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Tronc commun : licence fondamentale,

S1 Droit en français

METHODES DES SCIENCES JURIDIQUES ET


SOCIALES

Pr. Hicham BOUISFI

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BIBLIOGRAPHIE

Madeleine GRAWITZ, méthodes des sciences sociales, Ed DALLOZ 2001

Durkheim (Emile), Les règles de la méthode sociologique, Champs-Flammarion,


1988 (1ère éd. 1898).

Jean-Louis Loubet del Bayle, Initiation aux méthodes des sciences sociales,
l’Harmattan 2000

Manuel de recherche en sciences sociales, Luc Van Campenhoudt, Jacques Marquet


Raymond Quivy, Dunod, 2017

Piaget (Jean), Epistémologie des sciences de l’homme, Gallimard, coll. Idées, 1971.

Albarello (Luc), Pratiques et méthodes de recherche en sciences sociales, Armand


Colin, coll. Cursus, 1995.

Becker (Howard S.), Les ficelles du métier. Comment conduire sa recherche en


sciences sociales, La Découverte, « Guides Repères », 2002 (1ère éd. 1998).

Dépelteau (François), La démarche d’une recherche en sciences humaines. De la


question de départ à la communication des résultats, Bruxelles, De Boeck Université,
« Méthodes en sciences humaines», 2000.

Seiler (Daniel-Louis), 2004, La méthode comparative en science politique, Paris,


Dalloz-Sirey.

The Political System. An Inquiry into the State of Political Science, “DAVID
EASTON 1953”

A Systems Analysis of Political Life “David EASTON” 1965

The Structure of Social Action, “Parsons, Talcott » (1937)

The Social System, «ParsonsTalcott » (1951)

Social Systems and the Evolution of Action Theory, “Parsons Talcott » (1977)

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Introduction

L’émergence des sciences sociales dans les sociétés contemporaines résulte des premières
tentatives des Etats-nations à faire face aux conséquences sociales de l’industrialisation
capitaliste. Les sciences sociales étaient perçues par les responsables au sein de l’Etat comme
un moyen d’humaniser le fonctionnement du marché et les processus de production, soit, en
d’autres termes, d’assurer l’ordre social sur le territoire national. Les sciences sociales
constituent une branche des sciences humaines, c’est-à-dire des sciences qui ont l’homme
et ses activités pour objet d’étude. L’homme ne s’étudie pas exactement de la même
manière qu’un objet physique, une plante ou un animal. Les sciences sociales se distinguent
des disciplines qui étudient les aspects physiques de l’homme, comme la médecine, ou qui
envisagent les hommes en tant qu’individus, comme la psychologie. Les sciences sociales
étudient une catégorie particulière de phénomènes humains : les phénomènes sociaux, les
faits sociaux1.

1
RogerMucchielli (psycho-sociologue et psychopédagogue français) définit « les sciences sociales comme les
sciences qui ont pour objet l’homme dans ses relations avec les autres humains et avec l’environnement
régulateur ou modeleur de ces relations ».

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PARTIE I: LA DEMARCHE DE RECHERCHE EN SCIENCES
SOCIALES

CHAPITRE I : L’OBJET DES SCIENCES SOCIALES.

« Les sciences sociales sont-elles des sciences ? ». C’est une question qui est régulièrement
posée des deux côtés de la frontière qui sépare sciences de la nature d’un côté et sciences
humaines de l’autre.

Pour expliciter les principales démarcations qui distinguent les sciences sociales, on va
aborder leur typologie (section I), et leurs caractéristiques (section II), avant d’exposer
les principales approches classiques (section III).

SECTION I: TYPOLOGIE :

§I-Sociologie:

La sociologie est l’étude de la réalité sociale. La sociologie naît en tant que science à partir du
moment où les faits sociaux sont observés en dehors de tout jugement de valeur. Les
précurseurs sont nombreux : Aristote, Hobbes, Spinoza et surtout Montesquieu.

Le mot de sociologie est une invention d’Auguste Comte (1798 – 1850) qu’il substitue dans
son cours de philosophie positive (vol. IV) à la notion de « physique sociale » utilisée
jusqu’alors. Il situe la place de la sociologie dans les autres sciences sociales et s’emploie à
définir ses liens avec l’histoire et l’ethnographie. Spencer (1820 – 1903) est le premier
représentant d’une sociologie à tendance naturaliste et le premier utilisateur des notions de
structure et fonction empruntées à la biologie. Gurvitch souligne, la mission du sociologue
« se reconnaît d’abord à sa capacité de dévoiler les antinomies et les tensions latentes propres
à une réalité sociale donnée, envisagée comme phénomène social ». La sociologie est une
branche et une discipline des sciences humaines et sociales qui a pour objectif de rechercher
des explications et des compréhensions typiquement sociales, et non pas mentales
ou biophysiques à des phénomènes observables, afin d'en montrer leur « nature »

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sociologique. La sociologie peut se découper en deux grandes orientations principales : l'une
de ces orientations est la recherche fondamentale et l'autre la recherche appliquée,

-La recherche fondamentale vise à approfondir les connaissances théoriques des processus
sociaux, recherche n’ayant pas une application immédiate, peut contribuer à avancer les
connaissances, la science, etc.

-Tandis que la recherche appliquée vise à influencer les politiques publiques. Elle est
généralement orientée vers la résolution d’un problème pratique, son application est
immédiate; elle peut contribuer à améliorer la vie pratique. Ces deux orientations peuvent
s'enchevêtrer.

-Son objet: La sociologie informe les politiciens et les autorités publiques, les éducateurs,
les travailleurs sociaux, les législateurs, et de nombreux autres organismes et décideurs ainsi
que tous ceux intéressés par la résolution de problèmes sociaux. (De
nombreux sociologues sont aujourd'hui employés par des institutions publiques, des
collectivités territoriales ou des entreprises privées à fin d'expertise ou de consultance).

Sa finalité: La sociologie naît dès lors non seulement de la volonté de décrire la vie sociale
mais également d'apporter des réponses aux troubles sociaux. Il faut souligner que la
différence entre la sociologie et les discours politiques ou littéraires réside dans le fait que la
sociologie s'efforce d'apporter une réponse « scientifique » à ces questions.

