Vous êtes sur la page 1sur 2

Corrigé de l’explication du texte d’ALAIN sur la liberté, extrait de Propos.

QUESTIONS DE COMMENTAIRE

8. En quel sens peut-on dire avec l’auteur que la liberté politique est supérieure à la liberté
naturelle ?
La liberté naturelle se définit comme la capacité à suivre ses envies spontanées sans rencontrer d’obstacles.
Ces envies peuvent être liées aux besoins vitaux ou aux désirs, autrement dit elles peuvent aller dans le sens
des lois naturelles ou bien, au contraire, aller contre celles-ci. La liberté naturelle est un pouvoir inné, c’est à
dire non acquis, non institué par les êtres humains.

La liberté politique correspond à l’ensemble des droits et des devoirs tels qu’ils sont définis dans un Etat. C’est
le pouvoir de se déterminer soi-même en tenant compte des lois sociales. Ce pouvoir est institué par les
hommes eux-mêmes.

Soutenir que la liberté politique est supérieure à la liberté naturelle, c’est mettre l’accent sur le fait que la
liberté politique est créée par les êtres humains eux-mêmes, qu’elle a du sens et de la valeur pour eux. Cela
PRESUPPOSE que la liberté naturelle est insuffisante pour eux et qu’elle doit être améliorée. En effet, la liberté
naturelle a des défauts : premièrement, elle est sans cesse menacée par la loi du plus fort qui l’empêche de
s’établir de façon durable ; deuxièmement, elle n’est pas maîtrisée puisque sans éducation de sa raison, à
l’état spontané, l’individu est incapable de faire des choix guidés et éclairés. Le fait de suivre aveuglément ses
envies l’entraine dans des excès qui peuvent desservir son propre intérêt.

La valeur et la supériorité de la liberté politique reposent donc sur le fait qu’elle est mise en place par les
hommes pour corriger les défauts de la loi naturelle. En effet, premièrement, la liberté politique évite le
danger de la loi du plus fort car elle consiste à obéir aux lois établies par l’Etat en vue de garantir l’égalité et
l’intérêt commun. Deuxièmement, la liberté politique apprend à l’individu à s’imposer lui-même des règles
pour bien se conduire, elle lui apprend à utiliser sa raison et à se rendre maître de ses désirs.

Ainsi, la liberté politique repose sur des fondements plus solides et est mieux garantie que la liberté naturelle :
non seulement la liberté politique de chacun est reconnue, respectée par les autres individus comme par
l’Etat, mais en plus, elle permet à chacun d’assumer plus efficacement les conséquences de ses propres choix.

9. Peut-on dire que la liberté consiste à obéir aux lois sociales ?


Il est logique de prétendre que la liberté consiste à obéir aux lois sociales étant donné que ce sont ces mêmes
lois qui protègent et garantissent la liberté de tous en définissant les droits et les devoirs de chacun. Les lois
sociales sont inventées et mises en place par les êtres humains, ce qui PRESUPPOSE qu’ils les jugent bonnes
pour eux, en tout cas meilleures que les lois de la nature qui les font agir spontanément et aveuglément. En
effet, ces lois sont censées mettre tous les êtres à égalité et être guidées par l’intérêt commun.

Mais ces exigences sont-elles pour autant remplies ? Les lois sociales peuvent-elles être parfaites alors qu’elles
sont créées par des êtres eux-mêmes imparfaits ?

D’une part, la loi sociale ne réalise pas l’intérêt commun et l’égalité, elle ne fait que tendre vers ces deux
exigences du mieux possible. Le sens même des notions d’égalité et d’intérêt commun est difficile à définir
objectivement. Chaque Etat s’en fait sa propre conception et les lois sociales varient d’un Etat à l’autre, elles
n’ont pas de valeur absolue. Dire que la liberté consiste à obéir aux lois sociales, c’est donc faire dépendre la
liberté de facteurs aléatoires puisque ces lois évoluent sans cesse dans le temps et dans l’espace. On peut citer

Page 1
ici le cas de la légalisation de l’euthanasie : la liberté consiste-t-elle à avoir le choix de pouvoir décider de sa
propre fin de vie ? Selon les Etats, les prises de position divergent. (= 1er ARGUMENT)

D’autre part, la loi sociale, même si elle est censée être favorable au groupe, peut être détournée ou même
mise en place dans le but de servir prioritairement l’intérêt privé d’un individu ou d’une minorité. Elle n’a pas
toujours pour objectif de garantir et protéger les libertés de tous et elle a même le pouvoir d’empêcher ou
d’enlever la liberté aux individus. C’est le cas dans la tyrannie qui est un régime politique dans lequel le
pouvoir est donné à une minorité et s’exerce de façon absolue, capricieuse et autoritaire. On peut citer ici
l’exemple des lois qui prônent ouvertement la ségrégation, la discrimination est qui stigmatisent les minorités.
(= 2ème ARGUMENT)

Ces deux arguments montrent que la liberté ne consiste pas à suivre systématiquement les lois sociales.
Certes, il ne s’agit pas de refuser la loi sociale dans son principe car sa mission, sa raison d’être, est bien de
garantir la liberté, mais il ne s’agit pas pour autant d’obéir aveuglément à ces lois, et il est même de notre
devoir de résister ou de lutter contre celles qui remettent justement en question la liberté de certains, c’est à
dire celles qui privilégient les intérêts de certains au détriment des autres.

Il est donc nécessaire de réfléchir, d’user de sa raison et de faire preuve de sens critique par rapport aux lois
sociales afin de justifier pourquoi pour obéissons ou non. Pour garantir pleinement la liberté, il faudrait que la
loi sociale soit guidée par la raison, qu’elle tende toujours vers plus d’universalité.

Page 2

Vous aimerez peut-être aussi