de
travail temporaire).
L’infraction que le responsable maintenance peut commettre va
naître du fait de l’utilisation de personnels extérieurs mis à sa dis-
position par une société qui ne remplit pas les conditions légales
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pour exercer l’activité d’entreprise de travail temporaire. Il peut
être déclaré complice, voire coauteur, de la violation du monopole
des ETT commise à titre principal par l’exploitant de la société
soi-disant de « sous-traitance ».
Lorsque le responsable maintenance fait appel à un « sous-
traitant », il doit s’assurer que cette entreprise exerce un véritable
métier technique (chaudronnerie, électricité...) et non pas l’activité
de mise à disposition de main-d’œuvre qui relève d’un monopole.
■ Sanctions
Toute activité d’intérim exercée par une personne n’ayant pas le
statut légal de société de travail temporaire est punie d’une
amende pouvant aller jusqu’à 3 750 €. La récidive est punie d’une
amende pouvant aller jusqu’à 7 500 € et/ou d’un emprisonnement
pouvant atteindre six mois (article L.152-2 du Code du travail).
5.2 Prêt de main-d’œuvre
(fausse sous-traitance)
Cette deuxième infraction présente des caractères redondants
avec la première. On retrouve une société qui exerce de manière
illégale le métier de l’intérim, mais cette fois-ci le Code du travail
exerce sa répression sur la conclusion d’un contrat illégal
(encadré 3) alors que la première infraction vise l’activité écono-
mique illégale puisque exercée en violation du monopole des ETT.
Encadré 3 – Texte réglementant le prêt
de main-dœuvre
Article L.125-3 alinéa 1 du Code du travail : « Toute opération
à but lucratif ayant pour objet exclusif le prêt de main-d’œuvre
est interdite sous peine des sanctions prévues à l’article L.152-3
dès lors qu’elle n’est pas effectuée dans le cadre des disposi-
tions du [...] présent code relatives au travail temporaire ».
5.2.1 Actes interdits
Le délit de marchandage généré par le contrat litigieux est
caractérisé par deux éléments :
— c’est une opération à caractère onéreux (exemple 1) ;
— l’objet est de mettre à disposition une main-d’œuvre et
non d’exécuter une prestation de services dans le cadre d’un
contrat privé ou d’un marché public (exemple 2).
Exemple 1 : il y a marchandage si les sommes versées par l’entre-
prise cliente sont calculées, non en fonction des travaux effectués,
mais du travail accompli précisément par les salariés prêtés à des
entreprises travaillant à l’étranger (arrêt de la Cour de cassation, ch. cri-
minelle, du 25 avril 1989, Bulletin criminel § no 169, p. 435).
Exemple 2 : est coauteur du délit de marchandage l’utilisateur
d’une main-d’œuvre qui, sous couvert de prétendus contrats de
sous-traitance, a en réalité pris part à des opérations illicites de fourni-
ture de main-d’œuvre (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle, du
25 avril 1989, Bulletin criminel § no 170, p. 437).
5.2.2 Actes autorisés
Si une des deux conditions indiquées au paragraphe 5.2.1
manque, il n’y a pas infraction.
■ L’opération est sans but lucratif
L’article L.125-3 alinéa 2 du Code du travail prévoit expressément
cette possibilité puisque ce texte oblige la personne qui utilise des
AG 4 950 − 13
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personnes prêtées gratuitement à respecter certaines obligations
telles que :
— respecter vis-à-vis de ces personnes la législation relative au
travail de nuit, à l’hygiène et à la sécurité du travail... ;
— laisser à celles-ci l’accès aux installations collectives de
restauration ;
— payer les charges sociales alors que l’entreprise qui prête gra-
tuitement son personnel reste l’employeur (articles L.125-3 alinéa 2,
L.124-12 et L.124-14 du Code du travail).
Le prêt gratuit se pratique en particulier entre filiales d’un même
groupe.
■ L’objet de la présence du personnel extérieur
est lié à une véritable opération technique
L’envoi de personnel chez un client dans le cadre de l’exécution
d’une prestation de services correspond à l’exécution d’un contrat
d’entreprise de manière légale si les sommes payées corres-
pondent à la valeur de la prestation et non pas à la rémunération
de ce personnel.
5.2.3 Critères de légalité
■ Exécution d’un véritable contrat de prestation de services
— exécution d’une tâche nettement définie ;
— prix ne correspondant pas à une rémunération salariale ;
— maintien de l’autorité du prestataire sur son personnel ;
— éventuellement existence d’un savoir-faire particulier que le
client n’a pas.