-les précurseurs: Si la sociologie voit en Durkheim son « père fondateur », c'est en partie
parce qu'il est le premier à aborder la sociologie comme une discipline scientifique. Il
construit les bases d'une méthodologie scientifique pour la sociologie, en particulier dans
l'ouvrage « les Règles de la méthode sociologique(1895) » et dans la continuité de la division
du travail social (1893) livre qui est issu de sa thèse. Durkheim est à l'origine de plusieurs
termes qui sont aujourd'hui très connus, comme:

-Conscience collective (L’expression a été d’abord utilisée dans plusieurs de ses ouvrages
«De la division du travail social (1893), Les règles de la méthode sociologique (1895), Les
formes élémentaires de la vie religieuse (1912), Le suicide (1897)», selon cette théorie, une
société, une nation, un groupe constituerait une entité se comportant comme un individu

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global. La conscience collective est une notion qui se rapporte aux croyances,
comportements et objets mentaux partagés dans une collectivité et fonctionnant comme une
force séparée et généralement dominante par rapport à la conscience individuelle.

L'apport de Durkheim à la sociologie est fondamental, puisque sa méthode, ses principes et


ses études exemplaires, comme celle sur le suicide, constituent toujours les bases de la
sociologie moderne. Toutefois, l'apport de son œuvre va bien au-delà de cette discipline et
touche presque toutes les disciplines dans les sciences humaines, dont l'anthropologie, la
philosophie, l'économie, la linguistique et l'histoire.

La méthode de Max Weber: Pour Weber, le but de la sociologie est de : « (…) comprendre
par interprétation l'activité sociale et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses
effets ». Max Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive. La
sociologie compréhensive de Max Weber est une démarche scientifique permettant la
compréhension d’un fait social. Elle peut être comprise comme une démarche en trois
étapes: la compréhension, l’interprétation et l’explication du fait social. Cette sociologie est
traditionnellement associée à Max Weber. La vitalité de la sociologie consiste en sa forte
spécialisation en disciplines secondaires: sociologie politique, économique…etc.

§II-Anthropologie :

Son Objet: Comme les autres disciplines des sciences sociales, l’anthropologie a donc pour
objet d’appréhender les rapports sociaux, mais elle se caractérise essentiellement par : une
méthode de production des connaissances fondée sur l’enquête de terrain, appelée aussi
l’observation participante, (introduite par l'anthropologue et ethnographe polonais Bronislaw
Malinowski). Avec l'observation participante2, l'ethnologue s'immerge pleinement dans la
vie sociale où il prend un rôle réel, participe aux rites et aux institutions. Cette méthode
consiste donc à étudier une société en partageant son mode de vie, en se faisant accepter par
ses membres et en participant aux activités des groupes et à leurs enjeux. Il s'agit donc pour le
chercheur, de pratiquer une immersion participante sur leur terrain d'enquête durant
idéalement plusieurs années. L'anthropologie étudie principalement les rites et les croyances,

2
Voir supra

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les structures de parenté et les institutions. L’anthropologie est considérée comme la
discipline qui décrit les mœurs des différents peuples primitifs et archaïques.

Sa démarche: La démarche anthropologique « prend comme objet d’investigation des unités


sociales de faible ampleur à partir desquelles elle tente d’élaborer une analyse de portée plus
générale, appréhendant d’un certain point de vue la totalité de la société où ces unités
s’insèrent.

Spécificité:

L'anthropologie est une science, située à l'articulation entre les différentes sciences
humaines et naturelles, qui étudie l'être humain sous tous ses aspects, à la fois physiques,
(anatomiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.)et culturels (social, religieux, p
sychologiques, géographiques).

§III L’histoire :

Elle est considérée comme la discipline qui se préoccupe de la connaissance du passé.

Objet: L'histoire est la science qui a pour objet la reconstitution et l'explication du passé
de l'humanité. C'est l'ensemble des événements qui ont eu lieu dans le passé.

Les objectifs de l'histoire sont donc au départ centrés sur l'histoire militaire, l'histoire
politique et l'histoire religieuse. L'histoire voit progressivement son champ s'élargir vers
l'histoire diplomatique, l'histoire sociale, l'histoire culturelle ou encore l'histoire économique.

§IV-Démographie

Objet:

La démographie a pour objet l’étude de l’état et des mouvements des populations humaines.
Par état de population on entend l’importance numérique de la population, la répartition de
ses membres dans l’espace, sa composition par sexe et par âge, par profession et même son
niveau d’instruction et son état de santé.

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Sa finalité: La démographie se trouve donc au centre des politiques de populations,
des politiques d'immigration, mais également des politiques sociales. Le démographe
analyse les variations de ces éléments dans le temps et dans l'espace, en fonction des milieux
socio-économiques et culturels.

§V- Science politique :

Selon M. Duverger « la science politique est la dernière-née des sciences sociales. Longtemps
science du gouvernement des Etats, est devenue plus généralement la science du pouvoir ».

Son objet: La science politique est une discipline dont l’objet s’articule autour d’une
approche fondée sur l’observation des phénomènes, la formalisation, la systématisation des
faits politiques, et la modélisation des rapports sous-tendent ces faits de façon à pouvoir en
ressortir des théories et des lois.

Sa finalité: La science politique consiste à étudier les processus politiques mettant en jeu des
rapports de pouvoir entre les individus, les groupes au sein de l'État. La science politique est
divisée en sous-disciplines. Parmi les sous-disciplines les plus importantes, mentionnons :
la philosophie politique, les relations internationales, la politique comparée, l'étude
des comportements électoraux, l'administration publique et les politiques publiques.

Historique: Les premières réflexions sur les problèmes politiques remontent au Ve –
 IVe siècle avant notre ère, avec des philosophes, tels Platon (427 à 347)
et Aristote (384 à 322) ou des historiens tel Thucydide (-460 à -395) qui commencèrent à
théoriser les affaires de la Cité et ce qui se rapporte à la science du gouvernement.

Les précurseurs: Nicolas Machiavel, Philosophe, politique de première importance, il est


l'un des fondateurs de la politique moderne et ses écrits inspireront plusieurs grands
théoriciens de l'État, notamment Jean Bodin, Thomas Hobbes et John Locke. Il s'intéresse
plus aux mécanismes de gouvernement qu'à une quelconque science politique à proprement
parler. Il n'étudie pas la question de la légitimité du pouvoir mais les moyens de son
établissement et de sa conservation. Son influence serait sensible jusque chez René

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Descartes, et d'autres auteurs du XVIIe siècle. Le Testament3 de Richelieu porte sa marque,
et dans une certaine mesure, toute la politique de la monarchie absolue peut lui être
rattachée. Il rendit à la politique le service de la détacher entièrement de l'utopie et de
la religion. Sa volonté de séparer la politique, de la morale et de la religion marque
également profondément la philosophie politique.

