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Université Abderrahmane MIRA – Béjaia

Faculté des Sciences Humaines et sociales


Département de sociologie.

COURS
D’INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE
Pour les étudiants de 1ère année L.M.D. S.H.C.

Dr. AISSAT MD. TAHAR.

Programme :

Introduction
Chapitre 1 : La sociologie : Historique de sa genèse, définitions, ses
domaines et ses rapports avec d’autres sciences sociales.
1.1. Le contexte historique d’émergence de la sociologie.
1.2. Définitions de la sociologie.
1.3. Les domaines de la sociologie.
1.4. Le rapport de la sociologie avec d’autres sciences sociales.
Chapitre 2 : Sociologie classique des auteurs Fondateurs.
2.1. La pensée sociologique d’IBN KHLDOUN (1332- 1406)
2.2. Les trois étapes de l’évolution de la pensée humaine (A. COMTE 1798- 1857).
2.3. La division sociale du travail (E. DURKHEIM (1858- 1917).
2.4. Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique ( K. MARX 1818-
1883)
2.5. L’action sociale (M. WEBER 1864- 1920).
2.6. L’évolutionnisme sociologique (Herbert SPENCER 1820 - 1903).
Chapitre 3. Les écoles sociologiques :
3.1. L’école de Chicago ou l’interactionnisme symbolique.
3.2. L’école de Francfort ou le néo- marxisme.

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Introduction
Ce cours d’introduction à la sociologie vise avant tout à faire découvrir aux étudiants
de première année de sociologie les notions de base de sociologie (Phénomènes et faits
sociaux, division du travail, action sociale, typologie des sociétés…), dont l’objet et la
méthode sont étroitement liés aux sciences sociales du moment qu’ils appartiennent à cette
branche des sciences de l’homme (humaines) en général où il est difficile sinon impossible de
séparer ou d’isoler les différents aspects de la société : le social, le culturel, l’économique et le
politique comme il est impossible d’appliquer les méthodes expérimentales (in vitro) propres
aux sciences de la nature et de la physique.

Le programme élaboré pour une durée d’un semestre comporte trois (3) chapitres :
- Le premier chapitre se rapporte à la genèse de la sociologie en tant que science et les
facteurs essentiels qui ont contribué à son émergence et à son affirmation. Puis, sont
abordés les axes relatifs à ses domaines et ses rapports avec la science économique,
l’histoire, la démographie et la science politique.
- Le deuxième chapitre se rapporte à la sociologie classique et quelques uns de ses
fondateurs Comme IBN KHALDOUN et sa théorie Auguste COMTE et les trois
phases de l’évolution de la pensée humaine, Emile DURKHEIM et la division sociale
du travail, Karl MARX : le matérialisme dialectique et le matérialisme historique et
Max WEBER et la typologie des actions sociales…qui ont posé et défini les concepts
de positivisme, méthode scientifique, solidarité sociale, l’action sociale.
- Le troisième chapitre porte sur les écoles sociologiques les plus importantes qui ont
marqué l’histoire de la sociologie, la première est l’école de Chicago (américaine) et la
deuxième est l’école de Frankfort (allemande).

Chapitre 1
La sociologie : Genèse, définitions et domaines :

1.1. Genèse de la sociologie :


Comment la sociologie est née ? Et dans quel contexte historique?
La sociologie est née dans un contexte caractérisé par des transformations politiques,
économiques et culturelles profondes qui ont bouleversé l’ordre social féodal et ouvert la voie
à la mise en place du nouvel ordre capitaliste en Europe. Ceci s’est traduit par trois types de
transformations :

1.1.1. La révolution industrielle :


Révolution industrielle ou développement du secteur secondaire ou (qui a commencé en
Angleterre dans le secteur du textile) au détriment du secteur primaire et de l’économie rurale
traditionnelle, qui caractérisait l’économie féodale. Ce qui a permis, selon certains auteurs,
d’orienter la réflexion vers la réorganisation générale de la société.
La révolution industrielle n’est pas seulement une multiplication de manufactures et d’usines,
mais ses impacts sont profonds sur la structure sociale puisqu’elle a conduit à un exode rural
massif des paysans sans terre vers les villes, apparition de concentrations de masses ouvrières
(la classe ouvrière ou le prolétariat) dans ces villes qui vendent leur force de travail en
contrepartie d’un salaire aux propriétaires des moyens de production (Les patrons, les
capitalistes ou la bourgeoisie). Du même coup, apparition d’un bourgeoisie terrienne et de la
grande propriété agricole (grandes exploitations agricoles) par le regroupement de plusieurs

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petites propriétés, dont la production n’est plus destinée à la seule consommation de
subsistance mais pour une large consommation au marché en vue de réaliser des profits.
Par ailleurs, ce développement a été un facteur déterminant de la course à la colonisation des
pays non industrialisés à la recherche d’une main d’œuvre et de ressources naturelles
nécessaires à bas prix.

1.1.2. Changement de système qui est passé du féodalisme au capitalisme :


Si le passage de la société du système féodal au système capitaliste s’est déroulé suite à un
processus de réformes, qui ont commencé avec la loi relative à la mise en place des clôtures
autour des exploitations agricoles et la construction d’un réseau routier performant, il s’est fait
en France dans la violence meurtrière à commencer par la révolution du 14 juillet 1789 qui a
conduit la classe bourgeoise à la prise des règnes du pouvoir politique au détriment de la
noblesse, avec qui s’est alliée l’église durant l’ère féodale. Autrement dit, on assisté à la
deuxième moitié du 18ème siècle à la constitution de la société capitaliste, ou formation sociale
capitalistes à deux classes : Bourgeoisie, détentrice des moyens de production et la classe
prolétaire, qui vend sa force de travail en contrepartie d’un salaire, selon les termes marxistes.
Ce grand bouleversement a ouvert la voie à l’économie de marché capitaliste et à la libre
concurrence, à l’entreprise en tant que forme d’organisation du travail, aux valeurs capital,
science, travail et citoyenneté qui sont devenues avec le temps des valeurs centrales de la
société capitaliste.

1.1.3. Rupture épistémologique et le règne de la philosophie des lumières:


Emergence d’une pensée libérale critique appelée « philosophie des lumières », qui s’est
affranchie de l’emprise de l’église, avec des auteurs comme J. J. Rousseau (1712- 1778) qui a
écrit le contrat social en 1762, Montesquieu (1689- 1755) qui a publié en 1749 son célèbre
ouvrage « De l’esprit des lois », Condorcet Marie Jean Antoine de (1743-194) fondateur de la
mathématique sociale qui accorde une plus grande importance au vote ou analyse des
suffrages (Les mécanismes du choix collectif), David HUME (philosophe anglais anti-
métaphysique : 1711-1776) qui aspirait de son vivant à devenir le Newton de la vie sociale,
Diderot Denis l’encyclopédiste (1713-1784)….etc. Donc, la sociologie a trouvé son origine
dans « le procès intenté par les philosophes des lumières à la société qu’ils ont sommé de
comparaître devant le tribunal de la raison ».
Durant cette période en Angleterre, c’est plutôt le règne de la pensée économique classique
avec des auteurs devenus des références de base comme Adam Smith (1723-1790) qui
considère que la recherche individuelle du profit est la condition de l’enrichissement collectif,
Thomas Malthus (1766-1834) célèbre pour ses thèses sur l’accroissement inégal des
populations et des ressources, David Ricardo (1772-1823) qui montra que la rente foncière
entraîne la paupérisation.
Ce mouvement de pensée de la fin du 18 ème siècle a été le résultat d’une évolution déclenchée
au départ par le mouvement d’émancipation entamé dans le domaine religieux par CALVIN
(Jean Calvin : 1509-1564) théologien réformateur et Martin Luther (1483-1546) réformateur
religieux allemand, que M. Weber considère dans son livre « L’éthique protestante et l’esprit
du capitalisme », comme les initiateurs des réformes qui sont à l’origine du système
capitaliste.