Le juge recherche la véritable nature des conventions liant les
parties. Il examine en quoi consiste la prestation que doit effectuer
le prestataire. Elle doit être clairement définie, ce qui permet de
démontrer que le personnel de l’entreprise cliente n’est pas
compétent pour réaliser cette prestation et que, en conséquence, la
présence de salariés extérieurs est justifiée par des raisons techni-
ques.
Les dispositions du contrat ne doivent en aucun cas
comprendre l’expression « mise à disposition ».
■ Critère du contrôle
L’encadrement, le contrôle technique et la responsabilité des
salariés concernés doivent être le fait de l’entreprise prestataire.
D’après une jurisprudence constante, la prestation doit être réali-
sée par l’entreprise prestataire et pas par le client utilisant des sala-
riés extérieurs.
Exemple : il y a infraction dans une opération où les ouvriers étaient
placés sous l’autorité des cadres de l’entreprise utilisatrice. L’entreprise
utilisatrice assurait elle-même le suivi des travaux, définissant le
descriptif des tâches à exécuter et leur localisation et fournissant
elle-même les pièces de rechange (arrêt de la Cour de cassation, ch.
criminelle, du 15 juin 1984, Bulletin criminel § no 229).
Quant à l’attribution de leurs tâches, les salariés doivent dépen-
dre de l’entreprise prestataire et non du client, entreprise utilisa-
trice. Le lien de subordination avec ses salariés doit persister de
manière évidente et permanente, la présence d’un supérieur hié-
rarchique des salariés pouvant en constituer la preuve.
La qualification de prêt de main-d’œuvre illicite n’est donc pas
retenue lorsque les personnes sont restées sous le contrôle tech-
nique et commercial et sous l’autorité de leur employeur.
Cette exigence n’empêche pas une relation de collaboration
entre la société prestataire et l’entreprise cliente afin de garantir
une meilleure réalisation des travaux. L’échange d’information est
assuré par deux personnes responsables de chacune des deux
entreprises.
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■ Critère de l’objet social
L’objet social de l’entreprise prestataire peut encore être un cri-
tère déterminant.
Une entreprise dont l’activité est purement informatique affiche
une spécialité telle que, si son personnel est amené à travailler
chez un client dont l’activité est totalement différente, la qualifica-
tion de prêt de main-d’œuvre illicite est rejetée.
Exemple : il convient de tenir compte des caractéristiques propres
au secteur informatique où, à un certain niveau de compétence, les
relations commerciales entre le fournisseur et le bénéficiaire de l’opé-
ration ne peuvent se résoudre à un simple prêt de main-d’œuvre, mais
induisent nécessairement et parallèlement un apport technique (arrêt
de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 7 février 1984, Bulletin crimi-
nel § no 46).
■ Critère de la rémunération
La rémunération de la prestation déterminée de manière forfai-
taire est préférable à une rémunération calculée sur la base des
heures de travail.
La particularité de la mission peut autoriser, dans certains cas,
un mode de rémunération prenant en compte les heures de travail,
le nombre et la qualification des salariés.
Exemple : intervention de maintenance curative sur appel en cas
de panne car personne ne sait à l’avance combien de temps va durer la
réparation.
5.2.4 Sanctions
■ Sanctions pénales
Toute infraction aux dispositions de l’article L.125-3 du Code du
travail est punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 30 000 €
et/ou d’un emprisonnement pouvant atteindre deux ans (article
L.152-3 du Code du travail).
Par ailleurs, depuis l’entrée en vigueur de la loi quinquennale sur
l’emploi, no 93-1313, du 20 décembre 1993, les personnes morales
peuvent être déclarées responsables pénalement dans les condi-
tions prévues à l’article 121-2 du Code pénal (cf. § 2.1).
En outre, le tribunal peut prononcer l’interdiction d’exercer l’acti-
vité en cause pour une durée de deux à dix ans, ainsi que l’affi-
chage du jugement et sa publication.
■ Sanctions civiles
La société cliente peut se voir déclarée employeur des person-
nels délégués et doit donc supporter les charges sociales.
5.3 Préjudice subi par un salarié
Encadré 4 – Texte réglementant le préjudice subi
par un salarié
Article L.125-1 du Code du travail : « Toute opération à but
lucratif de fourniture de main-d’œuvre qui a pour effet de causer
un préjudice au salarié qu’elle concerne ou d’éluder l’applica-
tion des dispositions de la loi, de règlement ou de convention
ou accord collectif de travail , ou marchandage est interdite ».