§VI-Sciences économiques

Les sciences économiques (ou la science économique ou encore l'économie) est


une discipline des sciences humaines et sociales qui étudie de façon scientifique le
fonctionnement de l'économie c'est-à-dire la description et l'analyse de la production,
des échanges et de la consommation des biens et des services.

Son Objet: on distingue deux branches qui se distinguent par leurs objets d'étude et leurs
méthodes : la macroéconomie et la microéconomie.

La macroéconomie étudie les grands agrégats économiques (l'épargne, l'investissement,


la consommation, la croissance économique), alors que

la microéconomie étudie le comportement des agents économiques (individus, entreprises) et


leurs interactions, notamment sur les marchés.

Méthodes: L'usage des méthodes statistiques en économie s'est développé avec la création
de la Société d'économétrie en 1930. Depuis lors, l'économétrie n'a cessé de se développer et
de prendre une importance croissante au sein de la science économique.

Les méthodes expérimentales sont devenues une méthode à part entière en sciences
économiques pour valider empiriquement la pertinence des théories économiques.

3
Ce testament contient un programme voué à la défense des intérêts de l’Eglise et de la France. Il veut
réhabiliter le mérite par rapport à la faveur, mettre fin à la corruption. Il met en garde contre le pouvoir excessif
des parlements – ces tribunaux qui aspirent à jouer un rôle politique. Et il rappelle bien évidemment que le
premier fondement du bonheur d’un Etat est l’établissement du règne de Dieu)

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§VII-Science juridique

Objet: Considéré comme faisant l'objet d'une science spéciale, la science juridique comprend
l'ensemble des règles qui gouvernent les hommes vivant en société et dont l'exécution est
assurée par la force publique. Toute catégorie de règles de conduite pour laquelle cette
coercition extérieure fait défaut reste en dehors du domaine du droit.

Le juriste étudie les textes afin de pouvoir fixer les obligations et les droits de chaque
membre de la société. Considérant ces textes comme des données, il s’efforce de voir
comment on doit les appliquer dans chaque situation. C’est pourquoi on dit que la science
juridique est une discipline normative.

-La sociologie Juridique:

La sociologie du droit (ou sociologie juridique) est la branche (ou sous-discipline) de


la sociologie qui étudie les phénomènes juridiques. Cette discipline entretient des rapports
complexes avec le droit d'une part, et la théorie du droit d’autre part. La sociologie Juridique
étudie comment le système social se reflète dans son système juridique. La sociologie
juridique est réellement une science juridique dans la mesure où elle étudie les constitutions,
les lois en les considérants comme des faits sociaux qu’elle cherche à relier à d’autres faits
sociaux. Ce n'est cependant qu'après la seconde guerre mondiale que la sociologie du droit
s'imposa progressivement dans les facultés de droit, en particulier sous l'égide d’Henri Lévy-
Bruhl.
SECTION II:CLASSIFICATION DES SCIENCES

La première distinction oppose les sciences formelles (logique et mathématique) aux


sciences empiriques (sciences naturelles et sciences de l’homme). Les sciences formelles ne
nous apprennent donc rien sur le monde extérieur : elles produisent des énoncés
«tautologiques », Les sciences empiriques, au contraire, nous parlent du monde extérieur et
produisent des énoncés qui nous visent à décrire ou expliquer ce qui s’y passe. Les sciences
empiriques explorent le monde sensible, en s'appuyant sur l’expérimentation ou
l’observation. Il va de soi que les sciences sociales font partie des sciences empiriques.

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§I- CARACTERISTIQUES DES SCIENCES SOCIALES :

Les frontières entre les sciences sociales sont utiles, parce qu’elles permettent à un moment
donné de se concentrer sur un aspect du comportement humain et d’en dégager les grandes
caractéristiques. Si l’on voulait étudier la totalité du comportement humain « en bloc », on se
trouverait face à une réalité complexe, dont il serait à peu près impossible de dire quelque
chose de sensé. Il en résulte que si les distinctions entre les sciences sociales sont utiles, il
s’agit cependant de distinctions analytique, en n’oubliant jamais que dans la réalité, tous ces
aspects sont entremêlés, et qu’il ne faut donc pas établir de frontières rigides entre les
disciplines.

§II- VOCABULAIRE DES SCIENCES SOCIALES:

1– La théorie

Objectif:

La théorie est une explication de comment fonctionne la réalité. Une bonne théorie identifie
les facteurs et les processus qui structurent une partie de la réalité sociale et en dégage et
identifie des lois afin de les expliquer.

La théorie guide l’organisation des faits, elle va relier les faits les uns aux autres.

Le but d'une théorie est d'expliquer un ensemble de phénomènes.

En sciences sociales, les théories répondent à la question «Pourquoi les individus font-ils ou
pensent-ils ceci ou cela ?».

-Selon Robert Cox, dans son ouvrage Social Forces, States and World Orders: Beyond
International Relations Theory, « la théorie est toujours pour quelqu’un et dans quelques buts.
Il n’est pas possible d’avoir une théorie entièrement neutre, elle est toujours au service d’une
cause ».

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2- Le concept

Les concepts sont à la théorie ce que les faits sont à la réalité.

Objet: Le concept va dès lors être un outil, une aide à la compréhension. Le concept est un
élément indispensable à toute recherche. Il organise la réalité en retenant les caractères
distinctifs, significatifs des phénomènes. Le concept en tant qu’outil, fournit un moyen
d’imaginer ce qui n’est pas directement perceptible.

La finalité:

Dans tout travail réputé scientifique, il importe que le concept utilisé soit clairement défini et
placé avec précision dans le cadre d'une théorie précise. Dans la vie de tous les jours, ces
concepts servent à mieux distinguer les objets, à nommer les phénomènes de manière plus
précise, à expliquer notre quotidien.

Votre problématique a justement pour but de décrire et d'expliquer un phénomène en


particulier, celui de votre choix (thème). Elle contient donc de nombreux concepts
scientifiques. Le concept consiste à énumérer les propriétés d'une classe de phénomènes ou
d'objets. Une propriété est une caractéristique du phénomène ou objet que l'on cherche à
préciser et, éventuellement à observer. Par exemple, les chiens forment une classe d'objet; on
dit aussi concept.

3-Le fait scientifique

Etymologiquement, le mot « fait » désigne ce qui a été fait (factum), c'est-à-dire


effectivement réalisé. Dans l'usage courant, on considère comme fait ce qui est réel par
opposition à ce qui soit imaginé. Il n’est pas une construction de la pensée, mais une réalité à
laquelle on accède avant toute construction intellectuelle. Tout réel observable constitue un
fait. Cependant, un fait n'est pas identique pour toutes les sciences.

