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Par politique, il faut entendre ce qui est relatif à la cité grecque, donc la polis en grec,
c’est à dire le cadre dans lequel les hommes évoluent. Va découler de ce sens global
un sens plus précis, qui va renvoyer cette fois au droit de cité (citoyenneté) et au régime
politique (qui peut être contenu dans le cadre d’une constitution).
Lorsqu’on parle de cité, on pense au regroupement humain. Ce sont également des
rapports de force entre les différentes composantes de la cité; cela peut très bien être
entre citoyens et organes politiques, ou bien entre organes politiques entre eux.
Ce concept générique du politique est finalement essentiel, car il répond d’une question
importante; il est indissociable du genre humain car les hommes de tout temps se sont po-
sées les questions suivantes :
- Pourquoi se constituer en groupe ?
- Qui doit gouverner ce groupe ?
- Peut-on concilier le projet collectif avec l’intérêt individuel ?
Les idées politiques, se sont les réponses apportées à ces questions par des écri-
vains, des philosophes, des auteurs, des gouvernants, des hommes politiques en
tant que tel, etc.
> C’est un texte qui a divisé le monde des idées, notamment des juristes, surtout en ce
qui concerne son origine.
> Choisir la DDHC présente un intérêt essentiel car cette déclaration va servir de base
aux réflexions politiques des siècles suivants, et de fait alimente le débat intellec-
tuel, le débat politique, et conditionner les législations, les constitutions, et plus
globalement toute décision politique.
> Avec la déclaration de 1793, on va pour la première fois consacrer des droits sociaux,
ce qui suppose un interventionnisme de l’Etat. Cette constitution n’a pas été appliquée.
L’influence de ce texte de 1793 va être essentiel au long du 18ème puisqu’on va trouver
ses prolongements dans les théories socialistes du 19ème.
> Enfin, auparavant l’individu en temps que tel n’existait qu’au travers du groupe. Le
collectif déterminait donc sa vie sociale. On est dans ce qu’on appelle une société Hol-
liste, et non pas dans une société individualiste.
Avec la DDHC et la Révolution Française, l’individu est reconnu comme une entité à
part entière, titulaire de droits naturels, individuels, antérieurs à la société.
Mais cette individu sous l’ancien régime était sujet du roi. Or, avec la révolution, il passe
du statut de sujet au statut de citoyen, il est membre de la communauté souveraine.
Cette déclaration dans tout ses aspects va mettre en exergue le but et les conséquences
du passage de l’Etat de nature à l’Etat social.
Le but de cette partie est d’introduire les principales notions qui vont être abordées dans
le cours, en permettant d’appréhender la formation de la société civile et politique, et le
fondement de la vie commune. C’est initialement dans le cadre restreint de la cité
qu’apparait la société civile et politique, il ne s’agit pas ici de quelque chose d’abstrait
puisque c’est le préalable indispensable pour connaitre les thématiques actuelles.
> Cela va nous permettre de déterminer le lien intime qui unit l’homme au territoire, et
donc l’attachement identitaire qui peut en résulter.
> Cela va nous permettre ensuite de déterminer quelle va être la place de l’homme au
sein de la société civile et politique, de même que le but qui est assigné au gouver-
nement. En effet, de tout temps, les auteurs se sont intéressés sur le fondement du lien
social; ils se sont posée la question suivante : « Pourquoi se constituer en société ? ».
=> Pour les anciens, et notamment pour Aristote, la société politique et avant elle la
société civile, est une donnée naturelle.
Il y a également des conceptions plus modernes qui vont être appelées à connaitre une
grande prospérité :
- Les thèses contractualistes
- Les thèses économiques
- Les thèses solidaristes
A/ Les doctrines
=> ARISTOTE
Dans son ouvrage « Les politiques » va théoriser la Cité comme une donnée naturelle.
Il part d’un postulat selon lequel l’Homme est un animal social. A partir de là, il considère
que la Cité est une réalité naturelle parce-qu’elle est le prolongement des Hommes et de
leur famille.
• Il est dans sa nature d’être social, de communiquer. Aristote nous dit que pour com-
muniquer, la sphère familiale n’est pas suffisante et qu’il faut une sphère territoriale
plus large pour communiquer : la Cité.
• Aristote va plus loin et il estime que parce-que les Hommes aiment communiquer, ils
aiment aussi débattre. De fait, les individus sont également des êtres politiques. C’est
encore une fois dans le cadre de la Cité qu’ils vont pouvoir exercer leur nature poli-
tique.
• Aristote va plus loin et il va estimer que l’Homme n’existe que dans le cadre de la Ci-
té. Autrement dit, hors de la Cité il n’est rien car privé de sa nature sociale et poli-
tique.
• Pour terminer, par la Cité et bien l’Homme devient un être moral, et en dehors de la
Cité c’est un être perdu.
C’est une pensée qui va marquer tout le moyen-âge et même les siècles suivants.
Exemple d’actualité : Les Révolutionnaires de 1789 semblent avoir été marqués par la
pensée d’Aristote. En effet, la Cité antique est un petit Etat, mais les Révolutionnaires
vont emprunter aux caractéristiques de la Cité Antique des éléments qu’ils vont ac-
coler au monde urbain c’est à dire à la ville.
A/ Les doctrines
1 - La doctrine classique
Saint Augustin est un évêque philosophe qui va écrire plusieurs ouvrages, dont « La
Cité de Dieu » entre 413 et 426 après JC.
Il sera même reconnu comme l’un des père de l’Eglise. Il est qualifié aussi de Docteur de
l’Eglise. Il sera canonisé. Saint Augustin va donner naissance à un véritable systeme de
pensée, on parlera de l’Augustinisme politique qui va profondément marquer l’Eglise.
A partir de ce premier postulat, Saint Augustin déduit une chose : il existe par principe
une autonomie des deux sphères.
L’évêque va nous expliquer que le Chretien doit obéir au pouvoir temporel car il s’est
placé lui-meme sous son autorité. En effet, il a été incapable de se contenter du para-
dis, l’homme désormais vit dans les passions, il ne peut donc se dispenser d’une auto-
rité terrestre à même de l’encadrer.
Il en découle quelque chose : ici, Saint Augustin approuve l’obéissance au Roi. C’est
sur un fondement tout à fait différent, à savoir le contractualisme, que Thomas Hobbes ar-
rivera à la même conclusion.
Alors même que Saint Augustin se défend de toute assimilation entre spirituel et terrestre,
il apparait clairement que les arguments théologiques qu’il avance sont propices à
une interprétation par l’Eglise pour arriver au résultat inverse, c’est à dire à un em-
piétement.
Illustration : Grégoire Legrand, en 590, a expliqué que la légitimité du pouvoir royal est
liée au comportement des Rois. Quand ils perdent de vue le bien de leur peuple, quand
ils ne gouvernent plus conformément aux principes chrétiens, alors l’Eglise a le droit de les
révoquer.
Derrière cet argument, il y a le moyen de justifier la suprématie de l’Eglise sur les Rois
en leur rappelant que toute société humaine, politique, est avant tout de nature di-
vine.
On comprend pourquoi les Rois vont avoir pour but de marquer leur indépendance à
l’égard du Vatican. Apparait alors le GALLICANISME.
2 - La doctrine scolastique
Il y a un certain nombre d’évêques, de professeurs de théologie, qui vont se saisir
d’Aristote. C’est le cas d’Albert Legrand ou encore Thomas D’Aquin.
Cette pensée va permettre d’édifier de nouvelles théologies qui consistent à concilier
doctrine chrétienne classique (Saint Augustin) avec les grandes doctrines de l’Anti-
quité.
En réalité, un autre auteur sera l’un des premiers à developper les premières thèses
de laïcité; il s’agit d’un Italien, sous la Renaissance, qui va écrire un livre. Il s’agit de MA-
CHIAVEL. Il cherche la recette qu’on pourrait donner à un Prince pour faire régner
l’ordre mais surtout pour maintenir son autorité.
Machiavel va considérer que les Hommes sont naturellement mauvais. Il va déduire de
cet état de fait une conséquence terrible pour le genre humain : les hommes étant mau-
vais, ils sont dénués de moral; il est donc totalement inutile de leur imposer une
éthique puisqu’il n’y entendent rien. Il va tirer de ce constat deux conséquences :
- Un gouvernement ne doit pas être éthique, il doit simplement être efficace. Pour ce
faire, tout les moyens sont possibles pour encadrer les hommes. Le Roi par défini-
tion est un Roi absolu.
- Pas plus que l’éthique politique, l’éthique chrétienne n’a aucun sens puisque de toute
façon l’homme ne changera pas. Il va plus loin en ridiculisant l’Eglise en estimant que
c’est bien beau de vouloir prêcher la morale quand on est soi-même pas capable de
l’appliquer.
En revanche, la morale chrétienne peut s’avérer utile pour servir les ambitions d’un
Prince qui peut feindre de la respecter pour consacrer son autorité. En d’autres
termes, l’Eglise n’a pas de plein droit sa place en politique mais elle peut être inter-
essante en devenant un instrument au pouvoir du prince.
Finalement, on peut dire de Machiavel qu’il va poser les premiers fondements.
L’idée ici, c’est de considérer que le fondement, et donc la finalité de toute société, fon-
dée par un contrat conclu entre les hommes est de protéger ceux qui la compose.
Dans cette optique, il part d’un constat; il considère que l’état de nature symbolise la
déchéance humaine, c’est la guerre permanente. Donc il s’avère impératif dans son
esprit de constituer une société afin de réguler les relations sociales. Bien entendu,
cette pensée s’inscrit dans le prolongement de Saint Augustin, mais aussi de Machia-
vel.
L’idée pour lui est de dire dans son ouvrage « Le Leviathan » de 1651 que pour sortir de
cet état de nature et constituer une société, les hommes vont pactiser, conclure un
contrat. Le but de ce contrat étant de donner naissance à un pouvoir politique qui de-
vra les protéger.
Il nous livre ici une théorie clairement absolutiste parce-que pour encadrer les
hommes, le gouvernant doit avoir les moyens d’agir. Autrement dit pour lui cela sup-
pose d’avoir les pleins pouvoirs. Les individus abandonnent leurs droits et libertés
individuelles au profit de leur seule sécurité physique; c’est ce qui va animer le débat
sureté/sécurité.
Sur le principe, cela pourrait séduire les gouvernants. Toutefois, ce souverain ne tien-
drait pas son pouvoir d’une essence divine, mais d’une essence humaine. C’est une
théorie contractualiste. Or, cela va à l’encontre de Bossuet, mais aussi à l’encontre de
Bodin.
En réalité, la royauté va rejeté la théorie Hobbesienne, mais également d’autres tels
que les théologiens protestants qu’on appelle les Nomarchomaque, ou encore celle des
Jésuites qui considère que le pouvoir du roi vient de Dieu mais il lui est transmis par l’in-
termédiaire du peuple.
B/ L’optique de JJ Rousseau
Le postulat initial chez Rousseau : il estime que l’état de nature est un état de grâce
que les relations sociales ont perverti, et avec lequel il faut absolument renouer.
Il va expliquer tout cela dans son ouvrage de 1762, Le Contrat Social.
Il considère que dans l’état de nature, les hommes sont naturellement bons, altruistes,
charitables. S’il y a des guerres dans l’état de nature, pour lui ces guerres ne sont fon-
dés que sur l’état de subsistance. Mais la lutte pour la domination dont nous parle Tho-
mas Hobbes n’existe absolument pas dans l’état de nature : on se bat pour se nourrir
mais on ne se bat pas pour asservir son prochain.
Cette guerre de domination n’existe en réalité qu’en société. En effet un jour, les
hommes ont découvert la propriété, fondement d’inégalité. A partir de là, l’homme
s’est replié sur lui-même, il est devenu égoïste, il n’est désormais occupé que par
ses propres intérêts.
Pour Rousseau, le premier contrat social a été conclu par les plus riches et seule-
ment entre eux afin de protéger leur propriétés. Ces lois conclus par eux maintien-
draient les inégalités.
• La DDHC dans son article 6 reprend la définition de la loi donné par Rousseau (ex-
pression de la volonté générale).
• La propriété est une liberté et un droit sacré dans la DDHC de 1789 et donc la théo-
rie Rousseauiste ne peut pas séduire tout le monde. De ce fait, les thèses Rous-
seauistes seront reprises par les socialistes du 18ème siècle en ce qui concerne son
approche de la propriété.
Le philosophe anglais, dans son second essai sur le gouvernement civil de 1691 consi-
dère que l’état de nature est un état de grâce dans lequel les hommes sont libres. Le
but de la société civile, c’est de garantir le maintient de cette liberté et donc de la
protéger.
John Locke estime que l’état de nature est déjà un état social, dans le sens où les
hommes sont de façon naturelle conscients d’avoir des obligations de faire et de ne
pas faire. Il n’y a pas de convention mais il y a des règles naturelles.
A l’opposé de Rousseau, parmi ces premières règles existants dans l’état de nature, il
y a le respect de la propriété privée.
Le problème, c’est que même s’il existe des droits existants dans l’état de nature,
même si la majorité des hommes sont raisonnables pour les respecter, il apparait que
quelque-uns ne sont pas suffisamment raisonnable. Donc pour parvenir à la tran-
quillité, à la sureté, il faut passer de l’état de nature à l’état politique; c’est l’objet du
pacte social.
A défaut de protection effective, il y aura une rupture de contrat qui se traduira par la
qualification de pouvoir illégitime et donc le gouvernement sera renversé.
L’article 2 de la DDHC contient toute la pensée politique de John Locke.
=> Deux modèles se sont franchement opposés dans l’histoire et dans les idées poli-
tiques, mais qui se sont aussi parfois complétés :
- Le modele libéral
- Le modele socialiste
=> Bien sûr, la finalité de la société diffère dans les deux modèles :
• Dans le libéralisme, l’idée est de dire qu’on va promouvoir l’intérêt individuel et le
profit de chacun. Cela va engendrer à terme le bonheur général / commun qui passe
par l’épanouissement des intérêts et des profits individuels. Cela profite à la société
dans son entier.
• Chez Marx, le but de la société est l’intérêt collectif afin d’assurer l’égalité.
=> Une théorie est essentielle, mais on en parle pas : c’est le solidarisme.
Cette doctrine intervient à la fin du 19ème sous la IIIème République, et elle se veut être
une alternative entre l’individualisme libéral et le socialisme collectiviste. Cette idée
repose sur le concept de solidarité et de dépendance mutuelle entre les hommes.
