Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INTRODUCTION
1. OBJECTIFS DU COURS
D’une manière générale, ce cours, qui s’inscrit dans la perspective de la loi-cadre n°14/004
du 11 Février 2014 de l’enseignement national de la R.D. Congo (cf. article 4 alinéa 2 ; article 9
alinéa 2 et article 14), vise à :
- éduquer les étudiants aux valeurs humaines, notamment, aux valeurs morales, éthiques, et
civiques ;
- préparer l’étudiant, futur cadre, à se comporter en milieu professionnel en conséquence,
en respectant les exigences de sa déontologie particulière ;
D’une manière spécifique, l’étudiant ayant suivi ce cours avec assiduité sera capable de :
- définir simplement les concepts : morale, éthique, déontologie et droit ;
- expliquer les différentes branches de la philosophie morale ;
- expliquer les conditions essentielles de la moralité des actes humains ;
- présenter un bref historique de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les principales interprétations de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les principes fondamentaux et généraux de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les fondements philosophiques de la déontologie professionnelle ;
- expliquer les impératifs spécifiques de la déontologie de l’informatique de gestion;
- expliquer les impératifs spécifiques de la déontologie des affaires;
- expliquer les impératifs spécifiques de la déontologie de la fonction publique ;
- établir une distinction entre faute morale, faute déontologique et infraction judiciaire ;
- établir une distinction entre sanction morale, sanction disciplinaire (ou déontologique)
et sanction juridique ou pénale ;
- identifier les manquements à l’éthique professionnelle qui constituent en même temps
des infractions pénales.
02. PLAN DU COURS
Ce cours s’articule principalement autour des sept chapitres suivants :
CONCLUSION
3 EVALUATION
I.1. DEFINITION
Selon l’étymologie
Morale vient du latin « mos, moris (au génitif), mores (au pluriel) » qui signifie « mœurs » ; tout
comme Ethique vient du grec « ethos », « ethikos » qui signifie également « mœurs ». Ainsi les
deux termes renvoient à l’idée de mœurs, de façons d’agir et des us et coutumes. Mais malgré cette
parenté sémantique suggérée par l’étymologie, il y a lieu d’opérer une distinction entre les termes
éthique et morale.
Ainsi au sens explicité
La morale se définit comme l’ensemble des règles de bonne conduite dans la société dont la
transgression est sanctionnée par la conscience individuelle. En d’autres termes, c’est un ensemble
des normes que l’homme doit observer pour bien vivre et agir avec les autres dans une communauté
particulière.
L’éthique est une réflexion sur les fondements et les finalités des normes morales. C’est
pourquoi on l’appelle encore philosophie de la morale ou philosophie morale. Si la morale nous
fournit les normes pratiques de l’agir raisonnable dans la société, l’éthique est d’ordre théorique ou
spéculatif.
Ricœur réserve le terme « éthique » pour la visée de la vie accomplie sous les signes des actions
estimées bonnes, et celui de « morale » pour le côté obligatoire, marqué par des normes, des obligations,
des interdictions caractérisées à la fois par une exigence d’universalité et par un effet de contrainte. On
reconnaîtra aisément dans la distinction entre visée de la vie bonne et obéissance aux normes
l’opposition entre deux héritages : l’héritage aristotélicien, où l’éthique est caractérisée par la
perspective téléologique (de « telos » signifiant « fin ») ; et un héritage kantien, où la morale est définie
par le caractère d’obligation de la norme, donc par un point de vue « déontologique ». D’un côté, c’est le
mode grammatical « optatif » (souhait) ; et de l’autre, celui de l’« impératif catégorique »1.
1
P. RICOEUR, Soi-meme comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p. 200.
5
2
R. SIMON, Morale. Philosophie de la conduite humaine, Paris, Beauchesné & cie, 1961, p. 39.
3
Cf. P. FOULQUIE, Op. cit., p. 225.
4
Ferdinand BANGA Jalum’Weci, Quelle éthique pour les médias aujourd’hui? , p. 18.
5
Ibidem, p. 285.
6
d’une action libre sous un impératif catégorique de la raison »6. Le principal impératif se formule
comme suit : « Faites le bien et évitez le mal ».
b). La valeur
Selon une définition réelle, la valeur c’est « le caractère d’une chose désirable (sens abstrait)
ou, au sens concret, la chose estimée désirable en tant que désirable ».7 Or ce qui est désirable, ce
n’est rien d’autre que le bien. La valeur c’est donc un bien que l’on vise comme idéal ou un idéal que
l’on vise comme un bien.
c). La vertu
Selon l’étymologie, ce mot vient du latin « virtus » qui signifie « force virile », ce qui vient
de « vir » qui signifie homme. 8 Mais au sens premier, c’est une puissance propre d’une chose à
produire certains effets (ex. la vertu médicinale des plantes). Au sens ordinaire, la vertu se définit
comme une bonne habitude de la volonté qui la dispose à faire le bien et à éviter le mal. Les
mauvaises habitudes de la volonté qui la disposent à des décisions moralement mauvaises, ce sont les
vices.
Il existe plusieurs sortes de vertus à savoir : les vertus théologales, les vertus cardinales, les
vertus politiques ou civiques et les vertus intellectuelles.
6
E. KANT, Principe de la métaphysique du droit, p. 21, cité par P. FOULQUIE & cie, Op. cit., p. 285.
7
Ibidem, p. 226.
8
Cf. Elisabeth CLEMENT &cie, La philosophie de A à Z, Pris, Hatier, 2000, p. 463.
9 ère
Cf. St. THOMAS D’AQUIN, Somme théologique, 2è partie, 1 Section ; 62, 1).
7
déontologiques, tandis que la sanction judiciaire est celle qui est infligée par une autorité étatique ou
judiciaire à une personne qui a transgressé une règle de droit.
Nous pouvons finalement résumer ces différentes conditions de la moralité d’un acte dans le
schéma triadique suivant:
Loi morale
(Devoirs, valeurs, vertus)
La sanction morale
(Remords, contentement)
8
II.1. DEFINITION
Déontologie vient du grec « deon » qui signifie « ce qu’il faut faire » ou devoir et de logos
qui signifie discours, science. Au sens explicité, elle se comprend comme la science ou l‘ensemble
des devoirs à observer dans l’exercice d’une profession particulière dont la transgression est
sanctionnée par les règlements disciplinaires. Ainsi nous pouvons dire qu’il y a autant de
déontologies que de professions particulières. On peut ainsi parler de déontologie médicale, de
déontologie juridique, de déontologie des affaires, de déontologie du journaliste, de déontologie de
l’éducateur enseignant.
Dans ce sens la déontologie diffère du droit entendu comme l’ensemble des règles sociales,
objectives, générales, obligatoires et contraignantes établies et sanctionnées par l’autorité publique
ou étatique. On entend par là des règles de droit qui règlementent les relations avec les autres (les
personnes entre elles ou avec les institutions).
On peut soutenir que le droit vient palier à l’insuffisance de la morale de la conscience
individuelle et de la morale professionnelle pour assurer la régulation sociale dans la mesure où il
met sciemment en place un dispositif juridique de contrôle et de surveillance, impliquant un mode de
régulation sociale défini essentiellement comme ordre de contrainte.
Ainsi, la déontologie se situe à mi-chemin entre la morale, l’éthique et le droit. Car, d’une
part, elle comprend un certains nombre de dispositions correspondant aux valeurs ou aux vertus
morales communes devant lesquelles il n’est permis à personne de transiger. Mais, d’autre part, elle
repose sur un ensemble des exigences correspondant à des règles de droit.
II.2. HISTORIQUE10
Comme soubassement historique de la déontologie professionnelle, nous pouvons évoquer
quatre textes importants:
1°). Le premier texte comportant des préoccupations d’ordre déontologique est le code de
Maât comprenant les 42 vertus cardinales de la sagesse de l’Egypte pharaonique.11
1) Je n’ai pas commis l’iniquité contre les hommes.
2) Je n’ai pas maltraité les gens.
3) Je n’ai pas commis de péché dans la Place de Vérité.
4) Je n’ai pas cherché ( à connaitre) ce qui n’est pas (à connaitre).
5) Je n’ai pas fait de mal.
6) Je n’ai pas commencé de journée (ayant reçu une commission de la part) des gens qui
devaient travailler sous mon œil et mon nom n’est pas parvenu aux fonctions d’un chef
d’esclaves.
7) Je n’ai pas privé un artisan de ses biens.
10
DANA CASTRO ET MARIE SANTIAGO-DELEFOSSE, « Pratiques déontologiques en psychologie » Editions Hommes et
perspectives, 2001.
11
Cf. Théophile OBENGA, La philosophie africaine de la période pharaonique. 2780-330 avant notre ère, Paris, Ed.
L’Harmattan, 1990, pp. 169-176.
9
2°). Le deuxième texte comprenant des règles déontologiques est le « code d’Hammourabi».
Réalisé sur l’initiative du roi de Babylonne, Hammourabi, en 1750 avant JC., ce code comprenait
282 articles fixant différentes règles de la vie courante touchant les groupes sociaux, la famille,
l’armée, la vie religieuse et la vie économique.