Spécificité:

Le fait n'est pas porteur de signification univoque et universelle. Le fait doit être placé dans
une chaîne de causalité propre à une discipline donnée pour être construit. Ainsi, on peut dire

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que le même fait (ou ensemble de faits) aura un sens différent selon qu'on l'étudie dans un
cadre juridique, sociologique ou politique.

4-Le modèle

Le terme de modèle a pu être utilisé de façon très ancienne par les artisans modeleurs, les
tailleurs de pierre, les architectes comme en témoigne l'étymologie du mot: le latin
«modulus» désignait à l'origine «la mesure servant à établir les rapports de proportion entre
les parties d'un ouvrage d'architecture».

Objet: Les modèles peuvent servir les buts de la connaissance de deux manières
différentes, soit en permettant uniquement de décrire ou de prévoir, soit en permettant
d’expliquer les phénomènes étudiés.

Toute recherche scientifique doit en principe aboutir à modéliser ce qu'elle a pris


comme objet d'étude.

SECTION III : LES APPROCHES CLASSIQUES EN SCIENCES SOCIALES

On entend souvent parler d’approche à caractère rationaliste, matérialiste ou encore


structuraliste, fonctionnaliste…, qui sont plutôt des modes opératoires globaux de la
science, et caractérisent certaines manières d'opérer. Il est donc très important d'en
connaître les plus largement répondus :

§I Le rationalisme :

Historique: Le rationalisme est né d'une longue tradition qui remonte aux anciens Grecs,
cela remonte au moins au fameux mythe de la caverne de Platon4 où la connaissance est
présentée comme un phénomène d'illumination de l'esprit de certains humains qui entrent
épisodiquement en relation avec ce monde abstrait et supérieur qu'est le monde des idées.

4
L’allégorie de la caverne, Platon le Livre VII de La République

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Objet: Pour les rationalistes, il n'y a de vrai savoir que celui qui est élaboré et construit par la
raison de l'homme, tout le reste n’est qu’illusion. Le rationalisme est la doctrine qui pose
la raison discursive comme seule source possible de toute connaissance réelle.

Evolution:

Descartes, avec son Cogito ergo sum qui signifie " je pense donc je suis ", devient ainsi l'un
des principaux représentants du rationalisme moderne. Il concrétise son projet en publiant
plusieurs ouvrages de philosophie, notamment le célèbre Discours de la méthode (1637), et
les Méditations métaphysiques (1641). Il en résulte que la raison, contenant des principes
universels exprimant des vérités éternelles, est immuable et identique en chaque homme.

§II L’empirisme

Objet:

L’empirisme consiste à mettre la raison au niveau du fait observé. Il affirme que l’origine de
la connaissance se trouve dans l’expérience.

Il est à la base de la méthode expérimentale qui a permis l'évolution considérable de


sciences telles que la physique et la biologie. Il a des implications non seulement
en philosophie et épistémologie, mais aussi dans divers domaines
d'étude : psychologie, sciences cognitives et linguistique en particulier.

Les précurseurs:

Comme l'explique John Locke dans l’Essai sur l’entendement humain de 1690 « Il décrit
l’esprit à la naissance comme une table rase ensuite remplie par l’expérience ». Francis
Bacon est le père de l'empirisme sous sa forme moderne. Il pose le premier les fondements de
la science moderne et de ses méthodes. D'après Bacon, nos théories scientifiques sont
construites en fonction de la façon dont nous voyons les objets. Il préconise un raisonnement
et une méthode fondés sur le raisonnement expérimental.

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Spécificité: L'empirisme accompagna ainsi la naissance de la science moderne, caractérisée
par son utilisation massive de la méthode expérimentale. Les empiristes ne nient pas que
la raison puisse jouer un rôle dans le processus de la connaissance. Ils refusent seulement
l'idée qu'il puisse y avoir des connaissances purement rationnelles et ils mettent l'accent sur
la méthode expérimentale.

§III Le matérialisme

Le matérialisme apparaît très tôt dans l’antiquité, il s’agit du matérialisme mécaniste né aux
VI et V siècle av J.C par Thalès et Héraclite frappés par le fait que tout est mouvement dans
la nature. Le principe du marxisme selon lequel « ce sont les circonstances qui font la
conscience et non la conscience qui fait les circonstances» illustre très bien la démarche
matérialiste. Selon MARX « les idées que l’on se fait sur les choses ne sont que le monde
réel, matériel, exprimé et réfléchi dans la tête des hommes, c'est-à-dire qu’elles sont édifiées à
partir de la pratique et du contact actif avec le monde extérieur par un processus complexe. »

Spécificité: Le matérialisme cherche donc à expliquer les phénomènes qui se passent dans
une réalité quelconque à partir des éléments concrets (matériels) de cette même réalité.

§IV Le fonctionnalisme :

L’approche fonctionnaliste en sciences sociales vise à expliquer les phénomènes sociaux par
le rôle, la fonction qu’ils assurent dans l’ensemble social auquel ils appartiennent. Le
fonctionnalisme constitue une source majeure d'inspiration pour d'importants sociologues
contemporains, notamment Robert K. Merton, Talcott Parsons, Malinowski et Radcliffe-
Brown.

Objet: Le fonctionnalisme se présente comme une approche qui dégage d'abord le mode de
fonctionnement des systèmes étudiés (leurs fonctions) et ensuite ce qui gêne ce
fonctionnement (les dysfonctions) et enfin trouver les moyens de rétablir la fonctionnalité de
l'ensemble.

Dans la pratique, on distingue différents types de fonctionnalisme :

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1- Le fonctionnalisme absolu: il s’appuie sur trois postulats: l’unité fonctionnelle de la
société (chaque élément est analysé par rapport à l’ensemble), l’universalité de la fonction
(chaque élément a effectivement une fonction), la nécessité de la fonction (chaque élément
du système est indispensable au tout)

Les fonctionnalistes (Malinowski, Radcliffe Brown): leur analyse se penchait sur la façon
dont toutes les parties de la société étaient fonctionnellement reliées entre elles dans un tout
équilibré. Dans son ouvrage « Théorie scientifique de la culture » Malinowski démontre que
si la société est un tout qui fonctionne, tout à l’intérieur de la société a une fonction.

