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CM La sociologie à travers ses enquêtes empiriques

• 1 question de cours
• 1 question de réflexion (en quoi ces enquêtes sont encore actuelles)
• 1 question de compréhension sur le texte « L’hôpital en urgence »
Enquête sociologique (empirique) : enquête qui vise à produire une connaissance du social, les sujets peuvent être très
différents et nombreux. Elle est basée sur une observation des faits et sur une explication de ceux-ci.
La dimension empirique vise à produire une connaissance du social
La sociologie n’est pas une science prédictive, c’est une science historique, elle s’appuie sur des faits historiques. On
fait très peu de prédiction en sociologie, les prédictions peuvent être utilisées à titre indicatifs mais ne serviront jamais
de preuve. Dans l’histoire, il y a des régularités. S’il se passe ceci, on peut en déduire qu’il se passera cela mais sans
jamais l’affirmer avec certitude.
Certaines enquêtes ont un intérêt et peuvent encore utilisé aujourd’hui
Michel Verret -> sociologue nantais qui a travaillé sur le monde ouvrier

Séance 2 : les points de vue de la sociologie


L’objectivisme ou la sociologie dite « explicative »

• L’apport d’Emilie Durkheim (1858-1917) : présenté comme le fondateur de la sociologie en France (pas vrai car
avant lui certaines personnes ont réalisées des enquêtes qualifiés aujourd’hui comme des enquêtes sociologiques :
Alexis de Tocqueville ; Fréderic Le Play ; Auguste Comte(il a posé les bases de la science sociale -> influencera
Durkheim)(pas de différence pour lui entre les sciences de la nature et les sciences de la société -> positivisme : à travers
la connaissance des faits et l’expérience, on peut définir des loi scientifiques). Mais c’est lui qui a créé la première
discipline sociologique dans les universités française.

• Fonder une discipline scientifique autonome : les logos


Durkheim est celui qui va instaurer dans les universités la sociologie. C’est le premier qui va s’appeler « sociologue ».
Durkheim n’est pas qu’un scientifique, c’est une intellectuel engagé et c’est un socialiste (il veut créer un nouveau
système social, il veut changer la société).

• Participer à la fondation d’un nouveau système social : la praxis


Il considère qu’un certain nombre d’éléments observables au XIXe (l’urbanisation, l’élévation du niveau de l’éducation,
l’industrialisation) transforme la société et Durkheim s’inquiète d’un phén omène : l’anomie (-nomos : l’ordre ; dans
l’anomie il n’y a pas de norme pour structurer la société -> les individus auront alors du mal à trouver leur place dans
la vie sociale, à vivre en société). On se pose alors 2 questions : la sociologie est-elle pour ceux qui veulent étudier une
vie sociale organisé ? (avec institution, règles en société, …) -> le sociologue prend toujours le point de vue de
l’organisation de la société ; la question qui se pose en sociologie : est-ce qu’on postule qu’il existe un ordre social (le
rôle du sociologue est alors d’expliquer cet ordre) ou bien est-ce que on considère que il existe des phénomènes
d’absence d’ordre, des sociétés sans ordre (quelle serait la caractéristique majeur d’une société sans aucun ordre ?)
Durkheim dit qu’il y a des faits sociaux difficiles à expliquer, il part alors d’une énigme simple : on dit que le suicide
est lié à des difficultés personnelles, si telle est le cas (selon Durkheim) alors on peut s’attendre à voir des grandes
variations (taux de variation) des faits en matière de suicide. Il va alors étudier les statistiques de suicide et se rendre
compte qu’il y a une très grande régularité sociale d’une année sur l’autre, il en conclut qu’il doit y avoir des raisons
autres qu’individuelles. L’éléments de son raisonnement est que pour expliquer ces faits, il faut les caractériser, il dit
qu’il peut y avoir des motivations différentes aux suicide, il va donc présenter plusieurs types de suicides comme le
« suicide altruiste » (se suicider pour le bien ou ce qu’on pense le bien pour notre société). En étudiant les statistiques
de suicide, Durkheim va conclure que le suicide n’est pas un acte individuel mais un acte fondamentalement social ->
il a des causes sociales et va avoir des effets sociaux (proches, familles, …). Durkheim va nous montrer que la sociologie
va avoir pour objectifs d’expliquer les faits sociaux.
Le subjectivisme ou la sociologie dite « compréhensive »

• L’apport de Max Weber (1864-1920)


Il a une approche différente de Durkheim à la sociologie. Il va essayer de comprendre les changements d’ordre,
qu’est-ce qui fait qu’on passe d’un ordre social (manière dont s’organise la société) à un autre. Pour le comprendre
il faut d’abord se poser la question de qu’est-ce qui va motiver leurs actions. Il va donc falloir chercher les raisons
de pourquoi un individu à fait telle ou telle chose -> la rationalité de l’action (toute action à une raison), la manière
dont on va pouvoir analyser les motifs de la rationnaliser les action individuelles : qui peuvent être divisées en
quatre types d’actions individuelles. Il aime faire des typologies. Il dit qu’il faut comprendre ce qui motive les
individues, et les explique ensuite selon la société ; on a tous des raisons d’agir de telle ou telle manière, il faut
considérer que dans telle activité sociale, on agit de tel manière. (société -> individualité collective)

• Notion d’activité sociale :


