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COURS
D’INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE
Pour les étudiants de 1ère année L.M.D. S.H.C.
Programme :
Introduction
Chapitre 1 : La sociologie : Historique de sa genèse, définitions, ses
domaines et ses rapports avec d’autres sciences sociales.
1.1. Le contexte historique d’émergence de la sociologie.
1.2. Définitions de la sociologie.
1.3. Les domaines de la sociologie.
1.4. Le rapport de la sociologie avec d’autres sciences sociales.
Chapitre 2 : Sociologie classique des auteurs Fondateurs.
2.1. La pensée sociologique d’IBN KHLDOUN (1332- 1406)
2.2. Les trois étapes de l’évolution de la pensée humaine (A. COMTE 1798- 1857).
2.3. La division sociale du travail (E. DURKHEIM (1858- 1917).
2.4. Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique ( K. MARX 1818-
1883)
2.5. L’action sociale (M. WEBER 1864- 1920).
2.6. L’évolutionnisme sociologique (Herbert SPENCER 1820 - 1903).
Chapitre 3. Les écoles sociologiques :
3.1. L’école de Chicago ou l’interactionnisme symbolique.
3.2. L’école de Francfort ou le néo- marxisme.
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Introduction
Ce cours d’introduction à la sociologie vise avant tout à faire découvrir aux étudiants
de première année de sociologie les notions de base de sociologie (Phénomènes et faits
sociaux, division du travail, action sociale, typologie des sociétés…), dont l’objet et la
méthode sont étroitement liés aux sciences sociales du moment qu’ils appartiennent à cette
branche des sciences de l’homme (humaines) en général où il est difficile sinon impossible de
séparer ou d’isoler les différents aspects de la société : le social, le culturel, l’économique et le
politique comme il est impossible d’appliquer les méthodes expérimentales (in vitro) propres
aux sciences de la nature et de la physique.
Le programme élaboré pour une durée d’un semestre comporte trois (3) chapitres :
- Le premier chapitre se rapporte à la genèse de la sociologie en tant que science et les
facteurs essentiels qui ont contribué à son émergence et à son affirmation. Puis, sont
abordés les axes relatifs à ses domaines et ses rapports avec la science économique,
l’histoire, la démographie et la science politique.
- Le deuxième chapitre se rapporte à la sociologie classique et quelques uns de ses
fondateurs Comme IBN KHALDOUN et sa théorie Auguste COMTE et les trois
phases de l’évolution de la pensée humaine, Emile DURKHEIM et la division sociale
du travail, Karl MARX : le matérialisme dialectique et le matérialisme historique et
Max WEBER et la typologie des actions sociales…qui ont posé et défini les concepts
de positivisme, méthode scientifique, solidarité sociale, l’action sociale.
- Le troisième chapitre porte sur les écoles sociologiques les plus importantes qui ont
marqué l’histoire de la sociologie, la première est l’école de Chicago (américaine) et la
deuxième est l’école de Frankfort (allemande).
Chapitre 1
La sociologie : Genèse, définitions et domaines :
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petites propriétés, dont la production n’est plus destinée à la seule consommation de
subsistance mais pour une large consommation au marché en vue de réaliser des profits.
Par ailleurs, ce développement a été un facteur déterminant de la course à la colonisation des
pays non industrialisés à la recherche d’une main d’œuvre et de ressources naturelles
nécessaires à bas prix.
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générale, la sociologie représente le moyen de comprendre de manière raisonnée la société ou
un aspect de la société.
Le but d’A. Comte est d’instaurer une nouvelle science capable de répondre aux nouvelles
questions que suscitent les transformations sociales selon une méthode qualifiée de positiviste
qui repose sur les principes suivants :
1°- Observer les faits sociaux indépendamment des conceptions morales, philosophiques et
religieuses.
2°- Considérer les phénomènes observés dans la réalité relatifs. Il faut les confronter et les
comparer sans favoriser un phénomène par rapport à un autre.
