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UNIVERSITE DE L’ASSOMPTION AU CONGO


(U.A.C.)
BP. 104 BUTEMBO
---------------------------------------------------------

ETHIQUE ET DEONTOLOGIE PROFESSIONNELLE


NOTES DE COURS DESTINEES AUX ETUDIANTS DE G3 GI (30H)

Par PALUKU MAKOMERA Henri


Professeur

BUTEMBO (R.D. CONGO)


2022-20203
2

L’ETHIQUE ET LA DEONTOLOGIE PROFESSIONNELLE

INTRODUCTION
1. OBJECTIFS DU COURS
D’une manière générale, ce cours, qui s’inscrit dans la perspective de la loi-cadre n°14/004
du 11 Février 2014 de l’enseignement national de la R.D. Congo (cf. article 4 alinéa 2 ; article 9
alinéa 2 et article 14), vise à :
- éduquer les étudiants aux valeurs humaines, notamment, aux valeurs morales, éthiques, et
civiques ;
- préparer l’étudiant, futur cadre, à se comporter en milieu professionnel en conséquence,
en respectant les exigences de sa déontologie particulière ;
D’une manière spécifique, l’étudiant ayant suivi ce cours avec assiduité sera capable de :
- définir simplement les concepts : morale, éthique, déontologie et droit ;
- expliquer les différentes branches de la philosophie morale ;
- expliquer les conditions essentielles de la moralité des actes humains ;
- présenter un bref historique de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les principales interprétations de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les principes fondamentaux et généraux de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les fondements philosophiques de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les impératifs spécifiques de la déontologie de l’informatique de gestion;
- expliquer les impératifs spécifiques de la déontologie des affaires;
- expliquer les impératifs spécifiques de la déontologie de la fonction publique ;
- établir une distinction entre faute morale, faute déontologique et infraction judiciaire ;
- établir une distinction entre sanction morale, sanction disciplinaire (ou déontologique)
et sanction juridique ou pénale ;
- identifier les manquements à l’éthique professionnelle qui constituent en même temps
des infractions pénales.
02. PLAN DU COURS
Ce cours s’articule principalement autour des sept chapitres suivants :

CHAP. I :. DE LA MORALE A L’ETHIQUE


I. 1. Définition
I. 2. Division de la philosophie morale
I.3. Les conditions essentielles de la moralité des actes humains

CHAP. II: DE LA DEONTOLOGIE PROFESSIONNELLE


II.1. Définition
II.2. Historique
II.3.Les raisons d’un d’intérêt de plus en plus élevé pour l’éthique professionnelle
aujourd’hui
II.4. Les principales interprétations de la déontologie
3

CHAP. III: LES FONDEMENTS THEORIQUES DE L’ETHIQUE ET DE LA


DEONTOLOGIE

III.1. Le principe de la Mâat comme fondement de l’harmonie anthropo-socio-cosmique dans


l’Egypte pharaonique
III.2.Aristote et l’éthique téléologique du bonheur
III.3. Emmanuel Kant et la morale déontologique
III.4. Emmanuel Levinas et l’éthique de la responsabilité pour autrui
III.5. John Rawls et les principes de la justice distributive comme équité
III.6. Paul Ricœur et l’éthique comme visée de la vie bonne, avec et pour les autres, dans
les institutions justes
III.7. Hans Jonas et l’éthique de la responsabilité envers la nature et les générations futures

CHAP. IV. LES PRINCIPES FONDAMENTAUX ET GENERAUX


CHAP.V : LA DEONTOLOGIE DE L’INFORMATIQUE DE GESTION
CHAP. VI: LA DEONTOLOGIE DES AFFAIRES
CHAP.VII : LA DEONTOLOGIE DE LA FONCTION PUBLIQUE

CONCLUSION

ANNEXE : ORDONNANCE N° 81-067 DU 07 MAI 1981 PORTANT REGLEMENT


D’ADMINISTRATION RELATIVE A LA DISCIPLINE
EN R.D. CONGO

3 EVALUATION

L’évaluation portera sur les aspects suivants :


1°) Une interrogation écrite sur le premier chapitres pendant le déroulement du cours (sur 10
points).
2°) Un examen écrit sur le second chapitres, à la session ordinaire (sur 10 points).
3°) Des fautes intolérables dans une réponse écrite à l’interrogation ou à l’examen entrainent
la soustraction de un point.
4°) Toute tricherie ou tentative de tricherie entrainent la note zéro.
5°). Les absences, les retards et les sorties intempestives pendant le cours sont condamnés.
6°). Un étudiant qui n’aura pas participé aux ¾ du cours n’a pas droit à l’évaluation.
4

CHAP.I : DE LA MORALE A L’ETHIQUE

I.1. DEFINITION
Selon l’étymologie
Morale vient du latin « mos, moris (au génitif), mores (au pluriel) » qui signifie « mœurs » ; tout
comme Ethique vient du grec « ethos », « ethikos » qui signifie également « mœurs ». Ainsi les
deux termes renvoient à l’idée de mœurs, de façons d’agir et des us et coutumes. Mais malgré cette
parenté sémantique suggérée par l’étymologie, il y a lieu d’opérer une distinction entre les termes
éthique et morale.
Ainsi au sens explicité
La morale se définit comme l’ensemble des règles de bonne conduite dans la société dont la
transgression est sanctionnée par la conscience individuelle. En d’autres termes, c’est un ensemble
des normes que l’homme doit observer pour bien vivre et agir avec les autres dans une communauté
particulière.
L’éthique est une réflexion sur les fondements et les finalités des normes morales. C’est
pourquoi on l’appelle encore philosophie de la morale ou philosophie morale. Si la morale nous
fournit les normes pratiques de l’agir raisonnable dans la société, l’éthique est d’ordre théorique ou
spéculatif.
Ricœur réserve le terme « éthique » pour la visée de la vie accomplie sous les signes des actions
estimées bonnes, et celui de « morale » pour le côté obligatoire, marqué par des normes, des obligations,
des interdictions caractérisées à la fois par une exigence d’universalité et par un effet de contrainte. On
reconnaîtra aisément dans la distinction entre visée de la vie bonne et obéissance aux normes
l’opposition entre deux héritages : l’héritage aristotélicien, où l’éthique est caractérisée par la
perspective téléologique (de « telos » signifiant « fin ») ; et un héritage kantien, où la morale est définie
par le caractère d’obligation de la norme, donc par un point de vue « déontologique ». D’un côté, c’est le
mode grammatical « optatif » (souhait) ; et de l’autre, celui de l’« impératif catégorique »1.

I.2. DIVISION DE L’ETHIQUE


La philosophie morale se divise généralement en deux disciplines :
I.2.1. L’éthique fondamentale
C’est celle qui s’intéresse aux principes généraux ou aux conditions générales de la moralité
des actes humains. Elle s’articule ainsi autour des notions comme la conscience morale, la loi
morale, la liberté, la responsabilité, les valeurs morales, les vertus morales et les sanctions morales.
I.2.2. L’éthique spéciale
C’est celle qui s’intéresse aux conditions particulières de la moralité des actes humains, c’est-
à-dire aux problèmes de conduite morale en situation particulière. C’est pourquoi l’on parle aussi
parfois d’éthique spéciale ou appliquée. Ainsi, s’il existe une seule éthique générale ou
fondamentale, il existe plusieurs éthiques spéciales: éthique médicale, éthique politique, éthique
juridique, éthique écologique, éthique économique, éthique de l’éducateur enseignant.

1
P. RICOEUR, Soi-meme comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p. 200.
5

I.3. LES CONDITIONS ESSENTIELLES DE LA MORALITE DES ACTES HUMAINS


Il existe plusieurs conditions essentielles de la moralité des actes humains, parmi les quelles
nous pouvons retenir : la conscience, la liberté, la loi morale et la sanction morale.
I.3.1. La conscience
La conscience c’est la faculté qui permet à l’homme d’avoir une connaissance immédiate de
ses actes et d’en établir la valeur morale. Ainsi, pour qu’il y ait moralité d’un acte, il faut qu’il ait
d’abord un sujet capable d’agir consciemment, c’est-à-dire, un sujet capable d’agir tout en ayant la
connaissance immédiate de ses actes (conscience intellectuelle), mais aussi tout en étant capable de
porter un jugement de valeur sur ses actes (conscience morale).
I.3.2. La liberté
La liberté c’est la capacité de s’autodéterminer dans ses décisions, dans ses choix et dans son
agir. Elle ne consiste donc pas dans la simple indépendance ou l’absence de contrainte qui caractérise
la liberté physique ; comme lorsqu’on parle de la chute libre des corps, de la roue libre ou des
animaux en liberté. Elle ne consiste pas non plus dans un choix capricieux qui, par définition, est
irrationnel.
L’exercice de la liberté implique celle de la volonté et de la responsabilité. La volonté c’est
« une tendance éclairée par l’intelligence » 2 , c’est-à-dire, un « appétit rationnel qui ne s’exerce
qu’en fonction d’une connaissance intellectuelle. Ou encore, « la faculté d’agir d’après les lumières
de la raisons.»3 Quant à la responsabilité, nous l’entendons simplement comme la capacité de se
reconnaitre comme auteur de ses actes, mais aussi d’en assumer les conséquences.
Ainsi, la responsabilité morale n’est pas à confondre avec la responsabilité professionnelle et
la responsabilité juridique. Si la responsabilité morale implique « la nécessité pour quelqu’un de
répondre de ses intentions et de ses actes devant sa conscience », la responsabilité professionnelle
implique la nécessité de répondre de ses actes devant ses autorités professionnelles ou devant les
règlements déontologiques, tandis que la responsabilité juridique quant à elle, implique la nécessité
de répondre de ses actes devant l’autorité judiciaire ou devant la loi qui, en même temps prévoient
les sanctions correspondantes si l’on ne s’y conforme pas.4
En outre, si la responsabilité professionnelle et juridique implique des sanctions
transcendantes (ou extérieures) et contraignantes (coercitives), la responsabilité morale exige des
sanctions immanentes (remords, contentement). Sur le plan social elle ne peut se contenter que
d’infliger des blâmes.

I.3.3. La loi morale


Elle est l’ensemble des devoirs ou obligations ordonnées à la visée des valeurs par la pratique
des vertus.
a). Le devoir ou l’obligation
C’est une exigence qui s’impose à l’homme sous forme d’un impératif, d’un commandement,
d’une norme morale. Le devoir ou l’obligation au sens moral c’est « le caractère de ce qui s’impose
à la libre détermination de l’homme »5 ou encore, comme le dit Kant, « l’obligation est la nécessité

2
R. SIMON, Morale. Philosophie de la conduite humaine, Paris, Beauchesné & cie, 1961, p. 39.
3
Cf. P. FOULQUIE, Op. cit., p. 225.
4
Ferdinand BANGA Jalum’Weci, Quelle éthique pour les médias aujourd’hui? , p. 18.
5
Ibidem, p. 285.
6

d’une action libre sous un impératif catégorique de la raison »6. Le principal impératif se formule
comme suit : « Faites le bien et évitez le mal ».
b). La valeur
Selon une définition réelle, la valeur c’est « le caractère d’une chose désirable (sens abstrait)
ou, au sens concret, la chose estimée désirable en tant que désirable ».7 Or ce qui est désirable, ce
n’est rien d’autre que le bien. La valeur c’est donc un bien que l’on vise comme idéal ou un idéal que
l’on vise comme un bien.
c). La vertu
Selon l’étymologie, ce mot vient du latin « virtus » qui signifie « force virile », ce qui vient
de « vir » qui signifie homme. 8 Mais au sens premier, c’est une puissance propre d’une chose à
produire certains effets (ex. la vertu médicinale des plantes). Au sens ordinaire, la vertu se définit
comme une bonne habitude de la volonté qui la dispose à faire le bien et à éviter le mal. Les
mauvaises habitudes de la volonté qui la disposent à des décisions moralement mauvaises, ce sont les
vices.
Il existe plusieurs sortes de vertus à savoir : les vertus théologales, les vertus cardinales, les
vertus politiques ou civiques et les vertus intellectuelles.

Les vertus théologales :


Ce sont celles qui conditionnent l’agir de l’homme dans ses rapports avec Dieu. On peut citer
notamment : la foi, l’espérance et la charité.9
Les vertus cardinales :
Ce sont celles qui conditionnent l’agir de l’homme dans ses rapports sociaux, c’est-à-dire,
dans ses rapports avec ses semblables. Nous pouvons citer notamment : la prudence, la justice, le
courage et la tempérance.
Les vertus politiques ou civiques :
Ce sont celles qui conditionnent l’agir de l’homme en tant que citoyen membre d’une patrie
ou d’une communauté politique. Ex. le patriotisme, l’héroïsme, la loyauté, le respect du bien
commun.
Les vertus intellectuelles
Ce sont celles qui conditionnent l’homme dans la recherche de la connaissance. (ex. l’amour
de la vérité, l’esprit critique, la rationalité, l’objectivité, l’impartialité, l’honnêteté intellectuelle,
l’humilité, la rigueur, …)
I.3.4. La sanction morale
C’est la peine qui nous est infligée par notre conscience lorsque nous avons transgressé la loi
morale, ce qui se traduit sous forme de remords. Dans le cas contraire, c’est la récompense qui nous
est assurée par la conscience dans lorsque nous avons agi conformément à la loi morale. Cette
récompense se traduit par une certaine satisfaction, une paix intérieure. Mais la sanction morale n’est
pas à confondre avec la sanction disciplinaire et avec la sanction juridique. La sanction disciplinaire
est celle qui est infligée par une autorité professionnelle à un agent qui a transgressé les règlements

6
E. KANT, Principe de la métaphysique du droit, p. 21, cité par P. FOULQUIE & cie, Op. cit., p. 285.
7
Ibidem, p. 226.
8
Cf. Elisabeth CLEMENT &cie, La philosophie de A à Z, Pris, Hatier, 2000, p. 463.
9 ère
Cf. St. THOMAS D’AQUIN, Somme théologique, 2è partie, 1 Section ; 62, 1).
7

déontologiques, tandis que la sanction judiciaire est celle qui est infligée par une autorité étatique ou
judiciaire à une personne qui a transgressé une règle de droit.
Nous pouvons finalement résumer ces différentes conditions de la moralité d’un acte dans le
schéma triadique suivant:
Loi morale
(Devoirs, valeurs, vertus)

Conscience Liberté (volonté, responsabilité)


(intellectuelle,
et morale)

La sanction morale
(Remords, contentement)
8

CHAP. II : DE LA DEONTOLOGIE PROFESSIONNELLE

II.1. DEFINITION
Déontologie vient du grec « deon » qui signifie « ce qu’il faut faire » ou devoir et de logos
qui signifie discours, science. Au sens explicité, elle se comprend comme la science ou l‘ensemble
des devoirs à observer dans l’exercice d’une profession particulière dont la transgression est
sanctionnée par les règlements disciplinaires. Ainsi nous pouvons dire qu’il y a autant de
déontologies que de professions particulières. On peut ainsi parler de déontologie médicale, de
déontologie juridique, de déontologie des affaires, de déontologie du journaliste, de déontologie de
l’éducateur enseignant.
Dans ce sens la déontologie diffère du droit entendu comme l’ensemble des règles sociales,
objectives, générales, obligatoires et contraignantes établies et sanctionnées par l’autorité publique
ou étatique. On entend par là des règles de droit qui règlementent les relations avec les autres (les
personnes entre elles ou avec les institutions).
On peut soutenir que le droit vient palier à l’insuffisance de la morale de la conscience
individuelle et de la morale professionnelle pour assurer la régulation sociale dans la mesure où il
met sciemment en place un dispositif juridique de contrôle et de surveillance, impliquant un mode de
régulation sociale défini essentiellement comme ordre de contrainte.
Ainsi, la déontologie se situe à mi-chemin entre la morale, l’éthique et le droit. Car, d’une
part, elle comprend un certains nombre de dispositions correspondant aux valeurs ou aux vertus
morales communes devant lesquelles il n’est permis à personne de transiger. Mais, d’autre part, elle
repose sur un ensemble des exigences correspondant à des règles de droit.
II.2. HISTORIQUE10
Comme soubassement historique de la déontologie professionnelle, nous pouvons évoquer
quatre textes importants:
1°). Le premier texte comportant des préoccupations d’ordre déontologique est le code de
Maât comprenant les 42 vertus cardinales de la sagesse de l’Egypte pharaonique.11
1) Je n’ai pas commis l’iniquité contre les hommes.
2) Je n’ai pas maltraité les gens.
3) Je n’ai pas commis de péché dans la Place de Vérité.
4) Je n’ai pas cherché ( à connaitre) ce qui n’est pas (à connaitre).
5) Je n’ai pas fait de mal.
6) Je n’ai pas commencé de journée (ayant reçu une commission de la part) des gens qui
devaient travailler sous mon œil et mon nom n’est pas parvenu aux fonctions d’un chef
d’esclaves.
7) Je n’ai pas privé un artisan de ses biens.

10
DANA CASTRO ET MARIE SANTIAGO-DELEFOSSE, « Pratiques déontologiques en psychologie » Editions Hommes et
perspectives, 2001.
11
Cf. Théophile OBENGA, La philosophie africaine de la période pharaonique. 2780-330 avant notre ère, Paris, Ed.
L’Harmattan, 1990, pp. 169-176.
9

8) Je n’ai pas fait ce qui est abominable aux dieux.