Elles ont toujours trait à des situations très précises concernant les vols, les prêts, les
honoraires, les contrats, les fermages, les débiteurs insolvables, les esclaves fugitifs, le statut de la
10
femme. Il n’y a pas d’idée générale ni de concepts abstraits exprimés pour justifier telle ou telle
disposition, il n’y a pas non plus d’ordre logique dans la présentation.
Les articles disposent notamment ce qui suit :
§1 : Si un homme a incriminé un autre homme et a jeté sur lui un maléfice, et ne l’as pas convaincu
de tort, celui qui l’a incriminé est passible de mort.
§6 : Si un homme a volé le trésor du dieu ou du palais, cet homme est passible de mort, et celui qui
aurait reçu de sa main l’objet volé est passible de mort.
§8 : Si un homme a volé un bœuf, mouton, âne, porc ou barque, si c’est au dieu ou au palais, il
rendra au trentuple. Si le voleur n’a pas de quoi rendre, il est passible de mort.
§25 : Si le feu a éclaté dans la maison d’un homme et si quelqu’un y est allé, pour éteindre, et si,
levant les yeux sur le bien du maître de la maison, il a pris le bien du maître de la maison, celui-là
sera jeté dans le même feu.
§129 : Si la femme d’un homme a été prise au lit avec un autre mâle, on les liera et jettera dans
l’eau, à moins que le mari ne laisse vivre sa femme, et que le roi ne laisse vivre son serviteur.
§145 : Si un homme a pris une épouse et si elle lui a donné des enfants, et s’il se dispose à prendre
une concubine, il peut prendre une concubine et l’introduire dans sa maison. Il ne rendra pas cette
concubine l’égale de son épouse.
§202 : Si un homme a frappé le cerveau d’un homme de condition supérieure à lui, il sera frappé en
public de 60 coups de nerf de bœuf.
§229 : Si un architecte a construit pour un autre une maison, et n’a pas rendu solide son œuvre, si la
maison construite s’est écroulée, et a tué le maître de la maison, cet architecte est passible de mort.
« En présence des Maîtres de cette École, de mes chers condisciples, je promets et je jure, au
nom de l'Être Suprême, d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité, dans l'exercice de la
Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l'indigent, et n'exigerai jamais un salaire au dessus de mon
travail.
Admis dans l'intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s'y passe, ma langue taira
les secrets qui me sont confiés, et mon état ne servira pas à corrompre les mœurs, ni à favoriser le
crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je rendrai à leurs enfants l'instruction que
j'ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses !
Que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères si j'y manque ! »
Dans la version de Genève, on met en évidence les principes suivants : le respect envers les
ainés, la conscience professionnelle, la dignité et l’honneur, le secret professionnel, la collégialité et la
confraternité, le respect de la vie humaine. Ce serment s’énonce comme suit :
« Au moment d’être admis au nombre des membres de la profession médicale, je prends
l’engagement solennel de consacrer ma vie au service de l’humanité.
Je garderai à mes maîtres le respect et la reconnaissance qui leur sont dus.
J’exercerai mon art avec conscience et dignité.
Je considérerai la santé de mon patient comme mon premier souci.
Je respecterai le secret de celui qui sera confié à moi.
Je maintiendrai dans toute la mesure de mes moyens, l’honneur et les nobles traditions de la
profession médicale.
Mes collègues seront mes frères.
Je ne permettrai pas que des considérations de religion, de nation, de race, de parti ou de classe
sociale, viennent s’interposer entre mon devoir et mon patient.
Je garderai le respect absolu de la Vie humaine dès la conception.
Même sous la menace, je n’admettrai pas de faire usage de mes connaissances médicales contre
les lois de l’humanité.
Je fais ces promesses solennellement, librement et sur l’honneur ».
5°. Le cinquième texte, enfin, est celui de Jeremy Bentham ( intitulé « Deontology or the
Science of duty in wich the harmony and coincidence of duty and sel-interest, virtue and felicity,
prudence and benevolence are explained and exemplified »). (« La déontologie ou la science de la
moralité dans laquelle sont expliquées et données en exemple l’harmonie et la coïncidence du devoir et
de l’intérêt personnel, de la vertu et de la félicité, de la prudence et de la bienveillance ». Ce livre a été
publié à titre posthume en 1834 par John Bowring sous le titre « Déontologie ou science de la morale ».
Ce livre de 412 pages s’articule autour de 20 chapitres dont le 1ér traite des principes généraux, le
2ème de ce qu’est la déontologie, le 3ème des propositions anti-déontologiques et du souverain bien, le
12
4ème du plaisir et de la peine et de leur relation avec le bien et le mal, le 5ème du bien-être et du mal-
être, le 6ème du but des actions, le 7ème des sanctions, le 8ème des causes de l’immoralité, le 9ème de
l’analyse de certaines locutions par le principe déontologique, le 10ème de la définition de la vertu, le
11ème de l’intérêt privé ou prudence personnelle, le 12ème de la prudence extra-personnelle, le 13ème
de la bienveillance effective-négative, le 14ème de la bienveillance effective-positive, le 15ème de
l’analyse des vertus et des vices, le 16ème des vertus selon Hume, le 17ème des fausses vertus, le 18ème
des passions, le 19ème des facultés intellectuelles, et le 20ème de la conclusion de la première partie,
avec un coup d’œil sur le principe de la maximisation du bonheur, son origine et ses
développements.
12
Nous nous inspirons largement de d’article de Pierre VERDIER, “Morale, éthique, déontologie et droit”, in Ethique et
déontologie: implications pour les professionnels, Cf. www. Actif-on line. Com/fichiers/ articles/ art- Verdier-276-277.
Pdf. Consulté le 14/9/2013 à 11h59.
13
Cf. Pierre VERDIER, “Morale, éthique, déontologie et droit”, in Ethique et déontologie: implications
13
pour les professionnels, Cf. www. Actif-on line. Com/fichiers/ articles/ art- Verdier-276-277. Pdf.
Consulté le 14/9/2013 à 11h59.
14
Cf. Pierre VERDIER, Art. Cit.
14
15
Cf. BERTRAND Claude-Jean, « Critique des médias et déontologie », in BERTRAND Claude-Jean (dir.), Médias.
e
Introduction à la presse, la radio et à la télévision, 2 éd., Paris, Ellipses, 1999, p. 240.
15
déontologie se trouve dans l’obligation d’adapter ses principes ou ses normes aux nouveaux contextes
particuliers du moment présent.
16
Cf. ETCHEGOYEN Alain, La Valse des éthiques, Paris, François Bourin, 1991.
17
Cf. CARR-SAUNDERS A, WILSON P., The Professions, Londres, Oxford University Press, 1933.
16
Nous pouvons situer notre cours dans sept perspectives théoriques : le principe de la Maât
comme fondement de l’harmonie anthropo-socio-cosmique dans l’Egypte pharaonique, Aristote et
l’éthique téléologique du bonheur, Emmanuel Kant et la morale déontologique, Emmanuel Levinas
et l’éthique de la responsabilité pour autrui, John Rawls et les principes fondamentaux de la justice
comme équité, enfin Paul Ricœur et l’éthique comme visée d’une vie bonne, avec et pour les autres,
dans des institutions justes, Hans Jonas l’éthique de la responsabilité envers la nature et les
générations futures.
18
BADIKA WANE, « Face à la ruée vers la mystique ou la communication existentielle : l’autonomie métaphysique
comme préalable » in La Responsabilité politique du philosophe africain. Actes de la IXe semaine scientifique de
Kinshasa du 20 au 23 juin 1993, FTC, 1996 , pp.129-136.
19
Th. OBENGA, L’Anthropologie pharaonique, contribution au colloque tenu à Rome à l’Université Pontificale
Urbanienne du 25-29 octobre 2006, p.15, inédit.
17
III.2. Aristote (philosophe grec 384-322 av. J.C.) et l’éthique téléologique du bonheur
1. L’éthique d’Aristote est qualifiée de téléologique parce qu’elle considère que la fin (telos)
vers laquelle tend toute action humaine n’est autre que le bonheur, la vie réussie, « le vivre-bien ».
Ce qu’il exprime en ces termes : « Tout art et toute investigation, et pareillement toute action et tout
choix tendent vers quelque bien, à ce qu’il semble. Aussi a-t-on déclaré avec raison que le Bien est
ce à quoi toutes choses tendent».21
2. Mais pour Aristote, l’on ne devient pas heureux tout seul. Pour atteindre son bonheur, l’on
a besoin de l’autre, et surtout de la communauté politique ou de la cité. C’est cette dernière qui
constitue le lieu de réalisation par excellence, de la liberté et du bonheur des citoyens. Ainsi Aristote
dit-il encore dans sa Politique : « Nous voyons que toute cité est une sorte de communauté et que
toute communauté est constituée en vue d’un certain bien (car c’est en vue d’obtenir ce qui leur
apparaît comme un bien que tous les hommes accomplissent toujours leurs actes) :il en résulte
clairement que si toutes les communautés visent un bien déterminé, celle qui est la plus haute et
englobe toutes les autres, vise ainsi, plus que les autres, un bien plus haut de tous. Cette
communauté est celle qui est appelée cité. C’est la communauté politique. »22
3. Mais si tous les hommes sont d’accord sur le bonheur comme fin de toute activité humaine,
ils ne s’’accordent pas sur la conception de ce bonheur. «[…] sur la nature même du bonheur, on ne
s’entend plus et les explications des sages et de la foule sont en désaccord ».23
Ainsi, le bonheur varie selon les personnes. Car, pour les unes il consiste dans l’acquisition
des biens matériels, sensibles, comme la richesse, le plaisir ou les honneurs ; tandis que pour
d’autres, c’est le contraire. Il faut chercher des biens immatériels, non sensibles et incorruptibles.