Le fonctionnalisme limité : Dans ce cas le cadre de référence peut être un segment de la


société et non la société globale. Talcott Parsons et la plupart des fonctionnalistes parsoniens
ont limité leur attention totalisante à une partie de la société de leur choix et se sont efforcés
de montrer comment elle est fonctionnellement reliée à l’ensemble de la société.

§V- l’approche structurelle :

Cette approche se rapporte à la manière dont une chose est construite dont les éléments d’un
tout sont agencés par rapport aux autres. Il s’agit ici de découvrir en quelque sorte la structure
de l’objet étudié. Par structure, on parle d’un ensemble de caractères interdépendants comme
la structure de l’organisme par exemple.

Dans une structure les caractéristiques de l’ensemble ne résultent donc pas tellement de la
nature des éléments qui le constituent, mais des relations et des interactions qui s’établissent
entre ces différents éléments. Au centre d’un type structural, se trouve l’idée d’un ensemble
défini essentiellement par les relations existant entre ses éléments constitutifs.

VI- L’approche systémique :

Evolution: L'étude formelle des systèmes est apparue au XIXe siècle avec la naissance de
l'industrie. C'est à ce moment-là que furent conceptualisées les notions de régulation et de
contrôle, essentielles au fonctionnement sans risque des machines à vapeur.

La nouvelle approche des systèmes se développe aux États-Unis pour répondre à des
problèmes divers : mise au point d’instruments de guidage des missiles, modélisation du

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cerveau humain et du comportement, stratégie des grandes entreprises, conception et
réalisation des premiers grands ordinateurs…En science Politique, cette approche consiste à
distinguer dans la réalité deux parties: le système et son environnement.

Précurseur: David Easton propose dans son approche « une analyse systémique repose sur la
notion d’un système immergé dans son environnement et sujet de la part de celui-ci à des
influences ». L’environnement étant constitué par l’ensemble des objets dont un changement
affecte le système et qui sont eux même affectés par les variations de celui-ci.

David Easton se propose comme un cadre théorique pour l’étude du système politique qu’il
définit comme « l’ensemble des interactions par les quelles les objets de valeur sont répartis
par voie d’autorité dans une société ». Il considère le système comme une boite noire, sa
démarche consiste à analyser les rapports de système avec l’environnement auquel il
appartient et qui est lui-même divisé en deux parties, interne et externe de la société. La
partie interne comprend le système économique, le système culturel, le système social. La
partie externe comprend le système politique international.

Spécificité: Dans l’approche systémique, il s’agit d’étudier les relations entre les éléments du
corps et le corps lui-même. Apparue progressivement au milieu du xxe siècle,
la systémique s'est construite en opposition à d'autres formes de réductionnisme, qui tendent
à découper le tout en parties indépendantes et montraient leurs limites dans la compréhension
de la réalité.

§-VII L’approche dialectique :

Dans cette approche, il s’agit de saisir le tissu de significations d’une notion en cherchant ses
contradictions. En fait, l’approche dialectique représente une tentative d’explication des faits
sociaux.

Les précurseurs:

Hegel (philosophe allemand, 1770-1831) conçoit la dialectique comme l'enchaînement des


contradictions qui engendrent l'histoire de l'humanité. Le système hégélien est basé sur la
notion de dialectique : mouvement perpétuel, conflictuel et synthétique dans toute chose

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constituant l'univers. La vérité, dans sa constitution intellectuelle obéirait au même principe :
elle naît de la confrontation des opposés dans un processus continu thèse-antithèse-synthèse.

Le système hégélien soumet tout fait (ou série de faits) à étudier, à l'analyse systématique de
ses processus de formation qui sont tous soumis à la loi dialectique de l'affrontement des
contraires. De ces affrontements naissent des synthèses qui, à leur tour, entrent en
contradiction avec d'autres éléments et ainsi de suite... L'analyse de l'histoire à travers la lutte
des classes (Karl Marx) en est une application (les classes dominantes de chaque mode de
production, féodal, précapitaliste, capitaliste..., engendrent des classes antagonistes :
bourgeoisie, prolétariat ...).

Finalité: L'analyse dialectique permet d'embrasser le mouvement réel dans son ensemble, et
d'exposer et comprendre, par la force des interactions et des contradictions, la structure
économique et sociale.

§-VIII L’approche comparative:

C’est une approche que l’on retrouve très utilisée dans les sciences sociales comme
instrument de « mesure ». L’approche comparative consiste tout simplement à comparer les
phénomènes à étudier. Prenant un exemple, il est possible de comparer les caractères
idéologiques de deux individus idéologiquement différents, ceci afin de dégager des
caractéristiques générales de l’idéologie.

Spécificité:

La démarche comparative est le support fondamental de toute recherche en sciences sociales


qui se donne pour objectif d’expliquer et d’accompagner les transformations sociales. Elle
peut conduire à des explications de niveau et de nature très diversifiée.

L’analyse comparative est organisée à partir de trois questions - Que comparer? Pourquoi
comparer? Comment comparer ?

L’un des objectifs consistait à établir des différences et des ressemblances entre sociétés ou
encore entre phénomènes afin d’être en mesure de procéder à une classification. Parsons, qui

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s’est positionné comme le théoricien des systèmes sociaux, n’a pas hésité à utiliser la
méthode comparative pour étudier le développement historique et social des sociétés.

La démarche comparative s’est inscrite dans la réflexion des sciences politiques à partir du
moment où les tenants de la discipline se sont souciés de l’évaluation des systèmes nationaux
de gouvernement et de planification, notamment à l’heure de la guerre froide.

Objectif: Pour Karl Deutsch qui s’est particulièrement intéressé à l’étude des régimes
politiques au moment de la guerre froide, la comparaison s’inscrit dans un souci d’efficacité
politique. Elle a pour objectif de se situer dans le champ de l’aide à la décision.

En somme, les rapports entre sciences et idéologies, auxquels n’échappe aucun domaine de
la connaissance, sont plus complexes et plus présents encore dans les sciences sociales. La
recherche y est directement affectée par le fait que les idéologies conditionnent le chercheur
jusque dans la formulation des questions à poser et l’aide à adopter une méthodologie
pertinente.
SECTION IV : LES ELEMENTS DU PROCESSUS DE RECHERCHE

Il nous suffira de rappeler que toute discipline qui se veut autonome doit obligatoirement se
définir un (objet §I), et de voir comment elle procède pour étudier cet (objet §II).
§I : L’objet de la recherche :

- L’importance de l’objet :

La construction de l’objet est le fondement sur lequel tout repose, c’est un des points
essentiels et les plus difficiles de la recherche. Marx dit : « le capital n’est pas une chose
mais une relation sociale entre des personnes », il découvre derrière un objet bien perçu un
aspect nouveau. Cet objet de relation sociale définira toute sa recherche. Chaque thème
de recherche comporte un objet différent et chaque construction doit s’adapter à l’objet
à construire. Durkheim précise que « le chercheur doit d’abord définir les choses dont il
traite afin que l’on sache et qu’il sache bien de quoi il est question ». Construire l’objet ne
doit pas devenir une simple formule utilisée sans réflexion. Il faut savoir à quel niveau on
peut situer son étude et ce qui est possible suivant la nature du travail entrepris.

