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Les obstacles épistémologiques

Réalisé par : Mouniya Bounidane Kawtar elatouani Salma madroumi


I. l’epistémologie et son objet d étude

II. L’obstacle épistémologique et ses types


Introduction :
Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la
science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes
d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique.
Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la
complexité et la fugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse
des sens et de l'esprit humain : c'est dans l'acte même de connaître,
intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle,
des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de
stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des
causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La
connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part
des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du
réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait
croire » mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser.
 Définition de l’épistémologie
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’épistémologie apparaît comme
champ disciplinaire spécifique. Ceux qui se sont essayés à en donner une
définition s’appuient en général sur l’étymologie du terme. Ils soulignent
ainsi qu’« épistémologie » est la combinaison de deux mots grecs :
épistèmè, qui signifie science, connaissance, savoir ; et logos, qui veut dire
discours, langage, jugement. L’épistémologie est ainsi, selon les cas, soit
une étude sur la science, soit une étude sur la connaissance.
Les anglophones privilégient la seconde de ces deux possibilités : ils
emploient pour la plupart epistemology comme synonyme de « théorie de
la connaissance ». Les francophones comprennent « épistémologie » en un
sens plus étroit : ils l’utilisent uniquement pour qualifier la réflexion sur la
connaissance spécifiquement scientifique, réservant l’expression de «
théorie de la connaissance » à l’étude de la connaissance en général
(scientifique et non scientifique). L’épistémologie interroge la nature et la
valeur des principes, des concepts, des méthodes, et des résultats des
sciences. Ceci lui confère deux caractéristiques majeures : •
Ceci lui confère deux caractéristiques majeures :
• Elle est un discours réflexif, c’est-à-dire un discours faisant retour
sur les sciences. L’épistémologie présuppose donc la science et vient
forcément après elle.
• Elle est un discours critique : elle ne se contente pas de décrire les
sciences sans les juger ; elle s’emploie de surcroît à discuter du bien-
fondé et de la portée des propositions et des méthodes scientifiques
 Objet d’étude de l’épistémologie
L'épistémologie est la partie de la philosophie qui a pour
objet une étude critique des principes, des concepts
fondamentaux, des méthodes, des pratiques, des
théories et des résultats des différentes sciences. En les
considérant du point de vue de leur évolution, l'épistémologie
s'efforce d'en déterminer l'origine logique, leur valeur, leurs
portées scientifique et philosophique.
 Quelles sont les différentes questions traitées par l'épistémologie ?

Spécialiste français de l'épistémologie constructiviste, Jean-Louis Le Moigne a établi dans son livre paru
en 1995, Les épistémologies constructives, trois grandes questions traitées par l'épistémologie :
"Qu'est-ce que la connaissance ? Comment est-elle constituée ou engendrée (la question
méthodologique) ? Comment apprécier sa valeur ou sa validité (la question éthique) ?"
Selon lui, l'épistémologie consiste donc à s'interroger successivement sur ce qu'est la connaissance, sur
la façon dont elle est obtenue, et sur la manière dont elle est validée
 Qu’est ce qu’un obstacle?

Un obstacle est une représentation mentale, une


conception, parce qu’elle est utilisée comme une
ressource dans une tache qui n’en justifie pas
l’usage, empêche la réussite à cette tâche et, le cas
échéant, gêne le progrès. La mise en œuvre d’une
heuristique pour résoudre un problème, est parfois
un marqueur de la présence sous-jacente d’un
obstacle, au sein des représentations mentales de
l’individu.
 Obstacles didiactiques:
Obstacle didactique :
Un obstacle didactique est donc une représentation
Un obstacle didactique est donc une représentation négative de la
négative de la tâche d'apprentissage, induite par un
tâche d'apprentissage, induite par un apprentissage antérieur, et faisant
apprentissage antérieur, et faisant entrave à un
entrave à un apprentissage nouveau. Il y a donc obstacle lorsque les «
apprentissage nouveau. Il y a donc obstacle lorsque les «
conceptions nouvelles » à s’approprier contredisent les « conceptions
conceptions nouvelles » à s’approprier contredisent les «
antérieures » de l’ élève.
conceptions antérieures » de l’ élève.
Par exemple, un obstacle didactique apparaît quand les décimaux sont
Par exemple, un obstacle didactique apparaît quand les
enseignés en se référant aux techniques d’opérations sur les entiers : le
décimaux sont enseignés en se référant aux techniques
décimal est alors envisagé par l’élève comme deux entiers séparés par
d’opérations sur les entiers : le décimal est alors
une virgule.
envisagé par l’élève comme deux entiers séparés par
une virgule.
Obstacles ontogénétique:

Ce sont des schèmes ou des modèles spontanés qui


apparaissent « naturellement » au cours du
développement, ils sont relatifs au développement
neurophysiologique du sujet.
Obstacle épistémologique :