Pour bien comprendre la portée de l’article L. 125-1 du Code du
travail (encadré 4), il faut savoir que le salarié visé est la personne
officiellement employée par le prestataire extérieur, mais qui doit,
en fait, être considérée comme étant le salarié du client donneur
d’ordres.
Du fait de son rattachement officiel au prestataire extérieur, cette
personne ne bénéficie pas des avantages accordés aux salariés du
client qui peut, par exemple, être une entreprise importante faisant
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appel à un prestataire extérieur de petite taille ne proposant pas
beaucoup d’avantages sociaux à ses employés. Il se peut même
que la petite entreprise ne respecte pas les règles du Code du
travail.
En requalifiant la situation de cette personne et en décidant
qu’elle est, en fait, un salarié du client donneur d’ordres, le juge
constate alors qu’elle ne bénéficie pas des avantages accordés par
ce dernier, ou par la loi ou une convention collective, puisque son
régime social est celui moins favorable que le prestataire extérieur
lui accorde.
■ Jurisprudence
Le préjudice causé au salarié peut être financier.
Exemple : les salariés du prestataire étaient privés « des garanties
légales en matière d’embauchage et de licenciement, du bénéfice des
conventions collectives et des avantages sociaux conférés aux salariés
permanents de la RNUR » (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle,
du 25 avril 1989, Bulletin criminel § no 170, p. 437).
Le préjudice peut résulter du non-bénéfice d’avantages.
Exemple : « les salariés ne bénéficiaient pas de la protection résul-
tant, dans les entreprises auprès desquelles ils étaient détachés, de la
représentation du personnel et de l’action des organisations syndi-
cales » (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 25 juin 1985,
Bulletin criminel § no 250).
■ Sanctions
Ce sont les mêmes que pour l’infraction aux dispositions de
l’article L.125-3 du Code du travail (cf. § 5.2.4).
6. Travail clandestin
ou dissimulé
Textes :
— articles L.324-9 à L.324-15 du Code du travail ;
— articles R.324-1 à R.324-9 du Code du travail.
6.1 Régime juridique
6.1.1 Interdictions légales
La loi no 97-210 du 11 mars 1997 a renforcé la lutte contre le tra-
vail clandestin, qui est désormais identifiée sous le vocable
« travail dissimulé ». L’interdiction porte sur les éléments sui-
vants (art. L.324-9 du Code du travail) :
— l’exécution d’un travail totalement ou partiellement dissi-
mulé ;
— les publicités, par quelque moyen que ce soit, tendant à favo-
riser, en toute connaissance de cause, le travail dissimulé ;
— le fait d’avoir recours sciemment, directement ou par person-
nes interposées, aux services de celui qui exerce un travail dissi-
mulé.
Toutefois, ces interdictions ne s’appliquent pas aux travaux
d’urgence dont l’exécution immédiate est nécessaire pour prévenir
les accidents imminents ou organiser des mesures de sauvetage.
6.1.2 Formes du travail dissimulé
L’article L.324-10 du Code du travail distingue deux formes.
■ Dissimulation d’activité
Il s’agit de l’exercice à but lucratif d’une activité de production,
de transformation, de réparation ou de prestation de services ou
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de l’accomplissement d’actes de commerce par toute personne
physique ou morale qui se soustrait de manière intentionnelle à
ses obligations :
— d’immatriculation au registre du commerce et des sociétés ou
au répertoire des métiers (pour les artisans) ;
— de déclarations sociales et fiscales.
■ Dissimulation d’emplois salariés
Il s’agit pour un employeur de se soustraire intentionnellement
à l’accomplissement de l’une des formalités suivantes :
— remise d’un bulletin de paie ou mention du nombre exact
d’heures travaillées (le fait d’indiquer un nombre inférieur au
nombre d’heures réellement effectué est une infraction pénale) ;
— déclaration nominative préalable à l’embauche.