En outre, la conception du bonheur peut varier pour la même personne selon les
circonstances. Ainsi, par exemple, si on est malade, on cherchera la santé, si on est pauvre, on
cherchera la richesse, et si on est riche, on pourra souhaiter vivre éternellement sur terre.
Enfin, le bonheur varie selon les activités et les arts. Ainsi, pour le médecin, il faut rétablir la
bonne santé, pour l’éducateur, c’est la formation intégrale de l’homme, pour le pasteur c’est le salut
éternel dans l’au-delà.
4. Mais dans ces conditions, que faire pour éviter les risques de tomber dans l’arbitraire?
Selon Aristote, il faut se conformer à la loi de la juste mesure, laquelle consiste à éviter les excès en
toute chose. Cette théorie suppose que toute action humaine comporte trois types de grandeurs :
exagération, défaut, mesure. La position intermédiaire dans toute action humaine s’est le juste
milieu ou l’action qui ne comporte ni exagération ni défaut. C’est en cela que consiste
essentiellement la vertu. Cependant, la vertu ne s’applique pas à toutes les actions et à toutes les
20
Cfr, TL. OKBENGA, L’Anthropologie pharaonique, p.32.
21
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, Trad. J. Tricot, Paris, Vrin, 1997, pp. 31-32, I,1, 1094 a 1-3.
22
ARISTOTE, Politique, I, 1, 125 2a.
23
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque,I, 4,2.
18
passions (c’est le cas des actions et passions fondamentalement mauvaises comme le vol, l’homicide,
l’adultère, l’injustice). Ces actions n’ayant pas de juste moyenne ne peuvent être trichotomisées. Il en
est de même pour les trois formes d’action que sont l’excès, la juste mesure et le défaut.
Il y a donc trois formes contradictoires de comportement dont deux sont des vices, l’un par
excès, l’autre par manque. Toutes les trois entretiennent entre elles des rapports dialectiques
semblables à ceux qui existent entre le plus, le moins et l’égalité.
1). La justice est une moyenne dont les extrêmes sont l’illégalité et l’inégalité. En tant que
vertu, Aristote la définit comme « cette sorte de disposition qui rend les hommes aptes à accomplir
les actions justes, et qui les fait agir justement et vouloir les choses justes ». 24 L’injustice est
corrélativement « cette disposition qui fait les hommes agir injustement et vouloir les choses
injustes ».25 Ainsi la justice et l’injustice ne se réduisent pas aux actes justes et injustes. Ce sont des
dispositions acquises.
Justice
Illégalité Inégalité
2). De ce qui précède, on peut déduire que la justice est une disposition qui nous fait
conformer à la légalité et à l’égalité, tandis que l’injustice est celle qui nous fait conformer à
l’illégalité et à l’inégalité.
Légalité Illégalité
Justice Injustice
Egalité Inégalité
La justice est la plus importante et la plus admirable, car, d’abord, elle se présente comme
contenant toutes les vertus ; ensuite, elle est absolument complète et comporte tous les caractères
d’une vertu absolue (qui comporte une dimension sociale).
3). Mais les deux formes d’injustice (l’illégalité et l’inégalité) n’ont pas la même extension.
Car tout ce qui va à l’encontre de la loi ne va pas nécessairement à l’encontre de l’égalité, et vice
versa. Par exemple, une répartition égale des avantages socio-économiques peut paraître injuste si
dans une communauté, il y en a qui, ayant travaillé plus que d’autres, ont droit à plus d’avantages
que d’autres. De même une répartition inégale des biens peut être légale si elle est faite
conformément à la loi.
24
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, V, 1, 1128 a, 6-9.
25
Ibidem, V, 1, 1128 a, 10.
19
4). La justice elle-même comprend trois formes : la justice distributive qui règlemente la
bonne répartition des biens, la justice corrective qui réprime les différentes transgressions de la loi et
la justice commutative qui réglemente l’échange des biens marchands.
26
Ancien Etat de l’Allemagne, aux confins de l’actuelle Pologne et de la Russie.
27
E. KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs (Ak. 393, trad fr. de Delbos, revue et modifiée par F. ALQUIE, in
E. KANT, Œuvres philosophiques, t2, 1985, p. 250.
28
E. KANT, Critique de la raison pratique, trad. Picavet, p. 28, éd. Alquié [V, 28], p. 640.
20
principe universel.» Ce principe se traduit encore par ce qu’on appelle la règle d’or, laquelle
comporte plusieurs formulations qui toutes expriment la même idée que nous pouvons trouver dans
toutes les sagesses du monde.29
Enfin, la norme morale qui, du point de vue déontologique va du respect de soi fondé sur le
principe d’autonomie de la volonté, au respect de l’autre fondé sur le principe de la dignité humaine
et d’universalité, ne va pas toujours de soi. Elle aboutit à une sorte de formalisme où il n’est pas
toujours tenu compte des circonstances particulières dans lesquelles se détermine l’agir humain.
Par exemple, si, au nom de l’impératif moral, il ne faut pas mentir, peut-il être moralement
permis de dénoncer un coupable poursuivi et menacé de mort par son adversaire et qui viendrait se
cacher chez toi ? Le dénoncer au nom de l’interdiction morale du mensonge, n’est-ce pas aller à
l’encontre d’une autre interdiction morale, celle de ne pas tuer ? Comment concilier ces deux
principes moraux également universels ? Comment alors concilier la prétention de la morale à la
validité universelle et le statut purement singulier des circonstances où doit s’exercer le jugement
moral ?
29
-Dans l’Evangile : « Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le semblablement pour eux. »(Luc 6,
31). Ou encore, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». (Lévitique, 19, 18 ; Mt 22, 39.
-Dans le Talmud : « Ne fais pas à ton prochain ce que tu détesterais qu’il te soit fait. C’est ici la loi tout entière ; le reste
est commentaire. »
-Dans le Brahmanisme, « Telle est la somme du devoir : ne fais pas aux autres ce qui, à toi , te frai du mal »
(Mahabbarata, 5, 1517).
-Dans le Confucianisme, « Voici certainement la maxime d’amour : ne pas faire aux autres ce que l’on ne veut pas qu’ils
nous fassent». (Analectes, 15, 23).
-Dans l’Islam, « Nul de vous n’est un croyant s’il ne désire pas pour son frère ce qu’il désire pour lui-même ». (Sunnah).
-Dans le Taoisme : « Considère que ton voisin gagne ton pain et que ton voisin perd ce que tu perd.» (T’ai Shang Kan Yin
Pien).
-Dans le Zoroastrisme : « La nature seule est bonne qui se réprime pour ne point faire à autrui ce qui ne serait pas bon
pour elle.» (Dadistan- i-dinnik, 94,5).
-Selon Paul Ricœur : « N’exerce pas un pouvoir sur autrui de façon à le laisser sans pouvoir sur toi ».(cité par Olivier
ABEL, Paul Ricœur. La promesse et la règle, p. 69.)
30
Noëlla BARAQUIN & Jacqueline LAFFITTE, Dictionnaire des Philosophes, Paris, Ed. Armand Colin, 2000, p.187.
31
Ibidem.
32
Ibidem, p.187.
21
III.5. John RAWLS et les principes de la justice distributive comme équité (Philosophe américain
1921-2002)
Si l’éthique aristotélicienne s’enracine dans la perspective téléologique de la visée
d’une vie bonne, et si la morale kantienne se fonde dans la perspective déontologique du respect du
devoir ou des normes morales, la démarche rawlsienne se fonde quant à elle sur les procédures
idoines d’une justice distributive dans sa fameuse Théorie de la justice.
a). Son point de départ est que « La justice est la première vertu des institutions sociales comme
la vérité est celle des systèmes de pensées ».38(Théorie de la justice (1971) traduit en français en
1987).
33
Elisabeth CLEMENT & Cie, La philosophie de A à Z, Paris, éd.Hatier, 2000, p.187.
34
Idem, p.256.
35
Ibidem.
36
Ibidem.
37
Elisabeth CLEMENT & Cie, La philosophie de A à Z, Paris, éd.Hatier, 2000, p.256.
38
J. RAWLS, Théorie de justice. Paris Seuil, 1987, p.29.
22
39
Mais il convient de préciser que le problème qu’il se pose se rapporte surtout aux sociétés techniquement avancées,
c’est-à-dire, des sociétés d’abondance et de consommation.
40
John RAWLS, Théorie de la justice, p.38, cité par P. RICOEUR, Soi-même comme un autre, p.91.... Voir note infra-
paginale 1.
23
c). La théorie rawlsienne de la justice est une déontologie et un égalitarisme libéral contre
l’utilitarisme
D’abord, la théorie rawlsienne est une théorie déontologique, car elle préconise
la priorité du juste ou du devoir de justice sur le bien. Dans ces conditions, toute décision qui
maximiserait l’intérêt du plus grand nombre tout en minimisant celui du plus défavorisé, est injuste.