9) Je n’ai pas fait pleurer.
10) Je n’ai pas tué.
11) Je ne n’ai pas ordonné de tuer.
12) Je n’ai fait de peine à personne.
13) Je n’ai pas amoindri les offrandes alimentaires dans les temples.
14) Je n’ai pas fait d’accaparement de grains
15) Je n’ai pas blasphémé contre les dieux primordiaux.
16) Je n’ai pas volé les galettes des bienheureux.
17) Je n’ai pas été pédéraste.
18) Je n’ai pas forniqué.
19) Je n’ai pas retranché au boisseau.
20) Je n’ai pas amoindri l’aroure.
21) Je n’ai pas triché sur les terrains.
22) Je n’ai pas ajouté au poids de la balance.
23) Je n’ai pas faussé le peson (le plumet) de la balance.
24) Je n’ai pas ôté le lait de la bouche de petits enfants.
25) Je n’ai pas privé le petit bétail de son herbage.
26) Je n’ai pas piégé d’oiseaux des roselières des dieux.
27) Je n’ai pas péché de poissons de leurs lagunes.
28) Je n’ai pas retenu l’eau dans sa saison.
29) Je n’ai pas opposé une digue à une eau courante.
30) Je n’ai pas éteint le feu dans son ardeur.
31) Je n’ai pas omis des jours à offrande de viande.
32) Je n’ai pas détourné le bétail du repas du dieu.
33) Je ne me suis pas opposé à un dieu dans ses sorties en procession.
34) Je suis sans péchés, sans délits, sans vilenie, sans accusateur, sans quelqu’un contre qui j’ai
sévi.
35) Je vis de ce qui est équitable.
36) J’ai donné le pain à l’affamé.
37) J’ai donné de l’eau à l’altéré.
38) J’ai donné des vêtements à celui qui était nu.
39) J’ai donné une barque à celui qui n’en avait pas.
40) J’ai fait le service des offrandes divines pour les dieux et des offrandes funéraires pour les
bienheureux.
41) Je n’ai d’exception en ma faveur
42) Je suis quelqu’un dont la bouche est pure, et dont les mains sont pures.

2°). Le deuxième texte comprenant des règles déontologiques est le « code d’Hammourabi».
Réalisé sur l’initiative du roi de Babylonne, Hammourabi, en 1750 avant JC., ce code comprenait
282 articles fixant différentes règles de la vie courante touchant les groupes sociaux, la famille,
l’armée, la vie religieuse et la vie économique.
Elles ont toujours trait à des situations très précises concernant les vols, les prêts, les
honoraires, les contrats, les fermages, les débiteurs insolvables, les esclaves fugitifs, le statut de la
10

femme. Il n’y a pas d’idée générale ni de concepts abstraits exprimés pour justifier telle ou telle
disposition, il n’y a pas non plus d’ordre logique dans la présentation.
Les articles disposent notamment ce qui suit :
§1 : Si un homme a incriminé un autre homme et a jeté sur lui un maléfice, et ne l’as pas convaincu
de tort, celui qui l’a incriminé est passible de mort.

§6 : Si un homme a volé le trésor du dieu ou du palais, cet homme est passible de mort, et celui qui
aurait reçu de sa main l’objet volé est passible de mort.

§8 : Si un homme a volé un bœuf, mouton, âne, porc ou barque, si c’est au dieu ou au palais, il
rendra au trentuple. Si le voleur n’a pas de quoi rendre, il est passible de mort.

§25 : Si le feu a éclaté dans la maison d’un homme et si quelqu’un y est allé, pour éteindre, et si,
levant les yeux sur le bien du maître de la maison, il a pris le bien du maître de la maison, celui-là
sera jeté dans le même feu.

§129 : Si la femme d’un homme a été prise au lit avec un autre mâle, on les liera et jettera dans
l’eau, à moins que le mari ne laisse vivre sa femme, et que le roi ne laisse vivre son serviteur.

§145 : Si un homme a pris une épouse et si elle lui a donné des enfants, et s’il se dispose à prendre
une concubine, il peut prendre une concubine et l’introduire dans sa maison. Il ne rendra pas cette
concubine l’égale de son épouse.

§ 195 : Si un enfant a frappé son père, on lui coupera les mains.

§202 : Si un homme a frappé le cerveau d’un homme de condition supérieure à lui, il sera frappé en
public de 60 coups de nerf de bœuf.

§229 : Si un architecte a construit pour un autre une maison, et n’a pas rendu solide son œuvre, si la
maison construite s’est écroulée, et a tué le maître de la maison, cet architecte est passible de mort.

3°). Le troisième texte pouvant servir de soubassement historique à la déontologie est la


Torah des hébreux correspondant au Pentateuque de la Bible. Cette dernière comprendrait 613
commandements touchant à tous les domaines de la vie, et qui ont été catégorisés par Maïmonide en
248 commandements positifs (« Fais…. ») et en 365 commandements négatifs (« Ne fais pas….. »).
Ce sont ces 613 commandements qui ont été résumé par Moise en 10 et par Jésus Christ en deux ou
un.
4°). Le quatrième texte ancien de déontologie est le serment d’Hippocrate (460-377 av.
J.C). Il aurait été écrit par un membre de la corporation des praticiens médicaux, qui l’utilisait
comme rite initiatique à la profession. Ce serment énonçait les principes de non-malfaisance, de
compétence, du secret, et d’interdiction des relations sexuelles avec le patient. Il y était également
posé des problèmes éthiques relatifs à l’avortement, à l’euthanasie et à l’aide au suicide
Voici in extenso, l’énoncé du serment d’Hippocrate :
11

« En présence des Maîtres de cette École, de mes chers condisciples, je promets et je jure, au
nom de l'Être Suprême, d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité, dans l'exercice de la
Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent, et n'exigerai jamais un salaire au dessus de mon
travail.
Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe, ma langue taira
les secrets qui me sont confiés, et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs, ni à favoriser le
crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que
j'ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses !
Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères si j'y manque ! »

Dans la version de Genève, on met en évidence les principes suivants : le respect envers les
ainés, la conscience professionnelle, la dignité et l’honneur, le secret professionnel, la collégialité et la
confraternité, le respect de la vie humaine. Ce serment s’énonce comme suit :
« Au moment d’être admis au nombre des membres de la profession médicale, je prends
l’engagement solennel de consacrer ma vie au service de l’humanité.
Je garderai à mes maîtres le respect et la reconnaissance qui leur sont dus.
J’exercerai mon art avec conscience et dignité.
Je considérerai la santé de mon patient comme mon premier souci.
Je respecterai le secret de celui qui sera confié à moi.
Je maintiendrai dans toute la mesure de mes moyens, l’honneur et les nobles traditions de la
profession médicale.
Mes collègues seront mes frères.
Je ne permettrai pas que des considérations de religion, de nation, de race, de parti ou de classe
sociale, viennent s’interposer entre mon devoir et mon patient.
Je garderai le respect absolu de la Vie humaine dès la conception.
Même sous la menace, je n’admettrai pas de faire usage de mes connaissances médicales contre
les lois de l’humanité.
Je fais ces promesses solennellement, librement et sur l’honneur ».
5°. Le cinquième texte, enfin, est celui de Jeremy Bentham ( intitulé « Deontology or the
Science of duty in wich the harmony and coincidence of duty and sel-interest, virtue and felicity,
prudence and benevolence are explained and exemplified »). (« La déontologie ou la science de la
moralité dans laquelle sont expliquées et données en exemple l’harmonie et la coïncidence du devoir et
de l’intérêt personnel, de la vertu et de la félicité, de la prudence et de la bienveillance ». Ce livre a été
publié à titre posthume en 1834 par John Bowring sous le titre « Déontologie ou science de la morale ».
Ce livre de 412 pages s’articule autour de 20 chapitres dont le 1ér traite des principes généraux, le
2ème de ce qu’est la déontologie, le 3ème des propositions anti-déontologiques et du souverain bien, le
12

4ème du plaisir et de la peine et de leur relation avec le bien et le mal, le 5ème du bien-être et du mal-
être, le 6ème du but des actions, le 7ème des sanctions, le 8ème des causes de l’immoralité, le 9ème de
l’analyse de certaines locutions par le principe déontologique, le 10ème de la définition de la vertu, le
11ème de l’intérêt privé ou prudence personnelle, le 12ème de la prudence extra-personnelle, le 13ème
de la bienveillance effective-négative, le 14ème de la bienveillance effective-positive, le 15ème de
l’analyse des vertus et des vices, le 16ème des vertus selon Hume, le 17ème des fausses vertus, le 18ème
des passions, le 19ème des facultés intellectuelles, et le 20ème de la conclusion de la première partie,
avec un coup d’œil sur le principe de la maximisation du bonheur, son origine et ses
développements.

II.3. POURQUOI UN REGAIN D’INTERET POUR L’ETHIQUE PROFESSIONNELLE


AUJOURD’HUI ?
Nous pouvons retenir cinq raisons majeures: la perte des repères traditionnels, les conflits
d’intérêts dans l’exercice de certaines professions, l’émergence des technologies nouvelles, la prise
de conscience aigue du besoin de redevabilité, le besoin d’autoprotection et la nécessité
d’autorégulation.12

II.3.1. La perte des valeurs morales traditionnelles


Il y a un besoin accru de déontologie parce qu’il y a perte des références ou des valeurs
morales traditionnelles qui se cristallise dans l’inversion des valeurs et dans l’institutionnalisation
des antivaleurs telles que la corruption, la concussion, l’impunité, la prostitution, …

II.3.2. Les conflits d’intérêts dans l’exercice de certaines professions particulières


Dans l’exercice de certaines professions, l’on se bute parfois à des paradoxes qui s’expriment
en termes de conflits d’intérêts. Ainsi, on peut se demander ce qu’il faut faire lorsque l’intérêt
personnel d’un travailleur entre en conflit avec celui de son institution ou de ses charges publiques?
En médecine, le code de déontologie médicale dispose que le médecin « est au service de
l’individu et de la santé publique ». Mais que faire lorsqu’il y a incompatibilité entre ces deux
exigences, celle du respect de la vie intime de l’individu et celle de la protection de la communauté?
Dans la déontologie journalistique, il y a l’exigence pour l’agent de communiquer au public la vérité.
Mais que faire lorsque la vérité peut entrer en conflit avec le respect de l’ordre public ou avec
l’intérêt de la communauté ?
Pour surmonter ces conflits, l’on a besoin de faire recours à certaines exigences éthiques et à
certaines assurances déontologiques.

12
Nous nous inspirons largement de d’article de Pierre VERDIER, “Morale, éthique, déontologie et droit”, in Ethique et
déontologie: implications pour les professionnels, Cf. www. Actif-on line. Com/fichiers/ articles/ art- Verdier-276-277.
Pdf. Consulté le 14/9/2013 à 11h59.
13

II.3.3. L’émergence des nouvelles technologies


C’est surtout dans le domaine de la technique ou de la technologie que les progrès ont été les
plus rapides et les plus déconcertantes avec des menaces et des dangers divers pour le bienêtre
individuel et collectif. On peut citer entre autres :
- Les problèmes posés par l’usage de nouvelles techniques de l’information et de la
communication (NTIC).
- Les problèmes posés par l’exploitation anarchique des ressources naturelles avec comme
conséquences, la diminution de la couche d’ozone, le réchauffement climatique et la
désertification.
- Les problèmes posés par les progrès de l’industrialisation tels que la pollution du sol, de l’air et
de l’eau.
- Les problèmes posés par les nouvelles techniques de manipulation de la vie.

II.3.4. La prise de conscience aigue du besoin de redevabilité


Aujourd’hui, dans les différents secteurs professionnels, on a pris conscience du besoin de
redevabilité envers la société (responsabilité politique, sociale ou pénale), envers son employeur,
responsabilité professionnelle ou disciplinaire), envers la victime (responsabilité civile ou
administrative suivant le lieu de travail).13. Cette généralisation de la responsabilité est due,
respectivement au souci d’équité, au refus du fatalisme, à la volonté d’indemnisation des victimes et
à la généralisation des systèmes d’assurance.

II.3.5.Le besoin d’autoprotection et la nécessité d’autorégulation


Il y a aussi dans les différentes corporations professionnelles un certain besoin
d’autoprotection qui exige la nécessité d’autorégulation. Ainsi, certains se disent qu’il vaut mieux
faire la police entre eux-mêmes afin d’éviter des contraintes pouvant leur être imposées par des
services publics ou étatiques. Par exemple, les membres de l’association des taximen des motos et
voitures (ATAMOV) peuvent dire : « la police de la circulation routière ne doit pas nous tracasser.
Faisons nous-mêmes notre propre police». Les médecins pourront dire : « Que peuvent entendre
les juges de la médecine ? Ils ne peuvent pas nous juger ; jugeons-nous nous-mêmes ». La tendance
générale, c’est de se dire : « dotons-nous de nos propres règles, pour éviter des tracasseries pouvant
venir des services policiers ou étatiques.14

II.4. LES PRINCIPALES INTERPRETATIONS DE LA DEONTOLOGIE


Nous pouvons retenir cinq principales interprétations, à savoir, la déontologie comme mode
d’autorégualtion d’une profession particulière, la déontologie comme ensemble des moyens non
gouvernementaux d’assurer la responsabilité sociale, la déontologie comme idéal d’une bonne
conduite professionnelle, la déontologie comme vecteur d’intération dans une association
professionnelle, et la déontologie comme ensemble des peines ou des sanctions disciplinaires.

Cf. Pierre VERDIER, “Morale, éthique, déontologie et droit”, in Ethique et déontologie: implications
13

pour les professionnels, Cf. www. Actif-on line. Com/fichiers/ articles/ art- Verdier-276-277. Pdf.
Consulté le 14/9/2013 à 11h59.
14
Cf. Pierre VERDIER, Art. Cit.
14

II.4.1. La déontologie comme mode autorégulation d’une profession particulière


Du grec « autos » (soi-même), et du latin « regula » (règle, loi), l’autorégulation est la capacité
d’un système à se réguler lui-même en cas de perturbation interne ou externe, sans intervention
extérieure. La déontologie est un mode d’autorégulation d’une profession particulière car elle
comprend des mécanismes de contrôle interne que la profession se donne à elle-même, à l’exclusion
de toute ingérence des pouvoirs externes ou de toute intervention étatique. Les règles que la
profession se donne à elle-même exigent une adhésion individuelle et collective, librement consentie
par les membres de la profession. Ainsi, le serment d’Hippocrate constitue un mode d’autorégulation
de la profession médicale, car c’est la communauté des médecins qui doit veiller à la qualité des
relations professionnelles, et assurer la formation par le biais de l’apprentissage. Le serment, comme
engagement solennel prenant les dieux à témoin, vient cautionner symboliquement la dimension
altruiste de la profession.

II.4.2. Le code déontologique comme ensemble des « moyens (non gouvernementaux)


d’assurer la responsabilité sociale » « M*A*R*S »
Selon l’étymologie, responsabilité vient du latin « respondere » qui signifie répondre, ce qui
est lui-même apparenté à « sponsio » qui signifie promesse. Ce concept implique donc l’idée de
devoir assumer ses promesses. Au sens explicité, il s’agit d’une obligation de répondre de ses actions
ou de celles des autres, d’être garant de quelque chose ou du bien-être des autres.
Le code déontologique est un ensemble des « Moyens (non gouvernementaux) d’Assurer la
Responsabilité sociale »15, c’est-à-dire un « M*A*R*S » dans la mesure où il constitue une sorte de
garantie de contrôle mutuel des membres de la profession assurant ainsi leur unité, leur cohésion et
leur légitimité. Les personnes exerçant une même profession constituent une communauté dans
laquelle les membres se contrôlent mutuellement, et où chacun se sent responsable de l’autre.

II.4.3. La déontologie comme idéal d’une bonne conduite professionnelle


Elle exige la visée des valeurs idéales devant orienter le comportement des membres d’une
profession. Or le souci de répondre à l’idéal d’une profession peut entrer en conflit avec le bien ou
l’intérêt de chacun ou de certains membres de la corporation.
Par exemple, dans le domaine de la médecine, il se dégage du Serment d’Hippocrate, certains
principes déontologiques parmi les quels on peut retenir notamment le principe de la confidentialité qui
s’énonce en ces termes : « Je respecterai le secret de celui qui sera confié à moi ». Mais dans ce
contexte, que dire des cas où l’exigence du secret médical est en conflit avec celle de la protection de la
santé communautaire ? Citons le cas des maladies endémiques comme la fièvre à virus « Ebola » ou des
pandémies comme la covid.19.
Bien plus, dans la déontologie des journalistes, comment concilier l’exigence de la vérité avec
celle de la confidentialité ou celle de la juste discrétion, ou encore celle de la protection des sources de
l’information à communiquer?
De ces cas nous pouvons déduire que les préceptes déontologiques énoncent des valeurs idéales
qu’il ne faut pas interpréter à la lettre. Face aux situations délicates dues aux conflits des normes, la

15
Cf. BERTRAND Claude-Jean, « Critique des médias et déontologie », in BERTRAND Claude-Jean (dir.), Médias.
e
Introduction à la presse, la radio et à la télévision, 2 éd., Paris, Ellipses, 1999, p. 240.
15

déontologie se trouve dans l’obligation d’adapter ses principes ou ses normes aux nouveaux contextes
particuliers du moment présent.

II.4.4. La déontologies comme vecteur d’intégration dans une association professionnelle


La déontologie implique une exigence de confraternité, de collégialité, de corporation,
d’association en vue d’assurer l’honneur et la dignité de la profession, de protéger ses membres et de
contrôler le marché du travail. Les personnes exerçant une même activité sont obligées de se regrouper
en corps, en associations ou en ordres professionnels.
Puisque toute déontologie est en rapport avec une profession particulière, il importe d’établir ici
une différence entre une profession et un emploi ou une occupation. Cette différence consiste surtout
dans le fait que la première est orientée vers autrui tandis que la seconde est orientée vers le soi16.
Dans cette perspective, la profession implique : 1) une technique intellectuelle spécialisée, 2)
acquise au moyen d’une formation prolongée et formalisée, 3) permettant de rendre un service efficace à
la société17. Et c’est dans ce contexte qu’il se dégage de ce qui précède, l’obligation de confraternité, de
collégialité et d’association. Les membres d’une même profession doivent former un corps, un ordre,
une association, etc.