6.1.3 Formalités destinées à lutter contre le travail
dissimulé
■ Formalités à l’embauche
Il s’agit des formalités suivantes :
— déclaration préalable à l’embauche : l’embauche d’un salarié
ne peut intervenir qu’après déclaration nominative effectuée par
l’employeur auprès des organismes de protection sociale ;
— obligation de l’employeur vis-à-vis du salarié : l’accusé de
réception envoyé par l’URSSAF comporte un volet détachable
mentionnant les informations contenues dans la déclaration que
l’employeur doit remettre sans délai au salarié. Cette obligation de
remise est considérée comme satisfaite si le salarié dispose d’un
contrat de travail écrit, accompagné de la mention de l’organisme
destinataire de la déclaration préalable d’embauche ;
— contrôle : l’employeur doit présenter à toute réquisition des
agents de contrôle habilités soit l’accusé de réception que lui a
adressé l’URSSAF, soit, tant qu’il ne l’a pas reçu, les éléments per-
mettant de vérifier qu’il a bien procédé à la déclaration (avis de
réception, double de la lettre d’envoi). Il faut aussi, notamment, jus-
tifier la commande en pouvant présenter un devis, un bon de
commande ou un contrat (art. L.324-12 du Code du travail) ;
— réglementation de la publicité concernant une offre de
services ou une annonce destinée à faire connaître l’activité pro-
fessionnelle : la loi no 96-603 du 5 juillet 1996 relative au dévelop-
pement et à la promotion du commerce et de l’artisanat impose aux
personnes responsables de s’identifier (art. L.324-11-2 du Code du
travail).
■ Obligation d’information sur les chantiers
Il s’agit des obligations suivantes :
— affichage sur les chantiers : tout entrepreneur travaillant sur un
chantier ayant donné lieu à la délivrance d’un permis de construire
doit, pendant la durée d’affichage du permis, afficher sur ce chantier
son nom, sa raison ou sa dénomination sociale ainsi que son
adresse (art. R.324-1 du Code du travail) ;
— obligations des entreprises extérieures : des chefs d’entre-
prises extérieures doivent faire connaître par écrit à l’entreprise uti-
lisatrice la date de l’arrivée, la durée prévisible de leur intervention,
le nombre prévisible de salariés affectés, le nom et la qualification
de la personne chargée de diriger l’intervention. Ils sont également
tenus de lui faire connaître les noms et références de leurs sous-
traitants, le plus tôt possible et en tout état de cause avant le début
des travaux effectué par ceux-ci, ainsi que l’identification des
travaux sous-traités (art. R.237-4 du Code du travail concernant les
plans de prévention) ;
— information des agents de contrôle et de prévention : les chefs
de l’entreprise utilisatrice et des entreprises extérieures tiennent ces
informations à la disposition des personnes habilitées. En outre, les
chefs des entreprises extérieures fournissent à l’inspection du tra-
vail, sur demande de celui-ci, l’état des heures réellement passées
par les salariés qu’ils affectent à l’exécution de l’opération.
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6.2 Sanctions
■ Sanctions civiles
Il s’agit des sanctions suivantes :
— le salarié employé de façon clandestine bénéficie d’un droit à
un dédommagement (art. L.324-11-1 du Code du travail) ;
— le client qui ne s’est pas assuré que son prestataire de service
exerce son activité de manière légale et n’emploie pas de tra-
vailleurs étrangers sans titre de travail régulier est tenu responsable
solidairement avec ce dernier du paiement des dettes sociales et fis-
cales dues par ce prestataire (concerne les contrats dont l’objet
porte sur une obligation d’un montant au moins égal à 3 000 € en
vue de l’exécution d’un travail, de la fourniture d’une prestation de
services, de l’accomplissement d’un acte de commerce) (art.
L.324-14 du Code du travail) ;
— refus d’octroi des aides publiques : lorsque l’un des agents de
contrôle a constaté par procès-verbal l’existence d’une infraction
aux règles du travail dissimulé, l’autorité administrative
compétente, eu égard la gravité des faits constatés, à la nature des
aides sollicitées et à l’avantage qu’elles procurent à l’employeur,
peut, pendant une durée maximale de cinq ans, refuser d’accorder
des aides publiques à l’emploi ou à la formation professionnelle à
la personne physique ou morale ayant fait l’objet de cette verbali-
sation, sans préjudice des poursuites judiciaires qui pourront être
engagées (art. L.324-13-2 du Code du travail).
■ Sanctions pénales
Les personnes susceptibles d’être poursuivies sont celles qui :
— exercent un travail dissimulé ;
— ont recours sciemment, directement ou par personnes inter-
posées, aux services qui exercent un travail dissimulé ;
— par publicité tendent à favoriser, en toute connaissance de
cause, le travail dissimulé.
Les personnes morales sont aussi passibles d’une « responsa-
bilité pénale » (cf. § 2.1) (art. L.362-6 du Code du travail).
Les peines sont l’emprisonnement pouvant atteindre deux ans
et/ou une amende pouvant aller jusqu’à 30 000 € (art. L.362-3 du
Code du travail).
Le tribunal peut ordonner que le jugement de condamnation
soit publié intégralement ou par extraits dans les journaux qu’il
désigne et affiché dans les lieux qu’il indique pendant une durée de
15 jours.