1.2. Définitions de la sociologie :


La notion de « sociologie » a été inventée par Auguste Comte en 1839 pour remplacer
l’expression « physique sociale », chère à Saint Simon. C’est un terme composé du mot latin
« sociétas », qui veut dire société et du mot grec « Logos » qui signifie étude. De manière

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générale, la sociologie représente le moyen de comprendre de manière raisonnée la société ou
un aspect de la société.
Le but d’A. Comte est d’instaurer une nouvelle science capable de répondre aux nouvelles
questions que suscitent les transformations sociales selon une méthode qualifiée de positiviste
qui repose sur les principes suivants :
1°- Observer les faits sociaux indépendamment des conceptions morales, philosophiques et
religieuses.
2°- Considérer les phénomènes observés dans la réalité relatifs. Il faut les confronter et les
comparer sans favoriser un phénomène par rapport à un autre.
3°- Orienter la recherche vers la pratique ou assurer le passage de la théorie à la pratique.
Cette orientation positiviste d’A. Comte est liée à sa volonté de recourir aux sciences
physiques et biologiques pour expliquer les phénomènes sociaux
Sur la même lancée, E. DURKHEIM, considère que la sociologie est « la science des faits
sociaux ». Indépendamment de l’histoire et de la psychologie, la sociologie doit « expliquer
les faits sociaux comme des choses ». Ceci veut dire qu’il faut se détacher de ses émotions,
préjugés et présupposés dans l’étude d’un phénomène social pour rechercher ses causes et sa
fonction sociale. Un fait social se caractérise par deux caractéristiques essentielles : Il est
extérieur aux individus et coercitif c'est-à-dire qu’il s’impose aux individus comme une
contrainte. DURKHEIM le définit comme étant «  toute manière de faire, figée ou non,
susceptible d’exercer une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans
l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses
manifestations individuelles ».
E. DURKHEIM s’est attelé durant toute sa vie à continuer le travail d’A. Comte afin
d’affirmer la singularité de la sociologie et la spécificité de son objet d’étude, « le social qui
ne peut être réduit à une somme d’individus et qui ne peut être expliqué que par le social et
non par les états d’âmes des individus». Il a surtout contribué à intégrer la sociologie à
l’université comme discipline académique après avoir défini les règles de la méthode
scientifique de l’étude des faits sociaux1, à savoir :
1. Etudier les faits sociaux comme des choses c'est-à-dire sans présupposés et de manière
détachée du sujet.
2. Distinguer les faits normaux et les faits pathologiques
3. Constituer des types sociaux.
4. Les faits sociaux doivent être expliqués en se référant aux faits sociaux antécédents et
non parmi les états de conscience individuelle.
5. Administration de la preuve : Durkheim privilégie la méthode quantitative
comparative (Dans son étude sur le suicide, il a analysé les statistiques relatives au
suicide en comparant leurs variations en fonction de la situation matrimoniale,
l’appartenance religieuse, saison…etc).

A l’inverse du courant positiviste d’A. Comte et E. DURKHEIM, le sociologue allemand


Max WEBER, considère que l’atome de la sociologie est l’individu et non les structures
sociales. La sociologie doit comprendre les situations sociales en se fiant à l’interprétation des
acteurs eux-mêmes, car elle est « la science de l’action sociale ». Il classe les actions sociales
en trois types idéaux : l’action rationnelle (rationnelle par rapport à une finalité ou par rapport
à une valeur), l’action affective et l’action traditionnelle. La dominance de chaque type
d’actions révèle le niveau de développement des sociétés humaines (L’action rationnelle
caractérise les sociétés modernes). Mais on ne peut comprendre les comportements des
individus que si l’on prend en compte leurs conceptions du monde dont les croyances
religieuses constituent une partie.
1
- En 1895, E. DURKHEIM publia son ouvrage intitulé « Les règles de la méthode sociologique ».

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Par contre, Herbert Spencer (1829- 1920), considère que les rapports entre les
individus et le système social sont des rapports interactifs puisqu’il dit que les individus
peuvent développer des comportements qui peuvent renforcer ou affaiblir le système social, et
réciproquement, ce dernier est capable d’engendrer un type des comportements qui lui sont
congruents (adéquats). Mais SPENCER est surtout connu pour sa sociologie évolutionniste :
un évolutionnisme souple qui décrit les tendances et les circonstances.

Les définitions de la sociologie sont multiples qui représentent des façons et des conceptions
différentes de définir son objet d’étude, mais on doit retenir trois d’entre elles, qui sont :
1° - La sociologie est l’étude des rapports sociaux entre individu (s), groupe (s), classe (s) et
société (rapports d’interaction, rapports de production, rapports affectifs, rapports de
domination, rapports de coopération, rapports de compétition, rapports objectifs par rapport
aux rapports subjectifs …etc).
2°- Elle est considérée la science qui étudie les pratiques, les institutions sociales et les
professionnels comme éléments de gestion de l’ordre social.
3°- Elle représente pour WEBER et les Wébériens, la science consacrée à l’étude du
comportement et des conduites individuelles et collectives en prenant en compte les faits de
conscience dans la mesure où les situations sociales n’influencent ces conduites qu’en
fonction de la signification que leur attribuent des acteurs socialisés dans une culture.

Quoi qu’il en soit, on distingue entre deux grands courants sociologiques :


1°- Le courant holiste où le tout explique les parties et les éléments et où la société façonne
l’individu pour en faire un membre intégré ou un sujet social. L’individu est entièrement
déterminé par des forces sociales extérieures qui exercent continuellement des contraintes sur
lui.
2°- Le courant actionnaliste Wébérien où le tout est constitué de la somme des parties et des
éléments. Les individus, qui sont les atomes de la société, sont considérés acteurs libres,
autonomes et rationnels.

1.3. Les domaines de la sociologie :


Les questions posées par la sociologie sont aussi multiples que ses domaines d’intervention.
D’une manière générale, elle s’interroge sur la nature des institutions qui organisent notre
vie : La famille, la garderie, la crèche, l’école, le club sportif, la mairie, la police, le tribunal,
la prison, l’entreprise, le parti politique, le syndicat…etc. La société devient de plus en plus
complexe et ce que connaît l’homme primitif de sa société (économie, les techniques de
production, les institutions, l’éducation…) est plus important que la connaissance de l’homme
d’aujourd’hui de sa propre société en raison de l’évolution grandissante de la société vers plus
de complexité et de l’accumulation des connaissances diverses. La société primitive est
simple alors que la société moderne est complexe et nécessite l’intervention scientifique pour
l’expliquer.
Le domaine d’intervention de la sociologie est si vaste qu’il s’est multiplié en plusieurs
domaines particuliers : Sociologie de la culture, sociologie de l’éducation, sociologie du
travail, sociologie de l’entreprise, sociologie de la famille, sociologie des religions…etc. Un
même domaine peut concerner plusieurs champs de recherche, exemple le domaine de la
culture concerne aussi bien le droit, que l’économie et l’éducation… Et un même champ de
recherche peut concerner plusieurs domaines, exemple de la famille qui concerne aussi bien
la culture (y compris la religion), le droit, l’économie, l’éducation…qui représentent des
facteurs importants à prendre en compte.
DOMAINES DE LA RECHERCHE SOCIOLOGIQUE.