II.4.5. La déontologie comme ensemble des sanctions disciplinaires


Parmi les différentes sanctions disciplinaires nous pouvons retenir notamment :
1). Le « blâme » : c’est une sanction écrite adressée à un agent ayant commis une faute
légère. Il est généralement précédé par une demande d’explication écrite ou par un avertissement
écrit ou orale comportant surtout un caractère comminatoire, c’est-à-dire, une simple mise en garde
destinée à empêcher de nouvelles violations des règles déontologiques.
2). La « suspension » : c’est une sanction disciplinaire consistant à imposer à un agent
l’interruption temporaire de ses activités professionnelles pour avoir commis une faute grave. Elle
peut être aussi adressée à un agent en cas de récidive d’une faute ayant entrainé un blâme. Elle peut
être également prononcée avec ou sans privation d’une partie ou de la totalité du salaire. Il faut,
toutefois, qu’une telle privation de salaire ait été expressément prévue et que le règlement ait été
porté à la connaissance du professionnel.
3) La mutation disciplinaire : c’est une sanction ayant pour conséquence de changer le lieu
du travail d’un agent ayant commis une faute professionnelle grave. Mais à l’inverse de la mutation-
promotion, la mutation disciplinaire a pour objet de sanctionner le comportement fautif du salarié de
manière radicale. Le refus de mutation peut constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement.
4). La rétrogradation : c’est une mesure disciplinaire par laquelle un agent ou un
fonctionnaire doit reculer dans la hiérarchie professionnelle pour avoir commis une faute lourde. Elle
peut avoir comme conséquence la réduction de la rémunération.
5). Le « licenciement » : c’est une peine disciplinaire consistant en une exclusion définitive,
avec préavis, d’un professionnel ayant commis une faute grave.
6).La révocation : c’est un licenciement d’un agent, sans préavis ni indemnité, pour faute
lourde.

16
Cf. ETCHEGOYEN Alain, La Valse des éthiques, Paris, François Bourin, 1991.
17
Cf. CARR-SAUNDERS A, WILSON P., The Professions, Londres, Oxford University Press, 1933.
16

CHAP.III : LES FONDEMENTS THEORIQUES DE L’ETHIQUE ET DE LA


DEONTOLOGIE

Nous pouvons situer notre cours dans sept perspectives théoriques : le principe de la Maât
comme fondement de l’harmonie anthropo-socio-cosmique dans l’Egypte pharaonique, Aristote et
l’éthique téléologique du bonheur, Emmanuel Kant et la morale déontologique, Emmanuel Levinas
et l’éthique de la responsabilité pour autrui, John Rawls et les principes fondamentaux de la justice
comme équité, enfin Paul Ricœur et l’éthique comme visée d’une vie bonne, avec et pour les autres,
dans des institutions justes, Hans Jonas l’éthique de la responsabilité envers la nature et les
générations futures.

III.1. Le principe sapientiel de la Maât comme fondement de l’harmonie anthropo-socio-cosmo-


théologique dans l’Egypte pharaonique
Dans l’Egypte antique, le principe directeur de la conduite ou de la moralité, c’est le
principe de la « Maât », lequel constitue la nature fondamentale de l’harmonie entre « la vérité-
justice », ou plus précisément « la vérité-justice-ordre », ou encore en termes pragmatiques, de
l’harmonie universelle ou universalisable que l’homme doit réaliser avec soi-même, avec la société,
avec le cosmos et avec Dieu. Représentée par le triangle équilatéral, « la « maât » désigne les valeurs
cardinales, souvent prises trois à trois : justice, vérité, droiture, ordre, amour, maitrise de soi,
sainteté »18. Tel est le principe directeur qui devrait régir le comportement et l’agir de tout individu
dans la société et dans le monde. Ce principe découle d’une vision anthropologique spiritualiste et
optimiste.
Ainsi, dans l’anthropologie pharaonique, « l’être humain a un corps périssable,
assurément. Mais ce corps a en lui plusieurs entités immatérielles, spirituelles, divines, destinées à
l’immortalité dans la contrée de lumière éternelle »19.
« En conséquence, l’être humain est conçu comme un être sacré, manifestation
concrète du divin. Il s’en suit logiquement que « la société de l’Egypte pharaonique, pendant près de
35 siècles d’histoire vivante, n’a pas connu, ni expérimenté ce qui suit :
1°. « Le mépris foncier de la femme, c'est-à-dire la misogynie ou la discrimination sociale fondée
sur le sexe.
2°. Le système punitif carcéral ou la prison d’Etat. L’Egypte pharaonique n’a bâti aucune prison
pour y enfermer, sans liberté, des délinquants éventuels. Il y a eu des tribunaux en Egypte, mais pas
de prisons. Pour punir, on n’a pas toujours besoin de prisons. Les prisons du XXIe siècle, dans
‘humanité actuelle sont loin d’honorer l’être fait à l’image de Dieu ; point de peine capitale, de peine
de mort dans la loi (Maât). Or Socrate a bu la cigüe dans une prison publique d’Etat.
3°.Le système de production des biens matériels basés sur l’esclavage. Jean-Jacques
ROUSSEAU (1712-1778), le premier, a déclaré que l’esclavage est un crime contre l’humanité.
L’Occident civilisé, christianisé, instruit a pratiqué la traite négrière atlantique et l’esclavage au
nouveau monde pendant six siècles : c’est le plus grand crime dans l’histoire de l’humanité.

18
BADIKA WANE, « Face à la ruée vers la mystique ou la communication existentielle : l’autonomie métaphysique
comme préalable » in La Responsabilité politique du philosophe africain. Actes de la IXe semaine scientifique de
Kinshasa du 20 au 23 juin 1993, FTC, 1996 , pp.129-136.
19
Th. OBENGA, L’Anthropologie pharaonique, contribution au colloque tenu à Rome à l’Université Pontificale
Urbanienne du 25-29 octobre 2006, p.15, inédit.
17

4°.L’homosexualité masculine ou féminine (qui pourtant était pratiquée en Grèce, à Rome et en


Occident de façon naturelle ou ostentatoire). Enfin, Pharaon faisait, la guerre pour défendre le pays
contre les envahisseurs étrangers faméliques, et non pour coloniser, imposer l’ordre des valeurs
égyptiennes.20 Le principe égyptien de la Mâat a été explicité en 42 idéaux dont nous avons déjà
parlé dans le point sur l’historique de la déontologie.

III.2. Aristote (philosophe grec 384-322 av. J.C.) et l’éthique téléologique du bonheur
1. L’éthique d’Aristote est qualifiée de téléologique parce qu’elle considère que la fin (telos)
vers laquelle tend toute action humaine n’est autre que le bonheur, la vie réussie, « le vivre-bien ».
Ce qu’il exprime en ces termes : « Tout art et toute investigation, et pareillement toute action et tout
choix tendent vers quelque bien, à ce qu’il semble. Aussi a-t-on déclaré avec raison que le Bien est
ce à quoi toutes choses tendent».21
2. Mais pour Aristote, l’on ne devient pas heureux tout seul. Pour atteindre son bonheur, l’on
a besoin de l’autre, et surtout de la communauté politique ou de la cité. C’est cette dernière qui
constitue le lieu de réalisation par excellence, de la liberté et du bonheur des citoyens. Ainsi Aristote
dit-il encore dans sa Politique : « Nous voyons que toute cité est une sorte de communauté et que
toute communauté est constituée en vue d’un certain bien (car c’est en vue d’obtenir ce qui leur
apparaît comme un bien que tous les hommes accomplissent toujours leurs actes) :il en résulte
clairement que si toutes les communautés visent un bien déterminé, celle qui est la plus haute et
englobe toutes les autres, vise ainsi, plus que les autres, un bien plus haut de tous. Cette
communauté est celle qui est appelée cité. C’est la communauté politique. »22

3. Mais si tous les hommes sont d’accord sur le bonheur comme fin de toute activité humaine,
ils ne s’’accordent pas sur la conception de ce bonheur. «[…] sur la nature même du bonheur, on ne
s’entend plus et les explications des sages et de la foule sont en désaccord ».23
Ainsi, le bonheur varie selon les personnes. Car, pour les unes il consiste dans l’acquisition
des biens matériels, sensibles, comme la richesse, le plaisir ou les honneurs ; tandis que pour
d’autres, c’est le contraire. Il faut chercher des biens immatériels, non sensibles et incorruptibles.
En outre, la conception du bonheur peut varier pour la même personne selon les
circonstances. Ainsi, par exemple, si on est malade, on cherchera la santé, si on est pauvre, on
cherchera la richesse, et si on est riche, on pourra souhaiter vivre éternellement sur terre.
Enfin, le bonheur varie selon les activités et les arts. Ainsi, pour le médecin, il faut rétablir la
bonne santé, pour l’éducateur, c’est la formation intégrale de l’homme, pour le pasteur c’est le salut
éternel dans l’au-delà.
4. Mais dans ces conditions, que faire pour éviter les risques de tomber dans l’arbitraire?
Selon Aristote, il faut se conformer à la loi de la juste mesure, laquelle consiste à éviter les excès en
toute chose. Cette théorie suppose que toute action humaine comporte trois types de grandeurs :
exagération, défaut, mesure. La position intermédiaire dans toute action humaine s’est le juste
milieu ou l’action qui ne comporte ni exagération ni défaut. C’est en cela que consiste
essentiellement la vertu. Cependant, la vertu ne s’applique pas à toutes les actions et à toutes les

20
Cfr, TL. OKBENGA, L’Anthropologie pharaonique, p.32.
21
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, Trad. J. Tricot, Paris, Vrin, 1997, pp. 31-32, I,1, 1094 a 1-3.
22
ARISTOTE, Politique, I, 1, 125 2a.
23
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque,I, 4,2.
18

passions (c’est le cas des actions et passions fondamentalement mauvaises comme le vol, l’homicide,
l’adultère, l’injustice). Ces actions n’ayant pas de juste moyenne ne peuvent être trichotomisées. Il en
est de même pour les trois formes d’action que sont l’excès, la juste mesure et le défaut.
Il y a donc trois formes contradictoires de comportement dont deux sont des vices, l’un par
excès, l’autre par manque. Toutes les trois entretiennent entre elles des rapports dialectiques
semblables à ceux qui existent entre le plus, le moins et l’égalité.

5. Appliquée à la justice, la théorie du juste milieu conduit aux thèses suivantes :

1). La justice est une moyenne dont les extrêmes sont l’illégalité et l’inégalité. En tant que
vertu, Aristote la définit comme « cette sorte de disposition qui rend les hommes aptes à accomplir
les actions justes, et qui les fait agir justement et vouloir les choses justes ». 24 L’injustice est
corrélativement « cette disposition qui fait les hommes agir injustement et vouloir les choses
injustes ».25 Ainsi la justice et l’injustice ne se réduisent pas aux actes justes et injustes. Ce sont des
dispositions acquises.

Justice

Illégalité Inégalité

2). De ce qui précède, on peut déduire que la justice est une disposition qui nous fait
conformer à la légalité et à l’égalité, tandis que l’injustice est celle qui nous fait conformer à
l’illégalité et à l’inégalité.
Légalité Illégalité
Justice Injustice
Egalité Inégalité

La justice est la plus importante et la plus admirable, car, d’abord, elle se présente comme
contenant toutes les vertus ; ensuite, elle est absolument complète et comporte tous les caractères
d’une vertu absolue (qui comporte une dimension sociale).
3). Mais les deux formes d’injustice (l’illégalité et l’inégalité) n’ont pas la même extension.
Car tout ce qui va à l’encontre de la loi ne va pas nécessairement à l’encontre de l’égalité, et vice
versa. Par exemple, une répartition égale des avantages socio-économiques peut paraître injuste si
dans une communauté, il y en a qui, ayant travaillé plus que d’autres, ont droit à plus d’avantages
que d’autres. De même une répartition inégale des biens peut être légale si elle est faite
conformément à la loi.

24
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, V, 1, 1128 a, 6-9.
25
Ibidem, V, 1, 1128 a, 10.
19

4). La justice elle-même comprend trois formes : la justice distributive qui règlemente la
bonne répartition des biens, la justice corrective qui réprime les différentes transgressions de la loi et
la justice commutative qui réglemente l’échange des biens marchands.

III.3. Emmanuel Kant (Königsberg en Prusse26 1724- 1804) et la morale déontologique


La morale de Kant est qualifiée de déontologique, car elle se fonde essentiellement sur le
respect du devoir. Ce que Kant exprime par le concept d’impératif catégorique, entendez par là cette
obligation d’agir avec l’intention de se conformer à la seule loi de la raison ou à la bonne volonté.
C’est pourquoi à la question capitale : « que dois-je faire ? Kant répondait : « rien que mon devoir ».
Ainsi, au seuil des Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant affirme : «De tout ce qu’il est
possible de concevoir dans le monde, il n’est rien qui puisse sans restriction [ohne Einschränkung]
être tenu pour bon, si ce n’est une bonne volonté ».27 Et c’est en cela que consiste le fondement de
l’impératif catégorique ou des normes morales. Cet impératif moral peut s’analyser suivant une
structure triadique que nous pouvons exprimer en ces termes : le devoir du respect de soi, le devoir
du respect de l’autre et le devoir du respect de la loi morale.

a). Le devoir du respect de soi


Il correspond au principe d’autonomie du sujet ou de la volonté que Kant exprime par la
maxime suivante : « Agis toujours comme si tu étais en même temps législateur et sujet dans la
république des fins. »28 Ce que nous paraphrasons en ces termes : agis toujours comme si tu étais en
même temps législateur et sujet de la loi morale. .
Mais un tel principe, bien qu’il permette de fonder la liberté d’un sujet moral, ne va pourtant
pas de soi. Bien au contraire, il pose un autre problème, celui de savoir comment éviter le risque d’un
subjectivisme relativiste. En d’autres termes, comment concilier l’exigence d’autonomie et de liberté
avec la pluralité de sujets ou des volontés individuelles ?

b). Le devoir du respect de l’autre


Il correspond au principe de la dignité humaine que Kant exprime par la maxime
suivante: «Agis de telle sorte que tu traites l’humanité en toi-même et en autrui non pas simplement
comme un moyen mais toujours comme une fin». Ceci signifie que toute personne humaine a une
dignité, c’est-à-dire une valeur absolue qui ne peut être bafouée sous quelque prétexte que ce soit. Le
respect de toute personne s’avère ainsi comme un devoir imprescriptible.
Mais à ce niveau, il se pose un problème pertinent. Que faire en cas de conflit des devoirs?
Plus précisément, que faire en cas de conflit entre le devoir du respect de soi et le devoir du respect
de l’autre? Ou encore, que faire en cas de conflit entre le devoir du respect d’une altérité particulière
par rapport à une autre? Il convient de faire appel au principe du respect de l’universalité de la
norme.
c). Le devoir du respect de la loi
Il correspond au principe d’universalité de la loi morale que Kant exprime par la maxime
suivante: «Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action soit considérée comme un

26
Ancien Etat de l’Allemagne, aux confins de l’actuelle Pologne et de la Russie.
27
E. KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs (Ak. 393, trad fr. de Delbos, revue et modifiée par F. ALQUIE, in
E. KANT, Œuvres philosophiques, t2, 1985, p. 250.
28
E. KANT, Critique de la raison pratique, trad. Picavet, p. 28, éd. Alquié [V, 28], p. 640.
20

principe universel.» Ce principe se traduit encore par ce qu’on appelle la règle d’or, laquelle
comporte plusieurs formulations qui toutes expriment la même idée que nous pouvons trouver dans
toutes les sagesses du monde.29
Enfin, la norme morale qui, du point de vue déontologique va du respect de soi fondé sur le
principe d’autonomie de la volonté, au respect de l’autre fondé sur le principe de la dignité humaine
et d’universalité, ne va pas toujours de soi. Elle aboutit à une sorte de formalisme où il n’est pas
toujours tenu compte des circonstances particulières dans lesquelles se détermine l’agir humain.
Par exemple, si, au nom de l’impératif moral, il ne faut pas mentir, peut-il être moralement
permis de dénoncer un coupable poursuivi et menacé de mort par son adversaire et qui viendrait se
cacher chez toi ? Le dénoncer au nom de l’interdiction morale du mensonge, n’est-ce pas aller à
l’encontre d’une autre interdiction morale, celle de ne pas tuer ? Comment concilier ces deux
principes moraux également universels ? Comment alors concilier la prétention de la morale à la
validité universelle et le statut purement singulier des circonstances où doit s’exercer le jugement
moral ?

III.4. Emmanuel LEVINAS et l’éthique de la responsabilité pour autrui (1906 – 1996)


Philosophe juif naturalisé français, Levinas est né en Lituanie en 1930 et mort à
Paris en 1996. Son éthique s’articule autour des principes suivants :
1°) La responsabilité pour autrui
Pour Levinas, la moralité de la conduite humaine consiste fondamentalement à « se
reconnaître comme un « prochain », c'est-à-dire, comme ayant « un devoir et une dette infinie envers
autrui ».30 « Autrui, qui vous est étranger ou indifférent, qui n’appartient ni à l’ordre de vos intérêts
ni à celui de vos affections, cependant vous regarde .31»

2°) Autrui comme un visage qui m’interpelle


La relation éthique commence par la rencontre d’un visage, le visage de l’autre qui me
regarde et interpelle ma responsabilité. Le Moi est saisi ici comme un otage de l’autre. « Autrui,
malgré lui, fait de moi son otage ».32

29
-Dans l’Evangile : « Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le semblablement pour eux. »(Luc 6,
31). Ou encore, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». (Lévitique, 19, 18 ; Mt 22, 39.
-Dans le Talmud : « Ne fais pas à ton prochain ce que tu détesterais qu’il te soit fait. C’est ici la loi tout entière ; le reste
est commentaire. »
-Dans le Brahmanisme, « Telle est la somme du devoir : ne fais pas aux autres ce qui, à toi , te frai du mal »
(Mahabbarata, 5, 1517).
-Dans le Confucianisme, « Voici certainement la maxime d’amour : ne pas faire aux autres ce que l’on ne veut pas qu’ils
nous fassent». (Analectes, 15, 23).
-Dans l’Islam, « Nul de vous n’est un croyant s’il ne désire pas pour son frère ce qu’il désire pour lui-même ». (Sunnah).
-Dans le Taoisme : « Considère que ton voisin gagne ton pain et que ton voisin perd ce que tu perd.» (T’ai Shang Kan Yin
Pien).
-Dans le Zoroastrisme : « La nature seule est bonne qui se réprime pour ne point faire à autrui ce qui ne serait pas bon
pour elle.» (Dadistan- i-dinnik, 94,5).
-Selon Paul Ricœur : « N’exerce pas un pouvoir sur autrui de façon à le laisser sans pouvoir sur toi ».(cité par Olivier
ABEL, Paul Ricœur. La promesse et la règle, p. 69.)
30
Noëlla BARAQUIN & Jacqueline LAFFITTE, Dictionnaire des Philosophes, Paris, Ed. Armand Colin, 2000, p.187.
31
Ibidem.
32
Ibidem, p.187.
21

3°) Une éthique de la non réciprocité


Pour Levinas, « la relation à autrui n’a rien d’une dialectique de la réciprocité. « Ce qui
est fondé ici, ce n’est pas une abstraite éthique égalitaire ; mais une relation d’obligation
éminemment inégale, asymétrique, non réversible ». « A l’encontre de ce qu’établit l’analyse
kantinenne de la morale, la relation éthique ne saurait avoir pour origine l’autonomie d’une raison
pratique pure, immanente, au sujet individuel comme l’universalité d’une loi impersonnelle. Le sujet
législateur autonome n’est pas comme tel, une source d’éthique, mais d’égoïsme et de violence,
expansion du Moi formé à l’altérité et qui use de l’universel pour s’autojustifier.33 ».