Outre les peines d’emprisonnement et d’amende, les infractions
à l’interdiction du travail clandestin peut donner lieu à des peines
complémentaires telles que :
— la confiscation des outils (machines, matériaux, véhicules uti-
lisés ou stockés qui ont servi à commettre l’infraction ou ont été uti-
lisés à cette occasion) ;
— la confiscation des biens et des produits (sur lesquels a porté
le travail clandestin) ;
— l’interdiction des droits civiques.
6.3 Recommandations
Les entreprises doivent se faire remettre par leurs cocontractants
une attestation sur l’honneur indiquant s’ils ont ou non l’intention
de faire appel, pour l’exécution du contrat, à des salariés de natio-
nalité étrangère et, dans l’affirmative, certifiant que ces salariés
sont ou seront autorisés à exercer une activité professionnelle en
France.
■ Lors de la conclusion d’un contrat dont l’objet porte sur une obli-
gation d’un montant au moins égale à 3 000 €, le client doit se faire
remettre par son prestataire de services les documents suivants (art.
R.324-7 du Code du travail).
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● Dans tous les cas
L’un des documents suivants doit être fourni :
— attestation de fourniture de déclaration sociale datant de
moins d’un an ;
— avis d’imposition afférent à la taxe professionnelle pour
l’exercice précédent, lorsque le cocontractant y est assujetti ;
— en cas de marché de travaux publics, attestations sociales et
fiscales prévues par le Code des marchés publics ;
— en cas de recours à une entreprise de travail temporaire,
attestation de garantie financière.
● Lorsque l’immatriculation du cocontractant au registre du
commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers est
obligatoire
L’un des documents suivants doit être fourni :
— extrait de l’inscription au registre du commerce et des socié-
tés (Kbis) ;
— carte d’identification justifiant de l’inscription au répertoire
des métiers ;
— devis, documents publicitaires ou correspondances profes-
sionnelles mentionnant le nom ou la dénomination sociale,
l’adresse complète et les numéros d’immatriculation au registre du
commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers ou à une liste
ou à un tableau d’un ordre professionnel ou la référence de l’agré-
ment délivré par l’autorité compétente.
● Lorsque le cocontractant emploie des salariés
Une attestation sur l’honneur établie par ce cocontractant, certi-
fiant que le travail sera réalisé avec des salariés employés de façon
régulière, doit être remise.
■ La présentation par le client de la copie des documents qui lui ont
été remis par son cocontractant permet de considérer qu’il a pro-
cédé aux vérifications imposées par la loi et l’exonère de la solida-
rité pécuniaire, sauf fraude ou collusion avérée (art. L.324-14 du
Code du travail a contrario ).
7. Environnement
Le lecteur pourra se reporter aux volumes « Environnement » et
notamment à la rubrique « Déchets ».
La grande loi du 15 juillet 1975 relative à l’élimination des
déchets et à la récupération des matériaux qui donnait les règles
de base en matière de gestion des déchets n’existe plus. Ses dis-
positions ont été rassemblées avec bien d’autres textes (par exem-
ple la loi du 16 juillet 1976 sur les installations classées) dans le
Code de l’environnement.
Les pollutions de nature à engendrer la responsabilité des indus-
triels peuvent être d’origines diverses (pollution de l’air, du sol, du
sous-sol ou des eaux) et les textes applicables sont nombreux,
détaillés et complexes.
« Nul n’est censé ignorer la loi ». Toutefois, une approche de bon
sens permet d’éviter dans de nombreux cas le tribunal
correctionnel : il suffit de comprendre qu’il est interdit d’abandon-
ner sur le sol n’importe quoi, de jeter dans l’eau n’importe quoi et
de rejeter dans l’atmosphère n’importe quoi.
7.1 Lignes directrices du Code
de l’environnement en matière
d’élimination des déchets
7.1.1 Élimination, valorisation et recyclage
Un déchet correspond à « tout résidu d’un processus de produc-
tion, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau,
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produit ou, plus généralement, tout bien meuble abandonné ou
que son détenteur destine à l’abandon » (art. L.541-1 du Code de
l’environnement).
Le Code de l’environnement dégage plusieurs types de déchets :
— les déchets ménagers et assimilés (résidus urbains, ordures
ménagères, déchets municipaux) ;
— les déchets agricoles (résidus d’engrais, de pesticides) ;
— les déchets industriels dont la gestion en vue de leur retraite-
ment ou de leur élimination ainsi que leur stockage et leur transport
éventuel doivent faire l’objet de procédures adaptées car les effets
préjudiciables de ces déchets subsistent tant qu’ils n’ont pas été éli-
minés.