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Après l'idée de recherche, qui est en général une vision assez floue, simple et incomplète de
ce que l'on veut étudier, il convient de définir, dans les grandes lignes, les principaux
objectifs poursuivis. Construire revient, en principe, à deviner les vrais problèmes et poser les
bonnes questions. Cela exige aussi une méthode bien définie.

§II : Méthode

La méthode est constituée d'un ensemble de règles qui, dans le cadre d'une science donnée,
sont relativement indépendantes des contenus et des faits particuliers étudiés en tant que tels.
Elle se traduit, sur le terrain, par des procédures concrètes. Comme base de méthode,
Descartes préconise le doute (doute cartésien). Il faut douter de toute chose avant d'en avoir
fait la preuve évidente et irréfutable,

Il faut distinguer la méthode de :

1- L’approche : L'approche est à considérer comme une démarche intellectuelle qui


n’implique ni étapes, ni cheminement systématique, ni rigueur particulière. C'est à peu près
un état d'esprit, une sorte de disposition générale qui situe l'arrière-fond philosophique du
chercheur ou de la recherche. Dans ce sens, on parle d'approche marxiste, fonctionnaliste,
structuraliste, systémique…

2- La technique : Les techniques sont, en ce sens, des moyens dont on se sert pour couvrir
des étapes d'opérations limitées. Ce sont des outils momentanés, conjoncturels et limités dans
le processus de recherche : sondage, interview, tests...

Le premier traité systématique et complet de méthode que l'on connaisse est celui de René
Descartes, le discours de la méthode, paru en 1632. Dans cet ouvrage, DESCARTES
invite à respecter un certain nombre de règles pour s'assurer du caractère objectif de ce qu'on
étudie. Le chercheur se caractérise par une rigueur explicite, absolue et systématique dans sa
quête et son traitement des informations recueillies, c'est là qu'il doit faire preuve de méthode
et c'est par là qu'il s'apparente à la communauté scientifique.

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A- La méthodologie :

Il faut souligner que la méthodologie peut se définir comme étant l'étude du bon usage des
méthodes et techniques. Pour mieux circonscrire sa méthodologie, le chercheur doit définir,
formuler et élaborer son problème. Plus les données du problème seront précisées et plus
facile sera l'élaboration de la méthodologie. Il importe de souligner, en conclusion, qu'il n'y a
pas de travail scientifique possible sans méthode et méthodologie.
B- Les principales méthodes des sciences sociales :

Il existe, dans un travail de recherche, des méthodes précises pour déterminer les
caractéristiques particulières du problème central :
1- La méthode clinique :

La méthode clinique dépasse la technique structurée et normalisée pour suggérer une façon
de sentir, d’agir, de procéder. Elle signifie littéralement l’étude que le médecin pratique au
chevet de son malade et se retrouve traditionnellement dans l’arsenal méthodologique usité
par la médecine.

En effet et parce qu’elle se préoccupe davantage des cas particuliers, la méthode clinique ne
peut être suffisamment théorique. En tant que méthode de recherche, les sciences humaines et
sociales ont recours à la méthode clinique au travers de différentes techniques d'entretien, de
colloque singulier et de médiation permettant de recueillir, d'interpréter et d'analyser des
informations ou des situations. Plusieurs éléments peuvent être dégagés qui caractérisent
toute recherche clinique, parmi ces éléments on se penche sur la particularité de l’objet dans
la méthode clinique :

-L’objet de la recherche est une ou des personnes. Le point commun de toute recherche
clinique, c’est le fait que «l’objet» de la recherche est toujours une personne, un sujet
individuel ou collectif. Le travail s’accomplit directement sur le terrain. Alors que le praticien
des sciences sociales envoie des questionnaires, travaille à partir de documents ou de
statistiques élaborées à partir de ces questionnaires, le chercheur clinicien se confronte

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personnellement à la singularité des personnes et des situations, qu’il étudie. Il prend place
dans le temps et l’évolution des personnes ou groupes étudiés.

2- La méthode expérimentale :

Pour sa part, la méthode expérimentale, cherche à étudier l’Homme en général, mettant


l’accent sur les interactions entre son comportement et les situations qu’il vit concrètement.
L’administration d’une démarche expérimentale exige la prise en compte de trois étapes :
l’observation, l’hypothèse et l’expérimentation proprement dite.

La démarche expérimentale est appliquée dans les recherches en biologie, physique, chimie,
psychologie, ou encore l'archéologie.

Les méthodes expérimentales sont également utilisées en sciences humaines et sociales


(économie, science po, sociologie). Cette méthode a été centrale dans la révolution
scientifique accomplie depuis le XVIIe siècle, en donnant naissance aux sciences
expérimentales.

En définitive, la pratique a prouvé la complémentarité des deux méthodes en l’occurrence la


méthode clinique et la méthode expérimentale. Si la méthode clinique garantit profondeur et
clairvoyance, la méthode expérimentale assure une bonne lecture des réalités observées.

3- La Méthode déductive :

Il y a plus de 2000 ans de cela, Aristote a mis en évidence le principe du raisonnement


déductif. Ce raisonnement consiste à tirer des conséquences à partir de faits. Ce qui
caractérise la déduction c’est son élément démonstratif, Partant d'une (ou plusieurs)
hypothèses, on applique un raisonnement déductif, c'est-à-dire des dispositions générales,
connues d'avance, à une situation particulière traitée. Cette méthode consiste à partir de
l’inconnu dans le but de s’appliquer au connu, du général au particulier, de l’abstrait pour
s’appliquer au concret. La déduction possède la rigueur, de la logique dans son cheminement.

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4- La Méthode inductive :

C’est une généralisation, partant de situations et d'observations concrètes, on peut ensuite,


construire des lois générales. « L’induction est une opération par laquelle on étend à une
classe d’objets, ce qu’on a observé sur un individu ou quelques cas particuliers ».