4°) Autrui comme ouverture à l’Absolu (Dieu)


La relation à autrui constitue pour Levinas, l’expérience d’une véritable ouverture à
l’Infini et à la Transcendance divine. « La rencontre du visage d’autrui constitue, l’expérience par
excellence de la transcendance, la seule révélation possible de « la merveille de l’idée de l’infini »34.
C’est dans ce contexte que l’éthique fonde la métaphysique et la théologie. Mais comment penser
concrètement le rapport à Dieu, à l’Infini ou au Transcendant ?

5°) Pour un nouvel humanisme


« Dès lors, l’humanisme ne peut plus signifier la reconnaissance d’une essence invariable
(l’homme), occupant une place centrale dans le réel et engendrant toutes les valeurs. 35 » « Une
relecture talmudique de l’Ecriture le conduit à faire valoir la dimension éthique de la loi écrite, par
laquelle la crainte de Dieu se manifeste comme « crainte pour l’autre homme 36». « La lecture de la
Bible nous enseigne en effet que l’humanité de l’homme commence où cesse la violence : elle ne se
manifeste que comme souci du prochain et conscience de la proximité réelle de l’ « Absolument-
autre » (Dieu) dans la fragilité du visage de chaque homme. En d’autres termes, l’homme fait son
apparition lorsqu’un sujet-paradoxalement, absurdement même-répond d’autrui avant de se soucier
de sa propre personne. La relation éthique à l’autre ne peut être, selon Levinas, que désintéressée,
dissymétrique, et dénuée de toute mesure37 .»

III.5. John RAWLS et les principes de la justice distributive comme équité (Philosophe américain
1921-2002)
Si l’éthique aristotélicienne s’enracine dans la perspective téléologique de la visée
d’une vie bonne, et si la morale kantienne se fonde dans la perspective déontologique du respect du
devoir ou des normes morales, la démarche rawlsienne se fonde quant à elle sur les procédures
idoines d’une justice distributive dans sa fameuse Théorie de la justice.
a). Son point de départ est que « La justice est la première vertu des institutions sociales comme
la vérité est celle des systèmes de pensées ».38(Théorie de la justice (1971) traduit en français en
1987).

33
Elisabeth CLEMENT & Cie, La philosophie de A à Z, Paris, éd.Hatier, 2000, p.187.
34
Idem, p.256.
35
Ibidem.
36
Ibidem.
37
Elisabeth CLEMENT & Cie, La philosophie de A à Z, Paris, éd.Hatier, 2000, p.256.
38
J. RAWLS, Théorie de justice. Paris Seuil, 1987, p.29.
22

Il a réfléchi à partir du contexte de la société américaine, une société capitaliste


avancée devenue en fait une société d’abondance et de consommation, une société où, à coté des
personnes qui possèdent des biens de façon superflue, on voit d’autres qui sont complètement
démunies. En effet, sa préoccupation majeure est de savoir quels sont les principes qui peuvent
présider à la distribution des biens et avantages essentiels ?39
Ainsi va-t-il chercher à définir les principes de la justice pouvant présider à la
réalisation d’une société bien ordonnée. Une société pouvant être conçue comme un vaste système de
coopération et de distribution des biens (pas seulement de biens matériels comme le salaire, le
logement, et autres avantages socio-économiques, mais aussi des biens non matériels comme la
citoyenneté, la santé, l’éducation, les charges de responsabilité et les honneurs,…).

b). Les deux principes fondamentaux de la justice


Contre l’utilitarisme de Jeremy Bentham (1748-1832) et John Stuart Mill (1806-
1873) qui pense qu’une société juste est celle qui permet le maximum de bien-être pour le plus grand
nombre de ses membres, Rawls, estime qu’une loi ou une institution juste est celle qui satisfait aux
deux principes suivants :

1°) Le principe d’égale liberté :


Selon ce principe tous les membres de la communauté doivent jouir également des
mêmes droits fondamentaux et des mêmes libertés fondamentales. Ce qu’il exprime lui-même en ces
termes : « chaque personne doit avoir un droit au système le plus étendu des libertés de base égales
pour tous qui soit compatible avec le même système pour tous ».40
Les droits fondamentaux sont entre autres, le droit à l’alimentation saine, au
logement décent, aux soins de santé de qualité, à l’éducation, au transport, …Tandis que parmi
les libertés fondamentales, nous avons la liberté d’expression, la liberté de conscience, la liberté
de religion, …
Malgré le principe d’égale liberté ci haut évoqué, il y a des inégalités ou différences
inévitables parmi les citoyens. Que faire dans ces conditions ? Rawls énonce le second principe, à
savoir celui de la différence.

2°) Le principe de différence


Selon ce principe, les inégalités socio-économiques ne sont pas à supprimer mais
plutôt à organiser de façon à ce que :
2.1). Elles soient à l’avantage de tous, c'est-à-dire, qu’elles offrent à tous l’égalité des chances.
2.2). Et surtout qu’elles soient à l’avantage des plus défavorisées. C’est le principe du Maximin qui
consiste à maximiser l’avantage des plus défavorisés (maximisation du minimum). Ainsi John
Rawls s’exprime-t-il en ces termes :
« Je soutiendrai que les personnes placées dans la situation choisiraient deux
principes assez différents. Le premier exige l’égalité dans l’attribution des droits et
des devoirs de base. Le second, lui, pose que les inégalités socio-économiques,

39
Mais il convient de préciser que le problème qu’il se pose se rapporte surtout aux sociétés techniquement avancées,
c’est-à-dire, des sociétés d’abondance et de consommation.
40
John RAWLS, Théorie de la justice, p.38, cité par P. RICOEUR, Soi-même comme un autre, p.91.... Voir note infra-
paginale 1.
23

prenons par exemple des inégalités de richesses et d’autorité, sont justes si et


seulement si elles produisent, en compensation, des avantages pour chacun et, en
particulier, pour les membres les plus désavantagés de la société. Ces principes
excluent la justification d’institutions par l’argument selon lequel, les épreuves
endurées par certains peuvent être contrebalancées par un plus grand bien au total. Il
peut être opportun, dans certains cas, que certains possèdent moins afin que d’autres
prospèrent, mais ceci n’est pas juste. Par contre, il n’y a pas d’injustice dans le fait
qu’un petit nombre obtienne des avantages supérieurs à la moyenne, à condition que
soit par là même améliorée la situation des moins défavorisés ».41
Mais selon J. Rawls, les principes ci-haut énoncés (principes d’égale liberté ; d’égalité
des chances et du Maximin) doivent être ordonnés de façon lexicale (principe du Leximin) de sorte
que : « le principe (a) dominera (b), et (b1) dominera (b2) de façon lexicale. Pour toute décision, il
faut vérifier si (a) est respecté ; s’il l’est, on peut alors vérifier (b1), et ainsi de suite : si (a) ne l’est
pas, inutile de continuer ».

c). La théorie rawlsienne de la justice est une déontologie et un égalitarisme libéral contre
l’utilitarisme
D’abord, la théorie rawlsienne est une théorie déontologique, car elle préconise
la priorité du juste ou du devoir de justice sur le bien. Dans ces conditions, toute décision qui
maximiserait l’intérêt du plus grand nombre tout en minimisant celui du plus défavorisé, est injuste.
Bien plus, elle est libéraliste, car elle défend le respect des libertés fondamentales de chaque
individu, qui ne peuvent être bafouées au nom d’un impératif collectif.42 Elle est égalitariste, car elle
défend l’égalité de tous les membres de la communauté (égalité dans la jouissance des droits et
devoirs, mais aussi égalité dans la distribution des biens et des avantages).
Mais elle s’oppose à l’utilitarisme, qui a constitué pendant longtemps le cadre
exclusif de la réflexion éthique explicite des économistes. Selon cette théorie, une société juste est
celle qui se soucie de réaliser « le plus grand bonheur du plus grand nombre »43. Fondé par Jérémy
BENTHAM (1789), ce courant a été vulgarisé par John STUART MILL (1861) et systématisé par
Henry SIDGWICK (1874).

III.6. Paul RICŒUR (français 1913-2005) et l’éthique comme visée d’une vie bonne, avec et pour
les autres dans des institutions justes
Pour articuler les trois tendances ci-haut décrites, Paul Ricœur (1913-2005) propose de
définir l’éthique comme « visée de la vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes » 44.
La visée éthique doit s’entendre ici sous un mode optatif et non impératif. Elle relève du souhait, du
souci de soi, du souci du souci de l’autre et du souci du souci de l’institution. Ces trois termes sont
importants pour la constitution éthique de la personne. Essayons de les expliciter davantage.
41
John RAWLS, Théorie de la justice, p.47.
42
Si ce courant s’inspire principalement de la pensée libérale classique de John LOCKE (1690), d’Alexander VON
HUMBOLDT (1792) et des économistes autrichiens Luwig MISES (1940), et de Friedrich Von HAYHEK (1960). Ce n’est
cependant qu’à partir des années 1970 qu’elle s’est constituée en véritable alternative à l’utilitarisme, sous l’impulsion
des philosophes et économises nord-américains comme John HOSPERS, Murray ROTHBARD, David FRIEDMAN, Robert
NOZCK (1974) et Hillel SEINER..
43
CHRISTIEN ARSPERGER et cie, Ethique économique et sociale, p.15.
44
RICOEUR Paul, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p. 202.
24

1°. La visée de la vie bonne.


En s’inspirant de l’éthique téléologique d’Aristote, Ricœur estime que dans nos différentes
activités, ce qui est essentiellement visée c’est la vie bonne, la vie réussie, le Bien, le bonheur. Ce
premier moment de la visée éthique se caractérise par le souci de soi. Mais le souci de soi ne signifie pas
ici simplement la recherche de l’intérêt personnel au détriment de toute recherche d’une vie bonne avec
et pour autrui. Ce qui est estimable en soi-même, c’est la capacité d’agir « intentionnellement » et
rationnellement. C’est aussi la capacité « d’initiative » qui nous rend apte à contribuer à la
transformation positive du monde.
2°. …avec et pour les autres
Le deuxième moment de la recherche du bien se caractérise par le souci de l’autre, que Ricœur
caractérise par le terme de sollicitude. Celle-ci recouvre le « vivre bien avec et pour les autres ». Mais
l’altérité ricoeurienne reste intimement liée à l’ipséité ou au moi. C’est pourquoi il parle de soi-même
comme un autre. Autrui est un sujet qui, comme moi est capable d’initiative. C’est celui qui peut dire Je
comme moi et, comme moi, se tenir pour un agent, auteur et responsable de ses actes. Sinon, aucune
règle de réciprocité ne serait possible. Le miracle de la réciprocité, c’est que les personnes sont
reconnues comme irréductibles l’une à l’autre dans l’échange même. La réciprocité est précisément l’un
des processus permettant ce que Gohier Christiane appelle « éthique du lien ». Cette éthique s’inscrit
dans la tradition des éthiques de l’altérité, tout en la dépassant. Plutôt qu’un rapport à l’autre dans lequel
l’un s’efface pour se tourner entièrement vers l’autre, comme le propose Emmanuel Levinas, ou un
rapport dialogal entre Je et Tu, comme le conçoit Martin Buber, « l’éthique du lien propose un rapport
de réciprocité de l’un envers l’autre, sous-tendu par le désir de créer un lien avec l’autre et des liens pour
celui-ci » 45. L’éthique se pose donc en termes des liens à instituer : liens avec les autres membres d’une
profession, en vue d’établir les normes éthiques, la visée du Bien, dans une éthique partagée.
3°. …..dans des institutions justes
Vivre bien, avec et pour l’autre nécessite encore des « institutions justes ». Par « institutions », il
faut entendre « toutes les structures du vivre-ensemble d’une communauté historique, irréductibles aux
relations interpersonnelles et pourtant reliées à elles en un sens remarquable que la notion de distribution
– qu’on retrouve dans l’expression de « justice distributive ».
La justice distributive est encore une vertu vers la voie de la vie bonne et où le sens de l’injuste
précède par sa lucidité les arguments des juristes et des politiques. Elle n’exclut pas un nécessaire
formalisme, celui de la morale. Mais elle désigne l’idée d’une égalité proportionnelle, dans une société
où les inégalités sont inévitables.
C’est ici que la formule de Ricœur peut prendre tout son sens lorsqu’il définit l’éthique comme
visée, celle de la vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes. Car comment déterminer
ce qu’est la vie bonne dans la vie associative, si ce n’est avec les autres et comment réfléchir au concept
de justice qui doit prévaloir, sans discussion avec les autres membres qui exercent la profession et avec
ceux qui dirigent l’institution ?

45
GOHIER Christiane, « Le soi et les autres en enseignement. Vers une éthique du lien », in JUTRAS France et GOHIER
Christiane (dir.), Repères pour l’éthique professionnelle des enseignants, p. 22.
25

III.7. Hans Jonas (allemand 1903- 1993) et le principe de la responsabilité envers la nature et les
générations futures
Nous pouvons l’articuler autour des axes suivants : une éthique de la nature et de
l’extériorité, une éthique de la non-simultanéité et de la non réciprocité, le nouvel impératif
catégorique, le Principe Responsabilité et l’heuristique de la peur.

II.7.1. Une éthique de la nature et de l’extériorité.


Selon Hans Jonas, ce n’est plus l’homme en tant que sujet autonome qui constitue la
principale source de la loi ou des valeurs morales, mais plutôt la nature. Contrairement à la vision
cartésienne d’un homme «maître et possesseur de la nature», l’éthique écologique voudrait
«restaurer entre l’homme et la nature, une relation mutuelle qui a été brisée par des décennies
d’exploitation technoscientifique au risque de détruire et la nature et l’homme».46

III.7.2. Le Principe Responsabilité envers la nature et les générations futures


« Le principe de cette éthique est donc la responsabilité, non pas au sens classique et
juridique de l’imputation causale des actes commis dans le passé, mais au sens d’une mission,
assignable, à l’égard du plus fragile et du plus menacé dans le future. Il s’agit d’une responsabilité
pour ce qui est à faire, à l’égard du plus fragile, c’est-à-dire, à l’égard de la planète et des
générations futures. Les deux formes paradigmatiques en sont la responsabilité des parents à
l’égard de leurs enfants et celle de l’homme politique à l’égard de ses concitoyens.»47 L’homme,
c’est finalement « cet être que la préservation du plus fragile et du plus menacé appelle à la
responsabilité.»48

II.7.3. Une éthique de la non simultanéité et de la non réciprocité


Pour les décisions à prendre, face à la nature aujourd’hui menacée par les effets pervers et
irréversibles de nos technologies, « nous ne pouvons plus nous en remettre aux éthiques
traditionnelles de la simultanéité et de la réciprocité, construites sur l’égalité des droits et des devoirs
entre sujets libres et égaux, vivant au même moment dans un espace délimité. Il s’agit de penser une
éthique de la non-simultanéité et de la non-réciprocité. »49 Par éthique de la non simultanéité nous
entendons celle qui est fondée sur des devoirs envers des personnes ne vivant pas dans une même
époque. Ici l’on est redevable envers les générations futures. Par contre l’éthique de la non
réciprocité est celle qui est fondée sur des devoirs envers des sujets qui ne sont pas égaux. Ici l’on est
redevable envers les sujets les plus fragiles ou les plus vulnérables. Mais qu’est ce qui peut fonder
une telle éthique?

II.7.4. Le nouvel impératif catégorique


La conduite morale doit d’appuyer sur un nouvel impératif catégorique, lequel a été énoncé à
travers les quatre formulations suivantes :

46
S. RAMEX, Op.cit., p. 59.
47
S. RAMEX , op. Cit. P., 61.
48
S. RAMEX, op. Cit., p.61
49
S. RAMEX, Op.cit.,p. 60..
26

- « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence
d’une vie authentiquement humaine sur terre. » 50
De cette première formulation, nous ne sommes pas en vie pour agir en insensé ou en homme
immoral. Notre façon de faire doit laisser de bonnes traces pour ceux qui viendront après nous. C’est
pourquoi, négativement, cet impératif devient :
- « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la
possibilité future d’une telle vie »51
Simplement, ceci revient à dire qu’aucun droit ne nous permet d’effacer la vie sur terre car
l’homme doit exister. Ainsi cette deuxième formulation devient.
- « Ne compromets pas les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur
terre.»52
Positivement, cette formulation s’énonce comme suit : « inclus dans ton choix actuel
l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir. » 53
De toutes ces formulations de l’impératif, nous remarquons que Hans Jonas invite sans cesse
à prendre avec rigueur notre responsabilité. Pour faire naitre la cause de tout l’homme et de son
environnement, Jonas affirme ce qui suit :
« Nous avons bien le droit de risquer notre propre vie, mais non celle de l’humanité. »

II.7.5. Pour une heuristique de la peur


Il s’agit pour Jonas d’une invitation à l’exploration de la valeur morale de la peur. Il faut
avoir peur de tout ce en quoi on pourrait imaginer le moindre risque de compromettre l’avenir de
l’humanité et de la planète.
L’éco-éthique renvoie au principe du respect de la vie. Mais une question se pose. « Peut-on
fonder une éthique sur la vie, sur le vivant ? En quoi la vie serait-elle normative pour l’homme?
Quelle vie permet de normer une « vie authentiquement humaine » selon l’impératif de H. Jonas?
La vie nous indique, certes, que la préservation des générations futures et celle d’un monde
habitable à leur transmettre, est une obligation morale, mais la vie ne nous indique pas ce que nous
devons préserver ni comment le faire. Ou, si elle nous sert d’indicateur, ce sera sous une forme
restrictive en indiquant de façon négative ce qu’il ne faut pas faire. Que penser de cette normativité ?
Ne risque-elle pas de dévier vers le biologisme? Il ya là une question grave».54

II.7.6. Anthropocentrisme ou bio centrisme ?