-l’action traditionnelle -> lié à la tradition dans la société, je vais agir d’une manière conforma à la tradition
-l’action affectuelle -> le fait d’agir à partir de ses sentiments (colère, amour, …)
-l’action rationnelle en valeur -> l’action dont la raisons va être fondamentalement lié à des valeurs morales et
religieuses (on le fait par ce qu’on le croit, contrairement à l’action traditionnelle où on le fait parce que c’est
comme ça)
-l’action rationnelle en finalité -> le fait de réfléchir selon un objectif moyen, on définit un objectif et on va vouloir
l’atteindre
Il ne faut pas perdre de vue la raison des actions selon Weber, ce qui peut expliquer un certain nombre de choses -
> sociologie compréhensive.
Est-ce que l’organisation sociale est produite par nos institutions, nos règles, des loi sociales, toute forme de
socialisation ? (idée de Durkheim) ; ou bien est-ce que elle résulte d’un ensemble de raisons de motivations
individuelles qui vont aboutir à s’accorder sur des formes d’organisations collectives ? (idée de Weber)
Holiste(Durkheim, Marx) -> part d’un tous, de l’ensemble des institutions / Individualiste (Weber) -> part des
raisons individuelles
De l’écologie humaine à l’interactionnisme : l’ « Ecole de Chicago »
→ fondement de la première chair de sociologie en Amérique
Weber → Allemagne
Durkheim → France
Le terme école de Chicago pose problème : ce n’est pas vraiment une école avec une seule doctrine, le département de
sociologie de Chicago a aussi beaucoup évolué avec la seconde et troisième école de Chicago (école de Chicago est une
commodité de langage)
Le département a été fondé par le sociologue Albion Small, il avait 2 sources d’inspiration majeures : les approches
évolutionnistes et la sociologie de Simmel
L’école de Chicago s’intéresse aux interactions sociales dans un milieu et étudie quand les hommes changent de milieu
Le département de sociologie se crée dans un contexte de croissance urbaine de la ville de Chicago, ce qui est un milieu
propice à l’étude de société. Cette urbanisation n’est pas que lié à l’exode rural (quand les campagnards vont en ville),
mais aussi à une croissance démographique avec une très forte natalité ainsi que de l’effet de migration (melting pot →
Etats-Unis accueilles tout le monde).
La migration est un sujet qui va intéresser les sociologues de Chicago, surtout les migrations de travail. La première
grande enquête de Chicago est menée par W. L. Thomas et Florian Znaniecki → ils ont étudié la migration des
paysans polonais en multipliant les sources (lire les archives de la presse puis ensuite faire de la recherche sur terrain).
Ils vont faire des entretiens biographiques avec des polonais (écoutes leur parcours) → problème de traduction pour W.
L. Thomas qui parle pas polonais et doit écouter la traduction de Znaniecki. Ils demandaient au polonais s’ils avaient
aussi des documents pour illustrer leurs propos.
Le travail de terrain est à la base de la recherche empirique caractéristique de l’école de Chicago. Les sociologues vont
commencer à travailler en essayant de comprendre comment les gens vivent leurs relations à partir de leurs expérience
→ on va faire des journaux de terrains → ce qu’on appellera l’ethnographie. L’école de Chicago privilégie l’enquête de
terrain aux questionnaires et autres.
Ces études ethnographiques sont soutenues par une théorie du social.

• Le fonctionnement des interactions quotidiennes observables contient tous les éléments de la théorie sociale. Il
suffit de savoir observer sans vouloir chercher à découvrir un sens caché. Le sens de l’action sociale est produit au
cours de l’action elle-même.
• Il faut insister l’observation attentive des processus sociaux qui se réalisent à travers les interactions directes des
acteurs
• Ecartons les théories et observons les significations qui s’engendrent au cours des interactions singulières et qui
mobilisent les savoirs véhiculés par les acteurs eux-mêmes durant les échanges
L’interaction comme signification vécue

• La notion d’interaction pour exprimer l’unité minimale des échanges sociaux (l’unité de base n’est pas la même :
les institutions sociales → Durkheim, l’action des individus → Weber, les interactions sociales → é cole de
Chicago) et désigner une situation sociale où chacun agit et se comporte en fonction de l’autre
• Weber avait déjà mis l’accent dans ses essais de sociologie compréhensive, sur la définition de l’activité sociale
comme comportement significatif orienté vers l’autre
• Analyser une interaction revient à se référer chaque fois dans des situations particulières dans lesquelles s’effectue
l’interprétation d’où vient l’importance des monographies et le souci d’analyser les processus en train de se dérouler
• Pour les interactionnistes beaucoup de situations sont floues et laissent une certaine marge de manœuvre ou
d’improvisation
• Il n’y a pas de faits en soi, extérieurs aux individus. Le sens est soumis dans les interactions
L’école de Chicago attache une grande importance à la signification vécue des interactions, elle ne sont pas forcément
claire, on parle alors de signification floue.
Il n’y a pas de faits en soi, tout les faits vont produire un sens dans des interactions concrètes. C’est l’interprétation d’un
certaine manière qui fait que … les gens ne nous voient pas tous de la même manière
Ecologie urbaine

• Pour Robert Park (1864-1944), autre figure emblématique de l’école, s’instaure au cœur de la ville un équilibre
entre les processus de désorganisation sociale et ceux, toujours précaires, de réorganisation. Ce qu’il nomme
« écologie urbaine » sont les effets réciproques entre l’environnement urbain et les individus qui l’animent
• Comme dans le milieu naturel, l’individu s’adapte à la ville qu’il modifie à son tour. Cette communauté
humaine se caractérise par des équilibres et des déséquilibres entre groupes en concurrence. Les sociologues
tentent d’expliquer ainsi la perpétuelle recomposition à laquelle est soumise la ville de Chicago
• Selon Roderick D. Mack Kenzie (1925) l’écologie humaine se définit comme l’étude des relations spatiales et
temporelles des êtres humains en tant qu’affectées par des acteurs de sélection, de distribution et d’adaptation liées
à l’environnement. Elle exclut des facteurs héréditaires et biologiques mais intègre la possibilité d’innovation et de
mobilité propre à l’homme confronté à son milieu
La ville
Un des ouvrages les plus importants de l’Ecole de Chicago « The City » est signé en 1925 par Burgers, Mc Kenzie et
Park. Chicago, qualifiée de « laboratoire social » y est étudiée sous l’angle de la répartition dans l’espace des
communauté et des classes sociales. Peut ‘on identifier dans la ville une organisation sociale qui correspondent à une
organisation spatiale ? le premier point abordé est organisation dans l’espace. Ségréger : séparer très fortement
Impersonnalité et superficialité des contacts ; la montée de l’individualisme (la vie quotidienne des individus les sors
progressivement de leur situation d’origine) mène à une différentiation sociale accrue, et à la perte des contacts
primaires (famille, amis d’école ; les premiers contacts). On développe une multitude de contacts superficiels (des
personnes que l’on croise sans connaître). Chaque individu va recomposer sa vie sociale => différenciation sociale
(quand on commence à avoir un mode de vie différent du voisin). On n’a pas la même forme de vie sociale, mais on a
le même mode de socialisation (sport, religion, école, groupes de quartiers,…).
La distance sociale permet de rendre compte de la nature des interactions des individus dans une ville moderne => on
le ressent aussi par le langage non verbal, l’exclusion. Dans une société individualiste comme la société américaine
souligne Park chaque individu doit théoriquement être traité en fonction de ses mérites comme individu. Dans une ville,
il y a une pluralité de mondes sociaux.
• La pluralité des mondes constituant la ville contraint les individus à jouer différentes représentations pour divers
publics. L’origine première du mot « personne » et « masque ». Dans les rôles nous nous connaissons nous-mêmes.
La ville est une construction purement artificielle. Doté d’une organisation morale et matérielle et leurs
interactions font qu’elles s’adaptent et se modifie l’une de l’autre.