Bien plus, elle est libéraliste, car elle défend le respect des libertés fondamentales de chaque
individu, qui ne peuvent être bafouées au nom d’un impératif collectif.42 Elle est égalitariste, car elle
défend l’égalité de tous les membres de la communauté (égalité dans la jouissance des droits et
devoirs, mais aussi égalité dans la distribution des biens et des avantages).
Mais elle s’oppose à l’utilitarisme, qui a constitué pendant longtemps le cadre
exclusif de la réflexion éthique explicite des économistes. Selon cette théorie, une société juste est
celle qui se soucie de réaliser « le plus grand bonheur du plus grand nombre »43. Fondé par Jérémy
BENTHAM (1789), ce courant a été vulgarisé par John STUART MILL (1861) et systématisé par
Henry SIDGWICK (1874).
III.6. Paul RICŒUR (français 1913-2005) et l’éthique comme visée d’une vie bonne, avec et pour
les autres dans des institutions justes
Pour articuler les trois tendances ci-haut décrites, Paul Ricœur (1913-2005) propose de
définir l’éthique comme « visée de la vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes » 44.
La visée éthique doit s’entendre ici sous un mode optatif et non impératif. Elle relève du souhait, du
souci de soi, du souci du souci de l’autre et du souci du souci de l’institution. Ces trois termes sont
importants pour la constitution éthique de la personne. Essayons de les expliciter davantage.
41
John RAWLS, Théorie de la justice, p.47.
42
Si ce courant s’inspire principalement de la pensée libérale classique de John LOCKE (1690), d’Alexander VON
HUMBOLDT (1792) et des économistes autrichiens Luwig MISES (1940), et de Friedrich Von HAYHEK (1960). Ce n’est
cependant qu’à partir des années 1970 qu’elle s’est constituée en véritable alternative à l’utilitarisme, sous l’impulsion
des philosophes et économises nord-américains comme John HOSPERS, Murray ROTHBARD, David FRIEDMAN, Robert
NOZCK (1974) et Hillel SEINER..
43
CHRISTIEN ARSPERGER et cie, Ethique économique et sociale, p.15.
44
RICOEUR Paul, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p. 202.
24
45
GOHIER Christiane, « Le soi et les autres en enseignement. Vers une éthique du lien », in JUTRAS France et GOHIER
Christiane (dir.), Repères pour l’éthique professionnelle des enseignants, p. 22.
25
III.7. Hans Jonas (allemand 1903- 1993) et le principe de la responsabilité envers la nature et les
générations futures
Nous pouvons l’articuler autour des axes suivants : une éthique de la nature et de
l’extériorité, une éthique de la non-simultanéité et de la non réciprocité, le nouvel impératif
catégorique, le Principe Responsabilité et l’heuristique de la peur.
46
S. RAMEX, Op.cit., p. 59.
47
S. RAMEX , op. Cit. P., 61.
48
S. RAMEX, op. Cit., p.61
49
S. RAMEX, Op.cit.,p. 60..
26
- « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence
d’une vie authentiquement humaine sur terre. » 50
De cette première formulation, nous ne sommes pas en vie pour agir en insensé ou en homme
immoral. Notre façon de faire doit laisser de bonnes traces pour ceux qui viendront après nous. C’est
pourquoi, négativement, cet impératif devient :
- « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la
possibilité future d’une telle vie »51
Simplement, ceci revient à dire qu’aucun droit ne nous permet d’effacer la vie sur terre car
l’homme doit exister. Ainsi cette deuxième formulation devient.
- « Ne compromets pas les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur
terre.»52
Positivement, cette formulation s’énonce comme suit : « inclus dans ton choix actuel
l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir. » 53
De toutes ces formulations de l’impératif, nous remarquons que Hans Jonas invite sans cesse
à prendre avec rigueur notre responsabilité. Pour faire naitre la cause de tout l’homme et de son
environnement, Jonas affirme ce qui suit :
« Nous avons bien le droit de risquer notre propre vie, mais non celle de l’humanité. »
50
H. JONAS, Le principe Responsabilité, Paris, Cerf, 1993, p.30.
51
Ibidem, p.31.
52
Idem.
53
Idem.
54
RAMEX, Op. cit. p. 66
55
Luc FERRY, Le nouvel ordre écologique, Paris, Grasset, 1992.
27
elle-même »56. Ce courant est antihumaniste dans la mesure où il « peut plaider pour la protection de
certaines espèces comme les parcs naturels, contre les hommes » 57
Mais malgré la présence de cette deuxième tendance, il semble que, d’une manière générale,
la naissance du mouvement écologique au XXe siècle s’inscrit dans le souci de protection de la vie
humaine. Si au XVIIe siècle les hommes s’étaient découverts seuls dans un univers infini et ouvert à
leur pouvoir, les hommes du XX ème siècle se découvrent innombrables dans un espace vital fini,
dégradé par leur pouvoir, avec une terre fragile, menacée, avec des ressources finies sur une Terre
finie.
Dans ces conditions la nature devient indicatrice des valeurs pour l’homme et la société. Les
hommes du XVIIe, voyant dans la nature un pur système mécanique, sans finalité ni sens, ils avaient
résolu de chercher en eux-mêmes des lois et des normes d’action : la nature est, des lors, un
ensemble de faits qui ne peuvent en aucun cas nous donner la moindre indication pour savoir
comment vivre : «ce qui est ne peut pas nous indiquer ce qui doit être » ; il appartient à l’homme
seul de poser les valeurs, de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal. 58
Or cette confiance en l’homme a été ébranlée depuis le XIXe siècle (Cf..K. Marx, Freud,
Nietzsche). « L’écologie restaure cette extériorité perdue où la nature est indicatrice de valeurs
pour l’homme »59 C’est cette conception (philosophique) que défend en Allemagne, le philosophe
Hans JONAS dans son fameux ouvrage Le principe Responsabilité avec comme sous-titre Une
éthique pour la civilisation technologique.
56
S. RAMEX, Op.cit., p.59
57
Ibid., p.29.
58
Ibid., p.60.
59
Id.
28
60
E. KANT, Fondements de la métaphysique des Mœurs, p.429.
61
Nous pouvons également dire que l’homme (personne) est désormais à concevoir comme à la fois individu, société et
espèce. « Les trois espèces trinitaires- l’individu, la société, l’espèce- sont engendrées inséparablement l’une en l’autre
comme trois roues interdépendantes d’une polyorganisation trinitaire, et elles s’entre-géèrent les unes les autres »
(Edgar MORIN, La méthode 5. L’humanité de l’humanité, Paris, Seuil, 2001, p. 195).
29
Ainsi, de façon dynamique, le bien commun peut être aussi « défini comme l’ensemble des
conditions qui permettent et favorisent la promotion mutuelle des personnes vers leur
accomplissement plénier comme personne ».
Ce qui nous permet d’énoncer deux nouveaux impératifs fondamentaux et généraux :
1. Tout devoir humain ou professionnel comporte une dimension sociale (ceci découle et de
la fin de la personne et de la fin de la société).
2. « Tout devoir humain social ou professionnel vise le bien commun des personnes ».
62
P. FOULQUIE, Nouveau précis de philosophie II. Logique. Morale , p. 390.
63
Ibidem, p.390.
30
profession. « La participation au travail est en effet la condition sine qua non de l’insertion de la
personne dans la société qui, pour être une société de développement des personnes et des
groupes, est nécessairement une société de travail ».
- « L’engagement dans le travail est la condition de la croissance de la personne comme corporelle
et comme spirituelle ».
- « la privation du travail entraîne la dégénérescence de la personne dans sa corporéité et dans sa
spiritualité, dans sa relation à autrui et dans sa relation à l’absolu».
- Par conséquent, le refus de travail engendre la destruction de la personne par la destruction de la
société, dans la destruction du sens de l’Absolu où se fondent les valeurs tant personnelles que
sociales ».
- « On notera que c’est une constante de l’histoire que les sociétés où le travail est voulu comme
un droit, un devoir et un honneur progressent, tant au niveau des personnes que de la société, et
que ses valeurs sont fondés dans l’Absolu. Mais que les sociétés dans lesquelles le travail est fui,
régressent, matériellement et spirituellement, se désagrègent comme sociétés et qu’on y perd tout
sens de l’Absolu et des valeurs ».
- « Le travail est donc le lieu où se nouent de façon dynamique la relation de l’homme à soi, la
relation à autrui, la relation au monde, la relation à l’Absolu.
- « Il est enfin ce par quoi l’humanité progresse en humanité.
Avant tout il convient de préciser la portée sémantique des concepts informatique de gestion,
gestion informatique et système d’information.
« L’informatique de gestion (IG) est la discipline du traitement de l’information utile et
nécessaire à l’automatisation et à la gestion des entreprises.64 Il s’agit simplement d’une discipline
qui s’intéresse à l’informatique appliquée à la gestion des affaires ou des entreprises.
La gestion informatique (GI) est « la coordination de l’ensemble des ressources, systèmes,
plateformes, environnements et équipes dans le but d’améliorer la rapidité, l’évolution et la stabilité
dans l’ensemble de l’entreprise »65 . En d’autres termes, il s’agit d’une discipline dont la finalité
consiste dans la conception des logiciels et des ressources informatiques pouvant faciliter
l’amélioration de la gestion des entreprises.