3°- Orienter la recherche vers la pratique ou assurer le passage de la théorie à la pratique.
Cette orientation positiviste d’A. Comte est liée à sa volonté de recourir aux sciences
physiques et biologiques pour expliquer les phénomènes sociaux
Sur la même lancée, E. DURKHEIM, considère que la sociologie est « la science des faits
sociaux ». Indépendamment de l’histoire et de la psychologie, la sociologie doit « expliquer
les faits sociaux comme des choses ». Ceci veut dire qu’il faut se détacher de ses émotions,
préjugés et présupposés dans l’étude d’un phénomène social pour rechercher ses causes et sa
fonction sociale. Un fait social se caractérise par deux caractéristiques essentielles : Il est
extérieur aux individus et coercitif c'est-à-dire qu’il s’impose aux individus comme une
contrainte. DURKHEIM le définit comme étant « toute manière de faire, figée ou non,
susceptible d’exercer une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans
l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses
manifestations individuelles ».
E. DURKHEIM s’est attelé durant toute sa vie à continuer le travail d’A. Comte afin
d’affirmer la singularité de la sociologie et la spécificité de son objet d’étude, « le social qui
ne peut être réduit à une somme d’individus et qui ne peut être expliqué que par le social et
non par les états d’âmes des individus». Il a surtout contribué à intégrer la sociologie à
l’université comme discipline académique après avoir défini les règles de la méthode
scientifique de l’étude des faits sociaux1, à savoir :
1. Etudier les faits sociaux comme des choses c'est-à-dire sans présupposés et de manière
détachée du sujet.
2. Distinguer les faits normaux et les faits pathologiques
3. Constituer des types sociaux.
4. Les faits sociaux doivent être expliqués en se référant aux faits sociaux antécédents et
non parmi les états de conscience individuelle.
5. Administration de la preuve : Durkheim privilégie la méthode quantitative
comparative (Dans son étude sur le suicide, il a analysé les statistiques relatives au
suicide en comparant leurs variations en fonction de la situation matrimoniale,
l’appartenance religieuse, saison…etc).
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Par contre, Herbert Spencer (1829- 1920), considère que les rapports entre les
individus et le système social sont des rapports interactifs puisqu’il dit que les individus
peuvent développer des comportements qui peuvent renforcer ou affaiblir le système social, et
réciproquement, ce dernier est capable d’engendrer un type des comportements qui lui sont
congruents (adéquats). Mais SPENCER est surtout connu pour sa sociologie évolutionniste :
un évolutionnisme souple qui décrit les tendances et les circonstances.
Les définitions de la sociologie sont multiples qui représentent des façons et des conceptions
différentes de définir son objet d’étude, mais on doit retenir trois d’entre elles, qui sont :
1° - La sociologie est l’étude des rapports sociaux entre individu (s), groupe (s), classe (s) et
société (rapports d’interaction, rapports de production, rapports affectifs, rapports de
domination, rapports de coopération, rapports de compétition, rapports objectifs par rapport
aux rapports subjectifs …etc).
2°- Elle est considérée la science qui étudie les pratiques, les institutions sociales et les
professionnels comme éléments de gestion de l’ordre social.
3°- Elle représente pour WEBER et les Wébériens, la science consacrée à l’étude du
comportement et des conduites individuelles et collectives en prenant en compte les faits de
conscience dans la mesure où les situations sociales n’influencent ces conduites qu’en
fonction de la signification que leur attribuent des acteurs socialisés dans une culture.
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DOMAINES SUJETS CHAMPS DE
RECHERCHE
Socio- culturel Coutume, consommation, Sociologie du corps,
habitude, médias… sociologie du genre
Droit Justice, justice sociale, racisme, Sociologie du droit
sexisme…
Socio- économique Précarité, pauvreté, richesse, Sociologie économique
égalité sociale…
Education Abandons scolaires, Sociologie de l’éducation
socialisation…
Filiation Association, adolescence, Sociologie de la famille,
Couples, célibat, mariage… sociologie des couples.