Elle est pensée par un individu peu connu (député, Sénateur, President de la SDN) : Léon
Bourgeois, qui a écrit en 1896 La Solidarité.
Cette notion de droit naturel n’est pas apparue soudainement en 1789. Cette notion
est une notion en réalité ancienne, qui se réclame d’une filiation antique.
Initialement, ce concept de droit naturel lorsqu’il est pensé sous l’antiquité n’est pas au-
tomatiquement rattaché à la notion de droit de l’homme; par ce principe de droit natu-
rel, on entend sous l’antiquité ce qui dérive de la nature humaine, ce qui correspond
au droit idéal pour l’homme, le droit qui est le plus conforme à la raison.
Cette notion apparait chez Aristote puisque Aristote va distinguer deux grandes sources
du droit :
- La nature (le droit naturel)
- Les lois de la cité (le droit positif)
Il estime que s’il y a désaccord entre les deux règles, c’est le droit naturel qui doit pré-
valoir. Le droit naturel est un droit contraignant pour le droit positif car il est un droit
antérieur et donc nécessairement un droit supérieur au droit positif.
Aristote va avoir une influence essentielle;
Par universel, on entend en général ce qui vaut pour tout l’univers. Mais en réalité
c’est un concept beaucoup plus compliqué parce-qu’il va y avoir des approches clas-
siques, politiques et théologiques auxquelles vont se substituer de manière partielle
une autre approche héritée des lumières puis une approche révolutionnaire au 18ème
siècle.
L’on peut dire que les Lumières, fin du 17-18ème siècle, vont mettre à mal encore plus
encore ces conceptions politiques.
C’est KANT qui va le mieux résumer cette nouvelle vision de l’universalisme car il en-
treprend très tôt (en 1786) de réinterpréter d’un point de vue humaniste la Genèse.
Selon lui, le péché originel n’est en rien un défaut car finalement cela marque l’avène-
ment de l’humanité (on s’est affranchi de la divinité, de cet état de nature), c’est le pas-
sage de la nature asservissante car placée sous l’autorité divine à la Liberté.
Ce passage est important, désormais l’universel n’est pas incarné dans le divin, il est
incarné dans le genre humain. De cela va découler plusieurs visions de l’humanité et
donc de l’universel :
C’est en partie en raison de cette évolution impulsée par les lumières que les révolution-
naires de 1789 estiment que leur textes qui parlent de droit naturels et imprescriptibles de
l’homme est lui même universel, en tout cas qu’il a une vocation à être universel.
C/ L’universalisme Révolutionnaire
Au 18ème siècle, la France et l’Angleterre ont en commun d’être acquis à l’idée selon
laquelle l’individu est la valeur centrale de toute chose, de toute réflexion morale.
- En France, la philosophie politique diffusée par les Révolutionnaires est déterminée par
le contexte. Or, le contexte commande dès 1789 de s’affranchir du monopole de
l’église catholique.
L’individualisme français oppose la raison de l’individu aux doctrines chré-
tiennes.
La philanthropie est une doctrine qui s’inscrit dans l’humanisme; elle place l’humanité
au premier rang de toute les valeurs en recherchant constamment à améliorer son
sort.
Ces idéaux vont trouver matière à s'exprimer dans la formulation de projet de paix
perpétuel, et dans celle de diffusion effective des droits de l’homme.
Mais c’est KANT dans le prolongement de deux autres auteurs (Fenelon et de l’Abbé
Saint Pierre) qui va aller beaucoup plus loin puisqu’il va imaginer son projet de paix
dans une superstructure, une structure fédérale. Il va plus loin que les autres en don-
nant des conditions sine qua none pour oeuvrer dans le sens de la pacification.
=> Kant a le regard tourné vers la révolution française. Il rédige son projet de paix en
perpétuelle en 1795 (directoire). Selon Kant, l’état de paix n’est pas quelque chose de
naturelle, ce n’est pas une chose évidente car l’Homme n’est pas porté naturellement
vers cette pacification.
Pour autant, il apparait que lorsqu’on observe le concept de droit naturel, il se trouve
que chaque homme a le droit naturel d’être en sécurité. Dès lors, l’établissement de
cet état de paix sera pour lui un acte historique, créé volontairement par les
hommes contre la nature humaine au nom du droit naturel d’être en sécurité. Il faut
donc aller contre la nature humaine pour garantir la paix.
Kant maintient les frontières des Etats dans son projet de paix car il ne s’agit pas de
nier l’identité souveraine des Etats. Mais malgré tout, il va dans le sens d’une pacifica-
tion par une adhésion formelle à huit conditions.
1ère condition : Un traité de paix ne peut comporter de réserve donnant matière à une
guerre future. Une réserve est une clause insérée dans un traité de façon unilatérale par
un Etat : dans certaines circonstances, on vient limiter, voire supprimer l’application de
certaines dispositions du traité.
Exemple : Traité de paix dans lequel il est précisé qu’en cas de crise, l’Etat se donne le
droit d’aller puiser les ressources première de l’Etat contractant.
7ème condition : L’Etat membre doit être républicain. La république correspond ici à la
démocratie, c’est à dire, un pays où le peuple à le pouvoir et où il y a le concept de ci-
toyenneté.
Si les citoyens ont le pouvoir, ils seront bien plus motivé que n’importe quel gouvernement
pour se diriger vers la paix.
8ème condition : Pour arriver à remplir toutes ces conditions, les Etats doivent consti-
tuer une fédération. Il ne s’agit pas d’un Etat universel; selon lui, la forme fédérale as-
sure la paix en maintenant l’identité des peuples.
> La fédération est une union d’Etat (les entités fédérés) par le biais d’une constitu-
tion qui va donner naissance à un état fédéral. On ne peut pas quitter une fédération
car la Constitution n’est pas un contrat.
Cette union repose sur trois concepts : la superposition (structurelle), la participation
(représentation des entités fédérées au niveau fédéral) et l’autonomie.
> La confédération est une association d’Etat souverains liés entre eux par les trai-
tés. De ce fait, on peut quitter une confédération.
Pour Kant, cela sera le fruit d’un très long processus. Il imagine que cela commence-
ra par un noyau dur d’Etats européen au premier rang desquels il y aura la France, por-
teuse du modèle universel des droits naturels et à terme ce petit noyau aura vocation
à englober tous les autres Etats.
Kant va encore plus loin, certes il maintient les frontières d’un point de vu politique et
économique des Etats. En revanche, il préconise la disparition des frontières pour
les citoyens donc la possibilité pour les citoyens de se rendre sans encombre dans un
autre Etat. => Espace Schengen.
Le voyage pour lui, favorise la communication entre les peuples. Les gens, si ils se
connaissent ne craignent plus car ils se comprennent davantage. Il en résulte ce fameux
sentiment cosmopolite, ce sentiment d’appartenir à une nation autarcique.
Autre avantage : Si il y a une violation des Droits de l’Homme, le monde entier sera au
courant. Il en résultera donc une prise de conscience mondiale des exactions commise
et il pourrait en résulter une réaction mondiale cf le droit d’ingérence aujourd’hui
alors que le principe est la non-ingérence.
Kant se méfie à l’égard du commerce international. Il est favorable aux échanges en
tant que tels mais il estime qu’ils devront être réglementés très précisément dans des
traités pour contrôler les Etats. Ce qui suscite sa crainte du libéralisme économique
porté sur la scène internationale.
Il peut découler de cette recherche du profit et de la croissance qu’il faut encadrer à
tout prix une forme de domination exercée par certains Etats sur d’autres Etats. Voilà
Cette pacification passera par quelques Etats notamment la France et l’Angleterre car
ces pays libéraux qui ont renversé leur rois, sont à même d’impulser le mouvement
d’alliance européenne.
Pour se faire, il préconise la formation d’un parlement européen qui serait une institu-
tion indépendante des Etats soit non controlé par les Etats chargé de prendre des
décision pour l’intérêt général de l’Europe et qui serait reconnu comme supérieur
aux droits nationaux.
Après Saint Simon, les grandes figures du romantisme prennent position pour une
robe de la paix et ils vont au bout de leur logique puisque sont organisés sous la IIe ré-
publique les premiers congrès européens de la paix.
On est désormais dans une démarche applicative des idées : prise de conscience euro-
péenne de la nécessité d’y parvenir. Victor Hugo, un peu comme Kant, a lui aussi
conscience que ce sera difficile. Il préconise lui aussi la formation d’abord d’une pe-
tite Europe, puis d’une grande Europe, puis finalement de Nations Unis (même si le
terme n’est pas employé par l’auteur).
Sur le plan politique, partout en Europe, les libéraux sont séduits par les idées de liber-
té d’un point de vue politique et par l’idée d’abolition des barrières douanières d’un
point de vue économique. Mais aussi les socialistes voire même les anarchistes sé-
duits par l’idée de fraternité entre les peuples et de protection européenne des ou-
vriers et bien tous, ou en tout cas la plupart d’entre eux, imaginent des modèles de
confédération, de fédérations dans un processus plus ou moins développer d’intégration
(c’est quand on adopte un traité qui va dans le sens de l’abandon croissant des compé-
tences étatiques au profit de la structure super-étatique).
Cela ne reste pas au plan théorique. En effet en Italie, un homme politique qui s’ap-
pelle Mazzini fonde le mouvement « jeune Italie » qui promeut l’idée d’unité italienne
et aussi pour renforcer le peuple et lui permettre de s’affranchir de l’occupant autri-
chien. Mais il va plus loin : Mazzini constitue cette jeune Italie sur la base de mouve-
ments étudiants qui vont se rendre partout en Europe pour constituer des mouve-
ments similaires en Pologne, en Allemagne etc. Il les regroupe dans une association
qu’il appelle « Jeune Europe » et qui prône cette fois ci la fraternité entre les peuples
et une unité européenne de forme fédérative.
=> Ces idées vont traverser tout le 19e siècles et vont être confrontées à des idées
opposées car parallèlement à cette idée d’union, va naitre un sentiment xénophobe
ultranationaliste.
Affirmation de l’identité nationale comme supérieure à celle des autres nations.
Exemple : les Allemands sont totalement traumatisés par l’impérialisme napoléonien.
On a donc deux mouvements qui grandissent au 19e et qui vont traumatiser le 20e
siècle.
Eu égard aux traumatismes du 20e, ces idées de paix européenne vont trouver à s’ap-
pliquer. Notamment via le biais de la SDN qui a été créée pour préserver la communau-
té internationale de nouveaux conflits. Le problème c’est qu’elle nait avec la frustra-
tion d’autres Etats comme l’Allemagne.
Il y a la DUDH et la SDN est remplacée par les Nations Unis.
Puis il y a l’OIT, l’OTAN etc.
Du point de vue européen : CECA ==> On accepte d’entrer dans une alliance écono-
mique entre la France et l’Allemagne dans le but de maintenir la paix à la sortie de la
seconde guerre mondiale.
Grotius, lorsqu’il considère qu’il y a des règles internationales qui s’imposent à tout
les peuples, il y a le principe d’indépendance des Etats dont découle le principe de
non ingérence, de non intervention.
Il va considérer que la particularité du droit des gens est d’être un droit volontaire, une
forme de droit positif qui reçoit sa force obligatoire de la volonté des Etats.
Par conséquent le droit des gens doit être distingué du droit naturel qui lui énonce
des principes qui demeurent antérieurs et supérieurs au droit positif.
=> Que doit-il advenir d’un Etat souverain qui ne respecterait pas les droit naturels des
individus ?
Si on applique les règles du droit des gens (souveraineté et non intervention), les
autres peuples et autres Etats doivent se dispenser d’intervenir dans les affaires in-
térieurs. Il appartient pourtant aux Etats de respecter le droit naturel. Le but de toute
société est la conservation des droits naturels de l’homme.
Puisque les droit naturels sont supérieurs à toute norme émanant de la volonté hu-
maine, il semble que la défense des droits naturels l’emporte sur les règles du droit
international. Donc le droit naturel l’emporte sur le droit des gens et sur le principe
de non-intervention. Les Droits de l’Homme l’emportent donc sur ces principe de non in-
tervention et non ingérence.
En réalité, bien avant Grotius et concernant les atteintes physiques, certains théolo-
giens se sont prononcés sur ce sujet. Par exemple, Saint Thomas d’Aquin* et Saint-
Augustin.
> Selon Saint Thomas d’Aquin*, une guerre est qualifiée de juste quand elle a pour but
d’attaquer et de punir ceux qui se sont rendus coupable d’injustice.
Il y a Vitoria et après lui Suarez qui vont, en s’éloignant du dogme chrétien, s’appuyer
sur l’obligation d’assistance à personne en danger. On imagine une forme d’interven-
tion pour la protection des individus.
Nous avions vu qu’à l’intérieur des frontières et dans un cadre intra-étatique; Gro-
tius est l’un des premiers à préconiser un droit de résistance à l’oppression. Il trans-
pose cette pensée au niveau international toujours sur le fondement de la guerre
juste, Grotius va estimer que les autres peuples doivent intervenir pour sauver leur
ressortissants et ceux des Etats tiers.
On trouve ici les arguments posé dès 1625 qui seront évoqués pour justifier ce qu’on
appelait au XIXe siècle sous le nom d’intervention de l’humanité, ce qui a été appelé
sous l’égide du philosophe REVEL et de KOUCHNER* et BROMAN (…).
Lorsqu’on l’a consacré, ce principe de non intervention et d’indépendance des Etats
est considéré comme un progrès car initialement ce principe est un rempart contre les
pratiques colonialistes, impérialistes dont s’étaient faites les grandes spécialistes, les
puissances européennes.
C’est la raison pour laquelle juridiquement, le principe d’ingérence est contraire au prin-
cipe de souveraineté et d’auto-détermination.
Exemple : Le droit à la vie qui est le premier droit; pour autant, les textes internationaux
vont introduire des limites et des atteintes possibles. Notamment le cas de la peine
de mort qui peut être prévue par la loi dans certains Etats.
En réalité aujourd’hui, il n’y a que l’interdiction de la torture et de l’esclavage qui ont
été reconnu formellement comme des normes impératives.
Pourtant, dans le sens d’un progrès, la Cour Internationale de Justice dans un arrêt du
5 février 1970 a utilisé la notion d ‘« obligation erga omnes » soit, obligation à l’égard de
tous. Dans cet arrêt, la cour a déclaré en substance que les obligations de respecter les
droits de l’homme contenu dans un traité, correspondent en réalité à des obliga-
tions qui incombe à tous les Etats.