Le système d’information (SI) peut se définir comme un ensemble des données, des
ressources matérielles, humaines et logicielles de l'entreprise dont l’objectif « est d’assurer la saisie,
la conservation, le traitement et la circulation des informations de façon à ce que chacun, dans
l’organisation, puisse disposer au bon moment des données dont il a besoin pour remplir sa tâche» 66
En nous inspirant ici de quelques dispositions tirées du Code d’Ethique des Métiers de la
Sécurité des Systèmes d’Information publié par le Club de la sécurité des systèmes d’information
français (CLUSIF) de 1991, de La Charte de déontologie du service informatique de l’université de
Toulouse et de l’ « Introduction à la sécurité informatique » tirée de l’Encyclopédie), des dix
commandements de l’éthique informatique ((Computer Ethic, USA, traduit par GANASCIA,
2005) 67 , nous avons essayé de systématiser la déontologie de l’informatique de gestion et de la
gestion informatique autour des principes suivants:
64
Cf. Pierre-André SUNIER, Qu’est-ce que l’informatique de gestion ?, Laboratoire de génie logiciel, Haute école de
gestion Arc-Neuchâtel, 2003-2012, en ligne www.cours-gratuit.com. Mardi, 15/09/2020.
65
Ibidem.
66
Jacques SORNET, Nthalie LE GALLO et Oona HENGOAT, Système d’information de gestion. Manuel et application. Ed.
Francis Lefebvre Dunod, 2016, p. 4.
67
cité par Lamine SARR, Ethique des technologies et systèmes d’informattion: Usages individuels, positionnement moral
des organisations et changements sociotechniques: Cas du livre numérique T1, Thèse de doctorat en Sciences de
gestion, Université Paris Descartes, 2015, p. 30, en ligne, http://tel.arcives-ouvertes.fr/tel.01915246. ,
dix commandements de l’éthique informatique ((Computer Ethic, USA, traduit par GANASCIA, 2005) se formulent de
la manière suivante :
1°. Tu n’utiliseras pas l’informatique pour nuire à autrui.
2°. Tu n’interféreras pas avec les travaux informatiques d’autrui.
3°. Tu n’espionneras pas les fichiers d’autrui.
4°. Tu n’utiliseras pas l’informatique pour voler.
5°. Tu n’utiliseras pas l’informatique pour propager de fausses rumeurs.
6°. Tu n’utiliseras pas ou ne copieras pas des logiciels que tu n’auras pas payés.
7°. Tu n’utiliseras pas les ressources informatiques d’autrui sans autorisation ni compensation.
8°. Tu ne t’approprieras pas les acquis intellectuels d’autrui.
9°. Tu penseras aux conséquences sociales des programmes que tu conçois.
10°. Tu utiliseras toujours l’ordinateur ou l’informatique avec considération et respect pour autrui.
32
V.3. La confidentialité
La confidentialité consiste ici dans le fait que l’intervenant s’engage, notamment, à :
- respecter la discrétion des informations qui lui sont confiées, ou qu'il peut voir, entendre ou
comprendre dans le cadre de ses missions ou de toutes ses activités professionnelles.
- protéger le secret des documents qu'il détient dans le cadre de ses missions propres ou de
celles qui lui sont confiées.
- ne déroger à cette règle générale de confidentialité qu'après accord écrit et exprès du client.
Cette règle s'applique aux références des clients, aux missions effectuées et aux éléments du
curriculum-vitae.
- faire respecter cette obligation de confidentialité par ses collaborateurs et, de manière
générale, par toute personne intervenant sous sa responsabilité dans le cadre d'une mission.
V.4. L’intégrité et l’honnêteté
L’informaticien s’engage à :
- Ne jamais utiliser l’informatique pour voler.
- Ne jamais s’approprier les acquis intellectuels d’autrui.
- Ne jamais utiliser les ressources informatiques d’autrui sans autorisation ni
compensation.
- Ne jamais copier des logiciels qu’on aura pas payés.
L'intervenant ne doit pas revendiquer une compétence ou une expérience qu'il ne possède pas.
Il doit pouvoir faire état de son curriculum-vitae exact et complet, ainsi que ses références
personnelles (sans enfreindre les règles de confidentialité).
Il doit témoigner d'une compétence et d'une expérience dans le domaine d'intervention pour
lequel il est appelé. Il doit se tenir en permanence informé de toutes les obligations (déontologiques,
réglementaires, juridiques, etc.) qui lui incombent et qui incombent à ses clients, ainsi que toutes les
normes (nationales et internationales selon le cas) qui s'appliquent dans son domaine.
Il doit connaître et pouvoir expliciter les caractéristiques des principales méthodes ou produits
spécifiques relevant de son domaine d’intervention.
Afin de pouvoir sécuriser un système, il est nécessaire d'identifier les menaces potentielles,
et donc de connaître et de prévoir la façon de procéder de l'ennemi ou du pirate afin de mieux
comprendre comment limiter les risques d'intrusions.. Le but de ce dossier est ainsi de donner un
aperçu des motivations éventuelles des pirates, de catégoriser ces derniers et enfin de donner une
idée sur leur façon de procéder.
La menace (en anglais « threat ») représente le type d'action susceptible de nuire absolument (p.ex.
un virus), tandis que la vulnérabilité (en anglais « vulnerability », appelée parfois faille ou brèche)
représente le niveau d'exposition face à la menace dans un contexte particulier (p. ex. l’absence d’un
antivirus). Enfin la contre-mesure est l'ensemble des actions mises en œuvre en prévention de la
menace (installation d’un antivirus, d’un mot de passe, formation ou sensibilisation, etc.). Les contre-
mesures à mettre en œuvre ne sont pas uniquement des solutions techniques mais également des
mesures de formation et de sensibilisation à l'intention des utilisateurs, ainsi qu'un ensemble de
règles éthiques, déontologiques et juridiques clairement définies.
35
VI.4.L’impartialité et l’intégrité
L’entrepreneur ou l’agent exercera ses fonctions avec impartialité et honnêteté. Il évitera de
verser dans des actes motivés par le tribalisme, le régionalisme, le népotisme ou d’autres formes de
comportement frisant le favoritisme ou le sentimentalisme.
68
SULLIVAN John D. et SHKOLNIKOV Aleksandr, « La déontologie des affaires : la composante essentielle de la
gouvernance d’entreprise », in Perspectives des réformes économiques, Centre International pour l’Entreprise Privée
(CIPE), Aout 2007.
36
L’entrepreneur ou l’agent doit éviter de se rendre coupable de détournement, de vol des biens
meubles et immeubles de l’institution, de soustraction frauduleuse des documents et de leur trafic. Il
doit également éviter de percevoir ou d’ordonner de percevoir des sommes qu’il sait pertinemment
ne pas être dues ou excéder ce qui est dû en vertu de la réglementation en vigueur.
L’agent qui, sciemment ou par méchanceté, induit en erreur son chef hiérarchique ou
son collaborateur, en donnant une information fausse ou inexacte, ou en déformant une information,
ou encore en portant une accusation délibérément fausse et injuste, est passible d’une sanction
disciplinaire.
VI.8.La courtoisie
L’entrepreneur ou l’agent doit se comporter avec courtoisie dans ses rapports tant avec
ses supérieurs, collègues et inférieurs qu’avec les personnes extérieures à l’entreprise ou à
l’institution. En cas de manquement, il sera sanctionné proportionnellement à la gravité de sa faute.
37
VI.14. Les conventions doivent être une bonne affaire pour les deux parties
Par exemple, le vendeur ne doit pas avoir la préoccupation de se débarrasser coûte que coûte de sa
marchandise et quels que soient les besoins de son client. L’acheteur ne doit pas s’efforcer d’obtenir
satisfaction en exploitant son fournisseur.
69
Cf. Normes de déontologie des affaires (UL),
file:///F:/Normes%20de%20d%C3%A9ontologie%20des%20affaires%20(%20UL).pdf, Site Web du Service juridique de
la société de UL, Numéro du Document : 00-LE-P0001-Issue 3.2, consulté le 29/03/2017 à 8h03.
39
•le cadeau est compatible avec les usages locaux et les pratiques commerciales,
•il ne peut pas être interprété comme un pot-de-vin ou une commission occulte ou
donné en échange de service,
•il ne viole, à votre connaissance, ni la loi ni les règles de la société du donateur,
•il ne peut pas gêner votre société s’il est révélé au public,
VI.19. Ne jamais accepter des réceptions
Les invitations à des manifestations dont les dépenses ou l’envergure peuvent être
interprétées comme une tentative de trafic d’influence, doivent être refusées avec courtoisie. Par
contre, des rafraichissements, des repas ou des divertissements lors d’un déjeuner d’affaires ou de
toute autre réunion peuvent être acceptés, à condition qu’ils ne soient pas très couteux.
VI.20. Ne jamais accepter des pots-de-vin, des commissions occultes, des paiements irréguliers et
autres trafics d’influence
Il est interdit à un employé ou à toute personne travaillant pour le compte d’une société ou
d’une entreprise, de recevoir, directement ou indirectement ou par des pots-de-vin, des commissions
occultes ou tout autre paiement irrégulier, sous toute forme, soit de l’argent ou tout autre objet de
valeur. Les paiements par ou pour le compte de la société ou de l’entreprise doivent toujours
correspondre à des services rendus, payés à l’organisation ou à la personne qui a fourni le service. Le
montant versé doit être habituel et raisonnable pour ce type de service.
b) Le droit de grève
Le droit de grève est reconnu et garanti. Il s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent,
notamment en ce qui concerne le fonctionnement des services publics vitaux qui ne peuvent souffrir
d’interruption.