• Chaque quartier de la ville acquiert quelque chose du caractère et des qualités de ses habitants. Les sentiments
particuliers de sa population se transforme en voisinage ?
• « Aires morales » et groupes sociaux urbains.. Dès 1925, Robert Erza Par k essaye de comprendre le
développement des communautés ethniques ou sociales dans la ville. Il cherche « à considérer la ville non
comme un phénomène géographique mais comme une sorte d’organisme social ». Les rapports de classe, les
politiques urbaines municipales, les mécanismes d’agrégation et de désagrégation des communautés.
• Etudier la ville sous deux angles : l’ordre économique et l’ordre moral. Il étudie le premier en recourant à
la dimension spatiale. Le second est l’étude des interactions locales, qui expliquent le développement de
comportements hors normes dans certaines aires morales.
• Ségrégation et agrégation : division sociale de l’espace urbain fait l’originalité. Les concepts d’invasion permettent
d’identifier les mécanismes de ségrégation et d’agrégation (d’alliance) spatiale.
• La ségrégation résulte de l’action de séparer, d’écarter de mettre à part. la ségrégation est une forme de distance
sociale qui se traduit par une séparation de l’espace.
• Le contexte urbain d’une sociologie urbaine
• Le voisinage : la proximité et les contacts de voisinage sont la base des formes les plus simples d’association. Une
concentration de population noire est en train de devenir une communauté étroite et organisée, qui va produire une
agrégation mais aussi une ségrégation, elle va isoler les communautés. Les relations de voisinages sont une base
des plus simples des mises en relations dans la ville. A partir des association de voisinage se créent des
communautés. L’école de Chicago a tenté de comprendre le phénomène de ghettos. La sociologie de l’Ecole de
Chicago ne traite pas de manière frontale le racisme.
• Les colonies et les aires de ségrégation : l’isolement des colonies d’immigrants et des colonies raciales dans les
ghettos tend à préserver l’intimité et la solidarité des groupes locaux et des groupes de voisinage. Le sentiment
d’appartenance au voisinage fusionne avec les intérêts de classe et raciale. L’agrégation renforce la ségrégation.
Sociologie urbaine

• Les distances spatiales et affectives se renforces mutuellement. Classe, race. Le lien entre distance spatiale et
distance sociale se renforce mutuellement. La distance sociale amène une distance spatiale et inversement.
• Le proverbe qui fait de la ville le milieu naturel de l’homme libre ne demeure vrai que dans la mesure où l’individu
trouve dans le hasard, dans la diversité des intérêts et dans l’immense coopération inconsciente qu’offre la vie
urbaine l’occasion de choisir sa propre profession et de développer ses talents particuliers. La ville offre un marché
aux talents particuliers des individus et la compétition entre personnes…
• La mobilité et l’isolement. Ce que nous appelons un manque d’intelligence des individus est le résultat de leur
isolement. La mobilité d’une population est un facteur déterminant de son développement intellectuel. Plus les
individus ont une capacité de mobilité, plus ils auront une capacité de sociabilisation et de développement
intellectuel
• Les conditions matérielles de la vie, ont rendus d’autant plus indispensable les réajustements aux conditions
nouvelles. Le marché, les bourses.
• Dans les grandes villes, les relation humaines ont toutes chances d’être impersonnelles et rationnelles, régies
par l’intérêts et l’argent, un laboratoire de recherche sur le comportement collectif. La ville va devenir un
espace de vie social où l’argent prend une place beaucoup plus importante et des valeurs différentes seront liés à la
quantité d’argent possédés.
• La ville est à la fois le lieu massif de l’expérience des hommes de la modernité et le centre d’impulsion de la
vie économique, culturelle et politique.
• Contraint de faire quotidiennement l’expérience de la pluralité des régions morales, le citadin développe une vision
relativiste et un sens de tolérance des différences.
La déviance

• En 1923, une enquête sur les « hobos » (sans-abris). Elle montre comment ces gens forment une micro-société avec
ses spécificités, ses lois non écrites, et ses lieux.
Crime et délinquance

• La criminalité est à Chicago à l’image de l’histoire de la ville : irlandaise au début du 20 ème siècle, elle devient
polonaise et italienne à l’époque de la prohibition.
• Après le guerre des gangs de 1924, une étude sur les « gangs du quartier » qui décrit les bandes de jeunes comme
une forme de réorganisation sociale.
• Les histoires de vie ; quartiers pauvres, famille brisée, scolarité inexistante.
• La délinquance par exemple a 2 dimensions : le gang reflète la désorganisation d’ensemble de la ville de l’autre
côté un souci d’indépendance
• A) l’étude des gangs de Chicago : les gangs de Chicago en 1927 représenteraient 25.000 jeunes. Les gangs
occupent « la ceinture pauvreté », où la population change sans cesse ; ou toute est désorganisé. Le gang est alors
la réponse à la désorganisation sociale.
• B) l’étude de crime organisé : lien entre le crime et l’organisation sociale de la ville. Le bon citoyen et le gangster
est un produit de son environnement.
Selon Burgers, quand on a pas un statut social reconnu, c’est ce manque de reconnaissance qui va générer des
comportements déviants.
Délinquance juvénile

• La délinquance est considérée en relation à son contexte dans l’histoire de vie d’un individu. Elevé dans un quartier
à risque, famille brisée, carrière de délinquant, toutes les institutions de redressement ont échoué (70%)
• Délinquance juvénile et tissu urbaine : « écologie de délinquance et de crime ». Zones d’habitats très différenciés,
la criminalité associée à la structure physique de la ville. « La situation domine ».
• Statut économique
• Mobilité de la population et l’hétérogénéité de sa composition
• La pauvreté, l’inefficacité des structures communautaires…