A ce propos, Luc Ferry dans Le nouvel ordre écologique55, en posant aujourd’hui la question
de savoir si l’écologie est humaniste ou antihumaniste, il distingue deux principaux courants
écologiques : l’un, qui est anthropocentrique, considère la nature comme « l’environnement de
l’homme, dont la sauvegarde est nécessaire pour sauver l’homme lui-même ». Ce courant est
humaniste. Tandis que l’autre, en revanche, bio-centrique, considère « l’homme comme un vivant
parmi les autres vivants et indéniablement, l’un des plus destructeurs dans une nature à sauver pour

50
H. JONAS, Le principe Responsabilité, Paris, Cerf, 1993, p.30.
51
Ibidem, p.31.
52
Idem.
53
Idem.
54
RAMEX, Op. cit. p. 66
55
Luc FERRY, Le nouvel ordre écologique, Paris, Grasset, 1992.
27

elle-même »56. Ce courant est antihumaniste dans la mesure où il « peut plaider pour la protection de
certaines espèces comme les parcs naturels, contre les hommes » 57
Mais malgré la présence de cette deuxième tendance, il semble que, d’une manière générale,
la naissance du mouvement écologique au XXe siècle s’inscrit dans le souci de protection de la vie
humaine. Si au XVIIe siècle les hommes s’étaient découverts seuls dans un univers infini et ouvert à
leur pouvoir, les hommes du XX ème siècle se découvrent innombrables dans un espace vital fini,
dégradé par leur pouvoir, avec une terre fragile, menacée, avec des ressources finies sur une Terre
finie.
Dans ces conditions la nature devient indicatrice des valeurs pour l’homme et la société. Les
hommes du XVIIe, voyant dans la nature un pur système mécanique, sans finalité ni sens, ils avaient
résolu de chercher en eux-mêmes des lois et des normes d’action : la nature est, des lors, un
ensemble de faits qui ne peuvent en aucun cas nous donner la moindre indication pour savoir
comment vivre : «ce qui est ne peut pas nous indiquer ce qui doit être » ; il appartient à l’homme
seul de poser les valeurs, de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal. 58
Or cette confiance en l’homme a été ébranlée depuis le XIXe siècle (Cf..K. Marx, Freud,
Nietzsche). « L’écologie restaure cette extériorité perdue où la nature est indicatrice de valeurs
pour l’homme »59 C’est cette conception (philosophique) que défend en Allemagne, le philosophe
Hans JONAS dans son fameux ouvrage Le principe Responsabilité avec comme sous-titre Une
éthique pour la civilisation technologique.

56
S. RAMEX, Op.cit., p.59
57
Ibid., p.29.
58
Ibid., p.60.
59
Id.
28

CHAP. IV. LES PRINCIPES FONDAMENTAUX ET GENERAUX DE LA DEONTOLOGIE

Comme principes généraux et fondamentaux de toute déontologie professionnelle, nous


pouvons citer, entre autres :

IV.1. Le respect de la dignité humaine


Pour mieux appréhender cette notion nous pouvons nous référer ici au principe kantien de la
dignité humaine, principe qui fonde d’ailleurs la déclaration universelle des droits humains. Kant
l’avait énoncé de la manière suivante : « Agis toujours de telle sorte que du traites la personne
humaine en toi-même comme en autrui toujours et en même temps comme une fin, mais jamais
comme un simple moyen » 60.
De ce principe, nous pouvons déduire deux impératifs fondamentaux et généraux de toute
déontologie :
1) Dans toute relation humaine ou professionnelle, toute personne doit toujours être considérée
comme une fin, et jamais comme un simple moyen.
2) « Toute relation à une ou plusieurs personnes doit toujours viser la promotion mutuelle, selon
toutes les dimensions de la personne, de toutes les personnes engagées dans cette relation ».
IV.2. Le respect du bien commun
Qu’est-ce qu’il faut entendre par bien commun ? Avant de dire ce qu’est le bien commun, il
convient de dire ce qu’il n’est pas.
- Avant tout disons que le bien commun n’est pas le bien du groupe ou d’une classe
sociale, car alors le groupe serait conçu comme ayant une fin indépendante de celle
des personnes.
- Il n’est pas non plus le bien de la majorité au détriment de la minorité. Car on
foulerait aux pieds l’égalité fondamentale en droits de tous les hommes. Ce qui
reviendrait à consacrer la « loi » du plus fort »
- Il n’est pas enfin le bien du chef (ou d’une oligarchie) car le chef serait considéré
comme la fin des personnes (monarchies autocentrées).
- Le bien commun, c’est finalement « le bien de toutes les personnes ensemble », ou
de tous les membres de la communauté.

Cette définition implique trois points:


1) L’homme en tant que tel a une destinée (un sens naturel de sa vie reconnu par sa raison), qui
est en même temps personnelle et sociale (personnelle dans une socialité).61
2) Le progrès véritable de chaque personne s’inscrit dans un progrès global de la société
3) Le progrès de la société implique le progrès des personnes membres de cette société.
Ceci revient à dire en d’autres termes que la personne a comme fin la réalisation de son bien en
société. Et la société a pour fin le bien commun des personnes (le bien des personnes ensembles).

60
E. KANT, Fondements de la métaphysique des Mœurs, p.429.
61
Nous pouvons également dire que l’homme (personne) est désormais à concevoir comme à la fois individu, société et
espèce. « Les trois espèces trinitaires- l’individu, la société, l’espèce- sont engendrées inséparablement l’une en l’autre
comme trois roues interdépendantes d’une polyorganisation trinitaire, et elles s’entre-géèrent les unes les autres »
(Edgar MORIN, La méthode 5. L’humanité de l’humanité, Paris, Seuil, 2001, p. 195).
29

Ainsi, de façon dynamique, le bien commun peut être aussi « défini comme l’ensemble des
conditions qui permettent et favorisent la promotion mutuelle des personnes vers leur
accomplissement plénier comme personne ».
Ce qui nous permet d’énoncer deux nouveaux impératifs fondamentaux et généraux :
1. Tout devoir humain ou professionnel comporte une dimension sociale (ceci découle et de
la fin de la personne et de la fin de la société).
2. « Tout devoir humain social ou professionnel vise le bien commun des personnes ».

IV.3. Le sens de la loyauté


Dans toute relation professionnelle, il s’impose le sens de la loyauté lequel implique
l’exigence du respect des lois de la République, des règlements intérieurs et les codes
déontologiques de la profession.

IV.4. Le sens de la responsabilité et de la conscience professionnelle


Il s’agit du sens de l’engagement et du devoir, du souci de réaliser son travail comme il
convient de le faire.

IV.5. Le respect du secret professionnel


Tout agent ou employé doit respecter strictement le secret professionnel, c’est-à-dire, la
discrétion que l’on est tenu de garder sur les détails de vie privée que l’on a été amené, par l’exercice
de sa profession, à connaître. Il peut s’agir aussi des informations confidentielles dont la divulgation
peut porter atteinte aux intérêts d’une entreprise ou des clients.

IV.6. Le sens de l’excellence


- Il s’agit ici du sens du travail très bien fait. Mais avant tout, qu’est-ce que le travail ?
- Le travail est avant tout « toute activité humaine ordonnée à la production d’une œuvre
utile »62. Si c’est une activité sans but et sans utilité, on parle de jeu. Ainsi défini, le travail peut
se comprendre respectivement :
- D’abord comme un gagne pain. « On travaille pour vivre, pour gagner sa vie et celle des
siens ».63
- Ensuite, le travail est créateur des valeurs. Il consiste dans la transformation d’une matière
donnée, laquelle représente une certaine valeur. Les choses valent ce qu’elles ont incorporé au
travail réalisé en vue de leur production. Mais le travail donne aussi de la valeur au sujet qui
travaille.
- Le travail est aussi éducateur. A la différence de l’activité ludique qui est spontanée, l’activité
laborieuse exige organisation méthodique et effort (cfr Karl Marx et Hegel). Par le travail
l’homme transforme la nature. Et en transformant cette nature il l’humanise. Et par là même il
s’humanise.
- Le travail assure aussi la promotion mutuelle des personnes.
- Le travail vise aussi l’intégration sociale des personnes. Par son activité productrice, l’homme
peut sortir du cercle étroit de sa famille pour s’ouvrir à la communauté plus élargie de la

62
P. FOULQUIE, Nouveau précis de philosophie II. Logique. Morale , p. 390.
63
Ibidem, p.390.
30

profession. « La participation au travail est en effet la condition sine qua non de l’insertion de la
personne dans la société qui, pour être une société de développement des personnes et des
groupes, est nécessairement une société de travail ».
- « L’engagement dans le travail est la condition de la croissance de la personne comme corporelle
et comme spirituelle ».
- « la privation du travail entraîne la dégénérescence de la personne dans sa corporéité et dans sa
spiritualité, dans sa relation à autrui et dans sa relation à l’absolu».
- Par conséquent, le refus de travail engendre la destruction de la personne par la destruction de la
société, dans la destruction du sens de l’Absolu où se fondent les valeurs tant personnelles que
sociales ».
- « On notera que c’est une constante de l’histoire que les sociétés où le travail est voulu comme
un droit, un devoir et un honneur progressent, tant au niveau des personnes que de la société, et
que ses valeurs sont fondés dans l’Absolu. Mais que les sociétés dans lesquelles le travail est fui,
régressent, matériellement et spirituellement, se désagrègent comme sociétés et qu’on y perd tout
sens de l’Absolu et des valeurs ».
- « Le travail est donc le lieu où se nouent de façon dynamique la relation de l’homme à soi, la
relation à autrui, la relation au monde, la relation à l’Absolu.
- « Il est enfin ce par quoi l’humanité progresse en humanité.

D’où ces trois autres impératifs :


1). Le premier impératif de toute déontologie est de toute évidence le devoir du travail
2). En découle le devoir de reconnaître le droit au travail et de favoriser son exercice : négativement
l’interdiction de se soustraire au travail, et de méconnaître le droit des autres au travail ».
3). En découle encore le devoir de la préparation professionnelle, le devoir de favoriser la
préparation professionnelle d’autrui, l’interdiction de négliger ou de saboter la préparation
professionnelle.

IV.7.La gestion rationnelle du temps


On peut reconnaître le degré de développement d’une communauté par la façon dont ses
membres gèrent le temps. Dans les sociétés techniquement avancées, le temps est géré de façon
rationnelle, parce qu’il est conçu comme étant linéaire. Le temps passé est passé. Il ne revient plus. Il
est aussi considéré comme une ressource rare et renouvelable. Par contre, dans les communautés
sous équipées, le temps est irrationnellement gaspillé parce qu’il est conçu comme étant cyclique. Le
temps passe et revient. Il est toujours là. Le temps passé peut être rattrapé.

IV.8. Le sens de la piété


La piété c’est l’attachement aux valeurs et aux pratiques de la religion. Elle est indispensable
en milieu professionnelle d’autant plus que la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.
31

CHAP. V : LA DEONTOLOGIE DE L’INFORMATIQUE DE GESTION

Avant tout il convient de préciser la portée sémantique des concepts informatique de gestion,
gestion informatique et système d’information.
« L’informatique de gestion (IG) est la discipline du traitement de l’information utile et
nécessaire à l’automatisation et à la gestion des entreprises.64 Il s’agit simplement d’une discipline
qui s’intéresse à l’informatique appliquée à la gestion des affaires ou des entreprises.
La gestion informatique (GI) est « la coordination de l’ensemble des ressources, systèmes,
plateformes, environnements et équipes dans le but d’améliorer la rapidité, l’évolution et la stabilité
dans l’ensemble de l’entreprise »65 . En d’autres termes, il s’agit d’une discipline dont la finalité
consiste dans la conception des logiciels et des ressources informatiques pouvant faciliter
l’amélioration de la gestion des entreprises.
Le système d’information (SI) peut se définir comme un ensemble des données, des
ressources matérielles, humaines et logicielles de l'entreprise dont l’objectif « est d’assurer la saisie,
la conservation, le traitement et la circulation des informations de façon à ce que chacun, dans
l’organisation, puisse disposer au bon moment des données dont il a besoin pour remplir sa tâche» 66
En nous inspirant ici de quelques dispositions tirées du Code d’Ethique des Métiers de la
Sécurité des Systèmes d’Information publié par le Club de la sécurité des systèmes d’information
français (CLUSIF) de 1991, de La Charte de déontologie du service informatique de l’université de
Toulouse et de l’ « Introduction à la sécurité informatique » tirée de l’Encyclopédie), des dix
commandements de l’éthique informatique ((Computer Ethic, USA, traduit par GANASCIA,
2005) 67 , nous avons essayé de systématiser la déontologie de l’informatique de gestion et de la
gestion informatique autour des principes suivants:

64
Cf. Pierre-André SUNIER, Qu’est-ce que l’informatique de gestion ?, Laboratoire de génie logiciel, Haute école de
gestion Arc-Neuchâtel, 2003-2012, en ligne www.cours-gratuit.com. Mardi, 15/09/2020.
65
Ibidem.
66
Jacques SORNET, Nthalie LE GALLO et Oona HENGOAT, Système d’information de gestion. Manuel et application. Ed.
Francis Lefebvre Dunod, 2016, p. 4.
67
cité par Lamine SARR, Ethique des technologies et systèmes d’informattion: Usages individuels, positionnement moral
des organisations et changements sociotechniques: Cas du livre numérique T1, Thèse de doctorat en Sciences de
gestion, Université Paris Descartes, 2015, p. 30, en ligne, http://tel.arcives-ouvertes.fr/tel.01915246. ,
dix commandements de l’éthique informatique ((Computer Ethic, USA, traduit par GANASCIA, 2005) se formulent de
la manière suivante :
1°. Tu n’utiliseras pas l’informatique pour nuire à autrui.
2°. Tu n’interféreras pas avec les travaux informatiques d’autrui.
3°. Tu n’espionneras pas les fichiers d’autrui.
4°. Tu n’utiliseras pas l’informatique pour voler.
5°. Tu n’utiliseras pas l’informatique pour propager de fausses rumeurs.
6°. Tu n’utiliseras pas ou ne copieras pas des logiciels que tu n’auras pas payés.
7°. Tu n’utiliseras pas les ressources informatiques d’autrui sans autorisation ni compensation.
8°. Tu ne t’approprieras pas les acquis intellectuels d’autrui.
9°. Tu penseras aux conséquences sociales des programmes que tu conçois.
10°. Tu utiliseras toujours l’ordinateur ou l’informatique avec considération et respect pour autrui.
32

V.1. Le respect de la dignité humaine


De ce principe découlent les impératifs suivants :
- Tu utiliseras toujours l’informatique avec considération et respect pour autrui.
- Tu n’utiliseras pas l’informatique pour nuire à autrui.

V.2.Le respect de la vie privée


L’informaticien ne doit porter atteinte ni aux droits humains ni à la vie privée ni aux libertés
individuelles ou publiques. Il doit respecter les droits fondamentaux des utilisateurs lors de l’exercice
de ses missions, et particulièrement :
- Le droit au respect de la vie privée, notamment, le respect du contenu des fichiers de
données à caractère personnel.
- Le droit au secret des communications électroniques, lequel ne peut être levé qu’avec
l’accord de son client. Il s’agit des données personnelles relatives à la consultation de
sites Internet de l’utilisateur (historique des navigations, signets, mémoire caché).
- Le droit au secret des correspondances, si celles-ci s'adressent à une personne
individualisée.
N.B. : Seules les autorités judiciaires, en tant que gardiennes des libertés individuelles, ont la faculté
de déroger à ces principes en cas de nécessité liée à la recherche de la vérité dans le cadre de
l’instruction d’une affaire ou d’une enquête.

V.3. La confidentialité
La confidentialité consiste ici dans le fait que l’intervenant s’engage, notamment, à :
- respecter la discrétion des informations qui lui sont confiées, ou qu'il peut voir, entendre ou
comprendre dans le cadre de ses missions ou de toutes ses activités professionnelles.
- protéger le secret des documents qu'il détient dans le cadre de ses missions propres ou de
celles qui lui sont confiées.
- ne déroger à cette règle générale de confidentialité qu'après accord écrit et exprès du client.
Cette règle s'applique aux références des clients, aux missions effectuées et aux éléments du
curriculum-vitae.
- faire respecter cette obligation de confidentialité par ses collaborateurs et, de manière
générale, par toute personne intervenant sous sa responsabilité dans le cadre d'une mission.
V.4. L’intégrité et l’honnêteté
L’informaticien s’engage à :
- Ne jamais utiliser l’informatique pour voler.
- Ne jamais s’approprier les acquis intellectuels d’autrui.
- Ne jamais utiliser les ressources informatiques d’autrui sans autorisation ni
compensation.
- Ne jamais copier des logiciels qu’on aura pas payés.

VII.5. La compétence et l’expérience


33

L'intervenant ne doit pas revendiquer une compétence ou une expérience qu'il ne possède pas.
Il doit pouvoir faire état de son curriculum-vitae exact et complet, ainsi que ses références
personnelles (sans enfreindre les règles de confidentialité).
Il doit témoigner d'une compétence et d'une expérience dans le domaine d'intervention pour
lequel il est appelé. Il doit se tenir en permanence informé de toutes les obligations (déontologiques,
réglementaires, juridiques, etc.) qui lui incombent et qui incombent à ses clients, ainsi que toutes les
normes (nationales et internationales selon le cas) qui s'appliquent dans son domaine.
Il doit connaître et pouvoir expliciter les caractéristiques des principales méthodes ou produits
spécifiques relevant de son domaine d’intervention.