La démarche inductive part d’observations et mène à une hypothèse ou un modèle


scientifique. La méthode inductive est définie comme l’opération par laquelle l’esprit part des
faits particuliers pour s’élever à une loi générale.

5- La méthode diachronique :

Cette méthode s’inscrit dans le temps et dans la durée. Elle vise la reconstitution des
situations étudiées, en découvrant les antécédents qui permettent d’expliquer des situations.
Elle consiste en la recherche de la genèse des situations étudiées. L’explication prend en
compte les antécédents et leur succession temporelle pour expliciter la situation actuelle. En
sociologie, l’analyse diachronique est celle qui fait appel à l’histoire des phénomènes étudiés,
en intégrant la dimension chronologique dans l’explication des faits sociaux.

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PARTIE II : LES TECHNIQUES DE RECHERCHE EN SCIENCES SOCIALES :
Chapitre I : Les différents types d’hypothèses
Le modèle d’analyse se compose d’hypothèses qui s’articulent entre eux pour former un
cadre cohérent. L’hypothèse constitue donc les soubassements, les fondations préliminaires
de ce qui est à démontrer ou à vérifier sur le terrain. Elle prend ses racines dans une question
que l'on se pose à propos d'un fait, d'une affirmation, d'une théorie. Autrement dit c’est une
proposition de réponse à la question posée. L’hypothèse se propose de trouver des solutions
à différentes sortes de questions. Elle émerge à partir d’une observation de la vie quotidienne
ou de constats opérés au cours d’une recherche. Elle peut être aussi le résultat d’une
élaboration purement théorique à partir d’un ensemble de connaissances. Elle tend à formuler
des relations entre des faits significatifs. Elle aide aussi à sélectionner les faits observés.
L’hypothèse doit être spécifique c'est-à-dire ne pas se perdre dans les généralités.
En sciences sociales on distingue trois types d’hypothèses suivant leur niveau
d’abstraction5 :
A-Hypothèses supposant l’existence d’uniformités : elles s’emploient à quantifier des
comportements (un exemple de ce genre d'hypothèse peut être illustré par une formulation du
genre : « Dans les classes les plus riches, les divorces sont plus nombreux relativement aux
classes les plus pauvres»). On suppose en effet une uniformité catégorielle pour classes riches
et pour classes pauvres. Le travail du chercheur va consister à faire ressortir les différences
significatives qu'il peut y avoir du point de vue divorce entre les deux catégories. Ce genre
d’hypothèses consiste à corriger des préjugés ou de préciser ce qui est déjà connu. Il confirme
ce qu’on savait.
B-Hypothèses supposant l’existence de liens logiques : c’est le cas de comportements
particuliers que l’on trouve dans les groupes minoritaires. Il s’agit d’épurer les constatations
pour garder les caractéristiques communes à ces différents groupes et expliquer leur
comportement. Le chercheur devra, dans ce cas, s'attacher à prouver des ressemblances entre
ces différents groupes pour vérifier son hypothèse (ressemblances de comportements
particuliers comportant agressivité).

5
M.Grawitz 2002

Page 24
C-Hypothèses concernant des relations entre variables analytiques : ce type implique la
formulation de relations entre variables complexes, par exemple l’impact du niveau
économique, du lieu d’habitation … sur le taux de scolarité.

CHAPITRE II : L’OBSERVATION
L’observation consiste en une accumulation plus ou moins structurée de données qui peuvent
cependant suggérer une orientation, une idée de recherche. C’est une attitude proche de la
pratique et dont l’intérêt est de saisir les faits pertinents qui peuvent apparaître dans le champ
d’observation.
Durkheim a prescrit de « traiter les faits sociaux comme des choses », et qu’il existait des
faits humains que l’on pouvait observer d’une manière objective. En admettant que les faits
soient considérés comme des choses, l’observateur comme l’observé est un être Humain.
C’est là une des difficultés majeures de l’observation en sciences sociales. Il n’existe pas
d’instrument de mesure (thermomètre…), c’est l’observateur qui est lui-même instrument,
d’où le manque d’objectivité du chercheur.
Les sciences sociales étudient des faits qui ne se reproduisent jamais exactement de la
même manière, d’où la difficulté de généraliser et la nécessité de tenir compte, à la fois
de facteurs historiques, mais aussi de contexte particuliers. Les instruments utilisés
(magnétophone ou certains outils d’enregistrement), représentent une possibilité de
reproduction ou d’extension de l’observation plus qu’un approfondissement.
Par conséquent, si les progrès des sciences sociales sont partiellement dus à l’amélioration
des techniques de recherche, celles-ci dépendent avant tout de la réflexion du chercheur. Les
techniques d’observation se sont perfectionnées en fonction de ce matériel et des réflexions
qu’inspirent au chercheur la nature de ces données, leurs limites, la façon de les recueillir, de
les observer et surtout de les interpréter.
L’observation participante demande du temps afin de gagner la confiance des populations
étudiées, de « se fondre » dans leur quotidien et de « faire oublier » le dispositif
d’observation. Cela demande une participation adéquate. En outre, cela demande une rigueur
afin de garder une posture d’observation, notamment par la prise de notes régulière. Cette
méthode peut être couplée à des entretiens et autres questionnaires. Elle a une pertinence
quand il s’agit de rendre compte de pratiques, usages, rituels et coutumes, surtout lorsque

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ceux-ci sont étrangers à l’observateur. Cette posture impliquant un fort engagement pour le
chercheur, elle suppose une énorme vigilance pour garder une « juste distance » avec son
sujet d’étude.