Paris et l’agglomération parisienne, PUF, 1952


Paul Henry Chombart de Lauwe savait piloter des avions et a piloté des méthodes de recherche par l’analyse de la
configuration des villes à partir des vues d’avion. A suivi les cours de Marcel Mauss à l’institut d’ethnologie. Et va être
aidé par les disciples de Mauss, dont Marcel Griaule et Paul Fauconnet.
Le contexte de son étude de l’agglomération parisienne

• Ministère de la Reconstruction + CGP = extension et rénovation urbaine


• Exode rural
• Instabilité économique
• Paris 1950/ Paris 2020
La démarche

• Expérimentation plus ou moins directement inspirée des pionniers de l’école de Chicago


• Controverses avec les philosophes marxistes (Henri Lefebvre) : Postulat d’une construction de la personnalité dans
les relations avec les autres mais aussi dans le rapport à l’espace contre les pratiques de l’espace comme élément
du rapport de classe
• Controverses avec l’urbanisme fonctionnaliste (Bauhaus) et Le Corbusier : aspirations contre besoins
• Critique dans le fonctionnalisme la conception de l’homme segmentée par le recou rs aux notions de fonctions et
de besoins primaires
• « Sociologie de la vie urbaine » centrée sur les relations interpersonnels et l’étude des conditions de vie, se voulait
au service de l’aménagement pour contribuer à leur amélioration
Méthodes de recherche

• Mettre en évidence la relation entre les groupes sociaux et les différents modes d’appropriation de l’espace en
s’inspirant des méthodes de l’ethnographie
• Combinaison avec des études statistiques
• Usage de la photographie aérienne
• Etude de l’opposition des quartiers populaires de l’est parisien et des quartiers bourgeois de l’ouest
• Etude des schémas de circulation et de transports en commun, en superposant des données d’ordre géographique,
économique, social et culturel. Mise en évidence non des zones aux limites bien définies mais de « marges-
frontières »
Principaux résultats
Lien entre : Mobilité spatiale – Stabilité spatiale

• Les relations des quartiers périphériques avec le centre-ville sont déterminantes pour la stabilité et l’équilibre
démographique. Il y a une ségrégation spatiale, mais à partir du moment où la mobilité est possible, la ségrégation
est mieux supportés socialement.
• Paradoxalement, la mobilité, en facilitant l’accès au centre, conforte cette stabilité
• La ségrégation spatiale sera d’autant mieux supportée que l’accès au centre sera favorisé pour y permettre un
brassage social. La possibilité de mobilité permet une meilleure acceptation d’une ségrégation spatiale
• Les classes aisées ont un usage plus diversifié de l’espace que les classes populaires dont la sociabilité était plus
liée à leur quartier
• Il existe relation statistique entre surpopulation et pathologie sociale
• L’uniformité architecturale n’entraine pas une uniformité des modes de vie => pas de surdétermination des formes
spatiales sur les styles de vie
Prospérité ? Quelle actualité de ces résultats ?

• Des résultats qui paraissent aujourd’hui triviaux


• Facteurs de troubles sociaux : surpopulation + enclavement
• Attention au centre comme espace d’échanges et de brassage mais attention très secondaire au marché de
l’immobilier :
o Lambert J., Les conditions de logement dans l'aggl. parisienne (d'après le recensement de 1926, In: Journal
de la Société de Statistique de Paris, 1929
o Flaus. La construction d'immeubles d'habitation en France entre 1928 et 1939. In: Journal de la Société de
Statistique de Paris, 1946, p. 67-80.
o Bastié J. Capital immobilier et marché immobilier parisiens. In: Annales de Géographie, t. 69, n°373, 1960.
pp. 225-250.
• Question de la ville comme espace de socialisation : Simmel / école de Chicago => posée différemment de
questionnement classique du XIXe (Tönnies, Weber, Durkheim) sur la destruction des communautés et des
solidarités par l’urbanisation.

Exemple d’une démarche ultérieure de mesure de cette socialisation


Claude S. Fischer, 1982, To Dwell Among Friends, Chicago,
University of Chicago Press: 1050 personnes de la region de San Francisco, 10 générateurs.
- Variation de la taille du réseau et de sa composition avec le niveau social : plus de lien pour les plus favorisés, en
particulier des liens amicaux ou de travail
- La distribution du nombre de relations est de type log-normal (effet cumulatif)
- Concentration des relations à l’échelle de l’agglomération urbaine (1h de transport)
- Seuls les liens forts résistent à l’éloignement
- Maintien du soutien social en milieu urbain
- Relations plus homophiles en milieu urbain
- Densité de l’entourage plus faible en milieu urbain
- Les relations entretenues par mail sont plus homophiles (pour les plus favorisés)
Prolongements démographiques actuels
LE ROUX, Guillaume; IMBERT, Christophe; BRINGÉ, Arnaud; BONVALET, Catherine. Social Transformation of
the Paris Agglomeration in the 20th Century: A Longitudinal and Cohort Approach to Inequalities in Access to the City.
Population (00324663). 2020, Vol. 75 Issue 1, p69-96. 28p. DOI: 10.3917/popu.2001.0071.

• La région Île-de-France a connu de profondes transformations au cours de la seconde moitié du XXe siècle :
dépeuplement de Paris et réhabilitation de certains quartiers, densification des banlieues et périurbanisation.
• Ces changements sont à l’origine de redistributions importantes des populations au sein de l’agglomération
parisienne, avec le départ d’une partie des classes populaires et moyennes de Paris intra -muros vers la banlieue,
l’arrivée de nouvelles classes populaires migrantes, et l’amorce du processus de gentrification de la capitale.
• Les travaux sur les ségrégations urbaines suggèrent depuis plusieurs décennies que l’évolution des mobilités
géographiques des individus et des ménages est liée à celle des divisions sociales de l’espace.
• Corpus original d’enquêtes de l’INED en région parisienne, qui permet d’étudier la mobilité de générations ayant
participé aux transformations sociales de la capitale et de ses périphéries de 1930 à 2000.
• Les résultats montrent un renforcement du lien au fil des générations entre la position sociale et la centralité de la
position géographique, au fur et à mesure de l’étalement urbain et du développement des réseaux de transport.
o Effet de capital économique
o Effet de capital social