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DOMAINES SUJETS CHAMPS DE
RECHERCHE
Socio- culturel Coutume, consommation, Sociologie du corps,
habitude, médias… sociologie du genre
Droit Justice, justice sociale, racisme, Sociologie du droit
sexisme…
Socio- économique Précarité, pauvreté, richesse, Sociologie économique
égalité sociale…
Education Abandons scolaires, Sociologie de l’éducation
socialisation…
Filiation Association, adolescence, Sociologie de la famille,
Couples, célibat, mariage… sociologie des couples.
Socio- politique Mouvement social, libéralisme, Sociologie politique
socialisme, démocratie…
Religion Croyances, secte, athéisme, Sociologie des religions
bouddhisme, islam…
Santé Obésité, dépression, Toxicomanie, Sociologie de la santé
anorexie mentale
Travail Organisation, Entrepreneuriat, Sociologie du travail
marché du travail, chômage…
Science Modernisme, technologie, le Sociologie des sciences
savoir scientifique…
Philosophie Philosophie politique, Doctrine, épistémologie.
philosophie du droit, évolution
de la pensée humaine

1.4. La sociologie et ses rapports avec certaines sciences sociales:


Il est difficile, sinon impossible, de séparer chaque aspect social du reste de la social, puisque
l’économique, le politique, le culturel et le social s’imbriquent dans la vie sociale de la société
qui devient de plus en plus complexe. Cette complexité grandissante exige l’intervention de
plusieurs disciplines scientifiques (la pluridisciplinarité) pour la décortiquer, la comprendre et
l’expliquer.

1.4.1. Avec la science économique :


Quel rapport y a-t-il entre la sociologie et la science économique ? Les économistes
considèrent leur discipline une science des chiffres et de comptabilité, alors qu’en réalité les
statistiques et les mathématiques ne sont que des instruments au service de la science et
derrière les chiffres, il y a des rapports de production, des rapports d’échange et un mode de
consommation qui sont différents d’une société à une autre et d’une période historique à une
autre.
La sociologie comme la science économique, font partie de cet ensemble de sciences étudiant
l’homme en société. Cette dernière a pour objet l’étude de l’activité économique à travers les
trois phases de la circulation de la marchandise (la production, la distribution et la
consommation), qu’on ne peut envisager en dehors de la société. D’où la difficulté de
distinguer l’économique du social et du culturel. C’est ce qui a conduit à remplacer le principe
de l’homo-économicus, cher à l’économie classique, par celui de l’homme rationnel et
orienter du même coup la recherche en sciences sociales vers plus de pluridisciplinarité pour
mieux appréhender les problématiques que posent les sociétés modernes.
Les problèmes de chômage croissant, pauvreté, les pandémies, travail informel…sont autant
de problèmes qui nécessitent l’intervention de scientifiques de disciplines différentes pour une

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analyse multidimensionnelle. De plus, ces deux sciences partagent sur le plan méthodologique
les techniques d’investigation comme l’entretien, le questionnaire, le sondage d’opinions, le
journal…etc. Mais il reste que la science économique tend généralement à donner la priorité à
la création des richesses, la croissance et l’avoir alors que la sociologie cherche en premier
lieu l’équilibre des relations sociales, la satisfaction et le bien être.

1.4.2. La sociologie et la psychologie :


La psychologie s’intéresse à l’individu pour étudier l’effet du social sur son état psychique
alors que la sociologie s’intéresse aux phénomènes du nous collectif eux-mêmes. Le point de
départ de la psychologie est l’individu pour voir et comprendre comment est-il façonné et
affecté par son environnement social alors que le point de départ de la sociologie est l’homme
en société, c’est à dire son aspect collectif et social. Ces deux sciences sont différenciées par
les instruments utilisés : La psychologie se sert de l’observation des enfants, autistes et
aliénés…etc ; tandis-que la sociologie se sert beaucoup plus des méthodes comparatives :
comparaison des variations statistiques ou par l’histoire comparée des générations, des sexes
et des âges… Selon PIAGET, demander lequel des deux précède l’autre : l’individu ou la
société, c’est comme quand on demande si l’œuf est venu avant la poule ou la poule avant
l’œuf ?
Les deux sciences partagent un domaine de recherche qui est la psychologie sociale ou la
psychosociologie qui étudie le comportement humain au niveau de l’individu dans un groupe
social.

Sociologie Psychologie Psychologie


La société (Valeurs, L’individu (Désirs,
Sociale
normes, règles, émotions,
autorité, exigences Le groupe motivations,
et contraintes, aspirations,
organisations capacités,
sociales,  adaptation…)
intégration…

La psychologie sociale ou psychosociologie est le domaine commun partagé des sociologues


et psychologues.

1.4.3. La sociologie et l’histoire :


Si la sociologie repose sur l’observation de faits sociaux réels, comment alors
l’historien pourrait-il observer les faits du passé qui n’existent plus aujourd’hui ? L’étude des
faits du passé se réfère aux documents de recherche ou administratifs et aux vestiges
historiques (constructions, instruments, figures rupestres, tombes…) pour reconstruire des
faits des faits qui se déroulés dans le passé plus ou moins lointain.
Dans beaucoup de phénomènes et faits sociaux observés au présent ont des causes et
des racines dans le passé, qu’il est judicieux d’explorer afin de les comprendre et les
expliquer. Chaque phénomène social a une histoire, une évolution qu’il faut décrire et
analyser. C’est pourquoi, le sociologue a souvent besoin d’analyser le passé pour comprendre
le présent qui est son produit.
Par ailleurs, on s’interroge sur les limites de l’histoire qui est souvent assimilée au
passé, Par où commence le passé et par où se termine t-il ? Pour les marxistes, l’histoire d’une

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société est la combinaison des trois temps de sa vie passé- présent et avenir. Pour Ibn
KHALDOUN, toute civilisation a une vie cyclique: Les empires et les hommes ont leur vie
propre. Ils grandissent, arrivent à l’âge de maturité puis commencent à décliner. En général, la
durée de vie des empires ne dépasse pas trois générations 120 ans environ…

CHAPITRE 2 :
SOCIOLOGIE DES AUTEURS FONDATEURS:

La sociologie classique des auteurs fondateurs, qui ont posé les fondements de la
sociologie en tant que science comme : IBN KHALDUN et sa distinction entre la société
bédouine, rurale et la société citadine sédentaire (‫)الحضر و البدو‬, A. Comte et les trois étapes de
l’évolution de la pensée humaine, E. Durkheim et la division sociale du travail, K. Marx et
l’analyse socio- économique du capitalisme, A. COMTE et l’évolution de la pensée humaine
en 3 trois étapes, Herbert SPENCER et évolutionnisme sociologique linéaire, Emile
DURKHEIM et la division sociale du travail, M. Weber et l’action sociale.