Les traités relatifs aux Droits de l’Homme sont finalement des obligations qui s’imposent à
tous les Etats, mêmes à ceux qui ne sont pas parties aux traités ! Cela voudrait dire
que finalement le traité n’a aucune valeur en matière de DH : malgré la conclusion d’un
traité, tous les Etats sont tenus par les obligations de ce même traité.
C’est une atteinte de taille à la souveraineté des Etats puisque le traité dépasse le
cadre du contrat. C’est un arrêt révolutionnaire qui fait de l’Homme le premier fonde-
ment du droit international qui l’emporte sur tout le reste.
> Il y a un souci juridique et pragmatique : pour qu’une décision de justice soit exécu-
toire, il faut des instruments d’exécution. Au niveau de la CIJ, c’est le conseil de sécu-
rité qui exécute les décisions. Il est constitué de 5 Etats qui ont un droit de véto et c’est
une limite politique effective.
> La cour pénale internationale est une institution indépendante des NU. Lorsqu’elle
condamne un individu, il faut des instruments d’exécution et ici, il s’agit de compter
sur la bonne volonté des Etats. Il y a un principe de complémentarité des Etats.
Exemple : Le président Soudanais condamné pour génocide, crime contre l’humanité qui a
fait l’objet d’un mandat d’arrêt international se promène depuis des années dans différents
Etats.
De nos jours, l’universalité des droits de l’Homme se trouve confronté à certains op-
posants qui vont avancer le refus de l’uniformisation du monde sur le fondement des
identités, des différences et surtout sur le refus de la mondialisation des philosophies
occidentales.
> Pour certains, cela se traduit comme un rejet de l’universalisme considéré comme
l’instrument cynique de l’impérialisme occidental : une nouvelle forme de conquête
mais par les idées cette fois-ci.
> En réaction, les partisans de l’universalisme opposent un motif tout aussi méfiant
mais que l’on peut penser légitime. C’est le motif selon lequel le particularisme peut de-
venir le prétexte aux pires exactions de même qu’il peut devenir le prétexte, le vecteur,
du replis communautaire et nationaliste.
A/ La pensée contre-révolutionnaire
B/ La critique Marxiste
Marx est par principe hostile à l’individualisme consacré en 1789 et reproche aux
révolutionnaires français d’avoir conforté par leur thèses libérales, selon lui,
l’égoïsme des hommes simplement préoccupés par le maintient de la propriété.
C/ Le relativisme culturel
Il apparait que l’ensemble des Etats, ou en tout cas la majorité des Etats se dirigent
vers la promotion et la protection des droits de l’Homme.
Malgré tout, il apparait que même dans les textes, il existe des différences de degrés,
de lecture de cette protection; notamment en ce qui concerne la protection des mineurs
ou des femmes.
Plus encore, les droits de l’homme ont pu être dénoncés comme une invention de l’oc-
cident et donc l’universalisme; comme une forme de néo-colonialisme moderne occi-
dental. En effet, certains vont considérer que les grandes puissances cherchent à im-
poser partout dans le monde les mêmes valeurs mais aussi les mêmes moyens pour
y parvenir.
Pour les tenants du relativisme culturel, les droits de l’homme sont construit
sur le concept d’individualisme. Or, vouloir diffuser ce principe fondateur, c’est ne
pas prendre en considération les différences culturelles puisque certaines sociétés
sont holliste et non pas individualistes. Ces sociétés sont totalement étrangères aux
idéaux occidentaux.
En 1993, il y a eu le Congrès de Vienne où les pays les plus pauvres vont accepter de
signer l’acte final de protection des droits tout en dénonçant ce qu’ils appellent le dic-
tat des droits de l’Homme. Ils décident à cette occasion de créer le G77 (les 77 Etats les
plus pauvres) qui sont confrontés au G8, les 8 Etats les plus riches. Cela montre qu’il ne
peut y avoir de discussion de réflexion sur l’effectue universalité car il y a 8 Etat qui dé-
cident pour le monde.
Dans le prolongement de cette idée, ces mêmes pays avancent un autre argument selon
lequel on ne prend pas en considération les conditions sociales et économiques,
c’est à dire que les différences socio-économiques qui existent entre les peuples.
Or, le sous développement est à même d’expliquer la difficulté de pénétration des
Droits de l’Homme dans les pays où l’ordre de priorité n’est pas le même. Ainsi, tant
qu’il y aura des inégalités socio-économique, il y aura donc une difficulté à instauré
des droits de l’H.
Si il est vrai que la pauvreté est souvent le terrain propice à la violation des droits,
aux dictatures, il apparait que la volonté de diffuser ces droits naturels est différen-
ciée et au fonds beaucoup moins universel que le principe qu’elle porte.
Au XXe siècle, la pensée communautarienne qui a une grande influence aux USA,
part du constat que les thèses libérales résument la société comme une agrégation
d’individus autonomes.
Or, selon ces auteurs, c’est une véritable erreur. La pensée révolutionnaire s’est posi-
tionnée comme le refus de la représentation des groupes et à partir de là, les démo-
craties occidentales ont largement hérité de ce mode de pensée.
Pour autant, pour ces auteurs, l’individu ne se construit que par référence au groupe
culturel.
Finalement tous ces auteurs, anti-individualistes dans le sens du XVIIIe ne s’entendent
pas en revanche sur les finalités du communautarisme.
Pour les ultra-conservateurs, il vaut mieux une société communautaire régit par la
morale plutôt qu’une société divisée en individualité où chacun cherche à protéger
ses propres intérêts.
Ce courant ultra-conservateur est très loin de militer en faveur d’une société plura-
liste ouverte à la diversité des cultures; Au contraire, dans leurs esprits, il y aurait une
grande communauté sous divisée en plusieurs communauté morale, religieuses, fa-
miliale.
On comprends que ces idées ont été portés par les UC soucieux de défendre une société
blanche, hétérosexuel et chrétienne.
Pour d’autres auteurs beaucoup plus progressistes tels que Mickael Sandel,
l’idée d’universalité des droits de l’homme est séduisante mais elle n’est pas réelle
parce qu’elle ne se fonde que sur le postulat individualiste en niant les particula-
rismes qui font l’individu.
Le genre humain n’a rien d’homogène, il est fait de différence, il doit donc y avoir fon-
damentalement une protection des droits individuels mais il doit y avoir également une
représentation et une protection des groupes et des minorités.
C’est le résultat totalement inversé de la première optique qui invite à l’uniformité.
Ici, au contraire, les DH doivent être complété par des droits collectifs pour les minori-
tés.
En conclusion, on peut dire que les Etats, malgré toutes ces critiques s’engagent glo-
balement dans la protection des droits de l’homme et ce pour deux raisons :
- La dignité humaine semble être la valeur cardinale et rare sont les Etats qui osent se
réclamer d’une autre critique.
- Le DIP fondé sur le concept de souveraineté semble évoluer à la lumière du
concept d’humanité. (Ex : principe de réciprocité).
=> Sur quels fondements théoriques la souveraineté des Etats peut mettre à mal l’uni-
versalité des droits ?
A/ Le nationalisme allemand
Fichte, tout comme Kant admire l’universalisme français et donc in fine il préconise
une paix universelle conduite par la France. Cela ne sera rendu possible que si les
peuples se libèrent et que les monarchies despotiques disparaissent.
Par conséquent, chez le Fichte révolutionnaire, la Nation, c’est un ensemble d’individu
libre tourné vers les autres et appelé à s’unir dans une union universelle. Tellement animé
par cette volonté de voir la France diffuser ses valeurs, qu’il jouait la victoire pendant la
1GM la victoire des armées française car le peuple français est celui qui va sauver l’huma-
nité.
Cinq ans plus tard, Fichte sera à l’origine de la doctrine pan-germanique laquelle
repose sur le concept d’une grande Allemagne et sur le principe de supériorité du peuple
allemand et sur le principe de revanche menée contre l’Etat français.
Dans l’esprit de Fichte, l’universalisme n’est plus celui des droits de l’homme puisque l’uni-
versalisme français est désormais politique.
La défaite de la Prusse et le triomphe de l’empire Napoléonien, invite le philosophe à pro-
céder à une réaffirmation énergique du droit de chaque Etats européen à l’indépendance.
C’est là que réside le défaut majeur de Napoléon car c’est là qu’il désire imposer la
culture française et son pouvoir personnel aux peuples européens alors qu’ils font partie
du règne de la civilisation.
Dans son essai sur Machiavel, Fichte considère qu’il y a « dans d’autres parties
du monde suffisamment de barbares qui en tout cas tôt ou tard devront être englo-
bé par la force dans le règne de la civilisation. » Apparait dors et déjà la supériorité des
européen sur le reste du monde.
On s’éloigne des idéaux d’Emmanuel Kant et on s’éloigne de l’universalisme des droits de
l’Homme.
Fichte va déduire de l’expansionnisme napoléonien et donc de la réalité des rela-
tions internationales que finalement Machiavel et Hobbes avaient raison ; il est inévitable
qu’entre les hommes et qu’entre les Etats subsistent un rapport de bellicisme conti-
nuel.
La Nation n’est plus la somme des individualités mais une communauté culturelle.
Selon lui, la cause de la défaite allemande réside dans le fait que l’Allemagne a été sé-
duite par les thèses individualistes et elle en a donc oublié qu’elle était une grande nation,
une grande communauté.
Il faut donc ré-éduquer le peuple allemand et lui rappeler que la communauté doit l’empor-
ter, que l’individu doit se sacrifier à son profit. ==> « La vie pour elle même n’a jamais de
valeur ».
‣ Tout d’abord, le philosophe allemand justifie cette position en soulignant le caractère fon-
damental de la nation allemande car selon lui l’Allemagne se distingue de tous les autres
peuples car elle est dotée d’une ID nationale forgée sur une langue pure et originelle et
non pas dérivée comme le français. Cela témoigne en Allemagne d’un accord parfait
entre le langage et l’esprit alors que la langue française dénaturée par ses racines la-
tines témoigne d’un esprit déviant.
‣ Il estime que les allemands sont les seuls à avoir compris le vrai sens du christianisme
qui consiste à rechercher le salut de l’âme. Ils l’ont compris par la voie d’un homme qui a
su dépouiller le christianisme des superstition qui le dénaturait, de toutes les richesses
qui le mettait à mal. Il s’agit de Luther, le père du protestantisme.
Contre l’ouverture sur les autres qu’il préconisait et contre l’union universelle qu’il admirait,
il pense qu’une fois que la guerre sera terminée, l’Allemagne modèle universel devra se
préserver pour conserver son ID culturelle et linguistique. De ce fait, il condamne l’immi-
gration.
Evidement, le national socialisme allemand va voir dans le Fichte des dernières années,
une source d’inspiration évidente mais pas entière.
• Tout d’abord, parce que le philosophe n’envisage pas une centralisation des pou-
voirs entre les mains d’un chef.
• Mais aussi parce qu’on ne trouve pas chez Fichte de théorie raciste biologique.
C’est une pensée qui se revendique comme une réaction contre Kant, contre les thèses
individualistes et qui va proposer sa lecture, sa propre vision de l’universel.
> Plus encore, il estime que le but des guerres est noble. Les guerres ne sont plus
l’expression de la haine entre certains hommes, elles sont en réalité l’affaire des Etats au
nom de cette fin sublime selon lui qui est l’affirmation de la souveraineté.
Ce qui pousse à donner la mort, c’est l’honneur national et non le désir de porter atteinte à
un individu.
Remarques :
Première remarque :
• Si l’Etat englobe les individus, pour Hegel, il ne doit pas exister sur la scène inter-
nationale une structure équivalente qui engloberait les Etats.
Pour lui, les Etats entre eux sont dans un sorte d’état de nature sans cesse traversé par
les guerres. Pour autant, cela ne signifie pas que les relations inter-étatiques soient tou-
jours guerrières. Il reconnait donc l’existence d’un droit international et des traités. Mais
tout Etat peut en tout liberté, rompre les traités de son plein gré. C’est ici que réside son
positivisme. Le droit international c’est limité à l’impératif du maintient de la souveraineté
des Etats : tout dépend de leur volonté car c’est la puissance qui fait le droit.
En ce sens, Hegel souligné la faiblesse, voir même le ridicule de la position kantienne de
paix perpétuelle qui suppose bien l’adhésion volontaire des Etats et qui est toujours condi-
tionnée par la volonté des Etats ne peut donc être perpétuelle car ces Etats demeure libre
de rompre les traités.
Deuxième remarque :
Pour Hegel, l’histoire de chaque peuple s’est constitué par sa rencontre avec les
autres peuples, sur sa volonté d’affirmer sa souveraineté et sa domination.
Sur ce théâtre international, pour Hegel, l’histoire témoigne qu’il y a toujours eu un peuple
qui a pris conscience de son accomplissement, c’est à dire de son incarnation dans l’Etat
et c’est pourquoi il a pu dominer le monde : parce qu’il s’est sacrifié entièrement dans sa
partie.
On comprends donc bien la légitimation de la guerre : la volonté des autres Etats de sortir
de cette infériorité.
Il estime que c’est l’Allemagne qui est en quelque sorte la fin de l’histoire et l’aboutisse-
ment du processus. C’est le cas parce que pour Hegel, l’erreur la plus fatale pour un
peuple est d’abandonner ses caractères biologiques or pour lui, l’Allemagne a su se gar-
der pure de tout mélange.
On va donc plus loin que Fichte : il s’agit de pureté biologique.
Ces thèses inspirent le national-socialisme allemand :
* Le rôle joué par le chef, la personnalisation du pouvoir
* La supériorité du peuple allemand
* La volonté hégémonique des Etats.
En revanche, rappelons que le philosophe réfute les guerres d’extermination fondées sur
la haine de l’autre et non pas sur la souveraineté.
En conclusion, on peut dire que l’universalité des DH consacrée au 18e d’un point de vue
théorique est évidemment mise à mal par des doctrines politiques nationalistes de la pre-
mière moitié du 20è siècle.
Par exemple, le national-socialisme allemand ou le fachisme italien qui toutes deux sont
des théories fondées sur des principes communs : un anti-individualisme prononcé (socié-
tés hollistes), une volonté impérialisme et le culte de la personnalité.
L’Allemagne ajoute un autre pendant ces théories : le racisme. Pour Hitler, le racisme est
le moteur de l’histoire.
C’est une conception, lourd héritage, qu’il emprunte aux philosophes allemands mais sur-
tout aux théoriciens français et anglais qui développent le mythe de la race aryenne.