Outsiders
Howard Saul Becker
Né le 18 avril à Chicago
Fils d’Allan Becker (2 avril 1902 – 27 mars 1988) et de Donna Becker (née Bertha Golberg ; 31 décembre 1904 – 1997)
Arrière-petit-fils de Gershon Movsha Becker, immigré de Lituanie aux États-Unis.
A 15 ans, pianiste dans des bars et des bars à strip-tease
Durant les études, pianiste dans un groupe de campus de la Northwestern University
Travaille de manière semi-professionnelle en raison de la Seconde Guerre mondiale (enrôlement des musiciens pro)
• 1946 : diplôme de premier cycle en sociologie à l’université de Chicago
• Maîtrise et un doctorat en sociologie à l’université de Chicago
• Thèse de doctorat sur les enseignants de l’école de Chicago
• Becker avec Erving Goffman et Anselm Strauss, seront plus tard considérés comme faisant partie de la "deuxième
école de sociologie de Chicago »
• Après avoir obtenu son doctorat à l'âge de 23 ans, Becker a étudié la consommation de marijuana à l'Institut de
recherche sur les jeunes
• Puis recherche postdoctorale de la Fondation Ford à l'Université de l'Illinois de 1953 à 1955
• Puis trois ans comme chercheur associé à l'Institut pour l'étude des problèmes humains de l'Université de Stanford
avant de commencer sa carrière d'enseignant.
• En 1965, Becker est devenu professeur de sociologie à l'université Northwestern, où il a enseigné jusqu'en 1991.
• Au cours de sa carrière à Northwestern, Becker a également enseigné en tant que professeur invité à l'université de
Manchester et en tant que chercheur invité au Museu Nacional de Rio de Janeiro
• En 1991, Becker est devenu professeur de sociologie et, en 1996, professeur adjoint de musique à l'université de
Washington jusqu'à sa retraite en 1999.
Outsiders :
Etude du monde des musiciens de jazz et sur les fumeurs de marijuana dans les années 1950.
Observation participante, afin de connaître les représentations du monde de ces « déviants ».
Le déviant reconnu comme tel n'est donc que l'un des types possibles : il est, en particulier, possible de demeurer
secrètement déviant.
Le processus d'étiquetage répond à des logiques sociales qui rendent plus probable le fait que certains acteurs soient
définis comme délinquant (comme l'illustre par exemple le comportement différent de la police envers les
consommateurs de stupéfiant en fonction de leur milieu social).
Becker pense, enfin, que la délinquance se construit à travers une carrière.
Perçu comme Déviant Non-déviant
Obéissance 1 – accusé à tort 2 – conformiste
désobéissance 3 – pleinement déviant 4 – secrètement déviant

Les théories de la désignation


➢ Becker H.S. (1985), Outsiders, Etudes de sociologie de la déviance
➢ Déviance = une conséquence de l’application par les autres de normes et de sanctions à un transgresseur
o La déviance est créée par la société
La carrière sociale de la déviance
Becker : critère de la temporalité de l’action
➢ Conceptualisation d’un modèle séquentiel de la déviance, par opposition aux modèles synchroniques : la
carrière
Pour devenir fumeur de marijuana, il faut passer par les statuts suivants :

• Fumeur débutant
• Fumeur occasionnel
• Fumeur régulier
Passage du statut de débutant à celui de fumeur occasionnel :

• Trouver du plaisir
• Reconnaitre les symptômes
• Relier les symptômes au fait de fumer
Passage du statut de fumeur occasionnel à celui de fumeur régulier :
• S’intégrer dans un groupe de fumeur caractérisé par une sous-culture où fumer = pas une déviance mais 1 norme
➢ Cf. le double sens d’Outsiders
Les quatre étapes de la carrière :
• Commettre une transgression
• Passer d’une expérience occasionnelle à une forme d’activité déviante régulière
• Être pris et publiquement désigné comme déviant
• Entrer dans un groupe déviant organisé
Les entrepreneurs de morale
Processus de construction de normes = construction complexe qui engage deux types d’acteurs :
1. Les créateurs de normes = ceux qui entreprennent des croisades pour la réforme des mœurs
2. Les applicateurs de normes = ceux qui se chargent de faire appliquer les normes
= les entrepreneurs de morale
➢ Du point de vue des créateurs de normes, pour qu’un acte soit déviant il faut :
• Traduction d’une pratique en un acte nuisible à la société
• Découverte et dénonciation de la pratique
• Persuasion publique de volonté de changer les choses
• Mobilisation d’un groupe
• Institutionnalisation de cela en forme légale
➢ Du point de vue des applicateurs de normes, il faut :
• Sentiment que l’application de la loi soit partie intégrante de leur travail
• Placement des actes sur la liste des priorités
• Parmi ces priorités, des individus ayant transgressé une loi, aient des caractéristiques particulières (propres à
eux ou à la situation)
L’hôpital en urgence
Peneff s’est plutôt intéressé à l’organisation dans l’hôpital, au lieu d’utiliser la méthode classique et de regarder au début
les rapports d’autorité.
Peneff s’intéresse d’abord à comment s’exerce l’autorité au lieu du simple pourquoi.
Les objectifs de son enquête sont de décrire comme s’organise le travail dans les services d’urgences à l’hôpital. Il
cherchait à comprendre comment les agents coopères en réaménagent les objectifs qui leurs sont fixés, avec l’accord ou
non de l’encadrement → ce qu’il appelle les organisations implicites.
→ description du contenu réel du travail
→ analyse des organisations implicites de la coopération entre agents pour atteindre les objectifs qu’on leur fixe mais
qu’ils réaménagent avec l’accord ou non de l’encadrement
Peneff a enquêté sur l’hôpital après un rapport du Conseil économique et social où les conditions de travail et la situation
du personnel paramédical (85% du personnel de l’hôpital) n’était pas assez détaillé, le conseil ne s’en préoccupent pas.
Peneff signale que l’accès Urgences est devenue aussi visible que le signe H.
Dans le cas de l’hôpital, il y a une difficulté à se mouvoir, une barrière autre que matérielle, plutôt psychologique. Les
visiteurs sont victimes d’un affaiblissement du sens de l’observation par man que de disponibilité de l’attention, par perte
du sens concret de l’orientation dans un univers clos.
Peneff décrit l’hôpital à une grande ville, il y a des beaux quartiers et des bas quartier. Il va faire une analogie de la
représentation spatiale d’une ville. Les ouvriers (agents de services) sont excentrés (sous-sols) → relégation des
ouvriers. Les beaux-quartiers sont les bureaux confortables de l’administration. Le centre avec la zone piétonnière est
le hall d’entrée avec le kiosque à journaux, la cafétéria, les plantes vertes, les fauteuils en skaï.
Dans les urgences, on aura des lits des brancards, fauteuils roulants près à servir → c’est comme un trafic routier, il y a
des heures d’affluence.
A côté de cette zone de trafic, on va avoir un poste de permanence. C’est un lieu essentiel, qui assure le lien entre
l’extérieur et l’organisation intérieure du service. Il joue un rôle de travail administratif, mais aussi un lieu de
surveillance → il faut surveiller l’entrée et contrôler les accès.