Concernant l’éthique et la déontologie des affaires, on peut aussi évoquer les principes de
conduite des affaires selon le pacte mondial de l’ONU.
La vision du Pacte mondial est définie dans ses dix principes. Les entreprises qui s’engagent à
l’égard du Pacte mondial acceptent de respecter ces principes dans leurs opérations dans quelques
pays que ce soit à travers le monde.
Droits de l’homme
Principe 1 : Les entreprises doivent promouvoir et respecter les droits de l’homme reconnus sur le
plan international ; et
Principe 2: Les entreprises ne doivent pas se faire complices de violations des droits fondamentaux.
Normes de travail
Environnement
Principe 7: Les entreprises doivent promouvoir une approche prudente des grands problèmes
touchant l’environnement ;
Principe 10 : Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption sous toutes ses formes, y
compris l’extorsion de fonds et les pots-de-vin.
A ce sujet nous nous appuyons principalement sur le décret-loi 017-2002 du 3 octobre 2002
portant code de conduite de l’agent public de l’Etat ainsi que sur le texte de WATHUM JACAN
WADAMBE Denis, Le « Code de conduite de l’Agent public de l’Etat » dans le cadre de la Réforme
de l’administration publique et de la « Charte de la Fonction publique en Afrique », une
communication à l’intention des personnels des assemblées provinciales à Kinshasa en 2007, et de
l’article de Pierre-Louis OPONT, « Ethique et fonction publique », in Unité de lutte contre la
corruption (ulcc), Août 2007.
Nous parlerons ici respectivement de la définition de la Fonction Publique et du
Fonctionnaire Public, des valeurs de référence de l’agent public, de ses devoirs et de ses droits, du
régime disciplinaire, enfin de la promotion et du suivi du code en question.
70
Nous nous inspirons largement de l’article Pierre-Louis OPONT, « Ethique et fonction publique », in Unité de lutte
contre la corruption (ulcc), Août 2007.
44
1° Une protection de la puissance publique contre les dangers extérieurs tels que les menaces,
les injures ou diffamations dont l’agent peut être l’objet dans l’exercice de ses fonctions. Le cas
échéant, l’Etat doit se substituer à l’agent victime en vue d’obtenir réparation (art.24);
2° Une protection contre la pauvreté absolue et la misère, ce qui signifie que l’Etat, les
organismes publics ayant une personnalité juridique propre, les entreprises publiques et d’économie
mixte ont l’obligation d’assurer à leurs agents « une rémunération équitable afin de leur permettre
de bien s’acquitter de leurs obligations professionnelles ». (art.25)
S’il est vrai que le seuil de la pauvreté absolue se situe à un dollar par personne par jour, par
conséquent, un fonctionnaire ayant contracté un mariage monogamique avec cinq enfants en charge,
c’est-à-dire ayant formé un ménage de sept individus, ne devrait pas percevoir mensuellement moins
de 1$ x 7 personnes x 30 jours = 210 $ US. L’on comprend pourquoi l’accord dit de Mbudi
préconise un salaire mensuel de 208 $ US au huissier de l’administration publique congolaise.
46
TITRE I PRESTATIONS
Les agents de carrière des services publics de l’État doivent se trouver à leur poste de travail à 7
heures 30. Tout agent qui y arrive entre 7 heures 30 et 9 heures est réputé retardataire. Celui qui
arrive au-delà de 9 heures est réputé absent.
Pour les services spéciaux relevant de leur autorité, les commissaires d’État peuvent fixer d’autres
horaires de prestation en cas de nécessité inhérente au bon fonctionnement de ces services.
Art. 3. — À leur arrivée à leur poste de travail, les agents de carrière des services publics de l’État
apposent leur signature en regard de leurs noms sur la liste des présences établie à cet effet.Les
agents de carrière des services publics de l'État doivent se trouver à leur poste de travail à 7 heures
30. Tout agent qui y arrive entre 7 heures 30 et 9 heures est réputé retardataire. Celui qui arrive au-
delà de 9 heures est réputé absent.
Cette liste doit être retirée à 9 heures par un agent désigné à cet effet et transmise au bureau du
commissaire d'État ou à l'autorité hiérarchique régionale ayant sous ses ordres les agents concernés.
Les agents retardataires sont enregistrés comme tels sur la liste des présences par l'agent désigné à
cet effet.
47
Les bons de retard de la journée sont retirés à 9 heures par le même agent et transmis au
commissaire d'État ou à l'autorité hiérarchique régionale et de zone ayant sous ses ordres les agents
concernés.
Art. 4. - Sorties
Toute sortie pendant les heures de service doit faire l'objet d'une autorisation préalable du chef
hiérarchique. Celui-ci doit porter au moins le grade de chef de bureau. Lorsque le chef hiérarchique
direct est revêtu du grade inférieur à celui du chef de bureau, ce chef hiérarchique se réfère au chef
de bureau de sa direction ou à l'agent désigné à cet effet.
Art. 5. - Ne sont autorisés à recevoir des visites que les directeurs, les chefs de division et les chefs
de bureau. L'autorité administrative du lieu pourra tenir compte de la spécificité du service ou de la
particularité du personnel de son ressort et désigner des agents moins gradés aux fins de recevoir des
visites. Seules les visites de service sont autorisées. L'inscription sera faite du nom du visiteur, de ses
fonctions ou de sa qualité, du nom de l'agent à visiter, de son grade et du motif de la visite. Ces
visites se situeront impérativement entre 9 heures et 12 heures, sans préjudice des accommodements
propres à chaque service que l'autorité hiérarchique compétente pourra instituer.
L'agent qui reçoit des visites sans l'autorisation préalable du supérieur compétent est passible d'un
blâme. En cas de récidive ou en raison de l'importance du préjudice qu'une telle visite pourra
occasionner à l'État, il sera appliqué la retenue du tiers de salaire, voire l'exclusion temporaire de
trois mois avec privation de salaire. La révocation pourra être prononcée en cas de préjudice grave.
CHAPITRE II SANCTIONS
L'agent qui totalise 6 retards au cours d'un même mois reçoit un blâme. S'il totalise plus de 6 retards
au cours de la même période, il subira une sanction supérieure au blâme mais autre que la
révocation.
L'agent qui totalise 2 absences au cours d'une même période considérée, sera passible d'une sanction
immédiatement supérieure, voire même de la révocation.
Art. 8. - L'agent qui se déplace de son bureau ou de son lieu de travail sans motif valable, qui rend à
ses collègues des visites privées, qui engage des discussions sur des sujets ne concernant pas son
service comme des discussions sportives et mobilise le téléphone à cette même fin, est passible de
blâme.
En cas de récidive, il lui sera appliqué la retenue du tiers de salaire. La récalcitrante conduira à
48
Art. 9. - L'agent de permanence ou ayant la garde des clés qui s'absente sans motif valable, est puni
de blâme, si cette absence n'a occasionné ni préjudice à l'État, ni perturbation dans le fonctionnement
du service.
En cas de récidive ou s'il y a eu préjudice matériel et moral, la sanction pourra aller jusqu'à
l'exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire.
Art. 10. - L'agent qui refuse d'exécuter les ordres de son chef hiérarchique ou qui, à l'expiration du
délai d'exécution, ne se manifeste pas ou ne justifie pas l'inexécution par des raisons valables, est
passible de la retenue du tiers de son salaire.
En cas de récidive ou de préjudice grave occasionné à l'État par une telle attitude, l'agent sera
passible, suivant la gravité du préjudice, soit d'une exclusion temporaire de trois mois avec privation
de salaire, soit de révocation.
L'agent qui ne s'assure pas de l'exécution de ses ordres par ses subordonnés est passible des mêmes
sanctions.
Art. 11. - Est passible de révocation, l'agent qui, ayant sollicité une mutation, un transfert, un
détachement ou un congé, abandonne don poste d'attache avant que la formalité requise ne soit
accomplie, ou avant qu'une autorisation expresse ne soit donnée.
Art. 12. - L'agent qui ne répond pas à son affectation dans le délai imparti et sans raison valable, est
passible de révocation, lors même qu'il aurait introduit un recours contre une telle décision, étant
entendu que le recours n'est pas suspensif de l'exécution des ordres reçus.
CHAPITRE II COLLABORATION
Art. 13. - Le défaut de communiquer au chef hiérarchique tout fait ou toute information dont l'agent
a connaissance et qui est de nature à compromettre le bon fonctionnement du service, constitue un
manquement passible de blâme.
Art. 14. - L'agent qui, sciemment ou par méchanceté, induit en erreur son chef hiérarchique ou son
49
Art. 15. - Est passible de la retenue du tiers de son salaire, l'agent qui, par son comportement sape
l'autorité de ses chefs hiérarchiques ou détruit l'ambiance du travail, de même que l'agent qui profère
des injures à l'endroit de ces mêmes chefs, les dénigre ou les calomnie.
En cas de récidive et suivant la gravité du manquement, il sera appliqué à l'agent soit la retenue du
tiers de son salaire, soit une exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire.