La plupart des déchets industriels présentent des caractéristi-
ques qui les différencient des déchets urbains ou agricoles. Parmi
les déchets industriels, on trouve :
— les déchets banals, ils sont assimilés par leur composition aux
déchets ménagers ;
— les déchets inertes qui ne sont susceptibles d’aucune évolu-
tion physique, chimique ou biologique ;
— les déchets industriels spéciaux (DIS) qui contiennent des pol-
luants spécifiques.
Après la loi du 15 juillet 1975, une politique ambitieuse s’est des-
sinée dans les années 1990 pour développer la prévention, la valo-
risation et le recyclage dans le cadre de directives européennes.
Cette politique a eu pour conséquence la limitation à partir du
1er juillet 2002, normalement, du stockage des déchets aux seuls
déchets ultimes, c’est-à-dire ceux qui ne sont plus susceptibles
d’être traités dans les conditions économiques et techniques du
moment, notamment par extraction de leur part valorisable ou par
réduction de leur caractère polluant ou dangereux.
Pour les déchets non ultimes, il convient de recourir à la valori-
sation dans la mesure du possible. En tout état de cause, il faut les
traiter conformément au Code de l’environnement car est puni
d’emprisonnement pouvant atteindre deux ans et d’une amende
pouvant aller jusqu’à 75 000 € (art. L.541-46 du Code de l’environ-
nement) notamment le fait :
— d’abandonner, de déposer ou de faire déposer des déchets en
contravention des multiples règlements applicables ;
— d’effectuer le transport ou le négoce de déchets sans satisfaire
aux multiples règlements applicables, en particulier l’arrêté du 4
janvier 1985 sur le contrôle des circuits d’élimination des déchets
générateurs de nuisance. Cet arrêté prévoit un bordereau de suivi
des déchets industriels sur lequel doivent figurer la nature du
déchet, ses principales caractéristiques physiques ou chimiques,
son caractère dangereux éventuel ainsi que sa filière de destination
choisie ;
— de faire obstacle aux contrôles de l’administration.
7.1.2 Élimination des déchets industriels
■ L’entreprise et ses déchets industriels :
comment les éliminer légalement ?
En fonction de la nature des déchets, les moyens d’élimination
et les obligations des opérateurs ne seront pas les mêmes.
Aux termes de l’article L.541-2 du Code de l’environnement,
« toute personne qui produit ou détient des déchets dans des
conditions de nature à produire des effets nocifs sur le sol, la flore
et la faune, à dégrader les sites ou les paysages, à polluer l’air ou
les eaux, à engendrer des bruits et des odeurs, et, d’une façon géné-
rale, à porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement,
est tenue d’en assurer ou d’en faire assurer l’élimination confor-
mément aux dispositions de la présente loi, dans des conditions
propres à éviter lesdits effets ».
Compte tenu des contraintes imposées par la législation, il est de
plus en plus fréquent que les industriels n’assument pas eux-
mêmes cette obligation et fassent appel à des tiers.
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■ Élimination par voie interne
D a n s l e b u t d e r é c u p é r e r s o i t d e l a ch a l e u r, s o i t d e s
sous-produits, l’entreprise peut elle-même procéder à l’élimination
de ses déchets.
Ce traitement en interne des déchets est soumis à une législation
particulière puisque l’article L.541-25 du Code de l’environnement
fait entrer les installations d’élimination des déchets dans le cadre
de l’ancienne loi du 16 juillet 1976 sur les installations classées
(devenue les articles L.511-1 et suivants du Code de l’environne-
ment) et ce, quel qu’en soit l’exploitant.
L’entreprise traitant en interne ses déchets devra donc :
— solliciter une autorisation ou faire une déclaration à la préfec-
ture dans le ressort de laquelle l’installation est implantée (décret
du 21 septembre 1977) ;
— établir la manière dont son projet sera compatible avec le
plan d’élimination des déchets.
En cas d’exploitation sans autorisation, l’exploitant s’expose à
des sanctions pénales : jusqu’à 75 000 € d’amende et/ou jusqu’à
1 an de prison ; jusqu’à 1 500 € d’amende en l’absence de déclara-
tion. De plus, l’exploitant s’expose à des sanctions administratives
(consignations, travaux d’office, suspension) et peut se voir inter-
dire d’utiliser l’installation jusqu’à l’obtention de l’autorisation
administrative.