• On y traite des informations venues de l'extérieur (ambulance, pompiers, parents) et les ordres des médecins qui
passent ou qui téléphonent. S'y déroule aussi un travail administratif nécessaire à la vie du service : classement des
dossiers des malades, dépôt des ordonnances et des prescriptions des médecins, enregistrement des entrées et
sorties, constitution d'une fiche d'admission pour tout arrivant, dactylographie des lettres et documents internes.
• On y exerce une surveillance étroite de l'entrée de la partie « Travail ». Le personnel, à tour de rôle, aide le
permanencier à contrôler l'accès, à organiser le travail des ambulanciers et des pompiers qui se succèdent. On y
répond aux demandes des visiteurs et accompagnateurs. On y écoute la radio des pompiers po ur anticiper un
éventuel appel SMUR.
• On s'y repose entre deux actions et on y cherche une distraction brève (lecture du courrier ou revues, conversation,
tricotage). Cette permanence est aussi un lieu de détente.
Autre élément important dans l’organisation du service et de l’organisation des lieux, sont les habits de travail. L’hôpital
fonctionne comme l’armée, il y a un uniforme. Aux urgences, tout le monde est en blanc, c’est très difficile de distinguer
la fonction d’un individu précis.
Peneff observe des signes discrets, il va montrer que les médecins se distingue de certains signes. Le port du stéthoscope,
le crayon dans le haut de la blouse, la manière de boutonner sa chemise. Les brancardiers hommes circulent
généralement blouse ouverte (il ont besoin d’air vu qu’ils transpirent souvent).
• Un même uniforme (blouse et pantalon blancs)
• « seuls des signes discrets (façon de mettre ou de boutonner la blouse, port ou non du stéthoscope, crayon ou stylo
dans la poche du haut) permettent de distinguer les professions (médecin, interne, infirmière, aide-soignant, agent
de service), les statuts (affecté au service ou « roulant », titulaire ou non), les grades (diplômé, stagiaire, élève). »
• La blouse blanche, emblème classique des soignants, les singularise pour u n œil exercé (le droit de la porter a
d'ailleurs été contesté aux généralistes visitant leurs malades dans l'enceinte hospitalière, pour éviter la confusion).

L’analyse du travail aux urgences


Frontières et interactions :
Tous les acteurs sont en interaction continuelle. Les contacts sont fréquents. La manière d’interagir avec le patient est
lié à la position dans la société.
« L'entrée des malades s'opère avec un style de rapports humains caractéristiques des classes populaires dont sont
originaires les pompiers qui accomplissent leur travail de manière naturelle, non affectée, sans rien emprunter à la
rigidité du monde médical ou à la solennité du lieu. On manipule cependant le malade avec une attention professionnelle
et le souci d'alléger ses souffrances, mais la conversation qui se déroule, parallèlement aux gestes soigneux, appartient
au registre de la rencontre d'amis (qui évoquent la dernière partie de football ou qui s'exclament parce qu'ils ne se sont
pas vus depuis leur retour de vacances). Les malades transportés écoutent, parfois interloqués, mais d'autres trouvent là
une occasion de se rassurer en ajoutant eux-mêmes leur grain de sel à la conversation. »

Contraintes physiques et conditions de travail

• La saleté (Cf. Mary Douglas) :


Les admis aux urgences sont perçus comme sales par rapport aux critères ordinaires de l'hôpital parce qu'ils sont
constitués à la fois :
1. de patients ayant été surpris dans leur travail ou leur vie privée (accident, crise, malaise) sans avoir eu le temps de
s'apprêter pour la consultation, sans précaution pour une propreté élémentaire minimale ;
2. de vieillards ou de malades chroniques ayant largement entamé un processus de dégradation ou de régression
physique ou mentale (ils arrivent parfois après un long transport durant lequel leurs fonctions naturelles n'ont pu
être satisfaites) ;
3. de populations pauvres vivant sans moyens d'hygiène, les SDF ou les habitants de logements sans eau courante. P.
60
• L’odorat, le toucher, la vue (cf. enquêtes sur Mac Donalds)
• La charge physique, aider un patient de 100-120 kilos
• L’atteinte à la pudeur : déshabillage, service public où le rapport au corp nue est le plus fréquent
Ils s’agit purement de normes sociales

Conséquences sur l’organisation du travail


Hughes à développer une analyse assez fine, on laisse aux statuts inférieures (aides-soignantes) le sale boulot (nettoyer
le patient).