Obstacle
l'obstacle épistémologique
épistémologique lie au: développement historique des
connaissances et dont le rejet a du être intégré explicitement dans
le savoir transmis.
l'obstacle épistémologique lie au développement historique
des connaissances et dont le rejet a du être intégré
explicitement dans le savoir transmis.
 L'obstacle épistémologique :

L’obstacle épistémologique est une expression centrale de La Formation de l’esprit


scientifique.
L’ambition de Bachelard est de réaliser une psychanalyse de la connaissance, c’est-à-
dire de montrer quels soubassements inconscients conduisent l’esprit du chercheur à
mal interpréter des faits et à commettre des erreurs dans le domaine des sciences.
Des obstacles viennent se placer entre le désir de connaître du scientifique et l’objet
étudié. Durant sa formation, l’esprit scientifique
a dû lutter contre lui-même pour s’arracher à ses illusions et parvenir ainsi à la
connaissance.
Le qualificatif « épistémologique » signifie que l’obstacle est lié à l’esprit
scientifique lui-même, il est interne à l’acte de connaître. Pour tout esprit
scientifique en formation souhaitant éviter les obstacles épistémologiques,
Bachelard préconise quatre impératifs : réaliser une catharsis intellectuelle et
affective, réformer son esprit, refuser tout argument d’autorité et laisser sa
raison inquiète .
Les dix obstacles selon Gaston Bachelard

Dans La formation de l’esprit scientifique,


Bachelard relève une dizaine d’obstacle
épistémologique que nous allons énumérer
rapidement, décrire ensuite: L’expérience première,
la connaissance générale, l’obstacle verbal, la
connaissance pragmatique, l’obstacle
substantialiste, le réalisme, l’obstacle animiste, le
mythe de la digestion, la libido et enfin la
connaissance quantitative.
la connaissance pragmatique:
elle consiste à vouloir expliquer un
phénomène par son utilité, comme si le
monde était organisé comme une
gigantesque et merveilleuse machine,
dans laquelle chaque pièce a une place
et joue un rôle en vue du tout. Les
explications les plus mythiques, mais aussi les
plus bêtes, ont été données suivant ce procédé : le
tonnerre serait le bruit fait par Jupiter fécondant
la Terre ; les raies du potiron seraient tracées afin
qu’on le découpe en parts égales en f-mille. (…
L’obstacle animiste
Pour Bachelard, « l'homme est l'unique
être qui est habité par l'âme. Ainsi,
l'animisme constitue un obstacle à la
connaissance par le fait même qu'il
impose le modèle du corps humain aux
diverses sciences, dont les sciences
physiques »
l'obstacle réaliste:

Bachelard nous présente un autre obstacle


épistémologique, c'est celui qui résulte de du
sentiment de l'avoir : `'Le réalisme'' autrement
appelé `'l'obstacle réaliste''.
Le réalisme chez Bachelard est un trouble lié à la possession.

 Certains alchimistes pensaient par exemple


que l’or avait des vertus thérapeutiques.
 Les réalistes se disent détenteurs de la réalité absolue .

Pour Bachelard, « il n'y a ni réalisme ni rationalisme absolus selon la


philosophie scientifique et il ne faut donc pas faire partir d'une attitude
philosophique générale pour Comprendre et juger la pensée scientifique ».
La philosophie scientifique ne doit pas avoir confiance en un réalisme qui
se dit absolu. Elle recommande d'éviter d'avoir une opinion sur des
questions qu'il ne maîtrise pas.
Comment, par exemple, prouver que les idées sont
les vraies réalités ?
Sans pourtant passer à la vérification on croit
posséder la vraie réalité.
Il règne une certaine naïveté et une avarice chez les
réalistes. Bachelard écrit à propos : « Dans sa forme
naïve, dans sa forme affective, la certitude du réaliste
procède d'une joie avare »131(*)
Obstacle substantialiste:
c’est l’obstacle le plus difficile à éliminer, celui qui revient sans
cesse dans les esprits et qui a peut-être constitué le frein le plus
important au progrès scientifique.
Il consiste à chercher un support matériel, une substance,
derrière tout phénomène ou qualité d’un phénomène.
En effet, la recherche d’une explication commence souvent par
l’hypothèse d’une cause matérielle, d’un substrat solide dont le
phénomène ne serait qu’un effet.
 Les alchimistes croyaient que la couleur
dorée de l’or était due à un certain
composant chimique qu’il suffirait de
lier à un autre métal, comme par
exemple le plomb, pour le transformer
en or.
Obstacle verbal:
Il consiste à mettre un mot à la place d’une explication.
Par exemple, Réaumur se servait de l’éponge pour expliquer
comment les nuages faisaient tomber la pluie.
Un mot et une image tiennent alors lieu d’explication.
On peut cependant souligner ici que l’image selon Bachelard
peut servir à la compréhension, mais à condition toutefois
qu’elle soit précédée de l’explication théorique.
La connaissance quantitative:
porte également en elle un obstacle. Il ne s’agit pas de
réfuter ce type de connaissance, la science moderne
est née avec la mathématisation du réel permise par les
instruments de mesure, mais de souligner un obstacle
possible : celui de croire que la précision de la mesure
donne la possession de l’objet.
L’expérience première
.
L’obstacle de l’expérience première consiste à
attacher aux aspects impressionnants d’un
phénomène, ce qui évite d’en saisir les aspects
importants du point de vue de la connaissance.
L’une des conséquences de cet obstacle est encore
perceptible en classe lorsque pour motiver les
élèves, le professeur commence par réaliser
l’expérience de l’explosion avant d’en faire
l’exposé théorique. Les élèves se perdent dans leur
imagination et s’intéresse d’avantage au fantasme
lié à l’explosion plutôt qu’à son explication
scientifique.
La connaissance générale