2.1.1. La sociologie historique d’Ibn khaldoun (1332- 1406) :


Ibn Khaldoun est considéré pluridisciplinaire dans la mesure où il représente une référence
dans les domaines de l’économie, géographie, philosophie, démographie et surtout dans le
domaine de la réflexion sur l’histoire sociale des peuples et des civilisations de la
méditerranée. Dans l’introduction de sa muqaddima (Prolégomènes), IBN- KHALDUN a
exprimé son vœu de contribuer à l’émergence d’une nouvelle science qui s’intéresse à la vie
des gens et de leurs situations socio- économiques et socio- politiques qu’il a nommée "‫علم‬
‫ العمران البشري‬mais en conclusion, il a fini par dire qu’une science ne peut être construite par
une seule personne car il faut qu’il y ait d’autres personnes de plusieurs générations qui
continuent le travail de construction et de recherche pour en faire une science reconnue et
diffusée.
L’une des principales finalités de la sociologie constituée par Ibn Khaldoun est de rendre
possible la production d’un discours historique qui soit objectif et scientifique. L’un des
aspects les plus importants de sa théorie sociale, est le fait que tous les domaines qu’il a
traités, sont également considérés suivant les relations qui s’établissent entre eux, et les
interactions qui les lient. Le monde rural ou bédouin, le monde citadin, le champ du pouvoir
politique, celui du religieux, la force cohésive des groupements humains, l’univers de
l’activité économique, etc., sont certes distingués, mais leur interdépendance, et leurs
interactions sont également fortement établies et prises en compte.
Il analyse les relations entre la vie bédouine, rurale, nomade et la vie urbaine, citadine,
sédentaire qui représentent une source de conflit social majeur. Les populations bédouines
possèdent, selon lui, une forte « assabiya » et une foi plus solide, alors que les populations
citadines, deviennent plus décadentes et corrompues au fil des générations et leur assabiya
diminue au même temps. Dans sa muqaddima, on peut lire « A comparer les citadins aux
ruraux, le citadin ne nous apparaît-il pas orné d’intelligence et plein de savoir-vivre, au point
que le rural est porté à croire que le citadin le surpasse par son niveau d’humanité et de raison,
ce qui n’est pas le cas »2. Autrement dit, il ne s’agit pas de vérités scientifiques mais tout
simplement de préjugés sociaux qui entachent les relations entre citadins et ruraux.
L’une des principales conditions énoncée par Ibn Khaldoun est celle où il considère qu’il ne
peut y avoir d’histoire d’ordre scientifique, que si celle-ci est appuyée sur une science de la
société établie explicitement et nourrie d’une connaissance pratique de la dynamique sociale.
2
- Mustapha HADDAB, Philosophie et savoir sociohistorique dans la pensée d’Ibn Khaldoun, in revue
Insaniyat, n° 49, CRASC, Oran, 2010. (P-P. 09 -18). Voir aussi : - Ibn Khaldoun, La Muqaddima, Beyrout, Dar
el kitâb, p. 776.

6
Mais ce travail de fondation d’une histoire scientifique, dont la singularité a donné lieu à
beaucoup d’investigations, repose lui-même sur un second niveau de réflexion, niveau que
l’on peut considérer comme relevant de la sociologie de la connaissance. Dans un 3ème
niveau de sa démarche épistémologique, Ibn Khaldoun, en tant que sujet connaissant se prend
lui-même pour objet. C’est la recherche de la connaissance de soi du sujet connaissant c’est à
dire d’un travail de sociologie réflexive. De manière générale, il considère que l’homme,
contrairement à l’animal, doit conquérir le savoir qui lui est spécifique car il est en soi
ignorant et savant par acquisition. C'est-à-dire qu’il fait toujours le lien entre « El- Ilm et E-
taalim » ou la science et l’apprentissage ou l’éducation ». Selon lui, l’homme doit acquérir le
savoir par l’apprentissage.
A travers son approche historique, il explique la montée et le déclin des civilisations en cinq
générations qui ressemblent aux cinq étapes de la vie d’un être humain (enfance, jeunesse,
Adulte ou la force de l’âge, vieillesse et déclin). La religion joue un rôle important dans ces
civilisations. Quant à la légitimité du pouvoir, il l’explique par « l’assabiya » qui forge une
identité d’intérêts et de comportements qui constitue un groupe capable d’imposer son
autorité (El- mulk) qui est la base de construction de toute civilisation.

2.1.2. Le positivisme d’Auguste COMTE:


2.1.2.1 Le positivisme et la double analyse :
Le positivisme est un courant philosophique fondé par A. COMTE entre 1830 et 1842 et qui
est considéré à la fois héritier et critique de la philosophie des lumières 3. Son but est de
chercher les lois, de ce qu’il appelait au départ la physique sociale (remplacé plus tard par le
terme Sociologie), qui régissent les phénomènes sociaux.
D’après lui cette recherche doit procéder selon deux types d’analyse des phénomènes
sociaux :
1°- l’analyse statique : C’est l’étude de l’état d’équilibre des forces sociales, ou l’analyse
d’un phénomène social à l’état stable, stationnaire.
2°- l’analyse dynamique: C’est l’analyse des changements ou des etapes d’évolution d’un
phénomène social donné. Elle complète la première.

2.1.2.2. La loi des trois phases de l’évolution de la pensée humaine.


Selon cette loi, l’esprit humain a évolué en trois phases :
1- L’âge théologique : L’esprit humain explique les phénomènes en les attribuant à des
forces surnaturelles comparables à l’homme lui-même. Les phénomènes naturels comme les
volcans, les séismes, les inondations…sont attribués à la volonté des forces surnaturelles
(dieux) à qui l’être humain offre des offrandes et des sacrifices pour calmer leur colère ou
demander aide et protection. Le mode de penser théologique était contemporain au
développement de l’activité militaire, qui s’exprimait par le premier rang accordé aux
guerriers.
2- L’âge métaphysique : C’est le mode de penser philosophique métaphysique qui
prédomine. La métaphysique est une pensée abstraite ou par concepts qui considère que le
comportement humain est contrôlé par des forces abstraites. A titre d’exemple, l’économique
est pensé en l’isolant du tout social, alors qu’un aspect de la vie sociale ne peut être compris
qu’à l’intérieur du tout. COMTE critique le contrat social de J.J. ROUSSEAU qu’il considère
abstrait, artificiel, c'est-à-dire métaphysique.
3- L’âge scientifique : La façon de penser positive s’est imposée en mathématiques, en
physique, en chimie, en biologie. Et il est tout à fait normal qu’elle s’impose dans les
disciplines des sciences humaines, qui sont plus complexes que les premières. De ce fait, les
3
- Il faut considérer la critique comme principe de la pensée scientifique moderne. C’est par la critique qu’on fait
avancer la connaissance scientifique.

6
savants remplacent les théologiens en tant que catégorie sociale qui fournit la base
intellectuelle et morale de l’ordre social nouveau.
La société moderne selon Auguste COMTE, est fondée sur l’industrie qui est l’activité
principale. Elle se caractérise par les caractéristiques suivantes :
1°- L’industrie est fondée sur l’organisation scientifique du travail en vue du rendement
maximum (au lieu d’être organisée selon la coutume).
2°- L’application de la science à l’organisation du travail permet à l’humanité de développer
ses ressources.
3°- La production industrielle implique des concentrations d’ouvriers dans des fabriques. Un
phénomène social nouveau apparaît : Les masses ouvrières.
4°- Ces concentrations ouvrières sur le lieu de travail conduisent à une opposition latente ou
ouverte entre les employés et les employeurs.
5°- Grâce au caractère scientifique du travail, la richesse ne cesse d’augmenter et les crises de
surproduction se multiplient. Ce qui engendre la pauvreté au milieu de l’abondance.
6°- Le système économique lié à l’organisation industrielle et scientifique du travail est
caractérisé par la liberté des échanges et par la recherche des profits de la part des
entrepreneurs.