Socio- politique Mouvement social, libéralisme, Sociologie politique
socialisme, démocratie…
Religion Croyances, secte, athéisme, Sociologie des religions
bouddhisme, islam…
Santé Obésité, dépression, Toxicomanie, Sociologie de la santé
anorexie mentale
Travail Organisation, Entrepreneuriat, Sociologie du travail
marché du travail, chômage…
Science Modernisme, technologie, le Sociologie des sciences
savoir scientifique…
Philosophie Philosophie politique, Doctrine, épistémologie.
philosophie du droit, évolution
de la pensée humaine
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analyse multidimensionnelle. De plus, ces deux sciences partagent sur le plan méthodologique
les techniques d’investigation comme l’entretien, le questionnaire, le sondage d’opinions, le
journal…etc. Mais il reste que la science économique tend généralement à donner la priorité à
la création des richesses, la croissance et l’avoir alors que la sociologie cherche en premier
lieu l’équilibre des relations sociales, la satisfaction et le bien être.
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société est la combinaison des trois temps de sa vie passé- présent et avenir. Pour Ibn
KHALDOUN, toute civilisation a une vie cyclique: Les empires et les hommes ont leur vie
propre. Ils grandissent, arrivent à l’âge de maturité puis commencent à décliner. En général, la
durée de vie des empires ne dépasse pas trois générations 120 ans environ…
CHAPITRE 2 :
SOCIOLOGIE DES AUTEURS FONDATEURS:
La sociologie classique des auteurs fondateurs, qui ont posé les fondements de la
sociologie en tant que science comme : IBN KHALDUN et sa distinction entre la société
bédouine, rurale et la société citadine sédentaire ()الحضر و البدو, A. Comte et les trois étapes de
l’évolution de la pensée humaine, E. Durkheim et la division sociale du travail, K. Marx et
l’analyse socio- économique du capitalisme, A. COMTE et l’évolution de la pensée humaine
en 3 trois étapes, Herbert SPENCER et évolutionnisme sociologique linéaire, Emile
DURKHEIM et la division sociale du travail, M. Weber et l’action sociale.
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Mais ce travail de fondation d’une histoire scientifique, dont la singularité a donné lieu à
beaucoup d’investigations, repose lui-même sur un second niveau de réflexion, niveau que
l’on peut considérer comme relevant de la sociologie de la connaissance. Dans un 3ème
niveau de sa démarche épistémologique, Ibn Khaldoun, en tant que sujet connaissant se prend
lui-même pour objet. C’est la recherche de la connaissance de soi du sujet connaissant c’est à
dire d’un travail de sociologie réflexive. De manière générale, il considère que l’homme,
contrairement à l’animal, doit conquérir le savoir qui lui est spécifique car il est en soi
ignorant et savant par acquisition. C'est-à-dire qu’il fait toujours le lien entre « El- Ilm et E-
taalim » ou la science et l’apprentissage ou l’éducation ». Selon lui, l’homme doit acquérir le
savoir par l’apprentissage.
A travers son approche historique, il explique la montée et le déclin des civilisations en cinq
générations qui ressemblent aux cinq étapes de la vie d’un être humain (enfance, jeunesse,
Adulte ou la force de l’âge, vieillesse et déclin). La religion joue un rôle important dans ces
civilisations. Quant à la légitimité du pouvoir, il l’explique par « l’assabiya » qui forge une
identité d’intérêts et de comportements qui constitue un groupe capable d’imposer son
autorité (El- mulk) qui est la base de construction de toute civilisation.
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savants remplacent les théologiens en tant que catégorie sociale qui fournit la base
intellectuelle et morale de l’ordre social nouveau.
La société moderne selon Auguste COMTE, est fondée sur l’industrie qui est l’activité
principale. Elle se caractérise par les caractéristiques suivantes :
1°- L’industrie est fondée sur l’organisation scientifique du travail en vue du rendement
maximum (au lieu d’être organisée selon la coutume).