V.6. La collaboration et la collégialité


- L’informaticien doit collaborer avec ses responsables hiérarchiques et avec ses
confrères.
- S’il n'est plus en mesure d'aider son client, il doit l'orienter vers des professionnels
dont il connaît la compétence.
- Il s'interdit de dénigrer ses confrères et notamment auprès de clients ou à l'occasion de
réunions professionnelles, de conférences ou auprès de la presse.
- Il s'oblige à respecter les principes de loyauté et de libre concurrence.

V.7. La neutralité et l’indépendance


L'intervenant doit respecter une stricte objectivité dans les conseils ou les recommandations
qu'il formulera dans le seul intérêt de son client. Cette clause s'applique notamment dans le cas de
plusieurs missions susceptibles d'être menées chez le même client ou des clients différents.
Il doit aussi indiquer clairement l'ensemble des domaines couverts par son activité ainsi que
l'ensemble des produits et services qu'il propose.
Il doit indiquer les liens d'intérêts, notamment salariaux ou financiers qu'il possède avec des
tiers qui pourraient être concernés par l'exécution ou les conséquences de la mission.

V.8. La transparence et la traçabilité des opérations effectuées.


- L’informaticien doit assurer la transparence des opérations effectuées.
-Il doit informer, dans la mesure du possible, les utilisateurs de toute intervention nécessaire
susceptible de perturber ou d’interrompre l’utilisation habituelle des moyens informatiques.
- Il doit assurer l’enregistrement systématique et automatique des opérations effectuées sous forme
de traces exploitables en vue de reconstituer exactement un évènement informatique survenu.
- Ces traces se composent des données techniques exécutées par chaque type d’opération (date et
heure de l’opération, numéro d’indentification de la machine, identifiant l’utilisateur, détail de
l’opération effectuée). Elles sont conservées à l’état brut sous forme de journaux, propre à chaque
type d’application qui les génère.
Ces traces ont donc deux objectifs essentiels :
· Assurer le bon fonctionnement des services et déterminer leurs nécessaires améliorations.
· Détecter toute anomalie de sécurité et être à même de mener les enquêtes correspondantes.
34

V.9. Il doit assurer la sensibilisation et l’information des utilisateurs


Il s’agit d’informer les clients sur des consignes techniques de sécurité à mettre en œuvre afin
de préserver le système informatique général et individuel.
Il s’agit de les informer également sur l’évolution des méthodes, techniques, procédures et
obligations qui surviennent dans le champ de son intervention.
Il doit enfin les informer lors de la découverte des failles ou des défauts liés au
fonctionnement du système informatique.

V.10. La sécurité informatique


La sécurité informatique, d'une manière générale, consiste à s’assurer que les ressources
matérielles ou logicielles d'une organisation sont uniquement utilisées dans le cadre prévu.

Afin de pouvoir sécuriser un système, il est nécessaire d'identifier les menaces potentielles,
et donc de connaître et de prévoir la façon de procéder de l'ennemi ou du pirate afin de mieux
comprendre comment limiter les risques d'intrusions.. Le but de ce dossier est ainsi de donner un
aperçu des motivations éventuelles des pirates, de catégoriser ces derniers et enfin de donner une
idée sur leur façon de procéder.

Le risque en termes de sécurité est généralement caractérisé par l'équation suivante :

La menace (en anglais « threat ») représente le type d'action susceptible de nuire absolument (p.ex.
un virus), tandis que la vulnérabilité (en anglais « vulnerability », appelée parfois faille ou brèche)
représente le niveau d'exposition face à la menace dans un contexte particulier (p. ex. l’absence d’un
antivirus). Enfin la contre-mesure est l'ensemble des actions mises en œuvre en prévention de la
menace (installation d’un antivirus, d’un mot de passe, formation ou sensibilisation, etc.). Les contre-
mesures à mettre en œuvre ne sont pas uniquement des solutions techniques mais également des
mesures de formation et de sensibilisation à l'intention des utilisateurs, ainsi qu'un ensemble de
règles éthiques, déontologiques et juridiques clairement définies.
35

CHAP. VI. LA DEONTOLOGIE DES AFFAIRES68

Il existe plusieurs impératifs spécifiques de la déontologie des affaires diversement


systématisés dans les codes déontologiques de différentes entreprises d’affaires. Nous nous
proposons d’en reprendre ici quelques principes importants.

VI.1.La dignité de la personne et de la profession


L’entrepreneur ou l’agent est tenu de sauvegarder sa dignité ainsi que celle de sa profession.
Il doit éviter, au service et dans sa vie privée, tout acte ou comportement qui peut compromettre
sa dignité personnelle ainsi que celle de sa fonction. Il se gardera d’être coupable, comme auteur, co-
auteur, instigateur, organisateur ou complice des actes immoraux perpétrés aux lieux de travail,
notamment la séquestration des mineurs, le viol, le harcèlement sexuel, le vol, l’ivresse publique, la
bagarre, les injures publiques et tout autre acte similaire.

VI.2. Le respect du bien commun


Le respect des biens publics est rigoureusement exigé. Par là on peut entendre les biens de
l’Etat, de l’institution ou de l’entreprise. Selon ce principe, il faut éviter tout usage abusif des biens
de l’entreprise, la dégradation des biens mobiliers et immobiliers ou en l’usage à des fins privés, des
véhicules, du matériels ou du personnel de l’entreprise, sauf lorsque cet usage est expressément
prévu comme avantage complémentaire au bénéfice de l’agent. Enfin, il faut éviter la destruction ou
la subtilisation des documents, dossiers, archives de l’Administration.

VI.3. La conscience professionnelle


La conscience professionnelle c’est le souci de bien faire son travail comme il convient de le
faire. De façon détaillée, elle implique donc les attitudes suivantes :
- Le sens du travail bien fait, c’est-à-dire accompli avec loyauté ;
- Le sens de la responsabilité (envers soi-même, envers les autorités hiérarchiques, envers le
service, envers les clients et envers la société) ;
- Le sens de l’engagement (il suppose la poursuite d’un idéal que l’on s’est assigné devant ses
autorités ou devant la communauté, et une détermination ou une décision d’agir dans le sens
souhaité) ;
- Le sens du dévouement (c’est-à-dire de l’aptitude morale à faire le don de soi à un être ou à
une cause) ;
- Le sens de l’honnêteté professionnelle (c’est-à-dire le sens moral de la sincérité envers soi-
même et envers les exigences du travail) ;

VI.4.L’impartialité et l’intégrité
L’entrepreneur ou l’agent exercera ses fonctions avec impartialité et honnêteté. Il évitera de
verser dans des actes motivés par le tribalisme, le régionalisme, le népotisme ou d’autres formes de
comportement frisant le favoritisme ou le sentimentalisme.

68
SULLIVAN John D. et SHKOLNIKOV Aleksandr, « La déontologie des affaires : la composante essentielle de la
gouvernance d’entreprise », in Perspectives des réformes économiques, Centre International pour l’Entreprise Privée
(CIPE), Aout 2007.
36

L’entrepreneur ou l’agent doit éviter de se rendre coupable de détournement, de vol des biens
meubles et immeubles de l’institution, de soustraction frauduleuse des documents et de leur trafic. Il
doit également éviter de percevoir ou d’ordonner de percevoir des sommes qu’il sait pertinemment
ne pas être dues ou excéder ce qui est dû en vertu de la réglementation en vigueur.

VI.5. La ponctualité et l’assiduité


L’entrepreneur ou l’agent doit avoir le sens de la ponctualité, de la régularité ou de
l’assiduité. L’entrepreneur ou l’agent doit exercer personnellement et avec assiduité ses fonctions
aux temps et lieux qu’exige le fonctionnement de l’institution. Il ne doit jamais suspendre l’exercice
de ses fonctions sans autorisation préalable.
En effet, on peut reconnaître le degré de développement d’une communauté par la façon dont
ses membres gèrent le temps. Dans les sociétés techniquement avancées, le temps est géré de façon
rationnelle, parce qu’il est conçu comme étant linéaire. Le temps passé est passé. Il ne revient plus.
Tandis que dans les communautés sous équipées, le temps est irrationnellement gaspillé parce qu’il
est conçu comme étant cyclique. Le temps passe et revient. Il est toujours là. Le temps passé peut
être rattrapé).

VI.6.Le respect des autorités hiérarchiques


L’agent doit respecter ses autorités hiérarchiques. Il doit exécuter les instructions de service de
son chef hiérarchique et répondre personnellement à l’égard de ce dernier de l’exécution des ordres
reçus.

VI.7.La collaboration et la collégialité


- L’entrepreneur ou l’agent doit faire preuve de l’esprit de collaboration avec l’autorité
et avec ses collègues de service.
- Il doit s’efforcer de bien soigner ses relations avec les autres ; et donc il doit éviter
d’être source des conflits au sein de l’entreprise ou de l’institution.
- Il doit exécuter correctement les ordres de ses autorités hiérarchiques.
Le défaut de communiquer au chef hiérarchique tout fait ou toute information dont
l’agent a connaissance et qui est de nature à compromettre le bon fonctionnement du service
constitue un manquement passible d’une sanction disciplinaire.

L’agent qui, sciemment ou par méchanceté, induit en erreur son chef hiérarchique ou
son collaborateur, en donnant une information fausse ou inexacte, ou en déformant une information,
ou encore en portant une accusation délibérément fausse et injuste, est passible d’une sanction
disciplinaire.

VI.8.La courtoisie
L’entrepreneur ou l’agent doit se comporter avec courtoisie dans ses rapports tant avec
ses supérieurs, collègues et inférieurs qu’avec les personnes extérieures à l’entreprise ou à
l’institution. En cas de manquement, il sera sanctionné proportionnellement à la gravité de sa faute.
37

VI.9.Le secret professionnel et la confidentialité


Les informations confidentielles sont celles dont la divulgation peut porter atteinte soit aux
intérêts de l’entreprise soit aux intérêts des clients. Elles concernent les plans stratégiques, de
marketing, les finances, les fichiers d’essais, les rapports d’essais, le statut des essais de produits, des
informations sur le client, la correspondance interne de la société, les partenariats ou alliances avec
d’autres sociétés, des plans pour les produits ou services nouveaux et/ou actuels.
L’entrepreneur ou l’agent est strictement tenu au respect du secret professionnel sur les faits
dont il a connaissance en raison de ses fonctions et qui présentent un caractère confidentiel de par
leur nature ou de par les prescriptions de l’autorité hiérarchique
Ainsi, l'agent s'engage à respecter une stricte confidentialité des informations qui lui sont
confiées, ou qu'il peut voir, entendre ou comprendre dans le cadre de ses missions ou de toutes ses
activités professionnelles.
Il s'engage à protéger le secret des documents qu'il détient dans le cadre de ses missions
propres ou de celles qui lui sont confiées.
Il s'engage à ne déroger à cette règle générale de confidentialité des informations de ses
clients qu'après accord écrit exprès du client. Cette règle s'applique aux références des clients, aux
missions effectuées et aux éléments du curriculum-vitae.
Il s'engage à faire respecter cette obligation de confidentialité par ses collaborateurs et, de
manière générale, toute personne intervenant sous sa responsabilité dans le cadre d'une mission.

VI.10.Le civisme et la loyauté


L’agent se comportera avec civisme et loyauté. Il doit agir conformément aux lois,
ordonnances et règlements des pays et des communautés où sa société travaille. Il doit comprendre
comment ces normes s’articulent avec les lois locales, les usages et les pratiques. Ces normes sont les
conditions minimum qui doivent toujours être respectées. Si la loi, la politique ou les pratiques
commerciales locales requièrent qu’on applique des normes supérieures aux normes de la société, il
doit agir en conséquence. La seule hypothèse selon laquelle il peut dévier de ces normes est
exclusivement si la loi le nécessite et si le directeur du service juridique en est informé à l’avance.
Il se gardera de tout acte qui va à l’encontre des lois de son pays ou des autres instruments
juridiques internationaux dument ratifiés par l’Etat congolais.

VI.11. Le respect scrupuleux des engagements


L’homme d’affaire doit être fidèle à sa parole ou à ses engagements. Ceci lui impose aussi de ne
pas s’engager à la légère

VI.12. Eviter les contrats contraires à l’ordre public.


Un contrat contraire à la morale ou à l’ordre public est radicalement nul. Il ne lie donc pas les
parties en cause. Une association qui aurait pour but de se procurer des profits illicites, par exemple,
serait donc sans valeur.

VI.13. Eviter des vices de forme


On peut s’abriter dernière un vice de forme pour demander l’annulation d’un contrat. Mais il
serait illicite de provoquer des vices de forme avec l’intention d’en faire état si jamais le contrat avait
des suites défavorables.
38

VI.14. Les conventions doivent être une bonne affaire pour les deux parties
Par exemple, le vendeur ne doit pas avoir la préoccupation de se débarrasser coûte que coûte de sa
marchandise et quels que soient les besoins de son client. L’acheteur ne doit pas s’efforcer d’obtenir
satisfaction en exploitant son fournisseur.

VI.15.La théorie de l’imprévision et la modération dans les exigences


Lorsque sont survenus des événements qui n’auraient pu être prévus lors de la convention
initiale, les contrats pourraient être annulés ou modifiés de façon à partager la perte entre les deux
parties.
La modération exige que l’on n’aille pas jusqu’au bout de ses droits. Un proverbe latin le dit
bien : « sumum jus, sumum injuria ». Et en français l’on dit : « un mauvais arrangement vaut mieux
qu’un bon procès ».
La modération dans les exigences, dans les profits et par conséquent dans les prises de position
ou de décision s’impose quand il s’agit de partager les risques à courir dans les contrats et dans les
rapports entre les contractants.

VI.16.La vertu de prudence


- Dans les affaires, il faut la prudence la plus rigoureuse. C’est un devoir envers soi-même, mais
aussi envers autrui. Ex : ne jamais donner de signature en blanc sur quelque document que ce
soit, ou ne jamais signer de chèque en blanc à qui que ce soit.
- Ne jamais signer quoi que ce soit que l’on n’ait préalablement lu avec attention : lettres,
rapports, documents divers.
- Ne jamais écrire quoi que ce soit qui puisse être utilisé contre vous, sauf dans des cas bien
spécifiés et très rares.
- Ne jamais donner des renseignements sur des personnes en citant leurs noms, que ces
renseignements soient bons ou mauvais.

VI.17. Eviter les conflits d’intérêts69


L’agent doit éviter des conflits d’intérêts. Il y a conflit d’intérêts lorsqu’une activité personnelle
interfère ou semble interférer avec les intérêts de la société. L’apparence d’un conflit d’intérêts peut
être la cause d’une interrogation sur vos actions ou sur votre intégrité.
Des conflits d’intérêts potentiels peuvent se manifester dans les différents cas suivants :
- Faire des affaires avec des membres de sa famille
- Avoir une activité ou un intérêt financier ou matériel dans une société concurrente
- Avoir un deuxième emploi
- Gérer votre propre activité
- Etre un dirigeant élu local, régional ou national
- Etre le directeur ou le cadre d’une autre entreprise
- Ne pas révéler toute association passée ou actuelle avec les clients de son entreprise.

69
Cf. Normes de déontologie des affaires (UL),
file:///F:/Normes%20de%20d%C3%A9ontologie%20des%20affaires%20(%20UL).pdf, Site Web du Service juridique de
la société de UL, Numéro du Document : 00-LE-P0001-Issue 3.2, consulté le 29/03/2017 à 8h03.
39

VI.18. Ne jamais accepter des cadeaux ou des gratifications


Le fait d’accepter des cadeaux et des divertissements inappropriés peut amener à s’interroger sur
votre indépendance et votre intégrité. C’est pourquoi les employés d’une entreprise ne doivent :
- Jamais solliciter de cadeaux, de divertissements ou de faveurs de quelque valeur de
personnes ou d’entreprises qui entretiennent des relations professionnelles avec son
entreprise ;
- Jamais agir de manière à mettre tout client ou fournisseur dans une situation telle
qu’il/elle se sente obligé(e) de faire un cadeau, de fournir des distractions ou des
faveurs personnelles pour faire ou continuer de faire des affaires avec son entreprise ;
- Jamais accepter des cadeaux d’argent de quelque montant que ce soit. Si un cadeau
d’argent est reçu, il doit être remis à son responsable de service ou à la direction de
l’éthique et de la conformité;
- Les cadeaux non-monétaires qui sont occasionnels et de valeur nominale (par
exemple, les stylos promotionnels, les chemises, les calendriers, les articles
commémoratifs, etc.) peuvent être acceptés s’ils répondent aux critères suivants :

•le cadeau est compatible avec les usages locaux et les pratiques commerciales,
•il ne peut pas être interprété comme un pot-de-vin ou une commission occulte ou
donné en échange de service,
•il ne viole, à votre connaissance, ni la loi ni les règles de la société du donateur,
•il ne peut pas gêner votre société s’il est révélé au public,
VI.19. Ne jamais accepter des réceptions
Les invitations à des manifestations dont les dépenses ou l’envergure peuvent être
interprétées comme une tentative de trafic d’influence, doivent être refusées avec courtoisie. Par
contre, des rafraichissements, des repas ou des divertissements lors d’un déjeuner d’affaires ou de
toute autre réunion peuvent être acceptés, à condition qu’ils ne soient pas très couteux.

VI.20. Ne jamais accepter des pots-de-vin, des commissions occultes, des paiements irréguliers et
autres trafics d’influence
Il est interdit à un employé ou à toute personne travaillant pour le compte d’une société ou
d’une entreprise, de recevoir, directement ou indirectement ou par des pots-de-vin, des commissions
occultes ou tout autre paiement irrégulier, sous toute forme, soit de l’argent ou tout autre objet de
valeur. Les paiements par ou pour le compte de la société ou de l’entreprise doivent toujours
correspondre à des services rendus, payés à l’organisation ou à la personne qui a fourni le service. Le
montant versé doit être habituel et raisonnable pour ce type de service.

VI.21. Eviter la concurrence déloyale


Il faut éviter les situations qui violent les principes de la concurrence loyale et légale.
Ceci revient à dire qu’il faut faire attention aux exigences suivantes :
- Ne jamais agir d’une manière interprétable comme une tentative de conspiration pour
exclure les concurrents potentiels ou actuels du marché ;
- Eviter les pratiques commerciales que vous pouvez qualifier de trompeuses ou de
déloyales ;
40

- Considérer les clients, concurrents et fournisseurs objectivement, avec honnêteté et


équité ;
- Etre prudent lorsqu’on discute avec des concurrents lors des salons commerciaux ou
d’autres manifestations.
VI.22. L’exigence des pratiques d’audit interne et externe
Des mécanismes de contrôle interne et externe des opérations comptables sont exigés pour
garantir la transparence, l’authenticité et la traçabilité des transactions conformément aux principes
comptables généralement reconnus (PCGR).