La connaissance générale consiste à généraliser trop vite, ce qui fait perdre de vue
les caractéristiques essentielles d’un phénomène.

Enoncer que tous les corps tombent dans le vide à la même vitesse ne permet pas de
comprendre le phénomène d’accélération dû à l’attraction terrestre.

L’énoncé laisse seulement penser que les corps ont une vitesse similaire. Nous avons
déjà signalé le danger de l'extension des concepts.
. IL y a en effet un risque de généralisation hâtive, qui séduit et
satisfait l'intelligence naïve. De telles généralisations bloquent
la pensée. Bachelard donne l'exemple de la coagulation.
Au XVIIe siècle, la coagulation est chez certains un concept
général qui permet de regrouper les phénomènes les plus
divers.
La libido
La libido attribue des caractères sexuels à des
phénomènes qui ne relèvent pas de la reproduction. Il
s’agit d’une projection de fantasmes sexuels sur les
phénomènes de la nature.
Par exemple la sexualisation de la base et de l’acide du
fait que la base soit un nom féminin et l’acide masculin.
En conséquence, le rôle passif est attribué à la base et le
rôle actif à l’acide.
Le mythe de la digestion

Le mythe de la digestion conduit à penser que les


phénomènes procèdent de la même manière que le
corps humain, par ingestion, digestion et sécrétion.
Récapitulatif
nous distinguons entre :
les empêchements ontogénétiques: qui s’opposent aux
apprentissages et qui trouvent majoritairement leur source dans le
pôle de l’élève.
les empêchements didactiques: qui s’opposent aux apprentissages et
qui sont majoritairement liés au pôle de l’enseignant (de ses choix,
de ses actions, de ses outils, etc.
les obstacles épistémologiques: qui sont les lieux de possibles
apprentissages et qui trouvent majoritairement leur source dans le
pôle des savoirs.
Les empêchements ontogénétiques : lorsqu’un élève rencontre un empêchement
considérable comme ontogénétique, c’est que son processus d’apprentissage
apparait entravé par des fragilités au niveau de capacités : cognitives,
affectives, ou sociales
Les empêchements d’origine didactique : lorsqu’un élève est confronté à un
empêchement didactique, son processus d’apprentissage est entravé par un
effet du ou des dispositifs didactiques déployés par l’enseignant (par exemple :
une consigne prêtant à confusion ; un support d’activité).
Les obstacles d’origine épistémologique : ces derniers ont un statut particulier
dans les situations d’enseignement et d’apprentissage. A la différence des
empêchements, les obstacles ont une connotation positive puisque, comme
nous l’entendons, une grande variété d'apprentissages sont rendus possibles par
la confrontation à un obstacle épistémologique et par le dépassement de ce
dernier.
Les obstacles épistémologiques sont à comprendre comme un ensemble des
éléments socio-culturels, psychologiques qui deviennent comme des bases sur
lesquelles s'édifie notre
Les obstacles savoir d'orientation,
épistémologiques sont à notre contactcomme
comprendre avec lesunobjets. A cedes
ensemble
proposéléments
Bachelard affirme que «quand
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lesquelles science,notre
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notre contact enles
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Bachelard le problème
affirme de la connaissance
que «quand on cherche lesscientifique".
conditions psychologiques de
Cela revient
progrèsà dedire, selon Bachelard
la science, on arriveque,
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importance capitale.
qu'il faut poser Car, c'est seulement
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de la connaissance qu'il faut parler
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selon obtention
Bachelard de ces
que, connaissance scientifique.
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importance capitale. Car, c'est
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requiert des informations
en ces termes qu'ilrectifiées de l'espace
faut parler du progrès,réel d'une
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obtention
l'expérience immédiate.
scientifique. Connaissance par laquelle l'esprit requiert des informations rectifiées de
l'espace réel détachées de l'expérience immédiate.
Merci pour votre attention

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