2°- L’application de la science à l’organisation du travail permet à l’humanité de développer
ses ressources.
3°- La production industrielle implique des concentrations d’ouvriers dans des fabriques. Un
phénomène social nouveau apparaît : Les masses ouvrières.
4°- Ces concentrations ouvrières sur le lieu de travail conduisent à une opposition latente ou
ouverte entre les employés et les employeurs.
5°- Grâce au caractère scientifique du travail, la richesse ne cesse d’augmenter et les crises de
surproduction se multiplient. Ce qui engendre la pauvreté au milieu de l’abondance.
6°- Le système économique lié à l’organisation industrielle et scientifique du travail est
caractérisé par la liberté des échanges et par la recherche des profits de la part des
entrepreneurs.
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au dispersement que les individus faibles qui, de ce fait, sont eux forcés d'extinction.
Ainsi Spencer incorpora les théories de Laplace et de Darwin dans un ensemble plus
vaste qu'est l’évolutionnisme spencérien.
3. L'Évolution psychologique : Herbert Spencer établit ensuite un lien entre cette étape
et la précédente dans la mesure où les actions et les réactions du corps et de l'esprit
pourraient très bien être les faces internes et externes du même changement, et ce,
selon les faits observables. Or, cela n'est pas prouvable et ne reste qu'une hypothèse,
celle du parallélisme psychophysique.
4. L'Évolution sociale et morale : Connu comme l'un des principaux défenseurs de la
théorie de l'évolution au 19ème siècle. Spencer a imposé le terme d'«évolution » et
l'expression de « sélection des plus aptes », qu'il mettait en rapport avec la sélection
naturelle de Darwin. Il a notamment étudié l'extension de cette notion à des domaines
comme la philosophie, la psychologie et la sociologie dont il est reconnu comme l'un
des fondateurs.
Spencer considérait « la société comme un organisme vivant, ou une supra-
organisation ». Cependant, la sociologie va beaucoup plus loin, et fait des lois de la nature
comme la sélection naturelle une loi de l'évolution des sociétés. Ses recherches visaient à
découvrir les lois d'évolution de la société, en se basant sur celles des espèces. Sa pensée se
construit ainsi selon des conceptions évolutionnistes et réductionnistes.
Il fait de l'histoire des sociétés une histoire linéaire (non dialectique) de la nature. Pour lui, la
société passe en plusieurs étapes d'un stade primitif où tout est homogène et simple à un
stade élaboré, caractérisé par la spécificité, la différenciation et l'hétérogénéité.
Il considère que « les rapports entre les individus et le système social sont des rapports
interactifs » puisqu’ils peuvent développer des comportements qui renforcent ou affaiblissent
le système social, et réciproquement, ce dernier est capable d’engendrer chez lez individus des
comportements qui lui sont conformes ou adéquats.
L’évolutionnisme de SPENCER un évolutionnisme linéaire et souple qui décrit les tendances
générales de l’évolution des sociétés humaines d’une société simple à une société complexe.
D’autres auteurs l’ont suivi sur cette ligne pour distinguer entre la société traditionnelle et la
société industrielle, société archaïque et société développée, société holiste (totalitaire) et
société individualiste… Chez MARX et les marxistes l’évolution est plus compliquée puisque
la société évolue en fonction de l’évolution de son mode de production d’une société
esclavagiste à une société féodale, puis capitaliste, ensuite socialiste Selon les prévisions de
MARX)…
5. L'Évolution métaphysique et religieuse : La philosophie métaphysique a résisté au
positivisme et au scientisme. Cette résistance s’incarne contre une certaine tradition
complexée par la suprématie des sciences en adaptant la philosophie en réduisant le
fossé qui sépare la méthode philosophique de la méthode scientifique et en l’orientant
vers l’exactitude.