■ Élimination par voie externe
La plupart des industriels confient leurs déchets à des centres de
traitements des déchets pour échapper à la législation sur les ins-
tallations classées (les coordonnées des centres de traitements des
déchets peuvent être consultées au sein des DRIRE et aux agences
locales de l’ADEME).
L’élimination des déchets par voie externe suppose alors un
transfert des déchets vers un tiers dans des conditions variables
suivant leur nature.
7.1.3 Deux types de déchets industriels résultant
d’une activité de maintenance : les huiles
usagées et les déchets d’emballages
■ Réglementation de l’élimination des huiles usagées
En raison de leur caractère très polluant pour les milieux où elles
sont déversées, les huiles usagées sont l’objet de l’une des pre-
mières réglementations édictées en matière de déchets industriels
(directive no 75-439 du 16 juin 1975 concernant l’élimination des
huiles usagées - modifiée et complétée par la directive 87/101 du
22 décembre 1986). En France, le décret no 79-981 du 21 novembre
1979 (plusieurs fois modifié), portant réglementation de la récupé-
ration des huiles usagées et transposant la directive du 16 juin
1975, impose un ramassage le plus exhaustif possible des huiles
usagées et une valorisation optimale des huiles collectées.
À ce titre, tous les acteurs de la chaîne d’utilisation et d’élimina-
tion des huiles usagées sont concernés :
— le détenteur des huiles usagées est chargé de les stocker dans
des conditions satisfaisantes et de veiller à ne pas les mélanger à
un quelconque autre déchet ou produit, celui-ci devant ensuite
confier les huiles usagées à un ramasseur agréé ou les transporter,
également sans mélange, à destination d’un éliminateur agréé ;
— le ramasseur est chargé du regroupement, de la collecte ou
du transport jusqu’au site d’élimination des huiles usagées pro-
duites dans une zone géographique déterminée dès lors que le
détenteur ne les aurait pas directement affrétées. Ce transport
s’effectue selon des conditions strictes de ramassage (tenant
compte de la qualité des huiles et du tonnage ramassé) ;
— l’éliminateur, à qui il a été accordé la faculté d’exploiter une
installation de traitement de déchets industriels pouvant conserver
des huiles usagées, est chargé de procéder à la valorisation des
huiles usagées, dans des conditions non préjudiciables pour l’envi-
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ronnement et pour la santé publique (le brûlage des huiles est ainsi
interdit).
Au niveau de la maintenance, il appartient donc au responsable
interne ou au prestataire de maintenance de procéder au stockage
puis, le cas échéant, de s’adresser à un ramasseur et/ou à un élimina-
teur français ou d’un autre État membre de l’Union européenne en
conformité avec la réglementation. Ainsi, l’entreprise devra être titu-
laire d’un agrément délivré par la préfecture si elle est française (par
exemple, la procédure de délivrance de l’agrément du ramasseur
des huiles usagers est définie par l’arrêté du 28 janvier 1999 relatif
aux conditions de ramassage des huiles usagées).
Il peut lui être reproché de ne pas avoir vérifié que le stockage
des huiles usagées fait l’objet d’une interdiction par le maire ou le
préfet du lieu dans lequel ces huiles sont entreposées en attendant
d’être transportées ou ramassées.
■ Réglementation de l’élimination des déchets d’emballages
autres que ceux abandonnés par les ménages
Le décret no 94-609 du 13 juillet 1994 sur l’élimination des
déchets et à la récupération des déchets d’emballage dont les
détenteurs ne sont pas les ménages prévoit que l’élimination de
ces déchets doit avoir pour vocation de les utiliser, notamment par
le truchement du recyclage, pour la fabrication de nouveaux maté-
riaux ou pour la production d’énergie (art. 2 du décret du 13 juillet
1994).
En ce sens, après le tri des déchets recyclables et de ceux qui ne
le sont pas, le détenteur des déchets d’emballages devra :
— soit procéder en interne à leur valorisation, dès lors qu’il est
en conformité avec la réglementation lui permettant d’exploiter
une installation de traitement des déchets industriels (c’est-à-dire
une installation classée) ;
— soit recourir aux services d’un tiers habilité à exploiter une
installation classée, ou à un intermédiaire spécialisé dans le trans-
port, le négoce ou le courtage des déchets.
Dans ce second cas, le décret du 13 juillet 1994 impose au déten-
teur de conclure avec l’éliminateur et/ou avec l’intermédiaire un
contrat écrit devant préciser la nature et la quantité des déchets
d’emballages pris en charge. Une contravention de 5e classe (soit
1 500 €) peut être infligée en cas de non-respect de cette obligation
(art. 10 du décret du 13 juillet 1994).