> Tout d’abord, Arthur de Gobineau écrit en 1853 un essai sur l’inégalité des races hu-
maines. Dans cet essai, il entreprend d’établir une hiérarchie entre les races.
Au sommet de cette hiérarchie, il y a les blancs qui se voient octroyer le monopole de la
beauté, de l’intelligence et de la force. Au sein de cette race blanche, il convient de distin-
guer la race aryenne de toute les autres. A l’origine du monde, il y aurait une race de
langue indo-européenne douée de tous les dons et qui est à l’origine de toutes les classes
dirigeantes européennes dont la noblesse à laquelle il appartient.
> Chamberlain et le véritable inspirateur du nazisme puisqu’il reprend cette théorie pour la
développer sur deux points :
Forts de toutes ces théories, à la gloire du peuple allemand dirigé contre les juifs, le
national socialisme allemand estime que la race aryenne est appelée à dominer le monde
et qu’elle doit pour cela préserver ses traits par tout moyens : l’éducation mais aussi l’eu-
génisme.
Dans le même sens, l’Allemagne doit se protéger des agressions extérieures. C’est ainsi
que tout cela est préconisé dans le Mein Kampf d’Hitler et à la suite de son élection, se-
ront adoptées en 1935 les lois de Nuremberg qui visent à exclure les juifs par une série
d’interdiction qui leur sont faite au nom de la protection du sang allemand et de l’honneur
allemand.
S’en suit la solution finale : soit un génocide conduira à la mort de 6M de juifs; 20 000 tsi-
ganes, homosexuels, handicapés etc.
Cela va déterminer à la suite de la 2GM, la communauté internationale a révisé sa vision
des relations inter-étatiques à promouvoir la protection des individus.
1 - Le colonialisme
Il va opposer deux grands personnages de la 3ème république :
- Jules Ferry
- George Clemenceau
Il va y avoir des débats parlementaires, le colonialisme pose problème car il suppose une
politique impérialiste; ça va a l’encontre du principe d’égalité, de non-ingérence et de sou-
veraineté des peuples.
En 1885, ont lieu de nombreux débats parlementaires qui vont opposer deux conceptions
différentes. Ces deux conceptions font finalement appel à la notion ambiguë d’universa-
lisme français.
- Le premier argument qui est avancé par les partisans du colonialisme, c’est l’écono-
mie. Pour Jules Ferry, cela permet d’exploiter les resources, placer des capitaux, et cela
permet également d’offrir des débouchés du travail au population. C’est un aspect so-
cioéconomique.
- Un autre argument va être ajouté, d’un point de vue idéologique Jules Ferry mets en lu-
mière le coté humanitaire et civilisateur du colonialisme;
> Tout d’abord, il y a bien appel à la conception racial, il y a des races supérieures et
des races inférieures.
> On peut noter le fait que le devoir de la métropole qui colonise qui consiste dans l’aide
civilisatrice d’une nation qui va apporter ses lumières.
> Troisième remarque, de devoir humaniste doit quand même recevoir une contrepartie,
une aide qui va justifier le droit de coloniser et de profiter économiquement du pays.
10 ans plus tard, le ministre anglais des colonies, Joseph Chamberlain dit à peu près
la même chose que Jules Ferry en ce qui concerne l’Angleterre puisque pour lui les in-
térêts économiques et le devoir civilisateur qui incombent à l’Angleterre emporte un
droit de tutelle de l’Angleterre sur ses Etats.
b - La conception de Clemenceau
Parallèlement à cette conception, on a celle de Clemenceau qui au contraire refuse l’ex-
pansionnisme, l’impérialisme, le colonialisme, et cela au nom de l’universalité des droits
de l’Homme.
- Il va également avancer un autre argument, c’est que finalement pour lui cette politique
du colonialisme est contraire à la philosophie et à la tradition juridique française,
laquelle est fondée sur l’idée de pacification, pacification des relations intérieures et pa-
cification des relations internationales.
=> Quelques années auparavant dans un Ouvrage intitulé L’histoire de France, Michelet
va considérer que la France est investie d’une mission supérieure : libérer les peuples de
l’oppression.
> C’est une mission qui est justifiée pour lui par la force, la grandeur de l’armée française,
une armée qui a su combattre de ses ennemies.
> Il ajoute que ce messianisme est également justifié par l’aspect pacificateur que porte
l’universalisme français. Michelet va en effet estimer que cette mission ne confère pas aux
français un droit de tutelle, un droit de supériorité sur les autres peuples; la France doit
simplement oeuvrer pour la paix universelle, et pour se faire elle doit exporter les Droits de
l’Homme.
2 - La désignation de l’ennemi
a - Le contexte
En cette fin de 19ème siècle, l’Affaire Dreyfus nous permet de dresser 3 constats.
- La condamnation de Dreyfus est jugée essentielle par la moitié de la France (la popula-
tion est divisée); Elle est jugée essentielle en raison du culte qui est porté à l’armée
française. En effet, on ne pet remettre en question les généraux français, la justice fran-
çaise, il y va se la sauvegarde de la dignité nationale.
- Enfin, la chose la plus connue, il faut bien comprendre que l’affaire s’inscrit dans le pro-
longement de l’antisémitisme violent, dont se fait l’écho une partie de la doctrine fran-
çaise pour ne pas dire la plus lue et écoutée.
Exemples : > Paul Deroulede, il préconise lorsqu’il parle des juifs « l’épuration ».
> Edouard Drumont en 1886 publie « La France juive » où il explique grossomodo que
les juifs et les franc-maçons sont les ennemis à combattre car ils se sont de concert
emparé de tout les leviers du pouvoir.
> Plus que tout autre auteur, Charles Mauras le chef de file des anti-dreyfusard va
conceptualiser ses théories;
=> Il va pour commencer critiquer le romantisme, qu’il faut selon lui relier à la révolution.
Il explique que ce romantisme réside dans un esprit de liberté illimité. Il ira même jusqu’à
identifier cet esprit romantique à satan. Il entreprend de rechercher les origines du Roman-
tisme.
La raison de ce rejet :
Pour Maurras, le problème de tout ces peuples c’est d’avoir accueilli l’esprit antique et hé-
braïque, ce qui a conduit à la Démocratie et donc aux désordres sociaux. Pour lui, les
rêves de justice, d’équité, de droit naturel, sont chimérique (appartiennent au domaine du
rêve), sans consistance, et plus grave encore pour Maurras ce sont des notions qui dé-
structurent l’ordre naturel qui repose pour Maurras sur trois fondements :
- La force
- L’autorité
- L’inégalité
C’est pourquoi il déteste les Allemands. Sur ce fondement Maurras entend reconstruire le
thème de la grandeur nationale contre l’ennemi, et donc il va s’en prendre à tout ceux qui
soutiendront la pacification plutôt que l’entrée en guerre.
=> Cette lutte contre les ennemis et la conception qu’il a du pouvoir porte Maurras a de-
velopper un nationalisme intégrale; le principe général c’est de considérer que la patrie
l’emporte sur l’individu et la morale. De là il tire plusieurs conséquences.
- Tout d’abord, pour Maurras, l’amour de la patrie doit conduire logiquement les français
à préférer les français plutôt que les peuples lointains.
- La justice, celle brandie par Zola ou Clemenceau ne peut être évoquée au péril de la
patrie. On maintient l’erreur judiciaire pour ne pas entacher la nation française et l’ar-
mée française.
- La Nation occupe « le sommet de la hiérarchie des idées politiques, il faut donc la dé-
fendre contre les ennemis intérieurs et extérieurs».
- L’individu doit tout sacrifier à la Nation.
Maurras est plutôt séduit parce-que le programme de révolution nationale préconisé par
Pétain, tout comme les lois antisémites de Vichy, contentent Maurras qui y voit non pas un
antisémitisme de peau mais un antisémitisme d’Etat. L’impossibilité pour les juifs d’intégrer
les fonctions de direction, d’administration et d’éducation.
Evidemment, la distinction est superficielle car de l’une à l’autre de ces formes d’antisémi-
tisme il n’y a qu’un pas que Vichy va très vite franchir. Vichy à la solde des allemands va
organiser des déportations, une police intérieure, qui précisément sera chargée de retrou-
ver et de régler le sort des juifs, des handicapés, des homosexuels, tout ceux qui dérange.
Malgré cela, Maurras va soutenir le régime et plus encore il deviendra le pilier idéologique
du régime de Vichy. Il se dit anti-gaulliste, il qualifie les résistants de terroristes, et il se féli-
cite lorsque le 2 Aout 1940 le général de Gaulle est condamné à mort par le régime de Vi-
chy.
En effet, la deuxième guerre mondiale voit émerger bien heureusement une autre ap-
proche du sentiment nationale, celui du mouvement résistant initié par le général de
Gaulle. Pour De Gaulle, contre la conception du pouvoir défendue par Pétain et Maurras,
contre le Nazisme et contre le régime collaborateur, De Gaulle encourage au contraire le
développement d’un sentiment national à même de contrer l’ennemi nazi sur le fondement
d’une Nation unie autour de valeurs communes au premier rang desquelles la défense des
Droits de l’Homme. Et donc De Gaulle s’emploie à réveiller le sentiment national des Fran-
çais, et au niveau de ses sources d’inspiration, il y a Charles Peguy qui défendait l’idée
d’un peuple vertueux, fier, encré dans les valeurs, soudé face à l’adversité.
Quoiqu’il en soit, la conception de la Nation qui va l’emporter est celle de De Gaulle qui
deviendra président alors que Maurras sera condamné le 28 Janvier 1945 et la réclusion
criminelle à perpétuité; comble de l’horreur, il sera condamné à la dégradation nationale (il
perds tout ses droits) sur le motif d’intelligence avec l’ennemi et dans la foulée, il est exclu
de l’académie française.
Pour conclure, on peut dire qu’il y a tout un tas d’éléments qui vont politiquement et juridi-
quement mettre à mal les plus radicales visions nationalistes. Pour autant, ces idées qui
reposent à des degrés différents sur des concepts de supériorité, d’autarcie, de race, de
sacrifie patriotique, même si elles ont accusé une perte de vitesse différente, n’ont aucu-
nement disparue. Elles tendent d’ailleurs à être confortée par les crises économique et po-
litiques.
L’imprescriptibilité, c’est dire que le droit positif se doit toujours de respecter les droits
naturels lesquels demeurent donc indépendants du contexte politique, social et écono-
mique.
> Sur ce point, le chapitre va nous inviter à constater plusieurs choses; tout d’abord, le fait
que les droits protégés peuvent également être limités au nom de certains impératifs jugés
supérieurs. Dans le cadre d’une démocratie libérale, il existe des règles qui peuvent venir
limiter l’exercice des libertés (respect de la liberté d’autrui, sureté de l’Etat, etc.).
> Il nous faut également noter le caractère relatif de la notion même de droit naturel,
puisque en effet dans le contenu même de la notion certains droits sont reconnus comme
tel, sont qualifiés de droit naturel à un moment donné et ils ne le sont plus à un autre mo-
ment. Le contenu de la notion de droit naturel est variable et va être déterminé par le droit
positif. Cela met à mal le principe d’imprescriptibilité.
Initialement, les termes sureté et sécurité ont la même racine : secura, c’est à dire sans-
soucis. Autrement dit, se sent en sécurité celui qui se sent protégé, celui qui se sent à
l’abris du danger. On ne va recourir au terme de sureté qu’à la fin du XVème siècle début
du XVIème au moment où on entreprend de souligner la mission pacificatrice du Roi. Le
rôle de la royauté va être de veiller sur les sujets.
Mais le terme sureté désigne également l’idée selon laquelle il ne peut y avoir sureté des
sujets, donc protection des sujets, sans que celle du Prince ne soit assurée. D’ores et dé-
jà, il y a deux acceptions à ce principe de sureté :
- La protection des sujets
- La protection de l’Etat
Quelques siècles plus tard, deux ou trois siècles plus tard, par un retournement remar-
quable, c’est contre l’autorité royale que l’on cherche à se prémunir, à se protéger. En ef-
=> Pourquoi la royauté est-elle perçue comme un moyen d’assurer la protection des su-
jets ?
Le roi va contrer les seigneurs. Il n’y a plus de pouvoir central en temps que tel car on en
arrive à une logique où l’Etat est déstructuré et on en arrive au Seigneurie banale lesquels
vont assurer la protection moyennant des droits sur les sujets. L’inégalité et l’arbitraire sont
partout. Lorsque le Roi veut contrer les seigneurs, il va le faire par des théories lui permet-
tant d’asseoir sa souveraineté. Il va contrer les seigneurs en mettant en place des institu-
tions le représentent localement. Il le fait au nom du bien commun, au nom du bien de ses
sujets. Il agit pour contrer l’arbitraire seigneuriale; c’est la résurgence de l’idée d’Etat. Le
roi, pour assurer cette mission doit être force, c’est l’absolutisme. Il ne pourra assurer sa
mission de protection que s’il s’est débarrassé de ceux qui veulent l’affaiblir. Donc le roi
doit être protégé.
En 1789, ce roi qui était protecteur contre les seigneurs devient au contraire désormais
celle qu’il faut combattre car elle est elle même jugée arbitraire. Et la sureté individuelle
est affirmée en 1789 contre l’absolutisme Monarchique.
La philosophie des lumières ne va pas dire du mal que des lettres de cachet, on re-
proche même la procédure judiciaire dans son ensemble.
Exemples : > L’absence de droits de l’accusé. Cela symbolise l’arbitraire monarchique.
> Il y a encore l’usage de la question, une torture.
> Il y a une absence de jury populaire
> La procédure ici est inquisitoire (marque la toute puissance du juge, il n’y a pas de
contradiction).
L’un des premiers à critiquer la procédure pénale de l’ancien régime, c’est un magistrat
bordelais : Montesquieu, dans L’esprit des Lois.
Pour Montesquieu, la liberté réside dans le principe de sureté. Il nous explique que la re-
connaissance de droits individuels n’a aucune portée si l’individu n’est pas protégé de l’ar-
bitraire. Pour lui, la liberté nécessite d’être garantie contre l’arbitraire étatique.
> On a alors la representation qui donne naissance à des organes représentatifs lesquels
ne peuvent pas cumuler les pouvoirs. Il s’agit d’une séparation des fonctions.
Après Montesquieu, d’autres auteurs comme les encyclopédistes tels que JAUCOURT
ou Diderot, Voltaire, Condorcet.