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2.1.4.1. Les types de solidarité et de division du travail4 :
DURKHEIM répond à ses interrogations en distinguant entre deux formes d’organisations
sociales :
1°- La solidarité mécanique : C’est une forme de solidarité qu’on retrouve dans les sociétés
segmentaires : chaque groupe social local ou tribu constitue un segment autonome, qui a peu
de communication avec les autres segments. Il s’agit d’une solidarité par similitude, c'est-à-
dire qu’il y a peu de différences entre les individus de la même communauté, qui se
ressemblent car ils adhèrent aux mêmes valeurs, éprouvent les mêmes sentiments et
appartiennent à la même communauté. Ils ne sont pas des individus indépendants les uns par
rapport aux autres mais membres entièrement intégrés dans la communauté.
2°- La solidarité organique : C’est une forme d’organisation plus avancée, propre aux
sociétés modernes, où les individus s’expriment par la différenciation. Chaque individu est
différent de l’autre par sa personnalité mais chacun d’eux remplit une activité, aussi
différente, en complémentarité avec les activités des autres individus, exactement comme la
complémentarité des fonctions des organes d’un corps vivant pour assurer sa cohésion et sa
survie.
Dans le premier cas, on retrouve une division sociale du travail qui repose sur les critères
physiologiques de l’âge et du genre : division du travail entre les femmes et les hommes et
division en fonction de l’âge (enfants, jeunes et personnes âgées) et aussi division entre travail
intellectuel et travail manuel qui renvoie à la division des classes sociales (Maitres et
esclaves). Par contre dans le deuxième cas, la division technique (économique) du travail, qui
a pour origine la désintégration de la solidarité mécanique et de la structure segmentaire, est
poussée à l’extrême par la multiplication des activités industrielles et la différenciation ou
spécialisation des métiers, dont l’affectation des individus repose sur les critères de
qualifications (diplômes, formations…etc) et des compétences.
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dialectique pour SOCRATE est une méthode des définitions, mais pour Marx c’est le contact
dialectique (Thèse, antithèse et synthèse) de l’homme avec la nature qui définit la logique
scientifique. Pour Lénine, la dialectique se définit comme la théorie de l’unité des
contraires.
Le matérialisme historique est l’application du matérialisme dialectique à l’étude de la
société et à son histoire. Et la première condition de toute histoire humaine est l’existence
d’êtres humains vivants. Le conflit des classes est lié au mode de production capitaliste, il est
le moteur de l’histoire. La bourgeoisie, détentrice des moyens de production bénéficie de la
plus value produite par la classe ouvrière (prolétariat) qui vend sa force de travail en
contrepartie d’un salaire, qui lui permet de reproduire cette force.
L’ensemble des rapports de production constitue la structure économique qui représente
l’infrastructure (l’aspect objectif de la société), la base concrète sur laquelle s’élève la
superstructure (l’aspect subjectif de la société) juridique, culturelle, politique et à
laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Ce n’est pas la
conscience des hommes qui détermine leur être c’est inversement leur être social qui
détermine leur conscience.
Selon Henri LEFEBVRE, Marx n’est pas un sociologue mais il y a une sociologie dans le
marxisme.
a- L’observateur ne peut comprendre l’action observée s’il ne fait pas un effort de collecte
d’informations sur le contexte de son déroulement.
b- La logique de la raison individuelle comporte des éléments communs qui facilitent la
compréhension toute action dans des contextes culturels différents.
1°- L’action rationnelle est l’action qui se caractérise par la coordination entre les moyens et
les finalités. Cela ne signifie pas que les individus, qui sont des acteurs sociaux, disposent
tous de la même grille de préférences, de toutes les informations nécessaires et maîtrisent
entièrement les ressources disponibles et l’environnement.
La rationalité de l’action pour weber se détermine par sa finalité et aussi par les prévisions
faites par les autres. C'est-à-dire qu’il distingue entre la rationalité par rapport à la finalité qui
comporte un sens utilitaire et la rationalité par rapport à une valeur sociale qui fait que
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l’action répond à l’attente « des autres » qui constituent la communauté d’appartenance de
l’individu en question.