Art. 16. - L'agent qui se livre à des voies des faits sur ses chefs est passible de la peine de
révocation.
Art. 17. - Est passible de la retenue du tiers de son salaire, ou d'une exclusion temporaire de trois
mois avec privation de salaire, selon le cas, le chef hiérarchique qui profère des injures à l'endroit de
ses subordonnés ou qui se livre à des voies de faits su ria personne de mêmes agents subordonnés.
En cas de récidive ou suivant la gravité du manquement, le chef hiérarchique concerné est passible
de la peine de révocation.
Art. 18. - L'usage abusif et inconscient des biens de l'État, consistant notamment en la dégradation
des biens mobiliers et immobiliers ou en l'usage à des fins privées, des véhicules, du matériel ou du
personnel de l'administration publique, sauf lorsque cet usage est expressément prévu comme
avantage complémentaire au bénéfice de l'agent, est passible, suivant l'importance du préjudice subi
par l'État, de la retenue du tiers du salaire ou de l'exclusion temporaire.
Lorsque le préjudice subi ne peut être compensé par u ne de ces deux sanctions, l'agent fautif sera
puni de révocation.
Le mauvais usage de ces documents et pièces est passible de blâme. En cas de récidive ou de
nécessité de reconstitution, il sera appliqué la retenue du tiers de salaire correspondant au coût de
remplacement.
50
Art. 20. - Est passible de la peine de révocation, sans préjudice des poursuites judiciaires, l'agent qui
sollicite, exige ou reçoit directement ou par personne interposée, même en dehors de ses fonctions,
mais en raison de celles-ci, des dons, gratifications ou avantages quelconques.
Il en est de même de l'agent qui, pour poser un acte régulier de son devoir, se fait remettre de
l'argent, se fait attribuer des faveurs ou s'en abstient.
Les faits mentionnés ci-dessus consistent notamment en un monnayage du traitement des dossiers ou
de leur signature ou en toute autre pratique visant à contraindre le requérant, agent ou administré, à
l'octroi de pourboire.
Art. 21. - Est passible de révocation, sans préjudice de poursuites judiciaires, l'agent qui se rend
coupable de vol des biens meubles et immeubles de l'État, de soustraction frauduleuse des
documents et de leur trafic.
Art. 22. - La même sanction de révocation sera infligée à tout agent reconnu coupable de concussion
ou convaincu d'avoir perçu ou ordonné de percevoir, à titre des droits, taxes, contributions, salaires
ou autrement, des sommes qu'i1 savait pertinemment ne pas être dues ou excéder ce qui était dû en
vertu de la réglementation en vigueur.
Il en est notamment ainsi des perceptions sans base légale ou sur base d'une disposition reconnue
abrogée.
Art. 23. - Sera passible de la peine de révocation, l'agent qui est conscient d'avoir établi ou fait
établir des faux documents ou d'en avoir fait usage ou tenté de le faire, ou d'avoir usé de toute
manœuvre frauduleuse pour procurer à lui-même ou au tiers des avantages illicites ou pour priver un
ayant droit de son dû.
Art. 24. - Sont passibles de révocation, l'usage de fausses déclarations ou le recours à des insertions
frauduleuses en vue d'acquisition ou d'octroi des avantages illicites, tel que la déclaration des enfants
fictifs ou non générateurs des avantages enviés, l'avancement des dates de naissance pour faire
perdurer la carrière et les allocations familiales, l'apport des mentions inexactes relatives à la
qualification.
CHAPITRE II IMPARTIALITÉ
Art. 25. - Sera passible de retenue du tiers de son salaire, l'agent qui aurait participé à une prise de
décision sur une affaire ou un objet dans lequel lui-même, son conjoint, parent ou allié a un intérêt.
En cas de récidive et en raison de l'importance du préjudice subi par l'État, il sera infligé à l'agent,
selon le cas, soit la peine d'exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire, soit celle de
51
révocation.
Sous peine des sanctions édictées ci-dessus et ce, proportionnellement à la gravité de la faute, l'agent
se récusera dans toute réunion d'adjudication mettant en compétition des soumissionnaires dont il est
parent, conjoint ou allié, s'il s'agit des personnes physiques, ou dans lesquels lui-même, son conjoint,
son parent ou son allié sont actionnaires, obligataires ou ont un intérêt quelconque, s'il s'agit des
personnes morales.
Art. 26. - Sera passible d'une exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire, l'agent
reconnu auteur d'actes ou de décisions ne s'appuyant sur aucune motivation administrative valable
ou pris en violation des instructions en vigueur.
Il en est de même de tout agent auteur d'actes dont il est fait preuve qu'ils sont motivés par le
tribalisme, le népotisme ou autres formes de comportement frisant le favoritisme ou le
sentimentalisme.
En cas de récidive et en raison de l'importance du préjudice qui en résultera pour l'État, l'agent est
passible de la peine de révocation.
Art. 27. - Tout excès de pouvoir ou l'intervention d'un agent dans un domaine ne relevant pas de sa
compétence ou dépassant celle-ci est passible de la peine d'exclusion temporaire de trois mois avec
privation de salaire.
En cas de récidive et en raison de l'importance du préjudice subi, il sera fait application de la peine
de révocation.
Art. 28. - Sera passible de révocation, l'agent qui aura exercé ou simplement accepté un mandat ou
service, même à titre gratuit, dans les affaires privées à but lucratif, sauf s'il s'agit de la tutelle des
incapables ou de la gestion ou du contrôle d'une entreprise au nom de l'État.
Il en sera notamment ainsi de tout agent qui aura accepté un mandat d'administrateur, de gérant, de
commissaire aux comptes ou de censeur dans une entreprise privée à but lucratif, non lié aux parts
de l'État, à la représentation ou à sa mission publique.
Art. 29. - Suivant la gravité de la faute, sera passible de la retenue du tiers de son salaire ou d'une
exclusion temporaire, l'agent à charge duquel il aura été établi qu'il a exécuté ou exécute à son lieu
de travail, et ce, sans autorisation préalable expresse, des travaux pour le compte des tiers.
Art. 30. - Moyennant autorisation préalable, l'agent peut, toutefois, pendant les heures de service,
donner des leçons particulières ou des cours dans des instituts ou dans des centres de
perfectionnement, se livrer à temps partiel à des travaux de recherches, donner des consultations,
sous réserve qu'aucun préjudice n'en soit porté à l'accomplissement régulier du service.
52
Art. 31. - L'exercice de toute activité commerciale, soit directement, soit par personne interposée,
est passible de révocation.
Art. 32. - Est passible de la peine de révocation, tout agent qui se livre à des opérations de prêt
d'argent à des taux d'intérêt usurier.
Art. 33. - Dans le cadre de la relance agricole et de la campagne pour l'abondance des denrées
alimentaires, ne sont pas réputées incompatibles avec la qualité d'agent de l'État, les activités
agricoles de production sous toutes leurs formes, allant des travaux de champ et de l'élevage jusqu'à
la formation, au fonctionnement et à l'administration de l'agro-industrie et au développement des
activités de distribution, et pour autant que ces activités ne s'exercent sous aucune forme pendant les
heures de service et ne servent d'aucun prétexte à l'inexécution des tâches incombant à l'agent.
Art. 34. - L'agent reconnu coupable, comme auteur, coauteur, instigateur, organisateur ou complice
des actes immoraux perpétrés aux lieux du travail, notamment le strip-tease, le nudisme, les ébats
amoureux, la séquestration des mineurs, le viol, l'ivresse publique, etc, sera passible de révocation.
• l'agent ayant fait l'objet d'une condamnation définitive à une servitude pénale égale ou supérieure à
trois mois;
• l'agent ayant fait l'objet, pour une quelconque durée, d'une condamnation judiciaire qui met à néant
sa dignité et son intégrité.
TITRE IV LOYAUTÉ
Art. 36. - Est passible de blâme, l'indiscrétion dans le chef de l'agent sur les faits dont il a
connaissance en raison de ses fonctions et qui présentent un caractère secret de par leur nature ou de
par les prescriptions de l'autorité hiérarchique.
En cas de récidive, et si l'indiscrétion porte sur des faits mineurs de nature à porter atteinte à
l'administration en général, il sera infligé à l'agent la retenue du tiers de son salaire.
La révocation de l'agent sera prononcée toutes les fois qu'il sera établi que son indiscrétion a mis en
cause le secret d'État, a permis ou visait la fuite des suspects, ou lorsqu'elle a causé ou devait causer
d'importants préjudices à l'État.
Sans préjudice du droit de poursuite de la personne lésée, et sauf gravité particulière valant
révocation, l'exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire sera infligée à l'agent
auteur d'une fuite d'information qui enlèverait la primeur aux communications ou violerait l'intimité
53
Art. 37. - Sera passible d'une exclusion temporaire de trois mois avec privation de salaire, l'agent
qui, sans autorisation expresse et particulière de l'autorité administrative compétente, accordera une
interview, fera une déclaration à la presse, publiera un article ou un ouvrage sur les activités du
service au sein duquel il œuvre, ou mettra en cause la politique administrative.
Les accusations anonymes ne peuvent motiver une sanction ni servir de base à l'ouverture d'une
action disciplinaire.