Tout ces auteurs préconisent le systeme anglais contre le systeme français.
C’est surtout Beccaria qui va conceptualiser dans son traité des délits et des peines
écrit en 1764, et il va réfléchir à une nouvelle société fondée sur le principe de sureté, sur
le fondement de la protection des droits. Ses apports sont fondamentaux :
Transition : Finalement, Beccaria et les philosophes admettent, alors que ce sont les
pères de la sureté, des limitations apportées à la Liberté dès lors qu’elles représentent un
intérêt social.
À la lumière des sources d’influence que l’on évoque, peut-on déduire concrètement l’im-
prescribilité de ce droit à la sûreté ? Si on lit l’art.2 de la DDHC, cet article nous dit oui.
Pourtant limite introduite par le texte même de la déclaration, dans l’art.4 de la DDHC qui
va porter « que la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». C’est ici
une expression du principe de sûreté, celui de ne pas craindre d’autrui. Donc cela va sup-
poser 2 choses :
❖ Tout d’abord que l’exercice d’un droit peut être qualifié d’abusif. La liberté peut être limi-
tée, encadrée pour éviter ou punir cet abus.
❖ La loi qui est bien l’expression de la volonté générale est chargée de définir cet abus et
d’introduire la limite.
En effet, l’art.4 doit être lue dans son entier : « ainsi, l'exercice des droits naturels de
chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société
la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la
Loi ». => Finalement, la liberté individuelle est garantie par le principe de sûreté mais peut
faire l’objet de mesures limitatives au nom de la sûreté d’autrui. Par exemple, la liberté
d’expression ne doit pas être abusive.
Montesquieu a pu noter que la liberté c’est le droit de faire tout ce que les droits per-
mettent. Or, comme la loi c’est l’expression de la volonté générale, il apparait logiquement
que les droits individuels peuvent également être limités au nom des nécessités collec -
tives.
Mais le citoyen par sa participation à la fonction politique est appelé à protéger l’homme et
les DH. Ce citoyen en sa qualité de membre du souverain doit aussi agir pour le bien com -
mun, pour le bien de la communauté et donc ce citoyen doit agir pour le groupe et la Na -
tion. Il doit parfois neutraliser les intérêts individuels lorsqu’ils s’opposent à l’intérêt géné-
ral. En d’autres termes, le citoyen existe pour sauver l’homme en lui-même, le protéger
mais également pour le sauver de lui-même, càd une force d’incitation supérieure à rai-
sonner pour le bien public, une forme de morale publique. Dors et déjà, tout réside dans
ce fragile équilibre.
❖ Soit le citoyen sert in fine seulement les intérêts de la communauté et alors le risque
c’est de léser tôt ou tard l’individu.
❖ Soit au contraire le citoyen sert seulement les intérêts individuels et par là même il trahit
le principe même du contrat social càd le principe de l’institution d’un pouvoir politique
créateur d’une norme du bien commun qui est le but de la loi. Cette rencontre n’est pas
simple et évidemment les philosophes vont se prononcer sur ce rapport entre intérêt in-
dividuel et intérêt général.
Sur ce point Rousseau a bcp réfléchi. Il livre une pensée tout à fait particulière qui fera de
lui sans doute l’un des plus grands démocrates tout en étant le père involontairement
d’une forme de totalitarisme.
Rousseau a donc des conclusions diamétralement opposées à celles de Hobbes. Pour lui,
l’individu ne perd pas tous ses droits en s’en remettant au corps politique. Alors que chez
Hobbes, le peuple est indépendant du souverain.
Rousseau va donc expliquer que puisque chaque individu est une partie indivisible du tout,
membre de la communauté souveraine et citoyenne, chaque individu est impliqué dans les
affaires publiques. Donc chaque individu participe à l’expression de la volonté générale.
Mais par définition, cette loi ne peut pas être arbitraire dans l’esprit de Rousseau parce
qu’elle est le résultat de délibérations au cours desquelles tous les individus peuvent s’ex-
primer.
Tout d’abord, il peut paraitre discutable de considérer qu’une loi a obtenu l’agrément de
tous. Rousseau va tenter d’expliquer que les délibérations témoignent de l’engament mo-
ral des citoyens à rechercher le bien commun de la cité. Donc une foi votée, la loi exprime
non pas l’expression d’une majorité, elle exprime bien le résultat de ces délibérations et
donc elle devient indiscutable. La loi qui résulte exprime le consensus.
Si on suit le cheminement de Rousseau, la conséquence terrible de cette réflexion est que
pour lui être dans l’opposition est d’être dans l’erreur. C’est le refus de l’opposition poli-
tique.
Il faut comprendre que pour Rousseau il n’imagine pas un seul instant que les droits indivi-
duels peuvent être mis à mal dans l’espace public et donc de fait il autorise implicitement
ici les dérives du pouvoir contre les libertés au nom de l’intérêt général. Rousseau s’il at-
tache une telle importance à la loi, c’est parce qu’elle représente l’union nationale. Il ne
voit pas qu’il risque de promouvoir les atteintes aux droits et libertés individuelles.
Rousseau redécouvre la notion de citoyenneté existant sous l’Antiquité, il va largement dé-
velopper cette notion dans ses ouvrages.
Locke de son côté rappelle bien que le pouvoir politique n’a qu’une seule fin : conserver la
société et autant que le bien public peut le permettre, chaque membre et chaque personne
qui la compose. Donc ce père du libéralisme admet également que la loi au nom de l’inté-
rêt général peut intervenir pour limiter l’exercice des droits et libertés. Pour lui, c’est lo-
gique. À partir du moment où les hommes se donnent un État dans le but de veiller sur
eux, il est impératif que les hommes se donnent des lois et qu’ils les respectent. Mais dans
son esprit, cette intervention étatique doit toujours être justifiée et limitée.
Illustrations :
• Est-il possible au nom de la nécessité collective de porter atteinte au principe de proprié-
té ? L’expropriation pour cause d’utilité publique. Au nom de la nécessité collective peut
intervenir pour mettre à mal le droit sacré de la propriété à condition d’une juste et préa -
lable indemnité.
• Droit de s’exprimer. Mais en ce qui concerne l’OP : on aucun cas on ne peut trouver
l’ordre public. De la même manière, si la loi qualifie un acte de délit, on est arrêté légiti-
mement. La DDHC précise bien que si on ne se soumet pas à cette arrestation, on se
rend coupable de résistance.
Ce qui est intéressant, c’est que si ces notions mettent en avant l’idée d’intérêt général et
de bien commun et qu’elles peuvent apparaitre comme des règles légitimes et néces-
saires pour organiser la société, certains auteurs ont pu souligner le caractère opaque de
ces notions.
Il faut bien comprendre que ce principe, cette optique sécuritaire n’est pas le seul fait des
régimes totalitaires. Évidemment, on retrouve cette thématique de l’exception limitative de
libertés dans le cadre des démocraties libérales.
2) La thématique de l’exception
La thématique de l’exception n’intervient pas seulement dans les régimes totalitaires, elle
existe aussi dans les démocraties libérales. Des régimes sont dérogatoires au nom de la
thématique la patrie en danger tel l’État d’urgence, l’État de siège et bien sûr l’art.16 de la
Constitution. On retrouve ici une thématique de la logique de crise connue depuis bien
longtemps.
Cette thématique de crise existait déjà sous la République romaine puisque le droit romain
portait qu’en cas de danger imminent on pouvait s’en remettre à une magistrature excep -
tionnelle càd la dictature. Dérogation au fonctionnement normal des institutions romaines.
Quoiqu’il en soit, il faut dire que dans chacun de ces cas mais à des degrés différents.
Chacune de ces situations permet d’adopter des mesures attentatoires à la liberté indivi-
duelle. On peut encadrer la liberté d’aller et venir, renforcement des contrôles d’identité,…
Au XVIIIe, Ripert de Monclar qui entend commenter parfois critiquer Montesquieu va ajou-
ter au propos du magistrat bordelais.
Il préconise 5 pouvoirs : il rajoute le pouvoir fédératif et une fonction chargée « de pourvoir
au salut du peuple dans des cas imprévus ». Il faut avoir en tête que dans notre tradition
philosophique et juridique, la légitimité de telles restrictions semblent admises. Évidem-
ment, lorsque le législateur se saisi de l’exception, en réalité la difficulté est grande. Un
texte trop restrictif interdit aux gouvernants de faire face avec efficacité au péril. Mais un
texte trop large laisse entrevoir le risque de l’abus de pouvoir et le risque d’adopter des
lois ultra liberticides.
Tous les débats qui entourent l’art.16 de la constitution portent sur cette difficulté. Initiale-
ment, une limite était introduite aux pleins pouvoirs du président : dire que le gouverne-
ment donc les ministres pouvaient saisir le CC pour qu’il déclare l’empêchement du PDR.
Problème : cet article n’a d’intérêt que dans le cadre d’une cohabitation.
Il y eu tellement de débats sur cette question qu’il y a eu une révision constitutionnelle en
2007 qui porte que le parlement constitué en Haute cour peut décider de destituer le chef
de l’État à la majorité des 2/3.
On peut dire également que bcp de juristes s’accordent aujourd'hui pour considérer que
l’on assiste à une normalisation de l’exception. On peut dire que certaines menaces sont
évoquées pour justifier des dispositifs répressifs dont l’objectif est de protéger les droits et
libertés de l’ensemble des citoyens, droits et libertés menacés par la déstabilisation des
institutions garantes de ces droits. À terme, le but est de protéger la collectivité pour que
l’État puisse continuer dans un cadre démocratique protéger les droits et libertés mais
pour cela temporairement il convient de limiter ces droits et libertés.
La première menace évoquée est celle du terrorisme. Grande difficulté : définir ce qu’est le
terrorisme. C’est compliqué car les causes peuvent être plurielles : sociales, politiques, re-
ligieuses. Les manifestations peuvent être plurielles. Mais surtout, il s’agit d’un phéno-
mène ambivalent car au fond il se situe entre le nihilisme càd l’idée selon laquelle l’exis-
tence humaine est dénuée de toute signification mais également la dissidence politique.
Aujourd'hui à force de réflexion, on estime qu’il y a 5 critères constitutifs :
• un comportement intentionnel
• objectif de semer la terreur
• objectif de modifier le comportement de la cible visée
• utilisation de moyens violents
• sentiment de légitimité exprimée par l’auteur
Sur ces fondements, de nombreuses lois nationales et internationales limitatives des liber-
tés sont motivées par la menace terroriste et plus largement par le sentiment d’insécurité.
Depuis une trentaine d’année ressurgit le débat récurrent entre liberté et sécurité.
Montesquieu : c’est finalement l’opinion que la citoyen a de sa sûreté qui rend le citoyen
libre.
C) La limitation des libertés individuelles par le déni de leur caractère naturel
❖ La Constitution de l’an VIII en 1799 : pas de déclaration des droits. La constitution se ré-
fère bien sûr aux principes acquis en 1789. On ne peut pas dire de la période napoléo-
nienne qu’elle est la plus brillante pour les garanties accordées à la liberté individuelle.
L’empire napoléonien revitalise les droits de l’État au détriment de la liberté individuelle.
Tout le siècle est synonyme d’une éclipse de la sûreté individuelle sur laquelle la notion de
sûreté de l’État prend le pas. Dans les dispositions constitutionnelles, dans lesquelles on
trouve l’occurence du mot sûreté, chaque fois qu’il en est donné une définition constitu-
tionnelle, elle concerne toujours la garantie de l’ordre de sécurité collective. Il en résulte
politiquement des turpitudes gouvernementales.
On peut dire que ce principe d’égalité au niveau interne comme international a permis de
libérer les individus et les peuples de l’oppression.
Pour autant, on est obligé de constater que l’imprescriptibilité du principe est pour le moins
discutable et la raison en est simple : le principe d’égalité est un principe évolutif. Et cette
évolution synthétise très clairement les orientations politiques de même que les sensibili -
tés économiques et sociales des régimes politiques et des idées. De la même manière, la
lecture du principe d’égalité dépend également là encore de l’approche de la notion de
droit naturel.
Pour les partisans de la démocratie, l’idée de justice réside dans l’affirmation de l’égalité
devant la loi. Or, pour Platon l’idée de justice résulte d’un système permettant à chacun de
trouver la place et le rang qui lui convient selon ses qualités et ses compétences. En
d’autres termes, dans l’esprit de Platon, il n’y a de justice que si les postes à responsabili-
té sont distribués en fonction des capacités, capacités qui résident dans la vertu et le mé-
rite.
Conformément à sa vision de la justice, il va chercher à répartir les charges en fonction
des capacités et pour se faire il va distinguer trois groupes fonctionnels et hiérarchisés :
❖ Tout d’abord, pour Platon la connaissance est le fondement d’une société vertueuse
donc la politique n’est juste et vertueuse que si elle est dirigée par ceux qui possèdent
une compétence particulière. Ils sont nécessairement en petit nombre. Cette première
classe ce sont ceux qui possèdent la connaissance et son aptes à gouvernés car édu-
Il invoque une inégalité politique car seule une partie de la population s’occupe de la
chose publique. Pas non plus d’égalité économique car seule une partie de la population
dispose des richesses. Platon souligne une incompatibilité de principe entre le pouvoir et
la richesse. Pour lui, une telle confusion emportera forcément la corruption des gouver -
nants donc il estime que les classes ne peuvent pas être mélangées. Pour lui ce mélange
serait la pire source d’injustice parce que ce serait faire prévaloir la fortune sur le talent,
les intérêts particuliers sur l’intérêt général ce qui conduirait à l’accroissement des inégali-
tés entre ceux qui cumulent richesse et pouvoir et ceux qui n’ont rien. Comment éviter le
mélange des classes ?
On peut dire que la cité platonicienne est originale car elle est l’une des premières à pro -
poser un système social en ce qui concerne la classe des gardiens qui porte sur le prin-
cipe d’abolition de la distinction entre sphère publique et sphère privée.
Donc c’est l’une des premières théories qui porte l’idée d’une communauté de biens et la
suppression de la propriété privée ce qui bien sûr emporte une réflexion sur la collectivisa-
tion de la société. Ce principe est conforté par le fait que l’intérêt de la cité l’emporte sur
toute considération individualiste et donc dors et déjà on est à même de situer les futures
influences de la pensée platonicienne.
Globalement les idées de Platon vont faire l’objet de plusieurs critiques car elles se pré-
sentent sous un jour assez autoritaire pour dire que l’organisation sociale telle qu’il ima-
gine ruine toute expression individuelle et se transforme en système disciplinaire. Inverse-
Platon va entreprendre de classifier les régimes politiques pour monter que son système
est parfait.