Au niveau de la maintenance, la valorisation des déchets
d’emballages suppose tout d’abord de procéder au tri sélectif, puis
de s’assurer que leur recyclage est organisé en interne ou par
l’intermédiaire d’une société spécialisée et, en tout état de cause,
que ces déchets ne font pas l’objet d’une destruction sauvage.
7.2 Responsabilités personnelles
respectives du chef d’entreprise
et du responsable maintenance
■ Responsabilité pénale du chef d’entreprise
Le responsable maintenance est peu concerné par les infractions
en matière d’environnement car le chef d’entreprise est non seule-
Références bibliographiques
[1] PENNEAU (A.). – Les règles de l’art et normes [2] MECHIN (B.). – Contexte normatif et régle-
techniques. Bibliothèque de droit privé, tome mentaire de la maintenance. AG 4 810. Traité
203, LGDJ (1989). Conception - Production (2004).
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ment responsable de ses actes préjudiciables à l’environnement,
mais aussi de ceux qu’il fait commettre à ses employés. Cette obli-
gation pèse fortement sur le chef d’établissement lorsque l’entre-
prise dispose de plusieurs sites industriels.
Ainsi, le Code de l’environnement dispose dans sa partie relative
à l’élimination des déchets que les dirigeants d’entreprise répon-
dent des infractions qu’il ont fait commettre et des infractions
matériellement réalisées par leurs préposés : sont pénalement res-
ponsables « tous ceux qui, chargés à un titre quelconque de la
direction, de la gestion ou de l’administration de toute entreprise
ou établissement, ont sciemment laissé méconnaître par toute per-
sonne relevant de leur autorité ou de leur contrôle » les interdic-
tions figurant à l’article L.541-46 du Code de l’environnement
prévoyant une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux
ans et/ou une amende pouvant atteindre 75 000 € le fait, notam-
ment, d’abandonner ou déposer de manière irrégulière des déchets
ou encore de les faire transporter sans satisfaire aux prescriptions
du Code de l’environnement » (art. 541-48 du Code de l’environne-
ment).
Exemple : un chef d’entreprise s’est vu condamné pour pollution
de cours d’eau parce qu’il n’avait pas, selon le tribunal, attiré l’attention
de ses salariés sur la dangerosité des substances qu’ils manipulaient
(tribunal correctionnel Saverne, 19 mai 1994, Gazette du Palais, avril
1995, jurisprudence) ou parce qu’il n’avait pas informé son chauffeur de
camion sur la nature des déchets que ce dernier avait chargés et déver-
sés dans un bassin du parc de la Beaujoire (jugement du Tribunal cor-
rectionnel de Nantes du 7 mai 1982, Ministère Public c/ MM et P, Code
permanent environnement et nuisances, chapitre « Déchets »).
■ Responsabilité pénale du responsable maintenance
Le responsable maintenance ne verra sa responsabilité pénale
engagée que s’il commet une faute personnelle et volontaire en
violant délibérément une règle du Code de l’environnement.
De plus, cette jurisprudence sévère pour le chef d’entreprise ne
doit pas laisser croire aux responsables de maintenance qu’ils ne
courent eux-mêmes aucun risque pénal car une nouvelle tendance
se dessine depuis quelques années : la mise en jeu de la respon-
sabilité pénale du middle management pour les fautes qu’ils
commettent personnellement et qui causent un dommage.
■ Transfert de responsabilité pénale sur le prestataire
L’analyse juridique devient plus difficile lorsqu’il s’agit de recher-
cher la personne responsable en cas de sous-traitance de la main-
tenance. En matière précise de gestion des déchets, la règle de
base semble devoir s’appliquer : c’est celui qui a violé la réglemen-
tation applicable qui engage sa responsabilité pénale, donc le cas
échéant le sous-traitant mal inspiré. Dans certains cas, le Code de
l’environnement prévoit la responsabilité solidaire du producteur
de déchets, qui a remis ceux-ci à un exploitant d’une installation
d’élimination non agréé, pour les dommages causés par ce dernier
à l’environnement (art. L.541-23 du Code de l’environnement).
En conséquence, il est important que le contrat de maintenance
conclu entre le donneur d’ordres et le prestataire de maintenance
précise la répartition des responsabilités relatives au traitement
des déchets.
[3] HANQUIEZ (A.). – Évaluation des risques. Les
résultats dans un document unique. SE 3 200.
Traité Sécurité - Gestion des risques (2003).
Dossier délivré pour
DOCUMENTATION
03/10/2008