• Sale boulot : cf. Hughes


• Le temps et le rythme, le rythme de travail est extrêmement intense et donc très pénible
• Repos dans la « petite cuisine »
• Maîtrise du rythme de travail comme moyen de lutte contre la pénibilité
• Double relation au patient et à la famille
• Maintien de l’ordre
Division du travail et des emplois
Il y a 4 types de travail dans l’hôpital :

• Travail de bureau : constitution du dossier médical (infirmières et AS)


• Travail des médecins : l’infirmière gère son temps => elle anticipe les décisions
o Evacuation du flux des admis
o La visite
o Le travail de nuit
o Répartition du travail entre internes, urgentistes et PH (praticiens hospitaliers → médecins)
• Le travail social
• Travail infirmier et rôle féminin, rôle pas forcément bien compris des patients, les infirmières vont essayer
d’apporter de l’attention maternelle aux enfants, ou une aide aux patients → très souvent source de co mplication
entre infirmière et patient, les patients ont tendance à érotiser cette relation

Les rapports d’autorité

• L’allocation égalitaire du travail


• Aléas : les chevauchements / l’imprévisible
• Création de cohésion : esprit de famille, humour, sens esthétique ; amène le collectif à se détendre, assure un sens
de la réciprocité
• Leaders
• Conflits
L’actualité de cette enquête, est de comprendre que toute les zones de partage, d’échange, ont disparu à cause du covid.
Cela pose des questions de soutenabilité, comment faire pour retrouver un fonctionnement de service viable dans les
hôpitaux pour les aides-soignants ?

La sociologie de l’atelier automobile


Enquête d’Alain Touraine sur la production automobile

• Issu d'une famille aisée. Khâgne à Louis-le-Grand puis ENS


• La lecture du livre Les problèmes humains du machinisme industriel (1946) de Georges Friedmann, analyse
critique sociologique sur l’apparition massive du travail à la chaîne → Fordisme
• Voyage d'étude en Hongrie puis en Yougoslavie (1947) ; observé le Stakhanovisme (qui vient de Stakhanov, un
ouvrier russe qui travaillait beaucoup et très vite, c’était l’ouvrier modèle qui a été beaucoup médiatisé)
• Expérience de la vie de mineur à Valenciennes (1947-1948). => réflexion sur l’industrie, le travail et la conscience
ouvrière
• Retour à l'École normale supérieure pour passer l’agrégation d’histoire (1950).
• Friedmann le fait entrer au CNRS, où il intègre le Centre d'études sociologiques, dirigé par Friedmann et Gurvitch
(1950)
• Bourse de la fondation Rockfeller pour un séjour à Harvard auprès de Talcott Parsons (1952)
• En 1956, il se rend au Chili, où il rencontre Adriana Arenas, qu'il épouse la même année.
• En 1958, il quitte le CNRS pour l’EHESS.
• Fondation de la revue Sociologie du travail 1959
• Thèse de doctorat : « Sociologie de l'action » (1964)
• Thèse complémentaire : « La conscience ouvrière» (1966).
• Production de la société (1973)
• Puis travaux sur les mouvements sociaux et mise en place les cadres de sa méthode d'intervention sociologique.
• Etude du mouvement Solidarność en Pologne 1981
• Fondation du Centre d’Analyse et d’Intervention Sociologique avec François Dubet, Michel Wiewiorka et Zsuzsa
Hegedus 1981
• Candidat à l’Académie française en 2002
L’enquête d’Alain Touraine

• Alain Touraine est dépêché pour une première enquête dans les usines Renault, afin d'étudier l'incidence
professionnelle des transformations techniques dans l'industrie et le rapport au travail des ouvriers.
• A cette époque, Renault lance une voiture accessible aux classes populaires, la 4 CV.
Alain va se poser 2 questions :
Comment a évolué la production technique au entreprises Renault, et quels sont les changements que ces évolutions ont
entrainés sur les rapports au travail des ouvriers ?
C’est une question que l’on lui a commandé, il va d’abord faire un travail d’archive, puis d’observation et va vaquer
entre les 2 méthodes. Il va relever 3 phases dans l’histoire du travail et de l’industrialisation :

• Phase A :
o Séparation atelier/direction
o Ouvriers qualifiés, autonomes / chefs = ouvriers expérimentés
o Volonté de contrôler les fruits de leur travail (organisation syndicale centré sur les savoir-faire propres au métiers
(principaux sont celui des ouvriers, des imprimeurs de journaux et des travailleurs du textiles)
• Phase B :
o Décomposition de A : ouvriers qualifiés à la périphérie (entretien), remplacés dans l’atelier par des ouvriers spé
o Système contrôlé par des techniciens et ingénieurs : peu d’autonomie ouvrière
o Pauvreté, déchéance, demande de protection et revendications salariales
• Phase C :
o L’ouvrier n’a plus d’action directe sur la matière, il surveille des systèmes auto-régulés, intervient lors de pannes
o Ouvriers de type C = proches des techniciens + « syndicalisme de contrôle »
La postérité de la sociologie des ateliers automobiles → « Sociologie de l’atelier. Renault, le travail ouvrier et le
sociologue » de Gwenaële Rot, qui recense tous les travaux sociologique sur la régie Renault.
Années 60 et 70, période d’opposition politique entre une droite patronale et une gauche marxiste
• Seconde vague d'écrits sur le travail dans la Régie.
• Observations participantes de sociologues
• Témoignages d'ouvriers, écrits journalistiques ou récits patronaux : les publications de cette période sont fortement
empreintes de positionnement politique.
• Période marquée par de forts mouvements sociaux dans l'entreprise et dans le secteur automobile e n général.
• "On peut considérer qu'à la fin des années 70 et au début des années 80, l'approche de l'atelier est plus distante que
dans les études pionnières. Les chercheurs n'ont pas forcément un accès facile au terrain – les études d'ailleurs
s'alimentent mutuellement – et surtout, pour ce qui est des sociologues du travail, leur focale se situe ailleurs que
dans l'atelier : les expériences évoquées ne sont qu'un marchepied pour aborder la crise du capitalisme" .
Années 80

• Consécration de la gestion et des sciences humaines appliquées au management et à l'organisation de la production.