Platon est assez pessimiste car il considère que chaque régime politique proposé
par les cités grecques porte en soi sa propre décadence.
Il y a chez Platon 4 temps de la décadence.
1) Le régime timocratique
Dans ce type de régime le pouvoir appartient aux guerriers. Ici, les chefs jouissent
d’un grand prestige parce qu’ils entendent gouverner sur la base du dévouement, de
la compétence mais aussi de la hiérarchie.
En effet, dans ce système, la structure sociale est hiérarchisée en trois classes :
- Les guerriers
- Les prêtres
- Les producteurs
Le défaut majeur de ce système pour Platon est que le philosophe n’y trouve pas sa
place. C’est là qu’arrive la dégénérescence du système car puisqu’il n’y a pas de philo-
sophe, ce soucis d’avantage des apparences que de la vertu elle même.
2) Le régime oligarchique
3) Le régime démocratique
La démocratie est le gouvernement du plus grand nombre sur les bases de la liber-
té et de l’égalité.
Or, Platon n’est pas démocrate et il se montre sévère à l’égard de la démocratie pour plu -
sieurs raisons :
> En prônant l’égalité, ce régime ne respecte pas la spécialisation des fonctions.
Pour lui, n’importe quelle personne du peuple ne peut pas exercer le pouvoir.
> S’il juge la démocratie instable et dangereuse, c’est parce que ce régime préco-
nise l’égalité politique, donc tous les hommes participent à la vie politique même s’ils n’en
ont pas les compétences. Finalement, le concept de citoyen qui sera relayé par Rousseau.
Pour Platon, tous les citoyens n’ont pas la capacité de comprendre la chose publique.
4) Le régime tyrannique
Pour Platon, le seul moyen de sortir de cette dégénérescence que porte chacun
des régimes est d’imposer la monarchie des philosophe.
Platon va entreprendre de faire la tournée des cités grecques afin de convertir des rois,
des tyrans à la philosophie; Il se fait envoyer et se rend rapidement à l’évidence : sa cité
idéale relève du domaine de l’utopie. Au moment où il est totalement désabusé, il ren -
contre un jeune homme qui deviendra son élève : Aristote.
✴ Un critère quantitatif
L’exercice du pouvoir revient à un individu, à un petit groupe d’individu ou à tous.
Tout comme Platon, Aristote va livrer une analyse des causes des transformations de ces
régimes. Il retient deux causes principales :
- Le rapport au bien commun
- L’excès d’égalité ou d’inégalité
La monarchie est un régime pur mais qui n’est viable que dans les sociétés ar-
chaïques car pour lui, le règne de la civilisation suppose qu’en société, plusieurs per-
sonnes méritent, ont les compétences pour faire de la politique.
Légitimement, ces personnes qui seront méritantes également vont également aspirer au
pouvoir au nom du bien commun.
C’est sur le principe de l’égalité des mérites que nait l’aristocratie, gouvernement
des hommes de mérite. Aristote considère que ce régime n’est pas viable à long terme car
l’aristocratie va devenir oligarchie principalement du fait de la propension des aristocrates
à avoir un certain gout pour l’accumulation des richesses. Donc l’oligarchie se transforme
en tyrannie car la cupidité va porter un certain nombre d’individus à s’accaparer de l’autori-
té. Ce sera le gouvernement de quelques-uns, la poly-tyrannie qui a force de guerres, arri-
vera au gouvernement d’un seul, la tyrannie. L’oligarchie est donc le vecteur vers la tyran-
nie : un seul homme concentre tous les pouvoirs.
Pour lui, l’erreur de l’oligarchie comme de la tyrannie c’est qu’en plus d’être désin-
téressé par l’intérêt général, l’erreur c’est également de faire de l’inégalité un principe ab -
solu alors que les hommes ne sont pas entièrement inégaux.
Il va parler de la nécessaire prise en compte de l’égalité géométrique, c’est à dire une
égalité qui tient compte des différences et des mérites de chacun.
Cette conception donne naissance à la justice proportionnelle, à la méritocratie où ce sont
les talents et les compétences qui permettent d’accéder à des fonctions. Il y a donc une
forme d’égalité qui réside dans la juste proportion des choses en raison des talents.
D’ores et déjà, on voit que cela influence l’approche de l’égalité avec les révolution-
naires en 1789 qui ne préconisent pas une égalité absolue (pas d’égalité politique ou éco -
nomique). Les révolutionnaires vont pleinement instituer cette égalité géométrique.
Il en résulte l’oppression des classes inférieures qui vont donc se révolter : c’est la
naissance de la démocratie. Aristote explique (en allant plus loin que Platon) que l’erreur
de la démocratie est de réclamer une égalité arithmétique alors même que celle-ci
A partir de là, Aristote ne considère pas que la logique de décadence est irréver-
sible car chaque régime peut corriger ses propres excès et repenser le principe d’égalité
dans une logique d’équilibre afin de ne pas tomber dans la forme déviante.
On ici le bon médecin qu’est Aristote : il estime que si on se trouve déjà dans un régime
dévié, il est possible de guérir, de le corriger par le même remède : repenser l’égalité et
le bien commun.
Des siècles plus tard, il y a un auteur qui va livrer sa propre analyse des formes de gou-
vernements : Montesquieu.
1) La nature du gouvernement
2) Le principe du gouvernement
Dans le cadre de la république démocratique, ce régime n’est viable que dans les
cités-états car finalement chacune des lois en démocratie doit oeuvrer pour l’égalité et la
vertu. Pour lui, c’est une chose impossible dans un grand Etat.
Pour Montesquieu, la monarchie est le régime de la liberté car elle est tempérée
par la société d’ordre, par la hiérarchie sociale et juridique de la société.
Montesquieu va vanter les mérites des corps intermédiaires de la société d’ordre : les
Etats généraux pour plusieurs raisons :
- Les corps intermédiaires que sont les ordres apportent sagesse et conseil à la monar-
chie qui, de cette façon ne sera pas portée aux excès. Donc grâce aux corps intermé -
diaires, la monarchie est tempérée et le roi respecte des principe qui s’imposent à lui,
qui lui sont supérieurs :
* Les lois divines
* Les lois fondamentales du royaume.
- Ces corps intermédiaires ont pour avantage de canaliser la volonté du peuple et de fait
assurer l’équilibre et l’harmonie sociale. En d’autre terme, sans ces cops intermédiaires,
la royauté serait vouée à subir les assauts populaires donc grâce au corps intermé-
diaire, le roi est protégé de même que sa politique.
Donc en fait, les corps intermédiaires sont l’un des fondements de la sureté que ce soit
dans le sens du peuple et dans le sens du roi. Ces corps sont la projection du principe de
sureté.
A la base, Montesquieu est magistrat et est noble. Donc c’est l’aristocratie qui a sa préfé -
rence. Pour lui, l’aristocratie est l’ordre qui est à même plus que tout autre ordre de tempé-
rer les revendication du peuple parce qu’il ne représente pas lui même ses aspiration.
En plus, elle est à même de conseiller la royauté. C’est donc l’ordre par excellence qui
peut incarner le principe de sureté.
En France, il y a bien sur des lois fondamentales mais le problème est qu’elles
concentrent tous les pouvoirs. Montesquieu estime que la répartition des forces dans la
société est insuffisante. Il va critiquer l’absolutisme monarchique et va préconiser une dis -
tribution des pouvoirs sur le fondement de l’interaction.
Tocqueville estime que les sociétés suivent un mouvement historique qui les
conduit à passer d’un Etat aristocratique à un état démocratique : 1835, De la démocratie
en Amérique.
A ce moment là en France, c’est la monarchie de Juillet.
Il est fondé sur la hiérarchie sociale qui sépare les élites, qui concentre pouvoir et richesse
et il y a la masse; le peuple qui est condamné à vivre dans l’oppression.
2) L’État démocratique
Il n’y a plus de pyramide sociale : tous les individus se pensent sur un pied d’égalité.
> L’une des première originalité est d’expliquer que la démocratie est bien plus
qu’une forme de gouvernement. Pour lui, la démocratie est un phénomène inéluctable car
c’est un mouvement social.
Il existe en l’homme une passion de l’égalité et parce que l’égalité civile, l’égalité devant la
loi ne signifie pas l’égalité absolue et qu’elle ne signifie pas la fin des inégalités écono-
miques, le mouvement social va porter à l’égalisation progressive des conditions.
> Il ajoute que l’égoïsme qui découle de l’égalité emporte le déclin du sens civique.
Il en résulte une apathie individuelle qui va avoir une conséquence politique essentielle :
Cette apathie politique conduit au despotisme.
1. Tocqueville dénonce le suffrage universel américain car pour lui ce type de suffrage
emporte la tyrannie du peuple. Il explique qu’en tuant l’aristocratie, l’Amérique a tué la
liberté car elle a remis les pleins pouvoir à l’opinion publique laquelle est instable.
2. Il continue sa pensée en notant que cette démocratie politique est dangereuse car au
fond c’est le moyen pour le peuple de s’en remettre à un pouvoir tutélaire qui peut tran-
quillement devenir despote car il ne rencontrera aucune résistance.
=> En 1848, lorsqu’on adopte le SU, bcp de discussions et les socialistes s’inquiètent
de cette adoption et demandent à ce que les élections soient reportées alors que les
légitimistes veulent qu’elles aient lieu.
Mais l’avantage du SU est bien entendu l’instrument qui permet de s’émanciper d’un pou -
voir dictatorial, le moyen qui permet de se libérer de l’oppresseur. C’est bien pour cela
qu’on a envisagé le SU : pour éviter que ce soit l’aristocratie qui s’accapare le pouvoir.
Tocqueville conclut que la recherche de l’égalité à porté les hommes à sortir un temps de
la dépendance à l’égard de l’aristocratie.
Mais l’aboutissement du processus porte les hommes au contraire à entrer de nouveau en
servitude. Ils se sont choisit leur nouveau maitre.
Conclusion : trop d’égalité tue la liberté pour Tocqueville. Alors que faire ?
> Parce que la démocratie est inéluctable, on ne peut pas la nier. Il faut donc oeuvrer pour
sa réalisation mais il faut en corriger les défauts. Evidemment, on va maintenir tout ce qui
la particularise.
> Les américains ont compris une chose : pour corriger le phénomène démocratique, il
faut rétablir les corps intermédiaires. Il faut réinventer la notion de corps intermédiaires et
pour se faire ils ont institué un système fédérale. C’est de dire que contre l’uniformité que
porte la démocratie, que commente l’égalitarisme on admet qu’il puisse y avoir des diffé-
rences, des intérêts différents et qu’ils doivent être représenté.
=> Cors intermédiaire sous la forme d’entités territoriales qui expriment des différences
dans un cadre qui se veut unitaire.
Tocqueville se rends compte qu’en France c’est compliqué : tradition unitaire centralisa-
trice. Il ne peut donc pas proposer un système fédéral en France. Il propose deux autres
choses :
- Les corps intermédiaires seront incarnés dans des CT décentralisées donc la représen-
tation des intérêts locaux via la décentralisation.
- Nécessaire liberté d’association
A) L’égalité en droit
Cela signifie que l’on entend réagir contre les privilèges à la Révolution. La Ré-
volution française va consacrer l’égalité devant le droit, un droit commun pour tous.
On va préciser que dans l’égalité devant le droit il y a une égalité fiscale. L’égalité judi-
ciaire est aussi instaurée. On va ici corriger l’arbitraire patent sous l’ancien régime. La mé-
ritocratie préconisée dans le texte de la déclaration : fondamentalement un vecteur d’égali-
té juridique.
En revanche, dans ce texte on observe que lorsque l’on lit l’article 2 n’est pas men-
tionné au rang des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme.
Or, dire que l’égalité est naturelle peut laisser présumer que l’égalité absolue càd que
dans l’état de nature si les hommes sont égaux, il y a une égalité parfaite entre les indi-
vidus.
==> Mais est-ce que les constituants sont favorables à cette lecture de l’égalité ?
On se place fondamentalement dans une égalité relative et se garde une marge de ma-
noeuvre pour limiter la portée du principe d’égalité. Égalité économique qui d’ailleurs est
refusée : cela peut induire une redistribution des richesses voire une négation de la pro-
priété même => interventionnisme étatique.
On refuse aussi l’égalité politique : les plus pauvres se retrouvent exclus du suffrage
car ils sont dangereux car corruptibles. Également, les femmes vont être exclues.
De la même manière, lorsque l’on parle de droit naturel on peut parler d’universa-
lisme. Les constituants en 1791 n’abolissent pas l’esclavage ce qui souligne que l’on
n’est pas dans le cas d’une égalité parfaite.
Si l’égalité était économique elle mettrait à mal la notion de propriété. Or, la va-
leur du principe de propriété dans la DDHC est un droit naturel. C’est le seul droit dans
la déclaration qui est à la fois naturel et sacré (Art.17).
Or, expropriation pour cause d’utilité publique : on met ici à mal le principe de propriété.
Ne tue pas la propriété privée car il faut une contrepartie financière se traduisant par une
juste et préalable indemnité.
Dans l’esprit libéral, il ne peut jamais y avoir de démarche spoliatrice, de néga-
tion de la propriété privée donc jamais y avoir d’interventionnisme de l’état au nom de la
redistribution des biens, des richesses et au nom de la collectivisation. Cela va être un
dogme libéral qui va parcourir les siècles.
De la même manière, il faut comprendre que dans l’esprit des rédacteurs de la dé -
claration, la propriété présente un avantage. Pour Voltaire, elle va ajouter à la motivation
d’entreprendre, de travailler, d’accroitre ses richesses donc la propriété est vecteur de
progrès. Donc à contrario l’égalité arrête le progrès.
> Les révolutionnaires entendent parfaitement cette idée et créent un lien étroit
entre citoyen et propriété. En 1795 par exemple, on parlera de « gouvernement des
meilleurs » càd les propriétaires. Il y a un lien essentiel qui est fait entre propriété et droit
de vote, entre propriété et égalité politique.
> Plus tard, Benjamin Constant va estimer que les propriétaires doivent seuls
obtenir le droit de vote car ils disposent du recul nécessaire.
> Aristote au IVe siècle av. JC rappelle que la propriété terrienne conditionne la
liberté politique. Il va expliquer que le citoyen propriétaire doit s’occuper de la cité pen-
dant que l’esclave travaille la terre.