2.1.3. L’évolutionnisme d’Herbert SPENCER


Spencer considère que l’homme a progressé par lui-même grâce aux ressources de son génie,
au lieu de se transformer passivement sous l’empire du milieu, c’est lui qui a transformé le
milieu pour l’adapter à ses exigences. Pour lui, chaque étape est une transformation d'une
force mécanique. C'est pour cette vision nettement mécanique que cette théorie de Spencer est
associée majoritairement au courant scientifique qualifié de « Darwinisme social » ou
encore de « théorie organiciste ». On compte cinq étapes constituant la pensée évolutionniste
de SPENCER :

1. La loi universelle de l'Évolution : Cette première étape est la fondation de la


synthèse spencérienne dont chacune des étapes est une manifestation de son
application. Cette étape unificatrice, trouve sa source dans une autre loi qui est la loi
de la conservation de l'énergie. De ce postulat sont imposées une quantité invariable
des forces : Les forces statiques de la matière et les forces dynamiques des diverses
énergies (la matière, le corps ou la force statique + L’âme, l’énergie ou la force
dynamique) et leur transformation constante qui est une transformation « forcée » par
la quête de leur équilibre commun : en cette loi, elles s'entre-heurtent et s'échangent
des propriétés entre elles. Cet échange donne ensuite naissance à leur modification
commune, croissante et graduelle (évolution).
2. L'Évolution physique et biologique : A partir de cette deuxième étape, les principes
d'évolution s'appliquent à la nature organique et inorganique. Cependant, Spencer
s’est limité à reprendre les théories déjà existantes. Concernant l'Évolution physique,
c'est l'hypothèse du déterminisme de Laplace qui permet de la mettre en évidence.
Effectivement, selon Laplace, le monde physique « obéit à des lois d'évolution non-
probabilistes », cette théorie coïncide donc avec les premiers points avancés de
Spencer tout en les complétant (selon la loi de la conservation de la matière).
Quant à L'Évolution biologique, elle fut démontrée et expliquée par les thèses
du transformisme biologique de Darwin. Ainsi, Spencer cite de nombreux exemples
darwiniens exposant l'Évolution. La loi fondamentale darwinienne qu'est la sélection
naturelle et qui instaure la persistance du plus apte et la lutte pour la vie illustre
parfaitement l'interprétation de Spencer. Ainsi si les forces appliquées sont celles de la
lutte pour la vie, les individus forts persistent car ils se rassemblent et résistent mieux

6
au dispersement que les individus faibles qui, de ce fait, sont eux forcés d'extinction.
Ainsi Spencer incorpora les théories de Laplace et de Darwin dans un ensemble plus
vaste qu'est l’évolutionnisme spencérien.
3. L'Évolution psychologique : Herbert Spencer établit ensuite un lien entre cette étape
et la précédente dans la mesure où les actions et les réactions du corps et de l'esprit
pourraient très bien être les faces internes et externes du même changement, et ce,
selon les faits observables. Or, cela n'est pas prouvable et ne reste qu'une hypothèse,
celle du parallélisme psychophysique.
4. L'Évolution sociale et morale : Connu comme l'un des principaux défenseurs de la
théorie de l'évolution au 19ème siècle. Spencer a imposé le terme d'«évolution » et
l'expression de « sélection des plus aptes », qu'il mettait en rapport avec la sélection
naturelle de Darwin. Il a notamment étudié l'extension de cette notion à des domaines
comme la philosophie, la psychologie et la sociologie dont il est reconnu comme l'un
des fondateurs.
Spencer considérait « la société comme un organisme vivant, ou une supra-
organisation ». Cependant, la sociologie va beaucoup plus loin, et fait des lois de la nature
comme la sélection naturelle une loi de l'évolution des sociétés. Ses recherches visaient à
découvrir les lois d'évolution de la société, en se basant sur celles des espèces. Sa pensée se
construit ainsi selon des conceptions évolutionnistes et réductionnistes.
Il fait de l'histoire des sociétés une histoire linéaire (non dialectique) de la nature. Pour lui, la
société passe en plusieurs étapes d'un stade primitif où tout est homogène et simple à un
stade élaboré, caractérisé par la spécificité, la différenciation et l'hétérogénéité.
Il considère que « les rapports entre les individus et le système social sont des rapports
interactifs » puisqu’ils peuvent développer des comportements qui renforcent ou affaiblissent
le système social, et réciproquement, ce dernier est capable d’engendrer chez lez individus des
comportements qui lui sont conformes ou adéquats.
L’évolutionnisme de SPENCER un évolutionnisme linéaire et souple qui décrit les tendances
générales de l’évolution des sociétés humaines d’une société simple à une société complexe.
D’autres auteurs l’ont suivi sur cette ligne pour distinguer entre la société traditionnelle et la
société industrielle, société archaïque et société développée, société holiste (totalitaire) et
société individualiste… Chez MARX et les marxistes l’évolution est plus compliquée puisque
la société évolue en fonction de l’évolution de son mode de production d’une société
esclavagiste à une société féodale, puis capitaliste, ensuite socialiste Selon les prévisions de
MARX)…
5. L'Évolution métaphysique et religieuse : La philosophie métaphysique a résisté au
positivisme et au scientisme. Cette résistance s’incarne contre une certaine tradition
complexée par la suprématie des sciences en adaptant la philosophie en réduisant le
fossé qui sépare la méthode philosophique de la méthode scientifique et en l’orientant
vers l’exactitude.  

2.1.4. La division sociale du travail (Emile DURKHEIM):


L’interrogation première de DURKHEIM porte sur l’intégration des individus dans la
société : comment et pourquoi les individus sont-ils intégrés à la société ? Cette question
centrale a traversé toutes les études d’E. DURKHEIM qui se sont intéressées aux deux thèmes
suivants :
1°- Origines de l’ordre social, où il conteste l’explication artificialiste du contrat social, et
propose une théorie fondée sur la norme et la sanction comme conditions premières de toute
vie en société.
2°- Etude de la nature et des causes de l’évolution des sociétés modernes vers une plus grande
différenciation des fonctions sociales.

6
2.1.4.1. Les types de solidarité et de division du travail4 :
DURKHEIM répond à ses interrogations en distinguant entre deux formes d’organisations
sociales :
1°- La solidarité mécanique : C’est une forme de solidarité qu’on retrouve dans les sociétés
segmentaires : chaque groupe social local ou tribu constitue un segment autonome, qui a peu
de communication avec les autres segments. Il s’agit d’une solidarité par similitude, c'est-à-
dire qu’il y a peu de différences entre les individus de la même communauté, qui se
ressemblent car ils adhèrent aux mêmes valeurs, éprouvent les mêmes sentiments et
appartiennent à la même communauté. Ils ne sont pas des individus indépendants les uns par
rapport aux autres mais membres entièrement intégrés dans la communauté.
2°- La solidarité organique : C’est une forme d’organisation plus avancée, propre aux
sociétés modernes, où les individus s’expriment par la différenciation. Chaque individu est
différent de l’autre par sa personnalité mais chacun d’eux remplit une activité, aussi
différente, en complémentarité avec les activités des autres individus, exactement comme la
complémentarité des fonctions des organes d’un corps vivant pour assurer sa cohésion et sa
survie.
Dans le premier cas, on retrouve une division sociale du travail qui repose sur les critères
physiologiques de l’âge et du genre : division du travail entre les femmes et les hommes et
division en fonction de l’âge (enfants, jeunes et personnes âgées) et aussi division entre travail
intellectuel et travail manuel qui renvoie à la division des classes sociales (Maitres et
esclaves). Par contre dans le deuxième cas, la division technique (économique) du travail, qui
a pour origine la désintégration de la solidarité mécanique et de la structure segmentaire, est
poussée à l’extrême par la multiplication des activités industrielles et la différenciation ou
spécialisation des métiers, dont l’affectation des individus repose sur les critères de
qualifications (diplômes, formations…etc) et des compétences.