Art. 38. - Sans préjudice des poursuites judiciaires, est passible de révocation, tout agent reconnu
coupable d'atteinte aux idéaux du parti, à la sécurité intérieure et extérieure de l'État et à la
souveraineté nationale.
Est passible de la même peine, l'agent à propos de qui il est établi qu'il a adhéré, participé à un
groupement, à une organisation ou association dont l'activité poursuit la destruction de
l'indépendance nationale, porte atteinte à la souveraineté nationale et met en danger la défense du
pays.
Art. 39. - Sont passibles de la peine de révocation, les agents à propos desquels il est établi qu'ils
portent les armes contre le pays, qu'ils facilitent l'entrée du territoire national aux ennemis, qu'ils
sont en intelligence ou en correspondance suspecte avec une puissance ennemie ou ses sujets, en
fournissant des renseignements nuisibles à la sécurité du pays, en excitant les populations contre les
pouvoirs établis, en répandant de faux bruits de nature à compromettre la tranquillité et qui
organisent des bandes hostiles.
Art. 40. - Constitue une faute punissable soit d'exclusion temporaire de trois mois avec privation de
salaire, soit de révocation, en cas d'ostentation ou d'autres circonstances aggravantes, le fait pour un
agent de refuser, sans motif valable et justifié, de prendre part à des manifestations patriotiques ou à
une cérémonie officielle auxquelles il est régulièrement invité en sa qualité d'agent de l'État.
TITRE V : DIVERS
Art. 41. -Indépendamment des sanctions disciplinaires, tout agent qui aura octroyé à lui-même ou à
des tiers des avantages illicites par toutes sortes de manœuvres frauduleuses, tels que les fausses
déclarations, les insertions frauduleuses, les faux et usages des faux, au détriment du Trésor, pourra
être poursuivi à des fins de restitution de toute somme perçue indûment ou attribuée illicitement.
54
Art. 42. - Toute personne victime de concussion, des exigences et d'autres formes de spoliation de la
part d'un agent, peut poursuivre en justice ledit agent en récupération de son patrimoine.
Art. 43. - La poursuite judiciaire sera ordonnée à l'endroit de tout agent reconnu coupable de
dégradation des biens meubles et immeubles de l'État, lorsque cette dégradation dépasse les moyens
disciplinaires de compensation.
Art. 44. - Pourra faire l'objet des poursuites judiciaires à des fins de restitution de toute somme
perçue indûment, toute personne bénéficiaire d'une pension ou d'une rente de l'État qui aura continué
à la percevoir en tout ou en partie après avoir cessé d'y avoir droit par le remariage du conjoint
vivant, l'émancipation ou la fin de la scolarité des enfants à charge, le décès de l'un ou l'autre.
Art. 45. - Le personnel de la fonction publique en mission d'inspection est habilité, à titre
exceptionnel, à ouvrir directement l'action disciplinaire contre tout agent qui commet une faute, soit
de manière flagrante, soit par voie de contrôle.
Ne peuvent donner lieu à sanction, au titre de manquements, que des faits précis prouvés et
imputables à l'agent.
Art. 46. - Sous peine d'annulation de la sanction et sans préjudice de l'application de l'article 26,
toute décision disciplinaire doit être suffisamment et valablement motivée, en mentionnant
notamment les faits d'une manière claire et précise, en fournissant des arguments d'ordre
administratif avec indication des circonstances de temps et de lieu et des règles violées.
Art. 47. - Aucun agent ne peut faire l'objet d'une quelconque sanction sans avoir été en mesure de
présenter ses moyens de défense. Aucun grief ne peut être valablement imputé à un agent si ledit
grief n'a fait l'objet d'un document dûment notifié à l'intéressé. De même, aucune pièce ne peut être
utilisée contre lui sans qu'il n'en ait eu connaissance.
Le refus éventuel, de la part d'un agent, de fournir ses explications ou l'impossibilité de les obtenir,
en cas de sa fuite ou de sa disparition, doit être mentionné dans la motivation.
Art. 48. - Tout cas de force majeure est exonératoire de responsabilité disciplinaire de l'agent, sauf
lorsque l'agent se met délibérément dans une telle situation.
Art. 49. - Les fautes énumérées dans la présente ordonnance ne le sont qu'à titre indicatif.
L'énumération ainsi faite n'enlève pas aux autres manquements institués par des lois et d'autres
règlements en vigueur leur caractère fautif et punissable.
CONCLUSION
La déontologie professionnelle peut se résumer dans l’ensemble des principes, des devoirs ou
des obligations éthiques à observer dans l’exercice d’une profession particulière. Elle se situe à mi-
chemin entre l’éthique et le droit, car elle comporte, d’une part, des exigences qui coïncident avec les
vertus morales dont la transgression est sanctionnée par sa propre conscience individuelle ou par des
textes disciplinaires de bonne conduite professionnelle, et d’autre part, des exigences qui coïncident
avec des règles de droit dont la transgression est sanctionnée par l’autorité publique.
Parmi les principales interprétations de la déontologie professionnelle, nous avons retenues
cinq, notamment la déontologie comme étant respectivement, une autorégulation d’une profession
particulière, un ensemble des moyens non gouvernementaux d’assurer la responsabilité sociale, un
idéal d’une bonne conduite professionnelle, un vecteur d’intégration dans une association
professionnelle et un ensemble des sanctions ou des peines disciplinaires
Ces différentes interprétations se trouvent théoriquement fondées dans sept perspectives
théoriques à savoir : le principe de la Mâat comme fondement de l’harmonie anthropo-socio-
cosmique dans l’Egypte pharaonique, Aristote et l’éthique téléologique du bonheur, Emmanuel Kant
et la morale déontologique, Emmanuel Levinas et l’éthique de la responsabilité envers autrui, John
Rawls et les principes fondamentaux de la justice distributive comme équité, Paul Ricœur et la
conception de l’éthique comme visée de la vie bonne, avec et pour les autres, dans les institutions
justes, enfin Hans Jonas et l’éthique de la responsabilité envers la nature et les générations futures.
Les principes déontologiques fondamentaux et généraux qui en découlent sont: le respect de la
dignité humaine, le respect du bien commun, le sens de responsabilité et de la conscience
professionnelle, le respect du secret professionnel, le sens de l’excellence et du travail bien fait, le
sens de la loyauté, la gestion rationnelle du temps, et le sens de la piété.
Ces principes fondamentaux et généraux se trouvent codifiés de différentes manières dans les
codes de conduite de différentes professions particulières telles que la déontologie de la gestion
informatique, la déontologie des affaires et la déontologie de la fonction publique ; ces différents
codes de conduite devant être à leur tour en harmonie avec les instruments juridiques adoptés au
niveau national et international.
56
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
- BENTHAM Jeremy, Déontologie ou science de la morale, ouvrage posthume, revu, mis en ordre et
publié par John BOWRING, Paris, Ed. Charpentier, 1834.
- DE QUIRINI Pierre, Petit dictionnaire des infractions, Mis à jour par AKELE Adau Pierre,
Kinshasa, Ed. CEPAS, 2001.
- FOULQUIE Paul, Nouveau précis de philosophie II. Logique. Morale ,
- GALICHET François, « Ethique et déontologie de l’enseignement » sur Site web http://
philogalichet.fr/wp-contenu/ uploads.2011/10/ Ethique-et-
déontologie-de l’enseignement.pdf. consulté le 12/10/2013 à 19h22.
- JEAN-BERTAND Claude, La déontologie des médias, Paris, PUF, 1999.
- JEGENEAU Gh., Bref aperçu du droit congolais du travail. Précis pratique à l’intention
des petits employeurs et des ouvriers, des O.N.G., A.S.B.L., centres privés
d’action sociale et culturelle, etc., Likasi (R.D.C.), Ed. SHALAMO, 2000.
-KANT Emmanuel, Critique de la raison pratique, trad. L. Ferrry et H. Wismann Paris,
Gallimard Folio, 1985.
-KANT Emmanuel, Fondement de la métaphysique des mœurs, trad. Renault, Paris,
Flammarion G.F., 1994.
- LINARD André, Droit, déontologie et éthique des médias, Agence de la francophonie, (sl.),
(sd.).
- LUSENGE LINALYOGHA, Ethique et déontologie professionnelle. Notes de cours
destinées aux étudiants de G3 Pédagogie, UPN/Kinshasa, 2015-2016.
- NAJI Jamal Eddine, Média et journalistes, Rabbat (Maroc), Université Mohammad IV-
Souissi, 2002.
- OBENGA Théophile, La philosophie africaine de la période pharaonique. 2780-330 avant notre
ère, Paris, Ed. L’Harmattan, 1990, pp. 169-176.
- OPONT Pierre-Louis, « Ethique et fonction publique », in Unité de lutte contre la
corruption (ulcc), Août 2007.
- PALUKU MAKOMERA Henri, Essence, paradoxes et enjeux de la justice selon Paul
Ricœur. Une articulation éthico-morale et juridique, Extrait de
thèse de doctorat, Rome, Université Saint Thomas d’Aquin, 2007.
-PALUKU MAKOMERA, « De l’essence et des finalités de la justice dans la perspective
philosophique de Paul Ricœur », in Annales de l’ISP Muhangi à
Butembo, Vol.1. N°5 (Juillet 2014), pp. 71-124.
- RAWLS John, Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1987.
- ----------------------, La justice comme équité Une reformulation de « Théorie de la justice »,
57