La Déclaration de 1793 dit que l’égalité est le premier des droits naturels et en résulte
un nouveau but assigné à la société : protéger les DH et assurer le bonheur commun.
Cela veut dire que l’État doit intervenir pour combler le fossé des inégalités. Donc en ef-
fet, la déclaration est la première à mentionner l’existence de droits sociaux càd des droits
à quelque chose et plus simplement le droit de faire quelque chose. L’État est endetté face
aux individus et doit intervenir pour parfaire l’égalité et pour combler sa dette.
Les montagnards sont portés par ce principe d’égalité, une égalité sociale, une cri -
tique des plus riches. En 1794, ils vont rétablir l’esclavage conformément à leur vision de
l’égalité. Il y a véritablement deux grands mouvement égalitaristes qui vont avoir une in-
fluence majeure par la suite :
Il va pousser plus loin les exigences égalitaristes. Il y a des étapes dans sa pensée. Initia-
lement, il est favorable à la redistribution des terres. Pourtant, dès 1790, il se montre favo -
rable à une abolition pure et simple de la propriété privée en expliquant que seule la pro-
priété collective est à même d’assurer l’égalité parfaite. Il explique par la suite que dans ce
cadre là les tâches seront réparties également entre les hommes de même que le produit
du travail. Il est question ici de diffuser le savoir et il faut supprimer tous les signes de luxe,
tous les signes ostentatoires de richesse, il préconise la suppression du monde urbain.
Cette république des égaux aura pour effet de confier l’Homme à la collectivité toute en -
tière.
a) Saint-Simon
Saint-Simon va lier diverses influences. Il écrit des ouvrages importants et dans ces ou-
vrages il est le premier à s’interroger sur les effets politiques de l’ère industrielle. Là, il livre
sa grande idée : la politique doit devenir industrielle.
> Cette idée, il va la développer dans une fable : la « fable des abeilles et des fre -
lons ». Dans la vie, il y a les abeilles : les industriels, les paysans, les négociants, les sa -
vants, les artistes mais aussi les financiers. À côté de cela il y a les frelons : les nobles, les
propriétaires, les bureaucrates, les politiciens. Il remarque que s’il y avait un drame envi -
ronnemental, la disparition brutale des frelons serait bien triste mais sans conséquence
pour la société alors que s’il s’agissait des abeilles le désastre serait sans remède.
Conclusion : il faut que l’État soit gouverné par les abeilles dans le cadre d’une association
industrielle. Il va préconiser la formation d’un parlement à trois étages :
• Une chambre d’invention composée d’ingénieurs et d’artistes qui élaborent les plans de
société.
• Une chambre d’examination où il y aurait des savants qui viendraient examiner les plans
d’invention.
• Une chambre d’exécution composée d’entrepreneurs et de financiers chargée de la réa-
lisation des travaux.
b) Pierre-Joseph Proudhon
Il est tout à la fois considéré comme un socialiste du XIXe mais aussi comme le
père de l’anarchisme. Son principal admirateur sera Karl Marx avec qui il se disputa plus
tard.
Pour lui, cette solidarité ne pourra existe que si l’Etat, cet appareil bureaucratique vient à
disparaitre. L’État initialement pour lui devait être protecteur des droits et libertés. Or, il
constate au milieu du XIXe que l’État ne cesse d’empiéter sur le domaine des droits et li -
bertés. L’État est donc un instrument d’oppression placé entre les mains des fonction -
naires et de ceux détenant le capital et sa critique va plus loin car il va critiquer tout ce qui
empiète sur le libre arbitre et les libertés individuelles et il range une institution : l’Eglise.
Pour que l’état disparaisse, il faut une révolution sociale ouvrière qui viendrait instaurer ce
qu’il appelle le mutuellisme social.
Quoiqu’il en soit il semble bien qu’il y est une composante du principe d’égalité qui ac-
corde à peu près tout le monde : la condition inférieure de la femme par rapport à
l’homme.
Lorsque l’on considère toute la littérature du MO, peux nombreux sont les ouvrages qui
vont s’intéresser au sort des femmes et quand c’est le cas c’est toujours pour relever son
infériorité. C’est pourquoi en 1405, le poétesse et philosophe Christine de Pizan va écrire
Le livre de la cité des dames et dans cet ourvrage elle va s’insurger de l’abaissement du
sexe féminin par les auteurs masculins. Théologiens, philosophes, révolutionnaires, rares
sont ceux parmi eux qui vont défendre la cause féminine.
Tout d’abord, le pdv des théologiens : la femme est qualifiée de pécheresse originelle et
donc ne va pas trouver dans la théologie catholique de soutien officiel. Deux exceptions
Poullain de La Barre estime qu’une fois éduquées, les femmes pourront exercer des
droits politiques, accéder aux magistratures, participer aux charges militaires, mais égale-
ment accéder aux dignités ecclésiastique.
On peut faire deux remarques :
- Cette réflexion globale sur l’égalité homme/femme, sur les qualités potentielles fémi-
nines, interroge plus globalement sur la légitimité des structures existantes, qu’elle
soit liée à l’église mais aussi à l’Etat. C’est une remise en question des fondements
politiques de la monarchie et de l’Eglise.
- On est ici au XVII siècle et on est frappé par la modernité du propos. L’évolution des
mentalités ne va pas très vite (femme au foyer).
Un autre prêtre, Philip joseph CAFFIAUX, qui dans la moitié du XVIIIème siècle va re-
prendre les arguments de Poullain de La Barre. Il ajoute un pendant activiste à sa pensée
« Défendez-vous mesdames, etc. ».
=> Rousseau aussi nous parle de l’éducation. Il va publier un ouvrage dans lequel il parle
de l’éducation féminine. Il part d’un postulat favorable au femme selon lequel « En tout ce
qui n’est pas le sexe (la différence physique), la femme est homme ». Cela laisse suppo-
ser une égalité entre les sexes, Rousseau pense que la femme est tout aussi capable que
l’homme, elle a les mêmes capacités.
Il estime qu’à ce titre que la femme doit recevoir une éducation; il précise sa pensée et dit
que sur la base de l’union sexuelle, il remarque qu’il y a deux individus différents :
Un actif et fort et l’autre passif et faible.
C’est donc une donnée naturelle qui va déterminer la position dominante de l’homme en
société sur la femme. Il en déduit quelque chose de très simple, c’est que la femme est
A partir de là, cela implique une fois qu’elle est en couple, sans parler de soumission ou de
maltraitance, cela impose dans son idée que la femme doit ensuite obéissance à son
époux et qu’elle doit le soutenir à chaque instant. Et là intervient un second aspect de
l’éducation féminine; c’est une forme d’éducation culturelle initiée par l’époux, dont le but
est de soutenir son époux, connaitre ses points de vues, et c’est ainsi pouvoir défendre les
positions de son mari.
Rousseau regrette quelque chose, c’est la force de persuasion des femmes sur les
hommes, et cette tendance qu’elles ont parfois à inverser les rôles. L’argument va ajouter
à l’opposition, Voltaire va considérer que « Les femmes sont capables de tout ce que nous
faisons, et la seule différence qu’il y ait entre elles et nous c’est qu’elles sont plus ai-
mables ».
=> Thomas Hobbes, dans le Leviathan, considère que les femmes ont les mêmes motiva-
tions que les hommes : être en sécurité. Donc ils vont tous ensemble signer le Pacte so-
cial. Il y a une égalité à l’origine de la société. Cela le porte à considérer que la construc-
tion de l’Etat n’est pas genrée, mais plus encore le souverain lui-même peut éventuelle-
ment être féminin.
Pourtant parallèlement, rien n’empêche au souverain d’adopter des lois méconnaissant
l’égalité entre les sexes.
=> Aujourd’hui, il est question d’égalité en Droit, on est tous protégé et soumis au même
droit.
Malgré tout, en raison de problèmes qui demeurent, on va greffer sur cette égalité en droit
une autre logique à savoir la discrimination positive. C’est une égalité par le droit.
De façon temporaire, c’est établir une inégalité le but étant de parfaire à terme une égalité.
Le problème avec la parité, c’est que pour admettre cette égalité par le droit positif entre
les hommes et les femmes il a fallut réviser la constitution. Pour les hommes ça peut être
senti comme une discrimination, mais une discrimination positive pour permettre qu’il y ait
une évolution féminine.
1 - L’Antiquité
On peut tomber en esclavage du fait des conquêtes territoriales, du fait de sa nais-
sance, du fait d’une décision judiciaire ou pour cause d’endettement. Le créancier a tout
les droits sur l’endetté. On a une réalité courante, répandue, intégrée, institutionnalisée
sous l’Antiquité.
Evidemment, quelques auteurs vont réfléchir sur la condition de l’esclavage. Initialement, il
y a Platon; il n’intègre pas l’esclavage dans sa société tripartite. Il ne va pas penser l’es-
clavage, au contraire. Pour autant dans ses autres ouvrages, il va admettre l’esclavage,
c’est à dire qu’il ne remet pas en cause sa légitimité mais il va prescrire modération et
équité.
=> Celui qui est le premier à avoir livré une réflexion d’ensemble sur cette condition juri-
dique, c’est Aristote. Aristote va réfléchir sur le statut et la légitimation de l’esclavage. Il dé-
fend l’esclavage sur le fondement du droit naturel, mais il critique également l’esclavage
tel que pratiqué par les Etats.
> Pour débuter, Aristote observe que la nature a crée trois types d’êtres :
- Les femmes (naturellement inférieures aux hommes)
- Ensuite la nature a crée des êtres qui ont une intelligence inée, à même de les destiner
au commandement, à faire de la politique, destiné à être citoyens.
- A coté, il y a des êtres capables de percevoir la raison sans la posséder naturellement.
Ces êtres sont caractérisés par leur force corporelle. Cette force corporelle les détermi-
né, les voue au travail de la terre, les voue au service et donc à l’obéissance.
A partir de là, Aristote propose une première définition de l’esclave : pour lui, l’esclave est
un objet animé, un bien, qui appartient exclusivement à son maitre. Il en arrive à un
constat tout aussi terrible puisque pour lui l’esclavage est naturel, mais plus encore il est
juste. Il est juste parce-que précisément, l’esclave a la vocation naturelle d’affranchir le ci-
toyen des besognes matérielles, notamment le travail de la terre. L’esclave a une fonction
sociale, il participe à l’harmonie sociale. Finalement, le citoyen doit se livrer tout entier à la
cité, se consacre aux affaires publiques, et le citoyen agit pour le bien commun, pour l’inté-
L’esclavage est-il juste à ses yeux ? Oui car c’est une réalité naturelle, et donc dans son
esprit les lois sont justes dès lors qu’elles sont conformes à ce droit naturel.
En revanche, Aristote va condamner l’esclavage par la loi, c’est à dire l’esclavage qui fait
suite à une condamnation judiciaire ou à une conquête territoriale. En effet, ces individus
n’étaient pas prédestinés à être esclave. Il condamne la démarche des Etats qui se livrent
à des conquêtes impérialistes, selon lui c’est contraire au droit naturel.
C’est à la fois vrai et faux, car il va également estimer que malgré tout, il y a une forme de
réparation naturelle par moment à cette injustice car il vrai que certains peuples peuvent
être qualifiés de barbares, et donc de fait sans doute étaient-ils finalement destinés à être
esclaves.
B/ Le Moyen Age
C/ Les lumières
Les lumières rêvent d’universalisme des droits de l’Homme. Comment le droit positif
peut venir justifier la déshumanisation d’une partie de la population ?
Dans le cadre des lumières, on est à même de s’attendre que ces philosophes qui nous
parlent de liberté sont à même de condamner en bloc la pratique de l’esclavage. Or il est
notable que finalement peu de voies vont concrètement s’élever pour condamner l’escla-
vage et la traite qui l’organise, et plus encore il apparait que de grands philosophes du
droit naturel, certains pères du droit naturel, vont même aller jusqu’à justifier l’esclavage
cela sur le fondement du droit des gens voir même du droit naturel.
=> C’est le cas de Grotius, qui va considérer que l’esclavage est une règle du droit des
gens, une règle du droit international, qui permet aux Etats vainqueurs de réduire en servi-
tude les prisonniers de guerre. Kant condamnera l’esclavage.
- Grotius va justifier cela en estimant que c’est un substitut préférable à l’exécution des
prisonniers.
- Il ajoute un autre argument, c’est aussi une expiation des fautes commises, celle d’avoir
encouragé le rapport de force.
=> D’autres philosophes sont davantage anti-esclavagistes, de manière il est vrai plus
ou moins affirmée. Cela témoigne des hésitations du temps, et cela témoigne bien sur
d’un profond sentiment encré en Europe de supériorité européenne.
> Il y a bien sûr Montesquieu. Il a pu être mal interprété car en réalité il se montre assez
clair « Comme tout les hommes naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre la
nature ». Montesquieu refuse de voir dans le droit naturel mais aussi dans le droit des
gens une justification de l’esclavage.
> Voltaire va féliciter Montesquieu et il condamne à son tour l’esclavage. Dans Candide,
il y a ce passage sur les mutilations où il dénonce l’esclavage mais aussi les mauvais trai-
tements qui accompagnent cette pratique. Une dimension humaine à l’argument.
Pourtant dans d’autres textes, il va adopter une position moins favorable au discours anti-
esclavagiste. On voit que c’est une condamnation progressive, mais pas absolue initiale-
ment.
=> Rousseau quant à lui s’affiche très clairement anti-esclavagiste. Il va se livrer à une
justification pour condamner l’esclavage : Rousseau va donner pour encrage à sa
condamnation, l’argument évident de l’imprescriptibilité des droits de l’homme. L’esclavage
c’est la mort de la liberté c’est donc contraire aux droits naturels.
Il ajoute à cet argument, et entend rejeter l’idée d’aliénation volontaire de sa liberté car re-
noncer à sa liberté c’est renoncer à soi-même. On peut aliéner une propriété, parce-que
c’est une simple institution humaine. Mais on ne peut jamais aliéner sa liberté. Cette
phrase « Esclavage et droit ces mots sont contradictoires, ils s’excluent mutuellement ». Il
va montrer l’absurdité de la situation, le non sens juridique de cette situation.
On abandonne la liberté, une inégalité juridique instituée par convention, par contrat, ce
qui le rend totalement caduque. Il n’y a pas d’égalité entre les parties.
Il condamne l’esclavage par conquête qu’il estime également être un non-sens, car la
guerre est faite entre les Etats et les Hommes n’ont pas à supporter cette défaite par la
servitude.