VI.23. Eviter les délits d’initiés


Les informations matérielles non publiques (appelées aussi « délit d’initiés ») sont des
informations sur une société qui ne sont pas connues du grand public et qu’un investisseur de bonne
foi considère comme importantes dans le cadre d’une décision d’acheter, de vendre, ou de conserver
des titres de société. Acheter et vendre des titres de société sur base d’informations privilégiées
(« délit d’initié ») peuvent constituer des infractions pénales.

VI.24.L’exigence de conformité environnementale


Comprenant que les devoirs du métier peuvent avoir un impact sur l’environnement, la société ou
l’entreprise doit observer les exigences de manipulations des matières dangereuses.

VI.25. Eviter le harcèlement et la discrimination


Il faut éviter la discrimination ou le harcèlement basé sur les caractéristiques de la personne
comme la race, l’ethnie, la religion, l’origine nationale, le sexe ou l’âge, …
Il faut éviter tout comportement abusif, irrespectueux ou déshonorant, qu’il soit verbal, physique ou
visuel, visant à discréditer quelqu’un sur base de caractéristiques raciales et ethniques.
Il faut éviter des avances sexuelles inopportunes ou tout autre conduite de nature sexuelle qui
lèseraient le poste de l’employé et/ou ses conditions de travail.

VI.26. Eviter la violence au lieu de travail


Il faut éviter toute attitude de violence, de menace ou d’intimidation contre tout employé,
tout client, fournisseur ou tout visiteur. Eviter tout dommage ou destruction des propriétés de la
société.

VI.27. Respecter le droit de la propriété intellectuelle


La propriété intellectuelle concerne de nombreux éléments tels que les marques, les secrets
commerciaux, les droits d’auteur, les inventions, les idées et les brevets. Tout agent a la
responsabilité de protéger et de préserver la propriété intellectuelle de l’entreprise ou de la société.

VI.28. Quelques devoirs de l’entreprise envers ses agents.

a)La liberté d’association


L’agent a la liberté de s’affilier à une association syndicale de son choix.
L’exercice du droit syndical et de la représentation du personnel se fait conformément aux
dispositions de la législation sociale en la matière.
41

b) Le droit de grève
Le droit de grève est reconnu et garanti. Il s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent,
notamment en ce qui concerne le fonctionnement des services publics vitaux qui ne peuvent souffrir
d’interruption.

c) La culture du salaire juste


Par salaire juste, nous entendons celui qui peut permettre à l’individu de mener une vie
décente.

Concernant l’éthique et la déontologie des affaires, on peut aussi évoquer les principes de
conduite des affaires selon le pacte mondial de l’ONU.

LE PACTE MONDIAL DE L’ONU.

La vision du Pacte mondial est définie dans ses dix principes. Les entreprises qui s’engagent à
l’égard du Pacte mondial acceptent de respecter ces principes dans leurs opérations dans quelques
pays que ce soit à travers le monde.

Droits de l’homme

Principe 1 : Les entreprises doivent promouvoir et respecter les droits de l’homme reconnus sur le
plan international ; et

Principe 2: Les entreprises ne doivent pas se faire complices de violations des droits fondamentaux.

Normes de travail

Principe 3: Les entreprises doivent respecter l’exercice de la liberté d’association et reconnaître le


droit à la négociation collective ;

Principe 4: L’élimination de toutes les formes de travail forcé et obligatoire ;

Principe 5 : L’abolition effective du travail des enfants ;

Principe 6 : L’élimination de la discrimination en matière d’emploi et d’exercice d’une profession.

Environnement

Principe 7: Les entreprises doivent promouvoir une approche prudente des grands problèmes
touchant l’environnement ;

Principe 8 : Prendre des initiatives en faveur de pratiques environnementales plus responsables ;

Principe 9: Encourager la mise au point et la diffusion de technologies respectueuses de


l’environnement.

Lutte contre la corruption


42

Principe 10 : Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption sous toutes ses formes, y
compris l’extorsion de fonds et les pots-de-vin.

Pour de plus amples informations, veuillez


consulter le site Internet http://www.un.org/french/globalcompact/
43

CHAP.VII. LA DEONTOLOGIE DE LA FONCTION PUBLIQUE

A ce sujet nous nous appuyons principalement sur le décret-loi 017-2002 du 3 octobre 2002
portant code de conduite de l’agent public de l’Etat ainsi que sur le texte de WATHUM JACAN
WADAMBE Denis, Le « Code de conduite de l’Agent public de l’Etat » dans le cadre de la Réforme
de l’administration publique et de la « Charte de la Fonction publique en Afrique », une
communication à l’intention des personnels des assemblées provinciales à Kinshasa en 2007, et de
l’article de Pierre-Louis OPONT, « Ethique et fonction publique », in Unité de lutte contre la
corruption (ulcc), Août 2007.
Nous parlerons ici respectivement de la définition de la Fonction Publique et du
Fonctionnaire Public, des valeurs de référence de l’agent public, de ses devoirs et de ses droits, du
régime disciplinaire, enfin de la promotion et du suivi du code en question.

VII.1. DEFINITION DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DU FONCTIONNAIRE PUBLIC70


- L’expression ‘’Fonction Publique’’ désigne toute activité temporaire ou
permanente, rémunérée ou honorifique, réalisée par une personne physique au nom
de l’Etat ou qui est à son service, ou à celui de ses entités, à quelque échelon
hiérarchique que ce soit.
- Le terme ‘’Fonctionnaire’’ désigne tout employé d’un Etat ou de ses entités, y
compris ceux qui ont été choisis, désignés, ou élus pour mener des activités ou exercer
des fonctions au nom de l’Etat ou au service de l’Etat, à tous les échelons
hiérarchiques.

VII.2.LES VALEURS DE REFERENCE DE L’AGENT PUBLIC


Les valeurs fondamentales auxquelles doit se conformer un agent public reposent sur trois
principes : le service public, la compétence professionnelle et le sens de l’éthique professionnelle.
1°. Le service public renvoie à la bonne gestion des affaires de l’État et au patriotisme.
2°. La compétence professionnelle se traduit par « la connaissance, la maîtrise, le bon
accomplissement de ses fonctions et par l’effort constant pour se perfectionner et améliorer la
qualité de son service » (art. 5) ;

70
Nous nous inspirons largement de l’article Pierre-Louis OPONT, « Ethique et fonction publique », in Unité de lutte
contre la corruption (ulcc), Août 2007.
44

3°. Le sens de l’éthique professionnelle « se témoigne notamment par le dévouement, l’intégrité,


l’équité, la dignité, l’impartialité, la loyauté, le civisme, la courtoisie et le devoir de réserve dans ses
relations aussi bien avec ses supérieurs, ses collègues et ses collaborateurs qu’avec le public. »
(art.6)

VII.3. LES DEVOIRS DE L’AGENT PUBLIC


A titre illustratif, voici quelques devoirs contenus dans les différents articles du
Code et qui incombent aux agents publics de l’Etat :
- veiller à l’intégrité morale des candidats à l’emploi public (art.7);
- se comporter dignement en public comme en privé, de manière à se faire respecter et à refléter une
bonne image de l’Etat (art.9, 1);
- s’abstenir de tout acte d’improbité et d’immoralité tel que l’ivrognerie, le vagabondage sexuel,
l’escroquerie, le vol, le mensonge, la corruption, la concussion (art.9,2) ;
- s’acquitter de ses devoirs en toute disponibilité et dans le respect des lois, règlements, instructions
et règles déontologiques particulières (art.9, 3);
- encadrer ses collaborateurs et assurer leur promotion (art.21) ;
- éviter de faire obstruction à l’application des politiques, des décisions ou des actions des pouvoirs
publics (art.9, 4);
- déclarer ses avoirs et dettes personnels (art.9, 5);
- déclarer son affiliation aux organisations et associations extra- professionnelles (art.9, 6) ;
- donner au public toute information utile et nécessaire (art.13) ;
- se garder de divulguer les secrets professionnels (art.14);
- s’abstenir de traiter un dossier dans lequel on a un intérêt personnel direct ou indirect (art.11) ;
- informer la hiérarchie en cas de conflit d’intérêts (art.12) ;
- respecter les restrictions en ce qui concerne l’exercice d’une activité politique (art.10) ;
- éviter de faire un usage abusif des ressources publiques matérielles et financières, toute forme de
corruption et toute discrimination (fondée sur l’origine, la race, le sexe, la religion, l’ethnie, les
convictions politiques ou philosophiques…) (art.15 et 22);
- faire preuve de courtoisie dans son langage, ses écrits et tous ses actes (art.19);
- ne pas exercer des activités commerciales ou toute activité professionnelle incompatible avec ses
fonctions (art.23).
VII.4. LES DROITS
Puisqu’il n’y a pas de devoir sans droit, le Code a prévu deux formes de protection à l’endroit
de l’agent public de l’Etat :
45

1° Une protection de la puissance publique contre les dangers extérieurs tels que les menaces,
les injures ou diffamations dont l’agent peut être l’objet dans l’exercice de ses fonctions. Le cas
échéant, l’Etat doit se substituer à l’agent victime en vue d’obtenir réparation (art.24);
2° Une protection contre la pauvreté absolue et la misère, ce qui signifie que l’Etat, les
organismes publics ayant une personnalité juridique propre, les entreprises publiques et d’économie
mixte ont l’obligation d’assurer à leurs agents « une rémunération équitable afin de leur permettre
de bien s’acquitter de leurs obligations professionnelles ». (art.25)
S’il est vrai que le seuil de la pauvreté absolue se situe à un dollar par personne par jour, par
conséquent, un fonctionnaire ayant contracté un mariage monogamique avec cinq enfants en charge,
c’est-à-dire ayant formé un ménage de sept individus, ne devrait pas percevoir mensuellement moins
de 1$ x 7 personnes x 30 jours = 210 $ US. L’on comprend pourquoi l’accord dit de Mbudi
préconise un salaire mensuel de 208 $ US au huissier de l’administration publique congolaise.
46

VI. ANNEXES : QUELQUES TEXTES OFFICIELS RELATIFS A LA LEGISLATION


SOCIALE DU TRAVAIL EN R.D. CONGO

ANNEXE I. ORDONNANCE 81-067 DU 7 MAI 1981 PORTANT REGLEMENT


D’ADMINISTRATION RELATIF A LA DISCIPLINE

TITRE I PRESTATIONS

CHAPITRE 1er DISPOSITIF DE CONTRÔLE

Art. 1er. — Horaire


L’horaire de travail dans les services publics est fixé comme suit:
• de lundi à vendredi:
de 7 heures 30 à 15 heures;
• le samedi:
de 7 heures 30 à 12 heures.
Art. 2. — Début de service

Les agents de carrière des services publics de l’État doivent se trouver à leur poste de travail à 7
heures 30. Tout agent qui y arrive entre 7 heures 30 et 9 heures est réputé retardataire. Celui qui
arrive au-delà de 9 heures est réputé absent.

Pour les services spéciaux relevant de leur autorité, les commissaires d’État peuvent fixer d’autres
horaires de prestation en cas de nécessité inhérente au bon fonctionnement de ces services.

Art. 3. — À leur arrivée à leur poste de travail, les agents de carrière des services publics de l’État
apposent leur signature en regard de leurs noms sur la liste des présences établie à cet effet.Les
agents de carrière des services publics de l'État doivent se trouver à leur poste de travail à 7 heures
30. Tout agent qui y arrive entre 7 heures 30 et 9 heures est réputé retardataire. Celui qui arrive au-
delà de 9 heures est réputé absent.

Cette liste doit être retirée à 9 heures par un agent désigné à cet effet et transmise au bureau du
commissaire d'État ou à l'autorité hiérarchique régionale ayant sous ses ordres les agents concernés.

Les agents retardataires sont enregistrés comme tels sur la liste des présences par l'agent désigné à
cet effet.
47

Les bons de retard de la journée sont retirés à 9 heures par le même agent et transmis au
commissaire d'État ou à l'autorité hiérarchique régionale et de zone ayant sous ses ordres les agents
concernés.

Art. 4. - Sorties

Toute sortie pendant les heures de service doit faire l'objet d'une autorisation préalable du chef
hiérarchique. Celui-ci doit porter au moins le grade de chef de bureau. Lorsque le chef hiérarchique
direct est revêtu du grade inférieur à celui du chef de bureau, ce chef hiérarchique se réfère au chef
de bureau de sa direction ou à l'agent désigné à cet effet.

Art. 5. - Ne sont autorisés à recevoir des visites que les directeurs, les chefs de division et les chefs
de bureau. L'autorité administrative du lieu pourra tenir compte de la spécificité du service ou de la
particularité du personnel de son ressort et désigner des agents moins gradés aux fins de recevoir des
visites. Seules les visites de service sont autorisées. L'inscription sera faite du nom du visiteur, de ses
fonctions ou de sa qualité, du nom de l'agent à visiter, de son grade et du motif de la visite. Ces
visites se situeront impérativement entre 9 heures et 12 heures, sans préjudice des accommodements
propres à chaque service que l'autorité hiérarchique compétente pourra instituer.

L'agent qui reçoit des visites sans l'autorisation préalable du supérieur compétent est passible d'un
blâme. En cas de récidive ou en raison de l'importance du préjudice qu'une telle visite pourra
occasionner à l'État, il sera appliqué la retenue du tiers de salaire, voire l'exclusion temporaire de
trois mois avec privation de salaire. La révocation pourra être prononcée en cas de préjudice grave.

CHAPITRE II SANCTIONS

Art. 6. - Des retards

L'agent qui totalise 6 retards au cours d'un même mois reçoit un blâme. S'il totalise plus de 6 retards
au cours de la même période, il subira une sanction supérieure au blâme mais autre que la
révocation.

Art. 7. - Des absences

L'agent qui totalise 2 absences au cours d'une même période considérée, sera passible d'une sanction
immédiatement supérieure, voire même de la révocation.

Art. 8. - L'agent qui se déplace de son bureau ou de son lieu de travail sans motif valable, qui rend à
ses collègues des visites privées, qui engage des discussions sur des sujets ne concernant pas son
service comme des discussions sportives et mobilise le téléphone à cette même fin, est passible de
blâme.

En cas de récidive, il lui sera appliqué la retenue du tiers de salaire. La récalcitrante conduira à
48

l'exclusion temporaire avec privation de salaire.

Art. 9. - L'agent de permanence ou ayant la garde des clés qui s'absente sans motif valable, est puni
de blâme, si cette absence n'a occasionné ni préjudice à l'État, ni perturbation dans le fonctionnement
du service.

En cas de récidive ou s'il y a eu préjudice matériel et moral, la sanction pourra aller jusqu'à
l'exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire.

En cas de préjudice particulièrement grave, l'agent fautif sera passible de révocation.

TITRE II CONSCIENCE PROFESSIONNELLE

CHAPITRE 1er RESPECT DE L'AUTORITÉ HIERARCHIQUE

Art. 10. - L'agent qui refuse d'exécuter les ordres de son chef hiérarchique ou qui, à l'expiration du
délai d'exécution, ne se manifeste pas ou ne justifie pas l'inexécution par des raisons valables, est
passible de la retenue du tiers de son salaire.

En cas de récidive ou de préjudice grave occasionné à l'État par une telle attitude, l'agent sera
passible, suivant la gravité du préjudice, soit d'une exclusion temporaire de trois mois avec privation
de salaire, soit de révocation.

L'agent qui ne s'assure pas de l'exécution de ses ordres par ses subordonnés est passible des mêmes
sanctions.

Art. 11. - Est passible de révocation, l'agent qui, ayant sollicité une mutation, un transfert, un
détachement ou un congé, abandonne don poste d'attache avant que la formalité requise ne soit
accomplie, ou avant qu'une autorisation expresse ne soit donnée.

Art. 12. - L'agent qui ne répond pas à son affectation dans le délai imparti et sans raison valable, est
passible de révocation, lors même qu'il aurait introduit un recours contre une telle décision, étant
entendu que le recours n'est pas suspensif de l'exécution des ordres reçus.

CHAPITRE II COLLABORATION

Art. 13. - Le défaut de communiquer au chef hiérarchique tout fait ou toute information dont l'agent
a connaissance et qui est de nature à compromettre le bon fonctionnement du service, constitue un
manquement passible de blâme.

En cas de récidive, la sanction de retenue du tiers de salaire sera appliquée.

En cas de préjudice grave, la sanction pourra aller jusqu'à la révocation.

Art. 14. - L'agent qui, sciemment ou par méchanceté, induit en erreur son chef hiérarchique ou son
49

collaborateur, en donnant une information fausse ou inexacte, ou en déformant une information, ou


encore en portant une accusation délibérément fausse et injuste, est passible de mêmes sanctions que
celles prévues à l'article 13.

CHAPITRE III POLITESSE

Art. 15. - Est passible de la retenue du tiers de son salaire, l'agent qui, par son comportement sape
l'autorité de ses chefs hiérarchiques ou détruit l'ambiance du travail, de même que l'agent qui profère
des injures à l'endroit de ces mêmes chefs, les dénigre ou les calomnie.

En cas de récidive et suivant la gravité du manquement, il sera appliqué à l'agent soit la retenue du
tiers de son salaire, soit une exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire.

En cas d'insubordination totale ou de prévarications irréductibles, l'agent sera passible de la peine de


révocation.

Art. 16. - L'agent qui se livre à des voies des faits sur ses chefs est passible de la peine de
révocation.

Art. 17. - Est passible de la retenue du tiers de son salaire, ou d'une exclusion temporaire de trois
mois avec privation de salaire, selon le cas, le chef hiérarchique qui profère des injures à l'endroit de
ses subordonnés ou qui se livre à des voies de faits su ria personne de mêmes agents subordonnés.

En cas de récidive ou suivant la gravité du manquement, le chef hiérarchique concerné est passible
de la peine de révocation.