2.1.4.2. Les différents types de suicide :


Dans son étude statistique sur le suicide, DURKHEIM distingue entre 4 types de suicide :
1°- Le suicide altruiste : Sacrifier sa vie pour sauver celle d’autrui ou pour défendre sa famille
et sa communauté. Ce type de suicide résulte d’une parfaite intégration aux valeurs et normes
de sa communauté.
2°- Le suicide anomique : C’est le suicide d’une personne mal ou non intégrée à la société,
c'est-à-dire une personne qui a perdu les repères et les normes de la société au point de mettre
fin à sa vie.
3°- Le suicide égoïste : C’est le suicide d’une personne frustrée, qui n’arrive pas à satisfaire
ses désirs au point de sombrer dans la déception totale et qui rejette la responsabilité sur les
autres (la société).
4°- Le suicide fataliste : Qui résulte d’un excès de lois et de réglementations comme dans le
cas d’un prisonnier.

1.1.4. Le matérialisme historique et le matérialisme dialectique (K. MARX) :


Le matérialisme est une doctrine philosophique qui place le monde matériel hors de la
conscience humaine. Selon LENINE, le postulat fondamental du matérialisme est
l’admission du monde extérieur de l’existence des objets en dehors de notre conscience,
indépendamment d’elle. Marx reprend ce concept ancien comme il reprend à HEGEL la
notion de contradiction mais en la retournant (elle marchait sur la tête et l’a retournée pour la
remettre sur pieds). Autrement dit, Hegel part de l’idée alors que Marx part des faits. La
4
- La thèse de doctorat d’Emile DURKHEIM, soutenue en 1893, est intitulée « De la division du travail social ».
Et son étude sur le suicide est publiée quatre ans plus tard, en 1897.

6
dialectique pour SOCRATE est une méthode des définitions, mais pour Marx c’est le contact
dialectique (Thèse, antithèse et synthèse) de l’homme avec la nature qui définit la logique
scientifique. Pour Lénine, la dialectique se définit comme la théorie de l’unité des
contraires.
Le matérialisme historique est l’application du matérialisme dialectique à l’étude de la
société et à son histoire. Et la première condition de toute histoire humaine est l’existence
d’êtres humains vivants. Le conflit des classes est lié au mode de production capitaliste, il est
le moteur de l’histoire. La bourgeoisie, détentrice des moyens de production bénéficie de la
plus value produite par la classe ouvrière (prolétariat) qui vend sa force de travail en
contrepartie d’un salaire, qui lui permet de reproduire cette force.
L’ensemble des rapports de production constitue la structure économique qui représente
l’infrastructure (l’aspect objectif de la société), la base concrète sur laquelle s’élève la
superstructure (l’aspect subjectif de la société) juridique, culturelle, politique et à
laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Ce n’est pas la
conscience des hommes qui détermine leur être c’est inversement leur être social qui
détermine leur conscience.
Selon Henri LEFEBVRE, Marx n’est pas un sociologue mais il y a une sociologie dans le
marxisme.

1.1.5. La sociologie de l’action sociale de Max WEBER:


L’explication Weberienne des faits sociologiques s’appuie sur l’explication des actions
produites par des individus dans des situations sociales données. Autrement dit, l’analyse d’un
fait social exige de le décomposer à toutes les actions individuelles qui le constituent dans une
situation sociale donnée. Chaque action doit être comprise en saisissant le sens que lui donne
l’acteur lui-même, en essayant de se mettre à sa place et en se disant « Si j’étais à sa place est
ce que je me comporterais de la même façon ? ». Par conséquent, la compréhension de toute
action conduit à regrouper toutes les informations liées au contexte dans lequel s’est déroulée
l’action. Ce qui comporte deux éléments essentiels :

a- L’observateur ne peut comprendre l’action observée s’il ne fait pas un effort de collecte
d’informations sur le contexte de son déroulement.
b- La logique de la raison individuelle comporte des éléments communs qui facilitent la
compréhension toute action dans des contextes culturels différents.

La compréhension tronquée d’une action donnée et son jugement d’action anormale ou


irrationnelle est certainement due au manque d’informations susceptibles de l’expliquer ou à
une explication qui se réfère à la propre culture de l’observateur (observer et juger les autres à
travers ses propres valeurs culturelles).

1.1.5.1. Les trois types d’actions sociales :


Weber distingue entre trois types d’actions :

1°- L’action rationnelle est l’action qui se caractérise par la coordination entre les moyens et
les finalités. Cela ne signifie pas que les individus, qui sont des acteurs sociaux, disposent
tous de la même grille de préférences, de toutes les informations nécessaires et maîtrisent
entièrement les ressources disponibles et l’environnement.
La rationalité de l’action pour weber se détermine par sa finalité et aussi par les prévisions
faites par les autres. C'est-à-dire qu’il distingue entre la rationalité par rapport à la finalité qui
comporte un sens utilitaire et la rationalité par rapport à une valeur sociale qui fait que

6
l’action répond à l’attente « des autres » qui constituent la communauté d’appartenance de
l’individu en question.
2°- L’action traditionnelle : est une action non réfléchie qui répond à une tradition héritée
des générations précédentes. Le caractère normatif de la tradition est la force qui contraint
l’individu à se comporter d’une certaine manière dans une situation sociale donnée
conformément à la norme. C’est ce qui donne à l’action sa légitimité sociale et à l’individu
l’acceptation de sa communauté. La tradition est transmise du passé au présent et de la
génération des parents à celle des enfants.
3°- L’action affective est une action non réfléchie qui résulte de pulsions ou de motivations
subjectives ou sentimentales. En effet, les sentiments d’amour, de haine, de colère, de joie, de
fierté, de tristesse, d’appartenance, de jalousie ou d’envie… etc, peuvent être des motivations
de réactions et de comportements donnés à l’égard d’une personne ou d’un objet donné.

Cette classification des actions cache une classification des sociétés humaines puisque l’action
rationnelle est plus fréquente chez les individus des sociétés modernes par contre l’action
traditionnelle est plus visible chez les membres d’une société communautaire. Par contre
l’action affective caractérise la société primitive.