2°- L’action traditionnelle : est une action non réfléchie qui répond à une tradition héritée
des générations précédentes. Le caractère normatif de la tradition est la force qui contraint
l’individu à se comporter d’une certaine manière dans une situation sociale donnée
conformément à la norme. C’est ce qui donne à l’action sa légitimité sociale et à l’individu
l’acceptation de sa communauté. La tradition est transmise du passé au présent et de la
génération des parents à celle des enfants.
3°- L’action affective est une action non réfléchie qui résulte de pulsions ou de motivations
subjectives ou sentimentales. En effet, les sentiments d’amour, de haine, de colère, de joie, de
fierté, de tristesse, d’appartenance, de jalousie ou d’envie… etc, peuvent être des motivations
de réactions et de comportements donnés à l’égard d’une personne ou d’un objet donné.
Cette classification des actions cache une classification des sociétés humaines puisque l’action
rationnelle est plus fréquente chez les individus des sociétés modernes par contre l’action
traditionnelle est plus visible chez les membres d’une société communautaire. Par contre
l’action affective caractérise la société primitive.
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c- Le groupe représente une communauté émotionnelle.
CHAPITRE 3
LES PRINCIPALES ECOLES SOCIOLOGIQUES.
Ce chapitre porte sur deux écoles principales de sociologie, l’une américaine qui est
l’école de Chicago représentée par de sociologues éminents tels Albion Small ( 1824-
1926), George Herbert Mead (1863- 1931), William Thomas (1863- 1947), Robert Park
(1864- 1944), Florian Znaniecki (1881- 1956), Herbert Blumer (1900- 1987), Anselm
Strauss (1916- 1998), Harold Garfinkel (1917- 1992), Erving Goffman (1922- 1982),
Howard Becker ( 1928- 2001). La deuxième école est l’école allemande de Frankfurt qui
s’est construite sur les traces de la sociologie marxiste avec des sociologues célèbres
comme Walter Benjamin (1892- 1940), Max Horkheimer (1895- 1973), Herbert
MARCUSE (1898- 1978), Eric Fromm (1900- 1980), Theodor Adorno (1903- 1969).
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- Ce département a été souvent présenté comme le premier département de sociologie aux U.S.A, alors qu’en
réalité c’est celui de l’université du KANSAS, créé en 1889. Voir : - GRAFMEYER, Yves, L’école de chicago,
P.U.G, Grenoble, 1978.
- CHAPOULIE, Jean Michel, La tradition sociologique de Chicago, éditions SEUIL, 2018, Page 37.
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recherche leur a permis de devenir des praticiens de sociologie qui ont inventé la
technique de l’intervention sociale.
3.1.2. La phase de l’interactionnisme symbolique :
A partir de 1950, l’école de Chicago a connu une seconde phase de son développement
avec une nouvelle génération de sociologues tels qu’Herbert BLUMER, Howard
BECKER et Erving GOFFMAN…
Ces sociologues récusent la thèse d’E. DURKHEIM qui considère que le fait social
s’impose à l’individu mais il représente selon eux un processus qui se construit par les
acteurs eux-mêmes à travers leurs actions et c’est à travers le sens qu’ils donnent à leurs
actions qu’on peut saisir le sens de l’interaction. Ce qui correspond à la sociologie
Weberienne implantée dans une version pragmatique au sein de l’université américaine
par John DEWEY et Robert E. PARK en distinguant entre science naturelle et science
culturelle. Ils ont développé l’interactionnisme symbolique (concept inventé par H.
Blumer) pour étudier la société américaine.
George Herbert Mead considère que le développement de l’image de soi d’un peuple se
réalise à travers ses interactions avec les autres peuples. Pour qu’un individu fasse partie
d’une société, il faut qu’il imite le langage de cette communauté. La socialisation de
l’individu se fait par l’interaction : c’est par l’échange, verbal notamment, avec les autres
membres que l’homme en tant qu’être social va intérioriser et intégrer de façon
inconsciente les normes de cette société.