A tout ces auteurs on reprochait le fait d’avoir été anti-esclavagistes mais non pas aboli-
tionniste, c’est à dire qu’ils ne se sont pas prononcé ou battu pour l’abolition de l’escla-
vage. Certains auteurs vont même leur reprocher d’avoir collaborer à la traite, et donc ces
auteurs (dont Taubira) vont dénoncer sur cette base Voltaire, Montesquieu, Diderot.
Pour d’autres auteurs, il s’agit là de dénonciation sans fondement, faute de preuve
concrète en ce qui concerne la participation effective, car pour eux ce serait déjà énorme
de dénoncer cela.
On peut dire tout d’abord qu’on observe le caractère hésitant, l’enracinement des préjugés
racistes, l’hésitation chez ces auteurs, et en même temps on relève également chez ces
auteurs un progressisme évident, une critique de la pratique au nom du genre humain.
Pour terminer sur ce point, il y a pendant toute cette période, les véritables abolitionniste
et ils ne sont pas nombreux :
- C’est le cas des encyclopédistes (Jaucourt, Diderot); il demande l’abolition effective,
massive, sur ces termes, que les colonies européennes soient plutôt détruites que de
faire tant de malheureux.
- Il y a également Condorcet, qui milite assez tôt pour l’abolition pure et simple de l’escla-
vage, pour lui c’est une pratique contraire aux droits naturels, et en plus de cela il va
ajouter comme argument le fait que pour lui il n’y a pas derrière cela d’intérêt écono-
mique, d’intérêt patriotique. Il n’y a que de l’avarice et de la barbarie, car son abolition
Pour terminer, il va y avoir un autre écrit en 1770, qui nous vient de RAYNAL. Il va écrire
l’histoire des deux Indes et c’est un véritable plaidoyer pour l’abolition de l’esclavage mais
aussi pour la suppression des colonies.
D/ La révolution et le XIV
Il y a quelques députés qui réclament l’abolition dès 1789, il vont créer la société des
amis des noirs qui a pour vocation de demander l’abolition de l’esclavage (Robespierre,
Diderot, Condorcet, etc.).
On peut dire de Robespierre qu’il va adopter en la matière une position qu’il ne démentira
jamais, en 1791 dans un discours demeuré célébré présenté devant l’Assemblé Nationale
il demande l’abolition de l’esclavage et il montre du doigt ses collègues (95% de l’assem-
blée) qui ne se prononcent pas en ce sens. En février 1794, la Convention va au moins
avoir le courage contre l’avis général d’abolir l’esclavage dans les colonies.
A la suite de cette émancipation, Saint domingue devient puissante et donc Haiti devient
l’un des Etat les plus endetté du monde;
L’esclavage sera abolit finalement en 1848, portée par des hommes tels que Victor Hugo,
mais il faut avoir conscience d’une chose : c’est qu’aujourd’hui, de nombreux textes inter-
nationaux se réfère à l’interdiction de l’esclavage, la convention de Genève, la CESDH, on
estime que c'est une interdiction impérative. Pour autant, on estime aujourd’hui a près de
200 millions le nombre d’êtres humains asservis dans le monde et c’est la raison pour la-
quelle certaines juridictions ont reconnu la notion d’esclavage moderne. La CEDSH dis-
tingue d’ailleurs esclavage et servitude, l’esclavage moderne signifie qu’il faut ajouter à la
dimension traditionnelle de l’esclavage d’autres situations qui n’étaient pas encore proté-
gées.
A) La représentation
2) Le modèle moderne
Constant sans dire comment procéder, parce qu’il entend combiner les deux libertés, ima-
gine des gardes fous structurels au système représentatif :
- Il préconise une laïcité accrue du politique : il faut entendre par là la neutralisation spiri-
tuelle de l’autorité représentative. Représentants neutres en la matière et non pas sub-
jectifs tenant à des considérations morales issues de la religion.
- A coté de cela, il préconise l’existence d’un arbitre, ce qu’il appelle un pouvoir neutre et
préservateur. Il préconise donc l’établissement d’un contrôle de constitutionnalité.
Benjamin Constant s’intéresse également aux principes politiques applicables à tous les
gouvernements : pour lui, la forme même du gouvernement n’a guère d’importance (Répu-
blique, monarchie, peu importe). Ce qui importe, selon lui, c’est que l’organisation politique
soit celle d’un Etat de droit (respectueux des droits et libertés) où la source du pouvoir est
le peuple (souveraineté et représentation) et où ceux qui exercent la souveraineté au nom
du peuple le font de manière encadrée et limitée : séparation des fonctions.
Il n’est pas juste de parler de séparation des pouvoirs : c’est une séparation des fonctions
car c’est la Nation qui est titulaire des pouvoirs.
Une fois qu’on admet le concept de représentation, il faut s’interroger sur les organes de
l’Etat.
• Le premier à avoir opéré une classification en distinguant trois organes (assemblée gé-
nérale, magistrats et corps judiciaire) est Aristote. Aristote est le premier à considérer
qu’il existe trois fonctions et de fait, trois organes disctincts.
• Montesquieu s’inscrit dans le prolongement d’Aristote (Esprit des lois 1748) avec trois
fonctions.
• John Locke avant lui distingue aussi des fonctions mais il ne parle pas du judiciaire : lé-
gislatif, exécutif et fédéré (relations internationales).
• Ripert de Monclart distingue cinq pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire, fédératif et le
pouvoir exceptionnel (organe exceptionnel en cas de danger pour le royaume, organe
qui devra exercer une pleine autorité pour sauver la patrie, cf dictature à la romaine).
Les révolutionnaires considèrent que cette séparation des pouvoirs est nécessaire cf ar-
ticle 16 de la Constitution et c’est même un des fondements principaux de toute démocra-
Il faut réfléchir sur les modalités de cette séparation et il y aura plusieurs approches :
- Des approches classiques
- Des approches alternatives
Constat final de Montesquieu et des partisans de ce système : puisque la loi sera plus mo-
dérée, elle sera forcément plus respectueuse des droits et libertés. Les adversaires de
cette théorie estiment que la représentation d’intérêts différents (noblesse, clergé, peuple,
roi) ne peut pas exister dans un système démocratique parce que la loi est l’expression de
la volonté générale : elle ne peut donc souffrir l’idée du particularisme, de la spécificité, et
plus encore, la loi ne peut pas émaner d’institutions qui ne représenteraient pas le peuple.
Système anglais : la procédure législative comprend la chambre des lords (aristocratie), le
roi et la chambre des communes. Et donc de fait, dans cette procédure législative, la loi
n’est pas l’expression de la volonté nationale / générale, mais elle est l’expression
d’intérêts spécifiques. Ce sont deux manières différentes d’appréhender la société.
La fonction législative est réservée au seul organe législatif. Dans l’esprit de Rous-
seau, cette spécialisation n’en est pas vraiment une car est s’accompagne d’une hiérar-
chie des organes au profit du législateur (législatif>exécutif).
> Cela suppose que l’exécutif est subordonnée au législatif. Ce système Rous-
seauiste présente aux yeux des adversaire un inconvénient majeur et les épisodes de la
RF leur donneront raison. Il y aura toujours cette hiérarchie au profit du législatif.
Ce que Rousseau ne prédit pas, c’est le risque de dictature d’assemblée (convention Mon-
tagnarde, Terreur..). De ce fait, on peut avoir ici une AN toute-puissante.
Là aussi, Aristote, lorsqu’il réfléchit sur la fonction judiciaire, il nous rappelle que
l’équité est supérieure au droit positif donc la loi est toujours supérieure à la décision judi-
ciaire puisque la loi s’applique à tous alors que la décision judiciaire ne s’applique qu’à un
litige.
A partir du moment où Aristote estime que le juge peut préférer l’équité à la loi, on peut
dire qu’il ouvre la voie de l’autorité politique de la jurisprudence.
b) Le fédéralisme
> L’auteur Pufendorf, philosophe allemand, dans son ouvrage qu’il rédige en 1672 du
droit de la nature et des gens comprend une chose : que la fédération est fondée sur une
nécessité politique parce qu’elle vise à exclure de manière perpétuelle le risque de guerre.
Le cadre fédératif est vecteur de pacification.
Mais il comprend autre chose qui est que la fédération est fondée sur une nécessité géo-
politique dans la mesure où cette union entre Etat géographiquement et culturellement
proche peut se faire contre un ennemi extérieur. C’est l’exemple des USA avec l’Angle-
terre.
Le parti politique pour Constant est une définition incomplète. C’est une « réunion
d’hommes qui professent la même doctrine politique ».
Cette question des partis politiques s’inscrit dans la question du pluralisme politique, le-
quel est un élément constitutif du libéralisme politique.
Mais on peut dire également que cette analyse des partis politiques est essentielle parce
qu’elle se trouve au coeur de la question démocratique en terme de renouvellement ou au
contraire en terme de frein à cette démocratie.
Les partis politiques représentent « Notre vieille propension aux divisions et aux que-
relles ».
Dans ces perspectives, les partis politiques, fermant des divisions, n’ont pour seul voca-
tion de ne représenter que des intérêts divergents et égoïstes.
Pourtant, progressivement, l’idée même de pluralité va finalement émerger et plus encore,
être légitimé.
Premier argument qui nous vient de GB : ce qu’on considère être des factions sont insépa-
rables de la nature d’une constitution, laquelle serait fondée sur une balance des pouvoirs.
David Hume explique qu’il est nécessaire d’avoir des divergences d’opinion pour obtenir
une harmonie sociale. Pour parvenir à un équilibre sociétal, il faut laisser aux divergences
l’occasion de s’exprimer. Mais il existe des doctrine plus divergentes, comme celles de
Rohmer qui nous livre une théorie en 1844 : la théorie des partis politiques. Pour lui, les
différents partis correspondent chacun à un âge de la vie humaine : les idées politiques
découlent du degré de maturité :
* Les partis radicaux représentent l’enfance : âge où on est impressionnable, on déborde
d’imagination, on est insoumis et insouciant
* Les parties libéraux représentent l’adolescence
* Les partis conservateurs représentent la maturité et la virilité
* Les partis absolutistes représentent la vieillesse irritable et calculatrice.
A partir de là, pour lui, n’ont de véritable esprit que les adolescents et les hommes
faits, les conservateurs. Aboutissement de cette logique : Par conséquent, les partis poli-
tiques peuvent être formés que de libéraux et de conservateurs.
Les partis extrêmes, que ce soit à gauche ou à droit, doivent être exclus de la carte parti-
sane.
D’autre efforts sont faits, c’est ce qu’on appellera le pluralisme sociologique. Ici les
auteurs estiment que les partis sont inscrit dans la nature même de la société; ils ne re-
flètent pas des idéologies et intérêts personnels. Au contraire, les partis expriment des dis-
tinctions objectives telles les classes sociales, les régimes ou encore les religions.
Parce que la société est caractérisée par la multitude de réalité, tous les partis doivent être
représentés dans l’Etat et par la même, il y aura coopération et harmonie sociale.
Enfin, pour le pluralisme idéologique, c’est dire ici que la reconnaissance du pluralisme, de
la divergence d’opinion est l’expression d’une prise de position face au pouvoir. C’est l’ex-
pression de l’opposition politique jugée essentielle dans un cadre libéral, car c’est le pro-
longement évident de la liberté d’expression et de la tolérance à l’égard de la pensée d’au-
trui.
Ce type de pluralisme n’est accepté qu’à condition de s’inscrire dans un cadre unitaire.
On peut exprimer ses opinions, on a le droit d’avoir des idées contraires au gouvernement
mais tout cela dans le respect de la loi.
A défaut de respecter la loi, il s’agira de dissidence qui selon sa forme pourra se voir quali-
fier « d’entreprise terroriste ».
Finalement l’opposition politique est condamnée quelque part mais en raison de l’ordre so-
cial et de la sécurité d’autrui, à critiquer un pouvoir qu’elle se doit toujours de respecter.
Dans ses perspectives, les partis politiques sont jugés rassurant car ils permettent de
structurer l’opposition mais en même temps, ces partis politiques peuvent inquiéter car au
fond on peut voir en eux la voie du développement d’une conscience de corps, d’une pen-
> L’un des pionniers de cette critique nous vient de Russie, en 1903, c’est Ostro-
gorski qui l’émet dans son ouvrage que les partis politiques sont des « machines bureau-
cratiques ».
Il estime finalement que les partis à la base était un moyen, mais qu’ils sont devenus une
fin : une organisation qui n’a pour but exclusif que sa propre croissance au service de ses
chefs, qui ne sont portés que par leur ambitions personnels et qui sont bien souvent cor-
rompus.
> D’autres auteurs poursuivent la critique et se montrent radicaux : les partis poli-
tiques qui devaient canaliser la démocratie vont en réalité confisquer l’énergie démocra-
tique.
Le sens civic des citoyens en sortira éprouvé : devant la corruption, devant le comporte-
ment des chefs politiques résultera un sentiment de dégout pour la vie politique, pour la lo-
gique des partis et qui peut se traduire par deux manières :
* l’apathie politique : le renoncement politique, la volonté de ne plus aller voté
* La révolution : certains le préconiseront
> Pierre Rosanvallon considère que si la question des partis est devenue si importante
aujourd’hui, c’est parce qu’elle est au coeur de la réflexion sur la réorganisation de la dé-
mocratie et sur ce qu’il faut appeler « le déficit démocratique des sociétés contempo-
raines » .
Il y a une solution originale aujourd’hui qui tend à se développer et qui bouleverse toutes
les bases constitutionnelles que l’on connait.
Il existe en effet des institutions qui ont pour mission principale et accessoire de protéger
les DH mais elles s’inscrivent en rupture avec l’organisation traditionnelle de l’Etat :
Les autorités administratives indépendantes sont clairement des petits Etats sectoriels en
quasi-lévitation par rapport à l’Etat et qui sont fondées sur un modèle différent du modèle
étatique traditionnel. Elles reposent sur un paradoxe : elles restaurent la confiance à
l’égard d’un organisme étatique qui montre qu’il veut se renouveler. La protection des DH
n’est plus le seul fait de l’Etat : cela montre que l’Etat veut se moderniser et ouvrir la voie à
des modèles alternatifs de construction étatique.
Mais en même temps, d’aucuns diront que ces AAI achèvent d’accréditer l’idée que l’Etat
ne mérite plus considération et qu’il ne parvient plus à répondre à sa mission originelle de
protection.
Le débat reste ouvert.