1.1.5.2. Les trois types d’autorité de M. WEBER:


Concernant l’autorité, elle désigne à la fois le droit de donner des ordres et de commander et
l’organe du pouvoir (autorité publique). Le pouvoir répond au besoin de protection d’un
groupe et de la nécessité d’arbitrer les conflits qui apparaissent dans la vie en société, d’autant
plus qu’il possède les moyens de rendre obligatoires ses décisions sur le groupe qu’il dirige
alors que l’autorité se définit part la capacité d’influencer et de mobiliser le groupe de travail
c'est-à-dire cette capacité hiérarchisée définie par les statuts et les règlements de toute
organisation professionnelle.
Dans son analyse de l’organisation bureaucratique, M. WEBER considère que
l’autorité doit être exercée de manière rationnelle selon des règles et des procédures définies
au préalable. D’ailleurs, il distingue entre trois types d’autorité :
1°- L’autorité rationnelle (modernité) : La rationalité de toute décision et de toute action
nécessite la coordination entre les moyens et les finalités. Et l’autorité rationnelle est une
autorité légale qui repose sur des qualifications et des compétences préalablement définies à
travers l’organisation bureaucratique de la société afin de maximiser la performance d’une
organisation professionnelle. Autrement dit, l’organisation bureaucratique repose sur la
définition au préalable d’un système de buts et de fonctions étudié rationnellement et chaque
fonction est exécutée selon des règles et des procédures qui sont aussi définies à priori. La
fonction est privilégiée à l’individu. Les Agents sont organisés dans une hiérarchie d’emplois
avec une sphère de compétences définie et sélectionnés selon leurs qualifications techniques.
Ils sont soumis à une discipline et contrôlés strictement et systématiquement.
2°- L’autorité Traditionnelle : Elle repose sur le principe de l’adhésion au bien fondé des
dispositions traditionnelles transmises de génération en génération à travers le temps par
héritage ou par droit divin comme l’autorité patriarcale.
3°- L’autorité Charismatique : Elle repose sur les qualités personnelles comme la
sagesse et la capacité de conviction et d’influence et se caractérise par :
a- La relation du chef au groupe est une relation de prophète à adeptes
b- Le groupe devient instable si l’autorité du leader s’effrite.

6
c- Le groupe représente une communauté émotionnelle.

CHAPITRE 3 
LES PRINCIPALES ECOLES SOCIOLOGIQUES.

Ce chapitre porte sur deux écoles principales de sociologie, l’une américaine qui est
l’école de Chicago représentée par de sociologues éminents tels Albion Small ( 1824-
1926), George Herbert Mead (1863- 1931), William Thomas (1863- 1947), Robert Park
(1864- 1944), Florian Znaniecki (1881- 1956), Herbert Blumer (1900- 1987), Anselm
Strauss (1916- 1998), Harold Garfinkel (1917- 1992), Erving Goffman (1922- 1982),
Howard Becker ( 1928- 2001). La deuxième école est l’école allemande de Frankfurt qui
s’est construite sur les traces de la sociologie marxiste avec des sociologues célèbres
comme Walter Benjamin (1892- 1940), Max Horkheimer (1895- 1973), Herbert
MARCUSE (1898- 1978), Eric Fromm (1900- 1980), Theodor Adorno (1903- 1969).

3.1. L’école de Chicago :


3.1.1. La phase de l’intervention sociale :
L’école de Chicago est un courant de pensée sociologique américain apparu au début du
20ème siècle dans le département de sociologie de l’université de Chicago créé en 1892
par Albion SMALL5. Elle s’est spécialisée au départ dans « l’écologie urbaine » avant de
devenir par la suite une école de sociologie. Le projet sociologique était concentré sur les
phénomènes et problèmes de la ville de Chicago comme l’immigration, la criminalité, la
ségrégation raciale…etc. Cette ville à cette époque, a connu une urbanisation rapide qui
s’opérait sur fond de déracinements multiples, d’extrême hétérogénéité sociale et
culturelle, de déstabilisation permanente des activités, des statuts et des mentalités. Elle
était, aussi, le lieu de confrontation des origines et des cultures ainsi que l’emblème de la
délinquance et de la criminalité organisée. Elle représentait pour les sociologues, selon
les termes de Robert E. PARK, un « laboratoire social » et un terrain d’observation
privilégié.
Le premier travail remarquable était réalisé par les sociologues William Thomas et
Florian Znaniecki qui ont étudié le phénomène de l’immigration à travers le parcours des
immigrés polonais et leurs situations en Amérique. Cette étude a été publiée en 1918 en
cinq volumes. Ces deux auteurs ont récusé le réductionnisme biologique en montrant que
le comportement humain n’était pas lié à la race, mais il était lié aux problèmes sociaux
intervenus dans leur vie quotidienne car la vraie variable n’est pas la race mais
l’individu.
La démarche méthodologique suivie consiste à réaliser des enquêtes qualitatives de
terrain par le moyen de l’observation participante et les études de cas auprès de petites
communautés. La ville de Chicago représentait le lieu où leur persévérance dans la

5
- Ce département a été souvent présenté comme le premier département de sociologie aux U.S.A, alors qu’en
réalité c’est celui de l’université du KANSAS, créé en 1889. Voir : - GRAFMEYER, Yves, L’école de chicago,
P.U.G, Grenoble, 1978.
- CHAPOULIE, Jean Michel, La tradition sociologique de Chicago, éditions SEUIL, 2018, Page 37.

6
recherche leur a permis de devenir des praticiens de sociologie qui ont inventé la
technique de l’intervention sociale.
3.1.2. La phase de l’interactionnisme symbolique :
A partir de 1950, l’école de Chicago a connu une seconde phase de son développement
avec une nouvelle génération de sociologues tels qu’Herbert BLUMER, Howard
BECKER et Erving GOFFMAN…
Ces sociologues récusent la thèse d’E. DURKHEIM qui considère que le fait social
s’impose à l’individu mais il représente selon eux un processus qui se construit par les
acteurs eux-mêmes à travers leurs actions et c’est à travers le sens qu’ils donnent à leurs
actions qu’on peut saisir le sens de l’interaction. Ce qui correspond à la sociologie
Weberienne implantée dans une version pragmatique au sein de l’université américaine
par John DEWEY et Robert E. PARK en distinguant entre science naturelle et science
culturelle. Ils ont développé l’interactionnisme symbolique (concept inventé par H.
Blumer) pour étudier la société américaine.
George Herbert Mead considère que le développement de l’image de soi d’un peuple se
réalise à travers ses interactions avec les autres peuples. Pour qu’un individu fasse partie
d’une société, il faut qu’il imite le langage de cette communauté. La socialisation de
l’individu se fait par l’interaction : c’est par l’échange, verbal notamment, avec les autres
membres que l’homme en tant qu’être social va intérioriser et intégrer de façon
inconsciente les normes de cette société.

1°- L’enquête d’Erwing GOFFMAN6 (1922 – 1982): Il a réalisé une enquête


qualitative à l’aide de l’observation participante pendant deux ans sur les malades
mentaux de l’hôpital psychiatrique de Washington en 1961, qu’il a publiée sous le titre
« Asiles » où Il a constaté que :
- L’établissement psychiatrique est investi de la fonction ambigüe de neutraliser et
de réadapter à l’ordre social un type particulièrement inquiétant de déviants.
- La tension et souvent la contradiction qui existe entre l’exigence thérapeutique et
les impératifs de la sécurité et de contrôle social rend compte du mode conflictuel
de l’existence asilaire et des malentendus de la vie quotidienne au sein de
l’hôpital.
- Au-delà des troubles de sa subjectivité, le malade mental est ainsi aliéné au
second degré parce que la maladie est institutionnalisée dans un espace social qui
lui impose les déterminations majeures de la servitude.
- Il y a des interactions spécifiques au sein des groupes de malades mentaux
caractérisées principalement par une grande solidarité entre eux et qui
revendiquent en fin de compte une grande reconnaissance et considération de la
part des normaux.
2°- L’enquête de Howard BACKER : En 1953, Howard BACKER s’est intéressé au
phénomène de la toxicomanie et réalisa une enquête auprès d’un échantillon de joueurs

6
- « La mise en scène de la vie quotidienne » est le titre d’un ouvrage publié par Erving Goffman en 1956 en
Ecosse et en 1959 aux états unis pour mettre en scène les interactions des acteurs sociaux. Originaire du Canada
fils de parents immigrés venus d’Ukraine. Il était à l’université de Chicago l’élève d’Herbert BLUMER en 1945,
qui était à son tout l’élève de George Herbert MEAD.