• La sociologie du travail s'intéresse avant tout à des catégories précises de travailleurs.
• éclatement des champs de recherche alors que Renault traverse une crise historiq ue => réduction des coûts et des
effectifs et à la réorientation stratégique.
• Le lancement de la Twingo, dans les années 89-90, est l'occasion pour Renault de procéder à un déploiement de
structures par projet. Le premier véhicule de gamme familiale, petit, facile à garer.
• Les sites sont mis en concurrence et l'entreprise profite de la crise pour affaiblir la CGT.
• Des unités élémentaires de travail (UET) sont mises en place et les rémunérations partiellement individualisées =>
stratégie de «Qualité Totale” (cercles de qualité). Qui va réfléchir sur l’expérience du client. Ils vont commencer à
introduire une économie de variété, qui entend 2 éléments importants : avoir une gamme de plus en plus diversifié
avec une segmentation de l’offre qui s’adapte à tous les besoins, et la mise en place d’options dans le véhicule
• En quelques années, c'est donc une révolution industrielle qui se met en place chez Renault, conduite par les PDG
successifs. La vieille Régie devient une usine moderne, tournée vers le client. A l'organisation hiérarchique des
anciennes chaînes de montage succède une organisation plus participative. On a une très forte individualisation du
travail.
La sociologie des organisations du CSO
Michel Crozier a étudié aux Etats-Unis pendant l’après-guerre et est ensuite revenu en France. Sa conception sur la
stratégie des acteurs, qui met au centre de son intérêt la question du pouvoir dans les organisations.
Il allait voir ce qui se passait dans les entreprises. Il travaillait sur une entreprise publique qui travaillait sur la fabrication
de cigarette, la SEITA.
Il regardait l’organigramme des hiérarchies dans l’entreprise de Seita, séparé en une logique de production d’un côté, et
de l’autre un côté d’innovation technique, de contrôle, de maintenance. Crozier a constaté que les ouvrières ne
reconnaissaient pas les chefs d’atelier, elle ne les écoutaient pas. De l’autre côté, les chefs d’atelier jugeaient que les
ouvrières étaient négligentes. Les ouvriers d’entretien sont ouvertement agressifs envers les chefs d’ateliers. Les chefs
d’atelier sont résignés et refusent de se prononcer sur les comportements des ouvriers d’entretien. Les ouvriers
d’entretien traitent les ouvrières comme leurs subordonnées. Les ouvrières sont dépendantes des ouvriers d’entretien.
Le climat est tendu. Les ouvrières n’expriment pas des critiques sur la qualité des réparations.
Crozon disait qu’il fallait regarder les alliances. Les acteurs organisaient leurs rencontres à travers un système de
relations. Or, dans ce système, les perspectives nécessairement différentes des uns et des autres les amèneront à s'opposer
aux uns et donc à s'allier aux autres.
La structure relationnelle mise en évidence par Crozier est donc caractérisée par:

• La dépendance des ouvrières par rapport aux ouvriers d’entretien;


• La dépendance des chefs d’atelier par rapport aux ouvriers d’entretien.
L’analyse stratégique a pour objet de débusquer les cas où, tout en restant interdépendants, les acteurs ne sont plus en
interaction. Elle se différencie de l'analyse système au sens où, dans cette dernière, l'interdépendance est implicitement
traitée en termes de nécessité et de besoins aboutissant toujours à une interaction.
Elle dit que les individus exploitent des espaces de liberté, l’organisation est le produit d e leurs « jeux », la marge de
jeux des entretiens est qu’ils peuvent bien réparer les machines ou mal les réparer.
L’analyse classique repose sur une optimiste : les acteurs doivent nécessairement se rencontrer, ils finiront par le faire
et par ajuster cette rencontre. Elle ne dit pas que cet ajustement peut être tel qu'il vide de sens la rencontre au point même
de faire mourir l'organisation.
Les relations sociales répondent à des règles.
Par système de régulation des relations, on entend les règles de relations que se donnent les acteurs pour résoudre
les problèmes quotidiens de l'organisation.
Par exemple, si une panne se produit sur une machine, que fait l'ouvrier de production ? Il avertit son camarade
le plus proche, le régleur, le chef d'équipe, le service entretien, ou le chef d'équipe de l'entretien, ou tel collègue. Quelle
est la marche à suivre officielle s'il y en a une et laquelle est effectivement suivie ?
Les concepts-clés de l’analyse stratégique et systématique :
• le pouvoir;
• la stratégie et l’enjeu;
• la zone d’incertitude;
• le système d’action concret.
Le pouvoir
Avoir du pouvoir ne veut rien dire, le pouvoir c’est une capacité que l’on va exercer sur qqu ou qqc, c’est purement
relationnel.

• Concept central car selon l’analyse stratégique et systémique les comportements en organisation sont interprétés
en termes de relations de pouvoir.
• Selon Crozier un acteur peut influer sur d’autres acteurs à travers l’utilisation à son avantage des ressources dont il
dispose.
Crozier identifie quatre sources de pouvoir pour les acteurs dans les organisations:
1. l’expertise technique, le savoir, le savoir-faire;
2. la maîtrise des informations;
3. la maîtrise des règles et de l’attribution des moyens;
4. la maîtrise des relations avec les environnements pertinents pour l’organisation ou pour toute partie de celle-ci.
La stratégie
Dans l’analyse stratégique au contraire, l’individu est partiellement libre
Il agit en fonction d’intérêts qui ne se superposent pas aux objectifs de son poste, même définis par le contexte
organisationnel.
L’ensemble cohérent de comportements des acteurs peuvent être considérés comme des stratégies.
Toute stratégie est rationnelle aux yeux de celui qui l’utilise.
L’enjeu
Les enjeux sont les buts que les individus poursuivent dans un contexte caractérisé par des contraintes.
Il y a plusieurs types d’enjeux.
Stratégie et enjeu sont indissociables car la stratégie est orientée en fonction des enjeux, c’est- à- dire que l’enjeu permet
de définir la stratégie et donne sens aux comportements observés.
La zone d’incertitude
Il reste toujours dans chaque organisation des zones mal définies, où existe un déficit de rationalité. Elle sont nommées
par Crozier zones d’incertitude.
Dans ces zones il y a une plus grande marge de liberté pour les acteurs, dont ils chercheront à tirer profit.
Une zone d’incertitude, c’est avoir la liberté d’agir …ou pas.
Incertitude et pouvoir
« Plus la zone d’incertitude contrôlée par un individu ou un groupe sera crucial: plus celui-ci disposera de pouvoir ».
Par ex: votre mél ne marche plus
A. Seul l’ingénieur-système par ailleurs « très occupé » pourrait intervenir: il y a donc
1. La maitrise de la ressource nécessaire
2. La marge de manœuvre pour intervenir plus ou moins rapidement
B. Vous attendez un mél important : Z.I. = son pouvoir sur vous= A x B
Le système d’action concret
C’est la résultante des différentes stratégies. Ce système d’action concret ne recoupe pas forcément l’organigramme (qui
ne représente que la partie formelle de l’organisation).

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