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- « La mise en scène de la vie quotidienne » est le titre d’un ouvrage publié par Erving Goffman en 1956 en
Ecosse et en 1959 aux états unis pour mettre en scène les interactions des acteurs sociaux. Originaire du Canada
fils de parents immigrés venus d’Ukraine. Il était à l’université de Chicago l’élève d’Herbert BLUMER en 1945,
qui était à son tout l’élève de George Herbert MEAD.
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de jazz. A la fin il constate que le comportement des délinquants est normal mais leur
condamnation est une façon d’encourager le phénomène. Ainsi, il parvient à conclure
que la déviance est la conséquence d’une étiquette collée au dos du déviant par ceux qui
le repèrent et le considèrent ainsi. Autrement dit, avant de juger les gens et de leur mettre
une étiquette, nous devrions d’abord connaître leur histoire.
Les travaux de recherche de ces deux sociologues ont fait appel à deux outils d’enquête :
l’observation directe ou participante et l’entretien qualitatif. Ils ont permis de développer
une recherche portant sur le fait que les individus ne sont pas confrontés à une société
dans son ensemble qui agit comme une entité supérieure, mais dépendent d’interactions
sociales multiples qui forment cette société et participent à la viabilité des organisations
sociales.
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importantes en Europe nous pousse à repenser la citoyenneté. On doit dépasser l’Etat-
nation pour un Etat de droit qui doit garantir aux minorités le respect de leur identité, de
leur langue et de leur religion et les minorités doivent s’attacher à la défense et au respect
de ces institutions. Dans le cadre de sa théorisation des relations internationales, il
soutient qu’il existe un espace public mondial qui est investi non seulement par les Etats
mais aussi par les entreprises, les populations et tous les réseaux transnationaux.
Les sociologues de Francfort connus sous le nom de néo-marxistes se sont montrés
pessimistes à l’égard de l’évolution des sociétés européennes caractérisées par la montée
des régimes politiques bourgeois. Par ailleurs, ils ont remis en question un principe clé
de la théorie marxiste qui accorde la priorité à l’infrastructure économique par rapport à
la superstructure culturelle et politique. Comme ils ont refusé de faire de l’empirisme la
base de l’analyse sociologique sans la situer dans un cadre théorique bien défini. Durant
les années 60, la critique des idées de Marx a fini par déclarer l’insuffisance du
marxisme à proposer des solutions aux problèmes de la civilisation moderne, mais au
même temps les idées cette école ont trouvé leur écho chez les sociologues américains
qui s’inscrivent dans la tendance dite du « conflit social » pour expliquer les problèmes
sociaux et ce qui était appelé durant cette période « d’agitations sociales ».
En conclusion on peut déduire ce qui suit:
1°- Les principaux fondateurs de cette école (Adorno, Marcuse, Benjamin, Lowenthal…)
considérés instigateurs de la théorie critique ne doivent pas être traités séparément sans se
référer au caractère particulier de leur analyse culturelle.
2°- La théorie critique a été modifiée par la génération des héritiers et ses préoccupations ont
fini par rejoindre celles des recherches similaires entreprises ailleurs.
3°- Le nouveau monde (d’après guerre) présente un contexte qui ne connait pas de tradition
féodale, ni de mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière, a besoin d’une sociologie
littéraire capable de repenser la tradition théorique européenne7.
- BIBLIOGRAPHIE:
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1971.
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7
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6
- DURKHEIM Emile, Le Suicide, PUF, coll. « Quadrige », 1990 (1 re éd. 1897)
(ISBN 2130430333)
- DURKHEIM, Emile, Les Règles de la méthode sociologique, Flammarion,
coll. « Champs », 1999 (1re éd. 1895), 254 p. (ISBN 978-2080811981)
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- LALLEMENT, Michel, Histoire des idées sociologiques, Paris, Nathan, 1993, tomes 1et 2.
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sociologie de la littérature, in revue études françaises, volume 19 n° 3, Presses de l’université
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- WEBER, Max, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Gallimard, 2004 (1 re éd.
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