CHAPITRE IV RESPECT DES BIENS PUBLICS

Art. 18. - L'usage abusif et inconscient des biens de l'État, consistant notamment en la dégradation
des biens mobiliers et immobiliers ou en l'usage à des fins privées, des véhicules, du matériel ou du
personnel de l'administration publique, sauf lorsque cet usage est expressément prévu comme
avantage complémentaire au bénéfice de l'agent, est passible, suivant l'importance du préjudice subi
par l'État, de la retenue du tiers du salaire ou de l'exclusion temporaire.

Lorsque le préjudice subi ne peut être compensé par u ne de ces deux sanctions, l'agent fautif sera
puni de révocation.

Art. 19. - La destruction ou la subtilisation des documents, dossiers, archives de l'administration


établie dans le chef de tout agent est passible de la peine de révocation.

Le mauvais usage de ces documents et pièces est passible de blâme. En cas de récidive ou de
nécessité de reconstitution, il sera appliqué la retenue du tiers de salaire correspondant au coût de
remplacement.
50

TITRE III INTÉGRITÉ ET DIGNITÉ

CHAPITRE 1er HONNÊTETÉ

Art. 20. - Est passible de la peine de révocation, sans préjudice des poursuites judiciaires, l'agent qui
sollicite, exige ou reçoit directement ou par personne interposée, même en dehors de ses fonctions,
mais en raison de celles-ci, des dons, gratifications ou avantages quelconques.

Il en est de même de l'agent qui, pour poser un acte régulier de son devoir, se fait remettre de
l'argent, se fait attribuer des faveurs ou s'en abstient.

Les faits mentionnés ci-dessus consistent notamment en un monnayage du traitement des dossiers ou
de leur signature ou en toute autre pratique visant à contraindre le requérant, agent ou administré, à
l'octroi de pourboire.

Art. 21. - Est passible de révocation, sans préjudice de poursuites judiciaires, l'agent qui se rend
coupable de vol des biens meubles et immeubles de l'État, de soustraction frauduleuse des
documents et de leur trafic.

Art. 22. - La même sanction de révocation sera infligée à tout agent reconnu coupable de concussion
ou convaincu d'avoir perçu ou ordonné de percevoir, à titre des droits, taxes, contributions, salaires
ou autrement, des sommes qu'i1 savait pertinemment ne pas être dues ou excéder ce qui était dû en
vertu de la réglementation en vigueur.

Il en est notamment ainsi des perceptions sans base légale ou sur base d'une disposition reconnue
abrogée.

Art. 23. - Sera passible de la peine de révocation, l'agent qui est conscient d'avoir établi ou fait
établir des faux documents ou d'en avoir fait usage ou tenté de le faire, ou d'avoir usé de toute
manœuvre frauduleuse pour procurer à lui-même ou au tiers des avantages illicites ou pour priver un
ayant droit de son dû.

Art. 24. - Sont passibles de révocation, l'usage de fausses déclarations ou le recours à des insertions
frauduleuses en vue d'acquisition ou d'octroi des avantages illicites, tel que la déclaration des enfants
fictifs ou non générateurs des avantages enviés, l'avancement des dates de naissance pour faire
perdurer la carrière et les allocations familiales, l'apport des mentions inexactes relatives à la
qualification.

CHAPITRE II IMPARTIALITÉ

Art. 25. - Sera passible de retenue du tiers de son salaire, l'agent qui aurait participé à une prise de
décision sur une affaire ou un objet dans lequel lui-même, son conjoint, parent ou allié a un intérêt.

En cas de récidive et en raison de l'importance du préjudice subi par l'État, il sera infligé à l'agent,
selon le cas, soit la peine d'exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire, soit celle de
51

révocation.

Sous peine des sanctions édictées ci-dessus et ce, proportionnellement à la gravité de la faute, l'agent
se récusera dans toute réunion d'adjudication mettant en compétition des soumissionnaires dont il est
parent, conjoint ou allié, s'il s'agit des personnes physiques, ou dans lesquels lui-même, son conjoint,
son parent ou son allié sont actionnaires, obligataires ou ont un intérêt quelconque, s'il s'agit des
personnes morales.

Art. 26. - Sera passible d'une exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire, l'agent
reconnu auteur d'actes ou de décisions ne s'appuyant sur aucune motivation administrative valable
ou pris en violation des instructions en vigueur.

Il en est de même de tout agent auteur d'actes dont il est fait preuve qu'ils sont motivés par le
tribalisme, le népotisme ou autres formes de comportement frisant le favoritisme ou le
sentimentalisme.

En cas de récidive et en raison de l'importance du préjudice qui en résultera pour l'État, l'agent est
passible de la peine de révocation.

Art. 27. - Tout excès de pouvoir ou l'intervention d'un agent dans un domaine ne relevant pas de sa
compétence ou dépassant celle-ci est passible de la peine d'exclusion temporaire de trois mois avec
privation de salaire.

En cas de récidive et en raison de l'importance du préjudice subi, il sera fait application de la peine
de révocation.

Art. 28. - Sera passible de révocation, l'agent qui aura exercé ou simplement accepté un mandat ou
service, même à titre gratuit, dans les affaires privées à but lucratif, sauf s'il s'agit de la tutelle des
incapables ou de la gestion ou du contrôle d'une entreprise au nom de l'État.

Il en sera notamment ainsi de tout agent qui aura accepté un mandat d'administrateur, de gérant, de
commissaire aux comptes ou de censeur dans une entreprise privée à but lucratif, non lié aux parts
de l'État, à la représentation ou à sa mission publique.

Art. 29. - Suivant la gravité de la faute, sera passible de la retenue du tiers de son salaire ou d'une
exclusion temporaire, l'agent à charge duquel il aura été établi qu'il a exécuté ou exécute à son lieu
de travail, et ce, sans autorisation préalable expresse, des travaux pour le compte des tiers.

La révocation sera prononcée en cas de non-renonciation à de telles activités.

Art. 30. - Moyennant autorisation préalable, l'agent peut, toutefois, pendant les heures de service,
donner des leçons particulières ou des cours dans des instituts ou dans des centres de
perfectionnement, se livrer à temps partiel à des travaux de recherches, donner des consultations,
sous réserve qu'aucun préjudice n'en soit porté à l'accomplissement régulier du service.
52

Art. 31. - L'exercice de toute activité commerciale, soit directement, soit par personne interposée,
est passible de révocation.

Art. 32. - Est passible de la peine de révocation, tout agent qui se livre à des opérations de prêt
d'argent à des taux d'intérêt usurier.

Art. 33. - Dans le cadre de la relance agricole et de la campagne pour l'abondance des denrées
alimentaires, ne sont pas réputées incompatibles avec la qualité d'agent de l'État, les activités
agricoles de production sous toutes leurs formes, allant des travaux de champ et de l'élevage jusqu'à
la formation, au fonctionnement et à l'administration de l'agro-industrie et au développement des
activités de distribution, et pour autant que ces activités ne s'exercent sous aucune forme pendant les
heures de service et ne servent d'aucun prétexte à l'inexécution des tâches incombant à l'agent.

CHAPITRE III DIGNITÉ PROFESSIONNELLE

Art. 34. - L'agent reconnu coupable, comme auteur, coauteur, instigateur, organisateur ou complice
des actes immoraux perpétrés aux lieux du travail, notamment le strip-tease, le nudisme, les ébats
amoureux, la séquestration des mineurs, le viol, l'ivresse publique, etc, sera passible de révocation.

Art. 35. - Est également passible de révocation:

• l'agent ayant fait l'objet d'une condamnation définitive à une servitude pénale égale ou supérieure à
trois mois;

• l'agent ayant fait l'objet, pour une quelconque durée, d'une condamnation judiciaire qui met à néant
sa dignité et son intégrité.

TITRE IV LOYAUTÉ

CHAPITRE 1er SECRET PROFESSIONNEL OU LOYAUTÉ AU SERVICE

Art. 36. - Est passible de blâme, l'indiscrétion dans le chef de l'agent sur les faits dont il a
connaissance en raison de ses fonctions et qui présentent un caractère secret de par leur nature ou de
par les prescriptions de l'autorité hiérarchique.

En cas de récidive, et si l'indiscrétion porte sur des faits mineurs de nature à porter atteinte à
l'administration en général, il sera infligé à l'agent la retenue du tiers de son salaire.

La révocation de l'agent sera prononcée toutes les fois qu'il sera établi que son indiscrétion a mis en
cause le secret d'État, a permis ou visait la fuite des suspects, ou lorsqu'elle a causé ou devait causer
d'importants préjudices à l'État.

Sans préjudice du droit de poursuite de la personne lésée, et sauf gravité particulière valant
révocation, l'exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire sera infligée à l'agent
auteur d'une fuite d'information qui enlèverait la primeur aux communications ou violerait l'intimité
53

et personnalité des gens.

Art. 37. - Sera passible d'une exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire, l'agent
qui, sans autorisation expresse et particulière de l'autorité administrative compétente, accordera une
interview, fera une déclaration à la presse, publiera un article ou un ouvrage sur les activités du
service au sein duquel il œuvre, ou mettra en cause la politique administrative.

En cas de récidive et suivant la gravité du préjudice en résultant ou pouvant en résulter, il sera


infligé à l'agent la peine de révocation.

Les accusations anonymes ne peuvent motiver une sanction ni servir de base à l'ouverture d'une
action disciplinaire.

CHAPITRE II CIVISME OU LOYAUTÉ ENVERS LA NATION

Art. 38. - Sans préjudice des poursuites judiciaires, est passible de révocation, tout agent reconnu
coupable d'atteinte aux idéaux du parti, à la sécurité intérieure et extérieure de l'État et à la
souveraineté nationale.

Est passible de la même peine, l'agent à propos de qui il est établi qu'il a adhéré, participé à un
groupement, à une organisation ou association dont l'activité poursuit la destruction de
l'indépendance nationale, porte atteinte à la souveraineté nationale et met en danger la défense du
pays.

Art. 39. - Sont passibles de la peine de révocation, les agents à propos desquels il est établi qu'ils
portent les armes contre le pays, qu'ils facilitent l'entrée du territoire national aux ennemis, qu'ils
sont en intelligence ou en correspondance suspecte avec une puissance ennemie ou ses sujets, en
fournissant des renseignements nuisibles à la sécurité du pays, en excitant les populations contre les
pouvoirs établis, en répandant de faux bruits de nature à compromettre la tranquillité et qui
organisent des bandes hostiles.

Art. 40. - Constitue une faute punissable soit d'exclusion temporaire de trois mois avec privation de
salaire, soit de révocation, en cas d'ostentation ou d'autres circonstances aggravantes, le fait pour un
agent de refuser, sans motif valable et justifié, de prendre part à des manifestations patriotiques ou à
une cérémonie officielle auxquelles il est régulièrement invité en sa qualité d'agent de l'État.

TITRE V : DIVERS

CHAPITRE 1er RESTITUTION DES INDUS PAR VOIE JUDICIAIRE

Art. 41. -Indépendamment des sanctions disciplinaires, tout agent qui aura octroyé à lui-même ou à
des tiers des avantages illicites par toutes sortes de manœuvres frauduleuses, tels que les fausses
déclarations, les insertions frauduleuses, les faux et usages des faux, au détriment du Trésor, pourra
être poursuivi à des fins de restitution de toute somme perçue indûment ou attribuée illicitement.
54

Art. 42. - Toute personne victime de concussion, des exigences et d'autres formes de spoliation de la
part d'un agent, peut poursuivre en justice ledit agent en récupération de son patrimoine.

Art. 43. - La poursuite judiciaire sera ordonnée à l'endroit de tout agent reconnu coupable de
dégradation des biens meubles et immeubles de l'État, lorsque cette dégradation dépasse les moyens
disciplinaires de compensation.

Art. 44. - Pourra faire l'objet des poursuites judiciaires à des fins de restitution de toute somme
perçue indûment, toute personne bénéficiaire d'une pension ou d'une rente de l'État qui aura continué
à la percevoir en tout ou en partie après avoir cessé d'y avoir droit par le remariage du conjoint
vivant, l'émancipation ou la fin de la scolarité des enfants à charge, le décès de l'un ou l'autre.

CHAPITRE II DISPOSITIONS PROCÉDURALES ET FINALES

Art. 45. - Le personnel de la fonction publique en mission d'inspection est habilité, à titre
exceptionnel, à ouvrir directement l'action disciplinaire contre tout agent qui commet une faute, soit
de manière flagrante, soit par voie de contrôle.

Ne peuvent donner lieu à sanction, au titre de manquements, que des faits précis prouvés et
imputables à l'agent.

Art. 46. - Sous peine d'annulation de la sanction et sans préjudice de l'application de l'article 26,
toute décision disciplinaire doit être suffisamment et valablement motivée, en mentionnant
notamment les faits d'une manière claire et précise, en fournissant des arguments d'ordre
administratif avec indication des circonstances de temps et de lieu et des règles violées.

Art. 47. - Aucun agent ne peut faire l'objet d'une quelconque sanction sans avoir été en mesure de
présenter ses moyens de défense. Aucun grief ne peut être valablement imputé à un agent si ledit
grief n'a fait l'objet d'un document dûment notifié à l'intéressé. De même, aucune pièce ne peut être
utilisée contre lui sans qu'il n'en ait eu connaissance.

Le refus éventuel, de la part d'un agent, de fournir ses explications ou l'impossibilité de les obtenir,
en cas de sa fuite ou de sa disparition, doit être mentionné dans la motivation.

Art. 48. - Tout cas de force majeure est exonératoire de responsabilité disciplinaire de l'agent, sauf
lorsque l'agent se met délibérément dans une telle situation.

Art. 49. - Les fautes énumérées dans la présente ordonnance ne le sont qu'à titre indicatif.

L'énumération ainsi faite n'enlève pas aux autres manquements institués par des lois et d'autres
règlements en vigueur leur caractère fautif et punissable.

Art. 50. - La présente ordonnance entre en vigueur à la date de sa signature.


55

CONCLUSION

La déontologie professionnelle peut se résumer dans l’ensemble des principes, des devoirs ou
des obligations éthiques à observer dans l’exercice d’une profession particulière. Elle se situe à mi-
chemin entre l’éthique et le droit, car elle comporte, d’une part, des exigences qui coïncident avec les
vertus morales dont la transgression est sanctionnée par sa propre conscience individuelle ou par des
textes disciplinaires de bonne conduite professionnelle, et d’autre part, des exigences qui coïncident
avec des règles de droit dont la transgression est sanctionnée par l’autorité publique.
Parmi les principales interprétations de la déontologie professionnelle, nous avons retenues
cinq, notamment la déontologie comme étant respectivement, une autorégulation d’une profession
particulière, un ensemble des moyens non gouvernementaux d’assurer la responsabilité sociale, un
idéal d’une bonne conduite professionnelle, un vecteur d’intégration dans une association
professionnelle et un ensemble des sanctions ou des peines disciplinaires
Ces différentes interprétations se trouvent théoriquement fondées dans sept perspectives
théoriques à savoir : le principe de la Mâat comme fondement de l’harmonie anthropo-socio-
cosmique dans l’Egypte pharaonique, Aristote et l’éthique téléologique du bonheur, Emmanuel Kant
et la morale déontologique, Emmanuel Levinas et l’éthique de la responsabilité envers autrui, John
Rawls et les principes fondamentaux de la justice distributive comme équité, Paul Ricœur et la
conception de l’éthique comme visée de la vie bonne, avec et pour les autres, dans les institutions
justes, enfin Hans Jonas et l’éthique de la responsabilité envers la nature et les générations futures.
Les principes déontologiques fondamentaux et généraux qui en découlent sont: le respect de la
dignité humaine, le respect du bien commun, le sens de responsabilité et de la conscience
professionnelle, le respect du secret professionnel, le sens de l’excellence et du travail bien fait, le
sens de la loyauté, la gestion rationnelle du temps, et le sens de la piété.
Ces principes fondamentaux et généraux se trouvent codifiés de différentes manières dans les
codes de conduite de différentes professions particulières telles que la déontologie de la gestion
informatique, la déontologie des affaires et la déontologie de la fonction publique ; ces différents
codes de conduite devant être à leur tour en harmonie avec les instruments juridiques adoptés au
niveau national et international.
56

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
- BENTHAM Jeremy, Déontologie ou science de la morale, ouvrage posthume, revu, mis en ordre et
publié par John BOWRING, Paris, Ed. Charpentier, 1834.
- DE QUIRINI Pierre, Petit dictionnaire des infractions, Mis à jour par AKELE Adau Pierre,
Kinshasa, Ed. CEPAS, 2001.
- FOULQUIE Paul, Nouveau précis de philosophie II. Logique. Morale ,
- GALICHET François, « Ethique et déontologie de l’enseignement » sur Site web http://
philogalichet.fr/wp-contenu/ uploads.2011/10/ Ethique-et-
déontologie-de l’enseignement.pdf. consulté le 12/10/2013 à 19h22.
- JEAN-BERTAND Claude, La déontologie des médias, Paris, PUF, 1999.
- JEGENEAU Gh., Bref aperçu du droit congolais du travail. Précis pratique à l’intention
des petits employeurs et des ouvriers, des O.N.G., A.S.B.L., centres privés
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-KANT Emmanuel, Critique de la raison pratique, trad. L. Ferrry et H. Wismann Paris,
Gallimard Folio, 1985.
-KANT Emmanuel, Fondement de la métaphysique des mœurs, trad. Renault, Paris,
Flammarion G.F., 1994.
- LINARD André, Droit, déontologie et éthique des médias, Agence de la francophonie, (sl.),
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Souissi, 2002.
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ère, Paris, Ed. L’Harmattan, 1990, pp. 169-176.
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57

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Com/fichiers/ articles/ art- Verdier-276-277. Pdf. Consulté le 14/9/2013
à 11h59.
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- XXX, Code d’éthique des Métiers de la Sécurité des Systèmes d’Information publié par le Club
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- XXX, Charte de déontologie du service informatique de l’université de Toulouse Le Miral,
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- XXX, Introduction à la sécurité informatique, in Encyclopédie, sécurité/Législation, on line.
- XXX, Encyclopaedia universalis, Vol. 5, Paris, 1980.
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