CHAPITRE III : L’ANALYSE DES INFORMATIONS


C'est précisément ce travail qui nous permet de savoir, dans le détail, quelles seront les
données de base qui permettront de conduire notre recherche. Notons que sans hypothèses
dûment construites et sans objectifs opérationnellement dérivés de ces hypothèses, il n'est pas
possible, si l'on veut faire un travail fondé, d'avoir une idée exacte du type d'observations que
l'on doit effectuer pour recueillir les données nécessaires. Il faut d'abord savoir ce que l'on
veut vérifier pour pouvoir envisager comment et avec quoi le vérifier... Généralement, on va
choisir un certain nombre d'éléments représentatifs (échantillon) parmi tous les éléments
possibles (population6) qui appartiennent à l'ensemble global concerné par la recherche
(univers7), sur qui on effectuera les observations ou les mesures nécessaires pour constituer
les données. Les hypothèses doivent en principe nous indiquer avec déjà assez de précision
quel sera le terrain sur lequel porteront les investigations : là où se trouve l'ensemble des
éléments qui entrent en jeu dans ce qui constitue le problème de la recherche, et surtout, les
points de vérification à mettre au jour et à analyser. Il s'agit d'exécuter le plan préparé, en
commençant par délimiter la nature, le nombre, les caractéristiques... des objets ou individus
qui seront soumis à l'observation (interview, questionnaire, tests, mesures, essais ...).
A : DESCRIPTION :
Elle consiste en la réunification d’observations faites au sujet de tel phénomène en vue d’en
livrer une image aussi cohérente et approfondie que possible. Il s’agira dans les lignes qui
suivent d’évoquer les principes généraux de la description dans un premier temps, puis les

6
On désigne par «population » l'ensemble indifférencié des éléments parmi lesquels seront choisis ceux sur qui
s'effectueront les observations. C'est ce qu'on appelle aussi la population-mère. De cette population, le chercheur
devra extraire un certain nombre d'individus (ou d'objets) précis qui répondent à certaines caractéristiques
précises afin de constituer un groupe représentatif (appelé échantillon) qui correspondra aux éléments identifiés
(lors de l’élaboration du problème et des hypothèses) comme spécialement concernés et spécifiquement
susceptibles de fournir, après mesures ou observations, les données nécessaires pour répondre aux questions
soulevées par la formulation du problème.
7
Ça englobe : le département, le cadre du travail, le cadre social, le milieu et ses spécificités

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techniques à mettre en œuvre pour présenter les éléments de la description. La description a
pour but de représenter la réalité en réunissant les caractéristiques des phénomènes
étudiés. Cette phase est d’une importance capitale entre l’étape de l’observation et celle
de l’explication.
La description complète l’observation qui fournit les matériaux disparates. A priori, une
description correcte ne se dégage pas des matériaux ainsi collectés. Par le biais de
l’observation, le chercheur rassemble des données brutes souvent contradictoires, rarement
cohérentes. La mise en œuvre d’une bonne description permet au chercheur de reconstituer le
phénomène étudié en rapprochant les données disponibles de manière à restituer l’image la
plus complète possible du phénomène. Le chercheur doit essayer de rendre la description
opératoire. Autrement dit, il s’emploiera à faciliter et au maximum possible les étapes
suivantes de sa recherche. Une bonne description exige un cadre conceptuel qui permet
d’organiser les données collectées en leur donnant une signification.
B- Compréhension et explication :
L’explication est la découverte des rapports que le phénomène étudié entretient avec d’autres
phénomènes et qui permettent de comprendre pourquoi le phénomène en question s’est
produit. « Expliquer » revient donc à rendre le monde intelligible. Derrière cette notion de
«compréhension», il y aurait donc en fait l’idée que, puisque nous partageons avec le sujet
que nous étudions une même «nature humaine », nous serions capables de nous « mettre à sa
place » et ainsi, de reconstruire en quelque sorte les motivations qui l’ont poussé à agir .

1- La démarche compréhensive :
Il s'agit d'expliquer un phénomène à partir des intentions et des mobiles des acteurs
impliqués. Le philosophe Wilhelm Diltey distingue l’explication (le fait d’exposer
les causes d’un phénomène) de la compréhension (le fait d’exprimer les raisons de ce
phénomène). Au niveau des sciences sociales, expliquer une réalité consiste à en rechercher
les causes, tandis que comprendre cette réalité consiste à interroger les raisons des acteurs.

 Explication et causalité en sciences sociales


En sciences sociales, la difficulté de l’explication est liée au fait qu’il n’est pas aisé de découvrir et
d’isoler les facteurs susceptibles de rendre compte de la situation étudiée. Par conséquent, la
recherche de l’explication d’un phénomène devra être orientée vers l’identification de liens

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d’interdépendance, de rapports entre plusieurs faits sociaux. Spinoza écrit : « D'une cause
déterminée résulte nécessairement un effet ; et, inversement, si aucune cause déterminée n'est
donnée, il est impossible qu'un effet se produise 8 ». Kant affirme : « Tous les changements
arrivent suivant la loi de liaison de la cause et de l'effet9 ».

8
Baruch Spinoza, Éthique, « I, axiome 3 »
9
Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, t. I, coll. « Œuvres philosophiques, La Pléiade », p. 925

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METHODE DE DISSERTATION JURIDIQUE :

La dissertation est une démonstration argumentée. La dissertation ne doit pas consister en une
simple récitation du cours.

Préparation de la dissertation:

1-la lecture attentive du sujet.

2-Après étude de ces termes, il convient de commencer à interroger le sujet

3- Cette phase d’interrogation du sujet aboutit à une première délimitation du sujet. Cette
étape permet d’éviter : le hors-sujet.

4-mobilisation des connaissances: Au brouillon, il convient de noter l’ensemble des idées


relatives au sujet, afin de préparer l’étape suivante, la construction du plan de la dissertation.

 Le plan et la problématique:

Le plan d’une dissertation juridique a toujours pour objectif de répondre à la problématique


élaborée à partir du sujet. L’étape de formulation de la problématique est une des plus
importantes de la méthode de la dissertation juridique.

I-Problématique: voir les éléments de la problématique (cours méthode des sciences


sociales)

II- Plan:

A- parce qu’il répond à la question de la problématique, il ne peut être préalable à celle-ci. Le


plan de la dissertation juridique se présente traditionnellement en deux parties, deux sous-
parties (I. A. B. II. A. B.)

B- Les titres doivent refléter le contenu de la partie ou de la sous-partie.

C- Il faut essayer de reprendre au maximum les termes du sujet dans les intitulés

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Introduction:

1-une accroche: il s’agit d’une ou de deux phrases, percutantes, en lien avec le sujet.

II-la définition des termes du sujet: La définition permet de montrer au correcteur l’étendue
du sujet.

On explique que l’introduction de la dissertation est construite en forme d’entonnoir, d’une


acception large du sujet vers une acception plus restrictive, qui va être effectivement traitée
dans les développements du devoir.

L’entonnoir est constitué par l’énoncé de la problématique. Elle ne doit pas être déconnectée
des éléments précédents

III- l’annonce du plan:

Il s’agit ici de n’annoncer que les parties (I. et II.) et non les sous-parties (A. et B.).

 LE DEVELOPPEMENT:

Toutes les idées sur le sujet doivent avoir été abordées dans les développements

 La conclusion:
On fait d’abord un résumé du travail. On donne ensuite des suggestions

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