6
de jazz. A la fin il constate que le comportement des délinquants est normal mais leur
condamnation est une façon d’encourager le phénomène. Ainsi, il parvient à conclure
que la déviance est la conséquence d’une étiquette collée au dos du déviant par ceux qui
le repèrent et le considèrent ainsi. Autrement dit, avant de juger les gens et de leur mettre
une étiquette, nous devrions d’abord connaître leur histoire.
Les travaux de recherche de ces deux sociologues ont fait appel à deux outils d’enquête :
l’observation directe ou participante et l’entretien qualitatif. Ils ont permis de développer
une recherche portant sur le fait que les individus ne sont pas confrontés à une société
dans son ensemble qui agit comme une entité supérieure, mais dépendent d’interactions
sociales multiples qui forment cette société et participent à la viabilité des organisations
sociales.

3.2. L’école de Francfort:


3.2.1. La phase de la théorie critique :
En 1923, un certain nombre de chercheurs de l’institut de recherches sociales de l’université
de Francfort en Allemagne se sont accordés de créer une école de sociologie. Parmi les plus
éminents d’entre eux, on retrouve Walter Benjamin, Max Horkheimer, Herbert Marcuse, Eric
Fromm, Theodore Adorno. Ces chercheurs se sont inspirés du Marxisme tout en développant
une pensée opposée. Ce courant considère que la philosophie doit être utilisée comme critique
sociale du capitalisme et non comme justification et légitimation de l’ordre existant, une
critique qui doit faire avancer la transformation sociale. Cette théorie a conduit en quatre
étapes à la formation de la sociologie littéraire :
1°- Sa formation au croisement du marxisme, de la sociologie de la connaissance et de la crise
de l’érudition humaniste.
2°- Sa spécification immanente (qui résulte d’elle-même) en réponse à l’échec de la
révolution ouvrière et à l’émergence de l’Etat capitaliste avancé.
3°- La confrontation avec le mouvement étudiant ouest- Allemand de la fin des années 60
(1968) qui a tenté de restaurer la critique littéraire comme forme de praxis (action collective)
révolutionnaire.
4°- Le processus largement fondé de la réappropriation critique qui caractérise l’éclipse
partielle de la plus vieille tradition (de la première génération de cette école) et de son
renouveau dans une nouvelle forme qualitative et un contexte historique.
Mais durant les années trente qui ont connu l’émergence et la propagation du mouvement
NAZI qui s’est installé au pouvoir, la majorité des fondateurs de cette école se sont
exilés à Paris, Londres et Genève.
Durant les années 50, le rétablissement de l’intelligentsia se fit très lentement avec une
tendance au conservatisme. D’ailleurs, le retour des Etats Unis de Max Horkheimer et
Theodore Adorno fut une exception mais en apportant une nouvelle orientation vers la
recherche empirique sous l’influence de l’expérience américaine de l’école de Chicago.
Il fallait attendre toute une génération pour que l’académie de recherche retrouve son
équilibre.
A la fin des années 60, c’est Jürgen Habermas qui représentait l’école de Francfort.
Celui-ci est devenu célèbre à partir de 1962 par sa théorie « éthique de la discussion ».
Il considère que les allemands ne doivent pas s’attacher à un pays coupable d’atrocités
durant la 2ème guerre mondiale mais aux institutions démocratiques qui garantissent le
respect des citoyens. Pour lui, l’apparition de minorités culturelles de plus en plus

6
importantes en Europe nous pousse à repenser la citoyenneté. On doit dépasser l’Etat-
nation pour un Etat de droit qui doit garantir aux minorités le respect de leur identité, de
leur langue et de leur religion et les minorités doivent s’attacher à la défense et au respect
de ces institutions. Dans le cadre de sa théorisation des relations internationales, il
soutient qu’il existe un espace public mondial qui est investi non seulement par les Etats
mais aussi par les entreprises, les populations et tous les réseaux transnationaux.
Les sociologues de Francfort connus sous le nom de néo-marxistes se sont montrés
pessimistes à l’égard de l’évolution des sociétés européennes caractérisées par la montée
des régimes politiques bourgeois. Par ailleurs, ils ont remis en question un principe clé
de la théorie marxiste qui accorde la priorité à l’infrastructure économique par rapport à
la superstructure culturelle et politique. Comme ils ont refusé de faire de l’empirisme la
base de l’analyse sociologique sans la situer dans un cadre théorique bien défini. Durant
les années 60, la critique des idées de Marx a fini par déclarer l’insuffisance du
marxisme à proposer des solutions aux problèmes de la civilisation moderne, mais au
même temps les idées cette école ont trouvé leur écho chez les sociologues américains
qui s’inscrivent dans la tendance dite du « conflit social » pour expliquer les problèmes
sociaux et ce qui était appelé durant cette période « d’agitations sociales ».
En conclusion on peut déduire ce qui suit:
1°- Les principaux fondateurs de cette école (Adorno, Marcuse, Benjamin, Lowenthal…)
considérés instigateurs de la théorie critique ne doivent pas être traités séparément sans se
référer au caractère particulier de leur analyse culturelle.
2°- La théorie critique a été modifiée par la génération des héritiers et ses préoccupations ont
fini par rejoindre celles des recherches similaires entreprises ailleurs.
3°- Le nouveau monde (d’après guerre) présente un contexte qui ne connait pas de tradition
féodale, ni de mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière, a besoin d’une sociologie
littéraire capable de repenser la tradition théorique européenne7.

- BIBLIOGRAPHIE:

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- ARON, Raymond, Les étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard, coll. « Tel »,
1967 (ISBN 9782070295180).
- BAUDELOT C. et ESTABLET R., Durkheim et le suicide, Paris, PUF, Coll. "Philosophies",
1984.
- BOURDIEU, Pierre, et PASSERON, Jean- Claude, La reproduction, édition minuit, Paris,
1971.
- BOUDON R. et les autres : Dictionnaire de sociologie, Paris, édition Larousse, 2005.
- CHAMPAGNE, Patrick, La sociologie, Milan, coll. « Les Essentiels Milan », 2002, 64 p.
(ISBN 9782745909862).
- CHAPOULIE, Jean Michel, La tradition sociologique de Chicago, éditions SEUIL, 2018
- CHEDDADI, Abdessslam, Actualité d’Ibn Khaldoun, Conférences et entretiens, Alger,
CNRPAH, 2006.
- DURKHEIM E., La division sociale du travail, PUF, coll. « Quadrige », Paris, 1998 (1re éd.
1893) (ISBN 9782130439707)
7
- Raymond A. MORROW, La théorie critique de l’école de Francfort : Implications pour une sociologie de la
littérature, in revue études françaises, volume 19 n° 3, Presses de l’université de Montréal, Montréal, hiver 1983.
(P.P. 35-49).

6
- DURKHEIM Emile, Le Suicide, PUF, coll. « Quadrige », 1990 (1 re éd. 1897)
(ISBN 2130430333)
- DURKHEIM, Emile, Les Règles de la méthode sociologique, Flammarion,
coll. « Champs », 1999 (1re éd. 1895), 254 p. (ISBN 978-2080811981)
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